В тени служебных кабинетов, среди бумажной канители и легкомысленных беретов - заложников дневной капели оттаявшей всего на сутки зимы - случаются романы: и стайкой вьются мини-юбки, и молодеют марьиванны. Знобит солидные Приказы от суеты печатных клерков. Многозначительные фразы: «Возможно. Ждите» - фейерверком послеобеденной дремоты. Заваркой пл

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Vide ? Perdre Eva Mikula En ?crivant toute mon histoire dans un livre, je pensais que c'?tait le meilleur outil pour faire conna?tre Eva Mikula m?me ? ceux qui croient d?j? tout savoir sur moi. J'ai ressenti le besoin d'apaiser mon indignation et ma col?re pour une v?rit? jamais pleinement r?v?l?e par les institutions italiennes et pour avoir subi une nouvelle attaque injustifi?e de la part de ceux qui, malgr? mes condamnations ? l'acquittement, de leur si?ge privil?gi? et apr?s 26 ans apr?s la capture d'un gang de policiers criminels, pr?tend toujours me qualifier de responsable de tous ces deuils, ne pronon?ant que des phrases de haine et de m?pris ? mon ?gard, quels que soient les effets qu'ils continuent de causer sur ma vie. Je lutte contre l'injustice depuis que je suis enfant, je dois le faire m?me ? l'?ge adulte, un destin cruel ? moi mais je n'ai pas d'autre choix que d'affronter la vie et mes peurs. C'?tait en 1991, une fille perdue dans les bois de la vie abandonne sa famille. Trouvez son chemin. Il ne sait pas encore qu'un an plus tard, cela la conduirait en Italie o? elle rencontrera son grand m?chant loup. Seule, effray?e et surtout subjugu?e, elle demande l'aide d'un ami ?loign?: «Aidez-moi !! Il y a des filles captives, des filles disparues et des flics impliqu?s! ” C'est ainsi que la police italienne a commenc? ? enqu?ter sur les m?chants loups, ? la suite du hareng rouge sur un pr?sum? trafic d'?tres humains. Ainsi commence l'histoire de la v?ritable histoire de la capture de criminels connus sous le nom de «gang des blancs» qui, de 1987 ? 1994, ont ensanglant? les rues d'?milie-Romagne et des Marches, tuant 24 personnes, en blessant 103. Il semble incroyable que pour sept de longues ann?es, les chasseurs n'ont pas r?ussi ? trouver les m?chants loups. Il a fallu au petit chaperon rouge, la fille du conte de f?es de Charles Perrault et des fr?res Grimm, pour montrer le bon chemin dans les sombres sous-bois de la justice. En fait, la fin du groupe porte la signature ind?l?bile d'Eva Mikula, une jeune Hongroise-roumaine de dix-neuf ans qui ?tait pour tout la femme du patron. Elle a d?fi? des hommes dangereux, des tueurs sans scrupules. Il a ?galement contest? le pouvoir nich? dans les b?timents qu'il voulait et veut toujours enseigner la v?rit?. Pourtant, c'est gr?ce ? son t?moignage minutieux, rendu gr?ce ? une m?moire in?branlable, que tous les membres du gang ont ?t? arr?t?s, mettant fin ? leurs entreprises criminelles, sauvant ainsi d'autres vies innocentes. Est-ce que c'est sa profonde connaissance de la v?rit? qui a fait d'elle un pion consommable par ce syst?me qui l'a d'abord utilis? puis, en fait, l'a laiss? ? lui-m?me? Jusqu'? pr?sent, l'histoire d'une histoire lue dans les journaux et entendue ? la t?l?vision. Mais qui est vraiment Eva Mikula? Comment ?tait ta vie avant la rencontre avec le loup f?roce? Comment la communaut? a-t-elle rendu la pareille ? son geste qui l'exposait ? de graves risques et dangers, maintenant plus que jamais, dans l'attente de la prochaine fin de peine? Bref, Eva est enfin sortie du bois? Qui sait… peut-?tre qu'en ?crivant ce livre, il se lib?rera enfin des ronces et des b?tes sauvages qui peuplent la for?t. Translator: Nevia Ferrara Eva Mikula Vide ? perdre V?rit?s cach?es sur la Bande de l’Uno blanche Traduit par Nevia Ferrara ?dit? par Marco Gregoretti Auteur : Eva Mikula https://www.facebook.com/ev (https://www.facebook.com/eva.mikula.75)a.mikula.75 (https://www.facebook.com/eva.mikula.75) [email protected] ?diteur: Marco Gregoretti [email protected] ?dition: 8 Media srl [email protected] Graphisme de couverture: Augusto ‘‘Ace’’ Silva [email protected] Pubblication: 2021 Italie Droits: © 2020 Eva Mikula DRS d?pos? le 22-01-2021 © Edition Il Ciuffo (http://write.streetlib.com/) Les po?mes ont des loups ? l'int?rieur... sauf un : le plus merveilleux de tous... elle danse dans un cercle de feu et se d?barrasse du d?fi avec un haussement d'?paules. Jim Morrison INTRODUCTION La vie de chacun est la somme de ce que chacun de nous est au plus profond de nous et non de ce que les autres pensent de nous. C'est l'essence de soi qui se croise avec ceux qui nous sont proches et avec ceux qui traversent nos vies. Je ne crois pas au destin. Le destin est une convention, une construction pour ceux qui s'apitoient sur eux-m?mes. Cependant, chacun est l'arbitre, conscient ou non, de sa propre vie, toujours et ind?pendamment du fait qu'il soit ou non enclin ? consacrer une existence insens?e et aplatie aux int?r?ts des autres. Cette histoire est l'histoire d'Eva Mikula, une jeune fille qui a eu le tort de grandir tr?s vite, peut-?tre trop vite, dans un contexte difficile si non impossible, et d'essayer de changer son existence pour le mieux, et cela n'a pas pu ?tre consid?r? comme une faute. Elle l'a fait avec le peu d'outils dont elle disposait compte tenu de son ?ge, ? la recherche d'un abri, d'une stabilit? et de nouvelles affections dans un monde qui lui ?tait ?tranger et qui lui est vite devenu hostile, se retrouvant seule au milieu des loups. Ce qu'elle pensait ?tre le monde dor? d'un beau conte de f?es s'est rapidement transform? en un cauchemar dont il semblait impossible de se r?veiller. Cela peut sembler une histoire comme beaucoup de filles comme elle, mais c'est une histoire diff?rente, tr?s particuli?re. Eva deviendra, malgr? elle, la protagoniste de l'histoire r?cente de la R?publique italienne, l'histoire de la bande criminelle de l’Uno blanche qui marquera de mani?re ind?l?bile son existence d?s son plus jeune ?ge. Six criminels, dont cinq policiers en service dans diff?rents endroits d'?milie-Romagne, traverseront leur vie avec celle d'Eva. Des criminels qui, par leurs actions, ont produit une longue tra?n?e de sang, de vols et de deuil de 1987 ? fin 1994. Malgr? elle-m?me entra?n?e dans des histoires criminelles et des subtilit?s judiciaires internationales qui l'ont encore plus plong?e et expos?e aux moqueries publiques, elle n'a jamais abandonn?, elle ne s'est jamais arr?t? pour s'apitoyer sur son sort. Eva a lutt? pour survivre, pour ne pas ?tre tu?e par des criminels d'abord et la justice d?form?e plus tard. Elle s'est battue contre tout le monde, m?me contre ceux qui auraient eu la t?che et le devoir l?gal de la prot?ger. Elle l'a fait pour son sens de la justice, pour son avenir, pour sa vie sous la banni?re de la normalit?. Elle s'est battue et a remport? la premi?re moiti? de son match le plus important, un match encore ouvert, et doit continuer ? le faire pour ne pas ?tre ? nouveau bannie par la soci?t?, par ceux qui ont des int?r?ts divergents quant ? la v?rit?. Eva est revenue dans le jeu et a d?cid? de le faire pour ses enfants, afin qu'ils n'aient jamais ? subir d'abus ou ? avoir honte de quoi que ce soit par rapport aux autres, tout comme leur m?re l'a fait il y a de nombreuses ann?es. Bonne lecture. L?szl? Posztob?nyi Po?te, compositeur, journaliste. 1. C'EST MON HISTOIRE Cette histoire, mon histoire, commence le 18 ao?t 1975 sous le signe du Lion et se termine le 28 juillet 2020, jour du tournant de l'ann?e de la catharsis. Ce jour-l?, entre des recherches al?atoires sur le Web et ce que j'ai lu sur mon pass?, quelque chose a cliqu? en moi. Comme si une embolie folle avait circul? ? la recherche de toutes ces ?motions que chacun de nous porte et garde dans l'?me. J'ai ?t? surpris de voir que mes sentiments : tristesse, d?go?t, col?re, joie et peur ?taient tous en conflit total les uns avec les autres. Le long de son chemin, l'embole a ?galement rencontr? la conscience, qui ? son tour a conduit ? la recherche de la conscience. Dans cette grande confusion envelopp?e dans l'obscurit? des souvenirs, mon ego s'est exclam? :”Qui es-tu ? Qui est Eve ?”. Apr?s un moment de silence et d'h?sitation, la conscience a parl? :”Il faut renouer les fils entre nous, avec tous nos sentiments pour trouver la paix. Pour cela il faut faire un retour dans la vie d'Eve, faire un peu d'ordre sans rien n?gliger”. L'embole s'est dissoute, a disparu, Eva s'est regard?e dans le miroir, a repris la parole et a d?cid?: la v?rit? sera notre guide, comme toujours. La v?rit? n'est pas ce que vous trouvez sur le web, ?crit dans les journaux, dit ? la t?l?vision ou manipul? dans certaines salles d'audience. Alors, le 4 ao?t 2020, apr?s y avoir longuement r?fl?chi et apr?s avoir r?organis? les premiers documents, j'ai ?crit ? Marco Gregoretti, journaliste. Un mail sec et d?cisif avec lequel je lui ai demand? de me recontacter. Pourquoi lui? Je ne sais pas, je sentais que je pouvais faire confiance. J'ai r?ussi ? avoir son num?ro de t?l?phone aussi. Je l'ai appel?, je lui ai ?crit de longs messages qui ont touch? mes souvenirs, depuis que je suis enfant. Je lui ai envoy? des e-mails compliqu?s concernant certaines de mes lettres et d'autres, qui relataient des faits que vous trouverez dans ce livre. Je lui ai demand? de m'aider ? les mettre en forme, dans un italien plus correct que le mien. Bref, je l'ai mis ? l'?preuve. Je voulais comprendre si mes instincts ?taient encore vivants en moi ; j'avais besoin de confirmation et de savoir que je pouvais vraiment lui faire confiance. C'est ainsi que tout au long de l'?t? nous avons ressenti, ?crit et ?chang? des opinions, des pens?es et des souvenirs, m?me durs, tr?s durs, comme ceux des ?v?nements li?s ? l'inf?me Bande de l’Uno blanche, une marque d'horreur. J'ai utilis? mille astuces pour scruter sa personnalit?. Mais lui aussi ?tait prudent au d?but, incr?dule que je l'aie cherch?, sans m?diation. Ensuite, il ne nous a pas fallu longtemps pour abandonner nos m?fiances respectives ? leur sort. Nous avons beaucoup parl?. J'ai bloqu? son email avec des documents. Je me souvins de quelques articles qu'il avait ?crits sur moi ; celui de Panorama dans les jours qui ont suivi les arrestations des fr?res Savi et des autres membres de la bande, et celui du magazine de l'?mission t?l?vis?e Quarto Grado, o? il ne parlait que de moi. Je n'ai donc pas eu trop de mal ? commencer ? lui parler aussi de mes enfants, de mes ?v?nements personnels, professionnels et sentimentaux qui ont travers? ma vie. Quand nous nous sommes finalement rencontr?s en personne en octobre, c'?tait comme si je le connaissais, pas depuis toujours, mais tr?s, tr?s bien. Il m'a t?l?phon? du train et m'a dit que le B&B o? il s?journait lors de ses voyages ? Rome ?tait ferm?. Il ?tait donc un invit? dans mon ?tablissement d'h?bergement. Il y a eu de nombreuses autres r?unions, r?elles et virtuelles, ?galement en raison des limitations d?cid?es par le gouvernement en raison de la pand?mie de coronavirus. Je lui ai dit tout ce que je voulais dire devant un miroir. M?me les choses les plus intimes qui sont arriv?es ? une femme, dont les souffrances ont commenc? tr?s t?t, ?tant enfant. Il n'y a pas de pr?sent tant que le pass? n'est pas clair; o? il n'est plus n?cessaire d'?chapper aux injustices subies pour sortir du bois; je dois juste trouver le courage d'accepter mon histoire, la raconter ? tout le monde, tout comme l'histoire du Petit Chaperon Rouge est racont?e ? nos enfants. Maintenant, j'?cris mon histoire pour moi-m?me, entour?e d'un faisceau de lumi?re. 2. SI FORTE SI SEULE En 1999, ? 