Растоптал, унизил, уничтожил... Успокойся, сердце, - не стучи. Слез моих моря он приумножил. И от сердца выбросил ключи! Взял и, как ненужную игрушку, Выбросил за дверь и за порог - Ты не плачь, Душа моя - подружка... Нам не выбирать с тобой дорог! Сожжены мосты и переправы... Все стихи, все песни - все обман! Где же левый берег?... Где же - прав

Tess

Tess Andres Mann Tess et Jake sont face ? un dilemme. Aara, leur fille adoptive Aara a re?u un h?ritage cons?quent de l'ennemi jur? de Tess, le d?funt Amir Al-Saadi. Et cette fortune est sujette ? une condition quelque peu troublante : Aara dispose d'un an pour se marier ? un musulman. Est-ce acceptable ? C'est ce que Tess et Jake auront ? d?terminer. Tess et Jake sont face ? un dilemme assez singulier. Aara, leur fille adoptive a re?u un h?ritage cons?quent de l'ennemi jur? de Tess, le d?funt Amir Al-Saadi. Et cette fortune est sujette ? une condition quelque peu troublante : Aara dispose d'un an pour se marier ? un musulman. Tess et Jake se demandent si tout cela est bien acceptable. Ils font la connaissance deux familles musulmanes, puis se retrouvent ? Istanbul ; Aara devra d?cider si elle veut se plier ? cette condition contraignante de son h?ritage. Pour compliquer les choses, c'est la s?ur d'Amir, Fadime, qui en est l'ex?cuteur, et Laurent Belcour, l'intrigant aux m?urs dissolues, est devenu son amant secret. Tous deux convoitent cette fortune et devisent un plan pour se l'approprier. Dans le m?me temps, Belcour cherche toujours ? se venger de Tess et de son ?quipe pour avoir d?jou? ses plans diaboliques dans le pass?. Il se tourne vers le groupe extr?miste djihadiste de Daesh, engag? dans une lutte existentielle avec l'Irak et la Syrie. Voil? tout ce qui attend Tess et Jake... TESS Choc des Civilisations ANDRES MANN Copyright © 2019 Andrew Manzini Tous droits r?serv?s. Sauf conform?ment ? l’US Copyright Act de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, transmise sous quelque forme que ce soit ni par quelque moyen que ce soit, ni stock?e dans aucune base de donn?es ou syst?me de recherche documentaire, sans l’autorisation ?crite pr?alable de l’?diteur. Ceci une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les incidents sont le produit de l'imagination de l'auteur ou sont utilis?s de fa?on fictive. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou mortes, des ?v?nements ou des lieux est totalement fortuite. Traduit par Fabienne Ranjalahy Snow V 7 Pour la vraie Tess, celle qui m'a inspir? cette histoire. Table des mati?res Pr?face (#ulink_ce261542-c15f-5c0c-922c-e18261759b83) Liste des principaux personnages (#ulink_5cdcd728-0986-5704-8dd1-a4d412c259ff) 1. Nouvelle Tentative (#ulink_f1fbf6df-675c-55b5-a1af-b143652d19ae) 2. Une Semaine en Enfer (#ulink_592c991a-b89a-5da3-94f5-761584ea6207) 3. L'H?ritage (#ulink_77acf1a8-90a3-589a-915d-cdd46fd56c04) 4. ?mes-S?urs (#ulink_1be22ec3-f731-5c02-ba03-096fd30c4f48) 5. Bulletin de Notes (#ulink_78c3c577-a8ea-5b5c-8479-b74e9a976f29) 7. Qu'Elle Paie (#ulink_406e8547-1109-53d9-9596-4fd9438a1136) 8. Guerri?res au C?ur Tendre (#ulink_b68bbf77-f9d1-5161-a587-a60bcc95062e) 9. Le Pi?ge (#ulink_6fcfeb2d-e894-5c9d-a000-db81a5e59b4d) 10. Travail Inachev? (#ulink_e4bc3a31-cb77-5891-897a-9b3ebdbe664f) 11. Les Fant?mes de Palmyre (#ulink_25dfd71f-3b98-5f85-9aee-ac11b8dac658) 12. Des Valeurs Diff?rentes (#ulink_4d6cf96c-9c7b-544d-ae0c-5b2b9f0bfd16) 13. Promenade dans le Jardin (#litres_trial_promo) 14. Tireur d'?lite dans l'?me (#litres_trial_promo) 15. Giuliana (#litres_trial_promo) 16. Plan Machiav?lique (#litres_trial_promo) 18. Mauvaise Nouvelle (#litres_trial_promo) 19. Madeleine (#litres_trial_promo) 20. Hors des Sentiers Battus (#litres_trial_promo) 21. Petit Incident de Voyage (#litres_trial_promo) 22. D?lices Culinaires (#litres_trial_promo) 23. H?ritage (#litres_trial_promo) 24. Une Autre Famille (#litres_trial_promo) 25. L'H?ritage de l'Histoire (#litres_trial_promo) 26. L'Arriv?e des Valkyries (#litres_trial_promo) 27. Grimper au Sommet (#litres_trial_promo) 28. Romance dans l'Air (#litres_trial_promo) 29. Mariage Mixte (#litres_trial_promo) 30. L'Escapade d'Yasmin (#litres_trial_promo) 31. Mort ? Mossoul (#litres_trial_promo) 32. La Fin de l'Horreur (#litres_trial_promo) 33. V?rification (#litres_trial_promo) 34. Inf?me Complot (#litres_trial_promo) 35. Aveu de Malversation (#litres_trial_promo) 36. Amour et S?duction (#litres_trial_promo) 37. Garder le Cap (#litres_trial_promo) 38. Coutumes de Mariage (#litres_trial_promo) 39. Grosse D?ception (#litres_trial_promo) 40. Enterrer la Hache de Guerre (#litres_trial_promo) 41. Attaque sur l'?quipe (#litres_trial_promo) 42. Faveur (#litres_trial_promo) 43. Bacchanales (#litres_trial_promo) 44. L'Assaut (#litres_trial_promo) 45. Affaires de Famille (#litres_trial_promo) 46. Vieux P?ch?s (#litres_trial_promo) 47. Aara et Madeleine (#litres_trial_promo) 48. Bannir l'Incube (#litres_trial_promo) 49. Choc des Civilisations (#litres_trial_promo) 50. Le Temps de la Gu?rison (#litres_trial_promo) R?f?rences (#litres_trial_promo) ? propos de l'auteur (#litres_trial_promo) Livres par Andres Mann (#litres_trial_promo) Pr?face Ce livre est une ?uvre de fiction, m?me si des noms de personnes r?elles dans l'actualit? sont utilis?s. J'ai essay? de maintenir le d?roulement de l'action en conformit? avec des faits connus. Cependant, une grande partie de cette histoire est bas?e sur des ?v?nements contemporains document?s qui ont ?t? rapport?s par les m?dias internationaux. Toute ressemblance des personnages avec des personnes r?elles est purement fortuite. Les opinions et commentaires politiques exprim?s dans cet ouvrage sont ceux de l'auteur. Andres Mann Liste des principaux personnages Les Valkyries Morgan Theresa Turner, Tess pour ses amis et les membres de sa famille, pilote militaire et vice-pr?sidente de la compagnie de services militaires SRD. Carmen Cabrera, pilote d'h?licopt?re, amie proche de Tess et top manager ? SRD. Galina Kutuzova, pilote d'h?licopt?re russe et experte en base de donn?es. Yasmin Badawi, arch?ologue syrienne, prisonni?re d'ISIS, plus tard membre de SRD. Ifeyinwa Idigbe Ukume, d?nomm?e Alice, d?tective nig?riane. Eva Bar-Lev, ex-agent du Mossad isra?lien et Directrice G?n?rale de SRD ? Paris. Giuliana Malatesta, pilote italienne, femme de terrain. Aara Vickers, fille adoptive de Jake et Tess, ?tudiante en piano ? la Julliard School of Music. Les Hommes Jake Vickers, mari de Tess. Ex-agent de la CIA et pr?sident de SRD. Morgan Turner, g?n?ral ? la retraite. P?re de Tess et actuel PDG de NTC, fabricant de syst?mes d'armement de pointe. Nicola Orsini, mari de Carmen. Pilote italien, expert en syst?mes d'armement europ?en et linguiste accompli. Alexandre Ivanovich Tukhachevsky, ou Alex Tuck, sp?cialiste russe en armement. George Kimmel, professionnel du renseignement militaire et amant d'Yasmin. John Powers, sp?cialiste en armement. Autres Personnages Claudine Bisson, pilote de chasse fran?aise et ancienne directrice de SRD ? Paris. Vaughn Wentworth, c?l?bre chef d'orchestre de musique classique et agent britannique du MI6. Laurent Belcour, ancien chef de l'OID (Organisation Internationale de D?veloppement), impliqu? dans la traite des ?tres humains et le terrorisme. Fadime al-Saadi, personnalit? mondaine, s?ur du d?funt Amir al-Saadi, un g?n?ral irakien d'origine turque. Nazar Hazinedar, ing?nieur turc. 1. Nouvelle Tentative Jake Vickers, Alex Tuck et Nicola Orsini ?taient perch?s sur le toit d'un immeuble abandonn? ? Kobuleti, une station baln?aire sur la c?te orientale de la mer Noire en ex-R?publique Sovi?tique de G?orgie. Ils attendaient qu'un homme se montre. « Comment vont les choses en Ukraine? demanda Jake. — La routine. Livraison d'armes aux Ukrainiens et formation des pilotes, dit Nicola. Ils semblent comp?tents, dans l'ensemble.» Nicola et Alex terminaient une mission de formation sur ?quipement pour SRD — Strategic Resources Development, la compagnie de contrats de services militaires de Jake et Tess. « On a ?t? surpris que tu nous demandes de nous rendre ici pr?cipitamment, ajouta Alex. Je croyais que c'?tait fini de travailler pour la CIA. — Je le croyais aussi, r?pondit Jake en regardant ? travers les jumelles. Le probl?me, c'est que Paul Saunders, mon ancien patron ? la CIA, est une vraie t?te de mule. Il pense que je lui suis redevable pour avoir manqu? d'orchestrer l'assassinat de Kim Jung-un. — Au fait, qu'est-ce qui s'est pass? en Cor?e du Nord ? — Park Tan-Gyong, un c?l?bre violoncelliste, avait jur? de se venger apr?s que Kim Jung-un ait ordonn? l'assassinat de plusieurs de ses proches. Il a lanc? une attaque suicidaire contre Kim et sa famille. Je n'ai pas pu l'en dissuader et donc, apr?s en avoir parl? ? la CIA, j'ai accept? ? contrec?ur de l'aider. J'ai financ? la construction d'un violoncelle qui comportait un compartiment secret pour y cacher un paquet de poudre mortelle de cadmium. Puis Park s'est rendu ? un concert priv? au palais de Kim et a lanc? en direction du public. Le sachet s'est d?chir?, r?pandant le poison en quelques secondes et les gens ont succomb?. Malheureusement, Kim avait eu des soup?ons, aussi avait-il envoy? quelqu'un qui lui ressemblait pour assister au concert ? sa place. Par la suite, un g?n?ral nord-cor?en avait essay? d'organiser un coup d'?tat, mais Kim l'a ?cart? sans piti?. Aujourd'hui, il est plus parano?aque que jamais et il ne cesse de tester des ogives nucl?aires et de lancer des missiles dans la mer du Japon, mena?ant les bons vieux ?tats-Unis et leurs alli?s d'an?antissement. » Alex haussa les ?paules. « Parfois, les choses tournent mal. ?a fait partie du m?tier. Je n'arrive pas ? croire que tu en portes de bl?me. — ?a ne me d?range pas. dit Jake. Ce n'?tait pas gagn?. En tout cas, la CIA m'a offert une carotte : la possibilit? d'?pingler une de nos vieilles connaissances, Laurent Belcour. — Encore lui ? — Eh ouais, r?torqua Jake. D?sol? de vous avoir d?p?ch?s si vite. J'ai besoin de gens qui parlent couramment le russe et le turc. — ? ton service, dit Nicola. Mais j'ai d? r?viser le turc en chemin. » Jake avait les yeux riv?s ? ses jumelles. « Il arrive. C'est le moment, les gars. » Alex et Nicola descendirent du b?timent. Ils coururent vers un petit pont enjambant une rivi?re en crue pour rencontrer leur contact, Isidore Khujadze. Ils avaient pris contact avec lui par t?l?phone auparavant. Nicola pr?tendait ?tre Turc ; quant ? Alex, il se faisait passer pour un contrebandier russe. Ils ?chang?rent des poign?es de main puis s'engouffr?rent dans une petite voiture d?labr?e avant de se rendre vers un petit appartement en ville. Le plan ?tait de se procurer du mat?riel qui valait son pesant d'or : quelques kilos d'uranium radioactif ainsi que de l'uranium 235 ? usage militaire. La provenance du mat?riel ?tait floue mais Nicola et Alex l’assur?rent que ?a ne poserait pas de probl?me. Jake filait le petit groupe ? distance dans son 4x4 de location avec, assises ? l'arri?re, Tess Turner et Galina Kutuzova, toutes deux v?tues de tenues militaires de couleur sombre et ?quip?es de fusils de pr?cision. Quand les hommes arriv?rent devant un immeuble d?labr?, Jake gara la voiture derri?re un petit bosquet d'arbres. Il reprit ses jumelles et vit les trois hommes entrer dans le b?timent. Une minute plus tard, une lumi?re s'alluma dans un appartement du deuxi?me ?tage. Jake s'avan?a furtivement vers l'avant du b?timent tandis que les deux femmes rest?rent cach?es derri?re les arbres. Elles ajust?rent le viseur de leurs armes de haute pr?cision. Jake ?tait s?r que la mati?re nucl?aire qu'Isidore avait ? vendre provenait de Russie. Quand l'Union Sovi?tique s'?tait effondr?e, de l'?quipement avait ?t? vol? dans les centrales nucl?aires mal gard?es, ce qui avait contribu? ? la formation de r?seaux de