Òû ìîã áû îñòàòüñÿ ñî ìíîþ, Íî ñíîâà ñïåøèøü íà âîêçàë. Íå ñòàëà ÿ áëèçêîé, ðîäíîþ… Íå çäåñü òâîé íàä¸æíûé ïðè÷àë. Óåäåøü. ß çíàþ, íàäîëãî: Ñëàãàþòñÿ ãîäû èç äíåé. Ì÷èò ñåðî-çåë¸íàÿ «Âîëãà», - Òàêñèñò, «íå ãîíè ëîøàäåé». Íå íàäî ìíå êëÿòâ, îáåùàíèé. Çà÷åì ïîâòîðÿòüñÿ â ñëîâàõ? Èçíîøåíî âðåìÿ æåëàíèé, Ñêàæè ìíå, ÷òî ÿ íå ïðàâà!? ×óæîé òû, ñåìåé

Le Manoir De Mondello

le-manoir-de-mondello
Àâòîð:
Òèï:Êíèãà
Öåíà:409.05 ðóá.
Ïðîñìîòðû: 224
Ñêà÷àòü îçíàêîìèòåëüíûé ôðàãìåíò
ÊÓÏÈÒÜ È ÑÊÀ×ÀÒÜ ÇÀ: 409.05 ðóá. ×ÒÎ ÊÀ×ÀÒÜ è ÊÀÊ ×ÈÒÀÒÜ
Le Manoir De Mondello Salvatore Savasta ? la mort de son grand-p?re, Johnny h?rite d’une demeure ancienne, presque en ruines : le Manoir de Mondello. Son avocat, Angelo, ancien camarade de sorties et meilleur ami ? l’?poque du lyc?e, li? ? lui par mille souvenirs potaches et embarrassants, lui conseille de tout vendre et de tenter d’en retirer le maximum. Mais Johnny se sent irr?sistiblement attach? ? cette vieille construction et ne veut y renoncer pour rien au monde. Bien au contraire, il abandonnera son travail et sa maison pour donner vie ? un projet auquel personne ne semble croire. Entre les obstacles bureaucratiques et un probl?me ?conomique ? r?soudre, Angelo et Johnny commenceront ? revivre les moments qui les avaient li?s jeunes et finiront par se sentir attir?s l’un par l’autre. Aucun des deux ne semblera comprendre, mais ce sera l’atmosph?re magique des plages du Manoir de Mondello qui r?v?lera aux deux hommes la cl? de leur destin. Dans ce roman, le protagoniste, Johnny, et son fr?re Alex, h?ritent de leur grand-p?re d’une demeure en ruines : le Manoir de Mondello. La lecture du testament sera confi?e ? Angelo, ex-compagnon de classe de Johnny et meilleur ami ? l’?poque du lyc?e. Alors qu’Angelo et Alex plaident pour vendre et en tirer un b?n?fice, Johnny voit dans la propri?t? une fa?on de se r?approprier ses propres racines et poursuivre le r?ve bris? de son grand-p?re d?funt. Angelo finira par aider Johnny dans ce qu’il consid?re comme une aventure folle, mod?rant les rapports avec son fr?re, Alex, et servant de lien entre eux. Peu ? peu, les protagonistes revivront les souvenirs qui les avaient ?trangement li?s plus jeunes, et d?couvriront que la relation loyale, passionn?e et tendre qui les unissait a un nom : l’amour. Alors qu’ils r?novent le Manoir de Mondello, apprendre ? ne pas en avoir honte sera le continuum de l’?uvre. SALVATORE SAVASTA Le Manoir de Mondello Inspir? d’une histoire vraie Traduit par Pascale Leblon Copyright © 2020 Salvatore Savasta [email protected] (mailto:[email protected]) Page Facebook de l’auteur : https://www.facebook.com/iosonogayalmenocosicredo (https://www.facebook.com/iosonogayalmenocosicredo) Illustration de couverture © Daniela Barisone : https://ko-fi.com/queenseptienna (https://ko-fi.com/queenseptienna) Cr?dit Photo : https://unsplash.com (https://unsplash.com/) TOUS DROITS R?SERV?S : Cette ?uvre litt?raire ne peut ?tre reproduite ou transmise sous aucune forme et en aucune fa?on que ce soit, ?lectroniquement, m?caniquement, photocopi?e, sur support magn?tique ou autre sans l’autorisation ?crite de l’auteur. Ce livre ne peut ?tre converti en aucun format, vendu ou transmis en aucune fa?on d’un dispositif ? l’autre via le t?l?chargement sur des programmes de partage de fichiers pair ? pair, gratuitement ou contre paiement. De tels actes sont ill?gaux et enfreignent la loi sur les droits d’auteur. Ceci est une ?uvre inspir?e d’une histoire vraie. Les noms et les personnages sont le fruit de l’imagination de l’auteur, mais les ?v?nements se sont r?ellement produits, bien que romanc?s et m?l?s ? la fantaisie de l’auteur. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou mortes, des entreprises commerciales, des ?v?nements ou localit?s est purement fortuite. ? ce que je suis. ? ce que je ne serai jamais. ? ce que j’aurais voulu ?tre. ? ce que j’aurais pu ?tre. ? ce que je serai. ? moi et ? tous ceux qui, comme moi, sont libres d’?tre eux-m?mes. Pablo Neruda, “Sonnet XVII” Je ne t'aime pas comme si tu ?tais rose de sel, de topaze, Ou la fl?che d'?illets qui propagent le feu, Je t'aime comme l'on aime certaines choses obscures Secr?tement : entre l'ombre et l'?me. Je t'aime comme une plante qui ne fleurit pas et qui porte En soi, cach?e, la lumi?re de ses fleurs Et gr?ce ? ton amour, dans mon corps vit obscur L'ar?me et concentr? venu de la terre. Je t'aime sans savoir comment, ni quand, ni o? Je t'aime d'un amour discret et sans orgueil : Je t'aime ainsi car je ne sais pas comment aimer autrement Si ce n'est cette fa?on dans laquelle je ne suis ni tu es Si proches, que ta main sur ma poitrine est mienne Si proches que lorsque tes yeux se ferment ? mes r?ves. Chapitre I ne m’appelle pas "fils" sauf si tu es sur le point de me coucher sur ton testament. Cit. Al Mcguire Lorsque je sortis de l’ascenseur, je me dirigeai vers la dame assise derri?re un bureau : sur le mur, un panneau indiquait : “Casati, Gattai et Pavesi, Docteurs en Droit”. Je me pr?sentai et la secr?taire m’invita en souriant ? m’installer. Je pris place sur un divan en cuir et regardai autour de moi. Je me trouvais dans un environnement agr?able : les portes en verre fum?, le carrelage cach? sous de pr?cieux tapis et les murs constell?s de tableaux repr?sentant Palerme au XIX?me si?cle me firent comprendre que je me trouvais dans un cabinet d’avocats reconnu et ? la riche client?le. Ce serait pour moi une journ?e douce et am?re ? la fois : douce parce que je reverrais bient?t