Русский язык – азы мироздания, Мудрый советчик, целитель и маг Душу согреет, облегчит страдания От мусора в нём остаётся лишь шлак. С азов начинали и ведали буки, Смыслом всегда наполнялись слова, Азбука – это не только звуки, Образы, цели, поступки, дела. Ведай же буквы – письма достояние, Мудрость посланий предков славян, Глагол Божий дар – позна

Couleurs

Couleurs Patrizia Barrera Patrizia Barrera Pr?face de l'auteur J'ai ?crit le livre sans y penser, mais en ?coutant litt?ralement les voix qui sortaient des profondeurs, de ce quelque chose d'impalpable et absorb? que j'ai d?fini mon ?me. Ce sont des voix, des r?flexions et des histoires hors du temps, n?es dans un endroit ?loign? qui est fantastique mais qui puisent dans mon exp?rience et dans les exp?riences psychiques que j'ai recueillies en chemin. Chaque histoire est marqu?e par une couleur et une image, pour vous offrir une exp?rience globale et arch?typale. Ce sont des histoires intuitives, peu logiques, presque surr?alistes. Les lire, c'est ouvrir une fen?tre sur un monde spirituel collectif, qui est en chacun de nous. J'esp?re qu'ils pourront vous donner un moment d'?vasion et de r?flexion avec leur ch?ur de couleurs poignantes, un h?ritage incomparable de notre existence. Patrizia Barrera Copyright Copyright © Patrizia Barrera 2020 All Right Reserved RHA PRODUCTION EAU Je suis l'eau bouillonnante dans les vall?es, qui touche la pelouse avec ses mains mouill?es Et je suis l'eau qui tombe dense du ciel, qui se rassemble doucement dans le creux sombre des arbres. Eau des sommets enneig?s, eau rugueuse et sombre qui pleut sur les fleurs. O? que ce soit et qui que je sois Je serai toujours de l'eau. Les gouttes am?res, les tiges ardentes gener?es de ton amour pour moi. COULEURS Bleu C'est cet ?t?-l? que je devint sa femme. Je me souviens encore des pommiers qui donnaient sur les champs comme des soldats en f?te, et du long chemin qui nous s?parait des bois. L? il y avait notre maison, et c'est l? que cela s'est d?roul?. J'?tais jeune et perdue dans ce bruit de voix, dans le tourbillon de couleurs qui pr?c?de le coucher du soleil: mais je sentais la nuit comme une amie et je voulais qu'elle vienne, que mon lit de mariage encore intact se v?tirait de rose et m'accueillirait dans un nid, comme cela arrive ? l'aiglon plum?. Je portais son visage sculpt? dans les yeux: le front haut, le regard s?v?re, les l?vres turgescentes. Et puis les mains. Ces mains infatigables et curieuses qui savaient emprisonner le monde dans une toile, forcer le jour ? appara?tre la nuit, transformer la vieillesse en jeunesse. Ces douces mains qui savaient pleurer. Ma vie et ses mains: pour moi, cela ?tait tout l'univers. ?a a donc dur? un an, de longues journ?es marqu?es par mes promenades dans les bois et ses tableaux, mes regards sur le ruisseau et ses couleurs. La nature y restait confin?e, prisonni?re. Celui ?tait le cerisier qui mourut en hiver qui continuait ? vivre, et ceux les feux de la nuit quand les gens dansaient dans les collines. Et les d?sirs tacites, les ?motions subies, tout ?tait confus au moment o? le pinceau s'?largissait pour d?couvrir ou se cacher. Parfois, il continuait ? peindre pendant des heures. Puis, comme s'il se r?veillait, il regardait autour de soi et me voyait et c'est seulement de cette fa?on que je savait que la nuit ?tait tomb?e. Il me prenait et nous nous aimions. Ses maino.s dessinaient toujours mon corps et il n'y avait aucune passion en lui. Seulement des fant?mes, seulement des couleurs. Je ne comprenais pas. Et pourtant c'?tait magnifique son int?r?t magique pour mes cheveux, ma poitrine. Il me regardait et, apr?s tout, j'?tais sa femme. Il me parlait de son ?me confuse, des sentiments refoul?s qui revenaient le bouleverser chaque nuit, des plans des