24 ans, j'ai d?cid? de passer ? autre chose. Les sept proc?s criminels contre moi ?taient termin?s. Dans ma t?te je n'avais que ma vie, mon avenir. J'ai d? laisser un morceau du pass?, rester ? l'?cart de la t?l?, des projecteurs de la sc?ne publique, car tout ce qui parlait de l'histoire de la Bande de l’Uno Blanche, des proc?s, de ma vie priv?e, ?tait aga?ant, ?a me faisait inconfortable. Elle ne repr?sentait pas la vraie Eve, je n'?tais pas celle que les m?dias racontaient ? l'opinion publique. Cette parenth?se ne m'appartenait plus. Je voulais que l'oubli efface la figure st?r?otyp?e de la femme du chef de la bande des criminels meurtriers, pour tout le monde j'?tais toujours et seulement l'ex-petite amie de Fabio Savi. Il ?tait temps d'essayer de r?aliser les r?ves que j'avais cultiv?s depuis l'enfance. Je devais trouver ma "logique", mon chemin, du moins ce que ma t?te et mon c?ur me demandaient, ce n'est qu'ainsi que j'aurais eu plus d'espoirs et plus de possibilit?s, car, jusqu'? ce moment, les figures masculines de ma vie avaient seulement transmis des traumatismes, des illusions, des trahisons et des souffrances. C'est en 1999, lors d'une soir?e avec des amis, que j'ai rencontr? l'entrepreneur napolitain de chaussures, sexag?naire, Franco. Son entreprise avait conquis une bonne part du march? italien dans la production et la distribution de chaussures. Ses points forts ?taient la ligne casual, fabriqu?e ? Alicante, en Espagne, et la ligne "mode" con?ue dans une usine pr?s de Naples, qui est ?galement le si?ge de la direction de l'entreprise. Cela m'a donn? l'occasion de lui montrer les cr?ations dans lesquelles je m'?tais essay? ? imaginer des mod?les de chaussures pour femmes ? proposer la saison suivante. Il les a examin? attentivement. Il les a aim?s et en a choisi quelques-uns, suite ? son professionnalisme incontestable acquis au cours d'ann?es d'exp?rience dans le domaine. Ses neveux, fils des s?urs, travaillaient ?galement avec lui. C'?tait un engagement constructif qui m'a offert l'opportunit? de voyager. Je me sentais ?panouie et satisfaite. Franco m'a trait?e comme une fille et a jou? un r?le important dans mon processus de maturation, en tant que femme et en tant qu'entrepreneur. Il m'a pris ? c?ur, il m'a pr?sent? sa famille, sa femme, ses deux filles, tous ses collaborateurs et amis. Il ?tait au courant de mon histoire, appris des journaux et des t?l?visions, mais il ?tait toujours tr?s respectueux de la d?cision de tout laisser derri?re, il ne m'a jamais rien demand? avec l'intention d'en savoir ou d'en apprendre plus. Il ?tait seulement int?ress? que je puisse grandir professionnellement, que je m'int?gre dans la soci?t? et que je sois prot?g?e des risques que peut courir une belle jeune fille solitaire, proie facile des m?canismes qui te d?tachent de la r?alit? et d'un mode de vie sobre. Franco ?tait comme un p?re, capable de me transmettre la valeur de l'ind?pendance, de m'apprendre les techniques du commerce, la gestion du travail et la vie priv?e. Cependant, je n'imaginais pas que le d?senchantement ?tait, encore une fois, au coin de la rue. Je me suis rendu compte que ses neveux, quelques ann?es plus ?g?s que moi, n'avaient pas un comportement commercial appropri?. Par exemple, ils ont pris une commande de mille paires de chaussures chez un grossiste, mais n'en ont factur? que huit cents. Le reste, ils l'ont encaiss? en noir et l'argent s'est retrouv? directement dans leurs poches. Ils l'ont fait pour leur propre int?r?t, au d?triment de l'entreprise. J'en ai parl? ? Franco, lui apportant les preuves. Il ?tait tr?s mal l?-bas. Il a convoqu? ses neveux, il s'agissait d'une entreprise familiale, il y avait donc un risque tr?s ?lev? de cr?er des fractures irr?parables m?me entre proches. Les deux neveux ont ?t? clairs et intransigeants : "Soit on y va, soit Eva s'en va!". J'ai anticip? toute r?ponse de Franco, j'ai pens? ? r?soudre la question qui aurait pu devenir tr?s douloureuse pour lui : "Tu n'as rien ? d?cider, j'ai d?j? d?cid?. Je pars". Je suis sorti avec regret, je ne lui ai m?me pas laiss? le temps de r?pondre. Je suis parti pour toujours, mais alors m?me que je partais de l?, je pensais en moi-m?me : Eva tu dois r?aliser quelque chose ? toi, exclusivement ? toi". Pendant plus de quatre ans, de 1999 ? 2003, j'ai ?t? une femme c?libataire heureuse, ind?pendant, sans homme pour”emb?ter y rompre les plans". Je ne voulais plus rien partager avec qui que ce soit dans ma vie priv?e. L'?v?nement, ? certains ?gards douloureux, qui a provoqu? ma sortie de l'entreprise de Franco et mon renoncement cons?quent au parapluie protecteur qu'il repr?sentait pour moi, m'a convaincu que le moment ?tait venu de devenir le protagoniste absolu de tous les aspects de ma vie, tout en maintenant une belle amiti? avec lui. Entre-temps, je me sentais de plus en plus partie prenante de la soci?t? italienne. Dans un pays o? tout s'?tait pass? : soci?t? en crise, terrorisme, finance sp?culative, j'ai vu un nouveau monde avancer. Et cela ne semblait pas si loin que je ne pouvais pas tendre la main et l'attraper. Je n'avais plus ? et ne voulais plus d?pendre de personne, ni des hommes, ni d'un emploi subalterne, rien de tout cela, uniquement de mes comp?tences professionnelles. Je n'?tais pas fianc?e, je ne voulais pas ?tre fianc?e et je ne le ferais pas tant que je ne sentirais pas la terre ferme sous mes pieds. J'aspirais ? des certitudes qui ne pouvaient se concr?tiser que par la cr?ation de ma propre entreprise, la possession d'une maison, d'une voiture ? moi. Non pas que je n'avais pas eu de propositions ou d'opportunit?s de cr?er des liens ?motionnels avec quelqu'un, mais je les ai rejet?es avec une facilit? d?sinvolte. J'ai juste ressenti un fort besoin de m'ouvrir ? moi-m?me, vers quelque chose qui me faisait du bien. Je cherchais une cl? pour tirer, pour courir. Une fois, un ami m'a dit : "Dans la pratique des arts martiaux anciens, nous apprenons ? revenir au point de d?part, ? travers la maturation que l'on atteint avec des ann?es et des ann?es d'entra?nement. Cela signifie que la premi?re technique que nous avons apprise quand nous ?tions de jeunes amateurs, apr?s un voyage fait de d?fis et de combats infinis, nous sommes capables de l'int?rioriser et de l'ex?cuter avec la force d'une montagne et avec la sagesse d'un vieux ma?tre" . Quelle a ?t? ma premi?re "technique" quand, pr?cis?ment en tant qu'"imberbe", je me suis enfuie de ma maison ? Celui de travailler comme serveuse dans un bar-restaurant de Budapest. Je me sentais bien, important, satisfait et libre derri?re ce comptoir ou servant entre les tables. M?me la vaisselle. Voil?, c'est comme ?a que l'ampoule s'est allum?e! On m'a donn? l'id?e de revenir ? mon point de d?part : chercher et trouver rapidement un endroit pour monter une entreprise de restauration. Vous voulez mettre des caf?s et cappuccinos italiens ? Et la nourriture ? J'imaginais d?j? ma cr?ativit? et mon envie de concevoir de nouvelles choses au service des gens, avec peut-?tre quelques touches de cuisine hongroise et roumaine. Que faire? Je r?vais d'un bar-restaurant, je voulais servir les gens. J'ai commenc? ? rechercher et ? ?tudier les proc?dures d'acquisition d'une licence. J'ai vite d?couvert que ce n'?tait pas facile dans ces ann?es-l?, acqu?rir une licence pour un diner bar d?j? commenc?, ?a co?tait cher, ils ont tous commenc? avec des demandes minimum de cent cinquante mille euros. Et qui avait autant d'argent?!? Sans parler des autres frais n?cessaires ? l'ouverture d'une entreprise de ce type. Devant ma maison, ? Rome, il y avait un magasin de fruits et l?gumes. L'espace n'?tait pas tr?s grand, environ 120 m?tres carr?s. Du balcon, j'ai observ? que tr?s peu de gens entraient dans ce magasin. Je me suis souvent demand?e comment les propri?taires faisaient pour avancer. J'ai donc pens? qu'il ne serait pas difficile de convaincre les propri?taires de louer ou de vendre le commerce. J'ai enlev? le sujet, je suis entr?e et j'ai demand? : "Avez-vous une id?e, si dans ces parties il y a un espace commercial ? louer ?". Ils ont r?pondu qu'ils ne savaient rien, qu'ils n'avaient rien entendu ni m?me vu de signes ? proximit?. J'insistais : “ Pour ne pas ?tre intrusive, excusez-moi si je suis directe, quand expire votre contrat ? Cet espace et aussi la position seraient parfaits pour moi “. Pour dorer la pilule j'ai ajout? : “ Si vous avez l'intention de vendre, peut-?tre pourrez-vous vous mettre d'accord sur une petite indemnit? de d?part “. Mais j'ai ?t? d??ue. Apparemment, il n'y avait pas de vente de la boutique dans leurs plans. "Non" ils ont r?pondu presque ? l'unisson. “ Nous vivons de cela. Nous n'avons pas l'intention de partir." Je pense, je sens surtout, que certains ?v?nements de notre vie, notamment ceux concernant la sph?re de ce que nous aimerions qu'il se passe, dans les affections comme dans le travail, bref, dans l'existence, n’arrivent pas par hasard. La chance ne peut pas toujours ?tre une co?ncidence, je crois davantage au pouvoir de la pens?e et des d?sirs. Et ? ce moment-l? en t?te de liste de mes projets, il y avait en train de donner forme ? une activit? commerciale : le projet d'ouvrir un bar restaurant, diner, dans ce quartier de Rome. Mais la premi?re tentative concr?te pour commencer ? poser les fondations ne s'est pas bien pass?e. Du moins, c'est ce que j'ai pens?. Oui, car au bout de quelques semaines, toujours en regardant du balcon de la maison, j'ai vu une camionnette avec la porte arri?re ouverte, devant le magasin. Ils ont charg? les meubles et quelques cartons. Les propri?taires avaient renonc? : ils n'avaient plus l'intention de poursuivre leur activit?. ? mon avis, ils ne pouvaient m?me pas couvrir leurs d?penses car un supermarch? avait ouvert ? proximit?. C'?tait une opportunit? ? ne pas manquer. Dans le parfait style Eva, j'ai tout de suite pris contact avec les propri?taires des murs, un couple de personnes ?g?es. Il ?tait vraiment tr?s gentil, elle ?tait une sorci?re. Homme d'autrefois, Calabrais. Je lui ai dit : “ J'ai vu qu'ils quittaient les lieux. Je veux le prendre". Chance ou co?ncidence ? Voici ce qui m'est arriv? ? l'?poque. Et puis dites-moi si je n'ai pas eu une main du ciel, qui m'a ouvert la voie pour r?aliser mon projet, qui ?tait aussi mon r?ve. Dans les murs de cette rue, il n'y avait jamais eu de bar ni m?me de restaurant. J'avais besoin du permis. J'ai appel? le bureau en charge de la municipalit?. Comme les permis ?taient cot?s pour chaque quartier, j'ai demand? s'il y en avait un gratuit pr?s de la rue qui m'int?ressait. L'employ? a r?pondu que non, il n'y avait rien de disponible. J'?tais ?nerv?e mais je n'ai pas abandonn?, j'ai insist? au t?l?phone. Je l'ai convaincue de v?rifier. "Attendez, attendez... donnez-moi s'il vous pla?t le num?ro qui vous int?resse... montrez-moi quelque chose". J'ai dict? ? nouveau l'adresse exacte et, comme par magie, elle m'a r?pondu : "Vous avez de la chance mademoiselle, car du num?ro 700 au 780 les licences sont gratuites !". C'?tait maintenant chose faite, j'ai obtenu la licence de la commune sans avoir ? la reprendre ? d'autres, en ne payant que le co?t des documents administratifs. J'ai lou? les locaux et contact? la R?gion Latium pour obtenir le financement d?di? ? l'entrepreneuriat f?minin, j'avais les exigences du d?cret l?gislatif n° 185/2000. Je m'?tais ?galement inscrite au cursus de formation aux m?tiers de l'alimentation et ? l'administration des denr?es alimentaires pour ?tudier et obtenir l'exigence professionnelle. Apr?s neuf mois, tout comme le temps d'une grossesse et apr?s un investissement de deux cent mille euros, j'ai r?alis? mon sort de r?ve: j'ai inaugur? le bar, restaurant et diner, qui, en peu de temps, est devenu le fleuron de la gastronomie et du bevarage de la r?gion. J'avais refait tous les int?rieurs : la ma?onnerie, les syst?mes, la cuisine, les salles de bains, les vestiaires, le hall, le mobilier, le graphisme, bref, tout. J'ai fait une s?lection rigoureuse du personnel en fonction de l'envie de faire et de l'envie de grandir. Les choses allaient bien, vraiment bien, j'?tais heureuse. J'ai commenc? ? travailler le matin ? six heures et je suis rentr? ? minuit, coude ? coude avec mes employ?s, nous avions form? une bonne ?quipe. C'?tait fatiguant, mais le temps n'?tait pas perdu. Au bout d'un an, l'affaire ?tait lanc?e, les clients ?taient nombreux et, pour beaucoup, des habitu?s. J'?tais enfin ma?tre de moi-m?me et de tout ce qui m'int?ressait : je n'avais pas de partenaires, je n'avais pas de petit-ami ni de mari. Libre et heureuse je n'avais confiance qu'en moi, je surveillais en permanence le travail de mes employ?s, je g?rais et planifiais ma petite entreprise au quotidien, je ne d?l?guais rien ? personne. J'ai fait installer un syst?me de cam?ra pour que tout soit en s?curit? et j'ai pris soin des clients, offrant un service de premi?re classe chaque jour, o? le sourire ne manquait jamais. C'?tait mon truc et ?a marchait tr?s bien. La passion du travail a stimul? la cr?ativit? et les id?es. Pendant les week-ends, l'endroit est ?galement devenu un lieu de rencontre pour les jeunes du quartier, qui se sont ensuite rendus le soir au centre de Rome dans les quartiers les plus attrayants de la vie nocturne. J'ai propos? un large choix d'ap?ritifs et transform? le bar en pub en mettant de la musique lounge et des lumi?res tamis?es. Donc, ? la fin, beaucoup de ces gars sont rest?s avec moi toute la soir?e. Ils pr?f?raient ma place aux raids au centre. De nombreux citoyens roumains vivaient ?galement dans ce quartier. La communaut? ?tait grande et forte. J'ai contact? un cuisinier roumain et le dimanche j'offrais des plats de la cuisine typique de mon pays. Ils venaient ? moi en groupes de plus en plus nombreux. J'ai d? mettre les tables dehors. Pour transmettre l'id?e du succ?s de ces dimanches ? base de cuisine roumaine : j'ai achet? des palettes enti?res de bi?re, mais elles ne suffisaient jamais. Le destin, qui n'est pas un hasard, frappe toujours ? votre porte quand vous vous y attendez le moins, comme pour vous rappeler qu'il ne vous abandonne jamais. Il s'agit juste de comprendre s'il faut l'accepter, se laisser aller dans ses bras ou s'il faut r?sister : c'est juste une question de choix. Cependant, c'est ? l'apog?e de mon succ?s en tant que restaurateur, que les appels t?l?phoniques d'amies qui se plaignaient parce qu'elles avaient perdu ma trace sont arriv?s sans piti?. Comment les bl?mer. Je ne pensais qu'au travail et je ne les cherchais plus. Une d’entre elles est devenue plus insistant que les autres. “ Eva, tu as disparu, tu n'es plus sortie. Puisque tu as cet endroit, tu es enterr?e l?