Êàêîå, â ñóùíîñòè, íåëåïîå çàíÿòèå ïèñàòü ñòèõè: ......................è "ãëàç ëóíû", è "ñîëíöà äèñê" êàê ìèð ñòàðû. ............................Äóøè øèðîêèå îáúÿòèÿ òîëïå íàâñòðå÷ó ðàñïàõíóòü... - ................................................ïîäîáíûé ðèñê ê ÷åìó òåáå? - ........................Ãëóõîé ñòåíîé - íåïîíèìàíèå; ðàçäàâëåí òÿæåñòüþ

Roulette Russe

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Roulette Russe May Freighter « Vampires, d?mons, anges, magie, le monde en regorge. J'ai fait l'erreur de m'impliquer dans les t?n?bres, et maintenant j'y suis jusqu'au cou. Je pense que mon ange gardien m'a abandonn?… litt?ralement. Qui pourrait penser qu'un simple toucher du doigt d'une corde d'?me scintillante pourrait bouleverser votre monde ? La vie d'Helena, 19 ans, change lorsque son esprit entre dans le Royaume des Anges ? la recherche de son p?re. Mais, les choses ne se passent pas comme pr?vu. Contre les avertissements de son ange gardien, elle lie son ?me ? un vampire, une cr?ature qu'elle pensait n'exister que dans les films d'horreur. Lucious a pass? son immortalit? ? rechercher les monstres qui ont tu? sa dame. La derni?re chose dont il avait besoin ?tait de devenir vuln?rable ? cause d'un lien avec une fille imprudente. Pourtant, il r?alise que ce lien pourrait tourner cela ? son avantage. Estimant qu'Helena poss?de un grand pouvoir, il envisage de l'utiliser contre le Conseil comme monnaie d'?change. Quand Helena rencontre le vampire charmant et terrifiant avec qui elle partage un lien ?motionnel, elle se rend compte que sa vie ne sera plus jamais la m?me. Malgr? son combat contre les manipulations de Lucious, elle ne peut pas nier leur attraction l'un pour l'autre. Alors que leur d?sir l'un pour l'autre s'intensifie, elle a besoin de savoir si elle peut lui faire confiance. Apr?s tout, sa vie et son ?me sont en jeu. ROULETTE RUSSE S?ries Helena Hawthorn Vol. 1 MAY FREIGHTER Table des mati?res S?RIES HELENA HAWTHORN (#ulink_5ee2e34e-4508-55a2-abad-e0740a8e8ba5) Prologue (#ulink_935fdaf3-9567-5438-8960-62367b1f3263) 1 Le journal (#ulink_5a3ab7c5-6844-5914-823f-db6441d3ad07) 2 Domaine des destins (#ulink_72e14169-d6b2-5cf7-b48e-a7884c2433e3) 3 Traqu?e (#ulink_8c917cc4-edb0-5eca-85bd-ae07ee952516) 4 L’entretien (#ulink_1d5fca21-1486-56fb-ad82-04e2129012cc) 5 Kidnapp?e (#ulink_b254e18d-9a7c-58b3-b4f8-4776cec8ec0a) 6 Cauchemars (#ulink_fee3e003-6591-50b4-8e22-6280a4b966c1) 7 Un pacte (#ulink_5c0c5db9-ff61-5988-afc3-66c34774332e) 8 Morsures pas tr?s amicales (#ulink_e7b93aaf-f9a5-54a8-9d56-e7a445588e45) 9 L’invitation (#ulink_1087e720-2d4a-5878-b153-70a12db3e383) 10 ?mes tourment?es (#ulink_60860873-32ec-5849-989c-e41206343da4) 11 Union d’?nergies (#ulink_c2acf709-a744-54b0-aa9f-7853b607be24) 12 Russian Roulette (#ulink_063736bc-2e66-559f-92af-e6a2dfd795c5) 13 Le voyage (#ulink_fdf93bae-0267-589f-b3ce-123d9249b8ba) 14 Son Infant (#ulink_13aa2c69-b21b-5d2e-81a2-eed4d82b9ad6) 15 Au-del? des t?n?bres (#ulink_1bc90cc8-82ce-5538-a90d-49032671d05a) 16 Cauchemars sans fin (#ulink_cc62b1c9-cbb6-5042-a8d3-655f71bcde08) 17 La v?rit? (#ulink_13796748-4b2b-50ec-8420-7e086844b9b6) 18 P?re J. R. (#ulink_381f8c91-8931-56c3-a135-f91aed757901) 19 Nouveau ravisseur (#ulink_7abd2cda-8f98-5dc6-8889-231a0d763a61) 20 Seule (#ulink_02c6f941-4043-5d89-b4ed-6d2631527526) 21 Nouveau pouvoir (#ulink_c33ec6b7-7749-510f-9e90-74c10a793190) 22 Lumi?re et t?n?bres (#ulink_047d8d00-1952-5f18-9d81-c59a24b01da0) 23 Le Conseil (#ulink_51b52e1c-b794-590b-b07a-94451cd5d569) ?pilogue (#ulink_47ac1e4a-0fc1-5445-b78c-60d6d6188b01) Chapitre bonus Valentines hant?es (#ulink_6dedad1d-02d3-5351-8448-42d5713b808e) AVEZ-VOUS AIM? CE LIVRE ? (#ulink_8b8e79a3-a0ac-5593-9ab1-a820368f83e1) A propos de l'auteur (#ulink_871e3698-5f9d-5798-8af8-93fe4237f4a3) D?dicace (#ulink_818707ec-8238-55ac-9150-1dfb3993a291) Remerciements (#ulink_8b0ac5bb-9352-52f2-908d-edf71f647d25) Copyright © May Freighter, 2021. May Freighter d?tient les droits d’auteur de ce travail en vertu de la loi 2000, l'amendement du droit d'auteur (droits moraux). Cette ?uvre est prot?g?e par des droits d'auteur. ? l'exception d’une utilisation autoris?e par la Loi de Copyright, Designs and Patents Act 1988, aucune partie ne peut ?tre reproduite, copi?e, num?ris?e, stock?e dans un syst?me de recherche, enregistr?e ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, sans l'autorisation ?crite de l'auteur. Ce livre est une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les incidents sont le produit de l’imagination de l’auteur. Toutes les d?clarations, descriptions, informations et documents de toute autre nature contenus dans le pr?sent document sont uniquement inclus ? des fins de divertissement. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou d?c?d?es, des ?v?nements ou des lieux est enti?rement fortuite. Tous les droits sont r?serv?s. S?RIES HELENA HAWTHORN Alexander : M?moires (Pr?quelle/S?ries AVIL) Russian Roulette Les portes d?moniques ?boulement du contr?le D?sir? Entretien monochrome (s?rie AVIL) Origines fatales Bien-aim?e Affiliations des t?n?bres Vous d?couvrirez dans ce livre une terminologie utilis?e dans la s?rie Helena Hawthorn. En voici un petit glossaire : Infant : Un humain chang? en vampire. Sire ou Dame : Un titre donn? ? un vampire g?niteur d’un autre vampire, partageant son ?nergie avec un humain. Conseil : Les vampires sont dirig?s par sept conseils, dont le r?le est d’emp?cher que le monde des humains les d?couvre et prot?gent leur peuple des attaques des chasseurs de vampires. Un Conseil est g?n?ralement compos? de 4 ? 5 membres, tous respect?s et craints par leur communaut?. Loups-garous sont des vampires qui servent volontairement le Conseil ou qui sont engag?s par les membres du Conseil. Leur nombre dans chaque conseil est en moyenne de 20 ? 50 vampires, ? l'exclusion des goules. Dissipation est le d?placement tr?s rapide et inhumain des vampires. Habituellement, un vampire peut parcourir des kilom?tres sans ressentir de fatigue. S’ils vont au-del? de leurs limites, ils risquent de se d?chirer les muscles des jambes, ce qui peut ?tre atroce et lent ? gu?rir s’ils n’ont pas de sang pour se nourrir. Donneurs : les humains qui font un don aux vampires apr?s avoir ?t? affili?s ? leurs cercles et avoir accept? la protection d'un vampire. Ils ont tendance ? bien gagner leur vie et certains acqui?rent m?me un pouvoir influent dans la soci?t? humaine gr?ce ? leurs liens avec des vampires. Humains sont tenus hors de la boucle par le surnaturel. Goules sont des humains ayant bu du sang de vampire juste avant de mourir. L'?change d'?nergie ne se produit jamais avec leur sire, comme il le ferait lors de la cr?ation d'un infant. Les jeunes vampires ont tendance ? prendre cela comme un d?veloppement et ? enterrer le corps dans le sol sans attendre, laissant la cr?ature se r?veiller avec l’envie irr?sistible de se nourrir de la chair des morts. Prologue Helena frissonna au contact du mur en pierre. Son c?ur se mit ? battre la chamade en r?alisant qu’elle avait les poignets ligot?s. Elle tira de toutes ses forces, mais ses cha?nes ?taient inflexibles. - Je crois qu’elle s’est r?veill?e, dit une voix rauque. - Alors qu’on en finisse, lui r?pondit une autre. Elle tourna sa t?te dans la direction des voix. Le mouvement rendit sa vision trouble et elle plissa des yeux. Des caisses et des bo?tes empil?es ?taient ?clair?es par une ampoule ? faible puissance. Un homme chauve assis ? une table, les pieds crois?es, tenait un journal local dans ses mains muscl?es. Le deuxi?me homme s'?carta du mur crasseux et s’approcha d’elle en tra?nant des pieds. Son sourire d?routant r?v?la une s?rie de canines allong?es. Elle retint son souffle. - T’es pas un peu trop jeune pour travailler pour Alexander ? lui demanda-t-il. Il fit la grimace en arquant des sourcils. Son attention passa d’un ravisseur ? l`autre. Elle ne travaillait pas pour Alexander, elle ne voulait jamais le revoir, ni revoir Lucious, d’ailleurs. L'inconnu s'arr?ta ? un pied d’elle. Ses cheveux noirs et gras ?pars ?taient coll?s ? son cuir chevelu. Quelques m?ches lui tombaient sur les yeux, voilant ses lourdes paupi?res. Il tendit la main, l’attrapa par les cheveux et tira fort pour lui relever la t?te et la regarder dans les yeux. - Je t'ai pos?e une question, humaine ! Elle plissa le nez. Son haleine lui donnait envie de vomir - un m?lange de tabac bon march?, de bi?re et d’on ne sait quoi d’autre. La panique ne r?soudra rien, pensa-t-elle, mais son c?ur ignora cette tentative de rationalisation. - Je ne travaille pas pour lui, dit-elle surprise par le ton in?branlable de sa voix. Il fit un signe de main vers sa chemise et son pantalon ?l?gants. - On t'a vu sortir de son club, habill?e comme ?a. Helena se retint de rouler des yeux. S'il avait ?t? ? l'int?rieur de son ?tablissement, il aurait su que le personnel d'Alexander ne portait pas d'uniforme. Ah, si, les videurs en portaient… - C'est ce que les gens portent pour un entretien ! Ses yeux brill?rent d'une lueur gris clair et elle regretta aussit?t son ton grossier. Elle tressaillit sous son regard mena?ant, qui lui rappelait un enfant de deux ans qu'elle avait pour habitude de garder. Le gamin la fusillait toujours du regard lorsqu’elle refusait de lui donner des bonbons. - …tu m’entends ? Il lui avait tir? la t?te en arri?re d’un mouvement brusque, lui rel?cha les cheveux en lui criant dessus. Elle sentit un terrible mal de t?te. - Je crois que j’y suis all? un peu fort. - Rick,… intervint son compagnon en posant son journal sur la table, si tu ne peux rien tirer d’elle… - Si, j’y arriverai ! Helena comprit que ‘Rick’ n’?tait pas le patron. L’autre homme ?tait autoritaire. Elle s'imagina Rick se d?mener pour lire un roman de Tolsto?. Elle retroussa ses l?vres en un sourire moqueur. - Qu’est-ce qu’il y a de si dr?le ? Est-ce que tu te rends compte de la situation dans laquelle tu t’es mise ? l?cha Rick. Elle le fusilla du regard. C’?tait inutile de discuter avec lui. - Quoi ? Elle sentit sa joue gauche br?ler, il venait de la gifler. Elle remua pour effacer la douleur et ressentit une crampe ? l’estomac. Elle ?tait encha?n?e ? un mur avec deux hommes inconnus dans une pi?ce sombre. Une douleur lancinante s'enracina dans ses bras, elle se mordit la l?vre inf?rieure pour emp?cher sa langue acerbe de lui causer plus de probl?mes. Rick se pencha vers elle et ses l?vres lui effleur?rent l’oreille. - Voyons ce que tu sais. Il serra sa t?te entre ses mains et la for?a ? le regarder. Il lui sourit en la fixant dans les yeux. Helena se d?battit en criant : - L?che-moi ! - Calme-toi, humaine. Son ton dur se transforma en une m?lodie apaisante. Son corps se d?tendit en entendant l’ordre. Ses yeux brillants ?taient devenus le centre de son univers. Tout ce qu'il disait ?tait un ordre ? ex?cuter. Son cerveau essayait de lutter contre sa domination. Pourquoi Lucious n'a pas pu m'influencer, alors que cet idiot y arrive ? - Est-ce que tu m’entends ? - Oui. - Ob?iras-tu ? mes ordres ? Elle r?pondit d’un ton monotone et d?pourvu d’?motions : - Oui. Se penchant jusqu'? ce que leurs nez se touchent, Rick lui posa la question ? un million de dollars. - Est-ce que tu travailles pour Alexander ? - Non ! La lueur grise dans ses yeux s'intensifia, lui donnant l'impression qu'elle flottait. Ses poignets palpitaient. Le m?tal s’enfon?ait dans sa peau et elle laissa ?chapper un g?missement. - Est-ce que tu connais Lucious ? - Oui. Les doigts du vampire s'enfonc?rent dans sa m?choire et elle grima?a. - O? est-il ? Que sais-tu de lui ? - ? la Roulette Russe. Il voulait me voir pour briser le lien. Son partenaire bondit hors de sa chaise en la renversant. - Quel lien ? Les mots lui manquaient, elle ?tait confuse. - R?ponds-lui, siffla Rick en lui tirant la t?te en arri?re. - Je ne sais pas, c’?tait un accident. Dans sa frustration, Rick la secoua. - Je te viderai de tout ton sang, si tu ne me donnes pas la bonne r?ponse ! Son partenaire avait sorti son t?l?phone et tapait quelque chose sur l'?cran. - Elle n’a pas beaucoup d’informations ? nous donner, mais elle pourrait nous ?tre utile pour autre chose. Rick fit glisser ses doigts le long de ses bras, approchant son ongle de sa jugulaire. - Est-ce que je peux m’amuser ? Son influence sur elle s’?tait estomp?e et Helena fixait le c?t? de sa t?te. - Tu peux te nourrir, mais va pas trop loin. Nous pourrions en tirer un bon prix plus tard. Tout son corps frissonna en voyant le sourire de Rick s’?largir. Elle n’en savait pas assez sur le lien, elle ne pouvait donc pas utiliser cette information ? son avantage. Elle ne savait pas grand-chose sur Lucious, Alexander et leurs projets. Helena g?mit. Son mal de t?te s’?tait transform? en un bourdonnement constant. En fermant les yeux, elle fit une pri?re pour que Michael fasse son apparition et lui annonce de bonnes nouvelles. Le patron les regarda un instant avant de retourner son attention vers son t?l?phone. - Tu as deux minutes. Il sortit ? grands pas de la pi?ce sans dire un mot de plus. Le patron de Rick dissipa, elle se mit ? regretter son comportement. Elle regarda la porte se refermer, souhaitant qu’il revienne bient?t. Rick sortit un couteau suisse de la poche de son jeans. Une ?tincelle brillait dans ses iris alors qu'il ouvrait la lame. Helena ferma les yeux. Elle refusait d’?tre sa marionnette. La pointe m?tallique froide effleura sa joue. - Si tu n'ouvres pas les yeux, je lac?rerai ton joli petit visage. Elle h?sita. Elle sentait toujours la piq?re de la pointe de la lame contre sa joue. Elle serra des dents et ouvrit les paupi?res. Une seconde de contact visuel avait suffi pour la faire retomber sous son emprise. - Bien ! Ne bouge pas. Son corps refusait de bouger et elle se r?primanda d'?tre aussi faible. Un ? un, les boutons de son chemisier saut?rent. Le dernier arrach?, il ?carta le tissu de sa poitrine. Ses yeux scintillaient comme ceux d’un enfant d?ballant un cadeau de No?l. Il examina sa poitrine et sa respiration s’acc?l?ra. Peu importait ses efforts, elle n'arrivait pas ? sortir de son emprise mentale. Il fit une petite entaille dans sa peau p?le. Du sang monta ? la surface et se mit ? couler sur ses petits seins, tachant son soutien-gorge. Il fit glisser le c?t? plat de la lame le long de sa poitrine, s?duit par le doux parfum de son sang. Elle ?tait certaine qu’il n’?tait pas du tout attir? par la vue de sa poitrine. Son emprise mentale disparut et elle fut en mesure de reprendre le contr?le de ses membres. Ses hanches se r?tract?rent lorsque le couteau descendit vers ses hanches. Le m?tal s'enfon?a dans sa peau. Elle laissa ?chapper un cri d'agonie. Le patron refit son apparition en criant : - Je croyais t'avoir dit de te nourrir et rien d'autre. Rick retira sa lame. - Cette salope n'est pas facile ? contr?ler. Si je ne la regarde pas droit dans les yeux, elle arrive ? rompre l'hypnose. - Ce n’est pas mon probl?me, grogna l’homme. Laisse-la tranquille jusqu'? ce qu'il vienne la chercher. On doit se pr?parer. Grognant dans sa barbe, Rick l?cha le sang sur la lame et poussa un g?missement de satisfaction. Il lan?a un regard fugitif dans sa direction, puis rangea son couteau et sortit de la pi?ce avec son partenaire. Elle avait la bouche s?che. Elle examina son entaille. Des lignes rouge fonc? coulaient le long de ses c?tes. Elle reposa sa t?te contre le mur, se concentrant sur le plafond blanc pour emp?cher que la naus?e ne fasse remonter sa bile. Qu'est-ce que je vais faire ? Personne ne sait o? je suis, pensa-t-elle. - Ce n’est pas vrai, r?pondit une voix m?tallique sur sa droite. Elle se tourna en poussant un grognement. Elle avait tr?s mal ? la t?te, comme si elle avait re?u un coup de marteau au visage. Son ange gardien se tenait ? un m?tre d'elle, il avait des traits anguleux entour?s d’une longue crini?re de cheveux raides dor?s. - O? ?tais-tu pass? ? Michael inclina la t?te pour s'excuser. - Je sais, j'aurais d? venir plus t?t. Je voulais savoir qui ils avaient contact?, alors j'ai suivi… Il se pr?cipita vers elle sans finir sa phrase. Sa main plana sur ses blessures. Il serra des dents. - Tu es bless?e. - Je vais bien, mais comment tu vas … Elle n’avait pas fini sa phrase. Cette situation ?tait comique. Il ?tait l?, mais il ne pouvait pas la sauver. Sa pr?sence fantomatique le for?ait ? n’?tre qu’un observateur dans son royaume. M?me s’il l’avait voulu, il n’aurait pas pu intervenir. Ils le savaient tous les deux. - Il viendra, soupira Michael. - Et si je ne veux pas le voir ? - Helena, tu sais ce qui va t’arriver si tu ne sors pas d’ici. Elle arqua un sourcil. - Tu l'as insult? il y a quelques heures, qu'est-ce qui a chang? ? - S'il pouvait te sortir d'ici, je serais pr?t ? changer ma terminologie. Helena renifla. D?cid?ment, ce n’?tait pas son jour. 1 Le journal Cinq jours avant… Le dernier carton ferm?, Helena s'?tira pour soulager la douleur au bas de son dos. Elle essuya son front en sueur et inspecta sa chambre : un oc?an de cartons et de valises. Apr?s une derni?re v?rification, elle ferma les yeux. Le rythme des battements de son c?ur la confortait. De joyeux souvenirs se confondaient avec l'odeur famili?re des bougies parfum?es ? la rose pos?es sur le rebord de sa fen?tre. Du rez-de-chauss?e, les voix ?touff?es de sa m?re et de Richard naviguaient vers sa chambre. C'?tait ici qu'elle avait grandi et cette maison allait beaucoup lui manquer. Ses doigts la d?mangeaient d’impatience et un sourire se dessina sur ses l?vres. Assise sur le bord de son lit, elle glissa sa main sous l’oreiller pour sortir un journal intime. Elle posa la masse de deux pouces d'?paisseur sur ses genoux. Elle n'avait pas arr?t? d'y penser depuis qu'elle l’avait trouv? dans le grenier poussi?reux la veille au soir. D?s qu'elle avait pos? les yeux sur sa couverture en cuir grav? de feuilles de foug?re, elle avait senti une envie pressante de lire les secrets qu'il contenait. mais la priorit? ?tait empaqueter se affaires. Si elle n’avait pas fini ? temps, elle aurait ?t? oblig?e d’?couter les plaintes de Laura jusqu’? en avoir mal aux oreilles. Elle ouvrit le journal, qui r?v?la la premi?re page, vieille et jaunie. Une liste de noms ?crits ? la main par diff?rentes personnes. Peut-?tre que le journal n’appartenait pas ? un seul propri?taire. Un nom en particulier avait attir? son attention. Elle avait parcouru les ?tranges croquis et dessins de plantes, et reconnu quelques-unes du jardin de sa grand-m?re lorsqu'elle ?tait petite. Une langue archa?que, dans une encre ternie, couvrait les pages us?es. Elle reconnut certaines des belles lettres incurv?es et sa main se figea. Sa grand-m?re ?tait la derni?re propri?taire de ce journal. Helena sourit au souvenir doux-amer du temps qu'elles avaient pass? ensemble. La vieille femme avait souvent pour habitude de lui lire des histoires de sorci?res qui combattaient les forces du mal - des histoires qu'elle n'oublierait jamais. Ses souvenirs heureux s’effac?rent pour ?tre remplac?s par les ?pisodes tragiques du pass?. Sa m?re lui avait tout simplement dit que sa grand-m?re aimante s’?tait suicid?e en mettant le feu ? leur maison, suite ? une crise de folie. Mais ces ?pisodes tir?s de son enfance ?taient une ?nigme qu'elle n'avait jamais r?ussi ? r?soudre. Elle entendit soudain Michael lui parler dans sa t?te