Êîãäà â ïå÷àëè íåò òîñêè, Îíà (ïå÷àëü) äëÿ äóø ðàíèìûõ, ×òî çîëîòûå êîëîñêè Äëÿ õëåáíûõ íèâ... - ...Èòîãîì çðèìûì Ïîêëîí îñåííèé... Íåñïðîñòà Òàê òÿæåëû êîëîñüåâ ç¸ðíà - Ñóìà ëåãêà, ïîêà ïóñòà... Òàê âåñåëèòñÿ â òðàâàõ ñîðíûõ Âåñåííèé âåòåð-ïóñòîçâîí, Åù¸ íå âåäàÿ, íå çíàÿ, Êàê áåñïðèþòåí ñòàíåò îí, Êàê ðåæåò âîçäóõ ïòè÷üÿ ñòàÿ  ïðîùà

Ìàëåíüêèé ïðèíö / Le Petit Prince

-le-petit-prince
Àâòîð:
Òèï:Êíèãà
Öåíà:149.00 ðóá.
Èçäàòåëüñòâî: ÀÑÒ
Ãîä èçäàíèÿ: 2019
Ïðîñìîòðû: 501
Äðóãèå èçäàíèÿ
Ñêà÷àòü îçíàêîìèòåëüíûé ôðàãìåíò
ÊÓÏÈÒÜ È ÑÊÀ×ÀÒÜ ÇÀ: 149.00 ðóá. ×ÒÎ ÊÀ×ÀÒÜ è ÊÀÊ ×ÈÒÀÒÜ
Ìàëåíüêèé ïðèíö / Le Petit Prince Àíòóàí äå Ñåíò-Ýêçþïåðè Ýêñêëþçèâíîå ÷òåíèå íà ôðàíöóçñêîì ÿçûêå «Ìàëåíüêèé ïðèíö» – îäíî èç ñàìûõ èçâåñòíûõ è äî ñèõ ïîð ëþáèìûõ ÷èòàòåëåì ïðîèçâåäåíèé ôðàíöóçñêîãî ïèñàòåëÿ Àíòóàíà äå Ñåíò-Ýêçþïåðè. Ýòà íåáîëüøàÿ ïîâåñòü-ñêàçêà ïåðåâåäåíà ïðàêòè÷åñêè íà âñå ÿçûêè ìèðà, à îáùèé òèðàæ èçäàíèé ïî âñåìó ìèðó ïðåâûñèë ê íàñòîÿùåìó âðåìåíè 80 ìèëëèîíîâ ýêçåìïëÿðîâ. Òåïåðü ó âàñ åñòü âîçìîæíîñòü ïðî÷èòàòü ýòó ëåãåíäàðíóþ êíèãó â îðèãèíàëå, ïîëó÷àÿ óäîâîëüñòâèå îò ë¸ãêîãî, èçÿùíîãî, îñòðîóìíîãî è â òî æå âðåìÿ ïðîíèêíîâåííîãî è ëèðè÷íîãî ñòèëÿ ïèñàòåëÿ. Íåêîòîðûå îáîðîòû è âûðàæåíèÿ ïîÿñíåíû ïî õîäó òåêñòà. Èçäàíèå òàêæå ñíàáæåíî ãðàììàòè÷åñêèì êîììåíòàðèåì, â êîòîðîì îáðàùàåòñÿ âíèìàíèå íà îñíîâíûå ñëîæíîñòè, ñâÿçàííûå ñ óïîòðåáëåíèåì òåõ èëè èíûõ êîíñòðóêöèé. Êðîìå òîãî, çàâåðøàþùèé êíèãó ñëîâàðü ñîäåðæèò âñå ñëîâà, èñïîëüçîâàííûå â êíèãå, ÷òî äåëàåò å¸ äîñòóïíîé äëÿ ÷èòàòåëÿ ñ ëþáûì óðîâíåì âëàäåíèÿ ôðàíöóçñêèì ÿçûêîì. Àíòóàí äå Ñåíò-Ýêçþïåðè / Antoine de Saint-Exup?ry Ìàëåíüêèé ïðèíö / Le Petit Prince Êîììåíòàðèè è ñëîâàðü È.Â. Ãåííèñ Èëëþñòðàöèè Å.Ä. Øàâèêîâîé © Ãåííèñ È.Â., ãðàììàòè÷åñêèé êîììåíòàðèé, ñëîâàðü © Øàâèêîâà Å.Ä., èëëþñòðàöèè © ÎÎÎ «Èçäàòåëüñòâî ÀÑÒ», 2019 * * * ? L?on Werth. Je demande pardon aux enfants d’avoir d?di?[1 - avoir d?di? – èíôèíèòèâ ïðîøåäøåãî âðåìåíè (infinitif pass?). Âîçìîæíûé ïåðåâîä: «ß ïðîøó ïðîùåíèÿ ó äåòåé çà òî, ÷òî ïîñâÿòèë…».] ce livre ? une grande personne. J’ai une excuse s?rieuse: cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde. J’ai une autre excuse: cette grande personne peut tout comprendre, m?me les livres pour enfants. J’ai une troisi?me excuse: cette grande personne habite la France o? elle a faim et froid. Elle a besoin d’?tre consol?e[2 - Elle a besoin d’?tre consol?e. – Îí (âçðîñëûé ÷åëîâåê – grande personne, æ.ð.) íóæäàåòñÿ â óòåøåíèè.]. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien d?dier ce livre ? l’enfant qu’a ?t? autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord ?t? des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) Je corrige donc ma d?dicace:     ? L?on Werth     quand il ?tait petit gar?on. I Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la for?t vierge qui s’appelait Histoires v?cues[3 - Histoires v?cues. – «Ïðàâäèâûå èñòîðèè».]. ?a repr?sentait un serpent boa qui avalait un fauve. Voil? la copie du dessin. On disait dans le livre: «Les serpents boas avalent leur proie tout enti?re, sans la m?cher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion». J’ai alors beaucoup r?fl?chi sur les aventures de la jungle et, ? mon tour, j’ai r?ussi, avec un crayon de couleur, ? tracer mon premier dessin. Mon dessin num?ro 1. Il ?tait comme ?a: J’ai montr? mon chef-d’?uvre aux grandes personnes et je leur ai demand? si mon dessin leur faisait peur. Elles m’ont r?pondu: «Pourquoi un chapeau ferait-il peur?» Mon dessin ne repr?sentait pas un chapeau. Il repr?sentait un serpent boa qui dig?rait un ?l?phant. J’ai alors dessin? l’int?rieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissent comprendre. Elles ont toujours besoin d’explications. Mon dessin num?ro 2 ?tait comme ?a: Les grandes personnes m’ont conseill? de laisser de c?t? les dessins de serpents boas ouverts ou ferm?s, et de m’int?resser plut?t ? la g?ographie, ? l’histoire, au calcul et ? la grammaire. C’est ainsi que j’ai abandonn?, ? l’?ge de six ans, une magnifique carri?re de peintre. J’avais ?t? d?courag? par l’insucc?s de mon dessin num?ro 1 et de mon dessin num?ro 2. Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours leur donner des explications… J’ai donc d? choisir un autre m?tier et j’ai appris ? piloter des avions. J’ai vol? un peu partout dans le monde. Et la g?ographie, c’est exact, m’a beaucoup servi. Je savais reconna?tre, du premier coup d’?il, la Chine de l’Arizona. C’est utile, si l’on s’est ?gar? pendant la nuit. J’ai ainsi eu, au cours de ma vie, des tas de contacts avec des tas de gens s?rieux. J’ai beaucoup v?cu chez les grandes personnes. Je les ai vues de tr?s pr?s. ?a n’a pas trop am?lior? mon opinion. Quand j’en rencontrais une qui me paraissait un peu lucide, je faisais l’exp?rience sur elle de mon dessin n°1 que j’ai toujours conserv?. Je voulais savoir si elle ?tait vraiment compr?hensive. Mais toujours elle me r?pondait: «C’est un chapeau.» Alors je ne lui parlais ni de serpents boas, ni de for?ts vierges, ni d’?toiles. Je me mettais ? sa port?e[4 - Je me mettais ? sa port?e. – ß ïðèñïîñàáëèâàëñÿ ê åãî ïðåäñòàâëåíèÿì.]. Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne ?tait bien contente de conna?tre un homme aussi raisonnable… II J’ai ainsi v?cu seul, sans personne avec qui parler v?ritablement, jusqu’? une panne dans le d?sert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose s’?tait cass? dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni m?canicien, ni passagers, je me pr?parai ? essayer de r?ussir, tout seul, une r?paration difficile. C’?tait pour moi une question de vie ou de mort. J’avais ? peine de l’eau ? boire pour huit jours. Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable ? mille milles de toute terre habit?e. J’?tais bien plus isol? qu’un naufrag? sur un radeau au milieu de l’oc?an. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une dr?le de petite voix m’a r?veill?. Elle disait: «S’il vous pla?t… dessine-moi un mouton! – Hein! – Dessine-moi un mouton…» J’ai saut? sur mes pieds comme si j’avais ?t? frapp? par la foudre[5 - comme si j’avais ?t? frapp? par la foudre – êàê åñëè áû ìåíÿ óäàðèëà ìîëíèÿ]. J’ai bien frott? mes yeux. J’ai bien regard?. Et j’ai vu un petit bonhomme tout ? fait extraordinaire qui me consid?rait gravement. Voil? le meilleur portrait que, plus tard, j’ai r?ussi ? faire de lui. Mais mon dessin, bien s?r, est beaucoup moins ravissant que le mod?le. Ce n’est pas de ma faute. J’avais ?t? d?courag? dans ma carri?re de peintre par les grandes personnes, ? l’?ge de six ans, et je n’avais rien appris ? dessiner, sauf les boas ferm?s et les boas ouverts. Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’?tonnement. N’oubliez pas que je me trouvais ? mille milles de toute r?gion habit?e. Or mon petit bonhomme ne me semblait ni ?gar?, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n’avait en rien l’apparence d’un enfant perdu au milieu du d?sert, ? mille milles de toute r?gion habit?e. Quand je r?ussis enfin ? parler, je lui dis: «Mais qu’est-ce que tu fais l??» Et il me r?p?ta alors, tout doucement, comme une chose tr?s s?rieuse: «S’il vous pla?t… dessine-moi un mouton…» Quand le myst?re est trop impressionnant, on n’ose pas d?sob?ir. Aussi absurde que cela me sembl?t[6 - Aussi absurde que cela me sembl?t… – Êàêèì áû íåëåïûì ýòî ìíå íè êàçàëîñü…] ? mille milles de tous les endroits habit?s et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe. Mais je me rappelai alors que j’avais surtout ?tudi? la g?ographie, l’histoire, le calcul et la grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner. Il me r?pondit: «?a ne fait rien. Dessine-moi un mouton.» Comme je n’avais jamais dessin? un mouton je refis, pour lui, l’un des deux seuls dessins dont j’?tais capable. Celui du boa ferm?. Et je fus stup?fait d’entendre le petit bonhomme me r?pondre: «Non! Non! Je ne veux pas d’un ?l?phant dans un boa. Un boa c’est tr?s dangereux, et un ?l?phant c’est tr?s encombrant. Chez moi c’est tout petit. J’ai besoin d’un mouton. Dessine-moi un mouton.» Alors j’ai dessin?. Il regarda attentivement, puis: «Non! Celui-l? est d?j? tr?s malade. Faisen un autre.» Je dessinai: Mon ami sourit gentiment, avec indulgence: «Tu vois bien… ce n’est pas un mouton, c’est un b?lier[7 - …ce n’est pas un mouton, c’est un b?lier – …ýòî íå áàðàøåê, ýòî áîëüøîé áàðàí (çäåñü óïîòðåáëåíû äâà ñëîâà-ñèíîíèìà – b?lier è mouton, – èìåþùèå ðàçëè÷íûå îòòåíêè çíà÷åíèé)]. Il a des cornes…» Je refis donc encore mon dessin: Mais il fut refus?[8 - Mais il fut refus?… – Íî îí áûë îòâåðãíóò…], comme les pr?c?dents: «Celui-l? est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps.» Alors, faute de patience[9 - faute de patience – òåðÿÿ òåðïåíèå], comme j’avais h?te de commencer le d?montage de mon moteur, je griffonnai ce dessin-ci: Et je lan?ai: «?a c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans.» Mais je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon jeune juge: «C’est tout ? fait comme ?a que je le voulais! Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe ? ce mouton?[10 - Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe ? ce mouton? – Äóìàåøü ëè òû, ÷òî ýòîìó áàðàøêó ïîíàäîáèòñÿ ìíîãî òðàâû? (Qu’il faille – ñîñëàãàòåëüíîå íàêëîíåíèå – Subjonctif – ãëàãîëà «falloir».)] – Pourquoi? – Parce que chez moi c’est tout petit… – ?a suffira s?rement. Je t’ai donn? un tout petit mouton.» Il pencha la t?te vers le dessin: «Pas si petit que ?a… Tiens! Il s’est endormi…» Et c’est ainsi que je fis la connaissance du petit prince. III Il me fallut longtemps pour comprendre d’o? il venait. Le petit prince, qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais entendre les miennes. Ce sont des mots prononc?s par hasard qui, peu ? peu, m’ont tout r?v?l?. Ainsi, quand il aper?ut pour la premi?re fois mon avion (je ne dessinerai pas mon avion, c’est un dessin beaucoup trop compliqu? pour moi) il me demanda: «Qu’est ce que c’est que cette chose-l?? – Ce n’est pas une chose. ?a vole. C’est un avion. C’est mon avion.» Et j’?tais fier de lui apprendre que je volais. Alors il s’?cria: «Comment! tu es tomb? du ciel! – Oui, fis-je modestement. – Ah! ?a c’est dr?le…» Et le petit prince eut un tr?s joli ?clat de rire qui m’irrita beaucoup. Je d?sire que l’on prenne mes malheurs au s?rieux[11 - Je d?sire que l’on prenne mes malheurs au s?rieux. – ß õî÷ó, ÷òîáû ìîè íåñ÷àñòüÿ ïðèíèìàëè âñåðü¸ç.]. Puis il ajouta: – Alors, toi aussi tu viens du ciel! De quelle plan?te es-tu? J’entrevis aussit?t une lueur, dans le myst?re de sa pr?sence, et j’interrogeai brusquement: – Tu viens donc d’une autre plan?te? Mais il ne me r?pondit pas. Il hochait la t?te doucement tout en regardant mon avion: – C’est vrai que, l?