А в Москве - снегопад... и влюблённые пары... Как-то вдруг, невпопад, на весенних бульварах заблудилась зима - Белым кружевом марким накрывает людей в тихих скверах и парках. Снег летит, лепестками черёмухи кружит, лёгким пухом лебяжьим ложится на лужи... Серый день, ощущая себя виноватым, талый снег насыщает весны ароматом. Подставляют ладони в

Papa Prend Les R?nes

Papa Prend Les R?nes Kelly Dawson Un apprenti jockey atteint du syndrome de Tourette. Un manager sexy et stable qui se trouve ?tre son patron. Une s?ur mourante. Un cheval maltrait?. Peut-elle mettre de c?t? ses peurs et laisser cet homme l'aimer ? Peut-elle lui faire confiance pour qu'il soit ? ses c?t?s pour toujours ? Lorsqu'elle d?croche un emploi d'apprenti jockey dans une ?curie de course, Bianca est d?termin?e ? ne pas laisser son syndrome de Tourette interf?rer avec sa carri?re de r?ve, et elle fait de son mieux pour cacher ses tics occasionnels ? son nouveau patron ridiculement beau. Mais Clay Lewis n'est pas un homme facile ? duper. Il d?couvre rapidement son secret et lorsqu'il lui dit qu'elle devrait recevoir une fess?e pour sa tromperie, le c?ur de Bianca s'emballe comme jamais auparavant. Son b?guin pour Clay se renforce de jour en jour, mais tandis qu'elle s'efforce de l'impressionner au travail, Bianca lutte pour faire face aux circonstances tragiques de sa propre vie. Avec sa jeune s?ur et sa meilleure amie de toujours, incapables de faire face ? un cancer en phase terminale et devenant de plus en plus d?pendantes d'elle, elle se retrouve ? se pousser au point de sauter des repas et de se priver de sommeil. Clay peut voir le poids du stress sur Bianca, et lorsqu'elle s'effondre d'?puisement ? l'?curie, il sait qu'il est temps pour lui d'intervenir, mais pas en tant que patron ou petit ami. Ce dont elle a besoin, c'est d'un papa aimant qui la r?confortera quand elle est triste et lui mettra ? nu ses fesses et lui donnera la fess?e comme une vilaine petite fille quand elle ne prend pas soin d'elle correctement. Bianca se r?jouit de l'attention qu'elle re?oit de Clay, et lorsqu'il la prend dans ses bras et la revendique comme sienne, cela lui apporte plus de plaisir qu'elle ne l'aurait jamais cru possible, mais elle ne peut s'emp?cher de se demander s'il restera ? ses c?t?s m?me lorsque ses tics sont au plus bas. Peut-elle vraiment faire suffisamment confiance ? Clay pour lui abandonner son c?ur et laisser son p?re prendre les r?nes ? Note de l'?diteur : Papa prend les r?nes est un roman ind?pendant qui est la premi?re entr?e de la s?rie New Zealand Daddies. Il comprend des fess?es, des sc?nes sexuelles et des jeux d'?ge. Si ce mat?riel vous offense, n'achetez pas ce livre. Papa prend les r?nes –––––––– Par Kelly Dawson Copyright © 2016 par Stormy Night Publications et Kelly Dawson Copyright © 2016 par Stormy Night Publications et Kelly Dawson Tous droits r?serv?s. Aucune partie de ce livre ne peut ?tre reproduite ou transmise sous une telle forme ou un tel moyen que ce soit, ?lectronique ou m?canique, y compris la photocopie, l'enregistrement ou tout syst?me de stockage et de recherche d'informations, sans l'autorisation ?crite de l'?diteur. Publi? par Stormy Night Publications and Design, LLC. www.StormyNightPublications.com –––––––– Dawson, Kelly Papa prend les r?nes Conception de la couverture par Oliviaprodesign Traduit par Ilaysse Kourriche –––––––– Ce livre est destin? aux adultes uniquement. La fess?e et les autres activit?s sexuelles repr?sent?es dans ce livre sont des fantasmes uniquement, destin?s aux adultes. Table des Mati?res Droits d'Auteur (#u44a42082-9c98-5f18-b8b7-e4c2cdfaf8ac) Droits d'Auteur (#u94ce1e55-241a-59c1-a61a-5b76ae729c1b) Chapitre 1 (#u6a36b4a4-2c69-5044-b2eb-951dc056e9b6) Chapitre deux (#udba5c2d1-f74d-514a-9c11-908fe681de54) Chapitre trois (#u20c1cd2f-1d62-503b-ab6f-5eba9d24d227) Chapitre quatre (#u7b1fa2ec-58aa-5b26-af22-7396839782ab) Chapitre 5 (#u4fd52a28-711a-5f13-9bd3-3446ffb3a058) Chapitre six (#ueb0867c8-910e-5564-88cb-b7ff3077b103) Chapitre sept (#u293aa67e-056b-5b7c-8c77-7710f2c324cd) Chapitre huit (#u7f44f0c1-26cb-5558-9e26-ad5da171d6e9) Chapitre neuf (#u058a7255-fec9-5eab-acc9-7f69c542f076) Chapitre dix (#u3549b90d-69d9-5018-a03d-955c1fe37a2b) Chapitre onze (#u0eea89af-954e-5588-aaf8-95c7ca3ef709) La fin (#ub2c0eb8d-4d11-59eb-8756-2ac47c150591) Les liens de Kelly Dawson (#ud6d8732d-6c17-5611-877e-030ff3ef7fcf) Chapitre 1 "J'ai eu le boulot, Annie !" s'exclama triomphalement Bianca, en frappant un poing en l'air, alors qu'elle entrait dans le salon de la maison de son enfance o? sa s?ur ?tait assise dans un fauteuil en cuir, une couverture tricot?e color?e sur les genoux, un magazine ouvert sur la table basse ? c?t? d'elle. "Je commencerai demain." Annie fit un petit sourire. "Je suis contente", disait-elle. "Je savais que tu le ferais." "Je peux dire que M. Lewis, Tom, ?tait r?ticent ? me prendre en charge, vu que je suis une fille et tout, mais il est pr?t ? me donner une chance, contrairement aux autres ?curies du coin." "Tu feras du bon travail", murmura Annie. "Tu as un vrai talent avec les chevaux. Souviens-toi de ?a. Ne laisse pas tes tourettes t'emp?cher de poursuivre tes r?ves." Elle soupira doucement et s'affaissa sur la chaise ; l'effort de parler l'avait ?puis?e. "Mais ils ne savent pas ma Tourette", avoua Bianca. Annie se redressa brusquement. "Quoi ? Tu ne leur as pas dit ? Pourquoi pas ?" Bianca haussa les ?paules. "Tu sais bien que c'est notre secret, Annie". "Personne ne se soucierait de savoir comment ?a va m'affecter r?ellement, ils supposeraient juste qu'ils sachent, gr?ce aux m?dias qui vont faire l’affaire." Annie hocha l?g?rement la t?te. "Je suppose que c'est vrai. Mais tu dois leur dire et soit certaine qu’ils vont comprendre et donc il n’y a pas de peine d'?tre anxieuse. Peut-?tre qu'ils ne remarqueront pas tes tics, mais Ch?rie, tu dois absolument leur dire." Annie insistait Bianca d’avouer et Bianca savait bien qu'elle avait raison. Elle soupira. "Ok, Annie", accepta-t-elle. "Je vais leur dire." Puis elle fit un petit sourire. "Tu sais, c'est dr?le. C'est toi qui es malade, et pourtant tu es l?, ? me prot?ger." Bianca tendit la main de sa s?ur, en la serrant doucement. La prise d'Annie ?tait douce ; elle se sentait si fragile. Mais son sourire ?tait chaleureux. "Nous nous sommes toujours prot?g?es, nous ?tions toujours l? l'une pour l'autre." "Je ne sais pas comment je vais faire sans toi, Annie", murmura doucement Bianca, son ton teint? de tristesse. "Tu vas tellement me manquer." "Je n’est pas encore baiss? d’arme", annon?a Annie avec d?termination. Mais elles savaient toutes les deux que ce n'?tait qu'une question de temps - le pronostic d'Annie n'?tait pas bon. Elle avait ?t? diagnostiqu?e avec un cancer en phase terminale il y’avait trois ans, et bien qu'elle se soit battue courageusement, il ?tait clair que le temps pressait. A vingt-cinq ans, quinze mois de moins que Bianca, Annie ?tait une coquille vide. Cette jeune femme autrefois pleine de vie avait ?t? r?duite ? une carcasse squelettique, presque chauve ? cause des ravages d'une chimioth?rapie inefficace, et incapable de marcher plus de quelques pas ? la fois avant que son corps ne soit accabl? par la faiblesse et rong? par des vagues de naus?es. S'installant dans le canap? ? c?t? du fauteuil d'Annie, Bianca s'allongea et se mit ? l'aise pour passer la soir?e avec sa s?ur. Maintenant que la maladie progressa, et si rapidement, Annie n'aima plus ?tre seule, et leur p?re bourreau de travail va sans doute noyer son chagrin dans l'alcool. Depuis qu'elle les avait quitt?s, leur m?re avait tent? ? t?tons de revenir dans leur vie lorsqu'elle avait appris qu'Annie ?tait malade, mais Bianca avait repouss? ses avances. Elle ne ressentait que de l'amertume envers la femme qui les avait abandonn?s lorsqu'elles ?taient petites, les laissant derri?re eux avec leur p?re pour poursuivre une nouvelle vie avec un ami s'envolant en Inde pour "trouver son ?me" comme elle aimait le dire. La m?re ne savait pas si elle avait r?ussi ou non sa mission, mais elle savait qu'elle avait perdu ses deux filles dans le processus. Annie ?tait plus indulgente que Bianca, mais m?me sa tol?rance envers cette femme inutile et simpliste avait ses limites. Avec son p?re travaillant de si longues heures, il incombait ? Bianca de s'occuper d'Annie le soir. Diff?rentes dames de l'?glise venaient passer quelques heures chez Annie, mais c'?tait tout. Le reste du temps, c'?tait Bianca qui s'occupait d'elle. Non pas que cela la d?rangeait, pas du tout. Annie ?tait sa s?ur, sa meilleure amie, la personne la plus importante au monde pour elle. Mais parfois, cela devenait ?puisant, et elle savait qu'Annie devrait bient?t ?tre confi?e ? un centre de soins palliatifs ? plein temps. Apr?s avoir pr?par? le d?ner et fait le m?nage dans la cuisine, Bianca se recroquevillait avec Annie sur le grand lit de la chambre d'Annie. Elle ne le partageait pas toujours avec elle, mais ce soir, sachant qu'elle partirait t?t le matin, elle voulait sentir la pr?sence de sa s?ur calme et sereine. * * * Elle arriva aux ?curies ? six heures pr?cises, comme l'avait demand? M. Lewis. M?me ? cette