Êàêîå, â ñóùíîñòè, íåëåïîå çàíÿòèå ïèñàòü ñòèõè: ......................è "ãëàç ëóíû", è "ñîëíöà äèñê" êàê ìèð ñòàðû. ............................Äóøè øèðîêèå îáúÿòèÿ òîëïå íàâñòðå÷ó ðàñïàõíóòü... - ................................................ïîäîáíûé ðèñê ê ÷åìó òåáå? - ........................Ãëóõîé ñòåíîé - íåïîíèìàíèå; ðàçäàâëåí òÿæåñòüþ

La Sacrifi?e Ind?cise

La Sacrifi?e Ind?cise Ines Johnson Apr?s des ann?es de maltraitance, elle croyait n’avoir aucune valeur. Mais lorsqu’elle est sacrifi?e ? un dragon, elle devient son tr?sor. N? dans la violence, B?ryl est le plus grand et le plus muscl? des six fr?res m?ta-dragons. Sa b?te aime une bonne bagarre et il a re?u le surnom de Hulk, d’apr?s ses h?ros, l’Incroyable Hulk et Hulk Hogan. Quand son dernier combat d?rape et que son dragon manque de tuer un autre m?tamorphe, B?ryl sait que la seule chose qui puisse dompter sa b?te, c’est une sacrifi?e. Cependant, quand l’humaine destin?e ? ?tre sa compagne arrive, elle est petite et craintive et recule ? son contact. Avec une m?re prostitu?e et un petit ami prox?n?te, Poppy connait beaucoup trop les tendances violentes du sexe oppos?. Les taches disgracieuses sur sa peau la rendent inadapt?e pour travailler sur le trottoir. Son manque de comp?tence en cuisine la disqualifie pour ?tre une d?esse du foyer. Alors quand elle est sacrifi?e ? un dragon cracheur de feu, elle est certaine que c’est pour ?tre son en-cas du soir. Bien que le toucher d?licat de cet homme imposant ?veille en elle un d?sir qu’elle n’a jamais ressenti auparavant, ses mani?res frustres aggravent les blessures qu’elle garde secr?tes. B?ryl prend conscience qu’il ne peut pas continuer ? se bagarrer s’il veut gagner la confiance de sa timide compagne. Il est dispos? ? ?tre patient, mais avec chaque jour qui passe sans qu’elle soit revendiqu?e, son dragon devient ing?rable et les autres m?tamorphes deviennent plus mena?ants. Pour accepter la revendication de B?ryl, Poppy devra surmonter son pass? et apprendre ? s’aimer, chose qu’elle n’est pas s?re de pouvoir faire – m?me pour l’amour de son gentil g?ant. Si vous aimez les m?les alphas m?tamorphes, les ?mes s?urs, et les histoires d’amour passionn?es avec une touche de nostalgie des ann?es 80, alors vous ne manquerez pas la s?ries Les Derniers Dragons. LA SACRIFI?E IND?CISE Cet ouvrage est une ?uvre de fiction. Tous les personnages, lieux, et ?v?nements d?crits dans cet ouvrage sont fictifs ou utilis?s de mani?re fictive. Toute reproduction ou transmission de cet ouvrage, en tout ou en partie, sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit, est interdite, except? pour les distributeurs agr??s, ou avec la permission ?crite de l’auteur. Copyright © 2019, Ines Johnson. Tous droits r?serv?s. Premi?re ?dition aux ?tats-Unis : octobre 2019 Couverture : Jacqueline Sweet Designs Titre original : The Dragon’s Ambivalent Sacrifice Traduit de l’anglais (?tats-Unis) par Sabine Ingrao TABLE DES MATI?RES Chapitre 1 (#u270316be-b815-547d-b636-6284d6134d51) Chapitre 2 (#u025c6856-e31c-56f2-874f-65bd70c167a8) Chapitre 3 (#ue86bcf34-d42c-5224-8622-e3c042865249) Chapitre 4 (#u05a6bc3f-461d-5235-aa26-8a001d2a6e29) Chapitre 5 (#ub4f1f48d-7dd1-5249-addb-261d53cd496d) Chapitre 6 (#u03ead6be-310b-50d2-a133-7bd150d49bb8) Chapitre 7 (#ucec89085-ad67-5b86-8329-94543de6d9c6) Chapitre 8 (#ud182380e-6646-5c33-a4ff-7973faa501d7) Chapitre 9 (#ua7307034-b05c-5a7e-8baa-a20b855f390b) Chapitre 10 (#uf5d74414-afd8-594d-a63d-eb3dc3912912) Chapitre 11 (#uc8717b1f-6a59-5ebd-b7e5-532a067fb941) Chapitre 12 (#uf2be2489-740c-5a46-990b-c6bf480c95a3) Chapitre 13 (#u258480ff-4447-536e-b45f-ec18a2453a8b) Chapitre 14 (#u5f2aa8f4-6158-5104-b9d8-732a2abe0322) Chapitre 15 (#u12ab288a-f514-5c62-a687-605569e809bf) Chapitre 16 (#ua0a38d84-0672-526b-8e2d-257c0fd0e44a) Chapitre 17 (#u65e6a5a8-c6d1-5053-bd8c-975f756b3a68) Chapitre 18 (#ue460831f-97d7-58ea-8aae-92cc42cda1b8) Chapitre 19 (#ud6cc0c1d-8863-579f-add4-7a2af4b527ba) Chapitre 20 (#u7b012ff2-5c4e-541c-bb43-d59e4cf9e32c) Chapitre 21 (#ue948ef6e-9926-5f97-853c-62b89d7a21b3) Chapitre 22 (#u74798f89-a3a5-5bdf-8a53-9fc58f8882da) Chapitre 23 (#u655cd9c4-1c97-55fd-895a-b351a55ee050) Chapitre 24 (#u06aa66f4-92ec-5ee5-a439-3a98e26e9f23) Chapitre 25 (#u453c97f8-afe6-59d1-aa35-21ed9af67f2e) Chapitre 26 (#u304a17c6-42e1-5cf1-8447-ef7b6619a0f9) ?pilogue (#uccd3d5f8-a5f3-5848-9d87-fc7bb09743c1) CHAPITRE 1 Clac. Crac. Boum. Le cr?ne de B?ryl bascula violemment en arri?re, touchant pratiquement l’espace entre ses omoplates. Sa pomme d’Adam ?tira l’arche de son cou comme si elle allait en transpercer la peau. La violence du recul enfon?a la l?vre de B?ryl sur ses incisives. Un grognement s’?chappa de sa gorge. Ce n’?tait pas un grognement de douleur. B?ryl l?cha le sang de sa l?vre fendue. Sa bouche s’?tira en un sourire, ?largissant la coupure et rendant la douleur plus piquante. Il marcha avec arrogance vers son adversaire. Cette brute faisait la m?me taille que B?ryl et ?tait tout aussi costaud. Le torse massif de L?ander ?tait recouvert d’un tapis de duvet blond qui frisait au contact des gouttes de sueur sal?e s’infiltrant dans ses boucles. Ses ?normes pattes avaient presque la m?me taille que la t?te de B?ryl. Ces armes se terminaient par des griffes. Pas de probl?me. B?ryl aussi avait des griffes, et elles ?taient tout aussi ac?r?es. La fourrure dor?e heurta les ?cailles vertes lorsque le lion et le dragon entr?rent violemment en contact sur le ring. B?ryl repoussa le lion m?tamorphe dans le coin. Il l’avait accul?. La foule rassembl?e cria des encouragements. B?ryl se retourna, levant les bras en l’air pour accepter les acclamations. La B?rylmania battait son plein dans la foule, ce soir. S’il avait port? un t-shirt jaune, il l’aurait arrach? de son torse. Mais le jaune n’?tait pas sa vraie couleur. En haut, dans la foule, il y avait quelques bandanas vert ?meraude arborant son nom ?crit en lettres dor?es. Les f?es agitaient leurs poings en l’air et scandaient son nom et son titre. B?ryl, le Champion poids lourd du Voile. Dans son coin, son fr?re Ilia criait des instructions comme, « Vise son genou ! » ou « Ne lui tourne pas le dos ! » ou « Fais attention, ne sois pas trop s?r de toi ! » Que B?ryl n’?coutait absolument pas. C’?tait lui le champion, pas Ilia qui n’avait pas gagn? son match contre un m?ta-loup un peu plus t?t. Venant de derri?re, B?ryl sentit une entaille lac?rer ses omoplates. Puis un coup lui fut ass?n? sur le flanc. Il se plia en deux et re?ut un rapide coup de pied au visage. Il vit rouge, puis des ?toiles, puis tout fut noir. Clignant rapidement des yeux, B?ryl se remit p?niblement sur ses pieds. Il vit deux Ilia secouer la t?te, dans le coin. Il vit deux L?ander arriver sur lui depuis le coin oppos?. Il cligna encore des paupi?res, et les deux lions se r?unirent en un seul f?roce pr?dateur fon?ant sur sa proie. Stupide lionceau. Ne le savait-il pas ? Les dragons ?taient au sommet de la cha?ne alimentaire dans ces territoires au-del? du Voile. Et B?ryl ?tait le plus grand, le plus m?chant, le plus f?roce dragon de son clan. Le meilleur combattant de tout le Voile. C’?tait marqu? sur sa ceinture de champion tape-?