Êàêîå, â ñóùíîñòè, íåëåïîå çàíÿòèå ïèñàòü ñòèõè: ......................è "ãëàç ëóíû", è "ñîëíöà äèñê" êàê ìèð ñòàðû. ............................Äóøè øèðîêèå îáúÿòèÿ òîëïå íàâñòðå÷ó ðàñïàõíóòü... - ................................................ïîäîáíûé ðèñê ê ÷åìó òåáå? - ........................Ãëóõîé ñòåíîé - íåïîíèìàíèå; ðàçäàâëåí òÿæåñòüþ

La Sacrifi?e R?calcitrante

La Sacrifi?e R?calcitrante Ines Johnson Quand on lui a diagnostiqu? une maladie incurable, elle a pens? que sa vie ?tait finie. Quand elle est sacrifi?e ? un dragon, elle apprend qu’elle n’en est qu’au commencement… Le jour o? Chrysanth?me Jones part exercer sa vengeance sur l’homme responsable de la mort de sa s?ur, elle sait que ce jour sera son dernier. Mais ? la place, elle se retrouve emmen?e dans une autre dimension et sacrifi?e ? un dragon en chair et en os. Au lieu d’?tre une grotte remplie d’or, le repaire de ce dragon est un hommage aux ann?es 80, avec jeux vid?o pixelis?s, cassettes vid?o d?bobin?es, et pantalon en ?lasthanne imprim? l?opard. Et la cr?ature mythique en question est vachement plus sexy que Smaug. Miam ! Etant l’un des derniers dragons m?tamorphes par-del? le Voile, Corin a un urgent besoin de contr?ler sa b?te int?rieure. La seule chose qui pourrait avec certitude garder le dragon sous contr?le, c’est la soumission d’une femme humaine. Mais les offrandes sacrificielles se font rares depuis que son royaume a ?t? s?par? de la Terre – un truc ? propos de la lib?ration de la femme ? Alors quand une sacrifi?e d?barque sur le pas de sa porte, Corin devrait ?tre aux anges. Mais Chryssie a beau avoir des courbes d’enfer, sa sant? est fragile, et il craint qu’elle ne survive pas ? l’accouplement qui calmerait sa b?te. La mort n’a jamais tracass? Chryssie. Avec une maladie h?r?ditaire incurable, elle s’est pr?par?e ? mourir toute sa vie. ? pr?sent, elle a l’occasion de perdre sa virginit? et de donner naissance ? des b?b?s dragons avant de partir ? Tu parles d’une sortie en beaut?. Elle signe tout de suite ! Il faut juste convaincre son tr?s sexy m?ta dragon d’?tre de la partie, et dans son lit. Tandis que Corin s’attache de plus en plus ? son exub?rante petite humaine, sa b?te rugit que Chryssie lui appartient et insiste pour la revendiquer. S’il ne revendique pas Chryssie et n’apaise pas sa b?te int?rieure, Corin restera coinc? sous forme de dragon pour le restant de ses jours. Cependant, s’il la revendique, la naissance de sa prog?niture pourrait ?tre le dernier jour de la vie de Chryssie. Translator: Sabine Ingrao La sacrifi?e r?calcitrante Cet ouvrage est une ?uvre de fiction. Tous les personnages, lieux, et ?v?nements d?crits dans cet ouvrage sont fictifs ou utilis?s de mani?re fictive. Toute reproduction ou transmission de cet ouvrage, en tout ou en partie, sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit, est interdite, except? pour les distributeurs agr??s, ou avec la permission ?crite de l’auteur. Copyright © 2019, Ines Johnson. Tous droits r?serv?s. Premi?re ?dition aux ?tats-Unis : septembre 2019 Couverture : Jacqueline Sweet Designs Titre original : The Dragon’s Reluctant Sacrifice Traduit de l’anglais (?tats-Unis) par Sabine Ingrao Table des mati?res Chapitre 1 (#u5ab4d252-5f26-53ba-9c60-e9c8a7558d50) Chapitre 2 (#ue4c42d9e-fee2-5551-ac9e-5fbc7c54917e) Chapitre 3 (#u749b15a5-4b59-59c5-ba41-11041927e9a1) Chapitre 4 (#u03401d83-657f-5884-bc6a-dfcc097d665c) Chapitre 5 (#u71b5952c-a43b-55ff-ae73-63357384a6c3) Chapitre 6 (#ua09e93b1-b015-500b-8121-cc2157f243d8) Chapitre 7 (#uc9fd090c-4b07-593c-864e-b64999cac4ad) Chapitre 8 (#u4fd19a74-da54-59e7-a7eb-961edd756e17) Chapitre 9 (#ue538482f-6f4e-5ddd-a315-9917228e9027) Chapitre 10 (#ud3d72d0e-959c-5f70-80c0-33720577f287) Chapitre 11 (#u570c0404-4e8d-5273-905c-b268273df088) Chapitre 12 (#u5f331042-0dd3-5dfd-be6e-dc69a94aff8b) Chapitre 13 (#ud5b2fbe8-6c92-535f-b630-a5bdb81e13f1) Chapitre 14 (#ua155887c-9e8f-55be-b25e-a1d9b3c6a858) Chapitre 15 (#u85f4cebc-4b7b-574e-8b3f-877d8f82def0) Chapitre 16 (#uf7ac2699-1c65-5750-8321-c4f1c3f1c275) Chapitre 17 (#u06706e31-8d9d-538c-90ff-5a9e1ddb3fbf) Chapitre 18 (#ub77d9158-5eb5-5a6f-bba8-09ea5e026b5e) Chapitre 19 (#u06d544d4-b64a-57aa-82da-2bc72bdbfbf4) Chapitre 20 (#uc45eb241-5179-5b41-99c8-e8c82a5c840d) Chapitre 21 (#ub2349481-3cb7-5a77-8926-d4783f616803) Chapitre 22 (#ua087f386-df06-5b52-b07d-159a903e1ed8) Chapitre 23 (#u12fc057f-40d4-5dab-a649-c118d2bb9f9f) Chapitre 24 (#uf44d2426-d783-598a-bead-88540a51dcf0) ?pilogue (#u8630e4ab-40bf-5d99-80cb-65409b504450) Chapitre Un Vlan ! Crunch ! Crac ! Rester tranquille et anticiper un coup de poing ?tait toujours plus douloureux que quand il arrivait compl?tement par surprise. Quand l’adversaire savait que la frappe arrivait, le corps se raidissait, se pr?parant ? absorber un choc destin? ? le r?duire en miettes. Corin se raidit, mais comme il ?tait plus solide que la moyenne, sa m?choire ne se fendit pas comme un melon sous l’impact du direct. Malgr? tout, le coup violent ass?n? par un poing bien serr? lui ?branla le cr?ne. Le choc interrompit le flot de ses ondes c?r?brales. C’?tait l’objectif principal de la douleur ; ne plus ?tre capable de r?fl?chir pendant une seconde enti?re. Le cerveau de Corin ?tait son atout le plus pr?cieux, la chose qu’il essayait de prot?ger, ce qui l’avait amen? ? accepter de recevoir des coups de poing en plein visage. Pow ! Bam ! Paf ! Il devait avoir perdu la t?te pour accepter que ?a continue. Ce crochet du droit ? l’?il et cet uppercut au menton lui firent voir des ?toiles de dessin anim?. Nom d’une h?morragie cr?nienne, Batman. Corin devait mettre un terme ? cette petite exp?rience avant qu’elle ne d?rape. Dommage que son adversaire n’ait pas fini de lui ass?ner toute sa panoplie, avec un petit coup sec et un crochet au plexus solaire. Corin se plia en deux. Une ?paisse volute de fum?e obscurcit sa vision. La transpiration qui s’?tait form?e sur son front s’?vapora ? la chaleur de son souffle. Il lutta contre la col?re enflant dans son ventre, sa poitrine se soulevant et s’abaissant rapidement. Entretemps, chaque nouveau coup successif agissait comme un combustible attisant le feu qui l?chait les parois de ses entrailles. — Comme un papillon voleter, comme une abeille piquer, chanta la voix de son bourreau qui sautillait d’un pied sur l’autre et se d?pla?ait autour de Corin avec