et elle sursauta. - Sasha a fini les pr?paratifs. Tu devrais te changer. - Je suis occup?e, r?pondit-elle. - C'est ta derni?re nuit, ici. Ce que tu fais en ce moment ne peut pas ?tre plus important que de passer un peu de temps avec tes parents. Elle ferma le journal en le claquant. - Tr?s bien ! Elle se leva, jeta un regard fugace ? la cachette et se planta devant son vestiaire. Les v?tements qu'elle avait pr?par?s pour le d?ner de ce soir ?taient pos?s sur l'?tag?re du haut. Elle retira son surv?tement t?ch? de sueur et mit un t-shirt ample et un jean. D?s qu’elle ouvrit la porte, elle sentit l’odeur exquise du d?ner. Son estomac gargouilla alors qu’elle descendait les escaliers. Elle se retrouva face ? plusieurs d?licieux mets dispos?s sur la table ronde en ch?ne. Sa m?re, comme d'habitude, avait mis le paquet. Mais Helena s'abstint de le souligner et se contenta de se r?jouir de l'odeur d?lectable du poulet r?ti. Les cheveux poivre et sel de son beau-p?re se dress?rent devant ses yeux, alors qu’il se d?menait pour ouvrir une bouteille de vin. - Allez, tu ne vas pas rester l? ? rien faire ! Le petit accent russe de sa m?re ne manquait jamais ? se manifester quand elle ?tait inqui?te. Elle renifla et empila des assiettes et des couverts dans les mains d'Helena, avant de redispara?tre dans la cuisine. Helena se mit ? pr?parer la table en marmonnant : - Bonjour, maman ! Richard posa la bouteille sur la surface laqu?e et fit la moue. Le bouchon ?tait ? moiti? coinc? dans le goulot de la bouteille et refusait de bouger. - ?a fait longtemps que nous n’avons pas bu de champagne, dit Helena. - Tu as raison. Je crois que Sasha en a achet? pour l'occasion. Il sortit de la pi?ce et sa m?re r?apparut. Ses deux yeux marrons se fix?rent sur Helena. Elle passa ses doigts dans ses cheveux courts platine et le bombardement ?motionnel commen?a. - Es-tu s?re de vouloir d?m?nager ? Tu peux rester avec nous jusqu'? la fin de tes ?tudes ou… Helena croisa les bras. - Maman, nous avons d?j? eu cette discussion la semaine derni?re. - Oui, je sais. Elle se serait donn? un coup de pied, elle avait horreur de contrarier sa m?re. Sa vie universitaire serait plus facile si elle emm?nageait avec ses amis. Elle jeta un coup d'?il ? la porte de la cuisine. Richard prenait plus de temps que pr?vu pour revenir. Elle tapa du pied pour rompre le silence. La sc?ne de tristesse jou? par sa m?re ?tait termin?e, elle redressa ses ?paules avec la d?sapprobation encore grav?e dans les rides de son visage. - Je sais que tu t’inqui?tes pour moi, maman, mais je serai avec Laura et Andrew. Sasha se d?contracta et serra sa fille dans ses bras. - Tu es ma fille unique, comment veux-tu que je ne m’inqui?te pas ? Helena lui tapota le dos, ne sachant pas quoi dire ou faire. Heureusement, Dieu lui vint en aide. Elles entendirent un grand bruit venant de la cuisine et un l?ger tintement de verres. Richard refit son apparition avec un grand sourire aux l?vres r?v?lant ses dents nacr?es, une bouteille de champagne d?bouch?e et trois fl?tes. - Alors comment ?a va, vous deux ? - Tr?s bien, r?pondit sa m?re. Elle s'?carta d'Helena, plia son tablier sur le dossier de sa chaise et s'assit. Helena s’installa sur la chaise ? c?t?. Richard leur versa ? chacune un verre et s’assit ? table. Il fit la grimace en buvant une gorg?e. Helena baissa ses yeux sur ses cuisses. Elle aimait beaucoup son beau-p?re. M?me s'il ?tait toujours tr?s occup? par son poste de directeur du d?partement des sciences, il aimait la vie de famille. Il ne se plaignait jamais. Il avait pris soin d'elle et de sa m?re, apr?s que son p?re les avait quitt?es sans leur donner d’explication. - Est-ce que tu as rendu ton formulaire d’inscription ? demanda Richard. Helena leva la t?te. - Ouais, le jour o? je l’ai re?u. - Ce que tu as choisi ne me pla?t pas beaucoup. Le salaire de m?decin ou avocat est plus ?lev? qu'un… Sa m?re leva la main en l'air cherchant le mot juste. - C’est quoi d?j? ce que tu fais ? Helena d?tourna son regard. Des yeux froids de sa m?re ?manait assez de d?ception pour y noyer toute une arm?e. Le silence se prolongea et Helena serra ses couverts. Le m?tal chauffait dans le creux de ses paumes. - Si je d?couvre que c’est ennuyeux, je pourrais toujours changer. Discussion termin?e, Helena reporta son attention sur son assiette. Richard s'?claircit la gorge. - J'ai entendu dire que demain il y aura une pluie torrentielle. J'esp?re que ton d?m?nagement se passera bien. Sa m?re lan?a ? Helena un regard bref lui disant que leur conversation n'?tait pas encore finie. Elle se tourna vers son mari. - J’esp?re que le temps ne sera pas trop mauvais, j’ai rendez-vous avec les filles. Helena prit le changement de sujet comme un sursis et fit ? Richard un « merci » de la t?te et il lui r?pondit par un clin d'?il. ***** Le d?ner termin?, Helena ?tait affair?e de mettre la vaisselle dans le lave-vaisselle. - Est-ce que je peux te parler une minute ? la fit sursauter la voix profonde de baryton de Richard. Elle hocha la t?te et se redressa. - D'abord et avant tout, tu es toujours la bienvenue ici… Ses yeux scrut?rent la cuisine. Helena le fixait en lui souriant. - Euh, Richard ? - Bien ! Deuxi?mement, j’aimerais que tu saches que nous t'aimons. Si tu as besoin de quoi que ce soit, nous serons toujours l? pour toi. Il h?sita une seconde avant d’ouvrir les bras pour l'attirer dans une ?treinte maladroite. Son corps maigre irradiait de chaleur et elle sentit un serrement au c?ur. - Appelle-nous si quelque chose arrive ou… - C’est bon, j’ai compris, marmonna-t-elle sur son ?paule. Il la l?cha et se frotta la nuque. - Tu devrais aller te reposer. Tout le monde se r?veillera tr?s t?t demain matin. - Oui, tu as raison. D?s qu’il sortit de la cuisine, elle s'empressa de ranger le reste de la vaisselle en pensant au comportement de Richard. ?tait-il inquiet pour elle ? Pourquoi ? Elle haussa les ?paules et appuya sur le bouton « marche » du lave-vaisselle. En haut des escaliers, elle entendit de faibles chuchotements venant de la chambre de sa m?re. Elle se faufila dans le couloir et appuya son dos contre le mur. - ... tu lui as dit ? entendit-elle la voix agit?e de Sasha en premier. - Oui, tu ne devrais pas t'inqui?ter. Tout ira bien, r?pondit Richard. Sa m?re parla plus fort. - Et s’il se passait quelque chose et qu’elle se souvienne ? - Chut, Sasha. Si elle nous entend, elle nous posera des tas de questions. Tout ce que nous devons faire est de la surveiller. Interf?rer dans sa vie pourrait cr?er une m?sentente entre vous deux et je ne pense pas que c’est ce que tu veux. Choqu?e, Helena posa sa main sur son torse. Elle tituba jusqu'? sa chambre et tra?na ses pieds jusqu'? ce qu'elle s'effondre sur son lit. Elle laissa ?chapper un soupir en fixant le plafond. - Qu’est-ce qu’ils me cachent ? Michael se mat?rialisa ? c?t? d'elle. Il suivit son regard fix? sur les ?toiles phosphorescentes qui avaient pour habitude de la fasciner dans son enfance. - Je me souviens du jour o? ton beau-p?re les a coll?es. Il ?tait tomb? de ce lit deux fois. - Quoi ? - Est-ce que tu te rappelles pourquoi il avait fait ?a ? - Richard m’a dit que j'avais l'habitude de faire des cauchemars quand j'?tais plus jeune. Des cauchemars dont je ne me souviens pas… -Tu ?tais une enfant. Tu ferais mieux d’oublier. Helena se redressa. - Tu parles s?rieusement ? Ils me cachent quelque chose, une chose importante. Je le sens. Michael se tourna et leurs yeux se crois?rent. Elle adorait fixer les profondeurs azur de ses yeux. Ils ?taient d’une beaut? enchanteresse, ils ressemblaient ? deux pierres pr?cieuses renfermant des milliers de secrets. Elle savait qu’il lui cachait beaucoup de choses la concernant. Elle savait que quelque chose ne tournait pas rond, il lui cachait des secrets qu’il n’?tait pas autoris? ? lui r?v?ler. - Tu ?tais trop jeune pour t’en souvenir. Elle lui lan?a un regard s?v?re. - J'ai une bonne m?moire, Michael. - Ne me regarde pas avec ces yeux de meurtrier. J'ai r?pondu ? ta question. Les terreurs nocturnes de son enfance ne pouvaient pas ?tre l’explication plausible de l’inqui?tude de ses parents. - Tu finiras par avoir des rides, si tu continues ? faire la grimace ! Elle se laissa tomber sur le lit et soupira. - D'accord, je vais laisser tomber, pour l'instant. Michael s’?tait allong? ? c?t? d'elle, sans que le matelas ne s’enfonce d’un seul millim?tre. Le fait qu'il n'ait pas de corps physique la troublait encore aujourd'hui. - Repose-toi. Tu as beaucoup de choses ? faire demain. sans prendre la peine de se mettre en pyjama, elle se glissa sous les couvertures et demanda : - quoique je choisisse, tu seras toujours l? pour moi ? - Bonne nuit, Helena. ***** Elle se brossait les cheveux pour la deuxi?me fois ce matin-l? et leurs yeux se crois?rent dans le miroir. Au moins, Michael s'abstenait de faire son apparition lorsqu'elle ?tait sous la douche ou aux toilettes. Elle plissa des yeux. - Quoi ? - Rien ! - Tu n'as pas arr?t? de me regarder depuis mon r?veil. Dis-moi qu'est-ce qui ne vas pas ! Est-ce que c'est mes cheveux ? Il retroussa les coins de ses l?vres. - Tu es nerveuse. Helena se retourna. - C’est normal, non ? J’ai pris une d?cision qui va chambouler toute ma vie. - Moi qui croyait que tu ?tais une fille tr?s calme, recueillie et observatrice ? Elle croisa les bras sur sa poitrine. - T’as fini ? - Non, une derni?re chose, Andrew est ? la porte. Elle fixa son ange gardien et se pr?cipita en bas. Des gazouillements d'oiseaux lui remplirent les oreilles et elle grogna. La sonnette ringarde ?tait l'id?e de sa m?re. A la derni?re marche, elle ?vita de justesse de tr?bucher. Elle ouvrit la porte entre deux respirations profondes et sourit ? son futur colocataire. - Alors, comment as-tu pr?vu de t’y prendre ? Le sourire d’Andrew s’effa?a. Il se tapota le menton de l’index. - Hum, la premi?re ?tape serait d’entrer. Il entra sans attendre d'y ?tre invit?. - Et, maintenant, on prend tes affaires. Helena roula des yeux. - C'est tr?s dr?le. Je voulais dire, est-ce que tu as une id?e pour transporter mes affaires ? - Ne t'inqui?te pas, ?pine, on le saura ? temps. Elle ignora le surnom aga?ant que ses amis lui avaient donn?e ? l'?cole et jeta un coup d’?il derri?re lui. Il y avait une fourgonnette blanche gar?e dans l’all?e. - Elle est ? toi ? demanda-t-elle. - Papa m'a pr?t? une de ses voitures d'entreprise pour la journ?e. Il m'a demand? de ne pas la bousiller, alors j'esp?re que tes affaires ne sont pas trop lourdes. Helena cacha son irritation derri?re un faux sourire. Elle lui fit signe de la suivre. - Allons-y ! - Allons-y, s'il te pla?t. Elle lui lan?a un regard agac?. - Rabat-joie ! Il la suivit dans les escaliers. Arriv? ? la porte de sa chambre, il dit : - Je parie que tout est rose et ? froufrous l?-dedans. - Plus tu parles, plus tu sors de conneries du trou que tu appelles une bouche. Il claqua sa main sur sa poitrine d'un geste dramatique. - Tu me vexes, ?pine. Helena hocha la t?te et ouvrit la porte. Andrew balaya la pi?ce du regard et son expression r?v?la une pointe de d?ception. Elle sourit. - D??u ? Pas de rose et pas de froufrous. - Des v?tements amples, des cheveux violets et une chambre triste… Je me demande si tu es une fille normale ? - mm mm. ***** Jusqu'? pr?sent, Andrew et Laura avaient gard? secrets les d?tails de leur appartement. Ils voulaient la surprendre et ils avaient r?ussi. Ses yeux s'?carquill?rent ? la vue de l'immeuble en briques rouges, ressemblant ? une forteresse. Vivre dans un ch?teau n'?tait peut-?tre pas une mauvaise id?e, surtout qu’ils avaient des fen?tres surdimensionn?es donnant sur le paysage urbain. - Ouah, l’appart est l?-dedans ? demanda-t-elle. Andrew la regarda avec un soup?on d'amusement. - Tu aimes ? Elle se retint de sauter sur place et afficha un visage l?g?rement d?sint?ress?. - Tant que je n’ai pas vu l’int?rieur, c'est difficile de juger. - Ne vous inqui?tez pas, Votre Altesse, nous l'avons choisi en prenant en compte tout ce que vous aimez. Elle lui lan?a un regard per?ant et il lui tira la langue. Elle se demandait si sa d?cision d'emm?nager avec ses deux meilleurs amis ?tait une bonne id?e. Andrew ouvrit la porte vitr?e et la laissa entrer en premier. Elle ?valua le hall d'entr?e blanc et simple. Un gardien potel? au comptoir pr?s de l'ascenseur les ignora. Si une chose arrivait, elle savait qu’il ne lui proposerait pas son aide. - Reviens sur terre. Le visage d'Andrew apparut ? quelques centim?tres du sien. L'odeur de son apr?s-rasage frais emplit ses narines, alors que ses yeux vert for?t la fixaient. - Est-ce que tu veux visiter l'endroit ou non ? Elle sentit ses joues chauffer. Esp?rant mettre fin ? son embarras, elle se dirigea vers l’ascenseur o? elle ?crasa le bouton jusqu'? ce que les portes s'ouvrent, avant d’entrer dans l’enceinte m?tallique. Avec un petit rire, il appuya sur le bouton et l’ascenseur se mit ? bouger. Au cinqui?me ?tage, le sol ?tait couvert d’un tapis vert mousse et les murs ?taient tous blancs. Le soleil du matin des tons bleus dans le couloir des tons bleus. Arriv?s ? la porte de leur appartement, Andrew glissa une carte-cl? au-dessus de la poign?e. Helena posa un pied ? l’int?rieur et ses chaussures de course grinc?rent sur le parquet poli. ? chaque pas, ses yeux s'?carquillaient encore plus et elle se retrouva tr?s vite dans un salon spacieux. Deux confortables canap?s en cuir et une grande t?l?vision LED accroch?e au mur, ainsi que des photographies de monuments de la ville et de rues c?l?bres. Elle aimait m?me le d?tail de la petite ballerine en c?ramique sur la table basse. - C’est combien, le loyer ? demanda Helena. A Dublin, impossible de louer un appartement aussi spacieux sans d?bourser une fortune. - Le p?re de Laura est propri?taire du b?timent et, comme il aime beaucoup sa fille… disons qu'il nous a laiss? l'appartement ? un prix abordable. Helena leva un sourcil. D'un pas furtif, Laura ?mergea derri?re eux et tapota Helena sur les ?paules. - Heureuse de te voir. O? sont tes affaires ? Helena essayait de contr?ler son excitation. Andrew tapota la t?te de Laura et se mit ? jouer avec ses boucles blond v?nitien. Laura Quinn n'?tait pas grande, 1m 50, mais sa taille ?tait compens?e par sa personnalit?. Se disputer avec elle ?tait comme se battre nue et seule contre une horde de sauvages. Helena se rappela la fois o? elles avaient d?battu sur le possible vainqueur d’un concours de chant. Sa d?faite avait ?t? tourn?e en une frasque, se d?colorer les cheveux et se les teindre en violet lors d'une soir?e pyjama. - Je croyais que tu allais nous aider, d?clara Andrew. Laura fit la moue. - J'ai trop mal aux bras d’avoir port? mes affaires… Elle lui pointa l`index contre la poitrine, puisque tu ne t'es pas donn? la peine de m'aider. Andrew leva les mains comme pour se rendre. - H?, je suis all? chercher ?pine. Elle n’a pas de voiture, contrairement ? toi. Je parie que si tu voulais de l'aide, tu aurais facilement pu convaincre le gardien de jouer le r?le d’esclave. - Tr?s dr?le, ce n’est pas mon genre. Helena se frotta les yeux. Ces deux-l? avaient trop d’?nergie et il n’?tait m?me pas dix heures. - J'ai besoin de la carte-cl? et des cl?s de la voiture. - Ne t'inqui?te pas, ?pine, je ne vais pas t'abandonner et te laisser porter tes cartons extr?mement lourds toute seule, dit Andrew. Laura croisa les bras. - Tr?s bien ! Mince ! Il faut que je vous donne un coup de main. - Excellent ! Plus on est fous, plus on rit. Helena se dirigea vers la porte et Laura se mit en travers de son chemin. - J'ai oubli? de te demander, comment ?a se passe ta recherche d’emploi ? Est-ce que t’as besoin d'aide ? - Non, merci. Je me d?brouillerai toute seule. - Tr?s bien, n’h?site pas ? m’en parler si tu as un probl?me. Ah, je vais te faire visiter l'?tage pendant qu'Andrew va chercher tes affaires. Laura n’attendit pas sa r?ponse et la tra?na presque dans l'escalier m?tallique. - H?, qui va me donner un coup de main ? cria Andrew apr?s elles. Laura se pencha par-dessus la rampe. - On viendra t’aider une fois que j’aurai montr? sa chambre ? Helena. - Ouai et ?a n'a rien ? voir avec le fait que tu sois trop paresseuse pour donner un coup de main. Alors, tu lui apprends ? glander comme toi ? - On te rejoindra en bas dans quelques minutes, hurla Laura en retour. Elle tra?na Helena et la poussa dans une pi?ce sur la gauche. - Qu'en penses-tu ? Le c?ur d’Helena fondit de bonheur. La chambre ?tait tr?s bien ?clair?e avec des murs bordeaux. Des draps bleu p?le recouvraient le lit double plac? entre deux tables de chevet brun orang?. Le mobilier n’?tait pas vraiment ? son go?t. De la fen?tre, on voyait la mer d'Irlande et elle poussa un l?ger soupir. - Je savais que tu l’aimerais. J'ai d? lutter contre mon instinct int?rieur pour te laisser cette chambre. - Ce paysage est superbe, mais pourquoi tu fais ?a ? Laura lui fit un clin d'?il. - Tu peux prendre ?a comme un pot-de-vin. Helena savait ce qui allait suivre. Laura manigan?ait quelque chose et c’?tait pour elle une tentative minutieuse pour lui l?cher les bottes en faisant semblant d’?tre altruiste. Elle attendit que son amie reprenne son souffle. - Ne le prends pas mal, Hel, mais que penses-tu d’Andrew ? Helena haussa un sourcil. Elle s'attendait ? une chose comme des t?ches m?nag?res ou l'aider ? faire ses devoirs, mais pas du tout ? ?a. - C’est juste un copain ? Laura tapa du pied sur le doux tapis noir. - Je veux dire en tant que mec. Est-ce qu'au moins tu le consid?res comme appartenant au sexe oppos? ? Helena fron?a l?g?rement des sourcils. - O? veux-tu en venir ? - Ok, r?pondit Laura en roulant les ?paules comme pour se pr?parer ? une bagarre. J’ai ?t? surprise lorsqu’il m’en a parl?. Qui aurait pu le croire ? Et moi, en tant que meilleure amie, je crois que je pourrais arranger les choses entre vous. Au d?but, j'avais quelques appr?hensions. Est-ce que tu comprends o? je veux en venir ? Helena fron?a encore plus des sourcils. - Est-ce que tu peux ?tre un peu plus claire, s'il te plait ? - Bon Dieu, Hel, tu comprends vite lorsqu'il s’agit d’autre chose que de romance. En gros, Andrew m'a demand?e si tu l'aimais bien. - Oh… Elle n'avait pas du tout pens? ? ?a. Andrew ne pouvait pas s'int?resser ? elle. Bien s?r, il la taquinait tout le temps et il l'appelait par son surnom. L'id?e de sortir avec lui, lui semblait aussi bizarre que de faire du sport. Mais ?tait-ce une bonne id?e ? Elle avait entendu trop d'histoires de disputes entre amis d?s qu’ils sortaient ensemble. - Tr?s bien, je vois que tu es entr?e dans ton propre petit monde, lui dit Laura. - Je ne sais pas quoi te r?pondre. Je veux dire, je… - Tu n'y a jamais pens?. Helena hocha la t?te. - Eh bien, r?fl?chis-y. On a encore du temps. Maintenant, on ferait mieux d'aller l'aider, sinon il nous fera une plaintathon. Helena renifla. - Je pensais que c'?tait toi la pro pour faire ?a. - Je m'en souviendrai, ?pine. Maintenant, allons-y ! ***** Vers vingt heures, Helena d?cida d’aller dans sa chambre sans attendre la livraison des plats chinois qu’ils avaient command?s. La vue splendide par sa fen?tre disparut lorsqu'elle alluma la lampe de chevet. Enfin, un peu de paix, pensa-t-elle en cherchant dans sa valise le journal. Helena feuilleta les pages, fascin?e par les d?tails des dessins, jusqu'? ce qu'elle tombe sur l'?criture famili?re. Elle essaya de lire le texte en russe. Concentr?e sur le journal, elle n’avait pas entendu les coups sur la porte. La porte s'ouvrit et elle ferma brusquement le journal et le glissa d’un geste rapide sous son oreiller. - Oui ? demanda-t-elle ? Laura. - La bouffe est arriv?e. J'ai appel? et j'ai frapp?, mais… Laura rentra et ferma la porte derri?re elle. - Qu'est-ce que tu lisais ? Helena r?fl?chit ? une r?ponse, elle ne voulait surtout pas que Laura pense qu’elle ?tait folle de lire ce genre de chose. - C'est juste un truc que j'ai trouv? dans mon grenier. Les l?vres de Laura s’?tendirent en un sourire narquois. - Je parie qu’il s’agit des escapades amoureuses de ta m?re. Laura ?tait une bonne amie, mais souvent sa curiosit? la poussait ? empi?ter dans l’intimit? des gens. Helena savait que Laura n’arriverait pas ? le lire, mais elle savait qu’elle ne baisserait pas les bras. Gr?ce ? l'internet et aux logiciels en ligne, tout pouvait ?tre traduit. Alors, Helena joua le jeu. - C'est embarrassant. - Je le savais ! Laura s'avan?a ? grands pas avec une main tendue vers le journal. Helena se redressa et serra les ?paules de Laura. - La bouffe va ?tre froide. - Tr?s bien, mais tu me raconteras les d?tails d?go?tants plus tard. - Bien s?r ! Helena poussa son amie hors de la pi?ce et appela mentalement Michael. Il lui r?pondit aussit?t. - Quoi ? Qui a-t-il ? Tu as l'air boulevers?e. - On doit parler de ce journal. 