heure matinale, le complexe des ?curies ?tait tout illumin? et l'endroit ?tait une v?ritable ruche d'activit?. "Bonjour, je m'appelle Clay. Tu dois ?tre Bianca ? Papa m'a dit de t'attendre." L'homme qui se tenait dans la double porte ouverte de l'?curie lui fit un petit sourire et lui tendit la main. Quel beau gosse ! Sa prise ?tait ferme quand elle lui serra la main. Elle laissa ses yeux se promener rapidement sur son corps, en essayant de ne pas montrer qu'elle le regardait. De longues jambes maigres, v?tues de jeans bleus, disparaissaient dans des bottes noires. Il ?tait grand, avec des ?paules larges qui se r?tr?cissaient en hanches ?troites. Il portait une chemise ? carreaux bleus roul?e jusqu'aux coudes, exposant des avant-bras muscl?s et cord?s. Mais le plus beau de tous ?tait ses yeux attirants, encadr?s par des cheveux blonds et hirsutes qui lui tombaient sur le visage, avec un soup?on de barbichette qui lui faisait de l'ombre ? la m?choire. Des rides de rire se cr?aient au coin de ses yeux. Elle devina qu'il avait une vingtaine d'ann?es. Le fait de d?crocher le poste d'apprenti dans l'?curie de Tom Lewis ?tait g?nial, mais sa personnalit?, toujours en serrant sa main, allait rendre le travail encore meilleur. "Euh, oui", b?gaya-t-il, en for?ant un tic en arri?re. "Je suis Bianca." Les nerfs aggravaient toujours ses tics, et la pression montait sur son visage, derri?re ses yeux, dans sa m?choire, suppliant d'?tre lib?r?e. Elle s'est concentr?e pour la retenir. Elle n'?tait pas encore pr?te ? ce que ce bel ?tranger puisse voir ce c?t? particulier d'elle. Elle aurait eu tout le temps pour cela plus tard. "Allez, viens, papa m'a demand? de te montrer les ficelles. Il sera l? plus tard." Au moment o? Clay se d?tourna d'elle, Bianca rel?cha le tic qu'elle avait supprim? : elle craquait son cou et sa m?choire, et cachait ses yeux derri?re ses mains. Essayant de d?tendre ses muscles, sachant que le calme ?tait la cl? de la r?duction des tics. Bianca continua ? avoir des tics seulement au moment o? Clay ne regarda pas, alors qu'il lui faisait un tour aux ?curies, lui pr?sentait les chevaux et le personnel, lui expliquait en d?tail la routine matinale, lui montrait le tableau noir ?num?rant les man?ges de la journ?e qui ?tait accroch? au mur ? l'ext?rieur de la sellerie. "Je vais te faire une promenade demain", lui assura-t-il. "Vous pourrez toiletter et nourrir les chevaux, apprendre ? les conna?tre." "Uh-huh", murmura Bianca avec un air absent. Il marchait avec un air suffisant. Ses cheveux hirsutes lui brossaient la nuque et elle d?sirait ardemment y mettre ses doigts. "Et l?", il s'arr?ta de marcher et ouvr?t une porte au bout du b?timent, "c'est la salle d'alimentation". Il agita son bras autour de la pi?ce en indiquant les sacs d'aliments empil?s dans un coin, les barils contenant des c?r?ales pr? m?lang?es et des suppl?ments vitaminiques en poudre align?s contre le mur du fond. Des filets ? foin ?taient accroch?s ? des crochets au-dessus des barils et une demi-douzaine de balles de foin ?taient empil?es de fa?on pr?caire les unes sur les autres le long du mur lat?ral. Un filet ? foin avait ?t? jet? n?gligemment en tas sur le sol, regardant ailleurs dans la pi?ce minutieusement organis?e et Clay s'?tait pench? pour le ramasser. Il ?tait si pr?s qu'elle pouvait sentir son d?odorant, et un frisson sexuel la traversa lorsque son ?paule fr?la sa poitrine. Elle retint sa respiration alors que l'?nergie ?lectrique se chargeait dans son corps, ce qui faisait monter son pouls et durcir ses mamelons. L'avait-il senti lui aussi ? Elle ne pouvait pas le quitter des yeux, hypnotis?e alors qu'il accrochait le filet au crochet auquel il appartenait. Elle ?tait hypnotis?e par la gr?ce de ses mouvements, par la fa?on dont ses cheveux s'agglutinaient contre son col. Lorsqu'il se retourna pour lui faire face, elle secoua la t?te pour se d?barrasser de l'?tourdissement dans lequel elle se trouvait et forca son esprit ? se concentrer. Aucun homme ne l'avait jamais affect?e de cette mani?re. Qu'est-ce qu'il y avait de sp?cial chez Clay ? Pourquoi un simple toucher pouvait-il avoir un tel effet ? La visite se poursuivit et Bianca fut impressionn?e par la fa?on dont le complexe ?tait g?r?. Alors que Clay lui faisait visiter les lieux, il lui pr?sentait les autres stables qu'ils avaient rencontr?es, et la camaraderie entre eux ?tait ?vidente. L'environnement de travail ?tait joyeux, amusant et dr?le, et Bianca savait qu'elle s'y int?grerait bien. Elle le suivit dans l'all?e, en esquivant les brouettes gar?es devant les box, jusqu'au bout. Quelques jeunes gens s'affairaient ? nettoyer les stalles, et Bianca ne pouvait s'emp?cher d'imaginer ? quoi ressemblerait Clay en train de pelleter de la sciure... les muscles fl?chissant alors qu'il maniait le r?teau, se d?pla?ant avec gr?ce sur le sol de l'?curie. "Vous pouvez commencer ici et remonter." Clay prit un r?teau sur un crochet du mur et le lui tendit. "Je suppose que vous savez comment nettoyer une stalle ?" lui demanda-t-il. Osa-t-elle ? Elle secoua la t?te, r?ussissant ? garder un visage droit malgr? le sourire qui s'accumulait aux coins de sa bouche. "Non", dit-elle. "Il faudra me montrer." Elle garda un visage impassible alors qu'il la regarda avec insistance pendant un moment. Il ne l'a s?rement pas crue. Ce n'est pas parce qu'elle avait r?cemment chang? de travail... elle avait travaill? un travail pareil ? l'?cole, elle pouvait vider un ?tal les yeux band?s ! Elle sentait un tic s'approcher, mais elle essaya de le repousser, ce qui lui donnait l'air encore plus s?rieux. Elle ne pouvait pas encore informer Clay de son syndrome de Tourette ; il la verrait certainement perturb?e, ce qui ?tait d?j? arriv? auparavant. C'est tout ce qu'elle pouvait faire pour garder son sourire cach? alors qu'il entrait dans l'?tal et lui montrait comment ramasser la sciure sale et humide et la jeter dans la brouette. D?s qu'il lui tourna le dos, elle laissa ?chapper le tic qu'elle avait r?prim? dans un violent mouvement de torsion, de secousse et de grimace. Son cou se fendit de fa?on satisfaisante, et elle fit la grimace alors qu'une douleur aigu? lui atteignait les ?paules. Mais la douleur momentan?e ?tait meilleure que la pression des tics accumul?s. Elle roula les ?paules, essayant de soulager les muscles. Une fois son visage ? nouveau d?tendu, elle regarda, fascin?e, le corps muscl? et souple de Clay se d?placer facilement dans la grande cabine a?r?e, en balan?ant de la sciure sur les c?t?s pour laisser s?cher les plaques de b?ton humides. C'est un homme tr?s beau ! Elle sourit, satisfaite. Il y avait longtemps qu'il n'y avait pas eu un homme pareil. Elle ?touffa un rire lorsque Clay se d?barrassa de la derni?re sciure humide et se retourna pour la regarder. "Pensez-vous pouvoir faire le prochain ?" Il lui tendit ? nouveau le r?teau. Elle secoua ? nouveau la t?te, mais ne put pas cacher son rire. "Je n'arrive pas ? croire que tu sois tomb? dans le panneau", s'exclama-t-elle. "J’ai fait tout cela quand j'?tais encore ? l'?cole avant de devenir une apprentie jockey; bien s?r que je peux tout nettoyer!" Elle lui sourit avec effronterie. "Je voulais juste te regarder faire !" Il la regarda un instant, abasourdi, puis il riait aussi, un rire bas et grondant qui lui vint du plus profond de lui-m?me et la faisait encore plus rire. "Tu as besoin d'une bonne claque !" lui disait-il, toujours en riant. Elle fut choqu?e pendant un moment et resta l? ? le regarder, la bouche en l'air. L'avait-elle bien entendu ? Un frisson l'a travers?e. Elle avait attendu toute sa vie qu'un homme lui dise cela. Elle se tenait toujours l?, sans voix mais excit?e, tandis qu'il lui souriait, lui faisait un clin d'?il et pressait le r?teau dans sa main. Alors qu'elle observait son recul, elle se demandait pourquoi elle avait une chaleur si douloureuse entre les cuisses. Bien s?r, il ?tait sexy, mais elle avait rencontr? beaucoup d'autres hommes, et aucun d'entre eux n'avait jamais eu cet effet sur elle auparavant. C'?tait la menace de la fess?e. C'?tait in?vitable ! * * * "Il est magnifique, Annie", Chuchota Bianca ? sa s?ur. Comme dans toutes les ?curies de course, c'?tait le d?but de la matin?e et la fin de l'apr?s-midi et de la soir?e qui ?taient les plus charg?s, si bien qu'elle avait quelques heures pour elle en milieu de journ?e, ce qui lui convenait bien pour s'occuper d'Annie. Annie lui fit un faible sourire. "Je suis contente", dit-elle doucement. "J'esp?re qu'il est gentil aussi ; tu m?rites un homme." "Eh bien, ce n'est pas encore mon homme", souligna Bianca. Puis elle serra la main d'Annie. "Mais il a l'air gentil. Et il aime les chevaux, donc c'est un bon d?but." Puis elle sourit et se pencha vers sa s?ur. "Et je pense que c'est un fessier." Le sourire d'Annie ?claira tout son visage. "Oh, s?urette, je suis si heureuse pour toi !" s'exclama-t-elle. "Je peux mourir heureuse, sachant que tu as trouv? ton homme parfait." Elle serra doucement la main qu'elle tenait, et m?me cette petite pression sembla lui ?ter toute force. "Tu ne peux pas encore me quitter", supplia Bianca, une larme solitaire coulant sur son visage. "Je ne suis pas