Êàê ÷àñòî ÿ âèæó êàðòèíêó òàêóþ Âîî÷èþ, èëè îíà òîëüêî ñíèòñÿ: Äâå äåâî÷êè-ãåéøè î ÷¸ì-òî òîëêóþò, Çàáûâ, ÷òî äàâíî èì ïîðà ðàñõîäèòüñÿ. Íà óëèöå ò¸ìíîé âñå äâåðè çàêðûòû. Ëåíèâîå ïëàìÿ â ôîíàðèêå ñîííîì… À äåâî÷êè-ãåéøè êàê áóäòî çàáûòû Äâóìÿ îãîíüêàìè â ïðîñòðàíñòâå áåçäîííîì. Íó ÷òî âàì íå ñïèòñÿ, ïðåêðàñíûå ãåéøè? Âåäü äàæå ñâåð÷êè íåóìîë÷íû

Avant Qu’il Ne Faillisse

Avant Qu’il Ne Faillisse Blake Pierce Voici le volume 11 de l’haletante s?rie myst?re Mackenzie White par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de UNE FOIS PARTIE (bestseller n?1 ayant re?u plus de 1200 critiques ? cinq ?toiles).AVANT QU’IL NE FAILLISSE est le onzi?me tome de la s?rie myst?re Mackenzie White, qui commence avec AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)L’agent sp?cial du FBI Mackenzie White, enceinte de six mois, annule son mariage solennel avec Ellington et ils s’enfuient ensemble. Pendant leur lune de miel, ils profitent enfin d’un peu de temps libre ensemble – avant qu’une affaire urgente requi?re leurs comp?tences. Des femmes sont ?trangl?es ? un rythme rapide dans les environs de WASHINGTON par ce qui semble ?tre un tueur en s?rie. Encore plus d?rangeant : ce tueur est si m?ticuleux qu’il ne laisse absolument aucune trace derri?re lui. Mackenzie ?labore une th?orie radicale concernant l’identit? du tueur, mais la poursuivre pourrait compromettre sa position – et mettre en p?ril sa vie. Dans son jeu du chat et de la souris le plus intense jusque-l?, elle se voit oblig?e ? lutter pour ne pas perdre son b?b? et son ?quilibre mental contre un psychopathe diabolique, sa propre agence, et la chasse de sa vie. En d?pit de son intelligence ac?r?e, il se pourrait bien qu’elle arrive trop tard pour sauver les futures victimes – ou elle-m?me.  Un thriller psychologique sombre avec un suspense qui vous tiendra en haleine, AVANT QU’IL NE TOMBE est le volume 11 d’une fascinante nouvelle s?rie, et d’un nouveau personnage, qui vous fera tourner les pages jusqu’aux heures tardives de la nuit.Le volume 12 de la s?rie myst?re Mackenzie White est d?j? disponible !?galement disponible du m?me auteur Blake Pierce : UNE FOIS PARTIE (Un myst?re Riley Paige – Volume 1) - bestseller n?1 avec plus de 1200 critiques ? cinq ?toiles - et un t?l?chargement gratuit ! AVANT QU’ILS NE FAILLISSE (UN MYST?RE MACKENZIE WHITE — VOLUME 11) B L A K E P I E R C E Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie ? succ?s myst?re RILEY PAIGE, qui comprend quinze volumes (pour l’instant). Black Pierce est ?galement l’auteur de la s?rie myst?re MACKENZIE WHITE, comprenant douze volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re AVERY BLACK, comprenant six volumes (pour l’instant) ; et de la s?rie myst?re KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; la s?rie myst?re LES ORIGINES DE RILEY PAGE, comprenant trois volumes (pour l’instant), la s?rie myst?re KATE WISE, comprenant trois volumes (pour l’instant), de la s?rie de myst?re psychologique CHLOE FINE, comprenant trois volumes (pour l’instant), et de la s?rie ? suspense psychologique JESSIE HUNT, comprenant trois volumes (pour l’instant). Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) afin d’en apprendre davantage et rester en contact. Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d'autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou qu'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright Bullstar, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER PARFAIT (Volume 2) LA MAISON PARFAITE (Volume 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) MANQU? (Tome 16) S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11) AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12) AVANT QU’IL NE HARC?LE (Volume 13) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#u5d18f41e-91fe-50cf-aeb5-c01b78f73994) CHAPITRE UN (#ubba5b2c1-fbbe-5d96-8fe4-8a943d84971a) CHAPITRE DEUX (#u8cc59343-e7e7-5379-b2c1-c7bbc452c047) CHAPITRE TROIS (#u19d604c2-680e-5b16-a9b5-a301f8e81ca4) CHAPITRE QUATRE (#uc72d5206-529e-5d33-97ae-a03c7e31c405) CHAPITRE CINQ (#uba97e876-431b-55fa-9e7b-a981ab7dafd7) CHAPITRE SIX (#u2d64373c-a837-5e7a-8d79-0ee3a93d0093) CHAPITRE SEPT (#u7a9c70ed-3cc5-5d5b-89c6-abb82ab45387) CHAPITRE HUIT (#ucff6a790-aa57-536f-9c7f-06f37455255c) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) PROLOGUE Christine n’avait vu la neige qu’une fois dans sa vie. Lorsque les flocons se mirent ? tomber alors qu’elle rentrait de chez son petit-ami, elle sourit. Elle pensa que si elle n’avait pas bu autant d’alcool, elle appr?cierait encore davantage qu’il neige. Elle avait vingt ans mais elle ne put s’emp?cher de tirer la langue pour attraper quelques flocons. Elle rit sous cape ? cause de la sensation… en plus du fait qu’elle se trouvait bien loin de San Francisco, sa ville natale. Elle avait quitt? son universit? pour aller ?tudier ? Queen Nash dans le Maryland, avec pour but de se concentrer sur les sciences politiques. Les vacances d’hiver touchaient ? leur fin et elle ?tait impatiente de se remettre au travail, de se plonger dans les nouvelles mati?res du printemps. C’?tait l’une des raisons pour lesquelles son petit-ami Clark et elle avaient d?cid? de passer du bon temps ce soir – un dernier moment de gloire avant le d?but du semestre. Une sorte de petite f?te avait ?t? organis?e et Clark, comme ? son habitude, avait abus? de la bouteille. Elle avait d?cid? de rentrer chez elle – ? trois p?t?s de maison de distance – ? pied, au lieu de rester et de supporter les tentatives de s?duction des amis de Clark. Sans oublier les regards noirs de leurs copines. C’?tait en g?n?ral de cette mani?re que toute r?union chez Clark se terminait lorsqu’elle ne le rejoignait pas dans son lit. D’ailleurs… elle se sentait n?glig?e. C’?tait l’un des d?fauts de Clark : il lui pr?f?rait toujours le travail, les ?tudes, ou l’alcool. Mais il y avait quelqu’un qu’elle pouvait appeler une fois chez elle. Bien s?r, il ?tait tard, mais il lui avait bien fait comprendre que pour elle, il ?tait disponible ? tout moment. Il l’avait prouv? par le pass?, alors pourquoi pas ce soir ? Alors qu’elle traversait la rue qui s?parait deux p?t?s de maison, elle remarqua que la neige tenait sur les trottoirs. La temp?te avait ?t? pr?vue, les routes ?taient donc sal?es, pr?tes ? r?sister aux intemp?ries, mais la couche blanche de neige qui tombait adh?rait aux trottoirs et aux petites bandes de pelouse devant ou entre les b?timents qu’elle longeait. Au moment o? Christine arriva chez elle, elle eut presque envie de retourner chez Clark. Il faisait froid et la neige suscitait en elle une sensation d’?merveillement enfantin. Tandis qu’elle saisissait sa clef pour ouvrir la porte de l’immeuble, elle manqua tourner les talons et le faire pour de bon. La seule chose qui la convainquit du contraire fut la certitude qu’elle ne dormirait pas aussi bien que si elle restait chez elle. Son propre lit l’attendait ici, les couvertures chaudes, et au moins huit bonnes heures de sommeil. Elle entra dans le hall et se dirigea vers les ascenseurs. Elle appuya sur le bouton et attendit que la porte s’ouvre. Elle n’?tait pas ivre, juste un peu pompette, et elle commen?a ? caresser l’id?e de boire un verre de vin suppl?mentaire en arrivant chez elle avant d’appeler… l’homme qu’elle voyait plus ou moins en cachette ces derniers mois. C’?tait ? cela qu’elle songeait lorsque l’ascenseur arriva. Elle entra et appr?cia la sensation de sa t?te qui tournait lorsque la cabine remonta sur les rails. Elle ?mergea dans le couloir, qu’elle trouva d?sert. Logique, il ?tait plus d’une heure du matin, un mercredi. Elle s’approcha de sa porte et sortit ? nouveau ses clefs. Tandis qu’elles dansaient dans ses mains toujours glac?es, une voix dans son dos la fit sursauter. - Christine ? Elle se tourna en entendant son pr?nom. Elle sourit en le voyant l?. Elle ne serait pas oblig?e de l’appeler, apr?s tout. C’?tait comme s’il s’?tait dout? qu’elle aurait envie de lui. Ils ne s’?taient pas vus depuis environ une semaine. - Salut, dit-elle. Il s’approcha d’elle d’une d?marche assur?e. Il la regardait comme il la regardait toujours, avec une lueur dans les yeux qui ne laissait aucun doute sur ses intentions. Son simple regard l’excita – ?a, et son identit?. Il lui ?tait interdit. Il ?tait… eh bien, dangereux, en quelque sorte, maintenant, n’est-ce pas ? Ils se jet?rent l’un sur l’autre avant m?me de franchir la porte. Le baiser ?tait un peu maladroit, tant il ?tait passionn?. Elle commen?a imm?diatement ? l’explorer des mains. Elle l’attrapa par la taille et l’attira contre elle. Sa main ? lui retra?a les contours de son corps, glissa entre ses cuisses tandis qu’ils s’accrochaient l’un ? l’autre dans le couloir. - Entrons, parvint-elle ? murmurer entre deux baisers, la respiration courte. Maintenant. Elle ouvrit la porte pendant qu’il lui mordillait le cou. Elle g?mit, excit?e par ce qui s’appr?tait ? survenir. Elle ignorait si elle parviendrait ? attendre d’arriver dans sa chambre. Ils n’arriveraient peut-?tre m?me pas jusqu’au canap?. La serrure cliqueta, elle poussa la porte. Quand il se colla ? elle, apr?s avoir claqu? la porte, elle s’?loigna. Elle s’appuya contre le petit plan de travail de la cuisine et retira sa jupe. Il aimait qu’elle se d?shabille pour lui. L’id?e de la contr?ler l’excitait, ?a lui donnait l’impression qu’elle se soumettait avant m?me qu’ils commencent ? coucher ensemble. Lorsqu’elle fit passer son top par dessus sa t?te, t?tonnant pour d?grafer son soutien-gorge, elle plongea son regard dans le sien… et se figea. Il ?tait parfaitement immobile, la lueur d’excitation avait disparu de ses yeux. Maintenant, elle y distinguait autre chose. Quelque chose de nouveau… quelque chose qui la terrifiait. Il inclina la t?te, comme s’il l’observait pour la premi?re fois puis se rua sur elle. Il avait d?j? ?t? brutal avec elle mais jamais de cette mani?re. Ce n’?tait pas sexuel. Il l’?crasait de son poids et entourait son cou de ses mains. Cela ne ressemblait en rien ? un jeu ; sa prise ?tait forte et elle sentit tout de suite qu’il lui comprimait la trach?e. Moins de dix secondes plus tard, ses poumons commenc?rent ? s’affoler. ? ce moment-l?, elle le frappa furieusement, m?me lorsqu’elle sentit ses propres genoux se d?rober sous elle. Sa poitrine se contracta, comme si une force en elle tentait d’expulser l’air qui s’y trouvait, co?te que co?te. Lorsqu’elle s’effondra par terre, son cr?ne frappa contre le plan de travail de la cuisine. Il ne desserra pas la pression sur son cou, il lui sembla m?me qu’il l’augmentait ? mesure qu’elle s’affaiblissait. Elle lui donna un dernier coup, mais elle ?tait si faible qu’elle ne sut pas m?me si elle ?tait parvenue ? le frapper. Lorsqu’elle tomba ? terre, il ?tait sur elle. Il continua ? l’?trangler, en collant sa virilit? dress?e contre elle. Elle chercha une arme des mains – n’importe quoi – mais tout ce qu’elle trouva fut le T-shirt qu’elle venait d’enlever pour lui. Elle eut ? peine le temps de se demander pourquoi il lui faisait subir une telle chose avant que l’obscurit? ne la submerge, la soulageant de cette terrible douleur dans la poitrine. CHAPITRE UN Mackenzie ?tait debout dans sa salle de bains, appuy?e contre le lavabo, les yeux riv?s sur les toilettes. Elle