«ß õî÷ó áûòü ñ òîáîé, ÿ õî÷ó ñòàòü ïîñëåäíåé òâîåþ, ×òîáû, êðîìå ìåíÿ, íèêîãî òû íå ñìîã ïîëþáèòü. Çàìåíþ òåáå âñåõ è ðàññòðîþ ëþáûå çàòåè, ×òîá íå ñìîã òû ñ äðóãîþ ìåíÿ õîòü íà ìèã ïîçàáûòü». Ëó÷øå á òû íè÷åãî ìíå òîãäà íå ñêàçàëà, Ìîæåò, ÿ á íèêîãäà íå ðàññòàëñÿ ñ òîáîé. Òû ïëîõóþ óñëóãó îáîèì òîãäà îêàçàëà: ß ñâîáîäó ëþáëþ, è îñòàëñÿ çàòåì ñà

Pi?g?e

Pi?g?e Blake Pierce Les Enqu?tes de Riley Page #13 Un chef-d’?uvre de thriller et de roman policier. Pierce a fait un travail formidable en d?veloppant des personnages avec un c?t? psychologique, si bien d?crits que nous nous sentons dans leurs esprits, suivons leurs peurs et applaudissons leur succ?s. L’intrigue est tr?s intelligente et vous gardera occup?s le long du livre. Plein de rebondissements, ce livre vous gardera ?veill?s jusqu’? avoir tourn? la derni?re page. – Books and movie Review, Roberto Mattos (? propos de Sans Laisser de Traces) Pi?g?e est le tome 13 de la s?rie bestseller des Enqu?tes de Riley Paige, qui commence avec le tome 1 Sans Laisser de Traces – en t?l?chargement gratuit, et plus de 1000 notes ? cinq ?toiles ! Dans ce thriller psychologique noir, un riche ?poux est retrouv? mort, et son ?pouse, victime de violences, est mise en examen pour ce crime. Elle appelle Riley ? l’aide – et pourtant il semble clair qu’elle est coupable. Mais quand un autre mari riche et violent d?c?de, le FBI est appel?, et l’agent sp?cial Riley Paige s’interroge : tout ceci est-il une co?ncidence ? Ou cela pourrait-il ?tre l’?uvre d’un tueur en s?rie ?Il s’ensuit un jeu du chat et de la souris, alors que Riley Paige r?alise qu’elle affronte un tueur brillant et impr?dictible, sans r?el mobile – et d?termin? ? continuer ? tuer jusqu’? son arrestation. Thriller plein d’action, au suspens palpitant, Pi?g?e est le tome 13 d’une nouvelle s?rie captivante – avec un nouveau personnage attachant – qui vous poussera ? tourner les pages jusqu’au bout de la nuit. Le tome 14 de la s?rie Les Enqu?tes de Riley Paige sera bient?t disponible. P I ? G ? E (LES ENQUETES DE RILEY PAIGE – TOME 13) B L A K E P I E R C E Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie bestseller les ENQU?TES DE RILEY PAGE, qui compte dix tomes (et ce n’est pas fini). Blake Pierce est aussi l’auteur des s?ries d’enqu?tes de MACKENZIE WHITE, qui compte six romans (et se poursuit), les enqu?tes d’AVERY BLACK, avec six tomes, et la nouvelle s?rie KERI LOCKE, avec quatre livres (d’autres ? venir). Lecteur avide et fan depuis toujours de polars et de thrillers, Blake adore recevoir de vos nouvelles. N’h?sitez pas ? visiter son site internet www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com/) pour en savoir plus et rester en contact ! Copyright © 2018 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi des ?tats-Unis sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l’autorisation pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre seule jouissance personnelle. 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PAR BLAKE PIERCE LE COMMENCEMENT DE RILEY PAIGE OBSERVER (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) LES ENQU?TES DE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Tome 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Tome 2) AVANT QU’IL NE D?SIRE (Tome 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Tome 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Tome 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Tome 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Tome 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Tome 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Tome 9) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQU?TES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#u147de9a8-c6d3-5178-8398-425c92c988d8) CHAPITRE UN (#ub29fd94d-65ab-5ab4-b149-08ae9f61cd45) CHAPITRE DEUX (#u7be178f8-f80e-5c29-9f66-60322e24d90e) CHAPITRE TROIS (#uabe0fac0-0075-5d94-a4ce-ea802458858d) CHAPITRE QUATRE (#u296b351d-3c41-503e-a044-7e81e38a1416) CHAPITRE CINQ (#u86113a29-f233-5a16-84f3-91caf86ab9f8) CHAPITRE SIX (#udd8ffbc3-fe0d-5126-aa1c-cde9685a6dd8) CHAPITRE SEPT (#u11132f8b-188b-5c4c-ac59-898096fd9462) CHAPITRE HUIT (#u1581ca98-ba2b-5823-a0fe-d68c21e61a7a) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-SEPT (#litres_trial_promo) PROLOGUE Morgan Farrell n’avait aucune id?e d’o? elle ?tait ni d’o? elle ?tait arriv?e. Elle avait l’impression de sortir d’un brouillard ?pais et profond. Quelque chose ou quelqu’un se tenait juste devant elle. Elle se pencha en avant et regarda le visage d’une femme qui la d?visageait en retour. La femme avait l’air aussi perdue et confuse que Morgan. « Qui ?tes-vous ? » demanda-t-elle ? la femme. Le visage pronon?a les mots ? l’unisson avec elle, puis Morgan r?alisa… Mon reflet. Elle regardait son propre visage dans un miroir. Elle se sentit stupide de ne pas s’?tre reconnue tout de suite, mais pas compl?tement surprise. Mon reflet. Elle savait qu’elle ?tait en train de contempler son propre visage dans un miroir, mais c’?tait comme regarder une ?trang?re. C’?tait le visage qu’elle avait toujours eu, le visage que les gens qualifiaient d’?l?gant et beau. Pour le moment, il lui semblait artificiel. Le visage dans le miroir n’avait pas l’air tr?s… vivant. Pendant quelques instants, Morgan se demanda si elle ?tait morte. Mais elle pouvait sentir sa respiration l?g?rement irr?guli?re. Elle sentit son c?ur battre un peu vite. Non, elle n’?tait pas morte. Mais elle semblait ?tre perdue. Elle essaya de reprendre ses esprits. O? suis-je ? Qu’est-ce que je faisais avant d’arriver ici ? Aussi ?trange que cela puisse para?tre, c’?tait un probl?me familier. Ce n’?tait pas la premi?re fois qu’elle se retrouvait dans une partie de la grande maison sans savoir comment elle ?tait arriv?e l?. Ses ?pisodes de somnambulisme ?taient caus?s par les multiples calmants prescrits par le m?decin, ainsi que par l’exc?s de scotch. Morgan ne savait qu’une chose – Andrew ferait mieux de ne pas la voir dans son ?tat actuel. Elle n’?tait pas maquill?e et ses cheveux ?taient en d?sordre. Elle leva une main pour repousser une m?che de son front, puis vit… Ma main. Elle est rouge. Elle est couverte de sang. Elle regarda la bouche du visage r?fl?chi s’ouvrir sous le choc. Puis elle leva l’autre main. Elle ?tait aussi rouge de sang. Avec un frisson de r?pulsion, elle essuya impulsivement ses mains sur l’avant de ses v?tements. Puis son horreur augmenta. Elle venait de barbouiller du sang sur sa chemise de nuit en soie, extr?mement ch?re. Andrew serait furieux s’il le d?couvrait. Mais comment allait-elle se nettoyer ? Elle jeta un coup d’?il autour d’elle, puis se h?ta de prendre une serviette ? c?t? du miroir. En essayant de se nettoyer les mains, elle vit le monogramme… AF C’?tait la serviette de son mari. Elle se for?a ? se concentrer sur son environnement… les serviettes moelleuses et somptueuses… les murs dor?s chatoyants. Elle se trouvait dans la salle de bain de son mari. Morgan soupira de d?sespoir. Ses promenades nocturnes l’avaient amen?e plusieurs fois dans la chambre de son mari. Si elle le r?veillait, il ?tait toujours furieux contre elle pour avoir viol? sa vie priv?e. Et voil? que, dans son errance, elle avait travers? sa chambre jusque dans la salle de bains attenante. Elle frissonna. Les punitions de son mari ?taient toujours cruelles. Qu’est-ce qu’il va me faire cette fois ? pensa-t-elle. Morgan secoua la t?te, essayant de se d?gager du brouillard qui envahissait son esprit. Son cr?ne semblait ?tre sur le point de se fendre, et elle sentait naus?euse. De toute ?vidence, elle avait beaucoup bu en plus d’avoir pris trop de calmants. Et maintenant, non seulement elle avait mis du sang sur l’une des pr?cieuses serviettes d’Andrew, mais elle vit qu’elle avait laiss? des empreintes partout sur le comptoir de la salle de bain blanche. Il y avait m?me du sang sur le sol en marbre. D’o? vient tout ce sang ? se demanda-t-elle. Une ?trange possibilit? lui vint ? l’esprit… Est-ce que j’ai essay? de me tuer ? Elle ne parvenait pas ? s’en souvenir, mais cela semblait assur?ment plausible. Elle avait envisag? de se suicider plus d’une fois depuis son mariage avec Andrew. Et si jamais elle mourrait de sa propre main, elle ne serait pas la premi?re ? le faire dans cette maison. Mimi, l’?pouse d’Andrew avant Morgan, s’?tait suicid?e. Ainsi que son fils Kirk, en novembre dernier. Elle sourit presque d’une ironie am?re… Est-ce que j’ai juste essay? de perp?tuer la tradition familiale ? Elle recula pour mieux se regarder. Tout ce sang… Mais elle ne semblait ?tre bless?e nulle part. Alors d’o? venait le sang ? Elle se retourna et vit que la porte qui menait ? la chambre d’Andrew ?tait grande ouverte. Est-il l? ? se demanda-t-elle. N’avait-il pas ?t? r?veill? par ce qui s’?tait pass? ? Elle respira un peu plus facilement face ? cette ?ventualit?. S’il dormait profond?ment, peut-?tre pourrait-elle s’en aller sans qu’il ne remarque qu’elle ?tait l?. Mais elle ?touffa alors un g?missement en r?alisant que ce ne serait pas si facile. Il fallait encore s’occuper de tout ce sang. Si Andrew entrait dans sa salle de bain et d?couvrait ce terrible d?sordre, il saurait ?videmment qu’elle en ?tait d’une mani?re ou d’une autre responsable. Elle ?tait toujours ? tenir pour responsable, en ce qui le concernait. De plus en plus paniqu?e montant, elle commen?a ? essuyer le meuble avec la serviette. Mais c’?tait vain. Tout ce qu’elle faisait, c’?tait ?taler le sang partout. Elle avait besoin d’eau pour tout nettoyer. Elle ouvrit presque le robinet du lavabo quand elle r?alisa que le bruit de l’eau r?veillerait s?rement Andrew. Elle pensa qu’elle pourrait peut-?tre doucement fermer la porte de la salle de bain et faire couler l’eau aussi silencieusement que possible. Elle traversa la grande salle de bains sur la pointe des pieds jusqu’? la porte. Quand elle y arriva, elle jeta un coup d’?il prudent dans la chambre. Elle poussa une exclamation ? haute voix quand elle vit. Les lumi?res ?taient allum?es, mais il n’y avait aucun doute : Andrew gisait sur le lit. Il ?tait couvert de sang. Les draps ?taient couverts de sang. Il y avait m?me du sang sur la moquette. Morgan se pr?cipita vers le lit. Les yeux de son mari ?taient grands ouverts dans une expression fig?e de terreur. Il est mort, r?alisa-t-elle. Elle n’?tait pas morte, mais Andrew l’?tait. Avait-il, lui, commis un suicide ? Non, c’?tait impossible. Andrew n’avait que du m?pris pour les personnes qui s’?taient suicid?es, y compris sa femme et son fils. “Pas les gens s?rieux”, disait-il souvent ? leur propos. Et Andrew ?tait toujours fier d’?tre une personne s?rieuse. Et il soulevait toujours cette question avec Morgan… “Es-tu une personne s?rieuse ?” Quand elle regarda plus attentivement, elle put voir qu’Andrew avait saign? par nombreuses blessures sur tout son corps. Et nich? parmi les draps tremp?s de sang, ? c?t? de son corps, elle vit un grand couteau de cuisine. Qui aurait pu faire ?a ? se demanda Morgan. Puis un calme ?trange et euphorique tomba sur elle tandis qu’elle r?alisait… Je l’ai enfin fait. Je l’ai tu?. Elle l’avait fait dans ses r?ves, ? plusieurs reprises. Et maintenant, enfin, elle l’avait fait pour de vrai. Elle sourit et dit ? haute voix au cadavre… “Qui est s?rieux maintenant ?” Mais elle se garda bien de savourer ce sentiment chaleureux et agr?able. Un meurtre ?tait un meurtre et elle savait qu’elle devrait en accepter les cons?quences. Mais au lieu de la peur ou de la culpabilit?, elle ressentait une profonde satisfaction. C’?tait un homme horrible. Et il ?tait mort. Quoi qu’il arriv?t d?sormais, cela en valait bien la peine. Elle prit le t?l?phone ? c?t? de son lit avec sa main collante et composa presque le 911 avant de penser… Non. Il y a quelqu’un d’autre ? qui je veux le dire en premier. C’?tait une femme bienveillante qui s’?tait pr?occup?e de son ?tat quelque temps auparavant. Avant de faire autre chose, elle devait appeler cette femme et lui dire qu’elle n’avait plus besoin de s’inqui?ter pour Morgan. Tout allait bien, enfin. CHAPITRE UN Riley remarqua que Jilly tressaillait un peu dans son sommeil. La fillette de quatorze ans ?tait sur le si?ge voisin, la t?te appuy?e sur l’?paule de Riley. Leur avion volait depuis environ trois heures et il leur en faudrait encore deux avant d’atterrir ? Phoenix. Est-ce qu’elle r?ve ? se demanda Riley. Si oui, Riley esp?rait qu’elle ne faisait pas de mauvais r?ves. Jilly avait v?cu d’horribles exp?riences durant sa courte vie, et elle faisait encore beaucoup de cauchemars. Elle semblait particuli?rement inqui?te depuis l’arriv?e de cette lettre des services sociaux de Phoenix, les informant que le p?re de Jilly voulait r?cup?rer sa fille. Maintenant, elles se rendaient l?