×åòûðå âðåìåíè ãîäà.. Òàê äàâíî íàçûâàëèñü èõ âñòðå÷è - Ëåòî - ðîçîâûì áûëî, êëóáíè÷íûì, Äî áåçóìèÿ ÿðêî-áåñïå÷íûì. Îñåíü - ÿáëî÷íîé, êðàñíîðÿáèííîé, Áàáüèì ëåòîì ñïëîøíîãî ñ÷àñòüÿ, À çèìà - ñíåæíî-áåëîé, íåäëèííîé, Ñ âîñõèòèòåëüíîé âüþãîé íåíàñòüÿ.. È âåñíà - íåâîçìîæíî-ìèìîçíîé, ×óäíî ò¸ïëîé è ñàìîé íåæíîé, È íè êàïåëüêè íå ñåðü¸çíîé - Ñóìàñøåä

Un Reve de Mortels

Un Reve de Mortels Morgan Rice L'anneau Du Sorcier #15 L’ANNEAU DU SORCIER a tous les ingr?dients pour un succ?s imm?diat : intrigue, contre-intrigue, myst?re, de vaillants chevaliers, des relations s’?panouissant remplies de c?urs bris?s, tromperie et trahison. Cela vous tiendra en haleine pour des heures, et conviendra ? tous les ?ges. Recommand? pour les biblioth?ques de tous les lecteurs de fantasy. – Books AMD Movie Review, Roberto Mattos (? propos de La Qu?te des H?ros) [Un ouvrage] de fantasy ?pique et distrayant. – Kirkus Reviews (? propos de La Qu?te des H?ros) Les d?buts de quelque chose de remarquable sont l?. – San Francisco Book Review (? propos de La Qu?te des H?ros) Dans UN REVE DE MORTELS, Thorgrin et ses fr?res luttent pour se lib?rer des pirates, et poursuivent leur recherche de Guwayne en mer. Tandis qu’ils rencontrent amis et ennemis, magie et armement, dragons et hommes, tous inattendus, cela changera le cours m?me de leur destin. Trouveront-ils enfin Guwayne ?Darius et ses amis survivent au massacre des leurs – mais seulement pour d?couvrir qu’ils sont captifs, jet?s dans l’Ar?ne de l’Empire. Encha?n?s ensemble, faisant face ? des adversaires inimaginables, leur seul espoir de survie et de se tenir et de se battre ensemble, comme des fr?res. Gwendolyn se r?veille de son sommeil pour d?couvrir qu’elle et les autres ont surv?cu ? leur p?riple ? travers la Grande D?solation – et encore plus surprenant, qu’ils sont arriv?s dans une terre au del? de leur plus r?ves les plus fous. Alors qu’ils sont emmen?s dans une nouvelle cour royale, les secrets que Gwendolyn apprend ? propos de ses anc?tres et son propre peuple changeront son destin pour toujours. Erec et Alistair, toujours captifs en mer, luttent pour se lib?rer de l’emprise de la flotte de l’Empire dans une ?vasion de nuit intr?pide et os?e. Quand les chances semblent au plus basses, ils re?oivent une surprise inattendue qui pourrait leur donner une seconde chance pour obtenir la victoire – et une autre chance de continuer leur attaque au c?ur de l’Empire. Godfrey et son ?quipe, emprisonn?s encore une fois, qui doivent ?tre ex?cut?s, ont une derni?re chance d’essayer de s’?chapper. Apr?s avoir ?t? trahis, ils veulent plus que s’?vader – ils veulent se venger. Volusia est encercl?e de tous les c?t?s tandis qu’elle s’efforce de prendre et tenir la capitale de l’Empire – et elle devra faire appel ? une magie plus puissante qu’elle n’ait jamais connu si elle veut se prouver qu’elle est une D?esse, et devenir Dirigeante Supr?me de l’Empire. Une fois encore, le sort de l’Empire est en jeu. Avec un univers ?labor? et des personnages sophistiqu?s, Une Terre de Feu est un r?cit ?pique d’amis et d’amants, de rivaux et de pr?tendants, de chevaliers et de dragons, d’intrigues et de machinations, de passage ? l’?ge adulte, de c?urs bris?s, de d?ceptions, d’ambition et de trahisons. C’est une histoire d’honneur et de courage, de sort et de destin?e, de sorcellerie. C’est un ouvrage de fantasy qui nous emm?ne dans un monde inoubliable, et qui plaira ? tous. [Un livre de] fantasy entrainante… Seulement le commencement de ce qui promet d’?tre une s?rie pour jeunes adultes ?pique. – Midwest Book Review (? propos de La Qu?te des H?ros) Une lecture rapide et facile…vous devez lire ce qu’il arrive ensuite et vous ne voulez pas le reposer. – FantasyOnline. net (? propos de La Qu?te des H?ros) Rempli d’action… L’?criture de Rice est respectable et la pr?misse intrigante. – PublishersWeekly (? propos de La Qu?te des H?ros) Morgan Rice Un Reve de Mortels Tome 15 de l’Anneau du Sorcier ? propos de Morgan Rice Morgan Rice est l'auteur de best-sellers n°1 de USA Today et l’auteur de la s?rie d’?pop?es fantastiques L’ANNEAU DU SORCIER, comprenant dix-sept tomes; de la s?rie ? succ?s SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE, comprenant douze tomes; de la s?rie ? succ?s LA TRILOGIE DES RESCAP?S, thriller post-apocalyptique comprenant deux tomes (jusqu'? maintenant); et de la s?rie de fantaisie ?pique ROIS ET SORCIERS, comprenant six tomes. Les livres de Morgan sont disponibles en format audio et papier et ont ?t? traduits dans plus de 25 langues. Morgan adore recevoir de vos nouvelles, donc, n'h?sitez pas ? visiter www.morganricebooks.com (http://www.morganricebooks.com/) pour vous inscrire sur la liste de distribution, recevoir un livre gratuit, recevoir des cadeaux gratuits, t?l?charger l'appli gratuite, lire les derni?res nouvelles exclusives, vous connecter ? Facebook et ? Twitter, et rester en contact ! S?lection de critiques pour Morgan Rice « L’ANNEAU DU SORCIER a tous les ingr?dients pour un succ?s imm?diat : intrigue, contre-intrigue, myst?re, de vaillants chevaliers, des relations s’?panouissant remplies de c?urs bris?s, tromperie et trahison. Cela vous tiendra en haleine pour des heures, et conviendra ? tous les ?ges. Recommand? pour les biblioth?ques de tous les lecteurs de fantasy. » –-Books and Movie Review, Roberto Mattos « [Un ouvrage] de fantasy ?pique et distrayant. » –-KirkusReviews « Le d?but de quelque chose de remarquable ici. » –-San Francisco Book Review « Rempli d’action… L’?criture de Rice est respectable et la pr?misse intrigante. » –-PublishersWeekly « [Un livre de] fantasy entrainant… Seulement le commencement de ce qui promet d’?tre une s?rie pour jeunes adultes ?pique. » –-Midwest Book Review Livres de Morgan Rice DE COURONNES ET DE GLOIRE ESCLAVE, GUERRIERE, REINE (Tome n°1) ROIS ET SORCIERS LE R?VEIL DES DRAGONS (Tome n°1) LE R?VEIL DU VAILLANT (Tome n°2) LE POIDS DE L'HONNEUR (Tome n°3) UNE FORGE DE BRAVOURE (Tome n°4) UN ROYAUME D'OMBRES (Tome n°5) LA NUIT DES BRAVES (Tome n°6) L'ANNEAU DU SORCIER LA QU?TE DES H?ROS (Tome 1) LA MARCHE DES ROIS (Tome 2) LE DESTIN DES DRAGONS (Tome 3) UN CRI D'HONNEUR (Tome 4) UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome 5) UN PRIX DE COURAGE (Tome 6) UN RITE D'?P?ES (Tome 7) UNE CONCESSION D'ARMES (Tome 8) UN CIEL DE SORTIL?GES (Tome 9) UNE MER DE BOUCLIERS (Tome 10) UN R?GNE D'ACIER (Tome 11) UNE TERRE DE FEU (Tome 12) UNE LOI DE REINES (Tome 13) UN SERMENT FRATERNEL (Tome 14) UN R?VE DE MORTELS (Tome 15) UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome 16) LE DON DE BATAILLE (Tome 17) TRILOGIE DES RESCAP?S AR?NE UN: SLAVERSUNNERS (Tome n°1) AR?NE DEUX (Tome n°2) SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE TRANSFORM?E (Tome n°1) AIM?E (Tome n°2) TRAHIE (Tome n°3) PR?DESTIN?E (Tome n°4) D?SIR?E (Tome n°5) FIANC?E (Tome n°6) VOU?E (Tome n°7) TROUV?E (Tome n°8) REN?E (Tome n°9) ARDEMMENT D?SIR?E (Tome n°10) SOUMISE AU DESTIN (Tome n°11) OBSESSION (Tome n°12) ?coutez L’ANNEAU DU SORCIER en format audio ! Copyright © 2014 par Morgan Rice Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi des ?tats-Unis sur le droit d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l'autorisation pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv?, sous licence, ? votre seule jouissance personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d'autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec une tierce personne, veuillez en acheter un exemplaire suppl?mentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l'avoir achet? ou s'il n'a pas ?t? achet? pour votre seule utilisation personnelle, vous ?tes pri? de le renvoyer et d’acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le difficile travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les ?v?nements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilis?s dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou mortes, n'est que pure co?ncidence. Image de couverture : Copyright Isoga, utilis?e en vertu d'une licence accord?e par Shutterstock.com. CHAPITRE UN Gwendolyn ouvrit lentement les yeux, encrass?s de poussi?re, l’effort lui demanda toute son ?nergie. Elle put seulement les entrouvrir, et elle plissa les yeux face ? un monde qui ?tait flou, empli de la lumi?re du soleil. Quelque part au-dessus, les soleils du d?sert ?clatants brillaient, cr?ant un monde qui l’aveuglait de blanc. Gwen ne savait pas si elle ?tait morte ou vive – elle soup?onnait le dernier. Aveugl?e par la lumi?re, Gwen ?tait trop faible pour tourner la t?te ? gauche ou ? droite. ?tait-ce ? quoi cela ressemblait, s’interrogea-t-elle, d’?tre mort. Soudain, une ombre fut projet?e sur son visage, et elle cligna des yeux en voyant un capuchon noir au-dessus d’elle, obscurcissant le visage d’une petite cr?ature, dissimul? par la p?nombre. Tout ce que Gwen pouvait voir ?tait ses yeux jaunes et per?ants, baiss?s sur elle, l’examinant comme si elle ?tait un objet perdu sur le sol du d?sert. Elle ?mit un ?trange couinement, et Gwen se rendit compte qu’elle parlait un langage qu’elle ne comprenait pas. Il y eut un bruissement de pieds, un petit nuage de poussi?re, et deux autres cr?atures apparurent au-dessus d’elle, les visages recouverts de capuchons noirs, leurs yeux ?tincelants, plus brillants que le soleil. Elles pouss?rent de petits cris aigus, semblant communiquer les unes avec les autres. Gwen ne pouvait pas dire quelle sorte de cr?ature elles ?taient, et elle se demanda encore une fois si elle ?tait en vie, et si tout cela ?tait un r?ve. ?tait-ce une autre des hallucinations qu’elle avait endur?es au cours de ces derniers jours dans la chaleur du d?sert ? Gwen sentit qu’on la poussait au niveau de l’?paule, et elle ouvrit les yeux ? nouveau pour voir une des cr?atures baisser son b?ton et la pousser avec, testant vraisemblablement si elle ?tait encore vivante. Gwen voulait lever le bras et l’?loigner, emb?t?e – mais elle ?tait trop faible, m?me pour cela. Elle ?prouva la sensation avec plaisir, cependant ; cela lui donnait le sentiment que peut-?tre, juste peut-?tre, elle ?tait en vie apr?s tout. Gwen sentit soudain de longues et fines griffes s’enrouler autour de ses poignets, ses bras, et sentit qu’elle ?tait ramass?e, soulev?e sur une sorte de tissu, peut-?tre une toile. Elle se sentit ?tre train?e sur le sol du d?sert, glissant en arri?re sous le soleil. Elle n’avait aucune id?e si elle ?tait men?e ? sa mort, mais elle ?tait trop faible pour s’en soucier. Elle leva les yeux et vit le monde passer, le ciel balloter en m?me temps, les soleils aussi accablants et brillants que jamais. Elle ne s’?tait jamais sentie aussi faible ou d?shydrat?e de toute sa vie ; chaque inspiration lui donnait l’impression de respirer du feu. Gwen sentit soudain un liquide froid ruisseler le long de ses l?vres, et elle vit une des cr?atures se pencher sur elle, versant de l’eau depuis une outre. Il lui fallut toute son ?nergie pour seulement tirer la langue. L’eau fra?che coula en un mince filet le long de sa gorge, et il lui sembla qu’elle avalait du feu. Elle n’avait pas pris conscience d’? quel point sa gorge pouvait devenir aussi s?che. Gwen but avidement, soulag?e qu’au moins ces cr?atures soient amicales. La cr?ature, toutefois, arr?ta de verser apr?s quelques secondes, retirant l’outre. « Encore », Gwen essaya de murmurer – mais les mots ne voulaient pas sortir, sa voix ?tait encore trop rauque. Gwen continua ? ?tre train?e, ses jambes et ses pieds heurtaient des bosses et des pierres en dessous, et cela sembla se poursuivre ?ternellement. Apr?s un moment elle ne pouvait plus dire combien de temps s’?tait ?coul?. Cela paraissait ?tre des jours. Le seul bruit qu’elle entendait ?tait celui du vent du d?sert d?cha?n?, transportant plus de poussi?re et de chaleur. Gwen sentit plus d’eau fra?che sur ses l?vres, et but plus cette fois-ci, jusqu’? ce qu’elle soit retir?e. Elle ouvrit un peu plus les yeux, et en voyant que la cr?ature l’?loignait, elle r?alisa qu’elle la nourrissait lentement pour ne pas lui en donner trop ? la fois. L’eau glissant le long de sa gorge ne parut pas aussi r?peuse, et elle sentit l’hydratation courir dans ses veines. Elle prit conscience de combien elle en avait d?sesp?r?ment besoin. « S’il vous pla?t », dit Gwen, « encore. » La cr?ature, ? la place, versa un peu d’eau sur son visage, ses yeux, et l’eau fra?che lui parut si rafraichissante tandis qu’elle coulait sur sa peau chaude. Elle enleva un peu de la poussi?re sur ses paupi?res, et elle fut capable de les ouvrir un peu plus – assez au moins pour voir ce qu’il se passait. Tout autour d’elle Gwen vit plus de ces cr?atures, des dizaines d’entre elles, avan?ant d’un pas trainant dans le d?sert, dans leurs capes et capuchons noirs, parlant entre eux avec d’?tranges couinements. Elle jeta un coup d’?il, juste assez pour le voir transporter plusieurs autres corps, et elle ?prouva un immense soulagement en reconnaissant les corps de Kendrick, Sandara, Aberthol, Brandt, Atme, Illepra, l’enfant, Steffen, Arliss, plusieurs membres de l’Argent, et Krohn – peut-?tre en tout une dizaine environ. Ils ?taient tous train?s ? ses c?t?s, et Gwen ne put dire s’ils ?taient morts ou vifs. D’apr?s la fa?on dont ils ?taient tous ?tendus, tous si inconscients, elle pouvait seulement supposer qu’ils ?taient morts. Son c?ur se serra, et Gwen pria Dieu que cela ne soit pas le cas. Pourtant elle ?tait pessimiste. Apr?s tout, qui aurait pu survivre l? dehors ? Elle n’?tait pas encore enti?rement s?re qu’elle ait surv?cu. Tandis qu’elle continuait ? ?tre tract?e, Gwen ferma les yeux, et quand elle les rouvrit ? nouveau, elle r?alisa qu’elle s’?tait endormie. Elle ignorait combien de temps encore ?tait pass?, mais il ?tait