-l’?il. Ne quittant pas son adversaire des yeux cette fois-ci, B?ryl s’accroupit. S’enfon?ant sur ses jambes, il attendit l’assaut. Il n’?tait pas connu pour sa patience ni pour sa ruse, seulement pour sa force brute. Quand il s’agissait de combattre, la strat?gie jaillissait tout naturellement dans sa grosse t?te d’imb?cile. Quand L?ander ne fut plus qu’? deux pas de lui, B?ryl d?ploya les ailes sur son dos et s’?lan?a dans les airs. Les cheveux parfaitement boucl?s du lion se soulev?rent, ?bouriff?s par les puissantes ailes de B?ryl lorsqu’elles le transport?rent au-dessus du m?le, puis derri?re lui. B?ryl donna un rapide coup de pied dans le sacrum de L?ander. Le lion rugit en tombant ? genoux. ? une vitesse reptilienne, B?ryl agrippa L?ander autour du cou et le maintint dans une cl? de soumission. Les superpr?dateurs n’aimaient pas se laisser intimider. La raison du plus fort ?tait un proverbe qui trouvait son origine chez les m?tamorphes, pas chez les humains. Les f?es, trolls, et autres m?tamorphes qui s’?taient rassembl?s dans les entrailles du God’s Teet rugirent leur approbation. Tout en haut, dans une section sp?ciale, se trouvaient les Valkyries. Les dragons ?taient peut-?tre au sommet de la cha?ne alimentaire, mais les Valkyries tenaient cette cha?ne dans leurs poings manucur?s. Ces femmes habill?es de cuir ?taient les gardiennes de la paix de ce ramassis h?t?roclite de cr?atures contre nature. Contre nature parce que tous les ?tres de ce royaume ?taient issus d’une fabrication, et non pas d’une ?volution comme les plantes et les animaux du monde des humains. Une nouvelle fois, l’attention de B?ryl ?tant distraite, L?ander ?chappa ? sa prise. Le lion rentra le menton et roula du creux du coude de B?ryl comme ils avaient vu Hulk Hogan le faire avec Andr? le G?ant. B?ryl savait que le lutteur pr?f?r? de tous les temps de L?ander ?tait l’imposant g?ant. Ils avaient pass? suffisamment de temps dans le repaire de B?ryl ? regarder le match Wrestlemania III. Mais le lion ne se souvenait-il pas de la fa?on dont le match se terminait ? Parce que sinon, il allait avoir une piq?re de rappel. — On va s’affronter comme Dieu l’a voulu ; de fa?on sportive. Sans ruses. Sans armes. Le talent contre le talent. B?ryl leva les yeux au ciel en entendant L?ander citer la r?plique de son film pr?f?r?. La patte g?ante du lion frappa, touchant l’?il de B?ryl. Le dragon de B?ryl fut fou de joie. La b?te ?tait impatiente de voir la nouvelle cicatrice. Il aimait le sang, il avait besoin de la violence. C’?tait la seule chose qui calmait sa b?te int?rieure. Pas la seule chose ? y parvenir. Juste le seul moyen ? sa disposition. B?ryl combattait ses fr?res tous les jours. C’?tait n?cessaire pour leurs dragons qui, jour apr?s jour, devenaient plus animaux qu’humains. Combattre leur donnait un semblant d’?quilibre. Mais la jauge penchait en leur d?faveur. Et pas juste pour les dragons. L’?quilibre ?tait pr?caire pour tous les m?tamorphes m?les du royaume. B?ryl en avait fini de jouer avec le lion. Il dansa autour de son ami et rival, l?ger sur ses pieds, bougeant les jambes rapidement. Il ?tait toujours ?l?gant quand il se battait. Il aimait pr?senter un beau spectacle ? tous ceux qui y assistaient. Les femmes f?es du public pouss?rent un soupir audible par-dessus le craquement des os et l’?crasement des chairs. L’air ?tait satur? du parfum sucr? de leur d?sir. Levant les yeux, B?ryl vit les f?es le regarder avec admiration. Les cr?atures florales ?taient toutes extr?mement souples, avec leurs membres semblables ? des lianes. Il aurait le choix parmi les fleurs, ce soir, mais son regard revenait sans cesse vers les Valkyries. Les chasseresses assoiff?es de sang ?taient plus int?ress?es par leur bi?re que par le combat. Les Valkyries ne s’inclinaient devant personne. Mais elles avaient tout de m?me une faiblesse. — T’as fini de flirter ? dit L?ander. Ou tu veux que je quitte le ring pour que tu puisses prendre ces fleurs au corps ? corps ? — Il y a d’autres choses dont tu devrais t’inqui?ter, fr?rot, dit B?ryl. Qu’est-ce que tu feras quand B?rylmania viendra pour toi ? L?ander leva les yeux au ciel et chargea. Il sauta dans les airs avec deux pieds, comme un homme, et atterrit ? quatre pattes comme un lion gigantesque. Ses pattes puissantes tambourin?rent sur le sol du ring, faisant trembler tout l’endroit de sa f?rocit?. Il ouvrit la bouche, ses canines d?goulinantes, et rugit. L’atmosph?re tout autour s’agita comme au d?but d’une temp?te. Le dragon avait pouss? contre la peau de B?ryl toute la soir?e. Enfin, B?ryl laissa la b?te prendre possession de son corps. C’?tait la seule mani?re de le satisfaire, ce soir. Et puis, ce n’?tait pas comme s’il pouvait encore beaucoup contr?ler ses m?tamorphoses. Si le dragon voulait sortir, il le ferait. Les griffes de B?ryl racl?rent le sol lorsqu’il atterrit. Les deux animaux s’affront?rent au centre du ring. L?ander infligea encore quelques petits coups bien plac?s avant que B?ryl ne lui entoure le corps de ses griffes. Il souleva l’?norme lion dans les airs et le projeta en un body-slam, exactement comme il avait vu son h?ros, Hulk Hogan, le faire ? Andr? le G?ant dans leur match final. L’impact secoua l’?tablissement. Une vague de cr?atures saut?rent hors de leurs si?ges, puis bondirent sur leurs pieds, rugissant leurs acclamations. Une fois L?ander sur le dos, B?ryl fut capable de le bloquer avec une autre prise de soumission. Cette prise suffit car, contrairement ? l’homme qui pouvait facilement ?tre distrait, le dragon n’avait qu’un seul objectif. La douleur. Infliger de la douleur ?tait la seule chose qui mettait la b?te au pas. Alors il resserra son ?treinte autour de la crini?re de L?ander. La t?te du lion ?tait trop grosse. Il ne pouvait pas baisser le menton et s’?chapper, cette fois. La seule option de L?ander ?tait de taper de la main pour abandonner. Apr?s de longs moments pris au pi?ge dans l’?treinte du dragon, les griffes de L?ander vinrent tapoter le bras de B?ryl. Il avait r?ussi. Il avait sauvegard? son titre. Le combat ?tait termin?. Alors pourquoi Ilia criait-il toujours des instructions depuis le coin ? B?ryl ignora son fr?re et savoura sa victoire. Beaucoup de m?tamorphes m?les avaient combattu dans ces matches en cage au fil des semaines. Personne n’avait surpass? B?ryl. Ni les ours, ni les loups. Ni son fr?re. Et ? pr?sent, le puissant L?ander, Roi des Animaux, ?tait vaincu. B?ryl baissa les yeux vers L?ander. Ses l?vres ?taient bleues. Ses yeux lui ressortaient des orbites. Oh, merde. Il le tenait toujours dans une prise d’?tranglement. Il fallait qu’il le l?che. Seulement, son dragon ne c?dait pas. B?ryl essaya de desserrer la prise de la b?te, mais le dragon ?tait trop puissant. Il voulait le sang du lion. B?ryl regarda au fond des yeux du lion tandis que la vie les quittait lentement. Il y avait de la reconnaissance, l?. C’?tait L?ander. Son ami. Ils jouaient ? se battre quand ils n’?taient encore tous les deux que des b?b?s. Ils partageaient une passion pour l’halt?rophilie et la musculation, essayant de voir qui aurait le plus de muscles. Les muscles de L?ander ?taient tendus ? pr?sent que son souffle quittait son corps. Le lion n’avait m?me pas eu envie de ce combat. B?ryl l’avait provoqu? de la seule mani?re qu’il connaisse. L?ander avait un secret ; un secret qu’il n’avait confi? qu’? lui. Et B?ryl avait menac? de le r?v?ler ? tout le royaume si L?ander ne le rejoignait pas sur le ring. ? l’int?rieur de lui-m?me, B?ryl luttait pour un combat perdu d’avance. Son dragon go?tait le sang dans