contrebande qui essayaient de vendre ces mati?res dangereuses aux plus offrants. La plupart des contrebandiers ont ?t? intercept?s par les autorit?s, gr?ce ? la mise en place de d?tecteurs nucl?aires aux postes fronti?res. Mais les nombreuses arrestations n'avaient pas dissuad? tout le monde. L'un des lieux de contrebande les plus fr?quent?s ?tait l'Abkhazie, une parcelle de terre qui s'est d?tach?e de la G?orgie gr?ce ? l'ing?rence russe. Des probl?mes similaires s'?taient produits en Ukraine, en particulier dans les zones de Donetsk et de Louhansk, aux mains des rebelles. La guerre entre l'Ukraine et les r?gions frontali?res occup?es par la Russie avait d?truit 29 d?tecteurs de radiation, ce qui avait rendu la contrebande possible. Jake attendait devant la porte principale de l'immeuble. La transaction ? l'?tage se d?roula sans incident. Jake le savait gr?ce au micro ?lectronique que portait Nicola. En peu de temps, Isidore avait produit une petite bo?te enrob?e de plomb contenant la mati?re radioactive. Puis il se pr?cipita vers la sortie, la sacoche contenant l'argent ? la main, et descendit les escaliers. ? la sortie, il tomba sur Jake, pistolet en main. « Vous feriez mieux de nous suivre calmement, » dit Jake. Alex descendit en courant et les rejoignit. Il sortit un collier de serrage de sa poche et attacha les poignets d'Isidore. La voix de Nicola se fit entendre dans leur appareil de communication : « Tout se d?roule comme pr?vu. » Galina fit un signe du pouce ? Tess Turner, qui avait observ? toute l'op?ration ? l'aide de ses jumelles. Mais avant que l'?quipe n'eut le temps d'informer le v?hicule de la police locale gar?e une rue plus loin, deux hommes surgirent soudainement et point?rent leurs pistolets sur Jake, Nicola et Alex. Ils les forc?rent ? s'agenouiller tout en hurlant des ordres ? Isidore qui essayait de r?cup?rer la bo?te de plomb qui gisait maintenant au sol. Deux coups de feu d?chir?rent la nuit et les deux nouveaux arrivants tomb?rent au sol. Jake et Alex ?loign?rent les armes des assaillants de quelques coups de pieds et Nicola assomma Isidore avant de remettre la bo?te en lieu s?r. Peu apr?s, des agents g?orgiens arriv?rent devant le b?timent dans un crissement de frein et appr?hend?rent le trio de trafiquants. Tess et Galina rejoignirent les lieux tout en passant calmement les sangles de leurs armes sur leurs ?paules. « Content de vous voir, mesdames, dit Nicola. Votre timing ?tait parfait et votre adresse au tir, impressionnante. — Ah, mais de rien, dit Tess. On faisait juste notre travail. » Galina avan?a vers Alex et lui planta un gros baiser. Il sourit et l'entoura de ses bras. « Maintenant tu peux te vanter de m'avoir sauv? la vie. — C'est rien, r?pondit Galina. Et puis, ce serait trop compliqu? de trouver un autre homme. » Elle l'embrassa ? nouveau. Tess et Jake firent de m?me, avec toutefois un peu plus de retenue. Nicola regardait la sc?ne d'un air amus?. Tess le remarqua et lui dit en plaisantant : « Eh, pas de voyeurs ! Appelle Carmen ? New York et dis-lui que tu vas bien. » Nicola hocha la t?te et composa le num?ro depuis son portable. Plus tard, le groupe se retrouva au poste de police. Des agents des renseignements locaux interrogeaient d?j? les contrebandiers, dont deux d'entre eux portaient des bandages aux jambes. Jake, Tess et les autres membres de l'?quipe se servirent de boissons gazeuses au distributeur et se d?tendirent autour d'une table dans une pi?ce attenante. « Pourquoi pensez-vous que Belcour s'int?resse au march? noir de mati?res radioactives ? demanda Alex. Apr?s le mauvais tour que lui a jou? Daesh en d?tournant l'une de ses deux bombes nord-cor?ennes vers l'Iran, au lieu de la faire exploser en Europe, on aurait pu penser qu'il ferait profil bas. — Il n'en a pas besoin. Il n'y avait pas moyen de lui imputer ce terrible incident. Et quoi qu'il en soit, il a pris la sage pr?caution de s'installer temporairement en Argentine. Maintenant la CIA le soup?onne d'?tre le cerveau derri?re cette op?ration de contrebande. Comme il ne peut plus obtenir d'ogives aupr?s de la Cor?e du Nord, on a ? penser qu'il va chercher ? se procurer de l'uranium pour faire une arme nucl?aire. — Pour quelle raison pourrait-il bien vouloir faire ?a ? C'est un homme riche. — Ce n'est pas pour l'argent. Je pense que Belcour cherche ? se venger, dit Tess. Il veut se venger du gouvernement fran?ais qui l'a accus? de faire l'apologie de la prostitution, ce qui pour lui, ne pose aucun probl?me. ? l'?poque, il ?tait ? la t?te de l'OID, l'Organisation Internationale de D?veloppement, et il avait toutes les chances de s'emparer de la pr?sidence de la France. Comme d'habitude, ses avocats lui ont sauv? la peau, mais ?a lui en a co?t?. — ?a me fend le c?ur, dit Galina, allong?e sur une banquette et confortablement adoss?e contre Alex, entour?e de son bras. Ce qui m'inqui?te, c'est que c'est par nous que ses plans ont ?chou? et il cherchera peut-?tre ? se venger sur nous. — Tu as raison, Galina. Je ne serais pas surpris s'il venait apr?s nous, dit Jake. C'est pourquoi j'ai accept? de faire un dernier job pour la CIA et nous offrir la possibilit? de le coincer pour de bon. » L'un des agents g?orgiens entra dans la pi?ce, Il avait l'air contrari?. Il essuya ses mains l?g?rement t?ch?es de sang et s'assit. « Les blessures sont superficielles. Nous avons essay? de les faire parler mais il est ?vident qu'ils ont ?t? recrut?s par des tiers qui n'ont pas d'existence officielle. M?me si on les battait ? mort, je ne crois pas qu'ils peuvent nous en dire plus. Ils font ?a pour l'argent, peu leur importe d'o? ?a vient. — C'est un peu d?cevant, dit Jake. On laisse ces imb?ciles ? vos bons soins. Il nous faut trouver une autre approche. » L'agent g?orgien lui serra la main. « Merci de votre aide. Et rentrez bien. » Une fois rentr?s ? l'h?tel, l'?quipe se retrouva au bar pour prendre un verre. Jake n'?tait pas content. « C'est frustrant. Chaque fois qu'on essaie de le coincer, Belcour r?ussit ? nous filer entre les doigts. Il y a un proverbe chinois qui dit : 'Si on ne change pas de direction, on finira probablement par se retrouver l? o? on va.' ?a d?crit tr?s bien notre situation. Nous n'avan?ons pas. Nous devons trouver un autre moyen de l'avoir. — Belcour est une vraie anguille, dit Tess. Il peut se permettre les meilleurs avocats et il s'en sert sans piti?. Et puis, il a acc?s ? plusieurs r?sidences dans de nombreux endroits. Quand les choses avaient pris une sale tournure la derni?re fois, il s'?tait envol? pour l'Argentine. — La CIA m'a dit que Belcour ne traite plus avec les Nord-Cor?ens, » ajouta Jake. « Apparemment, il s'est brouill? avec eux. Je ne vois qu'une seule mani?re pour lui de fabriquer cette bombe avec des d?chets nucl?aires, c'est d'aller voir Daesh et ses vieux amis djihadistes en Syrie. — Mais Daesh l'a entourloup? la derni?re fois, ils ont vendu la bombe nucl?aire nord-cor?enne ? l'Iran au lieu de l'utiliser en Europe comme Belcour le voulait. — Entre voleurs, point d'honneur, dit Tess. Belcour n'a pas d'autre choix que de fermer les yeux dessus. Daesh est la seule organisation qui peut transformer des d?chets nucl?aires en bombe. — Mais Daesh n'a pas de laboratoires pour ?a, dit Alex. — Les terroristes n'ont pas besoin de laboratoires. S'ils fabriquent une bombe comme ?a, ils le feront probablement ? l'aide de prisonniers. Ils se moquent si ces derniers meurent empoisonn?s par les radiations. — Triste mais vrai, acquies?a Alex. — Alors qu'est-ce qu'on fait ? demanda Nicola. — Franchement, je ne sais pas, dit Jake. Il va falloir qu'on surveille et qu'on improvise. Rentrons. » 2. Une Semaine en Enfer Les bureaux de SRD ? New York et ? Paris tenaient des s?ances r?guli?res de condition physique pour leur personnel. Tess et Jake croyaient que la forme physique des membres de leur ?quipe ?tait essentielle ?tant donn? les conditions dangereuses de leur travail. Leur entra?nement ?tait exigeant et difficile, mais l'?quipe s'y pliait sans souci. L'exception ?tait la fameuse semaine en enfer, quand c'?tait au tour de Tess d'?tre en charge des trois s?ances de maniaque. Sachant ce qui les attendait, le staff de SRD se r?signa ? affronter une semaine d'exercices extr?mes et ?puisants, et ? des s?ances d'arts martiaux punitives o? l'on attendait d'eux rien moins que la perfection. L'exercice de mise en forme extr?me d?butait par un ?chauffement des articulations suivi de squats, pompes, levers de genou, fentes en marche et fentes avant, tractions en extension et en n?gatif, basculements dorsaux et se terminait par de la relaxation suivie d'une course autour de Central Park. Morgan Theresa Turner, plus connue sous le nom de Tess, d?daignait totalement tout g?missement et toute plainte, et ne ralentissait jamais l'allure. Son intransigeante recherche de la perfection refl?tait sa fa?on de voir la vie : dans son esprit, tout ce qui m?ritait d'?tre fait devait se faire avec une vigueur ind?montable, avec les meilleurs efforts possibles, pour atteindre l'objectif ultime. Les seules qui semblaient prendre la s?ance ? bras-le-corps ?taient Yasmin Badawi, une arch?ologue syrienne qui avait r?cemment rejoint la compagnie et suivait une formation de tireur d'?lite. Elle avait aussi un objectif distinct. Aara, la fille adoptive de Tess, ?g?e de 17 ans, aimait prendre part aux s?ances quand elle n'?tait pas ? l'?cole de musique. Jeune, de petite charpente et motiv?e, elle enfilait les exercices sans m?me que sa respiration en sembl?t affect?e. Carmen Cabrera, la meilleure amie de Tess, ?tait aussi de petite taille, mais elle avait grandi dans le sud de Los Angeles et avait d?velopp? une rage de vivre hors du commun. Galina Kutuzova, qui travaillait au d?partement informatique, ?tait une ancienne athl?te olympique russe. Elle n'?tait plus adolescente et adorait ses f?tes tardives arros?es de vodka et de caviar qu'elle aimait passer en compagnie d'Alex Tuck et d'un incessant cort?ge d'amis russes de passage. Galina et Alex survivaient aux rigueurs des s?ances gr?ce ? la combativit? que les Russes avaient d?velopp?e au fil des si?cles. Eva Bar-Lev, qui dirigeait le bureau de Paris, travaillait pour le Mossad et ?tait en excellente forme, mais elle aurait probablement pr?f?r? faire autre chose. Le reste du personnel ne survivait qu'en prof?rant des jurons envers Tess pendant les s?ances, jurons qui ne peuvent d?cemment pas ?tre mentionn?s. Les hommes de SRD avaient leurs propres s?ances d'entra?nement et elles se d?roulaient plus sereinement. Un observateur impartial trouverait sans doute en Tess un caract?re 'compliqu?', pour dire peu. Fille d'un g?n?ral de l'arm?e, elle avait perdu sa m?re tr?s jeune. Son p?re ne s'etait pas remari? et elle l'avait accompagn? ? de nombreux ?v?nements mondains auxquels des officiers du rang de son p?re se devaient de participer. Expos?e au monde militaire durant une grande partie de sa jeunesse, Tess avait d?cid? d'embrasser une carri?re militaire plut?t que d'entrer au conservatoire de musique pour affiner ses talents de pianiste. Elle avait ?t? admise ? l'acad?mie militaire de West Point, obtenu son dipl?me avec distinction et ?tait devenue pilote, qualifi?e sur plusieurs types d'h?licopt?res. Elle avait ?pous? Roger, un camarade de classe, non par amour, mais comme un troph?e alors qu'elle poursuivait sa carri?re. Le mariage n'avait pas dur? ; on pouvait, au mieux, qualifier leur relation de ti?de. Et puis, Tess avait surpris Roger qui la trompait dans un h?tel de Las Vegas. Ils ?taient cens?s y passer un week-end en amoureux mais Tess arriva en retard. Roger y vit une occasion de profiter subrepticement d'une aventure et Tess le retrouva dans une situation compromettante. Elle avait jet? la femme nue hors de la chambre d'h?tel et saccag? les locaux tout en essayant de battre Roger