maintenant tard, les deux soleils ?taient bas dans le ciel. Elle ?tait encore en train d’?tre tir?e. Elle se demanda qui ?taient ces cr?atures ; elle supposa qu’elles ?taient des nomades du d?sert en quelque sorte, peut-?tre une tribu qui avait d’une mani?re ou d’une autre r?ussi ? survivre l?. Elle se demanda comment ils l’avaient trouv?e, o? ils l’emmenaient. D’un c?t?, elle ?tait si reconnaissante qu’ils lui aient sauv? la vie ; de l’autre, qui savait s’ils l’emmenaient pour la tuer ? Pour ?tre un repas pour la tribu ? Dans les deux cas, elle ?tait trop faible et ?puis?e pour faire quoi que ce soit pour cela. Gwen ouvrit les yeux, elle ne savait pas combien de temps apr?s, surprise par un bruissement. Au premier abord cela sonna comme un buisson ?pineux tournoyant ? travers le d?sert. Mais alors que le bruit se faisait plus fort, plus r?gulier, elle sut qu’il s’agissait d’autre chose. Cela ressemblait ? une temp?te de sable. Une temp?te de sable faisant rage, incessante. Alors qu’ils se rapprochaient et que les gens autour d’elle se tournaient, Gwen lan?a un regard et eut droit ? une vue diff?rente de tout ce qu’elle avait pu voir. C’?tait une vue qui lui retourna l’estomac, en particulier quand elle se rendit compte qu’ils s’en approchaient : l?, ? peut-?tre quinze m?tres, se tenait un mur de sable d?cha?n?, s’?levant haut dans le ciel, si haut qu’elle ne pouvait pas voir s’il avait une fin. Le vent soufflait violemment ? travers, comme une tornade contenue, et le sable tournoyait imp?tueusement dans les airs, si ?pais qu’elle ne pouvait pas voir ? travers. Ils se dirigeaient droit vers ce mur de sable qui faisait rage, le bruit si fort qu’il en ?tait assourdissant, et elle se demanda pourquoi. Il semblait qu’ils s’approchaient d’une mort instantan?e. « Faites demi-tour ! » essaya de dire Gwen. Mais sa voix ?tait enrou?e, trop faible pour que quiconque l’entende, surtout par-dessus le vent. Elle doutait qu’ils l’auraient ?cout?e, m?me s’ils l’avaient entendue. Gwen commen?a ? sentir le sable ?rafler sa peau alors qu’ils se rapprochaient du mur de sable tournoyant, soudain deux cr?atures s’approch?rent et l’envelopp?rent la drap?rent d’un long drap lourd, sur son corps et recouvrant son visage. Elle r?alisa qu’ils la prot?geaient. Un instant apr?s, Gwen se retrouva dans un mur intense de sable tournoyant. En y p?n?trant, le bruit ?tait si fort que Gwen eut l’impression qu’elle allait devenir sourde, et elle se demanda comment elle pourrait survivre ? cela. Gwen prit imm?diatement conscience que ce tissu sur elle ?tait en train de la sauver ; il prot?geait son visage et sa peau d’?tre d?chir?s par le mur de sable enrag?. Les nomades poursuivirent leur marche, les t?tes baiss?es contre le mur de sable, comme s’ils l’avaient fait plusieurs fois auparavant. Ils continu?rent ? la tirer ? travers, et tandis que le sable faisait rage tout autour d’elle, Gwen se demanda si cela s’arr?terait un jour. Puis, finalement, arriva le silence. Doux, doux silence, comme elle ne l’avait jamais savour? auparavant. Deux nomades enlev?rent le drap, et Gwen vit qu’ils avaient pass? le mur de sable, avaient ?merg? de l’autre c?t?. Mais de l’autre c?t? de quoi ? s’interrogea-t-elle ? Enfin, ils arr?t?rent de la tirer, et ainsi, les questions de Gwen trouv?rent une r?ponse. Ils la pos?rent doucement, et elle resta ?tendue l?, immobile, les yeux lev?s vers le ciel. Elle cligna des yeux plusieurs fois, tentant de comprendre la vue devant elle. Lentement, la vue devant elle se pr?cisa. Elle vit un mur de pierre incroyablement haut, s’?levant de trentaines de m?tres dans les nuages. Le mur s’?tirait dans toutes les directions, disparaissant ? l’horizon. En haut de ces falaises imposantes, Gwen vit des remparts, des fortifications, et au sommet, des milliers de chevaliers portant des armures qui brillaient au soleil. Elle ne pouvait pas comprendre. Comment pouvaient-ils ?tre l? ? se demanda-t-elle. Des chevaliers, au milieu du d?sert ? O? l’avaient-ils emmen?e ? Puis soudain, dans un sursaut, elle sut. Son c?ur s’acc?l?ra en r?alisant brusquement qu’ils l’avaient trouv?, avait r?ussi ? y arriver, ? travers la Grande D?solation. Il existait, apr?s tout. Le Second Anneau. CHAPITRE DEUX Ange se sentit chuter ? travers les airs tandis qu’elle plongeait, t?te la premi?re, vers les eaux enrag?es de la mer tumultueuse en contrebas. Elle pouvait encore voir le corps de Thorgrin immerg? sous l’eau, inconscient, sans ?nergie, coulant de plus en plus ? chaque instant qui passait. Elle savait qu’il pouvait mourir rapidement, et que si elle n’avait pas plong? depuis le navire quand elle l’avait fait, il n’aurait certainement aucune chance de vivre. Elle ?tait d?termin?e ? le sauver – m?me si cela impliquait sa vie, m?me si elle mourait ici-bas avec lui. Elle ne pouvait pas vraiment le comprendre, mais elle ressentait un lien intense avec Thor, depuis l’instant o? ils s’?taient rencontr?s pour la premi?re fois sur son ?le. Il avait ?t? le seul qu’elle ait jamais rencontr? ? ne pas ?tre effray? par sa l?pre, qui l’avait ?treinte malgr? cela, qui l’avait consid?r?e comme une personne normale, et qui ne l’avait jamais fuie une minute. Elle avait le sentiment qu’elle lui ?tait grandement redevable, ?prouvait une grande loyaut? envers lui, et elle sacrifierait sa vie pour lui, quel que soit le prix. Ange sentit sa peau ?tre transperc?e par les eaux glaciales tandis qu’elle ?tait submerg?e. Cela ressemblait ? des millions de dagues p?n?trant de part en part ? travers sa peau. Elle ?tait si froide que cela la surprit, et elle retint son souffle tandis qu’elle plongeait, de plus en plus profond?ment, ouvrant ses yeux dans les eaux troubles ? la recherche de Thorgrin. Elle le rep?ra ? peine dans la p?nombre, coulant de plus en plus, et elle donna un grand coup de pied, encore et encore, tendit les bras et, mettant ? profit son ?lan vers le bas, agrippa juste sa manche. Il ?tait plus lourd qu’elle ne le pensait. Elle entoura ses deux bras autour de lui, fit demi-tour, et battit furieusement des pieds, utilisant toutes ses forces pour stopper leur descente et ? la place remonter. Ange n’?tait pas grande et n’?tait pas forte, mais elle avait rapidement appris en grandissant que ses jambes poss?daient une force que le haut de son corps n’avait pas. Ses bras ?taient faibles ? cause de la l?pre, mais ses jambes ?taient un cadeau, plus fortes que celles d’un homme, et elle les utilisait maintenant, donnant des coups de pieds pour sauver sa vie, nageant vers le haut en direction de la surface. S’il y avait une chose qu’elle avait apprise en grandissant sur l’?le, c’?tait comment nager. Ange se fraya un chemin hors des profondeurs obscures, de plus en plus haut vers la surface, elle leva les yeux et vit la lumi?re du soleil se refl?tant dans les vagues au-dessus. Allez ! pensa-t-elle. Encore quelques m?tres ? peine ! ?puis?e, incapable de retenir son souffle plus longtemps, elle s’obligea ? battre des jambes plus fort – et avec un dernier coup, elle jaillit ? la surface. Ange ?mergea en suffoquant, et elle fit remonter Thor avec elle, les bras entour?s autour de lui, utilisant ses jambes pour les maintenir ? flot, battant et battant, tenant sa t?te au-dessus de la surface. Il paraissait toujours inconscient ? ses yeux, et ? pr?sent elle s’inqui?tait de savoir s’il s’?tait noy?. « Thorgrin ! » cria-t-elle, « R?veille-toi ! » Ange l’agrippa par-derri?re, enroula fermement ses bras autour de son estomac, et poussa brusquement vers elle, encore et encore, comme elle avait vu un de ses amis l?preux le faire une fois quand un autre ?tait en train de se noyer. Elle le faisait maintenant, remontant vers son diaphragme, ses petits bras tremblant en m?me temps. « S’il te pla?t, Thorgrin », cria-t-elle. « S’il te pla?t vis ! Vis pour moi ! » Ange entendit soudain une toux satisfaisante, suivie par un vomissement, et elle fut emplie de joie en r?alisant que Thor ?tait revenu ? lui. Il recracha toute l’eau de mer tout en se raclant les poumons, toussant encore et encore. Ange fut submerg?e de soulagement. Encore mieux, Thor semblait avoir repris conscience. Toute cette ?preuve paraissait l’avoir enfin tir? de son profond sommeil. Peut-?tre, esp?rait-elle, serait-il m?me assez fort pour repousser ces hommes et les aider ? s’?chapper quelque part. Ange avait ? peine achev? de formuler cette pens?e quand soudain elle sentit un lourd cordage atterrir sur sa t?te, tombant ciel et les englobant compl?tement, elle et Thorgrin. Elle leva les yeux et vit les hors-la-loi debout au-dessus d’eux au bord du navire les fixant du regard, agrippant l’autre extr?mit? de la corde, ils la tiraient et les relevaient comme s’ils ?taient du poisson. Ange lutta, se jetant contre les cordages, et elle esp?ra que Thor ferait de m?me, lui aussi. Mais alors qu’il toussait, Thor demeurait toujours inerte, et elle pouvait voir qu’il n’avait ? l’?vidence pas la force de se d?fendre. Ange sentit qu’ils ?taient lentement soulev?s dans les airs, de plus en plus haut, de l’eau d?goulinait du filet, tandis que les pirates les tiraient plus pr?s, de retour sur le navire. « NON ! » cira-t-elle en se d?battant, tentant de se lib?rer. Un hors-la-loi tendit un long crochet de fer, attrapa le filet, et les tira dans un mouvement saccad? vers le pont. Ils se balanc?rent dans les airs, les cordes furent tranch?es, et Ange sentit qu’elle chutait tandis qu’ils atterrissaient brutalement sur le pont, tombant de trois bons m?tres, et tr?buchant dans le m?me mouvement. Ange eut mal aux c?tes ? cause de l’impact et elle se jeta contre la corde, essayant de se lib?rer. Mais c’?tait en vain. En quelques instants plusieurs pirates bondirent sur eux, les clouant au sol, elle et Thorgrin, et se saisirent brusquement d’eux. Ange sentit plusieurs mains rudes l’attraper, et sentit ses poignets ?tre attach?s dans son dos avec des cordes rugueuses, tandis qu’elle ?tait remise sur ses pieds, tremp?e. Elle ne pouvait m?me pas bouger. Ange regarda autour d’elle, inqui?te pour Thor, et elle le vit ?tre ligot?, lui aussi, encore inconscient, plus endormi qu’?veill?. Ils ?taient tous deux train?s ? travers le pont, trop rapidement, Ange tr?bucha en chemin. « ?a vous apprendra ? essayer de vous enfuir », dit s?chement un pirate. Ange leva les yeux et vit devant elle une porte de bois, menant vers le pont inf?rieur, ?tre ouverte, et elle plongea son regard dans la p?nombre des cales basses du pont. L’instant d’apr?s, elle et Thor ?taient pouss?s par les pirates. Ange se sentit tr?bucher tandis qu’elle volait t?te la premi?re dans la p?nombre. Elle se cogna durement la t?te contre le plancher, atterrissant sur le visage, puis elle sentit le poids du corps de Thor sur le sien, tous deux roul?rent dans l’obscurit?. La porte de bois menant au pont fut claqu?e depuis le niveau sup?rieur, bloquant toute la lumi?re, puis verrouill?e par une lourde cha?ne, et elle resta ?tendue l?, haletant dans les t?n?bres, se demandant o? les pirates l’avaient jet?e. Au bout de la cale la lumi?re du soleil jaillit soudain, et elle vit que les pirates avaient ouvert une ?coutille de bois, couverte de barres de fer. Plusieurs visages apparurent au-dessus, ricanant, quelques-uns crach?rent, avant de s’?loigner. Avant qu’ils ne referment cette ?coutille, elle aussi, Ange entendit une voix rassurante dans la p?nombre. « C’est bon. Tu n’es pas seule. » Ange sursauta, surprise et soulag?e d’entendre une voix ; elle fut choqu?e et ravie en se tournant de voir tous ses amis assis l? dans l’obscurit?, tous avec les mains attach?es dans le dos. L? se trouvaient Reece et Selese, Elden et Indra, O’Connor et Matus, tous captifs mais vivants. Elle avait ?t? si certaine qu’ils avaient tous ?t? tu?s en mer, et ?tait submerg?e de soulagement. Cependant elle ?tait aussi emplie d’appr?hension : si tous ces grands guerriers avaient ?t? faits prisonniers, pensa-t-elle, qu’elle chance avaient-ils d’arriver ? s’en sortir en vie ? CHAPITRE TROIS Erec ?tait assis sur le pont de son propre navire, dos contre un m?t, les mains li?es derri?re lui, et examinait avec consternation la vue devant lui. Les b?timents restants de sa flotte ?taient dispers?s devant lui sur les eaux calmes de l’oc?an, tous retenus captifs dans la nuit, bloqu?s par la flotte aux milliers de navires de l’Empire. Ils ?taient tous ancr?s sur place, ?clair?s par les deux pleines lunes, ses embarcations arborant la banni?re de sa terre natale, et celles de l’Empire la blanche et or. C’?tait une vision d?courageante. Il s’?tait rendu pour ?pargner ? ses hommes une mort certaine – et pourtant ils ?taient d?sormais ? la merci de l’Empire, de vulgaires prisonniers sans aucune ?chappatoire. Erec pouvait voir les soldats de l’Empire occupant chacun de ses navires, tout comme ils occupaient le sien, une dizaine d’entre eux montaient la garde sur chaque b?timent, fixant nonchalamment l’oc?an. Sur les ponts de ses bateaux Erec pouvait voir cent hommes sur chacun, tous align?s, attach?s avec leurs poignets dans le dos. Sur chaque navire ils surpassaient les gardes de l’Empire en nombre, mais ? l’?vidence ces derniers n’?taient pas inquiets. Avec tous les hommes ligot?s, ils n’avaient pas vraiment besoin d’hommes pour les surveiller, il n’y avait pour eux nulle part o? aller. Alors qu’Erec observait la vue devant lui, il fut d?vast? par la culpabilit?. Il ne s’?tait jamais rendu avant de toute sa vie, et devoir le faire maintenant le peinait au plus haut point. Il devait se rappeler qu’il ?tait un commandant ? pr?sent, non plus un simple soldat, et il ?tait responsable de tous ses hommes. En inf?riorit? num?rique comme ils l’avaient ?t?, il n’avait pas pu permettre qu’ils soient tous tu?s. ? l’?vidence, ils avaient fonc? dans un pi?ge, gr?ce ? Krov, et