nouvelles toiles. Pendant qu'il parlait, il s'endormait, comme s'il ?tait profond?ment fatigu?. Je ne sais pas pourquoi mais je ne voulais pas qu'il dorme. Il me semblait de retomber dans l'obscurit? et ne jamais en voir la fin. C'?taient ses tableaux qui me tenait compagnie et, quand je le comprit, je d?cidai de ne pas les perdre. Je jurai ?a ? moi-m?me et ?a je finalement obtins; maintenant je suis moi-m?me couleur. Parfois, il arrivait qu'elle partait exposer ses tableaux et je restais seule; puis j'errais sans rel?che sans savoir quoi faire, dans mes jours sans fin. J'?crivais ? ma m?re ou j'allais au lac ou je dormais et j'arr?tais tout sans rien finir, dans l'angoisse. Je regardais les murs vides, les toiles nues, les pinceaux sur la chemin?e, abandonn?s, sans que personne ne lui donne vie. C'?tait comme si le monde entier disparaissait ? mes yeux, il ne restait que les miettes de l'univers r?v?. Tout m'avait ?t? vol?, ses tableaux vendus ? des ?trangers qui ne savaient pas acheter mon ?me avec eux. Je me sentais pill?e et trahie, j'avais vu un enfant na?tre et je ne pouvais pas le garder. Puis il revenait avec sa magie. De ces mains naissait une rose, un rayon de soleil ou m?me d'obscurit?. De rien apparaissaient des anges au visage pur et innocent ou des b?b?s malheureux dans l'ut?rus de femmes d?faites; et des corps fan?s, des calices gonfl?s, des sc?nes de folie, de joie, d'amour. En regardant ces visages, je r?alisais que je les avais d?j? vus en moi et, touchant ces toiles, je m'attendais ? ce que tout me revienne. La peur de les perdre ? nouveau m'assaillait, languissante et f?roce: ? quoi bon cr?er et ne pas profiter de cette vie? Je le scrutais en inventant de nouvelles couleurs et un d?sespoir inconsolable naissait en moi. Impuissante devant lui, je pensais que si rien ne peut ?tre pr?serv?, mieux vaut d?truire.. Lentement, un serpent insidieux rampa dans mon c?ur et le Cr?ateur que j'avais cru admirer jusque-l? se transforma en un tyran insensible aux sentiments de piti? qui inspiraient mes cr?atures. Je me r?tractais dans ses bras et ne lui accordais plus rien, m'enfon?ant dans cette solitude am?re qui accueille les ?mes mortes. Il me regardait comme s'il ne me voyait pas, et maintenant je sais qu'il souffrait; peut-?tre a-t-il ?t? pris par un choix, par ce doute odieux qui me tua plus tard. Maintenant je comprends qu'il languissait sans savoir choisir entre la femme et ses couleurs. Un nouvel ?t? arriva sans que rien ne change, mais un jour il ne peignit pas et m'a rejoignit dans les bois: il semblait abattu par quelque chose auquel il ne pouvait r?sister et profond?ment fatigu?. J'e trouvai une tendresse et nous nous aim?mes comme nous ne l'avions jamais fait auparavant, mettant de c?t? les complexes et les inhibitions, heureux d'?tre simplement nous-m?mes. Finalement, il avait l'air soulag?, comme s'il avait enfin compris quoi faire. Nous rev?nmes et il retrouva les couleurs, mais cette fois il avait un nouveau sujet: moi. Pendant des heures, je restais immobile ? regarder ses mains agiles sur la toile, rapide et astucieux entre les brosses comme si elles n'avaient pas d'autre nourriture que celle-ci. Le jour mourut et lui, il ?tait toujours pench? sur l'image: la femme repr?sent?e riait, ?ternellement heureuse dans sa jeunesse ?ternelle. En la regardant ce n'?tait plus moi. Derri?re elle, une porte entrouverte m'a faisait signe d'entrer, et je me suis demandai ce qui pouvait ?tre derri?re si secr?tement que je ne pouvais pas le voir. Encore une fois, cette mis?rable tristesse me prit et je ne pus y ?chapper; et de tristesse cela devint langueur, puis folie. Me perdrais-je encore, ne me retrouverais-je plus? Et qui m'ach?terait cette fois? Mon ?me ?tait dans la peinture et je ne pouvais pas la d?fendre