Íó âîò è òû øàãíóëà â ïóñòîòó,  "ðàçâåðçñòóþ" ïóãàþùóþ áåçäíó. Äûøàòü íåâìî÷ü è æèòü íåâìîãîòó. Èòîã æåñòîê - áîðîòüñÿ áåñïîëåçíî. Ïîñëåäíèé øàã, óäóøüå è èñïóã, Âíåçàïíûé øîê, æåëàíèå âåðíóòüñÿ. Íî âûáîð ñäåëàí - è çàìêíóëñÿ êðóã. Òâîé íîâûé ïóòü - çàñíóòü è íå ïðîñíóòüñÿ. Ëèöî Áîãèíè, ïîëóäåòñêèé âçãëÿ

Raison de Redouter

Raison de Redouter Blake Pierce Un Polar Avery Black #6 Un sc?nario dynamique qui vous saisit d?s le premier chapitre et ne vous laisse plus partir. – Midwest Book Review, Diane Donovan (? propos de Sans Laisser de Traces) Par l’auteur de polars n°1 Blake Pierce, un nouveau chef-d’?uvre de suspense psychologique : RAISON DE REDOUTER (Un polar Avery Black – Tome 6), aussi un roman ind?pendant. La s?rie commence par Raison de Tuer (Tome 1) . Une femme est retrouv?e morte dans son propre appartement, enferm?e dans son placard, le corps couvert d’araign?es venimeuses, et la police de Boston reste perplexe. Alors que toutes leurs pistes refroidissent, ils redoutent que le tueur ne frappe ? nouveau. D?sesp?r?e, la police n’a d’autre choix que de se tourner vers l’inspectrice de la criminelle la plus brillante et controvers?e – Avery Black. D?sormais ? la retraite, Avery, au plus bas dans sa vie, accepte ? contrec?ur d’aider sur l’affaire. Mais quand d’autre corps se mettent ? appara?tre, assassin?s dans des mani?res grotesques et inhabituelles, Avery ne peux s’emp?cher de se demander : y a-t-il un tueur en s?rie en libert? ?Avec la pression intense des m?dias et le stress d’avoir un nouvel ?quipier inexp?riment?, Avery est pouss?e jusqu’? ses limites tandis qu’elle essaye de r?soudre ces affaires ?tranges – et de s’emp?cher de tomber dans les abysses. Tome le plus captivant et stup?fiant de la s?rie, un thriller psychologique au suspens palpitant, RAISON DE REDOUTER vous laissera ? tourner les pages jusque tard dans la nuit. Un chef-d’?uvre de thriller et de roman policier. Pierce a fait un travail formidable en d?veloppant des personnages avec un c?t? psychologique, si bien d?crits que nous nous sentons dans leurs esprits, suivons leurs peurs et applaudissons leur succ?s. L’intrigue est tr?s intelligente et vous gardera occup?s le long du livre. Plein de rebondissements, ce livre vous gardera ?veill?s jusqu’? avoir tourn? la derni?re page. – Books and movie Review, Roberto Mattos (? propos de SANS LAISSER DE TRACES) R A I S O N D E R E D O U T E R (UN POLAR AVERY BLACK – TOME 6) B L A K E P I E R C E Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie populaire de thrillers RILEY PAIGE, qui comprend douze tomes (et d'autres ? venir). Blake Pierce a ?galement ?crit les s?ries de thrillers MACKENZIE WHITE, comprenant huit tomes, AVERY BLACK, comprenant six tomes, KERI LOCKE, comprenant cinq tomes et la nouvelle s?rie de thrillers LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, qui d?bute avec SOUS SURVEILLANCE. Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et rester en contact. Copyright © 2018 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi des ?tats-Unis sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l’autorisation pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre seule jouissance personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d’autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec une tierce personne, veuillez en acheter un exemplaire suppl?mentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir achet?, ou s’il n’a pas ?t? achet? pour votre seule utilisation personnelle, vous ?tes pri?s de le renvoyer et d’acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le travail difficile de l’auteur. Il s’agit d’une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les ?v?nements et les incidents sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilis?s dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou mortes, n’est que pure co?ncidence. Image de couverture : Copyright Karuka, utilis? en vertu d’une licence accord?e par Shutterstock.com. PAR BLAKE PIERCE LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) LES ENQU?TES DE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Tome 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Tome 2) AVANT QU’IL NE D?SIRE (Tome 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Tome 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Tome 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Tome 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Tome 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Tome 8) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQU?TES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#u76ae2603-d2a9-532a-a9d1-3af44751f2f6) CHAPITRE UN (#u9e1de955-797e-53a6-a644-56e97b116522) CHAPITRE DEUX (#ufae3c72a-1883-5ced-b25a-998b24bea31a) CHAPITRE TROIS (#u8ecbc2e5-51b3-54ab-b6de-d134c25dad78) CHAPITRE QUATRE (#u9a8c1c3d-5808-55eb-91eb-7a69efe38d57) CHAPITRE CINQ (#ua214d834-9e2d-5605-85fb-4d074292e556) CHAPITRE SIX (#u6c90d022-6984-5a99-a81a-7b58905ae52e) CHAPITRE SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-QUATRE (#litres_trial_promo) ?PILOGUE (#litres_trial_promo) PROLOGUE Pour un homme appel? Rosie, il n’y avait rien de d?licat ni de charmant chez lui. Roosevelt “Rosie” Dobbs se dirigea vers le porche de l’appartement 2B avec son habituelle d?marche pataude – et si quelqu’un avait ?t? non loin de lui, il l’aurait peut-?tre entendu jurer dans sa barbe, une s?rie d’obsc?nit?s qui le suivaient comme une ombre. Avec un poing de la taille d’une tranche de jambon, Rosie martela la porte. ? chaque coup, il voyait le visage de l’homme qui vivait au 2B. Un con pr?tentieux nomm? Alfred Lawnbrook – le type de personne qui pensait toujours ?tre meilleure que tous les autres, m?me s’il vivait dans un appartement de seconde zone dans l’une des pires parties de la ville. Il n’avait jamais pay? son loyer dans les temps, avec toujours au moins une semaine de retard au cours des deux ann?es qu’il avait pass?es l?. Cette fois, trois semaines s’?taient ?coul?es. Et Rosie en avait assez. Si Lawnbrook n’avait pas son loyer d’ici la fin de la journ?e, Rosie allait l’expulser. C’?tait samedi, juste apr?s neuf heures du matin. La voiture de Lawnbrook ?tait gar?e ? son endroit habituel, donc Rosie savait qu’il ?tait ? la maison. Pourtant, malgr? le tambourinement, Albert Lawnbrook ne r?pondait pas. Rosie assena un dernier coup violent contre la porte avec son poing et utilisa ensuite aussi sa voix. « Lawnbrook, sors ton cul ici ! Et tu ferais mieux d’avoir ton loyer en main quand tu ouvriras la porte. » Rosie essaya d’?tre patient. Il attendit dix secondes enti?res avant de l’appeler ? nouveau. « Lawnbrook ! » Quand il n’y eut toujours pas de r?ponse, Rosie d?crocha l’?norme anneau de clefs qu’il portait ? un mousqueton sur sa hanche. Il les fit d?filer d’une main experte jusqu’? celle ?tiquet?e 2B. Sans un autre avertissement, Rosie enfon?a la clef dans la serrure, tourna la poign?e et entra dans l’appartement. « Alfred Lawnbrook ! C’est Rosie Dobbs, votre propri?taire. Vous avez trois semaines de retard et… » Mais Rosie sut imm?diatement qu’il n’allait pas avoir de r?ponse. Il y avait un silence et une qui?tude dans les lieux qui l’inform?rent que Lawnbrook n’?tait pas chez lui. Non, ce n’est pas tout ? fait ?a, pensa Rosie. C’est autre chose…quelque chose a l’air de ne pas aller. C’est comme renferm? et…eh bien, de travers. Rosie s’avan?a de quelques pas dans l’appartement, et s’arr?ta quand il arriva au milieu du salon. C’est alors qu’il s’avisa de l’odeur. Au premier abord, elle lui rappela des pommes de terre qui se seraient avari?es. Mais il y avait quelque chose de diff?rent, quelque chose de plus subtil. « Lawnbrook ? », cria-t-il encore, mais cette fois il y avait une vague de peur dans sa voix. Une fois encore, il n’y eut pas de r?ponse…non pas que Rosie en attendait une. Il traversa le salon et jeta un coup d’?il dans la cuisine, pensant que de la nourriture avait peut-?tre ?t? laiss?e dehors et commen?ait ? pourrir. Mais la cuisine ?tait assez propre et, de par sa petite taille, il ?tait ?vident qu’il n’y avait rien qui clochait. Appelle les flics, dit une partie plus sage de Rosie. Tu sais que quelque chose ne va pas ici alors appelle les flics et lave-t-en les mains. Mais la curiosit? est une sacr?e drogue et Rosie ne put s’en d?tourner. Il commen?a ? descendre le couloir et une intuition malsaine dirigea directement ses yeux vers la porte de la chambre. Apr?s plusieurs pas dans le couloir, l’odeur ?volua vers quelque chose de plus d?sagr?able et il sut tout de suite vers quoi il se dirigeait. Mais malgr? cela, il ne pouvait pas arr?ter maintenant. Il devait savoir…devait voir. La chambre d’Al Lawnbrook ?tait dans un l?ger d?sordre. Quelques objets ?taient tomb?s de sa table de nuit : portefeuille, livre, photo encadr?e. Les stores en plastique de la fen?tre ?taient l?g?rement inclin?s, les plis du bas tordus. Et ici, l’odeur ?tait pire. Elle n’?tait pas trop puissante, mais ce n’?tait certainement pas quelque chose que Rosie voulait respirer plus longtemps. Le lit ?tait vide et il n’y avait rien de visible dans l’espace entre la commode et le mur. Avec une boule dans la gorge, Rosie se tourna vers le placard. La porte ?tait ferm?e et ceci ?tait en quelque sorte pire que l’odeur. Pourtant, sa curiosit? morbide l’aiguillonnait et Rosie se retrouva ? se diriger vers le placard. Il tendit la main, toucha la poign?e et pendant un instant il crut pouvoir v?ritablement ressentir la terrible odeur, collante et chaude. Avant de tourner la poign?e, il vit quelque chose du coin de l’?il. Il baissa les yeux vers ses pieds, pensant que ses nerfs ?taient juste ? vif et lui jouaient des tours. Mais non…il avait vu quelque chose. Deux araign?es pass?rent pr?cipitamment sous la porte. Elles ?taient toutes deux assez grandes, l’une de la taille d’une pi?ce de vingt-cinq cents et l’autre si grosse qu’elle passait ? peine ? travers la fente. Rosie bondit de surprise et un petit cri ?chappa de sa gorge. Les araign?es fuirent sous le lit et quand il se retourna pour les regarder, il vit quelques araign?es accroch?es au lit. La plupart d’entre elles ?taient petites, mais il y en avait une de la taille d’un timbre-poste qui courait le long de l’oreiller. L’adr?naline le poussait. Rosie attrapa la poign?e, tourna et ouvrit. Il essaya de crier mais ses poumons semblaient paralys?s. Rien de plus qu’un bruit sec sortit de sa gorge tandis qu’il s’?loignait lentement de ce qu’il contemplait dans le placard. Alfred Lawnbrook ?tait ?tendu contre l’angle dans le fond. Son corps ?tait p?le et immobile. Il ?tait aussi presque enti?rement recouvert d’araign?es. Il y avait plusieurs gros filaments de toile sur lui. L’un le long de son bras droit ?tait si ?pais que Rosie ne pouvait pas voir sa peau. La plupart des araign?es ?taient petites et semblaient presque inoffensives, mais, comme celles qu’il avait vues jusqu’ici, il y en avait aussi de grosses m?lang?es au reste. Tandis que Rosie observait fixement avec horreur, une araign?e de la taille d’une balle de golf passa sur le front de Lawnbrook. Une autre plus petite grimpa sur sa l?vre inf?rieure. C’est ce qui tira Rosie de sa stupeur. Il faillit tr?bucher sur ses propres pieds tout en sortant de la pi?ce ? toute vitesse en poussant des cris per?ants, se frappant la nuque comme si des millions d’araign?es grouillaient sur lui. CHAPITRE UN Deux mois plus t?t… Tout en ouvrant un des nombreux cartons ?parpill?s