-bas pour une d’audience qui r?glerait le probl?me une bonne fois pour toutes. Riley ne pouvait s’emp?cher de s’inqui?ter aussi. Que deviendrait Jilly si le juge ne lui permettait pas de rester avec Riley ? L’assistante sociale avait dit qu’elle ne s’attendait pas ? ce que cela se produise. Mais si elle avait tort ? se demanda Riley. Le corps entier de Jilly commen?a ? trembler plus fortement. Elle commen?a ? g?mir doucement. Riley la secoua doucement et dit : « R?veille-toi, ma ch?rie. Tu fais un mauvais r?ve. Jilly se redressa et regarda droit devant elle pendant un moment. Puis elle fondit en larmes. Riley passa son bras autour d’elle et chercha un mouchoir dans son sac. — Qu’est-ce qu’il y a ? De quoi r?vais-tu ? demanda-t-elle. Jilly sanglota sans un mot pendant quelques instants. Puis elle dit : — Ce n’?tait rien. Ne t’inqui?te pas. Riley soupira. Elle savait que Jilly avait des secrets dont elle n’aimait pas parler. Elle caressa ses cheveux noirs et dit : — Tu peux tout me dire, Jilly. Tu le sais. Jilly s’essuya les yeux et se moucha. Finalement, elle dit : — Je r?vais de quelque chose qui s’est vraiment pass?. Il y a quelques ann?es. Mon p?re connaissait un de ses s?rieux ?pisodes d’?bri?t? et il me reprochait tout comme d’habitude – que ma m?re soit partie, qu’il soit incapable de garder un emploi. Tout. Il m’a dit qu’il voulait que je sorte de sa vie. Il m’a tra?n?e par le bras jusque dans un placard, m’a jet?e dedans et a verrouill? la porte et… Jilly se tut et ferma les yeux. — S’il te pla?t dis-moi, dit Riley. Jilly se secoua un peu et dit : — D’abord, j’ai eu peur de crier, parce que je pensais qu’il me tra?nerait dehors et me battrait. Il m’a juste laiss?e l?, comme s’il m’avait compl?tement oubli?e. Et puis… Jilly ?touffa un sanglot. — Je ne sais pas combien d’heures sont pass?es, mais tout est devenu tr?s calme. Je pensais qu’il venait peut-?tre de perdre conscience ou de se coucher ou quelque chose comme ?a. Mais ?a a dur? longtemps, et tout est rest? silencieux. Finalement, j’ai r?alis? qu’il devait avoir quitt? la maison. Il le faisait parfois. Il partait pendant des jours et je ne savais jamais quand il reviendrait, ou s’il reviendrait. Riley frissonna alors qu’elle essayait d’imaginer la terreur de la pauvre fille. — Finalement, j’ai commenc? ? crier et ? frapper contre la porte, mais bien s?r, personne ne pouvait m’entendre et je ne pouvais pas sortir. Je suis rest?e seule dans ce placard pendant… je ne sais toujours pas combien de temps. Plusieurs jours, probablement. Je n’avais rien ? manger, et je ne pouvais certainement pas dormir, et j’avais tellement faim et peur. J’ai m?me d? faire mes besoins l? et nettoyer ?a plus tard. J’ai commenc? ? voir et ? entendre des choses ?tranges dans le noir – je suppose que ce devaient ?tre des hallucinations. J’imagine que j’ai un peu perdu la t?te, continua Jilly. Pas ?tonnant, pensa Riley, horrifi?e. — Quand j’ai encore entendu du bruit dans la maison, j’ai pens? que j’entendais seulement des choses. J’ai hurl?, et papa est venu jusqu’au placard et l’a d?verrouill?. Il ?tait compl?tement sobre ? ce moment-l?, et il a paru surpris de me voir. “Comment est-ce que tu es entr?e l?-dedans ?”, il a dit. Il a eu l’air tout contrari? que je me sois mise dans un tel p?trin et m’a bien trait?e pendant un petit moment apr?s ?a, dit Jilly. La voix de Jilly se transforma presque en murmure et elle ajouta : — Tu penses qu’il va avoir ma garde ? Riley ravala une boule d’angoisse. Devait-elle partager ses propres peurs avec la fille qu’elle esp?rait encore adopter ? Elle ne pouvait pas se r?soudre ? faire ?a. ? la place, elle dit… — Je suis s?re que non. — Il ne vaut mieux pas, dit Jilly. Parce que s’il obtient ma garde, je vais fuir pour de bon. Personne ne me trouvera jamais. » Riley sentit un profond frisson la parcourir tandis qu’elle r?alisait… Elle le pense vraiment. Jilly avait des ant?c?dents de fugue, avait quitt? des endroits qu’elle n’aimait pas. Riley ne se souvenait que trop bien comment elle avait trouv? Jilly. Riley travaillait sur une affaire impliquant des prostitu?es retrouv?es mortes ? Phoenix, et elle avait trouv? Jilly dans la cabine d’un camion sur un parking o? travaillaient des prostitu?es. Jilly avait d?cid? de se prostituer et de vendre son corps au propri?taire du v?hicule. Est-ce qu’elle referait quelque chose d’aussi d?sesp?r? ? se demanda Riley. Riley ?tait horrifi?e par cette id?e. Pendant ce temps, Jilly s’?tait calm?e et retombait dans le sommeil. Riley repla?a la t?te de la fille contre son ?paule. Elle essayait d’arr?ter de s’inqui?ter pour la prochaine audience. Mais elle ne pouvait pas chasser sa peur de perdre Jilly. Jilly survivrait-elle si cela se produisait ? Et si elle y survivait, quel genre de vie aurait-elle ? * Lorsque l’avion atterrit, quatre personnes attendaient pour accueillir Riley et Jilly. L’une d’entre elles ?tait un visage familier – Brenda Fitch, l’assistante sociale qui avait plac? Jilly chez Riley. Brenda ?tait une femme mince et nerveuse avec un sourire chaleureux et attentionn?. Riley ne reconnaissait pas les trois autres personnes. Brenda ?treignit Riley et Jilly et fit des pr?sentations, en commen?ant par un couple mari? d’?ge moyen, tous deux corpulents et souriants. « Riley, je ne crois pas que vous ayez rencontr? Bonnie et Arnold Flaxman. Ils ont ?t? la famille d’accueil de Jilly pendant un court moment apr?s que vous l’ayez sauv?e, dit Brenda. Riley fit un signe de la t?te, se rappelant que Jilly avait rapidement fui le couple bien intentionn?. Jilly ?tait d?termin?e ? ne vivre avec personne d’autre que Riley. Cette derni?re esp?rait que les Flaxman n’entretenaient aucune rancune ? ce sujet. Mais ils semblaient gentils et accueillants. Brenda pr?senta ensuite Riley ? un homme de grande taille, avec une t?te longue et bizarre et un sourire un peu vide. — Voici Delbert Kaul, notre avocat. Allons, installons-nous quelque part pour nous asseoir et discuter, dit Brenda. Le groupe se h?ta ? travers le hall jusqu’au caf? le plus proche. Les adultes prirent un caf? et Jilly une boisson gazeuse. Tandis qu’ils s’asseyaient tous, Riley se rappela que le fr?re de Bonnie Flaxman ?tait Garrett Holbrook, un agent du FBI en poste ? Phoenix. — Comment va Garrett ces jours-ci ? demanda Riley. Bonnie haussa les ?paules et sourit. — Oh, vous savez. Garrett est Garrett. Riley acquies?a. Elle se souvenait de l’agent comme ?tant un homme plut?t taciturne avec une attitude froide. Mais ? cette ?poque-l?, elle enqu?tait sur le meurtre de la demi-s?ur de Garrett. Il avait ?t? reconnaissant quand elle avait r?solu le meurtre, et avait aid? Jilly ? ?tre plac?e en famille d’accueil avec les Flaxman. Riley savait qu’il ?tait un homme bon sous son aspect glacial. — Je suis ravie que Jilly et vous-m?me ayez pu venir si rapidement. J’esp?rais vraiment que nous aurions finalis? l’adoption maintenant, mais comme je vous l’ai ?crit dans ma lettre, nous avons rencontr? un probl?me. Le p?re de Jilly affirme avoir pris la d?cision d’abandonner Jilly sous la contrainte. Non seulement il conteste l’adoption, mais il menace de vous accuser d’enl?vement – et moi de complicit?, dit Brenda ? Riley. En parcourant quelques documents juridiques, Delbert Kaul ajouta : — Son dossier est assez fragile, mais il emb?te tout le monde. Mais ne vous inqui?tez pas pour ?a. Je suis s?r que nous pourrons tout arranger demain. Curieusement, le sourire de Kaul ne sembla pas tr?s rassurant pour Riley. Il y avait quelque chose de faible et d’incertain chez lui. Elle se demandait comment l’affaire lui avait ?t? assign?e. Riley remarqua que Brenda et Kaul paraissaient bien s’entendre. Ils ne semblaient pas ?tre en couple, mais plut?t de bons amis. Peut-?tre ?tait-ce la raison pour laquelle Brenda l’avait engag?. Pas n?cessairement une bonne raison, pensa Riley. — Qui est le juge ? lui demanda Riley. Le sourire de Kaul s’estompa un peu quand il dit : — Owen Heller. Pas exactement mon premier choix, mais le meilleur que nous puissions obtenir dans ces circonstances. Riley r?prima un soupir. Elle se sentait de moins en moins assur?e. Elle esp?rait que Jilly n’?prouvait pas le m?me sentiment. Kaul discuta ensuite de ce ? quoi le groupe devrait attendre ? l’audience. Bonnie et Arnold Flaxman allaient t?moigner de leur propre exp?rience avec Jilly. Ils insisteraient sur la n?cessit? pour la fille d’avoir un environnement familial stable, ce qu’elle ne pouvait absolument pas avoir avec son p?re. Kaul dit qu’il aurait aim? pouvoir faire t?moigner le fr?re a?n? de Jilly, mais il avait depuis longtemps disparu et Kaul n’avait pas ?t? capable de le retrouver. Riley ?tait cens?e t?moigner du cadre de vie qu’elle ?tait capable de fournir ? Jilly. Elle ?tait venue ? Phoenix avec toutes sortes de documents pour ?tayer ses d?clarations, y compris des informations financi?res. Kaul tapota son crayon sur la table et ajouta : — Maintenant, Jilly, tu n’es pas oblig?e de t?moigner… Jilly l’interrompit. — Je veux le faire. Je le ferai. Kaul parut un peu surpris par la d?termination dans la voix de Jilly. Riley aurait aim? que l’avocat ait l’air aussi r?solu que Jilly. — Eh bien, dit Kaul, consid?rons que c’est r?gl?. » ? la fin de la r?union, Brenda, Kaul et les Flaxmans partirent ensemble. Riley et Jilly all?rent louer une voiture, puis se rendirent ? un h?tel voisin et s’y enregistr?rent. * Une fois install?es dans leur chambre, Riley et Jilly command?rent une pizza. ? la t?l?vision passait un film qu’elles avaient d?j? vu et auquel elles ne pr?t?rent pas beaucoup d’attention. Au grand soulagement de Riley, Jilly ne semblait pas du tout anxieuse maintenant. Elles discut?rent agr?ablement de petites choses et d’autres, comme la prochaine ann?e scolaire de Jilly, les v?tements et chaussures, et des c?l?brit?s aux informations. Riley avait du mal ? croire que Jilly ait ?t? dans sa vie depuis si peu de temps. Les choses semblaient si naturelles et faciles entre elles. Comme si elle avait toujours ?t? ma fille, pensa Riley. Elle r?alisa que c’?tait exactement ce qu’elle ressentait, mais cela ne provoqua qu’un regain d’anxi?t?. Est-ce que tout allait se terminer le lendemain ? Riley n’arrivait pas ? se r?soudre ? envisager ce qu’elle ressentirait alors. Elles avaient presque fini leur pizza quand elles furent interrompues par un bruit venant de l’ordinateur portable de Riley. « Oh, ?a doit ?tre April ! dit Jilly. Elle avait promis que nous ferions un appel vid?o. Riley sourit et laissa Jilly prendre l’appel de sa fille a?n?e. Riley ?couta sans rien dire depuis l’autre c?t? de la pi?ce pendant que les deux filles bavardaient comme les s?urs qu’elles deviendraient v?ritablement. Quand les filles eurent fini de discuter, Riley parla ? April tandis que Jilly se laissait tomber sur le lit pour regarder la t?l?vision. Le visage d’April ?tait s?rieux et inquiet. — Comment ?a s’annonce pour demain, maman ? demanda-t-elle. En regardant ? l’autre bout la pi?ce, Riley vit que Jilly s’int?ressait de nouveau au film. Riley ne pensait pas qu’elle ?coutait vraiment ce qu’elle et April disaient, mais elle voulait tout de m?me faire attention. — Nous verrons, dit Riley. April parla ? voix basse, Jilly ne pouvait pas entendre. — Tu as l’air inqui?te, maman. — J’imagine que oui, dit Riley en parlant doucement. — Tu peux le faire, maman. Je sais que tu le peux. Riley d?glutit difficilement. — Je l’esp?re, dit-elle. Toujours en parlant doucement, la voix d’April trembla d’?motion. — On ne peut pas la perdre, maman. Elle ne peut pas retourner ? ce genre de vie. — Je sais, dit Riley. Ne t’inqui?te pas. Riley et April se regard?rent en silence quelques instants. Riley se sentit profond?ment ?mue par la maturit? que sa fille de quinze ans semblait avoir maintenant. Elle est vraiment en train de grandir, pensa fi?rement Riley. — Bon, je vais te laisser y aller. Appelle-moi d?s que tu sais quelque chose, dit finalement April. — Je le ferai , dit Riley. Elle mit fin ? l’appel vid?o et retourna s’asseoir sur le lit avec Jilly. Elles arrivaient juste ? la fin du film quand le t?l?phone sonna. Riley sentit une autre vague d’inqui?tude monter en elle. Les appels n’avaient pas apport? de bonnes nouvelles ces derniers temps. Elle d?crocha le t?l?phone et entendit la voix d’une femme. « Agent Paige, j’appelle depuis le standard de Quantico. Nous venons de recevoir un appel d’une femme d’Atlanta et… eh bien, je ne sais pas trop comment g?rer ?a, mais elle veut vous parler directement. — Atlanta ? demanda Riley. Qui est-ce ? — Elle s’appelle Morgan Farrell. Riley sentit un frisson troublant la traverser. Elle se souvenait d’une femme dans une affaire sur laquelle elle avait travaill? en f?vrier. Le riche mari de Morgan, Andrew, avait ?t? bri?vement suspect? dans une affaire de meurtre. Riley et son ?quipier, Bill Jeffreys, avaient interrog? Andrew Farrell chez lui et avaient d?termin? qu’il n’?tait pas le tueur qu’elle recherchait. N?anmoins, Riley avait vu des signes montrant que l’homme maltraitait sa femme. Elle avait silencieusement gliss? une carte du FBI ? Morgan, mais elle n’avait jamais eu de nouvelles d’elle. Je suppose qu’elle veut enfin de l’aide, pensa Riley, en revoyant dans son esprit la femme mince, ?l?gante et timide qu’elle avait vue dans le manoir d’Andrew Farrell. Mais Riley se demandait – que pouvait-elle faire pour quiconque dans ces circonstances ? En fait, la derni?re chose dont Riley avait besoin ? l’heure actuelle ?tait un autre probl?me ? r?soudre. L’op?ratrice en attente demanda : — Voulez-vous que je vous transmette l’appel ? Riley h?sita une seconde puis dit : — Oui, s’il vous pla?t. Un moment apr?s, elle entendit une voix de femme. « Bonjour, est-ce l’agent sp?cial Riley Paige ? Maintenant, il lui vint ? l’esprit : elle ne se souvenait pas que Morgan ait prononc? un seul mot pendant qu’elle avait ?t? l?