avait beaucoup fix? les toilettes ces derniers temps, et elle arrivait ? la fin de son premier trimestre en correspondant presque trop aux clich?s sur la grossesse. Ses naus?es matinales avaient ?t? particuli?rement fortes entre la huiti?me et la onzi?me semaine. Mais m?me maintenant, au milieu de sa quinzi?me semaine, elles ?taient toujours brutales. Pas aussi fr?quentes, certes, mais quand ?a la prenait, ce n’?tait pas beau ? voir. Elle avait d?j? vomi deux fois au r?veil, et les gargouillements de son ventre semblaient annoncer un troisi?me ?pisode. Mais alors qu’elle buvait un peu d’eau et s’effor?ait de calmer sa respiration tout en s’agrippant au lavabo, elle sentit la troisi?me vague s’?loigner progressivement. Mackenzie baissa les yeux vers son ventre et posa sa main l? o? il commen?ait ? peine ? s’arrondir, depuis une semaine environ, avec amour. - Ce sont mes intestins, mon tout petit, murmura-t-elle. Pas un repose-pieds. Elle sortit de la salle de bains et se figea un instant dans le couloir, pour ?tre s?re que la menace ?tait bien pass?e. Lorsqu’elle se sentit ? nouveau en contr?le, elle se dirigea vers sa penderie et commen?a ? s’habiller. Elle entendait Ellington dans la cuisine – le tintement de la vaisselle lui laissait penser qu’il servait le caf?. Mackenzie aurait ador? en boire une tasse mais malheureusement pour elle, c’?tait l’un des aliments que le b?b? refusait dans ce genre de moments. Lorsqu’elle enfila son pantalon, elle remarqua qu’il ?tait un peu plus serr? que d’ordinaire. Elle estima qu’il ne lui restait qu’un mois avant de devoir investir dans des v?tements de maternit?. Et ce serait ? ce moment-l?, supposait-elle, qu’elle se verrait contrainte d’annoncer la nouvelle de sa grossesse au Directeur McGrath. Elle ne lui avait toujours rien dit, de peur de sa r?action. Elle n’?tait absolument pas pr?te ? se parquer derri?re un bureau ou ? se voir assigner des recherches pour un autre agent. Ellington avan?a jusqu’au seuil de la chambre, les sourcils fronc?s. Il tenait en effet une tasse de caf? ? la main. - Tu te sens mieux ? demanda-t-il. - ?loigne ce caf? de moi, r?pliqua-t-elle. Elle avait voulu prendre un ton joueur mais sa r?partie ?tait teint?e d’amertume. - Au fait, ma m?re n’arr?te pas de me demander pourquoi nous n’avons toujours pas d?cid? d’un endroit pour le mariage. - Est-elle consciente qu’il ne s’agit pas de son mariage ? r?torqua Mackenzie. - Non. Je ne pense pas qu’elle le comprenne. Il sortit de la chambre pour poser le caf? dans le salon puis revint vers Mackenzie. Il s’agenouilla et l’embrassa sur le ventre pendant qu’elle choisissait la chemise qu’elle porterait. - Tu ne veux toujours pas conna?tre le sexe ? demanda-t-il. - Je ne sais pas. Pas pour l’instant, mais je changerai peut-?tre d’avis. Il leva les yeux vers elle. En contre-plong?e, il ressemblait ? un petit enfant qui l?verait les yeux vers l’un de ses parents pour obtenir son approbation. - Quand comptes-tu le dire ? McGrath ? - Je ne sais pas. Elle se sentait b?te de se tenir l?, ? moiti? habill?e tandis qu’il appuyait sa joue contre son ventre. Pourtant, cela la rassura sur le fait qu’il ?tait l? pour elle. Il l’avait demand?e en mariage avant de savoir qu’elle ?tait enceinte et maintenant, confront? ? une grossesse impr?vue, il n’avait pas pris la fuite. Penser qu’il ?tait l’homme avec qui elle passerait probablement le reste de sa vie lui procurait une sensation de paix et de contentement. - Tu as peur qu’il te mette sur la touche ? demanda Ellington. - Oui. Mais d’ici une semaine ou deux, je ne pense plus pouvoir dissimuler ce ventre qui pointe. Ellington ricana et l’y embrassa encore. - C’est un petit ventre sexy. Il continua ? l’embrasser, en s’attardant un peu plus ? chaque baiser. Elle rit et s’?carta de lui d’un air joueur. - Pas le temps pour ?a. Nous avons du travail. Et, si ta m?re continue ? insister, un mariage ? planifier. Ils avaient pass? en revue tous les lieux possibles et avaient m?me commenc? ? chercher un traiteur pour la r?ception qu’ils souhaitaient intime. Mais ni l’un ni l’autre ne parvenait ? r?ellement s’impliquer. Face ? tout ce processus, ils se rendaient compte qu’ils avaient beaucoup en commun : une aversion pour tout ce qui ?tait snobinard, une profonde angoisse face aux pr?paratifs du mariage et une propension ? toujours faire passer le travail avant le reste. Alors qu’elle s’habillait, elle se demanda si elle ne g?chait pas le plaisir d’Ellington. Son manque d’enthousiasme pour la planification de leur mariage lui donnait-il l’impression qu’elle s’en fichait ? Elle n’esp?rait pas, parce que ce n’?tait pas du tout le cas. - H?, Mac ? Elle se tourna vers lui en commen?ant ? boutonner sa chemise. La vague de naus?e ?tait presque pass?e maintenant, il ?tait donc possible que sa journ?e se d?roule sans accroc. - Ouais ? - Ne planifions rien. Nous n’en avons pas la moindre envie, ni toi, ni moi. Et en r?alit?, nous ne voulons pas non plus d’un grand mariage. Seule ma m?re serait contrari?e et, assez franchement, je pense que ?a ne me d?rangerait pas outre mesure. Un sourire passa sur son visage, qu’elle fit dispara?tre aussi rapidement que possible. Cette ?ventualit? ne lui d?plaisait pas non plus. - Je crois que je vois o? tu veux en venir. Mais j’ai besoin de l’entendre de ta bouche, pour en ?tre s?re. Il traversa la pi?ce dans sa direction et lui prit les mains. - Je dis que je n’ai aucune envie de planifier un mariage mais que je n’ai pas non plus envie de continuer ? attendre pour t’?pouser. Marions-nous ? la mairie, et basta. L’inflexion de sa voix, au milieu de la phrase, l’emp?chait de douter de sa sinc?rit?. Pourtant… cela semblait trop beau pour ?tre vrai. - Tu parles s?rieusement ? Tu ne le dis pas seulement parce que… Elle s’arr?ta, incapable d’aller au bout de sa question, en jetant un coup d’?il ? son ventre. - Je te jure que ?a n’a rien ? voir, la rassura Ellington. M?me si je suis tr?s enthousiaste ? l’id?e d’?lever et de potentiellement terrifier un enfant avec toi, pour l’instant, tu es ma priorit?. - Ouais, nous allons terrifier cet enfant, n’est-ce pas ? - Pas volontairement. (Il l’attira contre lui et l’enla?a. Puis il lui chuchota ? l’oreille et entendre sa voix si proche la rassura et la mit ? nouveau en joie). Je le pense vraiment. Faisons-le. Marions-nous tout de suite. Elle acquies?ait d?j? pour manifester son accord avant m?me qu’ils ne rompent leur ?treinte. Lorsqu’ils se retrouv?rent ? nouveau face-?-face, leurs yeux ? tous les deux ?taient l?g?rement humides. - D’accord, r?pondit Mackenzie. - Ouais, OK, fit-il, un peu ?tourdi. (Il se pencha, l’embrassa, avant d’ajouter) : Donc qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Merde, j’imagine qu’il faut qu’on planifie quelque chose, quelle que soit notre d?cision. - D’apr?s moi, il faut qu’on appelle la mairie pour r?server un cr?neau, rench?rit Mackenzie. Et l’un de nous doit contacter McGrath pour lui demander de nous lib?rer le temps de la c?r?monie. Pas moi ! - Tricheuse, lan?a-t-il avec un sourire. D’accord. J’appelle McGrath. Il sortit son t?l?phone de sa poche, avec l’intention de le faire sur le champ, puis l’y rangea ? nouveau. - C’est peut-?tre une conversation que je ferais mieux d’avoir avec lui en personne. Elle acquies?a. Ses mains tremblaient imperceptiblement alors qu’elle terminait de boutonner sa chemise. Nous allons le faire, pensa-t-elle. Nous allons vraiment le faire… Elle ?tait excit?e, nerveuse et transport?e de joie. Toutes ces ?motions bouillonnaient simultan?ment en elle. Elle r?pondit de l’unique mani?re possible pour elle – en le rattrapant pour le prendre dans ses bras. Et lorsqu’ils s’embrass?rent, il lui fallut environ trois secondes pour d?cider qu’ils avaient peut-?tre le temps de faire ce qu’il avait tent? d’initier quelques instants plus t?t. *** La c?r?monie eut lieu deux jours plus tard, un mercredi apr?s-midi. Elle ne dura pas plus de dix minutes et s’acheva lorsqu’ils ?chang?rent les alliances qu’ils avaient choisies ensemble la veille. Cela avait ?t? si facile et fluide que Mackenzie se demanda pourquoi les femmes s’imposaient un tel enfer avec toute la planification et le stress qu’impliquait un mariage classique. Parce qu’elle avait besoin d’au moins un t?moin, Mackenzie avait demand? ? l’agent Yardley de remplir ce r?le. Elles n’avaient jamais ?t? vraiment amies, mais c’?tait un bon Agent et donc, une femme en qui Mackenzie avait confiance. Mais parler ? Yardley lui rappela une fois de plus qu’elle n’avait pas vraiment d’amis. Dans sa vie, Ellington ?tait la personne qui se rapprochait le plus d’un ami, et en ce qui la concernait, c’?tait plus que suffisant. Tandis que Mackenzie et Ellington sortaient de la salle d?di?e aux mariages et arpentaient le couloir principal, Yardley fit de son mieux pour leur adresser un petit discours de f?licitation avant de s’?loigner pr?cipitamment. Mackenzie la regarda s’en aller en se demandant pourquoi elle ?tait si press?e. - Je ne dirais pas que c’est impoli, loin de l?, fit-elle remarquer ? Ellington. Mais on aurait dit qu’elle mourait d’envie de filer au plus vite. - C’est parce que je lui ai parl? avant la c?r?monie, r?pondit Ellington. Je lui ai dit de prendre ses jambes ? son cou ? la fin. - Ce n’est pas tr?s sympathique de ta part. Puis-je savoir pourquoi ? - Parce que j’ai convaincu McGrath de nous accorder un cong? jusqu’? lundi prochain. J’ai mis ? profit tout le temps et le stress que j’aurais investis dans la planification d’un mariage pour organiser une lune de miel. - Quoi ? Tu te moques de moi ? Il secoua la t?te. Elle l’enla?a, en essayant de se souvenir d’un moment o? elle avait ?t? aussi heureuse. Elle se sentait comme une tr?s jeune fille ? qui on aurait offert tout ce qu’elle d?sirait pour No?l. - Quand as-tu r?ussi ? faire tout ?a ? demanda-t-elle. - Principalement sur mon temps de travail, r?pondit-il en souriant. Maintenant, il faut qu’on se d?p?che. Nous avons des valises ? pr?parer et un mariage ? consommer. Notre avion d?colle pour l’Islande dans quatre heures. Le choix de la destination commen?a par lui para?tre ?trange. Mais elle se souvint soudain de leur conversation sur la liste de ce qu’ils souhaitaient faire avant de mourir, r?dig?e quand elle avait d?couvert qu’elle ?tait enceinte. Ce qu’elle voulait accomplir avant de mettre un enfant au monde. Mackenzie avait mentionn? son r?ve de dormir ? la belle ?toile et de voir une aurore bor?ale. - Ouais, alors filons, lan?a-t-elle. Parce que vu mon humeur et ce que je compte te faire de retour chez nous, je ne sais pas comment nous allons r?ussir ? arriver ? temps ? l’a?roport. - Oui, madame, dit-il, en se h?tant vers la porte. Une question, cependant. - Quoi donc ? Il lui sourit et demanda : - Puis-je t’appeler Mme Ellington maintenant ? Son c?ur bondit dans sa poitrine en entendant sa question. - Je suppose que oui, dit-elle alors qu’ils sortaient, faisant leurs d?buts dans le monde en tant que couple mari?. CHAPITRE DEUX Commettre un meurtre n’avait rien eu ? voir avec ses expectatives. Il pensait qu’il serait obs?d?, ? un degr? ou ? un autre, par le : qu’ai-je fait ? Qu’il vivrait peut-?tre un moment de culpabilit? d?terminant, ou aurait la certitude d’avoir alt?r? d?finitivement la vie d’une famille. Mais il n’avait rien ressenti