Angelo Pavesi apr?s plus d’un an, et am?re car l’occasion ?tait triste. La lecture du testament de mon grand-p?re. Tous les avoirs des Biondi auraient un nouveau propri?taire. Je m’effor?ai de penser ? quelque chose de joyeux car, bien que je sache depuis longtemps que ce jour arriverait t?t ou tard, mon grand-p?re me manquait vraiment. Il avait ?t? un p?re. Ma famille ne comptait que moi, mon fr?re Alex, mon grand-p?re Giovanni dont j’avais h?rit? le pr?nom, un grand-oncle et une grand-tante. Mon grand-p?re, avec ses fr?re et s?ur, ?tait revenu d’Am?rique apr?s s’y ?tre rendu en qu?te de fortune. C’?tait un ?migr? qui, apr?s avoir trouv? sa marmite d’or au pied de l’arc-en-ciel, avait choisi de rentrer dans sa patrie une fois devenu p?re. Je pensai donc ? ma vie, ? mon mariage bris? ? vingt-cinq ans et ? combien j’avais chang? depuis. Aujourd’hui, trentenaire, je me sentais s?r de moi et relativement heureux de ce que j’?tais et avais. Deux semaines plus t?t, j’avais rencontr? une femme qui me plaisait beaucoup : elle m’avait ?t? pr?sent?e lors d’une f?te sur le bord de mer de Capaci. Federica, une personne charmante, intelligente et sympathique. Une ?crivaine qui habitait Capaci depuis moins de deux mois. Apr?s quelques rendez-vous, j’avais compris que j’avais rencontr? une vraie femme, la t?te bien pleine au-dessus de son d?collet?, avec laquelle pouvoir concevoir une relation durable et solide. Au-del? de cela, je venais d’?tre promu agent en chef dans le fast food o? je travaillais. Je repensai ainsi ? la fa?on tendre et compatissante avec laquelle on me regardait le premier jour de travail : encore un dipl?m? qui finit par travailler dans un fast food. Je savais aujourd’hui avoir fait le bon choix. Bien entendu, mes amis du lyc?e qui ?taient devenus m?decins, avocats, enseignants et architectes avaient hauss? les sourcils de surprise quand j’avais parl? de mon nouvel emploi et de combien il m’enthousiasmait. Mais j’avais mis un moment avant de comprendre qu’ils n’?taient pas de vrais amis. Ils ne pouvaient pas l’?tre s’ils me jugeaient uniquement sur mon statut social. Depuis quelque temps, j’avais ?galement compris combien il ?tait important de suivre mon instinct, sans me pr?occuper de ce que pensaient les gens. Ce matin-l? aussi, j’avais suivi mon instinct en me rendant au cabinet d’avocats. Mon grand-p?re n’?tait pas tr?s riche et il avait eu de gros probl?mes financiers les derni?res ann?es, mais il avait toujours poss?d? une imagination fantasque et je pensais que son testament serait pour le moins int?ressant. Une porte du bureau de Casati, Gattai et Pavesi s’ouvrit et une charmante jeune femme, sortie de la pi?ce dont la porte affichait le nom d’Angelo Pavesi, vint vers moi. « L’avocat a d? s’absenter un moment, monsieur Biondi. Mais vous pouvez patienter dans son bureau, si vous le souhaitez. Vous attendez d’autres personnes, n’est-ce pas ?» — Je pense que oui » r?pondis-je, certain que mon fr?re avait ?t? appel?, peut-?tre avec nos grand-oncle et grand-tante. Un instant plus tard, je me retrouvai seul dans le bureau d’Angelo. C’?tait une pi?ce accueillante, avec des tapis orientaux, des tableaux de ma?tres et de pr?cieux meubles anciens. Je ne m’attendais pas ? une telle d?coration de la part d’Angelo, pas de celui que j’avais connu au lyc?e du moins. Je me souvenais de lui comme d’un gar?on plein de vie et d’?nergie ? l’horrible accent de Catane, sa ville natale. Il ?tait du genre ? aimer rester dehors et ? pratiquer tous les types de sport possibles. L’hiver, il allait skier sur l’Etna, y retournait l’?t? pour escalader le volcan et durant les demi-saisons, il se “contentait” de longues promenades dans les bois qui entourent l’arri?re-pays sicilien. Je me rappelais tr?s bien son esprit rebelle et id?aliste, toujours pr?t ? d?fendre les droits des plus faibles. Et il me semblait le voir faire partie de ce genre de corporation et de classe sociale qu’il refusait et combattait. Il paraissait aujourd’hui lutter pour des causes beaucoup plus proches de l’argent que de ses chers id?aux, auxquels il s’agrippait avec ?norm?ment de ferveur. Apr?s son dipl?me, lorsqu’il avait ?pous? Agata, une amie commune, il avait chang? du tout au tout et ?tait devenu ambitieux. Il cachait sa personnalit? originelle comme si elle n’avait jamais exist?. Je ne l’avais pas support? et mon amiti?, avec Agata et avec Angelo ensuite, s’?tait peu ? peu ?teinte. Ce qu’il s’?tait pass? avec Angelo ?tait arriv? avec Marianna ?galement, ma femme, bien que beaucoup d’autres probl?mes se soient cr??s avec elle. La principale raison de mon divorce ?tait le manque de passion sous les draps. Nous pouvions rester plus de six mois sans faire l’amour, ni en ressentir le besoin. Sans se sentir attir?s l’un par l’autre. Et cela nous amena ? la d?cision de divorcer. Je ne sais si ce fut le motif de la rupture entre Angelo et Agata, mais ce fut le seul qui naquit dans mon esprit. L’unique chose dont j’?tais s?r ?tait la douleur que j’?prouvais face au changement si radical que je voyais dans le bureau de celui que j’avais consid?r? comme mon meilleur ami pour la vie. L’unique fois o? je l’avais r?cemment rencontr? ?tait dans un restaurant o? je m’?tais rendu en compagnie d’une jeune femme. Angelo ?tait entr? quelques minutes plus tard, alors que nous ?tions d?j? assis. Il ?tait avec une jeune femme tr?s tape-?