-dedans “. Elle avait absolument raison. Les relations et surtout les amiti?s doivent ?tre cultiv?es et entretenues ; ils sont bons pour l'esprit s'ils sont purs et sinc?res. C'est ainsi que j'ai accept? son invitation ? sortir un soir : “ Allez, la semaine prochaine on se retrouve, mardi on inaugure un th??tre musical en direct, viens avec moi, j'ai d?j? les invitations “. J'y suis all?d en venant directement de mon restaurant, je ne m'?tais m?me pas habill?d de fa?on chic, seulement un pantalon et une chemise. L'?v?nement ?tait sur la Piazza dei Cinquecento; apr?s un peu plus d'une heure, j'ai dit ? mon amie que je partirais, car le lendemain matin, j'ouvrirais, comme toujours, ? six heures. Appuy? contre le mur, il y avait un type qui parlait au propri?taire du th??tre musical. Pour atteindre la sortie, j'ai ?t? oblig? de passer entre eux. Se r?f?rant ? moi, l'un des deux, celui adoss? au mur, a dit en me faisant entendre : “ Voil?! Les filles comme elle, il faut inviter “. Comme je suis une personne d'esprit, j'ai r?torqu? ? la vol?e : "En fait, je n'?tais pas invit?e, mais mon amie". Lui, comme on dit ? Rome, comme un grognon ... a rapidement r?pondu: "Mais alors je voudrais t’inviter ? d?ner samedi ...". "Si je me souviens de toi jusqu'? ce jour, pourquoi pas ?!" j’ai r?pondu en souriant en lui tendant ma carte de visite. D'apr?s son apparence et ses v?tements raffin?s, il semblait ?tre un type plein de lui-m?me. Ma r?ponse l'avait pris par surprise et j'en ai profit?, avec une touche f?minine, pour sortir sa pochette de la poche de sa veste. "Viens le reprendre si tu veux" j’ai conclus en souriant en partant. Le lendemain, il ?tait d?j? avec moi, ? l'int?rieur de la pi?ce. Destin ou co?ncidence ?tant donn? qu'il ?tait Biagio et qu'il deviendra le p?re de mon fils ? Sans pr?venir, il s'est pr?sent? ? mon bar-restaurant. Il ?tait environ 18h30. Je n'?tais pas l? ? ce moment-l?, j’?tais all?e chez le comptable. Alors que je rentrais, le t?l?phone a sonn? et j’ai gar? pour r?pondre. C'?tait un de mes employ?s : “ Madame, il y a deux personnes ici qui vous cherchent “ J’ai d?mand? de parler avec eux. Biagio, amus? et d'une voix audacieuse, a dit : “ Tu vois ?! Je suis venu te voir, mais si tu veux, puisque tu n'es pas l?, ? une autre fois...". J'aurais aussi pu lui r?pondre : Bon allez, reviens un autre jour. Au lieu de cela : "D'accord, je reviens, mais vous ?tes deux, qui est l'autre ?", Il a r?pondu : "C'est un ami ? moi. Je ne suis jamais venu ici et sans lui je me serais s?rement perdu, j'ai amen? le navigateur humain “ comme s'il parlait d'un lieu imaginaire hors de ce monde. Il vivait pr?s de la Piazza del Risorgimento, vaniteux et snob, il ne pouvait pas se baisser ? la p?riph?rie. Quel est le probl?me avec la route qui m?ne au lac? Je me suis demand? pendant qu'il faisait de l'esprit. Quoi qu'il en soit, j'ai parl? avec le serveur et j'ai sugg?r? : “ Offrez-leur ce qu'ils veulent, j'arrive “. Biagio ?tait ? l'int?rieur avec son ami. Il l'avait laiss? l'accompagner, comme il me l'avait dit au t?l?phone, pr?cis?ment pour qu'il puisse jouer le r?le de navigateur : il avait travaill? chez Sip (aujourd'hui Telecom) et connaissait tous les recoins de Rome et de son arri?re-pays. Le barman, en entrant, m'a dit que pendant l'attente ils avaient bross? la moiti? du comptoir : bonbons, p?tisseries, chocolats. Ce jour-l?, mon histoire avec Biagio a r?ellement commenc?. J'avais commenc? avec un beau gosse qui ne manquait jamais une occasion de me faire remarquer. Moi, le perdant qui habitait ? la campagne, ? la p?riph?rie nord de la capitale, lui bourgeois qui habitait le centre, le c?ur battant de la m?tropole : “ J'aime sentir la puanteur de l'asphalte. Tout ce vert fait tourner la t?te, trop d'oxyg?ne, il a r?p?t? comme un disque ray?. Je ne serais jamais all? ? Rome, dans 50 m?tres carr?s, laissant ma belle maison de 200 m?tres carr?s, en pleine nature. De plus, j'ai pr?f?r? payer l'hypoth?que et avoir mon propre appartement pour toujours, plut?t que de d?bourser l'argent pour le loyer tous les mois. Il a finalement accept? : ensemble oui, mais chez moi. C'?tait vraiment tr?s fatiguant. Rien ne lui convenait. Nos go?ts ?taient tr?s ?loign?s. "Pourquoi t'es-tu achet? une maison ici? Et pourquoi l'as-tu d?cor? de cette fa?on? Avec tous ces trucs ? “. Il aimait le minimalisme extr?me : une table, un canap? et une t?l?vision. Il ?tait avec son souffle sur mon cou pour changer tous les meubles. Je n'y pensais m?me pas de loin, chaque recoin me parlait, des sacrifices que j'avais d? affronter pour donner ? la maison l'image dont je r?vais. Sa pression a vite commenc? ? me d?ranger, je ne pouvais pas tol?rer que les r?sultats de mes sacrifices soient remis en question. “ J'ai transpir? de mon front pour monter cette maison. Et je ne pense pas que tu as fait beaucoup mieux que moi “. Cependant notre histoire a continu?. Ce n'?tait peut-?tre pas le mieux pour moi, mais je n'?tais pas mal avec lui. C'?tait un type g?nial et intelligente avec un dipl?me en droit et une exp?rience de travail dans le secteur immobilier. Et puis j'ai voulu devenir m?re : je suis tomb?e enceinte d'un enfant que nous voulions tous les deux. Biagio avait quarante-quatre ans, ne s'?tait jamais mari? et ?tait tr?s proche, peut-?tre trop, de ses parents. Pour cette raison, il n'a pas absolument ressenti le besoin de devenir p?re, mais il a fortement ressenti le besoin de donner un petit-fils ? maman et papa. Il avait b?n?fici? toute sa vie de la g?n?rosit? de ses parents, qui le pressaient d?sormais d'avoir un petit-enfant et il voulait leur faire plaisir. En ao?t 2003, enceinte de 5 mois, comme toujours, je suis all?e rendre visite ? mes parents, pendant que Biagio s'occupait de son travail. A cette ?poque pr?cise, il suivait Saadi Kadhafi, un footballeur de P?rouse, fils du dictateur libyen. Ses besoins ?taient tr?s vari?s et il avait besoin d'un conseiller juridique ?galement pour la recherche du logement qui devait convenir pour accueillir, ? son arriv?e en Italie, sa femme avec tout le trousseau de compagnons, chiens et gardes du corps. Apr?s deux semaines en Roumanie, je suis rentr? en Italie en avion. A Fiumicino, au contr?le des passeports, ils m'ont arr?t?. Selon la police des fronti?res, je n'aurais pas pu atterrir en Italie car, ?tant r?sident de Rome, j'aurais eu besoin d'un permis de travail. Un puzzle bureaucratique ? l'italienne. Ou un d?pit ? Eva Mikula, ? l'inconfortable Eva Mikula. C'?taient les ann?es o? les citoyens roumains pouvaient entrer librement et sans visa pour un s?jour maximum de trois mois en tant que touristes. Moi qui r?sidais depuis 8 ans et une entreprise d?marr?e avec 8 salari?s, je n'ai pas pu entrer. Ils voulaient me renvoyer en Roumanie. J'ai appel? Biagio. Il est venu en courant. Mais ils ne nous ont m?me pas laiss?s nous rencontrer. Je ne pouvais le regarder qu'? travers les fen?tres. Je ne me sentais pas bien. Ils m'ont seulement autoris? ? sortir de la valise les m?dicaments dont j'avais besoin pour la grossesse. J'ai paniqu? : le lendemain matin, je devais ouvrir l'entreprise. J'imaginais les employ?s m'attendant et les clients prenant leur petit d?jeuner assis au bar. Le lendemain matin, au changement d'?quipe, j'essayai ? nouveau d'expliquer l'absurdit? de ce qu'ils faisaient. J'ai enfin pu entrer en contact avec un avocat rompu ? la l?gislation relative aux visas d'entr?e, en vigueur ? l'?poque. Il s'est av?r? que le myst?re pouvait avoir deux raisons : l'incomp?tence totale des policiers ou la fureur cibl?e sur mon nom. Penser mal... La loi, en effet, a ?tabli que le visa d'entr?e n'?tait obligatoire que la premi?re fois pour ceux qui entraient en Italie pour des raisons professionnelles. Ou pour ceux qui n'avaient pas encore de r?sidence ind?termin?e. L'avocat a appel? le bureau de la police des fronti?res. Et ils m'ont laiss? passer. Avec la tristesse et l'amertume de ceux qui se sentent importuns. Une femme enceinte d'un enfant avec un p?re italien qui payait des imp?ts en Italie depuis des ann?es, forc?e de dormir sur un banc d'a?roport. De Fiumicino, je suis all?e directement ? mon bar-restaurant. Je n'avais pas le temps de m'apitoyer sur mon sort. Une question me tourmentait : "Comment fonder une famille et g?rer une entreprise avec ces rythmes, avec ces horaires ?". J'?tais ? la crois?e des chemins : famille ou travail? Biagio n'aimait pas l'id?e que je dirigeais un club, que je travaillais dans un bar-restaurant : “ Ce n'est pas une activit? qui teconvient, un bureau serait plus adapt? ; un travail plus important pour toi, au lieu d'?tre parmi des gens qui ne savent ni parler ni ?crire, qui viennent prendre un caf? avec des chaussures de chantier boueuses. Tu ne peux pas ?tre parmi ces gens “. J'ai r?pondu : “ Ces gens boueux me nourrissent. "Qu'est-ce que ?a veut dire?" Biagio a r?torqu? "Alors marie-toi ? un boucher qui a beaucoup d'argent, plut?t qu'? une personne distingu?e". J'ai d?cid? de vendre l'endroit. Francesco est n?, une joie infinie, j'?tais enfin maman ! Ma nature, cependant, ne pouvait pas fl?chir, en fait au bout d'un mois je piaffais d?j? : il fallait absolument que je me remette ? faire quelque chose, ? travailler, aussi parce qu'aucune sorte d'aide financi?re ne venait du p?re de l'enfant et j'avais toujours l'hypoth?que ? payer. On ne peut pas vraiment dire qu'il ?tait le mari typique du pass? : il travaillait et apportait la subsistance de la famille et sa femme ? la maison pour s'occuper du m?nage et des enfants. Alors j'ai commenc? ? me poser des questions. Fondamentalement, je pensais: “Il ne comprend jamais rien ? propos de moi, cela me fait me sentir ? ma place, inad?quate”, alors mon estime de moi a commenc? ? faiblir. Je cherchais des r?ponses dans mes souvenirs : qu'est-ce qui m'avait frapp? chez lui ? Pourquoi avait-il r?ussi ? me convaincre ? Je crois au raffinement apparent ; sentiment peut-?tre accentu? par le fait qu'il sortait des canons des gens que j'avais connus et fr?quent?s jusque-l?. D?j? ? partir de cette pochette que j'ai sortie de sa poche, il ?tait ?vident que c'?tait un homme de bon go?t, bien habill? au moins, mais l'humilit? et la modestie ne l'habitaient pas. Je pensais que ce serait, ? certains ?gards, un bon guide. Et je peux dire que, dans certains domaines, comme le professionnel, ?a s'est pass? comme ?a. A l'?poque o? j'ai commenc? ? y assister, l'histoire qui malgr? moi m'avait mis sous les projecteurs de la notori?t? et qui m'avait fait vivre sous protection amen?e dans les salles d'audience, tr?s loin de la vie dont je r?vais, ?tait encore tr?s bien connue. M?me si c'?tait un pass? que je voulais encore laisser derri?re moi, j'en ai parl? ? Biagio en ?vitant de d?crire trop de d?tails. Il ne m'a jamais jug?. Mais lui aussi avait pos? quelques questions, et, peut-?tre pour cette raison m?me, j'ai commenc? ? les poser aussi. La passion, dans mon imagination, c'?tait autre chose. Un autre sorte de r?ve? Qui sait, on ne peut pas tout avoir dans la vie ; quelqu'un comme moi, pas une sainte avec une jupe et des danseuses, avec une vie normale dans le salon de maman et papa ; celui qui avait v?cu ? la limite, bref, une femme d?j? pass?e par le hachoir ? viande des exp?riences de vie, aurait pu ruiner sa r?putation, son ?quilibre de rejeton d'une famille de la haute soci?t? de Rome. Je me suis plut?t retrouv?e dans les paroles de la chanson de Loredana Bert? : “ Je ne suis pas une dame, une avec toutes les ?toiles dans la vie... mais une pour qui la guerre n'est jamais finie “. Je ne sais pas si c'?tait bon ou pas, mais Biagio a consult? son ami, celui qui lui a servi de navigateur lorsqu'il est venu me rendre visite pour la premi?re fois dans mon restaurant. “ Ne te soucie pas de son pass? “ il lui a dit “ Eva est belle, intelligente, autonome, ind?pendante, elle a une maison accueillante. A ta place je me jetterais ? corps perdu". Pas vraiment t?te baiss?e, mais Biagio a suivi le conseil. Il gardait un peu de distance, une pens?e r?tro, plus qu'autre chose. Selon lui, je manquais de culture, d'?tudes, de style italien. C'?tait comme si je n'attendais rien d'autre. Apr?s tout, l'une des frustrations les plus profondes que je portais ? l'int?rieur ?tait pr?cis?ment celle d'avoir interrompu l'?cole lorsque je me suis enfuie de chez moi. J'aimais les livres, je voulais grandir culturellement, apprendre, comprendre, savoir. Par ailleurs, j'ai commenc? ? ?tudier la jurisprudence, sujet dont empiriquement, sur le terrain, j'avais appris non pas tout, mais beaucoup, notamment des mille courants du droit p?nal. Pendant les cinq ann?es de proc?dure judiciaire et les sept proc?s contre moi, de 1994 ? 