de tel. Le seul sentiment qu’il avait ?prouv? apr?s les meurtres – apr?s avoir tu? ses deux victimes – ?tait une parano?a accablante. Et, s’il ?tait honn?te, de la joie. Il avait peut-?tre ?t? stupide de commettre ces meurtres avec une telle nonchalance. Il avait ?t? surpris de trouver cet acte si naturel. Cette perspective le terrifiait avant qu’il pose ses mains sur leurs cous – avant qu’il ne serre et regarde la vie abandonner leurs beaux corps. Le meilleur moment avait ?t? d’observer la lumi?re quitter leurs yeux. Il ne s’y attendait pas, mais cela avait ?t? ?rotique – la plus grande preuve de vuln?rabilit? dont il avait ?t? t?moin de toute sa vie. La parano?a, en revanche, ?tait pire qu’il l’avait imagin?e. Il s’?tait r?v?l? incapable de dormir pendant trois jours apr?s avoir tu? la premi?re fille. Il s’?tait donc pr?muni contre un tel d?sagr?ment apr?s la seconde. Quelques verres de vin rouge et un somnif?re juste apr?s l’assassinat et son sommeil avait ?t? plut?t r?parateur, en fin de compte. Mais ce qui le taraudait, c’?tait la difficult? qu’il avait ?prouv?e pour quitter la sc?ne du crime la seconde fois. La mani?re dont elle s’?tait effondr?e, la mani?re dont la vie avait disparu de ses yeux en un instant… cela lui avait donn? envie de rester l?, ? fixer ces yeux fra?chement morts pour percer les secrets qu’ils renfermaient. Il n’avait jamais ressenti un tel d?sir auparavant, m?me si pour ?tre honn?te, il n’avait jamais consid?r? la possibilit? de tuer avant l’ann?e derni?re. Donc apparemment, exactement comme les papilles gustatives, la morale d’une personne pouvait ?voluer d’une minute ? l’autre. Il y pensait, assis face ? sa chemin?e. La maison tout enti?re ?tait tellement silencieuse et calme qu’il percevait le bruit de ses doigts sur son verre de vin. Il regardait le feu cr?piter tout en sirotant un vin rouge ? l’ar?me puissant. C’est ta vie maintenant, se dit-il. Tu ne t’es pas content? de tuer une personne, tu en as supprim? deux. Bien s?r, ces meurtres ?taient n?cessaires. Tu devais le faire, c’?tait une question de vie ou de mort pour toi. M?me si techniquement, aucune de ces filles ne m?ritaient de mourir, seule la n?cessit? a guid? ta main. Il se r?p?tait la m?me chose en boucle. C’?tait l’une des raisons pour lesquelles la culpabilit? ? laquelle il s’attendait ne l’avait pas encore paralys?. C’?tait peut-?tre aussi la raison pour laquelle il y avait autant de place pour que la parano?a s’immisce et s’enracine en lui. Il s’attendait ? ce qu’on frappe ? sa porte ? tout moment et ? trouver un policier sous le porche. Peut-?tre m?me les membres d’une unit? sp?ciale, ?quip?s d’un b?lier. Et le pire, c’?tait qu’il savait qu’il le m?ritait. Il ne caressait pas l’illusion de s’en tirer en toute impunit?. Il savait qu’un jour, la v?rit? ?claterait. Le monde fonctionnait ainsi, de nos jours. Le secret n’existait plus, il n’?tait plus possible de vivre sa propre vie. Lorsque le moment viendrait, il se pensait capable d’encaisser la d?cision que prendrait la justice, en restant debout, comme un homme. La seule question qui le tourmentait ?tait celle du nombre de ses futures victimes. Combien de personnes serait-il oblig? de tuer ? Une part de lui le suppliait d’arr?ter, tentait de le convaincre qu’il avait d?j? fait son travail et que personne d’autre ne devait mourir. Mais il avait la certitude que ce n’?tait pas le cas. Et pire encore, la perspective de recommencer ?veillait une excitation qui vibrait dans tout son corps et le consumait ? l’image du feu devant lui. CHAPITRE TROIS Elle ?tait consciente que c’?tait seulement d? au changement de d?cor, mais faire l’amour dans la nature islandaise, sous le majestueux tourbillon de l’aurore bor?ale, ?tait ph?nom?nal. La premi?re nuit, lorsqu’Ellington et elle en eurent fini avec les festivit?s, Mackenzie passa sa nuit la plus exquise depuis tr?s longtemps. Elle s’endormit heureuse, physiquement satisfaite, sentant qu’une vie croissait en elle. Ils se r?veill?rent le matin suivant et burent un caf? tr?s amer autour d’un petit feu dans leur campement. Ils se trouvaient dans la partie nord-est du pays, bivouaquaient ? environ douze kilom?tres du lac Myvatn, et Mackenzie avait l’impression qu’ils ?taient seuls au monde. - Que dirais-tu de poisson frais pour le petit-d?jeuner ? demanda Ellington ? br?le-pourpoint. - Je pense qu’un porridge et du caf? sont amplement suffisants. - Le lac est seulement ? douze kilom?tres. Je pourrais p?cher quelques poissons et nous pr?parer un vrai repas d’aventuriers. - Tu p?ches ? demanda-t-elle, surprise. - Je p?chais tr?s souvent, avant, r?pondit-il. Son regard se perdit au loin. Elle savait maintenant que ce regard signifiait qu’il abordait un sujet li? ? un ?l?ment de son pass? ?troitement li? ? son premier mariage. - Je serais curieuse de voir ?a. - C’est du scepticisme que j’entends dans ta voix ? Sans rien ajouter, elle se leva pour se diriger vers le quatre-quatre qu’ils avaient lou?. - Va pour du poisson. Ils mont?rent dans le quatre-quatre et prirent le chemin du lac. Mackenzie ?tait charm?e par les espaces verts ? perte de vue, les fjords, la nature qui semblait parfois tout droit sortie d’un conte de f?es. Le contraste ?tait total avec le bruyant tourbillon d’activit?s auquel elle s’habituait chaque jour un peu plus ? Washington. Elle jeta un coup d’?il ? Ellington, concentr? sur la route. Il ?tait beau avec son apparence n?glig?e, ses cheveux encore l?g?rement ?bouriff?s apr?s une nuit dans la tente. Et alors qu’ils avaient pr?vu de passer la nuit dans un petit motel, principalement pour prendre des douches avant de retrouver leur bivouac, elle devait admettre que son aspect un peu crasseux, brut de d?coffrage, avait quelque chose d’attrayant. ?trangement, le voir comme ?a l’aidait ? concevoir l’id?e de passer le reste de sa vie avec lui. Ils arriv?rent au lac vingt minutes plus tard et Ellington s’installa sur un vieux ponton d?fra?chi, arm? de la canne ? p?che qu’il avait lou?e. Mackenzie se contenta de le regarder, et ils ?chang?rent seulement quelques propos anodins. Elle appr?ciait de le voir faire quelque chose qu’elle n’aurait jamais m?me imagin? qu’il pouvait appr?cier. Cela lui rappelait qu’elle avait encore tant de choses ? apprendre sur lui – une pens?e qui lui donnait ? r?fl?chir quand elle observait l’homme qu’elle avait ?pous? seulement deux jours plus t?t. Ils retourn?rent au campement, la Jeep ?tait envahie par l’odeur des trois poissons qu’ils mangeraient pour le petit-d?jeuner. De retour sur place, elle vit que son expertise en mati?re de p?che s’arr?tait ? attraper les poissons. Il retira les ?cailles et les vida maladroitement ; m?me s’ils finirent par manger de d?licieux poissons cuits ? la braise, ce fut en petits morceaux in?gaux. Ils planifi?rent leur journ?e : promenade ? cheval jusqu’? une cascade puis retour au petit motel aux abords de Reykjav?k pour prendre une douche et d?ner correctement avant de s’enfoncer ? nouveau dans la superbe nature jusqu’au campement, ? la tomb?e de la nuit. Et apr?s avoir termin? leur petit-d?jeuner de poisson frais, ils men?rent ce plan ? bien, ?tape par ?tape. Tout se d?roulait r?ellement comme dans un r?ve, ce voyage ?tait une merveilleuse mani?re de commencer leur vie ? deux. Il y avait des moments, lorsqu’elle le tenait dans ses bras ou l’embrassait dans ce paysage incroyable, o? elle savait qu’elle se souviendrait de ce s?jour toute sa vie, peut-?tre jusqu’? son dernier souffle. Elle ne s’?tait jamais sentie aussi ?panouie. Ils retourn?rent sur le terrain de camping, o? ils rallum?rent leur feu. Ensuite, fra?chement douch?s et avec un bon repas dans l’estomac, ils se retir?rent dans leur tente et profit?rent pleinement de la nuit. *** Deux jours avant la fin de leur lune de miel, ils prirent part ? une excursion priv?e sur un glacier du Cercle d’Or islandais. Ce fut le seul jour au cours duquel Mackenzie eut des naus?es matinales et, en cons?quence, abandonna la possibilit? d’escalader le glacier. Ce qui lui donna tout loisir d’observer Ellington en action. Elle appr?cia de le regarder s’attaquer ? la montagne comme un enfant surexcit?. C’?tait un aspect de son caract?re qu’elle avait vu appara?tre de temps ? autre, mais jamais ? ce point. Elle r?alisa alors qu’ils n’avaient jamais pass? autant de temps ensemble en dehors du travail. Ce s?jour ?tait un paradis sporadique qui lui ouvrait les yeux sur la force de son amour pour lui. Tandis qu’Ellington et l’instructeur commen?aient ? descendre le glacier, Mackenzie sentit son t?l?phone vibrer dans la poche de son manteau. Ils avaient tous les deux mis leurs t?l?phones en silencieux lorsqu’ils ?taient mont?s dans l’avion pour partir en lune de miel mais, compte tenu de la nature de leurs m?tiers, ils n’?taient pas autoris?s ? d?connecter compl?tement. Pour s’occuper tandis qu’Ellington descendait le glacier, elle sortit son t?l?phone et y jeta un coup d’?il. Lorsqu’elle vit le nom de McGrath appara?tre sur l’?cran, son rythme cardiaque s’acc?l?ra. Elle flottait dans une bulle ces derniers jours. Voir son nom lui donna la certitude que la parenth?se enchant?e s’appr?tait se refermer. - Agent White ? l’appareil, lan?a-t-elle. Elle pensa instantan?ment : Mince… je viens de rater la premi?re occasion de me d?signer comme Agent Ellington. - McGrath. L’Islande est-elle ? votre go?t ? - C’est sympa, r?pondit-elle. (Ensuite, en se fichant d’avoir l’air un peu trop vuln?rable avec lui, elle se corrigea) : C’est magnifique. Vraiment beau. - Eh bien, alors, vous allez me d?tester, je n’en ai pas le moindre doute. Il lui expliqua ensuite pourquoi il l’appelait et il avait raison. Lorsqu’elle raccrocha, elle ?tait assez en col?re contre lui. Son intuition ?tait la bonne. Un simple appel avait suffi pour que sa lune de miel s’ach?ve. CHAPITRE QUATRE La transition avait finalement ?t? assez facile. L’empressement et la ru?e pour ne pas rater leur vol puis le trajet de nuit pour rejoindre Washington avaient inexorablement dissolu la magie de leur lune de miel – qui avait laiss? place ? la vie r?elle. Mais Mackenzie ?tait ravie de sentir qu’un peu de cette magie continuait ? exister entre eux : m?me ici, aux Etats-Unis, et malgr? la pression de leur travail, ils ?taient encore mari?s. Bien s?r, l’Islande avait ?t? une parenth?se enchant?e mais cela n’?tait pas la seule chose qui les avait li?s pendant ces quelques jours. En revanche, elle ne s’?tait pas attendue ? ce que son alliance lui semble aussi lourde ? son doigt lorsqu’Ellington et elle entr?rent dans le bureau de McGrath seulement quatorze heures apr?s l’interruption forc?e de leur lune de miel. Elle n’?tait pas assez na?ve pour penser qu’elle faisait d’elle une nouvelle personne mais elle la voyait comme le signe qu’elle avait chang? – qu’elle ?tait capable d’?voluer. Et si c’?tait vrai dans sa vie personnelle, alors pourquoi pas dans sa vie professionnelle ? ?a commencera peut-?tre une fois que tu auras avou? ? ton sup?rieur que tu es actuellement enceinte de quinze semaines, pensa-t-elle. Avec cette pens?e log?e dans un coin de la t?te, elle r?alisa aussi que l’affaire ? cause de laquelle on les avait appel?s serait probablement la derni?re avant qu’elle soit oblig?e d’admettre sa grossesse – m?me si l’id?e de continuer ? pourchasser des meurtriers