les mains lev?es. M?me le rembourrage des gants de boxe n’att?nuait pas l’impact des coups puissants de B?ryl. Les biceps de ce type pesaient probablement vingt kilos chacun. Corin ne pr?ta pas attention ? la performance de ce cr?tin aux pieds agiles et se concentra sur son feu int?rieur. Il devait freiner la croissance du brasier dans ses entrailles. Il devait ?teindre la torche. S’il n’y arrivait pas, les flammes le consumeraient, le d?voreraient vivant de l’int?rieur. Pire, la fournaise court-circuiterait son esprit. — Ce que ses yeux ne peuvent voir, ses mains ne peuvent frapper. Encore un encha?nement petit coup, petit coup, et crochet du droit de la part de B?ryl. — L?, tu me vois, l?, tu ne me vois pas. Il pense me voir, mais il ne peut pas. Corin ?tait sur le point de mettre un terme ? cette torture ? base de rimes quand un nouveau craquement assourdissant projeta son visage loin du mur et l’envoya vers la fen?tre. Le ciel sombre s’?claira lorsque les flammes enferm?es dans le ventre de Corin rugirent dans sa poitrine et jaillirent de sa gorge. La pi?ce en pierres gris fonc? fut inond?e d’une sombre teinte rouge tandis que sa b?te int?rieure desserrait sa laisse. — Ha ! dit B?ryl en levant les gants au ciel en signe de victoire. J’ai r?ussi ! La b?te est l?ch?e. Je suis le meilleur de tous les temps. La b?te ?tait l?ch?e, mais elle n’?tait pas libre. Corin serra les dents. Aspirant une grande goul?e d’air, il regarda fixement la lune blanche au-dehors. Le disque p?le paraissait toujours rouge au travers de ses pupilles fendues. Corin n’osa pas fermer les yeux. Sinon, il se perdrait dans les t?n?bres de la cr?ature qui ?tait en lui. Ses poumons se contract?rent, l’homme et la b?te se disputant l’air qui s’y trouvait. Son c?ur battait fr?n?tiquement tandis que l’organe ?tait tiraill? dans deux directions diff?rentes. Ce serait tellement plus simple pour Corin de s’abandonner ? son feu int?rieur, de le laisser br?ler sa peau fragile. Les ?cailles ?taient plus fortes que la chair. Les griffes plus dures que les ongles. L’instinct plus fort que la raison. Non ! C’?tait un mensonge. Son esprit, sa volont?, ?tait l’essence m?me de son ?tre. Il ne les abandonnerait jamais. Se raccrochant fermement ? sa r?alit?, Corin batailla contre le monstre qui voulait d?vorer l’homme tout entier. Il le remit – avec griffes, ?cailles, et tout – dans sa cage, tout au fond de ses entrailles. Le feu en lui se r?duisit ? une chaleur supportable. La chair l’emporta et les ?cailles se liss?rent en une peau bronz?e et dor?e. La lune passa du rouge d’un rubis au rose d’un saphir, et enfin, ? la glace ?tincelante d’un diamant. La b?te se recroquevilla ? l’int?rieur de sa cage. Pour l’instant. Ayant regagn? le contr?le complet, Corin ferma les yeux, lib?rant le souffle qu’il avait retenu. Quand il les ouvrit ? nouveau, des ailes sombres ?clips?rent la lune lorsqu’une b?te diff?rente vola de l’autre c?t? de la fen?tre. Le bref triomphe de Corin fut an?anti. Il avait peut-?tre gagn? une bataille int?rieure, mais il ?tait en train de perdre la guerre ? l’ext?rieur. Corin se leva de sa chaise et se dirigea vers les papiers sur son bureau. Des annotations, et des formules, et des ?quations ?taient couch?es sur le parchemin. Un breuvage, qui passait du rouge au vert puis au bleu, bouillonnait dans un creuset au-dessus d’une flamme. — Oooh, grogna B?ryl en retirant ses gants. On en a fini avec la journ?e fous une racl?e ? ton fr?re au boulot ? Et moi qui pensais qu’on ?tait en train de resserrer nos liens. L’exp?rience ?tait termin?e. Elle avait ?t? couronn?e de succ?s. Corin prit la fiole de liquide et l’examina, ?crivant davantage de notes sur le parchemin. L’inoculation ?tait pour bient?t, mais il manquait encore quelque chose. Peut-?tre davantage de pollen d’anth?re de f?e. Ou un peu plus de poils de la crini?re d’un lion m?tamorphe. Probablement encore quelques copeaux de griffe d’ours m?tamorphe. Avec seulement quelques petits ajustements suppl?mentaires, la potion serait pr?te pour ?tre partag?e avec ses fr?res, dans quelques jours, peut-?tre une semaine ou deux. Corin reposa son stylo et prit le cube de monsieur Rubik comme s’il d?tenait la solution. Cet engin d?concertant ne d?tenait aucune r?ponse. Corin n’avait jamais r?solu l’?nervante ?nigme. Ses essais quotidiens ne distrayaient sa b?te que durant un bref instant. Et aujourd’hui n’?tait pas un de ces jours-l?. — Je ne sais pas pourquoi tu t’emb?tes avec ces ?lixirs, dit B?ryl. Sa voix ?tait plus animale qu’humaine. Ses yeux ?taient de perp?tuelles fentes ?meraude de feu br?lant. — Ton dragon serait un peu plus relax si tu le laissais go?ter au nectar entre les cuisses d’une f?e, ajouta-t-il. Ce n’?tait qu’une solution temporaire, et qui ne pr?sentait que peu d’attraits pour Corin, ces derniers temps. Il avait flirt? avec quelques f?es au cours de sa vie. Les plantes m?tamorphes avaient calm? sa b?te quand il ?tait jeune. Contrairement ? ses fr?res, Corin ne voulait pas que sa vie repose entre les mains d’une femme. Qu’elle soit f?e ou humaine. Il ?tait d?termin? ? rester ma?tre de son destin. — Ce truc ? l’air horrible, dit B?ryl en prenant la fiole. Hors de question que tu me fasses avaler ?a. — Pose ?a, gronda Corin. Les ingr?dients avaient d?j? ?t? difficiles ? obtenir. Il avait d? se s?parer de deux rubis pour que le lion m?tamorphe accepte de raser une portion de sa crini?re. Les cheveux de L?ander repoussaient bizarrement. Il doutait que la vaniteuse cr?ature accepte de recommencer de sit?t. — Je vais le boire, dit une voix provenant d’un coin de la pi?ce. Leur jeune fr?re, Ilia, s’avan?a depuis l’entr?e. Son regard de jade fixait intens?ment la fiole dans la main de B?ryl. Ilia ?tait plus petit que B?ryl. Bien que muscl?e, la silhouette d’Ilia ?tait plus longiligne, avec davantage de contours souples que de volumes massifs. B?ryl chipa la fiole, par-dessus la t?te d’Ilia. — Pas avant que je le fasse. Le sang chaud de Corin se gla?a en voyant ses fr?res s’affronter. Les dragons ?taient des cr?atures extr?mement comp?titives. Comp?titives et enclines ? la violence. Corin devait r?cup?rer cette fiole d’entre leurs mains ou ?a se terminerait mal. — Tu n’as pas besoin de la potion, Ilia, dit Corin d’une voix rocailleuse et apaisante. Tu es bien plus dou? pour contr?ler tes m?tamorphoses que B?ryl. Les yeux