aux yeux des autres. Il se leva et m'embrassa longtemps: savait-il que j'allais partir? Cette nuit-l?, je ne pus pas pu dormir. Mes r?ves ?taient d'?tranges appels de mondes perdus dans le temps. Puis je r?alisai que c'?tait la porte peinte qui m'appelait. Je courus vers le jardin et le tableau avait boug?. La porte maintenant ouverte montrait un ab?me noir d'ombres et, finalement, de couleurs. Avec un saut j'?tais ? l'int?rieur et je ne pouvais plus sortir: comme la nature captive j'avais ?t? sculpt? dans la toile, et j'?tais morte. Depuis ce jour, il n'a pas peint d'autres tableaux et n'en a plus vendu, car il ne sait pas o? mon ?me s'est r?fugi?e: depuis, les arbres sont gris et les visages des anges ont disparu comme de la fum?e. Il ne peut pas reconna?tre la lumi?re de la nuit et ne peut pas distinguer le feu de l'eau. Et je ne peux plus lui le dire plus maintenant, car je suis derri?re la porte, o? il ne peut jamais me voir. Maintenant je pleure, me sentant mis?rable dans ma faiblesse humaine. Tout est fini. Et je n'ai plus de voix pour avouer que c'est moi qui lui a vol? ses couleurs. La MusiQUE du DIABLE Rouge On disait que cette musique avait ?t? compos? par le diable. Rumeurs, ?bats, superstitions? Mais il l'avait jou?e plusieurs fois, cette musique, et n'avait jamais vu le diable. Et il savait certainement ? quoi cela ressemblait, avec ces cornes pointues, l'air arrogant et le chapeau noir, comme cela a ppara?t habituellement, et ensuite c'est effrayant parce que on sent son souffle chaud sur vous. Mais quant ? la peur, il ne l'avait pas, au contraire, cette musique semblait le soulever l? o? le diable, comme on dit, n'aurait pas d? ?tre l?. Et chaque fois une profonde paix tombait dans son c?ur, qu'aucune chose terrestre ne pouvait donner. C'?tait cet amour pour l'univers qui palpitait dans sa poitrine quand il jouait, ? l'inciter ? continuer ? le faire; cet ?trange accomplissement des sens. Et puis il se sentait bien, ou plut?t d?sireux de faire le bien, m?me si finalement la bont? l'ennuyait autant que le mal, et chaque fois il finissait par se replier sur lui-m?me et il ne faisait rien de ces sentiments. Ainsi tous les jours: satisfait de lui-m?me puis m?content, d?sireux de se concentrer sur ces notes et fatigu? d'eux. Et puis il y avait cette ?trange naus?e pour les gens et pour lui-m?me, apr?s avoir jou?, qu'il ne comprenait pas mais ne pouvait s'emp?cher de d?sirer. Finalement, il s'habitua ?galement ? cela et ne l'a plus remarqu?, consid?rant cette chose comme un petit prix ? payer pour profiter d'un cadeau pr?cieux. "Le diable? Il n'existe pas!" - dit-il, citant son propre bonheur comme preuve. "Je n'ai jamais vol? ni bless? personne, et je suis heureux. Le diable ne tra?ne donc plus les mortels qui aiment ses compagnons et ses arts ? la perdition? Alors, si oui, bienvenue d?mon!" Et il caressa le menton de sa jeune femme avec un ventre de femme enceinte et lourd, signe que l'enfant ?tait en bonne sant? et grandissait bien, encore un autre signe de b?n?diction divine. Mais la femme mourut au printemps en donnant naissance ? ce fils. Mais dire que ce n'est m?me pas correct, car la fille resta ferm?e dans le ventre de sa m?re d?c?d?e jusqu'? ce qu'une lamentation d?concertante force quelqu'un ? la retirer avec une c?sarienne improvis?e. Ses yeux ?taient ouverts et elle ?tait vivante. Et puis tout le monde pensait qu'il y avait quelque chose de mal dans cette chose, et que les pr?sages ?taient n?gatifs. Et quand on d?couvrit finalement que cette ?trange cr?ature ne parlait pas, bien qu'il le puisse, et qu'il se limitait ? regarder le monde avec des yeux d?tach?s et en col?re, alors tout le monde les laiss?rent seuls, et le p?re et la fille ont v?cu dans la solitude toutes les ann?es de leur vie . Finalement, ils