jusqu'? la moelle. Jake passait par l? et intervint pour emp?cher Tess d'enfreindre la loi en l'?loignant du chaos que la sc?ne avait caus?. Jake et Tess avaient fini ensemble et il avait d?couvert qu'il allait devoir passer le plus clair de son temps ? la secourir de situations qu'elle avait le don d'avoir compliqu?es ? souhait. Tess avait du talent, mais elle ?tait aussi obsessionnelle, implacable, perfectionniste et voulait tr?s s?rieusement sauver le monde. Les hommes ?taient attir?s par la passion qui ?manait d'elle, et par sa beaut?, mais ils se rendaient vite compte qu'elle pouvait donner du fil ? retordre. Jake avait relev? le d?fi et l'?pousa, pleinement conscient que d'?tre avec elle s'apparentait ? monter un taureau enrag?. Quand Tess et Jake avaient quitt? l'arm?e, ils avaient cr?? SRD, une compagnie de prestations en services militaires aupr?s du gouvernement, livrant ainsi des avions et des ?quipements aux alli?s. Tess ?tait devenue pilote de haut niveau, sur quelque appareil que ce soit, et avait pris part ? de nombreux combats en Irak, au Nigeria, et m?me contre les cartels au Mexique. En parall?le, Tess avait lanc? un projet de lutte contre la traite des ?tres humains et avait failli mettre leur compagnie en faillite. Mettant ? profit les talents de pianiste de Tess, Jake entrevit une occasion de se renflouer et recruta des femmes pour SRD qui ?taient ?galement capables de jouer d'un instrument de musique. Ainsi fur cr?? l'Ensemble Valkyries. La musique de chambre qu'elles jouaient gagna en popularit? et les concerts qu'elles donn?rent finirent par rapporter assez pour financer les projets de Tess en lutte contre la traite des personnes. Comme d'habitude, dans l'esprit de Tess, toute entreprise devait s'ex?cuter ? la perfection et elle s'?tait financi?rement impliqu?e en recrutant des professeurs de musique pour qu'elle-m?me et ses coll?gues puissent jouer de fa?on professionnelle. SRD devint bient?t une ?quipe assez singuli?re capable de piloter des engins, livrer des armes, combattre les m?chants et jouer de la musique, tout en m?me temps. Cette approche fonctionnait, d'une certaine mani?re ; Jake et le reste de l'?quipe s'?taient rang?s ? la qu?te obsessionnelle de perfection de Tess et ? son envie de faire le bien l? o? c'?tait possible. Heureusement, Tess avait un c?ur en or, prot?geait farouchement ceux qu'elle aimeait et n'h?sitait pas ? aller au bout du monde pour eux. Pour autant que Tess mit les membres de son ?quipe ? l'?preuve, elle ne leur demandait jamais quoi que ce f?t qu'elle ne ferait elle-m?me. Les gens de SRD lui vouaient une loyaut? et un esprit d'?quipe sans faille et quiconque se frottait ? eux les savait redoutables. C'?tait ? Jake que revenait la t?che de m?nager Tess et ?a n'avait jamais ?t? chose facile. 3. L'H?ritage L'arm?e am?ricaine engagea SRD pour livrer de nouvelles armes aux YPG - Yek?ney?n Parastina Gel - les unit?s de protection du peuple kurde, qui constituaient les combattants les plus efficaces contre le groupe djihadiste Daesh en Syrie. Jake dut organiser plusieurs r?unions de coordination avec son personnel, pour examiner les budgets, coordonner l'acquisition et le transport d'armes et mettre au point, avec Nicola Orsini, un plan de formation des Kurdes qui se rassembleraient ? Raqqa, en Syrie. ? la fin d'une longue journ?e de r?unions de projet, Jake rentra ? l'appartement de Manhattan o? il trouva Tess dans la cuisine portant un tablier. Il lui fit un bisou sur la joue pour la motiver, bien que ce ne f?t pas n?cessaire. Tess avait d?j? pr?par? casseroles, ?pices, viandes et fromages sur le comptoir, pr?te ? ex?cuter ses recettes comme s'il s'?tait agi d'une op?ration militaire. Comme il ?tait impossible de d?tourner l'attention de Tess de la t?che qu'elle s'?tait assign?e, Jake se rendit dans son bureau et s'assit ? son ordinateur pour lire son fil d'infos. Sebastian, son bouledogue — qu'ils appelaient aussi Tubby, ou encore Fathead, selon la gravit? des probl?mes dans lesquels il s’?tait emp?tr? — se pr?cipita sous le bureau pour s'y installer et poser ses bajoues sur les pieds de Jake. Jake n'avait jamais compris comment le chien parvenait ? ne pas finir sous les roues de son fauteuil. Il fallut moins d'une minute au chiot pour ronfler et baver b?atement. Bien trop classe et peu soucieuse de se retrouver face ? des semelles souill?es, Maggie, l'?pagneul Cavalier King Charles parfaitement toilett? de Tess, sauta sur le canap? et opta pour une sieste sur un joli coussin moelleux. George Kimmel, l'as du renseignement militaire de la compagnie, fournissait r?guli?rement ? Jake des r?sum?s des nouvelles du monde. Le rapport trimestriel pullulait de faits nouveaux. Les Russes s'?taient ing?r?s dans l'?lection pr?sidentielle am?ricaine et ?taient soup?onn?s d'avoir affaiblir le candidat d?mocrate au profit de Donald Trump. Le terrorisme ? l'?chelle mondiale ?tait plus que jamais d'actualit?. Plusieurs attaques d?vastatrices men?es ou inspir?es par Daesh avaient fait des dizaines de victimes ? Paris, Nice, Bruxelles, Manchester et Londres. ? Mossoul, les forces irakiennes ?taient sur le point de d?loger Daesh, et les combats acharn?s et sanglants faisaient de nombreuses victimes. Une alliance de forces kurdes, syriennes, turques et de divers groupes rebelles avaient encercl? Raqqa en Syrie, la capitale de facto de l'?tat Islamique. Les Am?ricains apportaient leur soutien a?rien dans ces deux villes, et les Russes faisaient de m?me ? divers endroits en Syrie, tout en gardant en t?te leur objectif, qui ?tait d'apporter leur soutien au r?gime assassin syrien. Le t?l?phone sonna mais Jake ne d?crocha pas. Lui et Tess avaient une r?gle stricte selon laquelle aucune interruption n'?tait permise avant et pendant le d?ner. Il termina sa lecture. Le t?l?phone sonna ? nouveau. Puis encore. Quiconque appelait semblait bien obstin?. ? contrec?ur, Jake finit par d?crocher et grommela un "Oui". L'homme d?clina son identit?. « Monsieur Vickers, je m'appelle Paul Mitchell, l’avocat de Madame Fadime al-Saadi. Vous vous souvenez peut-?tre d'une r?union que nous avions eue concernant Aara, la ni?ce de Madame Fadime. — Oui, je m'en souviens, Monsieur Mitchell. C'?tait il y a plusieurs ann?es et je pense que l'affaire est maintenant close. — Pas de souci l?-dessus, Monsieur Vickers. Je ne fais que transmettre une information de la part de ma cliente. ? ses dix-huit ans, Aara recevra un h?ritage assez cons?quent. Je crois comprendre qu'elle les atteindra dans deux mois. — Monsieur Mitchell, je crains que tout futur contact entre Madame Fadime et Aara soit une mauvaise id?e. Comme vous le savez, cette enfant a v?cu une exp?rience traumatisante et je ne pense pas qu'il soit opportun de rouvrir ce chapitre de sa vie. — Monsieur Vickers, peut-?tre dois-je mentionner que l'h?ritage provient du d?funt p?re d'Aara, le g?n?ral Amir al-Saadi et que son montant est consid?rable. — Peut-?tre bien. Mais Aara ne manque de rien. Qu'il y ait plus d'argent ? la cl? ne nous fera pas changer d'avis. — Monsieur Vickers, nous parlons de dizaines de millions de dollars. Avec tout le respect que je vous dois, je pense que c'est une d?cision q’uil revient ? Mademoiselle Aara, de prendre. Pas ? vous. Je vous prie, et j'insiste, de l'accompagner ? mon bureau o? elle rencontrera Madame Fadime qui vous expliquera tout en d?tail. — Je dois en parler avec ma femme qui, sans l'ombre d'un doute, voudra conna?tre ce que rencontrer Fadime implique. — Si vous insistez, Monsieur Vickers. Je propose d'organiser une r?union ? mon bureau. En d?but du mois prochain, cela vous convient ? — Tout d?pendra si ma femme accepte la rencontre. — J'attends votre confirmation. Au revoir. » *** Jake s'adossa dans son fauteuil et r?fl?chit un instant. Il craignait que cette nouvelle n'entra?ne une v?ritable temp?te de la part de Tess. Ses ?changes avec Fadime avaient ?t? pour le moins orageux. Lors de leur derni?re rencontre, Tess avait jet? Fadime ? travers la pi?ce et lui avait cass? le bras. Le comportement de Tess avait ?t? compl?tement justifi? mais Jake ne voulait pas que cela se reproduisit. La meilleure fa?on de g?rer la situation ?tait qu'il rencontre l'avocat, mais il devait en parler ? Tess au plus t?t, ce qui pouvait entra?ner des probl?mes entre eux. Il d?cida de prendre le taureau par les cornes et d'en informer Tess apr?s le d?ner. Tess se trouvait encore dans la cuisine, toute ? sa nouvelle passion, la cuisine gastronomique. Quelques mois plus t?t, Carmen, sa meilleure amie, lui avait conseill? d'acqu?rir ce nouveau talent pour se r?concilier avec Jake ; le couple s'?tait s?par? suite ? un houleux ?pisode d'aventures extra-conjugales que chacun avaient eues. Les beaux-parents de Carmen en Italie avaient donn? ? Tess un cours intensif de cuisine italienne. Fid?le ? sa nature obsessionnelle et perfectionniste, Tess apprit tout ce qu'elle put sur l'art culinaire et en conclut que c'?tait, apr?s tout, un apprentissage digne d'?tre poursuivi. Contrairement ? Jake, gourmet avide et aventureux, Tess ?tait plut?t du genre viande et pommes de terre, mais elle avait d?cid? de poursuivre ses efforts culinaires pour r?parer leurs blessures de couple. Quand ils ne d?naient pas dehors, ils cuisinaient ? tour de r?le : Tess pr?parait des plats relativement sophistiqu?s ; Jake d?clinait des variations de viandes et de r?tis qu'elle pr?f?rait. Ce que Tess pr?parait ? l'instant sentait d?licieusement bon, ce qui poussa Jake ? passer dans son dos pour la serrer dans ses bras. « On ne d?range pas le chef, dit Tess en s'esquivant. Au cas o? tu ne l'aurais pas remarqu?, c'est mon tour de te nourrir ce soir. — Et j'en suis fort reconnaissant, Madame le Chef. Tout ?a m'a l'air succulent. — ?a l'est. Et maintenant, aide-moi ? dresser la table. — Avec plaisir, je m'en occupe, » dit Jake en prenant assiettes et couverts. Le repas fut d?licieux : plateau d'antipasto aux figues, pain croustillant et fromage bleu ; fettucine fra?ches en sauce cr?meuse avec crevettes et champignons ; et au dessert, cr?me caramel. Apr?s quoi, le couple se retira sur le balcon surplombant la Cinqui?me Avenue de New York avec des verres de brandy. Les gratte-ciels ?taient illumin?s, en fier signe de prosp?rit? de leurs r?sidents fortun?s. « Tess, j'ai eu un coup de fil cet apr?s-midi. C'est ? propos d'Aara. — Ne me dis pas qu'elle s'est mise dans le p?trin ? l'?cole. — Non, rien de la sorte. Aara est l'enfant la plus appliqu?e que j'aie jamais connue. — J'ai eu un appel de Sofiya, sa prof de piano ? Julliard, intervint Tess. Elle est impressionn?e par son travail assidu et sa technique au piano. Elle nous propose de faire une revue de ses progr?s la semaine prochaine. — Super, j'aimerais bien voir ?a. Au fait, o? est Aara ce soir? — Elle passe la soir?e chez son amie Suzy. Elle sera de retour dans environ une heure. Alors, de quoi il s'agit ? — J'ai re?u un appel de l'avocat de Fadime. Lui et Fadime veulent nous rencontrer, Aara et nous. Apparemment, Amir a laiss? beaucoup d'argent ? Aara pour dix-huit ans. — Alors pourquoi ne pas lui envoyer un ch?que et en finir ? Rencontrer Fadime est bien le dernier de mes soucis. Je pourrais ?tre tent?e de terminer ce que j'avais commenc? et lui briser son autre bras. — Tess, cela semble s?rieux. Apparemment, l'h?ritage s'?l?ve ? plusieurs millions. — Aara a d?j? tout ce dont elle a besoin. Elle n'a pas besoin d'argent sale. — Si l'argent vient de son p?re, c'est qu'il s'agit d'une fortune ancienne, et donc l?gitime. En tout cas, j'ai le sentiment que c'est ? elle de prendre cette d?cision. Et nous la soutiendrons, quoiqu'elle d?cide. ?coutons ce que Fadime a ? dire et nous aviserons apr?s. Si tu pr?f?res ne pas venir, je peux y aller avec Aara. — Je n'ai pas confiance en Fadime. Je vous accompagnerai. J'essaierai de me contr?ler et de ne pas lui briser la nuque. — Admirable. De toute fa?on, il ne s'agit que de savoir de quoi tout cela retourne. Nous pouvons nous en aller ? tout moment. — Et comment. » Tout cela avait agac? Tess. Le souvenir de ses horribles p?rip?ties avec Amir et Fadime lui assaillit la m?moire. Elle n'en avait pas besoin. Peu apr?s, Tess se mit au lit avec un mal de t?te, esp?rant que ses fr?quents cauchemars ne reviendraient pas. Jake resta ?veill? ? attendre le retour d'Aara pour l'informer des derni?res nouvelles. La jeune fille ?tait fatigu?e et montra peu d'int?r?t. Elle fit part ? Jake de sa journ?e ? Julliard puis elle alla se coucher. 