Êàê ÷àñòî ÿ âèæó êàðòèíêó òàêóþ Âîî÷èþ, èëè îíà òîëüêî ñíèòñÿ: Äâå äåâî÷êè-ãåéøè î ÷¸ì-òî òîëêóþò, Çàáûâ, ÷òî äàâíî èì ïîðà ðàñõîäèòüñÿ. Íà óëèöå ò¸ìíîé âñå äâåðè çàêðûòû. Ëåíèâîå ïëàìÿ â ôîíàðèêå ñîííîì… À äåâî÷êè-ãåéøè êàê áóäòî çàáûòû Äâóìÿ îãîíüêàìè â ïðîñòðàíñòâå áåçäîííîì. Íó ÷òî âàì íå ñïèòñÿ, ïðåêðàñíûå ãåéøè? Âåäü äàæå ñâåð÷êè íåóìîë÷íû

Avant qu’il ne prenne

Avant qu’il ne prenne Blake Pierce Un myst?re Mackenzie White #4 Voici le volume n?4 de la s?rie myst?re Mackenzie White par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de UNE FOIS PARTIE (bestseller n?1 ayant re?u plus de 800 critiques ? cinq ?toiles) . Dans AVANT QU’IL NE PRENNE (Un myst?re Mackenzie White – Volume 4), une affaire troublante est assign?e ? la toute r?cente agent du FBI, Mackenzie White. Des femmes disparaissent dans la campagne de l’Iowa et une tendance se dessine. Un tueur en s?rie pourrait ?tre ? l’?uvre et son rythme ne fait que s’acc?l?rer. Vu qu’elle provient du Midwest, Mackenzie est le choix id?al pour cette enqu?te. Mais Mackenzie est r?ticente ? l’id?e de retourner dans le Midwest, dans un cadre profond?ment rural qui ne lui rappelle que trop ses propres origines et ses propres fant?mes tapis dans l’ombre. Elle recherche ?galement l’assassin de son p?re, mais les t?n?bres la tourmentent ? chaque d?tour. Profond?ment immerg?e dans un univers peupl? de fermes, de silos, d’abattoirs et de longues routes d?sertes, Mackenzie a la sensation de retomber dans les profondeurs de sa propre psych? et des cauchemars qu’elle continue ? avoir peur d’affronter. Dans ce jeu mortel du chat et de la souris, elle finit par comprendre la psychose du tueur qu’elle poursuit et par se rendre compte que la r?gion de ses origines contient des horreurs encore plus sombres et plus tordues qu’elle ne l’aurait imagin?. Un thriller psychologique sombre avec un suspense qui vous tiendra en haleine, AVANT QU’IL NE PRENNE est le volume n?4 d’une fascinante nouvelle s?rie, et d’un nouveau personnage, qui vous fera tourner les pages jusqu’? des heures tardives de la nuit. Le volume 5 de la s?rie myst?re Mackenzie White sera bient?t disponible. ?galement disponible du m?me auteur Blake Pierce : UNE FOIS PARTIE (Un myst?re Riley Paige – Volume 1) - bestseller n?1 avec plus de 800 critiques ? cinq ?toiles sur Amazon - et t?l?chargement gratuit ! AVANT QU’IL NE PRENNE (UN MYST?RE MACKENZIE WHITE – VOLUME 4) B L A K E P I E R C E Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie ? succ?s myst?re RILEY PAIGE, qui comprend sept volumes (pour l’instant). Black Pierce est ?galement l’auteur de la s?rie myst?re MACKENZIE WHITE, comprenant cinq volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re AVERY BLACK, comprenant quatre volumes (pour l’instant) ; et de la nouvelle s?rie myst?re KERI LOCKE. Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) afin d’en apprendre davantage et rester en contact. Copyright © 2016 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d'autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou qu'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright Bullstar, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE S?RIE MYST?RE RILEY PAIGE UNE FOIS PARTIE (Volume 1) UNE FOIS PRISE (Volume 2) UNE FOIS D?SIR?E (Volume 3) UNE FOIS ATTIR?E (Volume 4) UNE FOIS TRAQU?E (Volume 5) UNE FOIS ?PINGL?E (Volume 6) UNE FOIS D?LAISS?E (Volume 7) S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) S?RIE MYST?RE AVERY BLACK MOTIF POUR TUER (Volume 1) MOTIF POUR S’ENFUIR (Volume 2) MOTIF POUR SE CACHER (Volume 3) MOTIF POUR CRAINDRE (Volume 4) S?RIE MYST?RE KERI LOCKE UNE EMPREINTE DE MORT (Volume 1) UNE EMPREINTE DE MEURTRE (Volume 2) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#uc6719c96-0c7c-5caa-bed9-1960c97ecb46) CHAPITRE UN (#u2bb29ed8-2a0e-5b31-b312-00a1f9da5805) CHAPITRE DEUX (#u11afaba3-69da-5a2a-80d5-237a8956f9d6) CHAPITRE TROIS (#u11168019-92f3-51f8-a12a-1b6935c54083) CHAPITRE QUATRE (#u55cd368c-7535-5e8d-ba95-8e5d9c89c1bd) CHAPITRE CINQ (#u4f179695-073f-5bd7-b22e-ec74b4406f6d) CHAPITRE SIX (#u793eca8c-a88c-5890-9443-9d9efb39db0e) CHAPITRE SEPT (#u9b96a14e-bce9-5e04-bf1c-fd59af558bb7) CHAPITRE HUIT (#u3df2d329-d028-574f-b122-2b82ea4b2276) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-TROIS (#litres_trial_promo) PROLOGUE Ce serait la derni?re fois qu’elle ferait une s?ance de d?dicaces dans une petite ville dont personne n’avait jamais entendu parler. Elle allait devoir parler ? son agent et lui dire que ce n’?tait pas parce qu’une ville avait une librairie, qu’il s’agissait d’une m?tropole. Bien s?r, elle aurait s?rement l’air d’une diva en faisant ce genre de demande mais elle s’en fichait. Il ?tait 22:35 et Delores Manning roulait sur une route ? deux bandes dans un coin paum? de l’Iowa. Elle avait bien conscience d’avoir pris une mauvaise route il y a une quinzaine de kilom?tres car c’?tait juste apr?s ?a que son GPS l’avait l?ch?e. Aucun signal. Bien entendu. C’?tait juste la cerise sur le g?teau, pour terminer en beaut? ce qui avait ?t? un weekend pitoyable. Delores avan?ait sur cette route depuis au moins dix minutes. Elle n’avait vu aucun panneau, aucune maison, rien. Juste des arbres et un ciel nocturne ?tonnamment magnifique. Elle pensait s?rieusement ? s’arr?ter au milieu de la route et ? faire demi-tour. Plus elle y pensait, plus ?a lui semblait une bonne id?e. Elle ?tait sur le point d’appuyer sur la p?dale de frein lorsqu’un bruit sec retentit dans la voiture. Dolores hurla de peur et de surprise, mais son cri fut ?touff? par le bruit sourd de la voiture qui parut chuter d’une dizaine de centim?tres et d?vier fermement vers la gauche. Elle parvint ? redresser la voiture dans une trajectoire plus ou moins droite mais elle r?alisa qu’elle ne pourrait pas lutter – il y avait trop de r?sistance. Abandonnant la lutte, elle parvint ? guider la voiture vers le c?t? de la route et la gara ? moiti? en dehors de la chauss?e. Elle alluma ses feux de d?tresse et laissa ?chapper un profond soupir. « Merde, » dit-elle. On dirait que c’est un pneu, pensa-t-elle. Et si c’est le cas… je ne sais m?me pas s’il y a une roue de secours dans le coffre. C’est ce qui arrive pour rouler dans ce tombeau ambulant. Tu es sur le point de devenir un auteur ? succ?s. Il est peut-?tre temps de penser ? d?penser un peu d’argent de temps en temps dans des vols et des voitures de location, non ? Elle tira sur la manette d’ouverture du coffre, ouvrit la porti?re et sortit dans la nuit. Elle sentit la morsure de l’air, l’hiver commen?ait ? s’installer dans le Midwest, se faufilant derri?re l’automne. Elle serra son manteau contre elle et sortit son t?l?phone. Elle ne fut pas du tout surprise de voir qu’elle n’avait pas de r?seau ; elle s’en ?tait bien rendu compte ces vingt derni?res minutes, depuis le moment o? son GPS avait cess? de fonctionner. Elle regarda ses roues et vit que les pneus avant et arri?re du c?t? conducteur ?taient tous les deux ? plat. Plus qu’? plat, ils ?taient totalement crev?s. Elle vit quelque chose miroiter sur le pneu avant et se mit ? genou pour voir ce que c’?tait. Du verre, pensa-t-elle. Vraiment ? Comment est-il possible que du verre ait crev? mes pneus ? Elle regarda en direction du pneu arri?re et vit que plusieurs longs ?clats de verre l’avaient travers?. Elle regarda en direction de la route mais elle ne vit rien de sp?cial. Mais ?a ne voulait rien dire car la lune ?tait en grande partie dissimul?e par la cime des arbres et il faisait vraiment nuit noire. Elle se dirigea vers le coffre, en sachant d?j? que tout ce qu’elle pourrait y trouver serait inutile. M?me s’il y avait une roue de secours, elle en avait besoin de deux. Furieuse et un peu effray?e, elle referma le coffre en le claquant, sans prendre m?me la peine de regarder. Elle attrapa son t?l?phone et, se sentant un peu idiote, grimpa sur l’arri?re de la voiture. Elle tendit son t?l?phone vers le haut, esp?rant avoir juste une seule barre de r?seau. Rien. Ne panique pas, pensa-t-elle. C’est vrai, tu es au milieu de nulle part. Mais quelqu’un finira bien par arriver. Toutes les routes m?nent quelque part, n’est-ce pas ? Ne parvenant pas ? croire la mani?re dont ce weekend s’?tait d?roul?, elle rentra dans la voiture o? le chauffage fonctionnait toujours. Elle inclina son r?troviseur afin de voir si des phares approchaient derri?re elle, puis regarda devant elle, attentive ? tout v?hicule qui s’approcherait. Alors qu’elle ruminait sur la s?ance rat?e de d?dicaces, la petite m?prise publicitaire et ses probl?mes plus r?cents d’avoir deux pneus crev?s sur le c?t? de la route, elle vit des phares s’approcher devant elle. Elle n’attendait que depuis sept minutes, alors elle s’estima avoir de la chance. Elle ouvrit la porti?re, permettant ? l’?clairage int?rieur de se joindre ? la lumi?re des feux de d?tresse clignotants. Elle sortit du v?hicule et resta tout pr?s de la voiture, faisant signe au camion qui s’approchait. Elle fut tout de suite soulag?e de voir qu’il ralentissait. Il vira vers son c?t? de la route et s’arr?ta juste devant elle. Le chauffeur alluma ses feux de d?tresse et sortit du camion. « Bonsoir, » dit l’homme d’une quarantaine d’ann?es qui sortit du camion. « Bonsoir, » dit Delores. Elle le jaugea, encore trop en col?re par rapport ? la situation pour se m?fier d’un inconnu qui s’arr?te en plein milieu de la nuit pour l’aider. « Des probl?mes de voiture ? » demanda-t-il. « Des tonnes, » dit Delores, en montrant ses pneus du doigt. « Deux pneus crev?s en m?me temps. Incroyable ! » « Oh, ce n’est vraiment pas de chance, » dit-il. « Avez-vous appel? une d?panneuse, un garage, ou autre ? » « Pas de r?seau, » dit-elle. Elle fut sur le point d’ajouter Je ne suis pas vraiment d’ici mais elle se ravisa. « Vous pouvez utiliser le mien, » dit-il. « En g?n?ral, j’ai toujours au moins deux barres de r?seau par ici. » Il s’avan?a vers elle et mit la main en poche pour en sortir son t?l?phone. Seulement ce ne fut pas un t?l?phone qu’il en sortit. Elle se sentit d?concert?e par la situation. ?a n’avait pas de sens. Elle ne parvenait pas ? voir ce que c’?tait et… Soudain, ?a lui arriva tr?s rapidement en plein visage. Une fraction de seconde avant de recevoir le coup, elle vit la forme et l’?clat de ce qu’il venait de glisser entre ses doigts. Un poing am?ricain. Elle entendit le bruit sourd du poing heurtant son front, sentit un ?clair de douleur et, un moment plus tard, ses genoux c?d?rent sous elle et elle sentit qu’elle s’effondrait sur la route. La derni?re chose dont elle eut conscience, c’?tait de voir l’homme se pencher vers elle de mani?re presque bienveillante, ses phares brillant dans ses yeux, avant que l’obscurit? ne soit totale. CHAPITRE UN Mackenzie White se tenait debout sous un parapluie noir et regardait le cercueil s’enfoncer en terre au moment o? la pluie se mit ? tomber de mani?re plus dense. Les larmes des personnes pr?sentes ?taient presque noy?es par les gouttes de pluie tombant sur le cimeti?re et sur les tombes avoisinantes. Elle regardait avec tristesse les derniers instants de son partenaire au sein du monde des vivants. Le cercueil progressait petit ? petit dans la tombe sur les patins en acier sur lesquels il avait ?t? pos? durant la messe, pendant que les personnes les plus proches de Bryers se tenaient ? proximit?. La majorit? de la procession s’?tait dispers?e apr?s les derniers mots du pr?tre, mais les personnes les plus proches ?taient rest?es. Mackenzie se tenait sur le c?t?, au deuxi?me rang. Elle se rendait compte que, bien qu’elle et Bryers avaient tenu ? plusieurs reprises leurs vies respectives dans leurs mains, elle ne le connaissait vraiment pas bien du tout. Preuve en ?tait qu’elle n’avait aucune id?e de qui ?taient ces personnes qui ?taient rest?es pour voir son cercueil mis en terre. Un homme d’une trentaine d’ann?es et deux femmes, rassembl?s sous la b?che noire, ?taient rest?s pour passer un dernier instant avec lui. Au moment o? Mackenzie se retourna, elle remarqua une dame plus ?g?e qui se tenait un rang derri?re elle sous un parapluie. Elle ?tait habill?e de noir et ?tait assez jolie, debout sous la pluie. Ses cheveux ?taient compl?tement gris, coiff?s en chignon, mais elle avait tout de m?me un certain air de jeunesse. Mackenzie hocha la t?te dans sa direction au moment o? elle passa ? c?t? d’elle. « Vous