Íó âîò è òû øàãíóëà â ïóñòîòó,  "ðàçâåðçñòóþ" ïóãàþùóþ áåçäíó. Äûøàòü íåâìî÷ü è æèòü íåâìîãîòó. Èòîã æåñòîê - áîðîòüñÿ áåñïîëåçíî. Ïîñëåäíèé øàã, óäóøüå è èñïóã, Âíåçàïíûé øîê, æåëàíèå âåðíóòüñÿ. Íî âûáîð ñäåëàí - è çàìêíóëñÿ êðóã. Òâîé íîâûé ïóòü - çàñíóòü è íå ïðîñíóòüñÿ. Ëèöî Áîãèíè, ïîëóäåòñêèé âçãëÿ

Piege Mortel

Piege Mortel Blake Pierce Les Enqu?tes de Riley Page #3 Un chef-d’?uvre de suspens et de myst?re ! L'auteur a fait un travail exceptionnel pour d?velopper les personnages, avec un c?t? psychologique si bien utilis? que nous avons l'impression d'?tre dans leurs t?tes, vivant leurs peurs et se r?jouissant pour leurs succ?s. L'intrigue est men?e avec intelligence et vous divertira jusqu'? la fin. Remplis de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu'? la derni?re page. Critique litt?raire et cin?matographique, Roberto Mattos (? propos de Sans Laisser de Traces) . PIEGE MORTEL (Les Origines de Riley Paige -- Tome 3) est le livre N°3 de la nouvelle s?rie de thrillers psychologiques de l'auteur ? succ?s N°1 Blake Pierce, dont le best-seller gratuit Sans Laisser de Traces (Tome 1) a re?u plus de 1 000 critiques cinq ?toiles. Alors qu’un tueur en s?rie, soup?onn? d'utiliser un camping-car, pi?ge et tue des femmes ? travers le pays, le FBI, embarrass?, doit enfreindre le protocole et se tourner vers sa brillante recrue de 22 ans, Riley Paige. Riley Paige est accept?e dans l'?reintante acad?mie du FBI, et est d?termin?e ? faire enfin profil bas et ? travailler dur avec ses coll?gues. Mais il semble que le destin en ait d?cid? autrement, en effet, elle a ?t? choisie pour aider ses mentors ? traquer un tueur en s?rie qui terrifie le pays. Riley se demande quel genre de tueur diabolique pourrait bien utiliser un camping-car pour attraper ses victimes ?Et quelle sera sa prochaine destination ?Riley n'a pas le droit ? l’erreur dans ce jeu mortel du chat et de la souris, pas quand son propre avenir est en jeu, et lorsqu’elle est confront?e ? un tueur qui pourrait bien ?tre plus intelligent qu'elle. Un thriller rempli d'action avec un suspens palpitant, PIEGE MORTEL est le 3e Tome d'une nouvelle s?rie captivante qui vous donnera envie de tourner les pages jusqu'au bout de la nuit. Il ram?ne les lecteurs 20 ans en arri?re, au commencement de la carri?re de Riley, et il vient compl?ter parfaitement la s?rie SANS LAISSER DE TRACES (Une Enqu?te de Riley Paige), qui comprend 14 livres. Le Tome 4 de la s?rie LES ORIGINES DE RILEY PAIGE sera bient?t disponible. PIEGE MORTEL (LES ORIGINES DE RILEY PAIGE — TOME 3) Blake pierce Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie ? succ?s myst?re RILEY PAIGE, qui comprend quinze volumes (pour l’instant). Black Pierce est ?galement l’auteur de la s?rie myst?re MACKENZIE WHITE, comprenant neuf volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re AVERY BLACK, comprenant six volumes ; de la s?rie myst?re KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la s?rie myst?re MAKING OF RILEY PAIGE, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re KATE WISE, comprenant quatre volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; et de la s?rie thriller suspense psychologique JESSE HUNT, comprenant trois volumes (pour l’instant). Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) afin d’en apprendre davantage et rester en contact. Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la loi des ?tats-Unis sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l’autorisation pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre seule utilisation personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d’autres personnes. Si vous souhaitez partager ce livre avec une tierce personne, veuillez en acheter un exemplaire suppl?mentaire pour chaque destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir achet? ou s’il n’a pas ?t? achet? pour votre seule utilisation personnelle, vous ?tes pri? de le renvoyer et d’acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur travail de cet auteur. Il s’agit d’une ?uvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, organisations, lieux, ?v?nements et p?rip?ties sont le fruit de l’imagination de l’auteur, ou sont utilis?s dans un but de fiction. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou d?c?d?es, n’est que pure co?ncidence. Image de couverture : Copyright Artem Korionov, utilis?e en vertu d’une licence accord?e par Shutterstock.com LIVRES PAR BLAKE PIERCE S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER PARFAIT (Volume 2) LA MAISON PARFAITE (Volume 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) SOMMAIRE PROLOGUE (#u92ce762d-99ed-5443-8610-7ddab97a2a86) CHAPITRE UN (#u4a4c2cfe-471d-554b-a543-566b6e0697a5) CHAPITRE DEUX (#uda3accb2-57e1-58a6-bfd3-620278052bf5) CHAPITRE TROIS (#u8cc59c2c-e7a8-54c9-9244-4936b53f9e7c) CHAPITRE QUATRE (#ub7ed5d04-af4b-50c6-b27b-d491f3ce7513) CHAPITRE CINQ (#uc4c15c14-b863-59cc-925d-36c1656628d7) CHAPITRE SIX (#u0a51aaa0-1ad4-5325-86b0-afb926cc6a5a) CHAPITRE SEPT (#u3fe8a1bd-d522-5db2-9647-4b2102e7ab32) CHAPITRE HUIT (#u67b9f7a8-5e24-5252-bd59-16900efbeef7) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-QUATRE (#litres_trial_promo) PROLOGUE Hope Nelson jeta un dernier coup d’?il dans la boutique alors qu’elle s’appr?tait ? fermer pour la nuit. Elle ?tait fatigu?e, et avait pass? une longue et interminable journ?e de travail. Il ?tait minuit pass?, et elle ?tait l? depuis tr?s t?t ce matin. Elle ?tait seule maintenant, parce qu’elle avait renvoy? le dernier de ses employ?s grognons chez lui un peu plus t?t. Aucun d’eux n’aimait travailler tard le samedi soir. En semaine, le magasin fermait toujours ? 17 h, ce qui ne semblait pas leur d?plaire. Non pas qu’elle ait eu beaucoup de sympathie pour le personnel. Poss?der cet endroit avec son mari, Mason, signifiait faire plus d’heures que n’importe qui d’autre ; arriver en premier et partir en dernier la plupart des jours. Ce n’?tait pas un secret pour Hope que les gens d’ici les d?testaient, Mason et elle, pour ?tre les gens les plus riches de la petite ville miteuse de Dighton. Et elle les d?testait en retour. Sa devise personnelle ?tait... L’argent, c’est la responsabilit?. Elle prenait ses nombreuses fonctions au s?rieux, tout comme Mason, qui avait offici? en tant que maire de la ville. Ils n’?taient pas du genre ? prendre des cong?s ou m?me un jour de repos occasionnel. Parfois, Hope avait l’impression que Mason et elle ?taient les seules personnes dans les parages ? se soucier de quoi que ce soit. En regardant la marchandise bien rang?e ; le mat?riel et l’?quipement ?lectrique, les aliments, les semences et les engrais ; elle pensa comme elle le faisait souvent... Dighton ne tiendrait pas un jour sans nous. En fait, elle se disait que ce serait vrai pour le comt? tout entier. Parfois, elle r?vait qu’ils partaient tous les deux, juste pour le prouver. ?a leur apprendrait ? tous. Elle ?teignit les lumi?res avec un soupir de consternation. Puis, alors qu’elle se dirigeait vers l’alarme pour l’activer avant de partir, elle vit une silhouette ? travers la porte vitr?e. C’?tait un homme debout sur le trottoir sous le r?verb?re, ? moins de dix m?tres de l?. Il donnait l’impression de l’observer. Elle fut frapp?e de voir que son visage ?tait gravement marqu? et burin?, que ce soit de naissance ou ? la suite d’un terrible accident, elle n’en avait aucune id?e. Il portait un t-shirt, elle put ainsi voir que les terribles cicatrices n’avaient ?pargn? ni ses bras, ni ses mains. ?a doit ?tre dur pour lui, de vivre avec ?a, se dit-elle. Mais qu’est-ce qu’il faisait l? dehors si tard un samedi soir ? ?tait-il venu au magasin plus t?t ? Si oui, un de ses employ?s avait d? s’occuper de lui. Elle ne s’?tait certainement pas attendue ? le voir lui ou qui que ce soit d’autre ici apr?s la fermeture. Mais il ?tait l?, ? la fixer et ? sourire. Qu’est-ce qu’il voulait ? Quoi que ce soit, cela signifiait que Hope allait devoir lui adresser la parole. Cela la d?rangeait. Cela allait ?tre dur de faire semblant de ne pas remarquer son visage. Se sentant nettement mal ? l’aise, Hope composa le code de l’alarme, sortit et verrouilla la porte d’entr?e. L’air chaud de la nuit lui fit du bien apr?s avoir ?t? enferm?e dans le magasin toute la journ?e avec des odeurs d?sagr?ables, notamment celle de l’engrais. Alors qu’elle commen?ait ? marcher vers l’homme, elle for?a un sourire et lui lan?a... — D?sol?e, nous sommes ferm?s. Il haussa les ?paules tout en continuant ? sourire et murmura quelque chose d’inaudible. Hope ?touffa un soupir. Elle voulait lui demander de parler plus fort. Mais elle se surprit ? ne rien vouloir lui dire qui ressemblerait ? un ordre ou m?me ? une demande polie. Elle avait irrationnellement peur de blesser ses sentiments. Son sourire s’?largit ? mesure qu’elle s’approchait de lui. Encore une fois, il dit quelque chose qu’elle ne put entendre. Elle s’arr?ta quelques m?tres devant lui. — Excusez-moi, mais nous sommes ferm?s pour la nuit, redit-elle. Il marmonna ? nouveau quelque chose d’inaudible. Elle secoua la t?te pour indiquer qu’elle ne pouvait pas l’entendre. Il parla juste un peu plus fort, et cette fois, elle comprit les mots... — J’ai un petit probl?me avec quelque chose. — Qu’est-ce que c’est ? lui demanda Hope. Il murmura autre chose qui ?tait inaudible. Peut-?tre qu’il veut rapporter quelque chose qu’il a achet? aujourd’hui, pensa-t-elle. La derni?re chose qu’elle voulait maintenant, c’?tait devoir d?verrouiller la porte et d?sactiver le syst?me d’alarme juste pour qu’elle puisse reprendre la marchandise et lui rendre son argent. — Si vous voulez rendre quoi que ce soit, vous devrez revenir demain, dit Hope. L’homme d?figur? marmonnait… — Non, mais… Puis il haussa les ?paules en silence, toujours souriant. Hope avait du mal ? maintenir son regard sur lui. Regarder directement son visage ?tait difficile. Et d’une certaine fa?on, elle sentit qu’il le savait. ? en juger par son sourire, il appr?ciait peut-?tre m?me. Elle r?prima un frisson ? la pens?e qu’il pourrait prendre plaisir ? l’inconfort qu’il provoquait chez les gens. Puis il dit un peu plus fort et distinctement... — Venez voir. Il montra du doigt son vieux pick-up, qui ?tait gar? pr?s de la bordure du trottoir, pas tr?s loin de l?. Puis il se retourna et commen?a ? marcher vers le v?hicule. Hope resta l? un moment. Elle ne voulait pas le suivre, et elle ne savait pas pourquoi elle devait s’emb?ter... Quoi que ce soit, ?a peut s?rement attendre demain. Mais elle ne pouvait pas se r?soudre ? faire demi-tour et partir. Une fois de plus, elle avait peur de lui para?tre grossi?re. Elle le suivit jusqu’? l’arri?re du camion. Il ouvrit le couvercle de la plate-forme du pick-up et elle vit une masse de barbel?s, ?tal?s en vrac et enchev?tr?s partout sur la plate-forme de la camionnette. Soudain, il la saisit par derri?re et lui mit un chiffon humide sur la bouche et le nez. Hope lui donna un coup de pied et essaya de se d?gager, mais il ?tait bien plus grand et plus fort qu’elle. Elle n’arrivait m?me pas ? se lib?rer du chiffon pour crier. Il ?tait imbib? d’un liquide ?pais dont l’odeur et le go?t ?taient horriblement sucr?s. Puis une ?trange sensation commen?a ? l’envahir. C’?tait un m?lange de vertige et d’exaltation, comme si elle ?tait sous l’emprise d’une sorte de drogue. Pendant quelques secondes, cette euphorie emp?cha Hope de comprendre qu’elle courait un grand danger. Puis elle essaya ? nouveau de lutter, mais r?alisa que ses membres ?taient devenus trop faibles et semblaient presque caoutchouteux. Quoi que l’homme essay?t de lui faire, elle ne pouvait pas le combattre. Se sentant d?sormais presque ? l’ext?rieur de son corps, elle se rendit compte qu’il la ramassait et la jetait ? l’arri?re de son camion au milieu de l’enchev?trement de barbel?s. Pendant tout ce temps, il tenait le chiffon serr? contre son visage, et elle n’avait d’autre choix que de respirer les vapeurs ?paisses. Hope