Êàê ÷àñòî ÿ âèæó êàðòèíêó òàêóþ Âîî÷èþ, èëè îíà òîëüêî ñíèòñÿ: Äâå äåâî÷êè-ãåéøè î ÷¸ì-òî òîëêóþò, Çàáûâ, ÷òî äàâíî èì ïîðà ðàñõîäèòüñÿ. Íà óëèöå ò¸ìíîé âñå äâåðè çàêðûòû. Ëåíèâîå ïëàìÿ â ôîíàðèêå ñîííîì… À äåâî÷êè-ãåéøè êàê áóäòî çàáûòû Äâóìÿ îãîíüêàìè â ïðîñòðàíñòâå áåçäîííîì. Íó ÷òî âàì íå ñïèòñÿ, ïðåêðàñíûå ãåéøè? Âåäü äàæå ñâåð÷êè íåóìîë÷íû

Le Grain de Sable

Le Grain de Sable Blake Pierce Une Enqu?te de Riley Paige #11 Un chef-d’?uvre de suspense et de myst?re. Pierce d?veloppe ? merveille la psychologie de ses personnages. On a l’impression d’?tre dans leur t?te, de conna?tre leurs peurs et de f?ter leurs victoires. L’intrigue est intelligente et vous tiendra en haleine tout au long du roman. Difficile de l?cher ce livre plein de rebondissements. Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (? propos de SANS LAISSER DE TRACES) LE GRAIN DE SABLE est le 11?me tome de la populaire s?rie de thrillers RILEY PAIGE, qui commence avec SANS LAISSER DE TRACES – un roman pl?biscit? par les lecteurs ! Un tueur en s?rie enchaine les victimes. Sur chaque sc?ne de crime, il laisse une ?trange signature : un sablier. Ce sont des sabliers de quarante-huit heures. Quand le sable termine de s’?couler, une nouvelle victime apparait. Sous la pression des m?dias, press?e par le temps, l’agent sp?cial Riley Paige et sa nouvelle partenaire prennent l’affaire en main. Amidst intense media pressure, and in a frantic race against time, FBI Special Agent Riley Paige is summoned, with her new partner, to crack the case. Entre sa derni?re rencontre avec Shane Hatcher, sa vie de famille et Bill qu’elle veut aider ? aller mieux, Riley est d?j? bien occup?e. A mesure qu’elle entre dans l’esprit tordu du tueur, elle se demande si ce n’est pas l’affaire de trop. Sombre thriller psychologique au suspense insoutenable, LE GRAIN DE SABLE est le 11?me tome de la s?rie. Vous vous attacherez au personnage principal et l’intrigue vous poussera ? lire jusqu’? tard dans la nuit. Le tome 12 sera bient?t disponible. L E G R A I N D E S A B L E (UNE ENQUETE de RILEY PAIGE—TOME 11) B L A K E P I E R C E Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la populaire s?rie de thrillers RILEY PAIGE. Il y a d?j? onze tomes, et ce n’est pas fini ! Blake Pierce ?crit ?galement les thrillers MACKENZIE WHITE (sept tomes, s?rie en cours), AVERY BLACK (six tomes) et KERI LOCKE (quatre tomes, s?rie en cours). Fan depuis toujours de polars et de thrillers, Blake adore recevoir de vos nouvelles. N'h?sitez pas ? visiter son site web www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) pour en savoir plus et rester en contact ! Copyright © 2017 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi des ?tats-Unis sur le droit d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l'autorisation pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre seule jouissance personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d'autres personnes. 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L’HEURE (Tome 4) QUI VA A LA CHASSE (Tome 5) A VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP FERIR (Tome 9) A TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) LES ENQU?TES DE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Tome 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Tome 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Tome 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Tome 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Tome 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Tome 6) AVANT QU’IL NE PECHE (Tome 7) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome 2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) LES ENQU?TES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) TABLE PROLOGUE (#u50c59e2b-7c48-5ca1-81a6-0a521c74f1ab) CHAPITRE UN (#u39da82f9-8f0b-5e37-a301-ed9793c2dd68) CHAPITRE DEUX (#u5d29bf6b-30c3-57a1-b91f-84cae8d8e338) CHAPITRE TROIS (#u73a857b4-9cef-5f1a-b8a5-d20b94225fa8) CHAPITRE QUATRE (#ubb7029c0-1cf8-57e6-9234-44612fcb5571) CHAPITRE CINQ (#u0c7ad87d-e30f-5fb2-84d2-e77bd0d8fda8) CHAPITRE SIX (#u6adad37e-d14c-5660-a863-dcd0bdc574ba) CHAPITRE SEPT (#u0373d1ab-914b-5056-afd7-d5db267951ff) CHAPITRE HUIT (#uaa6e1306-a6a2-5584-9577-cb5978e2f7af) CHAPITRE NEUF (#u2062fe97-768d-5f26-890e-253614dd07c3) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-NEUF (#litres_trial_promo) PROLOGUE Une br?lure famili?re chauffait les poumons et les cuisses de Courtney Wallace. Elle ralentit son jogging jusqu’? marcher quelques secondes, puis s’arr?ta tout-?-fait. Les mains sur les genoux, elle chercha son souffle en haletant. C’?tait une sensation agr?able et excitante – une bien meilleure fa?on de se r?veiller qu’ingurgiter du caf?, m?me s’il ?tait vrai qu’elle en boirait une tasse dans quelques instants, avec son petit d?jeuner. Elle avait largement le temps de se doucher et de manger avant d’aller au bureau. Courtney adorait la lumi?re du petit matin, quand les feuilles des arbres filtraient les rayons du soleil, et l’humidit? qu’on respirait encore dans l’air. Bient?t il ferait plus chaud. On ?tait d?j? en mai, apr?s tout. Mais c’?tait encore parfait, surtout ici, dans le parc Belle Terre. Elle aimait la solitude. Il ?tait rare qu’elle rencontre d’autres joggeurs sur cette piste – et jamais si t?t le matin. Pourtant, alors qu’elle reprenait lentement son souffle, c’?tait surtout de la d?ception qu’elle ressentait. Son petit ami, qui vivait chez elle, Duncan, lui avait promis une fois encore de venir courir avec elle – mais il avait une fois encore refus? de se lever. Il n’allait certainement se r?veiller qu’apr?s son d?part au travail, peut-?tre m?me dans l’apr?s-midi. Il faut qu’il se donne un bon coup de pied au cul, se dit-elle. Quand allait-il retrouver du travail ? Elle se remit ? trottiner pour se changer les id?es. Bient?t, elle courait ? nouveau. La br?lure revigorante qui lui enflammait les poumons et les jambes chassa son inqui?tude et sa d?ception. Ce fut alors que le sol se d?roba sous elle. Elle ?tait en train de d?gringoler – un instant suspendu qui lui parut douloureusement lent et long. Elle s’?crasa au sol brutalement. Il n’y avait plus de soleil. Son regard dut s’habituer ? l’absence de lumi?re. O? suis-je ? se demanda-t-elle. Elle vit qu’elle ?tait au fond d’une fosse ?troite. Mais comment ?tait-elle arriv?e l? ? Une douleur terrible lui remonta soudain dans la jambe droite comme un choc ?lectrique. En baissant les yeux, elle vit qu’elle s’?tait tordu la cheville. Elle essaya de bouger la jambe. La douleur devint plus forte et elle poussa un cri. Puis elle essaya de se lever, mais sa jambe se d?roba sous elle. Elle sentit m?me les os cass?s craquer. Elle en eut la naus?e et faillit perdre connaissance. Elle avait besoin d’aide. Elle chercha son t?l?phone dans sa poche. Il n’y ?tait pas. Elle avait d? le perdre dans sa chute. Il ne devait pas ?tre loin. Elle t?tonna pour le trouver. Mais elle ?tait emm?l?e dans une vieille couverture ?paisse et r?che, souill?e de terre et de feuilles mortes. Elle ne trouvait pas son t?l?phone. Elle commen?ait ? comprendre qu’elle ?tait tomb?e dans un pi?ge – une fosse dissimul?e sous une vieille couverture et des d?bris. Qui avait eu l’id?e de cette farce dangereuse ? Ce n’?tait pas dr?le. Et comment allait-elle sortir de l? ? Les parois ?taient droites. Il n’y avait aucune prise. Incapable de se redresser, elle n’aurait jamais pu escalader, de toute fa?on. Et personne ne passait sur ce chemin – pas avant des heures. Ce fut alors qu’elle entendit une voix au-dessus d’elle. — Eh ! Vous avez eu un petit accident ? Elle respira mieux. Levant la t?te, elle vit un homme pench? vers elle. Comme il ?tait devant le soleil, elle ne voyait pas son visage, seulement sa silhouette. Elle en croyait ? peine sa chance. Elle avait pass? tellement de temps dans ce parc sans jamais croiser personne… Il fallait que cet homme soit l? juste au moment o? elle avait besoin d’aide. — Je crois que je me suis cass? la cheville, dit-elle. Et j’ai perdu mon t?l?phone. — ?a a l’air grave, dit l’homme. Qu’est-ce qui s’est pass? ? Quelle question ! pensa-t-elle. Il y avait presque un sourire dans sa voix et Courtney aurait aim? voir son visage. Elle dit : — J’?tais en train de faire mon jogging et… ce trou… et… — Et quoi ? Courtney commen?ait ? s’impatienter. Elle dit : — Eh bien, ?a se voit, je suis tomb?e dedans. L’homme ne r?pondit pas tout de suite. Puis il dit. — C’est un gros trou. Vous ne l’aviez pas vu ? Courtney poussa un grognement d’exasp?ration. — Ecoutez, j’ai juste besoin d’aide pour sortir de l?, d’accord ? L’homme secoua la t?te. — Vous ne devriez pas courir dans des endroits ?tranges quand vous ne connaissez pas le chemin. — Je le connais par c?ur, ce chemin ! cria Courtney. — Alors comment vous avez fait pour tomber l?-dedans ? Courtney ?tait abasourdie. Soit il ?tait b?te, soit il jouait avec elle. — C’est vous, le connard qui a creus? ce trou ? siffla-t-elle. Si c’est ?a, ce n’est pas dr?le, putain. Aidez-moi ? sortir de l?. Elle se rendit compte avec stup?faction qu’elle pleurait. — Comment ? Courtney leva la main aussi haut que possible. — Tenez, dit-elle. Essayez de m’attraper et de me tirer. — Je ne suis pas s?r d’en ?tre capable. C’est tr?s profond. — Vous allez y arriver. L’homme ?clata de rire. Il avait un rire amical et agr?able. Pourtant, Courtney aurait vraiment voulu voir son visage. — Je vais m’occuper de tout, dit-il. Il recula et disparut. Elle entendit un grincement m?tallique. Ensuite, elle sentit un poids s’?craser sur elle. Elle poussa un hoquet et crachota, avant de comprendre que l’homme venait de faire tomber une ?norme pellet?e de terre sur elle dans la fosse. Elle sentit ses mains et ses jambes refroidir – des signes de panique. N’aie pas peur, se dit-elle. Quoi qu’il se passe, elle devait rester calme. L’homme au-dessus d’elle avait renvers? une brouette. Il en tombait encore de la terre. — Qu’est-ce que vous faites ? hurla-t-elle. — Relax, dit l’homme. Je vais m’occuper de tout, je vous dis. Il s’?loigna en faisant rouler sa brouette. Elle entendit ? nouveau des bruits m?talliques. C’?tait l’homme qui remplissait sa brouette de terre avec une pelle. Elle ferma les yeux, prit une grande inspiration, ouvrit la bouche et poussa un long cri per?ant. — A l’aide ! La deuxi?me brouette de terre lui tomba sur la t?te. Elle en re?ut dans la bouche, faillit s’?touffer et recracha. D’une voix toujours amicale, l’homme dit : — Il va falloir crier plus fort que ?a, j’en ai bien peur. Puis il ajouta en ?touffant un rire. — M?me moi, je vous entends ? peine. Elle poussa ? nouveau un cri, ?tonn?e que sa voix porte si loin. L’homme renversa une troisi?me brouette sur elle. Elle ne pouvait plus crier. Sa gorge ?tait pleine de terre. Elle avait un terriblement sentiment de d?j?