livrer bataille ? ce moment-l? aurait ?t? futile. Son p?re lui avait appris que la premi?re r?gle du commandant ?tait de savoir quand se battre et quand d?poser les armes, pour choisir de se battre un autre jour, d’une autre mani?re. C’?tait de la bravade et de l’orgueil, aurait-il dit, de mener plus d’hommes ? la mort. C’?tait un conseil avis?, mais un conseil difficile ? suivre. « Moi-m?me j’aurais combattu », dit une voix ? c?t? de lui, sonnant comme la voix de sa conscience. Erec leva les yeux pour voir son fr?re, Strom, attach? ? un poteau ? c?t? de lui, ? l’air aussi imperturbable et confiant que d’ordinaire, malgr? les circonstances. Erec se renfrogna. « Tu te serais battu, et tous nos hommes seraient morts », r?pondit Erec. Strom haussa les ?paules. « Nous y passerons de toute fa?on, mon fr?re », r?pondit-il. « L’Empire n’est rien hormis cruel. Au moins, de ma mani?re, nous serions tomb?s avec gloire. Maintenant nous serons tu?s par ces hommes, mais ce ne sera pas sur nos pieds – ce sera dos au sol, leurs ?p?es sur nos gorges. « Ou pire », dit un des commandants d’Erec, attach? ? un m?t ? c?t? de Strom, « nous serons emmen?s en tant qu’esclaves et ne vivrons plus jamais en hommes libres. Est-ce ce pour quoi nous vous avons suivi ? » « Vous n’en savez rien », dit Erec. « Personne ne sait ce que l’Empire fera. Au moins sommes-nous en vie. Au moins avons-nous une chance. L’autre mani?re aurait garanti la mort. » Strom regarda Erec avec d?ception. « Ce n’est pas une d?cision que notre p?re aurait prise. » Erec rougit. « Tu ignores ce que p?re aurait fait. » « Vraiment ? » r?pliqua Strom. « J’ai v?cu avec lui, grandi avec lui sur les ?les toute ma vie, pendant que tu gambadais dans l’Anneau. Tu le connaissais ? peine. Et je dis que notre p?re se serait battu. » Erec secoua la t?te. « Ce sont des mots faciles ? dire pour un soldat », le contra-t-il. « Si tu ?tais un commandant, tes mots pourraient ?tre assez diff?rents. J’ai assez de connaissance ? propos de notre p?re pour savoir qu’il aurait sauv? ses hommes, ? n’importe quel prix. Il n’?tait pas imprudent, et pas imp?tueux. Il ?tait fier, mais ne d?bordait pas d’orgueil. Notre p?re lefantassin, dans sa jeunesse, comme toi, se serait peut-?tre battu ; mais notre p?re le Roi aurait ?t? prudent et v?cu pour se battre un autre jour. Il y a des choses que tu comprendras, Strom, en grandissant pour devenir un homme. » Strom rougit. « Je suis plus un homme que toi. » Erec soupira. « Tu ne saisis pas r?ellement ce que la guerre signifie », dit-il. « Pas jusqu’? ce que tu perdes. Pas jusqu’? ce que tu voies tes hommes mourir devant toi. Tu n’as jamais perdu. Tu as ?t? prot?g? sur cette ?le toute ta vie. Et cela a form? ton arrogance. Je t’aime en tant que fr?re – mais pas en tant que commandant. » Ils tomb?rent dans un silence tendu, une tr?ve en quelque sorte, tandis qu’Erec levait les yeux vers la nuit, regardant les ?toiles innombrables, et examina la situation. Il aimait assur?ment son fr?re, mais si souvent ils se disputaient ? propos de tout ; ils ne voyaient simplement pas les choses de la m?me mani?re. Erec se donna du temps pour se calmer, prit une profonde inspiration, puis se tourna finalement vers Strom. « Il n’est pas dans mes intentions que nous nous rendions », ajouta-t-il calmement. « Pas en tant que prisonniers, et pas en tant qu’esclaves. Tu dois adopter un point de vue plus large : se rendre est parfois la premi?re ?tape de la bataille. Tu n’affrontes pas toujours l’ennemi l’?p?e au clair : parfois la meilleure mani?re de le combattre est avec les bras ouverts. Tu peux toujours frapper avec ton ?p?e plus tard. » Strom le regarda, perplexe. « Et ensuite comment pr?vois-tu de nous sortir de ?a ? » demanda-t-il. « Nous avons rendu les armes. Nous sommes prisonniers, attach?s, incapables de bouger. Nous sommes encercl?s par une flotte d’un millier de b?timents. Nous n’avons aucune chance. » Erec secoua la t?te. « Tu ne vois pas l’ensemble », dit-il. « Aucun de nos hommes n’est mort. Nous avons toujours nos navires. Nous sommes peut-?tre prisonniers, mais je vois peu de gardes de l’Empire sur chacun de nos bateaux – ce qui signifie que nous sommes grandement sup?rieurs en nombre. Tout ce qui est n?cessaire est une ?tincelle pour allumer le feu. Nous pouvons les prendre par surprise – et nous pouvons nous ?chapper. » Strom secoua la t?te. « Nous ne pouvons pas les surmonter », dit-il. « Nous sommes attach?s, impuissants, donc le nombre ne signifie rien. Et m?me s’il comptait, nous serions ?cras?s par la flotte qui nous encercle. » Erec se tourna, ignorant son fr?re, d?sint?ress? par son pessimisme. ? la place il regarda en direction d’Alistair, assise ? quelques vingtaines de centim?tres de lui, attach?e ? un poteau de l’autre c?t?. Son c?ur se brisa en l’examinant ; elle ?tait assise l?, prisonni?re, tout cela gr?ce ? lui. Pour lui-m?me, cela ne le d?rangeait pas d’?tre captif – c’?tait le prix de la guerre. Mais pour elle, cela lui brisait le c?ur. Il aurait donn? n’importe quoi pour ne pas la voir ainsi. Erec se sentait tant redevable envers elle ; apr?s tout, elle leur avait encore sauv? la vie, l?-bas dans l’?pine du Dragon, contre ce monstre marin. Il savait qu’elle ?tait encore ext?nu?e par l’effort, savait qu’elle ?tait incapable de rassembler de l’?nergie. Toutefois Erec savait qu’elle ?tait leur seul espoir. « Alistair », appela-t-il ? nouveau, comme il l’avait toute la nuit durant, toutes les quelques minutes. Il se pencha et, avec son pied, caressa le sien, la poussant doucement. Il aurait donn? n’importe quoi pour d?faire ses liens, pour ?tre capable d’aller ? elle, pour la lib?rer. Il se sentait des plus impuissants d’?tre ?tendu ? c?t? d’elle, et d’?tre incapable de faire quoi que ce soit pour cela. « Alistair », appela-t-il. « S’il te pla?t. C’est Erec. R?veille-toi. Je t’en supplie. J’ai besoin de toi – nous avons besoin de toi. » Erec patienta, comme il l’avait fait toute la nuit durant, perdant espoir. Il ne savait pas si elle lui reviendrait un jour apr?s son dernier effort. « Alistair », supplia-t-il, encore et encore. « S’il te pla?t. R?veille-toi pour moi. » Erec attendit, en l’observant, mais elle ne bougea pas. Elle ?tait si immobile, inconsciente, plus belle que jamais dans la lumi?re de la lune. Erec souhaitait ardemment qu’elle revienne ? la vie. Erec d?tourna le regard, baissa la t?te, et ferma les yeux. Peut-?tre tout ?tait-il perdu, apr?s tout. Il n’y avait simplement rien d’autre qu’il puisse faire ? ce point. « Je suis l? », dit une voix douce, r?sonnant dans la nuit. Erec leva les yeux avec espoir et se tourna pour voir Alistair le d?visager, et son c?ur s’emballa, submerg? d’amour et de joie. Elle paraissait ?puis?e, les yeux ? peine ouverts, tandis qu’elle le scrutait d’un air endormi. « Alistair, mon amour », dit-il de mani?re pressante. « J’ai besoin de toi. Juste pour cette derni?re fois. Je ne peux pas le faire sans toi. » Elle ferma les yeux pendant un long moment, puis les ouvrit, juste un peu. « De quoi as-tu besoin ? » demanda-t-elle. « Nos liens », dit-il. « Nous avons besoin que tu nous lib?res. Nous tous. » Alistair ferma les yeux ? nouveau, et un long moment passa, durant lequel Erec ne pouvait rien entendre hormis le vent caressant le navire, le doux clapotis des vagues contre la coque. Un lourd silence emplissait l’air, et comme plus de temps s’?coulait, Erec fut certain qu’elle ne les ouvrirait pas les yeux une fois de plus. Avec ce qui semblait ?tre un effort extraordinaire, Alistair ouvrit les yeux, releva le menton, et observa les navires tout autour, examinant tout. Il pouvait voir ses yeux changer de couleur, luisant de bleu clair, illuminant la nuit comme deux torches. Soudain, les liens d’Alistair se rompirent. Erec les entendit claquer dans la nuit, puis la vit lever les deux mains devant elle. Une lumi?re intense en brillait. Un instant apr?s, Erec sentit une chaleur derri?re son dos, le long de ses poignets. Ils ?taient incroyablement chauds, puis soudain, ses attaches commenc?rent ? se d?tendre. Une lani?re ? la fois, Erec sentit chacune des cordes se d?lier, jusqu’? ce qu’enfin il soit capable de les rompre lui-m?me d’un coup sec. Erec leva les poignets et les examina avec incr?dulit?. Il ?tait libre. Il ?tait vraiment libre. Erec entendit les claquements des cordes et leva les yeux pour voir Strom se d?gageant de ses liens. Les bruits continu?rent, partout sur le navire, partout sur ses autres, et il vit les attaches de ses autres hommes se rompre, vit ses hommes ?tre lib?r?s, un ? la fois. Ils regard?rent tous vers Erec, et il mit un doigt sur ses l?vres, leur faisant signe d’?tre silencieux. Erec vit que les gardes ne l’avaient pas remarqu?, tous dos ? eux, debout contre le bastingage, plaisantant les uns avec les autres et contemplant la nuit. Bien ?videmment, aucun n’?tait sur ses gardes. Erec fit signe ? Strom et aux autres de le suivre, et en silence, Erec ? leur t?te, ils se gliss?rent tous vers l’avant, en direction des gardes. « Maintenant ! » ordonna Erec. Il piqua un sprint et ils firent tous de m?me, se pr?cipitant comme une personne, jusqu’? ce qu’ils aient atteint les soldats. Tandis qu’ils se rapprochaient, quelques-uns d’entre eux, alert?s par le bruit de bois craquant sur le pont, pivot?rent et commenc?rent ? d?gainer leurs ?p?es. Mais Erec et les autres, tous des guerriers endurcis, tous d?sesp?r?s de saisir leur seule chance de survivre, leur coup?rent l’herbe sous le pied, se mouvant trop rapidement ? travers la nuit. Strom bondit sur un et agrippa son poignet avant qu’il ne puisse frapper ; Erec tendit la main vers sa ceinture, tira sa dague, et lui trancha la gorge pendant que Strom se saisissait de son ?p?e. Malgr? toutes leurs diff?rences, les deux fr?res ?uvraient ensemble sans effort, comme toujours, se battant ? l’unisson. Les hommes d’Erec se saisirent tous des armes des gardes, les tuant avec leurs propres ?p?es et dagues. D’autres tacl?rent simplement les gardes qui bougeaient trop lentement, les pouss?rent par-dessus le bastingage, hurlant, et les envoy?rent dans la mer. Erec regarda vers ses autres navires, et vit ses hommes tuant les gardes de tous c?t?s. « Coupez les ancres ! » ordonna Erec. Tout le long de ses navires, ses hommes tranch?rent les cordages qui les maintenaient sur place, et rapidement Erec ?prouva la sensation famili?re de son navire tanguant sous lui. Enfin, ils ?taient libres. Des cors sonn?rent, des cris r?sonn?rent, et des torches furent allum?es de haut en bas des navires alors que la plus grande flotte de l’Empire prenait enfin conscience de ce qu’il se passait. Erec se tourna et regarda au loin le blocus de navires obstruant leur chemin vers la pleine mer, et il sut que le combat de sa vie l’attendait. Mais il ne s’en souciait plus. Ses hommes ?taient en vie. Ils ?taient libres. ? pr?sent ils avaient une chance. Et maintenant, cette fois-ci, ils tomberaient en se battant. CHAPITRE QUATRE Darius sentit son visage ?tre ?clabouss? de sang, et pivota pour voir une dizaine de ses hommes abattus par un soldat de l’Empire chevauchant un immense cheval noir. Le soldat maniait une ?p?e plus grosse que tout ce que Darius avait pu voir, et en un seul geste net il trancha douze de leurs t?tes. Darius entendit des cris s’?lever tout autour de lui, et se tourna dans toutes les directions pour voir ses hommes ?tre partout d?cim?s. C’?tait irr?el. Ils donnaient de grands coups, et ses hommes tombaient par dizaines, puis par centaines – puis par milliers. Darius se retrouva soudain debout sur un pi?destal, et aussi loin que sa vue portait s’?tendaient des milliers de corps. Tous les siens, morts et entass?s ? l’int?rieur de Volusia. Il ne restait personne. Pas un seul homme. Darius laissa ?chapper un grand cri d’agonie, d’impuissance, alors qu’il sentait des soldats de l’Empire l’agripper par-derri?re et l’emporter, hurlant, dans les t?n?bres. Darius se r?veilla en sursaut, haletant, battant des bras. Il regarda tout autour, essayant de comprendre ce qu’il se passait, ce qui ?tait r?el et ce qui ?tait un r?ve. Il entendit le cliquetis des cha?nes et tandis que ses yeux s’ajustaient ? la p?nombre, il commen?a ? r?aliser d’o? provenait le bruit. Il baissa les yeux pour voir ses chevilles entrav?es par de lourdes cha?nes. Il ressentait les douleurs  dans tout son corps, le picotement des blessures fra?ches, et il vit que son corps ?tait couvert de plaies, du sang s?ch? le recouvrait tout entier. Chaque mouvement ?tait douloureux, et il avait l’impression d’avoir ?t? rou? de coups par un million d’hommes. Un de ses yeux ?tait tellement gonfl? qu’il en ?tait presque ferm?. Lentement, Darius se tourna et ?tudia les alentours. D’un c?t? il ?tait soulag? que tout cela ait ?t? un r?ve – pourtant en int?riorisant tout il se souvint lentement, et la douleur revint. Cela avait ?t? un r?ve, et pourtant il contenait une grande part de v?rit?. Des flashbacks de sa bataille contre l’Empire ? l’int?rieur des murs de Volusia lui revinrent. Il se rem?mora l’embuscade, les portes se refermant, les troupes qui les encerclaient – tous ses hommes massacr?s. La trahison. Il lutta pour se souvenir de tout, et la derni?re chose dont il se rappela, apr?s avoir tu? plusieurs soldats de l’Empire, fut d’avoir re?u un coup sur le c?t? de la t?te par la partie ?mouss?e d’une hache. Darius leva la main, les cha?nes s’entrechoqu?rent, et il sentit une ?norme marque sur le c?t? de son cr?ne, descendant jusqu’? son ?il enfl?. Cela n’avait pas ?t? un r?ve. C’?tait r?el. Alors que tout lui revenait, Darius fut submerg? d’inqui?tude, de regret. Ses hommes, tous ceux qu’il avait aim?s, avaient ?t? tu?s. Tous ? cause de lui. Il parcourut fr?n?tiquement les alentours du regard dans la faible