disparurent, comme engloutis par rien, et tout le monde a dit que c'?tait le diable qui avait demand? la compensation de leur ?me. Mais je sais comment ?a se passa, puisque j'?tais le seul ? avoir d?cid? de m?langer avec leur malheur, pouss? par un sentiment de piti? pour cette pauvre cr?ature qui grandissait dans le n?ant, et ? qui je ne pouvais apporter que de la nourriture. Ce qui se passa me fait toujours peur, mais je suis vieux maintenant et je n'ai plus peur que de la mort. Alors, mes amis, ?coutez mes pauvres bavardages et oubliez-les. Il y a d?j? eu beaucoup de mots. Il donc continuait ? jouer cette musique, sombrant de jour en jour dans l'oubli. En y jouant, il trouvait la paix, se faisant illusion qu'il n'?tait plus lui-m?me et fuyant cette r?alit? d?sesp?r?e. Rien ne l'int?ressait, sauf cette musique: et quand il se rendit compte qu'il ne pouvait plus s'en passer, m?me s'il le d?testait, il commen?a ? se d?tester parce que il la d?testait. Il ne pouvait plus rien faire: encore moins regarder cette fille qui fondait comme une bougie, malgr? sa sant?, et qui ne disait rien. "Putain de musique!" - se jura-t-il. Et chaque jour, il se promettait de ne plus la toucher, sachant qu'il n'h?siterait pas un instant plus tard ? ramasser les outils pour le faire. Et chaque fois que ces notes montaient vers le ciel dans un enchantement magique, les ombres de l'?puisement ?taient dessin?es sur son corps, cette tache sombre qui prenait forme et devenait plus claire chaque jour, jusqu'? ce qu'elle explose avec son apparence hideuse et qu'il ne pouvait plus voir. Cette jambe velue qui ?tait n?e sur sa poitrine ?tait le signe du diable, ce d?mon qu'il n'avait jamais craint et qui n'avait pas encore peur mais plein d'horreurs et de d?ceptions. Il n'y avait pas d'?chappatoire: cette musique ?tait l'alliance de sang qui avait aspir? son ?me maintenant et qui l'avait accord? en cadeau au Seigneur des T?n?bres. Il l'avait maintenant touch? et tenu dans sa main, se nourrissant de sa fiert? et de son manque de foi. Et la contagion passait d'homme ? homme ? travers les notes de cette musique qui pousse les sens vers le p?ch? qui ne peut ?tre commis mais que, dans l'intime, pour cette raison vous avez d?j? commis. Une peste silencieuse que chaque cr?ature apporte ? une autre, r?p?tant son cycle ? l'infini. Puis il se demanda combien de massacres il avait commis, mettant cette musique au monde. Combien d'autres taches attendaient pour exploser, combien de p?ch?s tournaient dans l'air en attendant d'?tre attrap?s. Il avait ?t? aveugle mais maintenant il voyait et comprit que la musique devait ?tre d?truite imm?diatement, car s'il y avait encore une possibilit? de salut qui emp?chait les hommes de suivre son propre chemin, cela ne d?pendait que de lui. Il leva les bras pour prendre le score ... mais il n'y r?ussit pas. Cette musique lui parlait encore et l'enchantait, jouant un jeu facile contre la volont? de l'homme vaincu. Il comprit en un instant qu'il ne voulait pas du tout le d?truire, mais plut?t le jouer, car il n'y a pas de tentation plus forte pour l'?tre humain que de tra?ner son fr?re ? la perdition. "Vous devez le br?ler" - murmura une voix derri?re lui ? ce moment. C'?tait cette fille muette qui parlait maintenant, et se tenait droit devant lui, p?le et souffrant au visage et tremblant de partout. "Tu dois la br?ler" - r?p?ta-t-il, d?couvrant un sein. Ici aussi, la tache avait pris forme. Cette patte qui avait atterri sur sa poitrine l'avait maintenant compl?tement creus?e et d?vor?e, lui per?ant ?galement le c?ur. "Vois comme je suis r?duite. Tu dois br?ler cette musique, et tu dois me br?ler aussi." Puis il comprit qu'il n'y avait plus d'espoir ni de temps: ils entass?rent les petits trucs qu'ils avaient au bord de la