1999, j'ai lu attentivement tous les actes de proc?dure et j'ai proc?d? aux c?t?s de mon avocat. J'ai bien compris de nombreux aspects de votre fa?on de monter les proc?s p?naux. Mais je m'int?ressais au droit civil et j'ai donc commenc? ? l'?tudier ; il m'aurait ?t? tr?s utile de relever un nouveau d?fi professionnel que j'?tais persuad?e de pouvoir lancer et remporter : le secteur de l'immobilier, en tant m'a donn? de l'anxi?t?. J'ai aussi ajout? un peu de pratique aux livres; au d?part Biagio m'a donn? un coup de main, surtout quand je devais ?crire des lettres, il me les ?crivait, ou il les corrigeait. Pourtant, quand je lui ai dit que je voulais m'essayer aux ventes aux ench?res judiciaires, un environnement dur et difficile, consolid? dans les classiques "tourn?es ? l'italienne", il a pris un peu de c?t?. Biagio n'a pas vu d'un bon ?il ce choix. “ Ce n'est pas pour les d?butants “, il ma dit d?conseill?, mais tr?s poliment, il m'a laiss? m'engager dans cette voie. Et il a bien fait, tr?s bien ! J'ai commenc? ma nouvelle exp?rience professionnelle en tant que secr?taire dans une entreprise qui me r?mun?ra tr?s peu, mais la pratique dans le domaine me manquait pour gagner en exp?rience. En fait, puis j'ai d?coll?, et de secr?taire je suis pass? d'abord ? manager puis ? manager: j'avais des gens ? g?rer et des t?ches de plus en plus difficiles et exigeantes. Naturellement, comme si c'?tait la cons?quence de ce que j'avais rapidement construit aussi dans ce domaine, en poursuivant le d?fi lanc?, je me suis retrouv? ? nouveau l'arbitre de moi-m?me et, une fois de plus, je me suis remis ? moi-m?me. Avec Biagio, du point de vue sentimental, l'histoire s'?tait beaucoup refroidie. Il ne pouvait en ?tre autrement : nous avions des caract?res et des visions de la vie tr?s diff?rents, presque aux antipodes. Mes yeux avaient vu des choses qu'il ne pouvait m?me pas imaginer. Il a v?cu avec un film noir et ne s'en est pas rendu compte. J'?tais le film et il ?tait c?libataire dans la famille. Il ne savait m?me pas comment saisir l'opportunit? que cette femme pouvait repr?senter pour sa croissance dans le monde r?el, pas celui facile des bons quartiers, le dos toujours couvert dans tous les sens, par ses parents. Ce qui ?tait certain, c'est que je ne pouvais pas esp?rer changer un homme de plus de quarante ans. Etrangement pourtant, l'accord sur les travaux avan?ait bien, ?a marchait, nous ?tions comme deux partenaires sans entreprise formalis?e. Afin de ne pas penser au vide sentimental, au malheur du couple, j'ai travaill? de plus en plus intens?ment, donc presque sans m'en rendre compte, j'ai pris un temps important aussi ? mon fils, ? sa croissance. Biagio, cependant, a continu? ? repr?senter une ?tape importante pour moi, du moins dans ce que nous avions construit ensemble professionnellement. C'?tait une personne correcte, de parole et qui ne m'a pas fait de mal, du moins physiquement. Psychologiquement, cependant, lorsque mon succ?s a commenc? ? galoper, ses tentatives pour attaquer mon estime de moi sont devenues de plus en plus fr?quentes : “ Tu ne sais pas comment les choses fonctionnent en Italie “, une phrase d?j? entendue dans le pass? par une autre personne dont le nom ?tait Fabio Savi. A son avis, je n'?tais pas adapt? au syst?me italien ; il le connaissait mieux que moi et donc, par d?faut, seule sa fa?on de penser et sa fa?on d'agir ?taient justes. Bref, il me mortifiait, c'?tait un grand provocateur et querelleur de caract?re, il aimait les drames napolitains. Je n'aurais pourtant pas imagin? que cette attitude de la sienne se manifesterait aussi au foyer, pour l'?ducation de notre fils. J'ai essay? d'imposer des r?gles, de m'efforcer de ne pas c?der ? tout, de ne pas consentir ? toutes les demandes de l'enfant. Dire non ? certains fois. Bien s?r, il est plus facile de toujours dire oui ; c'est pour le moment, alors qui sait quand il grandira ? quoi il peut s'attendre s'il est habitu? ? avoir tout ce qu'il veut. Biagio, c'est exactement ce qu'il a fait, il l'a ?lev? en le g?tant et en m'excluant du processus ?ducatif. Donc papa ?tait Dieu et maman une nuisance. L'espace et le r?le de la m?re ont ?t? annul?s, j'ai ?t? mis de c?t? dans un coin : “ Maman ne comprend pas de toute fa?on, elle vient de Roumanie “. J'ai v?cu ce double drame ? la maison : exclue en tant que m?re et sans amour. Biagio me semblait de moins en moins empathique, j'?tais une femme qui ne se sentait pas aim?e, non pas parce qu'il ne m'aimait pas, je suis persuad?e qu'? sa mani?re, il avait beaucoup d'amour pour moi, mais je n'ai presque jamais l'a per?u. La vie, les vicissitudes, les douleurs, les peurs avaient eu sur moi pour effet de ne jamais me laisser abandonner, de ne pas laisser les choses en deux et de me couper les cheveux en quatre pour comprendre, me donner des explications. Alors le mot "empathie" m'a pris. Il a captur? mes pens?es, ma logique, puis j'ai commenc? ? l'?tudier pour en apprendre le sens. J'ai compris l'importance de cet aspect de l'?tre humain, de sa nature. Pourquoi n'ai-je pas ressenti l'amour de Biagio ? Dans mon imaginaire je portais la blouse blanche et la casquette ? croix rouge et devenais la nourrice de la cohabitation et de la famille. J'?tais na?vement convaincue que si j'avais compris son probl?me, de Biagio, j'aurais donn? un coup de fouet ? notre relation et j'aurais fait en sorte que l'enfant voit l'harmonie entre ses parents amoureux. J'?tais na?ve en effet, car penser ? pouvoir r?soudre notre probl?me uniquement avec ce type d'attitude et sans la collaboration de l'autre partie, ?tait une mission perdue d?s le d?part. Alors, apr?s une ?ni?me bagarre, comme toujours pour une raison triviale, je me suis demand?e : “ A quoi ?a sert d'?tre infirmier de la Croix-Rouge ? Je suis juste malade. Avec lui ou sans lui, qu'est-ce qui changerait dans ma vie ? Cela pourrait s?rement changer pour notre fils qui n'entendrait plus les cris des parents qui se disputent “. Nous les femmes, confront?es ? de fortes motivations, savons ?tre d?termin?es : lorsque nous fermons, nous revenons ? peine sur nos pas. Je l'ai fait. Nos amis ont ?t? stup?faits et m'ont ?videmment durement critiqu?. Je ne peux pas les bl?mer enti?rement, Biagio, en fait, avait un double visage. Loin du contexte familial, du priv?, il ?tait la personne la plus adorable, la plus communicative, la plus distingu?e, la plus ?l?gante et la plus expansive qui soit. Il a su se faire aimer de tout le monde, son grand m?rite. Avec moi ? la maison, c'?tait une personne compl?tement diff?rente, et personne ne me croyait. M?me un de mes amies a dit que je mentais, qu'il ?tait impossible que Biagio soit celui que je lui ai d?crit lors de nos conversations amicales, pour tenter d'expliquer les raisons de notre s?paration. Pour lui faire comprendre de quoi je parlais, j'ai secr?tement enregistr? ce que Biagio disait d'elle et lui ai fait ?couter "Alors maintenant tu me crois ?" Elle a acquiesc?. Je n'ai fait la guerre ? personne ; Je n'ai pas port? plainte, je n'ai pas fait appel au tribunal pour avoir la garde de notre fils, j'ai entretenu des relations adapt?es ? la situation et un dialogue ouvert, qui fonctionnent toujours tr?s bien maintenant, m?me si Biagio a essay? de tout faire pour me faire changer d'avis et Reste avec lui. Il a g?t? notre fils de mani?re de plus en plus flagrante, sachant qu'en agissant ainsi il l'?loignerait de moi et que, pr?cis?ment pour cette raison, j'aurais peut-?tre pris du recul. Biagio ?tait bien conscient du fait que pour moi, fonder une famille avait ?t? l'aboutissement d'un grand r?ve. Cela me pesait de ne pas avoir eu la certitude empathique d'?tre aim?e. M?me dans les petits gestes. Parfois un mot prononc? avec admiration aurait suffi : "Brava !". Ce n'est pas anodin : l'envie d'un compliment sinc?re a toujours fait d?faut. Depuis que je suis enfant. J'en avais besoin et bien. Les c?lins du coeur. Curieusement, le vert n'a plus donn? mal ? la t?te ? Biagio et la puanteur de l'asphalte au centre de Rome ne lui a pas tellement manqu?. Il est parti ? contrec?ur. Je souffrais en silence lorsque Biagio est venu chercher l'enfant plus t?t que pr?vu. Mon c?ur pleurait s'il lui demandait de partir plus t?t ou lorsqu'il n'avait pas le plaisir de venir me voir aux jours fix?s. En tant que m?re, j'aurais pu engager un avocat pour faire valoir mes droits. Mais cela aurait ?t? frustrant pour un gar?on de sept ans : j'ai continu? ? verser des larmes am?res, profitant de chaque petit temps accord? pour ?tre avec lui et lui transmettre mon amour, en ?vitant autant que possible les querelles avec son p?re. . Je me suis dit : Eva, les ann?es passent et quand Francis sera grand, il comprendra que j'ai souffert pour lui laisser vivre une enfance paisible. Le temps m'a donn? raison. 1. Eva Mikula au restaurant Ai Piani, Rome 2004 S?ance photo Eva Mikula, 2002 3 et 4. Eva Mikula quand elle a commenc? la restauration, 2002 3. LES ARNAQUES DU DESTIN ET LES FAUSSES NOUVELLES Peur, d?ception, ins?curit?. La fin de l'histoire avec une personne que j'avais d?couverte terriblement diff?rente de l'id?e que je me faisais de lui, quand par amour j'ai quitt? Budapest pour la suivre en Italie. En r?alit?, c'?tait un voleur, un assassin. L'arrestation, les interrogatoires, les proc?s, l'escorte polici?re aux audiences, les cachettes secr?tes r?serv?es aux t?moins sous protection. J'?tais tr?s jeune, d?sorient? et fragile. Ensuite, le flux de la vie a tourn? les pages de mon existence. Les ?pisodes, les histoires s'installaient les unes sur les autres et, finalement, une coexistence qui a dur? des ann?es et un enfant d?sir? mais absent est arriv?. Je ne sais pas ce que j'aurais donn? pour un c?lin, pour un peu d'amour, si ?a m'?tait arriv? j'aurais fondu. C'?tait comme si je l'avais appel?. Ainsi, il s'est pass? une soir?e au cours de laquelle j'ai essay? de me distraire en sortant avec une amie. J'avais besoin d'affection, de c?lins, de consolation et d'approbation. Mais, sans trop de mots, j'ai fait une grosse "connerie". Je me suis li? avec la personne la plus diff?rente de la fa?on dont, en r?alit?, il aurait d? ?tre l'homme avec qui avoir une relation dans cette p?riode particuli?re de fragilit? int?rieure. C'?tait un homme de peu de scrupules, cynique, apparemment adorable. Un escroc sentimental qui a r?ussi ? me porter un coup, profitant de ma situation ?motionnelle. En effet, pr?cis?ment parce qu'il avait remarqu? l'?tat dans lequel j'?tais, il a seulement fait semblant de m'aimer et j'ai compl?tement craqu?. En quatre mois, il a emport? toutes mes ?conomies, une somme qui correspondait ? environ soixante-dix mille euros. J'?tais tellement brumeuse que je n'ai rien remarqu?, jusqu'au jour o? deux agents de la police des finances en civil se pr?sentent ? la maison : un homme et une femme. Ils ont exhib? les badges et m'ont montr? une photo d'un homme : “ Connaissez-vous cette personne ? C'?tait lui, il avait quitt? ma maison il y a deux heures. Je les ai fait asseoir et nous nous sommes assis dans le salon. Mes jambes tremblaient, ils m'ont expliqu? que son vrai nom ?tait diff?rent de celui sous lequel je le connaissais. En r?alit?, son nom n'?tait pas comme il me l'avait toujours dit : Roberto Marzotto. “ Madame Mikula “ m'ont-ils dit, “ c'est un escroc de m?tier, c'est un chasseur de femmes qui se retrouvent dans une situation de faiblesse affective. Avec les malheureux il se fait passer pour un entrepreneur bien plac? dans la haute bourgeoisie, et les plume". J'ai compris toute la situation ? la vol?e et l'ai d?nonc? imm?diatement. J'ai parl? aux deux agents du pi?ge dans lequel j'avais v?cu pendant ces mois ; le monde s'est effondr? sur moi, un coup de tonnerre. Je me disais stupide, je me sentais m?me coupable. Je ne pouvais pas surmonter le fait que j'avais ?t? si inexp?riment?e. Apr?s une vie pass?e sans recevoir un c?lin du c?ur, authentique, il ?tait difficile de d?couvrir comment un individu m?prisable avait utilis? mon besoin d'amour pour me tromper. Cela me paraissait incroyable : un comportement brutal et inhumain car il n'?tait pas le fait d'un ?tranger, mais d'une personne avec qui il y avait une implication ?motionnelle, du moins de ma part. Si j'avais subi une arnaque au travail, peut-?tre une mauvaise affaire, un investissement rat?, autre chose, cela ne m'aurait pas pes? tant que ?a. Mais il a fr?quent? ma maison, il a caress? la t?te de mon fils et a touch? mon corps. Non, je ne pouvais pas y penser, du moins pas rationnellement. Je ressens encore la douleur profonde et le d?couragement existentiel : un malaise incroyable, qui montait alors que les deux financiers me parlaient. Ils ont aussi souffert pour moi. Je suis sortie, m?taphoriquement parlant, avec des ecchymoses et des fractures de cette histoire aussi. Pendant ce temps, Biagio, le p?re de mon fils, n'abandonnait pas. Se basant uniquement sur la mauvaise exp?rience que j'avais v?cue, il est retourn? au bureau : “Tu vois quels sont les gens l?-bas ? Des gens qui t'utilisent pour de l'argent, pour tes comp?tences, pour ta beaut?. Tu trouveras difficilement quelqu'un qui te cherche et qui te veut pour qui tu es, pour ce qu'est la vraie Eve". Biagio ? ce stade m'a ?t? tr?s utile, mais je n'avais toujours pas l'intention de reprendre la relation avec lui. J'?tais de plus en plus fragile et il me proposait de me remettre ensemble, pas moi, je sentais en moi que rien ne changerait, que bient?t tout reviendrait ? la situation comme avant, aux querelles, aux incompr?hensions. Mais j'?tais certainement int?ress?e par le maintien d'une bonne relation : nous avons eu un enfant ensemble et nous devions nous occuper de le faire grandir sereinement. Le c?ur de chacun de nous ne peut ?tre ferm? ? l'amour pour toujours, pas m?me le mien. Ce qui est s?r, c'est que toute l'exp?rience m'a amen? ? d?velopper un sentiment de m?fiance envers les gens, en particulier pour le genre masculin. Je devais forc?ment me prot?ger un peu, mais je n'ai pas mis mes sentiments dans un coffre-fort verrouill? avec une combinaison imp?n?trable. Une autre souffrance tragique et indicible devait venir, et elle l'a fait. Mais rien n'arrive par hasard et rien n'est arriv? par hasard. J'avais commenc? ? mettre des courts s?jours en Hongrie et en Roumanie ? mon agenda. L'arnaque douloureuse que j'ai rencontr?e m'a fait beaucoup r?fl?chir et j'ai commenc? ? penser qu'il serait peut-?tre appropri? de quitter l'Italie pour planifier une nouvelle vie en Hongrie. Cela impliquait peut-?tre de tirer les rames du bateau, d'abandonner certains r?ves. La relation avec mes parents s'?tait renou?e et consolid?e ces derni?res ann?es. Mon fr?re, quant ? lui, ?tait d?c?d? plus t?t, ? 