-l’?il, blonde et grande, et il me suffit d’un regard pour constater qu’elle ?tait l’exact oppos? d’Agata. Le hasard voulut que nous soyons assis ? des tables proches. Nous nous ?tions salu?s d’un Salut aussi poli que froid. Nous avions, selon le rituel, pr?sent? nos partenaires respectives avant de glisser dans un silence extr?mement long et embarrassant lorsque nous avions r?alis? que la proximit? ?tait excessive et ne permettait aucune intimit?. J’en ?tais ? mon second rendez-vous avec ma compagne et je fus tr?s embarrass? quand j’entendis Angelo commencer ? parler. J’en restai inconsolable. Contrait d’?couter Angelo, le nouveau et m?connaissable Angelo, qui cherchait ? faire bonne impression sur sa nouvelle petite amie en citant toutes les qualit?s qu’il avait acquises : une fervente ambition, la connaissance de tout ce qui fascine les gens et les femmes en particulier, et un amour aussi incroyable que hors de propos pour les joies de la vie de c?libataire. Ses mots sonnaient faux. Je compris que c’?tait son premier rendez-vous et qu’il essayait de faire mouche de fa?on positive, mais sa fa?on de faire ?tait d?primante. Il passait pour le type classique, d?sesp?r? et ivre, que l’on s’attendrait ? trouver dans un bar, en train d’offrir ? boire ? une femme pour la mettre dans son lit. L?, dans le bureau o? je me trouvais, j’esp?rai de tout mon ?tre faire face ? l’ancien et cher Angelo, et nous serions au moins tous les deux ? l’aise. Je me levai et m’approchai de la grande fen?tre derri?re le bureau. La vue qu’elle offrait ?tait magnifique, on y voyait l’enti?ret? du golfe et la marina de la Cala, limpide, bleu, infini et lumineux. Lorsque la porte s’ouvrit dans mon dos, je me retournai. Angelo apparut sur le seuil, bronz?, athl?tique et sportif jusque dans son complet gris clair. Le scintillement de ses yeux marron fonc? ?tait celui de toujours ; ses cheveux ch?tains brillants n’avaient pas chang? depuis que j’?tais ? peine plus qu’un adolescent. Il souriait de son habituel et merveilleux sourire cordial et totalement sinc?re. Je crus un instant ?tre revenu ? l’?poque du lyc?e, comme si les ann?es n’?taient jamais pass?es. « Johnny, dit-il doucement en venant vers moi pour m’?treindre et m’embrasser sur les joues. Nous nous ?loign?mes un moment pour nous regarder. — Tu es splendide. — Toi aussi » r?pondis-je. Nous r?alis?mes que nous ?tions encore enlac?s, ses mains sur ma taille. Nous nous regard?mes encore un moment dans les yeux, puis nous l?ch?mes peu ? peu. Il rit, ses yeux noisette brillaient : « C’est tellement bon de te revoir. J’ai beaucoup pens? ? toi ces derniers temps. Par rapport au testament de Giovanni et tout le reste. Je suis d?sol? que nous nous soyons perdus de vue. — Oui, mais tu sais comment c’est. Beaucoup de choses ont chang? depuis le lyc?e » je r?pondis. Je ne pus ajouter apr?s que nous nous soyons mari?s, parce que le sens aurait pu ?tre mal compris. Nous avions ?t? bons amis. Notre amiti? ?tait profonde, presque exclusive. Bien entendu, nous sortions souvent en compagnie d’autres personnes, mais nous avions pass? les plus beaux moments seuls : ? se promener en bord de mer et discuter de tout, de la politique aux probl?mes priv?s avec les filles ; ? ?tudier ensemble toute la nuit, jusqu’? quatre heures du matin, fatigu?s et affam?s, et nous rendre dans le quartier du tribunal sur nos Piaggio 50 cc pour d?vorer des croissants ? peine sortis du four. Il y avait ?galement eu des moments tristes, lorsque mes parents ?taient morts dans un accident de bateau. Je n’allai pas chez ma petite amie, mais chez Angelo, la seule personne au monde que j’avais envie de voir dans ces circonstances. Il m’avait serr? dans ses bras, et ?vacuer mes larmes avait ?t? facile. Il m’avait accompagn? en ville discuter devant un caf? et ?tait rest? ? mes c?t?s aussi longtemps que j’en avais eu besoin. Il avait rendu mon deuil un peu moins douloureux. Il m’avait appris que les probl?mes doivent ?tre divis?s par deux et les joies multipli?es par deux : c’?tait cela notre amiti?, une fa?on de me soulager quand j’avais des soucis et de profiter de joies qui n’?taient pas les miennes. Il y eut des occasions o? il aurait ?t? naturel d’approfondir notre relation, si nous n’avions pas ?t? deux hommes. Nous en avions parl?, convaincus de nous ?tre un jour aim?s. Nous ?tions ivres et ?tions parvenus ? prononcer ces ?tranges mots : Je t’aime. Mais nous en avions ri nerveusement, ne sachant trop quoi penser. Nous ne voulions pas g?cher notre relation alors. J’avais besoin de lui, exactement comme il ?tait. C’?tait une amiti? pure, solide et merveilleuse. On pouvait parler de tout, sans risquer d’?tre jug?s ou raill?s. Mais aujourd’hui, en le rencontrant apr?s tant d’ann?es, je me demandai comment nous avions fait pour limiter notre relation ? la simple amiti? lorsque nous ?tions au lyc?e. Tout en lui me fascinait. Sa beaut? sombre, sa voix gentille, ses yeux qui me regardaient avec une admiration visible. Il me semblait le voir pour la premi?re fois. « Je suis d?sol?, Johnny, de te rencontrer ? cause du d?c?s de ton grand-p?re. En le disant, une lueur de tristesse apparut dans son regard. Tu sais que je le connaissais tr?s bien moi aussi. J’acquies?ai : — Je me souviens du jour o? il t’a vu, chez mes parents. Je ris en me rappelant. Apr?s ton d?part, mon grand-p?re a dit que tu serais son avocat parce qu’il en voulait un avec des id?es neuves. Il sourit ?galement et ajouta : — Il a ?t? mon premier client, avant d’arriver ? tout ceci ». Il indiqua la pi?ce d’un geste de la main. Le t?l?phone sur le bureau sonna et il prit le combin?. Je le regardai alors qu’il