connaissiez Jimmy ? » lui demanda soudainement la femme. Jimmy ? Il lui fallut un moment pour r?aliser que la femme parlait de Bryers. Mackenzie n’avait entendu son pr?nom qu’? une ou deux occasions. Pour elle, il avait toujours ?t? simplement Bryers. Peut-?tre que nous n’?tions pas aussi proches que je le pensais. « Oui, » dit Mackenzie. « Nous avons travaill? ensemble. Et vous ? » « Ex-femme, » dit-elle. Et elle ajouta dans un soupir fragile : « C’?tait un homme vraiment bon. » Ex-femme ? D?finitivement, je ne le connaissais vraiment pas bien du tout. Elle se rappela n?anmoins une de leurs conversations durant l’un de leurs longs trajets en voiture o? il avait mentionn? le fait d’avoir ?t? mari?. « Oui, c’?tait vraiment un homme bien, » dit Mackenzie. Elle eut envie de raconter ? la femme les fois o? Bryers l’avait guid?e dans sa carri?re ou lorsqu’il lui avait sauv? la vie, mais elle pensa qu’il devait y avoir une raison pour laquelle la femme avait gard? ses distances et n’avait pas rejoint les trois personnes rassembl?es sous la b?che. « Vous ?tiez proches ? » demanda l’ex-femme. Je pensais que nous l’?tions, pensa Mackenzie, en jetant un regard en direction de la tombe avec regret. Mais sa r?ponse fut plus courte. « Pas trop. » Elle se d?tourna de la femme avec un sourire afflig? et se dirigea vers sa voiture. Elle pensait ? Bryers… ? son sourire sec, ? la mani?re dont il riait rarement mais lorsqu’il le faisait, c’?tait d’une mani?re presqu’explosive. Puis elle pensa ? ce que deviendrait son boulot maintenant. Bien s?r, c’?tait ?go?ste mais elle ne pouvait pas s’emp?cher de se demander comment son environnement de travail serait affect? maintenant que son partenaire, l’homme qui l’avait litt?ralement pris sous son aile, ?tait mort. Allait-elle avoir un nouveau partenaire ? Est-ce que sa position allait changer et qu’elle allait se retrouver derri?re un bureau ou dans un d?partement ? deux balles sans v?ritable but ? Mon dieu, arr?te de ne penser qu’? toi, pensa-t-elle. La pluie battante continuait de s’abattre sur le parapluie. Le bruit ?tait tellement assourdissant que Mackenzie faillit ne pas entendre son t?l?phone sonner dans la poche de sa veste. Elle le sortit de sa poche alors qu’elle d?verrouillait la porti?re de sa voiture, rangeait le parapluie et se mettait ? l’abri ? l’int?rieur du v?hicule. « White ? l’appareil. » « White, c’est McGrath. Vous ?tes ? l’enterrement ? » « J’en pars ? l’instant, » dit-elle. « Je suis vraiment d?sol? concernant Bryers. C’?tait un homme bien. Et aussi, un tr?s bon agent. » « Oui, en effet, » dit Mackenzie. Mais lorsqu’elle regarda de nouveau en direction de la tombe ? travers la pluie battante, elle sentit ? nouveau qu’elle n’avait vraiment pas bien connu Bryers du tout. « Je suis d?sol? d’interrompre, mais j’ai besoin de vous ici. Je vous attends dans mon bureau. » Elle sentit son c?ur battre plus fort. ?a avait l’air s?rieux. « Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle. Il fit une pause, comme s’il se demandait s’il allait r?pondre ou pas ? cette question, puis finit par lui dire : « Une nouvelle affaire. » *** Quand elle arriva devant le bureau de McGrath, Mackenzie vit Lee Harrison assis dans la salle d’attente. C’?tait l’agent qui lui avait ?t? assign? en tant que partenaire temporaire quand Bryers ?tait tomb? malade. Ils avaient appris ? se conna?tre durant ces derni?res semaines mais ils n’avaient pas encore vraiment eu l’occasion de travailler ensemble. ?a avait l’air d’?tre un bon agent – peut-?tre un peu trop prudent au go?t de Mackenzie. « Il t’a aussi appel? ? » demanda Mackenzie. « Oui, » dit-il. « On dirait bien que nous allons travailler sur notre premi?re affaire ensemble. J’ai pr?f?r? attendre que tu arrives avant de frapper ? la porte. » Mackenzie se demanda s’il avait fait ?a par respect pour elle ou par peur de McGrath. D’une mani?re ou d’une autre, ?a avait ?t? une sage d?cision. Elle frappa ? la porte et entendit un bref « Entrez » venant de l’autre c?t?. Elle fit signe ? Harrison et ils entr?rent ensemble dans la pi?ce. McGrath ?tait assis derri?re son bureau, occup? ? taper quelque chose sur son ordinateur. Deux dossiers se trouvaient sur sa gauche, en attente d’?tre r?clam?s. « Asseyez-vous, agents, » dit-il. Mackenzie et Harrison s’assirent chacun sur l’une des chaises qui se trouvaient devant le bureau de McGrath. Mackenzie remarqua qu’Harrison se tenait droit et que ses yeux ?taient ?carquill?s… pas vraiment de peur mais certainement remplis d’une sorte de tension nerveuse. « Nous avons une affaire au fin fond de l’Iowa, » commen?a-t-il par dire. « Vu que c’est l? o? vous avez grandi, j’ai pens? que c’?tait une affaire pour vous, White. » Elle s’?claircit la gorge, d’un air embarrass?. « J’ai grandi au Nebraska, monsieur, » corrigea-t-elle. « ?a revient au m?me, non ? » Elle hocha la t?te. Ceux qui ne venaient pas du Midwest ne comprendraient jamais vraiment la diff?rence. L’Iowa, pensa-t-elle. Bien s?r, ce n’?tait pas le Nebraska, mais c’?tait assez proche et la simple id?e de retourner dans le coin la mettait mal ? l’aise. Elle savait qu’elle n’avait aucune raison d’avoir peur ; apr?s tout, elle ?tait parvenue jusqu’? Quantico et elle avait r?ussi ? faire quelque chose de sa vie. Elle ?tait parvenue ? atteindre son r?ve d’?tre agent du FBI. Alors pourquoi l’id?e de retourner dans le coin pour s’occuper d’une affaire la mettait aussi rapidement mal ? l’aise ? Parce que tout ce qu’il y a de n?gatif dans ta vie se trouve l?-bas, pensa-t-elle. Ton enfance, tes anciens coll?gues, les myst?res entourant la mort de ton p?re… « Il y a eu toute une s?rie de disparitions, toutes des femmes, » continua McGrath. « Et pour l’instant, on dirait qu’elles sont directement enlev?es sur le bord de la route sur des tron?ons isol?s. La derni?re en date a ?t? enlev?e hier soir. Sa voiture a ?t? retrouv?e sur le bord de la route avec deux pneus crev?s. Il y avait une quantit? incroyable de morceaux de verre sur la chauss?e, et la police locale pense donc qu’il s’agit l? d’un acte criminel. » Il fit glisser l’un des dossiers vers Mackenzie et elle y jeta un coup d’?il. Il y avait plusieurs photos de la voiture, et sp?cialement des pneus. Elle remarqua ?galement que le tron?on de route ?tait effectivement tr?s isol?, entour? d’arbres des deux c?t?s. Une des photos montrait ?galement le contenu de la voiture de la derni?re victime. ? l’int?rieur il y avait un manteau, une petite bo?te ? outils boulonn?e sur le c?t? et une caisse de livres. « Des livres ? On sait pourquoi ? » demanda Mackenzie. « La derni?re victime ?tait un auteur. Delores Manning. Google m’apprend qu’elle vient juste de publier son deuxi?me livre. Un de ces mauvais romans d’amour. Elle n’est en aucun cas un auteur ? succ?s, donc on ne devrait pas avoir d’interf?rences de la part des m?dias… enfin, pas encore. La route a ?t? barr?e et des d?viations ?tablies par le d?partement des transports de l’?tat. Alors White, je veux que vous sautiez dans un avion aussi vite que possible et que vous vous rendiez sur place. Coin paum? ou pas, l’?tat ne souhaite manifestement pas bloquer la route pendant tr?s longtemps. » McGrath tourna ensuite son attention vers Harrison. « Agent Harrison, je veux que vous compreniez que l’agent White a des liens avec le Midwest, alors sa participation allait de soi. Et bien que je vous aie assign? pour ?tre son partenaire, je veux que vous restiez ici pour cette affaire. Je veux que vous restiez au si?ge afin de travailler en coulisse. Si l’agent White appelle pour une demande de recherche, je veux que vous y travailliez. Et pas seulement ?a mais Delores Manning a un agent et publiciste et tout ce qui va avec. Alors si ce n’est pas r?solu rapidement, les m?dias vont s’emparer de l’histoire. Je veux que vous g?riez cet aspect. Maintenir les choses sous contr?le ici au si?ge dans le cas o? les choses tourneraient mal. Je ne veux pas que vous le preniez mal mais je veux que ce soit un agent plus exp?riment? qui s’en occupe. » Harrison hocha la t?te mais il ?tait impossible de ne pas voir la d?ception dans ses yeux. « Vous pouvez compter sur moi, monsieur. Je suis ravi d’apporter mon aide, quelle qu’elle soit.” Oh non, pensa Mackenzie. Pas un l?che-bottes. « Alors est-ce que je vais travailler seule sur cette affaire ? » demanda Mackenzie. McGrath lui sourit et secoua la t?te. Il eut une expression presque joviale qui lui fit penser qu’ils avaient fait bien du chemin depuis leurs premi?res rencontres difficiles et ? la limite hostiles. « Il est hors de question que je vous envoie l?-bas toute seule, » dit-il. « Je me suis arrang? pour que l’agent Ellington travaille sur cette affaire avec vous. » « Oh, » dit-elle, sur un ton un peu ?tonn?. Elle n’?tait pas s?re de savoir ce qu’elle en pensait. Il y avait une sorte d’alchimie bizarre entre elle et Ellington – et ce depuis le jour o? elle l’avait rencontr? pour la premi?re fois alors qu’elle travaillait en tant que d?tective au fin fond du Nebraska. Elle avait aim? travailler avec lui durant cette courte p?riode mais maintenant que les choses ?taient diff?rentes… et bien, ?a allait ?tre une affaire int?ressante, c’?tait le moins qu’on puisse dire. Mais il n’y avait pas de souci ? se faire. Elle ?tait s?re de pouvoir facilement s?parer ses sentiments personnels ? son ?gard des consid?rations d’ordre professionnel. « Puis-je en demander la raison ? » demanda Mackenzie. « Il a d?j? travaill? dans le coin avec des agents locaux sur le terrain, comme vous le savez. Il a ?galement un palmar?s impressionnant en ce qui concerne des cas de disparitions. Pourquoi ? » « C’?tait juste pour savoir, monsieur, » dit-elle, se rappelant parfaitement qu’elle et Ellington s’?taient rencontr?s pour la premi?re fois lorsqu’il ?tait venu apporter son aide sur l’affaire du tueur ?pouvantail, alors qu’elle travaillait encore pour la police locale au Nebraska. « A-t-il… et bien, a-t-il demand? ? travailler avec moi sur cette affaire ? » « Non, » dit McGrath. « C’est juste que vous ?tes tous les deux parfaits pour cette enqu?te – lui avec ses connexions et vous avec votre pass?. » McGrath se leva de sa chaise, signifiant par l? la fin de la conversation. « Vous devriez recevoir un email concernant votre vol dans quelques minutes, » dit McGrath. « Je pense que vous prenez l’avion ? onze heures cinquante-cinq. » « Mais c’est d?j? dans une heure et demie, » dit-elle. « Alors je vous sugg?re de vous d?p?cher. » Elle sortit rapidement du bureau en regardant une derni?re fois l’agent Harrison, toujours assis sur sa chaise comme un chiot abandonn?, ne sachant pas quoi faire ni o? aller. Mais elle n’avait pas le temps de penser ? ce qu’il ressentait et au fait qu’il soit probablement bless? par la situation. Il fallait qu’elle fasse sa valise et qu’elle arrive ? l’a?roport en moins d’une heure et demie. Et pour couronner le tout, il fallait qu’elle sache pourquoi elle r?pugnait ? l’id?e de travailler sur une affaire avec Ellington. CHAPITRE DEUX Mackenzie arriva ? l’a?roport en courant, juste ? temps pour arriver ? la porte d’embarquement. Elle se pr?cipita dans l’avion cinq minutes apr?s que les passagers aient commenc? ? embarquer et s’avan?a dans l’all?e, l?g?rement essouffl?e, frustr?e et d?contenanc?e. Elle se demanda durant un instant si Ellington ?tait arriv? ? temps mais, franchement, elle ?tait surtout soulag?e de ne pas avoir rat? son vol. Ellington ?tait un grand gar?on – il pouvait prendre soin de lui-m?me. Elle eut r?ponse ? sa question quand elle trouva son si?ge. Ellington ?tait d?j? dans l’avion, assis confortablement dans le si?ge ? c?t? du sien. Il lui sourit depuis sa place ? c?t? du hublot et lui fit un signe de la main. Elle hocha la t?te et poussa un soupir de soulagement. « Une journ?e difficile ? » demanda-t-il. « Et bien, ?a a commenc? par un enterrement, puis une r?union avec McGrath, » dit Mackenzie. « Apr?s ?a, j’ai d? courir jusque chez moi pour faire ma valise et me pr?cipiter ? travers Dulles pour attraper ce vol de justesse. Et il n’est pas encore midi. » « Alors les choses ne peuvent qu’aller en s’am?liorant, » plaisanta Ellington. En rangeant son sac dans le compartiment au-dessus d’elle, Mackenzie dit : « On verra. Mais au fait, le FBI n’a pas des avions priv?s ? » « Oui, mais seulement pour des cas extr?mement urgents. Et pour des