37 ans. Sa femme l'avait trouv? sans vie au lit ? cause d'une crise cardiaque, peut-?tre... J'ai commenc? une nouvelle relation avec ces hypoth?ses. Par ma belle-s?ur, ? Budapest, j'ai rencontr? un homme de principes, un travailleur acharn?. Apr?s quelques mois de fr?quentation et les pr?sentations rituelles ? la famille, nous aspirions ? une vie ensemble. J'ai ?galement pens? ? ?laborer des projets de travail en Hongrie, en r?f?rence ? mon activit? de restauration d?sormais famili?re, avec en plus l'hospitalit?. J'avais en t?te de construire un h?tel avec un restaurant, une aire de jeux pour enfants, une piscine et un court de tennis. Il y avait aussi la disponibilit? d'un terrain parfaitement adapt? au projet : je venais de le recevoir de mes parents. J'avais agi pour obtenir les fonds allou?s par l'Union europ?enne, j'ai donc pu participer et b?n?ficier d'un appel d'offres visant ? d?velopper les zones rurales. J'?tais une femme de 35 ans qui avait recommenc? ? vivre une relation amoureuse ?panouie, en fait je suis tomb?e enceinte. D'une certaine mani?re, le destin me donnait l'opportunit? de combler ce vide int?rieur qui m'emp?chait de me sentir ? cent pour cent m?re avec le premier-n?. Ma belle-m?re possible, cependant, n'?tait pas d'accord sur la relation entre moi et son fils. Elle n'?tait pas d'accord avec l'id?e qu'un neveu ?tait en train de na?tre et que nous n'?tions pas encore mari?s. De plus, j'habitais toujours ? Rome, il y avait mon fils que je ne pouvais pas abandonner et la soci?t? immobili?re qu'il fallait suivre. Il nous aurait fallu attendre au moins un an pour nous organiser et cr?er notre nid en Hongrie. Il y avait un d?calage temporel entre la situation objective et la grossesse, r?flexion qui pouvait aussi avoir du sens. De plus, la m?re de mon homme n'aimait pas le pass? d'"Eva Mikula". Pour elle, j'?tais l'ex d'un criminel, impliqu? dans une mauvaise histoire de la p?gre italienne, donc je ne pouvais pas ?tre inclus dans le groupe des personnes fiables. En r?sum? : je n'aurais jamais ?t? une bonne ?pouse. Il martelait son fils du matin au soir avec ces consid?rations. Le destin a pens? tragiquement ? r?soudre le diff?rend de la pire des mani?res. Un arbitre a d?cid? pour nous que personne ne saurait jamais si je serais une bonne ?pouse et quel genre de p?re et de mari il serait. Alors qu'il se rendait ? Rome en voiture, pour organiser notre avenir ensemble, il a eu un accident mortel sur l'autoroute. Notre vie s'est envol?e vers le ciel avec lui. Je n'oublierai jamais le coup de t?l?phone de son ami qui m'a inform? du crash, de sa fin tragique. De sa m?re un silence g?nant et absolu. Apr?s l'appel t?l?phonique, je me sentais mal. Il ?tait 5 heures du matin, j'?tais enceinte de 3 mois et j'ai commenc? ? saigner. J'ai appel? l'ambulance et l'op?ratrice m'a interrog? au lieu de comprendre l'urgence, puis m'a dit que l'ambulance pouvait arriver dans 30 minutes. Comment ai-je pu attendre si longtemps seule et en saignant ? Je n'avais pourtant qu'un appui sur lequel je pouvais compter ? Rome : Biagio. Il est venue me chercher et m'a emmen?e d'urgence ? l'h?pital, o? je suis rest?e dix jours bourr?e de tranquillisants et d'injections pour ?viter de perdre la grossesse. J'avais eu un d?collement placentaire ? 50 pour cent. Un cruel inconnu a commenc? ? me torturer : ma fille serait-elle affect?e ? Le m?decin, en revanche, a conseill? de ne pas sous-estimer les preuves qui nous attendaient, une vie de m?re c?libataire, avec un fils sans p?re. En fait, les difficult?s quotidiennes auxquelles j'aurais ? faire face ?taient ?videntes. Je les imaginais tr?s bien, et je savais que la seule personne sur qui je pouvais r?ellement compter, ? savoir Biagio, ne prenait pas tr?s bien le fait que j'avais mis les pieds dans une autre relation. Cependant, j'ai continu? avec s?r?nit? les mois jusqu'? la naissance. J'ai retrouss? mes manches, ?labor? le mantra en moi, la ligne directrice : “Oui, ?lever un enfant seul est une raison de plus de se battre, de me donner de nouveaux objectifs “. Je ne voulais pas rester ancr?e dans le pass?, dans les probl?mes et les conflits avec Biagio, m?me sur la fa?on d'?duquer notre fils. C'?tait une autre ?tape importante. Responsabilit?s accrues; je ne pouvais plus faire d'erreurs et prendre des risques qui pouvaient alors retomber sur la cr?ature qui grandissait en moi. Plus de mauvais chemins et d'hommes inad?quats ; j'avais d?j? subi trop de d?ceptions de leur part. Entre-temps, nous avions atteint 2010 ; la r?putation qui m'a pr?c?d? dans la sph?re priv?e ?tait excellente. JAvec le travail, le s?rieux et la fiabilit? professionnelle, j'ai pu me forger une bonne image d'une personne d?cente et tr?s travailleuse. Avec les voisins, avec les employ?s du bar-restaurant. Dans mon activit? immobili?re, j'ai eu de bons retours et des amiti?s enrichissantes. Au lieu de cela, parmi ceux qui n'avaient pas de contact direct avec moi, pour le monde ext?rieur, j'?tais toujours et seulement l'Eva Mikula de la Bande l’Uno Blanche. Je voulais sortir de cette aura discriminatoire qui m'entourait en raison de l'histoire ind?l?bile de l'actualit? judiciaire dans laquelle j'?tais impliqu?e malgr? moi. Les gens en dehors de mon cercle de relations, "les autres insignifiants", ont continu? ? me percevoir comme la femme complice des meurtriers, la femme noire sournoise et impitoyable vue dans les salles d'audience, ? la t?l?vision et dans les journaux et racont?e suite ? la construction d'une v?rit? commode qu'avait peu ? voir avec une proc?dure r?guli?re. Mon image ?tait comme incrust?e dans cette histoire ind?l?bile, tr?s lourde ? porter ; un pr?jug? oppressant de l'opinion publique qui ne refl?tait pas la v?rit? des faits, ni hier ni aujourd'hui. "Tu t'en fous Eva" me suis-je dit, "tu as la plus belle chose au monde, bient?t tu seras ? nouveau maman". Apr?s la mort du p?re de ma fille, j'ai attendu un appel de ce qui allait ?tre la grand-m?re de ma petite fille. Il n'est jamais venu. Je l'ai appel?e, par respect, alors que sa ni?ce ?tait sur le point de na?tre une semaine plus t?t. J'?tais gentille et aimante. Elle a r?pondu mal, tr?s mal en fait, et ell a raccroch?. Je ne l'ai jamais revu, je ne l'ai plus jamais entendu, je ne l'ai plus jamais cherch?. Toutes mes vicissitudes, pendant ce temps, semblaient ne jamais finir, il semblait qu'il ne pouvait y avoir de paix pour moi. J'avais encore mon ventre, c'?tait en juin 2010, je d?jeunais seul, au calme, assis dans la cuisine et caressant mon b?b? qui allait venir au monde. Je regardais Tg5 des treize comme d'habitude. J'?tais perdue dans mes pens?es. Je me suis frott?e les yeux, peut-?tre que je me trompais, je ne pouvais pas encore ?tre moi sur celle de la photo qu'ils diffusaient. Au lieu de cela, h?las, c'?tait moi, Eva Mikula, ils parlaient de moi. Ma fourchette est tomb?e au sol, "Oh mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait maintenant?" Le journaliste a d?clar?: "Le mari d'Eva Mikula arr?t? pour vol qualifi?". "Qui est?" Je me suis demand?, ils n'ont m?me pas mentionn? son nom, je n'ai pas compris ? qui ils faisaient r?f?rence. Ils n'ont transmis que ma photo et mes donn?es personnelles. Dans l'?dition du soir, ils ont l?g?rement corrig? le jeu : "Ex-mari arr?t?". Finalement, ? la fin du service, j'ai compris de qui ils parlaient : une personne que je n'avais pas vue ni entendue depuis quinze ans. C'?tait un gars que j'ai ?pous? en 1996, pendant ma p?riode d'essai. Apr?s deux ans de mariage, nous nous sommes s?par?s et apr?s trois ans, le divorce est venu. Nous n'avions plus aucune sorte de connexion. Ses parents ?taient d'importants marchands romains, propri?taires de quelques boulangeries ; probablement assez influent pour ne pas permettre que l'information du fils arr?t? pour vol soit diffus?e ? la presse. Lorsque nous nous sommes r?unis, il ?tait un gar?on propre, issu d'une famille de la classe moyenne, mais avec une d?pendance au jeu. Notre relation a pris fin pr?cis?ment ? cause de cela, nous ?tions trop diff?rents, nos visions respectives de la vie ?taient inconciliables. Apr?s 15 ans de la fin de notre mariage, cette personne, en s'entendant avec un complice, un caissier d'un ?tablissement bancaire, avait organis? un braquage. Un coup qui lui aurait probablement servi ? avoir de l'argent ? jeter dans quelque tripot ou ? payer ses dettes de jeu, il n'?tait certainement pas un voleur en s?rie. La nouvelle des arrestations, en elle-m?me, n'aurait m?me pas fait sensation, elle serait pass?e trivialement sans int?r?t pour l'actualit? locale, bonne seulement ? augmenter les statistiques aseptiques sur la productivit? de la police : personnes contr?l?es, personnes signal?es, personnes arr?t?. Ainsi, pour satisfaire le besoin de faire les gros titres, le marketing des carabiniers, ? qui ?tait due cette arrestation, est entr? en action, conjugu? ? l'inexactitude des journalistes qui n'ont pas filtr? l'information. J'ai pens? que, s?rement, certains attach?s de presse de leur commandement ont nourri les journalistes sans pr?ciser les d?tails, en disant simplement que l'un des responsables ?tait mon mari, voire mon ex-mari, prenant bien ?videmment soin de ne pas mentionner son nom, pr?cis?ment parce qu'il appartenait ? ? une famille tr?s en vue de la capitale. Quelle aubaine aussi pour les journalistes d?sireux de pouvoir chroma key la photo d'une belle fille irr?guli?re, avec le pass? de l'actualit? polici?re. Qui sait, peut-?tre ?tait-il utile pour quelqu'un d'associer ? nouveau mon nom ? un crime, de vendre plus d'exemplaires ou de faire plus d'audience, cela n'avait pas d'importance de v?rifier d'abord l'actualit?. Bien s?r, l'histoire s'est retrouv?e dans tous les infos et journaux, au profit de leurs cotes et de leurs bilans. J'ai donc appel? mon avocat et, gr?ce ? quelques connaissances, j'ai essay? de comprendre d'o? venait la nouvelle et quelle en avait ?t? la source. Ainsi j'ai eu la confirmation qu'il s'agissait d'un communiqu? officiel des carabiniers qui l'avait diffus? ? la presse. On m'a dit que, alors que l'homme arr?t? remettait sa pi?ce d'identit? aux carabiniers, une photo de moi a gliss? de son portefeuille qu'il portait avec lui (il la gardait toujours !). Ils m'ont reconnu et n'ont pas manqu? la merveilleuse opportunit? de pouvoir passer toutes les nouvelles nationales. Ils ?taient all?s jusqu'? ne pas laisser ?chapper les d?tails du braqueur, pr?f?rant jeter mon nom dans les salons de l'information, sans m?me se soucier le moins du monde des effets et des cons?quences que cette malheureuse pens?e du leur pouvait me causer. La personne qui a transmis ce mouchoir ? la presse, en fait, n'avait aucune r?serve sur ce que cette nouvelle insens?e et hors contexte pourrait causer ? Mme Eva Mikula. Qu'est-ce qui pourrait l'int?resser dans le chemin parcouru par Eva Mikula 15 ans apr?s la fin de son proc?s ? Pratiquement rien. Un tel personnage, pour le moins sans scrupules, ne pouvait pas penser qu'Eva Mikula avait une image de m?re et d'entrepreneure ? d?fendre. Il devait mettre l'accent sur le r?sultat d'un travail ? tout prix, passant m?me par-dessus les droits d'autrui. Se faire beau avec les v?tements en leur apportant la riche revue de presse avec ma photo. Que je n'avais rien ? voir avec tout ?a. Marketing 1 - droit ? l'oubli et confidentialit? 0. Une ruse vraiment de bas niveau. J'?tais en col?re et j'avais l'intention de faire des d?g?ts. Mon avocat m'a arr?t?, je ne sais pas s'il a bien fait ou pas, m?me pas pourquoi il a fait ?a, il m'a dit : "Tu ne peux pas d?noncer les carabiniers, c'est juste des nouvelles, ?a passe. Avec ton histoire, les d?noncer serait un faux pas, les projecteurs seraient ? nouveau tourn?s vers toi”. J'ai renonc?, mais l'inexactitude de cette nouvelle continue de circuler sur la toile et, surtout, contribue ? alimenter l'?quation finale dans l'opinion publique : Eva Mikula ?gale crime. Il y a eu, en effet, le coup de t?l?phone cynique de Biagio qui avait appris la nouvelle, mais pas de la t?l?vision. Des amis l'avaient appel? en lui disant : “ Que se passe-t-il ? Es-tu fou? As-tu fait un vol ?" 