-dessus, tu ne peux pas venir de bien loin… Et il s’enfon?a dans une r?verie qui dura longtemps. Puis, sortant mon mouton de sa poche, il se plongea dans la contemplation de son tr?sor. Vous imaginez combien j’avais pu ?tre intrigu? par cette demi-confidence sur «les autres plan?tes». Je m’effor?ai donc d’en savoir plus long[12 - Je m’effor?ai donc d’en savoir plus long. – Òîãäà ÿ ïîïûòàëñÿ óçíàòü îá ýòîì áîëüøå.]: – D’o? viens-tu mon petit bonhomme? O? est-ce «chez toi»? O? veux-tu emporter mon mouton? Il me r?pondit apr?s un silence m?ditatif: – Ce qui est bien, avec la caisse que tu m’as donn?e, c’est que, la nuit, ?a lui servira de maison. – Bien s?r. Et si tu es gentil, je te donnerai aussi une corde pour l’attacher pendant le jour. Et un piquet.» La proposition parut choquer le petit prince: «L’attacher? Quelle dr?le d’id?e! – Mais si tu ne l’attaches pas, il ira n’importe o?, et il se perdra…»[13 - et il se perdra – îí ïîòåðÿåòñÿ] Et mon ami eut un nouvel ?clat de rire: – Mais o? veux-tu qu’il aille ! – N’importe o?. Droit devant lui…[14 - Droit devant lui… – Ïðÿìî. Êóäà ãëàçà ãëÿäÿò…] Alors le petit prince remarqua gravement: – ?a ne fait rien, c’est tellement petit, chez moi! Et, avec un peu de m?lancolie, peut-?tre, il ajouta: – Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin…[15 - Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin… – Èäÿ ïðÿìî, êóäà ãëàçà ãëÿäÿò, äàëåêî íå óéä¸øü…] IV J’avais ainsi appris une seconde chose tr?s importante: c’est que sa plan?te d’origine ?tait ? peine plus grande qu’une maison! ?a ne pouvait pas m’?tonner beaucoup. Je savais bien qu’en dehors des grosses plan?tes comme la Terre, Jupiter, Mars, V?nus, auxquelles on a donn? des noms, il y en a des centaines d’autres qui sont quelquefois si petites qu’on a beaucoup de mal ? les apercevoir au t?l?scope[16 - qui sont quelquefois si petites qu’on a beaucoup de mal ? les apercevoir au t?l?scope – êîòîðûå èíîãäà áûâàþò òàêèìè ìàëåíüêèìè, ÷òî èõ ñ òðóäîì ðàçãëÿäèøü â òåëåñêîï]. Quand un astronome d?couvre l’une d’elles, il lui donne pour nom un num?ro. Il l’appelle par exemple : «l’ast?ro?de 325». J’ai de s?rieuses raisons de croire que la plan?te d’o? venait le petit prince est l’ast?ro?de B 612. Cet ast?ro?de n’a ?t? aper?u qu’une fois au t?lescope, en 1909, par un astronome turc. Il avait fait alors une grande d?monstration de sa d?couverte ? un congr?s International d’astronomie. Mais personne ne l’avait cru ? cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ?a. Heureusement pour la r?putation de l’ast?ro?de B 612, un dictateur turc imposa ? son peuple, sous peine de mort[17 - sous peine de mort – ïîä óãðîçîé ñìåðòíîé êàçíè], de s’habiller ? l’europ?enne. L’astronome refit sa d?monstration en 1920, dans un habit tr?s ?l?gant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis[18 - Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis. – È íà ýòîò ðàç âñå ñ íèì ñîãëàñèëèñü.]. Si je vous ai racont? ces d?tails sur l’ast?ro?de B 612 et si je vous ai confi? son num?ro, c’est ? cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais: «Quel est le son de sa voix? Quels sont les jeux qu’il pr?f?re? Est-ce qu’il collectionne les papillons?» Elles vous demandent: «Quel ?ge a-t-il? Combien a-t-il de fr?res? Combien p?se-t-il? Combien gagne son p?re?» Alors seulement elles croient le conna?tre. Si vous dites aux grandes personnes: «J’ai vu une belle maison en briques roses, avec des g?raniums aux fen?tres et des colombes sur le toit…» elles ne parviennent pas ? s’imaginer cette maison[19 - elles ne parviennent pas ? s’imaginer cette maison – èì íå óäà¸òñÿ ýòîò äîì ìûñëåííî ñåáå ïðåäñòàâèòü]. Il faut leur dire: «J’ai vu une maison de cent mille francs.» Alors elles s’?crient: «Comme c’est joli!» Ainsi, si vous leur dites: «La preuve que le petit prince a exist? c’est qu’il ?tait ravissant, qu’il riait, et qu’il voulait un mouton. Quand on veut un mouton, c’est la preuve qu’on existe», elles hausseront les ?paules et vous traiteront d’enfant! Mais si vous leur dites: «La plan?te d’o? il venait est l’ast?ro?de B 612» alors elles seront convaincues[20 - alors elles seront convaincues – òîãäà ýòî èõ óáåäèò], et elles vous laisseront tranquille avec leurs questions. Elles sont comme ?a. Il ne faut pas leur en vouloir. Les enfants doivent ?tre tr?s indulgents envers les grandes personnes. Mais, bien s?r, nous qui comprenons la vie, nous nous moquons bien des num?ros! J’aurais aim? commencer cette histoire ? la fa?on des contes de f?es. J’aurais aim? dire: «Il ?tait une fois un petit prince qui habitait une plan?te ? peine plus grande que lui, et qui avait besoin d’un ami…» Pour ceux qui comprennent la vie, ?a aurait eu l’air beaucoup plus vrai. Car je n’aime pas qu’on lise mon livre ? la l?g?re[21 - Car je n’aime pas qu’on lise mon livre ? la l?g?re. – Òàê êàê ìíå íå õî÷åòñÿ, ÷òîáû ìîþ êíèãó ÷èòàëè ðàäè ðàçâëå÷åíèÿ.]. J’?prouve tant de chagrin ? raconter ces souvenirs. Il y a six ans d?j? que mon ami s’en est all? avec son mouton. Si j’essaie ici de le d?crire, c’est afin de ne pas l’oublier. C’est triste d’oublier un ami. Tout le monde n’a pas eu un ami. Et je puis devenir comme les grandes personnes qui ne s’int?ressent plus qu’aux chiffres. C’est donc pour ?a encore que j’ai achet? une bo?te de couleurs et des crayons. C’est dur de se remettre au dessin, ? mon ?ge, quand on n’a jamais fait d’autres tentatives que celle d’un boa ferm? et celle d’un boa ouvert, ? l’?ge de six ans! J’essaierai, bien s?r, de faire des portraits le plus ressemblants possible[22 - J’essaierai, bien s?r, de faire des portraits le plus ressemblants possible. – ß, êîíå÷íî, ïîñòàðàþñü íàðèñîâàòü ïîðòðåòû êàê ìîæíî áîëåå ïîõîæèå.]