verts de B?ryl lanc?rent des ?clairs en direction de Corin. De la fum?e lui sortit des narines lorsqu’il parla. — M?me pas vrai. Ilia rit, bombant le torse. — Si, c’est vrai. — Prouve-le. Les yeux sombres d’Ilia fouill?rent la pi?ce ? la recherche d’un d?fi. Son regard atterrit sur la fen?tre. — On saute. Le premier qui se transforme avant de toucher le sol a perdu. — D’accord. Pendant que ces deux imb?ciles se tournaient vers la fen?tre, Corin subtilisa la fiole des mains de B?ryl. Le liquide clapota sur les bords du r?cipient, mais ne se renversa pas. Corin poussa un soupir de soulagement. Ce l?ger souffle d’air fut suivi d’un grand bruit sourd et d’un battement d’ailes. Corin ne regarda pas pour voir lequel de ses fr?res s’?tait triomphalement ?cras? au sol et lequel s’?tait ?lev? dans les airs en signe de d?faite. Son propre dragon tira ? nouveau sur sa laisse. Pas de mani?re exigeante, cette fois. De mani?re suppliante, comme un animal de compagnie incitant son ma?tre ? le laisser sortir pour faire un tour. Corin ?tait peut-?tre capable de contr?ler sa b?te, mais il ne pouvait renier sa nature profonde. ? un moment ou ? un autre, la b?te finirait par sortir. Et un jour, les r?les seraient invers?s, et la b?te glisserait une laisse autour du cou de l’homme et ne le laisserait plus jamais sortir. Comme tous les m?tamorphes du Voile, il ?tait n? animal avec un homme vivant ? l’int?rieur de lui. Et comme tous les autres m?tamorphes, l’homme et l’animal luttaient constamment pour le contr?le de leur corps. Il n’y avait qu’une seule chose qui pourrait apaiser la b?te et lui imposer une soumission permanente : une sacrifi?e. Une humaine sacrifi?e. Une femme que le dragon pourrait marquer et revendiquer pour lui-m?me. Mais cette voie n’?tait pas accessible aux m?tamorphes derri?re le Voile. Plus maintenant. Alors c’?tait soit les potions, soit l’impuissance pour les derniers des dragons. Corin se rassit ? son bureau. Il ?carta le Rubik’s Cube et s’attela ? d?chiffrer une ?nigme qu’il ?tait bien plus proche de r?soudre. Chapitre 2 L’air de la salle d’attente de la clinique empestait la mort. Les pales du ventilateur au plafond tournaient encore et encore, r?partissant ?quitablement l’odeur d’?ufs durs pourris. Les chaises en plastique avaient la couleur vert clair du chou. Les coussins des si?ges d?gageaient une odeur de v?g?taux en d?composition. Chaque fois que quelqu’un bougeait ou posait un pied sur le sol, leurs semelles se d?tachaient du rev?tement collant et une bouff?e de naphtaline moisie s’?levait dans l’atmosph?re ?touffante. Personne n’?tait mort, dans la salle d’attente. Jusqu’ici. Mais chaque personne dans cette pi?ce avait un pied dans la tombe. Elle comprise. Chryssie inspira profond?ment. Enfin, aussi profond?ment que possible pour elle. Le mince filet d’air siffla dans ses poumons contract?s. C’?tait suffisant pour qu’elle tienne debout. Elle fit passer son poids d’un pied sur l’autre tandis qu’elle donnait un faux nom ? une r?ceptionniste ? l’air indiff?rent. Elle essaya de ne pas trop s’appuyer sur son c?t? droit, qui transportait une lourde charge dans sa nouvelle veste en cuir flambant neuve. Enfin, neuve pour elle, au moins. Elle ?tait certaine que la jeune femme ais?e qui s’?tait d?barrass?e de la veste au Goodwill du coin avait d? payer un joli paquet pour elle. Chryssie n’avait pay? que quelques dollars, mais le v?tement la faisait ressembler ? une justici?re implacable. Elle inclina la hanche comme elle avait vu Michelle Gellar le faire dans des rediffusions de Buffy contre les vampires. M?me si Chryssie ?tait probablement plus du genre Willow, avec ses cheveux roux, sa peau laiteuse, et un talent pour botter des fesses qui ?tait proche de z?ro. Willow passait le plus clair de son temps en mocassins avec le nez dans un livre, ce qui correspondait parfaitement ? la description de Chryssie. Chryssie ?tait en ?quilibre pr?caire sur ses bottes de dure ? cuire. Les ?tourdissements ?taient des compagnons permanents. Mais, ?a, c’?tait avant. Aujourd’hui ?tait un autre jour. Les bottes ?taient un autre accessoire n?cessaire, aujourd’hui. Elle les avait aussi d?got?es au d?p?t-vente. La veste et les bottes avaient probablement appartenu ? la m?me jet-setteuse philanthrope. Chryssie n’avait jamais rien port? d’autre que des chaussures plates, et elle n’avait jamais lev? le poing, et encore moins le pied, pour botter les fesses de qui que ce soit. Pour quelqu’un qui avait de la peine ? remplir ses poumons d’oxyg?ne, ?a n’avait aucun sens de les lever au-dessus du sol plus haut que la normale. ?a aussi, ?a prenait fin aujourd’hui. — Le docteur va vous recevoir dans un instant, asseyez-vous, s’il vous pla?t. Chryssie reporta son poids sur son c?t? droit et se retourna. Elle avait trouv? un pr?servatif ? l’int?rieur des bottes quand elle les avait achet?es, confortant confirmant un peu plus le statut rebelle de leur pr?c?dente propri?taire. Chryssie l’avait laiss? l?. Pas qu’elle ait la moindre intention de l’utiliser prochainement. Son heure ?tait bient?t venue. Mais savoir le contraceptif dans ses bottes la faisait se sentir encore plus implacable. Les talons de ses bottes roul?rent une pelle ? la crasse sur le sol avec des slurp slurp slurp ? chaque pas. C’?tait ce qu’elle avait connu de plus proche d’une exp?rience charnelle. La seule exp?rience qu’elle aurait jamais, jusqu’? la fin de ses jours. Un baiser ?tait pratiquement hors de question pour quelqu’un qui pouvait ? peine respirer, alors retenir son souffle pendant que quelqu’un d’autre lui fourrait sa langue dans la bouche, encore moins. Quand le docteur pourrait la recevoir, il serait le dernier homme qu’elle verrait. ? part les gardiens de prison. Et ?a, c’?tait si elle quittait cet endroit en vie. La soci?t? ne voyait pas d’un tr?s bon ?il qu’on laisse les meurtriers de sang-froid courir les rues. Enfin, du moins les pauvres. La main de Chryssie se posa sur le froid canon en m?tal enfoui dans la poche de sa veste. L’acier ?tait plus chaud que ses doigts. Mais tout ?tait plus chaud qu’elle. Chaque jour de sa vie, elle n’avait rien ressenti d’autre que le froid. Le froid et la fatigue et la faiblesse et l’inutilit?. Faisant des yeux le tour de la salle d’attente, elle vit tant de cas d?sesp?r?s. Personnellement, elle ne faisait plus semblant d’avoir de l’espoir. Les gens