Êàê ÷àñòî ÿ âèæó êàðòèíêó òàêóþ Âîî÷èþ, èëè îíà òîëüêî ñíèòñÿ: Äâå äåâî÷êè-ãåéøè î ÷¸ì-òî òîëêóþò, Çàáûâ, ÷òî äàâíî èì ïîðà ðàñõîäèòüñÿ. Íà óëèöå ò¸ìíîé âñå äâåðè çàêðûòû. Ëåíèâîå ïëàìÿ â ôîíàðèêå ñîííîì… À äåâî÷êè-ãåéøè êàê áóäòî çàáûòû Äâóìÿ îãîíüêàìè â ïðîñòðàíñòâå áåçäîííîì. Íó ÷òî âàì íå ñïèòñÿ, ïðåêðàñíûå ãåéøè? Âåäü äàæå ñâåð÷êè íåóìîë÷íû

Le Mensonge Id?al

Le Mensonge Id?al Blake Pierce — Dans ce chef-d’?uvre de suspense et de myst?re, Blake Pierce a magnifiquement d?velopp? ses personnages en les dotant d’un versant psychologique si bien d?crit que nous avons la sensation d’?tre ? l’int?rieur de leur esprit, de suivre leurs angoisses et de les encourager afin qu’ils r?ussissent. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’? la derni?re page.--Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (? propos de SANS LAISSER DE TRACES)LE MENSONGE ID?AL est le tome n°5 d’une nouvelle s?rie de suspense psychologique par l’auteur ? succ?s Blake Pierce, dont le best-seller n°1, SANS LAISSER DE TRACES (disponible en t?l?chargement gratuit), a obtenu plus de 1000 critiques ? cinq ?toiles.Quand une entra?neuse sportive superbe et populaire est trouv?e assassin?e dans une banlieue riche, on demande ? Jessie Hunt, 29 ans, profileuse criminelle et agent du FBI, de trouver qui l’a tu?e. Pourtant, les secrets tordus de cette ville o? les liaisons extra-conjugales abondent ne ressemblent ? rien de ce qu’elle a d?j? connu.Avec qui couchait cette femme ? Combien de couples a-t-elle bris?s ?Et pourquoi a-t-on voulu la tuer ?Thriller psychologique palpitant aux personnages inoubliables et au suspense haletant, LE MENSONGE ID?AL est le tome 5 d’une nouvelle s?rie qui vous tiendra ?veill? tard la nuit.Le tome 6 de la s?rie Jessie Hunt sera bient?t disponible. Le mensonge id?al (un thriller psychologique avec Jessie Hunt, tome 5) Blake Pierce Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie de romans ? suspense ? succ?s RILEY PAGE, qui comporte quinze tomes (pour l’instant). Blake Pierce est aussi l’auteur de la s?rie de romans ? suspense MACKENZIE WHITE, qui comprend neuf tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense AVERY BLACK, qui comprend six tomes ; de la s?rie de romans ? suspense KERI LOCKE, qui comprend cinq tomes ; de la s?rie de romans ? suspense LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense KATE WISE, qui comprend deux tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense psychologique CHLOE FINE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) et de la s?rie de thrillers psychologiques JESSIE HUNT, qui comprend trois tomes (pour l’instant). Lecteur gourmand et fan depuis toujours de romans ? myst?re et ? suspense, Blake aime beaucoup recevoir de vos nouvelles, donc, n’h?sitez pas ? vous rendre sur www.blakepierceauthor.com pour en apprendre plus et rester en contact. Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi ?tats-unienne sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l’autorisation pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre revendu ou offert ? d’autres gens. Si vous voulez partager ce livre avec une autre personne, veuillez en acheter un exemplaire suppl?mentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir achet?, ou s’il n’a pas ?t? achet? pour votre seule utilisation personnelle, alors veuillez le renvoyer et acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le difficile travail de cet auteur. Ceci est une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les ?v?nements et les incidents sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilis?s fictivement. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou mortes, n’est que pure co?ncidence. Image de couverture : copyright hurricanehank, utilis?e en vertu d’une licence accord?e par Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) LA FILLE AU PAIR PRESQUE DISPARUE (Livre 1) PRESQUE PERDUE (Livre 2) PRESQUE MORTE (Livre 3) LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER ID?AL (Volume 2) LA MAISON ID?ALE (Volume 3) LE SOURIRE ID?ALE (Volume 4) LE MENSONGE ID?ALE (Volume 5) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4) DE RETOUR ? LA MAISON (Volume 5) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5) SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4) LA TRAQUE (Tome 5) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) MANQUE (Tome 16) UNE NOUVELLE DE LA S?RIE RILEY PAIGE R?SOLU S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) SOMMAIRE CHAPITRE PREMIER (#uffa8a3c3-02ce-5ea5-b7f9-f812a8719ac8) CHAPITRE DEUX (#u4b3cbec2-f01e-5680-81d2-28e4ef607409) CHAPITRE TROIS (#u544f7502-a7da-5d6e-943c-5acc61835d81) CHAPITRE QUATRE (#u8a45de35-d9b4-5185-bcb7-e18cb2b6ec58) CHAPITRE CINQ (#ucbd532c6-9f14-56c8-bff0-572a30d08352) CHAPITRE SIX (#u5a46eda7-85dd-5ac3-bc49-115730bb8156) CHAPITRE SEPT (#uf6fc8ea1-03aa-59d2-947d-2579c5575f22) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE PREMIER Jessie le tenait presque. Le suspect ?tait ? environ dix m?tres devant elle. Ils couraient tous les deux sur le sable, qui paraissait ? Jessie ?tonnamment froid sous ses pieds nus. La plage ?tait quasiment vide et elle se demandait quand ses renforts allaient arriver. Le suspect ?tait plus grand qu’elle et, s’il se retournait, elle devrait peut-?tre lui tirer dessus pour garder l’avantage, mais elle voulait ?viter de le faire si possible. Soudain, alors qu’elle pouvait presque l’attraper, il sembla s’?crouler. Cependant, elle se rendit compte que, en fait, il s’enfon?ait. Un moment plus tard, il passa sous le sable juste devant elle. Jessie eut ? peine le temps de comprendre qu’il ?tait tomb? dans une doline de la plage avant de se sentir aspir?e elle aussi. Elle essaya de saisir ce qu’elle pouvait pour ?viter de tomber dans le trou, mais il n’y avait que du sable meuble, auquel elle tenta de se raccrocher avant de dispara?tre sous la dune. Quand elle reprit conscience, elle se rendit compte qu’elle ?tait dans ce qui semblait ?tre une grotte marine. Elle ne se souvenait pas comment elle y ?tait arriv?e. Elle vit le suspect qu’elle avait pourchass? allong? sur le ventre sur le sable en face d’elle. Il ne bougeait pas. Il devait s’?tre assomm? en tombant. Regardant autour d’elle, elle essaya de comprendre o? elle se trouvait. Ce ne fut qu’? ce moment qu’elle se rendit compte qu’elle se tenait debout les bras au-dessus de la t?te. Elle avait les poignets attach?s avec une corde fix?e au sommet de la paroi de la grotte. La corde ?tait si tendue que Jessie touchait tout juste le sol de la pointe des pieds. Quand elle eut les id?es plus claires, elle se rendit compte d’une chose terrifiante : elle avait d?j? ?t? dans cette position. C’?tait exactement ce qu’elle avait subi deux mois auparavant quand son propre p?re, le cruel tueur en s?rie Xander Thurman, l’avait captur?e et tortur?e avant qu’elle ne r?ussisse ? le tuer. ?tait-ce le fait d’un imitateur ? Comment cela pouvait-il m?me ?tre possible ? Les d?tails de l’incident n’avaient pas ?t? rendus publics. Alors, elle entendit un bruit et vit une ombre ? l’entr?e de la grotte. Quand l’homme approcha assez pour qu’elle le voie, elle essaya de l’identifier, mais il avait le soleil dans le dos et les traits obscurcis. Tout ce qu’elle voyait, c’?tait la silhouette d’un grand homme mince et l’?clat du long couteau qu’il tenait. L’homme avan?a et donna un coup de pied au corps de l’homme inconscient allong? sur le sable que Jessie avait pourchass?. Le corps roula et elle vit qu’il n’?tait pas inconscient. Il ?tait mort. Quel qu’un lui avait maladroitement coup? la gorge et il avait la poitrine couverte de sang. Jessie releva les yeux, mais elle ne voyait toujours pas le visage de son ravisseur. ? l’arri?re-plan, elle entendit un g?missement discret. Elle regarda dans le coin de la grotte et remarqua une chose qui lui avait ?chapp?. Une jeune femme de moins de vingt ans ?tait attach?e ? une chaise et elle ?tait b?illonn?e. C’?tait elle qui g?missait. Ses yeux terrifi?s ?taient ?carquill?s. ?a aussi, ?a semblait impossible. C’?tait juste ce qui s’?tait pass? avant. Une autre fille avait ?t? attach?e exactement de la m?me mani?re lors de cette derni?re rencontre. Cela aussi, on l’avait gard? secret. Pourtant, l’homme qui approchait maintenant de Jessie semblait tout savoir dans les moindres d?tails. Quand il se retrouva ? seulement un m?tre ou d’eux d’elle, elle vit finalement son visage et eut le souffle coup?. C’?tait son p?re. C’?tait incompr?hensible. Elle l’avait tu? elle-m?me lors d’un combat brutal. Elle se souvenait qu’elle lui avait ?cras? le cr?ne entre les jambes. Est-ce que cela avait ?t? un imposteur ? Avait-il surv?cu d’une fa?on ou d’une autre ? Quand il leva le couteau et se pr?para ? le plonger en elle, la question perdit de son importance. Elle essaya de trouver un meilleur ?quilibre pour pouvoir bondir et le repousser d’un coup de pieds mais, m?me quand elle s’?tirait le plus possible, ses pieds ne touchaient pas le sol. Son p?re la regarda avec une expression de piti? amus?e. — Croyais-tu que j’allais refaire cette erreur, petite ch?rie ? demanda-t-il. Alors, sans dire un autre mot, il abattit le couteau en visant directement le c?ur de Jessie. Elle ferma les yeux aussi fort que possible en se pr?parant au coup fatal. * Jessie eut le souffle coup? quand elle ressentit un vif ?lancement, pas ? la poitrine mais dans le dos. Jessie ouvrit les yeux, qu’elle avait serr?s tr?s fort, puis d?couvrit qu’elle n’?tait pas du tout dans une grotte marine mais dans son propre lit tremp? de sueur, dans son appartement du centre-ville de Los Angeles. D’une fa?on ou d’une autre, elle s’?tait redress?e. Elle jeta un coup d’?il ? la pendule et vit qu’il ?tait 2 h 51 du matin. Si elle avait mal au dos, ce n’?tait pas parce qu’on l’y avait r?cemment frapp?e avec un couteau, mais plut?t ? cause de l’intensit? de sa derni?re s?ance de kin?sith?rapie, qu’elle avait eue la veille. Cela dit, ? l’origine, sa douleur persistante avait eu pour cause l’agression r?ellement perp?tr?e par son p?re huit semaines auparavant. Il lui avait taillad? la chair en allant de juste au-dessous de son omoplate droite jusqu’aux alentours de son rein en tranchant muscles et tendons. L’op?ration chirurgicale qui avait suivi avait n?cessit? trente-sept points de suture. Elle quitta son lit avec pr?caution et alla dans la salle de bains, o? elle regarda dans le miroir et passa ses blessures en revue. Ses yeux pass?rent tr?s vite sur la cicatrice qu’elle avait au c?t? gauche de l’abdomen, cadeau permanent de son ex-mari et d’un tisonnier. Elle remarqua tout aussi peu la cicatrice que son p?re lui avait inflig?e avec son couteau alors qu’elle ?tait encore enfant. En fait, elle se concentra sur les blessures multiples qu’elle avait re?ues lors de son combat ? mort avec son p?re. Il l’avait taillad?e plusieurs fois, surtout autour des jambes, laissant des cicatrices qui ne partiraient jamais et ? cause desquelles elle pourrait difficilement porter un maillot de bain sans qu’on la regarde d’un air choqu?. Le coup le plus violent avait ?t? port? sur sa cuisse droite, o? il l’avait poignard?e en tentant finalement, mais sans succ?s, de se d?gager des genoux qui ?taient en train de lui ?craser les tempes. Jessie ne boitait plus, mais elle ressentait encore un inconfort l?ger ? chaque fois qu’elle appuyait sur la jambe, c’est-?