-vu. Elle avait d?j? v?cu ?a – ce sentiment d’impuissance devant un danger mortel. Mais ce n’?taient que des cauchemars. Et elle s’?tait toujours r?veill?e. Ce devait ?tre un autre cauchemar. R?veille-toi, se r?p?ta-t-elle. R?veille-toi, r?veille-toi… Mais elle n’y arrivait pas. Ce n’?tait pas un r?ve. C’?tait bien r?el. CHAPITRE UN L’agent sp?cial Riley Paige travaillait dans son bureau, dans le b?timent de l’UAC ? Quantico, quand un souvenir d?sagr?able lui traversa l’esprit. Un homme au visage noir la fixait d’un regard voil?. Il avait re?u une balle dans l’?paule et, ce qui ?tait plus grave, dans le ventre. D’une voix faible et am?re, il dit ? Riley… — Je vous ordonne de me tuer. Elle devait le faire. Elle avait toutes les raisons de le tuer. Mais elle ne savait pas quoi faire. Une voix de femme tira Riley de ses pens?es. — On dirait que quelque chose te pr?occupe. Riley leva les yeux et vit une jeune femme afro-am?ricaine aux cheveux courts et raides ? la porte de son bureau. C’?tait Jenn Roston. Elles avaient travaill? ensemble sur leur derni?re affaire. Riley se secoua. — Ce n’est rien, dit-elle. Les yeux marrons de Jenn ?taient inquiets. Elle dit : — Et moi, je suis presque s?re que ce n’est pas rien. Comme Riley ne r?pondait pas, Jenn dit : — Tu penses ? Shane Hatcher, n’est-ce pas ? Riley acquies?a en silence. Ces souvenirs ne la laissaient pas tranquille ces derniers jours – des souvenirs de sa terrible rencontre avec l’homme bless? dans le chalet de son p?re. Riley avait tiss? ave le criminel en fuite un ?trange lien de loyaut?. Il ?tait rest? en cavale pendant cinq mois et elle n’avait jamais essay? de l’arr?ter – pas avant qu’il ne commence ? assassiner des innocents. Maintenant, elle avait du mal ? croire qu’elle l’avait laiss? en libert? si longtemps. Leur relation avait ?t? troublante, ill?gale et tr?s, tr?s sombre. Dans l’entourage de Riley, c’?tait sans doute Jenn qui en savait le plus. Enfin, Riley dit : — Je n’arr?te pas de penser… que j’aurais d? le tuer. Jenn dit : — Il ?tait bless?, Riley. Il ne repr?sentait pas une menace. — Je sais, dit Riley. Mais je me demande si j’ai laiss? ma loyaut? aveugler mon jugement. Jenn secoua la t?te. — Riley, on en a d?j? parl?. Tu sais tr?s bien ce que j’en pense. Tu as fait ce qu’il fallait. Et je ne suis pas la seule ? le dire. Tout le monde ici pense la m?me chose. Riley savait que c’?tait vrai. Ses coll?gues et ses sup?rieurs l’avaient tous chaudement f?licit?e d’avoir arr?t? Hatcher sans l’abattre. Cela lui avait fait plaisir. Tant que Riley ?tait rest?e sous l’emprise de Hatcher, tout le monde l’avait ?videmment soup?onn?e de l’aider. Maintenant que ce n’?tait plus le cas, ses coll?gues ?taient beaucoup plus amicaux et admiratifs. Riley avait l’impression d’?tre de nouveau ? la maison. Jenn lui d?cocha un sourire et dit : — Et pour une fois dans ta vie, tu as suivi la proc?dure. Riley ?touffa un rire. Elle avait effectivement arr?t? Hatcher en suivant la proc?dure – ce qu’elle n’avait pas fait tr?s souvent pendant son partenariat avec Jenn. Riley dit : — Ouais, tu as eu droit ? un stage intensif sur les… m?thodes peu conventionnelles. — C’est bien vrai. Riley ?touffa un rire g?n?. Elle avait ignor? encore plus de r?gles que d’habitude. Jenn lui avait montr? sa loyaut? en la couvrant – m?me quand Riley s’?tait introduite dans la maison d’un suspect sans mandat. Jenn aurait pu la d?noncer si elle avait voulu. Elle aurait pu la faire renvoyer. — Jenn, je te suis vraiment reconnaissante de… — Pas la peine, dit Jenn. C’est du pass?. Ce qui compte, c’est que qui va se passer maintenant. Le sourire de Jenn s’?largit quand elle ajouta : — Et je ne m’attends pas ? ce que tu suives sagement le r?glement. J’esp?re que c’est r?ciproque. Riley ?clata d’un rire plus d?tendu. Elle avait du mal ? croire qu’elle s’?tait longtemps m?fi?e de Jenn et qu’elle l’avait m?me consid?r?e comme une ennemie. Apr?s tout, Jenn avait fait bien plus que couvrir Riley. — Je t’ai d?j? remerci?e de m’avoir sauv? la vie ? demanda Riley. Jenn sourit. — Je ne compte plus le nombre de fois, dit-elle. — Eh bien, merci encore, dit-elle. Jenn ne r?pondit pas. Son sourire disparut. Elle eut soudain le regard lointain. — Tu voulais me dire quelque chose, Jenn ? demanda Riley. Pourquoi es-tu pass?e me voir ? Jenn fixa le vide pendant un long moment. Enfin, elle dit : — Riley, je ne sais pas si je devrais te le dire… Elle se tut. Riley comprit vite qu’elle ?tait pr?occup?e par quelque chose. Elle voulut la rassurer, lui dire une banalit? : « Tu peux tout me dire. » Mais ce serait pr?somptueux. Enfin, Jenn fr?mit. — Ce n’est rien, dit-elle. Pas la peine de t’inqui?ter. — Tu es s?re ? — J’en suis s?re. Sans ajouter un mot, Jenn disparut dans le couloir, laissant Riley seule dans son bureau et mal ? l’aise. Elle sentait que Jenn cachait des secrets, elle aussi – peut-?tre de tr?s lourds et sombres secrets. Pourquoi ne me fait-elle pas confiance ? se demanda Riley. C’?tait au tour de Jenn de se m?fier. Si elles restaient partenaires, cela pourrait devenir un probl?me. Mais Riley n’avait pas besoin de s’en inqui?ter – pas maintenant. Elle baissa les yeux vers sa montre. Elle ?tait presque en retard ? son rendez-vous avec son partenaire de toujours, Bill Jeffreys. Le pauvre Bill ?tait en cong?. Il souffrait de SSPT depuis la derni?re affaire sur laquelle ils avaient travaill? ensemble. Riley ressentit une pointe de tristesse en y pensant. A l’?poque, elle et Bill travaillaient avec une jeune agente prometteuse du nom de Lucy Vargas. Mais Lucy avait ?t? tu?e dans le cadre de son travail. Elle lui manquait tous les jours. Mais Riley ne se sentait pas responsable de sa mort. Bill oui. T?t dans la matin?e, Bill avait appel? Riley et lui avait donn? rendez-vous sur la base militaire de Quantico. Il ne lui avait pas expliqu? pourquoi, ce qui l’inqui?tait. Elle esp?rait que ce n’?tait rien de grave. Riley se leva et sortit du b?timent avec appr?hension. CHAPITRE DEUX Bill conduisit Riley avec inqui?tude vers le champ de tir de la base militaire. Suis-je pr?t ? se demanda-t-il. C’?tait une question presque stupide. Apr?s tout, ce n’?tait qu’un entrainement. Mais ce n’?tait pas un entrainement ordinaire. Comme lui, Riley portait une tenue de camouflage et un fusil d’assaut M16-A4 charg?. Mais, contrairement ? Bill, Riley ne savait pas ce qu’ils allaient faire. — J’aimerais quand m?me bien savoir de quoi il s’agit, dit Riley. — ?a va ?tre une nouvelle exp?rience pour tous les deux, dit-il. Il n’avait jamais particip? ? ce genre d’entrainement, mais Mike Nevins, le psychiatre qui l’aidait ? surmonter son SSPT, le lui avait conseill?. « C’est une excellente th?rapie. » lui avait-il dit. Bill esp?rait que Mike avait raison. Et il esp?rait que la pr?sence de Riley lui faciliterait la t?che. Bill et Riley prirent position l’un ? c?t? de l’autre entre quatre poteaux en bois, devant un terrain vague. De l’autre c?t? de la pelouse, il y avait une zone dall?e avec des palissades cribl?es d’impacts. Quelques instants plus t?t, Bill avait parl? au type dans la cabine de contr?le et tout devait ?tre pr?t. Il s’adressa au m?me homme en parlant dans son micro. — Cibles al?atoires. Go. Soudain, des silhouettes humaines apparurent derri?re les barri?res et se mirent ? bouger sur la zone pav?e. Elles portaient des uniformes de combattants de l’Etat Islamique et ?taient arm?es. — Tire ! cria Bill ? Riley. Mais elle ?tait tellement stup?faite qu’elle n’en fit rien. Bill tira et manqua. Son deuxi?me tir toucha une des silhouettes qui se coucha et ne bougea plus. Les autres s’?cart?rent pour ?viter le coup de feu. Certains se d?plac?rent plus vite pendant que d’autres se cachaient derri?re les barricades. Riley s’exclama : — Qu’est-ce qui se passe !? Elle n’avait toujours pas tir?. Bill ?clata de rire. — Stop, dit-il dans son micro. Soudain, les silhouettes s’arr?t?rent. — On tire sur des ennemis ? roulettes ? demanda Riley en riant. Bill expliqua : — Ce sont des robots mont?s sur des segways. C’est le type ? qui je viens de parler qui leur fait suivre des programmes. Mais il ne contr?le pas leurs moindres faits et gestes. En fait, il ne contr?le pas grand-chose. Les robots savent ce qu’ils ont ? faire. Ils ont des scanners laser et des algorithmes de navigation qui leur permettent de ne pas se rentrer dedans. Riley ?carquilla les yeux. — Ah oui…, dit-elle. Et je suppose qu’ils savent ce qu’ils ont ? faire quand ?a commence ? tirer : courir, se cacher ou les deux. — Tu veux r?essayer ? demanda Bill. Riley acquies?a, plus enthousiaste. Bill dit dans son micro : — Cibles al?atoires. Go. Les silhouettes se remirent ? bouger. Riley et Bill tir?rent chacun un coup de feu. Bill toucha un des robots, tout comme Riley. Ceux-ci se couch?rent au sol. Les autres s’?parpill?rent, certains courant se cacher derri?re les barricades. Riley et Bill continuaient ? tirer, mais cela devenait plus difficile de toucher les cibles. Elles se d?pla?aient de fa?on trop al?atoire et ? des vitesses diff?rentes. Celles qui se cachaient derri?re les barri?res ne cessaient de montrer la t?te comme pour encourager Riley et Bill ? tirer. Il ?tait impossible de savoir de quel c?t? elles allaient apparaitre avant de retourner s’abriter. Malgr? le chaos, cela ne prit qu’une minute ? Riley et Bill pour abattre les huit robots, qui ne bougeaient plus, autour des barricades. Riley et Bill baiss?rent leurs armes. — C’?tait bizarre, dit Riley. — Tu veux qu’on arr?te ? demanda Bill. Riley ?touffa un rire. — Tu plaisantes ? S?rement pas. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Bill avala sa salive, soudain nerveux. — On doit abattre les cibles sans toucher un civil, dit-il. Riley lui d?cocha un regard plein de compassion. Son inqui?tude ?tait normale. Elle savait pourquoi ce nouvel exercice le rendait nerveux. Cela lui rappelait qu’il avait tir? sur un jeune homme innocent le mois dernier. Le gamin s’?tait remis de sa blessure, mais Bill se sentait toujours aussi coupable. Il ?tait ?galement hant? par la mort d’une brillante jeune agente, Lucy Vargas, qui avait ?t? tu?e lors du m?me incident. Si seulement j’avais pu la sauver, pensa-t-il une nouvelle fois. Bill ?tait en cong? depuis ce jour-l?. Il se demandait s’il serait un jour capable de retourner au travail. Il avait perdu les p?dales, sombr? dans l’alcool et m?me pens? au suicide. Riley l’avait aid? ? s’en sortir. En fait, elle lui avait s?rement sauv? la vie. Bill avait l’impression d’aller mieux. Mais ?tait-il pr?t ? Riley le regardait toujours avec inqui?tude. — Tu es s?r que c’est une bonne id?e ? demanda-t-elle. Bill se rappela ce que lui avait dit Mike Nevins. « C’est une excellente th?rapie. » Il hocha la t?te. — Je pense. Ils se remirent en position et lev?rent leurs armes. Bill parla au micro. — Cibles et civil. La m?me sc?ne se d?roula sous leurs yeux mais, cette fois, il y avait une femme voil?e parmi les silhouettes. Il n’?tait pas difficile de la distinguer des cibles v?tues de drap brun, mais elle ne cessait de circuler entre les ennemis de fa?on al?atoire. Riley et Bill commenc?rent ? tirer de la m?me mani?re. Certaines cibles ?vit?rent les balles, pendant que d’autres s’abritaient derri?re les barricades, pour mieux resurgir au moment le plus inattendu. La silhouette f?minine se d?pla?ait comme si les coups de feu l’effrayaient. Pourtant, elle n’allait jamais s’abriter derri?re les barricades. Il ?tait difficile de ne pas la toucher par erreur. Une sueur froide perlait sur le front de Bill ? mesure qu’il tirait. Bient?t, lui et Bill eurent abattu toutes les cibles et la femme en hijab ?tait la seule encore debout. Bill poussa un soupir de soulagement et baissa son arme. — Comment ?a va ? demanda Riley avec inqui?tude. — Pas trop mal, je suppose. Mais il avait les mains moites et il tremblait l?g?rement. — Peut-?tre que ?a suffit pour aujourd’hui, dit Riley. Bill secoua la t?te. — Non, dit-il. On doit essayer le programme suivant. — C’est quoi ? — C’est une prise d’otage. Le civil va ?tre tu? ? moins qu’on arrive ? tuer deux cibles simultan?ment. Riley plissa les yeux. — Bill, je ne sais pas si… — Allez, dit Bill. Ce n’est qu’un jeu. Essayons. Riley haussa les ?paules et leva son arme. Bill parla dans son micro. — Prise d’otage. Go. Les robots se r?veill?rent. La silhouette f?minine resta devant les barricades pendant que les cibles se cachaient derri?re. Puis deux cibles surgirent et s’approch?rent d’un air mena?ant de la femme qui se d?pla?a avec une inqui?tude feinte. Bill savait qu’ils devaient tirer tous les deux d?s qu’ils auraient une bonne visibilit?. C’?tait ? lui de donner le signal. Alors qu’ils se mettaient tous deux en position, Bill dit : — Je prends celui de gauche et toi celui de droite. Tire quand je dis : « Go ». — D’accord, r?pondit Riley ? voix basse. Bill observa attentivement les mouvements et les positions des deux cibles. Il comprit que ?a n’allait pas ?tre facile – beaucoup plus difficile que pr?vu, en fait. Quand une cible s’?loignait, l’autre s’approchait dangereusement pr?s de l’otage. Est-ce qu’on va pouvoir tirer ? se demanda-t-il. Ce fut alors qu’un tr?s bref instant, les deux cibles s’?loign?rent de l’otage dans des directions oppos?es. — Go ! aboya Bill. Mais juste avant de tirer, il fut assailli par un flot d’images… Il se pr?cipitait dans un b?timent abandonn? quand il entendit un coup de feu. Il leva son arme et courut ? l’int?rieur o? il vit Lucy allong?e par terre. Un jeune homme se dirigeait vers elle. Bill tira instinctivement et le toucha. L’homme tourna sur lui-m?me avant de tomber et ce fut seulement ? ce moment-l? que Bill vit qu’il avait les mains vides. Il n’?tait pas arm?. L’homme essayait seulement d’aider Lucy. Mortellement bless?e, Lucy se redressa sur un coude et tira six coups de feu en direction de son v?ritable assaillant… L’homme que Bill aurait d? abattre. Le coup de feu de Riley tira Bill de ses souvenirs. Les images lui avaient travers? l’esprit en quelques secondes. Une des cibles bascula, touch?e par la balle de Riley. Mais Bill restait immobile. Il n’avait pas tir?. La cible survivante s’approcha vers la femme d’un air mena?ant et un coup de feu enregistr? r?sonna dans les enceintes. La femme se coucha et cessa de bouger. Bill tira enfin et toucha la cible, mais il ?tait trop tard pour sauver l’otage, qui ?tait d?j? mort. Pendant une seconde, la situation lui parut terriblement r?elle. — Merde, dit-il. Merde, qu’est-ce qui s’est pass? ? Bill se pr?cipita vers le terrain vague comme pour voler au secours de la femme. Riley lui bloqua le chemin. — Bill, ce n’est rien ! Ce n’est qu’un jeu ! Ce n’est pas r?el. Bill s’arr?ta net. Tremblant de tous ses membres, il fit de son mieux pour se calmer. — Riley, je suis d?sol?e, c’est juste que… Tout m’est revenu d’un coup et… — Je sais, dit Riley pour le r?conforter. Je comprends. Bill s’accroupit et secoua la t?te. — Peut-?tre que je n’?tais pas pr?t, dit-il. Peut-?tre qu’on devrait s’arr?ter l?. Riley lui tapota l’?paule. — Non, dit-elle. Je crois qu’on devrait r?essayer. Bill prit de longues inspirations. Il savait que Riley avait raison. Lui et Riley se remirent en position. Bill parla dans son micro : — Prise d’otage. Go. La m?me sc?ne se d?roula : deux cibles s’approch?rent d’un air mena?ant de l’otage. Bill inspira lentement, puis expira. Ce n’est qu’un jeu, se dit-il. Ce n’est qu’un jeu. Enfin, le moment qu’il attendait arriva. Les deux cibles s’?taient ?loign?es l?g?rement de l’otage. Il ?tait encore dangereux de tirer, mais Bill et Riley pouvaient le faire. — Go ! dit-il. Cette fois, il tira imm?diatement et il entendit le coup de feu de Riley retentir une fraction de seconde plus tard. Les deux cibles bascul?rent et ne boug?rent plus. Bill baissa son arme. Riley lui tapota dans le dos. — Tu as r?ussi, Bill, dit-il en souriant. Je m’amuse bien. Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre avec ces robots ? Bill dit : — Il y a un programme qui nous demande de tirer en courant vers eux. — Essayons. Bill parla dans son micro. — Combat rapproch?. Les huit cibles se remirent en mouvement. Bill et Riley s’avanc?rent pas ? pas en tirant des coups de feu. Deux robots bascul?rent, pendant que les autres s’?gaillaient. Tout en tirant, Bill finit par comprendre ce qui manquait dans cette simulation. Ils ne r?pondent pas aux tirs, se dit-il. Et son soulagement d’avoir sauv? l’otage lui parut soudain vide de sens. Apr?s tout, ils n’avaient sauv? qu’un robot. Cela ne changeait rien ? ce qui s’?tait pass? le mois dernier. Cela ne ram?nerait pas Lucy ? la vie. Sa culpabilit? continuait de le hanter. Serait-il un jour capable de s’en d?barrasser ? Et allait-il pouvoir retourner au travail ? CHAPITRE TROIS Apr?s l’entrainement, Riley ?tait toujours aussi inqui?te pour Bill. Il n’avait eu qu’un bref moment de faiblesse et il avait eu l’air s’amuser quand ils avaient commenc? le programme de combat rapproch?. Il ?tait m?me joyeux quand il ?tait reparti chez lui. Mais ce n’?tait pas le partenaire qu’elle avait connu et qui ?tait devenu son meilleur ami. Elle savait ce qui l’inqui?tait le plus. Bill avait peur de ne pas pouvoir retourner au travail. Elle aurait voulu pouvoir le rassurer avec des mots simples, comme par exemple : « Tu traverses juste une mauvaise passe. ?a arrive ? tout le monde. Tu vas t’en sortir, tu verras. » Mais Bill n’avait pas besoin d’entendre des banalit?s. Et, en v?rit?, Riley ne savait m?me pas si c’?tait vrai. Elle avait travers? une phase de SSPT, elle aussi, et elle savait qu’il ?tait difficile de s’en sortir. Son r?le ?tait d’aider Bill ? avancer. M?me si elle ?tait de retour au bureau, elle n’avait pas grand-chose ? faire en ce moment. Elle n’avait pas d’affaire en cours. Il ?tait agr?able de se d?tendre apr?s ce qui s’?tait pass? dans l’Iowa. Riley boucla quelques derniers d?tails avant de s’en aller. En rentrant ? la maison, elle pensa avec bonheur au repas qu’elle allait partager avec sa famille. Elle ?tait particuli?rement contente d’avoir invit? Blaine Hildreth et sa fille ? les rejoindre. Elle ?tait ravie que Blaine fasse partie de sa vie. C’?tait un homme beau et charmant. Et, comme elle, il venait de divorcer. Il ?tait ?galement, comme il l’avait r?cemment d?couvert, tr?s courageux. C’?tait Blaine qui avait tir? et bless? Shane Hatcher quand il avait menac? de s’en prendre ? la famille de Riley. Riley lui en serait ?ternellement reconnaissante. Elle avait pass? une nuit chez Blaine. Ils avaient ?t? tr?s discrets – la fille de Crystal ?tait en visite chez des cousins pour les vacances ? ce moment-l?. Riley sourit en pensant ? leur nuit d’amour. Cette soir?e se terminerait-elle de la m?me fa?on ? * La bonne de Riley, Gabriela, avait pr?par? un d?licieux repas de chiles rellenos en suivant une recette de famille qu’elle avait rapport?e du Guatemala. Tout le monde se d?lectait des d?licieux poivrons farcis et cuits ? la vapeur. Manger un bon diner en bonne compagnie remontait le moral de Riley. — Ce n’est pas trop picante ? demanda Gabriela. Ce n’?tait ?videmment pas trop piment? pour leurs papilles am?ricaines et Gabriela devait le savoir. Elle avait l’habitude de se retenir sur le piment chaque fois qu’elle essayait une recette d’Am?rique centrale. Elle voulait juste qu’on lui fasse des compliments et tous s’ex?cut?rent de bonne gr?ce. — Non, c’est parfait, dit la fille de Riley, April, qui avait quinze ans. — Super bon, ajouta Jilly, la gamine de treize ans que Riley essayait d’adopter. — D?licieux, rench?rit Crystal, la meilleure amie d’April. Le p?re de Crystal, Blaine Hildreth, ne r?pondit pas tout de suite. Mais Riley vit ? l’expression sur son visage qu’il ?tait enchant? par ce qu’il mangeait. Et Blaine avait des papilles de professionnel. Apr?s tout, il ?tait propri?taire d’un bon restaurant ? Fredericksburg. — Comment faites-vous, Gabriela ? demanda-t-il apr?s quelques bouch?es. — Es un secreto, r?pondit Gabriela avec un sourire espi?gle. — Un secret ? r?p?ta Blaine. Qu’est-ce que c’est que ce fromage ? Je ne trouve pas. Je vois que ce n’est pas du monterey jack ou du chihuahua. Du manchego, peut-?tre ? Gabriela secoua la t?te. — Je ne le dirai jamais, r?pondit-elle en riant. Pendant que Gabriela et Blaine se taquinaient sur la recette, ? moiti? en anglais et ? moiti? en espagnol, Riley se demanda si elle et Blaine… Elle rougit en y pensant. Non, pas ce soir. Impossible de s’?chapper discr?tement quand tout le monde ?tait l?. Bien s?r, c’?tait d?j? une belle soir?e. Ce soir, cela lui suffisait de passer du temps avec des gens qu’elle aimait profond?ment. Mais, tandis qu’elle regardait sa famille et ses amis s’amuser, une nouvelle inqui?tude germa dans la t?te de Riley. Une personne ? table n’avait pas dit un mot. C’?tait Liam, le nouveau venu dans la maison. Liam avait l’?ge d’April et les deux adolescents ?taient m?me sortis