-bas. Elle avait paru trop terrifi?e par son mari pour parler. Mais elle ne semblait pas terrifi?e en ce moment. En fait, elle semblait plut?t heureuse. Est-ce que c’est juste un appel de courtoisie ? se demanda Riley. — Oui, c’est Riley Paige, dit-elle. — Eh bien, je pensais juste que je vous devais un appel. Vous avez ?t? tr?s gentille avec moi ce jour-l?, quand vous nous avez rendu visite chez nous et que vous m’avez laiss? votre carte, et vous sembliez ?tre inqui?te pour moi. Je voulais juste vous dire que vous n’avez plus ? vous soucier de moi. Tout ira bien maintenant. Riley respira un peu plus facilement. — Je suis heureuse de l’entendre, dit-elle. Vous l’avez quitt? ? Est-ce que vous allez divorcer ? — Non, dit joyeusement Morgan. J’ai tu? ce salaud. » CHAPITRE DEUX Riley s’assit sur la chaise la plus proche, abasourdie par les paroles de la femme qui r?sonnaient dans son esprit. “J’ai tu? ce salaud.” Morgan venait-elle vraiment de dire ?a ? Puis Morgan demanda : « Agent Paige, vous ?tes toujours l? ? — Je suis toujours l?, dit Riley. Dites-moi ce qui s’est pass?. Morgan semblait toujours ?trangement calme. — Le fait est, je ne suis pas tout ? fait s?re. J’ai ?t? plut?t drogu?e ces derniers temps et j’ai tendance ? ne pas me souvenir de ce que je fais. Mais je l’ai bel et bien tu?. Je suis en train de regarder son corps allong? sur son lit, il a des blessures au couteau partout, et il a beaucoup saign?. On dirait que je l’ai fait avec un couteau de cuisine aiguis?. Le couteau est juste ? c?t? de lui. Riley avait du mal ? saisir le sens de ce qu’elle entendait. Elle se rappelait ? quel point Morgan avait paru maladivement maigre. Riley ?tait s?re qu’elle ?tait anorexique. Riley savait mieux que la plupart des gens ? quel point il ?tait difficile de poignarder une personne ? mort. Morgan ?tait-elle m?me physiquement capable de faire une telle chose ? Elle entendit Morgan soupirer. — Je d?teste m’imposer, mais honn?tement, je ne sais pas quoi faire ensuite. Je me demandais si vous pourriez m’aider. — L’avez-vous dit ? quelqu’un d’autre ? Avez-vous appel? la police ? — Non. — Je vais… je vais m’occuper de ?a tout de suite, b?gaya Riley. — Oh merci beaucoup. » Riley ?tait sur le point de dire ? Morgan de rester en ligne pendant qu’elle passait un autre appel distinct depuis son propre t?l?phone. Mais Morgan raccrocha. Riley resta assise un instant, le regard dans le vide. Elle entendit Jilly demander : « Maman, quelque chose ne va pas ? Riley leva les yeux et vit que Jilly semblait profond?ment soucieuse. — Pas de quoi t’inqui?ter, ch?rie », dit-elle. Puis elle attrapa son t?l?phone et appela la police d’Atlanta. * L’agent Jared Ruhl, sur le si?ge passager ? c?t? du sergent Dylan Petrie, s’ennuyait et s’impatientait. Il faisait nuit et ils patrouillaient dans l’un des quartiers les plus riches d’Atlanta – une zone o? il y avait rarement de quelconques activit?s criminelles. Ruhl ?tait nouveau dans les forces de l’ordre, et il avait soif d’action. Ruhl avait tout le respect du monde pour son partenaire et mentor afro-am?ricain. Le sergent Petrie ?tait dans la police depuis vingt ans ou plus et il ?tait l’un des policiers les plus chevronn?s et exp?riment?s. Alors, pourquoi est-ce qu’ils nous font perdre notre temps avec cette patrouille ? se demanda Ruhl. Comme si en r?ponse ? sa question inexprim?e, une voix de femme crachota ? la radio… « Four-Frank-Treize, vous me recevez ? Les sens de Ruhl s’aiguis?rent en entendant l’identification de leur propre v?hicule. — Je vous re?ois, allez-y, dit Petrie. La r?gulatrice h?sita, comme si elle ne croyait pas vraiment ce qu’elle allait dire. Puis elle dit : — Nous avons un possible cent quatre-vingt-sept dans la maison de Farrell. Allez sur les lieux. La bouche de Ruhl s’ouvrit en grand et il vit les yeux de Petrie s’?carquiller de surprise. Ruhl savait que 187 ?tait le code pour un homicide. Chez Andrew Farrell ? se demanda Ruhl. Il ne pouvait pas en croire ses oreilles et Petrie ne semblait pas pouvoir y croire non plus. — R?p?tez, dit Petrie. — Possible 187 ? la maison Farrell. Pouvez-vous y aller ? Ruhl vit Petrie plisser les yeux avec perplexit?. — Ouais, dit Petrie. Qui est le suspect ? La r?gulatrice h?sita encore, puis dit : — Madame Farrell. Petrie s’exclama ? haute voix et secoua la t?te. — Euh… c’est une blague ? dit-il. — Sans rire. — Qui est mon LA ? demanda Petrie. Qu’est-ce que ?a veut dire ? se demanda Ruhl. Ah oui… Cela signifiait : “Qui a signal? le crime ?” La r?gulatrice r?pondit : — Une agente du Bureau des Analyses Comportementales a appel? depuis Phoenix, en Arizona. Je sais ? quel point ?a semble ?trange, mais… La r?gulatrice se tut. — R?ponse code trois ? r?pondit Petrie. Ruhl savait que Petrie demandait s’il fallait utiliser le gyrophare et la sir?ne. — Vous ?tes proche des lieux ? demanda la r?gulatrice. — Moins d’une minute, dit Petrie. — Mieux vaut rester discret alors. Tout ?a c’est… Sa voix s’estompa de nouveau. Ruhl supposa qu’elle se souciait qu’ils n’attirent pas trop l’attention sur eux. Quoi qu’il se pass?t vraiment dans ce quartier luxueux et privil?gi?, il ?tait s?rement pr?f?rable de garder les m?dias ? l’?cart aussi longtemps que possible. Finalement, la r?gulatrice dit : — ?coutez, allez juste voir, d’accord ? — Bien re?u, dit Petrie. Nous sommes en route. » Petrie enfon?a l’acc?l?rateur et ils fonc?rent le long de la rue calme. Ruhl regarda stup?fait tandis qu’ils approchaient de la demeure des Farrell. Il n’en avait jamais ?t? aussi proche. La r?sidence s’?tendait dans toutes les directions, et ? ses yeux ressemblait plus ? un country club qu’? la maison de quiconque. L’ext?rieur ?tait soigneusement ?clair? – pour la protection sans doute, mais probablement aussi pour souligner ses arches, ses colonnes et ses grandes fen?tres. Petrie gara la voiture dans l’all?e circulaire et coupa le moteur. Lui et Ruhl sortirent et march?rent ? grands pas jusqu’? l’immense entr?e principale. Petrie sonna. Au bout de quelques instants, un homme grand et mince ouvrit la porte. Ruhl devina ? son smoking ?l?gant et ? son expression s?v?re et z?l?e qu’il ?tait le majordome de la famille. Il avait l’air surpris de voir les deux policiers – et pas du tout ravi. « Puis-je savoir de quoi il s’agit ? demanda-t-il. Le majordome ne semblait pas avoir id?e qu’il y avait peut-?tre des probl?mes ? l’int?rieur de ce manoir. Petrie jeta un coup d’?il ? Ruhl, qui sentit ce que pensait son mentor… Juste une fausse alerte. Probablement une blague. — Pourrions-nous parler ? monsieur Farrell, s’il vous pla?t ? dit Petrie au majordome. Le majordome sourit d’un air d?daigneux. — J’ai bien peur que ce soit impossible, dit-il. Le ma?tre dort profond?ment et j’ai des ordres tr?s stricts… — Nous avons des raisons de nous inqui?ter pour sa s?curit?, l’interrompit Petrie. Le majordome leva les sourcils. — Vraiment ? dit-il. Je vais aller le voir, si vous insistez. Je vais essayer de ne pas le r?veiller. Je peux vous l’assurer, il se plaindrait ? grands cris. Petrie ne demanda pas la permission pour que lui et Ruhl suivent le majordome dans la maison. L’endroit ?tait vaste ? l’int?rieur, avec des rang?es de colonnes de marbre qui menaient finalement ? un escalier couvert d’un tapis rouge, avec une ?l?gante rampe courbe. Ruhl avait de plus en plus de mal ? croire que quiconque puisse vivre ici. Cela ressemblait plus ? un d?cor de cin?ma. Ruhl et Petrie suivirent le majordome dans les escaliers et le long d’un large couloir jusqu’? une double porte. — La suite principale, dit le majordome. Attendez ici un instant. » Le majordome passa les portes. Puis ils l’entendirent pousser un cri horrifi? ? l’int?rieur. Ruhl et Petrie franchirent pr?cipitamment les portes pour entrer dans un salon, et de l? dans une ?norme chambre. Le majordome avait d?j? allum? les lumi?res. Les yeux de Ruhl furent presque bless?s pendant un instant par la luminosit? de l’immense pi?ce. Puis ses yeux tomb?rent sur un lit ? baldaquin. Comme tout le reste dans la maison, il ?tait aussi d?mesur?, comme sorti d’un film. Mais aussi grand qu’il ?tait, il ?tait ?clips? par la simple dimension du reste de la pi?ce. Tout dans la chambre principale ?tait blanc et or – sauf pour le sang partout sur le lit. CHAPITRE TROIS Le majordome ?tait affal? contre le mur, le regard fixe avec une expression vitreuse. Ruhl lui-m?me avait l’impression d’avoir le souffle coup?. L’homme gisait l?, allong? sur le lit – le riche et c?l?bre Andrew Farrell, mort et extr?mement ensanglant?. Ruhl le reconnut car il l’avait vu ? la t?l?vision ? plusieurs reprises. Ruhl n’avait jamais vu le cadavre d’une victime de meurtre auparavant. Il ne s’?tait jamais attendu ? ce que le spectacle paraisse si ?trange et irr?el. Ce qui rendait la sc?ne particuli?rement ?trange, c’?tait la femme assise sur une chaise rembourr?e et d?cor?e juste ? c?t? du lit. Ruhl la reconnut aussi. C’?tait Morgan Farrell – anciennement Morgan Chartier, une c?l?bre mannequin maintenant ? la retraite. Le d?funt avait transform? leur mariage en un ?v?nement m?diatique et il aimait la faire parader en public. Elle portait une robe l?g?re et d’apparence on?reuse. Elle ?tait assise l? sans bouger, avec ? la main un grand couteau ? d?couper. La lame ?tait ensanglant?e, ainsi que sa main. « Merde, murmura Petrie d’une voix stup?faite. Puis Petrie parla dans son micro. — Central, c’est quatre-Frank-treize qui appelle de la maison Farrell. Nous avons un cent quatre-vingt-sept ici, pour de vrai. Envoyez trois unit?s, y compris une unit? de la criminelle. Contactez ?galement le m?decin l?giste. Mieux vaut dire au chef Stiles de venir ici aussi. Petrie ?couta la r?gulatrice ? son oreillette, puis sembla r?fl?chir un instant. — Non, n’en faites pas un code trois. Nous devons garder ?a sous silence aussi longtemps que possible. Pendant cet ?change, Ruhl ne parvint pas quitter la femme des yeux. Il l’avait trouv?e belle quand il l’avait vue ? la t?l?vision. Assez bizarrement, elle lui semblait tout aussi belle maintenant. M?me avec un couteau ensanglant? ? la main, elle avait l’air aussi d?licate et fragile qu’une figurine en porcelaine. Elle ?tait ?galement aussi immobile que si elle avait ?t? faite de porcelaine – aussi immobile que le cadavre, et apparemment inconsciente que quiconque ?tait entr? dans la pi?ce. M?me ses yeux ne bougeaient pas tandis qu’elle continuait ? fixer du regard le couteau dans sa main. Alors que Ruhl suivait Petrie vers la femme, il lui vint ? l’esprit que la sc?ne ne lui rappelait plus un plateau de tournage. ?a ressemble plus ? une exposition dans un mus?e de cire, pensa-t-il. Petrie toucha doucement la femme ? l’?paule et dit : — Madame Farrell… La femme n’eut absolument pas l’air effray?e en levant les yeux vers lui. Elle sourit et dit : — Oh, bonjour, monsieur l’agent. Je me demandais quand la police allait arriver ici. Petrie enfila une paire de gants. Ruhl n’eut pas besoin de se le faire dire pour faire la m?me chose. Puis Petrie prit d?licatement le couteau de la main de la femme et le tendit ? Ruhl, qui le mit soigneusement dans un sac. Ce faisant, Petrie dit ? la femme : — S’il vous pla?t, dites-moi ce qui s’est pass? ici. La femme laissa ?chapper un rire plut?t musical. — Eh bien, c’est une question idiote. J’ai tu? Andrew. N’est-ce pas ?vident ? Petrie se tourna vers Ruhl, comme pour demander… C’est ?vident ? D’un c?t?, il ne semblait pas y avoir d’autre explication ? cette sc?ne ?trange. De l’autre… Elle a l’air si faible et impuissante, pensa Ruhl. Il ne pouvait pas ne serait-ce qu’envisager qu’elle puisse commettre une telle chose. — Va parler au majordome. Vois ce qu’il sait, dit Petrie ? Ruhl. Pendant que Petrie examinait le corps, Ruhl se dirigea vers le majordome, qui ?tait toujours accroupi contre le mur. — Monsieur, pourriez-vous me dire ce qui s’est pass? ici ? lui dit Ruhl. Le majordome ouvrit la bouche mais aucun mot ne sortit. — Monsieur, r?p?ta Ruhl. Le majordome plissa les yeux, comme s’il ?tait profond?ment confus. — Je ne sais pas. Vous ?tes arriv? et… dit-il. Il se tut ? nouveau. Ruhl se demanda… Est-ce qu’il ne sait vraiment rien du tout ? Peut-?tre le majordome faisait-il semblant d’?tre choqu? et perplexe. Peut-?tre ?tait-il en r?alit? le tueur. L’?ventualit? rappela ? Ruhl le vieux clich?