dans sa nouvelle maison, Avery Black se demanda pourquoi elle avait attendu si longtemps pour s’?loigner de la ville. Elle ne lui manquait pas du tout et elle commen?ait vraiment ? regretter le fait d’y avoir perdu tant de temps. Elle jeta un coup d’?il ? l’int?rieur de la bo?te, dans l’espoir d’y trouver son iPod. Elle n’avait rien ?tiquet? quand elle avait quitt? son appartement de Boston. Elle avait tout jet? dans une s?rie de cartons et avait d?m?nag? en une journ?e. C’?tait il y a trois semaines de cela et elle n’avait toujours pas fini de d?baller. En fait, ses draps ?taient enchev?tr?s quelque part dans ces bo?tes mais elle avait choisi de dormir sur le canap? pendant les trois derni?res semaines. Le carton actuel ne contenait pas son iPod, mais quelques bouteilles d’alcool qu’elle avait presque oubli?es. Elle sortit un verre, le remplit d’une bonne dose de bourbon et sortit sur la v?randa. Elle plissa les yeux dans la lumi?re matinale et but un coup. Apr?s avoir savour? sa chaleur, elle en prit un autre. Elle regarda ensuite sa montre et vit qu’il ?tait ? peine dix heures du matin. Elle haussa les ?paules et se laissa tomber sur le vieux fauteuil ? bascule qui se trouvait sur le porche quand elle avait achet? les lieux. Elle contempla son nouvel environnement et fut chaleureusement rassur?e de savoir qu’elle pourrait vivre le reste de sa vie ici assez confortablement. La maison n’?tait pas tout ? fait un chalet mais avait ce genre d’aspect rustique. C’?tait un endroit simple de plain-pied avec un int?rieur moderne. En termes d’adresse postale, elle ?tait proche de Walden Pond, mais juste assez hors des sentiers battus pour ?tre consid?r?e comme “au milieu de nulle part”. Son plus proche voisin ?tait ? un kilom?tre de l? et tout ce qu’elle pouvait voir au-del? de son porche et de la fen?tre arri?re de la cuisine ?taient des arbres. Pas de klaxons. Pas de pi?tons press?s regardant en m?me temps leurs t?l?phones. Pas de circulation. Pas d’odeur constante d’essence et de pots d’?chappement ou le bourdonnement des moteurs. Elle avala une autre gorg?e de son bourbon matinal et ?couta ce qui l’entourait. Rien. Absolument rien. Enfin, ce n’?tait pas n?cessairement vrai. Elle pouvait entendre deux oiseaux qui se r?pondaient et le l?ger grincement des arbres tandis qu’une fra?che brise de fin d’automne passait au travers. Elle avait fait de son mieux pour que Rose vienne ici avec elle. Sa fille avait travers? beaucoup de choses et Dieu seul savait que rester en ville ne l’aiderait pas ? gu?rir. Mais Rose avait refus?. Rose avait en r?alit? refus? avec v?h?mence. Apr?s que le brouillard de la derni?re affaire se soit dissip?, Rose avait eu besoin de faire porter la responsabilit? pour la mort de son p?re sur quelqu’un. Et, comme d’habitude, cette faute ?tait retomb?e sur Avery. M?me si cela faisait mal, Avery le comprenait ; elle se serait comport?e de la m?me mani?re si les r?les avaient ?t? invers?s. Pendant son d?m?nagement dans les bois, Rose l’avait accus?e de fuir ses probl?mes. Et Avery n’avait aucun scrupule ? l’admettre. Elle ?tait venue ici pour ?chapper aux souvenirs de la derni?re affaire – des derniers mois de sa vie, si elle devait ?tre totalement honn?te. Elles avaient ?t? si proches de retrouver la relation qu’elles avaient autrefois. Mais quand le p?re de Rose ?tait mort – ainsi que Ramirez, un homme qu’elle avait commenc? ? tol?rer comme ?tant objet de l’amour de sa m?re – tout s’?tait brusquement arr?t?. Rose reprochait compl?tement ? Avery la mort de son p?re, et Avery commen?ait lentement ? s’en bl?mer elle aussi. Avery ferma les yeux et termina son verre de bourbon. Elle ?couta les bruits tranquilles de la for?t et laissa la chaleur de l’alcool la r?conforter. Elle avait laiss? une chaleur similaire la r?conforter au cours des trois derni?res semaines, s’?tait saoul?e une poign?e de fois, ? tel point qu’une fois elle avait perdu connaissance pendant plusieurs heures. Elle avait pass? la nuit pench?e au dessus de toilettes ? se lamenter sur Ramirez et l’avenir qu’ils avaient ?t? si pr?s d’avoir. En y repensant, Avery ?tait embarrass?e. Cela lui donnait envie de renoncer ? boire pour de bon. Elle n’avait jamais ?t? une grande buveuse, mais durant les trois derni?res semaines, les spiritueux et le vin l’avaient aid?e ? surmonter. ? surmonter quoi, cependant ? se demanda-t-elle alors qu’elle se levait du fauteuil ? bascule et retournait ? l’int?rieur. Elle regarda le bourbon, tent?e d’y aller et de s’enivrer d’ici ? midi juste pour passer un autre jour. Mais elle savait que c’?tait de la l?chet?. Elle devait s’en sortir toute seule, avec la t?te claire. Alors elle mit le bourbon et les autres bouteilles d’alcool dans un placard dans la cuisine. Elle passa ensuite au carton suivant dans ses tas, toujours ? la recherche de l’iPod. Une pile d’albums photo se trouvait en haut de la bo?te. Parce que son esprit avait ?t? concentr? sur Rose pendant qu’elle ?tait sur le porche, Avery les sortit rapidement. Il y en avait trois en tout, dont l’un ?tait remplie de photos de son temps pass? ? l’universit?. Elle ignora compl?tement celui-ci et ouvrit le second. Imm?diatement, Rose la regarda fixement. Elle avait douze ans, ?tait sur un tra?neau avec son chapeau couvert de neige. Sous cette photo, Rose avait encore douze ans. Sur celle-ci, elle peignait ce qui ressemblait ? un champ de tournesols sur un chevalet dans son ancienne chambre. Avery les feuilleta tous jusqu’? environ la moiti? de l’album, o? elle arriva ? une photo qui avait ?t? prise ? peine trois No?l de cela. Rose et Jack, le p?re de Rose, dansaient comiquement devant un sapin de No?l. Ils souriaient tous deux ? donner le vertige. Le chapeau de P?re No?l de Jack ?tait de travers sur sa t?te et les d?corations brillaient en arri?re-plan. Ce fut comme un coup de couteau dans son c?ur, transper?ant, vrillant. Le besoin de pleurer arriva comme une bombe. Elle n’avait pas ressenti ce besoin irr?pressible une seule fois depuis qu’elle avait emm?nag? ici, car elle s’?tait assez bien d?brouill? pour ?touffer de telles choses au cours de sa carri?re. Mais cela la frappa alors, surgi de nulle part, et avant qu’elle ne puisse le combattre, sa bouche s’ouvrit et une plainte agonisante en sortit. Elle se serra la poitrine comme si ce couteau imagin? ?tait vraiment l?, et s’effondra par terre. Elle essaya de se lever, mais son corps semblait se r?volter. Non, semblait-il dire. Tu vas te permettre ce moment et tu vas pleurer. Tu vas pleurer. Tu vas faire ton deuil. Et qui sais ? Tu pourrais vraiment te sentir mieux apr?s. Elle serra l’album photo, le pressant contre sa poitrine. Elle pleura ?perdument, s’autorisant ? ?tre vuln?rable juste pour un moment. Elle d?testait que cela fasse tant de bien de tout laisser sortir, de se permettre de fondre en larmes. Elle g?mit et pleura, sans rien dire – sans en appeler ? personne, sans questionner Dieu ou offrir une pri?re. Elle fit simplement son deuil. Et cela faisait du bien. Cela ressemblait presque ? un exorcisme en quelque sorte. Elle ignorait combien de temps elle ?tait rest?e assise par terre parmi les cartons. Tout ce qu’elle savait, c’?tait que quand elle se leva, elle ne voulait plus s’anesth?sier avec quelque chose venant d’une bouteille. Elle avait besoin d’avoir l’esprit clair, n?cessaire pour mettre de l’ordre dans ses pens?es. Elle sentit une douleur famili?re dans ses mains, quelque chose d’encore plus fort que le besoin de boire pour chasser ses ?motions. Elle serra mollement ses poings et pensa ? des cibles en papier ainsi qu’aux longs champs de tir en int?rieur. Son c?ur commen?a alors ? s’all?ger un peu en pensant aux quelques objets qu’elle avait dans la chambre qu’elle finirait par arranger et d?corer un de ces jours. Il n’y avait pas grand-chose l?-dedans, mais il y avait une certaine chose qu’elle avait presque oubli?e dans le brouillard des derniers jours. Lentement, essayant de s’encourager elle-m?me pendant qu’elle traversait le salon plein de cartons, Avery entra dans la chambre ? coucher. Elle resta sur le pas de la porte pendant un moment et scruta l’arme qui ?tait pos?e dans le coin. Le fusil ?tait un Remington 700 qu’elle poss?dait depuis l’obtention de son dipl?me. Pendant sa derni?re ann?e, elle avait eu de grands projets, de d?m?nager dans un endroit isol? afin de chasser le chevreuil pendant les hivers. C’?tait une chose que son p?re avait toujours fait et, bien qu’elle n’y f?t pas particuli?rement dou?e, elle l’avait bien aim?. Elle avait souvent ?t? ridiculis?e ? ce sujet par ses amies et elle avait probablement effray? un petit ami ou deux au lyc?e en raison de son affection pour ce sport. Quand son p?re ?tait d?c?d?, sa m?re l’avait suppli?e de prendre l’arme, pensant que son p?re aurait voulu qu’elle l’aie. Elle avait ?t? balad?e, d’un d?m?nagement ? l’autre, habituellement rang?e dans un placard ou sous un lit. Deux jours apr?s avoir emm?nag? dans cette maison, elle l’avait emmen?e chez un revendeur d’armes ? feu local et l’avait faite nettoyer. Quand elle l’avait r?cup?r?e, elle avait ?galement achet? trois bo?tes de cartouches. Pensant qu’elle pouvait aussi bien frapper tant que l’humeur la prenait, elle se d?shabilla et se glissa dans des v?tements en Thermolactyl. Il ne faisait pas trop froid ce matin, un peu au-dessus de z?ro – mais elle n’avait pas l’habitude d’?tre dehors dans les bois. Elle ne poss?dait rien en kaki, aussi se contenta-t-elle d’un pantalon vert fonc? et d’un pull noir. Elle savait bien que ce n’?tait pas la tenue la plus s?re pour aller chasser le chevreuil, mais il faudrait faire avec pour l’instant. Elle enfila une paire de gants fins (elle dut chercher dans un autre carton pour les trouver), enfila sa paire de chaussures la plus robuste et sortit. Elle monta dans sa voiture et conduisit trois kilom?tres plus loin sur une route secondaire qui menait ? une ?tendue de for?t appartenant ? l’homme ? qui elle avait achet? la maison. Il lui avait donn? la permission de chasser sur ses terres, presque comme un d?tail sans importance ou un bonus pour avoir achet? la maison pour dix mille dollars au-dessus du prix demand?. Elle trouva un endroit sur le bord de la route o? il ?tait ?vident que les chasseurs faisaient demi-tour ou s’arr?taient depuis des ann?es. Elle gara sa voiture l?, le c?t? conducteur juste au bord de la route. Elle prit ensuite le fusil et partit dans la for?t. Elle se sentait vraiment idiote, ? parader dans les bois. Elle n’avait pas chass? depuis cinq ans – le week-end m?me o? elle avait re?u l’arme des mains de sa m?re. Elle n’avait pas l’?quipement – les bonnes bottes, l’odeur du chevreuil ? asperger sur les arbres, le chapeau ou le gilet orange fluorescent. Mais elle savait aussi que c’?tait un mercredi matin et que les bois seraient pratiquement vides d’autres chasseurs. Elle se sentait un peu comme l’enfant timide qui ne jouait au basket que seule et qui disparaissait lorsque les enfants plus dou?s entraient dans le gymnase. Elle marcha pendant vingt minutes et arriva ? une ?l?vation du terrain. Elle marchait silencieusement, avec la m?me prudence experte qu’elle avait utilis?e en tant qu’inspectrice ? la criminelle. Le fusil dans ses mains ?tait agr?able, bien qu’un peu ?tranger. Elle ?tait habitu?e ? des armes beaucoup plus petites, son Glock en particulier, aussi le fusil donnait-il l’impression d’?tre assez puissant. En arrivant au sommet de la petite mont?e, elle aper?ut un ch?ne tomb? ? quelques