-dire ? chaque pas. Le kin?sith?rapeute disait qu’il y avait des l?sions nerveuses et que, m?me si la douleur allait diminuer au cours des quelques mois suivants, il ?tait probable qu’elle ne dispara?trait jamais compl?tement. Malgr? cela, on lui avait permis de retourner travailler comme profileuse criminelle pour la police de Los Angeles. Elle ?tait suppos?e reprendre le travail le lendemain, ce qui expliquait peut-?tre la vivacit? extr?me de son cauchemar. Elle en avait connu des quantit?s d’autres, mais celui-l? ?tait gratin?. Elle attacha ses cheveux marron mi-longs en queue de cheval et, de ses yeux verts p?n?trants, contempla son propre visage. Jusqu’? pr?sent, il ?tait sans cicatrices et, d’apr?s ce qu’on lui avait dit, il ?tait encore tr?s beau. Comme elle mesurait un m?tre soixante-dix-sept et n’avait pas de rondeurs, on l’avait souvent prise pour un mannequin sportif, m?me si elle savait qu’elle aurait peu de chances de poser pour des photos de lingerie dans un avenir proche. Cependant, pour une femme qui allait avoir trente ans et qui avait connu autant de p?rip?ties qu’elle, elle trouvait qu’elle se d?brouillait tr?s bien. Elle se rendit dans la cuisine, se versa un verre d’eau et s’assit ? sa table de petit-d?jeuner, r?sign?e ? l’id?e qu’elle n’allait pas dormir beaucoup plus longtemps cette nuit-l?. Elle avait l’habitude de passer des nuits blanches, car, apr?s tout, elle avait ?t? pourchass?e par deux tueurs en s?rie. Toutefois, maintenant, l’un d’eux ?tait mort et l’autre avait apparemment d?cid? de la laisser vivre. Donc, th?oriquement, elle aurait vraiment d? pouvoir se remettre, mais cela ne semblait pas fonctionner comme ?a. C’?tait en partie d? au fait qu’elle ne pouvait pas ?tre certaine ? cent pour cent que l’autre tueur en s?rie qui s’?tait int?ress? ? elle, Bolton Crutchfield, ait vraiment d?finitivement disparu. Tout semblait indiquer que oui. Personne ne l’avait vu ou n’avait entendu parler de lui depuis la derni?re fois o? elle l’avait vu, huit semaines auparavant. Aucune piste n’avait ?merg?. Chose plus importante, elle savait qu’il l’appr?ciait sans avoir envie de l’assassiner. Au cours des nombreuses entrevues qu’elle avait eues avec lui dans sa cellule avant qu’il ne s’?vade, elle avait cr?? un lien. En fait, il l’avait avertie de la menace que constituait son propre p?re ? deux occasions et s’?tait ainsi attir? la d?faveur de celui qui avait autrefois ?t? son mentor. Il semblait avoir oubli? Jessie. Donc, pourquoi n’arrivait-elle pas ? tourner la page ? Pourquoi ne se permettait-elle pas de passer une nuit ? bien dormir ? C’?tait probablement et partiellement d? au fait qu’elle ?tait incapable de tourner la page sur quoi que ce soit. De plus, elle souffrait encore de quelques inconforts physiques. Enfin, c’?tait aussi presque certainement d? au fait qu’elle allait reprendre le travail dans environ cinq heures et probablement travailler ? nouveau avec l’inspecteur Ryan Hernandez, pour lequel elle ressentait des choses qui ?taient, pour le dire gentiment, compliqu?es. Avec un soupir de r?signation, Jessie passa officiellement de l’eau au caf?. En attendant qu’il soit pr?t, elle erra dans son appartement, son troisi?me dans les deux derniers mois, et s’assura que toutes les portes et toutes les fen?tres soient verrouill?es. C’?tait cens? ?tre sa nouvelle adresse semi-permanente et elle en ?tait tr?s satisfaite. Apr?s ?tre pass?e d’un emplacement st?rile approuv? par les U.S. Marshals ? un autre, elle avait finalement re?u la permission de participer au choix de l’endroit o? elle allait habiter de fa?on permanente. Le Service l’avait aid?e ? trouver l’endroit et avait garanti sa s?curit?. L’appartement faisait partie d’un immeuble de vingt ?tages situ? ? seulement quelques p?t?s de maisons du dernier v?ritable appartement qu’elle avait occup? dans le quartier ? la mode du centre-ville de Los Angeles. Le b?timent avait sa propre ?quipe de s?curit? compl?te, pas juste un vigile unique dans le hall. Il y avait toujours trois vigiles en fonction. L’un d’eux patrouillait dans le garage pendant qu’un autre inspectait r?guli?rement tous les ?tages. Le garage ?tait s?curis? par une porte surveill?e par un vigile 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les vigiles qui se relayaient ? ce poste ?taient tous des policiers ? la retraite. Un d?tecteur de m?taux ?tait int?gr? ? l’entr?e r?serv?e aux non-r?sidents du b?timent. Tous les ascenseurs et les appartements avaient un acc?s double par cl? et par empreinte digitale. Tous les ?tages de l’immeuble, dont la laverie, la salle de gym et la piscine locales, avaient plusieurs cam?ras de s?curit?. Tous les appartements avaient des boutons d’alerte et un acc?s direct au bureau de s?curit? par interphone. Or, ce n’?taient l? que les services fournis par l’immeuble. En plus, Jessie avait son arme de service et les mesures de s?curit? suppl?mentaires que les marshals l’avaient aid?e ? installer ? l’int?rieur de l’appartement. Ces mesures comprenaient du verre incassable et ? l’?preuve des balles pour les fen?tres et la porte coulissante du patio, une porte de devant ? double ?paisseur qui ne pouvait ?tre d?fonc?e que par un b?lier professionnel de policier et des cam?ras int?rieures ? d?tecteur de mouvement et de chaleur que Jessie pouvait allumer ou ?teindre ? l’aide de son t?l?phone. Finalement, il y avait une derni?re pr?caution, la pr?f?r?e de Jessie. Elle habitait au treizi?me ?tage, alors que, comme dans beaucoup d’immeubles, il ?tait suppos? ne pas exister. Il n’y avait pas de bouton num?ro treize dans l’ascenseur. L’ascenseur de service pouvait mener ? cet ?tage, mais il fallait qu’un vigile accompagne tous ceux qui le prenaient. Pour acc?der au treizi?me ?tage en circonstances normales, il fallait sortir au douzi?me ou au quatorzi?me et ouvrir une porte d’apparence quelconque du hall principal qui portait l’inscription « Salle du panneau de service ». En fait, cette porte menait vraiment ? une petite pi?ce qui contenait le panneau de service. Cependant, au fond de la pi?ce, il y avait une autre porte qui portait l’inscription « Rangement » et que l’on ne pouvait ouvrir qu’avec une cl? sp?ciale. Cette porte menait ? un escalier qui permettait d’acc?der au treizi?me ?tage, qui contenait huit appartements, tout comme les autres ?tages. Cependant, chacun de ces appartements ?tait occup? par une personne qui accordait visiblement beaucoup d’importance ? la confidentialit?, ? la s?curit? ou aux deux. Au cours de la semaine que Jessie avait pass?e l?, dans les couloirs, elle avait rencontr? une actrice de t?l?vision c?l?bre, un avocat lanceur d’alertes ? profil ?lev? et un animateur de talk-show radio controvers?. Jessie avait gagn? beaucoup d’argent lors de son divorce et le co?t n’?tait pas un souci pour elle. De plus, gr?ce ? quelques r?ductions maison que la police de Los Angeles et du marshal Service lui avaient obtenues, ces services n’?taient pas aussi chers qu’elle l’aurait cru. De toute fa?on, pour ?tre tranquille, cela en valait la peine. Certes, elle avait aussi cru que son dernier appartement avait ?t? sans danger. Sa cafeti?re fit bip et elle alla se verser une tasse. Alors qu’elle la pr?parait en y ajoutant de la cr?me et du sucre, elle se demanda si la police avait pris des mesures sp?ciales pour prot?ger Hannah Dorsey. Hannah ?tait la fille de dix-sept ans qui avait ?t? attach?e et b?illonn?e par Xander Thurman et forc?e de le regarder assassiner ses parents et essayer de tuer Jessie. Jessie pensait souvent ? Hannah, en partie parce qu’elle se demandait si cette fille tenait bon dans sa famille d’adoption apr?s avoir subi un tel traumatisme. Jessie avait subi quelque chose de semblable pendant son enfance, mais elle avait ?t? beaucoup plus jeune : elle n’avait eu que six ans. Xander l’avait attach?e dans une cabane isol?e et forc?e ? le regarder torturer et tuer la m?re de Jessie, sa propre ?pouse. Cette exp?rience avait laiss? des s?quelles permanentes et elle ?tait s?re qu’il devait en ?tre de m?me pour Hannah. Bien s?r, ce que cette fille ne savait pas, ce qu’elle avait la chance ?norme d’ignorer, c’?tait que Xander ?tait aussi son p?re, ce qui signifiait qu’elle ?tait la demi-s?ur de Jessie. Selon les autorit?s, Hannah savait qu’elle ?tait adopt?e mais ne connaissait pas l’identit? de ses parents biologiques. De plus, comme on avait interdit ? Jessie de la rencontrer suite ? l’?preuve qu’elles avaient partag?e, Hannah ne savait pas qu’elles ?taient de la m?me famille. Jessie avait eu beau demander la permission de parler ? Hannah et promettre de ne pas lui r?v?ler ce qui les unissait, toutes les personnes qui avaient autorit? dans ce domaine avaient ?t? d’accord pour dire que Jessie ne devait pas revoir Hannah avant que les m?decins soient certains que Hannah pourrait le supporter. Sur un plan purement intellectuel, Jessie comprenait cette d?cision et allait m?me jusqu’? l’approuver. Cependant, ? un niveau plus profond, elle avait tr?s envie de parler ? Hannah. Elles avaient tant de choses en commun. Leur p?re ?tait un monstre. Leurs m?res ?taient des myst?res. Hannah n’avait jamais rencontr? la sienne et Jessie ne se souvenait de la sienne que vaguement. Or, tout comme Xander avait tu? les parents adoptifs de Hannah, il avait tu? ceux de Jessie. Malgr? tout cela, elles n’?taient pas seules. Elles avaient chacune une liaison familiale susceptible d’offrir de la consolation et un espoir de gu?rison. Elles avaient chacune une s?ur, chose que Jessie n’aurait jamais imagin?e possible. Elle avait tr?s envie d’entrer en contact avec Hannah et de cr?er un lien avec le seul autre membre de sa lign?e qui ait surv?cu. Et pourtant, alors m?me qu’elle d?sirait communiquer avec cette fille, Jessie ne pouvait s’emp?cher de s’interroger. Si cette fille faisait ma connaissance, est-ce qu’elle en retirerait plus de mal que de bien ? CHAPITRE DEUX L’homme r?dait dans le hall ext?rieur de l’immeuble d’appartements en regardant par-dessus son ?paule toutes les quelques secondes. C’?tait t?t le matin et un homme comme lui, aussi ?pais qu’un tank, afro-am?ricain et affubl? d’un sweat ? capuche, avait tendance ? attirer l’attention. Il ?tait au huiti?me ?tage, juste devant l’appartement de la femme qui, savait-il, habitait l?. Il savait aussi ? quoi ressemblait sa voiture et, comme il l’avait vue dans le garage du dessous, il en d?duisait qu’elle devait ?tre chez elle. Par pr?caution, l’homme frappa doucement ? la porte de devant. Il n’?tait m?me pas sept heures du matin et il ne voulait pas que des voisins t?t lev?s l’observent avec curiosit?. Il faisait froid dehors, ce matin, et l’homme ne voulait pas enlever sa capuche. Cependant, craignant de trop attirer l’attention, il baissa la capuche, exposant sa peau ? la morsure du vent. Quand personne ne r?pondit, il essaya sans y croire d’ouvrir la porte. Il ?tait s?r qu’elle devait ?tre verrouill?e et elle l’?tait. Il alla ? la fen?tre d’?