2 Domaine des destins Il faisait nuit. ? sa connaissance, tout le monde dormait. Elle faisait les cent pas autour du lit, les bras crois?s, son esprit n’arr?tant pas de cogiter. - Que veux-tu dire ? demanda-t-elle ? Michael. Il ne r?pondit pas et la regarda comme s'il souffrait. - Me caches-tu un autre secret ? Il est mon vrai p?re. S'il a ?t? pris par le monstre mentionn? dans le journal de grand-m?re, je dois savoir… Elle cligna des yeux pour chasser ses larmes. - ... il y a des chances qu'il ne nous ait pas abandonn?s... - Helena, commen?a Michael sur un ton apaisant. Elle lan?a ses mains en l'air. - N'essaye pas de me calmer et dis-moi comment le retrouver ! Retenant un juron, elle se rappela qu'elle devait se taire, une chose difficile ? faire ? chaque seconde qui passait. Elle inspira pour calmer sa col?re. - S'il te pla?t, dis-moi quelque chose. N'importe quoi ! - Allonge-toi. Elle hocha la t?te. - Je ne suis pas d'humeur ? me d?tendre. - Si tu veux vraiment savoir o? il est, je ne peux pas t’en emp?cher. Je vais t'aider ? le faire, mais tu dois te concentrer. Helena plissa des yeux. Elle ?tudia son visage impassible. Comme d'habitude, ses traits ?taient neutres. Elle ne savait pas si c’?tait un stratag?me pour qu'elle se calme ou s'il pensait vraiment ce qu'il disait. Elle d?cida de l'?couter et se laissa tomber sur les draps doux en lin. - Ferme les yeux, dit Michael. - Pourquoi ? Il disparut et continua ? s’adresser ? elle mentalement : Tu dois ?couter mes conseils sans poser de questions. Helena se mordit la l?vre inf?rieure et s’ex?cuta. - Maintenant, concentre-toi sur ma voix et visualise ton corps ? l'int?rieur d'une bulle ou ? un endroit o? tu te sens en s?curit?. En quelques secondes, elle s'imagina une sph?re en acier. Une bulle d’air ne la mettrait pas en s?curit?. Elle planait dans ses limites confin?es tandis que l'obscurit? troublante l'encerclait. ?tre suspendue dans les airs la mettait mal ? l'aise, elle utilisa donc les m?mes principes pour faire apparaitre un sol en damier sous ses pieds. Michael apparut ? ses c?t?s. Son corps ?mettait une faible lueur qui apaisa ses nerfs. - ? quoi ?a sert ? demanda-t-elle. - C'est un bouclier mental. ?a te prot?gera. - Me prot?ger de quoi ? - Il fait noir ici, dit-il, essaye de cr?er de la lumi?re. Helena le fusilla du regard. Elle avait peur qu'il change d'avis et qu’il refuse de l'aider. Si cela pouvait ?tre consid?r? comme une aide. Elle prit une profonde inspiration et se concentra ? nouveau. Une luminosit? afflua au-dessus de sa t?te. Michael se rapprocha du mur et elle l’imita. Il toucha la surface lisse et dit des mots incompr?hensibles. - Je vois que tu pr?f?res le m?tal comme protection. Beaucoup utilisent des ?l?ments ou des forteresses imposantes pour se prot?ger. Certains ?rigent m?me plusieurs couches, sur lesquelles nous devrions travailler plus tard. Elle avait de nombreuses questions ? lui poser. - Qui ferait ?a ? La grande main chaude de Michael se posa sur sa t?te et lui fit voir un sourire fantomatique. Ses yeux sortaient de leurs orbites. - Tu peux me toucher ? - Ton corps est uni ? ta structure physique dans laquelle je ne peux pas agir. Mais ici, ton esprit entre dans l'une des structures que je peux atteindre, r?pondit-il. Je ne suis pas le seul ? pouvoir t'atteindre ici, c'est pourquoi je t'ai demand?e de cr?er ta propre couche de protection. Cette couche utilisera une partie de ton ?nergie pour te prot?ger, alors ne sois pas ?tonn?e si tu te sens fatigu?e. - Tr?s bien, et c’est quoi la prochaine ?tape ? - Tu prends ma main et nous allons voyager dans mon royaume. Tu ne dois pas t’?loigner de moi, sinon je ne pourrais pas masquer ta pr?sence. Elle mit sa main dans la sienne et il la serra de ses doigts fins. L'air gr?sillait d'?nergie qui les encerclait pour les dissimuler. D'un geste rapide, Michael l'attira dans son ?treinte. Une seconde plus tard, les boucliers fondirent et ils se retrouv?rent dans une vaste chambre avec de hauts piliers en ivoire. Un r?seau d?sordonn? g?ant de fils multicolores entrelac?s formait le « plafond ». Au sol, ils ?taient dispos?s en rang?es soign?es et interminables, maintenues en place par des cadres ? tisser couleur or. Le sol couleur ?b?ne brillant ressemblait ? un miroir invers? refl?tant l'int?gralit? de la chambre. Elle s'?loigna de lui et regarda la bouche b?e tout ce qui les entourait. - O? sommes-nous ? - Au royaume des anges, le domaine des destins. Helena d?tourna ses yeux de la toile color?e. - Et si quelqu'un nous trouve ici ? Tu ne vas pas avoir des ennuis ? - Cet endroit n'est plus utilis? par les dieux. - Les dieux ? Il y en a plus d'un ? Les personnes croyantes seraient vraiment d??ues de l’apprendre. Michael admirait le plafond avec une ?motion cach?e qu’elle n'arrivait pas ? cerner. - Autrefois, un seul cr?ateur existait. Il avait v?cu si longtemps que m?me lui-m?me avait oubli? ses origines. Il s'?tait alors divis? en plusieurs divinit?s inf?rieures pour exp?rimenter des choses. Pour lui, le sexe, l'?ge, la couleur de peau ne semblaient pas avoir de l'importance. Ses paroles se perdirent dans l’exaltation. - C’est le r?sultat final qui est important - une le?on ? apprendre. Sur sa gauche, un fil gris vibra. Elle tendit la main pour le toucher, mais Michael se mit en travers de son chemin et hocha la t?te. - On ne touche pas ! Elle fron?a des sourcils. - Pourquoi pas ? Ce n’est qu’une corde. - Ce ne sont pas des cordes. Ce sont les liens avec des ?tres de la Terre. Confuse, Helena se tut. Il ne pouvait pas ?tre s?rieux. Elle se tourna et se concentra sur les cordes. Le blanc ?tait la couleur la plus r?pandue. Quelques gris, noirs et rouges ressortaient ?? et l?. Plus loin, une corde dor?e se d?marquait de ses voisines monochromes, telle une balise. Elle plissa des yeux pour essayer de voir ce qui se trouvait au-del?, mais les cordes se sont dissoutes en un brouillard blanc, trop ?pais pour qu'elle puisse voir ? travers. - Que signifient les couleurs ? Michael ?tudia son expression avide et soupira. - Le blanc est un humain normal. Une nuance de gris repr?sente une personne influenc?e ou utilis?e par les t?n?bres, ou peut-?tre une forme d'?tre surnaturel. La couleur noire appartient ? des cr?atures des t?n?bres, tels que des mangeurs d'?mes, certains d?mons, des monstres qu’on ne devrait jamais croiser dans ton royaume. Elle pointa du doigt une corde et s’en approcha. - Et la dor?e, l?-bas ? - Des saints, dit-il comme si le mot expliquait tout par lui-m?me. - Que sont-ils ? Des personnes saintes ? - Je ne peux pas t’en dire plus. Helena se mordit la l?vre, elle voulait vraiment en apprendre plus. Cette exp?rience ?tait pour elle toute nouvelle. Pourtant, au fond d'elle, une chose la d?rangeait. C'?tait comme si elle avait oubli? une chose. Une corde rouge-sang se d?marquait dans la rang?e de blancs et de gris. - Et la rouge ? - Des vampires, cracha Michael le terme comme si c'?tait une chose d?go?tante. La corde ?carlate avait retenu son attention. Une ?nergie bizarre la traversait. Helena avait lu beaucoup d'histoires sur le folklore et les cr?atures mythiques, mais ce qui l’avait toujours fascin? le plus ?taient ces ?tres suceurs de sang. Enfin, elle avait la chance d'en apprendre plus sur le monde de Michael. En se rapprochant, elle r?alisa que la corde n'?tait pas tout ? fait rouge. Un liquide riche et cramoisi longeait la corde. - Rappelle-toi, Helena, tu ne touches pas. Ses conseils lui importaient. La corde l'attirait, la conviait ? la prendre, ? toucher sa texture. Elle sentit des picotements aux doigts et elle tendit sa main vers la corde. La main lourde de Michael se posa sur son ?paule, la sortant de son ?tat d’hypnose. - Je crois qu’on devrait revenir plus tard. - Non ! cria-t-elle. Surprise par son emportement, Helena baissa la t?te de honte. Qu’est-ce qui me prend ? La pi?ce enti?re bourdonnait d’?nergie. Penser ?tait devenu une corv?e et, en se concentrant plus, elle vit sa corde jaillir de son ventre. Elle avait l’air plus p?le que les autres cordes blanches. Elle la caressa, se d?lectant de la douce sensation. - Qu'est-ce qui se passe lorsque deux cordes se touchent ? Michael leva les yeux vers le plafond. - Un lien est ajout?. - Et qui d?cide de ?a ? - Les destins. - Mais tu as dit que plus personne n'utilisait cet endroit. Comment… L'expression de Michael s'assombrit, comme s'il se rappelait d'un fait douloureux. - Ils ont ?t? bannis dans le royaume humain il y a longtemps. Depuis, les choses se produisent telles que les Dieux le souhaitent. Helena jeta un coup d'?il ? la corde connect?e ? un vampire quelque part sur la plan?te. Est-ce qu'on se rencontrerait si nos cordes se touchaient ? Elle secoua la t?te. Ce n’?tait pas important pour l’instant. La raison pour laquelle ils ?taient venus ici, ?tait de retrouver son p?re. Sa m?re lui avait toujours dit qu'il les avait quitt?es, mais Helena ne l'avait jamais crue. Et si une chose de grave lui ?tait arriv?e ? cause des t?n?bres d?crites dans le journal de grand-m?re ? Si les vampires et les autres ?tres surnaturels ?taient r?els, il y avait une chance que sa grand-m?re ne soit pas folle comme sa m?re voulait qu'elle le croie. Peut-?tre qu'il a ?t? enlev?. Elle avait besoin de conna?tre la v?rit?. - Et mon p?re ? Comment on peut le retrouver ? Michael semblait r?fl?chir. - Je vais chercher son ?me. Attends ici et ne touche ? rien. Il retourna ? l'entr?e. D?s qu’il s’?loigna d’elle, une voix f?minine murmura dans sa t?te une sorte de chant. Son corps se raidit et, comme poss?d?e, elle attrapa la corde rouge-sang. Un frisson la traversa, lui donnant la chair de poule aux bras et au cou. L'?nergie encerclant le lien n'?tait rien compar?e ? celle qui traversait son noyau. Elle l'envahissait contre sa volont?. - Helena, non ! cria Michael. Mais c'?tait trop tard. Un bruit tr?s fort envahit la chambre, la poussant ? vouloir unir les cordes. Lorsqu’elle comprit ce qu'elle venait de faire, son lien blanc s'?tait d?j? enroul? autour de la corde du vampire. Son c?ur battait la chamade dans sa cage thoracique et sa vision devint trouble. Une puissante vague d'?nergie issue d’un autre monde se fraya un chemin ? travers le lien, un arc rouge et blanc. Elle pressa sa main contre sa poitrine br?lante. Chaque partie de son corps lui faisait mal, mais en s?quence alternative. Une minute plus tard, semblant ?tre une ?ternit?, ses genoux c?d?rent. La derni?re chose dont elle se souvenait ?tait deux bras forts la rattrapant dans sa chute. ***** Le r?veil sur sa table de chevet affichait deux heures du matin. Elle s'assit, alluma la lampe de chevet et se frotta le visage. Michael l'avait tromp?e. Le royaume des anges et ses boucliers mentaux devaient ?tre un r?ve. Il a d? utiliser une sorte de ruse pour qu’elle se d?tende et qu’il puisse se dissiper. Est-ce que j’ai r?v? ? Elle fit une grimace en sentant le mal de t?te marteler dans son cr?ne. - Michael ? appela-t-elle dans l’espoir d’avoir des r?ponses ? ses questions. Helena prit une inspiration et se pr?para ? l’appeler de nouveau lorsqu'il se mat?rialisa devant elle. Son expression la for?a ? se taire. Ses yeux brillaient d'indignation. Si ce qui s'?tait pass? avait ?t? r?el, il avait alors raison de se mettre en col?re contre elle. Il lui avait demand? de ne toucher ? rien et elle lui avait d?sob?i. Mais elle avait perdu le contr?le de son corps, ses membres avaient boug? malgr? elle. - Michael, je… - Je n’ai pas beaucoup de temps, Helena. J’ai commis une grande erreur de t’emmener avec moi. J'aurais d? y aller seul. Ce que tu as… Il s'arr?ta comme s'il cherchait le mot juste... fais, n'aurait jamais d? arriver. Helena se massa les tempes dans l'espoir d'apaiser sa douleur. Son mal de t?te ?tait similaire ? celui qu'elle avait eu apr?s sa premi?re cuite. Le jour de son seizi?me anniversaire, lorsque Laura avait pari? qu'elle pourrait boire plus qu'elle. Son amie avait tout m?me r?ussi ? gagner son pari. - Je suis d?sol?e. Je... je n’?tais pas moi-m?me. C'?tait comme si… - Pas besoin de t'excuser. Je dois y aller. Nous nous occuperons des d?g?ts que tu as caus? plus tard, dit-il avant de redispara?tre. Helena rampa hors du lit. Les paroles cinglantes de Michael lui faisaient mal au c?ur. Elle savait que ce qui s'?tait pass? ?tait de sa faute, mais elle ne l'avait pas fait expr?s. Elle sortit de sa chambre pour aller se chercher de l'aspirine. Arriv?e dans le couloir, elle vit la lumi?re du salon allum? ? l’?tage en-dessous et elle s'arr?ta. Tout le monde avait cours demain matin, ce n'?tait donc pas logique que quelqu'un soit encore r?veill? ? cette heure de la nuit. Son mal de t?te oubli?, elle se dirigea vers l'escalier sur la pointe des pieds et jeta un coup d’?il par-dessus la rampe. Elle craignait que ce soit un vampire qui l'attendait. La rationalisation chassa l'id?e idiote de la possibilit? qu'un imposteur pourrait la localiser. Les cordes avaient cr?? un lien, mais ce n'?tait pas un capteur, ou du moins c'est ce qu'elle esp?rait. Les marches en m?tal glac? lui piquaient la plante des pieds. ? mi-chemin, elle se dit qu'elle devrait s'acheter des pantoufles d?s qu'elle en aurait l'occasion. Elle se maudit d'avoir pens? que ?a aurait pu ?tre un monstre suceur de sang en apercevant Andrew. Il ?tait assis sur le canap? avec un livre ouvert sur les genoux. - T'es encore r?veill? ? demanda-t-elle. Andrew tourna brusquement la t?te dans sa direction. - Mon Dieu, tu m'as foutu une de ces trouilles, Epine ! Tu sais tr?s bien que j'ai le c?ur fragile. Helena roula des yeux. Il ?tait dingue de sport, il jouait dans plusieurs ?quipes ? l'universit?. Elle n'avait jamais compris ce qui pouvait pousser des personnes ? courir apr?s un ballon avec des v?tements tremp?s de sueur. Contrairement ? lui et ? Laura, elle d?testait le sport et tout ce qui y ?tait associ?. Andrew ferma son livre et le posa sur la table basse. Elle n’aurait jamais cru qu’il lirait ce genre de livre. Elle pensait qu’il lirait des bandes dessin?es ou des magazines pornographiques, mais surtout pas un livre sur les finances. Il avan?a d'un pas lent vers elle et lui souleva la t?te tendrement. - Tu es p?le, tu devrais te remettre au lit. Elle se rappela soudain de sa conversation qu’elle avait eue plus t?t avec Laura et sentit ses joues rougir. Elle recula d'un pas sans le r?aliser. Andrew se gratta l'arri?re de la t?te et balan?a son poids d'une jambe ? l'autre. - Ah, Laura t'a d?j? parl? de… euh… de ?a. L’esprit d’Helena s’emballa alors qu’elle essayait d?sesp?r?ment de trouver les bons mots. Avait-elle besoin de lui donner une r?ponse maintenant ou avait-elle le temps de r?fl?chir ? Pourrait-elle trouver assez de courage pour lui r?pondre ? - Helena, je ne t'ai pas pos?e la question moi-m?me parce que je ne voulais pas te mettre la pression, ou peut-?tre parce que je suis un l?che. Je ne sais pas. Ce que je sais, en tout cas, c'est que je t'aime depuis presque le d?but. Son sourire ringard habituel avait disparu. Il avait l’air sinc?re. Elle sentit un resserrement au c?ur, comme s'il allait s'arr?ter de battre en pr?vision de ce qui allait arriver. - Andrew, je... je ne sais pas. Ses cheveux tangu?rent sur son front en s’approchant d’elle. - Prends ton temps. Elle eut le souffle coup? lorsqu'elle r?alisa la couleur verte de ses yeux et la douceur de son visage ras?. Elle lutta contre l'envie de lui toucher la joue. - Promets-moi d'y r?fl?chir, lui dit-il. Elle avait la bouche s?che. Au lieu de lui r?pondre, elle lui fit un signe de t?te rapide. Avec un sourire d’enfant, Andrew lui tapota la t?te comme il le faisait souvent ? Laura. - Ne te couche pas trop tard, ?pine. Elle fron?a des sourcils. Il ?tait redevenu lui-m?me en une fraction de seconde, alors qu'elle ?tait toujours perdue dans ses pens?es. Helena posa sa main sur son c?ur excit? et s'imagina ce que ce serait de sortir avec lui. Bien qu’il semblait ne pas ?tre un ?tudiant s?rieux, le voir lire ses cours avant le d?but du trimestre lui apprenait qu’il ?tait tout sauf incomp?tent. C’?tait la premi?re fois qu’elle d?couvrait ce c?t? s?rieux de sa personnalit?. Et, la fa?on dont il l'avait regard?e ce soir ?tait diff?rente. Il ne plaisantait pas et ?a lui faisait peur. ***** Au d?jeuner, elle alla rejoindre Laura dans un caf? du campus, rempli de plaisanteries joyeuses et de conversations bruyantes. Helena avait fait de son mieux pour les ignorer. Elle ferma les yeux pour appr?cier le parfum du macchiato dans ses mains, fra?chement pr?par?. Depuis son r?veil ce matin, elle se sentait frileuse. Laura soupira. - Est-ce que tu m'?coutes au moins ? Helena leva les yeux vers son amie qui mordait dans son sandwich au jambon fromage. Des miettes de pain tomb?rent sur sa chemise en voile bleu marine et Laura les retira d'un mouvement de la main. - Je vois que te parler de ma journ?e t'ennuie ? mourir, alors parle-moi de la tienne. - Rien de sp?cial ! Des cours, des nouveaux profs et beaucoup de monde. En inclinant sa t?te sur le c?t?, Laura reprit : - Avec moi et Andrew comme tes meilleurs amis, je pensais que tu avais appris comment te faire un ou deux amis. Qu'est-ce que t’attends ? Helena essaya de penser ? une excuse assez bonne pour se d?barrasser de Laura. Les arguments qu'elle pourrait utiliser semblaient insignifiants. - Tu vois, tu n’arrives m?me pas ? trouver d’excuses ! Helena leva les mains en signe de d?faite. - Tr?s bien, je te promets d’essayer demain. Laura posa son sandwich dans son assiette et la d?visagea. - Demain ? - Oui, c’est quoi le probl?me ? - Rien, ? part que tu parles comme un fumeur qui dit qu’il va arr?ter de fumer en s’allumant une cigarette. Avec un long soupir, elle scruta la foule. Les ?tudiants ?taient dispers?s en groupes, partageant leurs exp?riences du premier jour de cours. Elle s’appr?tait ? abandonner ses recherches lorsqu'elle rep?ra une fille de sa classe, qui attendait de passer sa