Nelson ne prit que vaguement conscience des petites piqures lancinantes sur tout le corps alors qu’elle sombrait inexorablement et perdait lentement connaissance. CHAPITRE UN Alors qu’elle pr?parait deux steaks de faux-filet pour la grillade, Riley Sweeney se dit ? nouveau... Je veux que ce soir soit sp?cial. Elle et son fianc?, Ryan Paige, ?taient trop occup?s pour profiter de quoi que ce soit derni?rement. L’emploi du temps ?reintant de Riley dans le programme de stages du FBI et le nouveau travail de Ryan en tant qu’avocat d?butant avaient absorb? tout leur temps et leur ?nergie. Ryan avait m?me d? travailler de longues heures aujourd’hui, un samedi. Le 22e anniversaire de Riley ?tait pass? depuis presque deux semaines, et ils n’avaient pas eu d’occasion de le f?ter. Ryan lui avait offert un joli collier, et c’?tait ? peu pr?s tout ce qu’il y avait eu ; pas de f?te, pas de d?ner, pas de g?teau. Elle esp?rait que le d?ner sp?cial de ce soir l’aiderait ? se rattraper. D’ailleurs, c’?tait ? peu pr?s maintenant ou jamais pour ce d?ner tous les deux. Pas plus tard que la veille, Riley avait termin? son stage avec succ?s et demain, elle partirait pour l’Acad?mie du FBI ? Quantico, en Virginie. Ryan resterait ici ? Washington D.C. Bien que la distance qui les s?parerait ne repr?sentait qu’environ une heure en voiture ou en train, ils allaient tous les deux travailler tr?s dur. Elle n’?tait pas s?re de savoir quand Ryan et elle passeraient ? nouveau du temps ensemble. Suivant une recette d?taill?e, Riley finit d’assaisonner les steaks avec du sel, du poivre, de l’oignon en poudre, de la moutarde moulue, de l’origan s?ch? et du thym. Puis elle contempla le r?sultat de son labeur en cuisine. Elle avait pr?par? une belle salade, elle avait ?minc? des champignons pr?ts ? griller avec le steak, et deux pommes de terre ?taient d?j? en train de cuire dans le four. Dans le r?frig?rateur, cheesecake qu’elle avait achet? ?tait pr?t pour le dessert. La petite table de la cuisine ?tait joliment dress?e, avec un vase rempli de fleurs qu’elle avait trouv?es en faisant les courses. Une bouteille de vin rouge bon march? mais tr?s agr?able y attendait d’?tre ouverte. Riley regarda sa montre. Ryan avait dit qu’il serait ? la maison maintenant, et elle esp?rait qu’il ne tarderait pas. Elle ne voulait pas faire griller les steaks avant son arriv?e. En attendant, elle ne voyait rien d’autre ? faire pour l’instant. Elle avait pass? toute la journ?e ? laver le linge, ? nettoyer leur petit appartement, ? faire les courses et ? se charger des t?ches m?nag?res pour lesquelles elle avait rarement eu le temps depuis que Ryan et elle s’?taient install?s ensemble au d?but de l’?t?. Elle avait trouv? que c’?tait un bon changement par rapport ? ses ?tudes. Malgr? tout, elle ne pouvait s’emp?cher de se demander... C’est ? ?a que va ressembler notre vie conjugale ? Si elle atteignait son objectif de devenir un agent du FBI, est-ce qu’elle passerait vraiment de longues journ?es ? tout rendre parfait pour le moment o? Ryan rentrerait du travail ? Cela ne semblait que peu probable. Mais pour l’instant, Riley avait du mal ? imaginer cet avenir ; ou un avenir en particulier. Elle se laissa tomber dans le canap?. Elle ferma les yeux et r?alisa instantan?ment qu’elle ?tait ?puis?e. Ce dont nous avons tous les deux besoin, c’est de vacances, pensa-t-elle. Mais les vacances n’?taient pas au programme avant longtemps. Elle se sentit un peu somnolente et s’?tait presque assoupie lorsqu’un souvenir lui vint ? l’esprit.... Elle ?tait ligot?e par un fou portant un costume de clown et dont le visage ?tait grim?. Il lui tenait un miroir devant le visage et lui disait... — C’est fini maintenant. Jette un coup d’?il ! Elle vit qu’il avait maquill? son visage pour qu’elle aussi ait l’air d’un clown. Puis il exhiba une seringue devant elle. Elle savait que s’il lui injectait son contenu l?tal, elle mourrait de terreur... Les yeux de Riley se rouvrirent et un frisson parcourut son corps. Cela ne faisait que quelques mois qu’elle avait ?chapp? de justesse ? la mort des mains du fameux « Tueur de Clown ». Elle avait encore des flashbacks douloureux de son ?preuve. Alors qu’elle tentait de se d?barrasser de ce souvenir, elle entendit quelqu’un descendre les marches de l’immeuble jusqu’au couloir du sous-sol. Ryan ! Il est rentr? ! Elle sauta hors du canap? et v?rifia le four pour s’assurer qu’il ?tait ? sa temp?rature la plus ?lev?e. Puis elle ?teignit les lumi?res de l’appartement et alluma les bougies qu’elle avait dispos?es sur la table. Finalement, elle se pr?cipita vers la porte et trouva Ryan juste au moment o? il entrait. Elle le prit dans ses bras et l’embrassa. Mais il ne lui rendit pas son baiser, et elle sentit son corps s’affaisser de fatigue. Il regarda l’appartement ?clair? ? la lueur des bougies et souffla... — Riley, qu’est-ce qui se passe ? Le c?ur de Riley sembla sombrer. — Je pr?pare quelque chose de bon pour le d?ner, dit-elle. Ryan entra, d?posa sa serviette et s’effondra sur le canap?. — Tu n’aurais pas d? t’emb?ter, dit-il. ?a a ?t? une sacr?e journ?e. Et je n’ai pas tr?s faim. Riley s’assit ? c?t? de lui et lui frotta les ?paules. — Mais tout est pratiquement pr?t, r?pondit-elle. Tu n’as pas assez faim pour des faux-filets grill?s ? — Des faux-filets ? dit Ryan avec surprise. On peut se le permettre ? Luttant contre une vague d’irritation, Riley ne r?pondit pas. Elle s’occupait des finances du m?nage, et elle avait l’impression de tr?s bien savoir ce qu’ils pouvaient se permettre ou non. Sentant apparemment le d?sarroi de Riley, Ryan dit... — Je suis partant pour des faux-filets. Donne-moi juste un instant pour me laver. Ryan se leva et disparut dans la salle de bain. Riley se pr?cipita dans la cuisine, sortit les pommes de terre du four et se saisit des steaks pour les griller ? point. Ryan ?tait d?j? install? au moment o? elle amena leurs repas sur la table. Il leur avait vers? un verre de vin ? chacun. — Merci, dit Ryan en souriant faiblement. C’est sympa. Lorsqu’il coupa sa viande, il ajouta... — J’ai peur d’avoir ramen? du travail ? la maison. Je m’en occuperai apr?s le repas. Riley ?touffa un soupir de profonde d?ception. Elle esp?rait que leur d?ner se terminerait de fa?on plus romantique. Elle et Ryan mang?rent en silence pendant quelques instants. Puis Ryan commen?a ? se plaindre de sa journ?e... — Ce travail de novice, c’est pratiquement de l’esclavage. Nous devons faire le plus gros pour les associ?s ; la recherche, la r?daction de m?moires, nous assurer que tout est pr?t pour la salle d’audience. Et nous faisons de loin plus d’heures que les associ?s. C’est comme une sorte de bizutage de fraternit?, sauf que ?a ne s’arr?te jamais. — ?a va s’arranger, dit Riley. Puis elle for?a un rire et ajouta... — Un jour, tu seras toi aussi associ?. Et tu auras une ?quipe de novices qui rentreront chez eux pour se plaindre de toi. Ryan ne rit pas, et Riley ne pouvait pas lui en vouloir. Cela avait l’air d’une mauvaise blague maintenant qu’elle l’avait dit. Ryan n’arr?ta pas de grommeler pendant le d?ner, et Riley ne savait pas si elle se sentait plus bless?e ou en col?re. N’a-t-il pas appr?ci? l’effort qu’elle avait fait pour que tout soit aussi parfait qu’elle le pouvait ce soir ? Et n’a-t-il pas compris ? quel point leur vie ?tait sur le point de changer ? Quand Ryan se calma quelques instants, Riley dit... — Tu te rappelles, on se retrouve demain au FBI pour f?ter la fin du stage. Tu pourras venir, n’est-ce pas ? — J’ai bien peur que non, Riley. ?a va encore ?tre une semaine de sept jours. Riley faillit suffoquer. — Mais demain, c’est dimanche, dit-elle. Ryan haussa les ?paules. — Ouais, c’est bien ce que je disais : « travail d’esclave ». — ?coute, ?a ne va pas prendre toute la journ?e, ajouta Riley. Il y aura quelques discours ; le directeur adjoint et notre directeur de la formation voudront dire quelques mots. Et puis il y aura un buffet et... Ryan l’interrompit. — Riley, je suis d?sol?. — Mais je pars pour Quantico demain, juste apr?s. Je prends ma valise avec moi. Je pensais que tu me conduirais ? la gare routi?re. — Je ne peux pas, dit Ryan en haussant la voix. Tu devras te d?brouiller autrement. Ils mang?rent en silence pendant quelques instants. Riley avait du mal ? comprendre ce qui se passait. Pourquoi Ryan ne pouvait-il pas venir avec elle demain ? Cela ne lui prendrait que quelques heures de sa journ?e. Puis quelque chose commen?a ? ?merger en elle. — Tu ne veux toujours pas que j’aille ? Quantico, lui dit-elle. Ryan poussa un g?missement d’ennui. — Riley, ne recommen?ons pas, dit-il. Riley sentit son visage rougir de col?re. — C’est maintenant ou jamais, n’est-ce pas ? dit-elle. — Tu as pris ta d?cision, r?pondit-Ryan. Je l’ai pris pour d?finitive. Les yeux de Riley s’?carquill?rent. — Ma d?cision ? dit-elle. Je croyais que c’?tait notre d?cision. Ryan soupira. — Nous n’allons pas avoir cette conversation, dit-il. Finissons de manger, d’accord ? Riley ?tait assise l?, ? le regarder fixement pendant qu’il continuait ? manger son repas. Elle se surprit ? se demander... Et s’il avait raison ? Est-ce que je viens de nous entra?ner l?-dedans ? Elle repensa ? leurs conversations, essayant de se souvenir, essayant d’arranger les choses. Elle se souvenait ? quel point Ryan avait ?t? fier d’elle quand elle avait arr?t? le Tueur de Clown... « Tu as sauv? la vie d’au moins une femme. En r?solvant l’affaire, tu as peut-?tre sauv? d’autres vies. C’est de la folie. Je pense que tu es peut-?tre folle. Mais tu es aussi un h?ros. » ? l’?poque, elle pensait que c’?tait ce qu’il voulait ; qu’elle poursuive une carri?re au FBI, pour continuer ? ?tre un h?ros. Mais maintenant qu’elle y repensait, Riley ne se souvenait pas de lui pronon?ant ces mots pr?cis. Ryan ne lui avait jamais dit... « Je veux que tu ailles ? l’acad?mie. Je veux que tu poursuives ton r?ve. » Riley prit de longues et lentes respirations. Nous devons en discuter calmement, pensa-t-elle. Finalement, elle dit ... — Ryan, qu’est-ce que tu veux ? Pour nous, je veux dire ? Ryan inclina la t?te en la regardant. —Tu veux vraiment le savoir ? demanda-t-il. La gorge de Riley se serra brusquement. — Je veux le savoir, dit-elle. Dis-moi ce que tu veux. Un regard pein? traversa le visage de Ryan. Riley craignait ce qu’il allait dire ensuite. Finalement, il lui dit… — Je veux juste une famille. Puis il haussa les ?paules et mangea une autre bouch?e de steak. — C’est ce que je veux aussi, r?pondit Riley en sentant une lueur de soulagement. — Vraiment ? demanda Ryan. — Bien s?r que oui. Tu le sais bien. Ryan secoua la t?te. — Je ne suis pas s?r que tu saches ce que tu veux vraiment. Riley eut l’impression d’avoir re?u un coup de poing dans l’estomac. Pendant un moment, elle ne sut tout simplement pas quoi dire. — Tu ne crois pas que je peux avoir une carri?re et une famille ? finit-elle par dire. — Bien s?r que si, dit Ryan. Les femmes le font tout le temps de nos jours. ?a s’appelle « tout avoir », parait-il. C’est difficile et cela demande de la planification et des sacrifices, mais c’est faisable. Et j’adorerais t’aider ? faire tout ?a. Mais... Sa voix s’estompa. — Mais quoi ? demanda Riley. Il inspira profond?ment. — Peut-?tre que ce serait diff?rent si tu voulais devenir avocat, comme moi. Ou m?decin ou psy. Ou bosser dans l’immobilier. Ou cr?ez ta propre entreprise. Ou devenir professeur d’universit?. Je pourrais me projeter dans n’importe lequel de ces choix. Je pourrais m’y faire. Mais toute cette histoire ? propos de l’Acad?mie, tu vas ?tre ? Quantico pendant 18 semaines ! Combien de fois allons-nous nous voir pendant tout ce temps ? Tu penses qu’une relation peut survivre si longtemps sans ?tre ensemble ? Et en plus... Il soutint le regard de Riley pendant un moment. — Riley, ajouta Ryan, tu as failli ?tre tu?e deux fois depuis que je te connais. Riley eut la gorge serr?e. Il avait raison, bien s?r. Son dernier contact avec la mort