encore pr?te ? ce que tu partes." Elle serra les deux mains d'Annie dans les siennes. "Pas encore", confirma Annie. "Mais bient?t. Ce sera un soulagement, s?urette. Une fin ? la douleur." Bianca s'?tendit sur le lit ? c?t? de sa s?ur. La sant? d'Annie se d?t?riorait rapidement. Le cancer d?cimait son corps ; c'?tait une fa?on cruelle de mourir. Trop t?t, les quelques heures de pause ?taient termin?es, et elle devait retourner au travail. Annie ?tait presque endormie, mais elle souriait alors que Bianca se penchait et lui embrassait doucement la joue, puis quittait tranquillement la pi?ce. * * * Clay la regardait travailler depuis un quart d'heure. Il l'avait habilement jet?e en bas d'une botte de foin de la pile de la salle d'alimentation qui s'?tendait au-dessus de sa t?te et l'avait observ?e depuis l'entr?e de son bureau alors qu'elle se d?pla?ait dans l'?table, remplissant tous les filets ? foin. Ce travail facile et banal ne l'occupait pas et ses pens?es se tournaient vers sa s?ur. La vie ?tait si injuste ! Annie ?tait la personne la plus ?tonnante qu'elle connaissait - belle ? l'int?rieur comme ? l'ext?rieur - et elle ?tait en train de mourir. Elle ne m?ritait pas un tel sort. "C'est quoi ce truc que tu fais avec ton visage ?" Elle sauta. Elle n'avait pas entendu ses pas s'approcher. Puis elle g?mit. Il l'avait remarqu? plus t?t qu'elle ne l'avait esp?r?. Ses tics devaient ?tre pires que ce qu'elle avait r?alis?, pour qu'il les remarquait d?s son premier jour de travail. "Eh bien ?" Elle soupira et regarda en bas. "Pourquoi ? demanda-t-elle. Clay la regarda fixement. "En tant que contrema?tre d'?curie ici, je pense que j'ai le droit de savoir. Tu te drogues ?" "Non !" s'exclama-t-elle. "Ce n'est pas du tout ?a." En le regardant, il ?tait ?vident qu'il n'allait pas laisser passer ?a. Elle soupira. Pas encore. Toute sa vie, elle se battait contre le st?r?otype que les m?dias perp?tuaient sur la Tourette ; elle s'est battue pour prouver qu'elle ?tait aussi bonne que n'importe qui d'autre, malgr? le fait qu'elle ait fait des choses bizarres au hasard avec son visage. "Alors ? J'attends", grogna-t-il. "J'ai le syndrome de Tourette." "Alors vous avez menti." "Non. J’ai pas voulu" Elle secoua la t?te cat?goriquement. "On vous a demand? sp?cifiquement sur le formulaire de candidature si vous aviez des probl?mes m?dicaux. Vous avez coch? "non", je l'ai lu." "Non, on m'a demand? si j'avais des probl?mes de sant? qui pourraient interf?rer avec mon travail", elle l'a corrig?. "Je n'en ai pas. Cela ne m'emp?che pas de faire mon travail." Elle parla fermement, passionn?ment, en esp?rant qu'elle avait l'air persuasif. "Alors tous les jurons, les tics du corps entier qui rendent les gens effectivement handicap?s, la r?p?tition des mots... tout cela est faux ?" demanda-t-il sans doute, manifestement pas s?r de la croire ou non. Elle secoua la t?te. "Non, c'est vrai, pour certaines personnes. Le truc, c'est que la Tourette affecte tout le monde diff?remment. Les m?dias aiment faire du sensationnalisme avec ce genre de choses extr?mes, mais la r?alit? est que pour moi, je ne fais rien de tout cela. La principale fa?on dont il m'affecte est ce que vous pouvez voir, ce que vous avez d?j? vu : les tics du visage. J'ai eu des tics vocaux quand j'?tais enfant, mais je n'en ai plus depuis des ann?es.". "Alors pourquoi n'avez-vous pas avou? ?a ? Papa lors de l'interview ?" demanda-t-il, toujours aussi agac?. "Parce qu'il ne m'aurait pas donn? le poste !" s'exclama-t-elle. "Ecoute, je suis d?j? pass?e par l?. Les lois sur la discrimination dans ce pays ne fonctionnent pas. Aucun employeur ne va embaucher quelqu'un atteint de la Tourette alors qu'il a d'autres candidats. Ils n'en comprennent pas assez, sauf pour ce qu'ils entendent dans les m?dias, et ils n'entendent parler que des cas rares et extr?mes. Donc vous me jugeriez sur la base de ce st?r?otype". Clay s'est gratt? le menton, regardant au fond de ses pens?es. "Et si vous faites ?a quand vous montez ? cheval ? La fa?on dont tu te bousilles le visage comme ?a, c'est un mouvement assez violent. Si cela arrive quand vous ?tes au galop sur la piste, vous risquez de perdre l'?quilibre, de tomber et de vous blesser, ou pire, de vous tuer. Savez-vous combien de paperasserie est impliqu?e dans les accidents du travail de nos jours ?" Il lui a fait un clin d'?il, ainsi qu'un petit sourire ? sa mauvaise blague, mais elle ?tait tr?s inqui?te. Elle ne pouvait pas - il avait raison, et elle le savait. Certains de ses tics faciaux ?taient des mouvements violents, et souvent, ils ?taient combin?s ? une torsion de la t?te qui modifiait tout son sens de la perception, la d?stabilisant compl?tement. "?a n'arrive pas quand je suis ? cheval. Ou m?me quand je travaille avec des chevaux. C'est la meilleure forme de th?rapie qui existe, pour moi, en tout cas. ? cheval, je me sens vraiment normale." Elle croisa les doigts dans son dos pour lui porter chance, esp?rant qu'il lui donnerait une chance. Il ne serait pas la premi?re personne ? la renvoyer pour son syndrome de Tourette, et sans doute pas la derni?re. "Si vous me donnez une chance ? ce poste, je vous promets que vous ne le regretterez pas", a-t-elle suppli?. Elle ne voulait pas para?tre d?sesp?r?e, mais en v?rit?, elle l'?tait. Aucune autre ?curie n'avait voulu l'engager ; la plupart des formateurs voulaient encore des apprentis jockeys masculins, m?me ? notre ?poque de lib?ration des femmes et d'?galit? des droits. Et elle avait besoin d'un emploi, de pr?f?rence un emploi dont les horaires lui permettraient de s'occuper encore d'Annie. Clay la regarda s?v?rement pendant un moment avant de d?tendre ses traits dans un sourire. "Vous avez de la chance, je ne m'occupe pas de l'embauche et du licenciement ici, donc vous ?tes en s?curit?. Je vais parler ? papa et lui expliquer." Puis il lui fit un clin d'?il. "Mais si tu ?tais ? moi, je te retournerais et te taperais sur les fesses pour cette tromperie !" "Oh, merci, monsieur !" Elle ?tait tellement soulag?e qu'elle ne pouvait que lui jeter ses bras autour du cou dans la joie. Ce n'?tait que plus tard, beaucoup plus tard, lorsqu'elle ?tait alit?e cette nuit-l?, qu'elle se souvint de l'autre partie de son commentaire, la partie "retourne-toi sur mon genou et tape-toi sur le derri?re", et un petit frisson la traversa lorsqu'elle se rappela ces mots, prononc?s de sa voix grave. Elle n'en avait pas parl? ? Annie, mais elle savait qu'Annie comprendrait. Elle ?tait l'une des rares personnes ? conna?tre son obsession de la fess?e. Annie savait tout sur les sites web qu'elle fr?quentait tard dans la nuit, ?touffant ses d?sirs. Et peut-?tre qu'Annie saurait-elle si elle en a trop lu dans les mots de Clay. Intrigu?e, elle s'est endormie en pensant ? lui, se demandant ce que cela ferait d'?tre fess?e par lui. Il ?tait certainement beau, avec de grandes et fortes mains, assez grandes pour lui donner une fess?e compl?te. Elle s'imaginait sur ses genoux, sa grosse paume lui rougissant le derri?re, ?coutant sa voix profonde la gronder pour un m?fait imaginaire. Elle entra dans un sommeil profond avec un sourire sur le visage, attendant avec impatience le matin, o? elle reverrait le beau contrema?tre d'?curie. Chapitre deux Les ?curies ?taient d?j? une ruche d'activit? lorsqu'elle arriva juste avant six heures du matin, pr?te ? travailler toute une journ?e. Clay ?tait d?j? l?, son vieux jean souple et d?chir?, accroch? ? ses hanches ?troites et s'accrochant sexuellement ? ses jambes longues et maigres. Le t-shirt noir qu'il portait soulignait ses larges ?paules et les muscles de ses bras ?taient fl?chis alors qu'il portait un seau en plastique bleu rempli d'eau dans chaque main. Elle rejoignit le reste de l'?quipe pour v?rifier le tableau noir accroch? ? l'ext?rieur de la sellerie pour sa premi?re chevauch?e de la matin?e - elle avait ?t? assign?e ? Big Red, facilement le plus grand et le plus fort cheval de l'?curie. Il ?tait clair que Clay et son p?re l'avait test?e et l'avait mont?e sur Big Red pour sa premi?re promenade en tant qu'apprenti jockey sous la direction de Tom Lewis. Elle ne leur en voulait pas : elle savait depuis le d?but qu'elle devait faire ses preuves, bien qu’elle f?t petite, m?me pour une femme. Il ?tait donc logique qu'ils lui donnent d'abord le cheval le plus fort. Mais la force physique ne suffira pas pour r?ussir en tant que jockey ; le courage et la force mentale ?taient ?galement essentiels, ainsi qu'une connexion spirituelle avec le cheval, et elle avait tout cela ? revendre. Le d?fi de monter le plus grand et le plus fort des chevaux ne l'effrayait donc plus. Elle rassembla ce dont elle avait besoin pour nettoyer le box, puis elle f?t sortir le hongre, en l'attachant aux traverses dans la stalle de pansage. La douce g?ante lui toucha affectueusement l'?paule en lui parlant doucement, lui frottant le cou avant de placer la brouette ? la porte de la stalle. "Je suis Darren." Le jeune homme qui nettoyait la stalle ? c?t? d'elle lui tendit sa main sordide, et bien qu'elle f?t macul?e de boue et de poussi?re, elle la secoua en souriant timidement. Elle n'avait jamais ?t? d?rang?e par un peu de salet?. Ce n'?tait pas un grand homme, m?me pour un jockey, il ?tait maigre. Sa main n'?tait que l?g?rement plus grande que la sienne, mais il avait une force ind?niable dans sa prise, car ses doigts calleux enserraient la sienne. "Bianca". Elle le regarda. Il avait l'air assez amical, mais manquait cruellement d'allure, surtout si on le compare ? Clay. "Depuis combien de temps travaillez-vous ici ?" lui demanda-t-elle. "Plus de cinq ans maintenant. Tom m'a engag? comme apprenti." "Et tu es un jockey licenci? maintenant ?" "Ouaip." Le signe de t?te ?tait petit, mais fier. "Je fais la course aujourd'hui, sur un des favoris. Un autre gagnant, j'esp?re ! Luke est l?