commande ? la caisse. Elle hocha la t?te dans la direction de la brune aux cheveux courts et aux v?tements ? l'aspect antique. - Elle est dans deux de mes modules. Laura se retourna sur son si?ge pour jeter un coup d'?il rapide. Un sourire troublant ?tira ses l?vres roses. - Je crois qu’on a trouv? ta cible. - Maintenant ? Tu veux que je lui parle, maintenant ? - A quoi bon reporter ? demain, ?pine. Va la chercher. R?ticente, Helena se leva et v?rifia que son pull n'?tait pas tach?. C’?tait bon, il ?tait propre. Elle redressa sa posture et grogna int?rieurement. Tout ira bien. Des yeux brun chocolat la virent arriver. Helena avait les mains moites et se les essuya sur son jeans. Elle pensait qu’elle s’?tait approch?e d’elle bien trop vite. S'arr?tant ? deux m?tres d'elle, elle s'?claircit la gorge. - Salut, je m'appelle Helena Hawthorn, et nous sommes… - ... dans le m?me cours de mythologie. Je m'appelle Nadine Smidt. Elles se serr?rent la main et Helena eut un trou de m?moire. - Tu voulais me dire quelque chose ? - Ah, oui, c'est vrai ! Helena d?signa Laura. - Veux-tu t’asseoir avec nous ? On a presque fini, mais ce serait super si tu te joignais ? nous. Le visage de Nadine s'illumina. - Je vais aller me chercher quelque chose ? boire et je vous rejoins. Se dirigeant droit vers la table, Helena savait ? quoi s'attendre. Laura avait d?j? le regard disant « Je te l'avais dit ! ». Les choses s'?taient mieux d?roul?es qu'elle ne l'avait pr?vu. Peut-?tre que Laura avait raison apr?s tout, il suffisait tout simplement de se pr?senter. Cette id?e poussa Helena ? se reprendre. Elle avait beaucoup de secrets qu'elle cachait ? sa famille et ? ses amis. Cela ajouterait une personne de plus ? sa liste des gens qui ne la connaissaient pas vraiment. - Qu'est-ce qui ne va pas ? Je croyais que tu serais contente de te faire une nouvelle amie. La voix inqui?te de Laura ramena Helena ? la r?alit?. - Je le suis. D?sol?e, je pensais ? une dissertation que j'ai ? faire. Laura haussa un sourcil. Lorsque Nadine les rejoignit, Laura se leva en faisant presque tomber sa chaise. - J'avais compl?tement oubli? ! dit Laura en rangeant ses affaires. J'ai du travail ? faire. On se reverra ? l’appart. Elle fit un clin d'?il ? Helena et se tourna vers Nadine. - Ravie d’avoir fait ta connaissance. Comme si ses cheveux boucl?s blond-fraise ?taient en feu, Laura sortit du caf? en trombe, laissant Helena seule. Nadine n'avait pas l'air du tout g?n?e, elle s’installa sur une chaise et se mit ? siroter son th? vert. Helena ?tait sur le point de dire quelque chose, mais elle r?alisa bien vite que c’?tait stupide. Elle d?cida donc de garder le silence. Au bout de quelques minutes, Nadine d?cida enfin d’interrompre le silence : - Pourquoi as-tu choisi de me parler, moi en particulier ? - Que veux-tu dire ? La fille posa sa tasse dans son plateau avec l'?l?gance d'une dame, une chose qu'Helena n'avait jamais vu auparavant. - Il y a d'autres personnes ici qui sont dans le m?me cours que nous. Alors pourquoi m’avoir choisie moi et pas quelqu’un d’autre ? Elle r?fl?chit et haussa les ?paules. - Tu es la premi?re personne que j'ai reconnue et, j'ai pens? que nous pourrions devenir amies. Nadine lui lan?a un regard m?fiant. - Tu aimerais qu’on soit amies ? - J'aimerais bien, oui. Cachant son visage derri?re sa tasse, Nadine ne r?pondit pas. En deux gorg?es rapides, elle but sa boisson, r?cup?ra ses affaires et lui fit ce sourire charmant qui arrivait toujours ? ?nerver Helena. - Je crois que j'ai un cours. D?sol?e de ne pas pouvoir rester plus longtemps… En fixant la chaise o? sa camarade de classe ?tait assise il y a ? peine quelques secondes, Helena se dit qu’elle devait avoir une sorte de pouvoir mystique ? repousser les gens ou qu'elle n’?tait pas du tout dou?e pour se faire de nouveaux amis. Elle se pencha sur la table. ***** Sa journ?e de cours termin?e, Helena se rendit au centre-ville pour distribuer son CV. L’endroit o? elle serait embauch?e lui importait peu, elle voulait juste trouver un boulot. M?me si Laura et Andrew lui avaient assur?e que ce n’?tait pas urgent, elle refusait de d?pendre d'eux. Elle ne voulait d?pendre de personne d’ailleurs. Pas m?me de Michael. Maintenant qu’elle y pensait, elle ne l’avait pas revu depuis leur dispute. Est-ce qu'il s'?tait fait passer un savon par ses sup?rieurs anges pour l’avoir emmen?e dans leur royaume ? Elle s'arr?ta aux feux de circulation de Dame Street, les ?paules affaiss?es. Le soleil s'?tait d?j? couch?. Combien de temps lui restait-il avant que ces vieux b?timents ne soient r?clam?s par la nuit ? Sur le trottoir oppos?, un homme v?tu de noir se d?tachait des autres pi?tons. Il n'avait pas plus de trente ans, devina-t-elle. Il ?tait grand et il portait une veste en cuir et un jeans serr?. Le vent soufflait dans ses cheveux couleur corbeau. Ses l?vres charnues sensuelles s’?tir?rent en un demi-sourire et elle nota que ses yeux bleus per?ants la fixaient. Elle sentit une chaleur lui monter aux joues et elle baissa les yeux. Elle traversa la rue en ?vitant tout contact visuel, jusqu'? ce qu'elle se cogne dans quelqu'un. Deux grandes mains la rattrap?rent par le bras pour la stabiliser. Son touch? lui avait fait ressentir une sensation de picotement se r?pandre le long de son membre. Elle s’excusa et releva les yeux pour r?aliser que c'?tait le m?me beau mec qu’elle avait aper?u plus t?t. Elle s’?tait tromp?e, ses yeux ?taient couleur bleu-brun avec un effet hypnotique. Elle sentit une piq?re douloureuse ? la poitrine et une ?trange ?nergie lui titilla l'estomac. Elle s'?loigna de lui d’un pas rapide. Ce qu’elle avait senti ?tait tr?s ?trange et elle avait appris de toujours s'?loigner des choses anormales, sauf de Michael qui lui avait jur? que sa mission ?tait de veiller sur elle. Elle regarda par-dessus son ?paule ? plusieurs reprises pour s'assurer que l’homme ne l’avait pas suivie. D?s qu’elle tourna au coin de la rue, Helena se tapa le front. Qui suivrait une cingl?e qui s'est enfuie comme un animal effray? ? Elle poussa un soupir de soulagement et se mit ? distribuer son CV dans les diff?rents commerces ? proximit? de son arr?t de bus. Elle monta ensuite dans le premier bus pour rentrer chez elle. Il ?tait grand temps qu'elle ait des r?ponses sur son p?re et de l'?trange lien qu'elle avait cr??. ***** Au-del? de sa barri?re protectrice, les choses semblaient diff?rentes. Quelque chose se cachait dans l'ombre. Son ?nergie rampante encerclait ses boucliers comme un requin attendant une faille. Les poils de sa nuque se hiss?rent et elle se rappela des mots de Michael : « Des choses essayeront d'entrer. » Ce qui essayait de p?n?trer en elle n’avait pas l’air amical. C’?tait une ?nergie qui la gla?ait jusqu'? la moelle, la faisant frissonner. Elle fit alors la seule chose ? laquelle elle pouvait penser, elle renfor?a ses boucliers d’une autre couche en acier. M?me si elle n’?tait pas certaine que ?a marchait, elle se sentait beaucoup plus en s?curit? ainsi. Cette impression ne dura pas longtemps. L'obscurit? l'encercla, for?ant sa barri?re ? grincer comme un sous-marin ?cras? par la pression de l'eau. Une rigole de sueur coula le long de son front alors qu'elle faisait de grands efforts pour se concentrer. C’est quoi cette chose ? En r?sistant, elle fortifia la structure avec autant de couches qu'elle le put. Son ?nergie s’?puisa et elle s'effondra ? genoux. Elle haleta pour essayer d’inspirer autant d’air que possible. Au loin, une lumi?re brillante brillait. Michael, pensa-t-elle. Il est revenu. La lueur apaisante enveloppa ses boucliers et repoussa l'ombre, apportant soulagement et chaleur ? son corps glac?. Enfin, elle pouvait r?duire ses barri?res ? une seule couche. Elle entendit une voix l'appeler, lui demandant de se r?veiller. Les mots paniqu?s la bombardaient d'une soudaine urgence. Quelqu'un lui tirait les ?paules pour essayer de la sortir de l?. Elle ouvrit les yeux sur une paire d'orbes vert. C’?tait Andrew. - Dieu merci, tu t'es r?veill?e ! Il l'attira en une ?treinte fr?n?tique. Pas s?re de ce qui s’?tait pass?, elle le serra maladroitement dans ses bras. Elle sentit la chair de poule d?s qu’elle sentit le confinement de son corps dans son emprise. Elle avait tr?s froid, comme si elle avait ?t? plong?e dans une piscine remplie d'eau glac?e. Son pyjama en ?tait la preuve. - J'ai tr?s froid, r?ussit-elle ? dire en claquant des dents. Andrew se pr?cipita vers son armoire et l'ouvrit. Il en sortit plusieurs v?tements et retourna ? ses c?t?s. Il se mit ? lui retirer son T-shirt. Elle lui donna une claque sur ses mains. - Hol?, je peux me changer toute seule ! En r?alisant ce qu’il venait de faire, il recula et lui donna du dos. - D?sol?, mon intention ?tait seulement de t’aider. - Pourquoi t’es dans ma chambre ? - Laura a pris un appel pour toi. Comme elle avait laiss? un mot et qu'elle ?tait sortie, j’?tais venu pour t'annoncer la bonne nouvelle. Mais tu n’arr?tais pas de g?mir. Je me suis pr?cipit? pour m'assurer que tu vas bien… Tu ?tais gel?e et j'ai essay? de te r?veiller. Il enfon?a ses mains dans les poches de son pantalon et continua : - Ensuite, tu sais ce qui s’est pass?. Helena le serra ? nouveau dans ses bras. - Merci de m'avoir r?veill?e. Il enroula ses bras autour d'elle et la rapprocha ? sa poitrine. La chaleur qu'il d?gageait picota sa peau. Ne voulant pas se s?parer de lui, elle enfouit son visage dans le tissu doux de sa chemise. Une fois calm?e, elle se d?gagea d'un mouvement maladroit. - Alors, c'?tait quoi le coup de fil ? Les l?vres d'Andrew s'?tir?rent en un sourire. - On dirait que tu as un entretien demain. 3 Traqu?e Trois coups violents r?sonn?rent dans l’une des ruelles de Londres. Lucious enfon?a ses mains dans les poches. Un rapide coup d'?il par-dessus son ?paule lui apprit que la rue ?tait d?serte. Il plissa du nez. La puanteur de viande pourrie venant d'une grande poubelle entrouverte ? quelques m?tres de l?, raviva son odorat affin?. Lucious fixa la porte m?tallique. Il sortit sa main de la poche, pr?t ? frapper de nouveau lorsqu'il entendit le bruit des lourds verrous. Enfin, pensa-t-il en redressant sa posture. La porte s'entrouvrit. - Pourquoi t’es ici ? Lucious se renfrogna. La moiti? du visage d’un petit vampire ? la peau tann?e apparut ? l’entreb?illement de la porte. - C'est toi qui m’as demand? de venir, r?pondit-il en poussant la porte. Qu’est-ce qui se passe ? L'homme maigre recroquevill? l'?tudia de ses yeux aussi sombres que la ruelle. - Tu sais tr?s bien ce qui se passe ! dit Phil en le laissant entrer. Lucious entra dans la pi?ce terne aux murs gris et se laissa choir sur une chaise. Les semelles de ses bottes collaient au lino. ? c?t? de son pied, il nota une tache de sang. - C’est toi l'informateur, dis-moi ce qui se passe. Une fois les cinq verrous referm?s, Phil s’approcha de son bureau et s'assit dans son si?ge en cuir. Il s’entrela?a les doigts sur la pile de journaux et regarda Lucious comme s'il essayait de deviner ses pens?es. D?termin?, Lucious lui rendit son regard. Il se moquait de l’?ge de Phil ou de son influence. Ce qui lui importait, c'?tait les informations qu’il avait r?unies. Phil passa une main tremblante sur sa t?te chauve. - Tu ne sais pas que le Conseil te cherche, c’est ?a ? S’il avait un c?ur qui battait, il se serait arr?t?. - Pourquoi moi ? - Je ne sais pas. Aucune explication ne m’a ?t? donn?e. Tout ce que je sais est qu’on est ? ta recherche et qu’ils aimeraient te voir. Lucious se pin?a le nez. Qu'est-ce que le Conseil tout-puissant pouvait bien lui vouloir ? Pour autant qu'il le sache, il avait respect? toutes les lois. Pourquoi donc cette convocation ? - T’as dit que t’avais trouv? une nouvelle piste, non ? - Tu as idiot, r?pondit Phil en hochant la t?te, de ne pas t’enfuir d?s que en entendant les mots « Conseil » et « ? ta recherche » dans la m?me phrase. Mais je comprends que retrouver les meurtriers de ta Sire est plus important pour toi. Apr?s tout, tu m'as aid? ? nettoyer ma merde. Le vampire ?g? fouilla dans une pile de papiers tach?s de caf? sur son bureau. Il y avait tant de fouillis, de dossiers manille et tout un attirail d’objet qu’on ne voyait pas un seul centim?tre de sa surface en bois. Se souvient-il au moins de la couleur d'origine de ses meubles ? Phil fit un sourire narquois et sortit une note de la pile. Il la tendit ? Lucious, qui fouilla dans la poche de sa veste en cuir pour sortir un petit ?tui en velours. - J'esp?re qu'elle l’aimera, d?clara Lucious. Phil accepta la bo?te et la rangea dans le tiroir de son bureau. - J’en suis s?r. Lucious se leva et fourra le morceau de papier dans sa poche. Il esp?rait que ce serait la derni?re fois qu’il chasserait les loups-garous responsables de la mort d’Anna. - Es-tu certain que ces informations sont correctes, cette fois-ci ? - ?a fait plus d'un si?cle, Lucious. Personne n'a rien vu et nous avons ?puis? toutes les sources. Il lui donna du dos lorsque Phil ajouta : - Fais attention aux loups-garous du Conseil. Ils arrivent toujours ? leur but. Avec une inclination de la t?te, Lucious sortit. Il n’avait pas beaucoup de temps. En ?coutant le son de ses pas, il se dirigea vers le magasin de t?l?phone le plus proche. L'une des ampoules halog?nes clignota, mais aucun humain ? l'int?rieur ne le remarqua. La fille au service clients ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Un sourire radieux orna ses l?vres ? son entr?e. Ses cheveux d?color?s se balanc?rent d'un c?t? ? l'autre. Elle sentait la cigarette bon march? et un parfum suffoquant. - En quoi puis-je vous aider ? Sa voix aig?e lui disait qu’elle allait le so?ler, une chose pour laquelle il n’avait pas le temps. - J’aimerais le t?l?phone le moins cher que vous avez. La vendeuse se mordit les l?vres. Apr?s quelques secondes de r?flexion, elle se rendit d’un pas rapide vers le mur d?cor? de t?l?phones portables. Elle lui d?signa quatre mod?les volumineux. - Ils co?tent entre dix et cinquante livres. Lequel aimeriez-vous ? Lucious voulait vraiment qu’elle se taise, il ne voulait pas se sentir pouss? ? l'emmener dehors pour mettre fin ? sa voix de harpie. Il n’avait pas faim, il venait r?cemment de s’abreuver de sang, mais sa voix lui transper?ait les tampons. Il sortit deux billets de cinquante livres de sa poche. - Je te l’ai d?j? dit, gamine. Elle se renfrogna. - Pas besoin de te comporter comme un con, mon pote. Lucious scruta l'int?rieur orange. Les clients ?taient tous sortis et il ?tait seul avec cette humaine effront?e. Il leva la t?te pour attirer son attention. Son corps se d?tendit lorsque leurs regards se crois?rent. ?tre un mort-vivant avait ses avantages. Il avait la capacit? de forcer les humains ? ob?ir ? ses ordres. Une lueur bleue jaillit de ses iris, intensifiant l'effet sur son emprise. Il a suffi d’une faible force pour que sa volont? de se battre soit bris?e. Une fois qu'il ?tait certain d’avoir le contr?le, il recula. - Donne-moi le moins cher, humaine. Tu peux garder la monnaie en cr?dit. Il lui tendit l'argent et elle se d?p?cha d’ex?cuter ses ordres, impatiente de satisfaire ses d?sirs. Il sortit du magasin et copia le minimum de ses contacts sur son nouveau t?l?phone. Il sortit la batterie de son ancien appareil et la jeta dans la poubelle la plus proche. Les anciens pouvaient le traquer de plusieurs mani?res. Il composa le num?ro de la seule personne en qui il pouvait faire confiance et son ami r?pondit apr?s la premi?re sonnerie. - Alexander, c’est moi. Il entendit un lourd soupir au bout de la ligne. - O? es-tu ? Il scruta les ruelles sombres. - Toujours ? Londres. J'ai une nouvelle piste. - T'es fou ? Le Conseil te cherche et, toi, tu te prom?nes dans les rues comme si de rien n’?tait ? Lucious afficha un sourire narquois en apprenant que son ami ?tait inquiet pour lui. - Ne t'inqui?te pas. Si cette information est bonne, je pourrais enfin me d?tendre et Anna aura la paix. - Et si tu te fais prendre, qu'est-ce qui se passera ? Il entendit un bruit de clavier en arri?re-plan alors qu’il parlait. - Ecoute, tu peux prendre mon jet priv? et te planquer dans mon club un temps. - Je ne peux pas. Pas pour le moment. Et si... Alexander jura. - Et si tu venais te planquer ici et que je suive moi-m?me ta nouvelle piste. - C’est ? moi de le faire. Je te verrai une fois que tout sera fini. Lucious raccrocha en entendant le d?but d'une riposte furieuse. Il fourra le t?l?phone dans sa poche arri?re et se d?cida de se rendre dans sa cachette. Au cours du si?cle, il avait appris que rester longtemps au m?me endroit finissait toujours par des ennuis. Les anciens n'?taient pas les seuls ? vouloir le retrouver. La personne qui avait averti le Conseil devait s?rement ?tre quelqu’un qui lui en voulait. En utilisant sa vitesse de vampire, il se dissipa ? travers les ruelles sombres en traversant quelques b?timents au cas o? il serait suivi. Arriv? ? son appartement, le temps continuait ? saper le ciel nocturne. Finalement. Il sortit le morceau de papier que Phil lui avait donn? et il lut le nom ?crit dessus. Ses ?paules s'affaiss?rent. ?a ne lui disait rien. Une fois que tous les proches d'Anna ont ?t? ray?s de la liste, les noms ?taient devenus une ?tiquette g?n?rique. ? quoi s'attendait-il ? Lucious se rendit directement au frigo, ouvrit la lourde porte et sortit une bi?re. Il fit sauter le bouchon, but une gorg?e de la boisson fra?che et se laissa s'effondrer sur son divan d?chir? pour r?fl?chir. Un ?trange parfum fleuri l'enveloppa, envahissant ses boucliers mentaux d'une ?nergie ?trang?re. Sa main droite serra fort la bouteille et l'autre se flanqua sur son estomac. Il se plia en deux de douleurs et se laissa glisser au sol. La bouteille se cassa et il poussa un grognement lorsque le verre lui coupa la main. La bi?re m?lang?e ? son sang tacha le tapis sale. L’?nergie ?trang?re se dissipa, laissant derri?re elle une connexion singuli?re. Il se redressa en position assise et se frotta le ventre. La douleur s'?tait calm?e aussi vite qu'elle avait apparue. Il n'aimait pas du tout ?a. Plusieurs vampires avaient jur? que le Conseil avait des sorci?res qui travaillaient pour eux. Les deux races n'?taient pas sur la m?me longueur d’ondes, mais il y avait quelques lascars pr?ts ? enfreindre les r?gles de leur communaut? ? leur avantage. Il sortit son t?l?phone et appela Alexander. Une fois de plus, son ami avait r?pondu aussit?t. - Est-ce que tu connais des sorciers dans mon quartier ? demanda Lucious. - Qu’est-ce qui se passe ? - Une chose est arriv?e ? laquelle je ne m’attendais pas. Alexander soupira. - As-tu ?t? ensorcel? ? Lucious ?clata de rire. La fa?on dont les choses s’?taient d?roul?es aujourd'hui, il ne serait pas du tout surpris que le Conseil se rabatte sur cette derni?re solution. - Non, je crois que j’ai ?t? suivi par l’un d’eux. - Tu as toujours ton sens de l'humour, mon vieux pote, mais le moment est mal choisi pour ?a. Lucious se leva. En regardant la bouteille de bi?re en morceaux sur le sol, il se demandait s'il devait vraiment s’en ouvrir une autre. - Alors, tu peux m'aider ou non ? Alexander grommela une chose en russe et le son des touches de son ordinateur portable traversa le haut-parleur. - D?sol?, la seule sorci?re qui pourrait nous aider se trouve ici. - Tu ne dis pas ?a pour que je vienne, n'est-ce pas ? Un bruit tra?nant derri?re la