. Mais je ne suis pas tout ? fait certain de r?ussir. Un dessin va, et l’autre ne ressemble plus. Je me trompe un peu aussi sur la taille. Ici le petit prince est trop grand. L? il est trop petit. J’h?site aussi sur la couleur de son costume. Alors je t?tonne comme ci et comme ?a, tant bien que mal[23 - tant bien que mal – ñ ãðåõîì ïîïîëàì]. Je me tromperai enfin sur certains d?tails plus importants. Mais ?a, il faudra me le pardonner. Mon ami ne donnait jamais d’explications. Il me croyait peut-?tre semblable ? lui. Mais moi, malheureusement, je ne sais pas voir les moutons ? travers les caisses. Je suis peut-?tre un peu comme les grandes personnes. J’ai d? vieillir[24 - J’ai d? vieillir. – Íàâåðíîå, ÿ ïîñòàðåë.]. V Chaque jour j’apprenais quelque chose sur la plan?te, sur le d?part, sur le voyage. ?a venait tout doucement, au hasard des r?flexions. C’est ainsi que, le troisi?me jour, je connus le drame des baobabs. Cette fois-ci encore ce fut gr?ce au mouton, car brusquement le petit prince m’interrogea, comme pris d’un doute grave: «C’est bien vrai, n’est-ce pas, que les moutons mangent les arbustes? – Oui. C’est vrai. – Ah! Je suis content!» Je ne compris pas pourquoi il ?tait si important que les moutons mangeassent les arbustes. Mais le petit prince ajouta: «Par cons?quent ils mangent aussi les baobabs?» Je fis remarquer au petit prince que les baobabs ne sont pas des arbustes, mais des arbres grands comme des ?glises et que, si m?me il emportait avec lui tout un troupeau d’?l?phants, ce troupeau ne viendrait pas ? bout d’un seul baobab[25 - ce troupeau ne viendrait pas ? bout d’un seul baobab – ýòîìó ñòàäó íå óäàëîñü áû ñïðàâèòüñÿ è ñ îäíèì-åäèíñòâåííûì áàîáàáîì]. L’id?e du troupeau d’?l?phants fit rire le petit prince: «Il faudrait les mettre les uns sur les autres…» Mais il remarqua avec sagesse: «Les baobabs, avant de grandir, ?a commence par ?tre petit. – C’est exact! Mais pourquoi veuxtu que tes moutons mangent les petits baobabs?» Il me r?pondit: «Ben! Voyons!» comme il s’agissait l? d’une ?vidence. Et il me fallut un grand effort d’intelligence pour comprendre ? moi seul ce probl?me. Et en effet, sur la plan?te du petit prince, il y avait comme sur toutes les plan?tes, de bonnes herbes et de mauvaises herbes. Par cons?quent de bonnes graines de bonnes herbes et de mauvaises graines de mauvaises herbes. Mais les graines sont invisibles. Elles dorment dans le secret de la terre jusqu’? ce qu’il prenne fantaisie ? l’une d’elles de se r?veiller[26 - jusqu’? ce qu’il prenne fantaisie ? l’une d’elles de se r?veiller – äî òåõ ïîð, ïîêà îäíîé èç íèõ íå ïðèä¸ò â ãîëîâó ïðîñíóòüñÿ]. Alors elle s’?tire, et pousse d’abord timidement vers le soleil une ravissante petite brindille inoffensive. S’il s’agit d’une brindille de radis ou de rosier, on peut la laisser pousser comme elle veut. Mais s’il s’agit d’une mauvaise plante, il faut arracher la plante aussit?t, d?s qu’on a su la reconna?tre. Or il y avait des graines terribles sur la plan?te du petit prince… c’?taient les graines de baobabs. Le sol de la plan?te en ?tait infest?. Or un baobab, si l’on s’y prend trop tard, on ne peut jamais plus s’en d?barrasser. Il encombre toute la plan?te. Il la perfore de ses racines. Et si la plan?te est trop petite, et si les baobabs sont trop nombreux, ils la font ?clater. «C’est une question de discipline, me disait plus tard le petit prince. Quand on a termin? sa toilette du matin, il faut faire soigneusement la toilette de la plan?te. Il faut s’astreindre r?guli?rement ? arracher les baobabs d?s qu’on les distingue d’avec les rosiers[27 - d?s qu’on les distingue d’avec les rosiers – êàê òîëüêî èõ ìîæíî áóäåò îòëè÷èòü îò ðîçîâûõ êóñòîâ] auxquels ils ressemblent beaucoup quand ils sont tr?s jeunes. C’est un travail tr?s ennuyeux, mais tr?s facile.» Et un jour il me conseilla de m’appliquer ? r?ussir un beau dessin, pour bien faire entrer ?a dans la t?te des enfants de chez moi[28 - pour bien faire entrer ?a dans la t?te des enfants de chez moi – ÷òîáû ýòî õîðîøåíüêî óñâîèëè äåòè, æèâóùèå íà ìîåé ïëàíåòå]. «S’ils voyagent un jour, me disait-il, ?a pourra leur servir. Il est quelquefois sans inconv?nient de remettre ? plus tard son travail. Mais, s’il s’agit des baobabs, c’est toujours une catastrophe. J’ai connu une plan?te, habit?e par un paresseux. Il avait n?glig? trois arbustes…» Et, sur les indications du petit prince, j’ai dessin? cette plan?te-l?. Je n’aime gu?re prendre le ton d’un moraliste. Mais le danger des baobabs est si peu connu, et les risques courus par celui qui s’?garerait dans un ast?ro?de sont si consid?rables, que, pour une fois, je fais exception ? ma r?serve. Je dis: «Enfants! Faites attention aux baobabs!» C’est pour avertir mes amis du danger qu’ils fr?laient depuis longtemps, comme moi-m?me, sans le conna?tre, que j’ai tant travaill? ce dessin-l?. La le?on que je donnais en valait la peine. Vous vous demanderez peut-?tre: Pourquoi n’y a-til pas dans ce livre, d’autres dessins aussi grandioses que le dessin des baobabs? La r?ponse est bien simple: J’ai essay? mais je n’ai pas pu r?ussir. Quand j’ai dessin? les baobabs j’ai ?t? anim? par le sentiment de l’urgence[29 - j’ai ?t? anim? par le sentiment de l’urgence – ìíîé âëàäåëî ÷óâñòâî, ÷òî ìåäëèòü íåëüçÿ]. VI Ah! petit