employ?s vedettes. Cette affaire n’est pas urgente et nous ne sommes certainement pas des employ?s vedettes. » Lorsqu’elle fut finalement install?e dans son si?ge, elle prit un moment pour se d?tendre. Elle jeta un coup d’?il en direction d’Ellington et vit qu’il feuilletait un dossier identique ? celui qu’elle avait vu dans le bureau de McGrath. « Que penses-tu de cette affaire ? » demanda Ellington. « Je pense qu’il est trop t?t pour sp?culer, » dit-elle. Il leva les yeux au ciel et fron?a les sourcils d’un air espi?gle. « Tu dois certainement avoir une sorte de premier feeling. Alors, c’est quoi ? » Bien qu’elle n’ait aucune envie de d?voiler son opinion qui pourrait s’av?rer erron?e par la suite, elle appr?ciait le fait de se lancer tout de suite dans le vif du sujet. ?a montrait bien qu’il ?tait le travailleur acharn? et l’agent d?termin? que McGrath lui avait d?crit – le type d’agent qu’elle esp?rait bien qu’il soit. « Je pense que le fait que nous parlions de disparitions et non de meurtres laisse de l’espoir, » dit-elle. « Mais ?tant donn? que les victimes ont toutes ?t? enlev?es sur des routes de campagne me fait penser que ce type est du coin et qu’il conna?t le terrain. Il se peut qu’il ait kidnapp? ces femmes, puis qu’il les ait tu?es, cachant leurs corps quelque part dans la for?t ou dans une cachette qu’il serait seul ? conna?tre. » « Tu as eu l’occasion d’?plucher le dossier en profondeur ? » demanda-t-il, en d?signant le dossier d’un geste de la t?te. « Non. Je n’ai pas eu le temps. » « Vas-y, jette un ?il, » dit Ellington, en lui tendant le dossier. Mackenzie se mit ? lire le peu d’informations disponibles pendant que les h?tesses faisaient les recommandations de s?curit?. Elle ?tait toujours occup?e ? consulter le dossier quelques instants plus tard quand l’avion d?colla en direction de Des Moines. Il n’y avait pas beaucoup d’informations dans le dossier, mais assez pour que Mackenzie ait une id?e de l’approche ? adopter une fois qu’ils seraient arriv?s. Delores Manning ?tait la troisi?me femme port?e disparue en neuf jours. La premi?re femme ?tait une personne du coin, dont la disparition avait ?t? signal?e par sa fille. Naomi Nyles, quarante-sept ans, ?galement enlev?e sur le bord de la route. La deuxi?me victime ?tait une femme de Des Moines du nom de Crystal Hall. Il y avait un l?ger dossier ? son sujet, essentiellement quelques incidents de d?bauche datant de sa jeunesse mais rien de s?rieux. Lorsqu’elle fut enlev?e, elle ?tait venue dans le coin pour visiter une exploitation bovine. Le premier cas de disparition n’avait montr? aucun signe d’acte criminel – juste une voiture abandonn?e sur le c?t? de la route. Le deuxi?me v?hicule abandonn? ?tait un petit pickup avec un pneu crev?. Le pickup avait ?t? retrouv? en plein milieu d’un changement de roue, le cric se trouvait encore sous l’essieu et le pneu crev? ?tait appuy? sur le c?t? de la camionnette. Les trois cas de disparition semblaient avoir eu lieu durant la nuit, quelque part entre 22h et 3h du matin. Jusqu’? pr?sent, neuf jours apr?s le premier enl?vement, il n’y avait pas un seul ?l?ment de preuve et absolument aucun indice. Comme elle le faisait toujours, Mackenzie analysa les informations ? plusieurs reprises, afin de bien les m?moriser. Ce n’?tait pas difficile dans ce cas vu qu’il n’y avait pas grand-chose ? se rappeler. Elle revint plusieurs fois sur les photos du contexte o? avaient eu lieu les enl?vements – des routes de campagne qui serpentaient ? travers bois, tel un ?norme serpent n’ayant nulle part o? aller. Elle se laissa glisser dans l’esprit d’un tueur utilisant ces routes et l’obscurit? de la nuit pour couverture. Il devait s?rement ?tre quelqu’un de patient. Et ?tant donn? l’obscurit?, il devait probablement avoir l’habitude d’?tre seul. L’obscurit? ne le tracassait pas. Peut-?tre m?me qu’il pr?f?rait travailler la nuit, non seulement pour la couverture qu’elle lui offrait mais ?galement pour la sensation de solitude et d’isolement. Ce type ?tait probablement un solitaire. Il les enlevait sur le bord de la route, apparemment dans diff?rentes situations stressantes. R?paration de voiture, pneus crev?s. Ce qui voulait dire qu’il n’agissait probablement pas dans le seul but de tuer. Il voulait juste les femmes. Mais pourquoi ? Et maintenant concernant la derni?re victime, Delores Manning ? Peut-?tre qu’elle ?tait du coin avec des ant?c?dents dans la r?gion, pensa Mackenzie. C’est soit ?a, ou soit elle ?tait juste vraiment t?m?raire pour rouler sur ces routes de campagne ? une telle heure de la nuit… Peu importe que ce soit un bon raccourci, c’?tait plut?t imprudent. Elle esp?rait que ce soit le cas. Elle esp?rait que la femme soit une t?m?raire. Car le courage, peu importe sa forme, pouvait aider les gens ? g?rer des situations critiques. C’?tait plus qu’une qualit?, c’?tait une caract?ristique psychologique profonde qui permettait aux gens de s’en sortir. Elle essaya de visualiser Delores Manning, l’auteur au succ?s prometteur, serpentant sur ces routes de nuit. T?m?raire ou non, ce n’?tait pas une image encourageante. Quand Mackenzie eut termin?, elle rendit le dossier ? Ellington. Elle regarda en direction du hublot derri?re lui, o? les flocons blancs des nuages passaient ? la d?rive. Elle ferma les yeux durant un instant et se replongea l?-bas, pas dans l’Iowa mais au Nebraska voisin. Un endroit rempli d’immenses terres et de gigantesques for?ts au lieu d’un trafic surcharg? et de hauts buildings. ?a ne lui manquait pas mais l’id?e d’y retourner, m?me pour le travail, l’enthousiasmait d’une mani?re qu’elle ne s’expliquait pas vraiment. « White ? » Elle ouvrit les yeux au moment o? elle entendit son nom. Elle se tourna vers Ellington, l?g?rement g?n?e qu’il l’ait vue l’esprit totalement ailleurs. « Oui ? » « Tu as eu l’air d?connect?e durant un instant. Tout va bien ? » « Oui, tout va bien, » dit-elle. Et le fait est qu’elle allait vraiment bien. Les six premi?res heures de la journ?e avaient ?t? physiquement et ?motionnellement ?puisantes, mais maintenant qu’elle ?tait assise, suspendue dans les airs et avec un partenaire temporaire peu probable, elle se sentait bien. « Je peux te poser une question ? » demanda Mackenzie. « Vas-y. » « As-tu fait une demande pour travailler avec moi sur cette affaire ? » Ellington ne r?pondit pas tout de suite. Elle voyait bien qu’il r?fl?chissait avant de r?pondre et elle se demanda quelle raison il pouvait bien avoir pour lui mentir. « Et bien, j’ai entendu parler de cette affaire et, comme tu le sais, j’ai des rapports professionnels avec le bureau local d’Omaha. Et puisqu’il s’agit l? du bureau local le plus proche de notre objectif dans l’Iowa, je me suis propos?. Quand il m’a demand? si ?a ne me d?rangeait pas de travailler avec toi sur l’enqu?te, je n’ai pas discut?. » Elle hocha de la t?te et commen?a ? se sentir presque coupable de s’?tre demand?e s’il avait une autre raison pour avoir eu envie de travailler sur cette affaire. Alors qu’elle nourrissait une certaine forme de sentiments ? son ?gard (qu’ils soient strictement physiques ou d’une certaine mani?re ?motionnels, elle n’en ?tait pas vraiment s?re), il ne lui avait jamais donn? de raison de penser qu’il ressentait la m?me chose. Elle ne se rappelait que trop bien comment elle l’avait dragu? lorsqu’elle l’avait rencontr? pour la premi?re fois au Nebraska et comment ses avances avaient ?t? rejet?es. Esp?rons qu’il ait tout oubli? de cet ?pisode, pensa-t-elle. Aujourd’hui, je suis une autre personne, il est bien trop occup? pour y penser et maintenant nous travaillons ensemble. C’est de l’histoire ancienne. « Et toi ? » demanda-t-elle. « Quelles sont tes premi?res impressions ? » « Je pense qu’il n’a pas l’intention de tuer ces femmes, » dit Ellington. « Pas d’indices, aucune trace, et, comme toi, je pense qu’il doit s’agir d’un gars du coin. Je pense qu’il les collectionne peut-?tre… dans quel but, je ne vais pas sp?culer ? ce sujet. Mais si j’ai raison, ?a m’inqui?te. » ?a inqui?tait aussi Mackenzie. Si ce type kidnappait des femmes, il finirait par manquer de place. Et peut-?tre aussi qu’il finirait par perdre de l’int?r?t… ce qui signifiait qu’il devrait arr?ter t?t ou tard. Et bien que ce soit une bonne chose en th?orie, ?a voudrait aussi dire qu’ils risqueraient de perdre sa trace, en l’absence d’autres sc?nes d’enl?vement o? il pourrait ?ventuellement laisser des indices. « Je pense que tu as raison sur le fait qu’il les collectionne, » dit-elle. « Il les attaque ? un moment de vuln?rabilit? – ? un moment o? elles sont occup?es par leur voiture ou des pneus crev?s. ?a veut dire qu’il les prend par surprise plut?t que de les attaquer de front. Il est probablement timide. » Il eut un rictus et dit, « Oui, c’est bien observ?. » Sa grimace se transforma en un sourire duquel elle pr?f?ra d?tourner les yeux, sachant qu’il leur arrivait trop souvent de se fixer du regard et de laisser ce moment s’attarder un peu trop longtemps. Elle regarda en direction du ciel bleu et des nuages tandis que le Midwest s’approchait rapidement sous leurs pieds. *** Vu qu’ils voyageaient avec tr?s peu de bagages, Mackenzie et Ellington travers?rent l’a?roport sans aucun probl?me. Durant la derni?re partie du vol, Ellington avait inform? Mackenzie qu’un programme avait d?j? ?t? d?cid? (probablement pendant qu’elle se ruait ? son appartement, puis ? l’a?roport). Ils allaient rencontrer deux agents locaux et collaborer avec eux afin de r?soudre cette affaire le plus t?t possible. Vu qu’ils n’avaient aucun bagage ? r?cup?rer au carrousel, ils purent retrouver les agents tr?s rapidement. Ils se retrouv?rent dans l’un des innombrables Starbucks de l’a?roport. Elle laissa Ellington ouvrir la voie car il ?tait manifeste que McGrath le consid?rait comme responsable sur cette affaire. Sinon pour quelle autre raison aurait-il uniquement inform? Ellington de l’endroit o? retrouver les agents locaux ? Et pour quelle autre raison aurait-il averti Ellington assez t?t, lui laissant assez de temps pour arriver confortablement ? l’heure pour son vol ? Il ?tait difficile de rater les deux agents. Mackenzie soupira int?rieurement quand elle vit que c’?tait tous les deux des hommes. L’un d’entre eux avait l’air d’?tre une nouvelle recrue. Il ?tait impossible que ce type ait plus de vingt-quatre ans. Son partenaire par contre avait l’air plus endurci et plus ?g? – probablement sur le point d’atteindre la cinquantaine. Ellington se dirigea directement vers eux et Mackenzie le suivit. Aucun des deux agents ne se leva mais le plus ?g? tendit la main vers Ellington au moment o? ils s’approchaient de la table. « Agents Heideman et Thorsson, c’est bien ?a ? » demanda Ellington. « C’est bien ?a, » dit l’homme plus ?g?. « Je suis Thorsson et voici mon partenaire, Heideman. » « Ravis de vous rencontrer, » dit Ellington. « Je suis l’agent sp?cial Ellington et voici ma partenaire, l’agent White. » Ils se serr?rent tous la main d’une mani?re qui ?tait presque devenue p?nible pour Mackenzie depuis qu’elle avait rejoint le Bureau. C’?tait comme une sorte de formalit?, un truc bizarre qu’il fallait faire avant de s’attaquer ? la t?che ? accomplir. Au moment o? Heideman lui serra la main, elle remarqua que sa poigne ?tait faible et moite. Il n’avait pas l’air nerveux mais peut-?tre un peu timide ou introverti. « ? quelle distance se trouvent les sc?nes de crime ? » demanda Ellington. « La plus proche est ? environ une heure de route, » dit Thorsson. « Les autres sont toutes ? dix ou quinze minutes l’une de l’autre. » « Est-ce qu’il y a eu du neuf depuis t?t ce matin ? » demanda Mackenzie. « Rien, » dit Thorsson. « C’est une des raisons pour laquelle nous vous avons appel?s en renfort. Ce type a enlev? trois femmes jusqu’? maintenant et on n’a pas pu trouver l’ombre d’un indice. On en est arriv? ? un tel point que l’?tat envisage l’utilisation de cam?ras le long de la route. Mais le probl?me, c’est qu’il est difficile de garder sous surveillance cam?ra plus de cent-vingt kilom?tres de routes de campagne. » « Enfin, techniquement, c’est possible, » dit Heideman. « Mais ?a ferait une tonne de cam?ras et une ?norme quantit? d’argent. Alors certains responsables au niveau de l’?tat ne le consid?rent que comme une mesure de dernier recours. » « Est-ce qu’on peut commencer tout de suite et visiter la premi?re