porte l’interrompit. Il n’y avait que tr?s peu de locataires habitant dans ce b?timent et il s’?tait ?galement assur? que personne ne vivait au m?me ?tage que lui. Il raccrocha et glissa son t?l?phone portable dans sa poche arri?re. D'un pas l?ger, Lucious se rapprocha de la porte et tendit les oreilles. La porte ?clata de ses gonds. En une fraction de seconde, il s'?tait retrouv? clou? au sol par un vampire qui ferait un tr?s bon lutteur professionnel. Un objet froid et dur se pressa contre son flanc et il s’arr?ta de se d?battre. Les traqueurs portaient des armes ? munitions en argent qui, tir? au mauvais endroit, ?taient une condamnation ? mort pour les ?tres de leur esp?ce. C’est vraiment pas mon jour, aujourd’hui. - Lucious Ellwood, tu as pour ordre par la pr?sente d'assister ? ton proc?s demain et je suis venu ici pour t'y escorter. Le vampire saisit Lucious par la gorge. - Toute tentative de r?sistance entra?nera ton ex?cution imm?diate. Lucious garda la majeure partie de son corps aussi immobile que possible. Il cherchait avec sa main libre un objet qu’il pourrait utiliser comme arme. Ses doigts se pos?rent sur la bouteille cass?e et il l’agrippa. - Ai-je ?t? suffisamment clair ? - Parfaitement clair. Lucious se redressa ? moiti? et plongea l'extr?mit? dentel?e de la bouteille dans la poitrine du loup-garou. Un bruit d'os craquel? domina la forte explosion du pistolet. L’homme ?mit un cri strident en reculant. Son dos cogna contre le mur et, avec les mains tremblantes, il attrapa la bouteille en verre d?passant de sa cage thoracique tout en visant son pistolet sur Lucious. Lucious devait agir vite. L? o? il y avait un loup-garou, il pouvait y en avoir un autre. Il jura et se dissipa hors du b?timent. Il courut jusqu'? ce que la fatigue le submerge et que ses mollets le br?lent. Il n’y avait pas un seul endroit o? il serait le bienvenu, maintenant qu’Alexander avait appris la nouvelle. Il ?tait foutu. Lucious appuya son dos contre le mur lat?ral d'un immeuble de bureaux et r?fl?chit ? ce qu'il devait faire. Il avait deux options : abandonner sa piste et savoir pourquoi les anciens le poursuivaient ou rester et essayer d’?chapper au Conseil en continuant ses recherches. Aucune des deux options ne lui plaisait. Il donna un coup de poing au mur, faisant ?clater des morceaux de brique rouges. La coupure qu’il s’?tait faite avec le verre cass? de la bouteille s’?tait d?j? cicatris?e et une nouvelle peau avait pouss?. Il n’avait plus le choix. Il sortit son t?l?phone portable de sa poche et envoya un message ? Alexander : J’accepte ton offre. L ***** Lucious monta ? bord du jet priv? d'Alexander lorsque le soleil se levait ? l'horizon. Au moins, la m?t?o ?tait de son c?t?, cachant les rayons cruels derri?re des nuages gris orageux. Une belle h?tesse de l'air balan?ait ses hanches sous sa jupe moulante en l'accompagnant ? son si?ge. Elle lui tendit un smartphone et une enveloppe avec son nom inscrit dessus. Il accepta les objets et se laissa tomber dans le fauteuil en cuir. Il d?chira le haut de l'enveloppe. - Aimeriez-vous vous restaurer, M. Ellwood ? demanda-t-elle en poussant ses m?ches d'?b?ne de son cou. Il avait la gorge s?che et la douleur ? son estomac lui disait qu'il ?tait vide. J'aurais d? finir ma bi?re. La femme se glissa sur ses genoux, lui tendant son cou en guise d'offrande. Son parfum ?pic? envahit ses sens. En posant ses paumes sur ses ?paules, elle se rapprocha jusqu'? ce qu'elle soit ? quelques centim?tres de ses l?vres. En utilisant le coussinet de son pouce pour caresser sa jugulaire, il fit ressortir la veine palpitante ? la surface, la faisant g?mir. Elle enfon?a ses ongles dans sa veste. Mal ? l'aise dans son si?ge, il se d?cala. Une lueur argent?e ? c?t? de son cou le mit en garde. Il repoussa la fille, l'envoyant au sol avec un bruit sourd. - Vous n’auriez pas d? faire ?a, M. Ellwood ! Elle se jeta sur lui avec une seringue dans la main. Il lui saisit les poignets, les tirant au-dessus de sa t?te. - B?tard ! cria-t-elle en se d?battant. Il lui arracha la seringue de la main et la jeta au sol. Le pilote se pr?cipita hors du cockpit. - Quelque chose ne va pas ? Lucious s'?tait retenu de rire en voyant l'humain paniqu?, jeter un coup d’?il de derri?re le rideau, la bouche b?e. L'h?tesse de l'air profita de sa distraction pour lui donner un coup de pied dans les joyaux. Une agonie ?lectrisante se r?pandit dans sa moiti? inf?rieure et il se plia en deux. Des taches noires lui g?chaient la vue alors qu'il se d?battait pour rester debout. Ses narines se dilat?rent. Oubliant la douleur entre ses jambes, il se concentra sur sa col?re montant en fl?che. La fille se pr?cipita ? quatre pattes vers la seringue. - C’est une bonne id?e, dit Lucious en attrapant une poign?e de ses cheveux noirs pour lui relever la t?te et croiser ses yeux, un d?ner n’est pas de refus. Il enfon?a ses canines dans son cou sans se soucier de lui faire mal. Elle criait en se d?battant dans ses bras alors qu'il lui su?ait son sang. Un grondement s'?chappa de sa gorge. Cette humaine avait le go?t de cendre de cigarette et de terre, ruinant son plaisir. Une fois vid?e de son sang, il jeta son corps sans vie sur le c?t?. - Monsieur, est-ce que vous allez bien ? demanda le pilote en s'essuyant les paumes sur son pantalon noir. Lucious leva un sourcil en r?ponse. Alexander avait le don d'embaucher des gens bizarres, certains plus meurtriers que d'autres. - Tr?s bien, merci. Le pilote retourna dans le cockpit les jambes tremblantes, laissant Lucious seul. Dans l’enveloppe, il trouva une carte ?crite par Alexander. Une phrase ? l'encre noire : M?fie-toi de l’h?tesse de l’air. Lucious se pin?a le nez. Son ami avait certainement un sens d'humour bizarre. ?puis? apr?s cette lutte, il ferma les yeux. Il sentit le lien lui tirer les tripes. Mais, pour une raison quelconque, plus il s'?loignait de l'Angleterre, plus le lien s’intensifiait. ***** Lucious fut r?veill? par une sonnerie. L'heure sur l'?cran lumineux de son t?l?phone lui indiquait qu'il ?tait 18h10. Il grommela et essaya de savoir o? il ?tait. Il ?tait dans une chambre d'h?tel, allong? sur un lit, des rideaux ? pois roses tir?s sur les fen?tres. L'endroit ?tait assez sombre. Il d?t plisser des yeux pour voir o? se trouvait la porte. Le pilote a d? l'amen? ici apr?s son ?vanouissement. Avec les loups-garous sur sa piste et ses recherches du tueur de son p?re, il ?tait devenu vuln?rable. - Je vois que tu es toujours en vie, dit Alexander. - La prochaine fois que tu m'envoies un cadeau comme celui-l?, appelle-moi. Je n'ai pas eu le temps de lire ta carte avant qu'elle essaye de me tuer. Alexander rit. - Je ne l'ai pas envoy?e, mais j'avais des doutes. Son amusement se dissipa : - Il est temps que tu te l?ves. Tu as rendez-vous avec la sorci?re. Lucious se glissa dans sa veste en cuir noir. - Dis-moi o? et quand. ***** Une grande partie de Dublin n’avait pas chang?. Les humains d?testaient le changement autant que les vampires. Plus le monde changeait, plus leur ajustement ?tait difficile, c'?tait son interpr?tation personnelle. Il s'arr?ta aux feux de signalisation. Sa douleur au ventre l'avait repris. Il se frotta l’estomac, mais il avait toujours mal. Il jura dans sa barbe et essaya d’ignorer les douleurs en regardant devant lui. Quelques personnes sur le c?t? oppos? de la rue le fixaient, la plupart ?taient des femmes, mais l'une d'elles se d?marquait du groupe. Ses yeux noisette diss?quaient son ?me. Lorsqu'il se for?a ? lui sourire, elle d?tourna son regard comme une voleuse. Le feu passa au vert et il traversa la rue ? c?t? de la femme. La t?te baiss?e, elle lui rentra dedans et il la rattrapa. Au moment o? ses mains se pos?rent sur ses ?paules, la douleur se dissipa et ses doigts bourdonn?rent d'une ?nergie ?trange. Qui est-elle ? Elle le d?visagea. Elle n’?tait s?rement pas une sorci?re bien entra?n?e comme il s'attendait. Elle avait moins de vingt ans. Aucune chance qu'elle poss?de le pouvoir de le suivre d’un pays ? un autre. Elle devait s?rement faire partie du cercle local. Le vent soufflait, remplissant ses narines de son parfum fleuri. Il savait qu'il ne se trompait pas. Elle s'arracha de lui et partit en trombe. La voiture sur sa gauche klaxonna, lui indiquant que le feu n'?tait plus vert pour les pi?tons. Sans plus tarder, Lucious la suivit. Innocente ou pas, elle avait cr?? un lien entre eux. Si le Conseil arrivait ? la retrouver, il pourrait le localiser. Il refusait que cela arrive. La fille jetait un coup d'?il par-dessus son ?paule de temps en temps. Sa prudence ne le d?rangeait pas. Se cacher dans l'obscurit? ?tait une chose ? laquelle il s'?tait habitu? lorsqu'il chassait ses proies. Une fois arriv?e ? l’arr?t de bus, elle posa sa main sur sa poitrine comme pour essayer de se calmer. Elle n’avait rien de particulier. Elle portait des v?tements simples : un jeans et un anorak. En se pr?cipitant ? l’int?rieur d’un magasin, elle se cogna dans un homme muscl?. Une rafale d'excuses sortit de sa bouche, la t?te baiss?e. Elle fit le tour du magasin pour trouver le vendeur, qui lui remit une chose. Elle ressortit du magasin en courant et sauta dans un bus. Lucious attendit que le bus s’?loigne. Il entra dans le magasin rempli de clients et se dirigea ? grands pas vers le vendeur. - Puis-je vous aider ? lui demanda un adolescent derri?re le comptoir. Il fixa son regard dans les yeux du gamin et l'expression de l'adolescent se d?tendit. - Donne-moi ce que la fille aux cheveux violets vient de te remettre. L'adolescent lui tendit quelques feuilles de papier agraf? intitul?es 'CV'. Assis sur le banc dans le parc voisin, il parcourut le CV. Elle avait dix-neuf ans - une enfant. Elle avait donn? ses coordonn?es, mais pas d'adresse - intelligente. Il parcourut les pages pour avoir une id?e de ce qu'elle ?tait. ? sa grande consternation, les informations lui ?taient inutiles. Il enregistra son num?ro de t?l?phone. ***** Lucious ?tait arriv? ? la propri?t? priv?e de son vieil ami. Il s'arr?ta devant le manoir victorien de trois ?tages qu'Alexander avait converti en bo?te de nuit. Une enseigne en n?on rouge au-dessus de l'entr?e affichait des lettres courb?es « Russian Roulette », qui illuminait la rue tout comme un arbre de No?l. Il se rendit ? la t?te de la file d'attente o? un videur gardait la porte principale du club. - Je suis ici pour voir Alexander. L'homme portant un badge avec le nom « Dean » le d?visagea d’un coup d’?il rapide. - Et vous ?tes ? - Attendu ! Sois sympa, mon pote et laisse-moi passer. Sa patience ? bout, Lucious rel?cha sa prise sur ses boucliers mentaux. Il laissa son ?nergie encercler le videur. Un si?cle de vie en plus permettait aux vampires d’avoir plus de pouvoir sur les plus jeunes. Dean sentit l'intrusion et recula d'un pas incertain. Il fit signe ? Lucious de passer. - J'esp?re que vous n'?tes pas l? pour semer le trouble. Lucious l'ignora et d?ambula ? l'int?rieur. Les choses n’avaient pas beaucoup chang? depuis sa derni?re visite. La salle de r?ception de couleur prune semblait plus sombre avec les ampoules faibles encastr?es dans le plafond. Le boom de la musique rock le guida vers l'endroit o? Tanya, l’unique infant d'Alexander, ?tait assise avec un magazine de mode sur les genoux. Sans lever les yeux, elle d?signa la liste des prix sur le mur. - Tanya, o? est-il ? Elle laissa tomber son exemplaire de Vogue au son de sa voix et rebondit de sa chaise. Sans pr?venir, elle se jeta sur lui, le pi?geant dans une ?treinte serr?e. - Tu m'as manqu?e. ?a fait une ?ternit? que tu n'es pas venu ici, lui murmura-t-elle ? l'oreille. Lucious lui retira les bras et recula l?g?rement. - Je suis d?sol?, j’?tais tr?s occup?. En rejetant ses cheveux blonds en arri?re, elle fit la moue. - Ils disent tous ?a. Comme il s’?tait tu, elle soupira et d?signa le couloir sur sa gauche. - Il doit ?tre dans son bureau. Tu connais le chemin. Il se dirigea vers la porte et elle lui attrapa le bras. Elle pausa sa paume sur sa poitrine et ses ongles longs s'enfonc?rent dans le cuir de sa veste. Il ne ressentait vraiment rien envers elle. Peu importait le nombre d'ann?es qui s’?taient ?coul?es, il n'avait jamais eu une attraction sexuelle pour elle. - Reviens me voir d?s que tu as fini, peut-?tre que tu auras besoin de moi, lui dit-elle en lui faisant un clin d'?il. Lucious voulait se d?barrasser d'elle, il lui donna un l?ger baiser sur la joue. - D'accord, ma ch?rie, murmura-t-il. - Tu es un allumeur, dit-elle en se rasseyant sur sa chaise. Lucious d?cida de ne pas lui r?pondre et de se rendre directement au bureau d’Alexander. Il longea un long couloir faiblement ?clair?, encombr? d'affiches de groupes qui ne l'int?ressaient pas. Arriv? ? une porte en acier au bout du couloir sans fen?tre, il s'arr?ta. Il frappa. Le son traversa le m?tal ?pais. En entendant l’invitation, il fit son entr?e dans la pi?ce. Il g?mit de m?contentement en voyant Alexander dans une sc?ne intime. Alexander ?tait connu pour avoir plusieurs partenaires. Il ne changera jamais. Un homme maigre et p?le ?tait allong? entre deux femmes nues sur un tr?s grand lit. Ils ?taient tous les trois nus. Lucious d?tourna son regard vers le bureau en ?b?ne jonch?s de paperasses et d'affiches. Des carreaux de marbre noir brillaient sous ses pieds bott?s, contrastant avec les meubles ivoires. Les deux seules couleurs approuv?es par Alexander. - Ne fais pas ton timide ! lui dit Alexander. Tu peux te joindre ? nous, si tu veux. Lucious hocha la t?te et se laissa tomber dans un fauteuil face au bureau. Alexander chuchota quelques mots aux filles et elles se lev?rent du lit. Il enfila le pantalon blanc jet? sur le sol. A moiti? rhabill?, il donna un coup de coude ? la jeune femme aux cheveux courts ch?tains. - Permets-moi de t'offrir le d?ner. La jeune femme lan?a un coup d’?il ? Alexander par-dessus son ?paule comme pour lui demander la permission. Avec une expression d?sint?ress?e, Lucious la suivit du regard alors qu’elle se rapprochait de lui. Elle avait l'air trop jeune pour ?tre ici. Elle avait une dizaine de marques de morsure sur le corps. Lucious leva la main en signe de protestation. - Non, merci, je me suis d?j? nourri. La brune se caressa les seins. - Tu es s?r, ch?ri ? - Assez, dit-il en ?cartant l'humaine et en fixant Alexander du regard. Il faut qu'on parle. Son ami se passa les doigts dans ses cheveux courts platine. Ses yeux gris p?le inspectaient Lucious sous des sourcils sombres. Il aboya en italien et les filles se dispers?rent pour ramasser leurs v?tements. Elles sortirent rapidement du bureau, en marmonnant leur m?contentement. Alors qu'Alexander s'approchait de lui ? grands pas, Lucious essaya de se souvenir de leur derni?re rencontre. M?me s’il ?tait venu en Irlande il y avait dix ans, c’?tait la premi?re fois qu’il venait au club. Ses recherches ? l’?poque lui avaient pris tout son temps. La derni?re fois qu'ils s'?taient rencontr?s remonte ? pr?s de cinquante ans, lorsque les choses avaient mal tourn? avec Zafira - une ?poque qu’il aimerait effacer de sa m?moire. Lucious se leva et tendit sa main vers Alexander. - ?a fait longtemps. - Oui, c'est vrai, r?pondit Alexander. Il ignora sa main et attira Lucious en une forte ?treinte. Comme toujours, des mani?res et des maladresses. - Vous, les britanniques, vous devez apprendre ? vous d?tendre un peu. Immobile dans ses bras, Lucious tapota le dos d'Alexander. Alexander gloussa et le rel?cha sans dire un mot de plus. Il ouvrit la porte du bar de son bureau. - Est-ce que je peux t'offrir un verre ? - J’en ai vraiment besoin avec tout ?a ! - Que se passe-t-il ? Alexander sortit deux verres en cristal du deuxi?me tiroir de son bureau, les remplit ? moiti? d’un alcool ambr? d'une carafe et lui en tendit un. - Je crois que tu le sais d?j?. - Si je le savais, je ne risquerais pas mon immunit? pour cacher un fugitif ? Eliza et au Conseil. Suis-moi ! Ils travers?rent des doubles portes pour se retrouver dans un salon spacieux. Des ?tag?res de livres et des vitrines de poignards de l’antiquit? ornaient les murs. Alexander s'assit sur le canap? Chesterfield en cuir blanc. - Je t'?coute. Lucious accepta l'invitation et se d?tendit dans un fauteuil, face de son ami. Il posa son verre sur la table basse et croisa ses mains sur son ventre. - Par quoi veux-tu que je commence ? - Et si tu commen?ais par m'expliquer pourquoi tu n'es pas all? voir la sorci?re ? Apparemment je lui ai fait perdre son temps et elle pourrait nous jeter un sort ? tous les deux. - C'est parce que je l'ai trouv?e. Alexander arqua ses sourcils noirs. - Trouv? qui ? - La sorci?re ou ce qu'elle est, qui a cr?? le lien entre nous. Il se souvint de son apparence - presque trop innocente. - Et quoi ? Tu l'as laiss?e partir ? Lucious sourit. - J'ai son nom et son num?ro de t?l?phone. Alexander avala son poison de premier choix. - Pour ?tre honn?te, je ne comprends pas pourquoi tu ne l'as pas amen?e ici avec toi. Je l’aurais influenc?e et je lui aurais fait l’amour jusqu'? ce qu'elle m’avoue pour qui elle travaille. - Je n'aime pas les gamines, Alexander. Alexander haussa les sourcils. - Hum, une jeune sorci?re avec un sort de traquage ? Je suis vraiment impatient de voir ?a. - Ce n’est pas un sort de traquage. C’est autre chose. - Tr?s bien, je t’?coute. Alexander prit son ordinateur portable du si?ge ? c?t? de lui et le nicha dans ses genoux. - Donne-moi ses coordonn?es et je verrai ce que je peux trouver sur elle. Lucious ob?it. Alors que son ami faisait des recherches sur son ordinateur, il sirotait son scotch. Au bout de dix minutes, Alexander poussa un grand soupir. - Elle n'appartient ? aucun cercle Wiccan de mes bases de donn?es. Elle est… ?tudiante et presque normale. - Presque normale ? - On dirait que notre petite sorci?re a b?n?fici? d’une th?rapie lorsqu'elle ?tait enfant, mais ses dossiers sont scell?s. Je ne peux pas acc?der aux informations. Veux-tu que j'envoie quelqu'un trouver plus d’informations sur elle ? Lucious se frotta le menton. - Pourquoi ne pas le lui demander en personne ? J'ai une id?e. 4 L’entretien Le bruit sourd de la porte d'entr?e lui apprit qu'Andrew venait de quitter l'appartement. Depuis hier soir, elle n’avait pas os? le regarder dans les yeux. Apr?s son cauchemar, elle avait eu froid. Elle avait juste eu besoin d’un peu de chaleur, rien d’autre. Mais se mentait-elle ? Helena rangea ses livres et ses affaires dans son sac. Elle sortit un pantalon noir et une chemise blanche de sa garde-robe. Elle d?testait porter du blanc. Celui qui avait d?cid? que les mari?es devaient s'habiller en blanc n'avait s?rement pas pens? ? la facture du pressing et le discours sur la puret? de la mari?e ?tait une chose surestim?e de nos jours. Elle s’attacha les cheveux en queue de cheval, saisit son sac ? dos et descendit l’escalier. Laura s'affairait dans la cuisine. Elle s’?tait attach?e les cheveux en chignon, maintenus par des petits b?tons chinois color?s. Helena laissa tomber son sac sur le canap? et se rendit ? la bouilloire. Son amie lui lan?a une expression s?v?re en s’adossant au comptoir. Elle tenait une fraise dans une main et un couteau dans l'autre. - Pourquoi tu essayes d’?viter Andrew ? - Qu'est-ce que tu fais ? Laura retroussa ses l?vres en un sourire diabolique. - Tu essayes de changer de sujet ? Helena v?rifia s’il y avait assez