disait : « Oui, fais-le asseoir, s’il te pla?t », et il donna des instructions sur d’autres choses ? traiter. Il ?tait aussi beau qu’? l’?poque du lyc?e, je ne pouvais m’emp?cher d’y penser. Il ?tait alors le plus ?g? du groupe parce qu’il avait redoubl? la quatri?me ann?e. Aujourd’hui cependant, il avait atteint un ?ge qui lui donnait un ?trange halo de maturit?. La m?choire volontaire, les ?paules larges. Il ?tait fascinant, pas beau. Voil? ce qu’il avait acquis avec l’?ge. Il posa le combin? et dit : « Ton fr?re est arriv?. Il avait l’air soucieux. — Qu’est-ce que tu as, Angelo ? Il soupira, h?sita et dit ensuite : — Je lui ai parl? la semaine pass?e et il ne semblait pas content du tout de venir jusqu’ici ». La porte s’ouvrit et la secr?taire entra, suivie de mon fr?re. Alex me regarda ? peine et se concentra imm?diatement sur Angelo. « Bien, je suis l?. Alex caressa nerveusement ses cheveux courts. — Je suis content que tu aies pu venir. Angelo ignora d?lib?r?ment le ton irrit? de mon fr?re. C’est bon de te revoir apr?s autant de temps. Vous n’avez pas du tout chang?, aucun de vous deux ». Je crus un instant percevoir un l?ger sourire derri?re le masque grossier et courrouc? d’Alex. Nous n’avions pas chang?, en effet, et nous continuions ? nous ressembler beaucoup, bien que physiquement seulement. Nous avions tous deux les pommettes hautes, les yeux bleu clair, presque gris, des cheveux noirs et des l?vres sombres et pleines. Et tous deux pr?f?rions laisser pousser notre barbe plusieurs jours avant de nous raser parce que nous aimions l’air plus ?g? qu’elle nous donnait. Nous avions des visages presque enfantins et, depuis nos vingt ans, la laisser pousser ?tait la seule fa?on de montrer que nous ?tions d?sormais plus que de simples adolescents. « Bien, dit Angelo, nous pouvons commencer. Vos grand-oncle et grand-tante n’ont pas pu venir, m?me s’ils le voulaient, mais ils sont repartis vivre en Am?rique et ne pouvaient pas affronter un voyage aussi long. Vous serez donc les seuls ? assister ? la lecture du testament. » Alex haussa les sourcils : « Alors ? Qu’est-ce que tu attends pour lire ce truc ? Il approcha une chaise du bureau et s’assit ? mes c?t?s. — Pourquoi tu ne te d?tends pas ? je r?pliquai, g?n? de le voir se plaindre comme toujours. Aie au moins du respect pour celui qui l’a ?crit. » Alex se tourna vers Angelo : « Ne fais pas attention ? mon fr?re. Il est d’humeur sentimentale, mais il ne fait que jouer les saints. — Alex ! je criai. — Johnny n’est pas le seul dans cette pi?ce ? qui Giovanni manque. Je l’aimais beaucoup moi aussi, le r?primanda Angelo. Alex secoua la t?te : — Non, je ne me suis pas expliqu?. Je ne parle pas de notre grand-p?re. Je l’aimais autant que vous, voire plus. Je parle de mon fr?re, convaincu que le deuil doit ?tre port? comme un ?tendard ? montrer au monde. » Je le regardai dans les yeux tandis qu’il parlait et n’eus pas le courage de r?pliquer lorsque je remarquai qu’il ?tait sur le point de pleurer. Alex avait toujours essay? de cacher ses ?motions, parce qu’il pensait qu’elles le rendaient faible. Il avait toujours ?t? le plus fort de nous deux, celui qu’on appellerait si on devait se battre et voulait ?tre s?r d’en sortir vainqueur. « Je crois que c’est mieux que je commence ? lire le testament, dit Angelo, vous aurez probablement beaucoup de choses ? discuter par apr?s. » Je le regardai d’un air interrogateur, mais il prit une pile de feuilles sur le bureau et commen?a ? lire : « Moi, Giovanni Biondi, r?sidant ? Palerme, en pleine possession de mes facult?s mentales, r?dige ci-apr?s mes derni?res volont?s par lesquelles j’annule tout autre testament pr?c?dent. Premier point : Giovanni et Alex, mes petits-fils bien-aim?s, ne savent pas que je n’ai jamais vendu le Manoir de Mondello, domaine que nous poss?dons depuis de nombreuses ann?es le long de la route qui m?ne ? la plage de Mondello. » Boulevers?, je lan?ai un regard de travers ? Alex, mais il fixait Angelo, dans l’attente qu’il reprenne sa lecture. « Je me souviens tr?s bien des ann?es durant lesquelles Giovanni et Alex jouaient heureux. Ils se disputaient comme chien et chat, mais faisaient semblant. Ils s’aimaient. C’est diff?rent aujourd’hui, ils ne jouent plus et ne font plus semblant. Il y a des ann?es, j’ai ?t? sur le point de vendre le Manoir de Mondello. J’avais besoin d’argent et n’arrivais pas ? en trouver. Mais Giovanni et Alex ?taient rest?s seuls apr?s le d?c?s de leurs parents et j’ai compris que je ne pouvais pas vendre le domaine. Notre famille aurait perdu son histoire et, avec elle, tous ses souvenirs. Maintenant que je vais mourir, le Manoir de Mondello est tout ce que j’ai. Je vous le laisse. Naturellement, je d?sirerais que vous le rameniez ? sa splendeur d’autrefois, mais uniquement si vous en avez envie. Autrement, vendez-le et profitez de l’argent pour moi. La seule clause (merci Angelo de m’avoir sugg?r? le mot correct) est qu’aucun de vous deux ne peut vendre sa part sans le consentement de l’autre. Je sais qu’un jour ou l’autre, vous arr?terez de vous disputer. » Angelo posa les feuilles et me regarda dans les yeux. Il reprit sa lecture un instant plus tard. Mon grand-p?re m’avait laiss? sa vieille voiture d’?poque, plusieurs meubles sculpt?s ? la main ? Alex, ses v?tements griff?s ? ses fr?res et les nombreux albums photos et de souvenirs qu’il avait ?crits durant sa jeunesse r?partis entre nous tous. Angelo s’appuya contre le dossier de son fauteuil et il y eut un instant de silence. Puis