4. ?mes-S?urs Par une belle journ?e d'?t? ? Buenos Aires, Laurent Belcour discutait au t?l?phone avec Bertrand Dubois, son associ?, de la performance financi?re des diverses maisons de joie et autres services d'escorte qu'il dirigeait de par le monde. Il apprit aussi une mauvaise nouvelle : Isidore Khujadze, avait essay? de vendre de la mati?re nucl?aire ? des agents de la CIA qui s'?taient fait passer pour des acheteurs, au lieu de la livrer aux gens de Dubois. C'?tait ennuyeux et frustrant. Par le pass?, Belcour n'avait pas r?ussi ? faire d?ployer par Daesh une arme nucl?aire qu'il avait sortie clandestinement de la Cor?e du Nord. Sa strat?gie avait ?t? de faire d?tonner une bombe quelque part en Europe pour pousser les Europ?ens et les Am?ricains ? augmenter leurs d?penses en armement, ce qui aurait fait le bonheur d'importants fabricants d'armes, portefeuilles dans lesquels il avait consid?rablement investi. Le chaos et la d?vastation qui en auraient r?sult? ?taient le dernier de ses soucis. Tout ce qu'il voulait, c'?tait d'en tirer profit et de se venger de la France, son pays natal, de l’avoir tra?n? devant les tribunaux pour avoir encourag? la prostitution. La porte d'entr?e s'ouvrit et Fadime l'appela. « Je dois y aller, » dit Laurent en ?teignant son t?l?phone. Fadime al-Saadi entra dans son studio puis alla vers la biblioth?que pour ?teindre la cha?ne st?r?o qui jouait de la musique classique douce. Laurent se retourna et posa ses yeux sur l'objet actuel de son affection. ? la vue de son visage, il savait qu'elle ?tait en contrari?e. « Qu'est-ce qu'il y a, ma ch?rie ? Que puis-je faire pour te remonter le moral ? — Rien, par contre tu peux te pr?parer pour un voyage. Nous partons pour New York rencontrer mes avocats. Ils veulent discuter du testament de mon fr?re Amir. — Voil? qui est ?trange. N'as-tu pas h?rit? de tous les biens d'Amir ? sa mort? — Non, j'ai continu? ? toucher mon allocation, comme d'habitude. Pour une raison que j'ignore, la plupart de ses biens ont ?t? plac?s en fid?icommis. Il y a une disposition selon laquelle le contenu du testament ne serait r?v?l? qu'? une certaine date. D'apr?s les commissaires, le moment est venu de divulguer les dispositions du testament. — Pourquoi maintenant ? C'est inhabituel. — Avec Amir, tout est inhabituel. Ce que je peux supposer, c'est qu'il ait l?gu? quelque chose ? sa fille Aara quand cette derni?re aura atteint un certain ?ge. Avec un peu de chance, je vais pouvoir enfin disposer des quelques propri?t?s en Europe. » Laurent se leva et l'embrassa sur le front. « Je serais heureux de t'accompagner, mon amour. — Retiens tes affections, Laurent. Nous nous envolons ce soir. J'ai d?j? demand? ? mon personnel de pr?parer mon appartement ? Manhattan. — Voil? qui ressemble ? un excellent plan d'?vasion. Je commen?ais ? m'ennuyer. — Je suis s?re que tu peux trouver de quoi te divertir. Fais tes bagages. — Tes d?sirs sont des ordres, ma ch?rie » dit-il en plongeant le nez vers sa poitrine r?cemment augment?e. Les chirurgiens esth?tiques argentins ?taient les meilleurs. Fadime esquiva l'?treinte et se dirigea vers la porte. « Je dois r?cup?rer quelques affaires pour le voyage. Je serai de retour dans une heure ou deux. Je sugg?re de manger quelque chose avant d’embarquer. Je d?teste la nourriture d'avion. » Laurent ?tait retourn? ? ses ?crans d'ordinateur qui affichaient un r?sum? de ses investissements. Il pensait aussi ? son ennemie jur?e — Tess. Il ?tait persuad? qu'elle et Jake avaient quelque chose ? voir avec ce mat?riel nucl?aire saisi ? Kobuleti. Ils arrivaient toujours ? d?jouer ses complots. Un jour, il aurait sa vengeance. 5. Bulletin de Notes ? Julliard, Tess et Jake entr?rent dans une petite salle de r?union pour y rencontrer Sofiya Mazur, la professeure principale d'Aara, c?l?bre professeure de piano ukrainienne de l'Acad?mie Nationale de Musique d'Ukraine. C'?tait une amie qui leur ?tait ch?re et elle ?tait aussi la prof de Tess. Tess avait eu recours ? l'influence de son p?re qui avait accord? une dotation importante ? Julliard pour faire venir Sofiya ? New York comme membre distingu? de la facult?. Apr?s des salutations chaleureuses, Sofiya passa aux choses s?rieuses. « Tess, comme vous me l'avez demand?, j'ai guid? la progression de votre belle-fille Aara. Apr?s quelques probl?mes initiaux, elle a fait de grands progr?s. Elle a une grande m?moire et elle apprend de nouveaux morceaux vite. Sa force est sa sensibilit?. Elle adore Chopin et, comme ce compositeur, elle sait d?cliner un ?ventail infini d'?motions, ce qui est signe d'une d?licatesse merveilleuse. Sa dext?rit? est excellente et elle ma?trisera tous les niveaux de difficult?s au clavier tr?s bient?t. » Tess sourit. « Il y a un mais. — Vous m'avez dit qu'Aara envisageait de devenir pianiste de concert professionnelle. Cela requiert un r?pertoire vari? et la capacit? d'interpr?ter de nombreux compositeurs. Aara est timide et elle est r?ticente ? s'attaquer ? de la musique plus enjou?e telle que celle de Brahms ou de Liszt. Ce n'est pas une question de comp?tence ni de capacit?. C'est juste qu'il va falloir qu'elle s'y mette si elle veut devenir artiste. De plus, elle est anxieuse quand elle doit jouer devant un public. Elle s'en sort bien quand elle fait partie d'un ensemble mais son r?le au piano exige souvent qu'elle fasse des solos. Elle h?site ? prendre les devants et il va falloir travailler dessus. L'ann?e prochaine, elle devra donner des concertos pour piano avec orchestre et il faut qu'elle d?veloppe plus de maturit? et de confiance. J'ai pens? que vous pourriez ?tre une bonne influence pendant les vacances scolaires. Vous-m?me jouez des morceaux difficiles avec bravoure et intr?pidit?. Peut-?tre, pourriez-vous travailler avec Aara pendant ces vacances. Encore une fois, j'insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une question de capacit? mais d'affinit? avec certains styles de musique. » Tess r?fl?chit quelque temps. « Bien, pourquoi pas. Je vais voir avec Aara quels morceaux nous pourrons travailler ensemble. Elle devrait ?tre pr?te pour le prochain semestre. — Excellent. Tenez-moi au courant si vous avez des questions. » En se dirigeant vers la sortie, Jake fit part de ses doutes. « Tess, je ne suis pas s?r que ce soit une bonne id?e qu'Aara s'entra?ne avec toi. Quand il s'agit de musique, vous ?tes ? l'oppos? l'une de l'autre. Tu dois t'assurer de la mener en douceur et non de la diriger comme un soldat. Elle est tr?s sensible et pourra ne pas bien prendre que tu lui dises comment jouer. — J'en suis consciente, Jake. Je dois juste y aller doucement et l'encourager ? jouer des morceaux auxquels elle s'int?resse un peu moins. » Jake n'?tait toujours pas certain que Tess sache s'en tenir au plan, mais il savait que ce n'?tait pas le bon moment pour en parler. Il h?la un taxi. 6. Argent et Petits Caract?res Laurent et Fadime atterrirent ? l'a?roport de JFK ? New York et pass?rent les formalit?s de douane. Leurs bagages avaient d?j? ?t? r?cup?r?s par des porteurs orchestr?s par le chauffeur de limousine, portant une pancarte au nom de Fadime. Ils mont?rent en voiture. Le chauffeur se fraya adroitement un chemin ? travers la circulation et, bient?t, il d?posa ses passagers devant un ?l?gant appartement au sud de Central Park. Le lendemain, peu apr?s le petit d?jeuner, Fadime partit rencontrer ses avocats. Laurent avait des r?unions de son c?t?. Quand Fadime revint en milieu de journ?e, Laurent l'emmena d?jeuner dans un restaurant chic sur Spring Street dans le West Village. En attendant leurs plats, il lui demanda comment s'?tait d?roul?e sa rencontre au bureau de ses avocats. Fadime ?tait contrari?e et n'aborda le sujet qu'apr?s avoir pris un Martini sec. « Je ne peux pas le croire, commen?a-t-elle. Amir a laiss? toute sa fortune ? Aara quand elle aura atteint son dix-huiti?me anniversaire. Tout, l'argent, les maisons, les investissements. Il ne m'a m?me pas nomm?e ex?cuteur testamentaire. — Mais s?rement, tu ne manques pas d'argent, souligna Laurent, essayant de calmer sa col?re. — Il m'a laiss? une rente confortable mais apparemment il ne me faisait pas assez confiance pour g?rer le reste de ses actifs. J'aurais pu avoir quelque influence sur Aara si j'?tais sa tutrice mais j'ai fait l'erreur de laisser Tess et Jake l'adopter. Et maintenant, ils sont ? m?me de contr?ler cet argent. » Laurent feuilleta les documents que Fadime avait apport?s avec elle. « Ce testament a l'air tout ? fait inattaquable. Il ?tablit clairement que la totalit? de la fortune ira ? Aara quand elle aura dix-huit ans. » Fadime demanda un autre Martini. « C'est scandaleux. Si j'avais connu les intentions d'Amir, je n'aurais pas laiss? Aara partir. — Pourquoi avais-tu laiss? Tess et Jake adopter Aara ? — Je n'aime pas ?tre entour?e d'enfants. Je n'ai pas la fibre maternelle. Je m'?tais momentan?ment occup?e d'Aara et du petit Morgan, le fils de Tess et d'Amir, apr?s qu'Amir les ait r?cup?r?s. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour prendre soin d'eux mais l'exp?rience ne m'avait pas plu. ? la mort d'Amir, je ne voulais surtout pas m'encombrer d'un enfant ? ?lever. Aara avait quatre ans ? l'?poque. Tess, de son c?t?, voulait vraiment cette enfant. J'avais donc pris des dispositions pour qu'elle et Jake puissent l'adopter. — Et te voil? ?cart?e, on dirait bien. Il aurait fallu plus de r?flexion avant d'avoir laiss? cette enfant partir. — Ce n'est pas de tes reproches dont j'ai besoin, Laurent. Mais de ton aide. — Mais bien s?r que je t'aiderai, ma ch?re. Laisse-moi prendre connaissance de ce document en d?tail pour voir s'il existe un moyen de contourner ces dispositions. » Leur repas fut servi. Fadime go?ta ? quelques hu?tres merveilleusement fra?ches ainsi qu'? une queue de homard. Laurent avait command? la m?me chose et Fadime fut agac?e qu'il appr?ci?t son repas comme s'il n'avait pas le moindre souci au monde. Mais en fait, son cerveau, une vraie machine financi?re, tournait d?j? ? plein r?gime. Il continuait de lire tout en mangeant puis il ?mit un « Aha ! » — Tu as trouv? quelque chose ? demanda Fadime en repoussant son assiette sur le c?t?. — Il y a une ombre au tableau, d?clara Laurent. Je crois que je peux faire quelque chose. — Qu'est-ce que c'est ? — Il y a une disposition importante ici. Il est dit que pour qu'Aara touche l'h?ritage, elle doit se marier dans l'une des trois familles ?minentes qui se sont historiquement alli?es avec les al-Saadi. — Et ? Cela ne regarde qu'Aara. Comment est-ce ? mon avantage ? — Ce sont des familles musulmanes et tout ?a sent le bon vieux mariage arrang?. Et moi, je connais Tess, et je suis pr?t ? parier qu'elle a ?lev? cette enfant dans un environnement la?que. ? l'heure qu'il est, Aara doit ?tre compl?tement occidentalis?e. Je ne vois pas comment Tess peut la laisser retourner vivre dans une soci?t? musulmane. Et si Tess arrive ? convaincre Aara de laisser tomber l'h?ritage ? cause de cette clause inacceptable, voil? la chance que la situation soit ? ton avantage. En tant que seul autre parent vivant d'Amir, il va de soi que tu deviennes l'h?ritier suppl?ant si les choses ne suivent pas leur cours. — Tu