ensemble. Riley avait sauv? le grand gamin d?gingand? d’un p?re alcoolique et violent. Il avait besoin d’un endroit pour vivre et dormait sur le canap? du salon. En temps normal, Liam ?tait bavard et joyeux. Mais il semblait pr?occup?, ce soir. Riley demanda : — Quelque chose ne va pas, Liam ? Le gar?on ne parut pas l’entendre. Riley parla plus fort. — Liam. Liam leva les yeux de son assiette, qu’il avait ? peine touch?e. — Hein ? dit-il. — Quelque chose ne va pas ? — Non. Pourquoi ? Riley plissa les yeux d’un air g?n?. Il y avait bien quelque chose qui n’allait pas. Liam n’?tait jamais si laconique. — Je me demandais, c’est tout, dit-elle. Elle lui en parlerait plus tard. * Gabriela avait pr?par? un flan d?licieux pour le dessert. Riley et Blaine burent un dernier verre en fin de soir?e pendant que les quatre enfants s’amusaient dans le salon. Enfin, Blaine et sa fille rentr?rent chez eux. Riley attendit qu’April et Jilly montent dans leurs chambres. Puis elle retourna dans le salon. Liam ?tait assis en silence sur le canap? et fixait le vide. Il n’avait pas encore fait son lit. — Liam, je vois bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas. J’aimerais bien que tu m’en parles. — Il n’y a rien du tout, r?pondit Liam. Riley croisa les bras sans rien dire. Son exp?rience avec les filles lui avait appris qu’il ne servait ? rien d’insister et qu’il valait mieux attendre qu’il parlent de lui-m?me. Puis Liam dit : — J’ai pas envie d’en parler. Riley s’?tonna. Elle avait l’habitude de voir April ou Jilly de mauvaise humeur, de temps en temps. Mais ce n’?tait pas le genre de Liam. Il ?tait toujours poli et agr?able. C’?tait ?galement un ?l?ve appliqu? et Riley ?tait contente qu’il ait une bonne influence sur April. Riley attendit en silence. Enfin, Liam dit : — J’ai re?u un coup de fil de papa aujourd’hui. Riley sentit son ventre se nouer. Elle se rappela le terrible jour o? elle avait d? se pr?cipiter chez Liam pour le sauver des coups de son p?re. Elle n’aurait pas d? ?tre surprise. Mais elle ne sut que dire. Liam poursuivit : — Il dit qu’il est d?sol?. Il dit que je lui manque. L’inqui?tude de Riley ne fit que cro?tre. Elle n’avait aucun droit sur Liam. Elle lui avait offert une famille d’accueil ? l’improviste, mais elle ne savait pas quel serait son futur r?le dans sa vie. — Il veut que tu reviennes ? demanda Riley. Liam acquies?a. Riley n’osa pas poser la question la plus ?vidente… « Et toi ? Qu’est-ce que tu veux ? » Que ferait-elle ou que pouvait-elle faire si Liam d?cidait de retourner chez son p?re ? Riley savait que Liam ?tait un gentil gar?on. Comme de nombreuses victimes de violences domestiques, il ?tait aussi dans le d?ni. Riley s’assit ? c?t? de lui. Elle demanda : — Tu es heureux ici ? Liam ?mit un bruit ?trangl?. Riley se rendit compte soudain qu’il ?tait au bord des larmes. — Oh oui, dit-il. C’?tait vraiment… J’?tais tellement… tellement heureux. La gorge de Riley se serra. Elle aurait voulu lui dire qu’il pouvait rester aussi longtemps qu’il en aurait envie. Mais que pouvait-elle faire si son p?re exigeait que son fils rentre ? la maison ? Elle serait impuissante. Une larme coula sur la joue de Liam. — C’est juste que… Depuis que maman est partie… Je suis tout ce que papa a. En tout cas, avant que je parte. Maintenant, il est tout seul. Il dit qu’il a arr?t? de boire. Il dit qu’il ne me fera plus de mal. Riley faillit s’exclamer : « Tu ne peux pas le croire. Ne le crois jamais quand il dit ?a. » Au lieu de ?a, elle dit : — Liam, tu dois comprendre que ton p?re est tr?s malade. — Je sais, dit Liam. — C’est ? lui de demander de l’aide. Mais tant qu’il ne l’aura pas fait… Eh bien, il va avoir beaucoup de mal ? changer. Riley se tut. Puis elle ajouta : — Rappelle-toi toujours que ce n’est pas de ta faute. Tu le sais, n’est-ce pas ? Liam ravala un sanglot et acquies?a. — Tu es d?j? retourn? le voir ? demanda Riley. Liam secoua la t?te en silence. Riley lui tapota la main. — Je veux que tu me promettes une chose. Si tu retournes le voir, n’y va pas tout seul. Je veux venir avec toi. Tu me le promets ? — Je te le promets, dit Liam. Riley tendit la main vers une bo?te de mouchoirs et en proposa un ? Liam, qui s’essuya les yeux et se moucha. Puis tous deux rest?rent assis en silence pendant de longues secondes. Enfin, Riley dit : — Tu as besoin de moi pour autre chose ? — Non. ?a va maintenant. Merci de… Ben, tu sais. Il esquissa un faible sourire. — Merci pour tout, en fait. — Je t’en prie, r?pondit Riley en lui rendant son sourire. Elle quitta la pi?ce et alla s’asseoir sur le canap? du salon. Soudain, elle sentit qu’un sanglot lui remontait dans la gorge et elle se mit ? pleurer. Elle s’?tonna d’?tre aussi touch?e et secou?e par sa conversation avec Liam. Mais ce n’?tait pas difficile de comprendre pourquoi. Je suis pieds et poings li?s, pensa-t-elle. Apr?s tout, l’adoption de Jilly n’?tait pas encore r?gl?e. Elle avait sauv? la pauvre gamine d’autres horreurs. Quand Riley l’avait trouv?e, Jilly essayait de vendre son corps par d?sespoir. A quoi pensait Riley en ramenant un autre adolescent chez elle ? Elle eut soudain envie d’en parler ? Blaine. Blaine disait toujours ce qu’il fallait. Elle avait toujours appr?ci? ces moments de calme entre deux affaires, mais les soucis la poursuivaient – d’abord sa famille et maintenant Bill. Elle n’avait pas l’impression d’?tre en cong?. Riley ne put s’emp?cher de se demander… Qu’est-ce qui cloche chez moi ? Etait-elle donc incapable de profiter de la vie ? Elle n’?tait s?re que d’une chose. Cela ne durerait pas. Quelque part, un monstre ?tait en train de commettre un acte atroce et ce serait ? elle de l’arr?ter. CHAPITRE QUATRE Riley fut r?veill?e t?t le lendemain matin par les vibrations de son t?l?phone. Elle poussa un grognement. Les vacances sont finies, pensa-t-elle. Elle baissa les yeux vers son t?l?phone et vit qu’elle avait raison. C’?tait un texto de son chef d’?quipe ? l’UAC, Brent Meredith. Il lui donnait rendez-vous d’une phrase laconique comme il en avait l’habitude. UAC 8:00 Elle regarda l’heure et se rendit compte qu’elle allait devoir se d?p?cher. Quantico n’?tait qu’? un quart d’heure de route de la maison, mais il fallait qu’elle parte dans tr?s peu de temps. Elle n’eut besoin que de quelques minutes pour se brosser les dents, se peigner, s’habiller et descendre les escaliers. Gabriela ?tait en train de pr?parer le petit d?jeuner dans la cuisine. — Il y a du caf? ? demanda Riley. — S?, r?pondit Gabriela en lui servant une tasse. Riley l’engloutit. — Vous devez partir sans manger ? demanda Gabriela. — J’en ai bien peur. Gabriela lui tendit un bagel. — Prenez ?a pour la route. Vous avez besoin de vous remplir l’estomac. Riley la remercia et engloutit encore quelques gorg?es de caf?, puis elle se pr?cipita vers sa voiture. Pendant le cours trajet jusqu’? Quantico, elle ressentit quelque chose d’?trange. Elle se rendit compte qu’elle se sentait mieux – presque euphorique. C’?tait en partie d? au pic d’adr?naline : son corps et son esprit se pr?paraient instinctivement ? ?lucider une nouvelle affaire. Mais il y avait autre chose – l’impression que les choses rentraient dans l’ordre. Riley soupira. Pourquoi trouvait-elle plus normal de poursuivre des monstres que de passer du temps avec les gens qu’elle aimait ? ?a ne devrait pas ?tre normal, pensa-t-elle. Ce sentiment lui rappela ce que son p?re, un officier du Corps des Marines ? la retraite, amer et brutal, lui avait dit avant de mourir : « Tu es une chasseuse. Ce que les autres trouvent normal, c’est une vie qui finirait par t’achever. » Riley esp?rait de tout c?ur que ce ne soit pas vrai. Mais, dans un moment comme celui-ci, elle ne pouvait s’emp?cher de s’inqui?ter. Etait-elle donc incapable d’?tre une m?re, une ?pouse et une amie ? Avait-elle tort d’essayer ? La chasse ?tait-elle vraiment tout ce qui lui restait dans la vie ? Non, certainement pas. Ce n’?tait m?me pas ce qu’elle avait de plus important. Riley chassa ces pens?es de son esprit. En arrivant ? l’UAC, elle se gara et marcha tout droit vers le bureau de Brent Meredith. Jenn ?tait d?j? l?, visiblement mieux r?veill?e et plus attentive que Riley. Riley savait que Jenn, tout comme Bill, avait un appartement dans la ville de Quantico. Elle n’avait donc pas ?t? oblig?e de se d?p?cher. Mais Jenn ?tait ?galement plus jeune. Au m?me ?ge, Riley avait ?t?, elle aussi, toujours pr?te ? bondir au moindre avertissement, ? n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Elle pouvait se permettre de ne pas beaucoup dormir si son travail l’exigeait. Avait-elle donc vieilli si vite ? Ce n’?tait pas une pens?e agr?able et cela ne remonta pas le moral de Riley. Assis derri?re son bureau, Brent Meredith ?tait toujours aussi intimidant, avec son visage noir anguleux, sa forte carrure et son attitude professionnelle. Riley s’assit et Meredith ne perdit pas de temps. — Il y a eu un meurtre ce matin. C’est arriv? au parc Belle Terre. Vous connaissez cet endroit ? Jenn dit : — J’y suis all?e plusieurs fois. C’est sympa pour se promener. — Moi aussi, dit Riley. Riley se rappelait tr?s bien ce parc naturel sur la baie de Chesapeake. Il fallait un peu plus de deux heures de route pour y aller. Il y avait une grande for?t et une longue plage. C’?tait un endroit tr?s populaire pour faire des activit?s en plein air. Meredith tambourina des doigts sur son bureau. — La victime s’appelle Todd Brier. C’est un pasteur luth?rien de Sattler. Il a ?t? enterr? vivant sur la plage. Riley fr?mit. Enterr? vivant ! Elle r?vait souvent que ?a lui arrivait, mais elle n’avait jamais travaill? sur une affaire de meurtres aussi sinistres. Meredith poursuivit : — Brier a ?t? retrouv? ? sept heures ce matin. Il n’?tait mort que depuis une heure. Jenn demanda : — Et pourquoi est-ce au FBI de s’occuper de cette affaire ? Meredith r?pondit : — Brier n’est pas la premi?re victime. Hier, un autre corps a ?t? retrouv? non loin. Une jeune femme nomm?e Courtney Wallace. Riley ravala un soupir. — Ne dites rien… Enterr?e vivante, elle aussi ? — Vous avez tout compris, dit Meredith. Elle a ?t? tu?e sur un des chemins de randonn?e dans le m?me parc, apparemment tr?s t?t le matin. Elle a ?t? retrouv?e plus tard dans la journ?e : un randonneur a remarqu? que la terre avait ?t? retourn?e et a appel? les gardes-forestiers. Meredith s’enfon?a dans son fauteuil qu’il fit tourner de droite ? gauche. Il dit : — Pour le moment, la police n’a pas de suspect ou de t?moin. A part les sc?nes de crime et le mode op?ratoire, ils n’ont pas grand-chose. Les deux victimes