m?tres. Elle s’en servit comme d’un pi?tre moyen de se cacher, s’assit par terre, puis se d?cala un peu dos contre le tronc d’arbre. Allong?e, elle posa le fusil ? c?t? d’elle et leva les yeux vers les cimes des arbres. Elle s’installa l? paisiblement, se sentant encore plus envelopp?e par l’univers qu’elle ne l’avait ?t? sur le porche il y avait une heure environ. Elle sourit quand elle imagina Rose avec elle. Rose d?testait ? peu pr?s tout ce qui avait trait avec le fait d’?tre dehors et elle serait probablement folle si elle savait que sa m?re ?tait actuellement assise dans la for?t avec un fusil, cherchant ? potentiellement tuer un chevreuil. En pensant ? Rose, Avery fut capable de s’?claircir un peu l’esprit, de se concentrer sur tout ce qui l’entourait. Et quand elle parvint ? le faire, les r?flexes issus de son travail entr?rent en action. Elle entendit le bruissement des feuilles sur le sol ainsi que dans les arbres tandis que les derni?res feuilles tenaces s’accrochaient face ? l’hiver proche. Elle entendit un trottinement quelque part ? sa droite et au-dessus d’elle, probablement un ?cureuil qui sortait pour v?rifier le vent. Une fois acclimat?e ? son environnement, elle ferma les yeux et se laissa vraiment aller. Elle entendait toutes ces choses mais elle vit aussi ses propres pens?es commencer ? se mettre en place. Jack et sa petite amie, tous deux morts. Ramirez, mort et parti. Elle pensait ? Howard Randall, tombant dans la baie et probablement mort lui aussi. Et ? la fin de tout cela, elle vit Rose…comment elle avait ?t? constamment prise au pi?ge en raison du travail de sa m?re. Rose ne l’avait jamais m?rit?, ne l’avait jamais demand?. Elle avait fait de son mieux pour ?tre une fille qui la soutenait ? travers tout cela, et avait finalement atteint son point de rupture. Honn?tement, Avery ?tait impressionn?e qu’elle ait dur? aussi longtemps. Surtout apr?s la derni?re affaire, o? sa vie avait litt?ralement ?t? mise en danger. Et cela n’avait pas ?t? la premi?re fois. Le craquement sec d’une brindille derri?re elle tira Avery de ses pens?es. Ses yeux s’ouvrirent brusquement et elle se retrouva de nouveau ? fixer les branches les plus d?garnies au dessus de sa t?te. Elle tendit lentement la main vers le Remington alors qu’un autre bruissement l?ger se faisait entendre quelque part derri?re elle. Elle tira le fusil vers elle et le pr?para lentement. Elle se mouvait avec une furtivit? experte tout en se mettant sur les coudes. Elle inspira et expira lentement, en s’assurant de ne pas souffler sur une feuille voisine. Ses yeux scrut?rent la zone en contrebas de la petite mont?e sur laquelle elle se cachait. Elle rep?ra le chevreuil ? l’ouest, ? environ soixante-dix m?tres. C’?tait un m?le, un huit-cors d’apr?s ce qu’elle pouvait voir. Ce n’?tait rien de consid?rable, mais c’?tait quelque chose, au moins. Elle en rep?ra un autre plus loin devant, mais il ?tait partiellement couvert par deux arbres. Elle se redressa un peu plus, et appuya le fusil sur le c?t? du ch?ne tomb?. Elle plia son doigt quand il trouva la g?chette et affermit sa prise sur la crosse. Elle visa et trouva que c’?tait un peu plus difficile qu’elle ne l’avait anticip?. Quand elle aligna la mire et eut un angle de tir, elle saisit l’opportunit?. La d?tonation du fusil au moment du tir remplit la for?t. Le recul fut perceptible mais tr?s l?ger. Au moment o? elle tira, elle sut qu’elle ?tait trop ? droite ; son coude avait gliss? de sa position sur l’arbre quand elle avait appuy? sur la g?chette. Mais elle n’eut pas eu l’occasion de voir le m?le s’enfuir. Quand le bruit du coup de feu emplit ses oreilles et les bois, quelque chose dans son esprit sembla trembler puis se figer. Pendant un moment paralysant, elle ne parvint plus bouger. Et ? ce moment-l?, elle n’?tait pas dans la for?t, ? avoir ?chou? ? abattre un cerf. Au lieu de cela, elle se tenait dans le salon de Jack. Il y avait du sang partout. Lui et sa petite amie avaient ?t? tu?s. Elle n’avait pas ?t? capable de l’emp?cher et, ? ce titre, elle avait l’impression qu’elle les avait tu?s. Rose avait raison. C’?tait de sa faute. Elle aurait pu l’arr?ter si elle avait ?t? plus rapide – si elle avait ?t? meilleure. Le sang rouge brillait et les yeux de Jack la regardaient, morts, et semblant supplier. S’il te pla?t, disaient-ils. S’il te pla?t, reprend-le. Arrange ?a. Avery laissa tomber le fusil. Son cliquetis par terre la fit ?merger de sa fugue et une fois de plus, elle se retrouva ? pleurer ouvertement. Les larmes mont?rent, chaudes, et se d?vers?rent. Elles semblaient ?tre comme de petites tra?n?es de feu sur son visage autrement froid. « C’est de ma faute », dit-elle ? la for?t. « C’?tait de ma faute. Tout ?a. » Pas seulement Jack et sa petite amie…non. Ramirez aussi. Et tous les autres qu’elle avait ?t? incapable de sauver. Elle aurait d? ?tre meilleure, toujours meilleure. Dans son esprit, elle vit l’image de Jack et Rose devant le sapin de No?l. Elle se roula en boule pr?s du ch?ne abattu et commen?a ? trembler. Non, pensa-t-elle. Pas maintenant, pas ici. Ressaisis-toi, Avery. Elle combattit la vague d’?motions et la ravala. Ce n’?tait pas trop dur. Apr?s tout, elle ?tait devenue assez dou?e pour cela au cours de la derni?re d?cennie. Elle se remit lentement sur pieds, et ramassa le fusil sur le sol. Elle ne jeta qu’un l?ger regard vers l’endroit o? les deux cerfs avaient ?t?. Elle n’avait aucun regret ? avoir manqu? le coup. Elle s’en moquait, tout simplement. Elle se retourna par l? o? elle ?tait venue, portant le fusil sur son ?paule et une d?cennie de culpabilit? et d’?chec dans son c?ur. * En route pour retourner ? la maison, Avery supposa que c’?tait une bonne chose qu’elle n’ait pas tu? le chevreuil. Elle n’avait aucune id?e de la mani?re dont elle l’aurait sortit de la for?t. Le tra?ner jusqu’? sa voiture ? L’attacher sur le toit de son v?hicule et revenir lentement ? la maison ? Elle en connaissait assez sur la chasse pour savoir qu’il ?tait ill?gal de laisser une prise ? pourrir dans les bois. Une autre fois, elle aurait pu trouver l’image d’un chevreuil attach? au toit de sa voiture hilarante. Mais en cet instant elle n’y voyait rien de plus qu’une autre erreur. Juste une autre chose ? laquelle elle n’avait pas bien r?fl?chi. Juste au moment o? elle ?tait sur le point de tourner sur son chemin, le bruit de son t?l?phone portable la fit sortir de sa d?prime. Elle l’attrapa sur la console et vit un num?ro qu’elle ne reconnaissait pas, mais un code r?gional qu’elle avait vu pendant la plus grande partie de sa vie. L’appel venait de Boston. Elle r?pondit avec scepticisme, sa carri?re lui ayant appris que des appels de num?ros inconnus pouvaient souvent mener ? des probl?mes. « Bonjour ? » « Salut, est-ce madame Black ? Madame Avery Black ? », demanda une voix masculine. « C’est elle. Qui est-ce ? » « Je m’appelle Gary King. Je suis le propri?taire de l’endroit o? votre fille habite. Elle vous a list?e comme parent proche sur son papier et ? » « Est-ce que Rose va bien ? », demanda Avery. « Pour autant que je sache, oui. Mais j’appelle ? cause de quelques autres choses. Tout d’abord, elle est en retard sur son loyer. Elle a deux semaines de retard et c’est la deuxi?me fois en trois mois. J’essaie de passer et de lui en parler mais elle n’ouvre jamais ? la porte. Et elle ne rappelle pas. » « Vous n’avez certainement pas besoin de moi pour m’occuper de ?a », dit Avery. « Rose est une femme adulte et elle peut supporter de se faire rappeler ? l’ordre par son propri?taire. » « Eh bien, ce n’est pas seulement ?a. J’ai re?u des appels de sa voisine qui se plaignait des bruits de pleurs bruyants la nuit. Cette m?me voisine pr?tend ?tre assez bonne amie avec Rose. Elle dit que Rose n’a pas sembl? ?tre elle-m?me ces derniers temps. Elle dit qu’elle ne cesse de dire que tout est nul et combien la vie est d?pourvue de sens. Elle a dit qu’elle s’inqui?tait pour Rose. » « Et qui est cet amie ? », demanda Avery. Il ?tait dur de le repousser, mais elle pouvait se sentir rapidement glisser en mode inspectrice. « D?sol?, mais je ne peux pas dire. L?galement et tout. » Avery ?tait ? peu pr?s certaine que monsieur King avait raison, aussi n’insista-t-elle pas. « Je comprends. Merci de votre appel, monsieur King. Je vais prendre de ses nouvelles tout de suite. Et je veillerai ? ce que vous obteniez votre loyer. » « C’est bon et je vous remercie…mais honn?tement, je suis plus inquiet de ce qui pourrait se passer avec Rose. C’est une bonne fille. » « Ouais, elle l’est », dit Avery et elle raccrocha. ? ce moment-l?, elle ?tait ? moins d’un kilom?tre de sa nouvelle maison. Elle s?lectionna le num?ro de Rose et passa un appel tandis qu’elle appuyait un peu plus sur l’acc?l?rateur. Elle ?tait s?re de savoir comment les deux minutes suivantes allaient se d?rouler, mais elle ?prouvait toujours un espoir cinglant chaque fois que le t?l?phone sonnait dans son oreille. Comme elle s’y attendait, elle tomba directement sur la messagerie vocale. Rose n’avait r?pondu qu’? un de ses appels depuis que son p?re avait ?t? assassin? et c’?tait quand elle avait ?t? particuli?rement ivre. Avery choisit de ne pas laisser de message, sachant que Rose ne l’?couterait pas, et rappellerait encore moins. Elle se gara dans son all?e, laissa le moteur tourner, et courut ? l’int?rieur assez longtemps pour se v?tir de quelque chose d’un peu plus pr?sentable. Elle fut de retour dans la voiture trois minutes plus tard, et se dirigea vers Boston. Elle ?tait s?re que Rose serait furieuse que sa m?re arrive en ville pour prendre de ses nouvelles, mais Avery ne voyait pas o? elle avait le choix, ?tant donn? l’appel de Gary King. Quand la route devint plus r?guli?re et moins sinueuse, Avery augmenta sa vitesse. Elle ignorait o? se situait son avenir vis-?