prince, j’ai compris, peu ? peu, ainsi, ta petite vie m?lancolique. Tu n’avais eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers de soleil. J’ai appris ce d?tail nouveau, le quatri?me jour au matin, quand tu m’as dit: «J’aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil… – Mais il faut attendre… – Attendre quoi? – Attendre que le soleil se couche.» Tu as eu l’air tr?s surpris d’abord, et puis tu as ri de toi-m?me. Et tu m’as dit: «Je me crois toujours chez moi!» En effet. Quand il est midi aux ?tats-Unis, le soleil, tout le monde le sait, se couche sur la France. Il suffirait de pouvoir aller en France en une minute pour assister au coucher du soleil. Malheureusement la France est bien trop ?loign?e. Mais, sur ta si petite plan?te, il te suffisait de tirer ta chaise de quelques pas. Et tu regardais le cr?puscule chaque fois que tu le d?sirais… «Un jour, j’ai vu le soleil se coucher quarante-quatre fois!» Et un peu plus tard tu ajoutais: «Tu sais… quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil… – Le jour des quarante-quatre fois tu ?tais donc tellement triste?» Mais le petit prince ne r?pondit pas. VII Le cinqui?me jour, toujours gr?ce au mouton, ce secret de la vie du petit prince me fut r?v?l?. Il me demanda avec brusquerie, sans pr?ambule, comme le fruit d’un probl?me longtemps m?dit? en silence: «Un mouton, s’il mange les arbustes, il mange aussi les fleurs? – Un mouton mange tout ce qu’il rencontre. – M?me les fleurs qui ont des ?pines? – Oui. M?me les fleurs qui ont des ?pines. – Alors les ?pines, ? quoi serventelles?» Je ne le savais pas. J’?tais alors tr?s occup? ? essayer de d?visser un boulon trop serr? de mon moteur. J’?tais tr?s soucieux car ma panne commen?ait de m’appara?tre comme tr?s grave, et l’eau ? boire qui s’?puisait me faisait craindre le pire. «Les ?pines, ? quoi servent-elles?» Le petit prince ne renon?ait jamais ? une question, une fois qu’il l’avait pos?e. J’?tais irrit? par mon boulon et je r?pondis n’importe quoi: «Les ?pines, ?a ne sert ? rien, c’est de la pure m?chancet? de la part des fleurs! – Oh!» Mais apr?s un silence il me lan?a, avec une sorte de rancune: «Je ne te crois pas! Les fleurs sont faibles. Elles sont na?ves. Elles se rassurent comme elles peuvent. Elles se croient terribles avec leurs ?pines…» Je ne r?pondis rien. ? cet instant-l? je me disais: «Si ce boulon r?siste encore, je le ferai sauter d’un coup de marteau.»[30 - «Si ce boulon r?siste encore, je le ferai sauter d’un coup de marteau.» – «Åñëè ýòîò áîëò è äàëüøå áóäåò ñîïðîòèâëÿòüñÿ, ÿ åãî ñîáüþ óäàðîì ìîëîòêà».] Le petit prince d?rangea de nouveau mes r?flexions: «Et tu crois, toi, que les fleurs… – Mais non! Mais non! Je ne crois rien! J’ai r?pondu n’importe quoi. Je m’occupe, moi, de choses s?rieuses!» Il me regarda stup?fait. «De choses s?rieuses!» Il me voyait, mon marteau ? la main, et les doigts noirs de cambouis, pench? sur un objet qui lui semblait tr?s laid. «Tu parles comme les grandes personnes!» ?a me fit un peu honte. Mais, impitoyable, il ajouta: «Tu confonds tout… tu m?langes tout!» Il ?tait vraiment tr?s irrit?. Il secouait au vent des cheveux tout dor?s: «Je connais une plan?te o? il y a un monsieur cramoisi. Il n’a jamais respir? une fleur. Il n’a jamais regard? une ?toile. Il n’a jamais aim? personne. Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. Et toute la journ?e il r?p?te comme toi: «Je suis un homme s?rieux! Je suis un homme s?rieux!» et ?a le fait gonfler d’orgueil. Mais ce n’est pas un homme, c’est un champignon! – Un quoi? – Un champignon!» Le petit prince ?tait maintenant tout p?le de col?re. «Il y a des millions d’ann?es que les fleurs fabriquent des ?pines. Il y a des millions d’ann?es que les moutons mangent quand m?me les fleurs. Et ce n’est pas s?rieux de chercher ? comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des ?pines qui ne servent jamais ? rien? Ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs? Ce n’est pas plus s?rieux et plus important que les additions d’un gros monsieur rouge? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n’existe nulle part, sauf dans ma plan?te, et qu’un petit mouton peut an?antir d’un seul coup, comme ?a, un matin, sans se rendre compte de ce qu’il fait, ce n’est pas important ?a!» Il rougit, puis reprit: «Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’? un exemplaire dans les millions et les millions d’?toiles, ?a suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit: «Ma fleur est l? quelque part…» Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les ?toiles s’?teignaient! Et ce n’est pas important ?a!» Il ne put rien dire de plus. Il ?clata brusquement en sanglots. La nuit ?tait tomb?e. J’avais l?ch? mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. Il y avait sur une ?toile, une plan?te, la mienne, la Terre, un petit prince ? consoler! Je le pris dans les bras. Je le ber?ai. Je lui disais: «La fleur que tu aimes n’est pas en danger… Je lui dessinerai une museli?re, ? ton mouton… Je te dessinerai une armure pour ta fleur… Je…» Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais tr?s maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, o? le rejoindre… C’est tellement myst?rieux, le pays des larmes! VIII J’appris bien vite ? mieux conna?tre cette fleur. Il y avait toujours eu, sur la plan?te du petit prince, des fleurs tr?s simples, orn?es d’un seul rang de p?tales, et qui ne tenaient point de place, et qui ne d?rangeaient personne. Elles apparaissaient un matin dans l’herbe, et puis elles s’?teignaient le soir. Mais celle-l? avait germ? un jour, d’une graine apport?e d’on ne sait o?