-c?t?. Il voyait qu’elle ?tait l?g?rement ouverte. Il se demanda s’il fallait vraiment qu’il insiste. Apr?s un moment d’h?sitation, il se d?cida, remonta brusquement la fen?tre et entra ainsi dans l’appartement. Il savait que, si quelqu’un le voyait, il appellerait la police, mais il avait d?cid? que le risque en valait la peine. Quand il se retrouva ? l’int?rieur, il essaya de se rendre discr?tement dans la chambre. Toutes les lumi?res ?taient ?teintes et il y avait une odeur ?trange qu’il n’arrivait pas ? identifier. Quand il s’enfon?a dans l’appartement, il eut un frisson sans aucun rapport avec le temps qu’il faisait. Il atteignit la porte de la chambre, tourna doucement la poign?e et regarda ? l’int?rieur. Sur le lit, il y avait la femme qu’il s’?tait attendu ? voir. Elle semblait ?tre en train de dormir, mais il y avait quelque chose de bizarre. M?me dans la faiblesse de la lumi?re matinale, sa peau avait l’air ?trangement p?le. De plus, elle ne semblait pas bouger du tout. Sa poitrine ne montait ni ne descendait. Elle n’effectuait pas le moindre mouvement. Il entra dans la chambre et avan?a jusqu’au lit. ? pr?sent, l’odeur ?tait accablante, une puanteur qui sentait la putr?faction et qui le faisait pleurer en lui donnant mal ? l’estomac. Il voulait tendre le bras et la toucher, mais il ne pouvait pas s’y r?soudre. Il voulait dire quelque chose, mais il ne trouvait pas les mots. Finalement, il se d?tourna et sortit de la chambre. Il sortit son t?l?phone et composa le seul num?ro qui lui vint en t?te. Apr?s plusieurs sonneries, le t?l?phone diffusa une voix enregistr?e. Il appuya sur plusieurs boutons et repartit dans le salon de l’appartement en attendant une r?ponse. Finalement, une voix se fit entendre. — 911. Quelle est votre urgence ? — Euh, je m’appelle Vin Stacey. Je crois que mon amie est morte. Elle s’appelle Taylor Jansen. Je suis venu ? son appartement parce que cela faisait plusieurs jours que je n’arrivais pas ? la contacter. Elle est allong?e dans son lit, mais elle ne bouge pas et elle … n’a pas l’air normale. Et puis, il y a une odeur. Ce fut ? ce moment que la r?alit? de la situation le frappa. Taylor, femme vivace et enthousiaste, gisait morte ? moins de neuf m?tres de lui. Il se pencha et vomit. * Assise ? l’arri?re, Jessie esp?rait que c’?tait la derni?re fois. Le v?hicule des U.S. Marshals entra dans le parking du Poste Central de la police de Los Angeles et se gara dans une place r?serv?e aux visiteurs. ? cet endroit-l?, le patron de Jessie, le capitaine Roy Decker, l’attendait. Il n’avait pas l’air tr?s diff?rent de la derni?re fois o? elle l’avait vu. Il avait presque soixante ans, mais il avait l’air beaucoup plus ?g?. Il ?tait grand et maigre, quasiment chauve, avait le visage tr?s rid?, le nez pointu et de petits yeux p?n?trants. Il parlait ? un agent en uniforme mais, visiblement, il ?tait venu rencontrer Jessie. — Ouah, dit-elle d’un ton sarcastique aux marshals assis ? l’avant, j’ai l’impression d’?tre une femme du dix-huiti?me si?cle que son p?re remet formellement ? son mari. Le marshal assis sur le si?ge du passager la regarda d’un air renfrogn?. Il s’appelait Patrick Murphy, m?me si tout le monde l’appelait Murph. Petit et svelte, avec des cheveux marron coup?s tr?s court, il donnait l’impression d’?tre un homme terre ? terre, m?me si cela s’av?rait ?tre un peu une pose. — Dans ce sc?nario, il faudrait un mari qui voudrait de toi, chose que je trouve fort peu cr?dible, dit l’homme qui avait organis? une grande partie de la protection de Jessie pendant qu’elle avait essay? d’?chapper ? plusieurs tueurs en s?rie. Seule une trace tr?s l?g?re de sourire aux coins de sa bouche sugg?rait qu’il plaisantait. — Comme toujours, tu es un prince parmi les hommes, Murph, dit Jessie avec une fausse politesse. Je ne sais pas comment je vais pouvoir me d?brouiller sans le soutien permanent de ton charme. — Moi non plus, marmonna-t-il. — Ou sans votre sens exceptionnel de la conversation, marshal Toomey, dit-elle au chauffeur, un homme ?norme ? la t?te ras?e et au visage sans expression. Toomey, qui ne prenait que rarement la parole, hocha la t?te en silence. Le capitaine Decker, qui avait fini de parler ? l’agent, regarda Jessie et les deux autres avec impatience, attendant qu’ils sortent de la voiture. — J’imagine que c’est fini, dit Jessie en ouvrant la porti?re et en sortant avec plus d’?nergie qu’elle n’en ressentait. Comment allez-vous, capitaine ? — Je vais avoir plus de probl?mes aujourd’hui qu’hier, maintenant que je dois ? nouveau vous g?rer, dit-il. — Je vous jure, capitaine, que Murph ici pr?sent a r?cup?r? une dot importante pour moi. Je promets de ne pas ?tre un fardeau et de toujours payer ma nourriture. — Quoi ? demanda-t-il, perplexe. — Oh, papa, dit-elle en se retournant vers Murph, faut-il que je quitte la ferme ? Vous allez terriblement me manquer, toi et maman. — Qu’est-ce qui se passe, bon sang ? demanda Decker d’un ton autoritaire. Murph se for?a ? afficher un masque de s?rieux et se tourna vers le policier confus qui s’?tait approch? de la vitre c?t? passager. — Capitaine Decker, dit-il solennellement en lui tendant le porte-bloc avec une feuille de papier dessus, le devoir de protection du U.S. Marshal Service n’est plus n?cessaire. Par la pr?sente, je renonce officiellement ? la garde de Jessie Hunt et je la remets ? la Police de Los Angeles. — La garde ? r?p?ta Jessie avec irritation. Murph continua sans tenir compte d’elle. — Toutes les mesures de s?curit? suppl?mentaires sont maintenant ? la charge de votre d?partement. Vous le reconna?trez en signant ce document. Decker prit le porte-bloc et signa le papier sans le lire. Alors, il le rendit et regarda Jessie. — Bonne nouvelle, Hunt, dit-il de fa?on bourrue sans l’enthousiasme avec lequel on annon?ait habituellement les bonnes nouvelles. Les inspecteurs qui essaient de retrouver Bolton Crutchfield ont trouv? des vid?os d’un homme qui correspond ? sa description et qui a travers? la fronti?re mexicaine hier. Vous ?tes peut-?tre finalement d?barrass?e de ce gars. — A-t-il ?t? identifi? par reconnaissance faciale ? demanda-t-elle d’un air sceptique en renon?ant ? sa fausse voix pour la premi?re fois. — Non, admit-il. Il a gard? la t?te baiss?e pendant toute la travers?e du pont, mais il correspond presque parfaitement ? la description physique. En outre, le fait qu’il ait pris soin de ne jamais se laisser filmer nettement sugg?re qu’il savait ce qu’il faisait. — C’est effectivement une bonne nouvelle, dit-elle en d?cidant de ne pas en dire plus sur la question. Elle ?tait certes d’avis qu’elle n’?tait probablement plus dans le collimateur de Crutchfield, mais pas gr?ce ? une surveillance vid?o sommaire qui semblait beaucoup trop commode. Bien s?r, elle savait qu’elle ne pouvait pas dire ? Decker que la seule chose qui la rassurait vraiment ?tait le faible que le tueur ?tait suppos? avoir pour elle. — Vous ?tes pr?te ? retourner au travail ? demanda-t-il, convaincu d’avoir r?solu toutes les inqui?tudes qu’elle aurait pu encore avoir. — Dans juste une minute, capitaine, dit-elle. J’ai juste besoin de dire rapidement un mot aux marshals. — Faites-le vite, dit Decker en s’?loignant de plusieurs pas. Une longue journ?e au bureau vous attend. — Oui, monsieur, dit-elle avant de se pencher vers la vitre du conducteur. — Je crois que c’est toi qui me manqueras le plus, l’?pouvantail, dit-elle ? Toomey. Toomey avait ?t? son premier marshal pendant les deux derniers mois. Il r?pondit ? Jessie d’un hochement de t?te. Apparemment, aucun mot n’?tait n?cessaire. Alors, elle passa c?t? passager et regarda Murphy d’un air coupable. — S?rieusement, je voulais juste dire que j’ai ?norm?ment appr?ci? tout ce que tu as fait pour moi. Tu as mis ta vie en danger pour me prot?ger et je ne l’oublierai jamais. Murphy marchait encore avec des b?quilles, mais on lui avait retir? ses pl?tres aux jambes la semaine derni?re pour les remplacer par des bottes souples. C’?tait ? peu pr?s ? la m?me p?riode qu’on lui avait permis d’enlever l’?charpe qu’il avait port?e au bras. S’il avait eu toutes ces blessures, c’?tait parce qu’il avait ?t? frapp? par la voiture que Xander Thurman avait conduite quand il leur avait tendu une embuscade dans une ruelle, ? lui et ? Jessie. Il lui avait cass? les deux jambes et la clavicule. Donc, officiellement, il lui restait quatre mois de cong?. Ce matin, il ?tait seulement venu dire au revoir ? Jessie. — Ne commence pas ? me pleurer dessus, protesta-t-il. Nous avons bien rod? cette attitude « alli?s r?ticents mais coriaces ». Tu vas tout g?cher. — Comment va la famille d’Emerson ? demanda-t-elle doucement. Troy Emerson ?tait le marshal que son p?re avait abattu ? la t?te par cette terrible soir?e. Jessie n’avait connu son pr?nom qu’apr?s sa mort et n’avait appris qu’? ce moment-l? qu’il ?tait mari? depuis peu et qu’il avait un fils de quatre mois. Elle n’avait pas pu aller ? l’enterrement ? cause de ses blessures, mais elle avait pris contact par la suite avec la veuve d’Emerson, qui ne lui avait pas r?pondu. — Kelly se remet, lui assura Murph. Elle a re?u ton message. Je sais qu’elle veut te r?pondre, mais il lui faut juste plus de temps. — Je comprends. Honn?tement, si elle ne voulait jamais me parler, je comprendrais. — H?, ne culpabilise pas, r?pondit-il presque avec col?re. Ce n’est pas de ta faute si ton p?re ?tait psychopathe. Quant ? Troy, quand il a accept? ce travail, il en connaissait les risques, comme nous tous. Tu peux comprendre sa femme, mais ne te sens pas coupable. Jessie hocha la t?te sans arriver ? trouver de r?ponse ad?quate. — Je te serrerais bien dans mes bras, dit Murph, mais ?a me ferait grimacer et pas pour des raisons ?motionnelles. Donc, disons qu’on l’a fait, OK ? — Si vous le dites, marshal Murphy, dit-elle. — Ne sois pas formelle avec moi, maintenant, insista-t-il en se repla?ant d?licatement dans le si?ge passager de la voiture. Tu peux encore m’appeler Murph. Moi, je ne vais pas arr?ter de t’appeler par ton surnom. — Quel surnom ? demanda-t-elle. — L’emmerdeuse. Jessie ne put s’emp?cher de rire. — Au revoir, Murph, dit-elle. Embrasse Toomey pour moi. — Je le ferais m?me sans qu’on me le demande, cria-t-il quand Toomey appuya sur l’acc?l?rateur en faisant crisser les pneus sur le b?ton du garage. Jessie se retourna et vit Decker qui la regardait avec impatience. — Vous avez fini ? demanda-t-il s?chement. Ou alors, devrais-je regarder N’oublie Jamais pendant que vous vous vautrez tous dans vos ?motions ? — Je suis contente d’?tre de retour, capitaine, dit-elle avec un soupir. Il commen?a ? entrer dans le b?timent et fit signe ? Jessie de le suivre. Elle acc?l?ra le pas sans tenir compte de son ?lancement ? la jambe. Alors qu’elle le rattrapait, il lui expliqua ce qu’il avait pr?vu pour elle. — Ne vous attendez pas ? aller sur le terrain pendant un certain temps, dit-il de fa?on bourrue. Quand j’ai parl? de vous placer ? un bureau, je l’ai dit s?rieusement. Vous manquez de pratique et je vois que vous tentez d?sesp?r?ment de ne pas boiter avec cette jambe droite quand vous marchez. Tant que je ne consid?rerai pas que vous avez retrouv? votre forme, vous devrez vous habituer aux lumi?res fluorescentes de la grande salle. — Vous ne croyez pas que je reprendrais plus rapidement le rythme si je m’y replongeais directement ? demanda Jessie. Elle essayait de ne pas donner l’impression de le supplier, mais il fallait qu’elle fasse deux fois plus de pas que lui pour arriver ? le suivre dans le hall. — Amusant. C’est presque exactement ce que votre ami Hernandez a dit quand il est revenu la semaine derni?re. Je l’ai mis ? un bureau, lui aussi, et devinez quoi ? Il y est encore. — Je ne savais pas qu’Hernandez ?tait de retour, dit-elle. — Je croyais que vous ?tiez tr?s proches, vous deux, dit-il quand ils pass?rent le coin. Jessie lui jeta un coup d’?il en coin, essayant de d?terminer si son patron sugg?rait quelque chose, mais il paraissait sinc?re. — Nous sommes amis, reconnut-elle, mais je crois que, avec les blessures qu’il a eues et son divorce, il voulait rester seul quelque temps. — Vraiment ? dit Decker. On n’aurait pas dit ?a. Jessie ne sut pas comment interpr?ter cette remarque, mais elle n’eut pas le temps de lui poser de question ? ce sujet, car ils arriv?rent dans la grande salle du poste, une vaste pi?ce remplie d’un amas de bureaux pouss?s les uns contre les autres, tous occup?s par divers inspecteurs repr?sentant diff?rentes divisions de la Police de Los Angeles. ? l’autre bout de la grande salle, avec les autres inspecteurs de la Section Sp?ciale Homicide, il y avait Ryan Hernandez. Pour un homme qui avait re?u deux coups de couteau de la part du p?re de Jessie seulement deux mois auparavant (ces temps-ci, elle avait l’impression que tous les bless?s de sa connaissance l’avaient ?t? par son p?re), Hernandez avait l’air de bien se porter. Son avant-bras gauche n’?tait m?me plus band?. Son autre blessure avait ?t? au c?t? gauche de l’abdomen. Cependant, comme il ?tait debout et qu’il riait, Jessie supposa que cette blessure ne pouvait pas le faire souffrir tant que ?a. Quand Decker l’emmena le retrouver, elle se rendit compte qu’elle ?tait vex?e qu’Hernandez soit en train de plaisanter et cela la pr?occupa. Elle aurait d? ?tre heureuse qu’il ne soit pas en d?pression apr?s avoir vu s’effondrer son couple et avoir fr?l? la mort. Cependant, s’il se portait si bien, pourquoi ne l’avait-il contact?e que deux fois et pour la forme au cours des deux derniers mois ? Elle avait fait beaucoup