-vis de son ancien emploi, mais elle savait qu’une chose lui manquait dans son travail pour les forces de l’ordre : la possibilit? de d?passer la limite de vitesse ? chaque fois qu’elle le voulait. Rose avait des ennuis. Elle le sentait. CHAPITRE DEUX Il ?tait un peu plus d’une heure quand Avery se pr?senta ? la porte de Rose. Elle vivait dans un appartement au rez-de-chauss?e dans une partie convenable de la ville. Elle pouvait se le permettre gr?ce aux pourboires qu’elle recevait en tant que barman dans un bar hupp? – un travail qu’elle avait r?ussi ? obtenir avant qu’Avery ne d?m?nage dans son chalet. Son travail avant celui-l? avait ?t? un peu moins glamour, serveuse dans un restaurant appartenant ? une cha?ne tout en faisant du travail d’?dition bon march? pour les agences de publicit? ? c?t? de son appartement. Avery aurait aim? que Rose se contente de s’atteler ? ses ?tudes et de les terminer, mais elle savait aussi que plus elle insisterait, moins Rose serait encline ? choisir cette voie. Avery frappa ? la porte. Elle savait que Rose ?tait chez elle car sa voiture ?tait gar?e ? un p?t? de maisons de l?, sur le c?t? de la rue. M?me si cet indice n’avait pas inform? Avery, depuis qu’elle avait emm?nag? toute seule, Rose avait opt? pour des emplois aux horaires tardifs pour pouvoir dormir tard et paresser chez elle toute la journ?e. Elle frappa plus fort quand Rose ne r?pondit pas et faillit appeler son nom. Elle d?cida de ne pas le faire, pensant que sa voix serait encore moins bienvenue que celle du propri?taire qu’elle essayait d’esquiver. Elle pense probablement que c’est moi parce que j’ai essay? d’appeler avant, pensa-t-elle. ?tant donn? cela, elle conclut en d?cidant de faire ce pour quoi elle ?tait la meilleure : n?gocier. « Rose », dit-elle en frappant ? nouveau. « Ouvre. C’est ta m?re. Et il fait froid l? dehors. » Elle attendit un moment et il n’y eut toujours pas de r?ponse. Au lieu de frapper ? nouveau, elle s’approcha calmement de la porte, s’en tenant le plus pr?s possible. Quand elle parla ? nouveau, elle ?leva la voix juste assez pour ?tre entendue ? l’int?rieur mais pas assez pour provoquer une sc?ne dans la rue. « Tu peux continuer ? m’ignorer si tu veux mais je continuerai d’appeler, Rose. Et si je veux vraiment m’obs?der, souviens-toi de ce que je faisais avant dans la vie. Si je veux savoir o? tu es ? un moment donn?, je le peux. Ou tu peux nous rendre la vie plus facile ? toutes les deux et ouvrir la porte. » Ceci dit, elle frappa ? nouveau. Cette fois, on lui r?pondit en quelques secondes. Rose ouvrit la porte lentement depuis l’autre c?t?. Elle jeta un regard dehors comme une femme qui ne ferait pas confiance ? la personne qui se tenait sur le seuil. « Qu’est-ce que tu veux, maman ? » « Entrer une minute ou deux. » Rose y r?fl?chit pendant un moment et ouvrit compl?tement la porte. Avery fit de son mieux pour ne pas pr?ter trop d’attention au fait que Rose avait perdu du poids. Beaucoup, en fait. Elle avait ?galement teint ses cheveux en noir et les avait liss?s. Avery entra et trouva l’appartement m?ticuleusement nettoy?. Il y avait un ukul?l? sur le canap?, chose qui ne semblait vraiment pas ?tre ? sa place. Avery le pointa du doigt et lan?a un regard interrogateur. « Je voulais apprendre ? jouer de quelque chose », dit Rose. « La guitare prend trop de temps et les pianos sont trop chers. » « Tu es bonne ? », demanda Avery. « Je peux jouer cinq accords. Je peux presque jouer toute une chanson. » Avery hocha de la t?te, impressionn?e. Elle demanda presque ? entendre la chanson, mais pensa que ce serait peut-?tre trop insister. Elle pensa ensuite ? s’asseoir sur le canap?, mais ne voulait pas donner l’impression de prendre ses aises. Elle ?tait presque s?re que Rose ne prolongerait pas cette invitation de toute fa?on. « Je vais bien, maman », dit Rose. « Si c’est pour ?a que tu es l?… » « ?a l’est », dit Avery. « Et je voulais te parler depuis un moment. Je sais que tu me d?testes et me tient pour responsable pour tout ce qui s’est pass?. Et ?a craint, mais je peux y faire face. Mais aujourd’hui, j’ai re?u un appel de ton propri?taire. » « Oh mon dieu », dit Rose. « Cet abruti cupide ne me laisse pas tranquille et? » « Il veut juste son loyer, Rose. Tu l’as ? Tu as besoin d’argent ? » Rose pouffa ? la question. « J’ai gagn? trois cents dollars en pourboires la nuit derni?re », dit-elle. « Et je fais presque le double en pourboires un samedi soir. Donc non…je n’ai pas besoin d’argent. » « Bien. Mais…eh bien, il dit aussi qu’il s’inqui?te pour toi. Qu’il a entendu parler de certaines choses que tu avais dites. Maintenant ne me raconte pas d’histoires, Rose. Comment vas-tu, vraiment ? » « Vraiment ? », demanda Rose. « Comment je vais vraiment ? Eh bien, mon p?re me manque. Et j’ai presque ?t? tu?e par le m?me connard qui l’a tu?. Et m?me si tu me manques aussi, je ne peux m?me pas penser ? toi sans me souvenir de la mani?re dont il est mort. Je sais que c’est tordu, mais chaque fois que je pense ? papa et ? sa mort, ?a me fait te d?tester. Et ?a me fait r?aliser que depuis que tu t’es vraiment plong?e dans le m?tier d’inspectrice, ma vie en a souffert pour une raison ou pour une autre. » C’?tait difficile ? entendre pour Avery, mais elle savait aussi que cela aurait pu ?tre bien pire. « Comment dors-tu ? », demanda-t-elle. « Et comment manges-tu ? Rose…combien de poids as-tu perdu ? » Rose secoua la t?te et commen?a ? marcher vers la porte. « Tu as demand? comment j’allais et je t’ai r?pondu. Suis-je heureuse ? Bon sang non. Mais je ne suis pas du genre ? faire quelque chose de stupide, maman. Quand ?a passera, tout ira bien. Et ?a va passer. Je sais que ce sera le cas. Mais si ?a doit passer, je ne peux pas t’avoir dans les parages. » « Rose, c’est— » « Non. Maman…tu es toxique pour moi. Je sais que tu as vraiment essay? d’arranger les choses entre nous – tu essayes depuis plusieurs ann?es maintenant. Mais ?a ne fonctionne pas et je ne pense pas que ?a fonctionnera compte tenu des ?v?nements r?cents. Alors…s’il te pla?t pars. Pars et arr?te d’appeler. » « Mais Rose, c’est— » Rose ?clata alors en sanglots, ouvrit la porte et cria. « Maman, pourrais-tu s’il te pla?t juste partir, putain ? » Rose regarda ensuite le sol, ?touffant ses sanglots. Avery lutta pour ?touffer les siens tandis qu’elle ob?issait aux souhaits de sa fille. Elle passa pr?s d’elle, se retint douloureusement de la serrer dans ses bras ou de lui faire valoir un dernier argument. Finalement, elle passa simplement la porte et sortit dans le froid. Mais la porte claquant violemment derri?re elle fut peut-?tre la chose la plus froide de toutes. *** Avery pleurait avant d’avoir pu d?marrer sa voiture. Le temps d’?tre ? nouveau sur la route et de prendre la direction de sa nouvelle maison, elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour retenir une s?rie de sanglots qui lui serraient la poitrine. Pendant que les larmes coulaient sur son visage, elle r?alisa qu’elle avait plus pleur? au cours des quatre derniers mois que pendant toutes les ann?es pr?c?dentes. D’abord il y avait eu la mort de Jack, puis celle de Ramirez. Et maintenant ?a. Peut-?tre Rose avait-elle raison. Peut-?tre ?tait-elle toxique. Parce qu’en y r?fl?chissant bien, les morts de Jack et Ramirez ?taient de sa faute. Sa carri?re ambitieuse avait men? le tueur ? ceux qu’elle aimait le plus et, ? ce titre, ils avaient ?t? pris pour cible. Et cette m?me carri?re avait repouss? Rose. Peu importait le fait que la carri?re en question soit termin?e. Elle avait pris sa retraite peu de temps apr?s les fun?railles de Ramirez et m?me si elle savait que Connelly et O’Malley lui laissaient une porte d?rob?e d’ouverte, c’?tait une invitation qu’elle savait qu’elle n’accepterait jamais. Elle s’engagea dans son all?e, gara la voiture et entra avec des larmes coulant encore sur son visage. Le triste fait ?tait que si elle abandonnait compl?tement sa carri?re, sa vie serait vide. Son futur mari avait ?t? tu?, un ex-mari avec qui elle avait ?t? en bons termes avait disparu, et maintenant, la seule survivante de son pass?, sa fille, ne voulait rien avoir ? faire avec elle. Et plut?t que de r?parer tout ?a, qu’as-tu fait ? demanda une petite partie d’elle. Elle ressemblait presque ? la voix de Ramirez, qui faisait remarquer combien elle aggravait les choses. Tu as quitt? la ville et tu t’es retir?e dans les bois. Plut?t que d’affronter la douleur et une vie qui a ?t? boulevers?e, tu t’es enfuie et tu as pass? quelques jours ? boire jusqu’? plonger dans l’oubli. Alors que vas-tu faire maintenant ? Fuir ? nouveau ? Ou est-ce que tu ne devrais pas plut?t r?gler ?a ? De retour ? l’int?rieur du chalet, toutefois, elle se sentit plus en s?curit? qu’elle ne l’avait ?t? pendant qu’elle se tenait ? la porte de Rose. Cela parut diminuer la douleur cinglante de voir sa fille lui claquer la porte au nez. Oui, cela lui donnait l’impression d’?tre une l?che mais elle ne savait tout simplement pas comment y faire face. Elle a raison, pensa Avery. Je suis toxique pour elle. Au cours des derni?res ann?es, je n’ai rien fait d’autre que rendre sa vie beaucoup plus difficile. ?a a commenc? quand j’ai fait passer ma carri?re avant son p?re puis ?a a encore empir? quand, peu importe mes efforts, la carri?re l’a emport? sur elle aussi. Et nous voil? ? nouveau brouill?es, alors m?me que la carri?re a disparu. Et c’est parce qu’elle me tient pour responsable pour le meurtre de son p?re. Et elle n’a pas tout ? fait tort ? ce sujet. Elle marcha lentement vers le lit qu’elle devait encore compl?tement assembler. Son coffre-fort personnel ?tait l?, reposant parmi la t?te de lit et le sommier ? ressorts. En l’ouvrant, elle pensa au moment o? elle ?tait entr?e dans le salon de Jack, o? elle avait retrouv? son corps. Elle pensa ? Ramirez ? l’h?pital, d?j? gravement bless? avant d’avoir ?t? tu?. Ses mains ?taient salies par tout cela. Et elle ne pourrait jamais les en laver. Elle tendit la main vers le coffre et sortit son Glock. Il semblait familier entre ses mains, comme un vieil ami. Les larmes coulaient encore quand elle s’adossa contre la t?te de lit. Elle regarda le pistolet, l’examina. Lui ou un autre tout comme avait ?t? sur sa hanche ou dans son dos pendant pr?s de deux d?cennies, plus proche d’elle que ne l’avait jamais ?t? un autre humain. Donc cela ne parut que trop naturel quand elle le porta ? la chair molle sous son menton. Son contact ?tait froid mais assur?. Elle laissa ?chapper un sanglot tandis qu’elle le positionnait, s’assurant que la balle traverserait avec le meilleur angle. Son doigt trouva la g?chette et trembla contre elle. Elle se demanda si elle entendrait la d?tonation avant qu’elle soit partie et, si c’?tait le cas, si elle serait aussi forte que le bruit de Rose claquant la porte derri?re elle. Son doigt s’enroula autour de la d?tente et elle ferma les yeux. La sonnette retentit, la faisant sursauter. Son doigt se d?tendit et tout son corps se rel?cha. Le Glock tomba dans un cliquetis par terre. Presque, pensa-t-elle alors que son c?ur pompait une tonne d’adr?naline dans son sang. Un autre quart de seconde et ma cervelle aurait ?t? partout sur le mur. Elle baissa les yeux sur le Glock et le repoussa comme s’il s’agissait d’un serpent venimeux. Elle enfouit sa t?te dans ses mains et essuya ses larmes. Tu as failli te tuer, dit la voix qui ?tait peut-?tre ou peut-?tre pas Ramirez. Cela ne te fait-il pas te sentir comme une l?che ? Elle balaya cette id?e quand elle se leva et se dirigea vers la porte d’entr?e. Elle n’avait aucune id?e de qui cela pouvait ?tre. Elle osait esp?rer que c’?tait Rose mais elle savait que ce ne serait pas le cas. Rose ressemblait beaucoup ? sa m?re ? cet ?gard – t?tue ? l’exc?s. Elle ouvrit la porte et ne trouva personne. Elle vit cependant l’arri?re d’un camion UPS quitter son all?e. Elle baissa les yeux sur la v?randa et vit une petite bo?te. Elle la ramassa, et y lut son propre nom ainsi que sa nouvelle adresse r?dig?s avec une ?criture tr?s soign?e. L’adresse de l’exp?diteur ne comportait aucun nom, juste un cachet de New York. Elle la prit ? l’int?rieur et l’ouvrit lentement. La bo?te ne pesait rien et, quand elle l’ouvrit, elle trouva un journal en boule. Elle enleva tout et d?couvrit une seule chose qui l’attendait au fond. C’?tait une seule feuille de papier, pli?e en deux. Elle la d?plia, et quand elle lut le message ? l’int?rieur, son c?ur s’arr?ta pendant un instant. Et juste ainsi, Avery ne ressentit plus le besoin de se suicider. Elle lut le message encore et encore, essayant de lui donner un sens. Son esprit travaillait dessus, cherchant une r?ponse. Et avec une telle chose ? r?soudre, la seule id?e de mourir avant que ce ne soit ?lucid? ?tait hors de question. Elle s’assit sur le canap? et fixa le papier, le lisant encore et encore. Qui ?tes-vous, Avery ? – Bien ? vous, Howard CHAPITRE TROIS Les jours suivants, Avery continua ? toucher la zone sous son menton, l? o? elle avait plac? le canon de l’arme. Elle paraissait irrit?e, comme une piq?re d’insecte. Chaque fois qu’elle allait se coucher pour dormir et que son cou s’?tirait quand