avait ?t? entre les mains du Tueur de Clown. Avant cela, au cours de leur dernier semestre ? l’universit?, elle avait failli ?tre tu?e par un professeur de psychologie sociopathe qui attendait encore aujourd’hui son proc?s pour le meurtre de deux ?tudiantes. Riley connaissait ces deux filles. L’une d’elles avait ?t? sa meilleure amie et sa colocataire. L’aide de Riley dans la r?solution de cette horrible affaire de meurtre ?tait ce qui lui avait permis d’int?grer le programme de stages d’?t?, et c’?tait l’une des principales raisons pour lesquelles elle pensait devenir un agent du FBI. D’une voix ?touff?e, Riley dit… — Tu veux que j’arr?te ? Tu ne veux pas que je n’aille ? Quantico demain ? — Peu importe ce que je veux, lui r?pondit Ryan. Riley avait du mal ? contenir ses larmes ? pr?sent. — Si ?a importe, Ryan, dit-elle. C’est tr?s important. Ryan fixa son regard sur elle pendant ce qui sembla ?tre une ?ternit?. — Je crois que oui. Je veux que tu arr?tes, je veux dire. Je sais que tu as trouv? ?a excitant. ?a a ?t? une grande aventure pour toi. Mais il est temps pour nous deux de nous poser. Il est temps pour nous de continuer nos vraies vies. Riley eut soudain l’impression de vivre un cauchemar, mais elle ne pouvait pas se r?veiller. Nos vraies vies ! pensa-t-elle. Qu’est-ce que ?a voulait dire ? Et qu’est-ce que cela disait d’elle, qu’elle ne sache pas ce que cela voulait dire ? Elle ne savait qu’une seule chose avec certitude... Il ne veut pas que j’aille ? Quantico. — ?coute, dit Ryan, tu peux occuper toutes sortes d’emplois ici ? Washington. Et tu as beaucoup de temps pour r?fl?chir ? ce que tu veux faire ? long terme. En attendant, ?a n’a pas d’importance si tu gagnes beaucoup d’argent. On n’est pas riches avec ce que je gagne au cabinet, mais on s’en sort, et je finirai par bien m’en sortir, vraiment bien. Ryan recommen?a ? manger, l’air ?trangement soulag?, comme s’ils avaient tout r?gl?. Mais avaient-ils r?gl? quoi que ce soit ? Riley avait pass? tout l’?t? ? r?ver de l’Acad?mie du FBI. Elle ne pouvait pas s’imaginer abandonner ici et maintenant. Non, pensait-elle. Je ne peux pas faire ?a. Elle sentait maintenant la col?re monter en elle. — Je suis d?sol?e que tu le prennes comme ?a, dit-elle d’une voix tendue. Je ne changerai pas d’avis. Je vais ? Quantico demain. Ryan la regardait comme s’il n’en croyait pas ses oreilles. Riley se leva de table. — Profite du reste de ton repas. Il y a du cheesecake dans le r?frig?rateur. Je suis fatigu?e. Je vais prendre une douche et aller me coucher. Avant que Ryan ne puisse r?pondre, Riley se pr?cipita dans la salle de bains. Elle pleura quelques minutes, puis prit une longue douche chaude. Quand elle enfila ses pantoufles et son peignoir et qu’elle revint de la salle de bains, elle trouva Ryan assis dans la cuisine. Il avait d?barrass? la table et travaillait sur son ordinateur. Il ne leva pas les yeux. Riley alla dans la chambre ? coucher, se mit au lit et se remit ? pleurer. Alors qu’elle s’essuyait les yeux et se mouchait, elle se demanda... Pourquoi suis-je si en col?re ? Est-ce que Ryan a tort ? Est-ce que c’est de sa faute ? Ses pens?es ?taient si confuses qu’elle n’arrivait pas ? r?fl?chir. Et un terrible souvenir commen?a ? ?merger en elle ; se r?veiller dans ce lit avec une douleur aigu?, puis voir qu’elle ?tait tremp?e de sang... Ma fausse couche. Elle se retrouva ? se questionner ; ?tait-ce l’une des raisons pour lesquelles Ryan ne voulait pas qu’elle entre au FBI ? Elle avait ?t? tr?s stress?e par l’affaire du Tueur de Clown quand c’?tait arriv?. Mais le m?decin de l’h?pital lui avait assur? que le stress n’avait rien ? voir avec sa fausse couche. Au lieu de cela, elle avait dit que c’?tait d? ? des « anomalies chromosomiques ». Maintenant que Riley y repensait, ce terme la d?rangeait... Anomalies. Elle se demanda si elle ?tait anormale, au plus profond d’elle-m?me, l? o? cela comptait r?ellement ? ?tait-elle incapable d’avoir une relation durable, et encore moins une famille ? Alors qu’elle s’endormait, elle avait l’impression de ne savoir qu’une seule chose... Je vais ? Quantico demain. Elle s’endormit avant de pouvoir penser ? ce qui pourrait arriver apr?s cela. CHAPITRE DEUX L’homme ?tait ravi d’entendre le doux g?missement de la femme. Il savait qu’elle devait reprendre conscience. Oui, il pouvait voir que ses yeux s’?taient un peu ouverts. Elle ?tait allong?e sur le c?t? sur une table en bois brut dans la petite pi?ce qui avait un sol en terre battue, des murs en parpaings et un plafond bas en bois. Elle ?tait maintenue fermement en position f?tale, attach?e avec du ruban adh?sif. Ses jambes ?taient fortement pli?es et ?troitement li?es ? sa poitrine, et ses mains ?taient enroul?es autour de ses tibias. Sa t?te reposait sur ses genoux. Elle lui rappelait des photos qu’il avait vues de f?tus humains mais ?galement les embryons qu’il trouvait parfois lorsqu’il cassait un ?uf frais d’une des poules qu’il gardait. Elle avait l’air si douce et innocente, c’?tait plut?t touchant ? voir. La plupart du temps, bien s?r, elle lui rappelait l’autre femme ; Alice avait ?t? son nom, croyait-il. Il avait autrefois pens? qu’Alice serait la seule qu’il traiterait de cette fa?on, mais ensuite il avait appr?ci?... et il y avait si peu de plaisirs dans sa vie... comment pouvait-il s’arr?ter ? — ?a fait mal, murmura la femme, comme dans un r?ve. Pourquoi c’est si douloureux ? Il savait que c’?tait parce qu’elle ?tait couch?e dans un ?pais lit de barbel?s enchev?tr?s. Le sang coulait d?j? sur le dessus de la table, et il allait s’ajouter aux taches dans le bois brut. Non pas que cela ait de l’importance. La table ?tait plus vieille que lui, et il ?tait le seul ? l’avoir vue de toute fa?on. Il avait mal et saignait aussi. Il s’est coup? en la faisant monter dans le camion avec les barbel?s. Cela s’?tait r?v?l? plus difficile ? faire que ce ? quoi il s’attendait parce qu’elle s’?tait d?fendue avec plus de force que l’autre. Elle s’?tait d?battue pendant que le chloroforme maison commen?ait ? faire effet. Mais sa lutte s’?tait affaiblie et il avait fini par la maitriser compl?tement. Malgr? tout, il n’?tait pas tr?s g?n? d’?tre bless? par les barbel?s. Il savait par exp?rience que de telles coupures gu?rissaient assez rapidement, m?me si elles laissaient des cicatrices affreuses. Il se baissa et regarda de pr?s son visage. Ses yeux ?taient ouverts presque au-del? de l’humainement concevable. Son iris trembla quand elle le regarda ? nouveau. Elle essaye encore d’?viter de me regarder, se rendit-il compte. Tout le monde agissait ainsi envers lui, o? qu’il aille. Il ne bl?mait pas les gens d’essayer de pr?tendre qu’il ?tait invisible, ou qu’il n’existait pas du tout. Parfois, il se regardait dans le miroir et pr?tendait qu’il pouvait se faire dispara?tre. Puis la femme murmura ? nouveau... — ?a fait mal. En plus des coupures, il ?tait s?r que la forte dose de chloroforme maison lui faisait mal ? la t?te. Quand il avait pr?par? sa mixture pour la premi?re fois ici, il s’?tait presque ?vanoui, et il avait souffert d’un mal de t?te atroce des jours durant. Mais la pr?paration s’?tait r?v?l?e efficace, alors il avait continu? ? l’utiliser. D?sormais, il ?tait bien pr?par? pour ce qu’il allait faire ensuite. Il portait maintenant des gants de travail ?pais et une veste rembourr?e. Il n’allait plus se blesser pendant qu’il accomplirait son devoir. Il alla s’occuper de la masse de fil barbel? avec une pince coupante. Puis il tira une longueur serr?e autour du corps de la femme et en tordit les extr?mit?s en n?uds de fortune pour maintenir le fil en place. La femme poussa un g?missement strident et essaya de se lib?rer du ruban adh?sif pendant que les barbel?s lui d?chiraient la peau et les v?tements. Alors qu’il continuait ? travailler, il dit... — Tu n’as pas besoin de rester silencieuse. Tu peux crier si tu veux, si ?a peut aider. Il n’?tait apparemment pas inquiet que quelqu’un l’entende. Elle g?mit plus fort, et elle semblait essayer de crier, mais sa voix ?tait faible. Il gloussa doucement. Il savait qu’elle n’avait pas assez d’air dans ses poumons pour crier correctement ; pas avec ses jambes ligot?es ainsi contre sa poitrine. Il tira une autre longueur de fil barbel? autour d’elle et la tendit fermement, regardant le sang couler de l’endroit d’o? chaque pointe d?chirait sa chair sous ses v?tements, ruisselant ? travers le tissu, s’?tendant et faisant des taches beaucoup plus larges que la blessure elle-m?me. Il continua ? tirer les fils les uns apr?s les autres autour d’elle jusqu’? ce qu’elle soit ficel?e comme une esp?ce d’?norme cocon de fil de fer, ne ressemblant plus du tout ? un ?tre humain. Le baluchon m?tallique faisait toutes sortes de bruits ?tranges ; des soupirs, des hal?tements, des sanglots, des lamentations et des g?missements. Le sang coulait par-ci et giclait un peu par-l?, jusqu’? ce que le dessus de la table soit enti?rement baign? de rouge. Puis il prit du recul et admira son ?uvre. Il ?teignit le plafonnier et sortit dans la nuit, fermant la lourde porte en bois derri?re lui. Le ciel ?tait clair et ?toil?, et il n’entendait plus que le bourdonnement dense des grillons. Il prit une longue et lente bouff?e d’air pur et frais. La nuit semblait particuli?rement douce ? pr?sent. CHAPITRE TROIS Alors que Riley s’alignait avec les autres stagiaires pour leur derni?re photo officielle, elle entendit la porte de la salle de r?ception s’ouvrir. Son c?ur fit un bond, et elle se retourna dans l’expectative de voir qui arrivait. Mais ce n’?tait que Hoke Gilmer, le superviseur de formation du programme, qui revenait apr?s quelques minutes d’absence. Riley r?prima un soupir. Elle savait d?j? que l’agent Crivaro ne serait pas l? aujourd’hui. La veille, il l’avait f?licit?e d’avoir termin? le programme et avait dit qu’il voulait retourner ? Quantico. Il ?tait ?vident qu’il n’avait tout simplement aucun go?t pour les c?r?monies officielles ou les r?ceptions. Elle esp?rait secr?tement que Ryan viendrait ? l’improviste pour l’aider ? c?l?brer l’ach?vement du programme d’?t?. Bien s?r, elle n’imaginait pas s?rieusement que cela puisse arriver. Malgr? tout, elle ne pouvait s’emp?cher d’esp?rer qu’il changerait d’avis et qu’il arriverait ? la derni?re minute pour s’excuser de son comportement froid de la veille et finalement prononcer les mots qu’elle d?sirait l’entendre dire... — Je veux que tu ailles ? l’acad?mie. Je veux que tu poursuives ton r?ve. Mais bien s?r, cela n’allait pas arriver... Et plus vite je me ferai ? cette id?e, mieux ce sera. Les 20 stagiaires form?rent trois rang?es pour la photo ; une rang?e ?tait assise ? une longue table, avec deux rang?es derri?re elle. Comme les stagiaires ?taient class?s par ordre alphab?tique, Riley se retrouva dans la derni?re rang?e entre deux autres ?l?ves dont les noms de famille commen?aient par S : Naomi Strong et Rhys Seely. Elle ne connaissait pas tr?s bien Naomi ou Rhys. Mais c’?tait vrai pour presque tous les autres stagiaires. Elle ne se sentait pas ? sa place parmi eux depuis le premier jour du programme, 10 semaines auparavant. Le seul ?l?ve dont elle s’?tait rapproch?e pendant tout ce temps ?tait John Welch, qui se tenait quelques places ? sa gauche. D?s le premier jour, John avait expliqu? ? Riley pourquoi les autres lui lan?aient des regards ?tranges et chuchotaient ? son sujet... « Presque tout le monde ici sait qui tu es. Je suppose qu’on peut dire que ta r?putation t’a pr?c?d?e. » Apr?s tout, elle ?tait la seule stagiaire qui avait d?j? r?ellement v?cu ce que tout le monde appelait « l’exp?rience de terrain ». Riley poussa un autre soupir ? la pens?e de cette expression... « Exp?rience de terrain. » Cela lui paraissait saugrenu de penser ? ce qui s’?tait pass? ? l’Universit? de Lanton comme une « exp?rience de terrain ». Un cauchemar serait une meilleure d?finition. Elle ne serait jamais capable de se d?barrasser du souvenir de ses deux amies proches, toutes