il soupira et dit : « Lorsqu’il a ?crit ce testament, il a fait mille tentatives. Il m’a expliqu? qu’il n’avait aucune intention de vous obliger ? agir dans un sens plut?t que dans l’autre. Il me r?p?tait qu’il vous aimait et qu’il ne voulait pas que vous vous sentiez contraints, en aucune fa?on. Il l’a refait des centaines de fois, mais chaque fois qu’il le r??crivait, il pensait que la premi?re version ?tait la meilleure. » Il sourit et continua : « Il voulait que vous gardiez le Manoir de Mondello. Et il l’a donc laiss? comme il ?tait. Je pense que c’est important que vous sachiez ce qu’il d?sirait en vous laissant cet h?ritage. Nous avons beaucoup ri pendant qu’on l’?crivait, votre grand-p?re ?tait vraiment sympathique. » Je souris mais regardai Alex, tendu de col?re : « Tr?s ?mouvant » dit-il d’un ton sarcastique alors qu’Angelo le regardait surpris. « Tu me dis ? quel point mon grand-p?re ?tait sympathique. Mais en attendant, de quoi avons-nous h?rit?, nous ? » Angelo et moi le regard?mes d?concert?s : « Vous h?ritez du Manoir de Mondello naturellement. Ou d’argent comptant. Vous pouvez choisir de vendre ou non. » Alex le regarda : « Nous n’h?ritons que d’un grand sentiment de culpabilit?, dit-il en col?re. M?me toi, tu penses que nous ne devrions pas vendre parce que notre grand-p?re ne l’aurait pas voulu. Bien, ?coutez-moi une bonne fois : si vous pensez que j’ai envie de me risquer dans une aventure bizarre pour ramener ce domaine ? la vie, vous vous trompez lourdement. Je ne roule pas sur l’or et je ne pourrai pas investir dans cette baraque, alors qu’une vente me rapporterait imm?diatement de l’argent. — Maintenant, c’est toi qui me comprends mal, Alex. Je l’ai dit ? monsieur Giovanni et je vous le dis aussi : mon conseil est de vendre. Et il savait que je vous le conseillerais. — Tu plaisantes ? je hurlai incr?dule alors que tous deux me regardaient d’un air ?tonn?. Je n’en crois pas mes oreilles. On vient juste d’apprendre que ce que voulait mon grand-p?re ?tait que nous gardions le Manoir de Mondello et toi tu nous conseilles de la vendre sans h?sitation. — Je ne suis pas compl?tement d’accord avec Alex mais une chose est s?re. De nos jours, il faut vivre et pour le faire, il est n?cessaire de prendre des d?cisions difficiles qui vont ? l’encontre des r?ves d’enfance ou des sentiments » soupira Angelo. Je tentai d’influencer les sentiments d’Alex encore une fois : « Tu le veux vraiment ? Tu ne d?sires vraiment pas avoir un souvenir de notre famille ? Alex s’assombrit : — Tu ne me comprends pas, comme d’habitude. ?a me plairait, mais on ne peut pas garder en vie des souvenirs… aussi co?teux ! — Mais on ne peut pas non plus les effacer d’un coup d’?ponge ! Je criai. Alex, je ne dis pas qu’il faut le garder. Mais donnons-nous le temps d’y penser. Jetons-y un ?il et on d?cidera ensuite quoi en faire. Angelo haussa les ?paules. — ?a me semble une bonne id?e. — Bien, l?cha enfin Alex, appelle-moi apr?s avoir vu le Manoir de Mondello. Il n’y aura rien ? discuter, mais appelle-moi. » Il se leva de sa chaise, salua Angelo d’un signe de t?te et referma la porte derri?re lui. Alex sorti, Angelo fit le tour du bureau et s’y appuya, face ? moi. « D?sol?, ?a ne s’est pas tr?s bien pass?. Je suis aussi d?sol? d’avoir sugg?r? de vendre, Johnny, mais il m’avait sembl?… — Oh, pas de souci. Ce n’est pas ta faute. Je suis s?r qu’un autre ? ta place aurait dit la m?me chose. » Le silence tomba subitement alors que nous nous regardions. Chacun de nous voyait quelque chose de diff?rent dans les yeux de l’autre. Il n’?tait plus le jeune gar?on que je connaissais quand nous ?tions amis, il ?tait d?sormais un homme attirant. Le silence me parut soudain embarrassant et je dis : « C’est tellement ?trange de se voir apr?s tout ce temps. Tant de choses se sont pass?es entretemps. Angelo me regarda et je crus lire de la nostalgie dans son regard : — Je suis vraiment content de t’avoir revu. Tu es superbe. » Le t?l?phone sonna et Angelo, contrari?, s’empressa de r?pondre. J’en profitai pour me lever. Je savais que je me sentirais plus d?tendu en m’?loignant de lui, parce que sa proximit? rendait son charme difficile ? supporter. Je me dirigeai vers la fen?tre, certain de me sentir plus ? l’aise en profitant du panorama de la ville, plut?t que de continuer ? le fixer, lui. Son sourire captivant, ses mouvements athl?tiques alors qu’il tournait autour du bureau et s’asseyait pour prendre des notes. Toutes ces choses devenaient dangereuses. La lumi?re dans ses yeux ?tait celle qui brillait ? l’?poque du lyc?e. Elle m’?tait famili?re et m’apparaissait pourtant totalement diff?rente ? la fois. C’?tait quelqu’un que je connaissais ? moiti?, quelqu’un qui me troublait subitement. La silhouette vague et impersonnelle de la ville, avec sa mer et son horizon, ?tait beaucoup plus simple ? regarder, et je pr?f?rai me focaliser dessus. Mais lorsque j’entendis Angelo saluer et raccrocher le t?l?phone, je me retournai instinctivement. Nos regards se crois?rent en un impact violent que je ne pus ignorer. J’eus la sensation que je ce que je sentais n’?tait pas bien, que nous ne devions pas nous regarder de cette fa?on. Mais cela me semblait ?galement d?licieux et juste. Les yeux d’Angelo renfermaient une lumi?re chaude, comme des langues de feu qui paraissaient me crier Je te veux. « Viens ici. » Sans cesser de me regarder, Angelo s’approcha de moi et, lorsqu’il m’attira ? lui d’un bras, je vis son d?sir refl?t? dans mon regard. Avec force, il