-bas, il pr?pare la pouliche maintenant." Il montra du doigt, et Bianca regarda dans les ?curies pour voir un homme qui ressemblait ? Clay, en train de pr?parer une belle pouliche alezane. "Luke ?" "Le fr?re de Clay. Il y a trois gar?ons Lewis ; Luke est l'a?n?. Puis Clay, puis Cody. Vous les rencontrerez tous un jour ou l'autre ; ils travaillent tous ici, bien que Cody travaille aussi beaucoup ? la ferme." "Clay a l'air gentil." C'?tait juste une observation, mais le visage de Darren s'est assombri. "Ouais." Puis il sourit. "Qu'est-ce que tu fais ce soir ? Tu veux prendre un verre avec moi ? On fait un superbe sandwich aux c?tes." "Non !" Son refus est apparu beaucoup plus horrifi? que ce qu'elle avait pr?vu, et par le regard cr?neur de Darren, il n'a pas bien pris le rejet. "Je suis d?sol?e, c'est juste que..." Elle a rompu. Elle ne pouvait pas lui parler d'Annie, lui dire qu'elle voulait passer chaque minute avec sa s?ur mourante. Pas encore. "J'ai juste des projets, c'est tout." "Peu importe." Son air renfrogn? lui prouva qu'il ne la croyait pas, mais c'est dommage. Il retourna au travail, mais elle resta l?, appuy?e sur le r?teau, se sentant mal ? l'aise et coupable. Ce travail ne se passait pas bien. D?j?, sa Tourette avait ?t? d?couverte, et elle avait offens? quelqu'un. Elle n'?tait pas l? pour se faire des ennemis, mais elle semblait l'?tre, malgr? tout. Elle leva les yeux de ses r?flexions en entendant des pas qui s'approchaient, mais seul Clay, ? moiti? enregistr?, se dirigea vers elle. Il tapa une cravache de mani?re absente contre la paume de sa main alors qu'il avan?ait dans la large all?e de l'?curie. Il s’arr?ta de marcher et la regarda, puis pointa la cravache vers elle en guise d'avertissement silencieux. "Vous ?tes ici pour travailler, pas pour r?ver." Il la regarda s?v?rement, ses cheveux hirsutes tombant sur son visage, un sourcil lev? dans un geste d'autorit?. Pour un ?tranger, il n'y avait aucune menace dans son commandement. Mais pour elle, ce qu'il insinuait lui donnait des frissons. Elle fit un signe de t?te mi?vre, prit son r?teau et se mit au travail, regardant furtivement sa forme qui battait en retraite. M?me de loin, il ?tait ?vident qu'il ?tait bien form?. Il ne semblait pas avoir une once de graisse; il ?tait maigre et muscl? et semblait incroyablement en forme. Alors qu'il continuait ? descendre dans l'?curie, elle se demandait ce qu'il allait ressentir, lui donnant des coups de jabot. Est-ce qu'il se contenterait d'utiliser le petit slapper en cuir tout au bout, lui communiquant ainsi une petite piq?re d?licieuse ? Ou bien la fouetterait-il durement avec le b?ton? D?termin?e ? ne pas provoquer sa col?re, elle nettoya la stalle en un temps record, vidant la brouette ? l'ext?rieur sur le tas de boue bien avant que Darren n'ait fini. Big Red lui tapa sur les pieds et s'?carta un peu pendant qu'elle le toiletta, mais il semblait assez calme. Bien qu'il f?t si proche, Darren l'ignorait, ne jetant m?me pas un coup d'?il dans sa direction. Faire en sorte que la selle soit correctement positionn?e sur le dos de Big Red ?tait un peu une mission d?licate puisqu'il ?tait si grand, mais elle y parvenait, et le temps que les autres cavaliers montaient et se dirigeaient vers la piste, Tom, le p?re de Clay et propri?taire des ?curies, apparut ? c?t? d'elle pour la mettre en selle. Big Red ?tait magnifique. Ses longues jambes d?voraient le sol ? pas lisses et fluides, et alors qu'elles tournaient autour de la piste, pas encore ? leur vitesse maximale, la puissance du cheval lui coupait le souffle. Elle sentait tous les muscles de son corps s'agglutiner tandis que son puissant arri?re-train le propulsait vers l'avant. C'est pourquoi je me suis battue si fort ! Criait sa voix int?rieure. C'est g?nial ! La conduite, surtout ? grande vitesse, ?tait ce qu'elle pr?f?rait. C'?tait si naturel pour elle, de se remettre en selle, et comme elle se d?pla?ait au rythme des longues enjamb?es du hongre, elle se d?tendait. Le vent la d?passa et elle jeta sa t?te en arri?re en riant, heureuse de chevaucher ? nouveau, de faire ce qu'elle aimait. ? la fin de l'entra?nement, elle essaya de tirer Big Red vers le haut, mais le grand cheval l'ignora et continua ? courir. Merde, se dit-elle. Je parie que Clay savait que cela allait arriver et qu'il essaie de prouver qu'il a raison ! Mais cette pens?e ne faisait que la rendre plus d?termin?e. Elle n'avait jamais bien ?cout? aux gens qui lui disaient qu'elle ne pouvait pas faire quelque chose, et cela s'?tait produit souvent au fil des ans, soit ? cause de son syndrome de Tourette, soit parce qu'elle ?tait une toute petite femelle. Elle a repris les r?nes. Elle avait d?j? vu des chevaux s'enfuir de leurs jockeys, endommageant les cl?tures, ? eux-m?mes et leurs cavaliers, et cette pens?e lui donna la force dont elle avait besoin pour contr?ler le grand et fort cheval. "Whoa, grand gar?on", elle appela. "Tu dois m'aider !" Poussant de tout son poids dans les ?triers, elle se pencha en arri?re sur la selle et tira sur les r?nes aussi fortes qu'elle le pouvait, les sciant comme elle l'a fait, parlant au hongre tout le temps. Lentement, le grand cheval r?pondit, ralentissant ses allures d'abord au galop, puis au trot. "Bon gar?on", dit-elle en chantonnant, en lui frottant doucement le cou, toujours assise profond?ment sur la selle, lui communiquant la n?cessit? de continuer ? ralentir. Il se mit ? renifler fort et f?t un pas de c?t? lorsqu'elle le ramena ? la promenade, le rafra?chissant sur le chemin du retour aux ?curies. Haha, Clay, je l'ai fait ! J'ai r?ussi ton test - j'ai contr?l? Big Red ! Cria triomphalement sa voix int?rieure. J'ai r?ussi ! * * * Le travail sur la piste ?tait beaucoup plus ?puisant que ce dont elle se souvenait. Soit cela, soit le temps qu'elle avait pass? ? l'?quitation signifiait qu'elle ?tait plus mal en point qu'elle ne le pensait. Quoi qu'il en soit, elle se r?jouissait de pouvoir prendre une petite pause dans la salle du personnel avec une tasse de caf? avant de se mettre ? nettoyer les stalles. "Un nouveau cheval arrive", lui dit Clay. "Une pouliche. Elle avait ?t? horriblement maltrait?e et ne laissait personne l'approcher, mais papa accepte de l'emmener, pour voir si on peut l'aider. Elle devrait pouvoir courir, si nous parvenons ? lui faire surmonter sa peur. Venez voir, si vous voulez". "Comment s'appelle-t-elle ?" "Rose". Rose Saphir." Suivant Clay dehors, elle s'appuya contre le rail en bois de l'enclos rond, regardant Tom guider le flotteur qui recula jusqu'? la porte. Un frisson la traversa au son des sabots qui frappaient le flanc du flotteur, accompagn? d'un hennissement aigu. Le pauvre cheval semblait terrifi? ! "Je croyais que vous aviez dit qu'elle serait tranquillis?e ?" La voix grave de Clay grondait juste derri?re elle. "?a s'est dissip?", grogna l'un des livreurs. "Elle est dangereuse, celle-l?. Tu es fou de la prendre. Elle aurait d? ?tre mise ? terre." "Hmmm", murmura Clay dans ce qui semblait ?tre un accord, appuy? contre le rail ? c?t? d'elle. "Non !" Bianca respira. "Elle est juste effray?e. S'il vous pla?t, donnez-lui une chance !" Clay lui tapota doucement l'?paule, un sourire aux l?vres. "Nous le ferons." Bianca regarda, les yeux ?carquill?s d'horreur, l'un des hommes se r?fugier dans la porte lat?rale du char ? l'aide d'un gros b?ton et poursuivre la pouliche le long de la rampe jusqu'? l'enclos rond. Il lui fallut toute sa volont? pour se mordre la langue au lieu de lui crier dessus, et il lui fallut lutter pour ne pas grimper par-dessus la cl?ture et se jeter sur lui. Qu'y avait-il de mal ? ?tre gentil ? Mais elle se for?a ? rester immobile et silencieuse ; ce n'?tait pas ? elle de dire quoi que ce soit. La pouliche ?tait belle. M?me dans cet ?tat, elle ?tait squelettique, cass?e et maltrait?e - sa t?te et sa queue ?taient tenues en hauteur alors qu'elle se promenait sur le p?rim?tre du petit enclos, reniflant bruyamment par les narines ?vas?es. Une baie lumineuse avec une flamme blanche sur le visage et trois chaussettes blanches, elle semblait n'avoir que deux ans environ. Alors qu'elle les d?passait au galop, Bianca remarqua une blessure ouverte sous son avant-bras, suintant de sang, et des marques de fouet couvraient son corps du flanc ? l'?paule. Elle haleta et sentit Clay se raidir ? c?t? d'elle. Ils regard?rent depuis les rails Tom se glisser entre eux, la main tendue, mais la pouliche ne le laissa m?me pas s'approcher d'elle. D?s qu'il entra dans l'enclos rond, elle aplatit ses oreilles