[31 - d’une graine apport?e d’on ne sait o? – îò íåèçâåñòíî îòêóäà çàíåñ¸ííîãî ñåìåíè], et le petit prince avait surveill? de tr?s pr?s cette brindille qui ne ressemblait pas aux autres brindilles. ?a pouvait ?tre un nouveau genre de baobab. Mais l’arbuste cessa vite de cro?tre, et commen?a de pr?parer une fleur. Le petit prince, qui assistait ? l’installation d’un bouton ?norme, sentait bien qu’il en sortirait une apparition miraculeuse, mais la fleur n’en finissait pas de se pr?parer ? ?tre belle, ? l’abri de sa chambre verte[32 - ? l’abri de sa chambre verte – ïîä ïðèêðûòèåì ñâîåé çåë¸íîé êîìíàòêè]. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s’habillait lentement, elle ajustait un ? un ses p?tales. Elle ne voulait pas sortir toute frip?e comme les coquelicots. Elle ne voulait appara?tre que dans le plein rayonnement de sa beaut?. Eh! oui. Elle ?tait tr?s coquette! Sa toilette myst?rieuse avait donc dur? des jours et des jours. Et puis voici qu’un matin, justement ? l’heure du lever du soleil, elle s’?tait montr?e. Et elle, qui avait travaill? avec tant de pr?cision, dit en b?illant: «Ah! Je me r?veille ? peine… Je vous demande pardon… Je suis encore toute d?coiff?e…» Le petit prince, alors, ne put contenir son admiration: «Que vous ?tes belle! – N’est-ce pas, r?pondit doucement la fleur. Et je suis n?e en m?me temps que le soleil…» Le petit prince devina bien qu’elle n’?tait pas trop modeste, mais elle ?tait si ?mouvante! «C’est l’heure, je crois, du petit d?jeuner, avait-elle bient?t ajout?, auriez-vous la bont? de penser ? moi… Et le petit prince, tout confus, ayant ?t? chercher un arrosoir d’eau fra?che[33 - ayant ?t? chercher un arrosoir d’eau fra?che – ñõîäèâ çà ëåéêîé ñî ñâåæåé âîäîé], avait servi la fleur. Ainsi l’avait-elle bien vite tourment? par sa vanit? un peu ombrageuse. Un jour, par exemple, parlant de ses quatre ?pines, elle avait dit au petit prince: «Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes! – Il n’y a pas de tigres sur ma plan?te, avait object? le petit prince, et puis les tigres ne mangent pas d’herbe. – Je ne suis pas une herbe, avait doucement r?pondu la fleur. – Pardonnez-moi… – Je ne crains rien des tigres, mais j’ai horreur des courants d’air. Vous n’auriez pas un paravent ?» «Horreur des courants d’air… ce n’est pas de chance, pour une plante[34 - ce n’est pas de chance, pour une plante – êàêîå íåâåçåíèå äëÿ ðàñòåíèÿ], avait remarqu? le petit prince. Cette fleur est bien compliqu?e…» «Le soir vous me mettrez sous un globe. Il fait tr?s froid chez vous. C’est mal install?. L? d’o? je viens…» Mais elle s’?tait interrompue. Elle ?tait venue sous forme de graine. Elle n’avait rien pu conna?tre des autres mondes. Humili?e de s’?tre laiss? surprendre ? pr?parer un mensonge aussi na?f, elle avait touss? deux ou trois fois, pour mettre le petit prince dans son tort[35 - pour mettre le petit prince dans son tort – ÷òîáû Ìàëåíüêèé ïðèíö ïî÷óâñòâîâàë ñâîþ âèíó]: «Ce paravent? … – J’allais le chercher mais vous me parliez!» Alors elle avait forc? sa toux pour lui infliger quand m?me des remords. Ainsi le petit prince, malgr? la bonne volont? de son amour, avait vite dout? d’elle[36 - Ainsi le petit prince, malgr? la bonne volont? de son amour, avait vite dout? d’elle. – Òàêèì îáðàçîì, ÷óâñòâà Ìàëåíüêîãî ïðèíöà, íåñìîòðÿ íà âñ¸ åãî ðàñïîëîæåíèå ê íåé è âëþáë¸ííîñòü, îêàçàëèñü ïîä ñîìíåíèåì.]. Il avait pris au s?rieux des mots sans importance, et ?tait devenu tr?s malheureux. «J’aurais d? ne pas l’?couter, me confiat-il un jour, il ne faut jamais ?couter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma plan?te, mais je ne savais pas m’en r?jouir. Cette histoire de griffes, qui m’avait tellement agac?, e?t d? m’attendrir…»[37 - Cette histoire de griffes, qui m’avait tellement agac?, e?t d? m’attendrir… – Ýòà èñòîðèÿ ñ êîãòÿìè, êîòîðàÿ âûçâàëà ìî¸ ðàçäðàæåíèå, äîëæíà áûëà áû ìåíÿ ðàñòðîãàòü…] Il me confia encore: «Je n’ai alors rien su comprendre! J’aurais d? la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m’embaumait et m’?clairait. Je n’aurais jamais d? m’enfuir! J’aurais d? deviner sa tendresse derri?re ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires! Mais j’?tais trop jeune pour savoir l’aimer.» IX Je crois qu’il profita, pour son ?vasion, d’une migration d’oiseaux sauvages. Au matin du d?part il mit sa plan?te bien en ordre. Il ramona soigneusement ses volcans en activit?