sc?ne de crime ? » demanda Ellington. « Bien s?r, » dit Thorsson. « Vous ne devez pas d’abord r?gler la question de l’h?tel ou d’autres choses dans le style ? » « Non, » dit Mackenzie. « Mettons-nous tout de suite au travail. Si vous dites qu’il y a tant de route que ?a ? faire, ne perdons pas de temps. » Au moment o? Thorsson et Heideman se lev?rent, Ellington lui d?cocha un regard bizarre. Elle ne parvenait pas ? savoir s’il ?tait impressionn? par sa d?termination de se rendre le plus rapidement possible ? la premi?re sc?ne de crime, ou s’il trouvait amusant qu’elle ne le laisse pas prendre enti?rement les commandes dans cette enqu?te. Ce qu’elle esp?rait qu’il ne pourrait pas deviner, c’?tait que l’id?e de se rendre ? proximit? d’un h?tel avec Ellington lui provoquait bien trop d’?motions en m?me temps. Ils sortirent du Starbucks en file indienne. Mackenzie fut touch?e quand Ellington l’attendit, afin de s’assurer qu’elle ne se retrouve pas en bout de file. « Vous savez, » dit Thorsson, en regardant par-dessus son ?paule, « Je suis content que vous ayez envie de vous rendre tout de suite sur place. Il y a une mauvaise ambiance qui se r?pand un peu partout ? cause de cette affaire. ?a se sent quand on parle avec la police locale et ?a commence par d?teindre sur nous aussi. » « Quel genre de mauvaise ambiance ? » demanda Mackenzie. Thorsson et Heideman ?chang?rent un regard d’appr?hension avant que les ?paules de Thorsson ne s’affaissent quelque peu et qu’il r?ponde : « Que ?a n’arrivera pas. Je n’ai jamais rien vu de tel. Il n’y a pas un seul indice. Ce type, c’est un fant?me. » « Et bien, esp?rons qu’on puisse vous aider sur ce point, » dit Ellington. « J’esp?re bien, » dit Thorsson. « Parce que pour l’instant, l’impression g?n?rale parmi tous ceux qui travaillent sur cette affaire, c’est qu’il se pourrait bien qu’on n’attrape jamais ce type. » CHAPITRE TROIS Mackenzie ?tait assez surprise que le bureau local ait fourni une Suburban ? Thorsson et ? Heideman. Apr?s son propre tacot et le mod?le de voitures de location avec lesquelles elle s’?tait retrouv?e ces derniers mois, elle avait l’impression de voyager en premi?re classe, assise ? l’arri?re aux c?t?s d’Ellington. Quand ils arriv?rent ? la premi?re sc?ne de crime une heure et dix minutes plus tard, elle fut n?anmoins contente d’en sortir. Elle n’?tait pas habitu?e ? ce genre de traitement et ?a la mettait mal ? l’aise. Thorsson se gara sur le bord de la Route 14, une route de campagne ? deux bandes qui serpentait ? travers les for?ts de l’Iowa. Des arbres l’entouraient des deux c?t?s. Durant les quelques kilom?tres qu’ils avaient parcouru sur cette route, Mackenzie avait vu quelques chemins de terre secondaires qui semblaient avoir ?t? oubli?s depuis longtemps, ferm?s par deux poteaux reli?s par une cha?ne. ? part ces quelques exceptions, il n’y avait rien d’autre que des arbres. Thorsson et Heideman pass?rent ? c?t? de quelques policiers locaux qui leur firent un signe superficiel de la main au moment o? ils les d?pass?rent. Devant eux, il y avait une petite Subaru rouge devant deux voitures de police. Les deux pneus du c?t? conducteur ?taient compl?tement ? plat. « En quoi consistent les forces de police dans le coin ? » demanda Mackenzie. « En pas grand-chose, » dit Thorsson. « La ville la plus proche d’ici est une petite localit? du nom de Bent Creek, comptant environ neuf cents habitants. Les forces de police sont constitu?es d’un sh?rif – qui se trouve avec les autres types qu’on vient de passer – deux adjoints et sept policiers. Quelques plus hauts grad?s sont venus de Des Moines mais quand nous sommes arriv?s, ils se sont retir?s. C’est l’affaire du FBI maintenant. Ce genre de chose. » « En d’autres mots, ils sont contents qu’on soit l? ? » demanda Ellington. « Oh oui, tout ? fait. » dit Thorsson. Ils s’approch?rent de la voiture et l’encercl?rent pendant un moment. Mackenzie regarda en arri?re, en direction des policiers. Seulement l’un d’entre eux semblait int?ress? par ce que les agents du FBI ?taient occup?s ? faire. Et c’?tait bien mieux ainsi. Elle avait eu sa dose d’officiers de police locaux cherchant ? interf?rer et rendant les choses plus difficiles qu’elles n’auraient d? l’?tre. Ce serait bien plus facile de pouvoir faire son boulot sans devoir marcher sur des ?ufs et essayer de ne pas froisser les sensibilit?s et les ?gos de la police locale. « Est-ce qu’on a d?j? relev? les empreintes sur la voiture ? » demanda Mackenzie. « Oui, ce matin, » dit Heideman. « Allez-y, jetez un coup d’?il. » Mackenzie ouvrit la porti?re du c?t? passager. En un coup d’?il, elle constata que les empreintes avaient peut-?tre ?t? relev?es mais que rien n’avait encore ?t? retir? du v?hicule et class? en tant que preuve. Il y avait encore un t?l?phone sur le si?ge passager. Un paquet de chewing-gum ?tait pos? sur quelques feuilles de papier pli?es, ?parpill?es sur la console centrale. « C’est la voiture de l’auteur, c’est bien ?a ? » demanda Mackenzie. « Oui, c’est ?a, » dit Thorsson. « Delores Manning. » Mackenzie continua ? fouiller la voiture. Elle trouva les lunettes de soleil de Manning, un carnet d’adresses en grande partie vide, quelques exemplaires du livre The Tin House ?parpill?s sur le si?ge arri?re et quelques pi?ces de monnaie. Dans le coffre, il n’y avait qu’une caisse de livres, dix-huit exemplaires d’un ouvrage intitul? L’amour entrav? par Delores Manning. « Est-ce qu’ils ont aussi relev? les empreintes ici ? » demanda Mackenzie. « Non, je ne pense pas, » dit Heideman. « C’est juste une caisse de livres, non ? » « Oui, mais il en manque quelques-uns. » « Elle venait d’une s?ance de d?dicaces, » dit Thorsson. « Il y a de grandes chances qu’elle en ait vendu ou offert quelques-uns. » Ce ne valait pas la peine de continuer ? argumenter alors elle laissa couler. Mais Mackenzie feuilleta tout de m?me deux des livres. Ils avaient tous les deux ?t? sign?s par Manning sur la page de titre. Elle remit les livres en place dans la caisse et se mit ? observer la route. Elle marcha le long du bord, ? la recherche de toute trace qui signalerait une mise en sc?ne ayant permis de crever les pneus. Elle regarda en direction d’Ellington et fut contente de voir qu’il ?tait d?j? occup? ? examiner les pneus de pr?s. De l? o? elle se trouvait, elle pouvait voir l’?clat des morceaux de verre sortant des roues. Il y avait d’autres ?clats de verre sur la route. Le peu de lumi?re qui parvenait ? traverser les branches au-dessus d’elle s’y refl?tait d’une mani?re qui ?tait ?trangement belle. Elle s’en approcha et s’agenouilla pour y regarder de plus pr?s. Il ?tait clair que le verre avait ?t? plac? l? de mani?re intentionnelle. Il se trouvait principalement le long de la ligne jaune discontinue au centre de la route. Les morceaux de verre avaient ?t? ?parpill?s comme du sable mais la quantit? la plus importante avait ?t? plac?e de mani?re ? s’assurer que toute voiture empruntant cette route ne manquerait pas de rouler dessus. Quelques ?clats de plus grande taille se trouvaient toujours sur la route ; la voiture ?tait apparemment pass?e ? c?t? car ils n’?taient pas r?duits en miettes. Elle prit un de ces grands morceaux de verre en main et l’examina. Au premier coup d’?il, le verre ?tait de couleur fonc?e mais lorsque Mackenzie l’examina de plus pr?s, elle vit qu’il avait ?t? peint en noir. Afin d’?viter qu’il refl?te la lueur des phares, pensa-t-elle. Quelqu’un roulant de nuit remarquerait des morceaux de verre dans le faisceau de ses phares… mais pas s’ils ?taient peints en noir. Elle prit quelques morceaux parmi les d?bris et gratta quelques ?clats de plus grande taille avec son ongle. Le verre en-dessous ?tait de deux couleurs diff?rentes ; il ?tait principalement transparent mais certains morceaux montraient une l?g?re teinte verte. Le verre ?tait bien trop ?pais pour provenir d’une bouteille contenant une boisson ou d’une simple cruche. Il avait l’?paisseur de quelque chose qui aurait plut?t ?t? fabriqu? par un potier. Certains avaient l’air de mesurer facilement quatre centim?tres de large, m?me apr?s avoir ?t? bris?s et ?cras?s par la voiture de Delores Manning. « Est-ce que quelqu’un a remarqu? que ce verre avait ?t? recouvert d’une couche de peinture ? » demanda-t-elle. Sur le c?t? de la route, les policiers se regard?rent les uns les autres d’un air troubl?. M?me Thorsson et Heideman se regardaient d’un air perplexe. « La r?ponse est non, » dit Thorsson. « Est-ce qu’on a pr?lev? des morceaux pour les analyser ? » demanda Mackenzie. « Pr?lev?, oui, » dit Thorsson. « Analys?, non. Mais une ?quipe y travaille pour l’instant. Nous devrions recevoir les r?sultats dans quelques heures. J’imagine qu’on aurait alors ?t? inform?s concernant la couche de peinture. » « Et ce verre n’a ?t? retrouv? sur aucune autre des sc?nes de crime, c’est bien ?a ? » « C’est bien ?a. » Mackenzie se remit debout en continuant ? observer les morceaux de verre, commen?ant ? se faire une id?e du genre de suspect qu’ils recherchaient. Pas de morceaux de verre sur les sc?nes de crime pr?c?dentes, pensa-t-elle. Ce qui veut dire que le suspect cherchait ? enlever cette femme en particulier. Pourquoi ? Peut-?tre que les deux premiers enl?vements n’?taient que des co?ncidences. Peut-?tre que le suspect s’?tait juste retrouv? au bon endroit au bon moment. Et si c’?tait le cas, c’?tait d?finitivement un type du coin – un criminel des campagnes, pas un citadin. Mais il est intelligent et calculateur. Il n’agit pas ? l’aveuglette. Ellington s’approcha d’elle et examina les morceaux de verre. Sans la regarder, il demanda : « Des premi?res impressions ? » « Quelques-unes. » « Tel que ? » « C’est un type de la campagne. Probablement quelqu’un du coin, comme nous le pensions. Je pense aussi que cet enl?vement-ci ?tait planifi?. Les pneus crev?s… il l’a fait intentionnellement. S’il n’y avait pas de verre sur les autres sc?nes de crime, il l’a uniquement utilis? cette fois-ci. Ce qui me fait penser qu’il n’avait pas le contr?le des deux autres enl?vements. C’?tait juste un coup de bol de sa part. Mais celui-ci… ? celui-ci, il y a travaill?. » « Tu penses que ?a vaut la peine de parler avec la famille ? » demanda Ellington. Elle n’arrivait pas ? savoir si c’?tait une sorte de mise ? l’?preuve, comme Bryers l’avait fait dans le pass?, ou s’il ?tait vraiment int?ress? par sa m?thodologie et son approche. « ?a pourrait ?tre le moyen le plus rapide d’obtenir des r?ponses pour l’instant, » dit-elle. « M?me si ?a finit par ne rien nous apprendre, ce sera une chose de faite. » « On dirait le discours d’un robot, » dit Ellington, en souriant. Ignorant sa remarque, Mackenzie retourna en direction de la voiture d’o? Thorsson et Heideman continuaient ? les observer. « Est-ce qu’on sait o? vit Delores Manning ? » demanda-t-elle. « Et bien, elle vit ? Buffalo, dans l’?tat de New York, » dit Thorsson. « Mais elle a de la famille pr?s de Sigourney. » « C’est aussi dans l’Iowa, non ? » « Oui, » dit Thorsson. « Sa m?re vit ? environ dix minutes de l?. Son p?re est d?c?d?. Personne ne les a encore inform?s de sa disparition. D’apr?s ce qu’on sait, elle n’a disparu que depuis environ vingt-six heures. Et bien qu’on ne puisse pas le confirmer, on ne peut pas s’emp?cher de se demander si elle a rendu visite ? sa famille alors qu’elle ?tait si pr?s pour sa s?ance de d?dicaces ? Cedar Rapids. » « Je pense qu’ils devraient probablement ?tre inform?s, » dit Mackenzie. « Je pense de m?me, » dit Ellington, en les rejoignant. « Alors, allez-y, » gloussa Thorsson. « Sigourney est ? environ une heure et quart de route. Nous adorerions vous accompagner, » ajouta-t-il sur un ton sarcastique, « mais ?a ne fait pas partie des ordres re?us. » Au moment o? il finit sa phrase, un des policiers les rejoignit. Le badge qu’il portait indiquait qu’il s’agissait du sh?rif de la r?gion. « Vous avez besoin de nous pour quoi que ce soit ? » demanda-t-il. « Non, » dit Ellington. « Peut-?tre juste le nom d’un h?tel d?cent dans le coin. » « Il n’y a qu’un seul h?tel et il est ? Bent Creek, » dit le sh?rif. « Alors c’est le seul que je puisse vraiment vous recommander. » « OK alors, on va suivre votre recommandation. Nous aurions aussi besoin d’une voiture de location ? Bent Creek. » « Je peux arranger ?a pour vous, » r?pondit le sh?rif, sans en dire davantage. Se sentant l?g?rement