sur sa t?te, mit ses dents ? nu, frappant avec ses pieds de devant lorsqu'elle s'approcha. Elle entendit Clay jurer doucement tandis que Tom s'esquive, ?vitant de recevoir un coup de pied, et se replia entre les rails pour se mettre ? l'abri. "Elle a ?t? brutalis?e", observa Clay. Bianca se sentait malade. Qu'avait v?cu le pauvre cheval qui l'avait amen?e ? r?agir de cette fa?on ? ? en juger par la blessure ? la t?te, elle avait manifestement ?t? battue avec une sorte de gourdin, mais que lui avait-on fait d'autre ? Elle faisait descendre la vague de naus?e qui se leva en elle ? la pens?e des souffrances que le cheval avait endur?es. Tom secoua la t?te tristement. "Elle est pire que je ne le pensais", a-t-il d?clar?. "Je vais appeler les propri?taires maintenant et faire sortir le v?t?rinaire cet apr?s-midi pour la faire piquer. On ne peut pas avoir un cheval comme ?a dans le coin, quelqu'un risque de se faire tuer." "Non ! Bianca pleura. "S'il te pla?t, laisse-moi essayer." Tom fit un signe de t?te, mais Clay secoua la t?te. "Pas question ! C'est trop dangereux ! Tu as vu ce qu'elle vient de faire ? Mon p?re!" Ignorant Clay, Bianca grimpa sur la rampe et retint son souffle en se dirigeant vers le centre de l'enclos rond et en s'immobilisant. Elle ?tait parfaitement consciente de ce que faisait la pouliche, mais elle s’effor?a de conserver un langage corporel invitant et accueillant, les yeux au sol, en tendant la main vers le cheval. Lentement, la pouliche s'approcha d'elle avec pr?caution, en reniflant bruyamment, ses narines se sont ?vas?es. Bianca se tenait ? terre. Avec pr?caution, la pouliche tendit son nez vers l'avant et Bianca frotta doucement le museau velout?. "Bonjour, ma belle", dit-elle en chantonnant. La jument la regarda avec des yeux pleins de m?fiance, ses oreilles papillonnaient d'avant en arri?re et son corps tremblait, mais alors que Bianca continuait ? parler doucement ? la pouliche et y tenait sa main, elle se d?tendait progressivement. Elle pouvait sentir les yeux de Tom et de Clay la poursuivait alors qu'elle se tenait dans l'enclos avec la pouliche, et son c?ur se gonfla de fiert?. Annie lui avait toujours dit qu'elle avait une alliance avec les chevaux, mais elle n'avait jamais eu l'occasion de prouver cette alliance. "Doucement, ma fille. Doucement, Rose." Bianca parlait doucement, essayant de rassurer le cheval, alors qu'elle se rapprochait, passant ses mains sur le corps en panne. C'?tait d?chirant de voir l'?tat dans lequel elle se trouvait, la terreur qu'elle ressentait. Ses oreilles clignotaient constamment, le blanc de ses yeux ?tait visible, et son tremblement ne s'?tait pas att?nu?. La fureur l'a submerg?e lorsqu'elle a r?alis? l'ampleur des s?vices subis par la pouliche. Au lieu de rentrer chez elle pendant la partie calme de la journ?e pour passer plus de temps pr?cieux avec Annie, Bianca ?tait rest?e dans l'enclos rond avec la pouliche, travaillant avec elle, gagnant sa confiance, forgeant un lien avec elle. Le temps qu'elle commen?ait ? travailler dans l'?curie ? l'apr?s-midi, la pouliche marchait nerveusement ? c?t? de Bianca dans la large all?e de l'?curie jusqu'? une stalle situ?e tout au fond. Bianca ?tait rest?e l? un moment, regardant la pouliche s'installer. Elle avait lev? les yeux en entendant des pas qui s'approchaient, en plein dans le visage d'un grand homme blond qui ?tait le portrait crach? de Clay. Il semblait avoir un an ou deux de moins que Clay, mais il ?tait ?vident qu'ils ?taient fr?res. Comme Clay, la barbe obscurcissait sa m?choire, ses cheveux ?taient trop longs et hirsute et avaient besoin d'une coupe, et ses yeux ?taient ?blouissants. Mais il avait une odeur diff?rente de celle de Clay, a-t-elle remarqu?, alors qu'il s'approchait. Il n'avait pas cette odeur de cheval enivrante qui le traversait ; Il sentait comme un fermier. "Cody". Il lui tendit une main sale, et elle la secoua timidement, son ?norme main engloutissant la sienne. Il paraissait plus grand que Clay, et semblait avoir une pr?sence encore plus imposante. Elle ne le connaissait m?me pas, et d?j?, elle ?tait attir?e par son apparence, par son air autoritaire. Il fit un geste vers le cheval. "Qui est-ce ?" "C'est Rose. Elle vient d'arriver aujourd'hui. Elle ?tait cens?e ?tre tranquillis?e, mais ?a s'est dissip? et elle est arriv?e ici en donnant des coups de pied et en se battant. " Bianca sourit fi?rement ? ce souvenir. Elle aimait un cheval fougueux. Mais son sourire s'?tait vite effac? quand elle s'?tait souvenue de la raison pour laquelle la pouliche ?tait l?. "Elle a ?t? gravement maltrait?e." Cody fit un signe de t?te et s'avan?a, la rejoignant ? la porte de l'?curie. Imm?diatement, la pouliche qui se trouvait ? l'int?rieur recula ses oreilles et se pr?cipita vers lui, ses dents d?nud?es dans un spectacle vicieux d'agression provoqu?e par la peur et Cody s’empressa de faire un pas en arri?re, en sifflant ? voix basse. "Elle a juste peur", dit doucement Bianca. "Tu vas bien, ma fille", dit-elle au cheval, qui se tenait maintenant docile, tremblant, ses narines s'ouvrant. "Elle est un peu folle ?" demanda Cody. Bianca secoua la t?te. "Juste effray?e. Elle a ?t? horriblement maltrait?e." Se retournant, elle le regarda de haut en bas. "N'es-tu pas chevalier ? " "Non." Cody secoula la t?te. "Je suis un fermier. Nous ?levons des moutons et du b?uf ici, nous cultivons un peu de c?r?ales et nous entra?nons les chevaux. Mon p?re s'occupe des chevaux, mon oncle avait l’habitude de faire le m?tier d’un fermier. C'est un ?tablissement familial. Mais depuis la mort d'oncle Max, je m'occupe de l'agriculture. Tu ne me mettrais pas sur une de ces b?tes folles !" "Oh." Bianca sourit en se demandant si le troisi?me fr?re, Luke, va ?tre aussi beau que les deux qu'elle avait d?j? rencontr?s. Et s'il va ?tre aussi gentil... Cela faisait un moment qu'un bel homme ne lui avait pas parl? d’une telle tendresse - en g?n?ral, quand ils d?couvraient sa Tourette, ils ne seront plus int?ress?s. "Est-ce que papa veut la laisser rester ici ?" Cody avait l'air douteux. Bianca hocha la t?te. "A ce stade." M?me si elle savait que ce n'?tait pas tout ? fait vrai, Tom n'?tait pas revenu sur sa d?cision d'euthanasier le cheval. Cody resta quelques minutes de plus, juste pour regarder le cheval, du coin de l'?il. Il ?tait ?vident qu'il la regardait, bien qu'il essayait de le cacher, et un petit frisson la traversa en m?me temps qu'une vague de l?g?re panique s'abattait sur elle - elle devait faire la Tourette. La pression s'accumulait derri?re ses yeux, et la retenir devenait de plus en plus difficile. Elle ne pouvait plus la r?primer. Se d?tournant de lui, elle essaya de minimiser la Tourette autant que possible, mais elle savait que s'il regardait, il remarquerait quand m?me le mouvement. Serait-il encore amical avec elle une fois qu'il l'aurait remarqu? ? "Est-ce que ?a va ?" Elle hocha la t?te. "Je vais bien." "Mais ce visage..." Sa voix s'?tait ?teinte quand il avait exprim? son incr?dulit? face aux mouvements qu'elle pouvait faire avec son visage. "?a s'appelle le syndrome de Tourette", elle craqua. "Demandez ? Clay ? ce sujet. Ou mieux encore, cherchez un peu. Les m?dias vous diront tout ce qu'ils pensent ? ce sujet." Son ton ?tait amer, elle lui grogna les mots, mais elle s'en fichait. Elle avait ?t? suffisamment jug?e par les fr?res Lewis pour son syndrome de Tourette. Cody a pris du recul, la douleur ?tait inscrite sur son visage. "Je te laisse faire alors." Son c?ur se piquait ? ses mots. Elle avait ?t? repouss?e tant de fois auparavant, mais chaque nouveau refus lui apportait une nouvelle vague de douleur. Trouverait-elle un jour un homme pour l'accepter telle qu'elle ?tait ? * * * "Regardez ?a !" La voix fi?re d'Annie ?tait teint?e d'excitation alors qu'elle tenait en l'air le singlet bleu p?le qu'elle venait de finir de tricoter. Bianca sourit, mais elle ?tait trop fatigu?e pour se sentir bien. L'?puisement ?tait bien plus qu'une fatigue physique, elle ?tait mentalement ?puis?e. Voir la pouliche traumatis?e dans un ?tat aussi horrible avait ?t? difficile, et gagner sa confiance avait ?galement ?t? exigeant. Et apr?s tous ses efforts, Tom n'avait pas ?t? en mesure de garantir son avenir. C'?tait d?chirant. Des larmes lui avaient rempli les yeux lorsqu'elle s'?tait assise ? c?t? d'Annie et lui avait racont? sa journ?e. "Tu vas pouvoir la soigner; tu as un don avec les chevaux." Bianca fit un signe de t?te. "J'ai fait quelques progr?s aujourd'hui. J'esp?re juste que c'est suffisant." Annie fit un petit sourire. "J'esp?re aussi." * * * Bien qu'elle se soit compl?tement ?puis?e, Bianca s'?tait retourn?e toute la nuit. Elle n'arrivait pas ? se d?barrasser de l'image de la pouliche traumatis?e, ne pouvait pas oublier ses cris terrifi?s et la fa?on dont les hommes l'avaient chass?e du char ? l'aide d'un gros b?ton. Et elle ne pouvait pas oublier Annie, et ? quelle vitesse elle se d?t?riorait. Elle perdait ses forces de jour en jour. Combien de temps lui restait-il ? Chapitre trois Les promenades du matin et les t?ches ? l'?curie se sont d?roul?es rapidement, et Bianca ?tait dans l'?curie en train de nettoyer doucement le sang s?ch? sur