plus d’efforts pour prendre de ses nouvelles et n’avait obtenu de r?ponse que rarement. Elle avait suppos? que c’?tait parce qu’il avait du mal ? se remettre et lui avait laiss? le temps. Cependant, vu l’air d?contract? qu’il avait maintenant, tout semblait aller admirablement bien. — C’est un plaisir de voir que la Section Sp?ciale Homicide est en une telle forme ce beau matin, beugla Decker. Par son attitude, il fit sursauter les cinq hommes et la seule femme qui composaient la division en question. Quant ? l’inspecteur Alan Trembley, qui avait l’air aussi d?sempar? que d’habitude, il laissa m?me tomber son bagel. La Section Sp?ciale Homicide ?tait une division qui traitait les affaires ? profil ?lev?, qui ?taient souvent suivies de pr?s par les m?dias, notamment des quantit?s d’homicides ? plusieurs victimes et avec des tueurs en s?rie. C’?tait une division prestigieuse et Hernandez ?tait consid?r? comme ?tant le meilleur des meilleurs. — Regardez qui revient, dit avec enthousiasme l’inspecteur Callum Reid. Je ne savais pas que tu revenais aujourd’hui. ?a fait enfin un peu de classe dans cette bo?te. — Tu sais, dit Jessie en d?cidant de suivre l’ambiance du groupe, tu pourrais avoir de la classe toi aussi, Reid, si tu arr?tais de p?ter toutes les dix secondes. Ce n’est pas si dur. Tout le monde ?clata de rire. — C’est dr?le parce que c’est vrai, dit joyeusement Trembley. Ses m?ches blondes non coiff?es bondissaient quand il riait. Il releva ses lunettes, qui lui glissaient tout le temps sur le nez. — Comment te sens-tu, Jessie ? dit Hernandez quand le bruit se calma. — Je me d?brouille, r?pondit-elle en essayant de ne pas avoir l’air froide. Toi, on dirait que tu te remets bien. — ?a vient, dit-il. J’ai encore quelques douleurs. Cependant, comme je le dis tout le temps au capitaine ici pr?sent, s’ils me laissaient repartir sur le terrain, je pourrais vraiment faire la diff?rence. J’en ai assez de rester en touche toute la journ?e, monsieur l’arbitre. — J’entends ?a tout le temps, Hernandez, dit Decker d’un ton bougon, visiblement lass? par les m?taphores d’?quipe de sport. Hunt, je vais vous donner quelques minutes pour vous r?habituer. Apr?s, nous examinerons vos cas. J’ai un tas de dossiers d’homicides non r?solus qui auraient besoin d’un regard neuf. La perspective d’une profileuse fera peut-?tre avancer les choses. Vous autres, dans cinq minutes, vous viendrez me dire o? vous en ?tes de vos affaires dans mon bureau. On dirait que vous avez le temps de le faire. Il se dirigea vers son bureau en grommelant tout seul. Les autres membres de l’?quipe r?cup?r?rent leurs dossiers et Hernandez se laissa tomber sur une chaise en face de Jessie. — Tu n’as rien ? signaler au chef ? demanda-t-elle. — Je n’ai pas encore d’affaires personnelles. Pour l’instant, j’assiste ces gens-l? sur tout. Maintenant que tu es revenue, nous allons peut-?tre pouvoir demander ? l’arbitre Decker de nous envoyer sur le terrain. ? nous deux, on fait presque une personne enti?rement saine. — Je suis contente que tu sois de si bonne humeur, dit Jessie en essayant d?sesp?r?ment de se retenir d’en dire plus mais sans succ?s. J’aurais aim? que tu me dises que tu te portais bien plus t?t que ?a. Si je ne t’ai pas rappel?, c’est parce que j’ai suppos? que tu avais des probl?mes. Le sourire d’Hernandez disparut quand il comprit ce qu’elle disait. Il sembla prendre le temps de pr?parer sa r?ponse. En l’attendant et malgr? son m?contentement, Jessie ne put s’emp?cher d’admettre que ce gars s’?tait tr?s bien remis d’une blessure grave et d’un divorce. Il avait l’air de bien se porter. Pas un seul de ses cheveux noirs courts n’?tait ? la mauvaise place. Ses yeux marron ?taient clairs et attentifs et, d’une fa?on ou d’une autre, malgr? ses blessures, il avait r?ussi ? rester en forme. M?me s’il avait peut-?tre perdu deux kilos sur ses quatre-vingt-dix kilos habituels, il mesurait encore un m?tre quatre-vingt-deux et sa perte de poids devait ?tre due ? quelques difficult?s pour manger suite ? l’ouverture de son estomac par le couteau de son agresseur. Cependant, ? trente-et-un ans, il avait encore l’apparence tonifi?e d’un homme qui faisait souvent de la musculation. — Ouais, ce n’est pas faux, commen?a-t-il ? dire en revenant brusquement au moment pr?sent. J’aurais voulu t’appeler, mais il y a eu des probl?mes et je ne savais pas comment en parler. — Quelle sorte de probl?mes ? demanda-t-elle nerveusement. Elle n’aimait pas la tournure que prenait la conversation. Hernandez baissa les yeux comme pour chercher comment aborder un sujet visiblement sensible. Au bout de cinq secondes compl?tes de r?flexion, il releva les yeux vers Jessie. Juste au moment o? il ouvrait la bouche, Decker jaillit de son bureau. — On a une fusillade par un gang ? Westlake North, cria-t-il. La sc?ne est encore active. On a d?j? quatre morts et un nombre inconnu de bless?s. J’ai besoin que le SWAT, la SSH et les sp?cialistes anti-gang se mettent en route maintenant. Tout le monde sur le pont ! CHAPITRE TROIS Imm?diatement, tout le monde commen?a ? s’agiter dans la grande salle. Beaucoup d’agents se dirig?rent vers le centre tactique des ?quipements, o? ils prirent des armes plus lourdes et des gilets pare-balles. Jessie et Hernandez se regard?rent l’un l’autre, ne sachant que faire. Hernandez commen?a ? se lever de son si?ge, mais Decker le lui interdit. — N’y pensez m?me pas, Hernandez. Vous n’approcherez pas de ce carnage. Hernandez se laissa retomber sur sa chaise. Jessie et lui contempl?rent ce qui se passait dans le poste avec un int?r?t jaloux. Au bout de quelques minutes, les choses se calm?rent et le personnel restant repartit au travail. Seulement quelques moments auparavant, la grande salle, remplie d’une bonne cinquantaine personnes, avait fourmill? d’activit?, alors que maintenant, c’?tait une ville fant?me. En comptant Jessie et Hernandez, il restait moins de dix personnes. Soudain, Jessie entendit un bruit sourd mais fort. Quand elle se retourna, elle vit que le capitaine Decker venait de poser une demi-douzaine de dossiers ?pais sur son bureau. — Voici les affaires que je veux que vous examiniez, dit-il. J’avais esp?r? que je pourrais les ?tudier avec vous mais, visiblement, je vais ?tre occup? pendant les quelques heures qui vont suivre. — Pas de nouvelles sur la fusillade ? lui demanda-t-elle. — La fusillade s’est arr?t?e. Quand nos voitures sont arriv?es, ils se sont tous ?parpill?s. Nous en sommes ? six morts, tous de gangs rivaux. Il y a une autre douzaine de bless?s. Nous avons environ trente agents et une douzaine d’inspecteurs qui interrogent les gens du coin, sans m?me compter le SWAT. — Et moi ? demanda Hernandez. Comment puis-je contribuer, capitaine ? — Vous pouvez travailler sur les affaires de vos coll?gues jusqu’? leur retour. Je suis s?r qu’ils vous en remercieront chaleureusement. Bon, il faut que je retourne m’occuper de cette affaire de gang. Il repartit en h?te dans son bureau, laissant Hernandez et Jessie seuls avec des piles de paperasse. — Je crois qu’il fait expr?s d’?tre vache, marmonna Hernandez. — Voulais-tu finir ce que tu disais avant ? lui demanda Jessie en se demandant si elle insistait trop. — Pas maintenant, r?pondit-il d’une voix qui avait perdu sa l?g?ret?. Peut-?tre plus tard, quand nous serons hors du bureau et que tout ne sera pas aussi … intense. Jessie signifia son accord d’un hochement de t?te, malgr? sa d?ception. Au lieu de bouder ou de rester ? le confronter de fa?on d?plaisante, elle tourna son attention vers les dossiers des affaires qui se trouvaient devant elle. Si je me concentre sur les d?tails de quelques meurtres, cela m’?claircira peut-?tre les id?es. Elle gloussa en silence de son propre humour noir et ouvrit le premier dossier. Cela fonctionna. Elle se plongea si profond?ment dans les d?tails des affaires que presque une heure passa sans qu’elle remarque le passage du temps. Ce ne fut que quand Hernandez lui tapota l’?paule qu’elle leva les yeux et se rendit compte qu’on ?tait au milieu de la matin?e. — Je crois que je nous ai peut-?tre trouv? une affaire, dit-il en tenant un morceau de papier d’un air provocateur. — Je croyais que nous n’?tions pas cens?s chercher de nouvelles affaires, r?pondit-elle. — C’est vrai, admit-il, mais il n’y a personne d’autre ici pour s’en occuper et je crois que c’est la sorte de chose que Decker pourrait nous permettre d’?tudier. Il tendit le papier. Avec moins de r?ticence qu’elle aurait probablement d? en ressentir, Jessie le prit. Elle ne tarda pas ? comprendre pourquoi ils allaient peut-?tre r?ussir ? convaincre Decker de leur attribuer cette affaire. Elle semblait assez simple. Une femme de trente ans avait ?t? retrouv?e morte dans son appartement de Hollywood. Le jeune homme qui avait signal? la d?couverte du corps avait d’abord ?t? d?tenu comme suspect quand un voisin avait signal? l’avoir vu entrer dans l’appartement par une fen?tre. Cependant, le jeune homme avait affirm? ?tre un coll?gue qui prenait des nouvelles de la d?funte apr?s deux jours sans nouvelles. Il n’y avait aucun signe ?vident de violence et la sc?ne donnait d’entr?e de jeu l’impression d’un suicide. — On dirait qu’ils ma?trisent tr?s bien la situation. Je ne vois pas ce que nous pourrions ajouter … — J’ai cru entendre un « mais », dit Hernandez en souriant. Alors que Jessie ne voulait pas lui donner cette satisfaction, elle se rendit compte qu’elle souriait l?g?rement, elle aussi. — Mais … il y a une r?f?rence ? des ecchymoses plus anciennes sur ses poignets et sur son cou, ce qui pourrait sugg?rer des maltraitances pass?es. Cela vaut probablement la peine de le v?rifier. De plus, selon son coll?gue, elle ?tait coach personnel dans un centre de culture physique haut de gamme, o? elle se sp?cialisait dans les clients ? profil ?lev?. Si certains trouvent que la Police de Los Angeles ne consacre pas assez de ressources ? l’affaire, ils risquent de faire un scandale. — Exactement, dit Hernandez, tout excit?. C’est notre ticket d’entr?e, Jessie. D’apr?s ce que je sais de Decker, il ne courra pas le risque de se mettre la populace ? dos s’il peut l’?viter. S’il assigne un inspecteur de la SSH et une profileuse criminelle c?l?bre ? l’affaire, cela coupera court aux critiques. De plus, cela semble tout ? fait id?al pour nous aider ? retourner sur le terrain. Il n’y a aucun signe de violence. Si c’est un meurtre, il s’agit probablement d’un empoisonnement ou de quelque chose de ce style. On dirait qu’il n’y a pas de coups de couteau dans cette affaire. — Il a fortement insist? pour que nous restions assis ? nos bureaux pendant un certain temps, lui rappela Jessie. — Je crois qu’il sera d’accord, insista Hernandez. De plus, il est tellement occup? par la fusillade du gang qu’il acceptera peut-?tre rien que pour se d?barrasser de nous. On peut au moins essayer. — J’irai avec toi, dit Jessie, mais je n’argumenterai pas. S’il coupe la t?te ? quelqu’un, ce sera ? toi. — Trouillarde, dit-il pour la taquiner. * Jessie dut admettre que Ryan Hernandez ?tait bon. Il lui suffit de prononcer les mots « clients riches », « Hollywood » et « probablement un suicide » avant que Decker ne les autorise ? enqu?ter sur l’affaire. Ces mots ? la mode avaient frapp? tous les points faibles de leur patron : sa peur de la mauvaise publicit? et son d?sir incessant de ne pas se mettre ? dos sa hi?rarchie et d’emp?cher l’inspecteur Hernandez de l’importuner en permanence. Sa seule r?gle ?tait simple. — Si cela commence ? ressembler ? un meurtre et si le coupable a utilis? une violence de quelque sorte, appelez pour me demander des renforts. Maintenant, alors que Hernandez les emmenait ? Hollywood, il avait presque l’air ?tourdi par l’excitation et cela se ressentait ? sa fa?on de conduire. — Pas trop vite, avertit-elle. Je ne veux pas avoir un accident avant d’?tre arriv?e sur la sc?ne du crime. Elle ne fit plus allusion ? leur discussion d’avant, d?cidant de le laisser en