sa t?te touchait l’oreiller, cette zone lui semblait expos?e et vuln?rable. Elle allait devoir faire face au fait qu’elle avait travers? une tr?s mauvaise passe. M?me si elle en avait finalement ?t? arrach?e, elle l’avait connue. Ce serait pour toujours une souillure dans ses souvenirs et il semblait que les nerfs m?me dans sa chair voulaient s’assurer qu’elle ne l’oublierait pas. Pendant les trois jours qui suivirent son quasi suicide, elle fut plus d?prim?e qu’elle ne l’avait jamais ?t? dans sa vie. Elle passa ces jours-l? en boule sur son canap?. Elle essaya de lire mais ne pouvait pas se concentrer. Elle essaya de se motiver pour aller courir, mais se sentait trop fatigu?e. Elle ne cessait de regarder la lettre de Howard, la manipulant tant que le papier commen?ait ? se plisser. Elle cessa sa consommation excessive d’alcool apr?s avoir re?u la lettre d’Howard. Lentement, comme une chenille, elle commen?a ? sortir de son cocon d’apitoiement sur son propre sort. Elle se mit lentement ? faire de l’exercice. Elle faisait ?galement des mots crois?s et des Sudoku juste pour garder son esprit aiguis?. Sans travail, et en sachant qu’elle avait assez d’argent pour vivre une ann?e sans avoir ? s’inqui?ter de rien, il ?tait tr?s facile de tomber dans un ?tat d’esprit paresseux. Mais le colis d’Howard avait gomm? cette l?thargie en elle. Elle avait maintenant un myst?re ? r?soudre qui la mettait au travail. Et quand Avery Black se mettait ? la t?che, il n’y avait pas de fin jusqu’? ce qu’elle soit r?solue. Moins d’une semaine apr?s avoir re?u la lettre, ses journ?es gliss?rent dans une forme de routine. C’?tait toujours la routine d’une ermite, mais sa routine seule la faisait se sentir normale. Elle lui donnait l’impression qu’il pouvait y avoir quelque chose pour laquelle il valait la peine de vivre. Une structure. Des d?fis intellectuels. C’?taient les choses qui l’avaient toujours inspir?e et c’est ce qu’elles firent au cours de semaines suivantes Ses matin?es commen?aient ? sept heures. Elle partait courir tout de suite, d?crivant un trajet vivifiant de trois kilom?tres ? travers les routes secondaires autour du chalet, pour cette premi?re semaine. Elle rentrait chez elle, prenait son petit-d?jeuner et examinait de vieux dossiers. Elle avait plus de cent dossiers personnels, tous r?solus. Mais elle les parcourait pour se tenir occup?e et pour se rappeler que parmi les ?checs qui s’?taient produits vers la fin, elle avait aussi connu plus que quelques succ?s. Elle passait ensuite une heure ? d?baller ses cartons et ? ranger. Suivait ensuite le d?jeuner puis soit un mot crois? soit un casse-t?te quelconque. Elle ex?cutait ensuite un simple encha?nement d’exercices dans la chambre – juste une s?ance rapide d’abdominaux, de redressements assis, de planches et d’autres exercices pour la ceinture abdominale. Elle passait ensuite un peu de temps ? regarder les dossiers de sa derni?re affaire – l’affaire qui avait fini par prendre les vies de Jack et Ramirez. Certains jours, elle les feuilletait pendant dix minutes, d’autres jours elle les ?tudiait pendant deux heures. Qu’est ce qui avait mal tourn? ? Qu’avait-elle manqu? au d?but ? Aurait-elle surv?cu ? l’affaire s’il n’y avait pas eu l’intervention d’Howard Randall en coulisses ? Puis venait le d?ner, un peu de lecture, un peu plus de nettoyage, et au lit. C’?tait une routine monotone, mais c’?tait une routine tout de m?me. Il fallut deux mois pour que le chalet soit propre et en ordre. ? ce moment-l?, sa course de trois kilom?tres s’?tait transform?e en une de huit kilom?tres. Elle ne regardait plus les anciens dossiers ou le contenu du dernier. Au lieu de cela, elle avait pris l’habitude de lire des livres qu’elle avait achet?s sur Amazon et qui contenaient des enqu?tes polici?res tir?es de la vie r?elle et des proc?dures polici?res non fictives. Elle avait aussi ajout? au m?lange des livres concernant les ?valuations psychologiques de certains des tueurs en s?rie les plus connus de l’histoire. Elle n’?tait que partiellement consciente qu’il s’agissait de sa fa?on de combler le vide que son travail avait autrefois rempli. Au fur et ? mesure qu’elle s’en rendait de plus en plus compte, elle ne pouvait s’emp?cher de s’interroger sur son avenir. Un matin, alors qu’elle courait autour de Walden Pond, le froid lui br?lant les poumons d’une mani?re qui ?tait plus agr?able qu’insoutenable, cela la frappa un peu plus fort qu’auparavant. Son esprit tournait en boucle autour des questions sur l’arriv?e du colis d’Howard Randall. D’abord, comment savait-il o? elle vivait ? Et depuis combien de temps en ?tait-il inform? ? Elle avait v?cu en supposant qu’il ?tait mort quand il ?tait tomb? dans la baie la nuit o? cette derni?re terrible affaire s’?tait achev?e. Bien que son corps n’ait jamais ?t? retrouv?, on avait sp?cul? ? l’envi qu’il avait effectivement ?t? abattu par un policier sur les lieux avant de tomber l’eau. Alors qu’elle faisait sa boucle, elle essaya de mettre en place une s?rie d’?tapes pour comprendre o? il se trouvait et pourquoi il l’avait contact?e avec un message ?trange : Qui ?tes-vous ? Le colis venait de New York mais il est ?vident qu’il est rest? autour de Boston. Sinon, comment saurait-il que j’ai d?m?nag? ? Par quelle autre mani?re pourrait-il savoir o? je vis ? Ceci, bien s?r, ?voqua ? son esprit des images de Randall cach? parmi ces arbres avec les yeux riv?s sur son chalet. C’est bien ma chance, pensa-t-elle. Toutes les autres personnes dans ma vie sont mortes ou ont coup? les ponts avec moi. Il est logique qu’un tueur reconnu coupable soit le seul qui semble se soucier de moi. Elle savait que le paquet en lui-m?me n’offrirait aucune r?ponse. Elle savait d?j? quand il avait ?t? envoy? et d’o?. Ce n’?tait vraiment que Randall qui la taquinait, lui faisant savoir qu’il ?tait encore en vie, en libert?, et qu’il s’int?ressait ? elle d’une mani?re ou d’une autre. Le colis ?tait dans son esprit lorsqu’elle revint de sa course. Tandis qu’elle enlevait ses gants et son bonnet, les joues roses et dess?ch?es en raison du froid, elle se dirigea vers l’endroit o? elle avait conserv? la bo?te. Elle l’avait enti?rement examin?e ? la recherche d’indices ou de petites significations cach?es par Randall, mais n’en avait trouv? aucun. Elle avait aussi fini bredouilles quand elle avait parcouru le journal en boule. Elle avait lu tous les articles sur le papier froiss? et rien n’avait sembl? en valoir la peine. Il n’avait ?t? qu’un remplissage . Bien s?r, cela ne l’avait pas emp?ch? de relire sans rel?che plusieurs fois chaque mot sur ces pages. Elle tapotait anxieusement la bo?te quand son portable sonna. Elle l’attrapa sur la table de la cuisine et regarda fixement le num?ro ? l’?cran pendant un moment. Elle sourit avec h?sitation et essaya d’ignorer le bonheur qui essayait de poindre dans son c?ur. C’?tait Connelly. Ses doigts se fig?rent un instant car elle ne savait honn?tement pas quoi faire. S’il avait appel? il y avait deux ou trois semaines de ?a, elle aurait simplement ignor? l’appel. Mais maintenant…eh bien, quelque chose ?tait diff?rent ? pr?sent, non ? Et m?me si elle d?testait l’admettre, elle supposait qu’elle devait remercier Howard Randall et sa lettre pour cela. Au dernier moment, avant que son t?l?phone ne bascule sur la messagerie vocale, elle r?pondit. « Eh, Connelly », dit-elle. Il y eut une longue pause ? l’autre bout du fil avant que Connelly ne r?ponde. « Salut, Black. Je…eh bien, je vais ?tre honn?te. Je m’attendais ? devoir parler ? votre r?pondeur. » « D?sol?e de vous d?cevoir. » « Oh, c’est rien. Je suis content d’entendre votre voix. ?a fait trop longtemps. » « Ouais, ?a commence ? donner cette impression l?. » « Dois-je comprendre que vous regrettez votre retraite bien trop anticip?e ? » « Non, je n’irais pas jusque l?. Comment ?a va ? » « Les choses vont bien. Je veux dire, il y a un vide au commissariat qui ?tait rempli par vous et Ramirez, mais nous sommes en train de le combler. Finley se perfectionne vraiment. Il travaille tr?s ?troitement avec O’Malley. Je pense que Finley, entre vous et moi, il l’a pris personnellement quand vous avez d?missionn?. Et il a d?cid? que si quelqu’un devait prendre votre place, alors bon sang, il vaudrait mieux que ce soit lui. » « C’est bon ? entendre. Dites-lui qu’il me manque. » « Eh bien, j’esp?rais que vous viendrez le lui dire vous-m?me », dit Connelly. « Je ne pense pas ?tre pr?te pour venir vous rendre visite pour le moment », dit-elle. « D’accord, alors je n’ai jamais ?t? dou? pour les bavardages », dit Connelly. « Je vais aller droit au but. » « C’est l? que vous ?tes le meilleur », dit-elle. « ?coutez…nous avons une affaire? » « Arr?tez l? », dit-elle. « Je ne vais pas revenir. Pas maintenant. Probablement jamais, m?me si je ne l’exclurais pas compl?tement. » « ?coutez-moi pour celle-ci, Black », dit-il. « Attendez d’entendre les d?tails. En fait, vous les avez probablement d?j? entendus. Celle-ci est partout aux informations. » « Je ne regarde pas les informations », dit-elle. « Bon sang, je n’utilise l’ordinateur que pour Amazon. Je ne me souviens pas de la derni?re fois que j’ai lu un gros titre. » « Eh bien, c’est tr?s ?trange et il semble que nous ne parvenions pas ? l’?lucider. O’Malley et moi avons pass? une fin de soir?e hier ? boire et nous avons d?cid? que nous devions vous appeler. Ce n’est pas seulement moi qui vous cire les pompes et essaye de vous convaincre…mais vous ?tes la seule personne qui nous est venue ? l’esprit et qui pourrait peut-?tre la r?soudre. Si vous n’avez pas vu les nouvelles, je peux vous dire que c’est… » « La r?ponse est non, Connelly », dit-elle en l’interrompant. « J’appr?cie la pens?e et le geste, mais non. Si jamais je suis pr?te ? discuter d’un retour, je vous appellerai. » « Un homme est mort, Avery, et le tueur pourrait ne pas avoir fini », dit-il. Pour une raison quelconque, l’entendre utiliser son pr?nom la piqua un peu. « Je suis d?sol?e, Connelly. Assurez-vous de dire ? Finley que je lui passe le bonjour. » Et sur ce, elle raccrocha. Elle regarda le t?l?phone bras crois?s, en se demandant si elle venait de commettre une ?norme erreur. Elle mentirait si elle se disait que l’id?e de retourner au travail n’avait pas suscit? quelques frissons. M?me entendre la voix de Connelly lui avait fait d?sirer cette partie l? de son ancienne vie. Tu ne peux pas, se dit-elle. Si tu retournes au travail maintenant, tu dis en gros ? Rose que tu te fous d’elle. Et tu courrais directement dans les bras de la cr?ature qui t’a mise l? o? tu es actuellement. Elle se leva et regarda par la fen?tre. Elle scruta les arbres, l’?pais voile d’ombres diurnes entre eux, et pensa ? la lettre d’Howard Randall. ? la question d’Howard Randall. Qui ?tes-vous ? Elle commen?ait ? penser qu’elle n’?tait pas exactement s?re de la r?ponse. Et peut-?tre qu’?tre sans son travail dans sa vie en ?tait la raison. *** Elle brisa sa routine cet apr?s-midi l? pour la premi?re fois depuis qu’elle l’avait ?tablie. Elle conduisit jusqu’? South Boston, au cimeti?re St. Augustine. C’?tait un endroit qu’elle avait ?vit? depuis le d?m?nagement, pas seulement ? cause de la culpabilit?, mais parce qu’il semblait que la force cruelle qui manipulait le destin lui avait d?livr? un coup terrible. Ramirez et Jack ?taient tous deux ?t? enterr?s dans le cimeti?re St. Augustine et m?me s’ils ?taient ? plusieurs rang?es l’un de l’autre, cela n’avait pas d’importance pour Avery. En