la pouliche quand elle entendit des pas qui se dirigeaient vers elle sur le sol en b?ton fra?chement balay?. Son c?ur s'est emball?. Un pressentiment s'empara d'elle. Ce n'?tait pas bon. Quelques secondes plus tard, Tom apparat devant la porte de la boite avec deux couples bien habill?s, ? l'allure professionnelle, qui semblait si mal ? leur place dans l'environnement des chevaux. Mais quand elle voyait l'expression de leur visage, leur horreur absolue, elle savait instantan?ment qui ils ?taient manifestement les propri?taires de Rose. La pouliche s'?tait remise ? trembler au moment de la pr?sence des hommes ; elle souffla fort dans les narines ?vas?es et tapa du pied de devant. Bianca posa une main r?confortante sur son cou, essayant de la calmer, de la rassurer sur le fait que ces gens n'allaient pas lui faire de mal, qu'elle ?tait en s?curit?. Elle regarda les larmes remplir les yeux des deux femmes. "La pauvre", s'est ?cri?e l'une d'entre elles. "Elle avait ?t? terriblement maltrait?e. La meilleure chose ? faire est de mettre fin ? ses souffrances !" Bianca regarda, horrifi?e, les autres acquiescer en silence. "Roger va payer pour ?a", grogna l'un des hommes. "Comment ose-t-il faire ?a ? un cheval ?" Il essaya d'entrer dans l'?curie, mais Rose n'y parvenait pas : elle aplatit ses oreilles, chargea son ?paule faisant tomber Bianca. "Tu vas bien, Bianca ?" demanda Tom, n'osant pas venir ? son secours. "Je n'ai jamais vu un cheval aussi traumatis?", dit-il tristement. "Je pense que c'est mieux si tu le laisses." "Non !" Bianca pleura. "Tu dois lui donner une chance ! S'il vous pla?t !" "Je ne pense pas, ch?rie", dit l'autre femme. "C'est plus gentil comme ?a." Se pr?cipitant sur le sol de l'?tal et brossant maladroitement la sciure de son jean, Bianca se pr?cipita vers la pouliche, qui avait recul? et se tenait maintenant dans le coin le plus ?loign? de l'?tal, tremblante. Elle se tenait pr?s du garrot de la pouliche, l'apaisant, lui frottant la main sur le cou, lui parlant doucement et lentement et finalement Rose se d?tendit. "Regardez !", se dit-elle, sachant que c'?tait la seule chance qu'elle avait pour aider le cheval. "Elle commence d?j? ? me faire confiance !" Mais elle sentait qu'elle se battait contre une bataille perdue- le scepticisme ?tait ?crit sur le visage des propri?taires. Clay est alors arriv? avec le v?t?rinaire, et Bianca est rest?e ? l'int?rieur de la boite avec Rose, essayant de la garder suffisamment pour la faire calmer pour que le v?t?rinaire l'examine. Tom avait sp?cifiquement demand? une femme v?t?rinaire et Rose est rest?e immobile, mais elle ?tait tendue, son corps tremblait, m?me avec Bianca qui se tenait juste l?, la calmant. Le visage de la v?t?rinaire ?tait sinistre lorsqu'elle examinait le cheval, et lorsqu'elle sortait du boite, elle secouait la t?te. "Elle a ?t? tr?s maltrait?e", a d?clar? le v?t?rinaire. "Elle a ?t? bless?e physiquement et mentalement", dit-elle tristement, ?num?rant les blessures de la pouliche alors qu'elle les cochait sur ses doigts. "Je ne suis pas s?re qu'elle puisse ?tre r?habilit?e. Cela pourrait valoir la peine d'essayer, mais je ne peux pas garantir que ?a marchera. La chose la plus gentille ? faire est peut-?tre de la coucher." "Non !" Bianca a protest?, en jetant ses bras autour de la jument pour la prot?ger. Surprise, la pouliche s'est lev?e, tirant Bianca de ses pieds. "Oui !" r?pondit l'un des hommes. "Elle est dangereuse. Un cheval dangereux n'est plus fiable de tout." Il se tourna vers ses compagnons, et bien qu'elle ne compr?t pas ce qu'ils disaient ? voix basse, elle savait qu'ils conspiraient pour euthanasier le cheval. "Clay !" s'?cria-t-elle, d?sesp?r?e, les larmes coulant sur son visage, alors qu'elle se relevait une fois de plus du sol. "Elle est juste effray?e ! Dis-leur ! Faites en sorte qu'ils la sauvent ! Je l'entra?nerai quand je le pourrai, mais donnez-elle une chance !" Mais alors m?me qu'elle pronon?ait ces mots et qu'elle s'engageait ? faire ce sacrifice, elle ressentait un pincement au c?ur. Etait-elle vraiment pr?te ? tenir sa promesse? Annie comprendrait-elle si elle le faisait ? Clay se tenait devant la porte de la cabine et lui fit signe. Il lui fallait tout ce qu'elle avait pour se retourner et s'?loigner du cheval, la laissant ainsi grande ouverte ? son destin, mais elle continua ? suivre Clay quelques m?tres plus bas dans le b?timent, dans l'intimit? relative d'une stalle vide. "Pourquoi voulez-vous tant la garder ?" lui demanda-t-il. "Elle est bris?e ; la chose la plus efficace ? faire est de la sortir de sa mis?re." Il s'appuyait n?gligemment contre le mur, un pied appuy? sur sa cheville, les bras crois?s sur sa poitrine. Si elle n'avait pas ?t? aussi boulevers?e, elle aurait pris plaisir ? le reluquer alors qu'il se tenait dans cette position. Il avait l'air si autoritaire, si ma?tre de lui, et si incroyablement beau. "Je ne peux pas expliquer, lui r?pondit-elle, je sais juste que j'en ai besoin. C'est comme si elle faisait partie de moi, comme si nous ?tions r?unis pour une raison. Nous sommes toutes les deux bris?es, nous avons toutes les deux besoin de gu?rir, nous avons toutes les deux besoin qu'on nous donne une chance". Elle le regarda alors avec de grands yeux ronds, esp?rant qu'il la comprendrait. "Tu m'as donn? une chance, Clay, s'il te pla?t, donne-lui-en une aussi !" Clay la regarda en silence pendant quelques instants, profond?ment absorb? par ses pens?es, puis il hocha la t?te apr?s. "D'accord", lui dit-il. "Je vais essayer. Je ne peux pas faire de promesses, mais je vais essayer." Alors que Bianca se glissait ? l'int?rieur de la stalle pour passer plus de temps avec la pouliche, Clay parlait d'une voix calme ? son p?re, puis il conduisait les propri?taires jusqu'au bureau sur la mezzanine. Reprenant la t?che pour finir de retirer le sang s?ch? du pelage de la pouliche, elle croisa les doigts esp?rant d’avoir une chance. * * * Annie ?tait toute alit?e quand Bianca ?tait rentr?e ce soir-l? ; elle n'avait m?me pas la force de se lever. Des larmes lui avaient coul? aux yeux lorsque Bianca lui avait parl? de Rose et du destin qui l'attendait probablement. "Tu vas pouvoir la sauver", lui assura Annie. "Si quelqu'un peut aider ce cheval ? gu?rir, ce sera toi." "Mais ?a veut dire que je passerai moins de temps avec toi", chuchota Bianca, accabl?e de culpabilit?. Annie juste sourit faiblement. "Je suis toujours avec toi", chuchota-t-elle. "? chaque instant de chaque jour, je suis ? tes c?t?s, l?, dans ton c?ur." La forte prise qu'elle avait sur la main de Bianca d?montrait sa fragilit?, mais la douleur ?tait ?vidente dans ses yeux quand elle souriait. "Es-tu ? l'aise ?" demanda Bianca, sachant tr?s bien qu'elle ne l'?tait pas, mais ne sachant pas comment l'aider. Si elle avait pu, elle aurait enlev? la douleur de sa s?ur ou l'aurait support?e elle-m?me, mais ni l'un ni l'autre n'?tait une option. "Je vais bien", lui assura Annie. "Je parlerai aux infirmi?res demain pour am?liorer mon soulagement de la douleur." Bianca fron?a les sourcils, mais elle se tut. Elle savait qu'Annie d?testait qu'on s’occupe d'elle, mais c'?tait si dur de voir la personne qu'elle aimait le plus au monde souffrir autant. Cette nuit-l?, elle partagea ? nouveau le lit d'Annie, serrant sa s?ur contre elle alors qu'elle g?missait dans son sommeil, hant?e par la douleur. Bianca ? peine dormait la nuit. Elle entendait leur p?re tr?bucher vers minuit, apr?s une autre nuit ? noyer son chagrin. La maladie de sa fille l'avait durement frapp? - apr?s toutes ses ann?es de travail en solo, il perdait l'une de ses pr?cieuses filles, et pour ne rien arranger, il ne pouvait rien y faire. Bianca savait ? quel point il ?tait contrari? de ne pas pouvoir soigner Annie, et elle savait mieux que quiconque combien il avait essay?. Combien de th?rapeutes compl?mentaires il avait consult?, combien d'oncologues il avait vus, combien de rendez-vous ? l'h?pital il avait pris avec Annie. Rien ne l'avait aid?. Elle s'?tait battue courageusement, mais son temps touchait ? sa fin maintenant, le combat ?tait presque termin?. Essuyant les larmes de ses yeux avec la couverture de la couette de sa s?ur, Bianca s'?tait rendormie en pleurant, les ?paules tremblantes de sanglots silencieux. * * * Le lendemain matin, sa Tourette ?tait mauvaise. La fatigue, combin?e ? un bouleversement ?motionnel, l'a fait tressaillir presque constamment. Les choses s’?taient aggrav?es au moment o? ses tics vocaux ?taient de retour. L'?claircissement de la gorge ?tait normal - c'?tait un bruit normal que tout le monde faisait de temps en temps - mais l'?cholalie ?tait un probl?me. Jusqu'? pr?sent, elle avait r?ussi ? garder la r?p?tition des mots sous son souffle, mais elle savait qu'au rythme o? ses tics s'intensifiaient, il ne faudrait pas longtemps avant qu'elle fasse ?cho aux mots prononc?s par son entourage. Que penserait alors Clay ? La laisserait-il garder son emploi ? Ou ferait-il pression pour qu'elle soit licenci?e ? Ou, mieux encore, mentionnerait-il une nouvelle fess?e, pour lui avoir menti ? Non pas qu'elle lui ait menti - l'?cholalie n'avait pas encore apparu lorsque Tom Lewis l'avait prise en