sont jeunes et en bonne sant?. On ne sait pas encore s’il y a un lien entre les deux, mis ? part le fait qu’ils ?taient dehors tous les deux tr?s t?t le matin. Les pens?es de Riley commen?aient ? d?filer dans sa t?te. Elle essaya de comprendre ce qui avait pu se passer, mais elle n’avait pas encore assez d’informations. Elle demanda : — La police a boucl? le p?rim?tre ? Meredith hocha la t?te. — Ils ont ferm? la zone foresti?re autour de ce chemin et la moiti? de la plage. Je leur ai dit de ne pas bouger le corps jusqu’? votre arriv?e. — Et le corps de la femme ? demanda Jenn. — Il est ? la morgue de Sattler. C’est la ville la plus proche. Le m?decin l?giste est ? la plage en ce moment. Je veux que vous y alliez aussi vite que possible. Prenez un v?hicule du FBI qui passe inaper?u. La pr?sence du FBI pourrait au moins dissuader le tueur. Je crains qu’il n’ait pas fini de tuer. Meredith regarda tour ? tour Riley et Jenn. — Des questions ? demanda-t-il. Riley avait une question qu’elle n’?tait pas s?re de pouvoir poser. Enfin, elle se lan?a : — Monsieur, j’ai une requ?te ? vous faire. — Oui ? l’encouragea Meredith en s’enfon?ant ? nouveau dans son fauteuil. — J’aimerais que l’agent sp?cial Jeffreys soit assign? ? cette enqu?te. Meredith plissa les yeux. — Jeffreys est en cong?, dit-il. Je suis s?r que l’agent Roston et vous-m?me, vous saurez vous d?brouiller sans lui. — J’en suis s?re, r?pondit Riley. Mais… Elle h?sita. — Mais quoi ? demanda Meredith. Riley avala sa salive. Elle savait que Meredith n’appr?ciait pas que les agents demandent des faveurs personnelles. Elle dit : — Je crois qu’il a besoin de repartir au travail, monsieur. Je pense que ?a lui ferait du bien. Meredith grommela dans sa barbe, mais ne r?pondit pas pendant un long moment. Puis il dit : — Je ne vais pas lui assigner officiellement cette affaire. Mais si vous voulez qu’il vous donne un coup de main, je n’y vois pas d’inconv?nient. Riley le remercia, en essayant de ne pas ?tre trop expansive pour qu’il ne change pas d’avis. Puis elle et Jenn r?quisitionn?rent un v?hicule du FBI. Pendant que Jenn se mettait au volant, Riley sortit son t?l?phone et envoya un texto ? Bill. Je travaille sur une nouvelle affaire avec Roston. Le chef dit que tu peux venir avec nous. J’aimerais que tu viennes. Riley attendit quelques moments. Son c?ur battit un peu plus vite dans sa poitrine quand elle vit que le message avait ?t? « lu ». Puis elle tapa… Je peux compter sur toi ? Cette fois encore, le message fut « lu », mais il n’y eut pas de r?ponse. Le c?ur de Riley se serra. Ce n’est peut-?tre pas une bonne id?e, pensa-t-elle. C’est peut-?tre encore trop t?t. Elle aurait aim? que Bill lui r?ponde, ne serait-ce que pour refuser. CHAPITRE CINQ Pendant que Jenn roulait vers leur destination, Riley gardait un ?il sur les textos qu’elle avait envoy?s ? Bill. Les minutes passaient et Bill ne r?pondait pas. Elle d?cida de l’appeler. Elle composa son num?ro. A sa grande frustration, elle tomba sur son r?pondeur. Apr?s le bip, elle dit simplement : — Bill, appelle-moi. Tout de suite. Comme Riley reposait son t?l?phone sur ses genoux, Jenn lui jeta un regard en coin. — Il y a quelque chose qui ne va pas ? demanda-t-elle. — Je ne sais pas, dit Riley. J’esp?re que non. Son inqui?tude ne fit que cro?tre. Elle se rappela le texto que Bill lui avait envoy? pendant qu’elle travaillait sur une affaire dans l’Iowa. Juste pour te pr?venir que je suis assis avec un flingue dans la bouche. Riley fr?mit en pensant ? l’appel t?l?phonique d?sesp?r? qui avait suivi. Elle avait r?ussi ? l’emp?cher de se suicider. Est-ce que ?a recommen?ait ? Si c’?tait le cas, que pouvait-elle faire ? Un bruit strident interrompit brusquement ses pens?es. Elle eut besoin d’une seconde pour comprendre que Jenn venait d’enclencher le gyrophare pour contourner un embouteillage. Elle le prit comme un avertissement… Je ne dois pas me laisser distraire. * Il ?tait dix heures et demi quand Riley et Jenn arriv?rent au parc Belle Terre. Elles suivirent la route le long de la plage jusqu’? tomber sur des voitures de police et un fourgon de m?decin l?giste. Derri?re les v?hicules, de la rubalise d?limitait le p?rim?tre de la sc?ne de crime. On ne voyait pas encore la plage depuis le parking, mais des go?lands volaient au-dessus de leurs t?tes. La brise sentait le sel et on entendait un bruit de ressac. Riley ne s’?tonna pas de voir des journalistes sur le parking. Ils se mass?rent autour de Riley et Jenn en posant des questions. — Ce sont deux meurtres en deux jours. Est-ce l’?uvre d’un tueur en s?rie ? — Vous avez donn? le nom de la victime de la veille. Avez-vous identifi? la nouvelle victime ? — Avez-vous contact? la famille de la victime ? — Les deux victimes ont vraiment ?t? enterr?es vivantes ? Riley serra les dents en entendant la derni?re question. Evidemment, elle n’?tait pas surprise que la mani?re dont les deux personnes ?taient mortes se soit ?bruit?e. Les journalistes avaient d? apprendre la nouvelle en ?coutant la radio de la police. Ils essayaient maintenant d’en faire leurs choux gras. Riley et Jenn jou?rent des coudes sans faire de commentaires. Elles furent accueillies par deux policiers qui les conduisirent sur la plage, au-del? de la barri?re de rubalise. Riley sentit le sable rentrer dans ses chaussures tout en marchant. La sc?ne de crime apparut devant elles. Des hommes ?taient debout autour d’une fosse creus?e dans le sable o? se trouvait encore le corps. Deux d’entre eux s’approch?rent de Riley et Jenn. L’un ?tait un homme trapu aux cheveux roux et en uniforme. L’autre, plus ?lanc? et aux cheveux bruns boucl?s, portait une chemise blanche. — Je suis content que vous soyez l?, dit l’homme aux cheveux roux apr?s que Riley et Jenn se furent pr?sent?es. Je suis Parker Belt, le chef de police ? Sattler. Et voil? Zane Terzis, le m?decin l?giste du district de Tidewater. Belt fit signe ? Riley et Jenn de s’approcher de la fosse. Elles baiss?rent les yeux vers un corps ?-moiti? enseveli. Riley avait l’habitude de voir des corps mutil?s et d?compos?s. Mais celui-ci lui soutira un frisson d’horreur. C’?tait un homme blond d’une trentaine d’ann?es qui portait un jogging, sans doute pour courir t?t le matin sur la plage. Il avait les bras ?cart?s, comme pour essayer de creuser vers la surface avec l’?nergie du d?sespoir, fig? dans cette position par la rigidit? cadav?rique. Ses yeux ?taient ferm?s et sa bouche pleine de sable. Belt se tenait ? c?t? de Riley et de Jenn ; Belt dit : — Il avait son portefeuille sur lui et ce n’?tait pas difficile de l’identifier. Mais je n’en avais pas vraiment besoin : je l’ai reconnu d?s que Terzis et son ?quipe ont d?gag? son visage. Il s’appelle Todd Brier et c’est un pasteur luth?rien ? Sattler. Je n’allais pas ? son ?glise : je suis m?thodiste. Mais je le connaissais. Nous ?tions bons amis. Nous allions parfois p?cher ensemble. La voix de Belt ?tait lourde de chagrin. — Comment avez-vous trouv? le corps ? demanda Riley. — C’est un type qui est pass? avec son chien, r?pondit Belt. Le chien s’est arr?t?, s’est mis ? renifler et ? g?mir, puis ? creuser. Une main est apparue. — L’homme qui a trouv? le corps est toujours l? ? demanda Riley. Belt secoua la t?te. — Nous l’avons renvoy? chez lui. Il ?tait tr?s secou?. Mais nous lui avons dit qu’il devait rester disponible pour r?pondre ? des questions. Je peux vous mettre en contact avec lui. Riley releva les yeux vers l’oc?an qui se trouvait ? une quinzaine de m?tres. Dans la baie de Chesapeake, l’eau ?tait d’un bleu tr?s profond et agit?e de vagues aux cr?tes mousseuses. C’?tait la mar?e basse. Riley demanda : — C’est le deuxi?me meurtre ? — Oui, r?pondit Belt d’un air grave. — C’?tait d?j? arriv? ? — Vous voulez dire ? Belle Terre ? demanda Belt. Non, jamais. C’est une r?serve naturelle pour les oiseaux et la faune. Les gens viennent ? la plage, surtout des familles. De temps en temps, on arr?te un braconnier ou on r?gle une dispute entre des visiteurs. On chasse aussi des vagabonds. Rien de plus s?rieux. Riley s’?loigna de la fosse pour voir le corps sous un autre angle. Elle vit qu’il y avait du sang sur la t?te de la victime. — Que pensez-vous de cette blessure ? demanda-t-elle ? Terzis. — On dirait qu’il a ?t? frapp? avec un objet lourd, dit le m?decin l?giste. J’en saurai plus quand le corps sera ? la morgue. Mais, d’apr?s ce que je vois, ?a l’a peut-?tre ?tourdi, juste assez longtemps pour qu’il ne puisse pas se d?fendre quand le tueur l’a enterr?. Mais je doute qu’il ait vraiment perdu connaissance. Il s’est d?battu, ?a se voit. Riley fr?mit. Oui, cela se voyait. Elle dit ? Jenn. — Prends des photos et envoie-les-moi. Jenn sortit aussit?t son t?l?phone portable et prit des photos de la fosse et du corps. Pendant ce temps, Riley marcha lentement autour de la sc?ne de crime pour examiner la plage dans toutes les directions. Le tueur n’avait pas laiss? grand-chose. Le sable autour de la fosse avait ?t? retourn? et il y avait des traces de pas presque effac?es : celles du joggeur et du tueur. Le sable sec ne permettait pas de reconnaitre la forme de la chaussure. Mais Riley vit qu’il y avait ?galement des traces sur le chemin de terre menant au parking. Elle les pointa du doigt en interpellant Belt. — Votre ?quipe a cherch? s’il y avait des fibres ? L’homme acquies?a. Un sentiment ?tait en train de remonter dans la poitrine de Riley – un sentiment qui lui venait parfois sur une sc?ne de crime. Ces derniers temps, ce sentiment se faisait rare. Mais il ?tait toujours agr?able de le retrouver, parce que Riley savait qu’elle pouvait s’en servir comme d’un outil. Elle ressentait l’?tat d’esprit et les pens?es du tueur. Si elle laissait ce sentiment la submerger, elle comprendrait mieux ce qui s’?tait pass?. Riley s’?loigna du groupe. En jetant un coup d’?il ? Jenn, elle vit que la jeune femme la regardait. Riley avait la r?putation de se glisser dans l’esprit du tueur et Jenn le savait. Riley lui adressa un signe de t?te et Jenn s’empressa de poser des questions au groupe pour attirer l’attention de tous et donner ? Riley un peu d’intimit?. Riley ferma les yeux et essaya d’imaginer la sc?ne au moment du meurtre. Des images et des bruits lui vinrent en t?te facilement. Il faisait encore sombre et des ombres l?chaient la plage. La lumi?re se laissait entrevoir ? l’horizon. Bient?t, le soleil se l?verait. C’?tait la mar?e haute et l’eau devait ?tre tout pr?s. Le ressac se faisait entendre. Assez fort pour que le tueur ne s’entende pas creuser, pensa Riley. A cet instant, elle n’eut aucun mal ? se glisser dans un esprit ?trange… Oui, il creusait et ses muscles lui faisaient mal, ? mesure qu’il pelletait du sable. Sur son front, la sueur se m?lait au sel de l’air marin. Ce n’?tait pas facile de creuser. En fait, c’?tait un peu frustrant. On ne s’imagine pas ? quel point il y a difficile de creuser un trou dans une plage. Le sable n’arr?tait pas de glisser, rebouchant la fosse au fur et ? mesure. Il pensa : ?a ne sera pas tr?s profond, mais ce n’est pas grave. Tout en creusant, il ne cessait de lever les yeux vers la plage, ? la recherche de sa proie. Oui, il apparut bient?t, en train de courir. Le timing ?tait parfait : le trou ?tait juste assez profond. Le tueur jeta sa pelle dans le sable et leva les mains. — Venez ! cria-t-il au joggeur. Ce n’?tait m?me pas la peine de crier : par-dessus le bruit de ressac, le joggeur n’entendrait pas ce qu’il disait, juste un hurlement incoh?rent. Le joggeur s’arr?ta et regarda vers lui. Puis il marcha vers le tueur. Le joggeur souriait et l’homme qu’il avait interpell? sourit ? son tour. Bient?t, ils purent se parler. — Qu’est-ce qui se passe ? demanda le joggeur ? voix haute. — Venez et je vais vous montrer, hurla le tueur. Le joggeur s’approcha sans se m?fier. — Regardez l?