pr?supposes qu'Aara ne voudra pas se marier et donc renoncera ? l'h?ritage. Nous ne pouvons en ?tre certains. — Cela d?pendra du montant de l'argent en jeu et s'il existe quelque int?r?t ? ce qu'elle accepte. J'ai assez trait? avec Tess pour avoir une raison de penser qu'il existe l? une opportunit? pour nous. — Qu'entends-tu par "nous" ? — Je pourrais accepter d'offrir mon assistance et r?soudre ton probl?me, ? condition que j'en tire quelque chose. — Tu es un ?tre avide et odieux, Laurent. C'est par amour que tu devrais m'aider. — Ne perdons pas la t?te, ma ch?re. Je t'appr?cie beaucoup mais je n'appellerais pas ce que nous partageons "amour". Nous nous appr?cions l'un l'autre, et c'est tr?s bien comme ?a. — Je continue de penser que tu es odieux mais ce n'est pas comme si j'avais le choix, dit Fadime en faisant la moue. — On passe au dessert ? » 7. Qu'Elle Paie Au Carnegie Hall ? New York, Tess jouait au piano les derni?res notes de la Sonate Tragique de MacDowell, expression d'un sombre et m?lancolique chagrin. Tout en acc?l?rant vers le point culminant de l'?uvre, ses doigts frappaient les notes graves du clavier comme s'il s'agissait d'une enclume. Quand l'interpr?tation prit fin, Tess se leva pour recevoir les applaudissements du public puis, r?pondant ? son rappel, elle retourna s'asseoir pour entamer la Toccata de Prokofiev. La Toccata, d'une dur?e d'? peine quatre minutes, ?tait l'un des morceaux favoris de Tess, principalement parce qu'elle ne pouvait r?sister au d?fi de ma?triser ce morceau particuli?rement difficile. Elle s'y plongea, entamant un r? r?p?t? et persistant qu'elle jouait de la main droite, et ? qui la main gauche faisait ?cho une octave plus bas. Apr?s un court d?veloppement, elle continua par des envol?es chromatiques de la main gauche pendant que la droite jouait une figuration en boucle. Vers la fin, Tess martela une suite rapide de notes qui avait un rien de diabolique. Le public s'emporta et se mit ? applaudir ? tout rompre. Dans l'un des box priv?s, deux de ses vieux ennemis l'?coutaient avec fascination. La f?rocit? avec laquelle Tess jouait, caract?ristique de son temp?rament, ou du moins dans le souvenir de leurs ?changes pass?s, ?merveillait Laurent Belcour. Fadime lui ficha un coup de coude dans les c?tes. « On dirait que tu es encore sous le charme de cette horrible femme, siffla-t-elle. C'est incroyable que tu aies r?ussi ? me convaincre de venir la voir jouer. Ce n'est pas une femme, c'est un ouragan. ?a ne lui suffit pas de marteler les touches, elle est en train de d?molir ce piano. — Du calme, Fadime. Tess joue fougueusement parce le morceau l'exige. Les gens ne viennent pas ? ses concerts pour de la musique douce et subtile. Ils viennent pour la passion et elle en donne. — La derni?re fois que je l'ai vue, ?a m'a laiss? un tr?s mauvais souvenir. Elle est violente et vengeresse. Elle m'a jet? ? travers la pi?ce et m'a cass? le bras. — Ce que tu oublies de mentionner, c'est qu'Amir avait kidnapp? son enfant et que tu avais tent? de diffuser une sex tape de Tess et d'Amir sur internet. Tu pensais vraiment qu'elle allait laisser passer ? — Peu importe, dit Fadime avec d?dain. Alors, pourquoi sommes-nous venus ? Ne me dis pas que c'est juste par d?sir. — J'ai toujours d?sir? de belles femmes, ma ch?re. Mais en ce qui la concerne, j'ai une vieille affaire ? r?gler, tout comme toi. Elle m'a presque ruin? et il faut qu'elle paie. — Tu ferais mieux de te consacrer ? moi et oublier ton envie de la faire tomber. Elle peut ?tre monstrueuse et tu le sais. — Fadime, nous avons l? notre chance de traiter ? nouveau avec Tess, mais cette fois ? nos conditions. Tout ? fait par inadvertance, ton fr?re a cr?? les conditions qui vont nous permettre de lui porter un coup de ma?tre. Tout ce que tu as ? faire, c'est d'?tre celle sur qui cette histoire d'h?ritage retombera. Moi, je travaillerai en coulisse pour organiser sa chute. — Partons, mon amour. J'ai besoin de r?fl?chir ? tout ?a. » Ils se rendirent dans le hall d'entr?e de la salle de spectacle puis prirent un taxi pour leur appartement. 8. Guerri?res au C?ur Tendre Tess quitta la salle de concert et se rendit dans le Salon Vert signer des autographes pour ses admirateurs. Susan Blake, une critique musicale impitoyable, fut la derni?re personne qu'elle rencontra. Ses articles d?nigraient syst?matiquement les choix de r?pertoire de Tess, si ce n'?tait la qualit? de sa performance. « Je suppose que vous ?tes l? pour exprimer votre m?pris, Madame Blake, dit Tess. Et que vous n'avez rien de positif ? d?clarer. — Madame Turner, je fais de mon mieux pour ?tre une critique juste. Peut-?tre pourriez-vous m'accorder une br?ve interview ? — Puisque votre article est probablement d?j? r?dig?, je ne vois pas l'utilit? de gaspiller ni mon temps, ni le v?tre, r?pondit Tess sur un loin d'?tre cordial. — Mais peut-?tre qu'en discutant un peu, nous pourrions en apprendre plus l'une sur l'autre, » dit Susan avec un sourire. Jake entra dans le salon. « D?sol?, Tess. Je te croyais seule. — Jake, je t'en prie, assieds-toi. Je prenais cong? de Madame Blake. » Jake tendit la main. « Heureux de vous rencontrer, Madame Blake. Je suis surpris de vous voir ici. Que pouvons-nous faire pour vous ? » Susan posa son regard sur ce tr?s bel homme v?tu d'un smoking parfaitement taill?, lui serra la main et sourit. « J'esp?rais faire une interview de votre femme, Monsieur Vickers. Mais elle ne semble pas int?ress?e. — Madame Blake, implacablement vous passez votre temps ? critiquer le jeu de Tess. Je me demande un peu ? quoi vous vous attendiez. » Tess regarda Jake d'un air d?sapprobateur. « Je peux prendre mes propres d?cisions, Jake. » Puis, elle se tourna vers Susan et s'adossa dans le canap?. « J'accepte de vous parler mais j'aimerais savoir ce que vous cherchez. Quelque ragot ? — J'aime penser que je suis ouverte d'esprit, Madame Turner. — Si nous devons discuter, alors appelez-moi Tess. — Bien, Tess. Appelez-moi Susan. Pouvez-vous m'accorder une demi-heure de votre temps ? On peut s'arr?ter ? tout moment si vous vous sentez mal ? l'aise.» Tess regarda Jake. « J'aimerais que Jake reste. Il a une m?moire photographique et n'oublie absolument rien qui soit dit en sa pr?sence. Il sera ma police d'assurance. ?a vous va ? » Susan n'en fut pas intimid?e. « C'est toujours avec plaisir d'?tre en pr?sence d'un bel homme, dit-elle avec un sourire ?tincelant en direction de Jake. Comme je le disais, je fais de mon mieux pour ?tre juste. On commence, si vous ?tes pr?ts ? — Allons-y. — Je ne suis pas la seule critique qui ?crive sur vos performances, Tess. Pour vous dire franchement, nous croyions tous que vous et votre Ensemble Valkyries n'?tiez qu'un coup mont?, un feu de paille. Mais apr?s maintenant trois ans, vous ?tes toujours l? et vous gagnez m?me en r?putation et en public. Ce qui m'a amen?e ? croire qu'il devait y avoir plus que ?a l?-dessous. Est-ce vrai que les b?n?fices de vos concerts sont revers?s ? des organismes de charit? ? » Tess observa une pause ; elle voulait formuler une r?ponse appropri?e. « Jake, mon p?re et moi-m?me avons cr?? la Fondation Valkyries dont le but est de financer des organisations non gouvernementales luttant contre la traite des personnes. Tous les b?n?fices de mes r?citals et de la musique de chambre que nous jouons ensemble sont destin?s ? la fondation. Mon p?re, qui est PDG de NTC, une entreprise de fabrication d'?quipement militaire, l?ve ?galement des fonds aupr?s d'entreprises commerciales qui ?uvrent ?galement dans le domaine de la d?fense. Ils ont vers? de grosses contributions, sans doute pour expier les p?ch?s de leurs profits commerciaux. — Je crois savoir que SRD, votre compagnie, est une organisation militaire, avec des mercenaires travaillant pour le gouvernement en livraison d'armes dans le monde entier. Comment conciliez-vous votre travail avec la musique ? — Nous employons des gens hautement qualifi?s pour livrer des appareils et des syst?mes d'armement aux arm?es de pays ?trangers que notre gouvernement appuie. Nous formons ?galement des pilotes et parfois nous participons ? des op?rations militaires. Nous avons combattu Boko Haram au Nigeria ainsi que des trafiquants au Mexique. Nos activit?s musicales n'ont rien ? voir avec nos activit?s r?guli?res. En fait quand nous jouons de la musique, nous offrons notre temps et nos efforts pour contribuer ? lutter contre le traite des ?tres humains. — Il me semble que vos activit?s militaires jouent sur le choix de musique que vous jouez. Il est ?vident que les listes que vous ?laborez met le r?pertoire standard de c?t? et que vous privil?giez la musique spectaculaire, les ?uvres sombres et profondes. — Notre travail ne consiste pas ? imiter ce que d'autres artistes font d?j? tr?s bien. Nous jouons de la musique qui exprime la douleur, la col?re et parfois la violence qui caract?risent ce probl?me d?chirant qu'est la traite des personnes. Nous voulons divertir les gens mais nous voulons aussi faire appel ? leurs ?motions et jouer pour eux la meilleure musique que nous sachions produire. Nous voulons que les gens prennent plus part ? la lutte contre la traite des ?tres humains ; les autorit?s ne font que parler du probl?me et pr?f?rent allouer leurs ressources ? la guerre et ? des projets stupides comme des murs ? la fronti?re. — On m'a dit que vous ?tes plut?t franche et n'avez que faire de la correction politique, nota Susan. Quelque conflit inh?rent ? D'une part, vous traitez en ?quipement militaire, si ce n'est en interventions parfois l?tales. Et d'autre part, vous jouez de la musique pour venir en aide aux opprim?s. Vous ne trouvez pas cela plut?t ironique ? — Non, nos projets militaires b?n?ficient ? des nations qui sont en difficult? et qui ont besoin d'assistance. Nous n'avons jamais travaill? pour des dictateurs ni des tyrans. Notre musique contribue ? financer nos efforts dans la lutte contre la traite. — Et ? ?a marche ? » Susan avait l'air sceptique. Tess fut franche. « Pas aussi bien que nous le voudrions mais ce n'est pas une raison pour arr?ter. Quoi qu'il en soit, voici notre motivation : si nous parvenons ? ?pargner ne serait-ce qu'une personne de ce trafic, alors nos efforts auront valu cette peine. Ce qui ne veut pas dire que nous avons r?gl? l'ensemble du probl?me. Nous essayons de faire de notre mieux pour que la soci?t?, qui a condamn? des milliers de gens ? la mis?re, la d?gradation et le d?sespoir pour les avoir laiss?es tomber, prenne conscience et agisse. — Pour en revenir ? la musique, vous n'envisagez pas de proposer de r?citals plus traditionnels ? Si vous teniez ? ?tre r?ellement reconnues en tant qu'artistes, ne devriez-vous pas vous frotter contre ces artistes d?j? reconnus ? — Non, nos objectifs sont diff?rents. Nous ne jouons pas que pour faire de la musique mais nous offrons avec nos tripes une musique puissante et ?mouvante et dans un but bien particulier. Notre public le sait. Les gens qui n'appr?cient ni Chostakovitch ni Bloch sont libres d'?couter quelqu'un d'autre jouer Schubert. Par ailleurs, nous proposons les Soir?es de Tango et elles sont tr?s populaires. L'un de nos coll?gues, un Argentin, nous accompagne au bandon?on, une sorte de petit accord?on. Nous faisons souvent appel ? des danseurs argentins pour ces soir?es, tout n'est pas que t?n?bre et mis?ricorde. Le public adore. — Cela vous importe de r?colter de bonnes critiques ? — Honn?tement, pas du tout. Je pr?f?re me fier au bouche ? oreille. Je voudrais que nos repr?sentations soient vues et ressenties par les ?motions exprim?es de fa?on si exquise par de grands compositeurs parfois tomb?s dans l'oubli. Nous offrons au public de la beaut?, mais aussi de la col?re, de la d?tresse ou du chagrin, cela touche leur sensibilit?. Jusqu'? pr?sent, nous nous en sortons plut?t bien. Le nombre