mer et en firent un grand feu de joie. Puis il jetta le corps de sa fille dessus et finalement cette musique. Et il attendit en silence que le feu s'?teigne compl?tement, regardant les derniers morceaux de sa vie s'en aller. Et, quand tout ?tait fait, il se sentait vieux et fatigu?: non pas parce qu'il avait perdu sa fille unique, mais parce qu'il ne pouvait plus jouer sa musique. Et quand cette pens?e ?tait limpide et claire dans son esprit, la tache sur sa poitrine commen?a ? br?ler et ? l'?touffer dans un vice, jusqu'? ce que son corps soit ?galement consum? et la chair d?vor?e. Il retourna donc dans sa chambre et se suicida. FOLIES Orange Je la vit et je fus imm?diatement impressionn?e. Quelque chose en elle m'attirait et me rejetait ensemble, quelque chose d'infiniment doux et secr?tement triste sur la bouche d'une femme et le sourire d'un enfant, comme si une innocence magique et une perversion languissante s'?taient rassembl?es en elle. Plus je la regardais, plus je devenais convaincu qu'elle avait une double nature et, par cons?quent, une double beaut?. Et en fait elle me semblait belle, d'une rare ?l?gance, comme un rosier timide pouss? parmi des ?pines sauvages. C'est donc instinctivement que je la suivit: elle marchait l?ger sans se retourner, rapide et s?re sur de longues jambes de panth?re. Mais il suffisait de regarder son profil pur un instant pour trouver l'incertitude enfantine qui m'avait kidnapp? et que maintenant plus que jamais, cela semblait sonner mal sur son corps parfait. Comme dans un r?ve, je vois toujours ses cheveux bruns l?ch?s sur ses ?paules qui semblaient trembler, son petit nez tourn? vers le haut, le pli amer et doux de sa bouche. En la suivant, j'imaginai m?me le son ?cre de sa voix, qui devait ?tre subtile comme ses hanches et harmonieuse comme les contours tendres de ses cuisses. Et il me semblait que je l'avais toujours connue pendant que je me demandais ce que je faisais l?, seule sur cette longue route, chassant seulement le parfum d'une femme. Ces pens?es accompagnaient le long voyage qui semblait sans fin. Mais rien n'avait de fin ce jour-l?: ni le bavardage tamis? des alouettes, ni la chaleur dess?ch?e des collines st?riles, et encore moins la sueur d?goulinant sans rel?che et lentement de mon front. Mais je continuais, anim?e par le seul d?sir ardent qu'elle se retourne enfin et tourne un instant son regard vers moi. Soudain, presque ennuy?e par le bruit de mes pas, elle se retourna: je pris un regard sanglant et des traits ac?r?s de martre. F?roce et sanglant donc! Mais sa l?vre tremblait de peur et j'essayai ? nouveau dans un instant le courage de ceux qui se sentent le plus fort. Moi aussi, je la regardai, longtemps, affam? et insolent, d?versant dans mes yeux les pens?es interdites depuis trop longtemps. Mais je ne fit pas un pas en avant, pris par la peur inconsciente que ce n'?tait que la vision d'un instant, un mirage poursuivi par une vie qui pour une seule imprudence pouvait s'?vanouir. Je sentais que j'avais un besoin extr?me de m'enfoncer en elle, de ressentir la chaleur de sa peau et la douceur de sa bouche. Je voulais lui faire du mal, serrer ces hanches minces et les ?mietter entre mes doigts, et mettre mes doigts sur ses seins puis les arracher, fouler aux pieds et d?truire quelque chose de trop pr?cieux et fragile pour ne pas me mettre en col?re et g?ter mon c?ur. Elle ?tait l?, immobile, et ne s'enfuyiat pas. Et pourquoi devrait-il le faire? Inconnus les uns des autres et fig?s dans une seule pens?e, aucun de nous ne bougea, et nous nous regard?mes comme des ?coliers agit?s attendant le son d'une cloche qui ne venait jamais. Finalement, elle bougea et je la suivis. J'?tais peut-?tre complice d'une myst?rieuse implication cach?e dans ses yeux. D?sorient? et perdu, je