… “Le majordome l’a fait.” L’id?e aurait m?me pu ?tre dr?le dans des circonstances diff?rentes. Mais certainement pas maintenant. Ruhl r?fl?chit rapidement, essayant de d?cider quelles questions poser ? l’homme. — Y a-t-il quelqu’un d’autre dans la maison ? dit-il. Le majordome r?pondit d’une voix sourde : — Juste les aides ? domicile. Six serviteurs en tout, ? part moi, trois hommes et trois femmes. Vous ne pensez tout de m?me pas… ? Ruhl n’avait aucune id?e de ce que penser, du moins pas encore. — Est-il possible que quelqu’un d’autre se trouve quelque part dans la maison ? Un intrus, peut-?tre ? demanda-t-il au majordome. Ce dernier secoua la t?te. — Je ne vois pas comment, dit-il. Notre syst?me de s?curit? est un des meilleurs. » Ce n’est pas un non, se dit Ruhl. Soudain, il se sentit tr?s inquiet. Si le tueur ?tait un intrus, pourrait-il ?tre encore quelque part dans la maison ? Ou alors en train de s’?chapper en ce moment m?me ? Puis Ruhl entendit Petrie parler dans son micro, pour donner ? quelqu’un des instructions sur la fa?on de trouver la chambre dans l’immense manoir. Il ne parut s’?couler que quelques secondes avant que la pi?ce ne grouille de policiers. Parmi eux se trouvait le chef Elmo Stiles, un homme corpulent et imposant. Ruhl fut ?galement surpris de voir le procureur, Seth Musil. Le procureur, normalement ras? de pr?s et ?l?gant, semblait ?chevel? et d?sorient?, comme s’il venait juste de sortir du lit. Ruhl supposa que le chef avait contact? le procureur d?s qu’il avait appris la nouvelle, puis l’avait pris en chemin et amen? ici. Le procureur poussa une exclamation horrifi?e face ? ce qu’il vit et se pr?cipita vers la femme. « Morgan ! dit-il. — Bonjour Seth, dit la femme comme si elle ?tait agr?ablement surprise par son arriv?e. Ruhl ne fut pas particuli?rement surpris que Morgan Farrell et un politicien de haut rang comme le procureur se connaissent. La femme ne semblait toujours pas ?tre consciente de tout ce qui se passait autour d’elle. En souriant, la femme dit ? Musil : — Eh bien, je suppose que ce qui s’est pass? est ?vident. Et je suis s?r que vous n’?tes pas surpris que… Musil s’empressa d’interrompre. — Non, Morgan. Ne dis rien. Pas encore. Pas avant d’avoir un avocat. Le sergent Petrie organisait d?j? les personnes dans la pi?ce. — Expliquez-leur la disposition de la maison, chaque coin et recoin, dit-il au majordome. Puis il dit aux policiers : — Je veux que cet endroit tout entier soit examin?, ? la recherche d’intrus ou de tout signe d’effraction. Et v?rifiez aupr?s du personnel ? domicile, assurez-vous qu’ils peuvent rendre compte de leurs actions au cours des derni?res heures. » Les policiers se rassembl?rent autour du majordome, qui se tenait ? pr?sent debout. Ce dernier leur donna des instructions et ils quitt?rent la pi?ce. Ne sachant pas quoi faire d’autre, Ruhl se tint ? c?t? du sergent Petrie, ? balayer du regard la sc?ne macabre. Le procureur ?tait maintenant debout ? c?t? la femme souriante et ?clabouss?e de sang, protecteur. Ruhl avait encore du mal ? se faire ? l’id?e de ce qu’il voyait. Il se rappela qu’il s’agissait de son premier homicide. Il se demanda… Est-ce que je serai un jour impliqu? dans un plus ?trange que ?a ? Il esp?rait ?galement que les policiers qui fouillaient la maison ne reviendraient pas les mains vides. Peut-?tre reviendraient-ils avec le v?ritable coupable. Ruhl d?testait l’id?e que cette femme d?licate et charmante soit vraiment capable de meurtre. De longues minutes s’?coul?rent avant que les policiers et le majordome ne reviennent. Ils dirent qu’ils n’avaient trouv? aucun intrus ni aucun signe que quelqu’un soit entr? par effraction dans la maison. Ils avaient trouv? le personnel r?sidant endormi dans leur lit et n’avaient aucune raison de penser que l’un d’eux ?taient responsable. Le m?decin l?giste et son ?quipe arriv?rent et commenc?rent ? s’occuper du corps. La grande pi?ce ?tait vraiment assez bond?e ? pr?sent. Enfin, la femme tach?e de sang de la maison parut ?tre consciente de l’agitation. Elle se leva de sa chaise et dit au majordome : « Maurice, o? sont vos bonnes mani?res ? Demandez ? ces bonnes personnes si elles voudraient quelque chose ? manger ou ? boire. Petrie se dirigea vers elle en sortant ses menottes. — C’est tr?s gentil de votre part, madame, mais ce ne sera pas n?cessaire », lui dit-il. Puis, d’un ton extr?mement poli et pr?venant, il commen?a ? lire ses droits ? Morgan Farrell. CHAPITRE QUATRE Riley ne pouvait s’emp?cher de s’inqui?ter ? mesure que se d?roulait l’audience. Jusqu’? pr?sent, tout semblait se passer bien. Riley elle-m?me avait t?moign? du genre de foyer qu’elle essayait de cr?er pour Jilly, et Bonnie et Arnold Flaxman avaient t?moign? du besoin d?sesp?r? qu’avait Jilly d’une famille stable. Malgr? cela, Riley se sentait mal ? l’aise vis-?-vis du p?re de Jilly, Albert Scarlatti. Elle n’avait jamais vu cet homme jusqu’? aujourd’hui. D’apr?s ce que Jilly lui avait dit ? propos de lui, elle avait imagin? un ogre grotesque. Mais son apparence la surprenait. Ses cheveux autrefois noirs ?taient fortement stri?s de gris et ses traits sombres ?taient, comme elle s’y attendait, ravag?s par des ann?es d’alcoolisme. Malgr? cela, il semblait parfaitement sobre en ce moment. Il ?tait bien habill? mais pas avec des v?tements on?reux, et il ?tait gentil et charmant envers tous ceux ? qui il parlait. Riley s’interrogeait ?galement sur la femme assise ? c?t? de Scarlatti, et qui lui tenait la main. Elle aussi avait l’air d’avoir v?cu une vie difficile. Autrement, son expression ?tait difficile ? d?chiffrer pour Riley. Qui est-elle ? se demanda Riley. Tout ce que Riley savait concernant l’?pouse de Scarlatti et la m?re de Jilly, c’?tait qu’elle avait disparu il y avait plusieurs ann?es. Scarlatti avait souvent dit ? Jilly qu’elle ?tait probablement morte. Cela ne pouvait pas ?tre elle apr?s toutes ces ann?es. Jilly n’avait montr? aucun signe qu’elle avait reconnu cette femme. Alors qui ?tait-elle ? Il ?tait maintenant temps pour Jilly de parler. Riley lui serra la main de fa?on rassurante et la jeune adolescente vint ? la barre. Jilly semblait petite dans la grande chaise des t?moins. Ses yeux se pos?rent nerveusement sur la salle d’audience, jetant un coup d’?il au juge, puis croisant le regard de son p?re. L’homme sourit avec ce qui semblait ?tre une affection sinc?re, mais Jilly d?tourna vivement les yeux. L’avocat de Riley, Delbert Kaul, demanda ? Jilly ce qu’elle pensait de l’adoption. Riley pouvait voir le corps entier de Jilly trembler sous le coup de l’?motion. « Je le veux plus que tout ce que j’ai toujours voulu dans ma vie, dit Jilly d’une voix mal assur?e. Je suis tellement heureuse de vivre avec ma m?re… — Tu veux dire madame Paige, dit Kaul en l’interrompant doucement. — Eh bien, elle est ma m?re maintenant en ce qui me concerne, et c’est ce ainsi que je l’appelle. Et sa fille, April, est ma grande s?ur. Jusqu’? ce que je commence ? vivre avec elles, je n’avais aucune id?e de comment ?a pouvait ?tre – avoir une vraie famille qui m’aime et prenne soin de moi. Jilly semblait ravaler courageusement ses larmes. Riley n’?tait pas certaine qu’elle allait pouvoir faire la m?me chose. Ensuite, Kaul demanda : — Peux-tu dire un peu au juge ce que c’?tait que de vivre avec ton p?re ? Jilly regarda celui-ci. Puis elle regarda le juge et dit : — C’?tait horrible. Elle poursuivit pour raconter ? la cour ce qu’elle avait dit ? Riley la veille – comment son p?re l’avait enferm?e dans un placard pendant des jours. Riley frissonna en r??coutant l’histoire, encore une fois. La plupart des personnes dans la salle d’audience semblaient ?tre profond?ment affect?es. M?me son p?re baissa la t?te. Quand elle eut fini, Jilly ?tait vraiment en larmes. — Jusqu’? ce que ma nouvelle m?re entre dans ma vie, toutes les personnes que j’ai aim?es ont fini par partir t?t ou tard. Elles ne pouvaient pas supporter de vivre avec papa parce qu’il ?tait si horrible avec elles. Ma m?re, mon fr?re a?n? – m?me mon petit chiot, Darby, ils se sont enfuis. La gorge de Riley se serra. Elle se souvenait que Jilly avait pleur? en parlant du chiot qu’elle avait perdu plusieurs mois auparavant. Jilly se souciait toujours de ce qu’il ?tait advenu de Darby. — S’il vous pla?t, dit-elle au juge. S’il vous pla?t, ne me renvoyez pas ? ?a. Je suis tellement heureuse avec ma nouvelle famille. Ne me s?parez pas d’eux. Jilly revint ensuite et se rassit ? c?t? de Riley. Riley lui serra la main et lui murmura : — Tu t’es tr?s bien d?brouill?e. Je suis fi?re de toi. Jilly hocha de la t?te et essuya ses larmes. L’avocat de Riley, Delbert Kaul, pr?senta au juge tous les documents n?cessaires pour finaliser l’adoption. Il insista particuli?rement sur le formulaire de consentement sign? par le p?re de Jilly. Pour autant que Riley puisse le dire, Kaul faisait un travail raisonnablement approfondi pour la pr?sentation. Mais sa voix et ses mani?res n’inspiraient gu?re, et le juge, un homme costaud et renfrogn? aux petits yeux brillants, ne semblait pas du tout impressionn?. Pendant un moment, l’esprit de Riley d?riva vers l’?trange appel qu’elle avait re?u hier de Morgan Farrell. Bien s?r, Riley avait imm?diatement contact? la police d’Atlanta. Si ce que la femme avait dit ?tait vrai, alors elle ?tait s?rement en d?tention. Riley ne pouvait s’emp?cher de se demander ce qui s’?tait r?ellement pass?. ?tait-il vraiment possible que la femme fragile qu’elle avait rencontr?e ? Atlanta ait commis un meurtre ? Ce n’est pas le moment de penser ? tout ?a, se rappela-t-elle. Lorsque Kaul eut termin? sa pr?sentation, l’avocate de Scarlatti se leva. Jolene Paget ?tait une femme dans la trentaine, aux yeux vifs, dont les l?vres semblaient avoir la forme d’un sourire l?ger mais constant. — Mon client souhaite contester cette adoption, dit-elle ? l’avocat. Le juge hocha la t?te et grogna : — Je sais qu’il le veut, madame Paget. Votre client ferait mieux d’avoir une bonne raison de vouloir changer sa propre d?cision. Riley remarqua imm?diatement que, contrairement ? son propre avocat, Paget ne se r?f?rait ? aucune note. Contrairement ? Kaul, sa voix et son attitude d?gageaient de l’assurance. — Monsieur Scarlatti a une tr?s bonne raison, votre honneur. Il a donn? son consentement sous la contrainte. Il traversait une p?riode particuli?rement difficile et n’avait pas de travail. Et oui, il buvait ? l’?poque. Et il ?tait d?prim?, dit-elle. Paget fit un signe de la t?te vers Brenda Fitch, qui ?tait ?galement assise dans la salle d’audience, et ajouta : — Il ?tait une proie facile sur laquelle faire pression pour le personnel des services sociaux, en particulier cette