avec un gros ventre la faisait aussi sourire. - J’appr?cie que vous soyez venus tous les deux si rapidement, leur dit McGrath. Et je souhaite aussi vous f?liciter pour votre mariage. Bien s?r, je n’aime pas l’id?e qu’un couple mari? travaille ensemble. Mais je voudrais que cette enqu?te soit boucl?e tr?s rapidement, car une vague de panique risque de se r?pandre sur le campus d’une universit? si nous n’allons pas au bout des choses au plus vite. Et il est ind?niable que vous travaillez bien ensemble, tous les deux, donc nous y voil?. Ellington la regarda et sourit en entendant la derni?re remarque de son sup?rieur. Mackenzie ?tait presque d?sarm?e par la puissance de ses sentiments pour lui. C’?tait ?mouvant mais ?a la rendait aussi un peu mal ? l’aise. - La derni?re victime est une ?tudiante en deuxi?me ann?e de Licence de l’universit? Queen Nash de Baltimore. Christine Lynch. Elle a ?t? tu?e dans sa cuisine tr?s tard dans la nuit. Elle avait la poitrine nue, son T-shirt a ?t? retrouv? par terre. Il est ?vident qu’elle a ?t? ?trangl?e. D’apr?s ce que je comprends, il n’y avait pas d’empreintes sur son cou, ce qui indique que le tueur portait des gants. - Donc le meurtre ?tait pr?m?dit? et non situationnel, commenta Mackenzie. McGrath hocha la t?te et fit glisser trois photos de la sc?ne de crime devant lui. Christine Lynch ?tait une tr?s jolie blonde et sur les clich?s, son visage ?tait tourn? vers la droite. Elle ?tait maquill?e et, comme McGrath l’avait pr?cis?, elle ne portait pas de T-shirt. On distinguait un petit tatouage sur son ?paule. Un moineau, devina Mackenzie. Le moineau semblait regarder en direction de l? o? les h?matomes commen?aient autour de son cou ; les bleus ?taient ?vidents, m?me sur les photos. - La premi?re victime, continua McGrath, en ouvrant un autre dossier, est une jeune femme de vingt-et-un ans appel?e Jo. Une autre ?tudiante de Queen Nash. Elle a ?t? retrouv?e dans sa chambre, allong?e sur son lit, compl?tement nue. Le corps n’a ?t? d?couvert que trois jours apr?s la mort, lorsque sa m?re a appel? pour faire part de ses inqui?tudes ? la police. Il y avait des signes de strangulation, mais pas aussi vicieuse que dans le cas de Christine Lynch. La police scientifique a trouv? des preuves d’activit? sexuelle avant la mort, dont un emballage de pr?servatif vide. Il leur fit passer les photos de la sc?ne du crime. Il y avait davantage de photos de Jo Haley, en particulier des h?matomes tout autour de son cou, marques de la strangulation qui avait caus? la mort. Comme Christine Lynch, elle ?tait sans nul doute attirante. Elle ?tait ?galement tr?s mince, presque au point d’?tre squelettique. - Donc l’unique piste r?elle que nous tenons est que deux jolies filles de Queen Nash ont ?t? tu?es, probablement pendant ou avant un acte sexuel ? demanda Mackenzie. - Oui, r?pondit McGrath. D’apr?s les estimations du m?decin-l?giste quant ? la date de la mort de Jo Haley, il semblerait qu’elles aient ?t? tu?es ? seulement cinq jours d’?cart. - Savons-nous ? peu pr?s ? quelle heure de la nuit les meurtres ont eu lieu ? demanda Mackenzie. - Non. Rien de concret, mais nous savons que Christine Lynch ?tait chez son petit-ami jusqu’? une heure du matin mercredi. C’est lui qui a d?couvert son corps le lendemain, quand il est all? lui rendre visite. Ellington examina les derni?res photos et les rendit ? McGrath. - Monsieur, avec tout le respect que je vous dois, je suis un homme mari? maintenant. Je ne peux plus approcher librement les jolies filles sur les campus universitaires. McGrath leva les yeux au ciel avant de fixer Mackenzie. - Alors bon courage, dit-il en hochant la t?te vers Ellington. Plus s?rieusement… Je voudrais que l’affaire soit boucl?e le plus rapidement possible. Les vacances d’hiver se terminent la semaine prochaine et je ne veux pas de panique sur le campus ? la rentr?e des ?tudiants. Comme s’il suffisait ? Ellington d’appuyer sur un interrupteur pour changer de personnalit?, l’Agent prit le dessus sur l’homme. - Je r?cup?re les dossiers de l’affaire et nous nous y mettons sur le champ. - Merci. Et vraiment… profitez de cette derni?re enqu?te ensemble. J’estime que le fait que vous travailliez ensemble maintenant que vous ?tes mari?s n’est pas une bonne id?e. Consid?rez cette affaire comme mon cadeau de mariage. - En r?alit?, monsieur, r?pliqua Mackenzie, incapable de se retenir. J’aurais pr?f?r? une cafeti?re. Elle eut du mal ? en croire ses yeux lorsque l’ombre d’un sourire s’esquissa sur les l?vres de McGrath. Il reprit imm?diatement contenance et Mackenzie et Ellington sortirent de son bureau. Il s’agissait de leur premi?re enqu?te en tant que mari et femme, et, en cons?quence, de la derni?re sur laquelle ils feraient ?quipe. CHAPITRE CINQ Respectant l’approche de Mackenzie, ils commenc?rent par s’int?resser ? la sc?ne de crime la plus r?cente. C’?tait l’?quivalent de jeter un coup d’?il ? un corps encore ti?de – le corps ti?de ?tant bien plus susceptible de fournir des indices ou des indications qu’un corps froid depuis un moment. Mackenzie avait profit? du trajet jusqu’au Maryland pour lire les dossiers ? haute voix tandis qu’Ellington conduisait. Lorsqu’ils arriv?rent devant l’appartement de Christine ? Baltimore, un adjoint du service de police local les accueillit. Il s’agissait d’un homme d’?ge m?r, probablement ? un ou deux ans de la retraite, ? qui on assignait le r?le de coordinateur d’enqu?tes comme celle-l?. - Ravi de faire votre connaissance, dit-il en leur serrant la main avec un enthousiasme qui semblait forc? et lui donnait l’air ex?crable. Adjoint Wheeler. Je supervise cette affaire, en quelque sorte. - Agents White et Ellington, lan?a Mackenzie en r?alisant encore une fois qu’elle ne savait pas comment se d?signer. Ellington et elle n’en avaient toujours pas parl?, m?me si son certificat de mariage la d?signait officiellement comme Mackenzie Ellington. - Que pouvez-vous nous dire, depuis votre point de vue ? demanda Ellington alors qu’ils entraient dans l’appartement de Christine Lynch. - Eh bien, nous sommes arriv?s, mon partenaire et moi, et nous avons rencontr? le compagnon de la victime avant d’entrer. Elle ?tait l?, par terre, dans la cuisine. Elle avait la poitrine nue, son T-shirt ?tait roul? en boule ? c?t? d’elle. Ses yeux ?taient encore ouverts. Elle avait tr?s clairement ?t? ?trangl?e et il n’y avait aucun signe de r?sistance, ni rien dans le genre. - Il neigeait la nuit du meurtre, dit Ellington. Y avait-il des empreintes mouill?es dans le couloir ? - Non. D’apr?s les informations que nous avons pu r?unir, le compagnon de la victime n’est arriv? que l’apr?s-midi suivante. Entre dix et seize heures ont pu s’?couler entre la derni?re fois qu’il l’a vue et le moment o? elle a ?t? assassin?e. - Donc c’?tait une sc?ne de crime impeccable. - Ouais. Pas d’indices, pas d’empreintes de chaussures mouill?es ou de traces de neige. Rien qui puisse nous aider. Mackenzie repensa ? ce qu’elle avait lu dans les dossiers li?s ? l’enqu?te – en particulier ? une note manuscrite du m?decin l?giste, ajout?e il y avait moins de six heures. Lorsqu’ils avaient pr?par? le corps pour l’examen, ils avaient trouv? des traces d’excitation sexuelle en retirant les sous-v?tements de Christine. Bien s?r, ce d?tail pouvait ?tre li? avec le temps pass? avec son petit-ami. Mais elle avait ?t? retrouv?e l?, sans T-shirt, dans sa cuisine… eh bien, cela l’amenait ? penser que quelqu'un l’avait peut-?tre rejoint ici en deuxi?me partie de soir?e. Et ils n’avaient peut-?tre pas eu envie d’attendre d’arriver dans la chambre. - La police locale a-t-elle demand? ? visionner les vid?os de s?curit? ? demanda Mackenzie. J’ai remarqu? au moins deux cam?ras sur les c?t?s de l’immeuble quand nous sommes arriv?s. - Quelqu'un y travaille justement au moment o? nous parlons, r?pondit Wheeler. D’apr?s ce qu’on m’a dit il y a environ deux heures, il n’y avait rien de particulier sur les enregistrements. Mais vous pouvez v?rifier par vous-m?mes, bien entendu. - Nous vous prendrons s?rement au mot, lan?a Mackenzie en sortant de la cuisine pour entrer dans le salon. Christine semblait avoir v?cu une vie tr?s rang?e. Sa petite biblioth?que sur le mur droit du salon ?tait bien organis?e, les livres – des biographies et des vieux manuels de sciences politiques pour la plupart – ?taient rang?s par ordre alphab?tique. Il y avait quelques photos plac?es ?? et l? sur les deux tables basses et accroch?es aux murs. La plupart ?taient des portraits de Christine et d’une femme qui devait ?tre sa m?re. Mackenzie avan?a ensuite jusqu’? la chambre et observa les alentours. Le lit ?tait fait et le reste de la pi?ce ?tait aussi impeccable que le salon. Les quelques objets qui tra?naient sur la table de chevet et le bureau r?v?laient tr?s peu de choses : des stylos, de la petite monnaie, un chargeur d’iPhone, le tract de campagne d’un homme politique local, un verre avec un fond d’eau. Il ?tait ?vident que rien de physique n’avait eu lieu dans cette chambre la nuit o? Christine avait ?t? tu?e. Cela suscitait beaucoup de questions et de conclusions, parmi lesquelles Mackenzie essayait de faire le tri tout en revenant dans la cuisine. Quelqu'un l’a retrouv?e ici alors qu’elle rentrait de chez son petit ami. S’attendait-elle ? cette visite ou l’avait-elle prise par surprise ? Le fait que son corps ait ?t? d?couvert dans son appartement et qu’elle ne porte pas de T-shirt signifiait probablement qu’elle avait invit? le tueur ? entrer – que sa visite soit une surprise ou non. L’avait-elle invit? ? entrer sans avoir la moindre id?e du danger qu’elle courait ? Lorsqu’elle arriva dans la cuisine, Ellington prenait des notes tout en parlant avec l’adjoint Wheeler. Ellington et elle ?chang?rent un regard et un hochement de t?te. C’?tait l’une des nombreuses mani?res qui montraient qu’ils ?taient sur la m?me longueur d’onde au travail – un langage non verbal qui leur ?vitait de nombreuses interruptions et moments de malaise. - Eh bien, adjoint Wheeler, je pense que nous disposons des ?l?ments n?cessaires, lan?a Ellington. Par hasard, ?tiez-vous ?galement pr?sent sur la sc?ne du crime de Jo Haley il y a quelques jours ? - Non. Mais je connais assez bien le dossier pour vous aider si vous en avez besoin. - G?nial. Nous n’h?siterons pas ? vous contacter en cas de n?cessit?. Wheeler parut satisfait de cette r?ponse, il leur sourit ? tous les deux tandis qu’ils sortaient de l’appartement de Christine Lynch. ? l’ext?rieur, Mackenzie regarda en direction du trottoir, o? presque toutes les indications qu’il avait neig? avaient disparu. Elle sourit faiblement en r?alisant qu’Ellington et elle ?taient probablement sur le point de se marier au moment o? cette pauvre fille avait pouss? son dernier souffle. Christine Lynch n’aura pas la chance de vivre un mariage ou d’avoir un ?poux, pensa Mackenzie. Cette id?e provoqua une vague de tristesse en elle – une tristesse qui s’approfondit lorsqu’elle r?alisa qu’il y avait aussi un autre rite de la f?minit? que Christine ne conna?trait jamais. Submerg?e par le chagrin, Mackenzie posa une main sur son ventre qui s’arrondissait ? peine, comme pour prot?ger ce qu’il renfermait. *** Apr?s avoir pass? un appel au bureau, Mackenzie et Ellington d?couvrirent que le compagnon de Christine ?tait aussi un ?tudiant de Queen Nash, ?g? de vingt-deux ans. Il travaillait ? mi-temps dans un service de sant? publique pour acqu?rir de l’exp?rience et pr?parer la carri?re qui suivrait l’obtention de son dipl?me de sant? publique. Ils ne le trouv?rent pas au travail mais chez lui, apparemment bien plus affect? par la mort de Christine que la moyenne des petits amis. Lorsqu’ils arriv?rent dans son appartement, Clark Manners ?tait occup? ? nettoyer machinalement ce qui ?tait d?j? un logement rutilant de propret?. Il ?tait ?vident qu’il n’avait pas bien dormi r?cemment : ses yeux ?taient vitreux, il marchait comme si une force inconnue le propulsait. Pourtant, il sembla enthousiaste lorsqu’il les invita ? entrer et impatient d’en savoir plus. - ?coutez, je ne suis pas stupide, commen?a-t-il lorsqu’ils s’assirent dans son salon immacul?. L’homme qui l’a tu?e… qui qu’il soit… allait la violer, n’est-ce pas ? C’est la raison pour laquelle elle ne portait pas son T-shirt, n’est-ce pas ? Mackenzie s’?tait pos? la question, mais les photographies de la sc?ne de crime racontaient une tout autre histoire. Lorsque Christine s’?tait effondr?e sur le sol, elle avait atterri sur le T-shirt. Cela semblait indiquer qu’il avait ?t? enlev? tr?s naturellement, avant d’?tre abandonn? par terre. Si Mackenzie prenait les paris, elle dirait que Christine l’avait retir? de son propre chef, s?rement pour la personne qu’elle avait invit?e ? entrer… et qui avait fini par la tuer. D’ailleurs… Mackenzie n’?tait pas convaincue que le tueur ait eu l’intention de violer Christine. S’il en avait eu envie, il aurait pu. Non… Mackenzie estimait qu’il ?tait venu la tuer, et rien d’autre. Mais ce pauvre diable n’avait pas besoin de le savoir. - Il est trop t?t pour le dire, r?pondit Mackenzie. Plusieurs sc?narios ont pu avoir lieu. Et nous esp?rions que vous pourriez peut-?tre nous apporter des informations pour nous aider ? mieux comprendre la situation. - Bien s?r, bien s?r, r?pondit Clark, qui avait clairement besoin d’une longue sieste et de moins de caf?. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir. - Pouvez-vous d?crire la nature de votre relation avec Christine ? demanda Ellington. - Nous sortons ensemble depuis environ sept mois. C’est la premi?re vraie relation de ma vie – la premi?re qui dure plus de deux ou trois mois. Je l’aimais… je l’ai su apr?s le premier mois. - Votre relation ?tait-elle physique ? demanda Mackenzie. Clark hocha la t?te, le regard perdu dans le vague. - Ouais. Nous avons franchi cette ?tape assez rapidement. - La nuit o? elle a ?t? tu?e, rench?rit Mackenzie. D’apr?s ce que je comprends, elle venait de sortir d’ici. Dormait-elle souvent chez vous ? - Ouais, une ou deux fois par semaine. Je dormais aussi parfois chez elle. Elle m’avait donn? une clef pour faciliter les choses il y a quelques semaines. C’est comme ?a que j’ai pu entrer chez elle… et la trouver… - Pourquoi n’est-elle pas rest?e avec vous ce soir-l? ? l’interrogea Ellington. Elle est partie tard. Vous ?tes-vous disput?s ? - Non. Seigneur, on ne se disputait presque jamais. Non… nous avions tous bu mais j’avais un peu exag?r? sur l’alcool. Je l’ai embrass?e pour lui dire au revoir alors qu’elle ?tait toujours avec mes amis. Je suis all? me coucher et je me suis endormi comme une masse, en me sentant un peu barbouill?. J’?tais persuad? qu’elle finirait par me rejoindre mais quand je me suis r?veill? le lendemain, il n’y avait aucune trace d’elle. - Pensez-vous que l’un de vos amis l’ait raccompagn?e ? demanda Mackenzie. - Je leur ai tous pos? la question et ils m’ont affirm? que non. M?me s’ils le lui avaient propos?, Christine aurait refus?. Nous habitons seulement ? trois p?t?s de maison de distance et elle aime l’hiver… elle aime marcher dans le froid. Elle est originaire de Californie, donc la neige est quelque chose de magique, vous savez ? Je me souviens m?me… cette nuit, elle ?tait surexcit?e parce que la m?t?o avait annonc? de la neige. Elle plaisantait en disant qu’elle voulait se promener sous la neige. - Combien d’amis ?taient avec vous ce soir-l? ? - En comptant Christine, nous ?tions six en tout. D’apr?s ce que je sais, ils sont tous partis peu apr?s elle. - Pouvons-nous obtenir leurs noms et leurs coordonn?es ? demanda Ellington. - Bien s?r, r?pondit-il en sortant son t?l?phone et en commen?ant ? faire d?filer ses contacts. - Est-il habituel pour vous d’inviter autant de personnes un soir de semaine ? demanda Mackenzie. - Non. Nous nous sommes retrouv?s pour une derni?re soir?e avant la fin des vacances d’hiver. Les cours reprennent la semaine prochaine, vous savez ? Et entre les horaires de travail, les visites ? la famille, c’?tait le seul moment o? nous ?tions tous libres. - Christine avait-elle des amis en dehors de votre groupe ? - Quelques uns. Mais elle ?tait plut?t introvertie. Il y avait moi, deux de mes amis avec qui elle passait du temps, et c’?tait tout. Elle ?tait tr?s proche de sa m?re, aussi. Je crois que sa m?re avait pr?vu de venir avant la fin du semestre – genre, pour s’installer ici pour de bon. - Avez-vous parl? ? sa m?re depuis les derniers ?v?nements ? - Oui. Et c’?tait tr?s bizarre parce que c’?tait la premi?re fois que je parlais ? cette dame. Je l’ai aid?e avec… Il marqua une pause, les larmes envahirent ses yeux fatigu?s pour la premi?re fois. - …les arrangements fun?raires. La cr?mation aura lieu ici, je crois. Elle a pris l’avion hier soir et s’est install?e dans un h?tel dans le coin. - Est-elle accompagn?e par des proches ? demanda Mackenzie. - Je ne sais pas. Il se pencha en avant et fixa le sol. Il ?tait ? la fois ?puis? et triste, un m?lange qui semblait avoir termin? de le d?vaster. - Nous allons vous laisser tranquille pour le moment, r?pondit Mackenzie. Si cela ne vous d?range pas, pourriez-vous nous donner l’adresse de l’h?tel de Mme Lynch ? - Pas de probl?me, dit-il en ressortant lentement son t?l?phone de sa poche. Attendez. Tandis qu’il cherchait ses coordonn?es, Mackenzie jeta un coup d’?il ? Ellington. Comme toujours, il ?tait attentif au moindre d?tail. Ses yeux parcouraient la pi?ce pour s’assurer qu’ils ne n?gligeaient rien. Elle remarqua aussi, incidemment, qu’il triturait son alliance tout en examinant l’appartement. Il la tournait lentement autour de son doigt, sans s’arr?ter. Alors, elle jeta un autre coup d’?il ? Clark Manners. Elle ?tait ? peu pr?s s?re qu’ils l’interrogeraient ? nouveau – et probablement sous peu. Le fait qu’il nettoie obsessionnellement son appartement apr?s la mort de sa petite amie avait du sens d’un point de vue psychologique mais pouvait aussi ?tre per?u comme une tentative de se d?barrasser de preuves. Mais elle avait vu des personnes bris?es par le chagrin auparavant et son instinct lui disait que Clark ?tait innocent. Personne ne pouvait simuler cette douleur et cette incapacit? ? trouver le repos. Mais ils devraient tout de m?me probablement parler ? certains de ses amis ? un moment donn?. Clark trouva l’information et tendit son t?l?phone ? Mackenzie pour qu’elle note l’adresse. Elle nota ?galement les noms et les num?ros des amis de Clark qui avaient pass? la soir?e avec eux la nuit du meurtre de Christine. Tout en rassemblant les informations, elle r?alisa qu’elle touchait instinctivement son alliance, elle aussi. Ellington, qui avait remarqu? son tic nerveux, lui adressa un petit sourire malgr? la situation. Elle arr?ta de faire tourner la bague en rendant son t?l?phone ? Clark. *** L’attitude de Margaret Lynch ?tait l’exact oppos? de celle de Clark Manners. Elle ?tait d?tendue et ma?tresse d’elle-m?me, et accueillit Mackenzie et Ellington avec un sourire lorsqu’ils arriv?rent dans le hall du Radisson o? elle avait pris une chambre. Elle les mena jusqu’? un canap? au fond du vestibule, leur montrant finalement un premier signe de faiblesse. - Si j’en viens ? pleurer, je pr?f?re ne pas le faire devant tout le monde, lan?a-t-elle en s’installant dans le canap? comme si elle ?tait ? peu pr?s certaine que ?a arriverait. - J’aimerais commencer par vous demander si vous connaissez bien Clark Manners, dit Mackenzie. - Pour tout vous dire, je lui ai parl? pour la premi?re fois il y a deux jours, apr?s ce qui est arriv?. Mais Christine m’a parl? de lui plusieurs fois au t?l?phone. Elle ?tait assez amoureuse, je crois. - Avez-vous des suspicions ? - Non. Bien s?r, je ne connais pas ce gar?on mais d’apr?s ce que Christine m’a dit de lui, je ne le crois pas capable de commettre un tel acte. Mackenzie nota que Mme Lynch s’effor?ait ? tout prix d’?viter les mots comme tu?e ou meurtre. Elle supposa que cette femme parvenait ? se contenir parce qu’elle s’effor?ait de mettre la mort de sa fille ? distance. Ce qui ?tait probablement plus facile puisqu’elles vivaient ? deux extr?mit?s du pays depuis un moment. - Que pouvez-vous me dire de la vie de Christine ? Baltimore ? demanda Mackenzie. - Eh bien, elle a commenc? ses ?tudes ? San Francisco. Elle voulait ?tre avocate, mais l’universit? et la charge de travail… ce n’?tait pas fait pour elle. Nous avons longuement discut? de sa candidature ? l’Universit? Queen Nash. Longuement. Son p?re est mort quand elle avait onze ans, j’ai ?lev? Christine seule depuis. Pas d’oncles ni de tantes. Notre famille est minuscule. Il lui reste une grand-m?re, mais elle souffre de d?mence s?nile et vit dans une r?sidence sp?cialis?e pr?s de Sacramento. Je ne sais pas si vous ?tes au courant, mais la cr?mation aura lieu ici, ? Baltimore. Il m’a sembl? inutile de multiplier les difficult?s en demandant le transfert du corps en Californie pour qu’il se passe exactement la m?me chose. Nous n’avons aucune attache dans la r?gion, en r?alit?. Et je sais qu’elle aimait vivre ici, alors… Cette pauvre femme va ?tre seule au monde, pensa Mackenzie. Elle pensait toujours ? ce genre de choses lorsqu’elle questionnait et interrogeait les gens, mais cette fois, elle fut plus affect?e que d’ordinaire. - Donc, elle a ?t? accept?e et apr?s un semestre, elle a su qu’elle adorait cet endroit. Elle n’arr?tait pas de me demander pardon, elle s’inqui?tait ? l’id?e que je vieillisse seule, isol?e, sans elle. Elle gardait le contact et m’appelait deux fois par semaine. Elle me parlait de ses cours, et, comme je l’ai dit, elle a fini par me parler de Clark. - Que vous a-t-elle racont? sur lui ? l’interrompit Ellington. - Qu’il ?tait mignon et tr?s dr?le. Mais elle a aussi mentionn? le fait qu’elle ne le trouvait parfois pas tr?s passionnant et qu’il avait tendance ? trop boire chaque fois que l’occasion se pr?sentait. - Mais rien de n?gatif ? - Pas que je me souvienne. - Je vous prie de me pardonner de vous poser la question, dit Mackenzie, mais savez-vous si leur relation ?tait exclusive ? Y avait-il une chance pour que Christine voie quelqu'un d’autre en parall?le ? Mme Lynch resta pensive pendant un moment. La question ne semblait pas l’avoir offens?e ; elle conserva le calme apparent qu’elle cultivait depuis le d?but leur rencontre dans la r?ception de l’h?tel. Mackenzie se demanda ? quel moment la pauvre dame finirait par exploser. - Elle n’a jamais mentionn? la moindre comp?tition en mati?re de c?ur, r?pondit Mme Lynch. Et je pense que je sais pourquoi vous me posez la question. On m’a parl? de l’aspect de la sc?ne du crime – sa poitrine nue, et le reste. J’ai juste suppos?