les deux la gorge tranch?e dans leurs dortoirs macul?s de sang. ? l’?poque, la derni?re chose qu’elle avait en t?te ?tait de se former avec le FBI. Elle s’?tait retrouv?e prise dans cette affaire parce qu’elle n’avait pas le choix ; et elle avait aid? ? la r?soudre, c’est pourquoi presque tout le monde ici savait qui elle ?tait depuis le tout premier jour. Et lorsque le programme d?marra, et que tous les autres ?l?ves commenc?rent ? s’initier ? l’informatique, ? la criminalistique et ? d’autres sujets moins passionnants, Riley avait traqu? le meurtrier « Tueur de Clown ». Ces deux affaires avaient ?t? traumatisantes et avaient mis sa vie en danger. Le fait d’avoir une « longueur d’avance » sur « l’exp?rience de terrain » ne l’avait gu?re rendue populaire aupr?s des autres stagiaires. En fait, leur ressentiment tacite ?tait palpable depuis le d?but. Et maintenant au moins certains d’entre eux l’enviaient d’avoir ?t? admise ? l’Acad?mie. Si seulement ils savaient ce que j’ai travers?, pensa-t-elle. Elle doutait qu’ils l’envieraient encore. Elle ressentait de l’horreur et de la culpabilit? en pensant ? ses deux amies assassin?es ? Lanton, et elle souhaitait pouvoir remonter le temps et emp?cher que cela n’arrive. Non seulement ses amies seraient encore en vie, mais sa propre vie serait compl?tement diff?rente en ce moment. Elle aurait un dipl?me en psychologie, un emploi banal et beaucoup d’incertitude sur ce qu’elle allait faire du reste de sa vie.... Et Ryan serait parfaitement heureux avec moi. Mais elle doutait que cela aurait pu la rendre heureuse. Elle ne s’?tait jamais sentie passionn?e par une carri?re jusqu’? ce que la possibilit? d’?tre agent du FBI ne se pr?sente, m?me si elle avait le sentiment que cette carri?re l’avait choisie, et non l’inverse. Lorsque les trois rang?es de stagiaires furent correctement positionn?es, Hoke Gilmer raconta une blague pour faire rire tout le monde pendant que le photographe prenait leur photo. Riley ne se sentait pas d’humeur joviale, alors la blague ne lui fit pas d’effet. Elle ?tait s?re que son sourire aurait l’air forc? et peu sinc?re. Elle ne se sentait pas non plus ? l’aise avec son pantalon, qu’elle avait achet? il y a des mois dans un magasin d’occasion. La plupart des autres stagiaires ?taient mieux lotis financi?rement qu’elle et nettement mieux habill?s. Elle n’avait aucune h?te de voir la photo qui avait ?t? prise. Puis le groupe se dispersa pour savourer les collations et les rafra?chissements dispos?s sur une autre table au milieu de la salle. Tout le monde se rassembla en groupes d’amis, et comme d’habitude, Riley se sentit isol?e. Elle remarqua que Natalie Embry s’accrochait ? Rollin Sloan, un stagiaire qui se dirigeait directement vers un emploi tr?s r?mun?rateur comme analyste de donn?es dans un grand bureau r?gional du Midwest. Riley entendit une voix ? ses c?t?s... — Eh bien, Natalie a vraiment eu ce qu’elle voulait, n’est-ce pas ? Riley se retourna et vit John Welch se tenant ? c?t? d’elle. Elle sourit. — Allons, John. Tu n’es pas un peu cynique ? John haussa les ?paules. — Tu penses que j’ai tort ? Riley regarda ? nouveau Natalie, qui montrait sa nouvelle bague de fian?ailles ? quelqu’un. — Non, je suppose que non, r?pondit Riley. Natalie montrait cette bague ? tout le monde depuis que Rollin l’avait pass?e ? son doigt quelques jours plus t?t. Cela avait ?t? un v?ritable tourbillon d’amour ; Rollin et elle ne se connaissaient m?me pas avant de s’inscrire au programme d’?t?. John poussa un faux soupir de compassion. — Pauvre Rollin, dit-il. L?-bas, pour la gr?ce de Dieu, je m’en vais. Riley rit ? haute voix. Elle savait exactement ce que John voulait dire. D?s le premier jour du programme, Natalie avait ?t? ? la recherche d’un fianc?. Elle avait m?me cibl? John jusqu’? ce qu’il dise clairement qu’il ne l’appr?ciait pas vraiment. Natalie s’?tait-elle un jour int?ress?e au programme ? Riley se le demanda. Apr?s tout, elle avait ?t? assez intelligente et assez d?gourdie pour ?tre accept?e dans le stage. Probablement pas, conclut-elle. Natalie semblait s’?tre inscrite au programme pour la m?me raison que certaines amies de Riley ?taient all?es ? l’universit? : pour se trouver un bon parti. Riley essaya d’imaginer une vie command?e par les priorit?s de Natalie. Les choses seraient certainement plus simples, du moins, les d?cisions seraient plus claires.... Trouver un homme, emm?nager dans une belle maison, avoir quelques b?b?s... Riley ne put s’emp?cher d’au moins envier la s?curit? de Natalie. Malgr? tout, Riley ?tait certaine qu’elle s’ennuierait ? mourir en menant une vie telle que celle-ci, et c’?tait exactement pourquoi les choses allaient mal entre Ryan et elle en ce moment. — Je suppose que tu iras directement ? Quantico quand ce sera fini, dit John. — Oui, r?pondit Riley. Je suppose que toi aussi, n’est-ce pas ? John hocha la t?te. Riley trouva excitant de penser que John et elle faisaient partie de la petite poign?e de stagiaires qui poursuivaient leurs ?tudes ? l’Acad?mie du FBI. La plupart des autres attendaient avec impatience d’autres possibilit?s. Certains allaient faire des ?tudes sup?rieures dans des domaines qui avaient suscit? leur int?r?t cet ?t?. D’autres commenceraient leurs nouvelles fonctions dans des laboratoires ou des bureaux ici m?me, dans l’immeuble Hoover, ou au si?ge social de l’Agence dans d’autres villes. Ils pouvaient commencer une carri?re au FBI comme informaticiens, analystes de donn?es, techniciens ; des postes qui offraient des heures r?guli?res et ne menaient pas ? des situations mettant leur vie en p?ril. Des emplois que Ryan approuverait, pensa Riley avec amertume. Riley faillit demander ? John comment il allait se rendre ? Quantico aujourd’hui. Mais bien entendu, elle savait qu’il allait s’y rendre dans sa luxueuse voiture. Riley envisagea bri?vement de lui demander de l’emmener. Apr?s tout, cela lui permettrait d’?conomiser l’argent du taxi et du billet de train. Mais elle ne pouvait pas se r?soudre ? faire cela. Elle ne voulait pas lui avouer que Ryan n’allait m?me pas la conduire ? la gare. John ?tait un type intelligent, et il sentait s?rement que les choses n’allaient pas bien entre Ryan et elle. Elle pr?f?rerait qu’il ne le sache pas, du moins pas pour l’instant. Tandis que John et elle continuaient ? bavarder, Riley ne put s’emp?cher de remarquer une fois de plus ? quel point il ?tait s?duisant, robuste et athl?tique, aux cheveux courts et boucl?s et au sourire agr?able. Il ?tait ais? et portait un costume haut de gamme, mais Riley ne lui en voulait pas pour sa richesse et ses privil?ges. Ses parents ?taient tous les deux d’?minents avocats de DC qui ?taient fortement impliqu?s dans la politique, et Riley admirait le choix de John d’une vie plus humble de d?vouement ? l’application de la loi. C’?tait un type bien, un vrai id?aliste, et elle l’aimait beaucoup. Ils avaient en fait travaill? ensemble pour r?soudre l’affaire du « Tueur de Clown », communiquant secr?tement avec ce tueur friand d’?nigmes pour le faire sortir de sa cachette. Se tenant pr?s de lui et appr?ciant son sourire et leur conversation, Riley se demanda comment leur amiti? pourrait ?voluer ? l’Acad?mie. Ils allaient certainement passer beaucoup de temps ensemble... Et je vais ?tre loin de Ryan... Elle se garda de laisser son imagination s’emballer. En effet, les probl?mes qu’elle avait avec Ryan n’?taient probablement que temporaires. Peut-?tre qu’ils n’avaient besoin que d’un peu de temps loin l’un de l’autre pour se rappeler pourquoi ils ?taient tomb?s amoureux en premier lieu. Finalement, les stagiaires finirent de manger et commenc?rent ? partir. John fit signe ? Riley en sortant, elle sourit et lui fit signe en retour. Toujours accroch?e ? Rollin, Natalie n’arr?tait pas de faire tourner sa bague jusqu’? avoir atteint la porte. Riley dit au revoir ? Hoke Gilmer, le superviseur de formation, et ? Marion Connor, directrice adjointe, qui avaient tous deux prononc? de brefs discours de f?licitations ? tout le groupe un peu plus t?t. Puis elle quitta la salle de r?ception et se rendit au vestiaire pour prendre sa valise. Elle se retrouva seule dans le grand vestiaire vide. Elle regarda autour d’elle avec nostalgie. Cette pi?ce ?tait l’endroit o? tous les stagiaires s’?taient r?unis pour des r?unions durant l’?t?. Elle doutait de ne jamais revenir ici. Le programme lui manquerait-il ? Elle n’?tait pas s?re. Elle avait beaucoup appris ici, et elle avait beaucoup appr?ci? son exp?rience de stagiaire. Mais elle savait qu’il ?tait temps pour elle de passer ? autre chose. Alors pourquoi je me sens triste ? se demanda-t-elle. Elle se rendit vite compte que c’?tait ? cause de la fa?on dont elle avait laiss? les choses avec Ryan. Elle se souvint de ses propre mots, durs, ? son ?gard la veille au soir avant de se coucher... « Profite du reste de ton repas. Il y a du g?teau au fromage dans le r?frig?rateur. Je suis fatigu?e. Je vais prendre une douche et aller me coucher. » Ils ne s’?taient plus adress? la parole depuis ce moment. Ryan s’?tait lev? et ?tait parti travailler avant m?me que Riley ne se r?veille ce matin. Elle aurait pr?f?r? ne pas lui avoir parl? comme ?a. Mais quel autre choix lui avait-il donn? ? Il n’avait pas montr? beaucoup de sensibilit? envers ses sentiments, ses espoirs et ses r?ves. Le poids de sa bague de fian?ailles lui semblait ?trange au doigt. Elle tint sa main devant son visage et l’observa. Alors que la modeste mais belle pierre pr?cieuse brillait sous le plafonnier fluorescent, elle se souvint du doux moment o? Ryan s’?tait agenouill? timidement pour lui demander sa main. Cela semblait ?tre il y a une ?ternit?. Et apr?s cette horrible s?paration, Riley se demandait : ?taient-ils toujours vraiment fianc?s ? Leur relation ?tait-elle termin?e ? Avaient-ils rompu sans le dire ? ?tait-il temps pour elle d’oublier Ryan, en m?me temps qu’elle s’appr?tait ? changer de vie ? Et Ryan ?tait-il pr?t ? passer ? autre chose ? Pendant un moment, elle se tenta avec l’id?e de ne pas prendre ce taxi et ce train pour Quantico, du moins pas pour l’instant. Peut-?tre que ?a ne lui ferait pas de mal d’avoir un jour de retard pour les cours. Peut-?tre qu’elle pourrait reparler ? Ryan quand il rentrera du travail. Peut-?tre qu’ils pourraient arranger les choses. Mais elle se rendit vite compte... Si je retourne ? l’appartement maintenant, je n’irai peut-?tre jamais ? Quantico. Elle fr?mit ? cette id?e. D’une certaine fa?on, elle savait que son destin l’attendait ? Quantico, et elle n’osait pas le manquer. C’est maintenant ou jamais, pensa-t-elle. Elle prit sa valise et sortit de l’immeuble, puis monta dans un taxi en direction de la gare. CHAPITRE QUATRE Guy Dafoe n’aimait pas particuli?rement se lever si t?t le matin. Mais au moins ces jours-ci, il travaillait dur pour s’occuper de son propre b?tail plut?t que des troupeaux qu’il g?rait auparavant pour d’autres propri?taires. Les t?ches matinales semblaient d?sormais en valoir la peine. Le soleil se levait, et il savait que ce serait une belle journ?e. Il aimait l’odeur des champs et les sons du b?tail. Il avait pass? des ann?es ? travailler dans de plus grands ranchs avec de plus grands troupeaux. Mais c’?tait sa propre terre, ses propres animaux. Et il nourrissait bien ces animaux, au lieu de les faire grossir artificiellement avec des c?r?ales et des hormones. C’?tait un gaspillage de ressources et le b?tail des cha?nes de production vivait des vies mis?rables. Il se sentait bien dans ce qu’il faisait. Il avait investi toutes ses ?conomies dans l’achat de cette ferme et de quelques bovins pour commencer. Il savait que c’?tait un gros risque, mais il croyait qu’il y avait un v?ritable avenir dans la vente de b?uf nourri naturellement. C’?tait un march? en pleine expansion. Les veaux d’un an ?taient regroup?s autour de l’?table, o? il les avait mis en cage la veille au soir afin de v?rifier leur sant? et leur d?veloppement. Ils