l’air, et il en voulait davantage. ?tait-ce la fin ? ?tait-ce son dernier instant en tant qu’homme alors que le dragon prenait compl?tement le contr?le de son corps comme son fr?re Rhyol l’avait fait ? Peut-?tre bien, parce que, d’une fa?on ou d’une autre, B?ryl volait dans les airs sans se souvenir d’avoir d?coll?. Les ailes de B?ryl se d?ploy?rent et attrap?rent le courant avant d’atterrir. Son dragon se retourna, pr?t ? faire face ? l’ennemi suivant. Et il s’arr?ta net. Une femme blonde, plus petite que le lion, mais avec un regard f?roce, se mettait en garde face ? lui. Elle se tenait au-dessus du lion m?tamorphe inconscient. Bien qu’elle soit l’arbitre du match, son visage rond et ses hautes pommettes trahissaient son lien avec le m?le avachi sur le tapis. Instantan?ment, la b?te de B?ryl laissa place ? l’homme. Il se retrouva au centre du ring, nu comme un ver, sa b?te ayant d?chir? ses v?tements lors de la m?tamorphose. B?ryl baissa la t?te de honte, ne croisant pas le regard de la femme. — Mes excuses, lionne. — Contr?le ta b?te, gronda L?ona, ou tu ne seras plus invit? ? venir jouer avec mes gar?ons. — Oui, m’dame. Les matches avaient ?t? l’id?e de L?ona. C’?tait elle qui avait approch? B?ryl. Il ne s’?tait pas demand? pourquoi la m?re de six lions m?les avait organis? les matches. ?a avait sembl? ?vident ; elle ?tait la m?re de six lions m?les. Elle avait besoin d’un moyen de lib?rer leur agressivit? qui ne causerait pas davantage de d?g?ts dans son repaire. L?ona se retourna vers son fils. Elle n’examina pas ses blessures ni ne l’aida ? se relever comme une m?re normale le ferait. Parce que c’?tait une lionne. Quand elle vit que son a?n? respirait toujours, elle se tourna vers la foule et annon?a que B?ryl ?tait le vainqueur. La foule scanda son nom. Lors de ses combats pr?c?dents, cela avait repr?sent? le temps fort du match d’entendre des applaudissements pour ce qui lui venait naturellement. Mais avec ce match-ci, il avait l’impression d’avoir perdu le concours. Il avait perdu quelque chose. Il s’?tait perdu lui-m?me. Il n’avait aucune prise sur son animal. Si L?ona n’?tait pas intervenue, B?ryl n’?tait pas certain qu’il aurait regagn? le contr?le. Il aurait pu tuer L?ander. Alors qu’en fait, B?ryl aimait bien ce joli gar?on, ?norme et poilu. Plus qu’il aimait son propre fr?re. — C’?tait un tr?s mauvais esprit sportif, dit Ilia lorsque B?ryl descendit du ring. Tu aurais d? viser ses genoux ? la place— — Ferme-l?. B?ryl donna une bourrade ? son fr?re. Ilia, qui ?tait trente centim?tres plus petit et pesait dix kilos de moins que B?ryl, retomba dans une foule de f?es. Les fleurs le rattrap?rent dans leur ?treinte v?g?tale. Les yeux bruns d’Ilia furent travers?s d’un ?clair de jade, son dragon se manifestant en r?ponse ? l’attaque de B?ryl. B?ryl ressentit un pincement de remords, mais il le pi?tina rapidement. Ilia avait l’habitude de ce genre de traitement, ?tant l’avorton de la port?e. Et B?ryl n’avait pas le temps de s’excuser. Il y avait des choses plus importantes dont il devait s’occuper. Il se fraya un chemin dans la foule enthousiaste. Sans se pr?occuper de couvrir sa virilit? en cours de route. — Laisse-moi gu?rir ces blessures, dit une f?e. Elle s’appelait Dahlia. Il l’avait eue plusieurs fois. Son doux parfum l’attirait d’habitude, mais il ?tait amer, ce soir. Il n’avait pas c?d? aux f?es depuis un bon moment, ? pr?sent, pas depuis qu’il savait qu’il y avait une chance. B?ryl s’?carta de Dahlia et poursuivit son chemin vers les Valkyries qui partaient. — Siggy ? Hilda ? Aucune nouvelle en provenance de l’autre c?t? du Voile ? Hilda se tourna vers lui, ses tresses voletant avec son mouvement. Son ?p?e se leva et d?crivit un arc jusqu’? la gorge de B?ryl. Il d?glutit. La lame accrocha sa pomme d’Adam. — Pour qui me prends-tu ? dit Hilda en retroussant les l?vres tout en toisant B?ryl. Le Journal de 20h ? B?ryl leva les mains en signe d’apaisement. — Mes excuses. Je demandais simplement si vous aviez des nouvelles de Morrigan. — Morri n’est pas revenue de sa chasse, dit Siggy. Son regard fixait sans vergogne les bijoux de famille de B?ryl. Quelques semaines plus t?t, Corin, le fr?re de B?ryl, avait conclu un accord avec les Valkyries pour qu’elles leur ram?nent des sacrifi?es en ?change de pierres pr?cieuses. B?ryl avait pris Morrigan ? part et lui avait offert son poids en ?meraudes si elle lui ramenait sa premi?re prise. Mais il n’avait plus vu un cheveu de la Valkyrie depuis. — Je double le prix si vous la rejoignez dans sa chasse. B?ryl laissa le dragon remonter ? la surface. Ses yeux ?tincel?rent d’un vert ?meraude. Les regards des Valkyries eurent un ?clair dor? de convoitise. C’?tait l’unique faiblesse des farouches guerri?res. Elles aimaient les pierres pr?cieuses. Elles aimaient la plupart des choses scintillantes. Les dragons extrayaient les joyaux de leurs mines et ?taient r?put?s pour couver leurs tr?sors. Mais les dragons ch?rissaient leurs sacrifi?es plus que les joyaux de leur montagne. — Nous ne travaillons pas pour toi, dit Hilda dont la voix avait perdu son ton mordant. Nous ne sommes pas ici pour faire appara?tre ton plan cul personnel. Ce n’?tait pas un plan cul. C’?tait une bou?e de sauvetage. Une sacrifi?e, une femme toute ? lui, ? prot?ger, ? ch?rir et ? qui donner du plaisir, ?tait la seule chose qui calmerait sa b?te de fa?on permanente et la garderait en laisse. Si B?ryl n’obtenait pas de sacrifi?e rapidement, son dragon prendrait le contr?le du corps qu’ils partageaient, et l’homme serait coinc? ? l’int?rieur. Sinon, B?ryl devrait continuer ? combattre lors de ces matches en cage pour garder un semblant de contr?le. Si ce soir avait prouv? quelque chose, c’est qu’avec son contr?le qui diminuait, au cours du prochain match, quelqu’un mourrait. CHAPITRE 2 — Vous ?tes fatigu?e de votre train-train quotidien ? Poppy Maddow releva la t?te de sa planche ? repasser. Sur l’?cran carr? de la t?l?vision, une jeune femme blonde au sourire joyeux haussa le sourcil d’un air conspirateur. La jeune femme regardait Poppy en simple d?finition sur l’?cran douze pouces, mais Poppy eut l’impression qu’elle pouvait voir ses d?sirs les plus profonds. — Nous vivons sur une belle plan?te avec de magnifiques paysages, des vues ? couper le souffle, et des paradis tropicaux. Poppy jeta un coup d’?il par la fen?tre de la caravane. Il n’y avait pas grand-chose ? voir. ? part des arbres nus, des voitures rouill?es pos?es sur des blocs, des tas d?bordants d’ordures, et une d?charge qui ?tait autrefois un ?tang boueux. — Alors venez avec moi et ?vadez-vous dans un univers de montagnes pittoresques, de mers ?meraude et de cit?s m?di?vales. Sur l’?cran douze pouces, la cam?ra d?voila une vue a?rienne d’eaux vertes, mais pas du vert des eaux us?es de l’arri?re-cour de Poppy. Elle pouvait voir dans les profondeurs de la mer, ? la t?l?vision. ? l’inverse de la for?t aride derri?re chez elle, des feuilles d’un vert luxuriant couronnaient chaque arbre. Le brun qui recouvrait le paysage, dans l’?mission t?l?vis?e, ?tait du sable et non la poussi?re et la crasse de la pauvret?. Poppy se pencha en avant, les yeux ?carquill?s, le c?ur battant, les pieds mourant d’envie de s’enfuir vers cette merveille. — O? est mon putain de pantalon ? Poppy ne sursauta pas en entendant le braillement rauque. On lui avait cri? dessus toute sa vie. C’?tait normal, pour elle, que Bruce ?l?ve la voix. Elle ouvrit la bouche pour lui dire qu’elle ?tait en train de repasser le pantalon qu’il cherchait. Au lieu de cela, elle s’?trangla, et aucun mot ne sortit de sa bouche. En baissant les yeux, elle vit qu’il y avait une tache noire sur la jambe droite du pantalon. Quand elle avait ?t? captiv?e par la destination touristique exotique, elle avait oubli? le fer ? repasser, et il avait br?l? une partie du meilleur pantalon de Bruce. Merde. Elle allait s’en prendre une. Poppy se pr?cipita pour cacher la preuve. Malheureusement, il n’y avait pas beaucoup de place dans la caravane. Chaque pi?ce faisait double emploi. La cuisine ?tait aussi la salle ? manger. Chaque placard ?tait rempli ? ras bord de pots en verre, de casseroles, de tubes et autres outils et ustensiles n?cessaires ? la fabrication de la drogue abrutissante qui maintenait un toit m?tallique au-dessus de leurs t?tes. Alors, elle ne pouvait pas fourrer le pantalon l?