suivis le rythme l?ger de ses battements, le plaisir qui ?manait de sa peau et la volupt? sombre de mes sens. Nous pr?mes cette ?ternelle errance entre les champs et les collines, et le ciel ressemblait ? la mer, et chaque odeur promettait une temp?te. J'?tais accompagn? d'un pr?sage de mort qui soudainement choqua mon ?me et ne sembla plus m'abandonner. Et moi, qui n'avais jamais aim? la chaleur de mon corps, je le ressentais avec une imp?tuosit? macabre, comme s'il s'?tait r?veill? par vengeance du long oubli auquel je l'avais moi-m?me condamn?. Moi qui n'avais jamais aim? une femme, maintenant je me serais baiss? pour demander, je me serais jet? ? genoux devant ces jolies hanches mendiant une heure de caresses pitoyables et affectueuses. Mais ?tait-ce donc moi cet homme qui avait eu peur d'aimer, et pour cette raison s'?tait born? pour toujours aux certitudes d'un destin irr?vocable, dans un travail en uniforme, se refusant la chaleur du foyer domestique par pure l?chet?? Toutes ces lourdes ann?es ?taient-elles sur mes ?paules o? j'avais oubli? que j'avais ?t? un enfant, et pour cette raison ?tais-je abhorr? ? l'id?e d'une touche humaine sur le front et du sourire diamant d'un nouveau-n?? Qu'avais-je fait de ma pauvre vie sinon une robe trop moulante dans laquelle je trouvais ? peine une place seule? Enterr? par ces pens?es, je r?alisai que nous ?tions arriv?s pr?s d'une maison et que la femme ?tait maintenant perdue. Elle me regarda et je restai dehors, attendant en vain une invitation qui n'est jamais venue. Debout ? sa porte, il ne se passa rien ce jour-l?, pas m?me dans ceux qui suivirent, et je me tins ? respirer l'air terreux des champs jusqu'? ce que le soleil devienne incandescent, et que la poussi?re me br?le les pieds et qu'un vent imp?tueux me force ? revenir sur mes pas. Depuis ce jour, je ressentis le terreur de moi-m?me, je touchai l'inutilit? de ma vie vide avec ma main et je vis avec amertume l'effondrement de mes illusions. Soudain, ma vieille peau mince me fit frissonner. Et je me rendis finalement compte que je n'avais jamais aim?, que j'avais choisi avec une obstination f?roce de partir seul sur ce passage sur terre, dans l'intention de valoriser ce qu'il n'a pas de valeur, sinon l'imaginaire et incoh?rent de la vanit? des hommes. Apr?s avoir suivi cette femme un jour, je fus moi-m?me pendant une heure: maintenant je revins ? ma vie, ? la route de descente qui me m?nera ? sa fin pr?visible. Je sais que je ne serai jamais heureux; mais peut-?tre pourrai-je me convaincre que je n'ai aucun tort ? me reprocher et de mauvais choix ? nier. J'?tendrai un voile sur mon ?me comme tout le monde et je parcourrai la ligne du temps pour justifier mes mauvaises actions chaque minute. L'oubli est tout ce que je d?sire. Mais maintenant je sais que je marche vide, sans espoir et sans amour. M?re Blanc Ce n'est pas vrai, maman, ce que tu me disais sur la vie: que chaque jour est pareil et qu'en vain le soleil illumine un monde aveugl? par la haine. Si le regret est permis de ma part, je peux te dire que depuis lors j'aimais ce qui ne m'?tait pas donn?, et que je d?sirais am?rement cette existence que tu me refusas. D?s le premier instant je compris que j'?tais l?, toujours perdu dans l'?ternit? de mon infini, si confus ? la limite inviolable entre la vie et la mort, je sentis le poids de tes remords peser sur mes ?paules et une voix silencieuse me poussant loin de la monde Je venais de na?tre et une ?tincelle de refus s'alluma dans mon c?ur et me br?la. Puis une douleur dense et indomptable creusa en moi une angoisse sans larmes, alors que dans mon c?ur je caressais d?j? l'id?e d'?tre ton fils. Je ne savais pas que je ne t'?tais importun, ou que tu regardais ton image dans le miroir avec terreur, ou que tu tremblais