femme. Brenda Fitch a menac? de le poursuivre pour des crimes et des d?lits enti?rement invent?s. Brenda laissa ?chapper un soupir d’indignation. — Ce n’est pas vrai et vous le savez, dit-elle ? Paget. Le sourire de Paget s’?largit quand elle dit : — Votre honneur, voudriez-vous dire ? madame Fitch de ne pas vous interrompre ? — S’il vous pla?t, taisez-vous, madame Fitch, dit le juge. Paget ajouta : — Mon client souhaite ?galement porter des accusations d’enl?vement contre madame Paige – avec madame Fitch comme complice. Brenda laissa ?chapper un grognement de d?go?t audible, mais Riley se for?a ? se taire. Elle savait depuis le d?but que Paget allait d?velopper cette question. — Madame Paget, vous n’avez pr?sent? aucune preuve d’enl?vement par quiconque. En ce qui concerne la contrainte et les menaces que vous avez mentionn?es, vous n’avez fourni aucune preuve. Vous n’avez rien dit pour me convaincre que le consentement initial de votre client ne tient plus, dit le juge. Albert Scarlatti se leva alors. — Puis-je dire quelques mots en mon nom, votre honneur ? supplia-t-il. Lorsque le juge lui donna son approbation, Riley ressentit un nouveau choc. Scarlatti baissa la t?te et parla d’une voix basse. — Ce que Jilly vous a dit tout ? l’heure ? propos de ce que je lui ai fait – je sais que ?a a l’air terrible. Et Jilly, je suis terriblement d?sol?. Mais la v?rit? est que ce n’est pas exactement ce qui s’est pass?. Riley dut s’emp?cher de l’interrompre. Elle ?tait s?re que Jilly n’avait pas menti ? ce sujet. Albert Scarlatti rit un peu tristement. Un sourire chaleureux s’?tira sur ses traits fatigu?s. — Jilly, tu admettras s?rement que tu as ?t? p?nible ? ?lever. Tu peux en poser, des probl?mes, petite fille. Tu as un sacr? temp?rament et tu deviens parfois compl?tement incontr?lable, et je ne savais juste pas quoi faire ce jour-l?. Comme je m’en souviens, j’?tais tout simplement d?sesp?r? quand je t’ai mise dans ce placard. Il haussa un peu les ?paules et continua : — Mais ce n’?tait pas comme tu l’as dit. Je ne t’aurais jamais fait vivre un truc pareil pendant des jours. M?me pas pour quelques heures. Je ne dis pas que tu ne dis pas la v?rit?, mais que ton imagination s’emballe de temps en temps. Et je le comprends. Scarlatti se tourna alors vers les autres dans la salle d’audience. — Beaucoup de choses se sont pass?es depuis que j’ai perdu ma petite Jilly. Je me suis sevr?. Je suis all? en cure de d?sintoxication et je vais r?guli?rement chez les AA, et je n’ai pas bu depuis des mois. J’esp?re ne plus jamais boire un verre pour le restant de mes jours. Et j’ai un emploi stable, rien d’impressionnant, juste du travail de concierge, mais c’est un bon travail, et je peux vous donner une lettre de recommandation de mon employeur, pour dire que je suis tr?s bien. Puis il toucha sur l’?paule la myst?rieuse femme ? c?t? de laquelle il ?tait assis. — Mais il y a eu un autre grand changement dans ma vie. J’ai rencontr? Barbara Long ici, la femme la plus merveilleuse du monde, et c’est la meilleure chose qui me soit arriv?e. Nous devons nous marier plus tard ce mois-ci. La femme lui sourit avec des yeux brillants. Scarlatti parla directement ? Jilly maintenant. — C’est ?a, Jilly. Plus de famille monoparentale. Tu vas avoir un p?re et une m?re – une vraie m?re apr?s toutes ces ann?es. Riley avait l’impression qu’on avait plong? un couteau dans sa poitrine. Jilly vient tout juste de dire que je suis sa vraie maman, pensa-t-elle. Mais que pouvait-elle dire ? propos de cette pique sur la monoparentalit? ? Son divorce avec Ryan avait ?t? conclu avant m?me qu’elle ait trouv? Jilly. Scarlatti reporta ensuite son attention sur Brenda Fitch. — Madame Fitch, mon avocat vient de dire des choses assez dures ? votre propos. Je veux juste que vous sachiez que je ne garde pas de rancune. Vous avez fait votre travail et je le sais. Je veux juste que vous sachiez ? quel point j’ai chang?. Puis il regarda Riley droit dans les yeux. — Madame Paige, je n’ai pas de rancune ? votre ?gard non plus. En fait, je suis reconnaissant pour tout ce que vous avez fait pour vous occuper de Jilly alors que j’essayais de retomber sur mes pieds. Je sais que ?a n’a pas ?t? facile pour vous, d’?tre c?libataire et tout. Et avec une adolescente ? vous. Riley ouvrit la bouche pour protester, mais Albert continua chaleureusement : — Je sais que vous tenez ? elle et vous n’avez pas ? vous inqui?ter. Je serai un bon p?re pour Jilly ? partir de maintenant. Et je veux que vous continuiez ? faire partie de sa vie. Riley ?tait stup?faite. Elle comprenait maintenant pourquoi son avocate avait menac? de porter des accusations d’enl?vement. C’est le coup classique du bon flic, mauvais flic. Jolene Paget s’?tait pr?sent?e comme une avocate f?roce pr?te ? tout pour gagner son affaire. Elle avait ouvert la voie ? Scarlatti pour qu’il apparaisse comme le gars le plus gentil au monde. Et il ?tait tr?s convaincant. Riley ne pouvait s’emp?cher de se demander… Est-ce vraiment un bon gars apr?s tout ? Est-ce qu’il traversait vraiment une mauvaise passe ? Pire encore – pouvait-elle avoir eu tort d’essayer de lui enlever Jilly ? Ne faisait-elle rien d’autre qu’ajouter un traumatisme inutile dans la vie de Jilly ? Finalement, Scarlatti regarda le juge. — Votre honneur, je vous en prie, s’il vous pla?t, laissez-moi r?cup?rer ma fille. Elle est ma chair et mon sang. Vous ne regretterez pas votre d?cision. Je le promets. Une larme coula sur sa joue tandis qu’il se rasseyait. Son avocate se leva, l’air plus suffisante et confiante que jamais. Elle parla ? Jilly avec un ton empreint de fausse sinc?rit?. — Jilly, j’esp?re que tu comprends que ton p?re ne veut que le meilleur pour toi. Je sais que tu as connu des probl?mes avec lui par le pass?, mais dis-moi la v?rit? maintenant – n’est-ce pas une constante avec toi ? Jilly avait l’air perplexe. — Je suis s?re que tu ne nieras pas que tu t’es enfuie de chez ton p?re, et c’est ainsi que Riley Paige t’as trouv?e, pour commencer, poursuivit Paget. — Je sais, mais c’?tait parce que… dit Jilly. Paget l’interrompit en montrant le Flaxmans. — Et est-ce que tu ne t’es pas aussi enfuie de ce chez gentil couple quand ils t’ont accueillie ? Jilly ?carquilla les yeux et hocha de la t?te en silence. Riley d?glutit difficilement. Elle savait ce que Paget allait dire ensuite. — Et est-ce que tu n’as pas m?me une fois fui de chez madame Paige et sa famille ? Jilly acquies?a et baissa piteusement la t?te. Et bien s?r, c’?tait vrai. Riley ne se souvenait que trop bien de la difficult? que Jilly avait eu ? s’ajuster ? la vie dans sa maison – et surtout comment elle avait lutt? contre son sentiment d’indignit?. Dans un moment particuli?rement faible, Jilly s’?tait enfuie jusqu’? une autre aire pour camion, pensant qu’elle n’?tait bonne qu’? vendre son corps. “Je ne suis personne”, avait dit Jilly ? Riley lorsque la police l’avait ramen?e. L’avocate avait bien fait ses recherches, mais Jilly avait tellement chang? depuis. Riley ?tait certaine que ces jours de manque de confiance en elle ?taient termin?s. Gardant toujours un ton d’une profonde inqui?tude, Paget dit ? Jilly… — T?t ou tard, ma ch?rie, tu vas devoir accepter l’aide des personnes qui se soucient de toi. Et en ce moment, ton p?re veut plus que tout te donner une bonne vie. Je pense que tu lui dois de lui accorder une chance de le faire. Se tournant vers le juge, Paget ajouta : — Votre honneur, je vous laisse r?soudre la question. Pour la premi?re fois, le juge semblait ?tre v?ritablement ?mu. — Monsieur Scarlatti, vos commentaires ?loquents m’ont oblig? ? reconsid?rer ma d?cision, dit-il. Riley poussa une exclamation ? voix haute. Est-ce que c’?tait vraiment en train de se passer ? Le juge poursuivit : — La loi de l’Arizona est tr?s claire en mati?re de s?paration. La premi?re chose ? prendre en consid?ration est la forme physique des parents. La seconde est l’int?r?t sup?rieur de l’enfant. Ce n’est que si le parent est jug? inapte que la deuxi?me consid?ration peut ?tre remise en question. Il s’arr?ta pour r?fl?chir un instant. — L’inaptitude de monsieur Scarlatti n’a pas ?t? ?tablie ici aujourd’hui. Je pense plut?t au contraire qu’il semble faire tout ce qu’il peut pour devenir un excellent p?re. Kaul, l’air inquiet, se leva et parla brusquement. — Votre honneur, j’objecte. Monsieur Scarlatti a volontairement renonc? ? ses droits, et ceci est totalement inattendu. L’agence n’avait aucune raison d’apporter des preuves pour ?tablir son inaptitude. Le juge parla avec une note d?finitive et frappa de son marteau. — Alors, je n’ai aucune raison d’envisager autre chose. La garde est accord?e au p?re, avec application imm?diate. » Riley ne put s’emp?cher de lancer un cri de d?sespoir. C’est r?el, pensa-t-elle. Je vais perdre Jilly. CHAPITRE CINQ Riley ?tait presque en hyperventilation, tandis qu’elle essayait de comprendre ce qui ?tait en train de se passer. Je peux s?rement contester cette d?cision, pensa-t-elle. L’organisme et l’avocat pourraient facilement rassembler des preuves solides sur le comportement violent de Scarlatti. Mais que se passerait-il entre-temps ? Jilly ne resterait jamais avec son p?re. Elle s’enfuirait encore – et cette fois elle pourrait vraiment dispara?tre. Riley pourrait ne jamais revoir sa fille cadette. Encore assis sur le banc, le juge dit ? Jilly : « Jeune fille, je pense que tu devrais aller rejoindre ton p?re maintenant. ? la surprise de Riley, Jilly semblait parfaitement calme. Elle serra la main de Riley et murmura… — Ne t’inqui?te pas maman. ?a va aller. Elle se dirigea vers l’endroit o? Scarlatti et sa fianc?e ?taient maintenant debout. Le sourire d’Albert Scarlatti semblait chaleureux et accueillant. Alors que son p?re lui tendait les bras pour l’?treindre, Jilly dit : — J’ai quelque chose ? te dire. Une expression curieuse traversa le visage de Scarlatti. — Tu as tu? mon fr?re. — Qu-quoi ? balbutia Scarlatti. Non, ce n’est pas vrai et tu le sais. Ton fr?re Norbert s’est enfui. Je te l’ai dit ? plusieurs reprises… Jilly l’interrompit. — Non, je ne parle pas de mon grand fr?re. Je ne me souviens m?me pas de lui. Je parle de mon petit fr?re. — Mais tu n’en as jamais eu… — Non, je n’ai jamais eu de petit fr?re. Parce que tu l’as tu?. La bouche de Scarlatti s’ouvrit en grand et son visage rougit. La voix tremblante de col?re, Jilly poursuivit : — J’imagine que tu penses que je ne me souviens pas de ma m?re, parce que j’?tais si petite quand elle t’a quitt?. Mais je m’en souviens. Je me souviens qu’elle ?tait enceinte. Je me souviens que tu lui as cri? dessus. Tu l’as frapp?e dans le ventre. Je t’ai vu le faire, encore et encore. Puis elle a ?t? malade. Et puis elle n’a plus ?t? enceinte. Elle m’a dit que c’?tait un gar?on et qu’il aurait ?t? mon petit fr?re, mais tu l’as tu?. Riley ?tait stup?faite par ce que disait Jilly. Elle ne doutait absolument pas que chaque mot soit vrai. J’aurais aim? qu’elle ait pu me le dire, pensa-t-elle. Mais, bien s?r, Jilly avait d? trouver cela trop douloureux pour en parler jusqu’? ce moment-ci. Jilly sanglotait ? pr?sent. — Maman pleurait beaucoup quand elle me l’a dit. Elle a dit qu’elle devait partir ou que tu la tuerais t?t ou tard. Et elle est partie. Et je ne l’ai plus jamais revue. Le visage de Scarlatti se tordit dans une expression hideuse. Riley pouvait voir qu’il luttait contre sa rage. — Fille, tu ne sais pas de quoi tu parles. Tu imagines tout ?a, gronda-t-il. — Elle portait sa jolie robe bleue ce jour-l?. Celle qu’elle aimait vraiment. Tu vois, je me souviens. J’ai tout vu, dit Jilly. Les mots de Jilly se d?versaient dans un torrent d?sesp?r?. — Tu tues tout et tout le monde, t?t ou tard. Tu ne peux pas t’en emp?cher. Je parie que tu as m?me menti quand tu m’as dit que mon chiot s’?tait enfui. Tu as probablement tu? Darby aussi. Scarlatti tremblait de tout son corps maintenant. Les mots de Jilly continuaient ? d?ferler. — Ma m?re a fait la bonne chose en fuyant, et j’esp?re qu’elle est heureuse, o? qu’elle soit. Et si elle est morte – eh bien, elle est toujours mieux qu’elle ne le serait avec toi. Scarlatti laissa ?chapper un rugissement de fureur. — Tais-toi, petite garce ! Il attrapa Jilly par l’?paule d’une main et la frappa avec l’autre. Jilly cria et essaya de se d?gager de son emprise. Riley se leva et se pr?cipita vers Scarlatti. Avant qu’elle ne l’atteigne, deux agents de s?curit? avaient