venaient dans cette petite clinique miteuse, au fond d’une ruelle, en dernier recours. Chryssie aurait ?t? l’une d’entre eux quelques mois plus t?t, mais elle n’en ?tait plus ? se raconter des histoires. Elle ?tait ? court d’options. La maladie s’?tait propag?e dans tous les recoins de son corps, et maintenant, c’?tait m?me devenu difficile de respirer. Il n’y avait rien qui puisse att?nuer sa souffrance. Avant qu’elle aille en enfer, il y avait juste une chose qu’elle avait besoin de faire. — Mademoiselle Slayer, le docteur va vous recevoir, ? pr?sent. Chryssie se leva sur des jambes flageolantes. La main dans sa poche droite ?tait ferme. Les talons de ses bottes claqu?rent sur le linol?um en d?composition en direction de la salle d’examen. L’odeur de mort s’intensifia encore ? mesure qu’elle s’approchait de la porte ouverte. La petite salle d’examen ?tait identique ? toutes celles qu’elle avait d?j? vues durant ses vingt ann?es d’existence. Un ?vier aseptis? entour? d’instruments en m?tal. Des affiches qui se d?collaient pr?venaient des risques de ne pas se faire vacciner et immuniser. Toutes les piq?res du monde n’avaient rien pu faire pour Chryssie et sa s?ur. Elle ne se donna pas la peine de se d?shabiller. C’?taient les v?tements dans lesquels elle voulait ?tre enterr?e. En plus, ces bottes ?taient gal?res ? enfiler, elle n’allait pas les enlever si vite. Pas quand elle les portait pour botter le cul de l’homme responsable de la mort de sa s?ur. La porte s’ouvrit en grand, et il apparut. Il ne s’?tait m?me pas donn? la peine de frapper pour savoir si elle ?tait pr?te avant d’entrer. Il n’avait pas chang?. La m?me moustache en guidon de v?lo. Les m?mes sourcils fronc?s. Les m?mes mains boudin?es. Il ne lui adressa m?me pas un regard. Ses yeux rest?rent riv?s sur ses dossiers. Exactement comme quand elle n’?tait encore qu’une enfant et que ses sympt?mes n’?taient pas encore apparus. Elle ne lui avait ?t? d’aucune utilit?, parce qu’elle avait ?t? en bonne sant?. Sa grande s?ur de dix-huit ans, malade, avait eu plus de valeur. — Mademoiselle Slayer, c’est bien ?a ? — C’est exact, dit Chryssie en caressant la s?curit? de son arme. Ce n’?tait pas un pieu comme celui de l’h?ro?ne dont elle avait emprunt? le nom, mais elle avait la ferme intention de viser le c?ur de ce d?mon quand le moment viendrait. — Je suis d?sesp?r?e. On m’a dit que vous ?tiez mon seul espoir. Elle avait la voix tremblante en racontant ce mensonge. Elle n’avait jamais ?t? tr?s dou?e pour mentir. Pourquoi s’emb?ter ? inventer des trucs quand sa propre r?alit? ?tait si p?nible. — J’ai d?j? vu ces sympt?mes auparavant, dit le m?decin en ne levant toujours pas les yeux, regardant uniquement ses papiers. Fatigue permanente, intol?rance au froid, souffle court, et votre bilan sanguin… Elle vit le calcul dans ses yeux. Le vit soustraire d’une colonne en plissant les paupi?res. Puis multiplier dans une autre lorsque ses petits yeux per?ants s’arrondirent. — Il y a un traitement exp?rimental que vous pourriez essayer si— Le bloc-notes et les dossiers tomb?rent avec fracas sur le sol. Les papiers contenant le diagnostic condamnant Chryssie se d?tach?rent et s’?parpill?rent, se collant au bazar malpropre sous leurs pieds. Il n’y eut pas le slurp slurp slurp de talons se d?collant de la crasse du sol. Uniquement le d?clic assourdissant de la s?curit? qui s’enlevait. Il leva les yeux, alors. Droit sur le sombre canon de l’arme de Chryssie. Il desserra les m?choires et sa bouche s’ouvrit en grand. — Je m’appelle Chrysanth?me Jones. Tu as tu? ma s?ur. Pr?pare-toi ? mourir. — Quoi ? Chryssie soupira. Elle avait pr?par? plusieurs discours de vengeance diff?rents. Puisque Princess Bride avait ?t? le film pr?f?r? de sa s?ur, ?a paraissait ?tre ce qui convenait le mieux. Encore une chose que ce m?decin avait fichue en l’air. Heureusement, elle avait pr?par? une deuxi?me r?plique. Comme la premi?re, les mots n’?taient pas d’elle. — Ne crie pas, dit Chryssie. N’aie pas peur. ?a ne fera pas mal du tout, et ensuite tu seras dans un monde meilleur. Chryssie se souvenait encore du jour o? sa s?ur avait ?t? emmen?e. Elle avait ?t? pr?sente dans la chambre avec elle. Sa petite main enfouie dans la main de sa grande s?ur. Jacinthe avait d?sesp?r?ment voulu aller mieux. Pas juste pour elle-m?me, mais pour Chryssie aussi. Elles venaient juste de perdre leur m?re l’ann?e pr?c?dente. Elles ?taient tout ce qui leur restait. Le m?decin avait prononc? ces mots, l’avait emmen?e au bloc, et Jacinthe avait disparu. On ne l’avait plus jamais revue. Except? quand des morceaux de son corps ?taient r?apparus lors d’un coup de filet du FBI, dans une version moderne des profanateurs de s?pulture. Les autorit?s avaient pinc? les ?tudiants en m?decine qui avaient achet? les morceaux de corps malades, mais elles n’avaient jamais ?t? capables d’identifier le revendeur. Quand les noms des personnes d?c?d?es avaient ?t? r?v?l?s, Chryssie s’?tait imm?diatement souvenue du dernier jour o? elle avait vu sa s?ur, ainsi que du m?decin qui avait prononc? ces derni?res paroles. — C’est ce que vous avez dit ? ma s?ur avant de la tuer et de la d?couper comme une tarte aux patates douces ? Thanksgiving. — J’ai dit la v?rit?, dit-il. Elle n’a pas souffert. — Vous l’avez tu?e. — Elle allait mourir. Il n’y avait rien que quiconque pouvait faire, ? part ?tudier les sympt?mes de sa maladie. Le doigt de Chryssie pos? sur la d?tente recula d’un millim?tre vers l’int?rieur. Mais les yeux du m?decin avaient perdu leur frayeur. Il la regardait ? nouveau comme si elle ?tait un sp?cimen de laboratoire. — Vous savez ? quel point les gens comme vous sont rares ? demanda-t-il en jetant un ?il vers le sommet de son cr?ne. Et ils ont toujours les cheveux roux. Chryssie s’emp?cha de passer la main dans ses m?ches rouge sang. Tout comme sa m?re et sa s?ur, la couleur ressemblait ? des flammes lui sortant directement du cr?ne. — Il y a de l’h?lium dans votre sang, continua-t-il. Ce n’est pas normal. Vous devriez ?tre morte. ? vous regarder, vous le serez dans peu de temps. — Vous d’abord. Elle tendit les bras. Ses mains ?taient fermes, ce qui ?tait surprenant vu qu’elle s’?tait sentie faible tous les jours de sa vie depuis qu’elle avait douze ans. Mais son index ne voulait toujours pas plier. Elle avait envie de poignarder cet homme. Elle devrait