reparler quand il serait pr?t. Cela ne prit pas longtemps. Quand il fut moins excit? de se retrouver dans une voiture et en route vers une sc?ne de crime, il jeta un coup d’?il en direction de Jessie. — Bon, voil? ce qui se passe, commen?a-t-il ? dire ? un rythme beaucoup plus rapide qu’en temps normal. J’aurais d? t’appeler plus souvent apr?s toutes ces catastrophes. Je veux dire, d’abord, visiblement, je l’ai fait, mais tu ?tais gravement bless?e et pas tr?s bavarde, ce que je comprends compl?tement. — Vraiment ? demanda Jessie d’un air sceptique. — Bien s?r, dit-il en quittant l’autoroute gratuite 101 ? Vine Street. Tu as ?t? oblig?e de tuer ton propre p?re. M?me s’il ?tait psychopathe, il ?tait ton p?re, mais je ne savais pas comment aborder ce sujet avec toi. De plus, il y avait le fait que ton p?re psychopathe m’avait poignard?. Ce n’?tait pas ta faute, mais je craignais que tu ne t’imagines que je t’en voulais. Donc, je r?fl?chissais ? toutes ces choses pendant que mon estomac perdait r?guli?rement du sang, qu’on me donnait des antalgiques tr?s forts et que j’essayais de ne pas vomir tout ce que je mangeais. Ensuite, quand je me suis dit que j’?tais pr?t ? discuter de tout cela en adulte, ma femme m’a formellement envoy? mes papiers de divorce. Je savais que ?a allait se produire, mais j’ai souffert quand j’ai re?u ces papiers. Comme j’?tais encore ? l’h?pital, ?a m’a d?moli, en quelque sorte. Je suis tomb? dans un trou noir. Je ne voulais pas manger. Je ne voulais pas me r??duquer. Je ne voulais parler ? personne, alors que c’?tait exactement ce que j’aurais d? faire. — Si tu veux, je peux te recommander quelqu’un … commen?a ? proposer Jessie. — Merci, mais, en fait, j’ai d?j? quelqu’un, interrompit-il. Decker m’a finalement ordonn? de consulter, m’a dit que je risquais de ne jamais revenir du tout si je ne me prenais pas en main. Donc, je l’ai fait et ?a a aid?. Cependant, ? ce stade, environ six semaines avaient pass? depuis l’attaque et je trouvais bizarre de t’appeler soudain. De plus, pour ?tre honn?te, je n’?tais pas certain ? 100 % d’aller bien sur le plan psychologique et je ne voulais pas perdre les p?dales en te parlant s?rieusement pour la premi?re fois apr?s que nous avions failli mourir tous les deux. Donc, j’ai encore repouss? l’?ch?ance. Et puis, il y a l’autre chose. — Quelle autre chose ? — Tu sais, notre attitude « coll?gues amicaux mais aussi amis qui se sentent parfois mal ? l’aise parce qu’il y a peut-?tre quelque chose de plus » ? Je n’imagine rien, n’est-ce pas ? Jessie mit longtemps ? r?pondre, car r?pondre honn?tement ? cette d?claration ne pouvait que changer les choses. Cependant, Ryan avait tout dit et il aurait ?t? l?che de ne pas en faire autant. — Non, tu n’imagines rien. Il rit avec g?ne et cela lui donna une toux compl?te qui le fit pleurer. — ?a va ? demanda-t-elle. — Ouais, c’est juste que … j’avais peur de mentionner cette derni?re partie. Ils rest?rent assis en silence pendant une minute pendant que Ryan se faufilait dans la circulation de Sunset Boulevard en essayant de trouver une place pour se garer. — Donc, c’est comme ?a ? finit-elle par dire. — C’est comme ?a, confirma-t-il en se garant. — Tu sais, dit-elle doucement, tu es beaucoup moins cool que je l’avais cru au premier abord. — C’est seulement une fa?ade, dit-il en ne plaisantant qu’? moiti?. — ?a me pla?t, en fait. ?a te rend plus … accessible. — J’imagine que je te dois des remerciements. — Eh bien, on devrait probablement en parler un peu plus, r?pondit-elle. — Je crois que ce serait la chose la plus mature ? faire, acquies?a-t-il. Tu veux bien dire apr?s qu’on a examin? le corps l?-haut, n’est-ce pas ? — Oui, Ryan. Le corps en premier et la conversation embarrassante plus tard. CHAPITRE QUATRE C’?tait comme si une lumi?re s’?tait allum?e dans la t?te de Jessie. D?s qu’elle ferma la porti?re de la voiture et regarda le b?timent qui contenait actuellement une femme morte, son esprit s’?claira. Toute id?e de p?re tueur en s?rie, de demi-s?ur orpheline et d’opportunit?s semi-romantiques passa au second plan. Ryan et elle se tenaient sur le trottoir pr?s du coin de Sunset et de Vine et ils examinaient les alentours. C’?tait le c?ur de Hollywood et Jessie y ?tait venue beaucoup de fois, mais toujours pour aller ? un d?ner, ? un concert ou pour voir un film ou un spectacle. Elle n’avait jamais imagin? que, ? cet endroit, des gens ordinaires travaillaient, vivaient et, apparemment, mouraient. Pour la premi?re fois, elle remarqua que, parmi les tours de bureaux, les restaurants et les salles de cin?ma, beaucoup des immeubles ressemblaient aux b?timents polyvalents de son quartier, avec des magasins de d?tail au rez-de-chauss?e et des appartements ou des copropri?t?s au-dessus. Plus loin dans la rue, elle vit un immeuble d’appartements de dix ?tages avec un supermarch? Trader Joe au-dessous. De l’autre c?t? de la rue, il y avait une salle de gym Solstice Fitness Center ? la base d’un b?timent d’une hauteur qui atteignait facilement les vingt ?tages. Elle se demanda si les r?sidents avaient droit ? des inscriptions gratuites, mais sans y croire. Cet endroit ?tait incroyablement cher. On aurait dit que l’immeuble de la victime ?tait l?g?rement moins chic. Il avait plusieurs restaurants et un studio de yoga au premier ?tage, mais il y avait aussi une pharmacie Walgreens et une droguerie Bed, Bath & Beyond. Quand ils remont?rent le trottoir pour acc?der ? l’entr?e principale, ils durent contourner une ligne de SDF install?s le long du mur du b?timent. La plupart d’entre eux dormaient encore, mis ? part une vieille femme qui ?tait assise en tailleur et se marmonnait des choses ? elle-m?me. Ils pass?rent devant elle sans un mot et arriv?rent ? l’entr?e du b?timent. Par rapport ? l’immeuble de Jessie, ici, la s?curit? ?tait inexistante. Il y avait un hall d’entr?e en verre qui exigeait l’utilisation d’une carte d’acc?s pour entrer et d’une autre pour appeler l’ascenseur mais, quand Jessie et Ryan approch?rent de l’entr?e, un r?sident leur tint la porte ouverte et passa sa carte devant le capteur de l’ascenseur sans leur demander quoi que ce soit. Jessie remarqua qu’il y avait des cam?ras fixes dans le vestibule et sur l’ascenseur, mais qu’elles avaient l’air bon march?. Ryan poussa le bouton pour aller au huiti?me ?tage et, quelques secondes plus tard, ils sortirent de l’ascenseur sans qu’on leur ait jamais demand? ce qu’ils faisaient l?. — On est entr?s facilement, dit Ryan quand ils parcoururent le hall ext?rieur pour aller vers le ruban de la police et les plusieurs agents qui s’affairaient aux alentours. — Beaucoup trop facilement, nota Jessie. Je suis consciente que, en mati?re de s?curit? personnelle, je suis une maniaque, mais cet endroit est vraiment pitoyable, surtout par rapport au quartier environnant. — Il est beaucoup plus s?curis? qu’il y a vingt ans, lui rappela Ryan. — C’est vrai. Cependant, ce n’est pas parce qu’on ne voit pas de prostitu?es et de trafiquants de drogue ? chaque coin de rue que c’est Disneyland. Ryan ne r?pondit pas. Ils atteignirent l’appartement de la victime. Il montra son badge d’inspecteur et Jessie montra sa carte de profileuse de la Police de Los Angeles. — Des agents de la Division de Hollywood sont d?j? venus et repartis, dit un agent perplexe. — Nous ne faisons qu’assurer le suivi pour la Section Sp?ciale Homicide, mentit Ryan. C’est surtout une faveur pour notre capitaine. Nous aimerions que vous demandiez ? quelqu’un de nous pr?senter la sc?ne du crime, m?me si cela le pousse ? se r?p?ter. — Aucun probl?me, r?pondit-il. L’agent Wayne est le premier agent de la sc?ne du crime. Je vais l’appeler. Pendant qu’il appelait l’autre agent avec sa radio, Jessie inspecta les environs. La porte de devant ?tait ouverte, maintenant, ainsi qu’une fen?tre adjacente. Jessie se demanda si cela avait ?t? le cas avant. Il ?tait difficile d’imaginer qu’une femme c?libataire vivant au c?ur de Hollywood ait pu laisser ouverte une fen?tre accessible par un hall ext?rieur. Cela revenait presque ? inviter les ennuis. L’appartement de la victime ?tait ? l’oppos? des ascenseurs de l’?tage, qui avait la forme d’une grosse lettre C. Cela signifiait que son appartement ?tait visible aux gens qui se tenaient de l’autre c?t? de l’?tendue d?gag?e qui se trouvait entre les halls. Jessie se demanda si l’on avait d?j? interrog? les locataires de ces appartements. ? ce moment-l?, un vieil agent en uniforme sortit de l’appartement pour les saluer. Il ?tait costaud et il perdait ses cheveux, dont quelques-uns collaient ? son cr?ne en sueur. Il semblait avoir gu?re plus de quarante ans et il avait cette attitude blas?e qui pouvait ?tre un avantage ou un obstacle en fonction de son attitude. — Agent John Wayne, dit-il en tendant une main ? Ryan. Comme j’ai d?j? entendu toutes les blagues que vous voulez raconter, passons aux choses s?rieuses. Que puis-je faire pour vous ? — Vous ?tes son portrait crach?, ne put s’emp?cher de dire Ryan. Jessie le frappa au bras avant de se retourner vers le policier, qui avait l’air impassible. — D?sol?, agent Wayne, dit-elle. Merci de nous accorder votre temps. Nous savons que les inspecteurs de Hollywood ont d?j? analys? la sc?ne du crime, mais nous esp?rions que vous pourriez quand m?me nous la pr?senter. Cette affaire ressemble ? une autre sur laquelle nous enqu?tons et nous voulons nous assurer qu’il n’y ait pas de lien. — Bien s?r, entrez, dit-il en repartant ? l’int?rieur et en leur tendant des couvre-chaussures en plastique alors qu’ils se pr?paraient ? entrer. Ils se les mirent, ainsi que des gants, et entr?rent. — Certaines de ses possessions ont d?j? ?t? saisies comme preuves, dit Wayne, mais nous pouvons vous donner une liste d?taill?e. — Quelque chose vous a-t-il frapp? ? demanda Ryan. — Quelques choses, r?pondit l’agent. Aucun signe d’effraction. Il y avait de l’argent dans son sac ? main. Son t?l?phone ?tait sur la table de chevet. — Si cela ne vous g?ne pas, demanda Jessie, avant que vous ne nous expliquiez le reste, j’aimerais prendre le temps d’?valuer le site sans id?e pr?con?ue. L’Agent Wayne hocha la t?te. Jessie inspira longuement et profond?ment, permit ? son corps de se d?tendre et commen?a ? profiler la victime. Le salon ?tait chichement d?cor? avec des meubles qui semblaient venir de chez IKEA. Il y avait peu de tableaux et aucune photo visible. La seule touche personnelle ?tait un certificat de coach personnel NASM encadr? et fix? au mur. Jessie entra dans la cuisine presque immacul?e. Il n’y avait ni plats sales dans l’?vier ni plats propres sur l’?gouttoir. Sur le plan de travail, il y avait un seul torchon de vaisselle, propre et pli?. ? c?t?, on voyait plusieurs piluliers portant chacun les jours de la semaine et rigoureusement align?s dans le bon ordre. Jessie ne les toucha pas. D’apr?s ce qu’elle vit, les pilules qui se trouvaient ? l’int?rieur ressemblaient ? des suppl?ments et ? des multi-vitamines. Elle remarqua que ni les pilules pour lundi ou mardi n’avaient ?t? prises. On ?tait mercredi matin. Elle inspecta le reste de la cuisine. Le rouleau de papier essuie-tout ?tait presque complet. Quand elle ouvrit les placards, elle vit des dizaines de bo?tes de dinde hach?e aux haricots et des quantit?s de barres prot?in?es, ainsi que plusieurs flacons de prot?ine de lactos?rum en poudre. Le r?frig?rateur ?tait ? moiti? vide, mais il contenait deux pots de lait de 3,8 litres chacun, plusieurs r?cipients de yaourt grec et un ?norme sac en plastique d’?pinards. Le cong?lateur contenait un m?lange de myrtilles, de fraises et de baies d’a?a? congel?es et un Tupperware qui contenait ce qui ressemblait ? de la soupe au poulet et aux nouilles. Sur le frigo, on avait coll? un petit post-it qui disait « De Maman, novembre 2018 », ce qui remontait ? plus d’un an. Ils all?rent tous les trois dans le hall et se dirig?rent vers la chambre o? le corps attendait. L’odeur de chair en putr?faction assaillit les narines