-dedans, dit le tueur. Regardez bien. Le joggeur se pencha et, d’un geste vif, le tueur ramassa sa pelle et lui donna un coup sur la nuque, le faisant basculer dans le trou… Riley fut tir?e de ses pens?es par la voix du chef de police. — Agent Paige ? Riley ouvrit les yeux. Elle vit que Belt l’observait avec curiosit?. Il n’avait pas ?t? distrait longtemps par les questions de Jenn. Il dit : — Vous pensiez ? autre chose ? Riley entendit Jenn glousser. — ?a lui arrive de temps en temps, dit-elle au chef de police. Pas la peine de s’inqui?ter. Riley leur fit part de ses impressions – au conditionnel, bien entendu, et sans expliquer point par point tout ce qu’elle avait vu. Mais elle ?tait certaine d’un d?tail : le joggeur ?tait venu sur l’invitation du tueur et s’?tait approch? sans se m?fier. C’?tait un d?tail petit mais crucial. Riley dit au chef de police : — Le tueur est un homme charmant. Les gens lui font confiance. Le chef de police ?carquilla les yeux. — Comment vous le savez ? demanda-t-il. Ce fut alors qu’un homme ?clata de rire derri?re Riley. — Croyez-moi : elle sait ce qu’elle dit. Riley se retourna vivement. Son moral venait de remonter en fl?che. CHAPITRE SIX Belt s’approcha du nouveau-venu. — Monsieur, c’est ferm? au public. Vous n’avez pas vu la barri?re ? — C’est bon, dit Riley. C’est l’agent sp?cial Bill Jeffreys. Il est avec nous. Elle se pr?cipita vers lui et le conduisit ? l’?cart pour ne pas ?tre entendue. — Qu’est-ce qui s’est pass? ? demanda-t-elle. Pourquoi tu n’as pas r?pondu ? mes messages ? Bill esquissa un sourire g?n?. — J’?tais con. Je… Il se tut et d?tourna les yeux. Riley attendit sa r?ponse. Enfin, il poursuivit : — Quand j’ai eu tes messages, je ne savais pas si j’?tais pr?t. J’ai appel? Meredith pour avoir des d?tails, mais je n’?tais pas s?r de vouloir y aller. Je ne savais m?me pas si j’?tais pr?t quand je suis mont? dans ma voiture. Je ne savais pas jusqu’? ce que je voie… Il pointa le corps du doigt et ajouta : — Maintenant, je sais. Je suis pr?t ? retourner travailler. Tu peux compter sur moi. Sa voix ?tait ferme et il avait l’air d’y croire. Riley poussa un ?norme soupir de soulagement. Elle conduisit Bill vers le groupe et le pr?senta au chef de police, ainsi qu’au m?decin l?giste. Jenn connaissait d?j? Bill et elle ?tait contente de le voir, pour le plus grand plaisir de Riley. Elle ne voulait pas que Jenn se sente mise ? l’?cart. Riley et le groupe expliqu?rent ? Bill le peu qu’il savait. Il les ?couta avec int?r?t. Enfin, Bill dit au m?decin l?giste. — Je pense que vous pouvez emmener le corps. Enfin, si l’agent Paige n’y voit pas d’inconv?nient. — Je suis d’accord, dit Riley. Elle ?tait heureuse de voir Bill retrouver son autorit?. Pendant que l’?quipe du m?decin l?giste sortait le corps de la fosse, Bill examina les environs. Il demanda ? Riley : — Vous ?tes all?es sur l’autre sc?ne de crime ? — Pas encore, r?pondit-elle. — C’est ce qu’on devrait faire, dit-il. Riley interpella Belt : — Nous aimerions aller jeter un ?il ? l’autre sc?ne de crime. Le chef acquies?a. — C’est dans le parc, ? quelques miles, ajouta-t-il. Ils ?vit?rent ? nouveau les journalistes sans r?pondre aux questions. Riley, Bill et Jenn mont?rent dans le v?hicule du FBI pendant que Belt et le m?decin l?giste prenait une autre voiture. Le chef les conduisit sur une route sablonneuse dans une zone bois?e. Ils se gar?rent au bout du chemin. Riley et ses coll?gues suivirent les deux officiers sur la piste. Tout en marchant, le chef pointa du doigt des empreintes sur le sol meuble. — De simples baskets, dit Bill. Riley acquies?a. Elle vit que les empreintes allaient dans les deux sens. Mais ils n’apprendraient rien d’autre que la pointure du tueur. En revanche, il y avait d’autres traces int?ressantes entre les pas. Deux lignes sinuaient dans la terre. — Qu’est-ce que c’est que ces traces ? demanda Riley ? Bill. — Je pense que ce sont les pieds d’une brouette, r?pondit-il. Il regarda par-dessus son ?paule et ajouta. — A mon avis, le tueur s’est gar? au m?me endroit que nous et il a apport? ses outils. — C’est ce que nous pensons ?galement. Et il est reparti par l?. Bient?t, ils s’approch?rent d’une crois?e des chemins. Une fosse avait ?t? creus?e au milieu du sentier. Le trou faisait la taille du chemin. Belt montra du doigt la deuxi?me piste qui partait entre les arbres. — La deuxi?me victime est venue en courant dans cette direction, dit-il. La fosse ?tait bien cach?e et elle ne l’a pas vue avant de tomber dedans. Terzis ajouta : — Elle avait la cheville cass?e, sans doute ? cause de la chute. Elle n’a rien pu faire quand le tueur a commenc? ? renverser de la terre sur elle. Riley fr?mit en imaginant cette mort atroce. Jenn dit : — Et c’est arriv? hier. Terzis acquies?a. — Je suis presque s?r qu’elle est morte ? la m?me heure que l’homme sur la plage. Vers six heures du matin. — Avant le lever du soleil, ajouta Belt. Il devait faire sombre. En passant par l? un peu plus tard, un joggeur a vu que la terre avait ?t? retourn?e et nous a appel?s. Pendant que Jenn prenait des photos, Riley fit le tour des environs. Son regard tomba sur une touffe d’herbe ?cras?e par les all?es et venues de la brouette. Elle vit l’endroit o? le tueur avait entass? de la terre, ? quelques m?tres de la piste. Les arbres ?taient tr?s ?pais par ici. La joggeuse n’avait d? voir ni le tueur ni la terre. La fosse avait ?t? d?bouch?e par la police qui avait entass? la terre juste ? c?t?. Riley se rappelait que Meredith lui avait donn? le nom de la victime ? Quantico, mais elle ne s’en souvenait plus. Elle s’adressa au chef de police : — Je suppose que vous avez identifi? la victime. — Oui, dit Belt. Elle avait des papiers sur elle, comme Todd Brier. Elle s’appelait Courtney Wallace. Elle vivait ? Sattler, mais je ne la connaissais pas personnellement. Je ne peux pas vous dire grand-chose sur elle, ? part qu’elle ?tait jeune. Elle devait avoir entre vingt et vingt-cinq ans. Riley s’agenouilla ? c?t? du trou et regarda ? l’int?rieur. Elle comprit imm?diatement comment le tueur avait tendu son pi?ge. Au fond de la fosse trainait une couverture grossi?re et ?paisse en toile de jute recouverte de d?bris et de feuilles mortes. Elle devait ?tre tendue au-dessus de la fosse, invisible aux yeux de la joggeuse, surtout au petit matin. Elle allait devoir appeler une ?quipe scientifique de l’UAC pour examiner les deux sc?nes de crime. Ils trouveraient peut-?tre l’origine de la toile de jute. En attendant, Riley sentit qu’elle avait la m?me sensation que sur la plage. Elle glissait dans l’esprit du tueur. Ce n’?tait pas aussi frais et vif que la derni?re fois, mais elle put l’imaginer pench? ? l’endroit o? elle ?tait agenouill?e. Il toisait sa proie impuissante. Qu’avait-il fait avant de commencer ? l’enterrer vivante ? Elle se rappela sa premi?re impression – qu’il ?tait charmant. Au d?but, il avait peut-?tre feint la surprise de trouver la jeune femme au fond d’un trou comme celui-ci. Il lui avait fait croire qu’il allait l’aider ? sortir. Elle lui a fait confiance, pensa Riley. Ne serait-ce qu’un instant. Puis il avait commenc? ? la torturer. Il avait renvers? des brouettes de terre sur elle. Elle avait d? crier quand elle avait compris ce qui se passait. Mais comment avait-il r?pondu ? ses cris ? Il avait montr? tout son sadisme. Il s’?tait arr?t? pour le plaisir de lui jeter une pellet?e de terre ? la figure – pas assez pour l’emp?cher de crier, mais assez pour la torturer. Riley fr?mit. Elle fut soulag?e de quitter l’esprit du tueur. Elle pouvait maintenant examiner la sc?ne de crime avec un regard neuf. La forme de la fosse ?tait ?trange. L? o? Riley se tenait, le bout de la fosse formait une sorte de fl?che. C’est la m?me chose de l’autre c?t?. Deux fl?ches qui se faisaient face. Le tueur s’?tait donn? du mal pour faire ?a. Mais pourquoi ? se demanda Riley. Qu’est-ce que ?a signifie ? Ce fut alors que la voix de Bill retentit derri?re elle. — J’ai trouv? quelque chose. Vous devriez venir voir. CHAPITRE SEPT Riley se retourna vivement pour voir ce qui faisait crier Bill. Sa voix venait d’entre les arbres, ? l’?cart du chemin. — Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Belt. — Qu’avez-vous trouv? ? rench?rit Terzis. — Venez, c’est tout, r?pondit Bill. Riley se redressa et se dirigea vers lui. Elle vit que les fourr?s ?taient abim?s par o? il ?tait pass?. — Vous venez ? r?p?ta Bill qui commen?ait ? s’impatienter. Riley comprit au ton de sa voix qu’il ?tait vraiment l? pour travailler. Suivie de Belt et Terzis, elle s’enfon?a dans les fourr?s jusqu’? la petite clairi?re o? Bill se tenait debout. Il avait le regard baiss? vers le sol. Et il avait bien trouv? quelque chose. Un autre morceau de toile de jute ?tait pos? sur le sol, maintenu en place par des poids aux quatre coins. — Bont? divine…, murmura Terzis. — Un deuxi?me corps ? demanda Belt. Mais Riley comprit que ce devait ?tre quelque chose d’autre. Apr?s tout, ce trou ?tait bien plus petit que l’autre et de forme carr?e. Bill enfila des gants en plastique pour ?viter de laisser ses empreintes sur ce qu’il s’appr?tait ? d?couvrir. Puis il s’agenouilla et retira doucement le carr? de toile de jute. Riley ne vit d’abord qu’une pi?ce de bois sombre, circulaire et bien cir?e. Bill s’en saisit et sortit lentement l’objet. Tout