5. Eva Mikula 2006 D?ner du Nouvel An 6. Le premier jour d'asile de son fils Francesco, 2005 4. LA PERS?CUTION DES PR?JUG?S Mon chemin de vie ont encore une fois ?t? crois?s par de mauvaises personnes. J'avais l'id?e qu'il ne pouvait y avoir de paix pour moi. Une autre oppression, un pur mal m'attendait au coin de la rue, qui a pris forme ? travers la folie d'une personne qui a bless? ma bonne foi envers les autres. J'habitais un grand immeuble, mais les besoins d?rivant de l'augmentation des engagements ?conomiques pris, des d?penses immobili?res plus ?lev?es ? un moment o? le secteur ?tait en crise, et d'autres ?v?nements personnels (une petite fille, un fils dont j'occupais depuis ma part ?conomique, les d?penses pour la baby-sitter, l'hypoth?que) m'ont pouss? ? transformer la propri?t?, obtenant un tr?s joli petit deux pi?ces, avec une entr?e ind?pendante. En novembre 2014, j'ai d?cid? de le mettre sur le revenu et j'ai cherch? ? qui le louer. Un couple italien s'est pr?sent?, envoy? par une agence immobili?re locale ? laquelle j'avais confi? le mandat. Ils ont fait quelques visites et ont examin? attentivement le petit appartement. Ils ont sembl? imm?diatement int?ress?s, m'a dit l'agent immobilier. En fait, apr?s un certain temps, ils m'ont appel? pour confirmer leur int?r?t et ils sont devenus mes locataires. Je leur ai remis les cl?s le 12 d?cembre 2014, je leur ai expliqu? en d?tail toutes les caract?ristiques du deux pi?ces, ils ont pay? le premier mois et le d?p?t de garantie comme s'il s'agissait d'une p?riode d'essai, avec l'accord qu'? la fin ils confirmeraient s'il faut rester en CDI ou partir. Les nombreux engagements de travail me faisaient souvent sortir de Rome et, en tout cas, avec des horaires tr?s charg?s : pratiquement je rentrais toujours tr?s tard ? la maison et sortais peu apr?s l'aube. Aussi, ? cette ?poque, je me rendais souvent ? Londres. Ces rythmes, obligatoires pour faire face ? tout ce qui peut peser sur les ?paules d'une femme c?libataire, m'ont aussi donn? des probl?mes de gestion avec ma fille. Aujourd'hui je ne saurais expliquer comment ? l'?poque j'ai pu m'en sortir, m'extirpant entre engagements professionnels et familiaux, pourtant j'ai pu g?rer, avec la force d'une m?re, tout ce chemin tortueux. Je me souviens seulement que j'emmenais souvent le b?b? avec moi. Un jour mon portable a sonn? : c'?tait Lucia, une voisine. Je pr?cise que je m'entendais tr?s bien avec tout le quartier. Les relations ?taient cordiales, parfois m?me amicales. Ils m'appr?ciaient pour qui j'?tais, pas pour le pass? ou pour les histoires racont?es ? mon sujet dans les journaux et ? la t?l?vision. Lucia m'a dit : “ Ton locataire est sur le balcon en train de crier avec son partenaire. Il veut attirer l'attention en criant des phrases uniques sur toi". "Sur moi? Et pourquoi?" Je lui ai demand?. "Il fait de tr?s mauvaises d?clarations sur ton pass?" a r?pondu Lucia, "C'est vraiment honteux" a-t-elle poursuivi, "Je ne veux m?me pas r?p?ter ce qu'elle crie. S'il te pla?t, fais quelque chose, rappele-le”. Au lieu d'appeler le locataire, une autre solution m'est venue ? l'esprit. J'avais appris un peu d'astuce, avec tout ce que j'ai v?cu dans ma vie. J'ai dit ? Lucia : “ Fais ceci : enregistre ses paroles. Ensuite, je l'appelle et lui demande quel est le probl?me". Et ainsi de suite. Au t?l?phone, il a fait comme si de rien n'?tait, c'?tait ? pr?voir. Je l'ai exhort? : “ Ils me disent que vous criez, que vous d?rangez le calme de l'immeuble. Il a pris un ton mortifi?, pour essayer de me rassurer : “ Non madame, rien de sp?cial. J'ai eu une petite dispute avec ma femme. Mais maintenant tout va bien “. Il n'a pas eu le courage de r?p?ter les phrases insultantes qu'il a cri?es depuis le balcon, il n'a rien dit de tout cela. Le lendemain, Lucia m'a rappel? au t?l?phone. Malheureusement, j'?tais en d?placement et je n'avais pas la capacit? de g?rer ce qui ?tait accessible ? la maison. L'enregistrement de la ?ni?me sc?ne de mon locataire m'a retourn?. C'?taient toutes des insultes ? ma personne : “ C'est une criminelle, une d?linquante ! il a r?p?t? ? tue-t?te sur le balcon : “ Elle ?tait certainement la caissi?re de la bande. Il aura achet? la maison avec l'argent des braquages ”. Puis, se tournant vers sa femme, il a poursuivi : "Mais sais-tu ? qui nous avons lou? l'appartement, ? qui nous appartenons ?". Ces propos se sont poursuivis ?galement le lendemain, ? cause d'une question de stationnement. Il avait gar? sa voiture sur une place appartenant ? un autre locataire, qui lorsqu'il a fait remarquer que les places de parking ?taient toutes num?rot?es, s'est fait agresser verbalement avec des mots et des injures ?galement adress?s ? moi : “ C'est la dame qui nous a dit que ce parking ?tait notre ! Tu vois, elle ne peut m?me pas ?tre ma?tresse de maison ? Qu'elle retourne dans son pays !" Et ? bas autres insultes racistes et discriminatoires. C'est donc que je l'ai rappel?, je voulais comprendre quel ?tait son probl?me et en m?me temps me prot?ger de ce sujet. Mais il a fait une deuxi?me sc?ne muette, puis j'ai pris l'initiative et je lui ai dit : “ ?coutez ici, si la propri?t?, bien que vous et votre partenaire l'ayez vue tr?s bien avant de donner le salaire mensuel, ne correspond pas ? vos attentes, vu les plaintes v?h?mentes que vous avez fait devant les voisins pour qu'ils les entendent haut et fort, vous ?tes libre de partir ; non seulement cela, je retourne ?galement la mensualit? d?j? pay?e ". Je m'arr?tai quelques instants puis j'ai repris d?termin?e : “ Au contraire, je vous demanderais bien de partir, je ne voudrais pas avoir ? vous voir tous les mois, car au cas o? vous voudriez rester, en fait, nous devrait stipuler un contrat ? long terme “. J'?tais tr?s en col?re en lui parlant, cependant je gardais un certain calme. Quelque chose, cependant, je voulais lui dire : “ Vous ne devez pas vous permettre de faire des d?clarations sur ma personne et sur mon pass?. Je n'ai rien ? vous expliquer, vous pensez comme vous voulez, mais n'impliquez pas les gens de ma sph?re priv?e, qui me connaissent certainement mieux que vous, ne perturbez plus ma vie et allez ailleurs pour lire sur moi sur Internet. Vous ne me cr?ez pas d'autres probl?mes “. Alors j'ai cru l'avoir fait taire. Au lieu de cela, il a chang? l'orientation de ses invectives pour ajouter ? la dose de calomnie et a commenc? ? ?num?rer les anomalies pr?sum?es de la maison : “ Elle m'a lou? l'appartement sans faire aucun entretien. Tous les soirs on sent le gaz de la chaudi?re, il y a certainement une fuite, la t?l?vision n'est pas visible, l'antenne doit ?tre remplac?e, il y a une prise ?lectrique dans la cuisine qui a des fils volants. Comment s'est-elle permise de louer une maison dans ces conditions ?" Je suis tomb?e des nuages, le technicien m'avait assur? que tout ?tait en ordre, tout comme la femme de m?nage, puis j'?tais pr?sent sur place lorsque j'ai confi? le bien ? l'agence. Cependant, face ? ces r?clamations, je me suis engag?e ? examiner les d?fauts signal?s et j'ai demand? un rendez-vous le lendemain pour aller avec le technicien. Le locataire m'a dit qu'il devait rester au travail tard et m'a donn? la permission du syndic d'entrer dans la maison. Pendant que le technicien faisait son travail et que j'inspectais chaque recoin de la maison ? la recherche de d?fauts ou d'imperfections, mes yeux ont tomb? sur une feuille de papier pos?e sur une ?tag?re du salon. Cela m'a frapp? parce que j'avais lu mon nom sur une feuille de papier ? en-t?te de la police financi?re. Je l'ai lu sans y toucher et l'?tonnement m'a assailli. C'?tait une plainte contre moi d?pos?e la veille. Il avait insinu? que j'?tais un escroc, car, selon lui, je n'?tais probablement pas le propri?taire de la maison et j'avais per?u le loyer, sans d?livrer le re?u de paiement. “ Mais comment peux-tu ?tre si m?chant et menteur ? - je me demandais. Il semblait avoir d?couvert en moi une d?linquante fugitive et voulait prouver sa bonne foi de citoyen mod?le. Le m?me jour, je me suis pr?cipit?e au commandement provincial de Rome de la Guardia di Finanza o? une plainte a ?t? enregistr?e, fournissant tous les documents en m?me temps. J'avais l'intention de d?poser une contre-plainte pour diffamation, mais je voulais d'abord consulter un avocat. Pendant ce temps, ? la maison, le technicien n'avait pas trouv? les d?fauts dont se plaignait le locataire, ? l'exception d'une porte ? r?gler en hauteur et d'une ampoule grill?e. Aucun probl?me avec le gaz, ni avec le signal de l'antenne. Le lendemain le locataire m'a rappel? et, d'une voix presque mena?ante, m'a dit : "Ici le gaz sort tous les jours, m?me du po?le, je sens la puanteur !". Pas content, il a poursuivi avec les offenses personnelles : "Elle a d? me dire tout de suite qu'elle s'appelait Eva Mikula et qu'elle est celle de l’Uno blanche. J'ai cependant d?couvert sur Internet qu'il y avait beaucoup de choses sur son pass? de criminelle. J'ai subi des dommages ? cause de lui “. J'avais du mal ? croire qu'une personne puisse me parler comme ?a, ? quel titre l'a-t-il fait ? Je ne pouvais pas comprendre o? cela menait. C'est lui qui m'a fait comprendre. De l'argent. Il n'a pas fini son coup de t?l?phone d?lirant que la r?ponse ? mon doute est arriv?e ? temps. "Pour la g?ne occasionn?e, je demande le double de la caution, plus la mensualit? que j'ai pay?e, car pour partir je dois faire face ? des d?penses". Alors j'ai tout de suite eu l'id?e qu'en plus d'?tre de mauvaise foi, il pouvait ?tre un peu d?rang?. J'ai donc clos l'appel t?l?phonique, que comme tous les autres avec lui, j'enregistrais r?guli?rement depuis des jours. Je me suis rendue chez les carabiniers pour formaliser une plainte pour tous les d?lits dont il avait ?t? responsable : calomnie, diffamation, tentative d'extorsion, chantage et harc?lement t?l?phonique avec demandes d'argent. A la caserne j'expliquais tous les faits en d?tail, j'avais aussi retranscrit les relev?s t?l?phoniques, j'avais fourni la tra?abilit? des paiements effectu?s par lui et ma proposition de remboursement int?gral, tant qu'ils quittaient la maison que je poss?dais. Quand, le lendemain, il a ?t? inform? de la plainte, m'ont dit les voisins, il a aussi pest? contre les carabiniers, m'insultant encore une fois devant eux : “ Mais comment ! Avez-vous pris une plainte contre moi d'une telle personne? Mais vous rendez-vous compte ? Mais savez-vous qui est Eva Mikula ? “. Les militaires ont fait de leur mieux pour le calmer. "La meilleure chose est que vous sortiez de cette maison", lui ont-ils dit. Il a eu le culot de m'appeler pour la ?ni?me fois : “ Vous m'avex d?nonc? pour extorsion, on rigole ? Vous ?tes un pauvre imb?cile qui ne cherche de la publicit? gratuite qu'en fr?quentant des criminels, d?sormais ne me parlez plus. Oubliez de me faire peur avec la plainte, nous resterons ? la maison aussi longtemps que nous le voudrons “. Son partenaire m'a rappel? pour me dire que si je ne retirais pas la plainte, ils ne partiraient pas. J'?tais entr? dans un ?tat de stress total. Au bout de deux jours, le couple a quitt? l'appartement de deux pi?ces. Je lui ai rendu ce qu'il leur restait et aussi le mois qu'il avait pay? ; ?videmment pas deux fois plus qu'ils ne le pr?tendaient. L'important ?tait qu'ils s'en aillent pour toujours. Je pensais que ma plainte aurait suivi la proc?dure attendue, pourtant, plus de deux ans apr?s les faits, malgr? les t?moignages et preuves irr?futables, le procureur a ?trangement demand? le non-lieu, salu? par le juge. En gros, apr?s deux ans et un mois d'enqu?te, la justice ?tait parvenue ? la conclusion que les actes de mon locataire n'avaient pas ?t? diffamatoires, pr?judiciables ? ma dignit? personnelle, exorbitants et donc punissables par la loi. Peut-?tre parce que la plaignante s'appelait Eva Mikula. De mon point de vue cependant, cet ?ni?me ?pisode que j'ai d? fermer dans le panier de mes exp?riences dramatiques, m'a boulevers? ainsi que toute la bonne r?putation durement acquise au fil des ann?es. Il avait touch? les voisins avec brutalit? et, en particulier, il avait aussi brouill? ma sph?re de travail, notamment les relations avec l'agence immobili?re, avec laquelle je collaborais souvent, ici dans le quartier et qui ?tait g?r?e par des amis chers ? moi. C'?tait un ?pisode qui a marqu? mon quotidien, mes rencontres avec des gens qui m'appr?ciaient pour mon s?rieux, mon humanit? et mon professionnalisme. Heureusement, j'ai gard? leur estime intacte. Cependant, je ressentais une angoisse insupportable qui mena?ait de saper tout ce que j'avais pu construire jusqu'? ce moment. Je suis aussi all?e chez le m?decin, qui m'a prescrit des anxiolytiques et, ? quelques reprises, j'ai subi des s?ances chez un psychologue. Je craignais que tous ces ?v?nements ne compromettent la r?alisation de ma pleine int?gration dans la soci?t? civile. Encore une fois, cependant, j'ai trouv? la solution en moi-m?me, cela ne pouvait ?tre des interventions ext?rieures, pharmacologiques ou psychanalytiques, l'outil pour reprendre le bon chemin de ma vie. La bonne m?decine ?tait la force int?rieure, celle que j'avais entra?n?e en portant l'?norme poids du pass? sur mes ?paules. J'ai pens? ? ce que j'avais r?ussi ? accomplir en ne croyant qu'en moi. Des ?pisodes difficiles peuvent arriver ? n'importe qui ? tout moment, toujours quand on s'y attend le moins. L'opinion publique avait cristallis? une image d?form?e de ma personne, elle ne pouvait ?tre ni effac?e, ni modifi?e, ni color?e, car beaucoup, trop de mensonges avaient ?t? racont?s sur moi d?s le d?but. Quand j'y pensais, je me sentais petite et ?cras?e, minuscule et impuissante. J'avais peur que tous les pr?jug?s, en plus de m'an?antir, puissent tomber sur mes enfants. Ce lourd nuage gris pendait au-dessus de ma t?te, et au fil du temps, il est devenu de plus en plus sombre. “ Mais attention, me r?p?tai-je mentalement, vous pouvez dire tout ce que vous voulez de moi, donc tout est faux. Mais restez loin de mes enfants, n'essayez m?me pas de les toucher. Ils n'ont rien ? voir avec ?a". Mes angoisses et mes nuits blanches m'ont pouss? ? ?crire, me demandant quelle ?tait l'origine de tant d'amertume ? mon ?gard, des mensonges qui me concernaient publiquement expos?s dans la presse. Alors j'ai eu l'id?e d'envoyer une lettre de lib?ration, renforc?e par ma pleine conscience de la r?alit? qui m'entourait, une lettre ?crite ? l'Association des victimes de la bande de l’Uno blanche. La lettre ? l'association : A l'Association des Victimes de de la bande de l’Uno blanche/ chez le Pr?sidente de l'Association Mme Zecchi Je me tourne ? nouveau vers vous, bien que n'ayant pas re?u de r?ponse ? mes lettres de 2005. En lisant les journaux, vous me tenez ? jamais moralement coupable et vous vous indignez de chacune de mes tentatives d'approche. Cela fait maintenant 20 ans que la lumi?re n'a pas ?t? faite sur les m?faits de l'"Uno Blanche". Vous vous souvenez s?rement des d?tails de ces moments : les premi?res nouvelles dans les journaux, comment ils ont ?t? captur?s, car je suis entr? sous les feux de la rampe judiciaire et m?diatique. Je me souviens de tout comme si c'?tait hier, j'?tais entre la vie et la mort comme pendant les 2 ann?es pr?c?dentes de vie commune, battue et s?par?e entre les mains de policiers tueurs. Je joins quelques-uns des premiers articles, et qui mieux que l'inspecteur Luciano Baglioni et le commissaire Pietro Costanza peut vous confirmer, puisqu'ils ont ?t? les premiers ? enregistrer mes premi?res d?clarations, une inondation qui a dur? 48 heures avec l'arriv?e de 3 minist?res publics de divers procureurs m?me ? 