… Elle s’arr?ta net et attendit un instant pour retrouver contenance. Les mots qui suivaient l’avaient boulevers?e, mais elle parvint ? reprendre le contr?le avant que ses ?motions ne la submergent. Quand elle continua son r?cit, son visage ?tait toujours aussi impassible. - J’ai juste suppos? qu’il s’agissait d’un viol qui avait mal tourn?. Que l’homme s’?tait peut-?tre mis en col?re pour une raison ou une autre, et n’?tait pas all? jusqu’au bout. Mais j’imagine que la possibilit? qu’il y ait eu un autre homme dans sa vie existe. Si c’?tait le cas, je n’?tais simplement pas au courant. Mackenzie hocha la t?te. La th?orie du viol lui avait travers? l’esprit, mais la mani?re dont le T-shirt avait ?t? retir?, la position de sa t?te dessus… rien ne semblait aller dans cette direction. - Eh bien, Mme Lynch, nous ne voulons pas abuser de votre temps, lan?a Mackenzie. Combien de temps comptez-vous rester en ville ? - Je ne sais pas encore. Peut-?tre un jour ou deux apr?s les fun?railles. En pronon?ant le mot fun?railles, sa voix trembla l?g?rement. Ellington lui tendit l’une de ses cartes de visite en se relevant. - Si quelque chose vous revient, ou si vous avez vent de quoi que ce soit pendant les fun?railles ou ? un autre moment, faites-nous le savoir, s’il vous pla?t. - Bien s?r. Et merci pour votre implication. Mme Lynch avait l’air d?sesp?r? lorsque Mackenzie et Ellington s’en all?rent. Normal, pensa Mackenzie. Elle est seule dans une ville inconnue, o? elle a ?t? oblig?e de venir ? cause du d?c?s de sa fille. Mme Lynch les accompagna jusqu’? la porte et leur fit signe lorsqu’ils s’?loign?rent en direction de leur voiture. Ce fut la premi?re fois o? Mackenzie r?alisa que ses hormones ?taient officiellement hors de contr?le ? cause de sa grossesse. Elle avait bien plus de peine pour Mme Margaret Lynch que cela n’aurait ?t? le cas avant de se savoir enceinte. Cr?er la vie, la nourrir et la choyer pour qu’on vous l’arrache d’une mani?re si brutale… cela devait ?tre atroce. Mackenzie se sentait absolument d?chir?e en repensant ? Mme Lynch, tandis qu’Ellington et elle reprenaient la route. Cela lui suffit pour qu’une vague de d?termination monte en elle. Elle avait toujours eu une passion pour le redressement de torts – pour tra?ner les tueurs et autres criminels devant la justice. Et qu’il s’agisse d’une r?action hormonale ou non, elle fit le serment de d?busquer le tueur de Christine Lynch, ne serait-ce que pour permettre ? Margaret Lynch de faire son deuil en paix. CHAPITRE SIX La premi?re personne qui figurait sur la liste d’amis que Clark Manners leur avait fournie ?tait un type nomm? Marcus Early. Lorsqu’ils tent?rent de le contacter, ils tomb?rent directement sur sa bo?te vocale. Ils tent?rent alors leur chance avec la deuxi?me sur la liste, Bethany Diaggo, et parvinrent ? convenir d’un rendez-vous sur le champ. Ils all?rent ? la rencontre de Bethany sur son lieu de travail, dans un cabinet d’avocats o? elle faisait son stage, dans le cadre de son parcours ? Queen Nash. Comme la journ?e touchait ? sa fin, il lui suffit de sortir une demi-heure plus t?t et de les retrouver dans l’une des petites salles de conf?rence du fond. - D’apr?s nos informations, vous ?tiez chez Clark Manners la nuit o? Christine a ?t? tu?e, commen?a Mackenzie. Que pouvez-vous nous raconter ? propos de cette soir?e ? - Nous nous sommes juste retrouv?s pour passer un bon moment. Nous avons un peu bu – peut-?tre trop. Nous avons jou? ? des jeux de cartes, regard? des rediffusions de The Office, et c’est ? peu pr?s tout. - Y a-t-il eu des disputes, de quelque type que ce soit ? demanda Mackenzie. - Non. Mais j’ai remarqu? que Christine commen?ait ? ?tre ?nerv?e ? cause de Clark. Parfois, quand il boit, il tend ? pousser le bouchon trop loin, vous savez ? Elle n’a rien dit ce soir-l?, mais elle ?tait irrit?e, c’?tait ?vident. - Savez-vous si cela a d?j? caus? des probl?mes entre eux par le pass? ? - Pas que je sache. Je crois que Christine passait outre. Je suis ? peu pr?s s?re qu’elle n’avait pas l’intention de rester avec Clark pour toujours. - Bethany, connaissez-vous une jeune femme appel?e Jo Haley ? D’? peu pr?s votre ?ge, ?tudiante ? Queen Nash ? - Oui. Pas aussi bien que je connaissais Christine, mais je l’appr?ciais. Je n’irais pas jusqu’? la d?crire comme une amie, mais si on se croisait dans un bar ou autre, on terminait g?n?ralement par s’asseoir ensemble et discuter. - Je suppose que vous savez qu’elle a ?t? assassin?e il y a quelques jours ? demanda Ellington. - Oui. C’est d’une ironie cruelle, mais c’est Christine qui m’a appris la nouvelle. - Savez-vous d’o? elle la tenait ? - Aucune id?e. Je crois qu’elles avaient plusieurs cours en commun. Oh, et le m?me conseiller de parcours p?dagogique, aussi. - Conseiller de parcours p?dagogique ? lan?a Ellington. Est-ce une mani?re alambiqu?e de d?signer le conseiller d’orientation ? - Plus ou moins, r?pondit Bethany. - ?tes-vous certaine que Jo et Christine ?taient suivies par la m?me personne ? insista Mackenzie. - C’est ce que Christine m’avait dit. Elle l’a mentionn? en m’apprenant la mort de Jo. Elle m’a dit qu’elle l’avait v?cue comme une attaque personnelle. Bethany s’interrompit, mesurant peut-?tre le poids inqui?tant et pr?monitoire de ce commentaire pour la premi?re fois. - Conna?triez-vous par hasard le nom de ce conseiller ? continua Mackenzie. Bethany r?fl?chit quelques instants avant de secouer la t?te. - D?sol?e. Non. Elle y a fait allusion quand nous parlions de Jo mais je ne m’en souviens pas. Peu importe, songea Mackenzie. Un appel rapide ? l’universit? nous apportera cette information. - Y a-t-il autre chose que vous pourriez nous dire au sujet de Jo ou de Christine ? demanda Mackenzie. Quelque chose qui puisse expliquer que quelqu'un ait souhait? leur mort ? - Absolument rien. ?a n’a aucun sens. Christine ?tait tr?s concentr?e sur ses ?tudes, elle ne faisait pas de vagues. Elle bossait beaucoup en vue de commencer sa carri?re le plus t?t possible. Mais je ne connaissais pas assez bien Jo pour avoir une opinion. - Eh bien, merci pour votre temps, dit Mackenzie. Alors qu’ils sortaient du bureau et que Bethany se pr?parait ? rentrer chez elle, Mackenzie tenta d’imaginer les deux jeunes femmes assassin?es se croiser dans les couloirs de l’universit?. Elles s’?taient peut-?tre crois?es lorsque l’une sortait d’un rendez-vous avec son conseiller de parcours p?dagogique et que l’autre entrait dans son bureau. Cette id?e donnait la chair de poule mais elle ne savait que trop que de telles choses survenaient souvent dans les affaires de meurtres lorsqu’il y avait plus d’une victime. - Les bureaux de l’universit? sont encore ferm?s ? cause des vacances, lui fit remarquer Ellington alors qu’ils remontaient dans la voiture. Je suis s?r qu’ils rouvriront leurs portes demain. - Ouais, mais je serais pr?te ? parier qu’il y a une sorte de r?pertoire des employ?s sur internet. D’apr?s les livres que j’ai vus dans l’appartement de Christine et les tracts politiques dans sa chambre, je pense que nous pouvons affirmer sans nous tromper qu’elle ?tudiait les sciences politiques. On pourrait restreindre les possibilit?s gr?ce ? cette information. Avant qu’Ellington ait le temps de lui dire ? quel point il trouvait l’id?e excellente, Mackenzie sortit son t?l?phone. Elle ouvrit son navigateur internet et commen?a ? faire d?filer les informations. Elle parvint ? trouver un annuaire mais, comme elle l’avait suppos?, il ne comportait aucun num?ro direct ou personnel, seulement ceux des bureaux des conseillers. Pourtant, elle rep?ra deux conseillers sp?cifiquement assign?s au d?partement de sciences politiques et leur laissa des messages ? tous les deux, en leur demander de la rappeler au plus t?t. D?s qu’elle eut termin?, elle fit d?filer sa liste de contacts. - Et maintenant ? demanda Ellington. - Il y en a seulement deux, r?pondit-elle. Autant essayer de voir si nous pouvons v?rifier leurs ant?c?dents – s’il y a le moindre ?l?ment pr?occupant, nous serons tr?s vite au courant. Ellington hocha la t?te en souriant face ? sa rapidit? d’esprit. Il l’?couta faire une requ?te dans ce sens. Mackenzie sentait son regard se poser sur elle de temps ? autre, un regard plein d’amour et d’attention. - Comment te sens-tu ? demanda-t-il. Elle sut imm?diatement ce qu’il voulait dire, sentant qu’il s’?cartait un instant de l’enqu?te pour parler du b?b?. Elle haussa les ?paules, car elle ne voyait pas l’int?r?t de lui mentir. - Il est indiqu? partout que les naus?es matinales devraient s’arr?ter bient?t mais je n’y crois pas. J’en ai ressenti plusieurs aujourd’hui. Et pour ?tre honn?te, je suis tr?s fatigu?e. - Tu ferais peut-?tre mieux de rentrer ? la maison, murmura-t-il. Je n’?prouve aucun plaisir ? jouer au mari despotique mais… eh bien, je pr?f?rerais que mon b?b? reste en bonne sant?. - Je sais. Mais il s’agit d’une s?rie de meurtres sur un campus universitaire. Je doute que ?a devienne dangereux. C’est probablement un type plein de testost?rone qui prend son pied en tuant des jeunes femmes. - D’accord, r?pondit Ellington. Mais seras-tu honn?te avec moi, et me diras-tu si tu commences ? te sentir faible ou pas dans ton assiette ? - Oui. Promis. Il l’examina d’un air suspicieux et en m?me temps joueur, comme s’il n’?tait pas s?r de pouvoir lui faire confiance. Puis il lui prit la main tout en les conduisant vers le centre ville pour trouver un h?tel pour la nuit. *** Ils avaient ? peine eu le temps de s’installer dans leur chambre quand le t?l?phone de Mackenzie sonna. M?me si elle ne connaissait pas le num?ro, elle r?pondit tout de suite. Elle sentait le poids du compte-?