l’observaient et meuglaient doucement, comme s’ils l’attendaient. Il ?tait fier de son petit troupeau de Black Angus, et il devait parfois r?sister ? la tentation de les aimer, comme s’il s’agissait d’animaux de compagnie. C’?taient des animaux destin?s ? l’alimentation, apr?s tout. Ce serait une mauvaise id?e de s’attacher ? chacun d’eux individuellement. Aujourd’hui, il voulait emmener les veaux d’un an en p?turage au bord de la route. Le champ dans lequel ils se trouvaient maintenant ?tait bient?t ? court de nourriture, et le pr? de l?gumineuses et d’herbe sur le bord de la route ?tait pr?t pour le p?turage. Alors qu’il ouvrit grand le portail, il remarqua quelque chose d’?trange de l’autre c?t? du p?turage. On aurait dit une sorte de ballot ou d’enchev?trement pr?s de la route. Il grogna ? haute voix... — Quoi que ce soit, ce n’est probablement pas bon. Il se glissa par l’ouverture et referma ? nouveau le portail, laissant les jeunes veaux l? o? ils ?taient. Il ne voulait pas les lib?rer dans le champ avant de d?couvrir ce qu’?tait cet ?trange objet. ? mesure qu’il parcourait le terrain, il devenait de plus en plus perplexe. On aurait dit une ?norme masse de barbel?s suspendue ? un poteau de cl?ture. Est-ce qu’un rouleau de ce truc avait rebondi du camion de quelqu’un et s’?tait retrouv? l? d’une fa?on ou d’une autre ? Mais plus il s’en approchait, plus il voyait que ce n’?tait pas un rouleau neuf. C’?tait un enchev?trement de vieux fils, tir?s dans toutes les directions. Cela n’avait aucun sens. Quand il atteignit cet enchev?trement et le regarda fixement, il se rendit compte qu’il y avait quelque chose ? l’int?rieur. Il se pencha, regarda de plus pr?s et sentit un froid glacial de terreur traverser soudain son corps. — Nom d’un chien ! cria-t-il, sautant en arri?re. Peut-?tre imaginait-il des choses. Il se for?a ? regarder ? nouveau. C’?tait bien l?, le visage d’une femme, p?le et bless?, d?form? par l’agonie. Il se saisit des barbel?s pour les arracher, mais s’arr?ta rapidement. ?a ne sert ? rien, r?alisa-t-il. Elle est morte. Il tituba jusqu’au poteau de cl?ture suivant, s’appuya dessus et fut pris d’un violent haut le c?ur. Ressaisis-toi, se dit-il. Il devait pr?venir la police sur le champ. Il s’?loigna en titubant et se mit ? courir en direction de sa maison. CHAPITRE CINQ L’agent sp?cial Jake Crivaro se raidit sur sa chaise lorsque son t?l?phone de bureau sonna. Les choses ?taient trop calmes ? Quantico depuis son retour la veille. Son instinct lui dit alors instantan?ment... C’est une nouvelle affaire. Comme il s’y attendait, d?s qu’il d?crocha le t?l?phone, il entendit la voix sonore de l’agent sp?cial en charge Erik Lehl .... — Crivaro, j’ai besoin de vous dans mon bureau imm?diatement. — Tout de suite, monsieur, dit Crivaro. Il raccrocha le t?l?phone et prit son sac d’intervention, qu’il gardait toujours ? port?e de main. L’agent Lehl ?tait encore plus laconique que d’habitude, ce qui signifiait s?rement une affaire urgente. Crivaro ?tait s?r qu’il partirait bient?t quelque part, probablement dans l’heure. Il sentit son c?ur s’acc?l?rer alors qu’il se pr?cipitait dans le couloir. C’?tait une bonne sensation. Apr?s un s?jour de 10 semaines en tant que mentor dans le cadre du programme de stages du FBI, il s’agissait d’un retour bienvenu ? la normalit?. Pendant les premiers jours du programme d’?t?, il avait ?t? entra?n? dans une affaire de meurtre, le c?l?bre « Tueur de Clown ». Apr?s cela, il s’?tait appliqu? ? ses fonctions plus mondaines de mentorat d’un seul des stagiaires, une gamine talentueuse mais exasp?rante nomm?e Riley Sweeney, qui s’?tait r?v?l?e ?tonnamment brillante en l’aidant dans cette affaire. Malgr? tout, le programme ?tait pass? trop lentement ? son go?t. Il n’avait pas l’habitude de passer une si longue p?riode loin du terrain. Lorsque Jake entra dans le bureau de Lehl, l’homme longiligne se leva de sa chaise pour l’accueillir. Erik Lehl ?tait si grand qu’il semblait ? peine tenir dans les endroits o? il se trouvait. Les autres agents disaient qu’il donnait l’impression de porter des ?chasses. Pour Jake, il semblait d’avantage fait d’?chasses ; un amonc?lement maladroitement assembl? de morceaux de bois qui, d’une certaine fa?on, ne semblaient jamais ?tre parfaitement coordonn?s dans leurs mouvements. Mais l’homme avait ?t? un agent de premier ordre et avait m?rit? son poste ? l’Unit? d’analyse comportementale du FBI. — Ne vous mettez pas trop ? l’aise, Crivaro, dit Lehl. Vous partez tout de suite. Ob?issant, Jake resta debout. Lehl regarda un dossier qu’il tenait et poussa un sinistre soupir. Jake avait depuis longtemps observ? la tendance de Lehl ? prendre chaque cas extr?mement au s?rieux ; m?me personnellement, comme s’il se sentait directement cibl? par toute sorte de criminalit? monstrueuse. Sans surprise, Jake ne put se souvenir d’avoir un jour vu Lehl de bonne humeur. Apr?s tout, .... Les monstres sont notre m?tier. Et Jake savait que Lehl ne l’affecterait pas ? cette affaire si elle n’?tait pas particuli?rement odieuse. Jake ?tait en quelque sorte un sp?cialiste des cas qui d?fiaient l’imagination humaine. Lehl remit le dossier ? Jake. — Nous avons une situation vraiment affreuse en Virginie-Occidentale. Jetez un coup d’?il. Jake ouvrit le dossier et vit une photo en noir et blanc d’un paquet bizarre maintenu ensemble par du ruban adh?sif et du fil barbel?. Le paquet ?tait suspendu contre un poteau de cl?ture. Jake mit un moment ? r?aliser que le paquet avait un visage et des mains, qu’il s’agissait en fait d’un ?tre humain et, selon toute vraisemblance d?c?d?. Jake inspira brusquement. M?me pour lui, c’?tait un spectacle particuli?rement effroyable. — La photo a ?t? prise il y a environ un mois, expliqua Lehl. Le corps d’une employ?e d’un salon de beaut?, Alice Gibson, a ?t? retrouv? ligot? avec des barbel?s et pendu ? un poteau de cl?ture sur une route rurale pr?s de Hyland, en Virginie-Occidentale. — Plut?t hardcore, dit Jake. Comment les flics locaux g?rent ?a ? — Ils ont un suspect en garde ? vue, dit Lehl. Les yeux de Jake s’?largirent avec surprise. — Alors, qu’est-ce qui en fait une affaire du FBI ? — Nous venons de recevoir un appel du chef de la police de Dighton, une ville pr?s de Hyland, r?pondit Lehl. Un autre cadavre empaquet? comme celui-ci a ?t? trouv? ce matin, pendu ? un poteau de cl?ture sur une route ? l’ext?rieur de la ville. Jake commen?ait ? comprendre. Le fait d’?tre en cellule au moment du second meurtre conf?rait au suspect le meilleur des alibis. ? pr?sent, il semblait bien qu’un tueur en s?rie ne faisait que commencer. — J’ai donn? l’ordre de pr?server la nouvelle sc?ne de crime, continua Lehl. Donc vous devrez y aller d?s que possible. Il faudrait quatre heures de route pour traverser les montagnes, alors un h?licopt?re vous attend sur la piste d’atterrissage. Jake s’appr?tait ? quitter le bureau quand Lehl ajouta... — Voulez-vous que je vous assigne un partenaire ? Jake se retourna et regarda Lehl. ? aucun moment il ne s’?tait attendu ? cette question. — Je n’ai pas besoin d’un partenaire, dit Jake. Mais j’aurai besoin d’une ?quipe m?dico-l?gale. Les flics de Virginie-Occidentale ne sauront pas comment obtenir une bonne lecture des lieux. Lehl hocha la t?te. — Je vais r?unir l’?quipe tout de suite. Ils partiront avec vous. Juste au moment o? Jake sortait, Lehl ajouta... — Agent Crivaro, t?t ou tard, vous aurez besoin d’un autre partenaire r?gulier. Jake haussa les ?paules avec embarras. — Si vous le dites, monsieur. — Oui, je le dis, l?cha Lehl avec un l?ger grognement. Il est temps pour vous d’apprendre ? mieux vous comporter avec les autres. Jake le regarda avec surprise. Il ?tait rare que le taciturne Erik Lehl dise le moindre mot narquois. J’imagine qu’il le pense vraiment, r?alisa Jake. Sans un mot de plus, Jake quitta le bureau et emprunta les couloirs ? travers l’immeuble. Alors qu’il marchait ? toute allure, il r?fl?chit ? ce que Lehl lui avait dit au sujet d’un nouveau partenaire. Jake ?tait connu pour ?tre difficile ? vivre sur le terrain. Mais il ne pensait vraiment pas qu’il rendait la vie dure ? qui que ce soit ? moins que ce ne soit m?rit?. Son dernier partenaire, Gus Bollinger, l’avait certainement m?rit?. Il avait ?t? vir? pour avoir ?tal? les empreintes digitales sur un ?l?ment de preuve vital dans l’affaire dite « Le tueur ? la pochette d’allumettes ». Par cons?quent, l’affaire avait ?t? class?e ; et il n’y avait pas grand-chose que Jake d?testait plus que les affaires non r?solues. Sur l’affaire du « Tueur de Clown », Jake avait travaill? avec un agent de Washington nomm? Mark McCune. McCune n’avait pas ?t? aussi mauvais que Bollinger, mais il avait fait des erreurs stupides et avait une trop haute opinion de lui-m?me au go?t de Jake. Jake ?tait heureux que leur partenariat n’ait ?t? que temporaire et que McCune soit rest? ? Washington. Alors qu’il montait sur le tarmac o? l’h?licopt?re l’attendait, il pensa ? quelqu’un d’autre avec qui il avait travaill? r?cemment... Riley Sweeney. Il avait ?t? impressionn? par elle d?s le moment o?, encore ?tudiante en psychologie, elle l’avait aid? ? r?soudre une affaire de meurtre en s?rie ? l’Universit? de Lanton. Lorsqu’elle avait obtenu son dipl?me, il avait fait jouer ses relations et s’?tait attir? les foudres de certains de ses coll?gues pour qu’elle s’inscrive au programme de stages avec sp?cialisation. Allant ? l’encontre de ses propres habitudes, il l’avait enr?l?e pour l’aider dans l’affaire du Tueur de Clown. Elle avait fait un travail vraiment brillant. Elle avait aussi fait des erreurs scandaleuses. Et elle ?tait encore loin de savoir ob?ir aux ordres, mais il n’avait connu qu’une poign?e d’agents, m?me aguerris, avec de si puissantes intuitions. Lui-m?me en faisant partie. Alors que Jake se penchait sous les pales de l’h?lice en mouvement et montait ? bord de l’h?licopt?re, il vit l’?quipe m?dico-l?gale de quatre hommes traverser l’aire de d?collage au trot. Puis les l?gistes mont?rent dans l’h?licopt?re, qui prit son envol. Cela semblait idiot de penser ? Riley Sweeney en ce moment. Quantico ?tait une ?norme base, et m?me si elle ?tait ? l’Acad?mie du FBI, il ?tait peu probable que leurs chemins se croisent ? nouveau. Jake ouvrit le dossier pour lire le rapport de police. * Apr?s que l’h?licopt?re eut franchi les cha?nes de montagnes des Appalaches, il survola des prairies vallonn?es parsem?es de bovins Black Angus. Pendant que l’h?licopt?re descendait, Jake put voir les v?hicules de police qui bloquaient un tron?on de route en gravier pour tenir les curieux ?loign?s de la sc?ne du crime. L’h?licopt?re se posa dans un p?turage. Jake et l’?quipe m?dico-l?gale sortirent de l’habitacle et se dirig?rent vers un petit groupe de personnes en uniforme et plusieurs v?hicules officiels. Les flics et l’?quipe du m?decin l?giste se tenaient des deux c?t?s d’une cl?ture de barbel?s qui longeait la route au bord du p?turage. Jake aper?ut ce qui ressemblait ? un ballot de fil de fer accroch? ? un poteau de cl?ture. Un homme petit et robuste de la taille et de la corpulence de Jake s’avan?a pour l’accueillir. — Je suis Graham Messenger, le chef de la police de Dighton, dit-il en serrant la main de Jake. Nous avons eu notre lot d’incidents assez horribles, du moins pour ici. Laissez-moi vous montrer. Le chef mena le chemin jusqu’? un poteau de cl?ture et, bien s?r, un paquet bizarre ?tait suspendu au poteau, le tout tenu ensemble avec du ruban adh?sif et du fil barbel?. Encore une fois, Jake put voir un visage et des mains indiquant que le paquet ?tait en fait un ?tre humain. — Je suppose que vous savez d?j? pour Alice Gibson, dit Messenger. La premi?re victime pr?s de Hyland. On dirait que c’est encore la m?me chose. Cette fois, la victime est Hope Nelson. — A-t-elle ?t? port?e disparue avant que le corps ne soit retrouv? ? demanda Crivaro. — Oui, j’en ai bien peur, r?pondit Messenger en montrant du doigt un homme d’?ge moyen ? l’air