ce qui la concernait, la connexion entre ses ?checs et son chagrin se trouvait dans cette bande de terre verte et elle ne voulait rien ? voir avec tout cela. C’est pourquoi il s’agissait de sa premi?re visite depuis les fun?railles. Elle resta assise dans la voiture pendant un moment, ? regarder vers la tombe de Ramirez. Elle sortit lentement du v?hicule et se dirigea vers l’endroit o? l’homme qu’elle avait ?t? pr?te ? ?pouser avait ?t? inhum?. La pierre tombale ?tait modeste. Quelqu’un y avait r?cemment plac? un bouquet de fleurs blanches – probablement sa m?re – qui allait d?p?rir et mourir dans ce froid, probablement le jour suivant. Elle ne savait pas quoi dire et supposa que c’?tait normal. Si Ramirez avait conscience qu’elle ?tait l? et s’il pouvait entendre ce qu’elle pouvait dire (et une grande partie d’Avery pensait que c’?tait le cas), il saurait qu’elle n’avait jamais ?t? dou?e pour les sentiments. Il ?tait probablement abasourdi, m?me dans n’importe quel endroit c?leste qu’il occupait, qu’elle soit l?. Elle mit la main dans sa poche et sortit la bague que Ramirez avait eu l’intention de lui passer un jour au doigt. « Tu me manques », dit-elle. « Tu me manques et je suis tellement…tellement perdue. Et il n’y a pas besoin de te mentir…ce n’est pas seulement parce que tu es parti. Je ne sais pas ce que faire de moi-m?me. Ma vie est en train de s’effondrer et la seule chose dont je sais qu’elle la rendra quelque peu stable – le travail – est probablement la pire vers laquelle je puisse me tourner. » Elle essaya de l’imaginer l? avec elle. Que lui dirait-il s’il le pouvait ? Elle sourit quand elle l’imagina lui adresser un de ses froncements de sourcils sarcastiques. Prends sur toi et fais-le. C’est ce qu’il dirait. Bouge toi, remets toi au travail et reprend ce qu’il reste de ta vie en main. « Tu n’aides pas », dit-elle avec sa propre petite expression sarcastique. Cela l’effrayait un peu que le fait de lui parler ? travers sa tombe lui semble presque naturel. « Tu me dirais de retourner au travail et de r?soudre les choses ? partir de l?, n’est-ce pas ? » Elle regarda fixement la pierre tombale, comme si elle voulait qu’elle lui r?ponde. Une unique larme sortit du coin de son ?il droit. Elle l’essuya tandis qu’elle se d?tournait et se dirigeait vers la tombe de Jack. Il avait ?t? enterr? de l’autre c?t? du cimeti?re, qu’elle pouvait ? peine voir d’o? elle se trouvait. Elle prit le petit chemin qui traversait les pelouses, profitant du silence. Elle ne pr?ta aucune attention aux quelques autres personnes qui ?taient l? pour rendre hommage et pleurer, les laissant ? leur vie priv?e. Pourtant, alors qu’elle s’approchait de la tombe de Jack, elle vit quelqu’un qui se tenait d?j? pr?s d’elle. C’?tait une femme, petite et la t?te baiss?e. Apr?s encore quelques pas, Avery vit qu’il s’agissait de Rose. Ses mains ?taient fourr?es dans ses poches et elle portait un manteau avec une capuche, qui ?tait lev?e et lui couvrait la t?te. Avery ne voulut pas l’appeler, esp?rant qu’elle arriverait ? se rapprocher suffisamment pour pouvoir discuter. Mais apr?s quelques pas de plus, Rose sentit apparemment quelqu’un approcher. Elle se retourna, vit Avery et commen?a imm?diatement ? s’?loigner. « Rose, ne sois pas comme ?a », dit Avery. « On ne peut pas parler une minute ? » « Non maman. Bon sang, comment peux-tu aussi g?cher ?a pour moi ? » « Rose ! » Mais Rose n’avait plus rien ? dire. Elle acc?l?ra le rythme et Avery fit tout ce qu’elle put pour ne pas la poursuivre. D’autres larmes coul?rent sur le visage d’Avery tandis qu’elle reportait son attention sur la tombe de Jack. « De qui tient-elle ce trait l? ? », demanda Avery ? la pierre tombale. Tout comme celle de Ramirez, la pierre tombale de Jack ?tait ?videmment silencieuse. Elle se tourna vers la droite et regarda Rose rapetisser au loin. S’?loigner d’elle jusqu’? avoir compl?tement disparu. CHAPITRE QUATRE Quand Avery entra dans le bureau du docteur Higdon, elle avait le sentiment d’?tre un clich? ambulant. La docteure Higdon elle-m?me ?tait tr?s calme et polie. Elle semblait avoir toujours la t?te l?g?rement inclin?e vers le haut, exposant la pointe parfaite de son nez et l’angle de son menton. C’?tait une belle femme, si ce n’?tait un peu surfaite. Avery avait r?prim? le besoin d’aller voir un th?rapeute mais en savait assez sur la fa?on dont un esprit traumatis? fonctionnait pour savoir qu’elle en avait besoin. Et c’?tait atroce de l’admettre. Elle d?testait l’id?e de rendre visite ? un psychologue et ne voulait pas non plus avoir recours aux services de celle assign?e au d?partement de police de Boston qu’elle avait vue plusieurs fois au fil des ann?es suite ? des affaires particuli?rement difficiles. Aussi avait-elle contact? la docteure Higdon, une th?rapeute dont elle avait entendu parler l’ann?e pass?e lors d’une affaire impliquant un suspect qui avait eu recours ? ses services pour surmonter une s?rie de peurs irrationnelles. « J’appr?cie que vous me receviez si rapidement », dit Avery. « Je m’attendais honn?tement ? devoir attendre quelques semaines. » Higdon haussa les ?paules en s’asseyant sur sa chaise. Quand Avery prit place sur le canap? adjacent, le sentiment de devenir un clich? ambulant ne fit que s’intensifier. « Eh bien, j’ai entendu parler de vous ? quelques reprises juste aux informations », dit Higdon. « Et votre nom a ?t? ?voqu? lorsque de nouveaux patients sont arriv?s, des personnes que vous avez apparemment crois? dans votre travail. Alors j’avais une heure de libre aujourd’hui et je me suis dit que ce serait un plaisir de vous rencontrer. » R?alisant qu’il ?tait sans pr?c?dent d’obtenir un rendez-vous avec une th?rapeute respect?e seulement deux jours apr?s avoir pass? un appel, Avery sut ne pas prendre le rendez-vous comme allant de soi. Et, n’ayant jamais ?t? du genre ? tourner autour du pot, elle n’eut aucun probl?me pour aller droit au but. « Je voulais rencontrer une th?rapeute car, honn?tement, ma t?te est tout simplement en d?sordre en ce moment. Un c?t? me dit que la gu?rison va venir du temps libre. Un autre c?t? me dit que la gu?rison va venir du fait d’?tre productive et entour?e ? ce qui me ram?ne au travail. » « Je ne connais que les plus brefs d?tails sur la gu?rison que vous cherchez », dit Higdon. « Pourriez-vous ?laborer ? » Avery passa dix minutes ? le faire. Elle commen?a avec la mani?re dont la derni?re affaire s’?tait d?roul?e et s’?tait termin?e par la mort de son ex-mari et de son futur fianc?. Elle survola la partie sur son ?loignement de la ville et les r?centes disputes avec Rose, ? la fois ? son appartement et leur accrochage sur la tombe de Jack. La docteure Higdon commen?a imm?diatement ? poser des questions, apr?s avoir pris des notes manuscrites tout le temps pendant lequel Avery avait parl?. « Le d?m?nagement dans le chalet pr?s de Walden Pond…qu’est-ce qui vous a donn? envie de faire cela ? » « Je ne voulais pas ?tre avec des gens. C’est plus isol?. Tr?s calme. » « Avez vous le sentiment que vous gu?rissez mieux ?motionnellement et physiquement quand vous ?tes seule ? », demanda Higdon. « Je ne sais pas. Je voulais juste…Je ne voulais pas ?tre dans un endroit o? les gens avaient la possibilit? de venir me voir cent fois par jour. « Avez-vous toujours eu des probl?mes avec les personnes concern?es par votre bien-?tre ? » Avery haussa les ?paules. « Pas vraiment. C’est une question de vuln?rabilit?, je suppose. Dans mon domaine, la vuln?rabilit? m?ne ? la faiblesse. » « Je doute que ce soit vrai. En termes de perception, probablement – mais pas dans l’?tat actuel des choses. » Elle s’arr?ta l? un moment puis se pencha. « Je n’essaierai pas de tourner autour du pot et de vous guider subtilement vers les points cl?s », dit-elle. « Je suis s?re que vous ne seriez pas dupe. En outre, le fait que vous puissiez admettre une crainte de la vuln?rabilit? m’en dit beaucoup. Donc je pense que nous pouvons aller droit au but ici. » « Je le pr?f?re de cette fa?on », dit Avery. « Le temps que vous avez pass?e seule dans le chalet…croyez-vous que cela a aid? ou entrav? votre gu?rison ? » « Je pense qu’il est un peu exag?r? de dire que ?a a aid?, mais ?a a facilit? les choses. Je savais que je n’allais pas devoir faire face ? l’assaut des amis prenant constamment de mes nouvelles. » « Avez-vous essay? de tendre la main ? quelqu’un pendant ce temps ? » « Juste avec ma fille », dit Avery. « Mais elle a rejet? toutes vos tentatives pour reprendre contact ? » « C’est vrai. Je suis presque s?re qu’elle me tient pour responsable de la mort de son p?re. » « Si nous devons ?tre honn?tes, c’est probablement vrai », dit Higdon. « Et elle comprendra la v?rit? en son temps. Les gens font leur deuil diff?remment. Plut?t que d’?chapper ? tout cela dans un chalet dans les bois, votre fille a choisi de faire peser la responsabilit? sur une source facile. Maintenant, laissez-moi vous demander ceci…pourquoi avez-vous d?missionn? de votre travail ? » « Parce que j’avais l’impression d’avoir tout perdu », dit Avery. Elle n’avait m?me pas besoin d’y r?fl?chir. « J’avais l’impression d’avoir tout perdu et d’avoir ?chou? dans mon travail. Je ne pouvais pas rester parce que c’?tait un rappel du fait que je n’?tais pas assez bonne. » « Avez-vous toujours l’impression que vous n’?tiez pas assez bonne ? » « Eh bien…non. Au risque de para?tre arrogante, je suis tr?s dou?e dans mon travail. » « Et il vous a manqu? au cours de ces trois derniers mois, n’est-ce pas ? » « Oui », admit Avery. « Avez-vous le sentiment que votre d?sir d’y retourner est juste celui de retomber dans ce que votre vie ?tait autrefois ou pensez-vous qu’il pourrait y avoir des r?els progr?s ? y trouver ? » « C’est bien ?a. Je ne sais pas. Mais j’arrive au point o? je pense que je dois le d?couvrir. Je pense que je dois y retourner. » La docteure Higdon hocha de la t?te et gribouilla quelque chose. « Pensez-vous que votre fille va r?agir n?gativement si vous y retournez ? » « Indubitablement. » « D’accord, alors disons qu’elle n’est pas dans l’?quation ; disons que Rose s’en moque que vous y retourniez ou pas. Auriez-vous une quelconque h?sitation ? » La prise de conscience la frappa comme une brique ? la t?te. « Probablement pas. » « Je pense que vous avez votre r?ponse juste l? », dit Higdon. « Je pense qu’? ce stade du processus de deuil, vous et votre fille ne pouvez pas laisser l’autre dicter la fa?on dont l’autre fait son deuil. Rose a besoin de tenir quelqu’un pour responsable en ce moment. C’est comme ?a qu’elle y fait face…et votre relation tendue rend cela facile. Quant ? vous…je veux dire que retourner au travail pourrait bien ?tre la chose pour vous aider ? avancer. » « Vous le voulez ? », demanda Avery, confuse. « Oui, je pense que c’est le plus sens?, ?tant donn? votre pass? et vos ant?c?dents. Cependant, pendant tout ce temps seule, isol?e de tout le monde, avez-vous d?j? eu des pens?es suicidaires ? » « Non », mentit Avery. Cela vint facilement et sans trop de regret. « J’ai ?t? d?prim?e, bien s?r. Mais jamais aussi bas. » Oui, elle avait omis son quasi-suicide. Elle n’avait pas non plus mentionn? son paquet de la part d’Howard Randall pendant qu’elle avait racont? ces derniers mois. Elle ne savait pas pourquoi. Pour l’instant, cela lui semblait simplement trop priv?. « Dans ces conditions », dit Higdon, « je ne vois pas le mal qu’il y a ? retourner au travail. Je pense que vous devriez ?tre mise en ?quipe avec quelqu’un, cependant. Et