×òî æå åñòü ó ìåíÿ? Äûðû â äðàíûõ êàðìàíàõ, Òðè ìîðùèíû íà ëáó, Äà èñò¸ðòûé ïÿòàê... Íî íå æàëêî íè äíÿ- Ìíå ñóäüáîþ ïðèäàííûõ, Õîòü ïîðîé ÿ æèâó Ïîïîäàÿ â ïðîñàê. Âñ¸ ÷òî åñòü ó ìåíÿ: Ñîâåñòü, ÷åñòü è óìåíüå. ß îòäàì íå ñêóïÿñü- Ïðîñòî òàê çà ïóñòÿê. Çà ïîñòåëü ó îãíÿ, Äîáðîòó áåç ñòåñíåíüÿ. È çà òî, ÷òî ïðîñòÿñü, Íå çàáûòü ìíå íè êàê... Âñ¸ ÷

La Voisine Id?ale

La Voisine Id?ale Blake Pierce Un thriller psychologique avec Jessie Hunt #9 «Dans ce chef-d’?uvre de suspense et de myst?re, Blake Pierce a magnifiquement d?velopp? ses personnages en les dotant d’un versant psychologique si bien d?crit que nous avons la sensation d’?tre ? l’int?rieur de leur esprit, de suivre leurs angoisses et de les encourager afin qu’ils r?ussissent. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’? la derni?re page.». –Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (? propos de SANS LAISSER DE TRACES). LA VOISINE ID?ALE est le neuvi?me tome d’une nouvelle s?rie de suspense psychologique par l’auteur ? succ?s Blake Pierce qui commence par LA FEMME ID?ALE, best-seller n°1 disponible en t?l?chargement gratuit qui a obtenu presque 500 critiques ? cinq ?toiles… Dans un quartier riche et hupp? de Manhattan Beach, une nouvelle voisine emm?nage dans une maison luxueuse, mais on l’y retrouve morte peu apr?s. Cette affaire oblige Jessie ? se rendre dans une autre ville baln?aire riche, ce qui r?veille de mauvais souvenirs relatifs ? son ex-mari et la force ? combattre ses propres d?mons alors qu’elle essaie de d?voiler les mensonges de cette ville ? la perfection trompeuse… Est-ce que ce meurtre est li? ? une soir?e r?serv?e ? l’?lite? Ou existe-t-il un mobile encore plus abominable? Pire encore, le mari de Jessie n’est plus en prison et repr?sente ? nouveau une menace potentielle pour elle… Thriller psychologique palpitant aux personnages inoubliables et au suspense haletant, LA VOISINE ID?ALE est le tome 9 d’une nouvelle s?rie fascinante qui vous tiendra ?veill? tard la nuit.. Blake Pierce LA VOISINE ID?ALE la voisine id?ale (roman de suspense psychologique avec Jessie Hunt, tome 9) b l a k e p i e r c e Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie ? succ?s myst?re RILEY PAIGE, qui comprend dix-sept volumes (pour l’instant). Black Pierce est ?galement l’auteur de la s?rie myst?re MACKENZIE WHITE, comprenant quatorze volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re AVERY BLACK, comprenant six volumes ; et de la s?rie myst?re KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la s?rie myst?re LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, comprenant six volumes (pour l’instant), de la s?rie myst?re KATE WISE comprenant sept volumes (pour l’instant) et de la s?rie de myst?re et suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant six volumes (pour l’instant) ; de la s?rie de suspense psychologique JESSIE HUNT, comprenant sept volumes (pour l’instant), ; de la s?rie de myst?re et suspense psychologique LA FILLE AU PAIR, comprenant deux volumes (pour l’instant) ; et de la s?rie de myst?re ZO? PRIME, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; de la nouvelle s?rie de myst?re AD?LE SHARP et de la nouvelle s?rie myst?re VOYAGE EUROP?EN. Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et de rester en contact. Copyright © 2020 by Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sauf autorisation selon Copyright Act de 1976 des U.S.A., cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise par quelque moyen que ce soit, stock?e sur une base de donn?es ou stockage de donn?es sans permission pr?alable de l'auteur. Cet ebook est destin? ? un usage strictement personnel. Cet ebook ne peut ?tre vendu ou c?d? ? des tiers. Vous souhaitez partager ce livre avec un tiers, nous vous remercions d'en acheter un exemplaire. Vous lisez ce livre sans l'avoir achet?, ce livre n'a pas ?t? achet? pour votre propre utilisation, retournez-le et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, personnages, soci?t?s, organisations, lieux, ?v?nements ou incidents sont issus de l'imagination de l'auteur et/ou utilis?s en tant que fiction. Toute ressemblance avec des personnes actuelles, vivantes ou d?c?d?es, serait purement fortuite. Photo de couverture Copyright GeorgeMayer sous licence Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE LES MYST?RES DE AD?LE SHARP LAISS? POUR MORT (Volume 1) CONDAMN? ? FUIR (Volume 2) CONDAMN? ? SE CACHER (Volume 3) CONDAMN? ? TUER (Volume 4) LA FILLE AU PAIR PRESQUE DISPARUE (Livre 1) PRESQUE PERDUE (Livre 2) PRESQUE MORTE (Livre 3) LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) LE VISAGE DE LA FOLIE (Tome 4) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER ID?AL (Volume 2) LA MAISON ID?ALE (Volume 3) LE SOURIRE ID?ALE (Volume 4) LE MENSONGE ID?ALE (Volume 5) LE LOOK ID?AL (Volume 6) LA LIAISON ID?ALE (Volume 7) L’ALIBI ID?AL (Volume 8) LA VOISINE ID?ALE (Volume 9) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4) DE RETOUR ? LA MAISON (Volume 5) VITRES TEINT?ES (Volume 6) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5) SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6) SI ELLE ENTENDAIT (Volume 7) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4) LA TRAQUE (Tome 5) SOUS HAUTE TENSION (Tome 6) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) MANQUE (Tome 16) CHOISI (Tome 17) UNE NOUVELLE DE LA S?RIE RILEY PAIGE R?SOLU S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11) AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12) AVANT QU’IL NE HARC?LE (Volume 13) AVANT QU’IL NE BLESSE (Volume 14) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) CHAPITRE PREMIER Elle ne voulait pas ?tre trop curieuse. Du moins, c’est ce que Priscilla Barton se disait en marchant sur le Strand de Manhattan Beach une bouteille de Sauvignon Blanc en main. D’habitude, Prissy, comme elle pr?f?rait qu’on l’appelle, accueillait toutes les nouvelles voisines dans le quartier. Prissy et Garth, son mari, avaient s?journ? dans leur manoir de Palm Springs pendant la plus grande partie de la semaine derni?re et avaient d? manquer les nouveaux arrivants. Depuis que les Barton ?taient revenus en ville, Prissy avait parfois vu une silhouette bouger derri?re les stores toujours tir?s du manoir voisin, mais elle n’avait jamais vu personne entrer ou sortir. De toute fa?on, ces temps-ci, il ?tait difficile de rester au courant de ce qui se passait. Dans cette ville cossue construite le long de la plage, une tr?s grande proportion des voisins des Barton passaient l’essentiel de l’?t? ? voyager. Donc, il ?tait difficile de savoir qui ?tait en vacances et encore plus de savoir qui avait lou? une maison ou propos? la sienne en location. Prissy savait que les propri?taires de la maison d’? c?t? ?taient un agent de Hollywood et son ?pouse, qui g?rait une sorte de fonds de bourses d’?tudes pour les jeunes en difficult?. Cependant, ces gens n’?taient pas particuli?rement amicaux et ils s’absentaient pendant de longues p?riodes de l’ann?e. En fait, elle avait entendu une autre voisine dire qu’ils ne rentreraient pas avant le mois d’ao?t. Comme cela faisait des semaines qu’elle ne les avait pas vus, la personne qu’elle