d?cal?e, Mackenzie se dirigea vers la Suburban et prit place sur le si?ge arri?re. Alors que les trois autres agents entraient dans le v?hicule, Mackenzie se mit ? penser ? ces chemins de terre battue qui donnaient sur la Route 14. ? qui appartenait cette propri?t? ? O? menaient ces routes en terre ? Alors qu’ils roulaient en direction de Bent Creek, l’esprit de Mackenzie se mit ? s’interroger de plus en plus sur ces routes de campagne… certaines questions ?taient plut?t secondaires mais d’autres ?taient assez urgentes. Elle les rassembla tout en songeant au verre bris? qui se trouvait sur la route. Elle essaya d’imaginer quelqu’un peignant ce verre en cherchant intentionnellement ? ce qu’une voiture tombe en panne. ?a traduisait plus qu’une simple intention. ?a indiquait une planification m?ticuleuse et une connaissance du trafic le long de la Route 14 ? cette heure-l? de la nuit. Notre type est intelligent d’une mani?re plut?t dangereuse, pensa-t-elle. Il est ?galement organis? et semble ne s’attaquer qu’? des femmes. Elle commen?ait ? dresser mentalement un profil correspondant ? un tel suspect et elle ressentit instantan?ment une sensation de pression… la n?cessit? d’agir rapidement. Elle sentait qu’il ?tait l?, quelque part dans ce coin paum? au milieu des arbres et des routes sinueuses, ? briser des morceaux de verre et ? les peindre en noir. Et ? planifier l’enl?vement d’une autre victime. CHAPITRE QUATRE Delores Manning pensait ? sa m?re au moment o? elle ouvrit les yeux. Sa m?re, qui vivait dans un parc pour mobilhome de merde ? quelques kilom?tres de Sigourney. C’?tait une femme fi?re et tr?s ent?t?e. Elle avait pr?vu d’aller lui rendre visite apr?s la s?ance de d?dicaces ? Cedar Rapids. Venant juste de signer un contrat pour la publication de trois livres avec sa maison d’?dition actuelle, Delores lui avait sign? un ch?que de 7.000 dollars, esp?rant que sa m?re l’accepterait et l’utiliserait ? bon escient. Peut-?tre que c’?tait snob de sa part, mais Delores ?tait g?n?e que sa m?re vive de l’aide sociale et qu’elle doive utiliser des coupons alimentaires pour faire ses courses. C’?tait comme ?a depuis que son p?re ?tait mort et… Ses r?flexions embrum?es concernant sa m?re commenc?rent ? dispara?tre quand ses yeux se mirent ? s’habituer ? l’obscurit? dans laquelle elle se trouvait. Elle ?tait assise, le dos appuy? contre quelque chose de tr?s dur et de froid au toucher. Lentement, elle se mit debout. Lorsqu’elle le fit, elle se cogna la t?te contre quelque chose qui avait exactement l’air pareil ? la surface dans son dos. D?concert?e, elle tendit les bras vers le haut mais elle ne parvint pas ? les tendre tr?s loin. Alors que la panique commen?ait ? l’envahir, elle r?alisa qu’il y avait de minuscules fentes de lumi?re qui brisaient l’obscurit?. Juste devant elle, il y avait trois barres rectangulaires de lumi?re qui la renseign?rent sur sa situation. Elle se trouvait dans une sorte de container… elle ?tait presque certaine qu’il ?tait en acier ou en une sorte de m?tal. Le container ne faisait pas plus d’un m?tre vingt de haut et ne lui permettait pas de se mettre compl?tement debout. Il n’avait pas l’air de faire plus d’un m?tre vingt de profond et environ la m?me largeur. Elle se mit ? respirer avec difficult?, se sentant instantan?ment claustrophobe. Elle s’appuya contre le mur avant du container et inspira de l’air frais ? travers les fentes rectangulaires. Chaque fente mesurait environ quinze centim?tres de haut et environ sept centim?tres de large. Au moment o? l’air p?n?tra ses narines, elle d?tecta une odeur de terre et quelque chose de sucr? mais de d?sagr?able. Quelque part au loin, si ?touff? qu’il lui parut venir d’un autre monde, il lui sembla avoir entendu une sorte de sifflement. Des machines ? Peut-?tre une sorte d’animal ? Oui, un animal… mais elle n’avait aucune id?e de quel type d’animal. Des cochons peut-?tre ? Maintenant que sa respiration ?tait redevenue plus r?guli?re, elle recula d’un pas, s’accroupit et jeta un ?il ? travers les fentes. Dehors, elle vit ce qui ressemblait ? l’int?rieur d’une grange ou d’un vieux b?timent en bois. ? environ six m?tres devant elle, elle pouvait voir la porte de la grange. La lumi?re trouble du soleil per?ait ? travers l’encadrement tordu aux endroits o? la porte ne s’alignait pas parfaitement. Bien qu’elle ne puisse pas voir grand-chose, elle en vit assez pour savoir qu’elle ?tait probablement en danger. Ce fut d’autant plus clair lorsqu’elle vit le bord de la porte verrouill?e qui fermait le container et qu’elle put ? peine apercevoir ? travers les fentes. Elle g?mit et poussa de toutes ses forces contre l’avant du container. Mais rien ne bougea – rien de plus qu’un grincement. Elle sentit la panique l’envahir ? nouveau. Elle sut qu’elle devait utiliser le peu de logique et de calme qu’elle poss?dait encore. Elle fit glisser ses doigts le long du bas de la porte du container. Elle esp?rait trouver des charni?res, peut-?tre quelque chose avec des vis ou des boulons qu’elle pourrait ?ventuellement essayer de d?visser. Elle n’?tait pas tr?s forte mais si une seule vis ?tait un peu desserr?e ou tordue… Mais ? nouveau, rien. Elle essaya aussi ? l’arri?re mais elle n’y trouva rien non plus. Dans un acte d’impuissance totale, elle frappa la porte du pied de toutes ses forces. Comme ?a n’avait aucun effet, elle recula jusqu’? l’arri?re du container et se rua ?paule en avant vers la porte. Le choc la fit rebondir et tomber en arri?re. Elle se cogna la t?te sur le c?t? du container et retomba violemment sur le dos. Un hurlement lui monta dans la gorge mais elle pensa que ce n’?tait probablement pas la meilleure chose ? faire. Elle se rappelait tr?s bien l’homme du camion sur la route et comment il l’avait attaqu?e. Est-ce qu’elle avait vraiment envie qu’il se pr?cipite sur elle ? Non, elle n’en avait pas envie. R?fl?chis, se dit-elle. Utilise ton cerveau cr?atif et trouve un moyen de sortir d’ici. Mais elle ne parvint pas ? penser ? quoi que ce soit. Alors, et bien qu’elle ait r?ussi ? ravaler le hurlement qui avait voulu sortir de sa bouche, elle fut incapable de retenir ses larmes. Elle frappa du pied contre l’avant du container et retomba dans le coin arri?re. Elle pleura aussi silencieusement qu’elle le put, en se ber?ant d’avant en arri?re en position assise et en regardant les rayons de lumi?re qui per?aient ? travers les fentes. Pour l’instant, c’?tait tout ce qu’elle pouvait faire. CHAPITRE CINQ Mackenzie n’aimait pas le fait que toute une s?rie de clich?s lui vinrent en t?te au moment o? elle et Ellington pass?rent l’entr?e du parc pour mobilhomes de Sigourney Oaks. Les mobilhomes ?taient poussi?reux et semblaient en fin de vie. Les v?hicules gar?s devant la plupart d’entre eux ?taient dans le m?me ?tat. Dans le jardin dess?ch? de l’un des mobilhomes, deux hommes ?taient assis torse nu dans des chaises longues. Une glaci?re remplie de bi?res ?tait pos?e entre eux, ainsi que plusieurs cannettes vides ?cras?es… ? 16:35 de l’apr?s-midi. La maison de Tammy Manning, la m?re de Delores Manning, se situait exactement au milieu du parc. Ellington gara la voiture de location derri?re un vieux pickup Chevy d?fonc?. Leur voiture de location avait meilleur aspect que les v?hicules du parc mais de peu. Le choix au Smith Brothers Auto ?tait mince et ils avaient fini par choisir une Ford Fusion de 2008 qui avait bien besoin d’un coup de peinture et de nouveaux pneus. Au moment o? ils mont?rent les marches branlantes qui menaient ? la porte d’entr?e, Mackenzie jeta un coup d’?il autour d’elle. Quelques enfants jouaient avec des voitures miniatures dans la boue. Une fille, m?me pas une adolescente, marchait sans regarder devant elle, les yeux riv?s ? son t?l?phone, le ventre visible ? travers le t-shirt sale qu’elle portait. Un vieil homme ? deux mobilhomes de l?, ?tait couch? au sol, inspectant le dessous d’une tondeuse ? gazon avec une cl? ? molette en main et de l’huile sur son pantalon. Ellington frappa ? la porte, qui s’ouvrit presque tout de suite. La femme qui se trouvait devant eux ?tait assez jolie, d’une mani?re assez simple. Elle avait l’air d’avoir la cinquantaine et les m?ches de cheveux gris dans ses cheveux noirs ressemblaient plus ? une d?coration qu’? des signes de l’?ge. Elle avait l’air fatigu?e mais l’odeur qui provint de son haleine au moment o? elle dit « Qui ?tes-vous ? » indiqua ? Mackenzie qu’elle avait bu un verre. Ellington r?pondit ? la question mais veilla ? ne pas passer devant Mackenzie quand il le fit. « Je suis l’agent Ellington et voici l’agent White, du FBI, » dit-il. « Le FBI ? » demanda-t-elle. « Pour quelle raison ? » « Vous ?tes bien Tammy Manning ? » demanda-t-il. « Oui, c’est moi, » dit-elle. « Pouvons-nous entrer ? » demanda Ellington. Tammy les regarda d’une mani?re qui n’?tait pas m?fiante mais plut?t incr?dule. Elle hocha la t?te et fit un pas en arri?re pour les laisser passer. Au moment o? ils entr?rent, l’odeur ?paisse de fum?e de cigarette les submergea. L’air en ?tait rempli. Une cigarette oubli?e se consumait dans un cendrier rempli de m?gots sur une vieille table de salon. Une autre femme ?tait assise sur le divan de l’autre c?t? de la table de salon. Elle avait l’air un peu mal ? l’aise. Mackenzie trouva m?me qu’elle avait l’air un peu ?c?ur?e d’?tre assise l?. « Si vous avez de la visite, » dit Mackenzie, « peut-?tre que nous devrions parler dehors. » « Ce n’est pas une visite, » dit Tammy. « C’est ma fille Rita. » « Bonjour, » dit Rita, en se levant pour leur serrer la main. Il ?tait ?vident qu’il s’agissait l? de la s?ur de Delores Manning, plus jeune qu’elle de trois ou quatre ans. Elle ressemblait beaucoup ? la photo de Delores que Mackenzie avait vue sur la couverture arri?re du livre L’amour entrav?. « Oh, je vois, » dit Ellington. « Peut-?tre que c’est une bonne chose que vous soyez aussi ici, Rita. » « Pourquoi ? » demanda Tammy, en se glissant ? c?t? de sa plus jeune fille. Elle prit la cigarette du cendrier et en inspira une profonde bouff?e. « La voiture de Delores Manning a ?t? retrouv?e abandonn?e avec deux pneus crev?s sur la Route 14, tard hier soir. Personne ne l’a vue ou n’a eu de ses nouvelles depuis lors. Ni son agent, ni ses amis, personne. Nous esp?rions peut-?tre que vous sauriez o? elle se trouve. » Avant qu’Ellington n’ait eut fini de parler, Mackenzie eut r?ponse ? la question en voyant l’air boulevers? du visage de Rita Manning. « Oh mon dieu, » dit Rita. « Vous ?tes s?rs que c’?tait sa voiture ? » « Nous sommes certains, » dit Ellington. « Il y avait une caisse ? moiti? remplie de son dernier livre dans le coffre. Elle revenait d’une s?ance de d?dicaces ? Cedar Rapids. » « Oui, » dit Rita. « Elle ?tait… probablement en route pour venir ici. C’?tait ce qui ?tait pr?vu. Vers minuit, comme elle n’?tait pas encore arriv?e, j’ai pens? qu’elle avait s?rement d?cid? de rester quelque part dans un motel. » « Vous aviez pr?vu qu’elle reste ici avec vous ? » demanda Mackenzie. Elle regarda Tammy en posant la question mais Tammy avait l’air plus int?ress?e par sa cigarette. « En quelque sorte, » dit Tammy. « Elle m’a appel?e la semaine derni?re pour me dire qu’elle serait ? Cedar Rapids. Elle a dit qu’elle voulait venir me rendre visite. J’en ai parl? ? Rita et elle est arriv?e ici hier, juste apr?s le d?jeuner. Pour faire une surprise. » « J’ai conduit depuis l’universit? du Texas, » dit Rita. « ? quand remonte la derni?re fois o? vous avez parl? avec Delores ? » demanda Ellington ? Rita. « Il y a environ trois semaines. En g?n?ral, on arrive toujours ? garder le contact. » « Dans quel ?tat d’esprit se trouvait-elle la derni?re fois o? vous lui avez parl? ? » demanda Mackenzie. « Oh, elle ?tait au septi?me ciel. Elle venait juste de signer pour la publication de trois autres livres avec sa maison d’?dition. On avait pr?vu de sortir en ville et d’aller f?ter ?a la prochaine fois qu’elle viendrait au Texas. » « Vous ?tes ?tudiante, c’est bien ?a ? » demanda Ellington. « Oui, en derni?re ann?e. » « Madame Manning, » dit Mackenzie, en s’assurant que la m?re sache que c’?tait bien ? elle qu’elle s’adressait et non ? sa fille, « si je peux me permettre, vous n’avez pas l’air trop tracass?e par tout ?a. » Elle haussa les ?paules, rejeta une bouff?e de fum?e et ?crasa le m?got dans le cendrier surcharg?. « J’imagine que