de spectateurs augmente, ainsi que le montant des dons. Il se peut que notre message soit entendu. — On dit que vous ?tes une interpr?te intr?pide et que vous aimez les compositions complexes et spectaculaires. Avez-vous song? ? jouer de la musique plus apaisante, contemplative ? — Oui, je le fais parfois, mais ce n'est pas ce que notre public vient chercher chez nous. Mon r?pertoire est un reflet de ma personnalit?. Je suis active et je m'emporte vite mais je me soucie profond?ment des choses. » Susan regarda Jake. « Je suppose que c'est votre lot quotidien. » Jake se leva, passa derri?re Tess et lui posa les mains sur les ?paules. « C'est ce qui m'a attir? en Tess d?s le d?but et je ne voudrais pas qu'elle change d'un poil. » Un pieux mensonge. Vivre avec un perfectionniste compliqu?, talentueux, implacable, obsessionnel et imp?tueux l'a souvent mis ? l'?preuve. Mais d'un autre c?t?, Tess avait grand c?ur pour ses proches et ferait tout pour les prot?ger. Elle ?tait passionn?e par la lutte contre la traite des ?tres humains et avait m?me essay? de r?soudre la crise des r?fugi?s en Europe. Jake ?tait son indispensable point d'ancrage, le raisonnable compagnon dont elle avait besoin. Avec l'impulsivit? de Tess, il avait fort ? faire pour emp?cher qu'elle et l'?quipe ne se mettent en difficult?. Jake avait sa propre faiblesse : il ?tait fou amoureux d'elle et ?tait pr?t ? lui offrir tout son soutien m?me quand elle faisait sortir tout le monde de ses gonds, lui y compris. Tess posa sa main sur celle de Jake. « Susan, je pense que nous en avons fini. Bonne soir?e. » En chemin, Jake sentait que Tess ?tait perturb?e. « Ne laisse pas cette journaliste t'atteindre, Tess. Sans critique, pas de succ?s.» Tess sourit. « C'est de quel philosophe ?a ? — Je l'ai lu dans un fortune cookie chinois. Non en fait, c'est de MalcolmX.» Le matin suivant, Susan publia son article: « Les Valkyries, des guerri?res au c?ur tendre. » 9. Le Pi?ge ? New York, Jake, Tess et Aara entr?rent dans une salle de conf?rence d?cor?e avec go?t dans les bureaux d'un prestigieux cabinet d'avocats. L'avocat les invita ? prendre place dans de confortables chaises en cuir autour d'une longue table. Fadime al-Saadi fit une entr?e remarqu?e, v?tue de haute couture, arborant son habituelle allure splendide agr?ment?e d'un d?collet? impressionnant. Elle jeta son foulard Herm?s sur l'une des chaises, se glissa sur celle ? cot? de l'avocat et sourit. « Comme tu as grandi, Aara. Tu es devenue une tr?s jolie jeune fille. » Fadime et Aara avaient en commun la m?me chevelure noire de jais, de grands yeux myst?rieux, des l?vres g?n?reuses et un teint cr?meux. Leur ressemblance sautait aux yeux. Tess lan?a vers son adversaire un regard meurtrier. Fadime mit un point d'honneur ? l'ignorer, se fendit d'un large sourire et fit un signe de la t?te ? Paul Mitchell, l'avocat, qui entama la r?union. « Bienvenue ? tous. Cette r?union a pour but d'informer Mademoiselle Aara Vickers, n?e al-Saadi, que son d?funt p?re, le g?n?ral Amir Alkan al-Saadi, a pris des dispositions pour qu'Aara re?oive un h?ritage substantiel ? ses dix-huit ans. L'h?ritage comprend un montant important d'argent de titres, ainsi que trois propri?t?s ? Istanbul, ? Villefranche en France et ? Guildford au Royaume-Uni. Le g?n?ral Amir a ?galement pris des dispositions financi?res pour entretenir ces r?sidences, ? condition qu'elles soient ?galement ? la disposition de Madame Fadime. » Tess jeta un coup d'?il ? Fadime, qui avait l'air moins qu'int?ress?e et qui semblait pr?f?rer l'inspection de ses mains manucur?es au ton monocorde de l'avocat. « Super, dit Tess. Occupons-nous de faire transf?rer l'argent sur le compte d'Aara et c'en sera fini. — Je crains que la situation ne soit un peu plus compliqu?e que cela, dit l'avocat. Le testament comporte des conditions. » Tess sentit la moutarde lui monter au nez. « Cette affaire ayant ? voir avec Amir, je me doute qu'il doit y avoir un pi?ge l?-dessous. Je vous en prie, poursuivez. » Sous la table, Jake saisit la main de Tess dans une tentative de lui faire garder son sang-froid. L'avocat reprit. « Les conditions sont assez simples. L'h?ritage exige d'Aara qu'elle se marie ? une famille musulmane influente. Le g?n?ral souhaitait renforcer les liens avec une dynastie qui fut historiquement alli?e ? la sienne. — Il est ?vident que ce testament a ?t? r?dig? quand Aara ?tait sous la garde de Fadime, intervint Tess. Fadime a volontairement renonc? ? la garde de cette enfant et nous a demand? de l'adopter, ce que nous avons fait. Depuis, Aara vit en Am?rique et elle ?tudie aujourd'hui ? la Julliard School of Music. Elle est citoyenne am?ricaine et sous aucune circonstance ne se laissera-t-elle imposer les pratiques culturelles musulmanes, et encore moins ?pousera-t-elle quelqu'un qu'elle n'a jamais rencontr?. » Tess regarda Aara qui semblait contrari?e. Elle lui prit la main pour la r?conforter. L'avocat poursuivit. « Je crains que tout cela ne change rien ? la condition premi?re de l'h?ritage, qui est simple. Si Mademoiselle Aara veut b?n?ficier de l'h?ritage, elle doit ?pouser un Iranien du nom de Karin Nazari. Si, pour une raison quelconque, il ne convient pas, des suppl?ants seront propos?s par Madame Fadime. — Et qui diable est Karin Nazari ? » Tess avait pratiquement grimp? sur la table. — Il est le fils de Daryush Nazari, l'un des hommes les plus riches d'Iran. — Il n'y a aucune chance qu'Aara porte le hijab et se soumette ? un homme qui lui dira quoi faire. Elle vit maintenant au XXIe si?cle et non au Moyen ?ge. » Fadime observa une pause dans l'inspection de sa manucure. « Tess, vous exag?rez. Je suis musulmane et je suis un style de vie occidental tout ? fait agr?able. — Mais pour pr?server votre ind?pendance, vous ne vous ?tes jamais mari?e. Vous, mieux que quiconque ici, savez ce que cela veut dire. Je me fiche de combien d'argent il s'agit. Aara n'en a pas besoin et elle ne retournera certainement pas ? une culture qui lui est d?sormais ?trang?re.» L'avocat se pencha et ouvrit un porte-document en cuir. « Vous n'avez sans doute pas id?e de l'importance de l'h?ritage. Il s'?l?ve ? 500 millions de dollars, environ. » Tess et Jake furent pris de court. « Bien, il s'agit donc d'un demi-milliard de dollars, fit remarquer Jake. Que se passe-t-il si Aara refuse l'h?ritage ? Qui en h?rite ? — Le testament n'en fait pas mention, intervint l'avocat. Je suppose que le g?n?ral al-Saadi n'avait pas envisag? la possibilit? d'un refus. Je vous recommande vivement de consid?rer ce que cela signifie. » Tess prit la main d'Aara. « Ma ch?rie, on dirait bien une d?cision que toi seule puisse prendre. Il s'agit de beaucoup d'argent, mais je dois te pr?venir que les conditions stipul?es dans le testament auront un impact important sur tes projets et sur la fa?on dont tu vas vivre ta vie. Tu es trop jeune pour te marier, encore moins avec un Iranien, et tu dois penser ? tes ?tudes. » Aara ?tait visiblement en d?tresse et se tordait les mains. « Je ne sais pas quoi faire, maman. Je suis tr?s bien l? o? je suis. Je me sens pas pr?te ? faire face ? ?a. » Jake se leva de la chaise et passa son bras autour des ?paules d'Aara. « Monsieur Mitchell, vous ne pouvez d?cemment pas vous attendre ? ce qu'une enfant d?cide d'une telle affaire aujourd'hui. Nous reprendrons contact. — Tr?s bien, Monsieur Vickers, mais je dois vous informer que le testament exige des signatures dans les soixante jours suivant l'anniversaire de Mademoiselle Aara. Et le mariage doit avoir lieu au plus tard dans les douze mois qui suivent. Le cas ?ch?ant, elle perd son h?ritage. » Tess saisit son sac ? main, attrapa Aara par la main et se dirigea vers la porte. « Encore une chose, dit l'avocat. Il se trouve que la famille Nazari est dans le New Jersey en ce moment. Peut-?tre pourriez-vous envisager une rencontre pr?liminaire ? Sans aucune obligation, bien entendu. — Nous devons y r?fl?chir, dit Tess en poussant gentiment Aara vers la porte. Passez une bonne journ?e. » Jake salua l'avocat de la t?te et suivit sa famille. 10. Travail Inachev? Apr?s un agr?able d?ner dans un restaurant fran?ais, Laurent glissa sa carte sur la serrure ?lectronique de l'appartement de Fadime ? New York. Fadime le pr?c?da dans la suite luxueuse et prit le chemin de la chambre en laissant tomber ses v?tements par terre. Elle repoussa les couvertures, s'allongea sur le lit, ouvrit le tiroir de la table de nuit d'o? elle extirpa un grand vibromasseur couronn? de’ ce qui ressemblait ? un bouton de porte. Elle ? alluma l'appareil et commen?a ? stimuler son sexe. Bient?t, elle g?mit de plaisir. « Ne reste pas l?, ordonna-t-elle entre deux soupirs. D?shabille-toi et rejoins-moi. » Laurent accrocha soigneusement sa veste ? une chaise et enleva sa cravate, tout en se d?lectant du spectacle de cette belle femme qui se donnait du plaisir sur le lit. « On dirait que tu t'en sors tr?s bien, mon amour. Tu n'as peut-?tre pas besoin d'un homme ce soir. Tu sembles ne pas avoir besoin de moi. » Comme des vagues de plaisir la submergeaient, Fadime continuait de g?mir. « Tais-toi et viens au lit. Ooh ! » Elle n'arr?tait pas de se cambrer, savourant les sensations que lui procuraient son vibromasseur. « Je ne comprends pas pourquoi tu continues ainsi, Fadime. Tu sais que je suis un amant habile. — Tais-toi et viens pr?s de moi. Embrasse mes seins. » Laurent finit de se d?shabiller et, avec obligeance, fit rouler sa langue autour des ar?oles des seins de Fadime. « Hmmm, c'est d?licieux, dit-il. — Ooh... Ooh, » faisait Fadime dans un autre g?missement. Laurent enserra ses seins entre ses mains tout en continuant de les l?cher. Apr?s un dernier soupir, Fadime ?tait pr?te. Elle ?carta les jambes, l'intimant ? explorer son centre palpitant de sa bouche. Laurent obtemp?ra, usant habilement de sa langue pour l'exciter davantage. Les g?missements de Fadime s'accentu?rent, les attouchements de Laurent faisait apparemment effet. Elle explosa dans un orgasme intense. « Viens en moi maintenant, » lui ordonna-t-elle. Laurent lui fit ce plaisir et l'envahit de son membre, suscitant davantage de soupirs de plaisir de sa partenaire. Il imprima un mouvement tout d?vorant sa bouche grande ouverte de baisers jusqu'? ce qu'il sentit qu'elle ?tait pour pr?te pour de bon. Il ?carta ses jambes plus grand et plongea profond?ment en elle, ce qui la fit crier de plaisir. Il maintint ses pouss?es, s'aidant des r?actions qu'il provoquait en elle, jusqu'? ce qu'elle finisse par s'effondrer, satisfaite. Ils rest?rent entrelac?s de longs moments puis Laurent finit par rouler sur le dos. « Je dois dire que tu es la plus ?trange des femmes multi-orgasmiques musulmanes que je connaisse. — Est-ce une critique ? dit Fadime, agac?e qu'il ait mit fin ? sa torpeur post-co?tale par ses remarques superflues. — Pas du tout. Tu es tout ? fait d?licieuse, et comme aucune autre femme que j'aie eue. — J'aime les hommes. Ils me donnent du plaisir, du moins jusqu'? ce que je m'en lasse. — J'imagine que tu finiras par me larguer pour un nouveau sp?cimen. — Laurent, mon amour, tu es chou. Tu es un bon amant mais je n'ai aucune illusion non plus, tu ne resteras pas avec moi. Dans tous les cas, je ne t'emp?che pas de t'amuser avec tes ma?tresses et autres prostitu?es. Profitons l'un de l'autre pendant qu'on le peut et gardons les complications ? leur minimum. — Voil? qui est parl? comme un h?doniste. » Laurent se leva et se dirigea vers le seau ? glace o? une bouteille de champagne reposait au frais. Il versa deux verres et revint vers le lit. « Comment as-tu fait pour ?viter un mariage arrang? ? N'est-ce pas la coutume dans les grandes familles musulmanes ? — Mes parents sont morts jeunes et c'est mon fr?re Amir qui m'a ?lev?e. Il a essay? de me pr?parer au mariage mais j'ai vite compris qu'un mari musulman ?tait la derni?re chose dont j'avais besoin. Amir m'avait envoy? ? l'?cole en Suisse et je suis rarement retourn?e en Irak ou ? Istanbul o? nous r?sidions. Quand j'ai refus? plusieurs offres de mariage, il avait menac? de me couper les vivres, mais je savais qu'il m'aimait et qu'il s'occuperait de moi, quoiqu'il arrive. Alors, je suis rest?e en Europe et j'ai commenc? ? vivre. Je ne pourrais pas supporter le mode de vie musulman. Et Amir lui-m?me ?tait loin d'?tre chaste. C'?tait un amant talentueux, je l'ai souvent espionn? lorsqu'il satisfaisait une foule de femmes toutes reconnaissantes. Il avait fait installer un ?quipement sophistiqu? pour enregistrer ses prouesses ?rotiques sur vid?o. Moi, je le regardais leur faire l'amour. J'avais souvent r?v? d'?tre avec lui mais c'?tait hors de question, bien s?r. Alors, j'ai pris des amants et depuis, pas un regard en arri?re. » Laurent arr?ta de jouer avec les seins de Fadime. « J'admire ton honn?tet? et le fait que tu vis ta vie selon tes propres termes. — Mon seul chagrin est qu'Amir soit mort. Il ?tait une telle force. Il me manque. J'aurais aim? que les choses aient pris un autre tour. — Pour ?a, tu peux faire porter le chapeau ? Tess. Elle l'a d?truit et elle a essay? de faire la m?me chose avec moi. — Oui, Tess est ton ennemie jur?e. Fadime observa une pause. J'aimerais passer ? autre chose mais au fond de moi j'ai tellement envie de lui faire payer. C'est s?rement ce que tu ressens aussi, non? — En effet. Il y a beaucoup ? r?gler entre elle et moi. Tess a d?truit ma carri?re, d?raill? mes plans. — Je ne sais pas grand-chose de ce qui s'est pass?. Tu veux bien m'en parler ? — J'ai fait l'erreur de l'avoir invit?e avec son mari Jake ? l'un de mes soir?es au Cambodge. C'?tait une grande affaire d'envergure internationale ? laquelle avaient assist? de nombreuses personnes fortun?es. Quand l'orgie avait commenc?, elle n'en avait pas cru ses yeux et elle est parti sur le champ avec son mari, mais pas avant d'avoir distribu? des coups de pieds dans les parties de mes portiers. Je ne suis pas rancunier alors, ? Paris, j'avais essay? de l'approcher en lui faisant miroiter un financement des ses projets militaires en Afrique par l'ODI, l'Organisation Internationale de D?veloppement. J'avais aussi h?te de la s?duire mais c'est une personne difficile. Elle a une f?cheuse tendance ? vouloir prot?ger la populace de gens comme nous. Elle n'approuve pas qu'il soit tout ? fait naturel que les "un pour cent" fassent du reste ce que bon leur semble. Elle a d?couvert mon activit? annexe qui est de fournir des femmes ? diff?rents tarifs ? ceux que ?a int?resse et elle en a pris ombrage. — Bon, elle n'appr?ciait pas tes activit?s. Mais pourquoi t'en a-t-elle voulu? — Les choses ont d?g?n?r? quand l'une de mes recrues a tent? de kidnapper sa fille ? la sortie de l'?cole. C'?tait une erreur monumentale commise par deux imb?ciles mais Tess n'a jamais accept? mes excuses pour cette regrettable erreur. Alors, elle a d?ploy? son ridicule sens de la morale et s'est mis en t?te de venir chercher vengeance. Je dois dire que j'ai aim? l'affronter mais Tess n'a aucun sens de l'humour et elle m'a poursuivi sans rel?che. Elle a fini par convaincre le gouvernement fran?ais de me faire inculper pour prostitution organis?e et traite des personnes. Mes avocats tout fait pour faire taire les ragots sur ma personne et mes associ?s mais le mal avait ?t? fait et j'ai d? d?missionner de l'ODI. » Fadime posa son verre de champagne. « Elle a tu? Amir et je ne le lui pardonnerai jamais. — De ce que je sais pourtant, elle n'a pas tu? Amir. Il s'est suicid? apr?s avoir assailli son appartement, mais pour faire quoi, je n'en ai aucune id?e. — Amir a toujours eu la t?te sur les ?paules mais il l'a perdue quand il est devenu obs?d? par elle, surtout apr?s qu'elle ait eu son enfant. Il voulait qu'elle et le gar?on viennent vivre avec lui mais elle a obstin?ment refus?. — Mais, Amir n'a-t-il pas tu? le gar?on ? — C'?tait un accident. Mon fr?re avait juste essay? de tuer Jake, son mari. — Oh, un d?tail mineur, alors ? railla Laurent. Il faut ?tre honn?te, cela explique la col?re de Tess envers Amir. — Je m'en moque. Tess a rendu Amir obsessivement malade, elle est responsable de sa mort. En tout cas, c'est ?trange de t'entendre venir ? sa d?fense, au vu de ce qu'elle t'a fait. — Oh, je suis aussi enrag? que toi. N'oublie pas qu'avec son ?quipe, elle a mis fin ? mes plans de faire exploser une bombe nucl?aire en Europe. Le chaos qui en aurait r?sult? aurait bien servi mes petites affaires. — Mais, Laurent, tu t'es surpass? cette fois. Je ne peux pas croire que tu avais pens? pouvoir t'en tirer comme ?a. Mais en tout cas, j'ai cru comprendre que Daesh t'a doubl? et a vendu la bombe aux Iraniens. — Oui, mais les Iraniens ne l'ont pas fait sauter. Jake leur a expliqu? que les Isra?liens seraient pr?ts ? d?ployer leur armement nucl?aire et l'Iran aurait ?t? aussi ras?e qu'un parking. — Laurent, ne te soucies-tu donc pas des gens ? Ai-je raison? — Je me fiche de ce qui advient ? la populace. Tout ce que je sais, c'est que j'avais un bon plan et qu'il est parti en fum?e. Et j'enrage encore. ?a fait un moment que je cherche un moyen de me venger. Je d?truirai Tess et ses Valkyries, m?me si c'est la derni?re chose que je doive faire, mais pas avant d'avoir us? d'elles, l'une apr?s l'autre. — Je ferais attention si j'?tais toi. Il me semble que Tess t'a d?j? plant? un couteau dans les testicules la derni?re fois que vous vous ?tes vus. — Je tiens toujours ? mon t?te-?-t?te en priv? avec elle. Et cette fois, c'est moi qui gagnerai. — ? chacun ses r?ves, dit Fadime en saisissant son vibromasseur. Moi, j'ai besoin de plus de plaisir. » Elle s'allongea sur le lit et commen?a avec anticipation ? appliquer l'instrument sur son corps. Cette fois, Laurent ne se joignit pas ? elle. Fadime ?tait occup?e et lui ?tait de mauvaise humeur. Il la lui fallait, cette revanche. 11. Les Fant?mes de Palmyre Yasmin Badawi ?tait une Syrienne chr?tienne de Tadmur, connue en Occident sous le nom de Palmyre. Elle ?tait dipl?m?e d'Oxford et avait un doctorat en arch?ologie du Moyen-Orient, parlait un anglais impeccable et avait une grande culture litt?raire, po?tique et musicale. C'?tait une femme accomplie, sophistiqu?e et d?vou?e ? son m?tier. Elle avait d?j? travaill? comme arch?ologue avec son oncle sur l'?tude et la pr?servation des sites antiques syriens. Mais quand l'?tat Islamique avait envahi Palmyre, son mari avait ?t? tu? et elle fut captur?e et mise en esclavage. Ses ravisseurs l'avaient donn?e ? un combattant pour un mariage forc?. En un mois, il ?tait mort en "martyr" au combat et le combattant qui le rempla?a connut le m?me sort. Il en fut de m?me pour le troisi?me. Consid?r?e d?s lors comme portant la malchance, Yasmin fut utilis?e comme esclave sexuelle mais elle avait r?sist? de tout son ?tre, tant et si bien que Daesh avait d?cid? de se d?barrasser d'elle en la mettant ? vendre aux march? d'esclaves avec d'autres femmes et filles ind?sirables. C'est dans le cadre du projet de Tess en lutte contre la traite des personnes que Nicola Orsini et George Kimmel s'?taient fait passer pour des Europ?ens musulmans d?sireux de rejoindre Daesh et avaient r?ussi ? infiltrer le groupe ? Raqqa. Ils s'?taient rendus au march? d'esclaves et avaient r?ussi ? acheter trois jeunes filles y?zidies ainsi qu'Yasmin mais celle-ci leur avait donn? du fil ? retordre, jusqu'? ce qu'elle r?alis?t qu'elles avaient ?t? achet?es pour ?tre sauv?es. George et Nicola les avaient fait passer ? Gaziantep en Turquie, o? ils s'arrang?rent pour que leurs rescap?es soient prises en charge jusqu'? ce qu'elles retrouvent leurs familles. Yasmin avait accept? d'aller ? New York. Apr?s quelques mois, Yasmin avait demand? ? int?grer SRD. Qu'elle ait ?t? brutalis?e par des gens ? la mentalit? m?di?vale l'avait ?branl?e mais ne l'avait pas an?antie. Avec l'aide de Tess, de Carmen et de George, elle s'?tait peu ? peu reconstruite et ?tait devenue un membre pr?cieux de l'?quipe. Sa connaissance des langues et de la culture arabe ?tait sans ?gale, tout comme sa passion pour l'?tude et la sauvegarde des tr?sors des civilisations pass?es. Arch?ologue de formation, elle n'avait pas la panoplie de comp?tences militaires que recherchait la compagnie, comme l'aptitude ? piloter des h?licopt?res et des avions, ni ? se servir d'armes diverses. N?anmoins, elle avait particip? ? la planification des op?rations en Syrie et avait finalement demand? ? s'entra?ner comme tireur d'?lite. Quand elle ?tait ?tudiante ? Oxford, Yasmin avait appris ? jouer de l'alto et elle int?gra aussi le groupe de musique de chambre Valkyries. Tout comme il avait ras? l'ancienne ville assyrienne de Nimrod et d?truit des statues dans le mus?e de Mossoul en Irak, l'?tat Islamique s'?tait livr? ? un v?ritable saccage de Palmyre, pillant des objets qu'il vendai ? des collectionneurs sans scrupules et d?truisant tout b?timent qu'ils consid?rait comme idol?tre selon sa version de la foi islamique. Les membres de Daesh avait mis en ligne des vid?os montrant les monuments et les statues datant de milliers d'ann?es qu'ils avaient d?truits. Chaque fois qu'elle voyait de telles vid?os, Yasmin assistait impuissante ? l'an?antissement du travail de toute une vie. Cela l'avait mise dans une col?re sans pareille. Six mois plus t?t, Yasmin avait appris que Daesh avait crucifi? son oncle, chef arch?ologue de Palmyre. C'est le c?ur bris? et assoiff?e de vengeance qu'elle ?tait retourn?e en Syrie o? elle avait rejoint une unit? de combattantes kurdes et qu'elle s'?tait port?e volontaire pour accompagner Eva Bar-Lev, ancienne agent du Mossad, en mission secr?te ? Raqqa. L'objectif avait ?t? de localiser des armes nucl?aires nord-cor?enne que Laurent Belcour et Daesh projetaient de faire exploser quelque part en Europe. Yasmin et Eva avaient identifi? l'endroit o? les bombes ?taient stock?es mais elles avaient ?t? d?couvertes. Si Eva avait r?ussi ? s'?chapper, les djihadistes avaient captur? Yasmin. Daesh avait voulu qu'elle serve d'exemple et avait projet? de l'immoler dans une cage, tout comme ils l'avaient fait ? un pilote jordanien et ami d'Efsan, une combattante kurde. Tess et son ?quipe avaient lanc? une op?ration de sauvetage et combattirent Daesh ? bord d'appareils d'attaque au sol Warthog A-10 et, avec l'assistance des Forces Sp?ciales am?ricaines, ils purent sauver Yasmin de justesse. Depuis, l'aversion d'Yasmin pour Daesh n'avait qu'empir? ; sa rage et son besoin de vengeance avaient atteint un degr? pathologique. Elle s'?tait mise en couple avec George mais m?me ? ce dernier, elle avait dissimul? son intention d'aller se venger et elle ?tait partie ? la premi?re occasion. Les troupes syriennes et russes avaient fini par chasser Daesh de Palmyre mais le site ?tait demeur? vuln?rable ; les terroristes pouvaient reprendre le territoire. C'?tait ? ce moment qu'Yasmin re?ut un appel de Pierre Beaumont, directeur des antiquit?s au Louvre, qui lui demanda de prendre part ? un projet ? Palmyre. Yasmin re?ut l'autorisation de Tess de se rendre ? Paris pour rejoindre un groupe de jeunes architectes, de math?maticiens et de concepteurs qui se pr?paraient ? produire des mod?les num?riques des sites historiques menac?s. L'?quipe arch?ologique s'envola pour Damas, puis voyagea jusqu'? Palmyre, dont certaines parties avaient ?t? d?truites par les Islamistes qui avaient jug? ses monuments idol?tres. Yasmin avait travaill? pendant quatre jours avec des arch?ologues et des techniciens ? survoler les arches et les temples d?vast?s ? l'aide d'un drone muni d'une cam?ra. Ils avaient un ?quipement dernier cri, des drones ? quatre ou six rotors qui pouvaient approcher les anciens b?timents de tr?s pr?s, enregistrant chaque d?tail structural, chaque