-dedans. La seule option ?tait de fourrer le pantalon sous sa robe d’?t?. C’?tait un endroit o? Bruce ne regarderait pas. Il lui ?carterait bien les cuisses au milieu de la journ?e s’il n’avait pas tir? son coup avec une de ses michetonneuses pendant la nuit, mais il ne l?verait jamais les yeux sur elle pendant qu’il le faisait. — Tu m’as entendu, esp?ce de p?tasse moche ? dit Bruce en tournant l’angle de la chambre ? coucher qui faisait aussi office de salon. Il portait un cale?on moulant et miteux, sa bedaine d?bordant par-dessus. Son torse velu ?tait nu. Il y avait un trou ? l’orteil de l’une de ses chaussettes bleues. Mais c’?tait ses chaussettes des grandes occasions. Visiblement, il devait aller quelque part d’important, et il avait besoin de ce jean, sa meilleure tenue. Merde, merde. — Tu as regard? dans le panier ? linge ? demanda innocemment Poppy. Elle tapota son ventre, essayant d’avoir l’air naturel et non pas l’air d’?tre enceinte. Une chose sur laquelle elle ne faisait jamais l’impasse malgr? ses maigres revenus, c’?tait la contraception. Elle se rendait ? la clinique voisine tous les mois, avec une r?gularit? de m?tronome, pour sa pilule. Elle n’avait pas envie de faire na?tre un b?b? dans cette mis?rable vie dont elle voulait elle-m?me s’?chapper. — Tu devais faire la lessive, dit Bruce en fon?ant vers elle tandis que ses pas secouaient la caravane sur sa base. Je ne peux pas mettre ton cul r?pugnant sur le trottoir pour gagner quelque chose. Tu es allergique aux putains de produits chimiques pour fabriquer mon produit. Tu sers ? quoi si tu ne peux m?me pas faire le putain de m?nage, salope ? Il la poussa, mais il n’y avait pas vraiment de place o? elle puisse aller dans l’espace confin?. Son dos cogna la cuisini?re, et elle glissa le long de sa surface. Le pantalon s’?chappa de sous sa robe. — C’est quoi, ce bordel ? Il lui arracha le pantalon avant qu’elle puisse ? nouveau le cacher. Le dos de la main de Bruce entra en contact avec le c?t? du visage de Poppy avant qu’elle ne puisse lui faire des excuses ou s’?carter de son chemin. — Putain de connasse bonne ? rien. Ce pantalon, c’est une vraie imitation de Gucci. Je l’ai pay? cinquante balles. Deux ou trois mois auparavant, elle avait br?l? le steak qu’il avait vol? dans la cuisine d’un restaurant. Il y en avait eu pour vingt-cinq dollars de viande. Il l’avait frapp?e une fois pour ?a. Cinquante balles, c’?tait une fortune. Poppy leva les bras, attendant le second coup. — Couvre-toi, aboya Bruce. Il tira sur sa robe pour la faire descendre, mais le tissu us? ne s’?tendait pas assez pour couvrir la laideur de ses jambes. Il se d?tourna d’elle. Les taches sur ses membres ?taient une des raisons pour lesquelles il ne la regardait pas quand il la sautait au milieu de la journ?e. — Tu sais ce que je devrais faire ? dit-il, toujours accroupi au-dessus d’elle. Je devrais balancer ton cul derri?re un glory hole. Personne n’aurait ? regarder ce cul r?pugnant, alors. Son haleine ?tait charg?e des relents de la chatte d’une autre femme. Ses ongles ?taient noirs de la crasse de son boulot de nuit comme prox?n?te local du parc de caravanes. Les veines de ses biceps ?taient pleines de cicatrices dues ? l’abus de son produit. Poppy releva les genoux pour couvrir les taches sensibles de ses jambes. La d?coloration faisait ressembler sa peau nue ? celle d’une l?preuse. C’est comme ?a qu’on l’avait appel?e ? l’?cole primaire, quand les taches avaient commenc? ? appara?tre. Les docteurs avaient tous dit qu’elle n’avait pas cette maladie. Ils ?taient incapables d’expliquer ce qui n’allait pas chez elle. Sa m?re avait eu les m?mes probl?mes de peau. ?a ne l’avait pas emp?ch?e de faire le trottoir. C’?tait l’un des rares boulots disponibles ici, dans ce trou paum? de Knudsen. C’?tait soit travailler ? genoux pour faire le m?nage, soit travailler sur le dos pour faire des passes. Kellyanne avait ?t? d?termin?e ? ce que sa petite fille ne travaille jamais sur le dos. Mais Poppy avait fini par avoir le pire des deux mondes. Elle commen?ait ses journ?es ? genoux, en nettoyant la porcherie de Bruce et en faisant la lessive pour ses michetonneuses qui faisaient le trottoir. Puis elle se couchait sur le c?t?, la nuit, en esp?rant qu’il ne rentrerait pas ? la maison pour la mettre sur le dos. Sa vie n’?tait pas si mal. D’autres filles vivaient bien pire. Elle pouvait passer ses journ?es seules tandis que les autres femmes se rassemblaient aux abords du terrain de camping pour attendre les passants. Elle avait r?cup?r? la TV qui recevait les cha?nes publiques, y compris les ?missions de voyage comme Globe Trekker o? elle pouvait voir le monde. Et il y avait m?me une cha?ne qui diffusait de vieilles s?ries comme K-2000, L’Incroyable Hulk et La Belle et la B?te, mais en espagnol. Non, sa vie n’?tait pas mal du tout. Oui, elle se faisait frapper de temps en temps. Parfois m?me, elle le m?ritait. Comme maintenant. Elle n’avait pas fait attention et avait ruin? le meilleur pantalon de Bruce. — Je crois que je peux arranger ?a, dit-elle ? travers la douleur cinglante de sa m?choire. Il me faut juste un peu de vinaigre. Laisse-moi essayer. Il lui jeta un regard noir pendant encore une minute enti?re avant de se reculer. Il ne lui tendit pas la main. Elle se remit pr?cipitamment sur ses pieds, s’assurant de garder ses taches dissimul?es ? sa vue pour ne pas le mettre plus en col?re. Poppy fouilla les placards ? la recherche de vinaigre. Elle trouva la bouteille juste au moment o? la lessive suivante se terminait avec un petit ding. Elle s’occupa d’abord du pantalon de Bruce, tamponnant l’acide sur la marque de br?lure. Dieu merci, elle avait l’air de partir. Elle ne recevrait peut-?tre pas cette deuxi?me gifle, apr?s tout. La journ?e s’annon?ait d?j? meilleure. Elle ?tendit le pantalon sur le c?t? pour le laisser s?cher et partit s’occuper de la lessive. Poppy sortit de la machine un m?lange de strings et de mini-jupes qui auraient pu faire office de bandanas. Sa main s’immobilisa sur une pi?ce de sous-v?tement. La culotte n’?tait pas une taille dame. L’?tiquette indiquait la taille par ?ges. C’?tait celle d’une enfant. ?ge : de six ? douze ans. Le coton blanc ?tait d?cor? de nounours qui se faisaient un c?lin. Sur l’entrejambe, il y avait des traces de sang d?color?es. La bretelle de la robe de Poppy tomba de son ?paule quand elle se redressa. Elle ne remit