d’eau dans la bouilloire et appuya sur le bouton ‘marche’. Elle avait d?cid? de lui dire la v?rit?. - Nous… nous nous sommes enlac?s hier soir. Laura poussa un cri. Helena roula des yeux et leva ses mains pour l’interrompre. - J’ai fait un cauchemar et il m'a r?veill?e, expliqua Helena. Nous nous sommes enlac?s spontan?ment. Rien de sp?cial. - Continue ? te comporter comme ?a et tu finiras par devenir une vieille fille, sans personne ? tes c?t?s. Helena tambourinait le comptoir de ses ongles. Pourquoi la bouilloire mettait autant de temps ? bouillir ? Elle ne voulait pas parler de ses relations amoureuses si t?t le matin, pas quand elle devait interroger Michael sur son p?re. Depuis qu’ils ?taient revenus du royaume des anges, elle n’avait pas pu le joindre. C'?tait comme s'il l'?vitait expr?s. C'est exactement ce que tu fais avec Andrew… - Comme tu ne vas pas me donner des d?tails, je vais devoir utiliser mon charme de p?tissi?re plus tard. Helena lui saisit le bras. - Tu n’as pas le droit de faire ?a ! - Bien s?r que j’ai le droit. Andrew sera aux anges. - La derni?re fois que tu as cuisin?, nous avions d? suivre un r?gime pendant une semaine ! - Je crois que c'est un march? ?quitable. Laura posa le couteau toujours en souriant. - Soit tu me racontes tout maintenant, soit tu pr?pares ta balance. Helena renifla. Toute cette situation ?tait ridicule, mais c'?tait ce qu'elle aimait chez Laura. Elle ?tait toujours pr?te ? aider ou ? remonter le moral aux gens, m?me si elle utilisait des moyens un peu trop indiscrets. - D'accord, tu as gagn?. La bouilloire siffla et Helena se pr?para un caf? en racontant ? Laura une version ?dit?e des ?v?nements de la nuit derni?re, supprimant bien s?r les parties qui pourraient ?tre interpr?t?es comme d?biles. Son amie l'?coutait attentivement en hochant la t?te de temps en temps. Son anecdote termin?e, Laura mangea le reste de ses c?r?ales d'un air amus?. - Quoi ? demanda Helena. - Tu veux savoir ce que je pense ? - Est-ce que j'ai le choix ? Laura hocha la t?te. - Quand tu rentreras ce soir, tu iras directement vers lui et tu lui donneras un baiser. Elle haussa un sourcil. - Un baiser ? - Exactement ! Laura passa son sac ? rayures roses et jaunes par-dessus son ?paule. C’est ce dont vous avez besoin tous les deux. Maintenant, je ferais mieux d'y aller ou je vais ?tre en retard en cours. Helena jeta un coup d’?il ? l'horloge. Il ?tait presque neuf heures, il lui restait encore une heure. Son amie lui donna une tape rassurante sur le dos. - Souviens-toi, un beau et un long baiser. Si je reviens et que vous ne sortez pas ensemble, je cuisinerai pendant un mois. - Avertissement not?, r?pondit Helena. Laura sortit avec un l?ger saut dans sa d?marche. Au moins une personne est contente. Elle finit son caf? ti?de en prenant son temps. Elle se rendit au canap? sur lequel elle s'?tira et ferma les yeux, en se concentrant sur ses boucliers. Plus elle pratiquait, plus vite elle sortirait de son ?tat demi-conscient. ? l'int?rieur de ses barri?res mentales, elle ?tait sur le sol en damier. La bulle en acier famili?re l'entourait. Cette fois, elle ?tait calme. Tout ce qui s'?tait fray? un chemin avait disparu et la confrontation lui apporta une autre question sans r?ponse. Elle appela Michael qui se mat?rialisa presque aussit?t devant elle. Son teint dor? avait perdu un peu de sa couleur. - On doit parler, lui dit-elle. Michael resta immobile. Elle n'?tait pas s?re qu'il respirait. - Bien… commen?ons par ce qui s’est pass? hier. Qu'est-ce que c'?tait ? - ?a ne te concerne pas. Contrari?e, elle essaya de reformuler sa question. Elle savait qu’il d?testait qu'on lui mette la pression pour avoir des r?ponses. S’il sentait qu’elle allait lui poser des questions sur sa vie d'ange, il dispara?trait sans dire un mot. Elle se serra les mains et se retint de lui lancer des accusations inutiles. La cr?ature d’hier soir avait essay? d’entrer ? l'int?rieur de ses boucliers mentaux. Bien s?r que cela la concernait ! - Michael, dis-moi, s'il te plait. - Si t'as fini, j’ai d’autres choses ? faire. Elle attrapa la manche cr?me de sa chemise, dont une grande partie ?tait cach?e par un gilet en cuir marron attach? par des boucles argent?es sur sa poitrine. Le coton rugueux irrita sa peau, mais elle s'y accrocha tout de m?me. Il se renfrogna. - Tu ne peux pas partir. Et… Elle baissa les yeux en essayant de penser ? ce qu'elle pourrait lui dire. La corde p?le, dont elle se souvenait du royaume du destin, lui sortait du ventre. D'un air absent, elle la caressa. - Et la corde ? Pourquoi est-elle toujours l? ? Michael lui toucha la main et leurs regards se crois?rent. Pendant un bref instant, elle croyait qu'il ?tait sur le point de lui dire quelque chose, mais il repoussa sa main. - Tu dois me faire confiance, Helena. Je suis ici pour veiller sur toi et non pour r?pondre ? ta profusion infinie de questions. Ses mots irritants la bless?rent. Elle n'?tait pas s?re de vouloir des r?ponses ? toutes ses questions. Ses doigts tir?rent sur la corde qui ?mit un l?ger bourdonnement. Puisqu'il l'avait emmen?e dans le royaume des anges, elle pensait qu'il pourrait ?galement l’aider dans ses recherches. Il pourrait avoir des ennuis pour avoir accept? de l’aider. - Je suis d?sol?e, dit-elle. L’expression de Michael s’adoucit. - Tout ce que je te demande est de me faire confiance. Je serai toujours ? tes c?t?s, quoi qu'il arrive. Ses doigts caressaient doucement sa joue, comme si elle ?tait en verre fragile. - Le lien que tu as cr?? avec le vampire doit ?tre rompu d?s que possible. Tu es en danger. Ce soir, lorsque tu rentreras et que tu affirmeras tes sentiments pour ton ami humain, je ferai de mon mieux pour briser le lien. D'accord ? Helena ne voulait plus rien avoir avec le monde surnaturel. Tout ce qui lui importait pour le moment ?tait de retrouver son p?re - o? qu'il soit. Se mettre en danger ne lui serait d’aucune aide. - D’accord ! ***** Son sac dansait sur son dos alors qu'elle courait vers le b?timent des arts. Elle ne s'?tait pas attendue ? ce que son bus tombe en panne au milieu d’une rue encombr?e. Ce n’?tait vraiment pas son jour de chance aujourd'hui. Elle releva le bord de la manche de sa veste pour v?rifier l'heure. Son cours allait commencer dans trois minutes. En haletant, elle fit irruption dans le b?timent rempli d'?tudiants ?nergiques et de bavardages. En se faufilant dans la foule, elle se rua vers une salle de conf?rence. Pr?s de la porte, elle aper?ut sa camarade de classe. - Nadine, attends ! appela-t-elle. La fille s'arr?ta. - Bonjour ! Helena avait du mal ? contr?ler son malaise. Nadine ?tait presque contrari?e de la voir. Elle avait pris ? c?ur l'encouragement de Laura ? se faire des amis et elle voulait ?tre s?re de faire de son mieux pour y arriver. En glissant ses mains dans les poches de son jeans, Helena dit : - Je suis d?sol?e de t'avoir vex?e la derni?re fois. Nadine la fixait de ses yeux marrons. Pour quelqu'un de si jeune, elle semblait avoir beaucoup de connaissances et d’exp?riences dans la vie. D?s qu’elle avait d?tect? son sourire ennuy?, Helena se dit mentalement qu’elle n’arriverait jamais ? se faire de nouveaux amis. - Tu ne m'as pas vex?e, j’avais un rendez-vous. Helena lutta pour ne pas laisser sa surprise para?tre sur son visage. Est-elle s?rieuse ? Elle se mordit les l?vres. Elle n’aurait jamais pens? que leur conversation irait plus loin qu’un simple bonjour. - Le cours va bient?t commencer. Tu veux bien t’asseoir ? c?t? de moi ? demanda Nadine. Avec un sourire d’idiote, Helena la suivit dans la salle de conf?rence en se donnant mentalement une tape dans le dos pour se f?liciter. Laura sera fi?re d’elle. ***** Helena attendit ? c?t? de Nadine que tous les ?tudiants sortent. Elle regarda sa nouvelle amie. Pour une raison quelconque, Nadine se comportait comme un chat perdu et Helena ressentit le besoin de lui venir en aide. - Es-tu libre pour le d?jeuner ? demanda Helena. Nadine jeta un coup d'?il dans son journal. Plusieurs choses y ?taient not?es pour la soir?e, mais Helena n’arrivait pas ? lire ses minuscules gribouillis. - Oui. Elles sortirent ensemble de la salle de conf?rence. Le couloir ?tait presque vide, seulement quelques ?tudiants assis par terre ? bavarder. Helena d?cida de se rendre au caf? o? elles s'?taient rencontr?es la premi?re fois. Ses doigts jouaient avec le crochet m?tallique de son sac, tandis que le silence entre elles ?tait rempli des conversations occasionnelles des personnes qui passaient. Elle ne savait pas si Nadine pr?f?rait le silence ou si elle attendait qu’elle commence ? parler. - L'essai que nous avons sur l'?gypte ancienne, as-tu d?cid? sur quoi tu vas ?crire ? La fille pencha la t?te sur le c?t?. - Je pense que ce devoir va beaucoup me plaire. ?a parle du long chemin que nous, les humains, avons parcouru. Elles tourn?rent au coin. Les murs ?taient couverts d'affiches pour une prochaine f?te. Helena les regarda avec d?go?t. Les f?tes, les bo?tes de nuit et les concerts n'?taient pas son truc. Elle pr?f?rait s'?loigner des endroits bond?s. - Je n'ai jamais trouv? les ?gyptiens int?ressants, admit Helena. L'esclavage n'est pas ma tasse de th?. - Une ?me pure ne peut pas accepter la cruaut?. Helena d?visagea Nadine. Elle affichait ce m?me sourire myst?rieux qui la troublait. - Pourquoi tu fais ?a ? Nadine fron?a des sourcils. - Que veux-tu dire ? - Tu souris, mais on a l'impression que tu te forces ? le faire. Nadine s'arr?ta dans l'escalier, la t?te baiss?e. - Ecoute, je ne voulais pas te vexer… Nadine hocha la t?te. Elle ?carta sa frange de ses yeux et sourit. Son premier vrai sourire. Helena se sentit heureuse. - Personne ne m'a jamais dit ?a auparavant. Les gens, en g?n?ral, pr?f?rent m’?viter d?s qu’ils en apprennent plus sur moi… le vrai moi. Nadine reprit la descente des marches. Un million de questions se poussaient les unes les autres ? l’int?rieur de sa t?te. N'importe qui de normal feindrait le d?sint?r?t et changerait de sujet. Helena refusait de le faire. Elle voulait savoir pourquoi cette fille avait dress? une barri?re autour d'elle pour s’?loigner des autres. Helena attrapa le bras de la fille en bas des escaliers. - Est-ce que tu tortures des chiots, est-ce que tu roules en sens inverse dans une rue ? sens unique ou quelque chose comme ?a ? Nadine d?tourna ses yeux et se mordit la l?vre inf?rieure. Helena avait d?tect? dans ses yeux une douleur profonde et d?chirante. - Je ne peux pas avoir d'amis parce qu'ils seront chass?s par les t?n?bres qui me suivent. La frange de Nadine tomba sur ses yeux comme une armure. - J'allais oublier, je dois me rendre quelque part. Helena la rattrapa par les ?paules, for?ant la fille ? s’arr?ter. Pour une fois, elle s’?tait retenue de dire ce qu’elle pensait. Alors qu’Helena cherchait ses mots, Nadine repoussa sa main. - Helena, les gens comme toi brillent de mille feux. Je ne veux pas qu’une chose de mal t’arrive ? cause de moi. - Tu ne penses pas que c’est ? moi de prendre cette d?cision ? - Tu ne r?alises pas ? quel point c’est dangereux d’?tre avec moi ! - Et si tu m’expliquais ! La main chaude de Nadine caressa la joue d'Helena. - Je suis d?sol?e, mais, ? la place, je vais te montrer. Le corps d'Helena se d?tendit et sa vision s'assombrit. Des images floues se mirent ? flotter devant ses yeux. Elle se concentra. Plus elles d?filaient, plus elles devenaient claires. Au d?but, elle vit une obscurit? semblable ? un brouillard recouvrant le sol. Elle leva les yeux et croisa des orbes rouge brillant. Ils s'ouvraient et la fixaient. L'obscurit? se d?pla?a. Elle r?alisa que ce qu’elle voyait n’?tait pas un brouillard, mais une masse de corps. Des centaines de corps ?b?ne lisses, ?caill?s, velus, affam?s, entrelac?s comme dans un nid. Impossible de voir leurs extr?mit?s. Leurs mains griffues ?taient tendues dans sa direction, comme si elles essayaient de l'attirer ? l’int?rieur de l’amas emm?l?. De l'air froid l'enveloppa, s'infiltrant sous sa peau. Elle sentit des frissons. Elle ne voulait pas que ces cr?atures la touchent ou m?me qu'elles s’approchent d'elle. Ce n’est pas r?elle, se rassura-t-elle. C’est juste un r?ve d?bile. De longues mains osseuses s'enroul?rent autour de sa cheville. Elles serr?rent fort. Elle se mit ? crier et recula en titubant, rel?chant la main de Nadine. Helena ?tait sur le point de lui donner une partie de son esprit, mais elle se figea lorsqu'elle vit les traits tristes de Nadine. Nadine baissa la t?te. - Je suis d?sol?e, je dois m’en aller. S'il te plait, oublie-moi. Helena tendit la main pour la retenir, mais changea aussit?t d’avis. Le froid du r?ve ?tait toujours pr?sent en elle. Il la gla?ait au plus profond de son ?me, m?me si elle n’avait plus mal ? la cheville. Quoi que Nadine f?t, elle n'?tait pas normale, et normal ?tait la seule chose dont Helena avait besoin ces jours-ci. ***** La journ?e ? l'universit? ?tait termin?e et le soleil commen?ait ? se coucher sur la ville monotone, baignant le ciel de teintes multicolores. Helena se changea dans les toilettes dans les v?tements qu’elle avait apport?s pour l'entretien et prit un taxi. Lorsqu’elle donna l'adresse au chauffeur, il lui fit un sourire narquois, comme pour dire qu’il savait o? elle allait. Elle l’ignora et se concentra sur son entretien. Elle voulait penser ? n'importe quoi qui lui ferait oublier Nadine et ses visions. La derni?re fois qu'elle s’?tait rendue ? un entretien remontait ? deux ans. Elle l'avait lamentablement rat?. Elle ne s'?tait pas pr?par?e au bombardement de questions sur les tendances actuelles de la mode ou sur ce qu'elle savait de l'entreprise. Pour elle, les v?tements servaient tout simplement ? cacher sa nudit?. Les personnes dans le quartier o? son taxi s'?tait arr?t? ne semblaient pas ?tre du m?me avis, elles affichaient plus de chair que n?cessaire dans leurs minijupes moulantes et leurs d?collet?s bien ?chancr?s. - ?tes-vous s?r que c’est la bonne adresse ? demanda-t-elle en d?tachant sa ceinture de s?curit?. Il hocha la t?te et regarda son sac avec impatience. Elle fixa les femmes qui faisaient la queue devant le manoir victorien. Une enseigne en n?on rouge vif au-dessus de la porte affichait « Russian Roulette ». Helena r?gla sa course au chauffeur et sortit du taxi, h?sitante. Elle ne pouvait plus changer d’avis, le taxi avait d?j? red?marr? en soulevant le gravier sous ses pneus. L'une des pierres la cogna ? la cuisse et elle lan?a un regard noir vers le v?hicule qui s’?loignait. Pourquoi je suis ici ? Elle se rappela de son ind?pendance, elle avait besoin d'un emploi. Mais travailler dans une bo?te de nuit la faisait se sentir mal. Peut-?tre qu'ils ont un travail de bureau ? Helena resserra sa veste autour de son corps tremblant. Elle se sentait mal ? l'aise avec son sac ? dos volumineux suspendu ? son ?paule, alors que les autres femmes tenaient des sacs ? main scintillants. Elle prit une profonde inspiration. Cela l'aida ? calmer l'?trange sensation qui lui chatouillait l'estomac. Elle se dirigea vers un imposant videur d’un m?tre quatre-vingt, debout ? l'entr?e. Il la fusilla du regard et elle le raya mentalement de sa liste des personnes avec lesquelles elle s'entendrait. - Je suis ici pour un entretien. Au moins, sa voix ne tremblait pas autant que ses entrailles, face au regard mortel qu'il lui lan?ait. Le videur croisa les bras sur sa large poitrine. Le mouvement ?tira le tissu de son T-shirt noir pour r?v?ler une masse intimidante de muscles. - Votre nom ? Son ton ?tait mena?ant. Helena dit son nom d’un rythme saccad?. Il ouvrit la porte derri?re lui. D?s qu’elle franchit le seuil, elle entendit un flot de plaintes des autres clients attendant leur tour pour rentrer. Helena leva la t?te et avan?a en tra?nant des pieds. Le couloir sombre menait ? une r?ception o? une femme ?tait assise derri?re un comptoir, tenant un magazine de mode dans des mains parfaitement manucur?es. Ses talons rouge vif reposaient sur la table. Helena fixa ses pieds. Sa position avait fait remonter sa jupe noire jusqu'aux cuisses, exposant sa lingerie en dentelle. - Bienvenue ? Russian Roulette. La blonde regarda ses v?tements et fit une grimace. - Tu dois ?tre la candidate pour le poste. Helena r?pondit par un signe de t?te et attendit les instructions. La blonde lui d?signa le couloir adjacent. - C’est par l?. La deuxi?me porte au fond sur ta droite. Helena avait la gorge s?che. Elle avala le peu de salive qui s'?tait accumul?e dans sa bouche. En faisant de grands efforts pour se rassurer, elle prit la direction indiqu?e. Elle sentait des picotements au ventre. Qu’est-ce qui lui arrivait ? C'?tait comme si son lien essayait de lui dire quelque chose. Helena s'arr?ta devant la porte pour v?rifier si elle ?tait au bon endroit. Elle frappa, mais elle n’eut aucune r?ponse. Elle d?cida de rentrer. C'?tait probablement la salle d'attente. Elle enclencha la poign?e m?tallique froide et, avec un clic presque silencieux, la porte s'ouvrit. Elle jeta un coup d'?il ? l'int?rieur et ?tudia le d?cor monochromatique. Un minibar en bois noir sur sa droite avec des bouteilles de whisky ? moiti? vides, deux canap?s en cuir blanc au centre d’une vaste pi?ce. Ses yeux se pos?rent sur deux hommes assis, comme le jour et la nuit. Un homme aux cheveux blanch?tre et platine l'?tudiait du regard. Ses yeux argent?s troublants refl?taient presque le d?go?t et l'irritation, contrairement ? l'accueil chaleureux auquel elle s’?tait attendue. Elle baissa les yeux sur ses v?tements. Ils ?taient parfaits pour un entretien. Une sonnette d’alarme retentit dans son esprit. Elle l’ignora et essaya de reprendre le contr?le de ses nerfs. L’homme se leva, exhibant son costume blanc impeccable, et lui fit signe de s'asseoir face ? lui. Aucun de ses recruteurs n’avait prononc? un seul mot. C'?tait peut-?tre une sorte de test ? Et si c'?tait le cas, elle esp?rait que cet entretien ne soit pas long. - Helena, cours ! Les mots de Michael r?sonn?rent fort dans sa t?te, la faisant grincer des dents. Elle s'arr?ta dans son ?lan dans l’espoir qu’il lui donne des explications. - Ils ne sont pas ce que tu crois. Excuse-toi. Dis-leur que tu veux aller aux toilettes. N'importe quoi. Vite ! Helena sentit son rythme cardiaque s’emballer de panique, alors qu’elle essayait de trouver une excuse. - Je... Je... est-ce qu'il y a des toilettes, ici ? L'homme p?le tourna son regard vers le deuxi?me inconnu. Ce dernier avait les cheveux courts couleur corbeau et portait une veste en cuir noir cintr?e aux ?paules. Il lui semblait familier. - Sors d’ici ! Maintenant ! lui cria Michael dans sa t?te. Helena ne prit pas la peine d’attendre qu’on lui r?ponde. Elle tourna ses talons et se pr?cipita vers la porte. Mais avant qu’elle n’y arrive, une chose la claqua contre le mur et elle poussa un grognement de douleur. - Nous n’avons pas encore fini avec toi, ma ch?re, lui chuchota une voix rauque ? l’oreille. Elle avait d?tect? un accent anglais. - Je veux m’en aller ! Elle se poussa du mur. - Si tu essayes de t’enfuir, tu mourras. Ses mots froids l’envahirent d'une terreur paralysante. Le grand inconnu lui serra les bras et la fit tourner, lui pressant le dos contre sa poitrine solide. Son sac ? dos glissa de son ?paule. Il le ramassa et le balan?a pr?s du minibar. Le deuxi?me homme ?tait maintenant assis sur le canap?. Helena pencha