lumi?re, ? la recherche d’un signe quelconque d’un de ses hommes, n’importe quelle trace de survivants. Peut-?tre que beaucoup avaient surv?cu, et avaient ?t?, comme lui, fait prisonniers. « Avancez ! », un ordre rude se fit entendre dans l’obscurit?. Darius sentit des mains brutales le soulever par-dessous les bras, le remettre sur pieds, puis sentit une botte le frapper ? la base du dos. Il g?mit de douleur tout en tr?buchant vers l’avant, les cha?nes cliquetant, et se sentit voler dans le dos du gar?on devant lui. Ce dernier tendit le bras vers l’arri?re et lui donna un coup de coude au visage, l’envoyant tituber vers l’arri?re. « Ne me touche pas ? nouveau », gronda-t-il L? se tenait un gar?on ? l’air d?sesp?r?, encha?n? comme lui, et Darius se rendit compte qu’il ?tait attach? ? une longue ligne de gar?ons, dans les deux directions, de longs liens de fers lourds reliant leurs poignets et leurs chevilles ; tous ?taient men?s le long d’un tunnel sombre en pierre. Les contrema?tres de l’Empire leur donnaient des coups de pied et de coude tout du long. Darius scruta les visages du mieux qu’il put, mais ne reconnut personne. « Darius ! » murmura une voix pressante. « Ne tombe pas ? nouveau ! Ils te tueront ! » Le c?ur de Darius bondit en entendant le son d’une voix famili?re, et il se retourna pour voir quelques hommes derri?re lui dans le rang, Desmond, Raj, Kaz et Luzi, ses vieux amis, tous quatre encha?n?s, tous paraissant aussi amoch?s qu’il devait en avoir l’air. Ils le regardaient tous avec soulagement, ? l’?vidence heureux de voir qu’il ?tait en vie. « Parle une fois encore », dit un contrema?tre furieux ? Raj, « et je te prendrais ta langue. » Darius, pour autant qu’il ?tait soulag? de voir ses amis, s’interrogea ? propos des innombrables autres qui avaient combattu et servi avec lui, qui l’avaient suivi dans les rues de Volusia. Le contrema?tre avan?a plus loin le long du rang, et quand il fut hors de vue, Darius se tourna et murmura en r?ponse. « Qu’en est-il des autres ? D’autres ont-ils surv?cu ? » Il pria en secret pour que des centaines des siens y soient arriv?s, pour qu’ils soient quelque part, attendant, peut-?tre prisonniers. « Non », s’?leva une voix ferme derri?re eux. « Nous sommes les seuls. Tous les autres sont morts. » Darius eut l’impression d’avoir ?t? frapp? ? l’estomac. Il avait le sentiment d’avoir abandonn? tout le monde, et malgr? lui, il sentit une larme couler le long de sa joue. Il avait envie de sangloter. Une partie de lui voulait mourir. Il pouvait difficilement le concevoir : tous ces guerriers issus de tous ces villages d’esclaves… Cela avait ?t? le d?but de ce qui allait ?tre la plus grande r?volution de tous les temps, une qui aurait chang? la face de l’Empire pour toujours. Et elle s’?tait achev?e brusquement par un massacre de masse. D?sormais toute chance de libert? ?tait d?truite. Tandis que Darius marchait, ? l’agonie ? cause de ses blessures et contusions, des entraves de fer rentrant dans sa peau, il regarda autour de lui et commen?a ? se demander o? il ?tait. Il se demanda qui ?taient ces prisonniers, et o? ils ?taient men?s. En les examinant, il r?alisa qu’ils ?taient tous ? peu pr?s de son ?ge, et ils semblaient extraordinairement en bonne forme. Comme s’ils ?taient tous des combattants. Ils pass?rent un tournant dans le tunnel sombre, et la lumi?re du soleil les rencontra soudain, se d?versant ? travers les barreaux de fer au-devant, au bout du tunnel. Darius fut brutalement pouss? en avant, frapp? dans les c?tes par une matraque ; il se pr?cipita en avant avec les autres jusqu’? ce que les barreaux soient ouverts, et qu’on lui donne un dernier coup de pied, dans la lumi?re du jour. Darius tr?bucha avec les autres et ils tomb?rent tous, en groupe, dans la poussi?re. Darius en recracha et leva ses mains pour se prot?ger de la lumi?re crue du soleil. D’autres roul?rent sur lui, tous emm?l?s par les entraves. « Relevez-vous ! » cria un contrema?tre. Ils march?rent de gar?on en gar?on, les frappant avec des matraques, jusqu’? ce qu’enfin Darius de remette p?niblement sur pieds. Il tr?bucha tandis que les autres, encha?n?s ? lui, tentaient de retrouver leur ?quilibre. Ils ?taient debout et faisaient face au centre d’une cour circulaire et poussi?reuse, d’environ quinze m?tres de diam?tre, encadr?e de hauts murs de pierre, et des barreaux ? toutes les ouvertures. Devant eux, debout au centre, les d?visageant avec un air renfrogn?, se tenait un contrema?tre de l’Empire, ? l’?vidence leur commandant. Il ?tait mena?ant, plus grand que les autres, avec ses cornes et peau jaunes, et ses yeux rouges brillants, sans chemise, les muscles saillants. Il portait une armure noire sur les jambes, des bottes, et du cuir clout? aux poignets. Il arborait les titres d’un officier de l’Empire, et il faisait les cent pas, les examinait avec d?sapprobation. « Je suis Morg », dit-il, la voix sombre, tonitruante d’autorit?. « Vous vous adresserez ? moi en tant que monsieur. Je suis votre nouveau gardien. Je suis toute votre vie ? pr?sent. » Il respirait tout en marchant, sonnant plus comme un grondement. « Bienvenue dans votre nouvelle maison », continua-t-il. « Votre foyer temporaire, je pr?cise. Car avant que la lune soit lev?e, vous serez tous morts. Je vais prendre beaucoup de plaisir ? vous voir mourir, en fait. » Il sourit. « Mais tant que vous ?tes l? », ajouta-t-il, « vous vivrez. Vous vivrez pour me satisfaire. Vous vivrez pour faire plaisir aux autres. Vous vivrez pour contenter l’Empire. Vous ?tes nos objets de divertissement maintenant. Nos choses de spectacle. Notre divertissement signifie votre mort. Et vous le r?aliserez bien. » Il esquissa un sourire cruel tout en continuant ? faire les cent pas et en les ?tudiant. Un grand cri s’?leva quelque part au loin, et le sol tout entier trembla sous les pieds de Darius. Cela sonnait comme le cri de centaines de milliers de personnes assoiff?es de sang. « Entendez-vous ce cri ? » demanda-t-il. « C’est celui de la mort. Une soif de mort. L?-bas, derri?re ces murs, s’?tend la grande ar?ne. Dans celle-ci, vous vous battrez contre d’autres, vous vous battrez vous-m?me, jusqu’? ce qu’aucun d’entre vous ne reste. » Il soupira. « Il y aura trois tours de combat », ajouta-t-il. « Durant le dernier, si aucun d’entre vous survit, il vous sera accord? votre libert?, une chance de vous battre dans la plus grande des ar?nes. Mais n’ayez pas trop d’espoir : personne n’a jamais surv?cu aussi longtemps. » « Vous ne mourrez pas rapidement », ajouta-t-il. « Je suis ici pour m’en assurer. Je veux que vous mouriez lentement. Je veux que vous soyez de bons objets de divertissement. Vous apprendrez ? vous battre, et l’apprendrez bien, pour prolonger notre plaisir. Car vous n’?tes plus des hommes. Vous n’?tes pas des esclaves. Vous ?tes moins que des esclaves : vous ?tes des gladiateurs maintenant. Bienvenue dans votre nouveau, et dernier r?le. Cela ne durera pas longtemps. » CHAPITRE CINQ Volusia marchait dans le d?sert, ses centaines de milliers d’hommes derri?re elle, le son de leurs bottes emplissant les cieux. C’?tait un doux bruit ? ses oreilles, celui de l’ascension, de la victoire. Elle regarda au loin tout en avan?ant, et elle fut satisfaite de voir des corps s’alignant ? l’horizon, partout sur les durs sables secs en p?riph?rie de la capitale de l’Empire. Des milliers d’entre eux, ?tendus, tous parfaitement immobiles, allong?s sur le dos et regardant vers le ciel avec douleur, comme s’ils avaient ?t? aplatis par un gigantesque raz-de-mar?e. Volusia savait qu’il ne s’agissait pas d’un raz-de-mar?e. C’?taient ses sorciers, les Voks. Ils avaient jet? un sort puissant, et avaient tu? tous ceux qui pensaient qu’ils pouvaient la prendre en embuscade et la tuer. Volusia sourit d’un air suffisant tout en marchant, en voyant son ouvrage, se d?lectant en ce jour de victoire, d’avoir encore une fois ?t? plus intelligente que ceux qui voulaient la tuer. C’?taient tous les chefs de l’Empire, tous de grands hommes, des hommes qui n’avaient jamais connu la d?faite auparavant, et la seule chose se tenant entre elle et la capitale. ? pr?sent ils ?taient l?, tous ces dirigeants de l’Empire, tous les hommes qui avaient os? d?fier Volusia, tous les hommes qui avaient pens? qu’ils ?taient plus fut?s qu’elle – tous morts. Volusia avan?ait au milieu d’eux, parfois ?vitant les corps, parfois les enjambant, et parfois, quand elle en avait envie, elle marchait dessus. Elle ?prouvait une grande satisfaction ? sentir la chair de l’ennemi sous ses bottes. Cela lui donnait l’impression d’?tre ? nouveau un enfant. Volusia leva les yeux et vit la capitale droit devant, ses immenses d?mes dor?s ?tincelant distinctement au loin, vit les murs imposants l’encerclant, de trente m?tres de haut, remarqua l’entr?e, encadr?e par des portes vo?t?es et dor?es, et sentit le fr?missement de son destin se d?rouler devant elle. Maintenant, rien ne se tenait entre elle et son si?ge de pouvoir final. Plus de politiciens, de dirigeants ou de commandants ne pouvaient se mettre en travers de son chemin pour revendiquer le pouvoir, hormis elle. La longue marche, sa prise d’une cit? apr?s l’autre durant toutes ces lunes, son accumulation d’arm?es une cit? ? la fois – finalement, tout revenait ? cela. Juste derri?re ces murs, juste derri?re ces brillantes portes dor?es, se trouvait sa derni?re conqu?te. Bient?t, elle serait ? l’int?rieur, elle prendrait le tr?ne, et quand elle l’aurait fait, il n’y aurait rien ni personne pour l’arr?ter. Elle prendrait le commandement de toutes les arm?es de l’Empire, de toutes ses provinces et r?gions, les quatre cornes et les deux pointes, et enfin, chaque cr?ature de l’Empire, jusqu’? la derni?re, devrait la d?clarer – une humaine – leur commandante supr?me. Encore plus, ils devraient l’appeler D?esse. Cette pens?e la fit sourire. Elle ?rigerait des statues d’elle-m?me dans chaque cit?, devant chaque lieu de pouvoir ; elle nommerait des vacances d’apr?s elle-m?me, ferait se saluer les gens par son nom, et l’Empire ne conna?trait bient?t pas de nom hormis le sien. Volusia marchait devant son arm?e sous les soleils matinaux, examinant ces portes dor?es, et elle r?alisa que cela serait un des plus grands moments de sa vie. Menant la voie devant ses hommes, elle se sentait invincible –surtout maintenant que les tra?tres dans ses rangs ?taient morts. Combien ils avaient ?t? sots, pensa-t-elle, de supposer qu’elle ?tait na?ve, de supposer qu’elle tomberait dans leur pi?ge, juste parce qu’elle ?tait jeune. Pour autant leur vieil ?ge – voil? o? cela les avait men?s. Cela ne leur avait fait gagner qu’une mort pr?coce, une mort pr?coce pour avoir sous-estim? sa sagesse – une sagesse encore plus grande que la leur. Et pourtant, pendant que Volusia marchait, tandis qu’elle examinait les corps dans le d?sert, elle commen?a ? ?prouver une inqui?tude grandissante. Il n’y avait pas autant de corps, r?alisa-t-elle, qu’il aurait d? y en avoir. Il y avait peut-?tre quelques milliers de cadavres, mais pas les centaines de milliers auxquels elle s’?tait attendue, mais le principal corps de l’arm?e de l’Empire. Ces dirigeants n’avaient-ils pas amen? tous leurs hommes ? Et si non, o? pouvaient-ils ?tre ? Elle commen?ait ? s’interroger : avec ses leaders morts, la capitale se d?fendrait-elle quand m?me ? Alors que Volusia se rapprochait des portes de la capitale, elle fit signe ? Vokin de s’avancer et ? son arm?e de s’arr?ter. Comme un, ils firent tous halte derri?re elle et finalement le silence se fit dans le d?sert au matin, rien hormis le bruit du vent, la poussi?re s’?levant dans l’air, un buisson d’?pine passant. Volusia ?tudia les portes massives et ferm?es, l’or sculpt? de motifs d?coratifs, de signes et de symboles, racontant les histoires des anciennes batailles des terres de l’Empire. Ces portes ?taient c?l?bres ? travers l’Empire, il ?tait dit qu’elles avaient pris cent ans ? sculpter, et ?taient ?paisses de trois m?tres. C’?tait un signe de force repr?sentant tous les territoires de l’Empire. Volusia, qui se tenait ? peine ? quinze m?tres, n’avait jamais ?t? si proche de l’entr?e de la capitale auparavant, et ?tait en admiration devant elles – et de ce qu’elles repr?sentaient. Non seulement ?taient-elles un symbole de puissance et de stabilit?, mais elles ?taient aussi un chef d’?uvre, une ancienne ?uvre d’art. Elle d?sirait ardemment tendre la main et toucher ces portes dor?es, de faire courir ses mains le long des images grav?es. Mais elle savait que ce n’?tait pas le moment. Elle les ?tudia, et un sentiment d’appr?hension commen?a ? s’?lever en elle. Quelque chose n’allait pas. Elles n’?taient pas gard?es. Et c’?tait bien trop silencieux. Volusia regarda droit vers le haut, et au sommet des murs, tenant les parapets, elle vit des milliers de soldats de l’Empire appara?tre lentement, align?s, yeux baiss?s, arcs et lances pr?ts. Un g?n?ral de l’Empire se tenait au milieu, le regard baiss? vers eux. « Vous ?tes insens?s de venir si pr?ts », tonna-t-il, sa voix r?sonnant. « Vous vous tenez ? port?e de nos arcs et de nos lances. D’un seul geste, je peux vous faire tuer en un instant. » « Mais je vous ?pargnerais », ajouta-t-il. « Dis ? tes arm?es de d?poser leurs armes, et je vous laisserais vivre. » Volusia leva les yeux vers le g?n?ral, au visage obscurcit contre le soleil, ce commandant seul laiss? derri?re pour d?fendre la capitale, et elle regarda ses hommes le long des remparts, tous leurs yeux braqu?s sur elle, arcs ? la main. Elle savait qu’il pensait ce qu’il disait. « Je vais te donner une chance de d?poser tes armes », s’?cria-t-elle en retour, « avant que je ne tue tous tes hommes, et br?le cette capitale jusqu’aux fondations. » Il ricana, et elle les vit, lui et ses