peut-?tre faire ?a avec un pieu, ? la place. — ?coute, ch?rie, je vois bien qu’il faut faire la queue, mais je n’ai pas que ?a ? faire. Chryssie et le m?decin tourn?rent tous les deux brusquement la t?te vers la fen?tre d’o? provenait la voix. Sur le rebord se trouvait assise l’incarnation m?me de la d?finition d’h?ro?ne bal?ze. La femme ?tait v?tue d’un corsage bleu argent? qui soutenait une poitrine g?n?reuse. Ses abdos muscl?s ?taient parfaitement plats et sans un seul bourrelet, malgr? qu’elle soit assise avec un genou relev?. Des cheveux violets flottaient dans la brise comme si un ventilateur ?tait dirig? vers elle. Et puis, il y avait ses bottes. Si celles de Chryssie ?taient du genre bal?ze de d?p?t-vente, celles de cette femme ?taient clairement d’authentiques fouteuses de branl?e. Dans ses mains, la femme tenait une grosse boule noire, semblable ? une boule de billard, avec le chiffre huit peint dans un cercle blanc. Elle lan?ait la boule de haut en bas, la rattrapant adroitement dans sa main. Au bout des doigts, elle avait de longs ongles ressemblant ? des serres qui se refermaient autour de la boule. Ses yeux ?taient fix?s sur Chryssie. Ils ?taient dor?s. Pas noisettes. De l’or v?ritable, brillant comme le m?tal. — Tu vas appuyer sur la d?tente ou pas, beaux nichons ? — Je… Chryssie h?sita. En partie parce qu’on l’avait appel?e beaux nichons. Ses seins n’avaient jamais attir? l’attention de personne. C’?tait un peu flatteur. Ou peut-?tre que c’?tait le choc de voir une femme, qui n’?tait pas l? auparavant, assise ? la fen?tre d’un immeuble de trois ?tages. — Qu’est-ce que tu en penses, Magic 8 Ball ? Elle a les couilles d’exploser la t?te de ce cr?tin ? Ou je dois le faire moi-m?me ? La femme secoua la boule et scruta le cube ? l’int?rieur de celle-ci. — R?ponse difficile, essaie plus tard. Quelle connerie. Le beau visage de la femme grima?a de m?contentement. Elle balan?a la boule par la fen?tre. Puis elle tourna son regard dor? vers Chryssie. — Qu’est-ce que tu fais, poup?e ? Je serais ravie que tu fasses mon boulot ? ma place. — Votre boulot ? demanda Chryssie. — Je suis une escorte. J’escorte les enfoir?s tordus et criminels humains comme celui-l? dans les boyaux de l’enfer. L’enfoir? criminel, qui faisait maintenant face non pas ? une, mais ? deux folles furieuses qui voulaient sa mort, saisit l’opportunit? de se diriger vers la porte. Oh non, pas si vite. Chryssie n’allait pas le laisser s’?chapper. Oubliant sa rivale, mieux habill?e, en meilleure forme, et carr?ment canon, ? la fen?tre, Chryssie tourna rapidement son arme vers le m?decin en fuite. Le temps que l’arme soit dirig?e vers le m?decin, l’autre femme ?tait l?. La vraie tueuse donna un haut coup de pied circulaire qui rappela la Buffy t?l?vis?e, et ma?trisa l’homme. Mais pas avant qu’un coup de feu ne retentisse dans la pi?ce. La Vraie Tueuse grima?a en baissant les yeux sur le petit trou dans son corsage. Chryssie baissa les yeux avec horreur pour d?couvrir que son index pos? sur la d?tente s’?tait d?tendu. Elle avait rat? sa cible qui gisait au sol. — Je suis d?sol?e. Mon doigt a gliss?. Je ne voulais pas… La Vraie Tueuse balaya de la main la balle de r?volver sur son torse. Il n’y avait pas de sang. Juste un accroc dans le tissu, ? cet endroit-l?. Un sourire mauvais se forma sur son visage. Elle secoua la t?te d’un c?t? ? l’autre, et Chryssie vit que ses oreilles ?taient pointues, comme celles d’un elfe. Ou d’une f?e. — Tu vas payer pour ?a, frangine. Ses yeux dor?s ?tincel?rent de fa?on anormalement vive, permettant enfin ? Chryssie de piger ce qui se passait. Cette femme ne pouvait ?tre qu’un ange de la mort. Elle ?tait venue collecter l’?me du m?decin, et maintenant ses griffes mortelles ?taient braqu?es sur Chryssie parce qu’elle avait voulu tuer l’homme et l’avait manqu?. C’?tait probablement l’?quivalent d’une agression sur un officier de police. Chryssie baissa son arme. Elle n’avait pas pr?vu de quitter cette pi?ce. Apr?s la bagarre et le coup de feu, la police allait sans aucun doute bient?t d?barquer. Mourir des mains de cette femme – ou cet ange, ou ce d?mon, ou peu importe ce qu’elle ?tait – valait mieux que de mourir en prison. Chryssie ?tait n?e pour sauver sa s?ur. Elle avait ?chou? ? le faire quand on avait d?couvert qu’elle portait la m?me maladie incurable. Elle avait pr?vu de mourir triomphalement en descendant l’homme qui avait assassin? et mutil? sa s?ur. Mais une mort par tueuse implacable devrait suffire. Du moment que son corps n’atterrissait pas dans un centre de soins palliatifs du gouvernement, ou en pi?ces d?tach?es entre les mains de trafiquants de cadavres. Chryssie se mit ? genoux. Elle inspira profond?ment. Malgr? tout, ses poumons ne se remplirent pas compl?tement. Mais l’air ?tait doux, ou du moins, c’est ce qu’elle se dit puisque c’?tait son dernier souffle. — Faites vite, s’il vous pla?t, et ne laissez aucun morceau de moi sur lequel ils puissent faire des exp?riences. — Bien s?r, beaux nichons. Une vive douleur se r?pandit dans son cr?ne, puis le monde commen?a ? dispara?tre. Mais pas avant qu’elle ne voie ce qu’elle crut ?tre un dragon passer la t?te par la fen?tre et lui sourire. ?a semblait logique d’avoir une cr?ature de l’enfer comme monture, puisqu’un ange de la mort la transportait ? pr?sent par la fen?tre sur le dos de la b?te. Chapitre 3 — Meurs !!! Meurs, esp?ce de reptile vert b?tard, avec ta grosse carapace et ton long cou ! Corin se pin?a l’ar?te du nez lorsque B?ryl commen?a ? faire des bruits d’explosion avec la bouche. Il ?tait surpris que son fr?re ne crache pas vraiment du feu sur l’?cran de t?l?vision. Ce jeu et tuer des soldats-tortues anim?s ?taient la passion num?ro deux de B?ryl dans la vie. B?ryl appuyait encore et encore sur les boutons de l’appareil rectangulaire entre ses mains ; une manette de jeu, ?a s’appelait. Judicieusement nomm?e parce que c’?tait la distraction parfaite pour les jeunes fr?res hyperactifs de Corin. Sur le grand ?cran carr?, un homme moustachu avec une casquette et une salopette rouge sauta sur la tortue b?tarde qui avait si gravement offens? B?ryl. ? l’instant o? le personnage anim? de B?ryl atterrit sur l’animal pix?lis?, la tortue rentra dans sa carapace. — C’est ?a, Koopa Troopa, cria B?ryl. Rentre dans ta carapace. Maintenant, tu vas me servir d’arme pour assommer tous tes