le monde, sauf Bill, poussa un hoquet de surprise. — Un sablier ! s’exclama Belt. — Je n’en avais jamais vu d’aussi gros, ajouta Terzis. L’objet devait mesurer soixante centim?tres en hauteur. — Tu es s?r que ce n’est pas un pi?ge ? avertit Riley. Bill se leva en tenant l’objet bien droit dans ses mains, comme s’il manipulait un engin explosif. Il le reposa par terre ? c?t? du trou. Riley s’agenouilla pour examiner le sablier. Il n’y avait aucun fil, mais y avait-il un m?canisme cach? sous le sable ? Elle inclina l’objet de droite ? gauche, mais ne remarqua rien d’anormal. — Ce n’est qu’un gros sablier, marmonna-t-elle. Et cach? dans un trou comme celui sur le chemin. — Ce n’est pas un sablier ordinaire, dit Bill. ?a doit servir ? mesurer une longue p?riode de temps. C’?tait un objet d’une troublante beaut?. La courbe du verre ?tait ?l?gante. Les deux pi?ces de bois qui servaient de socles ?taient reli?es entre elle par trois tiges d?cor?es de gravures. Il y avait ?galement un motif de vagues grav? sur les deux socles. Le bois sombre ?tait bien cir?. Riley avait d?j? vu des sabliers comme celui-ci – des objets plus petits qui servaient ? mesurer les temps de cuisson, entre cinq et vingt minutes. Celui-ci ?tait beaucoup plus gros. Le globe inf?rieur ?tait rempli de sable jusqu’? la moiti?. Il n’y en avait pas dans le globe sup?rieur. Belt demanda ? Bill : — Comment saviez-vous qu’il y avait quelque chose ici ? Bill s’accroupit devant le sablier pour l’examiner plus attentivement. Il demanda : — Vous avez remarqu? que la fosse avait une forme ?trange ? — Oui, r?pondit Riley. Les coins forment une sorte de fl?che. Riley acquies?a. — C’est bien ?a. Une fl?che qui m?ne ici. J’ai vu que les fourr?s ?taient abim?s, alors j’y suis all?. Belt fixait le sablier d’un air ?merveill?. — Eh bien, on a de la chance que vous l’ayez trouv?, dit-il. — Le tueur voulait qu’on le trouve, marmonna Riley. Il essaye de nous dire quelque chose. Riley jeta un regard ? Bill, puis ? Jenn. Elle vit qu’ils pensaient tous la m?me chose. Le sable s’?tait enti?rement ?coul?. Cela devait vouloir dire qu’ils avaient perdu. Riley se tourna vers Belt. — Vos hommes ont retrouv? un sablier comme celui-ci sur la page ? Belt secoua la t?te. — Non. Riley avait une sinistre intuition. — C’est qu’ils n’ont pas bien regard?, dit-elle. Belt et Terzis ne r?pondirent pas pendant un long moment. Ils n’en croyaient pas leurs oreilles. Belt dit enfin : — Ecoutez, on l’aurait trouv?. Je suis certain qu’il n’y avait rien dans les environs. Riley fron?a les sourcils. Cet objet avait ?t? d?pos? l? avec tant de soin qu’il devait ?tre important. Elle ?tait certaine que les policiers avaient rat? un autre sablier sur la plage. Evidemment, elle l’avait rat?, elle aussi, tout comme Bill et Jenn, quand ils avaient examin? la plage. O? pouvait-il ?tre ? — On doit retourner sur la plage et chercher, dit Riley. Bill porta l’?norme sablier dans la voiture du FBI. Jenn ouvrit la porti?re ? l’arri?re et Bill d?posa l’objet ? l’int?rieur, en prenant soin de le caler pour ?viter qu’il ne tombe. Ils le recouvrirent d’une couverture. Riley, Bill et Jenn s’install?rent ensuite dans le v?hicule et suivirent la voiture de police en direction de la plage. Il y avait encore plus de journalistes sur le parking et ils commen?aient ? ?tre agressifs. Alors qu’elle et ses coll?gues se faufilaient sous la rubalise, Riley se demanda s’ils pourraient ignorer leurs questions encore longtemps. Quand ils atteignirent la plage, le corps ne se trouvait plus dans la fosse. L’?quipe du m?decin l?giste l’avait mis dans le fourgon. Les policiers continuaient de passer la zone au peigne fin ? la recherche d’indices. Belt appela ses hommes qui se rassembl?rent autour de lui. — Quelqu’un a trouv? un sablier par ici ? demanda-t-il. Il ferait soixante centim?tres de haut. Les policiers eurent l’air ?tonn? et secou?rent la t?te. Riley commen?ait ? s’impatienter. Il doit ?tre quelque part, pensa-t-elle. Elle marcha vers une petite bute pour examiner les alentours. Mais elle ne voyait aucun sablier, pas m?me un endroit sur la plage o? le sable aurait pu ?tre fraichement retourn?. Son intuition lui jouait-elle des tours ? C’?tait d?j? arriv?. Pas cette fois, se dit-elle. Elle ?tait s?re d’elle. Elle retourna se pencher vers la fosse. Elle ?tait de forme diff?rente, moins profonde, moins dessin?e. Le tueur n’aurait pas pu creuser une fl?che dans le sable, m?me s’il avait essay?. Elle se retourna dans tous les sens. Elle ne voyait que du sable et des vagues. C’?tait la mar?e basse. Si le tueur avait essay? de sculpter une fl?che dans du sable humide, la police l’aurait vue, ? moins qu’elle n’ait ?t? d?truite. Elle demanda : — Quelqu’un est pass? par l?, ? part l’homme avec son chien ? Les policiers hauss?rent les ?paules et s’entreregard?rent. L’un d’eux dit : — Personne ? part Rags Tucker. Riley ?carquilla les yeux. —Qui est-ce ? demanda-t-elle. — Un original qui vient chercher des objets de valeur sur la plage, dit Belt. Il vit dans une petite tente pas loin. Belt pointa du doigt la c?te. — Pourquoi personne ne nous l’a dit ? siffla-t-elle. — Ce n’?tait pas la peine, dit Belt. On lui a parl? d?s qu’il est arriv?. Il n’a rien vu. Il dit qu’il dormait quand ?a s’est pass?. Riley poussa un grognement agac?. — On doit aller voir ce type, dit-elle. Suivie de Bill, Jenn et Belt, elle commen?a ? remonter la plage dans la direction indiqu?e. Tout en marchant, elle demanda ? Belt. — Je croyais que vous aviez boucl? la plage. — On l’a fait, r?pondit Belt. — Alors pourquoi est-ce qu’il reste quelqu’un ? — Comme je viens de vous le dire, Rags vit plus ou moins ici, dit Belt. Je ne voyais pas l’int?r?t de le virer. Et puis, il n’a nulle part o? aller. Belt leur fit remonter une pente de sable et de hautes herbes que le groupe escalada maladroitement. Riley vit alors apparaitre une sorte de tipi ? quelques m?tres. — C’est la maison du vieux Rags, dit Belt. En s’approchant, Riley vit que la tente ?tait faite de sacs en plastique et de couvertures. Derri?re la colline, elle ?tait ? l’abri des vents et de la mar?e. Une collection d’objets h?t?roclites jonchait le sol. Riley dit ? Belt : — Parlez-moi de ce Rags Tucker. Belle Terre autorise le vagabondage ? Belt ?touffa un rire. Il dit : —Rags n’est pas un vagabond ordinaire. C’est un personnage. Les gens l’aiment bien, surtout les visiteurs. Et ce n’est pas notre suspect, croyez-moi. C’est un type inoffensif. Belt pointa du doigt les objets ?tal?s sur des couvertures. — Il fait son petit commerce avec ce qu’il trouve. Il ramasse des d?chets sur la plage et les gens viennent lui acheter des trucs ou faire du troc. Mais c’est juste une excuse pour venir le voir et lui parler. Il fait ?a tout l’?t?, tant qu’il fait beau. Il gagne juste assez d’argent pour louer un petit appartement ? Sattler pendant l’hiver. Et d?s qu’il fait beau, il revient s’installer ici. Alors qu’ils s’approchaient, Riley vit mieux les objets. C’?tait une collection h?t?roclite qui allait du bois flott? aux coquillages, en passant par des grille-pains, des t?l?visions cass?es, des lampes et d’autres objets que des visiteurs avaient d? lui apporter. Belt appela : — Eh, Rags, je me demandais si tu pouvais nous accorder deux minutes. Une voix rauque leur r?pondit depuis l’int?rieur de la tente. — Je vous l’ai d?j? dit, j’ai vu personne. Vous n’avez pas encore chop? ce malade ? J’aime pas tellement qu’un tueur traine sur ma plage. Je vous ai d?j? dit tout ce que je savais. Riley s’approcha ? son tour de la tente et appela : — Rags, j’ai besoin de vous parler. — Qui ?tes-vous ? — FBI. Je me demandais si vous aviez trouv? un gros sablier. Il n’y eut pas de r?ponse pendant de longues secondes. Puis une main ?mergea de la tente et ?carta la couverture qui servait de porte. A l’int?rieur, un petit homme maigrichon ?tait assis en tailleur. Il la regarda avec des yeux ronds. Devant lui se trouvait un ?norme sablier. CHAPITRE HUIT L’homme dans la tente fixait Riley avec des yeux gris et ronds. Riley les regardait tour ? tour, lui et l’?norme sablier pos? devant lui. Elle avait du mal ? savoir ce qu’elle trouvait le plus ?tonnant. Rags Tucker avait de longs cheveux gris et une barbe qui lui descendait jusqu’? la taille. Il portait des v?tements amples et abim?s. Evidemment, elle se demanda… Peut-il ?tre suspect ? Elle avait du mal ? y croire. L’homme avait des membres gr?les. Il ne semblait pas assez robuste pour avoir creus? une de ces fosses. Il avait l’air parfaitement inoffensif. Riley le soup?onnait aussi de s’?tre construit un personnage. Il ne sentait pas mauvais et ses v?tements paraissaient propres malgr? l’usure. Quant au sablier, c’?tait presque le m?me que celui qu’ils avaient trouv? pr?s du chemin. L’objet faisait une soixantaine de centim?tres de haut. Un motif de vagues ?tait grav? sur le socle et trois tiges servaient de cadre. Mais les deux n’?taient pas identiques. Le bois de celui-ci ?tait plus rouge et plus clair. Ce n’?tait pas le m?me mod?le. Mais ce n’?tait pas la diff?rence la plus importante entre les deux. Ce qui diff?renciait les deux sabliers, c’?tait le sable qui s’?coulait ? l’int?rieur. Dans le sablier que Bill avait trouv? entre les arbres, il n’y avait plus de sable dans le globe sup?rieur. Mais le sable dans ce sablier s’?coulait lentement dans le globe inf?rieur. Riley ?tait s?re d’une chose : le tueur avait voulu qu’ils trouvent le sablier – les deux. Tucker dit enfin : — Comment vous saviez que je l’avais ? demanda-t-il ? Riley. Elle sortit son badge. — C’est moi qui pose les questions, si vous le voulez bien, dit-elle d’un ton aimable. Comment l’avez-vous trouv? ? Tucker hausa les ?paules. — C’est un cadeau, dit-il. — De qui ? — Des dieux, peut-?tre. Il est peut-?tre tomb? du ciel, pour ce que j’en sais. Quand je suis sorti ce matin, je l’ai vu tout de suite, pos? dans mes affaires. Je l’ai ramen? ? l’int?rieur et je me suis rendormi. Puis je me suis r?veill? et ?a fait un petit moment que je le regarde. Il fixait le sable du regard. — C’est la premi?re fois que je vois le temps passer…, dit-il. C’est tr?s ?trange. ?a passe vite et lentement ? la fois. ?a donne une impression d’in?luctabilit?. On ne remonte pas le temps, parait-il. Riley lui demanda : — Le sable ?tait en train de couler quand vous l’avez trouv? ? Ou vous l’avez retourn? ? — Il est comme je l’ai trouv?, dit Tucker. Je n’aurais jamais os? interrompre le temps qui passe. Je ne fais pas de vagues, moi. Je laisse l’univers o? il est. Je ne suis pas stupide. Non, il n’est pas stupide, en effet, pensa