pas la bretelle en place pour couvrir les taches de ses bras. Plus que tout, elle avait envie d’arracher sa robe. Le fin coton ressemblait soudain ? du papier de verre sur sa peau sensible et couverte de maladie. — Qu’est-ce que tu fous ? Il faut que je me casse. T’es aussi stupide que t’es moche ? Elle n’?tait pas s?re de la mani?re dont le couteau de boucher avait atterri dans sa paume. Quand la main de Bruce s’abattit sur son ?paule, elle se retourna et lui porta un coup avec le couteau. Les yeux de Bruce s’?carquill?rent sous le choc. Sa main vint couvrir sa joue. Du sang d?goulina entre ses doigts. — Tu as dit que tu ne toucherais jamais une enfant, dit Poppy d’une petite voix qui luttait pour sortir de sa gorge. Elle tenait le couteau dans une main et la culotte d’enfant dans l’autre. Les yeux de Bruce s’?claircirent et se remplirent de col?re. — Cette petite pute m’a suppli? de lui donner du boulot. Elle en avait envie. Et maintenant, tu vas t’en ramasser une. Il avan?a vers elle. Poppy donna un nouveau coup de couteau. Mais Bruce avait bien plus l’habitude qu’elle d’infliger de la violence. Il se saisit de sa main, lui enlevant le couteau. Tout ce qui lui restait comme armure, c’?tait la petite culotte souill?e de la petite fille de quelqu’un. C’?tait seulement la deuxi?me fois de sa vie qu’elle envisageait de se d?fendre. La premi?re fois, elle portait encore une petite culotte taille huit ans, avec des licornes et des arcs-en-ciel. On la lui avait arrach?e du corps, mais avant que la moindre goutte de sang n’ait pu ?tre vers?e, son ange gardien ?tait venue ? son secours. Les yeux de Poppy s’emplirent de larmes, comme ils le faisaient chaque fois qu’elle pensait ? sa maman. Kellyanne ?tait morte depuis longtemps maintenant. Il n’y avait personne pour venir ? son secours. Pas dans cette vie. La mort ne pouvait pas ?tre pire. Au moins, elle quitterait ce parc de caravanes et verrait quelque chose d’autre par la fen?tre. Elle tourna la t?te vers la fen?tre, se pr?parant ? encaisser le poing de Bruce. Une minute… Est-ce qu’il l’avait d?j? frapp?e ? Ou y avait-il quelque chose ? la fen?tre ? Ce n’?tait pas seulement une nouvelle vue, mais une nouvelle personne. La femme assise sur le rebord portait bien trop de v?tements pour ?tre consid?r?e comme une prostitu?e. Le corset qu’elle portait serait un v?tement tr?s appr?ci? par une tapineuse. Les bottes aussi. Mais personne dans ce parc ne pouvait s’offrir, ou ne voudrait s’emb?ter avec, un pantalon moulant en cuir qui prendrait de pr?cieuses minutes ? enfiler avant qu’un client puisse jouir. Et le pantalon devait ?tre lav? ? sec. Non, qui que soit cette femme, elle n’?tait pas ici pour tapiner. La femme bien habill?e s’?claircit la gorge juste au moment o? Bruce levait le couteau pour frapper. Du coin de l’?il, Poppy vit Bruce se tourner vers la fen?tre. Il resta bouche b?e quand il vit qui ?tait l?. — Je te dirais bien de t’en prendre ? quelqu’un de ta taille…, dit la femme en baissant les yeux et en fixant le membre de Bruce dans son slip kangourou. Mais ce serait injuste de ma part. — Vous ?tes qui, bordel ? Bruce pointa le couteau vers elle, ne s’inqui?tant plus du d?c?s imminent de Poppy. Pourquoi s’en serait-il inqui?t? ? Elle n’irait nulle part pour l’instant. La femme sauta en bas de la fen?tre, l’impact de ses bottes secouant la caravane plus que les pas de Bruce. — Je suis… ton chauffeur. Un sourire satisfait et h?sitant souleva un coin de la bouche de Bruce. — Ah, ouais ? O? est-ce qu’on va, b?b? ? La femme tira une longue ?p?e luisante de derri?re son dos. La lame ?tait plus de cinq fois plus longue que le couteau dans la main de Bruce. — Tout droit apr?s l’Enfer jusqu’? un endroit bien, bien pire. Et, petit veinard, on dirait que tu es parfaitement habill? pour l’occasion. Bruce ouvrit la bouche pour r?pondre. Un gargouillis sortit de sa gorge, parce que la femme lui avait taill? un trou b?ant en travers du cou. Du sang s’?coula d’o? les mots ?taient cens?s sortir. Le corps de Bruce tomba sur le sol avec un ?c?urant bruit sourd. Poppy resta fig?e. Son corps ?tait m?me trop effray? pour trembler de peur. Quand elle releva les yeux, la femme l’examinait du regard. Pas son visage, sa main. La femme leva une main, celle qui ne tenait pas l’?p?e, et fit un signe signifiant viens ici ? Poppy. Sa peur de la violence l’avait bien dress?e. Sans h?sitation, Poppy fit ce qu’on lui demandait. Ses pas ?taient lents et raides, mais elle parcourut la courte distance les s?parant pour se tenir devant la femme. La femme tendit le bras et prit la culotte d’enfant des mains de Poppy. — Celui-ci a ?t? sur mon radar pendant une minute, mais son dernier geste a sign? son arr?t de mort. Elle utilisa la culotte pour essuyer le sang de Bruce de sa lame, recouvrant les nounours c?lins avec l’essence de sa d?funte vie. ?a semblait juste. Sa mort pour une innocence perdue. — On dirait que c’?tait la goutte d’eau pour toi aussi. Les yeux de la femme ?tincel?rent brillamment, comme des ?toiles, lorsqu’ils pass?rent du couteau de boucher abandonn? ? Poppy. La seule r?ponse que Poppy put lui donner fut de d?glutir. Il y avait eu une assistante sociale qui s’?tait arr?t?e ? la caravane, une fois, habill?e d’une robe boutonn?e jusqu’en haut et de chaussures reluisantes. Bruce avait mis une bonne trempe ? Poppy la nuit pr?c?dente. Le regard de l’assistante sociale ?tait rest? fig? sur ces traces de coup. Quand Poppy avait refus? de partir avec elle, l’assistante sociale lui avait demand? pourquoi elle restait. Poppy avait laiss? la porte-moustiquaire grin?ante claquer au nez de cette femme. Elle avait vu quelques dramatisations film?es de femmes ?chappant ? leurs maris en plein milieu de la nuit avec un mascara impeccable et des l?vres brillantes de gloss. Elle avait m?me vu assez de talk-shows de l’apr?s-midi parlant de violences conjugales o? l’animateur bien intentionn? offrait des services en esp?ces et une porte de sortie. Rien de tout cela n’?tait le monde r?el. En voyant Bruce ?tendu mort sur le sol, Poppy ne ressentit aucun remords pour lui. Mais elle commen?a ? s’inqui?ter pour elle-m?me. Elle n’avait pas d’instruction, pas de talent. Elle n’avait m?me pas un joli visage. Comment allait-elle gagner sa vie, ? pr?sent ? Poppy se passa la main dans les cheveux. Ses doigts ex?cut?rent ce geste en tremblant. Le regard de la femme se r?tr?cit en suivant ses mouvements. Avec la rapidit? de l’?clair, elle tendit la main et baissa le haut de la robe de Poppy. Poppy eut un hoquet de surprise. Un r?flexe lui dicta de se couvrir. L’autopr?servation lui fit refermer les doigts en poings immobiles. — Des cheveux roux et des ?cailles ? C’est mon jour de chance ou quoi ? Poppy se tortilla pour se lib?rer de sa poigne. Un sourire malicieux s’?tendit sur le visage de la femme. Poppy connaissait ce regard. C’?tait un regard de pr?dateur. — Tu vas me rapporter un beau paquet de joyaux. Poppy se retourna pour s’enfuir. Mais elle re?ut un coup sourd ? l’arri?re de la nuque. Et tout devint noir. CHAPITRE 3 Le bruit du m?tal rencontrant le m?tal r?sonna dans la grotte souterraine. B?ryl avait entendu dire que les humains m?les avaient des tani?res ; une petite pi?ce o? ils pouvaient se retirer loin des femmes. Il ne comprenait pas pourquoi un homme aurait envie de se retirer loin de sa femme. Si lui-m?me avait une femme, il la