quelqu’un du FBI sait mieux que moi la mani?re dont je devrais me sentir ? ce sujet ? » « Ce n’est pas ce que je viens de dire, madame, » dit Mackenzie. « ?coutez… on parle de Delores, l?. Elle a la t?te solidement attach?e aux ?paules. Je suis s?re qu’elle a appel? un service de d?pannage ou un truc dans le genre quand ses pneus ont crev?. Elle est probablement d?j? ? mi-chemin vers New York, ? l’heure o? on parle. ? gagner de l’argent, ? voyager dans le pays. Si elle avait des probl?mes, elle aurait appel?. » « Elle n’aurait pas ?t? mal ? l’aise d’appeler pour vous demander de l’aide ? » Tammy r?fl?chit ? la question durant un instant. « Probablement pas. Elle aurait demand? de l’aide, puis elle aurait fait un scandale si j’osais poser une seule question. Elle est comme ?a. » Le ressentiment dans sa voix ?tait presqu’aussi palpable que la fum?e dans l’air du minuscule mobilhome. « Alors, vous n’avez aucune id?e de l’endroit o? elle pourrait se trouver ? » demanda Ellington. « Aucune. O? qu’elle se trouve, elle n’a pas pris la peine de m’appeler pour m’en informer. Mais ce n’est pas vraiment une surprise. Elle ne me raconte jamais grand-chose. » « Je vois, » dit Ellington. Il jeta un coup d’?il autour de lui en fron?ant les sourcils. Mackenzie savait qu’il pensait exactement la m?me chose qu’elle : ?a a ?t? une heure et dix minutes de perdues de trajet. Mackenzie regarda en direction de Rita, un peu furieuse par le manque d’aide de la part de Tammy. « La police de Bent Creek est sur l’affaire, ainsi que les agents de deux bureaux. D’apr?s ce qu’on sait, elle a disparu depuis environ vingt-neuf heures. Nous vous contacterons d?s que nous apprenons quelque chose. » Rita hocha la t?te et murmura un « Merci. » Tant Mackenzie qu’Ellington firent une pause, laissant ? Tammy une chance d’ajouter quelque chose. Quand elle ne fit rien de plus qu’allumer une autre cigarette et tendre la main vers la t?l?commande pos?e sur la table du salon, Mackenzie se dirigea vers la porte. Quand elle fut ? l’ext?rieur, elle inspira profond?ment une bouff?e d’air frais et se dirigea vers la voiture d’un pas d?cid?. Elle ?tait d?j? occup?e ? ouvrir la porti?re du c?t? passager quand Ellington arriva finalement au bas des escaliers. « ?a va ? » lui demanda-t-il au moment o? il s’approchait de la voiture. « ?a va, » dit-elle. « C’est juste que je ne supporte pas les gens qui ne se tracassent pas un instant pour la s?curit? de leur famille. » Elle ?tait sur le point d’entrer dans la voiture quand la porte d’entr?e du mobilhome de Tammy Manning s’ouvrit. Ils regard?rent Rita descendre les escaliers en trottinant. Elle s’approcha de la voiture et laissa ?chapper un profond soupir. « Oh mon dieu, je suis d?sol?e pour tout ?a, » dit-elle. Mackenzie remarqua que Rita avait l’air aussi de respirer plus librement maintenant qu’elle ?tait ? l’ext?rieur. « L’entente entre maman et Delores n’a pas ?t? des meilleures depuis que papa est mort. Et puis Delores est devenue cet auteur prosp?re et on dirait que ?a a presque vex? maman. » « Ce n’est pas n?cessaire que vous nous expliquiez, » dit Ellington. « On est confront? ? ce genre de situations de temps ? autre. » « Soyez honn?te avec moi… ce truc avec Delores… vous croyez qu’on va la retrouver ? Vous pensez qu’elle pourrait ?tre morte quelque part ? » « Il est trop t?t pour le dire, » dit Mackenzie. « Est-ce qu’il y avait… y avait-il des traces d’acte criminel ? » Mackenzie pensa au verre peint. Elle ?tait presque certaine qu’elle avait encore un peu de peinture noire sous ses ongles. Mais il ?tait bien trop t?t dans le cours des ?v?nements pour d?voiler une telle information ? des membres de la famille – pas avant que davantage d’informations ne puissent ?tre obtenues. « ? nouveau, on n’en est pas encore certain, » dit-elle. Rita hocha la t?te. « Merci de nous avoir inform?s. Si vous trouvez quoi que ce soit, appelez-moi directement. Oubliez maman pour l’instant. Je ne sais pas quel est son probl?me. Elle est juste… je ne sais pas. Une femme vieillissante qui subit les coups de la vie et qui ne prend pas la peine de se reprendre en main. » Elle leur donna son num?ro, puis remonta lentement les marches de l’escalier. Elle leur adressa un rapide signe d’au revoir au moment o? Ellington sortit de la place de parking et se mit ? retraverser le parc ? mobilhomes. « Alors qu’est-ce que tu en penses ? » demanda Ellington. « C’?tait une visite inutile ? » « Non. Je pense que nous en savons maintenant assez au sujet de Delores pour savoir qu’elle aurait appel? si ses plans changeaient et qu’elle pouvait appeler. » « Comment peux-tu en ?tre certaine ? » « Je n’en suis pas certaine. Mais d’apr?s ce que j’ai pu en d?duire de Tammy et Rita, Delores tentait de reconnecter avec sa famille. Rita a dit que la relation ?tait tendue. Je ne pense pas que Delores aurait pris la peine d’appeler pour demander si elle pouvait passer rendre visite s’il n’y avait aucun espoir de r?conciliation. Et si c’est le cas, elle aurait certainement appel? si les plans avaient chang?. » « Peut-?tre qu’elle a chang? d’avis. » « J’en doute. M?res et filles… quand elles s’?loignent l’une de l’autre… c’est dur. Delores n’aurait pas fait le geste d’appeler si c’?tait pour changer d’avis par la suite. » « Tu analyses ?a comme un psy, » dit Ellington. « C’est impressionnant. » Mackenzie remarqua ? peine le compliment. Elle pensait ? sa propre m?re – une femme avec laquelle elle n’avait plus parl? depuis tr?s longtemps. C’?tait facile de mettre ? rude ?preuve une relation suppos?e ?tre aussi essentielle dans la vie d’une femme. Elle en savait un rayon sur les m?res qui abandonnaient leurs enfants, alors il ?tait facile pour elle de s’identifier ? Delores. Elle se demanda si Delores Manning pensait ? sa m?re en ce moment d?sesp?r?. Bien s?r, ?a c’?tait si Delores Manning ?tait encore vivante. CHAPITRE SIX Mackenzie savait que le bureau local du FBI le plus proche de Bent Creek se trouvait ? Omaha, au Nebraska. L’id?e de retourner au Nebraska ? titre officiel ?tait intimidant mais en m?me temps, presqu’appropri?. Elle fut n?anmoins plus que soulag?e quand Heideman les appela pour leur dire que la base d’op?rations dans le cadre de cette affaire, serait le d?partement local de police de Bent Creek. Elle et Ellington y arriv?rent juste apr?s dix-huit heures ce soir-l?. Au moment o? elle s’avan?a vers les portes d’entr?e du commissariat avec Ellington, la sensation d?sagr?able d’?tre une femme travaillant dans les forces de police du Midwest recommen?a ? l’envahir. Elle le ressentait dans la mani?re presque misogyne qu’avaient certains hommes en uniforme de la regarder. Le fait qu’elle ne porte plus les m?mes v?tements et qu’elle n’ait plus le m?me badge, n’y avait apparemment rien chang?. Les hommes allaient continuer ? la voir comme un agent de classe inf?rieure. La seule diff?rence maintenant, c’?tait qu’elle n’avait plus ? se pr?occuper de vexer ou froisser des sensibilit?s. Elle ?tait ici en tant qu’agent du FBI pour aider des forces de police inexp?riment?es ? trouver la personne qui kidnappait des femmes sur leurs routes de campagne. Elle n’allait pas ?tre trait?e de la m?me mani?re qu’elle l’avait ?t? la derni?re fois qu’elle avait travaill? dans le Midwest, en tant que d?tective pour la police du Nebraska. Mais elle d?couvrit rapidement qu’une partie des appr?hensions qu’elle avait eues au moment d’entrer dans le commissariat s’av?raient fausses. Peut-?tre que le changement de position et de statut, finalement, signifiait quelque chose. Quand ils furent accompagn?s jusqu’? la salle principale de conf?rence, elle vit que la police locale avait command? de la nourriture chinoise ? leur attention. Elle ?tait ?tal?e sur un petit bar ? l’arri?re de la pi?ce, avec quelques boissons et des snacks. Thorsson et Heideman ?taient d?j? occup?s ? profiter du diner gratuit, chargeant des portions de nouilles Lo mein et de poulet ? l’orange sur leurs assiettes. Ellington haussa les ?paules dans sa direction, l’air de lui demander ce qu’elle allait faire, et se dirigea ?galement vers le bar. Elle fit de m?me pendant que quelques autres policiers entraient et sortaient de la pi?ce. Alors qu’elle ?tait assise ? la table de conf?rence avec une portion de poulet au s?same et de crabe rangoon, un des officiers qu’elle avait vus sur le c?t? de la Route 14 s’approcha d’elle et lui tendit la main. En voyant son badge, elle sut qu’il s’agissait l? du sh?rif. « Agent White, c’est bien ?a ? » demanda-t-il. « Oui. » « Content de vous rencontrer. Je suis le sh?rif Bateman. J’ai entendu dire que vous ?tes all?e avec votre partenaire pr?s de Sigourney pour parler ? la m?re de la victime la plus r?cente. ?a a donn? des r?sultats ? » « Rien. Juste une source potentielle d’informations ? ?liminer de la liste. Et une confirmation qu’on n’a pas affaire ? une fille qui d?ciderait tout simplement de ne pas appeler sa m?re dans le cas o? ses projets changeaient. » Visiblement d??u par la r?ponse, Bateman hocha la t?te et se dirigea vers l’avant de la pi?ce o? deux autres policiers ?taient en pleine conversation. Ellington prit place ? c?t? de Mackenzie et ils dirig?rent leur attention vers l’avant de la salle. Un homme qui s’?tait pr?sent? plus t?t comme ?tant l’adjoint Wickline, ?tait occup? ? accrocher des photos et des copies papier sur un tableau blanc ? l’aide d’aimants, pendant qu’une polici?re – la seule femme pr?sente dans la pi?ce – ?crivait une s?rie de remarques sur l’autre c?t? du tableau. « On dirait qu’ils sont assez rigoureux dans leur boulot par ici, » dit Ellington. Elle pensait la m?me chose. Elle avait suppos? que ce serait une sorte de cirque ? moiti? b?cl?, comme ?a avait ?t? le cas au sein de la police du Nebraska quand elle y travaillait. Mais jusqu’? pr?sent, elle avait ?t? impressionn?e par la mani?re dont la police de Bent Creek avait organis? les choses. Quelques minutes plus tard, le sh?rif Bateman s’approcha des policiers qui se tenaient pr?s du tableau et accompagna deux officiers vers la porte. La femme policier resta dans la pi?ce et prit place autour de la table. Bateman ferma la porte et se dirigea vers l’avant de la salle. Il jeta un coup d’?il autour de lui, observant les quatre agents du FBI et les trois policiers qui ?taient rest?s dans la pi?ce. « Nous avons command? ? d?ner car je n’ai aucune id?e de combien de temps notre r?union va durer, » dit-il. « Nous ne sommes pas vraiment habitu?s ? avoir la pr?sence du FBI ? Bent Creek, alors c’est assez nouveau pour moi. Agents, dites-moi s’il y a quoi que ce soit que nous puissions faire pour vous faciliter les choses. Pour l’instant, je vous laisse la parole. » Il s’assit, et Ellington et Thorsson se regard?rent d’un air perplexe. Thorsson sourit et fit un geste en direction de l’avant de la salle, invitant les agents de Washington ? prendre la parole. Ellington donna un l?ger coup de coude ? Mackenzie sous la table et dit : « L’agent White va r?sumer les informations dont nous disposons pour l’instant, ainsi que toutes les conclusions actuelles. » Elle savait qu’il cherchait ? la taquiner en la jetant ainsi dans la fosse aux lions, mais ?a ne la d?rangeait pas. En fait, quelque part au fond d’elle, elle avait envie de se retrouver ? l’avant de la salle. Peut-?tre qu’il s’agissait l? d’une sorte de fantasme enfantin de prendre sa revanche en revenant dans cette partie du pays et d’y diriger une salle de conf?rence d’une mani?re qu’on ne lui avait jamais accord?e au Nebraska. Peu importe la raison, elle se dirigea vers l’avant de la salle et jeta un rapide coup d’?il au tableau qui reprenait les informations. « Le travail effectu? ici par vos policiers, » dit-elle, en d?signant le tableau du doigt, « reprend l’essentiel de ce que nous savons. La premi?re victime est une r?sidente de Bent Creek. Naomi Nyles, quarante-sept ans. Sa fille a rapport? sa disparition et personne ne l’a vue depuis deux semaines. Sa voiture a ?t? retrouv?e sur le c?t? de la route, apparemment en bon ?tat. Je pense que les policiers de ce commissariat ont pu d?marrer la voiture sans probl?mes et la ramener jusqu’ici. » « C’est bien ?a, » dit l’adjoint Wickline. « De fait, la voiture se trouve toujours ? la fourri?re. » « La deuxi?me personne disparue est Crystal Hall, vingt-six ans. Elle travaille pour Wrangler Beef ? Des Moines, qui a confirm? qu’elle ?tait venue ici pour visiter une exploitation bovine tout pr?s de Bent Creek. Le propri?taire de l’exploitation confirme que Crystal est venue ? la r?union et qu’elle a quitt? la propri?t? un peu apr?s dix-sept heures. Son relev? de carte de cr?dit confirme qu’elle a achet? ? d?ner au Subway de Bent Creek ? dix-sept heures cinquante-deux. » Elle pointa du doigt en direction de l’endroit sur le tableau o? l’un des policiers avait not? cette information. « La question ici, » dit Bateman, « c’est de savoir ? quel moment elle a ?t? enlev?e. Sa voiture n’a ?t? d?couverte que vers une heure et demie du matin. Pour que personne n’ait remarqu? sa voiture, ou au moins inform? de sa pr?sence, m?me sur la Route 14, ?a veut dire qu’il y a de grandes chances qu’elle ait ?t? ailleurs en ville avant de prendre la route. Je doute s?rieusement que quelqu’un soit assez audacieux pour l’enlever entre dix-huit heure trente et dix-neuf heures trente. Et s’ils ?taient vraiment aussi t?m?raires… » Il s’interrompit, comme s’il n’aimait pas la mani?re dont son commentaire allait se terminer. Alors Mackenzie prit la libert? de le terminer pour lui. « Alors ?a voudrait dire qu’il s’agit de quelqu’un qui conna?t bien la r?gion, » dit-elle. « Et particuli?rement le trafic sur la Route 14. Cependant, le profil de ce type ne correspond pas ? quelqu’un d’aussi t?m?raire. Il r?de dans l’obscurit?. Il les attaque par surprise. Il n’y a absolument rien de manifeste au sujet de ce type. » Bateman hocha la t?te ? ces mots, les yeux ?carquill?s et un sourire aux l?vres. Elle avait d?j? vu ce genre de regard. C’?tait le regard d’un homme qui ?tait non seulement impressionn? par la mani?re dont elle pensait, mais qui en plus l’appr?ciait ? sa juste valeur. Elle vit le m?me regard dans les yeux de la femme policier et d’un homme en surpoids assis au bout de la table, qui ?tait encore occup? ? profiter du d?ner gratuit. L’adjoint Wickline hocha la t?te en entendant son commentaire, en gribouillant des notes sur un carnet. « Sh?rif, » dit Ellington, « a-t-on une id?e du trafic qui passe sur cette route ? ce moment-l? de la journ?e ? » « Un contr?le et un rapport de trafic datant de 2012 ?value ? environ une moyenne de quatre-vingt v?hicules passant sur la Route 14 entre dix-huit heures et minuit. Ce n’est vraiment pas une route tr?s fr?quent?e. Mais n’oublions pas que seules l’auteur et Crystal Hall ont ?t? enlev?es sur la Route 14. La premi?re personne disparue, Naomi Nyles, a ?t? enlev?e sur la route 664. » « Et il y a beaucoup de trafic sur cette route ? cette heure-l? de la journ?e ? » demanda Mackenzie. « Presque pas du tout, » dit Bateman. « Je pense que la moyenne tourne autour de vingt ? trente v?hicules. Adjoint Wickline, vous avez d’autres informations ? ce sujet ? » « Non, c’est plus ou moins ?a, » dit Wickline. « Et concernant l’auteur, » continua Mackenzie. « Delores Manning, trente-deux ans. Elle vit ? Buffalo mais elle a de la famille pr?s de Sigourney. Ses pneus ont ?t? crev?s par des morceaux de verre plac?s sur la route. Le verre est assez ?pais et a ?t? peint en noir pour ?viter que la lumi?re des phares s’y refl?te. Son agent a d?clar? sa disparition environ une demi-heure apr?s que sa voiture ait ?t? d?couverte par un camionneur vers deux heures du matin. L’agent Ellington et moi-m?me sommes all?s parler avec sa m?re et sa s?ur aujourd’hui mais elles n’ont pu fournir aucune piste s?rieuse. En fait, on dirait qu’il n’y a aucune piste s?rieuse concernant aucune de ces disparitions. Et malheureusement, c’est tout ce qu’on a. » « Merci, agent White, » dit Bateman. « Alors maintenant, quelles sont les prochaines ?tapes ? » Mackenzie grima?a et d?signa d’un signe de t?te la nourriture chinoise ? l’arri?re de la salle. « Et bien, c’est une bonne chose que vous ayez anticip?. Je pense qu’il faut commencer par r?viser tous les cas de disparitions non r?solus dans un rayon de cent cinquante kilom?tres durant ces dix derni?res ann?es. » Il n’y eut aucune objection mais l’expression sur les visages de Bateman, de Wickline et des autres policiers en disait long. La femme policier haussa les ?paules et leva respectueusement la main. « Je peux chercher dans les vieux dossiers et rassembler tout ?a, » dit-elle. « OK, Roberts, » dit Bateman. « Tu penses que tu pourrais avoir pr?par? tout ?a pour dans une heure ? Demande au personnel administratif de t’aider. » Roberts se leva et sortit de la salle de conf?rence. Mackenzie remarqua que Bateman la regarda plus longuement que les autres hommes pr?sents dans la salle. « Agent White, » dit Bateman. « Avez-vous une id?e du genre de suspect que nous devrions rechercher ? Dans une petite ville comme Bent Creek, le plus t?t on peut ?carter certains profils, le plus vite on peut identifier le type de personne que vous recherchez. » « Sans aucun type d’indices, c’est difficile de proc?der ? une identification, » dit Mackenzie. « Mais pour l’instant, il y a certains aspects qui peuvent ?tre consid?r?s. Agent Ellington, voulez-vous prendre la rel?ve ? ce sujet ? » Il lui sourit tout en mordant dans un rouleau de printemps. « Non, allez-y, continuez. Vous faites du bon boulot. » Il y avait une sorte de va-et-vient bizarre entre eux et elle esp?rait que les autres personnes pr?sentes dans la salle ne s’en rendaient pas trop compte. Elle avait essay? de se montrer respectueuse – afin qu’il sache qu’elle n’essayait pas de prendre la direction des op?rations. Mais il semblait ne pas s’en pr?occuper. Pour l’instant, on aurait dit qu’il appr?ciait presque le fait qu’elle assume la direction. « Tout d’abord, » dit-elle, en faisant de son mieux pour ne pas se laisser envahir par la pression, « le suspect est presque certainement un gars du coin. Sa capacit? ? analyser le trafic le long de ces routes secondaires d?montre une patience rigoureuse, ce qui rend l’?laboration d’un profil plus facile ? r?aliser. Si le suspect s’est donn? autant de mal pour enlever ces femmes, alors des cas similaires dans le pass? impliquant kidnapping et enl?vement sugg?reraient qu’il n’enl?ve pas ces femmes pour les tuer. Comme je le disais, il semble ?tre quelqu’un de sournois. Tout ce que l’on sait ? son sujet – les attaquer quand elles sont le plus vuln?rable, dans l’obscurit? et en pr?parant apparemment ses actes ? l’avance – indique un homme avec des tendances non violentes. Apr?s tout, quel serait l’int?r?t de pr?parer minutieusement un enl?vement si c’est pour tuer la victime quelques instants plus tard ? Tout indique qu’il collectionne ces femmes, ? d?faut d’un meilleur terme. » « Oui, » dit Roberts, la femme polici?re. « Mais les collectionner dans quel but exactement ? » « Est-ce qu’il serait erron? de penser qu’il pourrait s’agir de crimes li?s au sexe ? » demanda l’adjoint Wickline « Pas du tout, » dit Mackenzie. « En fait, si notre suspect est un timide, c’est l? un autre ?l?ment de son profil. Les hommes timides qui s’attaquent de cette mani?re ? des femmes sont g?n?ralement trop craintifs ou socialement marginalis?s pour parvenir ? draguer des femmes. C’est g?n?ralement le cas avec les violeurs qui font tout ce qu’ils peuvent pour ne pas faire de mal aux femmes. » Elle vit quelques regards admiratifs parmi les personnes pr?sentes dans la salle. Mais vu le sujet de discussion, elle ne pouvait pas vraiment s’en sentir fi?re. « Mais on ne peut pas en ?tre certain ? » demanda Bateman. « Non, » dit Mackenzie. « Et c’est l? le c?t? urgent. Ce n’est pas juste un tueur dont on esp?re qu’il n’agira plus de nouveau. Ce type est d?rang? et dangereux. Plus il nous faudra de temps pour le retrouver, plus il aura de temps pour faire ce qu’il veut avec ces femmes. » CHAPITRE SEPT L’estomac rempli de nourriture chinoise et avec une multitude d’informations en t?te concernant les trois disparues, Mackenzie et Ellington quitt?rent le commissariat de police de Bent Creek ? 21h15. Le seul motel en ville – un Motel 6 qui semblait ne pas avoir ?t? repeint, d?cor? ni entretenu depuis les ann?es 80 – se trouvait ? seulement cinq minutes de l?. Ils ne furent pas surpris d’y trouver facilement deux chambres disponibles qu’ils r?serv?rent pour la nuit. Quand ils sortirent du commissariat et se retrouv?rent ? l’ext?rieur, Mackenzie jeta un coup d’?il autour d’elle. Bent Creek ?tait vraiment une toute petite ville. Elle ?tait tellement petite que les commer?ants semblaient collaborer entre eux afin de veiller ? une utilisation efficace de l’espace. C’?tait visible dans le fait qu’un petit bar se trouvait de l’autre c?t? du parking, en face du Motel 6. C’?tait logique, pensa Mackenzie. Toute personne qui avait besoin d’une chambre de motel ? Bent Creek allait probablement avoir envie de prendre un verre quelque part. Elle avait bien envie d’en prendre un d’ailleurs. Ellington lui effleura le dos et s’avan?a en direction du bar. « Allons prendre un verre. C’est moi qui invite, » dit-il. Elle commen?ait ? appr?cier l’humour plut?t simple qui s’?tait cr?? entre eux. Ils savaient tous les deux qu’il y avait une sorte de g?ne mais ils ?taient parvenus ? la surmonter. Afin d’?viter qu’elle ne revienne, ils avaient cr?? une sorte de timide amiti? sur base de leur travail – un travail qui leur demandait de penser de mani?re logique et d’approcher les choses de mani?re s?rieuse. Pour l’instant, ?a fonctionnait assez bien. Elle le rejoignit pour traverser le parking et quand ils entr?rent dans le bar – qui portait le nom vraiment peu original de Bar de Bent Creek – les t?n?bres de la nuit furent remplac?es par une sorte d’obscurit? enfum?e qui n’existait que dans les pubs des petites villes. Au moment o? ils prirent place au bar, un vieux morceau de Travis Tritt sortait du jukebox poussi?reux qui se trouvait dans un coin. Ils command?rent une bi?re et, comme si ce verre en donnait en quelque sorte le signal, Ellington se remit tout de suite en mode professionnel. « Je pense que ces chemins secondaires qui rejoignent la Route 14 valent la peine d’?tre examin?s de plus pr?s, » dit-il. « Je pense la m?me chose, » dit-elle. « Je trouve bizarre qu’ils ne soient mentionn?s nulle part parmi les notes r?sum?es sur ce tableau par la police. » « Peut-?tre parce qu’ils connaissent mieux la g?ographie de cette r?gion que nous, » sugg?ra Ellington. « Ce n’est peut-?tre que des sentiers en terre battue qui ne m?nent nulle part. Il y a une raison pour laquelle tu n’as pas pos? la question au moment o? tu menais la r?union ? » « J’ai failli, » dit-elle. « Mais ils avaient fait un tellement bon boulot en rassemblant toutes ces informations… que je n’ai pas voulu froisser des susceptibilit?s. Le fait d’avoir un d?partement de police coop?ratif qui se plie en quatre pour nous, c’est nouveau pour moi. Mais je poserai la question demain. Si c’?tait vraiment important et vital, ils y auraient s?rement d?j? pens? ou ils nous l’auraient au moins mentionn?. » Ellington hocha la t?te et avala une gorg?e de sa bi?re. « Oh, j’allais presqu’oublier, » dit-il. « J’?tais vraiment d?sol? d’apprendre la nouvelle concernant Bryers. Je n’ai travaill? avec lui que quelques fois et ce n’?tait pas de mani?re proche. Mais il avait l’air d’?tre un type vraiment bien. Et un tr?s bon agent aussi, d’apr?s ce que j’en ai entendu. » « Oui, c’?tait vraiment un chouette gars, » dit Mackenzie. « Je ne sais pas si tu as envie de le savoir ou pas, » dit Ellington, « mais il y a eu beaucoup de pol?mique concernant le fait que tu sois son partenaire au moment o? tu as ?t? admise. Bryers ?tait un ?l?ment recherch?. Un des meilleurs. Mais quand on lui a fait part de l’id?e, il ?tait partant ? fond. Je pense qu’il avait toujours voulu ?tre un mentor. Et je pense qu’il a eu la chance de travailler avec un bon ?l?ment pour son premier essai. » « Merci, » dit-elle. « Mais je n’ai pas encore vraiment l’impression d’avoir fait mes preuves. » « Pourquoi ? » « Et bien… je ne sais pas. Peut-?tre que ?a arrivera quand je serai capable de r?soudre une affaire sans que McGrath ne soit f?ch? sur moi pour un d?tail ou un autre. » « Il ne se f?che que parce qu’il attend beaucoup de toi. Tu es arriv?e telle une m?che de dynamite d?j? allum?e. » « C’est la raison pour laquelle il nous a fait partenaires sur cette affaire ? » « Non. Je pense que la raison pour laquelle il voulait que je travaille sur cette affaire est plut?t li?e ? mes connexions avec le