m’enla?a de son autre bras, de la surprise dans les yeux, et me passa un doigt sur la nuque. Lorsque nos l?vres s’unirent, toutes les h?sitations, les ?tranges incertitudes, tomb?rent. Le baiser fut doux, du bout des l?vres. Mais ce l?ger contact suffit ? allumer mon d?sir. Je passai les bras autour de son cou et le serrai contre moi. Angelo se d?tacha et me regarda un instant, ?tonn? et effray?. Ses yeux ?taient emplis d’une excitation ardente. Il ferma les yeux et posa de nouveau ses l?vres sur les miennes. Je ne me demandai pas la raison de ce qu’il se passait. Ce contact m’apportait plus de plaisir, plus d’excitation, plus de force que tout autre baiser ne m’en avait jamais donn?. Et il se fit plus profond, nos langues plus audacieuses, et notre d?sir s’accrut, acc?l?rant notre souffle. Angelo s’?loigna ce qu’il fallait pour me regarder dans les yeux avec l’expression de celui qui ?merge d’un tr?s beau r?ve. Il respira ? fond et sourit. Sa joie semblait incertaine. « Mon Dieu ! Je ne l’aurais jamais imagin? ! En fait, je n’aurais jamais imagin? que ce serait ainsi. Je voulais seulement te prendre dans mes bras mais… » Il sourit et secoua la t?te. Je le fixais, le plaisir de ce baiser encore dans le regard. « Je ne savais vraiment pas que ce serait ainsi » r?p?ta-t-il. Je me rendis subitement compte que c’?tait incongru. Il y avait quelque chose d’?trange dans ce qu’il s’?tait pass?. « Que se passe-t-il ? me demanda-t-il quand il remarqua que mon expression avait chang?. — Je ne sais pas, Angelo, mais c’est bizarre. Apr?s autant de temps, ?a m’a sembl?… normal. — ?coute, il me tenait toujours par la taille, ?a m’a sembl? bizarre ? moi aussi. Nous avons ?t? amis si longtemps que ?a para?t absurde. » Je ris et m’?loignai de ses bras. « Je veux te revoir. Je ne veux pas que tu te sentes oblig?, mais je voudrais, dit-il dans un filet de voix en me fixant dans les yeux. — Je ne sais pas si c’est une bonne chose, Angelo. — Tu dois aller au Manoir de Mondello. Je t’accompagnerai. En bons amis et c’est tout ! — D’accord » r?pondis-je en me demandant en silence comment il ?tait possible d’?tre heureux et de se sentir coupable ? la fois. Chapitre II Quand on vit dans un lieu pour longtemps, on devient aveugle parce qu’on n’observe rien Cit. Josef Koudelka Les jours qui suivirent furent intenses professionnellement, je me sentais terriblement fatigu? et j’?tais impatient de faire une pause. Mon responsable venait d’engager deux jeunes ? former. Mais ils avaient provoqu? le chaos. On d?couvrit un peu plus tard qu’ils ?taient des parents du responsable, ses petits-enfants pour ?tre pr?cis. Ils se comportaient maladroitement en cuisine, cassaient des assiettes, d?congelaient de la nourriture pour avoir oubli? de refermer les chambres froides, faisaient tomber des aliments d?j? pr?ts par terre, se trompaient dans les commandes et nettoyaient tr?s mal la salle. Mon responsable semblait passer outre leurs d?g?ts et la confusion qu’ils cr?aient, chose qui rendait furieux tous les autres employ?s, moi y compris. Mais je pourrais tout laisser derri?re moi au moins une journ?e. C’?tait en effet mon jour de libre et je le passerais au Manoir de Mondello avec un vieil ami. Ces derniers jours, j’avais ?vit? de me poser des questions sur le baiser d’Angelo, mais maintenant, l’id?e qu’il allait passer me prendre commen?ait ? me stresser. Je me regardai dans le miroir pour la ?ni?me fois : je portais un jean, un tee-shirt blanc et des chaussures de sport. La sonnette de la porte retentit ? cet instant. Je me regardai ? nouveau : j’?tais bien habill? de cette fa?on. En m’approchant de la porte, je compris que ce n’?taient pas les v?tements qui m’inqui?taient. Non, ce qui me pr?occupait ?tait le souvenir de ce baiser, de ces l?vres chaudes, de ce souffle lourd et de ces yeux pleins de d?sir. Je pris une longue respiration et ouvris la porte. Angelo sourit et entra. Il me regarda de la t?te aux pieds, puis fit quelques pas dans la maison. Il ?tait tr?s beau, encore plus attirant m?me avec son jean et son tee-shirt bleu, tous deux moulants, qui mettaient en ?vidence la silhouette de son corps. Nous nous regard?mes un instant. Les yeux noisette d’Angelo ?tincel?rent, puis il sourit. Un sourire l?ger qui se faisait plus ouvert alors qu’il s’approchait. Je me surpris ? l’attendre, le souffle coup?, alors qu’il me prenait la taille d’un bras. « Tu sais, murmura-t-il en souriant, tout ceci est tr?s stupide. » Il me serra contre lui au point que nos l?vres s’effleur?rent presque. J’?tais intens?ment conscient du contact de ce corps, de ces cuisses muscl?es qui d?gageaient une chaleur au contact des miennes, de l’?treinte de ces mains, de la chaude profondeur de son regard. « Qu’est-ce qui est stupide ? » je murmurai, captiv? par la chaleur qui m’enveloppait, tandis que ses mains glissaient le long de mon dos et m’attiraient davantage ? lui, de fa?on ? ce que chaque partie de notre corps se touche. Sa respiration se fit plus rapide, je le regardai dans les yeux, et vis son visage devenir plus s?rieux. « Je crois - je pouvais sentir son souffle sur mes l?vres - je crois que nous sommes pr?ts pour tout ?a depuis tr?s, vraiment tr?s longtemps. » Il baissa la t?te et m’embrassa dans le cou, s’arr?ta, la joue pos?e contre la mienne. Je le serrai contre moi en lui passant les bras autour du cou, d?sireux de sentir la chaleur de son corps partout. « Et c’est stupide de faire semblant - il m’embrassa doucement sur les l?vres et poursuivit - de faire semblant