de Jessie. Elle s’accorda un moment pour l’accepter, puis s’arr?ta dans la salle de bains, qui n’?tait pas aussi bien rang?e que le reste de la maison. Il ?tait clair que la r?sidente passait beaucoup plus de temps dans cette pi?ce. — Comment s’appelait la victime ? Demanda-t-elle. Cela avait ?t? mentionn? sur le document que Ryan lui avait donn? au poste, mais elle avait volontairement ?vit? de le lire jusqu’? maintenant. — Taylor Jansen, dit l’Agent Wayne. Elle ?tait … — D?sol?, agent, interrompit-elle. Je ne veux pas ?tre impolie, mais veuillez garder les autres informations juste un peu plus longtemps. Elle regarda de pr?s la commode de Taylor. Si elle ne semblait pas se soucier de bien remplir sa cuisine, avec sa salle de bains, c’?tait l’inverse. L’?tag?re ?tait recouverte de produits de maquillage, dont une bo?te entam?e d’ombre ? paupi?res et plusieurs rouges ? l?vres. Deux brosses ? cheveux et un peigne ?taient pouss?s dans un coin ? c?t? d’un petit flacon de parfum. L’armoire ? pharmacie ?tait pleine de m?dicaments sans ordonnance comme l’Advil, le Benadryl et le Pepto-Bismol, mais il n’y avait aucun flacon de m?dicaments sur ordonnance. La douche contenait plusieurs flacons remplis d’un quart de shampoing et d’apr?s-shampoing, avec aussi du d?maquillant visage, un rasoir ? jambes, de la mousse ? raser et un savon revitalisant. Jessie sortit de la salle de bain et l’odeur forte, qui avait ?t? temporairement masqu?e par les odeurs de la salle de bains, l’assaillit ? nouveau. Elle jeta un coup d’?il vers l’arri?re du hall et remarqua une fois de plus qu’il n’y avait absolument rien de personnel sur les murs. — Avant que nous allions dans la chambre, dit-elle en se tournant vers Wayne, j’aimerais savoir combien d’erreurs j’ai faites. Taylor Jansen est c?libataire, blanche, belle et a autour de trente ans. Elle travaille pr?s d’ici et voyage souvent. Elle a peu d’amis. Elle est obs?d?e par les d?tails et elle a assez d’argent pour habiter ? un endroit bien meilleur que celui-ci. Wayne ?carquilla bri?vement les yeux avant de r?pondre. — Elle avait exactement trente ans, dit-il. Son anniversaire avait ?t? le mois dernier. Elle est blanche et semble avoir ?t? tr?s belle. Elle travaille bien aux alentours, dans une salle de gym ? moins d’un p?t? de maisons d’ici. Nous sommes en train de reconfirmer son statut relationnel, mais son coll?gue, celui qui l’a trouv?e, dit qu’elle n’avait personne ? l’heure actuelle. Il est en bas, dans une voiture de police, et il est en train de refaire sa d?claration si vous voulez lui parler. Je ne peux rien dire sur les voyages et l’aspect financier, mais il le pourra peut-?tre, lui. — D?s que nous en aurons termin? ici, nous irons volontiers lui parler, dit Ryan avant de se tourner vers Jessie. Es-tu pr?te ? entrer ? Elle hocha la t?te. Elle avait parfaitement remarqu? que, ? quelques exceptions pr?s, sa description de Taylor Jansen aurait aussi pu ?tre la sienne. Elle allait avoir trente ans dans quelques semaines. Son appartement de centre-ville ?tait aussi spartiate que celui-l? et ce n’?tait pas parce qu’elle n’avait pas eu le temps de le d?corer. Elle aurait pu compter ses bonnes amies sur deux doigts et, si l’on exceptait son mariage r?cent avec un homme qui avait essay? de la tuer, malgr? sa conversation avec Ryan, elle n’avait personne ? l’heure actuelle. Si elle mourait demain, est-ce que l’analyse pr?liminaire de sa personne par une autre profileuse serait si diff?rente de celle qu’elle venait de faire de la femme qui gisait derri?re cette porte de chambre ? — Vous en voulez ? demanda Wayne en se mettant de la cr?me ? l’eucalyptus juste au-dessous des narines pour lutter contre les odeurs r?pugnantes qui allaient devenir encore plus fortes. — Non, merci, dit Jessie. Aussi d?sagr?able que ce soit, j’ai besoin que tous mes sens fonctionnent ? plein quand je vais sur une sc?ne de crime. Bloquer une odeur pourrait en masquer une autre, qui pourrait ?tre importante. — C’est ? vous de voir, dit Wayne en haussant les ?paules. Quand il ouvrit la porte, Jessie regretta presque imm?diatement sa d?cision. CHAPITRE CINQ La puanteur ?tait accablante. La femme devait ?tre morte depuis deux ou peut-?tre trois jours. Elle ?tait allong?e sur le lit avec les couvertures ?cart?es et elle portait une culotte d’entra?nement et un soutien-gorge de sport. Ni la fa?on dont elle ?tait positionn?e dans la chambre ni d’autres indices ne sugg?raient qu’elle se soit d?battue. Rien ne semblait avoir ?t? renvers? par terre. Rien n’?tait cass?. Ses v?tements ne semblaient pas avoir ?t? d?rang?s. Elle n’avait pas de signes visibles de coupure ou de contusion. Bien s?r, cela ne prouvait rien. En cas d’homicide, le coupable aurait eu tout le temps de nettoyer la pi?ce et Taylor avant de partir. Dans ce domaine, s’il y avait des empreintes digitales sur des objets de la pi?ce ou sur le corps, cela pourrait aider, mais rien n’avait ?t? d?rang?, du moins de mani?re visible. Jessie avan?a pour regarder la victime de plus pr?s. L’?quipe du bureau du m?decin l?giste, qui avait ?t? sur le point de la mettre dans une housse mortuaire, recula respectueusement d’un pas. Le visage de Taylor Jansen ?tait bleu et bouffi. Elle avait les yeux ferm?s. Son abdomen, qu’elle avait visiblement gard? tendu et plat suite ? de nombreux efforts, ?tait maintenant d?tendu ? cause des gaz qui s’?taient accumul?s dans son corps apr?s la mort. En d?pit de son ?tat actuel, Jessie pouvait dire qu’elle avait ?t? belle. — Est-ce que quelqu’un l’a touch?e ? demanda Ryan. — Personne mis ? part les agents qui lui ont pris ses empreintes, leur assura Wayne. — On dirait qu’elle est morte en faisant une sieste, nota Ryan. Il n’est pas ?tonnant que l’appel t?l?phonique d’origine ait ?voqu? l’hypoth?se du suicide. Peut-?tre toutes ces pilules pr?sentes dans la cuisine n’?taient-elles pas des vitamines. Je suis impatient de consulter le rapport de toxicologie. Jessie se pencha pr?s du corps et remarqua les contusions ternes que Taylor avait aux poignets et au cou. ? cause de la d?coloration de la peau et du gonflement, il ?tait difficile de dire ? combien de temps elles remontaient. Cependant, au jug?, Jessie aurait dit ? beaucoup plus de deux jours. — Est-ce que cette fen?tre pr?s de la porte de devant est toujours ouverte ? demanda Jessie. Ou alors, est-ce que quelqu’un l’a ouverte apr?s qu’elle a ?t? trouv?e ? — Selon son coll?gue, elle ?tait l?g?rement ouverte quand il est arriv?. Il dit qu’il a frapp? ? la porte et a essay? de l’ouvrir, mais qu’elle ?tait verrouill?e et qu’il a donc utilis? la fen?tre pour entrer. Jessie hocha la t?te. Elle se d?tourna du corps de Taylor et se rendit ? son placard. Elle ouvrit la porte coulissante et jeta un coup d’?il ? l’int?rieur. On aurait dit que trois quarts de sa garde-robe ?tait exclusivement compos?e de mat?riel d’entra?nement et de lingerie. Jessie se retourna vers Ryan et l’Agent Wayne. — Il faut vraiment que nous parlions ? son coll?gue, dit-elle. * Assis au fond de la voiture de patrouille gar?e ? l’ext?rieur de l’immeuble, Vin Stacey avait l’air tr?s triste. — Est-il en d?tention ? demanda Jessie ? l’agent qui s’ennuyait visiblement en montant la garde ? c?t? de la voiture. — Non. Nous lui avons juste demand? de rester l? jusqu’? vous puissiez tous descendre lui parler. — Est-ce qu’il sait qu’il n’est pas oblig? d’attendre dans la voiture ? On dirait qu’il pense qu’il est en d?tention. — Nous n’avons pas pr?cis?ment clarifi? la nature de notre demande, admit l’agent, tout penaud. Nous lui avons juste demand? d’attendre dans le v?hicule qu’on vienne lui poser d’autres questions. — Donc, il pense qu’il est en ?tat d’arrestation ? dit Jessie d’un air incr?dule. — Je ne sais pas ce qu’il pense, madame. Nous lui avons juste demand? de rester. Jessie regarda Ryan, qui ?tait loin d’avoir l’air aussi en col?re qu’elle. — Tu trouves ?a normal ? demanda-t-elle. — Non, dit-il, mais je ne nierai pas que j’ai d?j? utilis? cette tactique. ?a permet de s’assurer qu’une personne reste disponible sans avoir ? l’arr?ter formellement. — Mais je croyais qu’il n’?tait plus suspect, r?torqua Jessie. — Tout le monde est suspect. Tu le sais. — OK, conc?da Jessie, mais, pour l’instant, pendant qu’il est assis l?, le monde entier lui passe devant et s’imagine qu’il a ?t? arr?t? pour une raison ou pour une autre. — J’imagine qu’on pourrait arranger ?a, dans ce cas, dit mollement Ryan. Jessie le regarda en fron?ant les sourcils puis ouvrit la porti?re de derri?re. — M. Stacey ? demanda-t-elle d’un ton beaucoup plus doux que celui qu’elle venait d’employer, d’une voix maintenant mielleuse. — Oui, r?pondit-il d’une voix tremblante. — Pourriez-vous sortir du v?hicule ? Je suis d?sol?e de vous avoir fait attendre si longtemps. Mon coll?gue et moi, nous enqu?tions en haut. Nous esp?rions pouvoir vous poser des questions compl?mentaires, si ?a ne vous g?ne pas. — J’ai r?pondu aux questions de tout le monde, implora-t-il. Je ne sais pas pourquoi j’ai des ennuis. — Vous n’avez pas d’ennuis, M. Stacey, promit-elle. Sortez. Je m’appelle Jessie Hunt. Je suis profileuse criminelle pour la police de Los Angeles. Voici l’inspecteur Ryan Hernandez. Je vois un caf? au coin, l?-bas. Permettez que nous vous offrions une tasse et nous pourrons parler. Qu’en pensez-vous ? Il hocha la t?te et sortit du v?hicule. Ce ne fut qu’? ce moment-l? que Jessie se rendit compte ? quel point il ?tait grand. Debout, il mesurait facilement un m?tre quatre-vingt-sept. Jessie ?valua son poids ? quatre-vingt-dix-neuf kilos. Il portait un tee-shirt d’entra?nement moulant ? manches longues qui ?pousait ses abdos saillants. Ses biceps semblaient capables de d?chirer le tissu ? tout moment. Malgr? son physique imposant, Jessie sentit de la douceur dans son allure. Quand elle le regarda de plus pr?s, elle remarqua qu’il portait un collier serr? magique en arc-en-ciel et qu’il avait les ongles teints en violet scintillant. — Donc, si je suppose bien, vous ?tes aussi coach ? la salle de gym de Taylor ? dit-elle en essayant de d?tendre l’atmosph?re pendant qu’ils allaient au caf?. Il hocha la t?te mais ne r?pondit pas. Ryan les suivait un pas derri?re, sentant visiblement que sa pr?sence risquait de r?duire ? n?ant les efforts d?ploy?s par Jessie pour cr?er un lien avec Vin Stacey. Alors qu’ils marchaient, Jessie remarqua que l’homme se frottait les poignets avec pr?caution. — Vous allez bien ? demanda-t-elle. — Je n’arrive toujours pas ? y croire. J’ai l’impression qu’on m’a enlev? les intestins. J’ai attendu l?