3 heures du matin. Dans quelles conditions psychologiques m'ont-ils trouv? ? Une petite fille, clandestine, menac?e et terrifi?e de mort. J'ai commenc? ? aider ? faire la lumi?re sur l'affaire, lorsque Roberto Savi, tout juste arr?t?, ?tait sur le point d'?tre lib?r? car il n'y avait pas assez de preuves contre lui. Les autres composantes ?taient en cavale alors que les enqu?teurs n'en ?taient qu'au d?but de la reconstitution des crimes ? imputer a la bande. Il y avait 4 personnes en prison : “ les Santagatas “, d?j? condamn?s, qui purgeaient une peine depuis des ann?es pour des crimes qui ne leur sont pas imputables et lib?r?s imm?diatement apr?s mes aveux. J'ai ?t? emmen?e et plac?e sous protection de l'Etat dans un lieu ?loign? et secret, surveill?e pendant 8 mois en attendant que tout soit clarifi? sur la base de mes aveux, ? la recherche d'autres personnes impliqu?es dont je n'?tais pas au courant. Une fois l'enqu?te sur la bande termin?e et les Savi inculp?s de leurs crimes, ils m'ont accus? de complicit? de meurtre et d'autres crimes graves par vengeance, charges qui ont ensuite ?t? retir?es. Pendant ce temps, j'ai subi 7 proc?s ? divers degr?s de jugement et j'ai ?t? acquitt?e avec une formule compl?te. J'ai ?t? oblig?e de faire des apparitions ? la t?l?vision pour payer mes avocats, pour me d?fendre. Je me battais seul contre tout le monde, je n'avais que Dieu, mes 19 ans et une bonne conscience comme guide vers une justice qui venait ensuite pour tout le monde. Je n'ai jamais demand? de remerciements ? qui que ce soit, j'ai mis de c?t? la controverse, laissant libre cours ? votre douleur incontestable. J'ai ?t? consol?e par la satisfaction et la tristesse qui m'enveloppaient chaque fois que j'ai suivi votre comm?moration. Je voulais ?tre pr?sent, au dernier rang, mais ?tre l?. Malheureusement, en fait, cela ne s'est jamais produit; mais le pire oui. L'opinion publique a ?t? subtilement amen?e ? me discr?diter, ? me discriminer au point de faire de moi une ic?ne du crime, un personnage ? pi?tiner qui ne fait que les gros titres de l'actualit? criminelle comme cela s'est pass? le 18 juin 2010, lorsque mon nom a e?t? utilis? pour donner de la pertinence ? l'arrestation d'une personne inconnue de tout le monde, m?me de moi, comme j'?tais divorc?e depuis 10 ans quand il a ?t? purifi?, je ne savais plus rien de lui et de ses choix de vie. La nouvelle a d?coll? sur toutes les nouvelles et journaux nationaux. Mes demandes de correction n'ont m?me pas ?t? prises en compte. Aucun organe ne m'a contact?, personne n'a corrig? la nouvelle qui, par cons?quent, n'avait qu'une forte pression discriminatoire sur moi et ma famille. Je suis purifi?e, sans charges en suspens et m?ne une vie normale, modeste et honn?te ainsi qu'une m?re de 2 enfants. ? ce jour, certaines personnes sur mon lieu de travail, apr?s avoir lu les nouvelles diffus?es sur le web, anim?es d'un fort pr?jug?, m'ont insult? et diffam? en public, me consid?rant comme une personne impliqu?e dans des d?lits, des pr?jug?s et coupable de fr?quenter des milieux criminels. Malgr? moi, j'ai d? porter plainte. Ils devront payer des p?nalit?s et des dommages-int?r?ts conform?ment ? la loi, de qui sont-ils les victimes ? ... ce n'est pas un cas isol?. Pendant 20 ans je suis rest?e dans l'ombre et ? la merci des m?dias mais toujours en faveur de la v?rit? et proche de vos pens?es et de votre douleur. Les Savi purgent des peines d'emprisonnement ? perp?tuit? comme cela a ?t? confirm? r?cemment, en grande partie gr?ce ? moi, pour ma collaboration opportune, assidue et pr?cieuse. Sinon, je serais morte avant de voir les menottes de Fabio Savi ? ses poignets. Avec votre permission et votre compr?hension, je vous serais reconnaissante de me permettre de rejoindre l'association des victime de l’Uno Blanche ou, s'il vous pla?t, d'accepter au moins ma pr?sence silencieuse et sinc?re aux comm?morations du 13 octobre en tant que victime survivante d'une histoire f?roce, absurde et inoubliable . Dans l'attente de votre ?valuation approfondie et de votre r?ponse compr?hensible, je vous renouvelle mes meilleures salutations. Eva Mikula. Rome, le 28 janvier 2015 La r?ponse de Mme Zecchi, pr?sidente de l'Association, ne s'est pas fait attendre : "C'est une demande qui ne tient pas, je ne sais pas sur quelle base vous pouvez faire une telle demande". J'?tais toujours d'avis qu'au moins ceux qui avaient ?t? de pr?s touch?s par cette histoire de l’Uno blanche connaissaient la v?rit? sur la capture de la bande. Je me trompais, je r?alisais pourtant que ce n'?tait pas du tout le cas. Non moins f?ch?e a ?t? la r?ponse de Valter Giovannini du procureur de la R?publique de Bologne, que personne n'avait remis en cause dans la lettre, mais s'est ?videmment senti oblig? de mettre son sceau avec la r?ponse : “ Juste silence pour respecter les victimes “ comme pour dire se taire pour ne pas soulever des questions d?j? closes et s?diment?es dans les v?rit?s du proc?s. Je me sentais de plus en plus seule et marginalis?e, je n'?tais pas encore pr?te ? affronter et r?v?ler publiquement la v?rit? sur la dynamique de la capture par une bande. Ma fille ?tait encore petite, mes ?nergies ?taient n?cessaires pour g?rer une vie pleine de responsabilit?s et j'avais encore une ?tape, un pion ? mettre ? sa place : raconter l'histoire de sa vie, de son destin, pourquoi elle n'a pas un papa. Mais pour tout cela j'ai d? attendre qu'elle ait au moins 9 ans, comme me l'avait sugg?r? la psychologue pour enfants qui m'a suivi dans le parcours d'?ducation monoparentale. Les ann?es ont pass? vite et le bon jour s'est fait conna?tre sans l'avoir pr?vu. 7. Eva Mikula un selfie ? la maison, 2011 8. Eva Mikula et son fils Francesco, 2012 5. JULIA ARRIVE ET TOUT CHANGE Mon ventre grossissait et ma vie semblait enfin se d?rouler sans encombre, peut-?tre aussi gr?ce aux r?gles que je m'?tais impos?e en commen?ant par la premi?re : ?viter les sursauts ?motionnels, la nervosit? et les discussions dans les relations de travail. J'ai essay? de r?soudre les malentendus, les conflits, les impr?vus, avec la tranquillit? olympique, comme un vrai num?ro un. J'ai pens? positif et cela m'a satisfait ; j'ai travaill? dur pour qu'aucune n?gativit? ne puisse traverser mon esprit et mon corps alors que j'?tais sur le point de devenir m?re pour la deuxi?me fois. Je prot?geais la cr?ature qui grandissait en moi et dans les longues soir?es de solitude je lui parlais beaucoup. Je l'imaginais petite, petite, levant les yeux et ?coutant sa m?re. Cela me donnait une force presque surnaturelle. En m?me temps, elle me d?tachait des d?ceptions du pass? et illuminait les espoirs de l'avenir. Oui, le r?gulateur de mon nouveau bonheur responsable arrivait. J'ai pu me pr?lasser dans ces sensations fortes et langoureuses, charg?es de projets ? r?aliser par moi-m?me. Le plan n'incluait pas de associ?s ou de partenaires, je ne voulais pas partager ma nouvelle vie m?me avec Biagio. C'est ainsi que, lorsque les douleurs se sont fait sentir, je suis mont?e dans ma voiture et, sans rien dire ? personne, je suis all?e, pour la c?sarienne pr?vue, directement ? l'h?pital. Je me suis gar?e et suis arriv?e dans le service que je connaissais d?j? : j'avais fait les tests et les contr?les l?, ? l'h?pital Santo Spirito de Rome et c'?tait la deuxi?me c?sarienne que je subissais. Tout s'est bien pass? et le lendemain Julia est n?e. J'?tais au septi?me paradis. La premi?re question que j'ai pos?e au personnel de sant? ?tait : “ Est-elle saine ? C'est bien?". "Bien s?r," a r?pondu la sage-femme. "C'est une belle petite fille", a ajout? avec enthousiasme. J'ai pleur? de joie. La voix int?rieure m'a chuchot?, caressant mon ?me : "Eva, tu l'as encore fait, je suis avec toi". Ce jour-l? a commenc? la nouvelle vie avec Julia. Biagio et notre fils sont venus me rendre visite ? l'h?pital, j'ai de belles photos de cette visite tr?s agr?able. Je suis retourn? ? mon nid au volant de la voiture. Biagio a port? la petite fille ? l'int?rieur du panier et m'a escort? ? bord de sa voiture. En entrant dans la maison, il a plac? le panier avec le b?b? sur le canap? et est parti. Quelques heures plus tard, je suis sortie avec le b?b? dans mes bras pour aller ? la pharmacie acheter ce que les m?decins m'avaient prescrit pour moi et Julia. La pharmacie n'?tait pas loin, mais c'?tait presque le soir et il faisait tr?s froid en ce sombre novembre. La plaie de la c?sarienne, encore fra?che, m'a fait un peu mal. J'ai encapuchonn? et, pas ? pas, j'ai atteint le but. Le pharmacien a ?carquill? les yeux en me voyant entrer : comme ?a et avec une petite fille dans les bras, il a d? me prendre pour une boh?mienne implorant l'aum?ne. Mais ? sa grande surprise, il se retrouve face ? une maman qui, de toutes ses forces, et avec son b?b? dans les bras, lui demande imm?diatement des m?dicaments pour l'op?ration, le n?cessaire pour habiller la partie ombilicale du b?b? et le produits pour l'hygi?ne post-partum. Vraiment h?ro?que, comme seule une m?re peut l'?tre. De retour ? la maison, je pensais que dans ces conditions, les premiers jours, j'aurais vraiment du mal ? g?rer le b?b?, ? me lever, ? marcher, ? lui donner un bain, ? l'habiller, ? m'occuper d'elle jour et nuit. Il fallait absolument que quelqu'un m'aide ; j'ai pens? ? appeler ma m?re en Roumanie, mais un mauvais souvenir m'est revenu ? l'esprit. Quand elle a appris il y a des mois que j'?tais enceinte, elle semblait heureuse. D?s que je lui ai expliqu? que le p?re de Julia ?tait d?c?d? dans un accident de voiture alors que j'?tais dans mon troisi?me mois et que j'avais ?galement d?cid? de poursuivre la grossesse, elle est devenue silencieuse. Elle a compl?tement disparue, pendant six mois, un temps interminable. J'?tais vraiment seule, sans m?me son confort, mais j'?tais quand m?me heureuse parce que je savais qu'elle, ma maman, s'?tait r?tablie et allait bien. Avec le traitement, elle s'?tait stabilis?e. Quinze jours avant l'accouchement, le t?l?phone a sonn?, j'ai reconnu le num?ro. Je ne m'y attendais vraiment pas, apr?s ce long silence absolu. Enfin j'entendis ? nouveau sa voix, c'?tait ma m?re. J'ai commenc? ? esp?rer l'avoir bient?t ? Rome. Elle a commenc? par ces mots : “ Excuse-moi, j'ai d? beaucoup r?fl?chir ? ton choix, mais je suis arriv?e ? une conclusion : mieux vaut un bon parent que deux mauvais. Ma fille, je suis fi?re du choix que tu as fait et si tu as besoin de moi, je serai ? tes c?t?s “. Le sens profond de ce qu'elle m'a dit est venu d'une r?flexion sur sa vie et, par cons?quent, sur la mienne. Enfant, j'avais deux parents et tous deux se sont d?clar?s chr?tiens ; donc une famille chr?tienne, pourtant on ne peut pas dire que la mienne ait ?t? une enfance heureuse ni que ma m?re ait ?t? une femme aim?e, sauf dans les premi?res ann?es du mariage. Il m'est venu naturellement de lui proposer de passer du temps avec moi, apr?s tout j'?tais sur le point d'accoucher de sa petite-fille. Elle m'a r?pondu qu'? ce moment-l? elle ne pourrait pas d?m?nager car elle devait apporter les fleurs au march? pour les vendre et elle ne voulait pas qu'elles soient ruin?es, pour ne pas perdre de profit. J'?tais d??ue "Je vaux moins que ses fleurs" j'ai pens?. Les co?ts ?conomiques auxquels j'aurais d? faire face pour la faire venir en Italie pour y rester le temps n?cessaire auraient ?t? cent fois plus chers. Je ne comptais pour rien pour mes parents quand ils avaient leur emploi du temps charg?. Apr?s la naissance, cependant, je l'ai appel? avec un d?sir d?termin? de l'avoir pr?s de moi pendant un certain temps. Je ne pouvais pas bouger et j'avais une petite fille dont il fallait s'occuper. "Maman, cette fois j'ai besoin d'aide, je ne peux pas le faire, je ne t'ai jamais rien demand? et m?me maintenant j'aimerais te demander, si je n'?tais pas dans ces conditions : viens s'il te plait, ne dis pas non ? moi". C'est ainsi que ma m?re a pris le premier bus pour Rome ; elle a voyag? pendant 24 heures cons?cutives depuis le nord de la Roumanie et je suis all?e la chercher ? la sortie d'autoroute. Nous nous sommes rencontr?s dans l'aire de service de la station-service situ?e pr?s de la