que ?a n’existe pas. » Nos regards fusionn?rent un moment, emplis de d?sir, alors qu’il approchait ? nouveau ses l?vres des miennes. Nous soupir?mes tous deux de plaisir au contact de nos bouches, les ouvrant et explorant celle de l’autre de la langue. Mes doigts caress?rent ses cheveux, et ceux d’Angelo descendirent le long de mon dos jusqu’? ma taille, pour trouver la chaleur de ma peau sous mon tee-shirt. Ce contact, ? peine effleur?, fut incroyablement excitant et dissipa toute protestation de ma part, allumant mon d?sir. Je tendis les mains jusqu’? toucher ses fesses, fermes et contract?es sous mes doigts. Je sentais sa verge dure presser sous son jean et rencontrer la mienne. Instinctivement, nous commen??mes ? mouvoir nos hanches, frottant notre sexe l’un contre l’autre. Nous faisions l’amour, mais sans nous d?shabiller. Lorsqu’il tendit la main pour d?faire ma ceinture, il s’empara de ma verge et je g?mis de d?sir. Il se pencha et approcha son visage de mon pubis. Je pouvais sentir la chaleur de son souffle sur mon ventre tandis qu’il me lib?rait de l’?tau de mon boxer gris. Il l?cha la pointe de mon membre, rapidement en l’effleurant ? peine de la langue, puis remonta en embrassant mon torse et mon cou. J’attrapai son visage de mes mains et l’embrassai passionn?ment. Je ne rouvris les yeux qu’un instant mais assez pour voir notre image refl?t?e dans le miroir. Je me sentis soudain ridicule et d?plac?. Je me raidis et il dut le remarquer car il me murmura : « Johnny, apr?s tellement de temps. Il leva la t?te et me regarda, la profondeur de son regard exprimait la d?cision. Tu sais, je ne sais m?me pas si tu sors avec quelqu’un. Je vais peut-?tre trop vite et ?a pourrait ?tre un probl?me pour toi, peut-?tre. » Ses yeux brill?rent. « Tu pourrais ne pas vouloir ce que je moi je d?sire » ajouta-t-il doucement. Je souris. Il ?tait difficile d’imaginer vouloir quelqu’un d’autre en ce moment. Mais c’?tait un homme, un vieil ami, et je me souvins de Federica. « Et bien…, j’h?sitai. Vraiment je… Je m’interrompis et le vis ?largir les l?vres en un sourire candide et innocent. — J’ai peut-?tre ?t? trop pr?somptueux. Tu n’as peut-?tre pas envie d’en parler, dit-il en haussant les sourcils. Je secouai la t?te. — Non, pas de probl?me. Mais je vois quelqu’un ces derniers jours. Il m’?treignit encore plus fort. — Elle te pla?t ? — Je pense que oui. — Tu crois vraiment que si c’?tait le cas, tu arriverais ? rester dans mes bras comme ?a ? » Ses mains et ses propos continuaient ? me transmettre de la chaleur. Je le regardai droit dans les yeux et alors que nous commencions tous deux ? sourire, je dis : « C’est possible. Angelo m’embrassa sur les l?vres : — Ne nous cr?ons pas de probl?mes. C’est tellement bon de pouvoir te tenir contre moi apr?s tout ce temps que ce serait vraiment idiot de se poser des probl?mes pour ?a. — Je suis d’accord, mais allons-y doucement. Je ris en reprenant contenance. — Juste une chose cependant, ajouta Angelo avec une lueur malicieuse dans le regard tandis qu’il remontait mon jean. — Quoi ? — Tu devras me dire tout ce que tu sais sur cette fille. Je levai la t?te pour rencontrer de nouveau ses yeux. — Pourquoi je devrais le faire ? Il sourit et r?pondit : — Parce que j’aurai plus de possibilit?s de gagner en connaissant l’adversaire. Je ris de bon c?ur. — Je suis flatt?, mais tu fais passer ?a pour un ?trange d?fi. Ce n’est pas un match de foot. — Non, c’est absolument beaucoup plus important qu’un match. Mais s?rieusement, le temps est pass? et je ne sais plus quel type de femme t’attire. Il sourit et me passa un doigt sur le nez. Si je me souviens bien, nous avions des go?ts tr?s diff?rents tous les deux. — ?videmment. Tu les aimais belles et stupides ! dis-je en souriant avec sarcasme. — Peut-?tre, r?pondit-il en me regardant fermer ma ceinture. Mais je les aimais. — Mais bien s?r ! Tu ne les aimais pas du tout ! Tu aimais leur d?collet? et tu aurais dit vouloir les ?pouser toutes juste pour avoir le triangle magique qu’elles tenaient cach? entre leurs jambes. » Nous explos?mes d’un rire retentissant, puis il se fit s?rieux et s’approcha : « Et puis je t’en parlais et tu g?chais tout. C’est toi qui m’emp?chais d’?tre s?rieux avec les femmes. Je n’arrivais pas ? penser ? elles quand j’?tais avec toi. — Mais pas avec Agata, je r?pondis dans un sarcasme doux et voil?. — Non, pas avec elle. » Nous nous fix?mes en silence et je me demandai si l’attirance entre nous avait toujours ?t? aussi forte, quoique r?prim?e et ignor?e, et si les ?motions et les pens?es avaient toujours ?t? celles que nous ?prouvions ? l’instant. « Je crois que nous devrions y aller, il est temps de se remuer, dit-il soudain. Ses yeux ?taient p?n?trants alors qu’il s’approchait de nouveau. Ou bien on peut rester ici, toi et moi, et passer la journ?e ensemble. — Ce serait trop facile, tu ne crois pas ? Je ne suis pas une jeune fille aux m?urs l?g?res moi ! » Je le dis en imitant une voix f?minine et mimant des gestes qui me rendaient gentiment eff?min?. Il sourit, mais son regard se fit sombre et triste : « Honn?tement, je ne sais pas si ?a a ?t? si facile de t’embrasser. ?a nous a pris toute une vie. Et je suis encore moins s?r que ce soit facile de te faire mien. Il fit une courte pause. Tant d’ann?es sont pass?es. » Je d?tournai les yeux des siens, ils ?taient trop dangereux. « Bien, je prends deux-trois affaires et je suis pr?t. Allons-y. » Je m’emparai d’un petit sac dans lequel j’avais mis quelque chose ? manger. Nous sort?mes quelques minutes plus tard et, avec la voiture d’Angelo, une Saab rouge, pr?mes l’autoroute qui menait ? l’?changeur de Mondello. Le voyage fut agr?able. L’air de mai ?tait doux et empreint du parfum des arbres, d’agrumes et de sel. Alors que la voiture s’engageait dans le premier tunnel, ? la hauteur d’Isola Delle Femmine, Angelo lan?a : « C’est mieux que tu te pr?pares. — Me pr?parer ? quoi, Angelo ? Tu sais ? quel point je suis curieux. Angelo secoua la t?te. — Parce que le Manoir de Mondello pourrait t’appara?tre bien diff?rent que dans ton souvenir. Tu n’y vas plus depuis combien de temps ? — Oh mon Dieu, bonne question ! Laisse-moi r?fl?chir. Au moins douze ans, j’?tais dans ma derni?re ann?e de lyc?e. Nous sommes all?s y trouver mon grand-p?re avec mes parents cet ?t?