hommes, abaisser leurs visi?res, se pr?parant pour le combat. Aussi rapide que l’?clair, Volusia entendit soudain le bruit de milliers de fl?ches d?coch?es, de milles lances envoy?es, et alors qu’elle levait les yeux, elle vit le ciel noircir, charg? d’armes, toutes pleuvant droit sur elle. Volusia se tint l?, enracin?e sur place, sans peur, sans m?me tressaillir. Elle savait qu’aucune de ces armes ne pouvait la blesser. Apr?s tout, elle ?tait une d?esse. ? c?t? d’elle, le Vok leva une seule paume longue et verte, et alors qu’il le faisait, un globe vert quitta sa main et flotta dans l’air devant elle, projetant un bouclier de lumi?re verte ? quelques trentaines de centim?tres de la t?te de Volusia. Un instant apr?s, les fl?ches et lances rebondirent dessus, inoffensives, et atterrirent sur le sol ? c?t? d’elle dans un grand tas. Volusia jeta un coup d’?il avec satisfaction ? la pile grandissante de lances et de fl?ches, et reporta son regard vers le haut pour voir les visages stup?faits des soldats de l’Empire. « Je vais vous donner une chance suppl?mentaire de d?poser les armes », s’?cria-t-elle. Le commandant de l’Empire se tint l?, avec s?v?rit?, de toute ?vidence frustr? et d?battant de ses options, mais il ne bougea pas. ? la place, il fit signe ? ses hommes, et elle put les voir se pr?parer ? d?cocher une autre vol?e. Volusia hocha de la t?te vers Vokin, et il fit un geste vers ses hommes. Des dizaines de Voks s’avanc?rent, s’align?rent et lev?rent leurs mains au-dessus de leurs t?tes, braquant leurs paumes. Un instant apr?s, des dizaines de globes verts emplirent le ciel, et se dirig?rent vers les murs de la cit?. Volusia observa avec de grandes esp?rances, s’attendant ? voir les murs s’effondrer, s’attendant ? voir tous ces hommes s’?craser ? ses pieds, s’attendant ? voir la capitale ?tre sienne. Elle ?tait d?j? impatiente de s’asseoir sur le tr?ne. Mais Volusia vit avec surprise et d?sarroi les globes de lumi?re verte rebondir contre les murs de la capitale sans dommages, puis dispara?tre dans des ?clairs de lumi?re. Elle ne pouvait pas comprendre : ils ?taient inefficaces. Volusia regarda vers Vokin, et il semblait perplexe, lui aussi. Le commandant de l’Empire, haut en dessus, ricana. « Vous n’?tes pas les seuls avec de la sorcellerie », dit-il. « Ces murs ne peuvent ?tre abattus par aucune magie – ils ont r?sist? ? l’?preuve du temps pendant des milliers d’ann?es, ont repouss?  des barbares, des arm?es enti?res plus grandes que la tienne. Il n’y a aucune magie qui puisse les renverser – seulement la main des hommes. » Il esquissa un grand sourire. « Donc tu vois », ajouta-t-il, « tu as fait la m?me erreur que bien d’autres aspirants conqu?rants avant toi. Tu as d?pendu la sorcellerie pour ton approche de cette capitale – et maintenant tu vas en payer le prix. » Le long des parapets des cors sonn?rent, Volusia jeta un coup d’?il et fut ?branl?e de voir une arm?e de soldats s’alignant loin. Ils emplissaient de noir la ligne d’horizon, des centaines de milliers d’entre eux, une vaste arm?e, plus grande m?me que les hommes qu’elle avait derri?re elle. Ils avaient indubitablement attendu derri?re le mur, de l’autre c?t? de la capitale, dans le d?sert, l’ordre du commandant de l’Empire. Elle n’avait pas seulement march? vers une autre bataille – ce serait une guerre ouverte. Un autre cor sonna, et soudain, les grandes portes dor?es devant elle commenc?rent ? s’ouvrir. Elles s’ouvrirent de plus en plus largement, et en m?me temps un grand cri de guerre s’?leva, tandis que des milliers de soldats suppl?mentaires en ?mergeaient, chargeant droit vers eux. En m?me temps, les centaines de milliers de soldats ? l’horizon s’?lanc?rent, eux aussi, s?parant leurs forces autour de la cit? de l’Empire et chargeant vers eux ses deux c?t?s. Volusia tint position, leva un seul poing, puis l’abaissa. Derri?re elle, son arm?e poussa un grand cri de guerre tandis qu’ils se pr?cipitaient en avant pour rencontrer les hommes de l’Empire. Volusia savait que ce serait la bataille qui d?ciderait de sort de la capitale – le sort m?me de l’Empire. Ses sorciers l’avaient d??ue – mais ses soldats ne la d?cevraient pas. Apr?s tout, elle pouvait ?tre plus brutale que n’importe quel autre homme, et elle n’avait pas besoin de sorcellerie pour cela. Elle vit les hommes venir ? elle, et elle tint bon, savourant la chance de tuer ou d’?tre tu?e. CHAPITRE SIX Gwendolyn ouvrit les yeux en sentant un soubresaut et un coup sur sa t?te, et elle regarda tout autour, d?sorient?e. Elle vit qu’elle ?tait allong?e sur le c?t?, sur une dure plateforme de bois, et le monde bougeait autour d’elle. Un g?missement s’?leva, et elle sentit quelque chose d’humide sur sa joue. Elle jeta un coup d’?il pour voir Krohn, en boule ? c?t? d’elle, qui la l?chait – et son c?ur bondit de joie. Krohn paraissait malade, affam?, ?puis? – mais il ?tait en vie. C’?tait tout ce qui comptait. Lui aussi avait surv?cu. Gwen l?cha ses l?vres et r?alisa qu’elles n’?taient pas aussi s?ches qu’auparavant ; elle ?tait soulag?e de pouvoir m?me les l?cher, car pr?c?demment sa langue avait ?t? trop enfl?e pour bouger. Elle sentit un filet d’eau froide entrer dans sa bouche, elle leva les yeux et du coin de l’?il vit un de ces nomades du d?sert debout au-dessus d’elle et tenant une outre. Elle y but avidement, encore et encore, jusqu’? ce qu’il l’?loigne. Tandis qu’il la retirait, Gwen tendit la main et agrippa son poignet, puis le tira vers Krohn. Au premier abord le nomade parut perplexe, mais ensuite il r?alisa, tendit le bras et versa de l’eau dans la gueule de Krohn. Gwen se sentit soulag?e en voyant Krohn laper l’eau, buvant alors qu’il ?tait ?tendu l?, haletant, ? c?t? d’elle. Gwen sentit un autre cahot, un autre coup tandis que la plateforme tremblait, et elle observa au del? le monde, tourna sur le c?t?, et ne vit rien d’autre que le ciel devant elle, des nuages qui passaient. Elle sentit que son corps s’?levait, de plus en plus haut dans les airs ? chaque secousse, et elle ne pouvait comprendre ce qui ?tait en train de se passer, o? elle ?tait. Elle n’avait pas la force de s’asseoir, mais elle ?tait capable de tordre assez son cou pour voir qu’elle ?tait ?tendue sur une plateforme de bois, lev?e par des cordes de chaque c?t?. Quelqu’un bien au-dessus tirait sur ces cordes, grin?ant avec l’?ge, et ? chaque ?-coup, la plateforme s’?levait un peu plus haut. Elle ?tait en train d’?tre soulev?e le long de falaises abruptes et sans fin, les m?mes falaises qu’elle reconnut d’avant son ?vanouissement. Celles qui avaient ?t? couronn?es par des parapets et des chevaliers ?tincelants. En s’en rappelant, Gwen se tourna et tendit le cou, regarda vers le bas et se sentit imm?diatement naus?euse. Ils ?taient ? des trentaines de m?tres au-dessus du d?sert, et montaient. Elle se tourna, leva les yeux, et ? trente m?tres au-dessus d’eux, elle vit les parapets, la vue obscurcie par le soleil, et les chevaliers regardant en bas, se rapprochant ? chaque saccade des cordes. Gwen se retourna imm?diatement, examina la plateforme, et fut envahie de soulagement en voyant tous les siens encore avec elle : Kendrick, Sandara, Steffen, Arliss, Aberthol, Illepra, Kr?a le b?b?, Stara, Brandt, Atme, et plusieurs membres de l’Argent. Ils ?taient tous ?tendus sur la plateforme, tous soign?s par les nomades, qui versaient de l’eau dans leurs bouches et sur leurs visages. Gwen ressentit un ?lan de reconnaissance envers ces ?tranges cr?atures nomades qui leur avaient sauv? la vie. Gwen ferma ? nouveau les yeux, reposa sa t?te sur le bois dur, tandis que Krohn se roulait en boule ? c?t? d’elle, et sa t?te parut peser une tonne. Tout ?tait confortablement silencieux, sans aucun son l?-haut hormis celui du vent, et les cordes grin?antes. Elle avait voyag? si loin, pendant si longtemps, et se demandait o? tout cela se terminerait. Bient?t ils seraient au sommet, et elle priait seulement pour que les chevaliers, qui qu’ils soient, s’av?rent ?tre aussi hospitaliers que ces nomades du d?sert. ? chaque soubresaut, les soleils se faisaient plus forts, plus chauds, il n’y avait aucune ombre sous laquelle se cacher. Elle avait l’impression qu’elle ?tait en train de br?ler, comme si elle ?tait hiss?e vers le centre du soleil lui-m?me. Gwendolyn ouvrit les yeux en sentant un dernier cahot, et prit conscience qu’elle s’?tait rendormie. Elle sentit des mouvements et r?alisa qu’elle ?tait port?e avec pr?caution par les nomades, la mettant elle et les siens ? nouveau sur les b?ches de toile, puis ils les transport?rent de la plateforme sur les parapets. Gwendolyn se sentit ?tre finalement d?pos?e, doucement, sur un sol de pierre, elle leva le regard et cligna plusieurs fois des yeux dans le soleil. Elle ?tait trop ext?nu?e pour relever la nuque, incertaine de savoir si elle ?tait encore ?veill?e ou si elle r?vait. Des dizaines de chevaliers apparurent, s’approchant d’elle, v?tus de cottes de mailles et d’armures immacul?es, ils se press?rent autour d’elle et la d?visag?rent avec curiosit?. Gwen ne pouvait pas comprendre comment des chevaliers pouvaient se trouver l? dans ce grand d?sert, dans cette grande ?tendue d?sol?e au milieu de nulle part, comment ils pouvaient monter la garde au sommet de cette immense cr?te, sous ces soleils. Comment avaient-ils surv?cu ici ? Que gardaient-ils ? O? avaient-ils obtenu des armures si royales ? Tout cela ?tait-il un r?ve ? M?me l’Anneau, avec son ancienne tradition de grandeur, avait peu d’armures pour ?quivaloir ? celles que ces hommes portaient. C’?taient les plus finement ouvrag?es sur lesquelles elle ait jamais pos? les yeux, forg?e avec de l’argent, de la platine et d’autres m?taux qu’elle ne pouvait pas reconna?tre, grav?s de marques complexes, et avec un armement assorti. Ces hommes ?taient ? l’?vidence des soldats professionnels. Cela lui ?voquait le temps o? elle ?tait une jeune fille et accompagnait son p?re sur le terrain ; il la montrait aux soldats, et elle levait les yeux pour les voir align?s avec une telle splendeur. Gwen s’?tait demand? comment une telle beaut? pouvait exister, comment cela pouvait m?me ?tre possible. Peut-?tre ?tait-elle morte, et c’?tait sa version du paradis. Mais ensuite elle entendit un d’entre eux s’avancer, devant les autres, retirer son heaume et baisser les yeux, ses ?tincelants yeux bleus emplis de sagesse et de compassion. Peut-?tre dans la trentaine, il avait une apparence surprenante, sa t?te ?tait compl?tement chauve, et il portait une barbe d’un blond l?ger. Assur?ment, il ?tait l’officier responsable. Le chevalier tourna son attention vers les nomades. « Sont-ils en vie ? » demanda-t-il. Un des nomades, en r?ponse, ?tendit son long b?ton et poussa doucement Gwendolyn, qui bougea. Elle voulait plus que tout s’asseoir, leur parler, d?couvrir qui ils ?taient – mais elle ?tait trop ?puis?e, sa gorge trop s?che, pour r?pondre. « Incroyable », dit un autre soldat en faisant un pas en avant, ses ?perons tintant, tandis que plus de chevaliers s’avan?aient et se pressaient tout autour d’eux. Manifestement, ils ?taient tous des objets de curiosit?. « Ce n’est pas possible », dit l’un. « Comment auraient-ils pu survivre ? la Grande D?solation ? » « Ils n’auraient pas pu », dit un autre. « Ils doivent ?tre des d?serteurs. Ils ont d?, d’une mani?re ou d’une autre, franchir la Cr?te, se perdre dans le d?sert, et d?cider de revenir. » Gwendolyn essaya de r?pondre, de leur dire tout ce qu’il s’?tait pass?, mais elle ?tait trop ext?nu?e pour faire sortir les mots. Apr?s un court silence, le chef s’avan?a. « Non », dit-il avec certitude. « Regardez les marques sur son armure », dit-il, poussant Kendrick du pied. « Ce n’est pas notre armure. Ce n’est pas une armure de l’Empire non plus. » Tous les chevaliers se press?rent autour d’eux, sid?r?s. « Alors d’o? viennent-ils ? » demanda l’un d’eux, confus. « Et comment ont-ils su o? nous trouver ? » demanda un autre. Le chef se tourna vers les nomades. « O? les avez-vous trouv?s ? » les interrogea-t-il. Les nomades caquet?rent en retour, et Gwen vit les yeux du chef s’?carquiller. « De l’autre c?t? du mur de sable ? » leur demanda-t-il. « En ?tes-vous certains ? » Les nomades r?pondirent par de petits cris. Le commandant se tourna vers les siens. Je ne pense pas qu’ils savaient o? nous ?tions. Je pense qu’ils ont eu de la chance – les nomades les ont trouv?s, ont voulu leur r?compense et les ont amen?s ici, les m?prenant pour un d’entre nous. » Les chevaliers se d?visag?rent les uns les autres, et il parut ?vident qu’ils n’avaient jamais rencontr? une telle situation auparavant. « Nous ne pouvons les recueillir », dit un des chevaliers. « Vous connaissez les r?gles. Vous les laissez entrer et nous laissons une piste. Pas de traces. Jamais. Nous devons les renvoyer, dans la Grande D?solation. » Un long silence s’ensuivit, interrompu par rien d’autre que le hurlement du vent, et Gwen pu sentir qu’ils d?battaient sur ce que faire d’eux. Elle n’aimait pas la longueur de la pause. Gwen essaya de s’asseoir pour protester, de leur dire qu’ils ne pouvaient pas les renvoyer l? dehors, qu’ils ne le pouvaient simplement pas. Pas apr?s tout ce qu’ils avaient travers?. « Si nous le faisions », dit le chef, « cela signifierait leur mort. Et notre code d’honneur exige que nous aidions les impuissants. » « Et pourtant si nous les acceptons », contra un chevalier, « alors nous pourrions tous mourir. L’Empire suivra leur trace. Ils d?couvriront notre cachette. Nous mettrions en danger tout notre peuple. Pr?f?rerais-tu voir quelques ?trangers mourir, ou tous les n?tres ? » Gwen pouvait voir leur chef r?fl?chir, d?chir? par l’anxi?t?, faisant face ? une d?cision difficile. Elle comprenait ce que l’on ressentait quand on affrontait des