bureau local d’Omaha. Et entre nous, il veut vraiment que tu r?ussisses sur ce coup. Il veut que tu fasses un malheur. Avec moi comme partenaire, tu ne vas pas pouvoir recourir ? une de tes conclusions en solo auxquelles tu es si encline. » Elle eut envie de se d?fendre sur ce point mais elle savait qu’il avait raison. Alors, elle opta plut?t pour vider sa bouteille en silence. Le jukebox d?versait maintenant du Bryan Adams et elle finit par commander sa deuxi?me bi?re. « Alors dis-moi, » dit Mackenzie. « Si on n’?tait par partenaires sur cette affaire, comment est-ce que tu l’aborderais ? Tu adopterais quelle approche ? » « Comme toi. En collaborant ?troitement avec les forces de police locales et en essayant de m’en faire des amis. En prenant des notes et en ?laborant des th?ories. » « Et tu es parvenu ? une th?orie en particulier ? » demanda-t-elle. « Aucune que tu n’aies pas d?j? mentionn?e dans cette salle de conf?rence. Je pense qu’on va dans la bonne direction… je pense que ce type est une sorte de collectionneur. Un timide est un solitaire. Je suis presque certain qu’il n’enl?ve pas ces femmes pour les tuer. Tu as tout ? fait raison sur tous ces points. » « Le truc qui me d?range vraiment, » dit Mackenzie, « c’est de penser ? toutes les autres raisons qui peuvent le motiver ? kidnapper et ? collectionner des femmes. » « Tu as remarqu? que le sh?rif Bateman a pris soin d’avoir une femme policier dans la pi?ce durant toute la r?union ? » demanda Ellington. « Oui, Roberts. J’ai suppos? que c’?tait dans le but de maintenir la conversation centr?e sur les faits et non sur des sp?culations. Sp?culations concernant les raisons pour lesquelles le suspect pourrait retenir ces femmes. Parler de viol et d’abus sexuel est un peu plus facile quand il n’y a pas de femme ? proximit?. » « Et toi, ce genre de sujet te d?range ? » demanda Ellington. « Avant, oui, ?a me d?rangeait. Mais malheureusement, je m’y suis presque fait. ?a ne me d?range plus maintenant. » Ce n’?tait pas vrai ? cent pour cent mais elle n’avait pas envie qu’Ellington le sache. La v?rit?, c’?tait que c’?tait ce genre de choses qui la motivait ? ?tre le meilleur d’elle-m?me. « C’est nul, tu ne trouves pas ? » demanda-t-il. « Cette part d’humanit? qui finit par s’insensibiliser ? de telles choses ? » « Oui, c’est vrai, » dit-elle. Elle se cacha durant un instant derri?re sa bi?re, un peu ?tonn?e qu’Ellington ait franchi un tel pas. C’?tait peut-?tre insignifiant pour lui mais ?a montrait un certain degr? de vuln?rabilit?. Elle finit sa bi?re et la fit glisser vers le bord du bar. Quand le barman s’approcha, elle lui fit un signe de la main. « Non, ?a va, merci, » dit-elle. Puis, en se tournant vers Ellington, elle dit : « Tu as dit que tu invitais, c’est bien ?a ? » « Oui, c’est bien ?a. Attends un instant et je te raccompagne jusqu’? ta chambre. » Le l?ger sentiment d’excitation qu’elle ressentit en entendant cette phrase la mit mal ? l’aise. Afin d’interrompre tout de suite cette sensation, elle secoua la t?te. « Ce n’est pas n?cessaire, » dit-elle. « Je peux prendre soin de moi. » « Je sais que tu peux, » dit-il, en faisant glisser son propre verre vide vers le bord du bar. « Je prendrai une autre bi?re, » dit-il au barman. Mackenzie lui fit un signe de la main en partant. Au moment o? elle traversait le parking, une petite partie d’elle-m?me ne pouvait s’emp?cher de se demander ce que ?a lui ferait de rentrer au motel accompagn?e d’Ellington, pouss?e par l’incertitude qui les attendait une fois que les portes seraient ferm?es et les persiennes baiss?es. *** Il lui fallut moins de vingt minutes pour que cette petite pointe d’excitation ne disparaisse. Comme ? son habitude, elle se mit ? travailler pour se distraire de telles tentations. Elle alluma son ordinateur et ouvrit ses emails. Elle y trouva plusieurs messages envoy?s par la police de Bent Creek durant la derni?re demi-journ?e – encore une autre fa?on qu’ils avaient de vraiment la g?ter. Ils avaient envoy? des cartes de la r?gion, les rapports de police concernant les quatre seuls cas de disparition dans le coin durant les dix derni?res ann?es, l’analyse de trafic men?e par l’?tat de l’Iowa en 2012, et m?me une liste de toutes les arrestations effectu?es durant les cinq derni?res ann?es impliquant des individus ayant des ant?c?dents d’agression. Mackenzie se mit ? examiner les informations, en r?servant une attention particuli?re aux dossiers des quatre personnes disparues. Pour deux d’entre eux, il avait ?t? suppos? qu’il s’agissait l? de cas de fugues et apr?s avoir lu les rapports de police, Mackenzie ?tait du m?me avis. Les deux dossiers ?taient des exemples types d’adolescents tortur?s, qui en avaient assez de vivre dans une petite ville et qui avaient fini par quitter la maison familiale plus t?t que leurs parents ne l’auraient voulu. L’un d’entre eux, une adolescente de quatorze ans, avait fini par contacter sa famille il y a deux ans pour leur dire qu’elle vivait plut?t confortablement ? Los Angeles. Les deux autres ?taient plus difficiles ? comprendre par contre. Un des dossiers concernait un gar?on de dix ans qui avait ?t? enlev? sur la plaine de jeux d’une ?glise. Il avait disparu depuis trois heures avant qu’on ne se rende compte de sa disparition. Des rumeurs locales ?voquaient le fait que sa grand-m?re l’avait enlev? en raison d’une situation familiale compliqu?e. En tenant compte du drame familial, du sexe et de l’?ge de la victime, Mackenzie doutait qu’il y ait l? une connexion avec les kidnappings actuels. Le quatri?me dossier ?tait plus prometteur mais semblait toujours assez l?ger. La premi?re similitude ?tait que ?a impliquait un accident de voiture. En 2009, Sam et Vicki McCauley ?taient sortis de route durant une temp?te de neige. Quand la police et l’ambulance arriv?rent sur place, Sam ?tait mourant et il d?c?da sur le trajet vers l’h?pital. Il avait suppli? de savoir comment allait sa femme. D’apr?s ce que la police avait pu en d?duire, Vicki McCauley avait ?t? projet?e en-dehors du v?hicule mais son corps n’a jamais pu ?tre retrouv?. Mackenzie examina le rapport de police ? deux reprises mais ne parvint pas ? y trouver une description pr?cise de ce qui avait caus? l’accident. Les mots conditions de verglas ?taient utilis?s ? plusieurs reprises et, bien que ce soit une bonne raison, Mackenzie pensait que ce serait tout de m?me une bonne id?e d’y regarder de plus pr?s. Elle relut le rapport plusieurs fois, ainsi que celui concernant la disparition de Delores Manning. Le fait qu’ils impliquent tous les deux un accident de voiture semblait ?tre la seule connexion entre les deux. Elle changea alors d’approche et essaya d’int?grer les trois victimes actuelles dans ces sc?narios. Mais c’?tait pratiquement impossible. Les deux affaires inexpliqu?es ?taient probablement des fugues et bien que toutes deux soient des femmes, ?a laissait bien trop d’options ouvertes. De plus, les trois victimes actuelles avaient ?t? enlev?es dans leurs voitures. Peut-?tre parce que se retrouver bloqu? sur la route arrivait relativement souvent. Mais ?a n’avait quand m?me rien ? voir avec l’enl?vement d’adolescentes fugueuses. ?a ne collait pas. Ce type ne veut pas de fugueuses ou d’adolescentes tortur?es qui partent de chez elles pour provoquer leurs parents. Il cherche des femmes. Des femmes qui se trouvent, pour une raison ou une autre, seules dans leur voiture pendant la nuit. Peut-?tre qu’il se rend compte de l’espoir qu’inspire un inconnu apparemment bien intentionn? – surtout chez les femmes. Mais d’un autre c?t?, elle savait que la plupart des femmes s’attendraient au pire venant d’un inconnu sur le c?t? de la route. Sp?cialement si leur voiture ?tait en panne et qu’il faisait noir. Peut-?tre qu’elles le connaissaient, alors… Mais ?a avait l’air tr?s peu probable aussi. D’apr?s les informations qu’ils avaient obtenues de Tammy et Rita Manning, Delores ne connaissait probablement personne ? Bent Creek. Elle reprit le dossier des McCauley, principalement parce qu’il s’agissait de la seule affaire avec certaines similarit?s. Elle afficha ? nouveau sa bo?te de r?ception et ouvrit l’email le plus r?cent envoy? par la police de Bent Creek. Elle y r?pondit en ?crivant : Un tout grand merci pour votre aide. Je me demandais si vous pourriez me fournir d’autres informations d?s que possible. J’aimerais avoir une liste de tous les membres de la famille des McCauley vivant dans un rayon de quatre-vingt kilom?tres, ainsi que leurs coordonn?es. Si vous avez le num?ro de l’agent de Delores Manning, ce serait vraiment super aussi. Elle se sentait presque paresseuse de demander des informations de cette mani?re. Mais vu qu’ils s’offraient aussi facilement ? les aider, elle pensait bien utiliser la police de Bent Creek autant que possible en tant que ressource. Une fois qu’elle eut termin?, Mackenzie ouvrit un autre dossier… un dossier qu’elle ?tait parvenue ? laisser de c?t? depuis presque trois semaines maintenant. Elle l’ouvrit, en consulta les documents et afficha une photo. C’?tait une carte de visite avec le nom de son p?re griffonn? ? l’arri?re. De l’autre c?t?, visible sur une autre photo, se trouvait le nom de l’entreprise en caract?res gras : Antiquit?s Barker : Neuf ou Ancien Rare Collection. Et c’?tait tout. Elle savait d?j? que cet endroit n’existait pas – d’autant qu’elle et le FBI sachent – ce qui rendait les choses d’autant plus frustrantes. Elle regarda la carte et sentit une pointe au c?ur. Elle se trouvait ? environ deux heures et demie de route de l’endroit o? son p?re ?tait mort et ? environ trois heures du lieu o? cette carte de visite avait ?t? retrouv?e – presque vingt ans apr?s la mort de son p?re. Ce n’?tait pas son affaire… enfin, pas vraiment. McGrath lui avait donn? une sorte d’autorisation officieuse d’aider quand elle le pouvait mais pour l’instant, il n’y avait aucune piste. Elle pensa ? Kirk Peterson, le d?tective qui avait trouv? les nouveaux indices permettant de rouvrir l’enqu?te concernant la mort de son p?re. Elle faillit l’appeler mais elle r?alisa qu’il ?tait d?j? 23h45. Et de toute fa?on, de quoi pourraient-ils bien parler d’autre que du manque de piste concernant l’affaire ? Mais elle avait besoin de l’appeler. Peut-?tre apr?s l’affaire en cours, quand elle pourrait accorder toute son attention ? Peterson et ? l’enqu?te. Il ?tait temps qu’elle se d?barrasse de ce poids. Elle se pr?para pour aller dormir, se brossa les dents et enfila un l?ger pantalon de surv?tement et un t-shirt. Juste avant de se mettre au lit, elle consulta ses emails une derni?re fois sur son t?l?phone. Elle vit que la demande d’informations qu’elle avait envoy?e ? la police de Bent Creek avait d?j? ?t? r?pondue, en moins de dix-sept minutes apr?s qu’elle ait envoy? l’email. Elle prit note des informations dans son dossier et dressa mentalement un programme pour la journ?e ? venir. Finalement, elle ?teignit les lumi?res et se mit au lit. Elle n’aimait pas finir une journ?e en ?teignant les lumi?res sur des questions sans r?ponses. C’?tait un sentiment qui la d?rangeait et auquel elle ne pensait pas pouvoir s’habituer. Mais elle s’?tait adapt?e depuis longtemps, ayant trouv? la mani?re de dormir quelques heures pendant que les r?ponses ? ses questions r?daient dans l’obscurit?, hors de sa port?e. CHAPITRE HUIT Mackenzie venait de finir de s’habiller quand on frappa ? la porte de sa chambre. Elle jeta un coup d’oeil ? travers le judas et vit Ellington. Il tenait une petite bo?te en carton avec deux tasses de caf? pos?es dessus. Elle ouvrit la porte et le laissa entrer, incertaine de savoir comment elle se sentait par rapport au fait qu’il soit pr?t avant elle. Elle avait toujours ?t? fi?re de sa rapidit? et de sa capacit? ? ?tre pr?te t?t. On dirait qu’elle avait maintenant de la concurrence dans ce domaine. « Est-ce que j’interromps le rituel compliqu? du matin d’une femme qui se pr?pare ? » plaisanta-t-il en posant la bo?te et les caf?s sur une petite table pr?s du lit refait. « Non, je viens de terminer ? l’instant, » dit-elle, en s’emparant du caf?. Ellington ouvrit la bo?te et d?voila une demi-douzaine de beignets. « Je sais, c’est un clich?, » dit-il. « Mais… rien de tel que des beignets frais, non ? » Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=43692455&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.