la t?te sur le c?t?, essayant de comprendre comment quelqu’un pouvait se d?placer aussi vite sans qu’elle ne le remarque. Il la tira vers le canap?, la poussa dessus et se laissa choir ? c?t? d'elle avec ?l?gance tout en gardant ses yeux bleu-marron p?n?trant fix?s sur elle. Helena se souvint soudain. - Vous… Elle voulait se maudire de ne pas avoir compris plus t?t. Elle avait ressenti le m?me ?trange picotement au ventre la premi?re fois qu'elle l'avait crois? dans la rue. Le bel inconnu r?v?la une paire de dents blanches avec deux canines allong?es. - Vampire ! s’exclama-t-elle. - Lucious, es-tu s?r que cette enfant est Wiccan ? lui demanda son compagnon. Sans briser leur contact visuel, Lucious r?pondit : - Je ne sais pas ce qu’elle est, Alexander. Je n'ai pas d'influence sur elle. Helena ?tait confuse, que voulaient-ils dire ? Rapide comme l'?clair, sa main attrapa son ?paule et l'attira assez pr?s pour que leurs cuisses se touchent. Elle fit la grimace. - Qu'est-ce que tu pensais faire ? Lucious gloussa. - Je l'aime bien. Elle a l’air intelligente. - Arr?tez de parler comme si je n’?tais pas pr?sente dans la pi?ce ! Elle se mordit la l?vre, sentant leurs yeux la fixer. Pourquoi Michael ne dit plus rien ? Attend-il qu’une chose arrive ? Elle appela mentalement son tuteur. Comment a-t-il pu m'abandonner dans cette situation ? Alexander se leva et serra sa m?choire entre son pouce et son index. - Si tu oses encore parler sans qu’on te le demande ou si tu nous mens, sorci?re, je t'arracherai le c?ur. Helena frissonna, ne sachant pas si le froid qui la consumait ?tait sous l’effet de ses paroles froides ou de son toucher. Alexander la rel?cha et se rassit face ? elle. Il posa ses coudes sur ses genoux en joignant les mains. - Maintenant, dis-nous ce que tu es. Paralys?e par ses nerfs d?cha?n?s, elle r?unit tout son courage. - Je ne sais pas de quoi vous parlez. Je suis humaine. Lucious leva la t?te, la for?ant ? le regarder. Ses yeux bleu ?trange brillaient intens?ment. Les secondes s'?coul?rent. La lueur dans ses yeux s'intensifia, puis il fron?a des sourcils et baissa la main. - ? moins que tu ais une autodiscipline extraordinaire, ma ch?rie, tu es plus que ce que tu veux laisser entendre, m?me si tes mots sonnent vrais. Le regard d'Alexander la troublait. Il ne disait rien. Son silence l’effrayait. Ses yeux per?ants devenaient de plus en plus brillants. Est-ce que tous les vampires avaient la capacit? de faire ressembler leurs yeux ? de minuscules lampes de poche ? Pourquoi faisaient-ils ?a ? - Tu as raison. Je n’arrive pas non plus ? l’influencer, dit finalement Alexander. Helena ?tait rest?e silencieuse. Son esprit n'arr?tait pas de se poser des questions, mais elle avait peur de les poser ? voix haute. En tout cas, pas avant qu'elle ne sache ce qui se passait. - Puisque vous n’arrivez pas ? me contr?ler, auriez-vous l’obligeance de me dire ce que je fais ici ? s’entendit-elle demander malgr? elle. - Tu n'as pas encore r?pondu ? ma question, dit Lucious. - J'ai... L'?il de Lucious convulsa. - Tu n’as pas besoin de r?p?ter la m?me chose. Helena se retint de jurer. Elle serra ses mains en poings pour contr?ler son envie de leur crier dessus. Elle essaya de r?pondre d’un ton calme. - Moi, non plus, mais nous y voil? ! - Tu comprends… commen?a Alexander. - Que vous pouvez me tuer ici et tout de suite ? Oui, j'ai compris le message, elle fixa Lucious et ajouta, alors, faites-le maintenant ou laissez-moi partir. Elle n'avait aucune id?e comment elle avait pu r?unir autant de courage. Au fond d’elle, tout son corps tremblait de peur. Chaque mouvement de leur corps la mettait sur ses gardes. Sa fausse bravade ?tait la derni?re barri?re qui la gardait saine d'esprit. Les deux vampires avaient l’air tr?s contrari?s par son comportement. Ils ?chang?rent des regards et Alexander sortit de la pi?ce. Tout ? coup, la pi?ce spacieuse semblait se refermer sur elle-m?me. La proximit? de Lucious ?tait la principale raison de sa panique. Il donnait l'impression qu'il pourrait lui briser le cou s’il le voulait, elle sentait que ses intentions n’?taient pas du tout bonnes. - Qu’est-ce que tu comptes faire ? demanda-t-elle d'une voix tremblante. Son corps trahissait son manque de d?tachement, faisant trembler sa main. Lucious l'attrapa au poignet et l'examina. Ses yeux en scrut?rent les deux c?t?s. Renfrogn?, il retroussa la manche de son chemisier jusqu'au coude. Paraissant toujours insatisfait, il leva son autre main et r?p?ta le processus. Il la l?cha et s'?carta l?g?rement d'elle. - Si tu es humaine, comment as-tu pu cr?er un lien entre nous - un lien que je ressens encore plus fort lorsqu'on est proche l'un de l'autre ? Elle venait enfin de comprendre. Elle se concentra et le lien bourdonna, perturbant son ventre d?j? nou?. Jusqu’? ce qu’il en parle, elle avait presque oubli? le lien. Elle n'avait pas encore demand? d'explication ? Michael. Elle aurait voulu avouer ? Lucious que le lien n’?tait qu’un accident survenu au royaume des anges, mais elle repoussa l’envie de le lui avouer ne sachant pas ce qui pourrait arriver. Si ces vampires arrivaient ? savoir si elle mentait ou non, elle ferait mieux de se taire. - Helena, la voix faible de Michael r?sonna dans son esprit. Elle se couvrit la bouche avec sa main. - Tu es revenu ! Il se mat?rialisa ? ses c?t?s et le vampire se crispa. Lucious scruta Michael d’un regard fixe comme s'il essayait de comprendre ce qu'il ?tait. Il s'inclina sur son si?ge, d’un air d?contract?. - Qu'est-ce qu’un ange vient faire ici ? - Si tu sais ce que je suis, tu dois ?galement savoir que je suis son protecteur, d?clara Michael avec un d?go?t ?vident sur son visage. Tous deux s’?valu?rent un moment. L'intensit? dans la pi?ce ?tait devenue dense et elle se dit qu’elle ferait mieux de ne pas faire de commentaire qui pourrait aggraver la situation. Michael brisa le silence le premier. - Je te conseille de lib?rer ma prot?g?e si tu sais dans quoi tu t'es embarqu?. Une abomination comme toi ne devrait pas s'approcher de son ?me ou m?me exister dans ce royaume. - C’est l? que tu te trompes, mon pote. C'est elle qui a cr?? ce lien. C'est ?galement elle qui est venue me voir. - H?, je suis venue ici pour un entretien ! Si j’avais su qu’il y avait des vampires ici, j’aurais ?vit? cet endroit comme la peste. Michael se rapprocha d'elle en contournant la table basse. Helena devina qu'il l’avait fait expr?s pour faire croire au vampire qu'il ?tait pr?sent sous sa forme physique. Au d?but, elle n'avait pas cru que Michael ?tait autre chose qu’une hallucination. Des ann?es plus tard, elle avait fini par accepter sa pr?sence fantomatique. En ce moment m?me, elle priait pour qu'il ait un corps physique au cas o? tout ce sc?nario tournerait mal. - Je suppose que les anciens ne sont pas assez stupides pour avoir une sainte. Ils l'extermineraient plut?t que de risquer qu'elle les trahisse, d?clara Lucious. Michael jouait ? un jeu avec cet homme et Helena n'avait aucune id?e des r?gles. Une chose dont elle ?tait s?re, elle n’?tait pas une « sainte ». Leur lien ?tait une balise dor?e brillant au milieu d'une mer de couleurs dans le Domaine des Destins. Michael inclina la t?te. - Alors tu dois savoir qu’elle n’est pas impliqu?e dans votre monde et, pour que les choses restent ainsi, je t'aiderai ? briser ce lien. Lucious jeta un coup d'?il dans sa direction et elle lutta pour ne pas tressaillir. Elle redressa ses ?paules pour feinter la confiance. Son attention s’?tait attard?e sur son cou, avant de tourner son regard vers Michael. - Je la laisserai repartir si tu arrives ? rompre ce lien. Je n'ai pas le temps de jouer avec les anges et leurs saints. - Si tu ne tiens pas ta parole et que tu lui fasses du mal, je veillerai ? ce que tu sois d?chir? et r?assembl? par les hordes de d?mons pendant tout le reste de ton existence insignifiante. Les paroles de Michael ?taient empreintes d’une promesse de malveillance. Helena ?carquilla des yeux. Elle n’avait jamais vu Michael agir ainsi, il d?peignait l'image parfaite d'un ?tre froid et impitoyable. Que savait-elle de son ange gardien, apr?s tout ? Tout ce qu’elle savait de lui ?tait qu’il ?tait l? pour la prot?ger. Son regard froid et intense lui faisait peur. Lucious l’avait ?galement s?rement remarqu?, car son expression passa de d?tendue ? prudente. Son langage corporel disait qu’il ?tait pr?t ? se battre ? tout moment. - Tu as ma parole. Michael fixa le vampire du regard. - Ta parole n'est pas assez. Il n'y a que tes actes qui prouveront tes bonnes intentions. - Tr?s bien ! Son protecteur n'avait pas attendu. Il avait tendu ses mains entre elle et Lucious. Sa peau la piquait alors que le niveau d'?nergie dans la pi?ce s’intensifiait et que leur lien se mat?rialisait devant eux. Lucious le regarda avec int?r?t et, Helena avait not? qu'il ?vitait de toucher le lien qui sortait de son ventre. Au centre du lien, deux cordes ?taient enroul?es l'une autour de l'autre en un arc d?sordonn?. Michael posa ses paumes sur le petit n?ud. Ses mains ?mirent une lumi?re aveuglante, la for?ant ? plisser des yeux. Le lien vibra et son ventre se contracta. Plus les mains de Michael brillaient, moins elle voyait ce qui se passait, mais la sensation d’une chose qui se d?collait d'elle ?tait continuellement pr?sente. Helena serra des dents. Rassur?, Michael retira ses mains. Le lien ?tait bris? et la paume de Michael plana au-dessus de son ventre plus longtemps qu'elle ne le pensait n?cessaire. Elle jeta un coup d'?il ? Lucious. Son lien pourpre s'?tait ?galement s?par? sans laisser de trace. - C'est fait, d?clara Michael. Le lien ne t’ennuiera plus, vampire. Lucious se frotta l'abdomen. Apparemment satisfait, il se leva et se dirigea vers la porte. - Toi et ta prot?g?e, vous ?tes libres de partir. Helena n'attendit pas qu'on le lui dise deux fois. Elle se pr?cipita hors de la pi?ce, se retenant de regarder derri?re elle. Le cauchemar ?tait fini et elle en ?tait sortie indemne. Elle se pr?cipita dans le couloir, bousculant quelques personnes, ne se souciant point des regards qu'on lui lan?ait. Elle avait besoin de sentir le vent froid sur son visage, de respirer l’air frais et de sentir qu'elle ?tait vivante. S’?tant enfin assez ?loign?e de la discoth?que, elle s’arr?ta. ? bout de souffle, elle haletait. Tous ses muscles lui faisaient mal. Elle posa sa main sur sa poitrine et sentit son c?ur battre ? un rythme irr?gulier. Dieu merci, c'est fini. Elle sentit un mouvement derri?re elle qui la fit sursauter. Une douleur sourde explosa ? l'arri?re de sa t?te. Elle se balan?a sur ses pieds et posa une main sur son cuir chevelu. Ses doigts ?taient humides. 5 Kidnapp?e Lucious fixait la porte apr?s le d?part de la jeune fille. Jamais dans sa deuxi?me vie il n'aurait cru qu'il verrait un vrai saint vivant. En trouver un parmi les humains ?tait comme voir une licorne. Les anges ?taient une l?gende, des ?tres qui pouvaient ?liminer les siens d'un simple mouvement de main, du moins c'est ce que les mythes racontaient. La porte s'ouvrit en un clic fort. - D?sol?, je devais r?pondre ? un appel, dit Alexander en scrutant la pi?ce du regard. O? est notre petite sorci?re ? Lucious passa ses doigts dans ses cheveux courts. - Ce n’?tait pas une sorci?re. - Alors, comment tu expliques… - C’est une sainte. Une maudite sainte avec son ange gardien personnel. Alexander prit une bouteille de scotch du mini-bar et versa le liquide dor? dans un verre. Il l'avala d'un cul-sec. - Personne ne me croirait si je disais qu'une sainte s’est pr?sent?e dans mon club. Lucious hocha la t?te. - M?me moi, j’ai encore du mal ? y croire. Son ami prit le sac ? dos d’Helena du sol. Il l'ouvrit et jeta un coup d’?il ? l'int?rieur. - Elle a oubli? ses affaires, dit Alexander en renversant le contenu du sac par terre. Lucious r?fl?chissait en fixant le sac. Il pourrait peut-?tre le lui rendre, mais cela divulguerait son existence au Conseil. Ils pourraient alors changer leurs plans, s’int?resser ? elle et lui foutre la paix. Un sourire se dessina sur ses l?vres. Ce n’est pas une mauvaise id?e. - Que penses-tu qu'Eliza ferait si je lui ?changeais cette information en ?change de ma libert? ? Alexander se gratta le menton. - Je ne sais pas. Elle d?teste que les gens se tirent d’affaire, m?me en ?change d’informations aussi importantes. Elle pourrait te capturer et te torturer. - Tu as raison, acquies?a-t-il. Mais les autres membres du Conseil pourraient ?tre raisonnables. - Et s'ils ne le sont pas ? Tu risques de mettre en col?re une sainte qui te localisera o? que tu sois. L'avoir de notre c?t? est mieux que de fuir. Je veux dire, qui sait quels sont les pouvoirs que cette petite poss?de. - Tu pourrais trouver plus d’informations ? ce sujet. Alexander le regarda d'un air incr?dule. - Tu n’es pas s?rieux, j’esp?re ! Tu veux la convaincre de t’aider ? Nous ne pouvons pas l’influencer et je doute que son protecteur la laisse rejoindre notre groupe de mariachi. Lucious roula des yeux. Il avait not? que cette fille ?tait innocente, qu’elle avait peur de ce qu'il ?tait, mais elle ?tait ?galement tr?s courageuse. Savait-elle comment leur faire du mal ? M?me si elle ne le faisait pas, son protecteur le ferait certainement. La fa?on dont ses yeux brillaient avec l'intention de tuer n'?tait pas une chose ? laquelle Lucious s’attendait venant d'un ange. Mais il n’avait jamais eu d’exp?rience avec ces ?tres auparavant. Un coup ? la porte interrompit ses pens?es. Alexander alla ouvrir. C’?tait Tanya. - Il y a quelqu'un qui aimerait vous parler. Une main pos?e sur sa hanche, elle s'?carta de l’entr?e. - Ce gamin ne veut pas partir tant que je ne lui aurais pas montr? qu'elle n'est plus l?. Un jeune homme aux yeux verts p?n?trants ?tait debout derri?re Tanya. Il balaya la pi?ce du regard. Lucious allongea ses jambes sous la table basse et les croisa aux chevilles. Il n'avait pas le temps de jouer avec d'autres humains. Pas quand il avait d'autres choses plus importantes ? r?soudre. - O? est-elle ? demanda le gamin d'un ton exigeant. Alexander croisa les bras sur sa poitrine. - C'est impoli de rentrer chez les gens sans se pr?senter. Le gamin le fusilla du regard. - Je m'appelle Andrew. Andrew Keane. - Et de qui parles-tu, Andrew Keane ? demanda Alexander d'un ton amus?. Au moins, cette interruption amuse quelqu’un, pensa Lucious. L'humain poussa Alexander et pointa un doigt vers le sac ? dos. - Il appartient ? Helena, o? est-elle ? Les oreilles de Lucious se redress?rent ? la mention du nom. Cet humain connaissait la sainte et il semblait en ?tre amoureux. S’ils ?taient proches, il serait plus facile de la manipuler. Alexander haussa les ?paules. - Elle est repartie il y a peu de temps. - Je ne vous crois pas ! Lucious se leva et r?duit la distance qui les s?parait en quelques enjamb?es. Ils ?taient presque de la m?me taille. Il laissa tomber ses boucliers. Il lib?ra son ?nergie pour encercler le gamin et saisit la m?choire carr?e d'Andrew. Une l?g?re barbe de trois jours irrita sa peau. - Qu'est-ce que tu fais, zigoto ? lui cria Andrew. Lucious serra des dents. Ses iris avaient chang? de couleur et les yeux de l’homme sortirent de leurs orbites. Il ne comprenait pas pourquoi ce gar?on ne tombait pas sous son influence. Pour clore le tout, Andrew lui donna un coup de poing au ventre. Lucious lan?a un juron. - Encore un autre ! - Un saint ? demanda Alexander. - Je ne crois pas. J'ai entendu dire qu’ils voyageaient un ? la fois. Andrew recula brusquement. Son dos se cogna contre la vitrine de poignards d'Alexander, la faisant trembler. Andrew se tourna, souleva le couvercle en verre et tira un poignard en argent. Lucious haussa un sourcil. - Ne t'approche pas de moi, sinon tu le regretteras ! mena?a l'humain. - Il n’est certainement pas un saint, dit Alexander en ?touffant un rire. Son t?l?phone sonna et il regarda Lucious avec r?signation. - J’ai bien peur de devoir te laisser t’amuser tout seul. Tanya jeta un bref regard par-dessus son ?paule et tous deux disparurent par la porte. Lucious avait besoin de r?unir autant d'informations que possible du gamin. D’un geste lent, il prit un verre propre de la table. Il n’avait pas besoin d’avoir un ?il sur l’humain, il pouvait entendre les battements de son c?ur, tout comme un st?thoscope pos? sur sa poitrine. Avec une gr?ce mesur?e, il se versa un verre et fit face ? l'humain paniqu?. Il n’avait m?me pas eu le temps de penser ? la premi?re question ? lui poser, lorsqu'Alexander fit irruption dans la pi?ce en bousculant le gamin. - Nous avons un probl?me ! Lucious et Andrew se tourn?rent vers Alexander. Ce dernier prit le verre des mains de Lucious et le reposa sur la table. - On dirait que les loups-garous l’on trouv?e. Lucious jura dans sa barbe. Il aurait d? la suivre malgr? sa promesse de la laisser repartir. - O? est-elle ? demanda Lucious. Alexander ouvrit la bouche pour parler, lorsqu'Andrew s'avan?a avec un poignard point? sur eux. - Vous parlez d'Helena ? - Oui, jeune homme, r?pondit Alexander. Lucious regarda son ami d'un air renfrogn?. L’humain n’avait pas besoin de le savoir. Ils doivent le contr?ler jusqu'? ce qu'ils s'occupent des loups-garous. - Si vous allez la retrouver, emmenez-moi avec vous, dit Andrew. Avec un nouvel int?r?t, Lucious ?tudia le jeune homme. L'humain avait peur d'eux - de ce qu'ils ?taient. Son rythme cardiaque rapide le confirmait, mais il ?tait pr?t ? se lancer dans l'inconnu pour elle. - Et jusqu’o? irais-tu pour venir en aide ? ta nana ? demanda Lucious. Les joues d'Andrew devinrent rouge ?carlate. Lucious sut instantan?ment ce que signifiait la r?action de l’humain : leur relation n'avait pas atteint le niveau intime. Leur serait-il vraiment utile ? - Je suis pr?t ? faire l'impossible. Lucious ?changea un regard avec Alexander. Tous deux avaient s?rement pens? ? la m?me chose, car Alexander lui r?pondit par un sourire narquois. Ce gamin allait ?tre leur distraction pendant qu'ils se d?barrasseraient des loups-garous. - Bienvenu au clan, dit Lucious avec une main tendue. ***** Ils ?taient assis dans la voiture d'Alexander ? un kilom?tre du bar 'The Rift', attendant le bon moment pour attaquer. Ne pouvant pas s'en emp?cher, Lucious v?rifia sa montre pour la ?ni?me fois. Il jeta un coup d’?il ? Andrew, qui serrait toujours le poignard dans ses mains tremblantes. Le seul bruit dans la voiture ?tait la respiration irr?guli?re du gamin, comme si son corps n'arrivait pas ? se d?cider s’il devait se d?tendre ou s’enfuir en courant. - On y va ! dit Alexander en ouvrant la porte. Le soleil se l?vera dans une heure. Andrew se d?cala sur la banquette arri?re. - ?tes-vous vraiment des vampires ? - Jeune homme, je ne pense pas que le moment est bien choisi pour avoir une discussion l?