fr?res ? ?cailles. Apr?s quelques pressions sur les boutons du joystick, l’homme ? la salopette rouge sauta sur la carapace de la tortue. La carapace roula vers l’avant et assomma une rang?e d’autres tortues. Des pi?ces d’or jaillirent sur l’?cran en r?compense pour les multiples meurtres. — ?a devrait ?tre mon tour, maintenant, dit Ilia. Il s’affala sur les coussins ? c?t? de B?ryl, tenant mollement son joystick pendant que son fr?re a?n? dominait le jeu. B?ryl et Ilia ?taient n?s le m?me jour, mais B?ryl avait ?t? le premier ? faire son apparition, tout comme il faisait la course, se battait, et criait le plus fort pour ?tre le premier en tout avec ses fr?res. B?ryl ?tait l’a?n? de tripl?s – une chose rare parmi les naissances de dragons. La plupart d’entre eux naissaient par paires. Ilia ?tait le plus jeune des trois et l’avorton de la port?e. Un fait que B?ryl ne le laissait jamais oublier. — Tu veux des champignons, petit plombier ? B?ryl positionna l’homme ? la salopette en dessous d’une brique. D’une pression de bouton, l’homme sauta, se cognant la t?te sur la brique. Un champignon grandit au-dessus de celle-ci. B?ryl pressa davantage de boutons jusqu’? ce que l’homme soit au-dessus du champignon ? pois. Le plombier anim? sauta dessus et commen?a ? grandir. Ilia ronchonna, jetant son joystick sur le sol. Il se croisa les bras sur le torse et lan?a un regard noir ? B?ryl qui continuait ? frimer. — C’est ?a, hurla B?ryl. Surpuissance. Niveau sup?rieur, encul?. C’est l’heure de Super Mario. La petite musique aigu? acc?l?ra. Corin se d?tourna et se concentra plut?t sur l’?nigme silencieuse du Rubik’s Cube. Il avait presque r?ussi une face. Tous les blocs rouges ?taient parfaitement align?s. Il ne lui manquait que le dernier bloc rouge restant de l’autre c?t?, pris en sandwich entre un bloc bleu et un bloc blanc. En une seule torsion du cube, davantage de blocs rouges s’?parpill?rent, atterrissant sur une autre face du cube. Tout son travail minutieux sur une face ?tait maintenant d?truit. Chaque fois qu’il se rapprochait d’un semblant d’ordre, le chaos reprenait ses droits. Avec une grimace, Corin ?tudia le casse-t?te. Il travaillait sur cet engin depuis longtemps et n’?tait pas plus pr?s de le r?soudre. Il commen?ait ? se demander s’il y avait seulement une solution. N?anmoins, il pr?f?rait le casse-t?te du cube au jeu vid?o. En partie ? cause de l’?nervante petite musique. En partie parce que le jeu n’avait jamais eu de sens pour lui. Des plombiers qui parcouraient ? toute vitesse l’univers du Royaume Champignon, o? des tortues claquant du bec et des plantes avec des dents essayaient de les manger, tout ?a pour r?colter des briques et des pi?ces dans l’espoir de vaincre le m?chant. Et pendant tout ce temps, il n’y avait aucune urgence de plomberie dans tout l’univers ? C’?tait absurde et ne valait pas la peine que Corin perde son temps. — Il va y arriver, dit Elek. Il va battre le meilleur score de Cardi. Corin sursauta lorsque le plus jeune des dragons sortit de l’ombre de la salle de jeux, leur repaire, comme Cardi aimait l’appeler. Grand et mince, Elek ?tait pass? ma?tre dans l’art de n’?tre ni vu ni entendu. Contrairement ? ses fr?res, Elek pr?f?rait la solitude. Il ne faisait des apparitions que pour les grands ?v?nements ou quand Cardi ?tait dans les parages. Corin regarda le jeu sur l’?cran. Un ?v?nement majeur se d?roulait au Royaume du Champignon. B?ryl atteignait effectivement un nouveau territoire dans l’univers du jeu. Rhyol, le deuxi?me des tripl?s, passa le museau par la fen?tre ouverte. Les ?cailles bleues du dragon luirent au clair de lune lorsqu’il replia ses ailes et s’appuya au rebord de la fen?tre avec ses mains munies de serres. Le dragon avait l’air humain en regardant l’?cran, mais personne n’avait vu Rhyol, l’homme, depuis de nombreuses saisons. Battre le meilleur score ? ce jeu ?tait suffisamment remarquable pour que le dragon s’y int?resse, mais pas assez pour que la b?te leur rende leur fr?re. Ilia d?croisa les bras et se pencha vers l’avant. Sa manette ?tait oubli?e sur le sol tandis que B?ryl atteignait un niveau qu’aucun d’eux n’avait atteint auparavant. — Attention ? la plante carnivore. — Je la vois. B?ryl appuya sur la manette, survolant la plante carnivore. Il atterrit sur un tuyau vert, la seule chose r?aliste ayant un lien avec la plomberie dans ce monde fantaisiste, et descendit dans un nouveau monde. Tous les fr?res laiss?rent ?chapper un hoquet de surprise. — On n’est jamais all? aussi loin sans elle, avant, dit Ilia. — Regardez, dit Elek. Il est l? ; Bowser. — Bowser, articul?rent-ils tous silencieusement. Sur l’?cran se trouvait une caricature de dragon. Il ?tait grand, avec des bras et des jambes ?pais et une t?te surdimensionn?e. Bowser, le dragon de jeu vid?o, avait le ventre nervur? d’un dragon. Mais sur son dos, il avait une carapace de tortue avec des piques. Encore une ?nerie du Royaume Champignon. Corin aurait ri si la tentative d’arriver au boss du jeu n’?tait pas une occasion ? ce point historique. Et il y avait aussi l’opportunit? de voir le tr?sor du dragon pour la premi?re fois. — La voil?, dit Ilia. Princesse Peach. Derri?re cette caricature de dragon se trouvait une minuscule jeune femme aux cheveux blonds, habill?e en rose. Elle se tenait l?, impuissante, attendant soit d’?tre enlev?e, soit d’?tre secourue, Corin n’?tait pas tr?s s?r. Elle ?tait la r?compense, la sacrifi?e pour laquelle plombiers et dragons d?terraient de l’or et se battraient jusqu’? la mort. — J’y vais, d?clara B?ryl. — Tu ne crois pas que tu devrais ?tablir un plan, d’abord ? dit Corin. — Mon plan, c’est de botter le cul de ce faux dragon. B?ryl enfon?a furieusement quelques boutons. ? peine le personnage de B?ryl avait-il lev? son poing pix?lis? pour se battre que le dragon ? l’?cran l’arrosa de feu. La musique criarde entama les notes de la marche fun?bre. Il n’y aurait pas de r?animation de Mario, le plombier. B?ryl n’avait plus de vies. Le jeu ?tait termin?. Le silence remplit la pi?ce. Il avait fallu toute la journ?e ? B?ryl pour en arriver ? ce stade du jeu. Et c’?tait fini en seulement quelques petites secondes. Le tableau des scores apparut. Il n’y avait aucun changement dans le classement. Ilia d?tenait toujours la troisi?me place sous le pseudo d’Illest MC. B?ryl ?tait deuxi?me en tant que l’Incroyable