charge - mais ? moins que Clay ne comprenne le syndrome de Tourette, il ne le croirait pas. Elle ?tait perdue dans ses pens?es alors qu'elle conduisait Big Red hors de la boite et l'attachait solidement ? l'ext?rieur. Elle pensa ? Clay. Elle avait eu beaucoup ? faire avec lui depuis qu'elle avait commenc? ? travailler dans les ?curies, mais il n'y avait plus de moments de flirt. Il n'y avait plus non plus d'indications qu'il s'agissait d'une fess?e. Il ?tait toujours tr?s dominant, clairement un m?le alpha, avec un air d'autorit? qu'elle avait envie de d?sob?ir, uniquement pour voir ce qui allait se passer, mais jusqu'? pr?sent, l'occasion ne s'?tait pas pr?sent?e. Il n'?tait pas exactement son patron, mais en tant que contrema?tre stable, il ?tait en quelque sorte son sup?rieur et le contr?le de la qualit? ?tait sa responsabilit?, elle ne doutait pas que si elle ne faisait pas son travail correctement, il la tirerait vers le haut. Mais que ferait-il en r?alit? ? Il la gronderait de sa voix profonde et sexy et la ferait se sentir comme un petit enfant ? Ou bien utiliserait-il cette cravache qu'il lui avait fait signe de fa?on mena?ante lorsqu'elle avait commenc? ? Elle ne se souvenait pas de la derni?re fois qu'elle avait eu le b?guin pour quelqu'un, c'?tait il y a si longtemps. Et cette fois-ci, elle ?tait tomb?e ? la renverse. En pr?parant le grand hongre, elle s'imaginait avoir des ennuis avec Clay, mais ce n'?tait pas seulement une r?primande qu'il lui adressait... "Ne bouge pas, Red", dit Bianca au grand cheval alors qu'elle se penchait et saisissait son boulet dans la main gauche, le pic ? sabot dans la droite. Elle avait une derni?re chevauch?e de la matin?e sur Red et elle avait h?te de monter sur son dos. Son grand pas de cheval d?voreur de sol ?tait impressionnant, et maintenant qu'elle s'?tait li?e ? lui, elle ?tait capable de le tirer vers le haut ? la fin de l'entra?nement sans effort. Le hongre ?tait un gentil g?ant, et il devenait rapidement son cheval pr?f?r? dans l'?curie. Smack ! Une belle cravache atterrissait sur son cul alors qu'elle ?tait occup?e ? se pencher pour ramasser le sabot avant de Big Red. Elle glapit, lui l?chant le pied en toute h?te, et se redressa, d?termin?e ? attraper le coupable, certaine que ce serait Clay. Visant, elle lan?a un coup de pied qu'elle tenait aussi fort que possible au dos de l’homme en retraite qui ressemblait ?trangement ? Clay, mais avec des cheveux plus courts et l?g?rement plus fonc?s. Le coup de pied l'avait frapp? directement entre les omoplates et il se mit ? bouger pour l'?blouir de fa?on mena?ante. Ce n'?tait pas Clay. Le fr?re a?n? de Lewis sourit largement lorsqu'il la vit, son regard disparaissant. "D?sol?, je n'ai pas pu r?sister ? une cible aussi parfaite. Tout ?a pour s'amuser, hein ?" Il a souri, lui faisant un clin d'?il rauque alors qu'il se penchait pour ramasser le sabot sur le sol. "Je suis Luke", dit-il, en lui lan?ant l?g?rement le sabot ramasseur. "Je pensais que tu ?tais quelqu'un d'autre, sinon je ne t'aurais jamais frapp?. Toutes les femmes qui viennent ici sont habitu?es ? la tendance qu'ont mes fr?res et moi de gifler le derri?re d'une femme ? l'occasion, mais nous ne le faisons g?n?ralement pas aux nouveaux arrivants. Je vous pr?sente mes excuses". Son c?ur a fondu. Si beau et si courtois ! Enfin, courtois apr?s coup, en tout cas, mais c'?tait mieux que pas de courtoisie du tout. "Vous voulez dire que vous avez tous l'habitude de faire ?a, alors ?" Luke haussa les ?paules. "Il n'y a pas beaucoup de femmes qui travaillent ici, mais oui. Quand on peut." Il lui alors fit un large sourire. "Les badinages sexuels se produisent dans toutes les industries domin?es par les hommes, n'est-ce pas ?" Son sourire quitta son visage quand il devenait s?rieux. "Mais toutes les femmes n'aiment pas ?a, alors si vous n'aimez pas ?a, dites-le. ?a n'arrivera pas si vous vous y opposez, crois-moi." Les entrailles de Bianca faisaient des sauts p?rilleux. Sa tendance sur la fess?e ?tait son sale petit secret depuis des ann?es. Osait-elle esp?rer qu'elle avait enfin trouv? quelqu'un qui partageait son f?tiche ? C'est alors qu'elle commen?a ? pr?parer Red pour une balade, en essayant de cacher l'excitation qu'elle ressentait ? l'id?e d'?tre frapp?e par la r?colte. Et ils l'ont tous fait, ils ont tous donn? la fess?e ? des femmes ? Les trois fr?res ? Chapitre quatre "Saucisse". Darren lui murmura ce mot ? l'oreille en passant devant elle en allant vers la sellerie. Ce n'?tait qu'un mot chuchot?. "Saucisse ! Saucisse !" r?p?ta-t-elle, en s'effor?ant de baisser le ton. C'?tait difficile - elle voulait le crier sur les toits, son cerveau lui criait de faire passer le mot ? haute voix - mais elle repoussa l'envie. "Saucisse, saucisse, saucisse." Quelques minutes plus tard, le d?go?t devenait ?vident sur son visage quand il l'avait vue r?p?ter le mot qu'il lui avait murmur? avant. Darren avait d?couvert son chuchotement par hasard, lorsque Mme Lewis avait apport? un plateau de rouleaux de saucisses chaudes, fra?chement sortis du four, pour le th? du matin la veille. Bianca avait tranquillement prononc? le mot toute la matin?e et malheureusement, Darren avait entendu. Ses chuchotements ?taient al?atoires : n'importe quel mot pouvait la faire exploser, et m?me si la plupart du temps elle allait bien, de temps en temps son cerveau se fixait sur un mot, et c'?tait fini ; elle n'avait plus de paix. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'?tait esp?rer que l'?cholalie dispara?trait bient?t. Bianca avait appr?ci? ses deux premiers mois dans les ?curies de Tom Lewis, et ? part Darren qui semblait lui en vouloir apr?s qu'elle ait accidentellement refus? un rendez-vous avec lui lors de son deuxi?me jour de travail, elle s'entendait bien avec les autres membres du personnel. C'?tait une ?quipe qui travaillait dur mais qui aimait s'amuser, et elle s'?tait bien int?gr?e. Et m?me si elle savait qu'ils avaient tous remarqu? ses tics - il faudrait qu'ils soient sourds et aveugles pour ne pas les remarquer - aucun d'entre eux n'en avait parl?. Aucun, sauf Darren. Il s'?tait fait un plaisir de trouver de nouveaux mots d?clencheurs pour la provoquer. Si elle s'?claircissait la gorge, il s'?claircissait la sienne. Et si elle reniflait, comme elle avait tendance ? le faire, il se tenait ? c?t? d'elle et reniflait aussi, directement dans son oreille. Elle repoussait ses larmes. Elle ne pleurait pas. Elle ne pleurait plus. Elle avait fini de pleurer pour la Tourette. ?a n'avait pas aid?, ?a n'avait pas am?lior? les choses ; au contraire, ?a avait aggrav? ses tics. Il fallait l’ignorer. Mais maintenant, elle pouvait entendre les mots d'encouragement d'Annie dans son oreille. Sa s?ur lui manquait. Elle avait pass? tellement de temps avec Rose, ? renforcer les liens qu'elles avaient tiss?s, ? am?liorer la condition physique de la pouliche, qu'elle n'avait pas eu avec Annie. Elle voudrait la visiter le soir pour discuter, mais ? ce moment-l?, Annie ?tait trop fatigu?e, trop faible et trop malade. "Tu veux que j'arr?te Darren ?" lui demanda Clay doucement, la voix basse. Elle secoua la t?te. "Non, laisse-le. Je ne veux pas faire d’ennuis, ?tant donn? que je suis nouvelle ici. En plus, j'ai d?j? eu affaire ? pire que lui." "Ok. Eh bien, tu me fais savoir si tu changes d'avis." Avec un sourire amical, il lui avait tir? son chapeau et avait continu? son chemin vers les ?curies. * * * Clay s'appuyait sur le rail sup?rieur de l'enclos rond et reposait sa t?te sur ses avant-bras, l'observant. Elle avait un don avec les chevaux, cela ne fait aucun doute. Les progr?s que Bianca avait r?alis?s avec Rose en deux mois seulement ?taient incroyables. Ses propri?taires allaient venir demain pour la voir courir, et bien que ce ne soit que la deuxi?me fois que Bianca la faisait galoper, il ne doutait pas qu'ils feraient bien. Le visage de Bianca ?tait calme et d?tendu, sans aucun signe de tics, alors qu'elle se concentrait sur le cheval, communiquant avec la jument de sa mani?re silencieuse, renfor?ant ainsi le lien que les deux partageaient. Il la regardait, admirant la mani?re gracieuse dont elle se d?pla?ait, la mani?re confiante dont elle travaillait avec le cheval. Elle ?tait si jolie quand son visage n'?tait pas d?form? par de ridicules secousses. C'?tait dommage qu'elle ait le syndrome de Tourette, sinon elle serait une femme magnifique. Elle leva les yeux et le vit la regarder, et il sourit. Mais au lieu de le rendre, elle fron?a les sourcils et rapidement d?tourna le regard, pour le regarder ? nouveau quelques secondes plus tard, toujours en fron?ant les sourcils. "Ne me regarde pas", murmura-t-elle doucement, mais il entendit chaque mot. "Pourquoi pas ? Tu devrais ?tre habitu? ? ce que les gars te regardent." "Oh, je le suis. Pas seulement les mecs non plus ; les filles aussi aiment me regarder et se moquer." Sa voix ?tait am?re, triste et m?lancolique, et il r?alisa instantan?ment son erreur. "Attends, ce n'est pas ce que je voulais dire", objecta-t-il, mais il ?tait trop tard. Il remarqua l'air de concentration f?roce qu'elle avait toujours sur le visage lorsqu'elle essayait de supprimer un tic. Il