-rebours impos? par McGrath, l’heure qui tournait. Elle savait que si cette affaire n’?tait pas r?solue au moment o? les cours reprendraient la semaine suivante – dans cinq jours, en r?alit? – il serait de plus en plus difficile d’avancer avec le retour de tous les ?tudiants. - Agent White ? l’appareil, dit-elle en d?crochant. - Agent White, ici Charles McMahon, conseiller de parcours p?dagogique ? l’Universit? Queen Nash. Je vous rappelle suite au message que vous m’avez laiss?. - G?nial, merci pour votre rapidit?. ?tes-vous ? l’universit? en ce moment ? - Non. Je croule sous le travail, donc j’ai redirig? tous les messages de la ligne de mon bureau sur mon t?l?phone personnel. - Oh, je vois. Eh bien, je me demandais si vous accepteriez de r?pondre ? quelques questions au sujet d’un meurtre r?cent. - Je suppose que vous parlez de Jo Haley. - En r?alit?, non. Un autre meurtre a eu lieu il y a deux jours. Une autre ?tudiante de Queen Nash. Une jeune femme nomm?e Christine Lynch. - C’est terrible, dit-il, l’air vraiment choqu?. Est-ce… eh bien, deux ?tudiantes en si peu de temps… pensez-vous que ce soit pr?m?dit? ? Un tueur en s?rie ? - Nous n’avons toujours pas la moindre certitude, r?pondit Mackenzie. Nous esp?rions que vous puissiez nous apporter des informations suppl?mentaires. J’ai vu sur le site de l’universit? qu’il y avait seulement deux conseillers de parcours p?dagogiques pour le d?partement de sciences politiques et vous ?tes l’un d’eux. J’ai aussi eu vent du fait que Jo Haley et Christine Lynch avaient le m?me conseiller. Serait-ce vous, par hasard ? McMahon laissait ?chapper un ricanement nerveux ? l’autre bout du fil. - Non. D’ailleurs, c’est l’une des raisons principales pour lesquelles j’ai autant de travail. L’autre conseiller de parcours p?dagogique de notre d?partement, William Holland, a d?missionn? trois jours avant les vacances d’hiver. J’ai r?cup?r? la plupart de ses ?tudiants… et je continuerais probablement ? m’occuper d’eux jusqu’? ce qu’ils lui trouvent un rempla?ant. Nous avons un assistant, mais j’ai ?t? d?bord?. - Avez-vous une id?e de la raison qui a pouss? Holland ? d?missionner ? - Eh bien, la rumeur a couru qu’il avait eu une relation avec une ?tudiante. D’apr?s ce que je sais, il n’y a jamais eu la moindre preuve, donc j’ai toujours pens? qu’il s’agissait seulement d’une rumeur. Mais quand il a d?missionn?, de nulle part, j’avoue m’?tre pos? des questions. Ouais, moi aussi, je me pose des questions, songea Mackenzie. - D’apr?s ce que vous savez, a-t-il commis un acte louche ? Est-ce le type d’homme pour lequel une nouvelle pareille vous choquerait ? - Je n’ai aucune certitude. Enfin… Je le connaissais seulement parce qu’on travaillait ensemble. Je ne le fr?quentais pas en dehors de la fac. - Donc je suppose que vous n’avez aucune id?e de l’endroit o? il vit ? - D?sol?, non. - Tant que je vous ai au t?l?phone… Monsieur McMahon, quand avez-vous parl? pour la derni?re fois ? Jo ou ? Christine ? - Je ne leur ai jamais parl?. On me les a assign?es toutes les deux quand j’ai r?cup?r? les ?tudiants de Holland mais je n’ai jamais eu de contact avec elles, en dehors des mails group?s envoy?s ? tous les ?tudiants concern?s. (Il marqua une pause et ajouta) : Vous savez, ?tant donn? la nature de ce qui est arriv?, je pourrais probablement vous obtenir l’adresse de Holland. Je dois juste passer quelques coups de fil. - C’est tr?s aimable, r?pondit Mackenzie. Mais ce n’est pas n?cessaire. Je peux obtenir cette information par moi-m?me. Mais je vous remercie pour le temps que vous m’avez accord?. Sur ce, elle raccrocha. Ellington, assis sur le bord du lit, un pied nu, l’autre encore chauss?, avait tout ?cout?. - Qui est Holland ? demanda-t-il. - William Holland. Elle partagea toutes les informations obtenues durant sa br?ve conversation avec McMahon avec lui. Tout en parlant, elle s’assit sur le bord du lit. Elle n’avait pas r?alis? ? quel point elle ?tait ?puis?e avant de s’asseoir. - Je vais passer un appel pour obtenir ses coordonn?es. S’il travaille ? la fac, il y a de grandes chances pour qu’il habite pr?s d’ici. - Et si c’est notre coupable, rench?rit Mackenzie, mon appel et le message que je lui ai laiss? l’ont probablement paniqu?. - Je suppose donc qu’il faut qu’on agisse vite. Elle hocha la t?te et se rendit compte qu’elle avait une fois de plus pos? une main sur son ventre. C’?tait presque habituel maintenant, comme quelqu'un qui se rongeait les ongles ou faisait nerveusement craquer ses phalanges. Il y a de la vie l?-dedans, pensa-t-elle. Et cette vie, si j’en crois ce que j’ai lu, ressent la m?me chose que moi. Elle ressent mon anxi?t?, mon bonheur, mes peurs… Tout en ?coutant Ellington en pleine recherche de l’adresse de William Holland, Mackenzie se demanda pour la premi?re fois si elle avait commis une erreur en cachant sa grossesse ? McGrath. Elle prenait peut-?tre un ?norme risque en restant Agent actif, sur le terrain. Une fois cette affaire boucl?e, je le lui dirai, d?cida-t-elle. Je me concentrerai sur le b?b?, sur ma nouvelle vie et… Elle ?tait manifestement tellement plong?e dans ses r?flexions qu’elle n’avait pas entendu une question d’Ellington. Ce dernier la d?visageait, comme s’il attendait une r?ponse. - Je suis d?sol?e, dit-elle. J’?tais perdue dans mes pens?es. Il sourit et r?pondit : - Pas de probl?me. J’ai obtenu une adresse pour William Holland. Il vit en ville, ? Northwood. Tu te sens assez en forme pour aller lui rendre visite ? Honn?tement, ce n’?tait pas le cas. La journ?e n’avait pas ?t? excessivement fatigante mais se plonger dans une enqu?te juste apr?s un s?jour en Islande, et avoir peu dormi pendant les trente-six heures pr?c?dentes commen?ait ? attaquer ses r?serves. Elle savait aussi que le b?b? en pleine croissance log? dans son ventre absorbait une partie de son ?nergie. Cette pens?e la fit sourire. Mais par ailleurs, qu’il s’agisse d’interroger ce type ou de l’arr?ter, ce serait relativement rapide. Elle afficha donc son expression « allons attraper les m?chants » la plus convaincante et se leva. - Ouais, allons le saluer. Ellington l’imita et plongea son regard dans le sien. - Tu es s?re ? Tu as l’air fatigu?e. Tu m’as dit il y a moins d’une demi-heure que tu te sentais un peu crev?e. - ?a va. Je me sens bien. Il l’embrassa sur le front et hocha la t?te. - Alors d’accord. Je te crois sur parole. Avec un autre sourire, il se pencha et caressa son ventre avant de se diriger vers la porte. Il s’inqui?te pour moi, pensa-t-elle. Il aime d?j? tellement cet enfant que ?a le bouleverse. Il sera un si bon p?re… Mais avant qu’elle ait le temps de s’appesantir sur cette id?e, ils ?taient sortis de la chambre et se dirigeaient vers la voiture. Ils avan?aient avec une telle d?termination et une telle rapidit? qu’elle se rappela une fois de plus pourquoi elle ne pourrait pas vraiment se concentrer sur ses r?flexions au sujet de leur futur ensemble avant la cl?ture de l’enqu?te. CHAPITRE SEPT Il ?tait dix-neuf heures pass?es lorsqu’Ellington gara sa voiture devant la maison de William Holland. C’?tait une petite maison situ?e un peu ? l’?cart dans un lotissement charmant, le type de maison qui ressemblait plus ? un cottage ?gar? qu’? autre chose. Une seule voiture ?tait gar?e devant, dans l’all?e pav?e et plusieurs lumi?res ?taient allum?es ? l’int?rieur. Ellington frappa ? la porte, plein d’assurance. Sa d?termination n’?tait impolie en aucune fa?on mais il montrait clairement ? Mackenzie que chaque fois que sa sant? le pr?occuperait, il prendrait les devants sur tous les aspects de l’enqu?te : conduire, frapper aux portes, etc. L’homme qui ouvrit ?tait d’apparence tr?s soign?e, ?g? d’une quarantaine d’ann?es. Il portait une paire de lunettes ? la mode et un ensemble blazer-pantalon kaki. S’ils en croyaient les effluves qui ?manaient de la porte ouverte derri?re lui, il avait command? ? chinois pour le d?ner. - William Holland ? demanda Ellington. - Ouais. Vous ?tes ? Ils montr?rent tous les deux leurs badges. Mackenzie avan?a d’un pas ? ce moment-l?. - Agents White et Ellington, du FBI. Nous savons que vous avez r?cemment quitt? votre poste ? Queen Nash. - Oui, dit Holland, l’air incertain. Mais je ne comprends pas. En quoi cela justifie-t-il une visite du FBI ? - Pouvons-nous entrer, Monsieur Holland ? demanda Ellington. Holland r?fl?chit un instant avant d’accepter. - Bien s?r, ouais, entrez. Mais je ne… Enfin, de quoi s’agit-il ? Ils franchirent le seuil sans r?pondre. Lorsque Holland referma la porte derri?re eux, Mackenzie remarqua qu’il l’avait ferm?e lentement et fermement. Il ?tait nerveux ou effray? – ou plus probablement, les deux ? la fois. - Nous sommes en ville pour enqu?ter sur deux meurtres, r?pondit finalement Ellington. Deux ?tudiantes de Queen Nash, deux jeunes femmes, et, comme nous l’avons appris aujourd’hui, toutes deux conseill?es par vous. Ils entraient ? peine dans le salon de Holland et ce dernier ne perdit pas de temps pour s’affaler dans un petit fauteuil. Il leva les yeux vers eux comme s’il ne comprenait vraiment pas de quoi ils parlaient. - Attendez… Vous avez dit deux ? - Oui, r?pliqua Mackenzie. Vous n’?tiez pas au courant ? - Je savais pour Jo Haley. Et l’unique raison pour laquelle je savais, c’est que nous sommes notifi?s par le doyen lorsqu’un ?tudiant avec lequel on a travaill? d?c?de. Qui est l’autre victime ? - Christine Lynch, lan?a Mackenzie en examinant son visage pour analyser sa r?action. (Un ?clair de reconnaissance passa tr?s bri?vement sur son visage). Le nom vous dit quelque chose ? - Oui. Mais je… je n’arrive pas ? me souvenir de son visage. Je m’occupais de pr?s de soixante ?l?ves, vous savez. - Autre chose, rench?rit Ellington. Le je m’occupais. On nous a dit que vous aviez d?missionn? juste avant les vacances d’hiver. Cette d?cision a-t-elle quelque chose ? voir avec la rumeur selon laquelle vous fr?quentez une ?tudiante ? - Oh, seigneur, soupira Holland. (Il se laissa aller dans son fauteuil et retira ses lunettes. Il se massa le nez avant de soupirer ? nouveau). Oui, je sors avec une ?tudiante. Je savais que le bruit courait et je connaissais l’?tendue des cons?quences pour ma carri?re et pour son parcours universitaire. Donc j’ai choisi de d?missionner. - Juste comme ?a ? demanda Mackenzie. - Non, pas juste comme ?a, s’exclama Holland. Nous nous sommes vus en secret pendant des mois et je suis tomb? amoureux d’elle. Elle ressent la m?me chose que moi. Donc nous en avons discut? longuement, en essayant de d?terminer quelle ?tait la marche ? suivre. Mais pendant ce temps, d’une mani?re ou d’une autre, notre liaison est devenue de notori?t? publique. Ce qui a facilit? la prise de d?cision, en quelque sorte. Mais… qu’est-ce que ma vie priv?e a ? voir avec les meurtres ? - Rien du tout, je l’esp?re, r?pondit Ellington. Mais vous devez vous mettre ? notre place. Nous avons deux ?tudiantes assassin?es sur les bras et la seule connexion solide entre elles est qu’elles ?taient toutes les deux suivies par le m?me conseiller p?dagogique. Ajoutez ?a au fait que vous entretenez ouvertement une relation avec une ?tudiante… - Donc vous pensez que je suis un suspect ? Vous pensez que j’ai tu? ces filles ? Prononcer ces mots ? haute voix semblait le rendre malade. Il remit ses lunettes et se redressa dans son fauteuil, avant de rentrer les ?paules. - Nous n’avons aucune certitude pour l’instant, dit Mackenzie. C’est pourquoi nous vous interrogeons. - Monsieur Holland, lan?a Ellington. Vous venez de dire que vous ne vous souvenez pas du visage de Christine Lynch. Qu’en est-il de Jo Haley ? - Oui… je la connaissais assez bien, en r?alit?. C’?tait une amie de la fille que je vois en ce moment. - Donc Jo Haley connaissait l’existence de votre relation ? - Je ne sais pas. Je ne pense pas que M?lissa – ma compagne – le lui aurait dit. Nous avons fait de notre mieux pour rester tr?s discrets. Mackenzie prit un moment pour r?fl?chir. Le fait que sa petite amie connaisse l’une des victimes – et que cette victime ait pu conna?tre l’existence d’une relation tabou – pr?sentait Holland sous le pire jour possible. Cela l’amena ? se demanda pourquoi il partageait volontairement toutes ces informations sans se faire prier. - Pardonnez ma question, continua Mackenzie, mais cette compagne – cette M?lissa – est-elle la premi?re ?tudiante avec qui vous avez une relation ? Une expression de forte contrari?t? passa sur le visage de Holland et il bondit soudainement sur ses pieds. - Vous savez quoi, allez vous faire voir. Je ne… - Rasseyez-vous tout de suite, lui intima Ellington en se levant devant lui. Holland parut se rendre imm?diatement compte de son erreur, son expression oscillant entre le regret r?sign? et la col?re, tandis qu’il tentait de choisir une ?motion. - ?coutez, je suis d?sol?. Mais j’en ai plus qu’assez d’?tre jug? et je n’appr?cie vraiment pas d’?tre accus? de coucher avec toutes mes ?tudiantes seulement parce qu’il se trouve que je vis