-l?. C’est l’ann?e o? il nous a dit qu’il vendrait le domaine et qu’il avait d?j? une offre d’un acqu?reur potentiel. Il disait qu’il observerait la plus grande discr?tion parce qu’il s’agissait d’un footballeur de l’unione sportiva Citt? di Palermo. Je fis une pause et regardai Angelo. Je me demande pourquoi il n’a jamais rien dit. Pourquoi garder secr?te la propri?t? du Manoir de Mondello, tu le sais ? Angelo esquissa un demi sourire : — Giovanni aimait s’entourer de secrets. Mais je ne sais que ce que tu as lu dans son testament. Il ne l’a pas vendu ? cause du d?c?s de tes parents. — Mais pourquoi garder le secret ? Pourquoi faire semblant de l’avoir vendu ? Angelo me regarda un instant seulement, le regard fuyant de celui qui sait quelque chose et rit sous cape. Puis il soupira face ? mon insistance et l?cha : — Je ne sais pas si je dois et si je peux te le dire, vraiment. — Tu te moques de moi ? J’?tais furieux. — Non, mais c’est une confidence que m’a faite Giovanni. N’oublie pas que j’?tais son avocat et que j’ai ?t? proche de lui jusqu’? sa mort. — Et toi, n’oublie pas que je suis son petit-fils et que j’ai le droit de savoir. — Laissons courir pour le moment, dit-il enfin calmement. Tu dois comprendre que ce qui se dit entre un avocat et son client est strictement confidentiel, ?a s’appelle le secret professionnel. — Tu veux vraiment parler de secret professionnel avec moi, Angelo ? — Excuse-moi, je ne veux pas te mettre en col?re. S?rieusement, viens ici ! Il tendit le bras et m’attira ? lui, appuyant mon visage sur son ?paule. — Excuse-moi si j’ai insist?, dis-je enfin. — Toi, excuse-moi si je risque parfois de ressembler ? quelqu’un que tu as d?j? connu et qui aimait te cacher des choses, dit-il doucement en faisant subrepticement r?f?rence ? mon ex-femme, Marianna. — Je ne pense pas t’avoir dit quoi que ce soit de tel, je r?pondis en levant la t?te de son ?paule. — Je sais, Johnny, mais il n’est pas n?cessaire que tu le dises. Je le sens. J’ai senti ta d?sapprobation ? partir du moment o? j’ai d?cid? de devenir avocat. Comme si c’?tait une folie pour toi. — Oh, allez, Angelo ! Ne sois pas ridicule. — C’est possible que j’exag?re, peut-?tre, mais admets-le. Tu ne t’attendais pas ? ce que je finisse en veste et cravate, et encore maintenant je sais que ?a te d?range. Je soupirai : — D’accord, je l’admets. Mais seulement parce que tu d?testais les multinationales. Tu ?tais un activiste de Greenpeace ! Tu aimais la nature, les raids nocturnes, le ski et tu te battais pour que chaque chiot de la ville trouve un foyer. Qu’est-ce qui t’a tant fait changer ? — La vie, Johnny, la vie. Le mariage, les factures. Je n’aurais jamais pu entretenir ma femme en allant sauver les baleines sur un navire en Mer du Japon. » Il me regarda, comme r?sign?, puis nous pr?mes subitement la sortie “Mondello”, et il m’indiqua d’un signe de la t?te une montagne en face de l’usine Elenka. « M?me si les montagnes de ce genre sont tellement dangereuses qu’il faudrait ?tre pay? pour les escalader. » Je regardai la montagne qui tombait en surplomb sur la route. La vue me coupa le souffle. Les flancs escarp?s ?taient tr?s raides, parfois rocheux, parfois couverts d’une v?g?tation dense et luxuriante. Un ?trange spectacle de la nature entour? d’une ligne enchev?tr?e d’asphalte routier. J’eus le sentiment de ne l’avoir jamais vu avant. Chaque fois que je passais l?, l’odeur de la glace de Sicile ? peine faite qui provenait d’Elenka attirait tellement mes sens que je fermais les yeux pour la savourer, au point de presque en sentir la saveur sur mes papilles gustatives. « La derni?re fois que je suis venu ici, avec mes parents, j’?tais tellement furieux de devoir partir avec eux au lieu de sortir avec mes amis que j’ai compl?tement ignor? la chance que j’avais de les avoir encore avec moi, devant ces coins de nature. Je continuais juste ? r?ler. Angelo sourit, ?mu. — Je faisais pareil avec mes parents, mais Mondello est difficile ? ignorer, m?me en le voulant. — Bien, annon?ai-je, dans ce cas aujourd’hui, je me baladerai sur les sentiers qui vont de la mer au Monte Pellegrino et tu pourras faire une petite ascension le long des pentes ! Il secoua la t?te en signe de d?saccord. — Pas moi ! Je devrais ?tre fou pour recommencer l’escalade improvis?e apr?s autant d’ann?es sans entra?nement. » Ensuite, il me regarda et ajouta : « Au-del? du fait que je d?sire davantage rester en ta compagnie. » Je fondis dans le plus sinc?re et satisfait des sourires, tandis que la voiture s’engageait dans un chemin de terre qui menait ? l’entr?e du Manoir de Mondello. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=63808236&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.