laisserait entrer dans sa tani?re chaque fois qu’elle en aurait envie. Il lui construirait une tani?re ? elle et s’assoirait dans l’entr?e en esp?rant qu’il serait le bienvenu dans son sanctuaire. Il avait une vraie tani?re ? l’int?rieur du ch?teau qu’il partageait avec ses fr?res. Beaucoup de pi?ces ?taient des cavernes, ? l’ext?rieur des vraies cavernes d’o? les fr?res extrayaient chacun leurs joyaux et o? ils amassaient leurs tr?sors. Sauf Corin, qui avait donn? son tr?sor en ?change de sa sacrifi?e. B?ryl aurait fait la m?me chose. Sa nouvelle s?ur valait chaque pierre pr?cieuse, et bient?t Chryssie agrandirait encore leur famille. Deux dragonneaux grandissaient dans son ventre. Il y avait un inconv?nient au fait que Corin et Chryssie soient un couple. Ces deux-l? ?taient une des raisons pour lesquelles B?ryl ?tait actuellement dans sa tani?re. Ils s’en donnaient ? c?ur joie, comme des lapins, sans arr?t. — Si vous pouvez surmonter cette p?riode douloureuse, vous pourrez devenir un champion, dit la voix m?le ? l’accent prononc?. Si vous ne pouvez pas, oubliez. B?ryl baissa le volume du film ? la t?l?vision. C’?tait la seule chose qui sortait de la bouche de l’Autrichien avec laquelle il ?tait d’accord. Il mit la cassette VHS sur avance rapide pour passer les parties avec Arnold Schwarzenegger et voir son h?ros, Lou Ferrigno. Dans le film, le titre de Monsieur Olympia aurait d? revenir ? Ferrigno. Il ?tait tellement meilleur, tellement plus grand que l’Autrichien. ? part se battre, soulever de la fonte ?tait la seule chose qui apaisait le dragon de B?ryl. ? une ?poque, B?ryl pouvait se contenter de se taper des f?es. Mais les femmes-fleurs ne l’int?ressaient plus, depuis un moment. Il voulait une femme en chair et en os. Une femme qui pourrait ?tre ? lui. Une femme dans laquelle son dragon pourrait planter les dents et la revendiquer. Cela faisait des semaines que Morrigan avait accept? de lui trouver une sacrifi?e. Il ne savait pas combien de temps encore il pourrait tenir. — Est-ce que tu as pris mon maillot de bain Terminator ? Les halt?res firent ? nouveau un bruit m?tallique quand B?ryl les laissa tomber sur le sol. Au-dessus de lui se tenait un m?le avec des yeux sombres ?tincelants. Comme toujours, l’avorton de la port?e ?tait pr?t ? d?clencher une bagarre pour affirmer sa dominance. — Pourquoi est-ce que je toucherais ? tes sous-v?tements, Ilia ? dit B?ryl en haussant les ?paules et en prenant un Coca-Cola du r?frig?rateur que Morrigan avait rapport? quelque temps auparavant. Ils ne pourraient jamais contenir ce que je trimballe. — De nous trois, c’est peut-?tre toi qui as eu la plus grande, mais c’est moi qui ai eu la plus grosse, aucun doute, se moqua Ilia. B?ryl savait qu’il ne devrait pas se lancer dans cette dispute stupide. Comme lui, Ilia cherchait seulement une raison d’en venir aux mains. Aucun de leurs dragons n’avait mieux ? faire. B?ryl venait de soulever quatre cent cinquante kilos d’halt?res. Son c?ur pompait toujours et ?tait surmen? apr?s son combat d’hier. Cela pourrait l’apaiser de frapper son fr?re au visage pendant quelques minutes. Le seul probl?me, c’?tait qu’il n’?tait pas certain d’avoir suffisamment de contr?le sur sa b?te pour ne pas r?ellement tuer Ilia. — Tu es juste f?ch? qu’Arnold ait gagn? le titre, chantonna Ilia. Tu sais que Terminator pourrait battre Hulk quand il veut. Et voil? comment son contr?le lui ?chappa. B?ryl se releva. Il n’en fallait pas beaucoup pour que les dragons se battent. Ces mots-l? ?taient une s?rieuse provocation. Tout le monde savait que Hulk ?tait plus fort que ce bell?tre taiseux en m?tal. B?ryl se m?tamorphosa presque en faisant face ? son fr?re, mais il se retint. Il portait un t-shirt Gold’s Gym. La Valkyrie avait dit que ce type de v?tement ?tait de plus en plus difficile ? trouver de l’autre c?t? du Voile. Il ne voulait pas d?truire celui-ci. C’?tait son pr?f?r?. — Peu importe, dit B?ryl. Si tu veux soutenir le m?chant qui remonte le temps pour d?truire toute l’humanit?, alors vas-y. Hulk se bat pour les opprim?s. — M?me pas vrai, r?pliqua Ilia. Banner ne peut pas contr?ler le monstre en lui. Mais Terminator est tout en contr?le. — Ah, ouais ? Si Terminator est un tel h?ros, alors pourquoi meurt-il dans une cuve en feu pour ne jamais revenir ? Ilia ne pouvait rien r?pliquer ? ?a. Hulk ?tait peut-?tre hors de contr?le, mais il ?tait toujours du c?t? du bien. Et Terminator n’avait eu qu’un seul film, et il mourait ? la fin. Banner n’arr?tait pas de faire des efforts pour garder son monstre sous contr?le. Ils n’avaient pas vu la fin de la s?rie, mais B?ryl ?tait certain que l’homme vert et l’humain devaient parvenir ? ?tre en harmonie un jour. C’?taient des h?ros. C’?tait ce que les h?ros faisaient. B?ryl passa en trombe devant son fr?re. Mais sa b?te continuait ? tourner en rond dans ses entrailles. Il devrait peut-?tre aller trouver une f?e pour soulager un peu la pression dans ses reins. Qui savait quand Morrigan reviendrait avec une sacrifi?e. Et m?me si elle le faisait, il devrait probablement combattre ses autres fr?res pour elle. Enfin, juste Ilia. Elek n’avait aucune envie d’avoir une compagne. Rhyol ne pourrait rien faire avec une compagne, m?me s’il essayait, puisqu’il ?tait coinc? sous forme de dragon depuis des ann?es. Alors, ce serait juste lui et Ilia. Ilia cherchait la moindre raison de se battre. L’avorton de leur port?e essayait toujours de prouver sa valeur dans une famille de m?les plus grands. B?ryl aper?ut Elek tandis que l’homme taciturne rentrait et sortait des ombres du ch?teau. Il allait probablement rendre visite ? sa m?re. Miyaoaxochitl n’avait plus eu la moindre r?action depuis qu’elle avait donn? naissance ? Elek et perdu le fr?re de celui-ci. Corin et Chryssie ?taient dans leurs chambres au-dessus. Kimber ?tait dans les mines. Sa compagne, Cardi, qui n’avait pas encore atteint l’?ge d’?tre revendiqu?e, ?tait probablement dans la salle de jeu en train de jouer ? un jeu vid?o ; un des jeux de combat o? elle pouvait utiliser une arme pour d?capiter des hommes ? coups d’explosifs. B?ryl crut avoir vu Rhyol voler par la fen?tre. Mais non, ce n’?taient pas les ?cailles bleues de son fr?re. Ce dragon avait des ?cailles brunes. Seuls les dragons de sang pur avaient des ?cailles brunes. B?ryl reconnut le dragon. Il appartenait ? la Valkyrie, Morrigan. Elle ?tait l?. Avec Ilia en bas dans la tani?re, B?ryl arriverait ? la sacrifi?e en premier. Il pourrait la marquer, et elle serait ? lui sans combat. Il fon?a jusqu’? la porte de derri?re, juste ? temps pour voir la Valkyrie atterrir. — O? est-elle ? demanda B?ryl. — On se calme, l’?cailleux, dit Morrigan en sautant du dos du dragon. J’ai beaucoup de choses ? d?charger. — Tu l’as ? Tu as ma sacrifi?e ? — Pour Cardi, j’ai la collection de films de John Hugues avec des adolescentes rousses en pleine crise qui courent apr?s les gar?ons. Ou alors, attends ? Est-ce qu’il n’y a qu’une seule fille ? La m?me ? chaque fois ? Je ne sais pas. Tous les humains se ressemblent. Pour Corin, j’ai sa machine ? ultrasons pour qu’il puisse espionner ses dragonneaux, ce qui montre tout de suite quel genre de p?re il sera. Et tu voulais le nouveau Donkey Kong— — Assez, gronda B?ryl. Les yeux de la Valkyrie ?tincel?rent d’une lueur dangereuse. B?ryl baissa la t?te. Les dragons ?taient peut-?tre au sommet de la cha?ne alimentaire dans le Voile. Il pouvait rugir sur ses fr?res. Il pouvait ?trangler un lion. Mais il ne survivrait pas au courroux ou ? l’?p?e d’une Valkyrie. Les filles de la D?esse ?taient bien au-del? de la cha?ne alimentaire. Tout l?