au son du mot "maman". Je ne comprenais pas la raison de mon existence si tu ne m'aimais pas, et tu ne m'as jamais adress? un mot amical. Je sais seulement que j'esp?rais et souffrais, et je m'endormis en pleurant parmi les fant?mes hideux de mon destin redout?. Envelopp? dans un doux brouillard je ne connaissais pas les injustices et les humiliations de ton monde, pourtant tes larmes m'?taient d?j? connues et en lui, comme une douce berceuse, je trouvais mon rafra?chissement. J'avais appris ? reconna?tre ta voix et, dans l'obscurit?, j'ai ?puis? mes forces pour essayer de te comprendre et de trouver un point fixe dans mon univers incertain. En dehors de toi, ton doux corps, les bruits me rejoignaient doucement. Mais c'?tait le battement de ton c?ur que j'aimais ?couter, si myst?rieux et absorb?, et je me nourrissais de son seul son attendant que mon corps tout entier se forme. Et alors que le sang commen?ait ? couler dans mes veines et que mes yeux se fermaient, attendant de rouvrir avant toi plus tard, j'ai pass? l'?ternit? de mon temps ? imaginer ton visage et ? fantasmer sur la vie que j'aurais eu, en me demandant si ce serait belle ou pas. C'?tait si doux de dormir sur ta poitrine et de percevoir la bonne odeur des fleurs de ton ventre, d'?couter la pluie couler sur les verres et de regarder les heures passer m?me si tu ?tais toujours triste et que tes seules paroles me parlaient de la mort. Qu'est-ce que je savais de la vie? Rien. Pourtant, je l'aimais et je voulais seulement entrer et me mesurer en tant qu'homme dans mes actions devant Dieu. Mais tu m'avais attaqu? par vos discours: que m?me une poule mange ses ?ufs, que tous les animaux tuent des enfants qu'ils ne peuvent pas nourrir. Ce gros poisson mange du petit poisson et qu'il n'y a pas de place pour les moutons dans un monde de loups. Qu'un enfant n'est un enfant qu'? sa naissance et que rien n'existe avant. Rien? Mais qu'?tais-je alors? Moi, j'?tais l?. Et je savais que j'existais d?s le premier instant, car une force indescriptible me secoua de ma torpeur, et divisa ma premi?re cellule, et ordonna ? mon c?ur "Bats!" Cette m?me force qui emp?che les plan?tes d'entrer en collision, qui s'impose sur la mer rester confin? dans son berceau, en ?t? pour faire pousser le bl? et g?re enfin le cours des rivi?res. Cette force qui s?para le monde du chaos et for?a tout l'univers ? na?tre. M?re, crois-tu vraiment que c'est la volont? de l'homme qui fait bouger la cr?ation? Je sais plut?t que tout ce qui existe dans ce monde est gouvern? par l'Amour, et que seul son nom les ?toiles brillent dans le ciel. Ensuite, tu me parlas des guerres qui bouleversent le monde, de la faim et de la peste, et de tous ces maux pour lesquels il n'y a plus de rem?de. Et pourtant, maman, chaque homme est une bouff?e d'air pur, un point d'interrogation dans les innombrables probabilit?s de cr?ation. Et ces poussins que la poule d?vore ne sont pas le germe de la prochaine vie qui se r?incarnera un jour? Et moi, si j'?tais n?, n'aurais-je pas pu t'aimer? Ensuite, plus rien. Depuis ce jour, tu ne me parlas plus. Je craignais ma fin in?vitable, un mot incompr?hensible pour quelque chose qui n'a jamais commenc?. Finalement, j'entendis des pas autour de moi et des voix dures et mena?antes qui m'avertirent de mon destin in?vitable. Tu somnolais tandis que des mains invisibles me d?chiraient de ton ventre et des instruments pointus coupaient ma chair. J'essayai de r?sister mais je finis par succomber ? cette douleur et me laisser aller. Конец ознакомительного фрагмента. Текст предоставлен ООО «ЛитРес». Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=57160531&lfrom=688855901) на ЛитРес. Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.
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