d?cisions ardues. Elle ?tait trop faible pour se r?signer ? quoi que ce soit hormis ? se laisser ?tre ? la merci de la bont? d’autres personnes. « Il en est peut-?tre ainsi », dit finalement leur chef, de la r?signation dans la voix, « mais je ne refuserais pas des gens innocents pour qu’ils meurent. Ils viennent. » Il se tourna vers ses hommes. « Descendez-les de l’autre c?t? », ordonna-t-il, la voix ferme et autoritaire. « Nous les m?nerons ? notre Roi, et il d?cidera par lui-m?me. » Les hommes ?cout?rent et commenc?rent ? entrer en action, pr?parant la plateforme de l’autre c?t? pour la descente, et un de ses hommes fixa du regard leur chef, incertain. « Vous violez les lois du Roi », dit le chevalier. « Aucun ?tranger n’est admis dans la Cr?te. Jamais. » Le chef le d?visagea avec fermet?. « Aucun ?tranger n’a jamais atteint nos portes », r?pondit-il. « Le Roi pourrait vous emprisonner pour cela », dit le chevalier. Le commandant ne vacilla pas. « C’est un risque que je suis pr?t ? courir. » « Pour des ?trangers ? Des nomades du d?sert sans valeur ? », dit le chevalier, surpris. « Qui sait qui sont ces gens. » « Chaque vie est pr?cieuse », r?pliqua le chef, « et mon honneur vaut mille vies en prison. » Le commandant fit un signe de la t?te ? ses hommes, qui attendaient tous debout, et Gwen sentit soudain qu’elle ?tait soulev?e dans les bras d’un chevalier, son armure de m?tal contre son dos. Il la ramassa sans effort, comme si elle ?tait une plume, et la porta, tandis que les chevaliers transportaient tous les autres. Gwen vit qu’ils traversaient une pierre large et plate au sommet de la cr?te de la montagne, s’?tendant sur peut-?tre cent m?tres. Ils march?rent et march?rent, et elle se sentit ? l’aise dans les bras de ce chevalier, plus ? l’aise qu’elle ne l’avait ?t? pendant un long moment. Elle voulait plus que tout dire merci, mais elle ?tait trop ?reint?e pour ouvrir la bouche. Ils atteignirent l’autre c?t? des parapets, et alors que les chevaliers s’appr?taient ? les placer sur une nouvelle plateforme puis les faire descendre de l’autre c?t? de l’ar?te, Gwen regarda au loin et saisit un aper?u d’o? ils allaient. C’?tait une vue qu’elle n’oublierait jamais, une vue qui lui coupa le souffle. La cr?te de la montagne, qui s’?levait du d?sert tel un sphinx, avait, vit-elle, la forme d’un ?norme cercle, si large qu’il disparaissait de la vue dans la brume des nuages. C’?tait un mur protecteur, se rendit-elle compte, et de l’autre c?t?, en contrebas, Gwen vit un lac bleu scintillant aussi grand qu’un oc?an, ?tincelant dans les soleils du d?sert. La richesse du bleu, la vue de toute cette eau, la stup?fia. Et au del? de cela, ? l’horizon, elle vit une terre immense, une terre si vaste qu’elle ne pouvait pas voir o? elle s’achevait, et ? sa surprise, elle ?tait fertile, verte, un vert brillant de vie. Aussi loin qu’elle pouvait voir s’?tendaient des fermes, des arbres fruitiers, des for?ts, des vignes et des vergers en abondance, une terre d?bordant de vie. C’?tait la vue la plus belle et la plus idyllique qu’elle ait jamais vue. « Bienvenue, ma dame », dit leur chef, « dans le pays au del? de la Cr?te. » CHAPITRE SEPT Godfrey, roul? en boule, fut r?veill? par un g?missement constant, persistant, qui interf?rait avec ses r?ves.il se r?veilla lentement, incertain d’?tre r?ellement ?veill? ou encore coinc? dans ses cauchemars sans fin. Il cligna des yeux dans la p?nombre, essayant de repousser son r?ve. Il avait r?v? qu’il ?tait lui-m?me une marionnette sur un fil, se balan?ant au-dessus des murs de Volusia, tenu par les Finiens, qui tiraient les cordes de haut en bas, faisant bouger les bras et jambes de Godfrey tandis qu’il pendait au-dessus de l’entr?e de la cit?. On avait fait regarder ? Godfrey pendant qu’en contrebas des milliers de ses compatriotes ?taient massacr?s sous ses yeux, les rues de Volusia rouges de sang. ? chaque fois qu’il pensait que c’?tait termin?, le Finien tirait ? nouveau s?chement sur ses cordes, le faisant bouger de haut en bas, encore et encore et encore… Finalement, par bonheur, Godfrey fut r?veill? par ce g?missement, et il se retourna, la t?te sur le point de se fendre, pour voir qu’il provenait de quelque m?tres de l?, d’Akorth et Fulton, tous deux roul?s en boule sur le sol ? c?t? de lui, tous deux geignant, couverts de marques noires et bleues. Non loin se trouvaient Merek et Ario, affal?s et immobiles sur le sol de pierre, eux aussi – que Godfrey reconnut imm?diatement comme ?tant celui d’une cellule de prison. Tous semblaient s?v?rement battus – mais au moins ils ?taient tous l?, et d’apr?s ce que Godfrey pouvait voir, ils respiraient tous. Godfrey fut d’embl?e soulag? et d?sempar?. Il ?tait stup?fait d’?tre en vie, apr?s l’embuscade dont il avait ?t? t?moin, stup?fait de ne pas avoir ?t? massacr? l?-bas par les Finiens. Mais en m?me temps, il se sentait vide, oppress? par la culpabilit?, sachant que c’?tait de sa faute si Darius et les autres ?taient tomb?s dans le pi?ge ? l’int?rieur des murs de Volusia. Tout cela ? cause de sa na?vet?. Comment avait-il pu ?tre aussi idiot pour faire confiance aux Finiens ? Godfrey ferma les yeux et secoua la t?te, souhaitant ardemment que le souvenir disparaisse, que la nuit se soit d?roul?e diff?remment. Il avait men? Darius et les autres dans la cit?, inconsciemment, comme des agneaux ? l’abattoir. Encore et encore dans son esprit il entendait les cris de ces hommes, tentant de lutter pour leur vie, tentant de s’?chapper, r?sonnant dans sa t?te et ne le laissant pas en paix. Godfrey mit les mains sur ses oreilles et essaya de les faire dispara?tre, de couvrir les g?missements d’Akorth et Fulton, tous deux ? l’?vidence souffrant de leurs contusions et d’une nuit pass?e ? dormir sur le dur sol de pierre. Godfrey s’assit, sa t?te lui semblait peser mille tonnes, et ?tudia les environs, une petite cellule contenant seulement lui, ses amis et quelques autres qu’il ne connaissait pas, et trouva un peu de consolation dans le fait que, ?tant donn? combien cette cellule paraissait lugubre, la mort pourrait survenir plus t?t que tard. Cette prison ?tait assur?ment diff?rente de la derni?re, elle ressemblait plus ? une cellule de d?tention pour ceux sur le point de mourir. Godfrey entendit, quelque part au loin, les cris d’un prisonnier train? le long d’un hall, et il r?alisa : cet endroit ?tait vraiment un enclos – pour les ex?cutions. Il avait entendu parler d’autres ex?cutions ? Volusia, il savait que lui et les autres seraient train?s ? l’ext?rieur aux premi?res lueurs, et deviendraient un divertissement pour l’ar?ne, pour que ses bons citoyens puissent les regarder ?tre mis en pi?ce jusqu’? la mort par les Razifs, avant que les vrais jeux de gladiateurs ne commencent. C’?tait la raison pour laquelle ils les avaient gard?s en vie si longtemps. Au moins maintenant cela avait un sens. Godfrey se mit p?niblement ? quatre pattes, tendit la main et poussa doucement chacun de ses amis, en essayant de les r?veiller. Sa t?te tournait, chaque recoin de son corps ?tait douloureux, couvert de bosses et de contusions, et bouger lui faisait mal. Son dernier souvenir ?tait celui d’un soldat qui l’assommait, et il r?alisa qu’il avait d? ?tre rou? de coups apr?s ?tre tomb? au sol. Les Finiens, ces l?ches tra?tres, n’avaient clairement pas ?t? capables de les tuer eux-m?mes. Godfrey prit sa t?te dans ses mains, abasourdi qu’elle puisse ?tre aussi douloureuse sans m?me avoir bu un verre. Il se remit sur pieds en chancelant, les genoux tremblants, et parcourut la cellule du regard. Un seul garde se tenait ? l’ext?rieur des barreaux, dos ? lui, regardant ? peine. Et pourtant ces cellules ?taient dot?es de serrures robustes et d’?paisses barres d’acier, et Godfrey sut qu’il n’y aurait pas d’?chapp?e facile cette fois-ci. Cette fois-ci, ils ?taient l? jusqu’? la mort. Lentement, ? c?t? de lui, Akorth, Fulton, Ario et Merek se remirent sur pied et ?tudi?rent tous leur environnement, eux aussi. Il pouvait voir l’?tonnement et la peur dans leurs yeux – puis le regret, tandis qu’ils commen?aient ? se souvenir. « Sont-ils tous morts ? » demanda Ario, regard tourn? vers Godfrey. Godfrey sentit une douleur ? l’estomac en hochant lentement de la t?te. « C’est notre faute », dit Merek. « Nous les avons laiss? tomber. » « Oui, ?a l’est », r?pondit Godfrey, la voix bris?e. « Je t’avais dit de ne pas faire confiance aux Finiens », dit Akorth. « La question n’est pas de savoir ? qui est la faute », dit Ario, « mais ce que nous allons en faire. Allons-nous laisser tous nos fr?res et s?urs ?tre morts en vain ? Ou allons-nous obtenir vengeance ? » Godfrey pouvait voir le s?rieux sur le visage du jeune Ario, et il fut impressionn? par sa d?termination d’acier, m?me en ?tant sous les verrous et sur le point d’?tre tu?. « Vengeance ? » demanda Akorth. « Es-tu fou ? Nous sommes enferm?s sous terre, gard?s par des barreaux d’aciers et des gardiens de l’Empire. Tous nos hommes sont morts. Nous sommes au milieu d’une cit? et d’une arm?e hostiles. Tout notre or a disparu. Nos plans sont fichus. Quelle vengeance pourrions-nous possiblement prendre ? » « Il y a toujours un moyen », dit Ario, d?termin?. Il se tourna vers Merek. Tous les yeux se tourn?rent vers lui, et il fron?a les sourcils. « Je ne suis pas expert en vengeance », dit Merek. « Je tue des hommes quand ils m’ennuient. Je n’attends pas. » « Mais tu es un ma?tre voleur », dit Ario. « Tu as pass? toute ta vie dans une cellule de prison, comme tu l’as admis. Tu peux s?rement nous sortir de l? ? » Merek se tourna et ?tudia la cellule, les barreaux, les fen?tres, les clefs, les gardes – tout – avec un ?il aiguis? et expert. Il enregistra tout, puis reporta les yeux sur eux avec un air grave. « Ce n’est pas une cellule ordinaire », dit-il. « Ce doit ?tre une cellule Finienne. Un savoir-faire tr?s cher. Je ne vois aucun point faible, pas d’issue, pour autant que je voudrais pouvoir vous dire autre chose. » Godfrey, se sentant an?anti, essayant d’?carter les cris des autres prisonniers le long du hall, marcha vers la porte de la cellule, appuya son front contre le fer froid et lourd, et ferma les yeux. « Amenez-le l? ! », tonna une voix depuis l’extr?mit? du hall de pierre. Godfrey ouvrit les yeux, tourna la t?te, et regarda au bout de la salle pour voir plusieurs gardes de l’Empire trainant un prisonnier. Ce dernier portait une ?charpe rouge par-dessus les ?paules, en travers du torse, et il pendait mollement dans leurs bras, sans m?me essayer de r?sister. En fait, quand il se fut rapproch?, Godfrey vit qu’ils devaient le tirer, car il ?tait inconscient. Quelque chose n’allait manifestement pas chez lui. « Vous m’emmenez une autre victime de la peste ? » hurla le garde avec m?pris. « Qu’attendez-vous que j’en fasse ? » « Pas notre probl?me ! » s’?cri?rent les autres. Le garde de service eut un regard apeur? tout en levant les mains. « Je ne vais pas le toucher ! » dit-il. « Mettez-le l?-bas – dans la fosse, avec les autres victimes de la peste. » Les gardes le d?visag?rent d’un air interrogateur. « Mais il n’est pas encore mort », r?pondirent-ils. Le garde de service les regarda de travers. « Vous pensez que je m’en soucie ? » Les gardes ?chang?rent un regard puis firent comme on leur avait dit, le train?rent ? travers le couloir de la prison, et le jet?rent dans une grande fosse. Godfrey pouvait voir maintenant qu’elle ?tait remplie de corps, tous couverts de la m?me ?charpe rouge. « Et s’il essaye de courir ? » demand?rent les gardes avant de s’en aller. Le garde au commandement esquissa un sourire cruel. « Ne savez-vous donc pas ce que la peste fait ? un homme ? » demanda-t-il. « Il sera mort d’ici au matin. » Les deux gardes se tourn?rent et s’?loign?rent ; Godfrey regarda la victime de la peste, ?tendue l? toute seule dans cette fosse non surveill?e, et il eut soudain une id?e. C’?tait juste assez fou pour pouvoir peut-?tre fonctionner. Godfrey se tourna vers Akorth et Fulton. « Frappez-moi », dit-il. Ils ?chang?rent un regard perplexe. « J’ai dit frappez-moi ! » dit Godfrey. Ils secou?rent la t?te. « Es-tu fou ? » demanda Akorth. « Je ne vais pas te frapper », intervint Fulton, « m?me si tu le m?rites peut-?tre. » « Je vous dis de me frapper ! » exigea Godfrey. « Fort. Au visage. Cassez-moi le nez ! MAINTENANT ! » Mais Akorth et Fulton se d?tourn?rent. « Tu as perdu la t?te », dirent-ils. Godfrey se tourna vers Merek et Ario, mais eux aussi recul?rent. « Quel que soit le but », dit Merek, « je ne veux pas y prendre part. » Soudain, un des autres prisonniers dans la cellule s’avan?a d’un air d?sinvolte vers Godfrey. « Pas pu m’emp?cher d’?couter », dit-il, esquissant un large sourire ?dent?, exhalant un souffle vici? tout autour de lui. « Je suis plus que ravi de te cogner, juste pour te faire taire ! Tu n’as pas ? me le demander deux fois. » Le prisonnier frappa, toucha directement le nez de Godfrey avec ses jointures osseuses, et Godfrey sentit une douleur aigu? traverser son cr?ne tandis qu’il poussait un cri et mettait la main sur son nez. Du sang giclait sur tout son visage et sur sa chemise. La douleur lui piquait les yeux, troublant sa vision. « Maintenant j’ai besoin de cette ?charpe », dit Godfrey en se tournant vers Merek. « Peux-tu me l’obtenir ? » Merek, d?rout?, suivit son regard ? travers le hall, vers le prisonnier gisant inconscient dans la fosse. « Pourquoi ? » demanda-t-il. « Fais-le, tout simplement », dit Godfrey. Merek fron?a les sourcils. « Si j’attachais quelques choses ensemble, peut-?tre que je pourrais l’atteindre », dit-il. « Quelque chose de long et fin. » Merek leva la main, t?ta son propre col, et en tira un fil de fer ; en le d?roulant, il s’av?ra ?tre assez long pour s’adapter ? son but. Merek se pencha contre