jonction; je suis sortie et je me suis dirig?e vers elle avec la petite Julia dans le panier, une fillette de 5 jours. "Mais tu as emmen? la cr?ature avec toi, si petite !" s'est exclam? ma m?re avec inqui?tude. J'ai ri parce que j'ai r?alis? qu'elle n'avait toujours aucune id?e des conditions dans lesquelles j'?tais ? ce moment-l?, de ce que cela signifiait vraiment d'?tre seule au monde. Amus?e par cette ext?riorisation, j'ai r?pondu : “ Je pourrais le laisser ? la maison, alors elle nous a fait du caf? “. Nous nous sommes serr?s dans les bras, j'?tais abstinente en tant que m?re : je ne l'avais pas vue depuis plus d'un an. Elle est rest? avec nous pendant deux mois ; j'ai donc eu le temps de r?cup?rer. La sant? est revenue ? sa place et moi aussi. J'ai rang? le travail, trouv? une baby-sitter pour suivre Julia pendant que je travaillais ; je l'ai pris ? temps plein avec chambre et pension, pour avoir de la continuit? et de la tranquillit?. J'avais compl?tement r?cup?r?. Alors, ayant retrouv? mon plein ?quilibre, ma m?re est partie pour retourner chez mon p?re, elle avait toujours de l'appr?hension pour lui. Il se demandait sans cesse mille choses : “ Que mange-il ? Que fait-il? ? qui a-il parl?? Esp?rons qu'il ne s'est disput? avec personne. Aura-t-il pens? ? verrouiller la porte d'entr?e en sortant pour faire du shopping ? A-t-il trouv? les chaussettes dans le tiroir du bas du placard ?". C'?taient les petites angoisses d'une femme qui, malgr? ce qu'elle avait endur?, continuait ? ?tre d?vou?e ? son homme. Pour moi c'?tait un fait inexplicable sur son inspiration presque maternelle, envers un mari qui l'avait maltrait?e, trahie et battue et qui l'avait plong?e dans les t?n?bres de la d?pression, de l'alcool, de la douleur. Mais c'?tait son libre choix et je la respecte. Les journ?es passaient dans la s?r?nit? avec Julia ? proximit?, j'avais trouv? ma bou?e de sauvetage. Elle avait une couleur diff?rente, magnifiquement charg?e. Elle est devenue forte et rapide comme un train. Moi aussi j'ai proc?d? comme un train Frecciarossa : j'ai g?r? la maison, la femme qui m'a aid?, l'entreprise et moi-m?me. Le cadre d'un quotidien retrouv? ?tait les sourires d'une petite fille en qu?te d'amour. Son doux bonheur cachait peut-?tre un malheur inconscient, myst?rieux pour elle, mais pas pour moi : elle n'avait pas de p?re. Lentement donc, ma vie a commenc? ? huiler les engrenages qui risquaient de rouiller. Apr?s quelques ann?es, j'ai ?galement r?ussi ? me faire une place. Avec un groupe d'amies, au moins deux fois par mois, nous sortions prendre l'ap?ro ou manger une pizza. C'est devenu mon propre rituel du coin, car le reste ?tait r?gi par l'imp?ratif de mes devoirs, mes responsabilit?s : ma fille, mon fils, la maison, le travail. J'?tais ? la fois homme et femme, papa et maman et double ou triple ?taient aussi les responsabilit?s. Ce petit amusement innocent et unique avec ses amis ?tait ainsi devenu une diversion vitale. Une fois de plus le karma m'a envoy? un avertissement d?sagr?able : laid, haineux, humiliant, mauvais, les m?mes adjectifs qui correspondent parfaitement ? l'acteur qui a jou? ce r?le de petit homme en me traitant injustement, ou peut-?tre en repr?sailles, parce que je n'avais pas c?d? ? son parents. Ce n'?tait certainement pas de ma faute, je n'aimais pas ?a. Avec mes amies, nous aimions aller dans un restaurant du centre de Rome, o? ils jouaient de la musique live. Un endroit agr?able, j'ai beaucoup aim? et nous ?tions heureuses, il y avait une bonne ambiance et ?tait fr?quent? par des gens apparemment d?cents. Dans mon chemin de vie, j'avais appris de premi?re main qu'il y avait au moins deux types de personnes : les respectables et les “ ?pineux “ dont il fallait s'?loigner. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Un soir, il a arriv? que d?s que je franchissais le seuil de la chambre, un videur s'est approch? et m'a invit? ? sortir, ? m'?loigner. J'ai pens? un instant qu'il s'?tait tromp? de personne, mais il m'a pris par le bras et m'a tra?n? de force hors du club et m'a dit que je devais partir imm?diatement. Mes amies regardaient ?tonn?es sans comprendre ce qui se passait. "Je voudrais parler au propri?taire, j'ai dit. J'ai le droit de savoir pourquoi vous me jetez." "Maintenant je vais te le dire," il a r?pondu quand nous ?tions loin de l'entr?e et nous sommes entr?s ? l'int?rieur. Au bout d'une demi-heure personne n'avait encore vu, ni le videur ni le propri?taire, mais les filles m'ont rejoint pour me tenir compagnie. Je ne savais pas quoi faire et ne comprenais pas, Je connaissais le patron du restaurant, il est venu plusieurs fois ? notre table. Il semblait ?tre une personne gentille pour moi et pour tous les invit?s. En v?rit?, il m'avait adress? un peu plus d'appr?ciation et voulait m'inviter ? d?ner, mais j'ai d?clin? son invitation, ce n'?tait pas un homme que j'aimais et je ne voulais et n'avais cependant pas l'intention de me rapporter ? lui. Je devais juste rentrer chez moi, mais je me suis promise que je reviendrais la semaine suivante et que, si la sc?ne se r?p?tait, j'appellerais la police. Je tiens toujours mes promesses et en fait j'y suis retourn?e. Encore une fois, d?s qu'ils m'ont vu, ils m'ont jet? dehors. J'ai demand? ? nouveau avec insistance ? parler avec le propri?taire. Il n'a pas daign?, mais m'a envoy? dire ? un agent de s?curit? : "Tu n'es pas la bienvenue car tu es Eva Mikula de la bande de l’Uno blanche." J'ai appel? le 113 et une patrouille est arriv?e et m'a expliqu? qu'on m'emp?chait d'entrer dans un lieu public. Ils ont enregistr? mes dol?ances. Le propri?taire, invit? par les agents ? sortir pour s'expliquer, s'est justifi? ? haute voix, devant tout le monde : “ La dame n'est pas la bienvenue chez moi car elle a un casier judiciaire, c'est une d?linquante, a fr?quent? la d?linquance, ?tait la femme de la bande de l’Uno blanche”. Les policiers sont partis avec le rapport en main et j'ai essay? d'entrer, mais les deux videurs se tenaient devant moi. Je ne suis plus jamais all?e ? cet endroit, mais l'amertume est rest?e dans ma bouche. Les apparences sont trompeuses, en fait. A part des gens bien ! J'ai appris plus tard que cet endroit ?tait un point de r?f?rence pour les r?unions d'affaires. Je me fiche de ce que font les autres, c'est leur affaire, mais la discrimination que j'ai subie ?tait vraiment lourde. Une petite revanche du propri?taire, un vrai minus habens, qui n'avait pas r?ussi ? m'inviter ? d?ner et peut-?tre m?me ? obtenir autre chose, qu'il aurait peut-?tre tenu pour acquis. Comme tous les l?ches, il a ripost? en mettant son doigt dans la plaie pour m'humilier devant les autres. Le rapport de police de ce soir-l? n'a men? ? rien de toute ?vidence, il ne restait qu'un morceau de papier, mais je ne voulais pas le laisser s'en tirer. Je suis all? voir un avocat. Quelle douleur! Je me suis demand?e : "Mais si je dois aussi convaincre l'avocat, o? puis-je aller ?". Que de pr?jug?s derri?re ce refrain toujours le m?me : "Oublie ?a, il y a bien d'autres restaurants". Les gens ont toujours eu tendance ? me banaliser et ? me d?courager sans chercher ? faire le moindre effort pour comprendre ce que je ressentais ? l'int?rieur, sans m?me chercher ? comprendre mon ?tat d'esprit, ? me mettre ? ma place pour le mal que j'avais subi, personne n'a ressenti la moindre empathie envers moi. J'ai essay? de m'en remettre. Mais l'amertume est rest?e, tout comme la peur que d'autres ?pisodes similaires m'attendent au coin de la rue. Avec la r?cession mondiale qui a commenc? en 2008 apr?s la faillite de Lehman Brothers, les nuages ont ?galement commenc? ? s'?paissir sur le secteur immobilier. Entre 2011 et 2012, la crise de mon monde professionnel s'est fait sentir de mani?re pressante. J'ai donc choisi la voie du d?veloppement de l'activit? en ?tendant le r?seau de contacts : j'avais l'intention d'?largir le champ d'action hors d'Italie, notamment ? Londres. J'?tais devenue une navetteuse Rome-Londres, un grand sacrifice pour moi en tant que m?re et pour Julia en tant que fille, mais tout ?tait orient? vers notre avenir. La chance m'a aid? pour une fois : la baby-sitter de ma fille ?tait bonne et tr?s honn?te, elle est rest?e avec nous ? temps plein pendant quatre ans et je la remercie pour la qualit? et l'effort qu'elle a mis pour m'aider ? faire grandir Julia. J'?tais une maman tr?s attentionn?e. Au bord de la mer ou dans la cour de r?cr?ation, partout o? il y avait beaucoup de monde et o? le risque qu'elle se perde augmentait, j'?crivais son nom et mon num?ro de t?l?phone au stylo sur son bras. Je lui ai appris ? composer le 113 et lui ai dit qu'en cas d'urgence, si maman tombait malade ou n'?tait pas ? la maison, elle devrait composer le num?ro. Elle m'a demand?, comme font tous les enfants : “ Pourquoi ? “, je lui ai expliqu? que c'est le num?ro de police et que les policiers sont de bonnes personnes qui interviennent chaque fois que quelqu'un a besoin d'aide. Julia m'?coutait en silence. Et puis : "Je veux les appeler maintenant !". J'ai ?t? ?poustoufl?e, j'ai pens? que je ne m'?tais peut-?tre pas bien expliqu?. "Il n'y a plus d'urgence maintenant, nous allons tous bien, il n'y a aucune raison d'appeler", a-t-elle dit, d'une voix pleine d'amour et d'innocence, "je veux leur dire que je les aime". J'ai fondu, c'?tait touchant. Sa na?vet? avait bris? toutes sortes de barri?res au respect et ? la confiance dans les forces de l'ordre. Je l'ai serr?e dans mes bras et lui ai promis qu'un jour elle aurait l'occasion de saluer tous les policiers en personne, m?me par l'interm?diaire de leur patron. Une sorte de r?ve. G?rer ?tait d?sormais devenu le mot de ma vie : je g?rais les petits espaces avec le fils qui habitait avec son p?re Biagio, je g?rais les d?placements ? Londres ; je g?rais un m?tier compliqu? que je devais inventer pas ? pas et jour apr?s jour, car il ?tait plein de pi?ges et de personnages pas toujours limpides. Heureusement, mes collaborateurs londoniens ?taient convenablement professionnels. Et j'ai appris d'eux ? me concentrer sur une affaire, ? mettre en pratique des strat?gies pour rechercher et trouver des clients pour des propri?t?s de prestige, ? acqu?rir les techniques pour travailler sur des chantiers et vendre des maisons sur des projets approuv?s. Et me voici, dans un 2020 qui est venu vite. Consciente et fortifi?e des mille aventures, parfois tr?s difficiles, dramatiques, mauvaises, surtout injustes de ma vie. En juillet, les journ?es chaudes passaient tranquillement, les d?placements vers Londres ?taient termin?s : il y avait le Brexit. L'Italie discutait des mesures anti-Covid qui, en mars 2020, avaient provoqu? la fermeture totale de chaque activit?, de chaque mouvement. Maintenant, nous ?tions un peu plus libres, alors j'ai d?cid? de faire un tour sur Google. J'ai tap? mon nom et pr?nom : Eva Mikula. J'?tais curieuse, beaucoup d'articles qui me concernaient je connaissais d?j?, d'autres o? j'avais ?t? injustement ?lev?e pour des raisons d'opportunit? et de marketing de certains corps policiers, m'?taient connus mais me causaient col?re et tristesse. Par exemple, ceux sur le braquage de mon ex-mari arr?t? par les carabiniers, qui ont pris soin de ne pas r?pandre ses coordonn?es, le d?signant uniquement comme l'ex-mari de Mikula, ou ceux sur les fr?res Savi, les tueurs de la bande qui demandaient des prestations pour raccourcir le d?lai de leur sortie de prison. Tous les trucs d?j? vus, je n'ai trouv? aucune nouvelle id?e ou in?dite. Cependant, je suis tomb?e sur quelques interviews vid?o que je ne connaissais pas, o? la capture des membres de la bande de l’Uno blanche ?tait d?crite. En particulier, ma curiosit? a ?t? attir?e par les histoires du procureur de la R?publique de Rimini Daniele Paci et des deux agents, au moment des ?v?nements au commissariat de Rimini, Luciano Baglioni et Pietro Costanza. Ils ont d?crit, en s'auto-c?l?brant dans les moindres d?tails, leur grande capacit? d'investigation et le courage extraordinaire mis en place pour mener ? bien cette op?ration sensationnelle. J'ai ?cout? leurs interviews trouv?es en ligne pendant un apr?s-midi entier. J'avais l'impression de me retrouver face ? eux, comme cette nuit du 25 au 26 novembre 1994. Il ne leur a m?me pas parl? de la jeune femme qui, vraiment courageuse, les a mis sur la bonne voie, la fille qui, au p?ril de sa vie, les a men?s ? l'arrestation de ce groupe de policiers ? la double vie de brutalit? les criminels. Ils m'avaient effac?, comme envelopp?e dans une couverture noire. Pour eux, en ces jours paroxystiques et angoissants d'il y a 25 ans, je n'avais pas exist?. Pas une seule mention de ma collaboration au service de la justice. Ils ont ni? les preuves avec la complicit? du temps qui avait dissimul? la v?rit? des faits, s?diment?s sous des montagnes de papiers, parmi lesquels ils ont choisi quoi montrer et quoi pas pour que seule leur version d'essai ?merge. La vraie v?rit?, maintenant je vais vous la dire. 9 et 10. Eva Mikula et sa fille Julia, 2013 11. Les enfants, Julia et Francesco, 2015 12. Eva Mikula un selfie dans la voiture, 2016 Конец ознакомительного фрагмента. Текст предоставлен ООО «ЛитРес». Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=66740693&lfrom=688855901) на ЛитРес. Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.
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