stup?fait, debout pr?s d’un des v?hicules. Hope ?tait mari?e ? Mason Nelson, le maire de la ville. Elle travaillait dans leur magasin de fournitures agricoles hier soir, mais elle n’est pas rentr?e. Mason m’a appel? au milieu de la nuit, semblant plut?t alarm?. Le chef de la police haussa les ?paules avec un air coupable. — J’ai l’habitude que des gens disparaissent pendant un moment, puis r?apparaissent. J’ai dit ? Mason que je m’en occuperais aujourd’hui si elle ne r?apparaissait pas. Je n’imaginais pas... La voix de Messenger s’?vanouit. Puis il soupira, secoua la t?te et ajouta... — Les Nelson poss?dent beaucoup de propri?t?s ? Dighton. Ils ont toujours ?t? des gens bons et respectables. La pauvre Hope ne m?ritait pas ?a. Mais bon, personne ne le m?riterait. Un autre homme s’approcha d’eux. Il avait un visage long et ?g?, des cheveux blancs et une moustache touffue ? l’ancienne. Messenger le pr?senta comme ?tant Hamish Cross, le m?decin l?giste en chef du comt?. M?chonnant un brin d’herbe, Cross semblait d?tendu et ? peine curieux de ce qui se passait. — Vous avez d?j? vu quelque chose comme ?a ? demanda-t-il ? Jake. Jake ne r?pondit pas. La r?ponse, bien s?r, ?tait non. Jake s’approcha de la masse de barbel?s et l’examina de pr?s. — Je suppose que vous avez travaill? sur le meurtre pr?c?dent, dit-il ? Cross. Cross hocha la t?te et s’abaissa ? c?t? de Jake en faisant tournoyer l’herbe dans sa bouche. — C’est exact, dit Cross. Et celui-ci est presque identique. Elle n’est pas morte ici, c’est certain. Elle a ?t? enlev?e, ligot?e d’abord avec du ruban adh?sif et ensuite avec du fil de fer barbel?, et saign?e lentement ? mort. Soit ?a, soit elle a d’abord suffoqu?. Attach?e comme ?a, elle n’aurait presque pas pu respirer. Tout ?a s’est pass? ailleurs, il n’y a aucun signe de saignement ici. Jake pouvait voir que le visage et les mains ?taient presque aussi blancs que du papier et qu’ils brillaient sous le soleil de la fin de la matin?e comme des morceaux de porcelaine. La femme n’avait plus du tout l’air r?elle aux yeux de Jake, mais ressemblait plut?t ? une sorte de sculpture grotesque et malsaine. Quelques mouches s’?taient rassembl?es autour du corps. Elles continu?rent ? se poser, ? errer, puis ? s’envoler de nouveau. Elles semblaient ne pas savoir quoi faire de cet objet myst?rieux. — Qui a trouv? le corps ? demanda Jake en se levant. Comme pour lui r?pondre, Jake entendit la voix d’un homme qui criait... — Qu’est-ce qui se passe ici ? Combien de temps ?a va encore durer ? Jake se retourna et vit un homme aux cheveux longs et ? la barbe peu soign?e s’approcher d’eux. Il avait l’air d’avoir les yeux fous de col?re, et sa voix tremblait et s’?levait. — Quand est-ce que vous enlevez cette… cette chose ? cria-t-il. ?a m’ennuie ?norm?ment. J’ai d? garder mon b?tail dans un p?turage surp?tur? ? cause de tout ?a. J’ai beaucoup de travail aujourd’hui. Combien de temps ?a va encore prendre ? Jake se tourna vers Hamish Cross et dit tranquillement... — Vous pouvez emmener le corps quand vous le voulez. Cross hocha la t?te et donna des ordres ? son ?quipe. Puis il emmena l’homme en col?re et lui parla tranquillement, le calmant apparemment. Le chef Messenger expliqua ? Jake... — C’est Guy Dafoe, le propri?taire. C’est un agriculteur biologique, notre hippie local, je suppose qu’on peut dire ?a comme ?a. Il n’est pas l? depuis tr?s longtemps. Il s’av?re que cette r?gion est propice ? l’?levage de bovins biologiques nourris ? l’herbe. L’agriculture biologique a ?t? un v?ritable stimulant pour l’?conomie locale. Le portable du chef sonna et il prit l’appel. Il ?couta un moment, puis dit ? Jake... — C’est Dave Tallhamer, le sh?rif de Hyland. Vous avez peut-?tre entendu dire qu’il y a un suspect en garde ? vue pour le premier meurtre, Philip Cardin. C’est l’ex-mari de la victime, et un mauvais gars qui n’avait pas d’alibi ? l’?poque. Tallhamer ?tait persuad? qu’il ?tait coupable. Mais je suppose que ce nouveau meurtre change les choses, n’est-ce pas ? Dave veut savoir s’il doit le laisser partir. Jake r?fl?chit un moment, puis dit... — Pas avant d’avoir eu l’occasion de lui parler. Le chef Messenger plissa les yeux curieusement. — Hum, le fait d’?tre enferm? dans une cellule de prison quand cette femme a ?t? tu?e ne lui permet-il pas de s’en tirer ? Jake ?touffa un soupir d’impatience. Il r?p?ta simplement : — Je veux lui parler. Messenger hocha la t?te et reprit l’appel avec le sh?rif. Jake ne voulait pas entrer dans une explication pour l’instant. La v?rit?, c’?tait qu’il ne savait rien du tout sur le suspect actuellement en d?tention, ni m?me pourquoi il ?tait un suspect. Pour ce qu’en savait Jake, Philip Cardin pourrait avoir un partenaire qui avait commis ce nouveau meurtre, ou bien... Dieu seul sait ce qui se passe. ? ce stade de l’enqu?te, il y avait toujours des milliers de questions et aucune r?ponse. Jake esp?rait que cela changerait d’ici peu. Pendant que Messenger continuait ? parler au t?l?phone, Jake s’approcha du mari de la victime, qui ?tait appuy? contre une voiture de police ? fixer le vide. — M. Nelson, lui dit Jake. Toutes mes condol?ances. Je suis l’agent sp?cial Jake Crivaro, et je suis ici pour aider ? traduire en justice l’assassin de votre femme. Nelson hocha ? peine la t?te, comme s’il avait ? peine remarqu? qu’il lui avait parl?. — M. Nelson, dit Jake d’une voix ferme, avez-vous une id?e de qui aurait pu faire ?a ? Ou pourquoi ? Nelson le regarda d’un air hagard. — Quoi ? dit-il. Puis il r?p?ta... Non, non, non. Jake savait qu’il ?tait inutile de lui poser d’autres questions, du moins pas maintenant. Il ?tait clairement dans un profond ?tat de choc. Cela n’avait rien de surprenant. Non seulement sa femme ?tait morte, mais la fa?on dont elle avait ?t? tu?e ?tait particuli?rement sordide. Jake retourna sur la sc?ne de crime, o? son ?quipe m?dico-l?gale ?tait d?j? au travail. Il regarda tout autour de lui, notant ? quel point l’endroit semblait isol?. Au moins, il n’y avait pas une foule de curieux dans les parages... Et jusqu’? pr?sent, aucun signe des m?dias. Mais ? ce moment-l?, il entendit le bruit d’un autre h?licopt?re. Il regarda autour de lui et vit qu’un h?licopt?re du journal t?l?vis? descendait vers la prairie. Jake soupira profond?ment et r?fl?chit... Cette affaire va ?tre compliqu?e. CHAPITRE SIX Riley ressentit un fourmillement d’enthousiasme lorsque le conf?rencier se pr?senta devant les quelque 200 recrues. L’homme avait l’air tout droit sorti d’une autre ?poque, avec les minces revers de sa veste, sa cravate noire ?troite et sa coupe ? la mode. Il rappelait ? Riley les photos qu’elle avait vues des astronautes des ann?es 1960. Tandis qu’il fouillait parmi ses notes, puis regardait son auditoire, elle attendait ses mots de bienvenue et d’?loges. Lane Swanson, le directeur de l’Acad?mie, commen?a ? peu pr?s comme elle s’y attendait... — Je sais que vous avez tous travaill? dur pour vous pr?parer ? cette journ?e. Il ajouta avec un sourire en coin... — Eh bien, laissez-moi vous dire que vous n’?tes pas pr?t. Aucun d’entre vous. Un soupir audible passa dans l’auditorium et Swanson s’arr?ta pour laisser ses mots faire leur effet. Puis il poursuivit : — C’est l’essence m?me de ce programme de 20 semaines ; vous pr?parer autant que possible ? votre carri?re au sein du FBI. Et une partie de cette formation consiste ? connaitre les limites de ce que vous pouvez apprendre, faire face ? l’impr?vu, apprendre ? r?agir sur le vif. Rappelez-vous toujours que l’Acad?mie du FBI s’appelle « West Point for Law Enforcement » pour de bonnes raisons. Nos crit?res sont ?lev?s. Vous n’allez pas tous vous y arriver. Mais ceux d’entre vous qui le feront seront aussi pr?par?s que possible pour les t?ches qui vous attendent. Riley s’accrochait ? chacun de ses mots lorsque Swanson mentionna les normes de l’Acad?mie en mati?re de s?curit?, d’esprit de corps, de coh?sion, de responsabilit? et de discipline. Il parla ensuite des cours rigoureux du programme d’?tudes, allant du droit et de l’?thique ? l’interrogatoire et ? la collecte de preuves. Riley se sentait de plus en plus anxieuse ? chacune de ses paroles alors qu’elle r?alisa... Je ne suis plus une simple stagiaire. Le programme d’?t? ressemblait ? une sorte de camp de vacances pour adolescents par rapport ? ce ? quoi elle ?tait maintenant confront?e. ?tait-elle d?sesp?r?ment d?pass?e ? ?tait-ce une mauvaise id?e ? Un d?tail la fit se sentir comme une enfant quand elle regarda autour d’elle toutes les autres recrues assises. Presque personne ici n’avait son ?ge. Elle sentait par les visages qui l’entouraient que presque tout le monde ici avait d?j? au moins autant d’exp?rience ? son actif, et certains d’entre eux beaucoup plus. La plupart avaient plus de 23 ans et certains semblaient sur le point d’atteindre l’?ge maximum de 37 ans pour le recrutement. Elle savait qu’ils venaient de toutes sortes de milieux et de domaines de travail. Nombre d’entre eux avaient ?t? policiers et beaucoup d’autres avaient servi dans l’arm?e. Certains avaient travaill? comme enseignants, avocats, scientifiques, hommes d’affaires et dans de nombreuses autres professions ? un moment ou ? un autre. Mais ils avaient tous une chose en commun : un engagement ferme ? passer le reste de leur vie ? servir dans les forces de l’ordre. Seules quelques-uns d’entre eux venaient tout juste de sortir du programme de stages. John Welch, qui ?tait assis quelques rangs devant elle, ?tait l’un d’eux. Comme Riley, il avait ?t? exempt? de la r?gle selon laquelle toutes les recrues devaient avoir au moins trois ans d’exp?rience ? temps plein dans les forces de l’ordre pour entrer ? l’Acad?mie. Swanson termina son discours... — J’ai h?te de serrer la main de ceux d’entre vous qui r?ussiront ici ? Quantico. Ce jour-l?, vous serez asserment? par le directeur du FBI, Bill Cormack lui-m?me. Bonne chance ? vous tous. Puis il ajouta d’un rire s?v?re : — Et maintenant, au travail ! Un instructeur prit la place de Swanson sur le podium et commen?a ? appeler les noms des recrues, les « NATs », qui signifiait « New Agents in Training ». Quand les NATs r?pondaient ? leurs noms, l’instructeur leur assignait des groupes plus petits qui allaient prendre leurs cours ensemble. Alors qu’elle attendait impatiemment que son nom soit appel?, Riley se souvint ? quel point les choses avaient ?t? p?nibles lorsqu’elle ?tait arriv?e ici la veille. Apr?s son arriv?e, elle avait fait la queue, rempli des formulaires, achet? un uniforme et obtenu son assignation de chambre de dortoir. La journ?e d’aujourd’hui allait s’av?rer bien diff?rente. Elle sentit un picotement lorsqu’elle entendit le nom de John Welch appel? pour un groupe pour lequel elle n’avait pas ?t? choisie. Elle pensait qu’il serait peut-?tre utile d’avoir un ami ? ses c?t?s sur qui compter et comme soutient pour les difficiles semaines ? venir. D’un autre c?t?, elle se dit... C’est peut-?tre mieux comme ?a. ?tant donn? ses sentiments quelque peu confus au sujet de John, sa pr?sence pourrait s’av?rer ?tre une distraction. Riley fut finalement soulag?e, cependant, de se retrouver dans le m?me groupe que Francine Dow, la colocataire qu’on lui avait assign?e la veille. Frankie, comme elle pr?f?rait qu’on l’appelle, ?tait plus ?g?e que Riley, peut-?tre presque 30 ans ; une rouquine pleine d’entrain dont les traits rougis laissaient entendre qu’elle avait d?j? beaucoup v?cu dans la vie. Riley et Frankie ne se connaissaient pas du tout. La veille, elles avaient ? peine eu le temps de d?faire leurs bagages et de s’installer dans leur petite chambre de dortoir, et elles ?taient parties chacune de leur c?t? pour le petit d?jeuner. Finalement, le groupe de NATs de Riley fut convoqu? dans le couloir par l’agent Marty Glick, l’instructeur du groupe. Glick avait l’air d’avoir la trentaine. Il ?tait grand et avait la musculature d’un footballeur, et une expression s?rieuse et impassible sur le visage. Il dit au groupe... — Vous