les barres de la prison, prudemment pour ne pas alerter le garde, et tendit le bras avec le fil de fer, en essayant d’accrocher l’?charpe. Il traina dans la poussi?re, mais ?choua de quelques centim?tres. Il essaya encore et encore, mais Merek n’arr?tait pas d’?tre coinc? au niveau des coudes dans les barreaux. Ils n’?taient pas assez minces. Le garde se tourna dans sa direction, et Merek le retira rapidement avant qu’il ne puisse le voir. « Laisse-moi essayer », dit Ario, qui s’avan?a alors que le garde se d?tournait. Ario attrapa le long fil de fer et passa les bras ? travers la cellule, et les siens, bien plus maigres, pass?rent en entier jusqu’aux ?paules. Ces quinze centim?tres suppl?mentaires ?taient ce qu’il leur fallait. Le crochet agrippa tout juste le bout de l’?charpe rouge, et Ario commen?a ? la tirer vers lui. Il s’arr?ta quand le garde, qui faisait face ? une autre direction, assoupi, leva la t?te et regarda autour de lui. Ils attendirent tous, en sueur, priant pour que le garde ne regarde pas dans leur direction. Ils patient?rent pendant ce qui parut ?tre une ?ternit?, jusqu’? ce qu’enfin le garde recommence ? somnoler. Ario tira l’?charpe de plus en plus pr?s, la faisant glisser ? travers le sol de la prison, jusqu’? ce finalement elle passe ? travers les barreaux et dans la cellule. Godfrey tendit la main, mit l’?charpe, et ils s’?loign?rent tous de lui, pleins de crainte. « Que diable fais-tu ? » demanda Merek. « L’?charpe est recouverte de la peste. Tu peux nous infecter tous. » Les autres prisonniers de la cellule recul?rent, eux aussi. Godfrey se tourna vers Merek. « Je vais commencer ? tousser, et je ne vais pas m’arr?ter », dit-il, portant l’?charpe, une id?e s’imposant dans son esprit. « Quand le garde viendra, il verra mon sang et cette ?charpe, et vous lui direz que j’ai la peste, qu’ils ont fait une erreur en ne me s?parant pas. » Godfrey ne perdit pas de temps. Il commen?a ? tousser violemment, prit le sang sur son visage et l’?tala de haut en bas de son corps pour le faire para?tre pire. Il toussa plus fort qu’il ne l’avait jamais fait, jusqu’? ce qu’au bout du compte il entende la porte de la cellule s’ouvrir et le garde rentrer. « Faites taire votre ami », dit le garde. « Vous avez compris ? » « Il n’est pas un ami », r?pondit Merek. « Seulement un homme que nous avons rencontr?. Un homme qui a la peste. » Le garde, pr?occup?, baissa les yeux, vit l’?charpe rouge et ses yeux s’?carquill?rent. « Comment est-il arriv? l?-dedans ? » demanda le garde. « Il aurait d? ?tre s?par?. » Godfrey toussait encore et encore plus, son corps tout entier ?tait tenaill? par une quinte de toux. Il sentit rapidement des mains rudes se saisir de lui et le trainer dehors, le pousser. Il tituba ? travers le hall, et avec une derni?re pouss?e, il fut jet? dans la fosse avec les victimes de la peste. Godfrey ?tait ?tendu sur les corps infect?s, essayait de ne pas respirait trop fort, de d?tourner la t?te, et de ne pas respirer la maladie de l’homme. Il pria Dieu pour ne pas l’attraper. Ce serait une longue nuit, d’?tre allong? l?. Mais il n’?tait plus gard? ? pr?sent. Et quand il ferait jour, il se l?verait. Et il frapperait. CHAPITRE HUIT Thorgrin se sentit plonger vers le fond de l’oc?an, la pression s’accumulant dans ses oreilles tandis qu’il coulait dans les eaux glaciales, il avait l’impression d’?tre transperc? par des millions de dagues. Pourtant tandis qu’il s’enfon?ait plus profond?ment, la plus ?trange des choses se produisit : la lumi?re ne s’assombrit pas, mais se fit plus brillante. Alors qu’il battait des jambes et des bras, en train de couler, tir? vers le bas par le poids de la mer, il regarda vers le bas et fut surpris de voir, dans un nuage de lumi?re, la derni?re personne qu’il s’attendait ? voir l? : sa m?re. Elle lui sourit, la lumi?re si intense qu’il pouvait ? peine voir son visage, et elle tendit les mains vers lui avec des bras aimants alors qu’il coulait, se dirigeant droit vers elle. « Mon fils », dit-elle, la voix claire comme le cristal malgr? les eaux. « Je suis l? avec toi. Je t’aime. Ce n’est pas encore ton temps. Sois fort. Tu as pass? le test, cependant il y en a encore plusieurs ? venir. Fais face au monde et n’oublie jamais qui tu es. N’oublie jamais : ton pouvoir ne vient pas de tes armes, mais d’? l’int?rieur de toi. » Thorgrin ouvrit la bouche pour lui r?pondre, mais comme il le faisait, il se retrouva englouti par les eaux, d?glutissant, et coulant. Thor se r?veilla en sursaut, regardant tout autour, se demandant o? il ?tait. Il sentit une mati?re r?che sur ses poignets et se rendit compte qu’il ?tait ligot?, les mains dans le dos, contre un poteau de bois. Il parcourut la cale sombre du regard, sentit le roulis, et sut imm?diatement qu’il ?tait sur un navire. Il pouvait le dire par la mani?re dont son corps bougeait, par les rayons de lumi?re qui rentraient, par l’odeur moisie des hommes pi?g?s sous le pont. Thorgrin regarda autour de lui, aussit?t sur ses gardes, se sentant faible, et il essaya de se rappeler. La derni?re chose dont il se souvenait ?tait ce terrible orage, le naufrage, lui et ses hommes tombant du bateau. Il se souvint d’Ange, se souvint de l’agripper comme si sa vie en d?pendait, et il se souvint de l’?p?e ? sa ceinture, l’?p?e de la Mort. Comment avait-il surv?cu ? Thor regarda tout autour, se demandant comment il ?tait en train de naviguer en mer, confus, ? cherchant d?sesp?r?ment ses fr?res, Ange. Il se sentit soulag? en distinguant des formes dans l’obscurit?, et les vits tous non loin, attach?s avec des cordes aux poteaux : Reece et Selese, Elden et Indra, Matus, O’Connor, et ? quelques m?tres d’eux, Ange. Thor ?tait ravi de voir qu’ils ?taient en vie, m?me s’ils paraissaient ?puis?s, abattus par l’orage et les pirates. Thor entendit des rires tapageurs, se disputant, s’encourageant, quelque part au-dessus, puis ce qui sonnait comme des explosions ? ses oreilles tandis que des hommes tombaient les uns sur les autres sur le pont creux, et il se souvint : les pirates. Ces mercenaires qui avaient essay? de le couler dans la mer. Il reconna?trait ce son n’importe o?, celui d’individus rustres, en mer sans occupation, cruels – il en avait trop rencontr? avant. Il r?alisa, en chassant ses r?ves, qu’il ?tait leur prisonnier maintenant, et il lutta avec ses liens, tentant de se lib?rer. Mais il ne le pouvait pas. Ses bras ?taient bien attach?s, tout comme l’?taient ses chevilles. Il n’irait nulle part. Thorgrin ferma les yeux, essaya de faire appel au pouvoir au fond de lui, le pouvoir dont il savait qu’il pouvait d?placer des montagnes s’il le d?cidait. Mais rien ne vint. Il ?tait trop ext?nu? par l’?preuve du naufrage, sa force ?tait encore trop faible. Il savait de ses exp?riences pass?es qu’il avait besoin de temps pour r?cup?rer. Du temps, il le savait, qu’il n’avait pas. « Thorgrin ! » s’?leva une voix soulag?e, transper?ant l’obscurit?. C’?tait une voix qu’il reconnut bien, et il jeta un coup d’?il pour voir Reece, attach? ? quelques m?tres de l?, le d?visageant avec joie. « Tu es vivant ! » ajouta-t-il. « Nous ne savions pas si tu t’en sortirais ! » Thor se tourna pour voir O’Connor attach? de l’autre c?t?, ?galement heureux. « J’ai pri? pour toi chaque minute », dit une voix douce et tendre dans l’obscurit?. Thor regarda ? c?t? pour voir Ange, des larmes de joie dans les yeux, et il put sentit combien elle se souciait de lui. « Tu lui dois la vie, tu sais », dit Indra. « Quand ils t’ont lib?r?, c’est elle qui a plong? et t’a ramen?. Sans son courage tu ne serais pas assis ici maintenant. » Thor d?visagea Ange avec un respect renouvel?, un nouveau sentiment de reconnaissance et de d?votion. « Petite, je trouverais une mani?re de te rendre la pareille », lui dit-il. « Tu l’as d?j? fait », dit-elle, et il pouvait voir combien elle le pensait. « R?compense l? en nous sortant tous de l? », dit Indra, qui luttait contre ses liens, irrit?e. « Ces parasites de pirates sont le pires du pire. Ils nous ont trouv? flottants en mer et nous ont attach?s pendant que nous ?tions encore inconscients ? cause de cet orage. S’ils nous avaient affront?s d’homme ? homme, l’histoire aurait ?t? bien diff?rente. » « Ce sont des l?ches », dit Matus. « Comme tous les pirates. » « Ils nous ont aussi d?pouill?s de nos armes », ajouta O’Connor. Le c?ur de Thor broncha en se souvenant soudain de ses armes, son armure, l’?p?e de la Mort. « Ne t’inqui?te pas », dit Reece en voyant son visage. « Notre armement a pass? l’orage – le tien inclut. Il n’est pas au fond de l’oc?an, au moins. Mais ces pirates l’ont. Tu vois l?, ? travers les lattes ? » Thor regarda ? travers les planches et vit, sur le pont, tout leur armement,  sous le soleil, les pirates mass?s autour. Il vit la hache de guerre d’Elden, l’arc dor? d’O’Connor, la hallebarde de Reece, le fl?au de Matus, la lance d’Indra, le sac de sable de Selese – et sa propre ?p?e de la Mort. Il vit les pirates, mains sur les hanches, regard baiss?, qui les examinaient avec jubilation. « Je n’ai jamais vu une ?p?e comme ?a », dit l’un d’eux ? l’autre. Thor rougit de rage en voyant le pirate poussa son ?p?e avec le pied. « On dirait qu’elle ?tait ? un Roi », dit l’autre en s’avan?ant. « Je l’ai trouv?e en premier, elle est ? moi », dit le premier. « Si tu me tues pour ?a », dit l’autre. Thor observa les hommes se saisir ? bras-le-corps, puis entendit un fort bruit sourd alors qu’ils s’?crasaient tous deux sur le pont, luttant, les autres pirates huaient tout en les encerclant. Ils roul?rent dans tous les sens, se donnant des coups de poing et de coude ; les autres les encourageaient, puis finalement Thor vit du sang jaillir ? travers les lattes, vit un pirate frapper du pied la t?te de l’autre plusieurs fois. Les autres pouss?rent des hourras et s’en d?lect?rent. Le pirate qui avait gagn?, un homme sans chemise, avec un torse maigre et nerveux, et une longue cicatrice le long de la poitrine, se leva, haletant, et marcha vers l’?p?e de la Mort. Pendant que Thor regardait, il se baissa, s’en saisit et la brandit victorieusement. Les autres applaudirent. Thor tr?pignait ? cette vue. Cette vermine, tenant son ?p?e, une ?p?e destin?e ? un Roi. Une ?p?e pour laquelle il avait risqu? sa vie, pour la gagner. Une ?p?e qui lui avait ?t? donn?, et ? nul autre. Un cri soudain s’?leva, et Thor vit le visage du pirate brusquement grimacer de douleur. Il cria et jeta l’?p?e, comme s’il tenait un serpent ; Thor la vit voler dans les airs et atterrir sur le pont avec un bruit m?tallique et sourd. « Elle m’a mordu ! » hurla le pirate aux autres. « Cette fichue ?p?e a mordu ma main ! Regardez ! » Il tendit la main et montra un doigt manquant. Thor jeta un regard ? l’?p?e, dont la garde ?tait visible ? travers les planches, et vit de petites dents aiguis?es d?passant d’un des visages qui y ?tait grav?, du sang en coulait. Les autres pirates se tourn?rent et y jet?rent un coup d’?il. « Elle est diabolique ! » hurla l’un. « Je ne la touche pas ! » cria un autre. « Peu importe », dit un, en tournant le dos. « Il y a assez d’autres armes parmi lesquelles choisir. » « Et pour mon doigt ? » cria le pirate, souffrant le martyre. Les autres pirates rirent, l’ignor?rent, et ? la place se concentr?rent sur les autres armes, se disputant pour le butin pur eux-m?mes. Thor reporta son attention sur son ?p?e, la voyant maintenant l?, si pr?s de lui, juste de l’autre c?t? des lattes. Il essaya encore une fois, de toutes ses forces, de se lib?rer, mais ses liens ne voulaient pas c?der. Ils avaient ?t? bien attach?s. « Si nous pouvions seulement obtenir nos armes », dit Indra, bouillonnant de rage. « Je ne peux pas supporter la vue de leurs mains grasses sur ma lance. » « Peut-?tre que je peux aider », dit Ange. Thor et les autres se tourn?rent vers elle, sceptiques. « Ils ne m’ont pas ligot?e comme vous », expliqua-t-elle. « Ils avaient peur de ma l?pre. Ils ont li? mes mains, mais ensuite ils ont abandonn?. Vous voyez ? » Ange se mit debout, leur montra ses poignets attach?s dans son dos, mais ses pieds ?taient libres de bouger. « Cela ne nous aidera pas beaucoup », dit Indra. « Tu es toujours coinc?e ici en bas avec nous tous. » Ange secoua la t?te. « Vous ne comprenez pas », dit-elle. Je suis plus petite que vous tous. Je peux glisser mon corps ? travers ces planches. » Elle se tourna vers Thor. « Je peux atteindre ton ?p?e. » Il la d?visagea en retour, impressionn? par son intr?pidit?. « Tu es tr?s hardie », dit-il. « J’admire cela en toi. Mais tu te mettrais en danger. S’ils t’attrapent l? dehors, ils pourraient te tuer. » « Ou pire », ajouta Selese. Ange se retourna, fi?re, obstin?e. « Je mourrais dans tous les cas, Thorgrin », r?pondit Ange. « Je l’ai appris il y a longtemps. Ma vie m’a enseign? ?a. Ma maladie me l’a enseign?. Mourir ne compte pas pour moi ; c’est seulement vivre qui importe. Et vivre libre, sans ?tre entrav?e par les carcans des hommes. » Thor la d?visagea, inspir?, stup?fait par sa sagesse ? un si jeune ?ge. Elle en savait d?j? plus sur la vie que la plupart des grands ma?tres qu’il avait rencontr?s. Thor hocha solennellement la t?te vers elle. Il pouvait voir l’esprit guerrier en elle, et il ne le briderait pas. « Va alors », dit-il. « Sois rapide et discr?te. Si tu vois un quelconque signe de danger, reviens vers nous. Je me soucie plus de toi que de cette ?p?e. » Ange s’illumina, encourag?e. Elle pivota rapidement et se d?p?cha ? travers la cale, marchant ?trangement avec les mains dans le dos, jusqu’? ce qu’elle atteigne les lattes. Elle s’agenouilla l?, regardant ? travers, en sueur, les yeux ?carquill?s de peur. Finalement, voyant sa chance, Ange passa la t?te dans le trou entre les planches, juste assez large pour la contenir. Elle se