actuellement une relation responsable avec une adulte consentante. - Quel ?ge avez-vous, Monsieur Holland ? demanda Mackenzie. - Quarante-cinq ans. - Et quel ?ge a M?lissa ? - Vingt-et-un ans. - Avez-vous d?j? ?t? mari? ? dit Ellington, en reculant d’un pas et en se d?tendant manifestement. - Oui. Pendant huit ans. J’?tais malheureux, si vous voulez tout savoir. - Et comment votre mariage s’est-il termin? ? Holland secoua la t?te et commen?a ? avancer vers un coin du salon qui donnait sur l’entr?e. - Ouais, cette conversation est termin?e. ? moins que vous ne comptiez m’arr?ter, je vous prie de ficher le camp tous les deux. Je suis s?r que les ?tudiants et mes anciens coll?gues seront ravis de r?pondre au reste de vos questions. Mackenzie se dirigea lentement vers la porte. Ellington la suivait avec r?ticence. Mackenzie se tourna vers lui parce que son instinct lui disait qu’il y avait quelque chose ? creuser. - Monsieur Holland, vous avez conscience qu’en refusant de coop?rer, vous donnez une tr?s mauvaise image de vous. - ?a fait un mois que je vis avec. - O? est M?lissa ? demanda Ellington. Nous aimerions aussi parler avec elle. - Elle est… (Puis Holland s’interrompit, secouant encore une fois la t?te). Elle a ?t? tra?n?e dans la boue, elle aussi. Je ne vous laisserai pas l’ennuyer avec ?a. - Donc vous refusez de r?pondre ? nos questions, d?clara Ellington. Et vous refusez de nous dire o? se trouve une personne avec qui nous aurions besoin de parler. Est-ce exact ? - C’est absolument exact. Mackenzie sentait qu’Ellington commen?ait ? ?tre remont?. Elle voyait ses ?paules se tendre et sa posture se raidir progressivement. Il semblait sur le point d’exploser. - Nous en prenons note, fit Mackenzie. Si nous avons encore besoin de vous parler en rapport avec cette affaire et qu’il se trouve que vous n’?tes pas chez vous, nous vous consid?rerons comme un suspect potentiel et vous serez arr?t?. Le comprenez-vous ? - Ouais, l?cha Holland. Il les bouscula vers l’entr?e avant de leur ouvrir la porte. Lorsqu’ils furent sortis sur le porche, Holland claqua la porte derri?re eux. Mackenzie commen?a ? descendre les marches mais Ellington ne bougeait pas. - Tu ne penses pas que nous devrions insister ? demanda-t-il. - Peut-?tre. Mais je ne crois pas qu’un coupable nous confierait volontairement autant de d?tails. En outre… nous connaissons le pr?nom de sa copine. Si c’est vraiment important, nous pouvons probablement d?nicher son nom complet dans ses dossiers. La derni?re chose dont nous avons besoin, en revanche, serait l’arrestation h?tive d’un conseiller p?dagogique d?j? sur la corde raide et au c?ur d’une controverse. Ellington sourit et descendit les marches avec elle. - Tu vois… ce sont de pareilles choses qui vont faire de toi une ?pouse merveilleuse. Tu m’?vites toujours de commettre des b?vues. - Je suppose que j’ai de la pratique, apr?s ces derni?res ann?es. Ils remont?rent dans la voiture et lorsque Mackenzie s’assit, elle r?alisa une fois de plus ? quel point elle ?tait ?puis?e. Elle ne l’avouerait jamais ? Ellington, mais elle ferait peut-?tre mieux de se m?nager. Un ou deux jours suppl?mentaires, mon tout petit, dit-elle silencieusement ? la vie qui grandissait en elle. Encore quelques jours et nous nous reposerons autant que nous voudrons, toi et moi. CHAPITRE HUIT Elle savait qu’elle ne devrait pas, mais il ?tait difficile de r?sister. D’ailleurs… dans la mesure o? le prochain semestre s’appr?tait ? commencer, ce serait une bonne mani?re d’en donner le coup d’envoi. Un dernier flirt. Une derni?re nuit de folie absolue. Et si les choses se d?roulaient comme d’ordinaire, elle se sentirait puissante – si puissante qu’il lui serait facile de passer outre aux petits ?clairs de regret. Et ce serait une tr?s bonne mani?re de commencer le deuxi?me semestre. Marie n’avait m?me pas essay? de se convaincre de ne pas le faire. Au moment o? elle gara sa voiture dans le garage, elle sut o? elle terminerait la nuit ce soir-l?. Tout ce qu’elle avait ? faire, c’?tait l’appeler, lui dire qu’elle ?tait de retour en ville et qu’elle voulait le voir. Il ne lui avait jamais fait faux bond auparavant et apr?s trois semaines d’absence, elle doutait s?rieusement qu’il lui refuse quoi que ce soit. Et bien s?r, il n’en fit rien. Il ?tait vingt-trois heures cinq lorsqu’elle entra par l’entr?e secondaire de l’immeuble. C’?tait une zone peu reluisante mais pas assez inqui?tante pour qu’elle se sente en danger en marchant seule la nuit. D’ailleurs, elle se trouvait seulement ? douze kilom?tres du campus et savait que le taux de criminalit? aux abords du campus ?tait incroyablement faible. De toute mani?re, elle ?tait si excit?e par ce que les heures ? venir allaient lui apporter que tout sens du danger disparut en elle. Lorsqu’elle atteignit la porte arri?re de l’immeuble, Marie ne fut pas du tout surprise de la trouver verrouill?e. Elle sonna au num?ro de son appartement et fut r?compens?e par le d?clic imm?diat du verrou. Il ne lui dit rien dans l’interphone, se contentant d’ouvrir la porte. Cela la fit sourire ; il serait probablement d’humeur tr?s grave. Dominant, m?me. Si mignon, pensa-t-elle. Mais nous savons bien qui finit toujours par avoir le dessus… Cette pens?e l’excita encore plus tandis qu’elle entrait. Elle d?daigna l’ascenseur, car elle voulait atteindre son appartement, situ? au deuxi?me ?tage, le plus vite possible. Elle monta les marches deux par deux, l’exercice autant que le plaisir qu’elle ressentait d’avance acc?l?r?rent son rythme cardiaque. L’attente, pendant tout le trajet de New York jusqu’? chez lui, au moment o? elle allait enfin arriver devant sa porte, faisait partie des d?licieux pr?liminaires. Le trajet avait ?t? long. Elle ?tait stress?e. Tendue. Seigneur, elle allait lui sauter dessus… le renverser en arri?re et lui grimper dessus… Elle trouva la porte ouverte. Elle la poussa doucement et vit que les lumi?res ?taient ?teintes. Pourtant, une lueur provenait du fond de la pi?ce principale, peut-?tre une bougie, ou autre. - Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle d’une voix sensuelle. Elle ferma la porte derri?re elle et la verrouilla. - Je t’attends, fut la r?ponse. - Bien. Mais… je ne me laisserai pas faire si tu ne me dis pas exactement ce que tu veux. Elle l’entendit ricaner l?g?rement quelque part dans les t?n?bres. Tandis que ses yeux s’ajustaient ? l’obscurit?, elle distinguait sa silhouette se dessiner dans le salon, allong?e sur le canap?. Elle sourit et commen?a ? avancer vers lui. L’appartement exhalait une odeur de poussi?re, comme s’il ?tait inhabit? – parce que c’?tait le cas. Elle savait qu’il poss?dait un autre appartement, mais savait aussi qu’il ne voulait pas l’y inviter. Il aimait conserver le secret sur sa vie priv?e. D’apr?s ce qu’elle comprenait de lui, il passait tr?s peu de temps chez lui. Elle l’avait toujours retrouv? ? l’ext?rieur, ici, quelques fois sur la banquette arri?re de sa voiture, ou dans un h?tel. M?me si elle comprenait son besoin de prot?ger sa vie priv?e, elle aurait aussi aim? le ravager dans un lit ?norme, peut-?tre avec des lumi?res d’ambiance et de la musique. Pour changer. Mais se cacher ?tait ?galement sexy. Cela faisait partie du plaisir. C’?tait la raison pour laquelle elle s’effor?ait de r?sister ? l’envie de lui bondir dessus, ici et maintenant. Leurs rendez-vous galants avaient toujours ?t? marqu?s par la mont?e de l’excitation. Des taquineries, des pr?liminaires un peu brutaux, parfois m?me des remarques d?sobligeantes, pour jouer. - Viens, Marie, lui ordonna-t-il. Elle s’ex?cuta, s’approcha du canap? et le trouva tout habill?. ?a ne la d?rangeait pas, ?a prolongerait seulement un peu les pr?liminaires. - C’est mignon, lan?a-t-elle se s’agenouillant par terre devant lui. Elle l’embrassa doucement, lui donnant des petits coups de langues sur ses l?vres, comme il l’aim ait. - Qu’est-ce qui est mignon ? demanda-t-il. - Toi, qui penses avoir le contr?le. - Oh, je l’ai, r?pliqua-t-il en se redressant. - Je vais te laisser penser ?a encore pendant un moment, r?pondit-elle en mordillant la peau douce de son cou. (Il se d?battit l?g?rement et elle sentit ses mains sur elle – l’une dans son dos, l’autre dans ses cheveux). Mais nous savons tous les deux que… Sans le moindre avertissement, il l’attrapa par les cheveux et balan?a sa t?te en avant. Elle se sentit pouss?e avec force, son front frappa contre les genoux de son amant. - Qu’est-ce… Mais avant qu’elle puisse formuler sa question, il ?tait sur elle, s’appuyant de tout son poids dans son dos. Elle se sentit ?tourdie par le coup et pendant un instant, Marie ne sut l?gitimement plus o? elle se trouvait. Alors qu’elle tentait de se lib?rer pour se d?fendre, il la saisit ? nouveau par ses longs cheveux blonds. Cette fois, il ?crasa sa t?te contre le plancher. Marie tenta de r?sister pendant un instant, mais elle commen?a imm?diatement ? sentir le monde tourner autour d’elle. Une violente douleur irradiait dans tout son cr?ne. De loin, tr?s loin, elle le vit saisir son pantalon par la ceinture pour le descendre. Puis tout devint noir et elle revint ? la conscience seulement un instant plus tard en sentant sa bouche sur elle, parcourant tout son corps. ?a n’avait aucun sens. Elle ?tait pr?te ? le laisser faire tout ce qu’il voulait d’elle et, en retour, lui faisait ? peu pr?s n’importe quoi. Alors pourquoi… ? Cette pens?e fut interrompue par l’obscurit? qui allait et venait. Mais cette fois, quand elle l’engloutit, elle dura plus longtemps. *** Cela lui avait demand? plus de travail qu’il ne l’aurait pens? mais il eut finalement l’opportunit? de se d?tendre aux alentours de deux heures du matin. La partie la plus difficile avait ?t? de l’assommer pour qu’elle perde connaissance. Il ne pensait simplement pas en ?tre capable. ?trangler quelqu'un ?tait une chose. Il s’agissait seulement de se convaincre soi-m?me de le faire puis de serrer le cou de sa victime une fois qu’elle se trouvait entre ses mains. Mais ?craser la t?te de Marie contre le sol lui avait demand? plus de cran qu’il ne s’y attendait. Lorsqu’elle avait perdu connaissance, le reste du travail avait ?t? difficile mais agr?able. Et ? mesure qu’il passait d’une t?che ? l’autre, il se sentait plus ? l’aise avec la d?cision qu’il avait prise. Il avait tu? Jo Haley et Christine Lynch sur le coup. Il avait couch? avec Jo, immens?ment appr?ci? le sexe puis l’avait ?trangl?e quand les hostilit?s avaient repris. Et peut-?tre ? cause du sexe, il avait bien failli changer d’avis – il s’?tait presque d?gonfl?. Avec Christine, il avait retenu la le?on et donc opt? pour s’abstenir. Puis son corps avait ?t? d?couvert et il avait vu passer la nouvelle ? la t?l? – juste un contretemps, vraiment, mais aussi une r?v?lation pour lui. ?a l’avait oblig? ? tout repenser… il ne pouvait pas juste les tuer. Mais il devait les en finir avec elles. Apr?s Christine, celles qui devaient ?tre r?duites au silence. Il y en aurait d’autres, dont Marie. Et s’il ne pouvait les tuer sur le coup et les laisser l? o? elles se trouvaient, cela signifiait qu’il devait faire ?voluer le processus. Il devait ?tre plus discret, prendre davantage de pr?cautions. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51923146&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.