je sais que ?a pourrait ?tre d?licat ?tant donn? qui ?tait votre dernier partenaire. Pourtant…vous ne pouvez pas ?tre l?ch?e seule si t?t dans des situations de stress ?lev?. Je vous recommande m?me de faire un travail l?ger en premier. Peut-?tre m?me un travail de bureau. » « Je vais juste ?tre honn?te…?a n’arrivera pas. » Higdon sourit l?g?rement. « Alors pensez-vous que c’est ce que vous allez faire ? Allez-vous voir si le fait de retourner au travail vous aide ? surmonter ce doute de vous et cette responsabilit? ? » « Bient?t », dit Avery en pensant ? l’appel de Connelly deux jours auparavant. « Ouais, je pense qu’il se pourrait que je le fasse. » « Eh bien, je vous souhaite bonne chance », dit Higdon, en tendant la main pour serrer la sienne. « En attendant, n’h?sitez pas ? m’appeler si vous avez besoin de r?gler quelque chose. » Avery serra la main de Higdon et quitta le bureau. Elle d?testait l’admettre, mais elle se sentait mieux que depuis des semaines – depuis qu’elle avait enfin trouv? une routine pour faire de l’exercice et aff?ter son esprit. Elle pensa qu’elle pouvait peut-?tre r?fl?chir un peu plus clairement et pas parce que Higdon avait d?couvert une v?rit? cach?e et profonde. Elle avait simplement besoin de quelqu’un pour lui faire remarquer que, bien que Rose soit la seule personne qui soit rest?e dans sa vie en dehors du travail, cela ne signifiait pas que sa peur de la fa?on dont Rose la voyait devrait dicter ce qu’elle ferait du reste de sa vie. Elle se dirigea vers la sortie la plus proche pour retourner au chalet. Elle vit les gratte-ciel de Boston sur sa gauche. Le commissariat ?tait ? environ vingt minutes en voiture. Elle pouvait aller dans cette direction, rendre visite ? tout le monde et recevoir un accueil chaleureux. Elle pouvait simplement arracher le pansement et le faire. Mais un accueil chaleureux n’?tait pas ce qu’elle m?ritait. En fait, elle n’?tait pas s?re de ce qu’elle m?ritait. Et peut-?tre ?tait-ce de l? que provenait le dernier reste d’h?sitation. *** Le cauchemar qu’elle fit cette nuit-l? n’?tait pas nouveau, mais il comportait une variante. Dedans, elle ?tait assise dans la salle de visite d’un ?tablissement p?nitentiaire. Ce n’?tait pas celle dans laquelle elle avait parfois rendu visite ? Howard Randall, mais quelque chose de beaucoup plus grand et presque ? l’air grec. Rose et Jack ?taient assis de l’autre c?t? de la table, un ?chiquier entre eux. Toutes les pi?ces ?taient rest?es sur le plateau, mais les rois ?taient tomb?s. « Il n’est pas l? », dit Rose, sa voix r?sonnant dans la pi?ce caverneuse. « Ta petite arme secr?te n’est pas l?. » « C’est tout aussi bien », dit Jack. « Il est temps d’apprendre ? r?soudre certaines des plus grosses affaires seule. » Jack passa alors une main sur son visage et en un clin d’?il, il prit l’apparence qu’il avait la nuit o? elle avait d?couvert son corps. Le c?t? droit de sa t?te ?tait couvert de sang et son visage pr?sentait une sorte d’affaissement sur le c?t? droit. Quand il ouvrit la bouche pour lui parler, il n’y avait pas de langue dedans. Il y avait juste une obscurit? au-del? des dents, un gouffre d’o? ses mots venaient et, soup?onnait-elle, o? il aurait aim? qu’elle soit. « Tu n’as pas pu me sauver », dit-il. « Tu n’as pas pu me sauver et maintenant je dois te faire confiance pour ma fille. » Rose se leva ? ce moment et commen?a ? s’?loigner de la table. Avery se leva avec elle, certaine que quelque chose de tr?s grave se produirait si Rose disparaissait de sa vue. Elle commen?a ? la suivre mais ne pouvait plus bouger. Elle baissa les yeux et vit que ses deux pieds avaient ?t? clou?s au sol avec d’?normes traverses de chemin de fer. Ses pieds ?taient bris?s, rien d’autre que du sang, des os et des morceaux de chair. « Rose ! » Mais sa fille se contenta de la regarder, sourit et fit un signe de la main. Et plus elle s’?loignait, plus la pi?ce semblait grande. Des ombres arriv?rent de toutes les directions, et assaillirent sa fille. « Rose ! » « C’est bon », dit une voix derri?re elle. « Je veillerai sur elle. » Elle se retourna et vit Ramirez, qui tenait son arme, le regard plong? dans les ombres. Et tandis qu’il courait si vaillamment apr?s Rose, les ombres commenc?rent ? s’en prendre ? lui. « Non ! Reste ! » Elle tira les pointes dans ses pieds mais en vain. Elle ne put qu’observer tandis que les deux personnes qu’elle avait le plus aim?es au monde ?taient aval?es par les t?n?bres. Et c’est ? ce moment-l? que les cris commenc?rent, s’?chappant des ombres. Rose et Ramirez emplirent la pi?ce de cris de souffrance. Toujours ? la table, Jack la supplia : « Pour l’amour de dieu, fais quelque chose ! » Et c’est alors qu’Avery se redressa comme un ressort dans son lit, un hurlement dans sa gorge. Elle alluma sa lampe de chevet d’une main tremblante. Pendant un instant, elle vit cette ?norme pi?ce s’?tirer devant elle mais elle se dissipa lentement avec la lumi?re et l’?veil. Elle regarda la chambre ? coucher encore nouvelle du chalet et, pour la premi?re fois, se demanda si elle allait s’y sentir un jour comme chez elle. Elle se surprit ? penser ? l’appel de Connelly. Et puis au paquet d’Howard Randall. Sa vieille vie hantait ses r?ves, bien s?r, mais elle envahissait ?galement cette nouvelle vie isol?e qu’elle avait essay? de construire pour elle. Il semblait n’y avoir aucune ?chappatoire. Alors peut-?tre – juste peut-?tre – ?tait-il temps d’arr?ter d’essayer d’y ?chapper. CHAPITRE CINQ Une fois qu’elle avait eu cess? de boire ? l’exc?s pendant les p?riodes les plus d?sesp?r?es du processus de deuil, elle avait lentement remplac? sa consommation d’alcool par un apport en caf?ine. Ses s?ances de lecture consistaient souvent en deux tasses de caf? avec un coca light entre les deux. Pour cette raison, elle avait commenc? ? d?velopper de l?gers maux de t?te apr?s plusieurs semaines si elle restait sans caf? pendant plus d’une journ?e. Ce n’?tait pas la fa?on la plus saine de vivre, mais certainement mieux que de se noyer dans le d?sespoir. C’est la raison pour laquelle elle se retrouva dans un caf? apr?s le d?jeuner le lendemain. Elle ?tait sortie faire les courses principalement parce qu’elle n’avait plus de caf? dans le chalet et, n’ayant pris qu’une seule tasse ce matin-l?, elle avait besoin d’une solution rapide avant de retourner chez elle et de finir la journ?e. Elle avait un livre ? finir de lire mais pensait aussi qu’elle pourrait aller dans les bois pour un autre essai de chasse au chevreuil. Le caf? ?tait un endroit local ? la mode, avec quatre personnes pench?es derri?re leurs MacBooks dans le magasin. La file au comptoir ?tait longue, m?me pour une heure si pr?coce dans l’apr?s-midi. L’endroit ?tait plein de l’effervescence des conversations, du vrombissement des machines derri?re le comptoir, et le doux volume de la t?l? ? l’extr?mit? du bar. Avery arriva ? la caisse, commanda son Chai latte avec deux expresso, et prit sa place dans la file d’attente. Elle passa le temps en regardant le petit panneau d’affichage rempli de d?pliants pour les ?v?nements locaux ? venir : concerts, pi?ces de th??tre, collectes de fonds… Puis elle pr?ta attention ? la conversation ? c?t? d’elle. Elle fit de son mieux pour qu’il ne semble pas ?vident qu’elle ?coutait, gardant ses yeux tourn?s vers le panneau d’affichage. Deux femmes se tenaient derri?re elle. L’une d’elle avait la vingtaine, et portait une de ces ?charpes porte-b?b? Baby Bjorn qui s’enroulaient autour de sa poitrine. Son b?b? faisait une sieste paisible contre sa poitrine. L’autre femme ?tait un peu plus ?g?e, boisson ? la main, mais pas tout ? fait pr?te ? quitter le magasin. Leur attention ?tait tourn?e vers la t?l?vision derri?re le comptoir. Leur conversation ?tait ?touff?e mais facile ? entendre. « Mon Dieu…tu as entendu parler de cette histoire ? », disait la m?re. « Oui », dit la deuxi?me femme. « C’est comme si les gens trouvaient de nouvelles fa?ons de se blesser les uns les autres. Quel genre d’esprit malade faut-il avoir pour penser ? une chose pareille ? » « On dirait qu’ils n’ont toujours pas trouv? ce sale type », dit la m?re. « Ils n’y parviendront probablement pas », dit l’autre femme. « S’ils avaient d? l’attraper, ils auraient trouv? quelque chose maintenant. Mon dieu…tu peux imaginer la famille de ce pauvre homme, devoir voir ?a aux infos ? » L’attention d’Avery fut d?tourn?e quand le barista appela son nom et lui tendit sa boisson. Avery la prit et, ? pr?sent face ? la t?l?vision, se permit de regarder les nouvelles pour la premi?re fois depuis presque trois mois. Il y avait eu un d?c?s en p?riph?rie de la ville une semaine auparavant, dans un complexe d’appartements d?labr?. Pas seulement une mort, mais un meurtre assez flagrant. La victime avait ?t? retrouv?e dans son placard, couverte d’araign?es de diff?rentes esp?ces. La police supposait que l’acte avait ?t? intentionnel, car la moiti? des araign?es ?taient des esp?ces qui n’?taient pas originaires de la r?gion. Malgr? l’abondance d’araign?es sur les lieux, seules deux morsures avaient ?t? d?couvertes sur le corps et aucune n’avait ?t? venimeuse. D’apr?s les informations, jusqu’? pr?sent, la police pr?sumait que l’homme avait ?t? tu? soit par strangulation, soit par une crise cardiaque. Ce sont deux causes de la mort assez diff?rentes, pensa Avery alors qu’elle commen?ait lentement ? s’en d?tourner. Elle ne put s’emp?cher de se demander s’il s’agissait de l’affaire pour laquelle Connelly l’avait appel?e trois jours avant. Une affaire avec un d?veloppement tr?s singulier et, jusqu’? pr?sent, sans vraies r?ponses. Ouais…c’est probablement celle-l?, pensa-t-elle. Avec sa boisson ? la main, Avery se dirigea vers la porte. Elle avait le reste de l’apr?s-midi devant elle, mais elle ?tait ? peu pr?s s?re de savoir comment elle allait se d?rouler. Qu’elle le veuille ou non, elle allait probablement ?tudier un peu les araign?es. *** Avery passa le reste de l’apr?s-midi ? se familiariser avec l’affaire. L’histoire elle-m?me ?tait si morbide qu’elle n’avait pas eu de probl?me ? trouver une grande vari?t? de sources. En d?finitive, elle avait trouv? onze sources diff?rentes fiables qui racontaient l’histoire de ce qui ?tait arriv? ? un homme nomm? Alfred Lawnbrook. Le propri?taire de Lawnbrook ?tait entr? dans son appartement apr?s deux semaines de retard pour la ?ni?me fois et avait su imm?diatement que quelque chose n’allait pas. En le lisant, Avery ne pouvait s’emp?cher de comparer son exp?rience r?cente avec Rose et son propri?taire et, franchement, cela lui donna la chair de poule. Alfred Lawnbrook avait ?t? retrouv? fourr? dans le placard de sa chambre. Il avait ?t? partiellement envelopp? dans au moins trois toiles d’araign?es diff?rentes, avec deux morsures distinctes qui, comme l’avait dit le reportage dans le caf?, n’?taient pas excessivement nocives. M?me si un d?compte r?el n’?tait pas possible, une estimation fond?e du nombre d’araign?es trouv?es sur les lieux se situait entre cinq et six cents. Quelques-unes ?taient exotiques et n’avaient rien ? faire dans un appartement de Boston. Une arachnologue avait ?t? appel?e pour aider et avait fait remarquer qu’elle avait vu au moins trois esp?ces qui n’?taient pas originaires d’Am?rique, et encore moins du Massachusetts. Donc, il y a une intention, pensa Avery. Et beaucoup. Cette intention indique la probabilit? que ce type va frapper ? nouveau. Et s’il doit frapper ? nouveau de la m?me mani?re, il devrait ?tre