avez une grosse journ?e devant vous. Mais avant de commencer, il y a quelque chose que je veux vous montrer. Glick les mena dans le hall d’entr?e principal, une pi?ce ?norme avec un sceau du FBI au milieu de son sol en marbre, une ?norme plaque en bronze sur un mur avec une bande noire au travers. Riley ?tait pass?e par ici quand elle ?tait arriv?e, et elle savait qu’on l’appelait le « Hall of Honor ». C’?tait un endroit solennel o? les agents du FBI tomb?s en service ?taient comm?mor?s. Glick les emmena ? un mur avec deux expositions de portraits et de noms. Entre les pr?sentoirs se trouvait une plaque encadr?e sur laquelle on pouvait lire... Les dipl?m?s de l’Acad?mie nationale qui ont ?t? tu?s dans l’exercice de leurs fonctions en cons?quence directe d’une action adverse. De petites hal?tements pass?rent ? travers le groupe lorsqu’ils d?couvrirent le sanctuaire. Glick resta silencieux un instant, il laissait simplement l’impact ?motionnel les mots de la plaque se faire sentir. Finalement, il dit, presque ? voix basse... — Ne les laissez pas tomber. Tandis qu’il emmenait le groupe de NATs pour commencer leurs activit?s de la journ?e, Riley jeta un coup d’?il par-dessus son ?paule aux portraits sur le mur. Elle ne put s’emp?cher de se demander... Ma photo sera-t-elle l? un jour ? Bien s?r, il n’y avait aucun moyen de le savoir. Tout ce dont elle ?tait s?re, c’?tait que les jours ? venir lui apporteraient des d?fis qu’elle n’avait jamais rencontr?s auparavant dans sa vie. Elle se sentit boulevers?e par un nouveau sens des responsabilit?s envers ces agents martyrs. Je ne peux pas les laisser tomber, pensa-t-elle. CHAPITRE SEPT Jake conduisait le v?hicule emprunt? ? la h?te le long d’un r?seau de routes en gravier de Dighton vers la ville de Hyland. Le chef Messenger lui avait pr?t? la voiture pour que Jake puisse partir avant l’atterrissage de l’h?licopt?re des m?dias. Il n’avait aucune id?e de ce qui l’attendait ? Hyland, mais il ?tait satisfait d’avoir ?chapp? ? ces nuisibles. Il d?testait ?tre harass? par des journalistes qui lui posaient des questions auxquelles il ne pouvait pas r?pondre. Il n’y avait pas grand-chose que les m?dias appr?ciaient d’avantage que les crimes sensationnels dans des paysages bucoliques et ?loign?s. Le fait que la victime ?tait la femme d’un maire rendait certainement l’histoire d’autant plus irr?sistible pour eux. Il conduisait la fen?tre ouverte, profitant de l’air frais de la campagne. Messenger lui avait annot? une carte, et Jake appr?ciait la ballade tranquille sur les routes de campagne. L’homme qu’il allait interroger n’irait nulle part avant son arriv?e. Bien s?r, le suspect de la prison de Hyland n’avait peut-?tre rien ? voir avec les deux meurtres. Il ?tait en d?tention au moment de la mort de la seconde victime. Non pas que cela prouve son innocence, pensa Jake. Il y avait toujours la possibilit? qu’une ?quipe de deux tueurs ou plus soit au travail. Hope Nelson avait pu ?tre la victime d’un imitateur, s’inspirant du meurtre d’Alice Gibson. Rien de tel ne surprendrait Jake. Il avait travaill? sur des affaires plus ?tranges au cours de sa longue carri?re. Lorsque Jake arriva ? Hyland, la premi?re chose qu’il remarqua fut ? quel point la ville paraissait petite et endormie ; beaucoup plus petite que Dighton, avec sa population d’environ mille habitants. Le panneau qu’il venait de passer indiquait que seulement 200 personnes vivaient ici. A peine plus grand qu’un lieu-dit, pensa Jake. Le poste de police n’?tait qu’une vitrine de plus dans la petite rue commer?ante. Alors qu’il se garait le long du trottoir, Jake vit un homme ob?se en uniforme adoss? dans le chambranle de la porte, comme s’il n’avait rien d’autre ? faire. Jake sortit de la voiture. Alors qu’il se dirigeait vers le poste de police, il remarqua que le gros flic fixait quelqu’un de l’autre c?t? de la rue. C’?tait un homme portant une veste m?dicale blanche, se tenant simplement l?, les bras crois?s. Jake eut l’?trange impression que ces deux-l? se regardaient en silence depuis un bon moment. De quoi s’agit-il ? se demanda-t-il. Il s’approcha de l’homme en uniforme dans l’entr?e et lui montra son insigne. L’homme se pr?senta comme ?tant le sh?rif David Tallhamer. Il m?chait une chique de tabac. — Entrez, dit-il ? Jake d’un ton ennuy?, venez que je vous pr?sente notre invit?, Phil Cardin qu’il s’appelle. Alors que Tallhamer ouvrit le chemin vers l’int?rieur, Jake jeta un coup d’?il en arri?re et vit que l’homme ? manteau blanc ne bougeait pas de sa place. Une fois dans le poste de police, Tallhamer pr?senta Jake ? un adjoint qui ?tait assis les pieds sur un bureau en train de lire un journal. L’adjoint fit un signe de t?te ? Jake et retourna ? sa lecture. Le petit poste semblait satur? d’un ?trange sentiment d’ennui. Si Jake ne l’avait pas d?j? su, il n’aurait jamais devin? que ces deux flics blas?s avaient eu affaire ? un meurtre horrible. Tallhamer conduisit Jake ? travers une porte ? l’arri?re du bureau qui menait ? la prison. La prison n’?tait compos?e que de deux cellules se faisant face ? travers un ?troit couloir. Elles ?taient toutes les deux occup?es en ce moment. Dans une cellule, un homme v?tu d’un costume de ville ?tait ?tendu sur son lit et ronflait bruyamment. En face, un homme ? l’air renfrogn?, v?tu d’un jean et d’un t-shirt, ?tait assis sur sa couchette. Tallhamer sortit ses cl?s et ouvrit la cellule du prisonnier assis. — Tu as de la visite, Phil. Un authentique agent du FBI qu’il a dit. Jake entra dans la cellule tandis que Tallhamer se tenait juste ? l’ext?rieur, gardant la porte de la cellule ouverte. Phil Cardin plissa les yeux sur Jake. — FBI, hein ? Peut-?tre que vous pourriez apprendre ? l’adjoint Dawg comment faire son putain de boulot. Je n’ai tu? personne, encore moins mon ex-femme. Si c’?tait le cas, je serais le premier ? m’en vanter. Alors laissez-moi sortir d’ici. Est-ce que quelqu’un lui a parl? de l’autre meurtre ? se demanda Jake. Jake avait l’impression que Cardin ignorait tout ? ce sujet. Il se dit qu’il valait mieux que les choses restent ainsi, du moins pour l’instant. — J’ai quelques questions, M. Cardin, dit Jake. Souhaitez-vous la pr?sence d’un avocat ? Cardin gloussa et pointa du doigt l’homme endormi dans la cellule oppos?e. — Il est d?j? pr?sent, ? sa mani?re, dit Cardin. Puis il cria en direction de l’homme... — H?, Ozzie. Desso?le un peu, tu veux ! J’ai besoin d’un avocat. Assure-toi que mes droits ne soient pas viol?s. Bien que je suppose qu’il soit un peu tard pour ?a, esp?ce d’enfoir? d’ivrogne incomp?tent. L’homme au costume froiss? se releva et se frotta les yeux. — Pourquoi tu cries comme ?a, bon sang ? grommela-t-il. Tu ne vois pas que j’essaie de dormir un peu ? Bon Dieu, j’ai une putain de migraine. Jake en fut bouche b?e. Le gros sh?rif se mit ? rire de son ?vidente surprise. — Agent Crivaro, dit Tallhamer, j’aimerais vous pr?senter Oswald Hines, le seul avocat de la ville. De temps en temps, il est appel? ? la d?fense publique. Comme par hasard, il a ?t? arr?t? il y a quelque temps pour ivresse et trouble ? l’ordre public, alors il est ici, ? port?e de main. Non pas que ce soit un ?v?nement inhabituel. Oswald Hines toussa et grogna. — Ouais, je suppose que c’est vrai, dit-il. C’est un peu ma maison loin de chez moi, ou plut?t un second bureau, pourrait-on dire. Dans des moments comme maintenant, c’est un endroit pratique. Je d?testerais avoir ? marcher ailleurs, dans l’?tat ou je suis en ce moment. Hines prit une longue et lente respiration, fixant les autres d’un regard voil?. Puis il dit ? Jake : — ?coutez, agent, quel que soit votre nom. En tant qu’avocat de la d?fense de cet homme, je dois insister pour que vous le laissiez tranquille. On lui pose trop de questions depuis une semaine. En fait, il est d?tenu sans raison. — En fait, ajouta-t-il en baillant, j’esp?rais qu’il serait d?j? parti. Il vaudrait mieux qu’il ne soit plus ici la prochaine fois que je me r?veille. L’avocat commen?a ? s’allonger quand le sh?rif dit... — Reste avec nous, Ozzie. Tu as du travail ? faire. Je vais te chercher une tasse de caf?. Tu veux que je te laisse sortir de ta cellule pour que tu puisses ?tre plus proche de ton client ? — Non, je suis bien ici, dit Ozzie. D?p?che-toi avec ce caf?. Tu sais comment je le prends. En riant, le sh?rif Tallhamer dit : — C’est comment d?j? ? — Dans une sorte de tasse, grogna Ozzie. Vas-y. Maintenant. Tallhamer retourna au bureau. Jake resta devant la cellule, ? fixer le prisonnier un moment. — M. Cardin, dit finalement Jake, je crois savoir que vous n’avez pas d’alibi pour l’heure du meurtre de votre ex-femme. Cardin haussa les ?paules. — Je ne sais pas o? on est all? p?cher cette id?e. J’?tais ? la maison. Je me suis fait des surgel?s, j’ai regard? la t?l? toute la soir?e, puis j’ai dormi le reste de la nuit. Je n’?tais pas pr?s de l’endroit o? c’est arriv?, o? que ce soit. — Quelqu’un peut corroborer ?a ? dit Jake. — Non, dit Cardin en souriant, mais personne ne peut corroborer le contraire non plus, n’est-ce pas ? En observant l’expression sournoise de Cardin, Jake se demanda... Est-il coupable et se moque-t-il de moi ? Ou ne comprend-il tout simplement pas la gravit? de sa situation ? — Comment ?tait votre relation avec votre ex-femme au moment du meurtre ? demanda Jake. L’avocat cria vivement... — Phil, ne r?ponds pas ? cette question. Cardin regarda l’autre cellule. — Oh, la ferme, Ozzie. Je ne vais rien lui dire que je n’ai pas d?j? dit au sh?rif cent fois. ?a ne changera rien de toute fa?on. Puis en regardant Jake, Cardin dit d’un ton sarcastique... — Les choses allaient tr?s bien entre Alice et moi. Notre divorce ?tait parfaitement amiable. Je n’aurais pas touch? un cheveu de sa jolie petite t?te. Le sh?rif venait de revenir et donna une tasse de caf? ? l’avocat. — Amicalement, mon cul, dit le sh?rif ? Cardin. Le jour de son assassinat, tu es all? brailler dans le salon de beaut? o? elle travaillait, criant devant sa client?le qu’elle avait ruin? ta vie, que tu la d?testais et que tu voulais sa mort. C’est pour ?a que tu es l?. Jake mit ses mains dans ses poches. — Voulez-vous me dire de quoi il s’agissait ? Les l?vres de Cardin se tordirent dans une expression de col?re sauvage. — C’?tait la v?rit?, c’est qu’elle a ruin? ma vie, je veux dire. Je n’ai pas eu de chance depuis que cette salope m’a jet? dehors et a ?pous? ce foutu docteur. Ce jour-l?, j’ai ?t? vir? de mon travail de cuisinier au resto de Mick. — Et c’?tait sa faute ? demanda Jake. Cardin fixa Jake droit dans les yeux et dit, les dents serr?es... — Tout est de sa faute. Jake sentit un frisson au son de la haine dans sa voix. Ce gars n’assume rien, pensa-t-il. Jake avait eu affaire ? plus que sa part de tueurs qui ne pouvaient accepter la responsabilit? de tout ce qui allait mal dans leur vie. Jake savait que le ressentiment ardent de Cardin n’?tait pas une preuve de sa culpabilit?. Mais il pouvait certainement comprendre pourquoi Cardin avait ?t? arr?t? en premier lieu. Pourtant, Jake savait que le garder en d?tention ?tait un autre probl?me, maintenant qu’il y avait eu un autre meurtre. D’apr?s ce que Messenger avait dit ? Jake ? Dighton, il n’y avait aucune preuve mat?rielle reliant Cardin au crime. Les seuls soup?ons provenaient d’une histoire de comportement mena?ant, en particulier la r?cente sc?ne dans le salon de beaut? o? Alice avait travaill?. Tout ?tait circonstanciel... A moins qu’il ne dise quelque chose d’incriminant ici et maintenant. — Vous n’avez pas vraiment l’air d’un ex-mari endeuill?, dit Jake ? Cardin. Cardin grogna. — Peut-?tre que je le serais si Alice ne m’avait pas fait tant de mal. Pass? tout notre mariage ? me dire ? quel point j’?tais un loser ; comme si ce crapaud qu’elle a attrap? ?tait une sorte d’am?lioration. Je n’?tais pas un loser avant qu’elle ne divorce. C’est seulement une fois seul que les choses ont commenc? ? mal tourner. Ce n’est pas juste... Jake ?coutait Cardin se