-haut, B?ryl vit les ?cailles bleues de Rhyol scintiller sous la lune. Son fr?re planait, en les observant. ? une fen?tre, il vit Elek regarder vers le bas, ses yeux d’ambre rougeoyant dans la nuit. Rhyol et Elek se joindraient au combat si c’?tait n?cessaire. Et ils p?riraient tous les deux. — S’il te pla?t, dit B?ryl. Il ?tait d?sesp?r?. Il avait d?j? assez de mal ? contenir sa b?te comme cela. Celle-ci avait l’intention d’arracher la t?te de la Valkyrie, quelque chose qui scellerait ? la fois le sort de l’homme et de la b?te. Morrigan fit tranquillement le tour de son dragon. Il y avait deux sacoches de taille humaine sur son dos. B?ryl sentit l’odeur du sang ?maner du premier. Ce devait ?tre la capture de Morrigan pour le Valhalla. Les Valkyries ne tuaient habituellement pas leurs proies avant de les amener derri?re le Voile. B?ryl se demanda bri?vement ce qui avait suscit? tant de col?re qu’elle avait tu? l’homme plus t?t. Mais ce triste sac fut instantan?ment oubli? en faveur du second. Le regard de B?ryl se posa sur la sacoche que la Valkyrie retirait. Morrigan la souleva sans aucun effort. B?ryl sentait le parfum d?lectable qui s’en d?gageait. Cela sentait comme quelque chose de doux, mais qui ne provenait pas de la nature. Il y avait aussi une odeur acide qui lui rappela celle des potions dans le laboratoire de Corin. En dessous de tout cela, il y avait le parfum de quelque chose de l?ger, comme une brise au-dessus d’une petite ?tendue d’eau. Il tendit la main vers le sac. Morrigan le reprit d’un coup sec. — Han han han. Paie d’abord. B?ryl serra les dents. — Suis-moi, dit-il. Il guida la Valkyrie jusqu’? l’entr?e des mines. Il longea les mines de rubis de Corin et celles de diamants de Kimber. Il entra dans ses propres mines o? les ?meraudes ?taient enterr?es sous la roche. — Prends ce que tu veux, dit-il ? la Valkyrie. Les yeux de celle-ci ?tincel?rent ? nouveau, mais d’une lueur d’avidit? plut?t que de col?re, cette fois. Elle lui tendit la sacoche et partit faire son shopping. Pendant un instant, B?ryl se contenta de tenir le sac dans ses bras. Elle ne pesait rien, mais elle ?tait lourde d’importance. Lentement, il retira l’?paisseur de tissu pour d?voiler un visage rond. De douces boucles rousses encadraient son visage. Un petit nez en bouton s?parait ses traits en deux moiti?s parfaitement sym?triques. Ses l?vres ?taient petites, pleines et en forme de c?ur. — Il y a du feu de dragon dans ses veines ? demanda B?ryl. Comme si cela avait de l’importance. Le colis dans ses bras ?tait ? lui, et il allait la garder, qu’elle puisse lui donner des dragonneaux ou pas. Si elle n’avait pas de feu en elle et ne pouvait pas avoir de dragonneaux, il pourrait toujours l’enlacer et la prot?ger. Son dragon n’avait pas besoin du contact physique pour ?tre rassasi?. Il avait juste besoin d’un but. Et elle ?tait ce but. — Elle a du feu dans les veines. B?ryl sentit le soulagement le parcourir. Les pens?es qu’il venait d’avoir un instant plus t?t s’envol?rent de son esprit. Elle ?tait belle, et il avait physiquement envie d’elle. Avec la confirmation de son sang de feu, les reins de B?ryl br?l?rent de la prendre l?, tout de suite. — Et encore mieux, dit Morrigan. Regarde de plus pr?s, elle a des ?cailles. Ber?ant sa r?compense dans ses bras, B?ryl fit glisser le tissu de ses ?paules d?licates. Il eut un hoquet de surprise devant ce qu’il avait sous les yeux. Sur sa peau p?le, il y avait des taches dor?es. Elles ?taient douces au toucher, mais il sut instantan?ment ce qu’elles ?taient. — Comment s’appelle-t-elle ? demanda-t-il. — Je n’ai pas demand?. Prot?ge tes parties, cela dit. Elle allait castrer ma cible avant que je puisse le r?clamer. B?ryl sourit ? cette d?claration. Son humaine avait du temp?rament, tout comme Cardi et Chryssie. Elle ?tait parfaite. Il d?couvrit le reste de son corps et commen?a le rituel du ligotage. CHAPITRE 4 Elle ?tait assur?ment morte. Comment en ?tait-elle certaine ? Parce qu’on ?tait en train de la c?liner. Les c?lins ne se produisaient qu’avec les mamans, dans le monde r?el, et sa maman ?tait morte. Depuis qu’elle ?tait petite, Poppy avait vu beaucoup de mamans mettre des claques ? leurs enfants, ou les faire aller dans la direction qu’elles voulaient en utilisant la force, ou les pousser ou les pincer pour les faire tenir tranquilles. Mais Poppy avait eu de la chance. Sa maman lui faisait des c?lins le soir, de temps en temps. Mais seulement quand le lit de sa maman n’?tait pas occup? par un client. C’?tait dans ces moments-l? que Poppy se sentait en s?curit?. C’?tait dans ces moments-l? que Poppy ne d?sirait pas s’envoler dans un monde imaginaire vu ? la t?l?vision. Quand elle ?tait dans les bras de sa m?re, le monde cessait d’?tre un endroit dangereux o? la nourriture ?tait peu abondante, o? les voix hurlaient toujours, et o? les hommes regardaient les petites filles comme de d?licieux go?ters. Cela avait ?t? l’apr?s-midi, quand Poppy s’?tait allong?e dans le lit de sa m?re et avait sommeill?. L’?cole avait fini plus t?t, et elle ?tait rentr?e pour trouver la caravane d?serte. Quand des bras ?taient venus l’entourer, ils n’avaient pas paru chaleureux. Ils avaient ?t? pleins de sueur et avaient pu? le relent d’homme mal lav?. Non. Les yeux de Poppy ?taient ferm?s, dans le pr?sent. Elle les ferma encore plus fort. Elle refusait de penser ? cela. Elle ?tait en s?curit?, morte, et enfin de retour dans les bras de sa m?re. Sa m?re s’?tait occup?e de l’homme puant qui avait mis ses mains d?gueulasses dans la culotte propre de Poppy. Il y avait eu du sang sur le lit, mais ?a n’avait pas ?t? celui de Poppy. Et puis sa m?re avait pris Poppy dans ses bras pour une ?treinte chaleureuse. C’?tait la derni?re qu’elle avait re?ue. Jusqu’? maintenant. Poppy avait toujours su que la mort n’?tait pas quelque chose ? craindre. ? pr?sent, elle ?tait de nouveau avec sa maman. Elle recevrait de chaleureux c?lins pour l’?ternit?. C’?tait juste que… Est-ce que les c?lins de sa m?re avaient toujours ?t? aussi serr?s ? Elle avait eu l’habitude de pouvoir tourner le buste pour poser la t?te contre le c?ur battant de sa m?re. Elle n’y parvenait pas, ? cet instant. Les bras de sa maman avaient toujours ?t? fins. Mais pas aussi fins qu’un morceau de corde. Et puis, sa maman avait deux bras, et ils n’?taient pas si longs. Mais Dieu sait comment, ils ?taient enroul?s autour de ses bras, de son ventre et de ses jambes. Quelque chose clochait. Poppy baissa la t?te pour soulager la naus?e qui mena?ait. Elle pouvait toucher sa poitrine de son menton, mais son ventre se serra. Elle ouvrit les yeux et vit qu’elle ?tait bien dans une ?treinte. Des cordes l’entouraient, pas les bras p?les, couverts de traces de piq?res et de bleus, de sa m?re. Pendant un instant, elle ne put que regarder et admirer l’?uvre artisanale r?alis?e avec les cordes. Elles parcouraient tout son corps en un motif complexe. Elle avait l’air d’avoir ?t? emball?e comme un pr?sent. Elle attendit que la peur plante ses griffes en elle, que le besoin de s’?chapper la submerge. Rien ne vint. Elle ne put emp?cher un sentiment de paix de l’envahir, ? ?tre ainsi attach?e. Elle