-bas, conscient du fait qu’une personne qui avait ?t? si vivace n’?tait maintenant plus que cet objet froid et sans vie gisant ? seulement quelques m?tres de moi. Rien qu’y penser me fait mal. Quant ? vos coll?gues, ils ne m’ont aid? qu’? me sentir encore plus mal qu’avant. — C’est bien dommage, reconnut Jessie. — Savez-vous que les agents m’ont mis des menottes quand ils sont arriv?s chez Taylor ? insista-t-il. J’?tais juste assis dehors et je les attendais. Or, l’un d’eux m’a menott? pendant que l’autre avait la main sur l’?tui de son arme tout le temps. C’est moi qui ai appel? la police ! — J’en suis vraiment d?sol?e, M. Stacey, dit Jessie pour l’apaiser. Malheureusement, quand des agents arrivent sur la sc?ne du crime, ils doivent prendre des pr?cautions qui peuvent para?tre excessives apr?s coup. — Ils m’ont gard? menott? pendant une demi-heure, longtemps apr?s avoir eu ma carte d’identit?, avoir v?rifi? si j’avais un casier judiciaire, ce qui n’est pas le cas, et apr?s que j’avais confirm? que je travaillais avec Taylor. Pendant ce temps, elle ?tait allong?e morte sur son lit. Je crois que nous savons tous les deux que, si vous aviez appel? la police et attendu l?, ils vous auraient trait?e diff?remment. — C’est vrai, dit-elle en hochant la t?te avec compassion quand ils entr?rent dans le caf?. Elle regarda l’agent qui les avait suivis et lui fit signe de rester ? l’ext?rieur. — Donc, vous travailliez avec elle, dites-vous. Vous ?tiez coachs tous les deux ? poursuivit-elle en essayant d’inviter Stacey ? oublier momentan?ment son indignation. — Ouais, ? Solstice. — La salle de gym juste en face de son appartement ? demanda Jessie en se souvenant du centre de culture physique qu’elle avait vu ? leur arriv?e. — Pas trop loin pour aller au travail, hein ? dit-il. Ils command?rent leurs caf?s et s’assirent ? une table ? c?t?. Ryan les rejoignit mais resta muet. — Donc, avant que nous vous demandions comment vous l’avez trouv?e, M. Stacey … — Appelez-moi Vin, dit-il. — OK, Vin, dit-elle pour lui faire plaisir. Avant ?a, je veux que vous nous parliez de Taylor. Comment ?tait-elle ? Amicale ? Tranquille ? Facile ? vivre ? Intense ? — Je ne dirais pas qu’elle ?tait facile ? vivre. Elle ?tait polie mais professionnelle avec les autres coachs et membres du personnel. Elle ?tait plus chaleureuse avec ses clients, mais encore tr?s commerciale. C’?tait comme ?a qu’elle ?tait. Certains clients aiment que comme leur coach soit un meilleur ami bavard. C’est comme ?a pour moi. D’autres veulent un coach terre ? terre qui l’aide ? atteindre leur objectif. Pour ?a, Taylor ?tait la femme id?ale. — Quelle sorte de clients avait-elle en g?n?ral ? demanda Ryan, parlant pour la premi?re fois. Vin regarda Jessie avec h?sitation, comme s’il avait besoin qu’elle l’autorise ? r?pondre. Elle hocha la t?te d’un air rassurant et il poursuivit. — Elle en avait de toutes les sortes, mais je dirais que plus de la moiti? ?taient des femmes mari?es d’une trentaine ou quarantaine d’ann?es, beaucoup de femmes au foyer riches qui essaient de perdre du poids apr?s l’accouchement ou de rester assez ferme pour que leur mari ne s’en aille pas avec leur secr?taire. — C’?tait son gagne-pain ? dit Ryan. — Ouais. Elle ?tait vraiment dou?e pour redonner courage ? ces femmes et leur donner sensation qu’elles contr?laient leur destin?e. Je suis noir, homo et c?libataire, et parfois, elle me donnait envie d’?pouser un mec blanc d’?ge moyen rien que pour prendre le contr?le de ma vie. — Est-ce que vous ?tiez proches ? demanda Jessie. — Pas tant que ?a, dit-il. Nous prenions un caf?, parfois ici, en fait, ou nous allions boire un pot ailleurs. Parfois, tard le soir, je la raccompagnais chez elle, mais je ne dirais pas que nous ?tions amis, plut?t des coll?gues de travail qui s’entendaient bien. Je crois qu’elle m’appr?ciait parce que j’?tais un des rares hommes de ce club qui n’essayait pas de la draguer tout le temps. — Certains d’entre eux ?taient-ils particuli?rement agressifs ? demanda Ryan. — Je ne suis pas s?r de bien savoir ce que les femmes consid?rent comme de l’agressivit?, ces temps-ci, admit-il. Tout ce que je peux dire, c’est qu’aucun d’eux n’a jamais sembl? l’intimider. Si un gars d?passait les bornes, elle lui clouait le bec sans difficult?. — Savez-vous si elle avait quelqu’un ? demanda Jessie. Vous avez dit aux agents d’en haut qu’elle ne sortait avec personne. — J’ai dit que je ne pensais pas qu’elle ait quelqu’un. Je sais qu’elle ?tait sortie avec un gars quelques mois auparavant mais, quand ?a s’est termin?, elle n’a vraiment plus rien dit sur sa vie amoureuse et, comme je n’avais aucun droit de lui poser des questions, je ne peux pas pr?tendre que je suis un expert. — Vin, demanda Jessie en d?cidant de passer ? la question qu’elle savait qu’ils allaient se poser tout le reste de la journ?e, pensez-vous que Taylor aurait pu se suicider ? Il r?pondit imm?diatement et avec une intensit? qu’ils n’avaient pas encore vue chez lui. — Impossible. Taylor n’?tait pas cette sorte de personne. Elle ?tait d?termin?e, concentr?e. C’?tait une de ces personnes qui ont des objectifs concrets. Elle voulait lancer sa propre salle de gym. Elle ne se serait jamais court-circuit?e. Elle ?tait ce que j’aime appeler une battante. — Qu’entendez-vous par-l? ? demanda Jessie. — Elle se battait pour obtenir ce qu’elle voulait de la vie. Elle n’aurait jamais mis fin ? la sienne. Ils rest?rent tous assis en silence pendant un moment puis Ryan revint ? un sujet moins philosophique. — Connaissez-vous le nom de son ex ? demanda-t-il. — Non, mais je crois qu’un des coachs f?minins du club le sait peut-?tre. Je me souviens qu’elle avait dit l’avoir vu d?poser Taylor une fois et qu’elle l’avait reconnu. Pendant que Vin r?pondait, Jessie tourna le regard vers l’entr?e du caf?, o? un homme qui devait ?tre un SDF entra. Il avait une longue barbe et les semelles de ses chaussures tenaient si peu qu’elles retombaient ? chaque fois qu’il levait un pied. Cependant, ce n’?tait pas ce qui attira son attention. Quelque chose de rouge gouttait de la main gauche de l’homme et il avait la main droite cach?e sous sa veste. Il marmonnait quelque chose en passant entre les autres clients et semblait en heurter certains intentionnellement. — Comment s’appelle ce coach ? demanda Ryan qui, ayant le dos tourn? vers la porte, n’avait pas encore remarqu? l’homme. — Chianti. — Vous plaisantez ? demanda Ryan en riant involontairement et en crachant un peu de son caf?. — Je ne sais pas si c’est son vrai nom, dit Vin en souriant pour la premi?re fois, mais, ? la salle de gym, on l’appelle Chianti Rossellini. Je n’ai pas ? juger. — Pourquoi est-ce que je crois que ce n’est pas vraiment votre fa?on de penser, Vin ? dit malicieusement Jessie en gardant un ?il sur le SDF. Vin leva les sourcils d’un air provocateur. — Excusez-moi de mettre fin ? ces bavardages … dit Ryan. — Tu peux faire ce que tu veux, yeux marron, interrompit Vin en clignant les siens. Ryan ne r?pondit pas et pr?f?ra poursuivre. — Il faut quand m?me qu’on vous pose des questions sur le moment o? vous avez trouv? Taylor. Vous avez dit aux agents que la fen?tre ?tait ouverte, n’est-ce pas ? Le visage de Vin se fit tout de suite grave. — Juste un peu, oui. D’abord, j’ai frapp? et v?rifi? si la porte ?tait ouverte, mais elle ?tait verrouill?e. Ensuite, comme elle ne r?pondait pas, j’ai ouvert plus grand la fen?tre et je suis entr? par l?. Certes, j’aurais pu appeler le 911 avant, mais j’ai cru qu’elle ?tait bless?e et avait besoin d’aide et je ne pouvais rester l? et attendre. — Vous n’?tes pas oblig? de vous justifier, Vin, dit Jessie. Vous ?tiez inquiet pour votre amie. Je suis s?re que les preuves iront dans ce sens. — Merci, dit Vin d’une voix l?g?rement bris?e. Jessie aurait ?t? plus ?mue par Vin Stacey si elle n’avait pas ?t? obs?d?e par le SDF avec les gouttes de sang qui lui tombaient du bras. Maintenant, il se balan?ait sur ses pieds et sa main droite bougeait sous sa veste, qui semblait ?tre tremp?e par un liquide ?pais. On aurait dit qu’il se frappait ? la hanche. Ses l?vres ?taient encore en mouvement, mais ce qu’il marmonnait ?tait maintenant inaudible, m?me si la femme d’?ge moyen qui se trouvait devant lui dans la file d’attente regardait nerveusement derri?re elle de temps ? autre. — H?, Ryan, dit nonchalamment Jessie, regarde discr?tement par-dessus ton ?paule gauche. Le barbu dans la file d’attente. Ryan jeta un coup d’?il et Vin aussi. — Celui qui n’arr?te pas de bouger le corps ou les l?vres ? demanda Ryan. — Oui, confirma Jessie. Il saigne du bras gauche et je crois qu’il tient quelque chose avec la main droite sous sa veste. — C’est quoi, ? ton avis ? — Je n’en suis pas s?re, mais j’ai remarqu? une tache sombre et humide l? o? la veste recouvre la hanche. Donc, je suppose que c’est ce qui a fait saigner son autre main. De plus, il semble bien agit?. Il a heurt? les autres clients et pas par accident. — Cela pourrait ?tre quelque chose, dit doucement Ryan, ou il pourrait ?tre comme la moiti? des gens que nous avons crois?s dans la rue en venant ici. — C’est vrai, acquies?a Jessie, m?me si le sang rend la chose un peu plus dramatique. De plus, toutes les serveuses ont l’air terrifi?es alors que je parie qu’elles voient arriver des SDF comme ?a tout le temps. — Bien vu, dit Ryan, qui grima?a l?g?rement en se levant. Je crois que je vais peut-?tre faire la queue pour qu’on me remplisse ma tasse. Jessie, pourrais-tu discr?tement aller chercher cet agent qui est dehors et lui demander d’entrer au cas o? ? Jessie hocha la t?te et se leva en tentant de cacher l’?lancement qu’elle sentit au dos et ? la jambe apr?s avoir ?t? immobile pendant plusieurs minutes. Quand elle se d?pla?a vers l’entr?e de la boutique, elle jeta un coup d’?il par-dessus son ?paule et vit que Ryan s’?tait plac? juste derri?re l’homme qui marmonnait. Elle ouvrit la porte de devant et fit signe ? l’agent en uniforme qu’elle avait r?primand?. — Je crois que nous avons peut-?tre un probl?me l?-dedans, dit-elle. Le barbu qui se tient devant l’inspecteur Hernandez a peut-?tre une arme sous sa veste. Nous n’en sommes pas s?rs, mais nous aurons peut-?tre besoin d’aide au cas o?. Elle avait ? peine fini sa phrase quand un cri fort se fit entendre ? l’int?rieur. Elle se retourna et vit la femme d’?ge moyen qui attendait dans la queue se tenir l’?paule droite de la main gauche. Derri?re elle, Ryan s’effor?ait d’arracher un couteau de chasse aux mains de l’homme qui marmonnait. Pourtant, m?me si Ryan avait l’avantage d’?tre plus grand, il ?tait en train de perdre ce combat. L’autre homme ?tait anim? d’une col?re fr?n?tique et, visiblement, Ryan n’avait pas toute sa force. En quelques moments, l’homme s’?tait lib?r?. Ryan perdit l’?quilibre et tomba par terre pendant que l’homme se remettait et lui fon?ait dessus. Jessie rentra en toute h?te et d?boutonna l’?tui de son arme en se rapprochant d’eux. Elle ?tait en train d’enlever son arme quand elle aper?ut un mouvement rapide devant elle. C’?tait Vin Stacey, qui bondit sur l’homme qui marmonnait, envoya son avant-bras dans la m?choire de l’homme et l’envoya contre le comptoir. Le couteau s’envola de la main de l’homme et glissa au sol. Vin resta au-dessus de l’homme, pr?t ? recommencer si n?cessaire, mais il n’en eut pas besoin. Un moment plus tard, l’agent se jeta sur l’homme, le retourna sur le ventre et le menotta. Jessie rangea son arme et s’agenouilla ? c?t? de Ryan. — ?a va ? demanda-t-elle de mani?re pressante. — Ouais. Je m’en remettrai, mais ma fiert?, c’est une autre histoire. Vin arriva et tendit la main. — Tu veux de l’aide, yeux marron ? demanda-t-il en clignant les siens d’un air aguicheur. CHAPITRE SIX Jessie avait perdu de son assurance. Alors qu’elle attendait avec Ryan dans le hall de Solstice Health & Fitness que le directeur g?n?ral trouve Chianti, elle repensait constamment ? cette fen?tre de trois secondes avant que Vin ne fasse tomber le SDF. Pendant ces quelques secondes, Ryan ?tait tomb?, un homme avait essay? de le tuer et Jessie n’avait pas su r?agir assez vite pour emp?cher ?a. Si ce n’avait ?t? pour la r?action rapide d’un tank humain aux pieds agiles et un peu amoureux, l’inspecteur Ryan Hernandez aurait pu mourir. Avant d’emmener ? l’h?pital la femme que le SDF avait poignard?e, un des m?decins d’urgence avait examin? Ryan et lui avait dit qu’il n’avait rien. Cependant, Jessie ne pouvait s’emp?cher de se demander si Ryan et elle-m?me ?taient vraiment pr?ts ? repartir sur le terrain. Son d?bat int?rieur fut interrompu quand le directeur g?n?ral leur fit signe de monter ? l’?tage de la salle de gym. Quand ils mont?rent, Jessie se for?a ? mettre cette inqui?tude de c?t? et essaya de rester concentr?e sur l’affaire actuelle. Ils entr?rent dans la salle et Jessie y jeta un coup d’?il tout en essayant de ne pas laisser la musique tonitruante lui donner un mal de t?te. La salle principale ?tait immense et contenait une s?rie quasi-infinie d’appareils cardiovasculaires. ? gauche, il y avait la « salle » des poids, qui ?tait si grande que Jessie n’en voyait pas la fin. ? droite, on voyait deux douzaines de tapis d?di?s aux ?tirements et, du moins pour l’instant, au bavardage et ? la consultation des smartphones. Le directeur g?n?ral, un homme ? la moustache foisonnante du nom de Frank Stroup, attendait ? c?t? d’une blonde maigre mais