saisi l’homme par les bras. Jilly se lib?ra et courut vers Riley. Le juge frappa de son marteau et tout redevint silencieux. Il regardait autour de lui comme s’il ne pouvait pas croire ce qui venait de se passer. Pendant un instant, il resta juste assis, ? respirer lourdement. Puis il regarda Riley et dit : — Madame Paige, je pense que je vous dois des excuses. J’ai pris la mauvaise d?cision tout ? l’heure et je l’annule. Il jeta un regard noir ? Scarlatti et ajouta : — Un autre son de votre part et je vous fais arr?ter. En regardant les autres dans la salle, le juge dit fermement : — Il n’y aura plus d’autres audiences. Ceci est ma d?cision finale concernant cette adoption. La garde est accord?e ? la m?re adoptive. Il frappa de nouveau son marteau, se leva et quitta la salle d’audience sans un autre mot. Riley se tourna et regarda Scarlatti. Ses yeux noirs ?taient furieux, mais les deux agents de s?curit? ?taient toujours debout ? c?t? de lui. Il lan?a un coup d’?il ? sa fianc?e qui observait avec ?pouvante. Puis Scarlatti baissa la t?te et resta immobile. Jilly se jeta dans les bras de Riley en sanglotant. Riley la serra contre elle et dit : — Tu es une fille courageuse, Jilly. Je ne vais jamais te laisser partir, peu importe ce qui arrive. Tu peux compter sur ?a. » * La joue de lui Jilly piquait toujours pendant que Riley r?glait quelques d?tails avec Brenda et l’avocat. Mais cela lui semblait ?tre une bonne douleur et elle savait qu’elle allait bient?t dispara?tre. Elle avait dit la v?rit? sur quelque chose qu’elle avait gard? pour elle trop longtemps. En cons?quence, elle ?tait lib?r?e de son p?re pour toujours. Riley – sa nouvelle maman – la ramena dans leur chambre d’h?tel o? elles firent leurs bagages rapidement, puis se rendirent ? l’a?roport. Elles arriv?rent ? temps pour leur vol de retour et enregistr?rent leurs bagages afin de ne pas avoir ? les porter. Ensuite, elles all?rent ensemble aux toilettes. Jilly se tint devant un miroir pendant que sa m?re se trouvait dans un cabinet voisin. Une l?g?re ecchymose se formait sur le c?t? de son visage, l? o? son p?re l’avait frapp?e. Mais ?a allait aller maintenant. Son p?re ne pourrait plus jamais la blesser. Et tout cela parce qu’elle venait enfin de dire la v?rit? sur son petit fr?re perdu. C’?tait tout ce qu’il avait fallu pour tout renverser. Elle sourit un peu en se rappelant ce que maman lui avait dit… “Tu es une fille courageuse, Jilly.” Oui, pensa Jilly. Je crois que je suis assez courageuse. CHAPITRE SIX Lorsque Riley sortit des toilettes, elle ne vit Jilly nulle part. La premi?re chose qu’elle ressentit fut un ?clair de col?re. Elle se rappelait clairement avoir dit ? Jilly… “Attends juste devant la porte. Ne va nulle part.” Et maintenant elle ?tait introuvable. Cette fille, pensa Riley. Elle ne craignait pas de manquer leur vol. Elles avaient bien assez de temps avant d’embarquer. Mais elle avait esp?r? y aller lentement et doucement apr?s une journ?e si difficile. Elle avait pr?vu de passer par la s?curit?, trouver leur porte puis un bon endroit pour manger. Riley soupira de d?couragement. M?me apr?s l’acte courageux de Jilly dans la salle d’audience, Riley ne put s’emp?cher d’?tre d??ue par cette nouvelle manifestation d’immaturit?. Elle savait que si elle partait ? la recherche de Jilly dans le grand terminal, elles ne feraient probablement que se manquer ? maintes reprises. Elle chercha un endroit o? s’asseoir et attendit que Jilly revienne, ce qu’elle ferait s?rement t?t ou tard. Mais alors Riley parcourait le grand terminal des yeux, elle aper?ut Jilly passant l’une des portes de verre qui menaient ? l’ext?rieur. Ou du moins pensait-elle que c’?tait Jilly – il ?tait difficile d’en ?tre s?r depuis l? o? Riley se tenait. Et qui ?tait cette femme avec qui la fille semblait ?tre ? On aurait dit ? Barbara Long, la fianc?e d’Albert Scarlatti. Mais les deux personnes disparurent rapidement parmi les voyageurs qui passaient dehors. Riley sentit un picotement d’appr?hension. Ses yeux lui avaient-ils jou? des tours ? Non, elle ?tait maintenant s?re de ce qu’elle avait vu. Mais que se passait-il ? Pourquoi Jilly irait-elle quelque part avec cette femme ? Riley se mit en mouvement. Elle savait qu’il n’y avait pas de temps pour essayer de comprendre. En trottinant, elle tendit instinctivement la main sous sa veste l?g?re et tapota l’arme qu’elle portait ? son ?tui d’?paule. Elle fut arr?t?e par un garde de s?curit? en uniforme qui fit un pas devant elle. Il parla d’une voix calme et professionnelle. « ?tes-vous en train de d?gainer une arme, madame ? Riley laissa ?chapper un grognement de frustration. — Monsieur, je n’ai pas le temps pour ?a, dit-elle. Elle pouvait voir ? l’expression du garde qu’elle avait seulement confirm? ses soup?ons. Il sortit sa propre arme et se dirigea vers elle. Du coin de l’?il, Riley vit qu’un autre garde avait rep?r? les mouvements et s’approchait ?galement. — Laissez-moi passer, dit Riley en levant ses deux mains. Je suis un agent du FBI. Le garde avec le pistolet ne r?pondit pas. Riley supposa qu’il ne la croyait pas. Et elle savait qu’il avait ?t? form? pour ne pas la croire. Il faisait juste son travail. Le deuxi?me garde semblait ?tre sur le point de la fouiller. Riley perdait un temps pr?cieux. Compte tenu de son entra?nement sup?rieur, elle calcula qu’elle pourrait probablement d?sarmer le garde arm? avant qu’il ne puisse tirer. Mais la derni?re chose dont elle avait besoin en ce moment ?tait de se lancer dans une dispute inutile avec deux gardes de s?curit? bien intentionn?s. Se for?ant ? rester calme, elle dit : — ?coutez, laissez-moi vous montrer mon insigne. Les deux gardes se regard?rent avec m?fiance. — OK, dit celui avec le pistolet. Mais lentement. Riley sortit prudemment son badge et le leur montra. Ils rest?rent bouche b?e. — Je suis un peu press?e , dit Riley. Le garde devant elle hocha de la t?te et rangea son arme. Avec reconnaissance, elle se mit ? courir ? travers le terminal et sortit pr?cipitamment par les portes vitr?es. Riley regarda tout autour d’elle. Ni Jilly ni la femme n’?taient en vue. Mais ensuite, elle rep?ra le visage de sa fille ? la fen?tre arri?re d’un 4x4. Jilly avait l’air paniqu? et ses mains ?taient appuy?es contre la vitre. Pire encore, le v?hicule commen?ait ? s’?loigner. Riley s’?lan?a dans une course d?sesp?r?e. Heureusement, le 4x4 s’arr?ta. Un v?hicule devant lui avait stopp? pour laisser passer des pi?tons et le 4x4 ?tait coinc? derri?re. Riley atteignit le c?t? conducteur avant que la voiture ne puisse s’?loigner ? nouveau. Et Albert Scarlatti ?tait derri?re le volant. Elle sortit son arme et la pointa par la fen?tre, directement sur sa t?te. « C’est fini, Scarlatti », cria-t-elle de tous ses poumons. Mais avant qu’elle ne s’en rende compte, Scarlatti ouvrit la porti?re et la heurta violemment. L’arme tomba de sa main et cliqueta sur le trottoir. Riley ?tait furieuse ? pr?sent – pas seulement contre Scarlatti, mais contre elle-m?me pour avoir mal ?valu? la distance entre elle et la porti?re. Pour une fois, elle avait laiss? sa panique prendre le dessus. Mais elle reprit ses esprits en une fraction de seconde. Cet homme n’allait pas fuir avec Jilly. Avant que Scarlatti ne puisse refermer la porti?re, Riley passa son bras pour la bloquer. M?me si ce fut douloureux, il ne pouvait pas la fermer. Riley ouvrit brusquement la porti?re et vit que Scarlatti n’avait pas pris la peine de boucler sa ceinture. Elle l’attrapa par le bras et le tra?na, jurant et luttant, hors de la voiture. C’?tait un homme grand et plus fort que ce ? quoi elle s’attendait. Il se d?gagea d’elle et leva le poing pour la frapper au visage. Mais Riley ?tait plus rapide. Elle le frappa violemment dans le plexus solaire et entendit l’air sortir de ses poumons alors qu’il se pliait en deux. Puis elle le frappa ? l’arri?re de la t?te. Il tomba face la premi?re sur le trottoir. Riley r?cup?ra son arme et la remit dans son ?tui. ? ce moment-l?, plusieurs gardes de s?curit? se bousculaient autour d’elle. Heureusement, l’un d’eux ?tait l’homme qu’elle avait crois? ? l’int?rieur du terminal. « C’est bon, cria l’homme aux autres. Elle est du FBI. » Les gardes inquiets gard?rent docilement leur distance. Riley entendit alors Jilly crier depuis l’int?rieur de la voiture… « Maman ! Ouvre ? l’arri?re ! » Lorsque Riley s’avan?a vers le v?hicule, elle vit que la femme, Barbara Long, ?tait assise c?t? passager ? l’avant, l’air terrifi?e. Sans un mot, Riley appuya sur le bouton de d?verrouillage qui contr?lait toutes les portes. Jilly a ouvert le coffre et sortit de la voiture. Barbara Long ouvrit la porte de son c?t?, comme si elle esp?rait s’esquiver et fuir. Mais l’un des gardes l’arr?ta avant qu’elle ne puisse faire deux pas. Scarlatti semblait ?tre totalement vaincu et essayait de se relever au ralenti. Riley se demanda… Que devrais-je faire de ce gars ? L’arr?ter ? Et elle ? Cela semblait ?tre une perte de temps et d’?nergie. En outre, elle et Jilly pourraient ?tre coinc?es ici ? Phoenix pendant des jours en portant des accusations contre lui. Alors qu’elle essayait de se d?cider, elle entendit la voix de Jilly derri?re elle… « Maman, regarde ! Riley se retourna et vit Jilly tenant un petit chien aux grandes oreilles dans ses bras. — Tu pourrais laisser partir ce vieux ex-papa, dit Jilly avec un sourire malicieux. Apr?s tout, il a ramen? mon chien. N’?tait-ce pas gentil de sa part ? — C’est… bafouilla Riley, stup?faite, tout en essayant de se souvenir du nom du chiot dont Jilly avait parl?. — C’est Darby, dit fi?rement Jilly. Maintenant, elle peut rentrer ? la maison avec nous. Riley h?sita un long moment, puis sentit un sourire poindre sur son visage. Elle regarda les gardes et dit : — Occupez-vous de ce type comme vous le souhaitez. Et sa petite amie aussi. Ma fille et moi avons un avion ? prendre. Riley ?loigna Jilly et le chien des gardes perplexes. — Allez, dit-elle ? Jilly. Nous devons nous trouver une caisse de transport. Et expliquer ?a ? la compagnie a?rienne. » CHAPITRE SEPT Quand leur avion entama sa descente vers DC, Riley se trouvait encore avec Jilly blottie contre son ?paule, en train de faire la sieste. M?me le petit chien, nerveux et g?missant au d?but du vol, s’?tait calm? rapidement. Darby s’?tait mise en boule et dormait tranquillement dans la cage qu’elles avaient achet? ? la compagnie a?rienne. Jilly avait expliqu? ? Riley que Barbara Long s’?tait approch?e d’elle ? l’ext?rieur des toilettes et l’avait convaincue de l’accompagner pour aller chercher Darby, affirmant qu’elle d?testait les chiens et voulait que Jilly la prenne. Quand elle ?tait arriv?e ? la voiture, Barbara l’avait pouss?e dedans et avait verrouill? les portes, puis ils avaient d?marr?. Maintenant que toute cette ?preuve ?tait termin?e, Riley se retrouva ? songer ? l’?trange appel de Morgan Farrell la veille au soir… “J’ai tu? ce salaud”, avait d?clar? Morgan. Riley avait imm?diatement appel? la police d’Atlanta, mais elle n’avait eu aucune nouvelle depuis lors et n’avait pas eu le temps d’en prendre pour savoir ce qui s’?tait pass?. Elle se demandait si Morgan avait dit la v?rit? ou si Riley avait envoy? les policiers pour une fausse alerte ? Morgan ?tait-elle en d?tention ? L’id?e m?me que la femme ? l’apparence fragile tue quelqu’un est toujours tr?s difficile ? accepter. Mais Morgan avait ?t? tr?s insistante. Riley se souvint d’elle disant… “Je suis en train de regarder son corps allong? sur son lit, et il a beaucoup de blessures au couteau, et il a beaucoup saign?.” Riley ne savait que trop bien que m?me les personnes les plus douces et les plus improbables pouvaient ?tre pouss?es ? une extr?me violence. Cela se produisait g?n?ralement ? cause d’une certaine fissure dans leur propre masque, quelque chose de r?prim? et cach? qui ?clatait dans des circonstances extr?mes, les poussant ? commettre des actes apparemment inhumains. Morgan lui avait ?galement dit : “J’ai ?t? plut?t drogu?e ces derniers temps.” Peut-?tre Morgan n’avait-elle fait que fantasmer ou avoir des hallucinations. Riley se rappela… Quoi qu’il se soit pass?, ce ne sont pas mes affaires. Il ?tait temps pour elle de se concentrer sur sa propre famille, qui comprenait d?sormais deux filles – et, ? la surprise de Riley, un chien. Et n’?tait-il pas temps pour elle de retourner au travail ? Mais Riley ne pouvait s’emp?cher de penser qu’apr?s