possible de le retrouver et de l’arr?ter. Le rapport du l?giste disait que Lawnbrook ?tait d?c?d? d’une crise cardiaque, probablement en raison de la peur caus?e par la situation. Bien s?r, personne n’ayant ?t? sur les lieux du meurtre, il y avait de nombreux autres sc?narios qui auraient pu se produire. Personne ne pouvait savoir avec certitude. C’?tait une affaire int?ressante…si ce n’est un peu macabre. Avery n’avait pas peur de grand-chose, mais les grosses araign?es ?taient certainement en haut de sa liste des Choses Dont Elle Pouvait se Passer. Et bien qu’il n’y ait pas eu d’images de la sc?ne de crime r?v?l?es au public (Dieu merci), Avery ne pouvait qu’imaginer ce ? quoi cela avait ressembl?. Quand elle fut bien inform?e, Avery regarda par la fen?tre ? l’arri?re pendant un bon moment. Elle se rendit ensuite dans la cuisine, en se d?pla?ant silencieusement, comme si elle avait peur de se faire prendre. Elle sortit la bouteille de bourbon pour la premi?re fois depuis des mois et se servit un verre. Elle le but rapidement et attrapa ensuite son t?l?phone. Elle trouva le num?ro de Connelly et appuya sur APPELER. Il r?pondit ? la deuxi?me sonnerie – ce qui ?tait assez rapide pour Connelly. Avery supposa que cela en disait beaucoup, tout compte fait. « Black », dit-il. « Je ne m’attendais honn?tement pas ? avoir de vos nouvelles. » Elle ignora cette formalit? et dit : « Alors, cette affaire ? propos de laquelle vous m’avez appel?e. ?tait-ce celle impliquant Alfred Lawnbrook et des araign?es ? » « ?a l’est », dit-il. « La sc?ne de crime a ?t? pass?e au peigne fin ? plusieurs reprises, le corps a ?t? minutieusement examin?, et nous n’avons rien. » « Je vais venir pour celle-ci », dit-elle. « Mais juste pour cette affaire. Et je veux pouvoir le faire selon mes conditions. Pas de maternage par-dessus mon ?paule juste parce que j’ai travers? une p?riode difficile. Vous pouvez vous en occuper ? » « Je peux faire de mon mieux. » Avery soupira, r?sign?e ? l’id?e de voir combien il faisait du bien d’avoir l’impression d’?tre n?cessaire et de savoir que sa vie semblerait bient?t lui appartenir ? nouveau. « D’accord », dit-elle. « Je vous verrai au A1 demain matin. » CHAPITRE SIX Avery n’?tait pas s?re de ce ? quoi elle s’attendait quand elle revint au commissariat pour la premi?re fois depuis plus de trois mois. Peut-?tre quelques papillons dans l’estomac ou une vague de nostalgie. Peut-?tre m?me un sentiment de s?curit? qui la ferait se demander pourquoi elle avait un jour pens? que c’?tait une bonne id?e de d?missionner, pour commencer. Ce ? quoi elle ne s’attendait pas, c’?tait de ne rien ressentir. Pourtant, c’est ainsi qu’elle se sentait. Quand elle rentra au A1 le lendemain matin, elle ne ressentit rien de sp?cial. C’?tait presque comme si elle n’avait pas manqu? un seul jour et ?tait juste en train de passer une autre journ?e – comme n’importe quelle autre, tout comme avant. Apparemment, cependant, elle ?tait la seule dans l’?difice ? se sentir ainsi. En traversant le b?timent pour retourner ? son ancien bureau, elle remarqua que la cohue matinale semblait se calmer sur son passage. C’?tait presque comme si une vague de silence la suivait. Les r?ceptionnistes au t?l?phone se taisaient, le murmure des conversation pr?s des machines ? caf? s’interrompaient. Ils la regardaient tous comme si une ?norme c?l?brit? ?tait entr?e dans le b?timent ; leurs yeux ?taient ?carquill?s d’?merveillement et ils ?taient bouche b?e. Avery se demanda un instant si Connelly avait ne serait-ce que pris la peine de dire ? quelqu’un qu’elle revenait. Apr?s s’?tre fray?e un chemin ? travers la partie centrale du b?timent jusqu’? l’arri?re, o? se trouvaient les bureaux et les salles de conf?rence, tout lui parut un peu plus naturel. Miller, un homme des archives, lui adressa un petit signe de la main. Denson, une agent plus ?g?e ? qui il restait peut-?tre deux ans avant de prendre sa retraite, lui adressa un sourire, un geste de la main, et un sinc?re : « Ravi de vous voir de retour ! » Avery rendit son sourire ? la femme en pensant : Je ne suis pas de retour. Mais juste apr?s cela, il y eut une autre pens?e. Peu importe. Raconte toi ce mensonge si tu veux. Mais ?a te semble naturel. ?a te semble juste. Elle vit Connelly sortir de son bureau au bout du couloir. Cet homme lui avait caus? quelques douleurs et maux de t?te au fil des ans mais qu’elle soit maudite si elle n’?tait pas contente de le voir. Le sourire sur son visage lui fit savoir que le sentiment ?tait r?ciproque. Il vint ? sa rencontre dans le couloir et elle pouvait voir que le capitaine du A1 – habituellement fervent dur ? cuire – se retenait de la serrer dans ses bras. « Comment ?tait-ce de rentrer ? », demanda-t-il. « Bizarre », dit-elle. « Ils m’ont regard?e comme si j’?tais une c?l?brit? ou quelque chose comme ?a. Je ne pouvais pas dire s’ils voulaient d?tourner les yeux ou se lancer dans des applaudissements spontan?s. » « ? vrai dire, j’?tais inquiet que vous ayez droit ? une ovation ? votre entr?e. Vous nous avez manqu? ici, Black. Vous…eh enfin, vous et Ramirez, tous les deux. » « J’appr?cie, monsieur. » « Bien. Parce que je suis sur le point de vous montrer quelque chose qui pourrait vous horripiler. Vous voyez…au fond de moi, j’avais l’espoir que vous reviendriez un jour. Mais nous ne pouvions pas mettre sur pause tout le A1 jusqu’? ce que ce jour arrive. Donc vous n’avez plus vraiment de bureau. » Il lui expliqua cela tandis qu’il la conduisait dans le couloir, vers son ancien bureau. « Ce n’est pas du tout un gros probl?me », dit Avery. « Qui a eu ce r?duit de toute fa?on ? » Connelly ne r?pondit pas. Au lieu de cela, il franchit les derniers pas vers son bureau et fit un signe de la t?te en sa direction. Avery s’approcha de la porte et passa la t?te. Son c?ur se r?chauffa un peu ? la vue. Finley ?tait assis ? son bureau. Il sirotait une tasse de caf? en lisant quelque chose sur un ordinateur portable. Quand il vit Avery, son visage fut travers? par une vari?t? d’?motions : la stup?faction, le bonheur, puis l’embarras. Il ne montra pas la m?me retenue que Connelly. Il se leva imm?diatement du bureau et la rejoignit ? la porte avec une ?treinte. Elle avait sous-estim? ? quel point il lui avait manqu?. M?me s’ils n’aient jamais vraiment travaill? ensemble, elle avait appr?cier de voir Finley monter lentement les ?chelons. Il ?tait dr?le, loyal et sinc?rement aimable. Elle avait toujours eu l’impression qu’il ?tait un fr?re lointain au travail. « C’est bon de te revoir », dit Finley. « Tu nous as manqu? ici. » « J’ai d?j? pass? tout ?a en revue avec elle », dit Connelly. « Ne lui donnons pas la grosse t?te pour son premier jour de retour. » Bon sang, je ne suis pas de retour, pensa-t-elle. Mais c’?tait encore moins convaincant qu’il y avait cinq minutes. « Vous voulez que je l’emm?ne sur le site ? », demanda Finley. « Oui, et vite. O’Malley va vouloir prendre contact avec elle plus tard et j’aimerais qu’elle soit bien mise au courant quand il arrivera ici. Emmenez-la l?-bas et informez-la sur tout ce que nous savons. Essayez de sortir d’ici dans les dix prochaines minutes ? peu pr?s si vous le pouvez. » Finley hocha de la t?te, visiblement heureux de s’?tre vu confier la t?che. Alors qu’il se d?p?chait de retourner ? l’ordinateur, Connelly fit signe ? Avery de retourner dans le couloir. « Venez avec moi », dit-il. Elle le suivit plus loin dans le couloir, jusqu’au grand bureau ? l’extr?mit?. Le bureau de Connelly n’avait pas chang? depuis son d?part. Toujours encombr? mais d’une mani?re ordonn?e. Il y avait trois tasses de caf? sur son bureau et elle supposa qu’au moins deux d’entre elles ?taient de ce matin l?. « Une derni?re chose », dit Connelly en passant derri?re son bureau. Il ouvrit le tiroir et sortit deux choses qui avaient probablement manqu? ? Avery plus que n’importe quelle personnes dans ce b?timent. Son arme et son badge. Elle sourit quand elle tendit la main vers eux. « J’ai d?j? rempli les papiers pour vous », dit Connelly. « Ils sont ? vous. En ce qui concerne le salaire et la dur?e de votre retour, je m’occupe ?galement de cette paperasse. » Avery ne se souciait honn?tement pas du salaire ou du temps pendant lequel on s’attendait ? ce qu’elle reste pour l’affaire. Quand ses doigts tomb?rent sur l’insigne, puis prirent le Glock, elle sentit quelque chose se mettre en place dans son c?ur. Aussi triste que cela paraisse, l’insigne et l’arme semblaient familiers. Ils lui donnaient l’impression d’?tre chez elle. *** La sc?ne du crime ?tait vieille de six jours et, par cons?quent, ?tait vide quand elle et Finley y arriv?rent. Ils pass?rent sous le ruban jaune et elle regarda Finley d?verrouiller la porte de l’appartement d’Alfred Lawnbrook avec une clef prise dans une petite enveloppe qu’il avait gard?e dans la poche de sa chemise. « Tu as peur des araign?es ? », demanda Finley alors qu’ils entraient. « Un peu », dit-elle. « Mais ?a ne sort pas d’ici, d’accord ? » Finley acquies?a avec un sourire sombre. « Je demande seulement parce que m?me s’il y a eu des arachnologues et des exterminateurs qui sont venus s’en occuper, il y a quelques retardataires. Juste les plus communes, cependant. Rien d’extraordinaire. » Il la guida ? travers l’appartement. Il ?tait tr?s basique ; la disposition et les ?quipements lui disaient que Lawnbrook avait ?t? soit divorc? soit c?libataire. « Mais il y en avait d’autres qui n’avaient rien ? faire ici, n’est-ce pas ? », demanda-t-elle. « Absolument », dit Finley. « Au moins trois esp?ces. Une ?tait originaire d’Inde, je crois. J’ai les notes d?taill?es enregistr?es sur mon t?l?phone si tu les veux. L’expert en araign?e qui venu et a examin? les lieux a dit qu’il y avait au moins deux esp?ces sur la sc?ne de crime quand le corps a ?t? trouv? qui avaient d? avoir ?t? command?es chez un revendeur. Et que ?a a probablement ?t? difficile ? obtenir. » « Quelques unes d’?normes ? ta connaissance ? », demanda Avery. « Je crois qu’ils ont dit que la plus grosse ?tait ? peu pr?s de la taille d’une balle de golf. Et si tu me demandes mon avis, c’est bien assez gros. » Ils entr?rent dans la chambre ? coucher et Avery fit de son mieux pour ne pas scanner les murs et le sol ? la recherche d’araign?es solitaires. Elle parcourut rapidement la pi?ce des yeux et la trouva nettoy?e de mani?re experte. La porte du placard ?tait ouverte, permettant ? Finley de tendre la main ? l’int?rieur et d’allumer la lumi?re. Il le fit tr?s rapidement puis fit un pas en arri?re tout aussi vite. « Lawnbrook ?tait avachi dans le coin arri?re gauche », dit Finley. « Nous avons les photos au A1 et je suis s?r que O’Malley adorerait les passer en revue avec toi. Ce trou du cul est fascin? par cette affaire. » Avery entra dans l’embrasure de la porte du placard. ? part quelques fils ?pars de toile d’araign?e dans le coin, il n’y avait rien ? voir. Elle quitta ensuite la chambre et se mit ? examiner les lieux en qu?te de tout signe d’effraction. Finley suivit derri?re elle, gardant ses distances et la laissant travailler. Elle cherchait toute chose qui n’?tait pas ? sa place, m?me quelque chose d’aussi petit qu’une photo dans le salon, mais ne trouva rien. Elle examina les livres pos?s sur la petite ?tag?re ? c?t? du meuble multim?dia ? la recherche de quoi que ce soit reliant Lawnbrook aux araign?es mais ne trouva rien. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=43692495&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.