muscl?e d’un peu moins de trente ans qui portait une quantit? de maquillage beaucoup trop grande pour une salle de gym selon Jessie. Elle avait les dents d’un brillant artificiel et les seins serr?s par un soutien-gorge de sport qui avait l’air trop petit de plusieurs tailles. — Messieurs les agents, dit le directeur g?n?ral en oubliant que ce titre ne s’appliquait qu’? l’un d’eux, je vous pr?sente Chianti Rossellini. Je vais vous laisser poser vos questions. Si je peux encore vous aider, veuillez me le dire. Jessie hocha poliment la t?te. Il ne les avait pas beaucoup aid?s, en fait. Il leur avait seulement parl? de Taylor en tant qu’employ?e mais avait sembl? en savoir peu sur sa vie. M?me si cet ?tablissement ?tait immense, Jessie trouvait ?trange que ce gars n’en ait pas plus ? dire sur un coach qui, selon Vin, travaillait avec quelques-uns de leurs clients les plus riches. Ils avaient volontairement ?vit? de lui dire que Taylor ?tait morte mais, malgr? cela, Jessie se serait attendue ? ce qu’il soit au moins curieux de savoir pourquoi elle avait ?t? absente les deux derniers jours. Quand il partit, Chianti les observa avec un m?lange d’appr?hension et de curiosit?. Elle semblait penser qu’elle allait avoir des ennuis pour une chose ou une autre. Cependant, son langage corporel sugg?rait qu’elle ne savait pas de quelle chose il s’agissait. — Mme Rossellini, commen?a Ryan en ?vitant de rire b?tement en pleine phrase, est-ce que vous connaissez bien Taylor Jansen ? — Vous pouvez m’appeler Chianti, r?pondit-elle sans comprendre ? quel point cela pouvait ?tre difficile pour Ryan. Je la connais un peu. Je veux dire, nous travaillons dans la m?me salle de gym. Nous nous parlons la plupart des jours, mais je ne dirais pas que nous sommes amies. Taylor est tr?s concentr?e sur ses clients et ne passe pas grand temps ? bavarder. Que se passe-t-il, en fait ? A-t-elle fait quelque chose de mal ? — Ce sont juste des questions de routine. Vous n’avez pas besoin de vous inqui?ter outre mesure, dit Jessie, qui ne voulait r?v?ler la v?rit? que si cela pouvait aider l’enqu?te. Que pouvez-vous nous dire sur son ex-petit copain, celui qui la remmenait parfois ici ? — Oh, ?a doit ?tre Gavin. Gavin Peck. — Parlez-nous de Gavin, Chianti, dit Jessie d’un ton amical. — OK, dit-elle en perdant presque imm?diatement son inqui?tude. Gavin est dur ? vivre. Il est fort, c’est s?r. Je crois m?me qu’il a gagn? quelques concours d’halt?rophilie. De plus, il est, pour le dire gentiment, lunatique. — Que voulez-vous dire ? insista Ryan. — Il est extr?mement intense. Avant, je m’entra?nais ? la salle de gym o? il va et il ?tait toujours survolt?, d?bordant d’?nergie. Taylor a beaucoup d’?nergie, elle aussi, mais elle la contr?le mieux. Gavin, lui, a tendance ? p?ter les plombs. — Est-ce arriv? avec Taylor ? essaya de savoir Jessie. — Je ne les ai vus ensemble que deux fois et il n’a jamais ?t? comme ?a avec elle, mais je ne crois pas qu’il ait tr?s bien pris leur rupture. — Pourquoi dites-vous ?a ? demanda Ryan. Il l’avait demand? en adressant ? Chianti son regard le plus charmeur et elle faillit fondre devant lui. — J’ai entendu dire qu’il ?tait venu deux fois et que la s?curit? avait d? lui demander de partir, dit-elle en rougissant l?g?rement. Je ne sais pas si c’est vrai, mais ?a ressemble ? Gavin. Il donne l’impression de ne pas laisser tomber facilement. De plus, il pourrait avoir une raison d’?tre jaloux. — De quoi ? demanda Jessie. — Je ne veux pas exag?rer, mais Taylor peut ?tre un peu aguicheuse avec ses clients. Juste ? ce moment-l?, un trentenaire p?le et grassouillet qui portait un tee-shirt gris sans manches passa. — Salut, Chianti, dit-il timidement. — Salut, Brett. C’est encore bon pour votre s?ance de 11 heures ? demanda-t-elle en lui montrant ses dents ?clatantes. — Bien s?r. — Excellent, mon gars. On va faire ressortir ces biceps, d’accord ? ? bient?t. Quand il partit, le sourire s’?vapora et elle tourna imm?diatement son attention vers Jessie. — O? en ?tions-nous ? demanda-t-elle. — Vous disiez que Taylor peut ?tre aguicheuse, lui rappela Jessie d’un air inexpressif. — Exact. — Vraiment ? insista Jessie. Nous avons entendu dire qu’elle ?tait tr?s professionnelle. — Dans la salle d’entra?nement, oui, mais je l’ai entendue parler au t?l?phone et prendre des rendez-vous pour des s?ances d’entra?nement priv?es. Comme, officiellement, la direction n’aime pas ce genre de choses, elle restait discr?te. Pourtant, pendant ces appels, elle avait un ton vraiment moins … professionnel. — Pensez-vous qu’elle propose plus que de simples s?ances d’entra?nement ? demanda Jessie pour la guider. — Je ne saurais dire, r?pondit Chianti en haussant les ?paules. Je veux dire, qui sait si elle a les m?urs l?g?res ou si elle aime juste aguicher ? D’une fa?on ou d’une autre, les directeurs font semblant de ne pas savoir parce que beaucoup de ses clients rapportent beaucoup. Ils ne veulent pas risquer de perdre ces clients, vous comprenez ? Cependant, parfois, elle passait plusieurs jours sans venir et personne ne s’en plaignait. Si je faisais ?a, on me virerait tr?s vite. En fait, ?a fait un moment que je ne l’ai pas vue. J’ai pens? que c’?tait juste une autre de ces fois. Pourtant, maintenant, vous m’avez inqui?t?e. Est-ce qu’elle va bien ? Jessie jeta un coup d’?il ? Ryan pour lui dire qu’elle pensait que c’?tait le bon moment. Il signifia son accord d’un hochement de t?te et se rapprocha de Chianti. — J’ai peur que non, dit-il doucement. Taylor est morte. Jessie regarda de pr?s Chianti recevoir la nouvelle. Le sourire professionnel du coach disparut imm?diatement. Elle eut l’air incr?dule. — Pardon, mais vous avez dit quoi ? — Taylor Jansen a ?t? retrouv?e morte dans son appartement ce matin, dit Ryan d’un air impassible. Chianti sembla dig?rer l’information et comprendre soudain la finalit? de toutes les questions qu’on lui avait pos?es. Son visage passa tr?s vite du choc ? une chose situ?e entre l’inqui?tude et la curiosit?. — A-t-elle ?t? assassin?e ? Est-ce que c’est Gavin qui l’a fait ? Quand Jessie entendit l’absence d’empathie dans sa voix, elle eut envie de lui taper dessus. M?me si elles n’avaient pas ?t? amies, n’aurait-elle pas pu faire semblant d’?tre triste ? Malheureusement, selon l’exp?rience de Jessie, sa r?action n’indiquait pas non plus qu’elle ?tait coupable. Son air avide de cancans et son d?sir ?vident de conna?tre tous les d?tails sugg?raient tous les deux qu’elle ne savait encore rien. M?me si Ryan avait raison de dire que tout le monde ?tait suspect, la culture de profileuse de Jessie lui indiquait que Chianti n’?tait que peu suspecte. — Nous n’avons pas encore d’informations sur la cause de la mort, dit Ryan. Alors, il ajouta ? contrec?ur : — Est-ce que Taylor vous a jamais donn? l’impression de souffrir de d?pression ? — Oh, ouah ! dit Chianti en ?carquillant les yeux. Est-ce qu’elle s’est suicid?e ? — R?pondez ? la question, je vous prie, Mme Rossellini, dit s?chement Jessie en perdant patience. Chianti eut l’air l?g?rement vex?e mais, au bout d’un moment, elle r?pondit. — Non, admit-elle d’un air d??u. En fait, elle me paraissait toujours tr?s ?quilibr?e. Je ne l’ai jamais vue trop joyeuse ou trop triste. Je serais vraiment surprise s’il s’av?rait qu’elle s’?tait tu?e. Jessie essaya elle aussi de cacher sa propre d?ception. Jusqu’? pr?sent, aucune des personnes auxquelles ils avaient parl? n’avait consid?r? que Taylor aurait ?t? susceptible de se suicider, et pourtant, ou du moins ? ce stade, aucune preuve n’indiquait qu’elle ne l’avait pas fait. — Connaissez-vous une autre personne, mis ? part Gavin, qui aurait pu avoir de l’animosit? envers elle ? Un client, peut-?tre ? demanda-t-elle. Chianti r?fl?chit pendant un moment. — Je ne vois personne. Je n’ai pas tant fait attention que ?a. Cependant, selon sa r?putation, en g?n?ral, les clients ?taient satisfaits d’elle, en partie parce qu’elle ?tait un bon coach et peut-?tre en partie pour ces autres raisons que j’ai mentionn?es, m?me si je ne veux pas m?dire sur une morte. — Non, bien s?r que non, dit Jessie en sentant le d?go?t monter dans sa poitrine. Bon, on va peut-?tre conclure maintenant, inspecteur Hernandez. J’ai besoin de prendre un peu l’air. Elle adressa un hochement de t?te ? Chianti, partit brusquement et quitta l’?tage de la salle de gym en passant devant Brett. Il ?tait appuy? contre un tapis de course et attendait que son coach pas du tout aguicheur finisse sa conversation pour pouvoir commencer sa s?ance avec elle. Jessie sortit de la salle de gym et descendit dans la rue crasseuse et pleine de circulation de Hollywood mais, d’une fa?on ou d’une autre, elle s’y sentit moins sale qu’en pr?sence de Chianti. CHAPITRE SEPT Jessie ?tait crisp?e. Ils se rapprochaient, maintenant, et elle n’?tait pas s?re de la r?action qu’elle allait avoir. Quand ils eurent quitt? Hollywood, ils repartirent vers le poste. Cette fois-ci, Jessie avait insist? pour conduire. En g?n?ral, c’?tait Ryan qui conduisait, mais Jessie avait dit d’un air sarcastique qu’ils n’?taient pas dans Miss Daisy et son Chauffeur et que les femmes avaient le droit de conduire dans cette r?gion. Cependant, ce n’?tait pas la vraie raison. Elle savait que, si elle conduisait, elle pourrait prendre une route qui passerait devant la maison o? Hannah Dorsey, sa demi-s?ur qui avait r?cemment perdu ses parents, habitait actuellement avec une famille d’accueil. Jessie savait que, logiquement, il y aurait peu de chances que Hannah soit devant la maison quand elle passerait devant, mais il fallait au moins qu’elle essaie. En conduisant, elle essaya de r?duire son anxi?t? croissante en faisant vraiment attention ? ce que Ryan disait. Il donnait son opinion sur la nature spartiate de l’appartement de Taylor. — Maintenant, je comprends beaucoup mieux pourquoi son logement ?tait si vide, remarqua-t-il. Si ce que Chianti dit ?tait vrai, elle aurait pu passer plusieurs jours cons?cutifs chez un client, que ce soit pour des raisons l?gitimes ou douteuses. Chez elle, elle n’avait besoin que de produits de base. Elle est peut-?tre revenue un jour, a vu ? quel point cet endroit ?tait d?primant et a d?cid? de s’arr?ter l?. — Peut-?tre, dit Jessie. Elle tourna ? droite. Maintenant, elle n’?tait plus qu’? un p?t? de maisons de la maison d’adoption de Hannah. — Pourtant, elle n’a pas l’air d’avoir ce profil-l?. Je veux dire, on ne sait jamais ce que vit quelqu’un en son for int?rieur. En outre, personne n’a dit l’avoir vue d?prim?e. Je crois que le rapport de toxicologie sera d?terminant. — Entre temps, nous pourrions demander ? sa famille si elle a des ant?c?dents d?pressifs ou un autre probl?me, sugg?ra Ryan. — ?a vaut la peine d’essayer, dit Jessie, mais, pendant que le m?decin t’examinait au caf?, j’ai parl? un peu plus ? Vin. Il a pr?cis? qu’elle n’avait pas de famille dans les environs et qu’elle ne voyait pas la sienne de toute fa?on. J’imagine que la soupe de sa m?re qui se trouvait dans le cong?lateur avait ?t? une tentative avort?e de renouer des liens. Je ne sais pas si sa famille pourra nous apprendre grand-chose. Je crois que le suicide est une fausse piste. — Comment peux-tu en ?tre si s?re ? demanda-t-il. — Je n’en suis pas s?re, mais ne trouves-tu pas louche qu’il n’y ait ni message d’adieu ni indication qu’elle souffrait de d?pression ? Ou que sa fen?tre ait ?t? ouverte ? — Peut-?tre aimait-elle rafra?chir son appartement quand elle rentrait de la salle de gym, proposa Ryan. C’est beaucoup moins cher que l’air conditionn?. Jessie lui jeta un coup d’?il et vit que m?me lui n’y croyait pas. — De toute fa?on, continua-t-il sans relever le scepticisme de Jessie, la section de Hollywood va nous envoyer des copies de toutes les preuves qu’elle a r?colt?es. Nous pourrons parcourir la liste de clients de Taylor et voir si quelqu’un a le profil. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51922690&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.