l'avait manifestement boulevers?e plus qu'il ne l'avait r?alis?. Idiot ! se r?primanda-t-il. "Ce que je voulais dire, c'est que tu es belle ! Tu devrais ?tre habitu?e ? ?tre admir?e !" Elle se mit ? renifler et ? secouer la t?te, mais il remarqua le demi-sourire qu'elle essayait vaillamment de cacher. "Personne ne m'admire." "Je suis s?r que beaucoup le font." "Ils ne le font pas, croyez-moi." Elle a tourn? son attention vers le cheval. "Moi, si." En arr?tant Rose, elle se retourna et le regarda avec surprise. "Pourquoi le ferais-tu ?" "Je viens de dire que tu es belle." Sa voix ?tait douce lorsqu'il pronon?ait ces mots, mais c'?tait vrai, il la trouvait belle. Ses yeux ?taient toujours si tristes, elle semblait si vuln?rable... et c'?tait cette vuln?rabilit?, cette tristesse, qui l'attirait plus que tout autre chose, et qui faisait ressortir les instincts protecteurs en lui. "Je suis un monstre." Elle l'a dit de fa?on si directe, comme si elle y croyait vraiment. Sa d?claration lui brisa le c?ur. "Tu n'es pas un monstre." "Si, j'en suis un." Puis elle se retourna vers Rose, commandant silencieusement le cheval dans un rendement d'un quart arri?re. Clay regarda un peu plus longtemps, impressionn? par les techniques d'?quitation naturelles que Bianca utilisait pour cr?er le lien avec la jument et rendre son corps ? nouveau fort et souple. Bien que la pouliche n'ait pas encore atteint sa forme optimale, maintenant que Bianca la monte quotidiennement, il ne lui faudra pas longtemps pour ?tre en pleine forme. Plus il restait l? ? la regarder, plus il se sentait attir? par elle. Il dut compl?tement se d?filer en la regardant, parce qu'ensuite, elle ?tait juste ? c?t? de lui, manipulant le loquet de la porte, tenant la corde de plomb de Rose dans une main. Profitant de l'occasion, il lui tendit la main et lui toucha doucement l'?paule, en la regardant profond?ment dans les yeux. Elle ?vita d'abord son regard, mais il garda les yeux fixes et finalement elle rencontra son regard ?gal ? un regard plat de sa part ; un d?fi. "Tu n'es pas un monstre", lui dit-il doucement mais fermement. "Si tu ?tais ? moi, je te donnerais une fess?e pour avoir parl? de toi comme ?a", la r?primanda-t-il. Elle sourit. "Heureusement que je ne suis pas ? toi, alors, n'est-ce pas ? Parce que je parle de moi comme ?a tout le temps ! Je suis un monstre, c'est juste un fait de la vie." Il garda la main sur son ?paule, la tenant immobile. "Non", argumentait-il. "Oui", affirma-t-elle en haussant les ?paules. "Je peux y aller maintenant ? J'ai du travail ? faire." Se tenant ? l'?cart, il la laissa partir, mais pas avant d'avoir vu un soup?on de sourire lui traverser le visage. Elle donc appr?cia son attention ? Bien. Il l'aimait bien - il n'avait jamais rencontr? une femme plus courageuse, plus intr?pide, une femme courageuse, mais si bris?e ? l'int?rieur. Son c?ur se serrait ? l'id?e de la douleur qu'elle devait porter. Il soupirait de frustration en souhaitant qu'elle soit sienne. * * * Encore une fois ! pensa Bianca avec enthousiasme. Il parla encore de fess?e ! Elle ?tait cependant frustr?e de voir qu'il n'en parlait ainsi et ne donnait suite ? aucune de ses menaces. S'il avait tellement envie de lui donner une fess?e, pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? Chaque jour, Annie demandait si elle avait fait des progr?s avec Rose. Apr?s cela, elle demanda si elle avait fait des progr?s avec Clay. Tous les jours, sa r?ponse ?tait toujours la m?me : non. Clay la traitait avec gentillesse ; tous les fr?res le faisaient. Comme la plupart des gens ? l'?curie. Mais ? part le bavardage g?n?ral au travail, ils ne faisaient pas d'efforts pour lui parler, et elle savait qu'elle pouvait aussi bien ne pas exister. Annie. Son c?ur se serra ? la pens?e de sa s?ur. L'image de sa fr?le s?ur lui traversa l'esprit. Annie s'?tait battue courageusement - elle se battait encore courageusement - mais elle menait une bataille perdue d'avance. Avec le cancer, il n'y avait pas de vainqueurs. Pas ? la fin. Il n'y avait que des victimes ? la fin. Victimes des ravages de la chimioth?rapie et des radiations, victimes de la maladie qui les rongeait de l'int?rieur. Et, finalement, les victimes ?taient celles qui restaient derri?re, pleurant la perte de leurs proches. Le temps manquait pour Annie, et au lieu de choisir d'?tre avec sa s?ur, Bianca choisissait d'?tre avec un cheval. Des larmes de culpabilit? lui piqueraient les yeux lorsque la prise de conscience la frappa. Il fallait vraiment qu'elle mette de l'ordre dans ses priorit?s : passer du temps avec sa s?ur ?tait important. "Oh, Bianca !" Clay cria, alors qu'elle conduisait la pouliche dans l'?curie et verrouillait la porte. "Les propri?taires de Rose viennent demain pour te voir faire du cheval. Ils veulent la chronom?trer, voir si elle est rapide. Si elle est assez rapide, elle reste. Sinon..." La voix de Clay s’?teignit. Il n'avait pas besoin de finir sa phrase. Tous deux savaient quel sort attendait la pouliche si elle ne courait pas assez vite. Les propri?taires avaient d?j? investi tellement d'argent pour sauver ce cheval qu'ils n'?taient pas pr?ts ? continuer ? la payer s'ils n'obtenaient pas un retour sur leur investissement. "Elle est rapide", insista Bianca. "J'ai senti son pouvoir. Elle est vraiment rapide." Clay hocha simplement la t?te. "On verra bien." * * * "Vous ?tes en retard." La voix accusatrice ?tait la premi?re chose que Bianca a entendait lorsqu'elle ouvrit la porte d'entr?e. "Ton p?re est toujours au pub, ivre comme d'habitude, et tu n'es pas rentr?e aujourd'hui. Annie m'a dit que tu es ? peine rentr? depuis des semaines. Ta s?ur n'est plus importante pour toi ?" Bianca tournait autour, les armes ? la main, pour affronter la femme qui avait choisi de quitter leur vie il y a des ann?es et qui essayait maintenant de revenir de force. "Excusez-moi ?" criait-elle, une fois un tic violent termin?. "C'est moi qui m'occupe d'Annie depuis des ann?es alors que vous parcourez le monde en oubliant que vous avez m?me des filles ! Comment osez-vous revenir ici en m'accusant de ne pas faire passer Annie en premier ? Annie a toujours ?t? la personne la plus importante dans ma vie ; elle le sera toujours ! Les deux femmes sont rest?es debout dans le foyer et se sont engueul?es pendant plusieurs minutes, se lan?ant des insultes dans tous les sens. Leur rage combin?e suffit ? bloquer tout bruit ; aucune d'elles ne remarqua la voiture qui s'arr?tait dans l'all?e jusqu'? ce que la porte d'entr?e s'ouvre et que le p?re de Bianca se tienne l?, accueillant les deux femmes en col?re. La m?re de Bianca s'est alors retourn?e contre lui, et Bianca en profita pour s'?chapper, fuyant dans le couloir vers la chambre de sa s?ur. Annie ?tait bien r?veill?e lorsque Bianca est entr?e ; les voix ?lev?es l'avaient perturb?e. Des larmes coulaient sur ses joues et le c?ur de Bianca s'est resserr?. Annie n'a jamais pleur?. "Tu dois lui pardonner", chuchota Annie. "Tu ne peux pas la ha?r pour toujours." "Lui pardonner ?" Bianca ?tait incr?dule. "Jamais ! Je ne lui pardonnerai jamais de nous avoir abandonn?es au moment o? on avait le plus besoin d'elle !" Annie tapota le lit ? c?t? d'elle. "Assieds-toi", dit-elle doucement ? travers ses larmes. "J'ai pris une d?cision", annon?a-t-elle. "Je vais aller ? l'hospice demain. Je ne veux plus ?tre un fardeau pour toi." "Non, Annie !" Bianca protesta. "Tu n'es pas un fardeau ! Je reviendrai plus souvent ? la maison dans la journ?e, je te le promets ! Et je rentrerai plus t?t le soir aussi ! Je suis d?sol? de te laisser tomber, Annie, je vais aller mieux, s'il te pla?t ne pars pas !" Annie secoua juste la t?te. "Tu as une vie ? vivre", dit-elle. "Un travail ? faire, un homme ? pi?ger, un cheval ? sauver. Tu n'as pas ? t'inqui?ter de prendre soin de moi." "Mais je veux prendre soin de toi !" "Je ne veux pas que tu le fasses." La voix d'Annie ?tait dure et froide, mais Bianca savait que c'?tait un acte. Elle savait ? quel point Annie ?tait pr?te ? se sacrifier pour le bonheur d'un autre, et cette connaissance la faisait craquer et pleurer. "Tu ne le penses pas, Annie", disait-elle doucement ? travers ses larmes. "Je sais que tu ne le penses pas." "Je le pense", dit-elle avec force. "Ma d?cision est prise. Je vais ? l'hospice demain. Maman m'y emm?nera demain matin ; je serai bien install?e et j'attendrai que tu viennes me voir apr?s le travail. Bianca ?tait trop boulevers?e pour dormir. Elle tenait la main d'Annie fermement toute la nuit, essayant de faire correspondre ses respirations rapides et irr?guli?res aux respirations lentes et rythmiques d'Annie, essayant de se d?tendre, mais cela n'a pas march?. Son ventre ?tait nou?, sa t?te lui faisait mal et le sommeil lui ?chappait. Elle souhaitait que demain ne vienne pas. Non seulement elle perdait davantage sa s?ur, mais il ?tait possible qu'elle perde aussi le cheval qu'elle ?tait en train d'aimer. Конец ознакомительного фрагмента. Текст предоставлен ООО «ЛитРес». Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=64891891&lfrom=688855901) на ЛитРес. Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.
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