se sentait en s?ret?, en s?curit?. G?nial. Donc, elle avait perdu l’esprit autant que la libert? en mourant. C’?tait toujours mieux que d’?tre dans ce trou ? rats avec Bruce. ?a ne pouvait vraiment pas ?tre pire, d’?tre esclave de cet ange de la mort. Au moins Poppy n’aurait pas ? s’allonger sur le dos pour gagner sa vie. Ou, du moins, elle l’esp?rait. Est-ce que les anges ?taient lesbiennes ? Avaient-elles des relations sexuelles ? Elles devaient en avoir, pour faire des b?b?s anges. Elle avait envisag? le lesbianisme quand elle ?tait adolescente, apr?s sa premi?re exp?rience sexuelle avec un gar?on. Elle avait rejet? cette id?e, un peu plus tard, quand Joanna Wilcox, la reine de la promo et la plus m?chante des filles ? arpenter ces couloirs, avait fait son coming-out. Quel ?tait l’avantage de changer de camp si les brutes existaient dans chaque type de sexualit? ? Rapports sexuels ou pas rapports sexuels, il y avait un probl?me beaucoup plus grave avec cette nouvelle captivit?. Ses taches ?taient visibles. Les cordes remontaient sa robe sur ses cuisses. ?tre ligot?e ?tait une chose. Bruce l’avait attach?e auparavant. Il l’avait m?me enferm?e dans un placard, une fois, pour lui avoir apport? la mauvaise marque de bi?re. Mais ?tre d?couverte comme cela, ?a n’allait pas. Poppy se tortilla. Elle bougea les hanches de droite ? gauche, essayant d’attraper l’ourlet de sa robe dans ses mains. Si elle pouvait juste tirer un peu dessus, elle pourrait recouvrir la plus grosse tache sur sa cuisse droite. — Stop, dit une voix grave. Tu vas te blesser. Poppy fit ce qu’on lui dit. En partie ? cause de l’autorit? dans la voix de l’homme ; elle avait ?t? conditionn?e ? l’ob?issance depuis son plus jeune ?ge. Mais en grande partie parce que la voix ?tait celle d’un homme. Il semblerait qu’elle allait travailler sur le dos ? nouveau, apr?s tout. Et avec un homme qui aimait ses victimes impuissantes et ligot?es. — Je sens l’odeur de la peur sur toi, petite. Petite ? Si c’?tait son id?e d’une insulte, elle avait entendu pire. Prostitu?e Pustuleuse, Tigrou de Camping, Dalmatien D?gueulasse. Elle avait surv?cu ? celles-l?, elle pourrait vivre avec Petite. Mais que voulait-il dire par il sentait l’odeur de la peur ? — Rien ni personne n’osera te faire de mal, ici. Avec les cordes qui appuyaient contre sa peau, Poppy en doutait. Mais elle savait qu’il valait mieux ne pas contredire un homme. Cela ne menait ? rien, ? part ? de la douleur. Cela dit, elle ?tait toujours d?couverte, et son embarras poussa les mots hors de sa gorge. — Je vous en prie, Monsieur, je n’aime pas ?tre d?couverte. — D?couverte ? Il semblait avoir h?rit? de la voix d’un ours. Elle ?tait bien trop grave pour appartenir ? un homme. Puis il bougea, et la pi?ce s’emplit de lumi?re. Poppy avait cru qu’elle ?tait dans l’obscurit?. Ses yeux avaient simplement eu besoin de temps pour s’adapter. Quand ils le firent, elle se laissa compl?tement aller dans les cordes. Ses taches expos?es furent oubli?es. Elle n’?tait pas dans une pi?ce. Elle ?tait ? l’ext?rieur. Ou plut?t, ? l’int?rieur de quelque chose qui ?tait ? l’ext?rieur. Il y avait un parfum de terre fra?che dans l’air, ainsi que la fra?cheur humide qui ?mane de la proximit? d’une ?tendue d’eau la nuit. Il y avait des roches tout autour d’elle. Elle devait ?tre dans une caverne. Les joyaux verts qui scintillaient dans la roche renforc?rent cette id?e. Elle ?tait dans une mine d’?meraudes. L’homme qui lui avait parl? entra dans son champ de vision. Il la dominait de toute sa hauteur, bloquant la lumi?re verte. Le vert provenait maintenant de ses yeux comme s’ils ?taient faits d’?meraude. Son visage ?tait cruellement beau, tout en angles ac?r?s et en ossature cisel?e. Il ?tait b?ti comme un catcheur, mais il ressemblait ? un mannequin ; un mannequin fitness pour un magazine de bodybuilding. Ses muscles saillants ?taient ? l’?troit dans un t-shirt jaune Gold’s Gym, port? par-dessus un short de sport gris qui ne laissait rien ? l’imagination. Une main massive se leva vers le visage de Poppy. Elle se pr?para ? recevoir sa premi?re punition. Au lieu de cela, une main chaude effleura le c?t? de son visage. La gentillesse de ce geste secoua quelque chose en elle. Jamais un homme ne l’avait touch?e avec le moindre semblant de pr?caution. Est-ce que les choses fonctionnaient ? l’envers dans la mort ? — Tu as froid, petite ? — Je… Elle n’?tait pas s?re de savoir comment r?pondre. Poppy ne comprenait pas la question. Cela n’avait rien ? voir avec lui ou ses besoins ? lui. Il semblait que la question ?tait centr?e sur elle. Est-ce qu’il l’interrogeait sur son bien-?tre ? elle ? Sur son confort ? Toutes les autres questions la concernant avaient ?t? du genre Tu es compl?tement stupide ? Ou Est-ce que tu es tomb?e sur la t?te ? Ou O? est mon d?ner ? Le grand type fit passer son t-shirt par-dessus sa t?te. Poppy put admirer la vue de muscles apr?s muscles. Il laissa tomber son t-shirt sur elle, l’enveloppant de chaleur et de son odeur. Il transpirait, mais c’?tait tr?s loin de sentir mauvais. Il sentait l’air frais et la chaleur douce et l’homme. Son t-shirt recouvrit Poppy depuis les ?paules jusqu’aux orteils. Ses taches ainsi emball?es, elle se d?tendit et respira davantage de son parfum. — Dis-moi ton nom ? demanda-t-il tandis qu’elle resserrait les bords du t-shirt autour d’elle comme si c’?tait une couverture. — Poppy. — Pop pie. — C’est P?n?lope. Mais tout le monde m’appelle Poppy. Un grondement sortit de sa gorge, puis il pronon?a son nom. Encore et encore, comme si c’?tait une m?lodie. Poppy gardait les yeux fix?s sur sa bouche tandis qu’il formait son nom. — Je m’appelle B?ryl. — Bonjour, B?ryl. — Bonjour, Poppy. Elle lui sourit en retour. — B?ryl, je suis d?sol?e de poser la question, mais est-ce qu’il y a une raison pour laquelle vous m’avez attach?e ? — Tu es attach?e pour te prot?ger, dit-il. — Me prot?ger ? De quoi ? — De moi. Toute la chaleur quitta le ventre de Poppy et s’?vacua par ses doigts et ses orteils. — Vous allez me faire mal ? — Jamais. Il parla avec tant de conviction qu’elle le crut. — Tu m’as ?t? offerte en sacrifice, dit-il. Je passerai le reste de ma vie ? assurer ton confort et ton plaisir. Une nouvelle fois, ses mots n’avaient aucun sens. Sacrifice ? Le reste de sa vie ? Son confort et son plaisir ? — Tu n’as plus ? t’inqui?ter de rien. Je m’occuperai de tout pour toi. Euh… non. ?a ne voulait toujours rien dire. — Mais avant que ?a se produise, je dois te marquer. — Me marquer ? — ?a va faire mal. Mais seulement pendant une seconde. Ensuite, je te promets uniquement du plaisir pour le restant de tes jours. Les yeux de Poppy ?taient braqu?s sur les l?vres et les dents de l’homme s’approchant plus pr?s d’elle. Elle se retrouva ? courber le cou vers lui. Une seconde avant qu’il ne s?visse, un bruit sourd et fort retentit derri?re lui, et un autre homme obscurcit l’entr?e. — Arr?te, gronda le nouveau venu. Je te d?fie pour elle. — Elle est ? moi, rugit B?ryl. Il y eut une explosion tonitruante lorsque l’homme aux yeux verts et la silhouette obscure se percut?rent. La voix de Poppy resta coinc?e dans sa gorge. Son corps ligot? se crispa. Elle ne pouvait rien faire except? regarder la violence qui se d?cha?nait sous ses yeux. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=67033480&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.