Bulk. Et en haut du classement, ? la place d’honneur, il y avait le pseudo P?ch? Cardinal. B?ryl jeta le joystick ? terre et s’?lan?a vers la fen?tre, furieux. Rhyol s’inclina vers l’arri?re pour laisser passer son fr?re. B?ryl s’?lan?a en courant et sauta, ses ailes se d?ployant au moment o? ses pieds passaient par-dessus le rebord de la fen?tre. Un dragon aux ?cailles vertes masqua la lune argent?e en s’?lan?ant vers le ciel. — Mauvais perdant, cria Ilia apr?s lui tout en ramassant la manette en son absence. Rhyol s’envola pour rejoindre B?ryl pendant qu’il prenait une petite pause. Elek ?tait d?j? reparti dans l’ombre. Corin reprit son cube. Mais son esprit ne parvenait pas ? se concentrer. Les fr?res se r?unissaient souvent dans la salle de jeux pour se d?tendre. L’issue du jeu de ce soir ?tait un peu trop proche de leur situation r?elle. Les obstacles qui se dressaient devant eux ?taient ?normes. Ils n’auraient pas de seconde chance dans cette vie. Les princesses dont ils avaient besoin pour gagner le jeu ?taient hors de leur port?e. Les dragons qui vivaient en eux les consumeraient s’ils ne trouvaient pas un moyen de gagner. M?me si Corin avait envie d’une sacrifi?e, il n’avait aucun moyen d’en obtenir une. Les Valkyries avaient d?fendu aux humains m?les d’offrir leurs vierges longtemps auparavant. Cardi avait ?t? la derni?re ? ?tre sacrifi?e. Ce n’?tait pas les hommes qui l’avaient offerte en sacrifice en ?change de pierres pr?cieuses. C’?tait les Valkyries qui l’avaient apport?e elles-m?mes. La raison pour laquelle elles avaient enfreint leur propre r?gle n’?tait toujours pas tr?s claire pour Corin. Mais il y avait peu de chance pour qu’elles recommencent. On frappa un coup ? la porte tout en bas. Aucune des cr?atures vivant derri?re le Voile ne s’aventurerait au ch?teau des dragons au milieu de la nuit. Sauf si elle avait envie de finir comme en-cas nocturne. Seul un groupe de cr?atures ?tait plus haut dans la cha?ne alimentaire que les dragons. — J’y vais, dit Corin en se levant. Ilia ne daigna m?me pas lever les yeux de son jeu. Corin attrapa le sac laiss? par son fr?re jumeau a?n? et descendit les escaliers. Les pierres pr?cieuses cliquet?rent ? l’int?rieur du sac ? chacun de ses pas. Corin soup?onnait que la livraison de ce soir serait importante. Le coup frapp? ? la porte venait de l’arri?re du ch?teau. De l’autre c?t? de la montagne, ? sa base, il existait un passage entre les mondes. L’endroit ?tait invisible ? l’?il nu. Mais si quelqu’un, d’un c?t? ou de l’autre, s’en approchait, un flot d’?nergie le submergeait. Les dragons ne s’aviseraient pas d’emprunter ce passage. Non seulement parce que c’?tait interdit, mais aussi parce que, bien qu’ils soient l’une des esp?ces les plus fortes de ce c?t?-ci du Voile, ils n’?taient pas taill?s pour survivre dans le monde des humains. La plupart des f?es ?taient revenues de ce c?t?-ci du Voile, se plaignant de la pollution, de quelque chose appel? pesticides, et d’un trou dans le ciel qui laissait passer les rayons du soleil les plus dangereux. Et malgr? cela, les humains ?taient la cr?ation pr?f?r?e de la D?esse ? Corin ouvrit la porte arri?re du ch?teau pour d?couvrir un dragon sur le seuil. Les ?cailles de ce dragon ?taient du m?me brun que la terre, pas de l’une des nuances des joyaux qui se trouvaient dans les mines sous le ch?teau. Ce dragon n’?tait pas l’un des fr?res de Corin, mais l’un de ses anc?tres. Les dragons descendaient de l’une des cr?ations favorites de la D?esse appel?e dinosaure. Lorsque la D?esse s’?tait amus?e avec la composition g?n?tique des dinosaures, les premiers dragons ?taient n?s. Comme c’?tait le cas pour beaucoup de Ses cr?ations, Elle avait entrepris de fa?onner les dragons ? Son image et avait plac? un homme dans le ventre de la b?te. Et puis, comme avec la plupart de Ses cr?ations, Elle avait perdu tout int?r?t pour le projet et ?tait partie s’amuser avec une autre esp?ce. Les dragons ?taient tout ce qui restait de ces l?zards g?ants. Personne ne savait pourquoi ils avaient disparu de la surface de la Terre. Bien que Corin ait lu des th?ories humaines farfelues ? propos de rochers tomb?s du ciel. Il y avait de l’intelligence dans le regard du dragon sur le seuil de la porte, mais aucune volont? propre. C’?tait un dragon de pure race, pas un m?tamorphe. Il n’y avait pas d’homme ? l’int?rieur de cette cr?ature. ? une ?poque, Corin avait eu piti? du fait que les dragons de pure race n’avaient aucun contr?le sur leur propre vie. Ils ?taient esclaves des autres. ? pr?sent, il les enviait de n’avoir aucune aspiration ? ?tre davantage que ce qu’ils ?taient. La plupart du temps. De larges sacoches pendaient des flancs de la b?te. Le chargement incluait l’armure bleu clair de la Valkyrie. La b?te, qui avait autrefois ?t? utilis?e comme arme de guerre pour r?cup?rer les m?les tomb?s au combat, avait ?t? r?duite ? l’?tat de b?te de somme. La femme en question glissa du dos du dragon avec un saut p?rilleux et un grand salut. ? la place de son armure, elle portait un bout de tissu sur lequel ?tait ?crit Hooters. Au lieu de porter une protection sur les jambes, elle portait ce que Corin avait appris qu’on nommait un micro-short. Un v?tement dans lequel Kimber avait d?fendu ? Cardi de se pavaner dans le ch?teau. — H?, Cory. Corin d?testait qu’on raccourcisse son nom. Mais il ne contredit pas l’une des filles de la D?esse. — Salutations, Morrigan. — C’est bon, mec. Tu peux m’appeler Morri. Corin n’aimait pas non plus le terme mec. ?a sonnait un peu trop comme un autre mot humain pour d?signer des excr?ments. Mais, ? nouveau, on ne contredisait pas une Valkyrie. Morrigan d?posa l’une des larges sacoches avec un bruit sourd. Le dessus du sac s’ouvrit sous le choc, r?v?lant son contenu. ? l’int?rieur, il y avait un stock de chemises aux couleurs vives et criardes, des shorts ?lastiques avec des jupes en dentelle attach?es, et des pi?ces tubulaires molles appel?es chaussettes. Corin d?tourna le regard de bouts de tissu triangulaires connect?s dont il avait appris qu’ils s’appelaient soutiens-gorges. Des bouteilles de Coca-Cola Original s’entrechoquaient ? c?t? de bo?tes de bonbons Nerds et de paquets de Hot Pockets. — C’est le vingt-et-uni?me si?cle, l?