[38 - volcans en activit? – äåéñòâóþùèå âóëêàíû]. Il poss?dait deux volcans en activit?. Et c’?tait bien commode pour faire chauffer le petit d?jeuner du matin. Il poss?dait aussi un volcan ?teint. Mais, comme il disait, «On ne sait jamais!» Il ramona donc ?galement le volcan ?teint. S’ils sont bien ramon?s, les volcans br?lent doucement et r?guli?rement, sans ?ruptions. Les ?ruptions volcaniques sont comme des feux de chemin?e. ?videmment sur notre terre nous sommes beaucoup trop petits pour ramoner nos volcans. C’est pourquoi ils nous causent des tas d’ennuis. Le petit prince arracha aussi, avec un peu de m?lancolie, les derni?res pousses de baobabs. Il croyait ne plus jamais devoir revenir. Mais tous ces travaux familiers lui parurent, ce matin-l?, extr?mement doux. Et, quand il arrosa une derni?re fois la fleur, et se pr?para ? la mettre ? l’abri sous son globe, il se d?couvrit l’envie de pleurer. «Adieu», dit-il ? la fleur. Mais elle ne lui r?pondit pas. «Adieu», r?p?ta-t-il. La fleur toussa. Mais ce n’?tait pas ? cause de son rhume. «J’ai ?t? sotte, lui dit-elle enfin. Je te demande pardon. T?che d’?tre heureux.» Il fut surpris par l’absence de reproches. Il restait l? tout d?concert?, le globe en l’air. Il ne comprenait pas cette douceur calme. «Mais oui, je t’aime, lui dit la fleur. Tu n’en a rien su, par ma faute. Cela n’a aucune importance. Mais tu as ?t? aussi sot que moi. T?che d’?tre heureux… Laisse ce globe tranquille. Je n’en veux plus. – Mais le vent… – Je ne suis pas si enrhum?e que ?a… L’air frais de la nuit me fera du bien. Je suis une fleur. – Mais les b?tes… – Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux conna?tre les papillons. Il para?t que c’est tellement beau. Sinon qui me rendra visite? Tu seras loin, toi. Quant aux grosses b?tes, je ne crains rien. J’ai mes griffes.» Et elle montrait na?vement ses quatre ?pines. Puis elle ajouta: «Ne tra?ne pas comme ?a, c’est aga?ant. Tu as d?cid? de partir. Va t-en.» Car elle ne voulait pas qu’il la v?t pleurer[39 - Car elle ne voulait pas qu’il la v?t pleurer. – Òàê êàê åé íå õîòåëîñü, ÷òîáû Ìàëåíüêèé ïðèíö âèäåë, êàê îíà ïëà÷åò.]. C’?tait une fleur tellement orgueilleuse… X Il se trouvait dans la r?gion des ast?ro?des 325, 326, 327, 328, 329 et 330. Il commen?a donc par les visiter pour y chercher une occupation et pour s’instruire. Le premier ?tait habit? par un roi. Le roi si?geait, habill? de pourpre et d’hermine, sur un tr?ne tr?s simple et cependant majestueux. «Ah! Voil? un sujet!» s’?cria le roi quand il aper?ut le petit prince. Et le petit prince se demanda: «Comment peut-il me reconna?tre puisqu’il ne m’a encore jamais vu!» Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est tr?s simplifi?. Tous les hommes sont des sujets. «Approche-toi que je te voie mieux», lui dit le roi qui ?tait tout fier d’?tre enfin roi pour quelqu’un. Le petit prince chercha des yeux o? s’asseoir, mais la plan?te ?tait tout encombr?e par le magnifique manteau d’hermine. Il resta donc debout, et, comme il ?tait fatigu?, il b?illa. – Il est contraire ? l’?tiquette de b?iller en pr?sence d’un roi, lui dit le monarque. Je te l’interdis. – Je ne peux pas m’en emp?cher, r?pondit le petit prince tout confus. J’ai fait un long voyage et je n’ai pas dormi… – Alors, lui dit le roi, je t’ordonne de b?iller. Je n’ai vu personne b?iller depuis des ann?es. Les b?illements sont pour moi des curiosit?s. Allons! b?ille encore. C’est un ordre. – ?a m’intimide… je ne peux plus… fit le petit prince tout rougissant. – Hum! Hum! r?pondit le roi. Alors je… je t’ordonne tant?t de b?iller et tant?t de…» Il bredouillait un peu et paraissait vex?. Car le roi tenait essentiellement ? ce que son autorit? f?t respect?e[40 - Car le roi tenait essentiellement ? ce que son autorit? f?t respect?e. – Èáî êîðîëÿ â îñíîâíîì çàáîòèëî òî, ÷òîáû åãî âëàñòü óâàæàëè.]. Il ne tol?rait pas le d?sob?issance. C’?tait un monarque absolu. Mais comme il ?tait tr?s bon, il donnait des ordres raisonnables. «Si j’ordonnais, disait-il couramment, si j’ordonnais ? un g?n?ral de se changer en oiseau de mer, et si le g?n?ral n’ob?issait pas, ce ne serait pas la faute du g?n?ral. Ce serait ma faute.» «Puis-je m’asseoir? s’enquit timidement le petit prince. – Je t’ordonne de t’asseoir», lui r?pondit le roi, qui ramena majestueusement un pan de son manteau d’hermine. Mais le petit prince s’?tonnait. La plan?te ?tait minuscule. Sur quoi le roi pouvait-il bien r?gner? «Sire, lui dit-il… je vous demande pardon de vous interroger… – Je t’ordonne de m’interroger, se h?ta de dire le roi. – Sire… sur quoi r?gnez-vous? – Sur tout, r?pondit le roi, avec une grande simplicit?. – Sur tout?» Le roi d’un geste discret d?signa sa plan?te, les autres plan?tes et les ?toiles. «Sur tout ?a? dit le petit prince. – Sur tout ?a…», r?pondit le roi. Car non seulement c’?tait un monarque absolu mais c’?tait un monarque universel. «Et les ?toiles vous ob?issent? – Bien s?r, lui dit le roi. Elles ob?issent aussit?t. Je ne tol?re pas l’indiscipline.» Un tel pouvoir ?merveilla le petit prince. S’il l’avait d?tenu lui-m?me, il aurait pu assister, non pas ? quarante-quatre, mais ? soixante-douze, ou m?me ? cent, ou m?me ? deux cents couchers de soleil dans la m?me journ?e, sans avoir jamais ? tirer sa chaise! Et comme il se sentait un peu triste ? cause du souvenir de sa petite plan?te abandonn?e, il s’enhardit ? solliciter une gr?ce du roi: «Je voudrais voir un coucher de soleil… Faites-moi plaisir… Ordonnez au soleil de se coucher… – Si j’ordonnais ? un g?n?ral de voler d’une fleur ? l’autre ? la fa?on d’un papillon, ou d’?crire une trag?die, ou de se changer en oiseau de mer, et si le g?n?ral n’ex?cutait pas l’ordre re?u, qui, de lui ou de moi, serait dans son tort? – Ce serait vous, dit fermement le petit prince. – Exact. Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner, reprit le roi. L’autorit? repose d’abord sur la raison. Si tu ordonnes ? ton peuple d’aller se jeter ? la mer, il fera la r?volution. J’ai le droit d’exiger l’ob?issance parce que mes ordres sont raisonnables. – Alors mon coucher de soleil? rappela le petit prince qui jamais n’oubliait une question une fois qu’il l’avait pos?e. – Ton coucher de soleil, tu l’auras. Je l’exigerai. Mais j’attendrai, dans ma science du gouvernement, que les conditions soient favorables. – Quand ?a sera-t-il? s’informa le petit prince. – Hem! Hem! lui r?pondit le roi, qui consulta d’abord un gros calendrier, hem! hem! ce sera, vers… vers… ce sera ce soir vers sept heures quarante! Et tu verras comme je suis bien ob?i.» Le petit prince b?illa. Il regrettait son coucher de soleil manqu?. Et puis il s’ennuyait d?j? un peu: «Je n’ai plus rien ? faire ici, dit-il au roi. Je vais repartir! – Ne pars pas, r?pondit le roi qui ?tait si fier d’avoir un sujet. Ne pars pas, je te fais ministre! – Ministre de quoi? – De… de la Justice! – Mais il n’y a personne ? juger! – On ne sait pas, lui dit le roi. Je n’ai pas fait encore le tour de mon royaume. Je suis tr?s vieux, je n’ai pas de place pour un carrosse, et ?a me fatigue de marcher. – Oh! Mais j’ai d?j? vu, dit le petit prince qui se pencha pour jeter encore un coup d’?il sur l’autre c?t? de la plan?te. Il n’y a personne l?-bas non plus… – Tu te jugeras donc toi-m?me, lui r?pondit le roi. C’est le plus difficile. Il est bien plus difficile de se juger soi-m?me que de juger autrui. Si tu r?ussis ? bien te juger, c’est que tu es un v?ritable sage. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=41629143&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì. notes Ïðèìå÷àíèÿ 1 avoir d?di? – èíôèíèòèâ ïðîøåäøåãî âðåìåíè (infinitif pass?). Âîçìîæíûé ïåðåâîä: «ß ïðîøó ïðîùåíèÿ ó äåòåé çà òî, ÷òî ïîñâÿòèë…». 2 Elle a besoin d’?tre consol?e. – Îí (âçðîñëûé ÷åëîâåê – grande personne, æ.ð.) íóæäàåòñÿ â óòåøåíèè. 3 Histoires v?cues. – «Ïðàâäèâûå èñòîðèè». 4 Je me mettais ? sa port?e. – ß ïðèñïîñàáëèâàëñÿ ê åãî ïðåäñòàâëåíèÿì. 5 comme si j’avais ?t? frapp? par la foudre – êàê åñëè áû ìåíÿ óäàðèëà ìîëíèÿ 6 Aussi absurde que cela me sembl?t… – Êàêèì áû íåëåïûì ýòî ìíå íè êàçàëîñü… 7 …ce n’est pas un mouton, c’est un b?lier – …ýòî íå áàðàøåê, ýòî áîëüøîé áàðàí (çäåñü óïîòðåáëåíû äâà ñëîâà-ñèíîíèìà – b?lier è mouton, – èìåþùèå ðàçëè÷íûå îòòåíêè çíà÷åíèé) 8 Mais il fut refus?… – Íî îí áûë îòâåðãíóò… 9 faute de patience – òåðÿÿ òåðïåíèå 10 Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe ? ce mouton? – Äóìàåøü ëè òû, ÷òî ýòîìó áàðàøêó ïîíàäîáèòñÿ ìíîãî òðàâû? (Qu’il faille – ñîñëàãàòåëüíîå íàêëîíåíèå – Subjonctif – ãëàãîëà «falloir».) 11 Je d?sire que l’on prenne mes malheurs au s?rieux. – ß õî÷ó, ÷òîáû ìîè íåñ÷àñòüÿ ïðèíèìàëè âñåðü¸ç. 12 Je m’effor?ai donc d’en savoir plus long. – Òîãäà ÿ ïîïûòàëñÿ óçíàòü îá ýòîì áîëüøå. 13 et il se perdra – îí ïîòåðÿåòñÿ 14 Droit devant lui… – Ïðÿìî. Êóäà ãëàçà ãëÿäÿò… 15 Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin… – Èäÿ ïðÿìî, êóäà ãëàçà ãëÿäÿò, äàëåêî íå óéä¸øü… 16 qui sont quelquefois si petites qu’on a beaucoup de mal ? les apercevoir au t?l?scope – êîòîðûå èíîãäà áûâàþò òàêèìè ìàëåíüêèìè, ÷òî èõ ñ òðóäîì ðàçãëÿäèøü â òåëåñêîï 17 sous peine de mort – ïîä óãðîçîé ñìåðòíîé êàçíè 18 Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis. – È íà ýòîò ðàç âñå ñ íèì ñîãëàñèëèñü. 19 elles ne parviennent pas ? s’imaginer cette maison – èì íå óäà¸òñÿ ýòîò äîì ìûñëåííî ñåáå ïðåäñòàâèòü 20 alors elles seront convaincues – òîãäà ýòî èõ óáåäèò 21 Car je n’aime pas qu’on lise mon livre ? la l?g?re. – Òàê êàê ìíå íå õî÷åòñÿ, ÷òîáû ìîþ êíèãó ÷èòàëè ðàäè ðàçâëå÷åíèÿ. 22 J’essaierai, bien s?r, de faire des portraits le plus ressemblants possible. – ß, êîíå÷íî, ïîñòàðàþñü íàðèñîâàòü ïîðòðåòû êàê ìîæíî áîëåå ïîõîæèå. 23 tant bien que mal – ñ ãðåõîì ïîïîëàì 24 J’ai d? vieillir. – Íàâåðíîå, ÿ ïîñòàðåë. 25 ce troupeau ne viendrait pas ? bout d’un seul baobab – ýòîìó ñòàäó íå óäàëîñü áû ñïðàâèòüñÿ è ñ îäíèì-åäèíñòâåííûì áàîáàáîì 26 jusqu’? ce qu’il prenne fantaisie ? l’une d’elles de se r?veiller – äî òåõ ïîð, ïîêà îäíîé èç íèõ íå ïðèä¸ò â ãîëîâó ïðîñíóòüñÿ 27 d?s qu’on les distingue d’avec les rosiers – êàê òîëüêî èõ ìîæíî áóäåò îòëè÷èòü îò ðîçîâûõ êóñòîâ 28 pour bien faire entrer ?a dans la t?te des enfants de chez moi – ÷òîáû ýòî õîðîøåíüêî óñâîèëè äåòè, æèâóùèå íà ìîåé ïëàíåòå 29 j’ai ?t? anim? par le sentiment de l’urgence – ìíîé âëàäåëî ÷óâñòâî, ÷òî ìåäëèòü íåëüçÿ 30 «Si ce boulon r?siste encore, je le ferai sauter d’un coup de marteau.» – «Åñëè ýòîò áîëò è äàëüøå áóäåò ñîïðîòèâëÿòüñÿ, ÿ åãî ñîáüþ óäàðîì ìîëîòêà». 31 d’une graine apport?e d’on ne sait o? – îò íåèçâåñòíî îòêóäà çàíåñ¸ííîãî ñåìåíè 32 ? l’abri de sa chambre verte – ïîä ïðèêðûòèåì ñâîåé çåë¸íîé êîìíàòêè 33 ayant ?t? chercher un arrosoir d’eau fra?che – ñõîäèâ çà ëåéêîé ñî ñâåæåé âîäîé 34 ce n’est pas de chance, pour une plante – êàêîå íåâåçåíèå äëÿ ðàñòåíèÿ 35 pour mettre le petit prince dans son tort – ÷òîáû Ìàëåíüêèé ïðèíö ïî÷óâñòâîâàë ñâîþ âèíó 36 Ainsi le petit prince, malgr? la bonne volont? de son amour, avait vite dout? d’elle. – Òàêèì îáðàçîì, ÷óâñòâà Ìàëåíüêîãî ïðèíöà, íåñìîòðÿ íà âñ¸ åãî ðàñïîëîæåíèå ê íåé è âëþáë¸ííîñòü, îêàçàëèñü ïîä ñîìíåíèåì. 37 Cette histoire de griffes, qui m’avait tellement agac?, e?t d? m’attendrir… – Ýòà èñòîðèÿ ñ êîãòÿìè, êîòîðàÿ âûçâàëà ìî¸ ðàçäðàæåíèå, äîëæíà áûëà áû ìåíÿ ðàñòðîãàòü… 38 volcans en activit? – äåéñòâóþùèå âóëêàíû 39 Car elle ne voulait pas qu’il la v?t pleurer. – Òàê êàê åé íå õîòåëîñü, ÷òîáû Ìàëåíüêèé ïðèíö âèäåë, êàê îíà ïëà÷åò. 40 Car le roi tenait essentiellement ? ce que son autorit? f?t respect?e. – Èáî êîðîëÿ â îñíîâíîì çàáîòèëî òî, ÷òîáû åãî âëàñòü óâàæàëè.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.