les drames de la salle d’audience et de l’a?roport aujourd’hui, elle m?ritait peut-?tre une pause. Ne devrait-elle pas prendre un autre jour de cong? avant de retourner ? Quantico ? Riley soupira en r?alisant… Probablement pas. Son travail ?tait important pour elle. Elle pensait qu’il pouvait ?tre important pour le monde en g?n?ral. Mais aussi, penser de cette fa?on l’inqui?tait. Quel genre de parent travaillait jour et nuit ? poursuivre les monstres les plus vicieux, trouvant parfois m?me une part d’entre eux en elle-m?me ce faisant ? Elle savait qu’elle ne pouvait parfois pas s’emp?cher de ramener ? la maison son sinistre travail, parfois m?me de la mani?re la plus terrible possible. Ses affaires mettaient parfois en danger la vie de personnes qu’elle aimait. Mais c’est ce que je fais, pensa-t-elle. Et au fond d’elle, elle savait que c’?tait un bon travail qui devait ?tre fait. En quelques sortes, elle ?tait m?me redevable envers ses filles de continuer ? l’accomplir – non seulement pour les prot?ger des monstres, mais aussi pour leur montrer que les monstres pouvaient ?tre vaincus. Elle devait continuer ? ?tre un exemple pour elles. C’est mieux comme ?a, pensa-t-elle. Alors que l’avion s’arr?tait au terminal, Riley secoua un peu Jilly. « R?veille-toi, marmotte, dit-elle. Nous sommes arriv?es. Jilly grogna et grommela un peu, puis son visage se fendit d’un grand sourire en voyant le chien dans sa cage. Darby venait juste de se r?veiller, et regardait Jilly en remuant joyeusement la queue. Puis Jilly regarda Riley avec de la joie dans les yeux. — Nous l’avons vraiment fait, hein maman ? dit-elle. Nous avons gagn?. Riley serra Jilly dans ses bras et dit : — Nous avons vraiment r?ussi, ma ch?rie. Tu es vraiment ma fille maintenant et je suis ta m?re. Et rien ne changera jamais ?a. » * Lorsque Riley, Jilly et le chien arriv?rent ? leur maison, April les attendait directement sur le seuil. Juste ? l’int?rieur se trouvaient Blaine, le petit ami divorc? de Riley, et sa fille de quinze ans, Crystal, qui ?tait aussi la meilleure amie d’April. La femme de m?nage guat?malt?que de la famille, Gabriela, se tenait tout pr?s. Riley et Jilly avaient communiqu? leurs bonnes nouvelles depuis Phoenix, et avaient appel? ? nouveau quand elles avaient atterri et ?taient sur le chemin du retour, mais elles n’avaient pas mentionn? le chiot. Tous ?taient l? pour accueillir Jilly, mais au bout d’un moment, April se pencha pour regarder la cage que Riley avait pos?e sur le sol. « Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle. Jilly rit. — C’est quelque chose de vivant, dit Crystal. Jilly ouvrit le haut de la cage et Darby apparut, les yeux ?carquill?s et un peu inquiet face ? tous les visages qui l’entouraient. — Oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieu ! cria Crystal. — Nous avons un chien ! cria April. Nous avons un chien ! Riley se mit ? rire en se rappelant ? quel point April avait sembl? calme et sereine quand elles avaient parl? juste la veille. Maintenant, toute cette maturit? avait soudainement disparu et April se comportait comme une petite fille. C’?tait merveilleux ? voir. Jilly sortit Darby de la cage. Il ne fallut pas tr?s longtemps ? la petite chienne pour commencer ? profiter de toute l’attention. Pendant que les filles continuaient ? s’agiter bruyamment autour d’elle, Blaine demanda ? Riley : — Comment ?a s’est pass? ? Est-ce que tout est vraiment r?gl? ? — Oui, lui dit Riley en souriant. C’est vraiment termin?. Jilly est l?galement la mienne. Tout le monde ?tait trop excit? par la chienne pour parler de l’adoption pour le moment. — Comment s’appelle-t-elle ? dit April en soulevant la chienne. — Darby, dit Jilly en April. — O? l’as-tu trouv?e ? demanda Crystal. Riley rit et dit : — Eh bien, c’est toute une histoire. Donnez-nous quelques minutes pour nous installer avant de la raconter. — C’est quelle race ? demanda April. — En partie Chihuahua, je pense, dit Jilly. Gabriela prit la chienne des mains d’April et l’examina attentivement. — Oui, un peu de Chihuahua, et elle a d’autres races de chiens en elle, dit la femme. Quel est le mot en fran?ais pour un m?lange de chiens ? — Un crois?, dit Blaine. Gabriela hocha la t?te s?chement et dit : — Oui, vous avez une vraie crois?e ici – aut?ntico, une vraie. Un crois? est le meilleur type de chien. Celle-ci doit encore grandir un peu, mais elle restera plut?t petite. ?Bienvenidos ! Darby. ?Nuestra casa es tuya tambi?n ! C’est ta maison aussi ! Elle rendit le chiot ? Jilly et dit : — Elle va avoir besoin d’eau maintenant et de nourriture apr?s que tout se soit calm?. J’ai des restes de poulet que nous pouvons lui donner plus tard, mais nous devrons rapidement acheter de la vraie nourriture pour chien. » Suivant les instructions de Gabriela sur la fa?on d’installer un coin pour Darby, les filles se pr?cipit?rent dans la chambre de Jilly pour lui faire un couchage et pos?rent de vieux journaux au cas o? elle devrait faire ses besoins pendant la nuit. Pendant ce temps, Gabriela mit de la nourriture sur la table – un d?licieux plat guat?malt?que appel? pollo-encebollado, du poulet en sauce ? l’oignon. Sans tarder, tout le monde s’assit pour manger. Lui-m?me chef et propri?taire d’un restaurant, Blaine fit l’?loge du repas et posa toutes sortes de questions ? Gabriela. Puis la conversation d?via vers tout ce qui s’?tait pass? ? Phoenix. Jilly insista pour raconter toute l’histoire elle-m?me. Blaine, Crystal, April et Gabriela rest?rent toutes assises bouche b?e quand elles entendirent parler de la sc?ne violente dans la salle d’audience, puis de l’aventure encore plus folle ? l’a?roport. Et bien s?r, tout le monde ?tait ravi d’entendre parler du nouveau chien qui ?tait entr? dans leur vie. Nous sommes une famille maintenant, pensa Riley. Et c’est g?nial d’?tre ? la maison. Ce serait aussi g?nial de retourner au travail le lendemain. Apr?s le dessert, Blaine et Crystal rentr?rent chez eux, puis April et Jilly all?rent ? la cuisine pour nourrir Darby. Riley se servit un verre et s’assit dans le salon. Elle se sentait qu’elle se d?tendait de plus en plus. La journ?e avait vraiment ?t? folle, mais maintenant elle ?tait finie. Son t?l?phone sonna et elle vit que l’appel venait d’Atlanta. Riley sentit une d?charge la parcourir. Est-ce que cela pourrait ?tre encore Morgan ? Qui d’autre pourrait appeler d’Atlanta ? Elle d?crocha et entendit la voix d’un homme. « Agent Paige ? Je m’appelle Jared Ruhl et je suis policier ici ? Atlanta. J’ai eu votre num?ro par le standard de Quantico. — Que puis-je faire pour vous, agent Ruhl ? dit Riley. D’une voix timide, Ruhl dit : — Eh bien, je ne suis pas vraiment s?r, mais… je suppose que vous savez que nous avons arr?t? une femme pour le meurtre d’Andrew Farrell hier soir. C’?tait son ?pouse, Morgan. En fait, n’?tes-vous pas la personne qui nous a appel? pour le signaler ? Riley se sentait nerveuse ? pr?sent. — C’?tait moi, dit-elle. — J’ai aussi entendu dire que Morgan Farrell vous avait appel? juste apr?s le meurtre, avant qu’elle n’appelle quelqu’un d’autre. — C’est vrai. Un silence tomba. Riley sentit que Ruhl luttait avec ce qu’il voulait dire. Enfin, il dit : — Agent Paige, que savez-vous de Morgan Farrell ? Riley plissa les yeux avec inqui?tude. — Agent Ruhl, je ne suis pas s?re qu’il soit appropri? que je fasse un commentaire. Je ne sais vraiment rien de ce qui s’est pass? et ce n’est pas une affaire du FBI. — Je comprends. Je suis d?sol?, j’imagine que je n’aurais pas d? appeler… Sa voix s’?teignit. Puis il ajouta : — Mais, agent Paige, je ne pense pas que Morgan Farrell l’ait fait. Assassiner son mari, je veux dire. Je suis un peu nouveau dans ce m?tier, et je sais que j’ai beaucoup ? apprendre… mais je ne pense simplement pas qu’elle soit du type qui puisse faire ?a. Riley fut surpris par ces paroles. Elle ne se souvenait certainement pas de Morgan Farrell comme ?tant le “type” de personne qui pourrait commettre un meurtre. Mais elle devait faire attention ? ce qu’elle disait ? Ruhl. Elle n’?tait pas du tout s?re qu’elle devrait avoir cette conversation. — Est-ce qu’elle a avou? ? demanda-t-elle ? Ruhl. — Ils me disent que oui. Et tout le monde croit sa confession. Mon ?quipier, le chef de la police, le procureur – tout le monde. Sauf moi. Et je ne peux pas m’emp?cher de me demander, est-ce que vous… ? Il ne termina pas sa question, mais Riley savait ce que c’?tait. Il voulait savoir si Riley croyait ou non que Morgan f?t capable de meurtre. Lentement et prudemment, elle dit : — Agent Ruhl, j’appr?cie votre pr?occupation. Mais il n’est vraiment pas appropri? que je sp?cule l?-dessus. Je suppose que c’est une affaire locale, et ? moins que le FBI ne soit appel? ? aider ? l’enqu?te, eh bien… franchement, ce ne sont pas mes affaires. — Bien s?r, toutes mes excuses, dit poliment Ruhl. J’aurais d? le savoir. En tout cas, merci d’avoir pris mon appel. Je ne vous d?rangerai plus. » Il raccrocha et Riley resta assise ? regarder fixement le t?l?phone, tout en sirotant son verre. Les filles pass?rent bruyamment devant elle, suivies de pr?s par le petit chien. Elles ?taient toutes en route vers le s?jour pour jouer, et Darby semblait plut?t heureuse maintenant. Riley les regarda passer, avec un profond sentiment de satisfaction. Mais ensuite ses souvenirs de Morgan Farrell recommenc?rent ? s’imposer dans son esprit. Elle et son ?quipier, Bill Jeffreys, s’?taient rendus au manoir des Farrell pour interroger le mari de Morgan concernant la mort de son propre fils. Elle se souvenait comment Morgan avait sembl? presque trop faible pour se tenir debout, s’accrochant ? la rampe de l’?norme escalier pour se soutenir pendant que son mari la dirigeait comme si elle ?tait une sorte de troph?e. Elle se souvenait du regard de terreur vide dans les yeux de la femme. Elle se souvenait aussi de ce qu’Andrew Farrell avait dit d’elle d?s qu’elle avait ?t? hors de port?e de sa voix… “Une mannequin plut?t c?l?bre quand je l’ai ?pous?e – peut-?tre l’avez-vous vue sur des couvertures de magazine.” Et concernant le grand ?cart d’?ge entre Morgan et lui, il avait ajout?… “Une belle-m?re ne devrait jamais ?tre plus ?g?e que les enfants les plus grands de son mari. Je m’en suis assur? avec toutes mes femmes.” Riley ressentit alors le m?me frisson qui l’avait travers?e ? l’?poque. Il ?tait ?vident que Morgan n’avait ?t? qu’un bibelot co?teux ? montrer en public pour Andrew Farrell – et non un ?tre humain. Finalement, Riley se souvint de ce qui ?tait arriv? ? l’?pouse d’Andrew Farrell avant Morgan. Elle s’?tait suicid?e. Lorsque Riley avait donn? sa carte du FBI ? Morgan, elle craignait que la femme ne subisse le m?me sort – ou ne meure dans d’autres sinistres circonstances. La derni?re chose qu’elle avait imagin?e ?tait que Morgan tuerait son mari – ou n’importe qui d’autre. Riley commen?a ? ressentir un picotement familier – le genre de picotement qu’elle ressentait chaque fois que son instinct lui disait que les choses n’?taient pas ce qu’elles semblaient ?tre. Normalement, ce picotement ?tait un signal pour elle, lui indiquant qu’il fallait ?tudier plus profond?ment la question. Mais maintenant ? Non, ce ne sont vraiment pas mes affaires, se dit-elle. Ou l’?tait-ce ? Alors qu’elle ?tait en train de chercher ? comprendre, son t?l?phone sonna ? nouveau. Cette fois, elle vit que l’appel venait de Bill. Elle lui avait envoy? un message pour lui dire que tout allait bien et qu’elle serait chez elle dans la soir?e. « Salut, Riley, dit-il quand elle r?pondit. Je viens juste pendre des nouvelles. Donc tout s’est bien pass? ? Phoenix ? — Merci d’appeler, Bill, r?pondit-elle. Oui, l’adoption est d?finitive maintenant. — J’esp?re que tout s’est pass? sans probl?me, demanda Bill. Riley ne put s’emp?cher de rire. — Pas exactement, dit-elle. En fait, loin de l?. Il y avait eu, hum, un peu de violence d’impliqu?e. Et un chien. Elle entendit Bill rire aussi. — De la violence et un chien ? Je suis intrigu? ! Dis m’en plus ! — Je le ferai quand nous nous verrons, dit Riley. Ce sera une meilleure histoire si je peux te la raconter face ? face. — J’attends ?a avec impatience. Je suppose que je te verrai demain ? Quantico, alors. Riley se tut un instant, se sentant sur le point de prendre une ?trange d?cision. — Je ne crois pas. Je pense que je vais peut-?tre prendre quelques jours de cong?, dit-elle ? Bill. — Et bien, tu le m?rites, c’est