Riley. Elle commen?ait ? cerner Rags Tucker ? mesure qu’ils discutaient. Ce vagabond original cultivait son excentricit? pour amuser les visiteurs. Il ?tait devenu une attraction ? Belle Terre. D’apr?s ce que lui avait dit Belt, Riley savait qu’il arrivait ? en vivre, quoique modestement. Il ?tait devenu une figure locale et il avait gagn? la permission tacite de vivre exactement o? il en avait envie. Rags Tucker ?tait l? pour s’amuser et amuser les autres. Riley comprit qu’ils se trouvaient dans une situation d?licate. Elle voulait lui prendre le sablier, le plus vite possible et sans provoquer un esclandre. Mais accepterait-il de le lui c?der ? Elle connaissait sur le bout des doigts les lois sur la fouille et la saisie, mais elle n’?tait pas s?re que ces lois s’appliquent ? un vagabond qui vivait dans une tente sur un terrain appartenant ? la commune. Elle pr?f?rerait ne pas avoir ? demander de mandat. Mais elle allait devoir faire attention. Elle dit ? Tucker : — Nous pensons qu’il a ?t? d?pos? l? par la personne qui a commis les deux meurtres. Tucker ?carquilla les yeux. Puis Riley ajouta : — On doit emporter ce sablier. C’est un ?l?ment important de l’enqu?te. Tucker secoua lentement la t?te. — Vous oubliez la loi de la plage, dit-il. — Quelle loi ? demanda Riley. — Trouver, c’est trouver. Reprendre, c’est voler. Et puis, si c’est vraiment un cadeau des dieux, je pr?f?re ne pas m’en s?parer. Je ne voudrais pas f?cher le cosmos. Riley examina son visage avec attention. Elle voyait qu’il n’?tait pas fou – m?me s’il faisait semblant. Cela faisait partie de son personnage. Non, ce vagabond savait exactement ce qu’il faisait et ce qu’il disait. Il est en train de marchander, pensa Riley. Elle ouvrit son portefeuille et sortit un billet de vingt dollars qu’elle lui tendit. — Peut-?tre que cela contentera le cosmos. Tucker esquissa un sourire. — Je ne sais pas, dit-il. L’univers est de plus en plus cher, ces temps-ci. Riley commen?ait ? comprendre. Elle sentit qu’elle pouvait jouer son jeu. Elle dit : — Apr?s tout, il est en pleine expansion. — Ouais, comme toujours depuis le Big Bang, dit Tucker en frottant ses doigts. Et j’ai entendu dire qu’il traversait aussi une phase d’inflation. Riley ne put s’emp?cher d’admirer l’astuce et l’homme – et sa cr?ativit?. Elle comprit qu’elle devait trouver un accord avec lui avant que la conversation ne devienne trop philosophique. Elle sortit un deuxi?me billet de vingt. Tucker lui arracha les quarante dollars des mains. — Il est ? vous, dit-il. Prenez en soin. J’ai comme l’impression que ce truc est puissant. Riley songea qu’il avait raison – peut-?tre m?me plus qu’il ne le devinait. En souriant, Rags Tucker ajouta : — Mais vous devriez pouvoir vous d?brouiller. Bill enfila ? nouveau ses gants et s’approcha du sablier pour le ramasser. Riley lui dit : — Fais attention. Tiens-le aussi droit que possible. Il faut que le sable puisse s’?couler normalement. Pendant que Bill s’en occupait, Riley dit ? Tucker : — Merci de votre aide. Nous allons peut-?tre revenir pour vous interroger. J’esp?re que vous serez disponible. Tucker haussa les ?paules et dit : — Je serai l?. Alors qu’ils tournaient les talons, Belt dit ? Riley : — Il nous reste combien de temps avant que le temps ne soit ?coul? ? Le m?decin l?giste pensait que les meurtres avaient eu lieu ? six heures du matin. Elle baissa les yeux vers sa montre. Il ?tait presque onze heures. Elle fit un petit calcul rapide. Puis elle dit ? Belt : — Environ dix-neuf heures. — Et qu’est-ce que se passera quand ?a arrivera ? demanda Belt. — Quelqu’un meurt. CHAPITRE NEUF Riley n’arrivait plus ? oublier ce que Rags Tucker lui avait dit. « ?a donne une impression d’in?luctabilit?. » Flanqu?e de ses coll?gues, elle remontait la plage en direction de la sc?ne de crime. Bill portait le sablier. Jenn et Belt l’aidaient ? tenir l’objet bien droit. In?luctabilit?. Avec un frisson, elle se rendit compte que c’?tait exactement le message que le tueur avait voulu faire passer. Il voulait qu’ils aient l’impression que le prochain meurtre ?tait in?luctable. C’?tait sa mani?re de leur faire peur. Riley savait qu’ils ne devaient pas se laisser impressionner, mais ce ne serait pas facile. Pendant qu’ils marchaient, elle sortit son t?l?phone et appela Brent Meredith. Quand il d?crocha, elle dit : — Monsieur, on a une affaire tr?s s?rieuse sur les bras. — Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Meredith. — Notre tueur pr?voit de frapper toutes les vingt-quatre heures. — Bont? divine, dit Meredith. Comment le savez-vous ? Riley ?tait sur le point de tout lui expliquer, mais se ravisa. Il valait mieux qu’il puisse voir les sabliers. — Nous retournons vers notre v?hicule. D?s qu’on arrive, je vous appelle en visioconf?rence. Riley raccrocha juste au moment o? ils passaient devant la sc?ne de crime. Les policiers de Belt ?taient en train de passer le chemin au peigne fin. Les policiers ouvrirent des yeux ronds devant l’?norme sablier. — Qu’est-ce que c’est que ?a ? demanda l’un d’entre eux. — Une preuve, r?pondit Belt. Riley pensa soudain qu’elle ne voulait surtout pas que les journalistes voient le sablier. Si ?a arrivait, les rumeurs allaient circuler et cela ne ferait qu’empirer les choses. Ils devaient ?tre encore sur le parking et savaient d?j? que les deux victimes avaient ?t? enterr?es vivantes. Ils n’allaient pas abandonner si facilement. Se tournant vers Belt, elle demanda : — Je peux vous emprunter votre veste ? Belt la lui donna. Riley la posa d?licatement sur le sablier pour le recouvrir compl?tement. — Allez, dit-elle ? Bill et Jenn. Allons jusqu’? la voiture sans attirer l’attention. Mais, quand elle et ses coll?gues pass?rent la barri?re de rubalise, Riley vit qu’il y avait encore plus de journalistes qu’avant. Ils se mass?rent autour de Bill, exigeant de savoir ce qu’il transportait. Riley fut prise d’une bouff?e de panique : Bill essayait de ne pas renverser le sablier. Si on le bousculait, cela pouvait interf?rer avec la course du sable. Pire encore, quelqu’un pouvait faire basculer le sablier. Elle dit ? Jenn : — On doit les ?loigner de Bill. Toutes deux jou?rent des coudes en ordonnant aux journalistes de reculer. Ces derniers ob?irent avec une docilit? ?tonnante et les regard?rent passer, bouche b?e. Riley comprit… Ils doivent penser que c’est une bombe. Apr?s tout, c’?tait une hypoth?se qu’elle avait elle-m?me envisag?e, dans les bois, quand Bill avait d?couvert l’objet. Riley serra les dents en imaginant les gros titres dans la presse de demain et la panique qu’ils susciteraient. Elle dit d’un ton ferme : — Ce n’est pas un engin explosif. C’est juste une preuve. Et c’est fragile. Un concert de questions lui r?pondit. Riley secoua la t?te et tourna les taons. Bill ?tait arriv? au v?hicule. Elle et Jenn se d?p?ch?rent de le rejoindre. Ils entr?rent et install?rent le deuxi?me sablier ? c?t? de l’autre, le couvrant d’une couverture. Les journalistes se mass?rent autour du van en posant des questions. Riley poussa un grognement de frustration. Ils n’en finiraient jamais. Elle s’installa au volant et d?marra. Un journaliste particuli?rement d?termin? essaya de lui bloquer le chemin en passant devant son capot. Elle d?clencha le gyrophare pour l’effrayer. Puis elle s’?loigna, abandonnant derri?re elle la meute de journalistes. Au bout de quelques minutes, elle trouva un endroit isol? o? elle put se garer. Elle dit ? Jenn et Bill : — Commen?ons par le commencement. On doit chercher des empreintes. Bill acquies?a et dit : — Il y a un kit dans la bo?te ? gants. Pendant que Jenn et Bill se mettaient au travail, Riley sortit sa tablette et appela Brent Meredith en visioconf?rence. A sa grande surprise, le visage de son chef d’?quipe ne fut pas le seul qu’elle vit apparaitre sur l’?cran. Il y en avait huit, notamment un visage poupin constell? de taches de rousseur que Riley n’?tait pas ravie de retrouver. C’?tait l’agent sp?cial charg? d’enqu?te Carl Walder, le sup?rieur de Meredith ? l’UAC. Riley ravala un grognement de d?couragement. Elle ?tait rarement d’accord avec Carl Walder. En fait, il l’avait suspendue et m?me vir?e plusieurs fois. Mais que faisait-il l? ? Avec un grognement ? peine dissimul?, Meredith dit : — Agent Paige, Carl Walder a la gentillesse de se joindre ? nous. Et il a rassembl? une ?quipe pour vous aider sur cette affaire. Reconnaissant l’expression agac?e sur le visage de Meredith, Riley comprit tr?s bien ce qui se passait. Carl Walder devait surveiller l’affaire depuis le d?but. Quand il avait su que Riley voulait appeler Meredith en visioconf?rence, il avait pr?venu ses agents de confiance pour l’?pauler. Ils ?taient tous dans leurs bureaux respectifs ? l’UAC, devant leurs ?crans d’ordinateurs. Riley ne put s’emp?cher de grogner. Le pauvre Brent Meredith devait avoir l’impression d’?tre pris en embuscade. Carl Walder faisait de la d?magogie, comme d’habitude. En rassemblant son ?quipe, il faisait savoir ? Riley ce qu’il pensait de son professionnalisme et de ses m?thodes. Heureusement, il y avait des gens en qui Riley avait confiance dans l’?quipe de Carl Walder. Elle reconnut Sam Flores, un technicien de labo brillant, et Craig Huang, un jeune agent de terrain prometteur qu’elle aidait parfois. Mais elle n’avait pas le temps ni l’envie de g?rer une ?quipe. Elle savait qu’elle serait plus efficace avec Bill et Jenn. Visiblement content de lui, Carl Walder prit la parole : — Il parait que vous avez des informations ? nous fournir, agent Paige. Des nouvelles encourageantes, j’esp?re. Riley ravala sa col?re. Elle ?tait s?re qu’il savait d?j? que ce n’?tait pas le cas. — J’ai bien peur que non, monsieur, dit-elle. Elle leva sa tablette pour que le groupe puisse voir les sabliers sur lesquels Bill et Jenn cherchaient des empreintes. Riley dit : — Comme vous le voyez, les agents Jeffreys et Roston travaillent avec moi. Nous avons trouv? un sablier sur chaque sc?ne de crime. Celui qui est vide ?tait ? c?t? de la premi?re victime. Nous avons trouv? l’autre pr?s de la deuxi?me victime. Le sable est encore en train de couler. Nous pensons qu’il devrait s’arr?ter ? six heures demain matin. Riley entendit des hoquets de surprise. Tous les visages ?taient ?tonn?s – tous, sauf celui de Walder. — Qu’est-ce que ?a signifie, ? votre avis ? demanda-t-il d’une voix plate. Riley se retint de ne pas ricaner. Walder ?tait visiblement le seul qui n’avait pas compris tout de suite. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=43691527&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.