-dessus. L'air ? l'ext?rieur commen?ait d?j? ? passer du froid et de l’humidit? ? la fra?cheur matinale - la premi?re indication que le soleil allait bient?t se lever ? l'horizon et lui faire perdre connaissance. S'ils n'agissaient pas vite, dans le meilleur des cas, ils finiraient comme cadavres dans la morgue ? c?t? des amis d’Alexander. La mort les r?clamerait ? nouveau et, cette fois, ils n’avaient aucune chance de retour. Les loups-garous ne s'attendaient s?rement pas ? ce qu'un humain frappe ? leur porte. Pitoyable, mais c'?tait le meilleur plan auquel ils avaient pu penser en un d?lai aussi court. Andrew les avait rejoints. Ses jointures ?taient p?les ? force de serrer la dague contre sa poitrine. - Tu pourrais perdre une main si tu ne fais pas attention avec ?a, plaisanta Alexander. Andrew baissa son arme. - Je n’ai pas peur, je suis inquiet pour Helena. - Excellent, d?clara Alexander, mais les femmes existent uniquement pour ?tre utilis?es. Souviens-toi de ?a. - Nous pourrions passer l'heure ? discuter de nos points de vue sur les femmes ou en finir le plus vite possible, dit Lucious. Ils r?p?t?rent leur plan, puis v?rifi?rent les alentours du bar. Les vitraux de la propri?t? ?taient barricad?s, ce qui les emp?chait d'?valuer le type d'accueil qu'ils auraient. Lucious se s?para des autres et traversa le parking pav?. Ils ne savaient pas o? ils la gardaient, donc le meilleur plan d'action ?tait de couvrir autant de terrain que possible. Alexander fouillera le rez-de-chauss?e et Lucious la cave. Il s'agenouilla ? c?t? des portes m?talliques et souleva la cha?ne. Il siffla en ressentant une sensation de br?lure lui traverser le bout des doigts qui lui br?la la peau. Maudit argent ! Lucious retira sa veste en cuir, l’enroula autour de ses mains et tira sur la cha?ne. Les anneaux se s?par?rent lentement. Il leur donna un petit coup pour les ?carter. En faisant le moins de bruit possible, il couvrit les cha?nes avec sa veste et la laissa sur le c?t?. Il souleva lentement les portes et ?valua l’endroit sombre en-dessous. Il tendit les oreilles pour d?tecter tout signe de mouvement. Le silence complet. Il sauta dans l’ouverture et de la poussi?re s’?leva dans les airs. Une porte simple, quelques rayons de lumi?re suintant ? travers les fissures du bois us?, lui bloquait le passage. Lucious sortit un couteau qu'il avait emprunt? ? Alexander et appuya son dos contre le mur. Il baissa la poign?e, for?ant la porte ? s'ouvrir avec un grincement. Il se retint de rire face ? l'ironie de la situation. Ne se souciant plus de sa discr?tion, il entra dans la pi?ce. Le g?missement des charni?res aurait alert? n'importe quel vampire dans le quartier. Alors, il attendit. Comme rien ne se passait, il fron?a des sourcils et examina la pi?ce. Une douzaine de bo?tes sans couvercles ?taient empil?es contre le mur du fond. Il v?rifia l'escalier. Personne. Il entendit des grognements ?touff?s venant de l’?tage, mais il d?cida de ne pas aller v?rifier. Alexander devait se d?brouiller seul. Sa mission ?tait de retrouver la sainte. Lucious s’approcha de la derni?re porte sur sa gauche. Toujours aucun mouvement. Au-del? de l'obstruction, le battement nerveux d'un c?ur humain emplit ses oreilles. Ses doigts serr?rent la poign?e. La premi?re chose qu'il vit en ouvrant la porte ?tait la sainte. Ses mains ?taient encha?n?es au-dessus de sa t?te. Elle ?tait p?le, s?rement ?puis?e. Lucious prit une inspiration, sentant le l?ger parfum de son sang doux qui flottait dans l'air. Il sentit une chose dure et froide ? l’arri?re de son cr?ne. - Ne bouge pas, l’avertit une voix masculine s?v?re. Lucious sourit. Un amateur. Il se retourna, attrapa le canon de l'arme et le poussa vers le bas. Une explosion per?ante fit vibrer ses tympans. Il serra des dents lorsqu'une sensation de br?lure se propagea dans sa cuisse. Agac?, il prit le vampire par la gorge et utilisa son autre main pour lui retirer l’arme. Une fois l’arme jet?e au sol, il souleva l'homme et le pressa contre le mur. - Qui es-tu ? Peu importait ce que Lucious pensait de l'incomp?tence de ce voyou, il n'?tait pas un loup-garou. L'homme lib?ra son ?nergie, pr?t ? se battre. Lucious continua ? lui tordre la gorge, mettant fin au combat du vampire. Le vampire lui cracha dessus et enroula ses mains autour de son poignet. Lucious, r?alisant qu’il avait l'intention de lui casser les os, enfon?a son poing dans son ventre. Il passa ses doigts dans le diaphragme et trouva le c?ur. - R?ponds ? ma question avant que je ne mette fin ? ta mis?rable existence. Le vampire le fusilla du regard. - Nous avons ?t? engag?s pour te garder en vie jusqu'? l'arriv?e du Conseil. Lucious garda son calme pour ne pas r?v?ler son inqui?tude. La nouvelle de leur arriv?e imminente lui avait donn? des frissons. Il ne voulait pas ?tre ? leur port?e lorsque les anciens enrag?s - qui voulaient sa mort - arriveraient. Puisqu'il avait choisi de ne pas r?pondre ? leur convocation, il ?tait en partie responsable de leur intention meurtri?re. - Quand arriveront-ils ? demanda Lucious avec un soup?on de d?sespoir s'infiltrant dans sa voix. Le vampire ?mit un sourire sans lui donner de r?ponse. Lucious avait mal ? la m?choire tellement il serrait des dents, luttant pour garder sa col?re secr?te. Sa main comprimait le c?ur glissant. - R?ponds-moi, bon sang ! cria-t-il. Les yeux du vampire devinrent bleus et Lucious sut qu'il n'allait rien en tirer. Il saisit l’organe immobile et le sortit du corps du loup-garou. Lucious jeta le c?ur sur le sol en pierre. Il s'essuya la main sur la chemise du vampire, alors que sa peau se fanait et se fripait. De grands yeux exorbit?s continuaient ? le fixer pendant le processus, jusqu'? ce qu'ils se dess?chent et que le vampire s'?tale sur le sol en un tas momifi?. Il n’avait pas le temps d’admirer son travail. Lucious s'agenouilla et fouilla dans les poches de sa victime. Les muscles de sa cuisse hurlaient sous la douleur de la balle en argent qui s'y ?tait log?e, mais il l’ignora. Il trouva un paquet de cigarettes et un briquet en plastique bon march?, qu’il lan?a sur le mur en jurant. Le hal?tement de la sainte r?sonna derri?re lui. Une seconde plus tard, Helena demanda : - Les choses ne se sont pas d?roul?es comme tu l'aurais voulu ? Lucious se figea. Il l'avait oubli?e. En prenant une profonde inspiration, il se leva et se tourna pour lui faire face. Il endurcit son expression, ne laissant voir aucune ?motion. La douleur de la balle lui arrachait l'arri?re du cr?ne, mais il serait damn? si elle d?couvrait qu’il avait une faiblesse. Il se l?cha la l?vre inf?rieure. - Quelqu'un d'autre ? ta place ?viterait de trop parler, ma ch?rie. ***** Helena rougit. Elle l'avait vu tuer quelqu'un, mais elle ne sentait aucune piti? pour Rick. C’?tait un salopard qui aurait ?t? plus qu'heureux de la torturer pendant des heures, si son partenaire ne lui avait pas donn? l’ordre de se tenir tranquille. - Si je ne t'avais pas interrompu, tu aurais retourn? cette pi?ce sens dessus dessous, r?pondit-elle. Lucious avan?a d'un pas. Ses yeux hypnotiques se focalis?rent dans ceux d’Helena, qui se battait pour d?tourner son regard. Rick pouvait la contr?ler et comme son lien avec cet homme ?tait la chose qui avait chang?, elle ne voulait pas qu’il sache qu'il arrivait ? la manipuler. Il s'arr?ta ? quelques centim?tres d'elle. Il portait un d?bardeur noir serr?, faisant ressortir sa large poitrine et ses muscles. - Tu ne vas pas me supplier de te laisser partir ? demanda-t-il, son souffle chatouillant son oreille. Helena serra ses mains en poings. Elle ne voulait pas s’abaisser et le supplier, ce serait une grande erreur. - Non. - Je pourrais te laisser, ici, encha?n?e. Tu seras une proie aux autres vampires. Elle leva les yeux et lui sourit. - Mais tu ne le feras pas, n'est-ce pas ? Sinon, tu ne serais pas ici. - Tr?s intelligente ! La main froide de Lucious effleura son c?t? bless? et elle fit la grimace. Il leva ses doigts tach?s de sang et les l?cha l’un apr?s l’autre, la faisant rougir de plus belle. - Je suis d??u que ton sang ait le m?me go?t que ceux des autres. - C’est normal ! Je te l'ai d?j? dit, je suis une humaine. - Oui, tu l'es en surface. Mais l'?nergie qui a disparu lorsque notre lien a ?t? rompu ne peut pas appartenir ? un simple mortel. Helena ?tait confuse, elle ?tait normale dans une certaine mesure. Alors, pourquoi avait-il dit ? Michael qu'elle ?tait une sainte ? Que savait-il d’autre qu’elle ignorait ? Elle se for?a ? se concentrer sur sa situation difficile. Elle ?tait encha?n?e ? un mur en pierre et le froid lui donnait la chair de poule. Il s'?tait assez ?loign? d'elle pour qu'elle r?alise qu'il saignait de la cuisse. - Je vois que ta blessure est grave, marmonna-t-elle. Il gloussa l?g?rement d’un ton m?lodieux, un comportement qu’elle commen?ait ? aimer. Elle ?tait plus calme et les douleurs de sa blessure n’?taient plus aussi fortes. - Toi aussi, ma ch?rie, dit-il en se mettant ? genoux. Lucious examina sa blessure. Elle fit de grands efforts pour cacher l’attirance qu’elle avait pour lui. - Je peux gu?rir tes blessures, mais les miennes devront attendre pour plus tard. - Attends, qu’est-ce que tu vas faire ? Il lui fit un sourire de pr?dateur. - Tu ne t’attendais pas ? ?a, n’est-ce pas ? Il se mordit le pouce et ?tala son sang sur sa blessure. Helena essaya de reculer, mais il lui saisit la hanche. Son emprise douloureuse l'avait maintenue en place pendant qu'il continuait sa proc?dure peu orthodoxe. - Pourquoi tu fais ?a ? - ?a va gu?rir ta blessure. Il se mordit ensuite le poignet, se redressa, lui serra la nuque et pressa son poignet ruisselant de sang contre ses l?vres. - Bois ! Elle ferma la bouche. - ?a gu?rira ton traumatisme cr?nien. La morsure ?tait gu?rie et il la mordit ? nouveau. - D?p?che-toi ! Nous n'avons pas toute la nuit devant nous. Helena plissa du nez, son envie de vomir s’empirait. Elle fixa le sang couler le long de son bras en minuscules rivi?res. - Oh, pour l'amour de Dieu, marmonna Lucious dans sa barbe. Il retira sa main, pressa son corps r?sistant contre le sien et l'embrassa. Il posa ses l?vres trapues et froides contre les siennes. Il lui saisit le menton et enfon?a ses doigts dans sa peau jusqu'? ce qu'elle ouvre la bouche. Le go?t m?tallique du sang cuivre remplit sa bouche et le baiser s'intensifia. Aucune ?motion, uniquement de la lassitude. Elle comprit ce qu'il faisait. Il lui faisait boire son sang pour la gu?rir. Le liquide frais lui apaisa la gorge. La sensation n'?tait pas aussi mauvaise qu'elle l'avait pens?. Plus les secondes s’?coulaient, plus son corps se d?tendait. Lucious recula pour qu'elle puisse reprendre son souffle. - Pourquoi… s'embrasser ? r?ussit-elle ? dire entre deux hal?tements. - Pour que tu ne me regardes plus avec cet air d?go?t?. Helena se mordit la l?vre. Elle pouvait bien vivre avec l'embarras pendant une nuit. Elle examina sa blessure. Elle s'?tait cicatris?e. - Je n'ai rien senti, dit-elle d'une voix ?merveill?e. Lucious leva ses mains pour saisir les cha?nes au-dessus de sa t?te. - Tu aurais ressenti quelque chose uniquement si tes blessures ?taient plus graves. - Mais pourquoi ta blessure n’est pas gu?rie ? Lucious d?fit ses attaches d'un coup sec. Elle se frotta les poignets et attendit qu’il lui r?ponde. - Je dois d'abord retirer la balle en argent, sans ?a ma gu?rison sera impossible. Allons-y, ajouta-t-il en lui attrapant la main, sortons d’ici ! Elle tr?bucha apr?s lui, ses jambes raides faisant de grands efforts pour le suivre. - Si tu permets, lui dit-il en enroulant le bras autour de sa taille. Elle sentit ses joues rougir. Tout son corps fut envahi par une torride chaleur sous l’effet de son toucher. ?tre si proche d’un homme la mettait mal ? l’aise, elle se rappela d’Andrew. Elle ne lui avait pas dit ce qu’elle ressentait pour lui, elle n’en ?tait m?me pas s?re. Trop de choses s'?taient produites depuis sa derni?re conversation avec Laura. Elle baissa la t?te. Comment allait-elle expliquer sa disparition ? Lucious la guida en haut des escaliers grin?ants, supportant son poids avec aisance. Il avait gard? son rythme sans se plaindre. Les vampires ?taient-ils aussi maudits que Michael voulait lui faire croire ? Arriv?s ? la derni?re marche, Lucious lui serra la main lui envoyant un l?ger frisson dans le corps. Helena retira brusquement sa main de son emprise, mais ce geste ne semblait pas le d?ranger. Il continuait ? avancer en traversant les deux portes bleu marine d?sign?es comme toilettes. Il tourna au coin et elle l'entendit jurer. Elle se d?cida d’avancer plus vite pour voir ce qui se passait. Elle sentit sa t?te tourner. Elle s’adossa contre le mur dans l’espoir que son ?tourdissement disparaisse. Elle avan?a ? petits pas et tourna au coin. Elle se retrouva face ? une grande piste de danse d'un bar rock. Les tables et les chaises jonchaient la pi?ce suite ? une bagarre ?vidente. Des guitares sign?es ?taient accroch?es aux murs dans leurs vitrines ? moiti? bris?es. Les lumi?res ternes au plafond ?clairaient la piste de danse et le bar. C'est alors qu'elle vit Alexander et Lucious debout, tous deux les yeux fixant une chose au sol. Helena les poussa. Son cerveau n'arrivait pas ? accepter la v?rit? de ce qu'elle voyait. ?a devait ?tre une erreur. Sur le parquet us?, ? c?t? d'une table entour?e de chaises renvers?es, Andrew gisait dans une mare de sang. Il ne bougeait pas. Pourquoi ne bouge-t-il pas ? Du sang. La quantit? de sang coulant de sa t?te n’?tait pas normal. Le c?ur d’Helena s’?tait presque arr?t? de battre, aucun mot n’arrivait ? sortir de sa bouche. Ses genoux tremblaient, luttant pour rester debout. - Est-il…, le mot « mort » ?tait rest? coinc? dans sa gorge. - Il est vivant, dit Lucious, m?me si son rythme cardiaque ralentit. Helena se mit ? donner des coups de poings sur la poitrine de Lucious. - Comment as-tu pu laisser cela arriver ? Il ne r?pondait pas et elle continuait ? l’agresser. Son corps l'avait trahi, emportant le peu de force dont elle disposait. Elle se laissa glisser au sol. Surpassant la douleur qui traversait ses rotules d? ? l'impact, elle rampa jusqu'? son meilleur ami. - Andrew, murmura-t-elle son nom comme une pri?re. Ses doigts retir?rent une m?che de cheveux ensanglant?s de son visage cendr? et les paupi?res d'Andrew se soulev?rent lentement. Au d?but, il eut du mal ? se concentrer. En croisant le regard d’Helena, il ressentit de l'amour dans ces yeux verts. Son c?ur ?tait pr?t ? exploser de joie. Elle l’examina en glissant tendrement ses mains autour de sa t?te, faisant attention de ne pas la bouger. Elle voulait savoir d'o? venait tout ce sang. - Helena… tu es… saine et sauve, dit-il d’un ton saccad?. ?a lui faisait beaucoup de peine de le voir dans cet ?tat. Andrew avait toujours ?t? le mec plein d'?nergie et de vie. Ses larmes chaudes lui picotaient les joues. C'?tait elle qui aurait d? ?tre ? sa place. Lucious pourrait l'aider comme il m'a aid?e. Elle se tourna vers l'homme qui l'avait gu?rie, les yeux ?carquill?s. Il ?tait debout avec Alexander ? regarder son tourment. - Aide-le, s’il te plait ! le plaida-t-elle. - Non, r?pondit Lucious. Elle lui cria dessus. Je ne peux pas le laisser mourir. - Tu dois l'aider, il va mourir ! Alexander hocha la t?te. - C’est trop tard ! Notre sang ne suffira pas ? le gu?rir. - Alors qu'est-ce… Pour qu'Andrew vive, il n’y avait qu’une solution et elle savait qu’il pourrait ne jamais la pardonner. Je suis d?sol?e, Andrew. Elle lan?a ? Lucious un regard d?sesp?r?. - Fais-le ! Lucious fut surpris. - S'il-te-plait, je t'en prie. Sauve-le ! Lucious ?clata de rire. - Tu penses que vivre cette vie, le sauveras ? Elle retint un sanglot. - Je m'en fiche ! Lucious pencha sa t?te sur le c?t?, ses yeux jugeurs fix?s dans les siens. Il s'agenouilla ? c?t? d’Andrew. - Qu’est-ce que tu m’offres en retour ? Helena serra des dents. Pour sauver Andrew, elle devait renoncer ? une chose. Lucious ne l’avait pas sauv?e par bont?. - Que veux-tu de moi ? Il pla?a sa paume contre sa joue et elle sentit un picotement ? son contact glacial. - Toi, ma ch?rie ! Sa r?ponse la surprit. Pourquoi un vampire voudrait-il d'elle ? Helena jeta un coup d'?il ? son ami. Il avait les yeux ferm?s, son teint bronz? ?tait devenu gris p?le. Elle serra la main d'Andrew et la tira sur ses genoux. - Il va mourir si tu ne te d?cides pas maintenant, exhorta Alexander. Andrew doit rester en vie. Il ?tait venu l'aider et c'?tait ? son tour de lui rendre la pareille. Elle se redressa, puisant toutes ses forces pour r?pondre. - Tr?s bien, tout ce que tu veux tant qu'il ne meurt pas. - Tr?s bien ! dit Lucious. Sans plus attendre, Lucious se mordit le poignet pour se faire saigner. Il ouvrit la bouche d'Andrew et fit couler le liquide dans sa gorge. En m?me temps, il mesurait sa r?action, ses iris illumin?s d'une lumi?re bleue. Helena s'en moquait. Tout ce qui lui importait ?tait qu'Andrew vive. M?me s’il venait ? la d?tester pour ?a, elle refusait de le laisser mourir. Le poignet de Lucious s’?tait cicatris? quatre fois de suite au cours du processus. Il souleva la t?te d'Andrew et lui brisa le cou. - Pourquoi t'as fait ?a ? hurla Helena. Elle tendit ses mains tremblantes vers Andrew. - Je n’avais pas le choix. Une fois le sang aval?, il doit mourir pour ressusciter. Lucious essaya de se relever. Son corps bascula et il s'?croula sur ses genoux. Alexander s'approcha de lui pour lui venir en aide, mais Lucious l'arr?ta. - Est-ce que tu vas bien ? lui demanda Alexander. - Je vivrai. Lucious essaya ? nouveau, mais sans r?sultat. - Tu n'as pas l'air d'aller bien, dit Helena. - Sans blague ! s’exclama Alexander. Il a perdu trop de sang. Helena savait que si quelqu'un devait les sortir d’ici, ce ne pouvait ?tre que Lucious. Elle ne faisait pas confiance ? Alexander. Avec Lucious dans cet ?tat, ils avaient peu de chance de sortir de cet endroit. Elle tendit son poignet vers sa bouche. - Bois ! Les doigts de Lucious s'enroul?rent autour de sa chair expos?e. Ils ?taient encore plus froids et elle frissonna. - Dans mon ?tat, tu vas ressentir les douleurs… ? l’id?e d’?tre mordue, elle se rappela du cran d’arr?t de Rick. Elle refoula sa peur. - Je m'en fiche. Ses l?vres s'?taient entrouvertes et ses crocs transperc?rent sa peau. Helena fit une grimace. La douleur aigu? devint plus forte, longeant son bras. Son corps lui disait qu’une chose n'allait pas et qu'elle avait besoin de se retirer. Son c?ur battait plus vite. La sensation n'?tait rien de moins que d'?tre mordu par un loup-garou, sauf que cette cr?ature lui su?ait son sang. Son esprit hurlant ses protestations, elle se for?a ? rester immobile, essayant d'imaginer le sourire d'Andrew et la myriade de questions de Laura. Les minutes s’?coulaient au ralenti. L'engourdissement s'?tait log? ? l'endroit de la douleur. Plus il lui su?ait le sang, plus elle se sentait ?tourdie. Elle essaya d'arracher sa main de son emprise, mais sans succ?s. - Lucious, l?che-moi, supplia-t-elle. Alexander lui donna un coup de coude sur l'?paule. - On doit partir ! Le soleil va bient?t se lever. Soudain, Lucious la l?cha et la serra dans ses bras. Elle frissonnait toujours. C'?tait comme si elle avait ?t? submerg?e dans de l'eau glac?e. Il marmonna une chose ? Alexander, qui retira sa veste et la lui tendit. Lucious l'enroula autour de ses ?paules pour essayer de la r?chauffer. - Repose-toi, Helena, ordonna Lucious. Elle regarda le fond de ses yeux qui ?taient devenus normaux. C'?tait la premi?re fois qu'il l'appelait par son nom et elle lui sourit. Elle serra la veste autour d'elle, mais son corps n'arrivait toujours pas ? se r?chauffer. Ses paupi?res s'alourdissaient. La derni?re chose dont elle se souvint ?tait son corps soulev? et press? contre une chose d?gageant une puissance et une force apaisantes. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=67033104&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.