fissure et chaque trou, pour en produire des mesures pr?cises. Ils mirent au point des nouvelles techniques qui permettaient de conserver des images dont des scientifiques et des arch?ologues pourraient se servir pour recr?er des mod?les num?ris?s, permettant ? des monuments et autres sites historiques menac?s d'?tre un jour restaur?s, r?par?s ou reconstruits. Leur travail ne se limitait pas ? Palmyre. Leurs drones survolaient une vingtaine de sites historiques en Syrie et pouvaient analyser l'impact que la guerre avait eu sur des endroits tels que Ninive, Khorsabad ainsi que le temple et le palais saccag?s de Nimrod. De retour en France, le groupe avait lanc? une exposition intitul?e Sites ?ternels : De B?miy?n ? Palmyre au Grand Palais ? Paris, o? plusieurs des 40.000 images prises par l'?quipe servirent de base ? l'exposition. En plus des images de Palmyre, de grandes photos et vid?os 3D furent projet?es en spectacle multim?dia, plongeant les visiteurs dans diff?rentes ?poques. Le spectacle visait ? attirer l'attention sur les menaces croissantes ? l’encontre du patrimoine mondial. Tout cela ?tait bien beau mais la soif de vengeance d'Yasmin ?tait toujours l?. 12. Des Valeurs Diff?rentes Tess, Jake et Aara arriv?rent dans le complexe chic de Bedminster, dans le New Jersey. Un homme ? la barbe soign?e les accueillit ? la porti?re de leur Range Rover. Il ?tait impeccablement v?tu d'un costume occidental. Chemise ? un col rond et sans cravate, il arborait le style pris? des Iraniens contemporains. « Bienvenue ! Je m'appelle Fuad, assistant en chef de Monsieur Nazari. Veuillez me suivre. » L'homme monta le long d'un grand escalier et ouvrit l'impressionnante porte d'un ?l?gant immeuble principal. Jake laissa Tess et Aara entrer devant lui dans le spacieux atrium de la maison. Fadime ainsi qu'un petit groupe de personnes ?taient d?j? rassembl?s ? l'autre bout de la pi?ce. L'assistant fit obligeamment les pr?sentations. « Monsieur et Madame Vickers, je vous pr?sente Daryush Nazari, son ?pouse Forouzan et leur fils Karin. Je crois que vous connaissez d?j? Madame Fadime al-Saadi. » Jake salua ses h?tes d'un sobre hochement de t?te, tout comme Tess et Aara. Quand les yeux de Tess et de Fadime se crois?rent, elles se retinrent tout juste d'?changer des regards meurtriers. Daryush Nazari offrit sa main ? Jake. « Salam. Kheili Khosh Amadid. Bienvenue ! » Jake s'?tait pr?par? ? cette r?union en d?poussi?rant ses connaissances du persan qu'il avait appris quand il ?tait ? la CIA. « Halet Chetore? Comment allez-vous ? » Nazari fut surpris et r?pondit : « Khoobam, mamnoon. Va shoma? Je vais tr?s bien, merci. Et vous-m?me ? » Jake demanda ensuite : «Shoma Englisi harf mizani ? Parlez-vous anglais? — Oui, nous le parlons tous, r?pondit-il. — Vous avez une superbe maison, Nazari Agha. Vous vous y plaisez ? — En effet, oui. Nous aimons venir y passer l'?t?. Je crains que T?h?ran ne soit une vraie chaudi?re en cette saison. — J'ai ?t? ? T?h?ran ? plusieurs reprises pour affaires, fit part Jake. J'ai beaucoup aim?. Tr?s belle ville. » Il pensa sage de ne pas r?v?ler que son temps pass? en Iran avait ?t? pour des op?rations secr?tes pour la CIA. Nazari fit entrer ses invit?s dans un grand salon magnifiquement meubl? et leur offrit de s'asseoir autour d'une impressionnante table de cocktail en marbre. « J'ai pris la libert? de nous commander du th?. » Deux femmes en robes longues, la t?te couverte, apport?rent obs?quieusement les boissons. Karin, le jeune homme, impeccablement v?tu d'un costume de couleur, sans cravate, et portant une barbiche, regarda Aara avec appr?ciation. Il lui sourit. La jeune fille le lui rendit avec une petite contraction de la bouche. Nazari entama la conversation en s'adressant ? Jake. « Nous vous souhaitons la bienvenue dans notre maison et, par la gr?ce de Dieu, que notre disicussion sur les ?ventuelles fian?ailles de nos chers enfants soit fructueuse. » Jake se contenta de hocher la t?te. Fadime, contre toute attente, ?tait v?tue sobrement d'une robe longue et ses cheveux ?taient couverts. Elle pr?para le terrain. « Nous sommes r?unis parce que mon fr?re d?funt et bien-aim? Amir al-Saadi, que la paix soit avec lui, a pris des dispositions pour que sa fille Aara se marie dans une famille qui d'histoire a fait partie de notre cercle d'amis et d'alli?s estim?s. » Elle fit une pause. « Les liens entre nos familles sont anciens et ? travers les temps nous avons assur? l'honneur de nos lign?es en alliant soigneusement nos enfants. J'ai ?t? charg?e par mon fr?re de pr?senter sa fille pour un possible mariage avec le fils a?n? de la famille Nazari, Inshallah, si Dieu le veut. » Tess eut imm?diatement en grippe le fait que l'une des personnes qu'elle appr?ciait le moins au monde discute de l'avenir d'Aara. Le beau Karin se leva et s'inclina devant Aara. « Peut-?tre serait-il bien que je montre les jardins ? Mademoiselle Aara. » Aara, qui avait tout l'air d'un petit oiseau effray?, ne voulait rien de moins mais Karin ?tait pers?v?rant. Il lui tendit la main et la courtoisie voulut qu'elle y r?ponde. Aara jeta un regard vers Tess qui acquies?a de la t?te. La jeune fille se leva et suivit le jeune homme. Le p?re Nazari prit une gorg?e de th?. « Je crois comprendre que le g?n?ral al-Saadi a r?serv? une g?n?reuse dot pour le mariage de sa fille. Notre religion ne l'exige pas mais je suis heureux qu'il en soit ainsi. Il est convenable qu'une femme demeure financi?rement ind?pendante. » L'homme n'avait manifestement aucune intention de s'adresser aux femmes pr?sentes dans la pi?ce. Jake sentit Tess sur le point d'exploser, aussi prit-il l'initiative. « Monsieur Nazari, nous comprenons que votre famille se conforme aux coutumes et pratiques islamiques. Notre pr?occupation est que notre belle-fille Aara n'a pas ?t? ?lev?e dans cette religion. Nous aimerions discuter de la fa?on dont certains arrangements seront g?r?s dans le cas o? Aara et Karin se marieraient. » L'homme r?pondit ? Jake. « Je ne vois aucun probl?me, Monsieur Vickers. La jeune Aara se convertira ? l'Islam et se conformera ? nos coutumes comme il se doit. » Tess donna instantan?ment voix ? son irritation et ignora compl?tement le fait qu'en tant que femme, elle n'avait pas droit au chapitre. « Monsieur Nazari, notre fille a ?t? ?lev?e en jeune femme moderne et instruite ayant des projets et des aspirations qui ne seront probablement pas compatibles avec les contraintes de la pratique islamique. Son ?ducation sera-t-elle un obstacle ? cette union? » Nazari parut agac? par la t?m?rit? de cette femme qui avait parl? sans permission et adressa de nouveau sa r?ponse ? Jake. « Comme je le disais, la jeune fille se convertira ? l'Islam. Elle sera instruite sur les principes de notre religion et ?l?vera ses enfants comme disciples d'Allah.» Tess n'en fut pas intimid?e pour autant. « Je crains qu'un r?gime religieux strict ne soit un probl?me pour Aara. C'est une femme moderne. » Nazari adressa ses remarques encore une fois ? Jake. « La religion ne devrait pas poser de probl?me. Je suis s?r que vous savez que l'Islam est l'une des trois grandes religions abrahamiques. Comme le juda?sme et le christianisme, notre religion a ?t? fond?e par un descendant d'Abraham. Nous croyons en Mo?se et en J?sus, que la paix soit avec eux, ainsi qu'en la Torah et l'?vangile originels r?v?l?s au Proph?te. Nous croyons aux Dix Commandements. Nous croyons en Dieu, en ses anges, ses ?critures et ses proph?tes, au Jour du Jugement, au paradis et ? l'enfer, ainsi qu'en la sage parole et la mesure de Dieu et au libre arbitre de l'homme. Voil? les pr?ceptes essentiels de la foi islamique. Certains pensent que nous avons un dieu diff?rent parce que nous utilisons le nom arabe pour d?signer Dieu, qui est "Allah". Ce qui est important, c'est que nous prions tous le m?me Dieu, que nous soyons chr?tiens, juifs ou musulmans. Nous croyons que Dieu a envoy? un messager ? chaque nation avec le m?me message : croyez en un dieu et soyez justes les uns envers les autres. » Tess fut impressionn?e par le point de vue de Nazari mais elle ?tait loin de renoncer. « Vous attendriez-vous ? ce qu'Aara porte une tenue musulmane et se couvre la t?te ? » Nazari continua de refuser de la regarder et il continua de r?pondre ? Jake. « En Iran, nous pr?f?rons que les femmes portent la tenue musulmane pour la modestie et la vertu qu'elle repr?sente, et qui font grandement d?faut ? la culture occidentale. Nous ne favorisons ni le libertinage, ni la convoitise. Nos femmes sont ch?ries, honor?es, prot?g?es. Je suis s?re que vous approuverez que la culture occidentale contemporaine a men? ? un effondrement moral, ? une luxure d?brid?e, aux comportements impudents et aux grossesses non d?sir?es. — Vous exag?rez, Monsieur Nazari, r?torqua Tess. Vous ne voulez pas reconna?tre que le vrai probl?me auquel nous faisons face est un choc des civilisations. Les musulmans d'aujourd'hui semblent ?tre en guerre contre le reste du monde. Pensez aux actes ?pouvantables de Daesh et d'Al-Qa?da, que des dirigeants comme Assad en Syrie massacrent leur propre peuple. Erdogan en Turquie essaie de revenir en arri?re en voulant remettre la seule r?publique d?mocratique du Moyen-Orient sous le joug de l'Islam. Vous ne pouvez tout simplement pas appeler cela des pratiques religieuses convenables. » Nazari apparut alors comme un homme pliant sous un lourd fardeau. « Daesh et Al-Qa?da sont en train de d?tourner l'Islam. Ce sont des p?cheurs. Les djihadistes de Daesh pensent qu'ils pratiquent l'Islam pur mais leur th?ologie est fallacieuse. Ils sortent les passages du Coran hors de son contexte historique et acceptent de fa?on infamante les contestables hadiths "faibles", les paroles et les actes du proph?te Mahomet, et en font une interpr?tation outranci?re. Ils violent le respect du "Peuple du Livre", les juifs, les chr?tiens, les zoroastriens et pr?conisent le meurtre de tous ceux qui sont en d?saccord avec leurs vues extr?mistes, principalement les musulmans chiites. Nombres de dirigeants religieux musulmans condamnent l'?tat Islamique. » Tess n'en d?mordit pas. « Que pouvez-vous nous dire sur la fa?on dont les femmes sont trait?es en Iran, Monsieur Nazari ? — Les lois iraniennes sont encore favorables aux hommes mais les femmes ont davantage acc?s ? l'?ducation et ont un r?le plus visible dans la soci?t?, compar? ? d'autres pays islamiques, ? l'exception de la Turquie, qui est un ?tat la?c. M?me Masoumeh Ebtekar, notre premi?re vice-pr?sidente et cheffe de notre Organisation de la Protection de l'Environnement, affirme que les choses vont de mieux en mieux pour les femmes. — Je le sais, r?pliqua Tess. J'ai vu une interview d'Ebtekar ? la t?l?. Elle avait enjoint les Occidentaux ? surmonter leur rejet du hijab. Eh bien, nous d?sapprouvons que le port du foulard par les Iraniennes soit d?cr?t? comme une loi. Nous y voyons encore le signe de l'oppression de la femme. » Nazari eut l'air clairement agac?. « Comparons l'Iran aux autres pays musulmans. En Arabie Saoudite, la loi interdit aux femmes de conduire et un parent masculin doit approuver presque toutes les d?cisions importantes de leur vie. De plus, elle ne peuvent occuper de charge publique. » Jake, bien pr?par? comme d'habitude, se sentit oblig? de corriger Nazari. « En fait, Nazari Agha, dix-sept femmes saoudiennes ont r?cemment ?t? ?lues aux ?lections municipales. Mais d'un autre c?t?, le Grand Mufti du pays a d?clar? que l'entr?e des femmes en politique ?quivalait ? ouvrir la porte au mal. Cela n'augure rien de bon pour l'avenir.» Конец ознакомительного фрагмента. Текст предоставлен ООО «ЛитРес». Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=48772980&lfrom=688855901) на ЛитРес. Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.
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