tortilla ? travers, poussant avec les pieds. Un instant apr?s, elle disparut de la cale, et Thor put la voir, debout sur le pont. Le c?ur battant, il priait pour qu’elle soit en s?curit?, priait pour qu’elle puisse attraper son ?p?e et revenir avant qu’il ne soit trop tard. Ange se mit debout, s’accroupit et se h?ta promptement vers l’?p?e ; elle tendit son pied nu, le pla?a sur la garde, et la fit glisser. L’?p?e fit un bruit fort en glissant sur le pont, vers la cale. Elle ?tait ? quelques dizaines de centim?tres des planches, quand soudain une voix traversa les airs. « Cette petite peste ! » cria un pirate. Thor vit tous les pirates se tourner vers elle, puis courir dans sa direction. Ange courut, essayant de revenir – mais ils la saisirent avant qu’elle ne puisse y parvenir. Ils l’agripp?rent et la relev?rent, et Thor put les voir la faire marcher vers le bastingage, comme s’ils s’appr?taient ? la jeter ? l’eau. Ange r?ussit ? soulever brusquement son talon et un grognement s’?leva quand elle frappa droit dans l’entrejambe du pirate. Le pirate qui la tenait g?mit et la l?cha, sans h?siter, Ange se pr?cipita ? travers le pont, atteignit l’?p?e, et lui donna un coup de pied. Thor regarda, euphorique, l’?p?e passer entre les mailles du filet et atterrir dans la cale, juste ? ses pieds, avec un claquement. Un cri se fit entendre alors qu’un des pirates frappait Ange du revers. Les autres se saisirent d’elle et la ramen?rent vers le bastingage, se pr?parant ? la jeter ? la mer. Thor, en sueur, qui craignait plus pour Ange que pour lui-m?me, baissa les yeux sur son ?p?e et ressentit une connexion intense avec elle. Elle ?tait si forte que Thor n’avait pas besoin d’utiliser ses pouvoirs magiques. Il lui parla, comme il le ferait avec un ami, et il la sentit ? l’?coute. « Viens ? moi, mon amie. D?fais mes liens. Soyons ? nouveau ensemble. » L’?p?e ob?it ? son appel. Elle s’?leva soudain dans les airs, flotta derri?re son dos, et trancha ses cordes. Thor pivota imm?diatement, attrapa la garde au vol, et abattit l’?p?e, coupant les liens ? ses chevilles. Thor se tourna et se dirigea vers les lattes, leva le pied, et enfon?a la porte de bois. Bris?e, elle vola en ?clats tandis qu’il jaillissait dans la lumi?re du soleil, libre, une ?p?e ? la main – et d?termin? ? secourir Ange. Thor s’?lan?a sur le pont et chargea les hommes tenant Ange, qui se tortillait dans leurs bras, la peur dans les yeux alors qu’ils atteignaient le bastingage. « L?chez-la ! » hurla Thor. Thor se pr?cipita vers elle, abattant les pirates qui l’approchaient de tous c?t?s, les tailladant ? travers le torse avant m?me qu’ils puissent assener un coup – aucun d’eux ne pouvait rivaliser avec lui et l’?p?e de la mort. Il coupa ? travers le groupe, ?carta les deux derniers hommes de son chemin ? coups de pied, puis tendit la main et agrippa l’arri?re de la chemise du dernier pirate juste avant qu’il ne la laisse tomber. Il le tira s?chement vers lui, ?loignant Ange du bord, puis lui tordit les deux bras pour qu’il la l?che. Elle atterrit en s?curit? sur le pont. Thor attrapa ensuite l’homme et le jeta violemment par-dessus bord. Il tomba dans les eaux glaciales en hurlant. Thor entendit des bruits de pas et pivota pour voir des dizaines de pirates se ruant sur lui. Ce n’?tait pas un petit bateau, mais un ?norme navire professionnel, aussi large que n’importe quel vaisseau de guerre, et il contenait au moins une centaine de pirates, tous endurcis, habitu?s ? une vie pass?e ? tuer en mer. Ils charg?rent tous, accueillant de toute ?vidence le combat ? bras ouverts. Les fr?res de L?gion de Thor se d?vers?rent de la cale, chacun se pr?cipitant en avant pour r?cup?rer ses armes avant que les pirates ne puissent les atteindre. Elden bondit hors de la trajectoire d’un pirate tandis que celui-ci abattait une machette sur sa nuque, puis il l’agrippa et lui donne un coup de t?te, lui brisant le nez. Il se saisit de la machette dans sa main et le coupa en deux. Puis il bondit sur sa hache de guerre. Reece s’empara de sa hallebarde, O’Connor de son arc, Indra de sa lance, Matus de son fl?au, et Selese de son sac de sable, pendant qu’Ange les d?passait comme une fl?che, frappant un pirate au tibia avant qu’il ne puisse lancer une dague vers Thor. Le pirate cria, attrapa sa jambe, et la dague vola par-dessus bord. Thor chargea en avant et bondit dans le groupe, donna un coup de pied dans le torse d’un pirate et en taillada un autre, puis pivota et entailla le bras d’un autre avant qu’il ne puisse abattre sa machette sur Reece. Un autre chargea et balan?a une massue vers sa t?te, Thor se baissa et elle siffla tout pr?s. Il se pr?parait ? le poignarder, mais Reece s’avan?a et utilisa sa hallebarde pour le tuer. O’Connor d?cocha deux fl?ches qui pass?rent ? toute vitesse pr?s de Thor, qui se retourna et vit deux pirates, se ruant dans son dos, tomber morts. Il rep?ra un pirate qui s’?lan?ait vers Ange, et Thor ?tait sur le point de courir apr?s lui quand O’Connor fit un pas en avant et lui mit une fl?che dans le dos. Thor entendit des bruits de pas et pivota pour voir un pirate se ruer dans le dos d’O’Connor avec une masse. Thor se jeta en avant et, sentant l’?p?e de la Mort vibrer, coupa son ?paisse masse en deux puis le poignarda au c?ur avant qu’il ne puisse l’atteindre. Thor se retourna ensuite, donna un coup de pied dans les c?tes d’un autre homme, et, l’?p?e de la Mort montrant la voie, lui trancha la t?te. Thor ?tait ?bahi. C’?tait comme si l’?p?e avait son propre c?ur, obligeant Thor ? faire ce qu’elle voulait. Thor frappait furieusement dans toutes les directions, une dizaine d’hommes s’empilant devant lui, couvert de sang jusqu’aux coudes – quand soudain un pirate bondit par derri?re et atterrit sur son dos. Le mercenaire brandit une dague, et l’abattit vers l’arri?re de l’?paule de Thor ; il ?tait trop pr?s, et il ?tait trop tard, pour que Thor r?agisse. Thor rep?ra un objet dans les airs, lanc? vers lui, du coin de l’?il, et il sentit tout ? coup l’homme desserrer sa prise et tomber sur le pont. Thor se tourna pour voir Ange debout l?, elle avait juste jet? une pierre, et r?alisa qu’elle ?tait parfaitement entr?e en collision avec la tempe de l’homme. Ce dernier se tortillait aux pieds de Thor, et il observa, stup?fait, Ange s’avancer, attraper un crochet sur le pont, le soulever, et l’empaler sur son torse. C’?tait le m?me crochet que les pirates avaient utilis? pour les prendre au pi?ge dans leur filet en mer. La justice, r?alisa Thor, avait boucl? la boucle. Il n’avait pas id?e qu’Ange ait ?a en elle ; il vit la f?rocit? dans ses yeux tandis qu’elle se tenait au-dessus de lui, il prit conscience qu’elle avait un v?ritable esprit guerrier, et qu’elle ?tait bien plus complexe qu’il ne le savait. Thor se tourna, se lan?a dans la m?l?e, lui et ses hommes attaqu?rent sans discontinuer, tous faisant ?quipe, comme ils l’avaient fait en tant d’endroits, une machine ? tuer bien accord?e, tous surveillants les arri?res des uns les autres. Ils se battaient ensemble avec beaut?, connaissant les rythmes de chacun. Alors qu’Elden maniait sa hache de guerre, Indra lan?ait sa lance, tuant ceux qu’il ne pouvait pas atteindre. Matus balan?ait son fl?au, tuant deux pirates ? la fois, pendant que Reece utilisait sa longue hallebarde pour tuer trois pirates avant qu’ils ne puissent toucher Selese. Et Selese, en retour, saupoudrait la poussi?re de son sac sur leurs plaies, gu?rissant toutes leurs blessures pendant qu’ils progressaient, et les maintenait forts. Lentement le cours changea, tandis qu’ils abattaient un homme apr?s l’autre. Les corps s’empilaient haut, et rapidement il ne resta plus qu’une douzaine d’entre eux. Les yeux ?carquill?s de peur, les pirates restant, r?alisant qu’ils ne pouvaient pas gagner, l?ch?rent leurs dagues, machettes et hache puis lev?rent les mains, terrifi?s. « Ne nous tuez pas ! » cria l’un, tremblant. « Nous ne voulions pas faire ?a ! Nous avons juste suivi les autres ! » « Je suis s?re que vous ne le vouliez pas », dit Elden. « Ne vous inqui?tez pas », dit Thor, « nous n’allons pas vous tuer. » Thor rengaina son ?p?e, fit un pas en avant, attrapa le pirate, le souleva au-dessus de sa t?te, et le jeta par-dessus bord, dans la mer. « Les poissons feront ?a pour nous. » Les autres se joignirent ? lui, les conduisirent par-dessus bord avec leurs armes, dans la mer, et Thor observa la mer devenir rouge, des requins tourner et noyer les cris des pirates. Thor se tourna vers les autres, qui le regard?rent en retour. Il pouvait voir dans leurs yeux qu’ils pensaient la m?me chose que lui : la victoire, la douce victoire, ?tait ? eux. CHAPITRE NEUF Erec se pencha par-dessus le bastingage et baissa les yeux, dans la lumi?re des torches, sur une mer recouverte de corps de l’Empire. Une dizaine de soldats flottaient, tous tu?s par Erec et ses hommes, tous pouss?s par-dessus bord, et tandis qu’il les regardait, lentement, un ? la fois, couler. Erec parcourut sa flotte du regard et vit ses hommes sur tous, d?sormais tous libres, gr?ce ? Alistair qui avait bris? leurs liens. L’Empire avait ?t? assez imprudent pour ne laisser qu’une dizaine de soldats pour garder chaque bateau, se pensant invincible. Ils avaient ?t? largement surpass?s, et une fois que les liens des hommes d’Erec avaient ?t? tranch?s, il avait ?t? ais? de les tuer et de reprendre les navires. Ils avaient sous-estim? Alistair. Ils n’avaient aucune raison de craindre un soul?vement, car ils avaient compl?tement encercl? les navires d’Erec. En effet, en levant les yeux Erec vit le blocus de l’Empire, avec leur millier de navires, ?tait encore intact. Il n’y avait nulle part o? ils puissent aller. D’autres cors sonn?rent, plus de soldats de l’Empire pouss?rent des cris dans la nuit, et Erec put voir les lanternes ?tre allum?es tout le long de la flotte. L’Empire, ce dragon endormi, se ralliait lentement. Bient?t ils enserreraient les hommes d’Erec comme un python et les ?trangleraient ? mort. Cette fois-ci, Erec en ?tait certain, ils ne feraient montre d’aucune piti?. Erec r?fl?chit rapidement. Il ?tudia les navires de l’Empire, ? la recherche de n’importe quel point faible dans le blocus, un endroit avec moins de navires. Alors qu’il se tournait et regardait derri?re lui, il remarqua un lieu o? les navires ?taient plus dispers?s, espac?s de peut-?tre vingt m?tres. C’?tait le point le plus faible du cercle – toutefois, m?me ainsi, le blocus n’?tait gu?re faible. C’?tait la meilleure des pires options. Ils devaient s’y pr?cipiter. « PLEINES VOILES ! » s’?cria Erec, et tandis qu’il se mettait pr?cipitamment en action, ses ordres furent cri?s et r?sonn?rent le long de sa flotte. Ils lev?rent les voiles et commenc?rent ? ramer, Erec debout ? la proue, son navire devant, sa flotte non loin derri?re. Il regarda en avant, dirigeant son navire vers le point faible du blocus. Il esp?rait seulement qu’ils pourraient l’enfoncer assez rapidement, avant que tous les navires de l’Empire se rapprochent et resserrent leur position. Si seulement ils pouvaient passez ? travers, alors ils auraient la haute mer devant eux. Il savait que l’Empire suivrait de pr?s, et que ce serait plus probablement une poursuite qu’il ne pouvait pas gagner. Malgr? tout, il devait le tenter. Un plan, m?me t?m?raire, ?tait mieux que de conc?der la d?faite et la mort. « Pouvons-nous l’enfoncer ? » dit une voix. Erec se tourna pour voir Strom venir ? c?t? de lui, main sur son ?p?e, encore rouge de sang l? o? il avait tu? les soldats de l’Empire, scrutant la nuit. Erec haussa les ?paules. « Avons-nous le choix ? » r?pondit-il. Strom fixa l’horizon ? c?t? de lui, in?branlable. « Combien de temps avant qu’ils ne sachent que nous arrivons ? » Ils re?urent leur r?ponse quand une fl?che siffla dans les airs, passa tout juste Erec et Strom, et trouva sa cible avec un des hommes d’Erec, juste quelques m?tres derri?re eux. L’homme cria et tomba sur le dos, serrant la fl?che dans son torse, la tirant des deux mains, tremblant au sol alors qu’il ?tait en train de mourir. Une autre fl?che siffla dans les airs, puis une autre, et une autre. Ni lui ni Strom ne s’accroupirent, tous deux intr?pidement debout, tenant leur position. Erec regarda au loin et distingua des formes dans l’obscurit?, vit les soldats de l’Empire viser, s’aligner, d?cochant des vol?es de fl?ches, et il sut que cela serait mauvais. Ils avaient encore une centaine de m?tres ? parcourir avec d’atteindre le blocus. « Boucliers ! » s’?cria Erec. « Rassemblez-vous ! Restez proches ! Homme ? homme ! » Les hommes d’Erec ob?irent, se mirent en formation, lev?rent leurs boucliers, et Erec, satisfait, fit de m?me, s’agenouillant ? c?t? de Strom et des autres, et tint son bouclier au-dessus de sa t?te. Erec sentit trois fl?ches atterrir dessus avec trois bruits sourds, les vibrations firent vibrer son bras. Des cris s’?lev?rent dans la nuit, et Erec entendit un corps plonger dans l’eau ; il se tourna et son c?ur se serra en voyant le commandant d’un de ses navires tomber par-dessus le bastingage. L’homme plongea dans l’eau, deux fl?ches dans la poitrine, et Erec put voir la peur dans les yeux de ses hommes tandis que le navire ? c?t? de lui commen?ait ? d?vier. Erec savait que sans leur capitaine le navire ne suivrait pas, et il perdrait ses hommes. Un navire un commandant – en particulier maintenant. « Strom ! » cria-t-il ? son fr?re, affol?. « Peux-tu arriver ? sauter si je m’approche assez ? » Strom regarda son fr?re par-dessus son ?paule puis vers le navire, et en un instant il comprit ce qu’Erec voulait. Il hocha de la t?te avec assurance, et sans h?siter il courut au bastingage. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=43695055&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.