-bas, dit la Valkyrie. La mode des ann?es 80 est de plus en plus difficile ? trouver vu que ceux de la g?n?ration X sont maintenant des grands-parents avec poign?es d’amour et bourrelets. Mais, ?videmment, la Madge de cinquante ans se balade encore les fesses ? l’air de temps en temps. Tu savais qu’elle partait toujours en tourn?e ? La plupart du temps, Corin n’avait aucune id?e de ce dont la Valkyrie ou la jeune humaine sous leur protection parlaient. Il hochait simplement la t?te et s’?clipsait discr?tement de la conversation et de la pi?ce. — Kimber est parti au repaire des loups avec Cardi. Mais il m’a laiss? votre paiement. Corin tendit le sac de pierres pr?cieuses en ?change de la sacoche et se pr?para ? op?rer une retraite rapide. Le bavardage n’?tait pas son fort. Les yeux de la Valkyrie ?tincel?rent en examinant les diamants ? l’int?rieur du sac. Bien que les Valkyries soient les cr?atures les plus fortes du Voile, les pierres pr?cieuses ?taient leur seule faiblesse. En dehors de l’utilisation de leur force brute, c’?tait comme ?a que les dragons maintenaient leur rang de deuxi?mes dans ce jardin de cr?atures surnaturelles. Pour atteindre les pierres pr?cieuses, il fallait ? la fois le feu et les fortes griffes ac?r?es des dragons. Aucune autre cr?ature derri?re le Voile ne poss?dait ces deux forces. C’?tait pour cette raison que les joyaux ?taient une denr?e rare. Malheureusement, les dragons n’?taient pas r?put?s pour partager leur tr?sor. Corin songea que le poids du sac de pierres pr?cieuses de Kimber ?tait un prix ?norme pour des choses aussi frivoles. Mais les dragons ?taient r?put?s pour faire des folies pour leurs sacrifi?es. Lorsque Corin se retourna pour s’en aller, un mouvement dans une autre sacoche attira son attention. Il savait que ?a devait ?tre un humain m?le. Les Valkyries se rendaient de l’autre c?t? du Voile, dans le monde des humains, et retiraient la lie de l’humanit? de la m?l?e pour les emmener au Valhalla, un endroit pire que les boyaux de l’enfer. Morrigan avait fait un beau coup de filet, ce soir. Il y avait deux sacoches sur le dos du dragon. L’une s’agitait, la puanteur de mort flottant ? travers le tissu jusqu’au nez de Corin. L’autre sac demeurait immobile. — ? la prochaine fois, dit Corin en chargeant le sac de babioles sur son dos et en se tournant vers la porte. — Attends, l’?cailleux, dit Morrigan. Je n’en ai pas fini avec toi. Ce n’?tait pas des mots qu’un homme avait envie d’entendre de la part d’une Valkyrie. Les dragons n’?taient pas emmen?s au Valhalla. Mais une Valkyrie ?tait assez forte pour les battre. Corin inspira profond?ment. Il n’avait enfreint aucune r?gle. — J’ai une autre offrande, dit Morrigan. Contrairement ? Kimber, qui marchandait avec les Valkyries pour qu’elles lui ram?nent des babioles qui feraient plaisir ? sa compagne, Corin se fichait du monde des humains. M?me s’il ch?rissait le Rubik’s Cube que Cardi avait abandonn? apr?s un essai. Et il aimait le jeu Docteur Maboul et quelques autres jeux de plateau du monde des humains. ? part ?a, il n’y avait rien pour lequel il abandonnerait ses pr?cieux rubis. L’homme dans le sac gigota encore. Ses mouvements caus?rent des remous dans l’autre sacoche. L’odeur du contenu de ce second sac flotta dans la brise. Le sac de tr?sors pour Cardi s’?chappa des mains de Corin. — Qu’est-ce que c’est que ?a ? dit Corin dont la voix ?tait soudain grave et rocailleuse, plus dragon qu’homme. Morrigan souriait de toutes ses dents en se dirigeant vers le dragon et en soulevant le sac comme s’il ne pesait rien. Plus elle s’approchait, plus les poils de Corin se dressaient. La Valkyrie d?voila une femme. Les yeux ferm?s, une bouche en forme de c?ur entrouverte, des cheveux rouge flamme comme des rubis flottant en vagues autour de ses fr?les ?paules. La b?te ? l’int?rieur de Corin rugit. Le dragon se glissa presque hors de sa peau. Mais ? la derni?re seconde, Corin tira sur la laisse. Il avait besoin de toute sa pr?sence d’esprit pour comprendre ce qui se passait. — Qu’est-ce que c’est, r?p?ta-t-il lentement. L’homme se raccrochait ? son esprit, mais le dragon avait d?j? pris possession de sa voix. — Tu es aveugle ? dit Morrigan. C’est un sacrifice. ?a n’avait aucun sens. Corin ne croyait pas aux co?ncidences. Il n’aimait pas les questions sans r?ponse. Tout avait une explication, m?me ce cube d?concertant que la Valkyrie avait apport? pour le tourmenter. — Votre s?ur a interdit les sacrifi?es dans le Voile. — Pas tout ? fait. Hilda a dit que plus aucun homme ne pourrait sacrifier une humaine. Je ne suis pas un homme. Morrigan d?posa la femme aux pieds de Corin et recula. Corin ne pouvait d?tacher les yeux du paquet devant lui. La partie inf?rieure du corps de la jeune femme ?tait cach?e par la sacoche. Le haut lui fit se l?cher les babines. Quand Cardi ?tait arriv?e, elle ?tait plus enfant que femme. Aucun des dragons n’avait ?t? sexuellement attir? par elle. Ils ?taient devenus ses amis, ? la place, et l’avaient trait?e comme une des leurs. Il n’y avait aucun danger de confondre cette jeune femme avec une enfant. M?me maintenant, le pantalon de Corin fut soudain trop ?troit ? la vue de ses clavicules. Oui, ses clavicules. Il ne pouvait d?tacher les yeux de leur forme. Sa b?te les ?tudiait, se demandant quelle partie il marquerait en premier. — Elle a du temp?rament, dit la Valkyrie. Elle essayait de tuer ma cible. Elle ne s’en serait jamais sortie vivante, si elle l’avait fait. Ou elle aurait fini en t?le. Donc, techniquement, ce n’est m?me pas une sacrifi?e. En un sens, je l’ai sauv?e. Vive moi ! Sauv?e ? Pour l’amener dans un repaire de dragons o? elle mourrait avec certitude. Corin n’avait pas vu la couleur de ses yeux, mais son ventre se contracta en sachant qu’un jour il regarderait la vie s’en ?chapper. Tout comme il avait vu la vie s’?teindre dans les yeux de sa propre m?re et dans ceux de la m?re des tripl?s. Les femmes offertes aux dragons ?taient appel?es des sacrifi?es pour une bonne raison. Il ne connaissait pas cette jeune femme, mais il savait qu’il ne lui ferait pas subir ?a. Il ne pourrait pas. La Valkyrie devait l’emmener. — Tu la veux, Cory ? Corin serra les doigts en forme de poings. Ce n’?taient plus des doigts, d’ailleurs. Des griffes lui creus?rent la peau. — Des rubis iraient vraiment bien sur un collier de diamants, tu ne crois pas ? Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=66741008&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.