s?r. F?licitations encore. » Ils raccroch?rent et Riley monta dans sa chambre. Elle alluma son ordinateur. Puis elle r?serva un vol pour Atlanta pour le lendemain matin. CHAPITRE HUIT En d?but d’apr?s-midi le lendemain, Riley se tenait assise devant le bureau du chef de la police d’Atlanta, Elmo Stiles. Le grand homme bourru ne semblait pas du tout content de ce que Riley lui avait dit. « Laissez-moi r?capituler, Agent Paige. Vous ?tes venue ici depuis Quantico pour interroger en priv? Morgan Farrell, que nous d?tenons pour le meurtre de son mari. Mais nous n’avons pas demand? l’aide du FBI. En fait, l’affaire est maintenant r?solue et close. Nous avons un aveu et tout ce qu’il faut. Morgan est coupable, et c’est ? peu pr?s tout. Alors, que venez-vous faire ici ? grogna-t-il finalement. Riley essaya de d?gager un air de confiance. — Je vous l’ai d?j? dit, r?pondit-elle. Je dois lui parler d’une question compl?tement ? part – un probl?me compl?tement diff?rent. Stiles plissa les yeux, sceptique, et dit : — Un probl?me diff?rent dont vous ne pouvez rien me dire. — C’est exact, dit Riley. C’?tait un mensonge, bien s?r. Pour la milli?me fois depuis son d?part de Washington ce matin-l?, elle se demandait ce qu’elle pensait ?tre en train de faire. Elle ?tait habitu?e ? d?roger aux r?gles, mais elle franchissait vraiment une limite en faisant semblant d’?tre ici pour une affaire officielle du FBI. Pourquoi au juste avait-elle pens? ? un moment que cela pourrait ?tre une bonne id?e ? — Et si je dis non ? dit Stiles. Riley savait parfaitement que c’?tait la pr?rogative du chef, et que s’il r?pondait non, elle devrait s’y conformer. Mais elle ne voulait pas le dire. Elle devait se pr?parer ? un s?rieux bluff. — Monsieur Stiles, croyez-moi, je ne serais pas l? si cela n’?tait pas de la plus haute importance et de la plus grande urgence. Je n’ai simplement pas la libert? de dire ce que c’est, dit-elle. Le chef Stiles tapota des doigts sur son bureau pendant quelques instants. Puis il dit : — Votre r?putation vous pr?c?de, agent Paige. Riley grima?a un peu en son for int?rieur. ?a pourrait ?tre une bonne ou une mauvaise chose, pensa-t-elle. Elle ?tait bien connue et respect?e dans les forces de l’ordre pour son intuition aff?t?e, sa capacit? ? entrer dans l’esprit des tueurs, et son talent pour r?soudre des affaires apparemment insolubles. Elle ?tait aussi connue pour ?tre parfois p?nible et un ?lectron libre, et les autorit?s locales qui devaient travailler avec elle l’avaient souvent prise en grippe. Elle ne savait pas ? quelle r?putation se r?f?rait Stiles. Elle aurait aim? pouvoir mieux d?chiffrer son expression, mais il avait l’un de ces visages qui ne semblait probablement jamais satisfait de rien. Ce que Riley redoutait vraiment en ce moment, c’?tait la possibilit? que Stiles fasse la chose la plus logique – d?crocher le t?l?phone et appeler Quantico pour confirmer qu’elle ?tait l? pour le compte du FBI. S’il le faisait, personne ne la couvrirait. En fait, elle se retrouverait avec de sacr?s probl?mes. Enfin, ce ne serait pas la premi?re fois, pensa-t-elle. Finalement, le chef Stiles arr?ta de tambouriner des doigts et se leva de son bureau. — Eh bien, loin de moi l’id?e de faire obstacle aux affaires du FBI. Allez, je vous emm?ne dans la cellule de Morgan Farrell », grommela-t-il. R?primant un soupir de soulagement, Riley se leva et suivit Stiles hors de son bureau. Pendant qu’il la guidait ? travers le poste de police anim?, Riley se demanda si l’un des agents autour d’elle pouvait ?tre Jared Ruhl, celui qui l’avait appel?e la nuit pass?e. Elle ne le reconna?trait pas si elle le voyait. Mais lui pourrait savoir qui elle ?tait ? Riley esp?rait que non, autant pour lui que pour elle. Elle se souvenait de lui avoir dit par t?l?phone, ? propos de la mort de Morgan Farrell… “Franchement, ce ne sont pas mes affaires.” Ce qui avait ?t? exactement la bonne chose ? dire pour elle, et il serait mieux pour Ruhl qu’il pense que Riley restait fid?le ? sa d?cision. Cela pourrait ?tre un gros probl?me pour lui si son chef Stiles d?couvrait qu’il avait pos? poser des questions ? l’ext?rieur du service. Quand que Stiles la mena dans la partie de la prison r?serv?e aux femmes, Riley fut presque assourdie par le bruit. Les prisonni?res frappaient contre les barreaux et se disputaient bruyamment les unes les autres, et maintenant elles commen?aient ? crier sur Riley tandis qu’elle passait devant leurs cellules. Finalement, Stiles ordonna ? un garde d’ouvrir celle occup?e par Morgan Farrell et Riley entra. La femme ?tait assise sur le lit et fixait le sol, apparemment inconsciente que quelqu’un ?tait entr?. Riley fut choqu?e par son apparence. Comme elle s’en souvenait, Morgan ?tait extr?mement mince et fragile. Elle en avait encore plus l’air maintenant, v?tue d’une combinaison orange qui paraissait trop grande pour elle. Elle semblait aussi ?tre profond?ment ?puis?e. La derni?re fois que Riley l’avait vue, elle ?tait compl?tement maquill?e et ressemblait au mannequin qu’elle avait ?t? avant de se marier avec Andrew Farrell. Sans maquillage, elle avait l’air incroyablement squelettique. Riley pensa que quelqu’un ignorant tout d’elle pourrait la prendre pour une femme sans abri. Sur un ton plut?t poli, Stiles dit ? Morgan : « Madame, il y a un visiteur ici pour vous voir. L’agent sp?cial Riley Paige du FBI. Morgan leva les yeux vers Riley et la d?visagea, comme si elle n’?tait pas s?re qu’elle ne r?vait pas. Stiles se tourna alors vers Riley et dit : — Appelez-moi quand vous aurez termin?. » Stiles quitta la cellule et dit au gardien de fermer la porte derri?re lui. Riley jeta un coup d’?il autour d’elle pour voir quel type de surveillance la cellule pouvait disposer. Elle ne fut pas surprise de voir une cam?ra. Elle esp?rait qu’il n’y avait pas de micros aussi. La derni?re chose qu’elle voulait en ce moment ?tait que Stiles ou quelqu’un d’autre espionne sa conversation avec Morgan Farrell. Mais maintenant qu’elle ?tait l?, elle devait saisir cette occasion. Alors que Riley s’asseyait sur le lit ? c?t? d’elle, Morgan continuait ? plisser les yeux, incr?dule. D’une voix fatigu?e, elle dit : « Agent Paige. Je ne vous attendais pas. C’est gentil de venir me voir, mais vraiment, ce n’?tait pas du tout n?cessaire. — Je voulais juste… dit Riley. Sa voix s’?teignit tandis qu’elle se demandait… Qu’est-ce que je veux exactement ? Avait-elle vraiment une id?e pr?cise de ce qu’elle faisait ici ? Finalement, Riley dit : — Pouvez-vous me raconter ce qui s’est pass? ? Morgan soupira profond?ment. — Il n’y a pas grand-chose ? dire, n’est-ce pas ? J’ai tu? mon mari. Je ne regrette pas de l’avoir fait, croyez-moi. Mais ? pr?sent que c’est fait… eh bien, j’aimerais vraiment rentrer ? la maison maintenant. Riley ?tait stup?faite par ses paroles. La femme ne comprenait-elle dans quelle terrible situation elle se trouvait ? Ne savait-elle pas que la G?orgie ?tait un ?tat qui pratiquait la peine de mort ? Morgan semblait avoir du mal ? tenir sa t?te relev?e. Elle frissonna au son du cri strident d’une femme dans une cellule voisine. — Je pensais pouvoir dormir ici en prison. Mais ?coutez tout ce vacarme ! ?a n’arr?te pas, tout le temps, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dit-elle. Riley ?tudia son visage fatigu?. — Vous n’avez pas beaucoup dormi, n’est-ce pas ? Peut-?tre pas depuis longtemps ? demanda-t-elle. Morgan secoua la t?te. — Cela va faire deux ou trois semaines maintenant – avant m?me mon arriv?e ici. Andrew ?tait entr? dans un de ses ?tat d’esprit sadiques et avait d?cid? de ne pas me laisser tranquille ou de me laisser dormir, de jour comme de nuit. C’est facile pour lui… Elle s’arr?ta, remarquant apparemment son erreur, puis dit : — C’?tait facile pour lui. Il avait une sorte de m?tabolisme que certains hommes puissants ont. Il pouvait dormir trois ou quatre heures par jour. Et derni?rement, il ?tait souvent ? la maison. Donc il me traquait partout dans la maison, ne me laissant jamais aucune intimit?, et entrait ? toute heure dans ma chambre, pour me faire… faire toutes sortes de choses… Riley se sentit un peu malade ? l’id?e de ce que ces “choses” non dites pouvaient ?tre. Elle ?tait s?re qu’Andrew avait sexuellement tortur? Morgan. Morgan haussa les ?paules. — J’ai finalement craqu?, j’imagine, dit-elle. Et je l’ai tu?. D’apr?s ce que j’ai entendu, je l’ai poignard? douze ou treize fois. — D’apr?s ce que vous avez entendu, demanda Riley. Vous ne vous souvenez pas ? Morgan laissa ?chapper un g?missement de d?sespoir. — Devons-nous entrer dans les d?tails de ce dont je me souviens et ne me souviens pas ? Je buvais et prenais des pilules avant que ?a n’arrive et tout est embrouill?. La police m’a pos? des questions jusqu’? ce que je ne sache plus o? j’en ?tais. Si vous voulez conna?tre les d?tails, je suis s?re qu’ils vous laisseront lire mes aveux. Riley sentit un ?trange picotement ? ces mots. Elle n’?tait pas encore s?re de savoir pourquoi. — J’aimerais vraiment que vous me disiez, dit Riley. Morgan fron?a les sourcils un instant. Puis elle dit : — J’imagine que j’ai pris la d?cision… que je devais faire quelque chose. J’ai attendu jusqu’? ce qu’il soit all? dans sa chambre ce soir-l?. M?me alors, je ne savais pas s’il dormait. J’ai frapp? ? la porte doucement et il n’a pas r?pondu. J’ai ouvert et j’ai regard? ? l’int?rieur, et il ?tait dans son lit, profond?ment endormi. Elle semblait r?fl?chir plus fort. — Je suppose que j’ai d? chercher quelque chose avec quoi le faire – le tuer, je veux dire. Je crois que je n’ai rien vu. Donc je suppose que je suis descendue dans la cuisine et que j’ai pris ce couteau. Puis je suis remont?e et… eh bien, j’imagine que je suis devenu un peu folle en le poignardant, parce que je me suis retrouv?e avec du sang partout, y compris partout sur moi. Riley prit note de la fr?quence ? laquelle elle disait ces mots… “J’imagine.” “Je crois.” “Je suppose.” Puis Morgan laissa ?chapper un soupir d’agacement. — Quel d?sordre c’?tait ! J’esp?re que le personnel ? demeure a d?j? tout nettoy?. J’ai essay? de le faire moi-m?me, mais bien s?r je ne suis pas dou?e pour ce genre de choses, m?me dans les meilleures circonstances. Puis Morgan prit une longue et lente respiration. — Et puis je t’ai appel?. Et vous avez appel? la police. Merci de vous en ?tre occup?e pour moi. Puis elle sourit curieusement ? Riley et ajouta : — Et merci encore d’?tre venue me voir. C’?tait tr?s gentil de votre part. Je ne comprends toujours pas de quoi il s’agit, cependant. Riley se sentait de plus en plus troubl? par la description de Morgan de ses propres actions. Quelque chose ne va pas l?-dedans, pensa-t-elle. Riley s’interrompit pour r?fl?chir un instant puis demanda… — Morgan, quel genre de couteau ?tait-ce ? Morgan fron?a les sourcils. — Juste un couteau, j’imagine, dit-elle. Je ne m’y connais pas beaucoup en ustensiles de cuisine. Je pense que la police dit que c’?tait un couteau ? d?couper. Il ?tait long et tranchant. Riley se sentait de plus en plus mal ? l’aise ? propos de toutes les choses que Morgan ignorait ou dont elle n’?tait pas certaine. Quant ? elle, Riley ne faisait plus beaucoup la cuisine pour sa famille, mais elle savait assur?ment tout ce qu’il y avait dans sa cuisine et o? tout se trouvait. Tout ?tait conserv? ? sa place, d’autant plus que Gabriela s’en chargeait. Son propre couteau ? d?couper ?tait gard? sur un socle en bois avec d’autres couteaux aiguis?s. — O? exactement avez-vous trouv? le couteau ? demanda Riley. Morgan laissa ?chapper un rire g?n?. — Est-ce que je ne viens pas de vous le dire ? Dans la cuisine. — Non, je veux dire o? dans la cuisine ? Les yeux de Morgan s’assombrirent. — Pourquoi vous me demandez ?a ? dit-elle d’une voix douce et implorante. — Vous ne pouvez pas me le dire ? demanda Riley en insistant doucement. Morgan commen?ait ? para?tre d?sempar?e maintenant. — Pourquoi me posez-vous ces questions ? Comme je vous l’ai dit, tout est dans mes aveux. Vous pouvez les lire si vous ne l’avez pas d?j? fait. Vraiment, agent Paige, ce n’est pas gentil de votre part. Et j’aimerais vraiment savoir ce que vous faites ici. D’une fa?on ou d’une autre, je ne pense pas que ce soit seulement par bont?. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=43691743&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
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