plaindre de son ex. Son amertume ?tait palpable, tout comme son chagrin d’amour. Jake suspectait que Cardin n’avait jamais cess? d’aimer Alice, ou du moins de la d?sirer. Une partie de lui avait toujours gard? l’espoir vain qu’ils se remettraient ensemble. Cependant, son amour pour elle ?tait manifestement maladif, malsain et obsessionnel ; pas du tout de l’amour, dans le bon sens du terme. Jake avait rencontr? beaucoup de meurtriers qui avaient ?t? motiv?s par ce qu’ils appelaient l’amour. Cardin s’arr?ta un moment pour cesser de fulminer, puis dit... — Dites-moi, c’est vrai qu’ils l’ont trouv?e envelopp?e dans du fil de fer barbel? ? Secouant la t?te avec un sourire, il ajouta .... — Mec, c’est... c’est cr?atif. Jake sentit une l?g?re secousse ? ces mots. Que voulait dire Cardin, exactement ? Admirait-il le travail de quelqu’un d’autre ? Ou bien jubilait-il sournoisement de sa propre ing?niosit? ? Jake pensa que le moment ?tait venu d’essayer de le faire parler de l’autre meurtre. Si Cardin avait un complice qui avait tu? Hope Nelson, Jake pourrait peut-?tre le faire avouer. Mais il savait qu’il devait ?tre prudent. — M. Cardin, connaissiez-vous une femme nomm?e Hope Nelson ? Dighton ? Cardin se gratta la t?te et dit... — Nelson.... le nom m’est familier. C’est pas la femme du maire ? Se penchant contre les barreaux ? l’ext?rieur de la cellule, le sh?rif Tallhamer grogna et dit... — Elle est morte, voil? ce qu’elle est. Jake combattit un g?missement de d?couragement. Il n’avait pas pr?vu de r?v?ler la v?rit? ? Cardin d’une mani?re aussi directe. Il esp?rait prendre son temps, essayant de savoir s’il savait d?j? ce qui ?tait arriv? ? Hope Nelson. L’avocat dans l’autre cellule se leva d’un bond. — Morte ? hurla-t-il. Qu’est-ce que tu racontes ? Tallhamer cracha du tabac sur le sol en b?ton. — Elle a ?t? assassin?e hier soir, exactement de la m?me fa?on qu’Alice a ?t? tu?e. Pendue ? un poteau de cl?ture, enroul?e dans du barbel?. Tout ? coup, semblant parfaitement sobre, Ozzie aboya : — Alors, pourquoi diable tu gardes mon client ? Ne me dit pas que tu penses qu’il a tu? une autre femme hier soir alors qu’il ?tait enferm? ici. Les espoirs de Jake s’?croul?rent. Sa tactique avait ?t? g?ch?e, et il savait que toute autre question serait probablement inutile. N?anmoins, il demanda de nouveau ? Cardin : — Connaissiez-vous Hope Nelson ? — Je ne viens pas de vous dire que non ? dit Cardin avec une note de surprise. Mais Jake ne savait pas si sa surprise ?tait spontan?e ou s’il faisait semblant. Ozzie prit les barreaux de sa cellule. — Vous feriez mieux de rel?cher mon client, ou vous risquez un proc?s d’enfer ! cria-t-il. Jake ?touffa un soupir. Ozzie avait raison, bien s?r, mais... Il a choisi le bon moment pour devenir comp?tent tout ? coup. — Laissez partir Cardin, dit Jake en se tournant vers Tallhamer. Mais surveillez-le de pr?s. Tallhamer demanda ? son adjoint d’apporter les affaires de Cardin. Alors que le sh?rif ouvrait la cellule pour que Cardin puisse partir, il se tourna vers Ozzie et dit... — Tu veux y aller aussi ? Ozzie b?illa et s’allongea sur sa couchette. — Non, j’ai eu une assez bonne journ?e de travail. J’aimerais bien me rendormir, tant que tu n’as pas besoin de la cellule pour quelqu’un d’autre. — Comme tu voudras, dit Tallhamer en souriant. Alors que Jake sortait du poste de police avec Tallhamer et Cardin, il remarqua que l’homme ? manteau blanc se tenait toujours de l’autre c?t? de la rue exactement au m?me endroit qu’avant. Soudain, l’homme se mit en mouvement, traversant la rue ? grand pas en direction d’eux. Tallhamer grogna tranquillement ? Jake... — Ennuis en approche. CHAPITRE HUIT Jake scruta l’homme qui se pr?cipitait vers eux juste ? l’ext?rieur du poste de police. Il pouvait voir de l’indignation dans le visage et l’attitude de l’homme, mais il ne la sentit pas dirig?e contre lui. Et il savait que Tallhamer ne se pr?parait pas pour de l’action. Pendant ce temps, Cardin avait tourn? et se d?p?chait de s’?loigner rapidement le long du trottoir. L’homme en col?re se pr?cipita sur Tallhamer. Agitant un bras dans la direction o? ?tait parti Cardin, il cria... — J’exige que tu ram?nes ce salaud en cellule ! Apparemment insensible ? la col?re de l’homme, le sh?rif Tallhamer pr?senta calmement Jake ? Earl Gibson, le seul m?decin de la ville et le mari d’Alice Gibson. Jake s’avan?a pour serrer la main et pr?senter ses condol?ances, mais les bras du m?decin tournoyaient encore en rond alors qu’il criait sur Tallhamer. Il nota que le Dr Gibson ?tait un homme remarquablement peu attrayant avec un visage fortement gr?l? que l’afflux de fureur n’arrangeait pas. Il se souvint de Cardin le d?crivant comme « ce crapaud qu’elle a attrap? ». En effet, Cardin ?tait relativement s?duisant en comparaison. Jake se dit que Earl Gibson devait avoir des vertus qui avaient attir? la morte malgr? son apparence. Apr?s tout, Gibson ?tait m?decin, et l’ex d’Alice n’?tait rien de plus qu’un cuisinier rat?... Probablement un choix assez facile dans une ville avec aussi peu d’options. La col?re de Gibson ne fit que redoubler lorsqu’il d?couvrit qui ?tait Jake. — Le FBI ! Qu’est-ce que le FBI a ? voir ou ? faire ici ? Vous avez d?j? attrap? l’assassin de ma femme. Vous l’aviez enferm?. Il n’y a pas un jury au monde qui ne le d?clarerait pas coupable. Et maintenant vous le laissez filer ! Le sh?rif Tallhamer remua les pieds et parla d’un ton patient, presque condescendant... — Earl, on en a parl? tout ? l’heure, n’est-ce pas ? — Oui, nous l’avons fait, dit le Dr Gibson. Et c’est pour ?a que je suis rest? ici, ? attendre. Je devais voir ?a de mes yeux. Je voulais l’emp?cher. — Nous devons le laisser partir, et tu le sais, dit Tallhamer. Une autre femme a ?t? assassin?e hier soir ? Dighton, de la m?me mani?re qu’Alice. Je peux me porter garant de l’endroit o? se trouvait Phil Cardin hier soir, et il n’?tait certainement pas pr?s de Dighton. Il n’a pas tu? cette femme, et maintenant nous n’avons aucune raison de penser qu’il a tu? Alice non plus. — Aucune raison ! r?p?ta Gibson, crachant de rage. Il l’a menac?e de mort ce jour-l?. Et ne m’insultez pas avec toutes ces absurdit?s sur la victime de Dighton, et comment Phil Cardin n’a pas pu la tuer. Nous savons tous les deux qu’il y a un suspect parfaitement plausible pour l’autre meurtre. L’int?r?t de Jake fut soudainement piqu?. — Un suspect plausible ? demanda-t-il. — Tu ne lui as rien dit, hein ? dit Gibson, se moquant du sh?rif Tallhamer. — me dire de quoi ? demanda Jake. — ? propos du fr?re de Phil Cardin, Harvey, dit Gibson ? Jake. Il prend le parti de Phil en tout. Il a menac? Alice aussi. Il l’appelait pour lui dire que Phil et lui allaient se venger. Il l’a appel?e le jour m?me de sa mort. Et o? qu’il ait ?t? hier soir, il n’?tait pas enferm? en cellule. C’est lui qui a tu? cette femme ? Dighton. Je parierais ma vie dessus. Jake fut vraiment surpris par cette d?claration. — Pourquoi pensez-vous qu’il tuerait quelqu’un dans une autre ville ? demanda Jake ? Gibson. — Vous voulez dire son mobile ? r?pondit le docteur. Peut-?tre qu’il avait quelque chose de personnel contre cette femme. Il erre beaucoup dans l’?tat, alors peut-?tre qu’il a eu affaire ? elle d’une quelconque mani?re, puis a suivi l’exemple de son fr?re. Mais je pense qu’il l’a probablement fait pour prot?ger son fr?re, pour faire croire aux gens qu’il n’a pas tu? Alice. — Earl, soupira Tallhamer, nous en avons aussi parl? il y a peu de temps, n’est-ce pas ? On conna?t Harvey Cardin depuis toujours. Il voyage parce qu’il est plombier itin?rant. Il a des mots durs de temps en temps, mais il n’est pas comme son fr?re. Il ne ferait jamais de mal ? une mouche, encore moins tuer quelqu’un d’une fa?on aussi horrible. Le cerveau de Jake se mit en action, essayant d’assimiler ce qu’il entendait. Il aurait aim? que Tallhamer lui ait parl? de Harvey Cardin d?s le d?but. Les flics des petites villes, pensait-il. Certains d’entre eux sont tellement s?rs de tout savoir sur tout le monde dans leur district qu’ils peuvent rater ce qui est important. — Je veux parler ? Harvey Cardin, finit-il par dire au sh?rif Tallhamer. Le sh?rif haussa les ?paules comme s’il consid?rait cela comme une perte de temps. — Si c’est ce que vous voulez, dit-il. Harvey habite ? quelques rues d’ici. Je vous-y emm?nerai. Quand Jake commen?a ? marcher avec le sh?rif, il remarqua que Gibson les suivait. La derni?re chose dont Jake avait besoin en ce moment, c’?tait d’un veuf en deuil et en col?re s’immis?ant dans l’interrogatoire d’un suspect possible. — Dr Gibson, le sh?rif et moi devons travailler seuls, dit-il avec autant de d?licatesse que possible. Gibson ouvrit la bouche pour protester, Jake ajouta... — J’aurai besoin de vous interroger dans un petit moment. O? puis-je vous trouver ? Gibson se tut un instant. — Je serai dans mon cabinet, dit Gibson. Le sh?rif peut vous dire o? il est. Gibson se retourna et s’?loigna d’un pas d?cid?. Jake et Tallhamer march?rent la courte distance jusqu’? une petite maison blanche o? vivait Harvey Cardin. C’?tait un cottage d?labr? avec une pelouse sauvage. Tallhamer frappa ? la porte d’entr?e. Quand personne ne r?pondit, il frappa ? nouveau, et il n’y eut toujours pas de r?ponse. — Il est probablement parti, dit Tallhamer, peut-?tre pour travailler dans une autre ville. On le trouvera une autre fois. Jake ne voulait pas attendre « une autre fois ». Il regarda ? travers une des vitres de la porte d’entr?e. Il put voir des meubles simples et ?pur?s, mais pas grand-chose d’autre ? l’int?rieur ; certainement pas de touches personnelles au d?cor. Cela ressemblait ? un endroit lou? meubl?, mais il n’y avait aucun signe que quelqu’un y vivait. Jake devina que Harvey Cardin n’?tait pas l?, c’?tait certain... Mais reviendra-t-il un jour ? Ses pens?es furent interrompues par la voix d’un homme ? c?t?... — Puis-je vous aider, sh?rif ? Jake se retourna et vit un homme debout dans la cour. — Ce type du FBI et moi cherchons Harvey Cardin, lui dit Tallhamer. — Aucune chance que vous le trouviez ici, r?pondit l’homme en secouant la t?te, je ne pense pas. Je l’ai vu charger son camion il y a une semaine, juste apr?s que son fr?re ait ?t? arr?t? pour avoir tu? Alice Gibson. On aurait dit qu’il prenait tout ce qu’il avait, non pas qu’il y en avait beaucoup au d?part. Je lui ai demand? o? il allait, et il m’a r?pondu : « N’importe o? loin de Hyland. J’en ai assez de cette foutue ville. » Jake sentit une vague d’inqui?tude. Ce suspect potentiel avait d?j? disparu. — Allez, dit Jake ? Tallhamer. Allons parler ? des gens. * Jake et le sh?rif Tallhamer pass?rent le reste de la journ?e ? mener des interrogatoires st?riles, en commen?ant par le quartier o? Harvey Cardin avait v?cu. Tout ce que les autres voisins de Harvey savaient, c’est qu’ils ne l’avaient pas vu depuis qu’il ?tait parti des semaines auparavant. Ils n’eurent pas plus de chance avec les amis et connaissances d’Alice. Les coll?gues f?minines d’Alice au salon de beaut? avaient convenu que Phil Cardin y avait fait une sc?ne terrible et effrayante la veille du jour o? Alice avait ?t? tu?e. Lorsque Jake et Tallhamer s’arr?t?rent au « Mick’s Diner », le propri?taire dit que Phil Cardin s’?tait fait virer de son travail de cuisinier pour toute une s?rie de raisons : quand il venait c’?tait parfois ivre, et quelquefois pour se battre avec d’autres employ?s. Aucun d’eux ne savait o? pouvait se trouver Harvey, le fr?re de Phil. Finalement, Jake et le sh?rif pass?rent au cabinet m?dical d’Earl Gibson. Le m?decin ?tait encore bouillonnant au sujet de la lib?ration de Phil Cardin, et ?tait encore plus furieux d’apprendre que Harvey avait disparu. Jake r?ussit ? le calmer suffisamment pour lui poser quelques questions, mais Gibson n’?tait pas en mesure de leur apprendre qui d’autre aurait pu vouloir tuer sa femme. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=43692367&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.