avait vue devait ?tre une locataire. Quand Prissy approcha de la porte d’entr?e, elle sentit un frisson de nervosit?. Et si l’agent avait pr?t? sa maison ? un client, peut-?tre ? une c?l?brit? ? Ce ne serait pas inhabituel. Des quantit?s de c?l?brit?s habitaient ici ou y venaient en vacances. Elle les rep?rait souvent parce qu’ils portaient des casquettes de base-ball, des lunettes de soleil et des v?tements ?lim?s. C’?tait en quelque sorte leur uniforme. De plus, ils levaient rarement les yeux. Si elle voyait une personne qui ressemblait presque ? un SDF, se cachait le visage et refusait de croiser le regard d’autrui, il y avait de fortes chances pour que ce soit une c?l?brit?. Bien s?r, elle avait appris ? la dure que, parfois, c’?tait bien un SDF. Donc, elle les approchait avec plus de prudence qu’? l’?poque o? elle avait emm?nag?. Pour Prissy, la richesse n’?tait pas une inconnue. Depuis les neuf derni?res ann?es, elle ?tait mari?e ? Garth Barton, qui ?tait un cadre extr?mement prosp?re chez Sharp Kimsey, une soci?t? p?troli?re et gazi?re internationale. Jusqu’? l’ann?e derni?re, ils avaient habit? dans le quartier historique de Hancock Park, pas loin de tous les gratte-ciel ?tincelants du centre de Los Angeles. Cependant, Prissy, qui avait grandi dans la pauvret? et la sueur ? Catahoula, en Louisiane, s’?tait lass?e de la chaleur estivale ?touffante du centre de Los Angeles et avait exig? qu’ils d?m?nagent sur le bord de mer, o? la temp?rature ?tait habituellement inf?rieure d’entre huit et onze degr?s. Cependant, habiter ? la plage ne signifiait pas qu’on ?tait bien accueilli par les habitants du coin. Prissy devait encore se faire accepter. Elle aimait se dire que c’?tait parce que ces gens-l? ?taient des insulaires, des gens distants qui n’aimaient pas les nouveaux arrivants. En fait, ce n’?tait pas enti?rement faux. Toutefois, en son for int?rieur, elle savait que c’?tait beaucoup plus li? ? sa personnalit? parfois avide de reconnaissance sociale, celle qu’elle essayait de cacher mais qui semblait toujours refaire surface aux moments les plus inopportuns. Elle ne pouvait pas s’en emp?cher. Ce personnage agressif l’avait aid?e ? ?chapper au bayou par tous les moyens pour aller ? l’universit? d’?tat de Louisiane, o? elle avait rencontr? ce gar?on charmant de la Nouvelle-Orl?ans qui voulait devenir le ma?tre de l’univers. Apr?s avoir obtenu ses dipl?mes et s’?tre mari?, Garth avait d?croch? un emploi chez Sharp Kimsey et ils s’?taient install?s ? Metairie, pr?s des bureaux de l’entreprise de la Nouvelle-Orl?ans. Deux ans plus tard, ils avaient ?t? transf?r?s ? Houston puis, quatre ans apr?s, ? Los Angeles. Ils y ?taient depuis trois ans et Prissy adorait ?a. Elle adorait le glamour de cette ville. Elle adorait sa maladresse d?complex?e. Elle adorait les femmes trop maigres qui portaient leurs chiens trop petits dans des sacs ? mains trop petits. Elle voulait en faire partie, m?me si ses tentatives lui donnaient un air un peu d?sesp?r?. C’?tait pour cela qu’elle se tenait actuellement ? la porte de sa voisine avec une bouteille de vin et un grand sourire au visage : elle voulait participer ? la vie locale. Elle se retourna vers le Strand, sentier ciment? pour pi?tons souvent assez proche de beaucoup de maisons des villes de Manhattan Beach et de Hermosa Beach pour que les livreurs de journaux y livrent leurs quotidiens en les y jetant nonchalamment. L’endroit ?tait ?tonnamment d?sert en cette fin d’apr?s-midi, ce qui signifiait qu’il n’y avait personne pour juger la curiosit? de Prissy. Prissy se contempla dans le verre ?pais et chatoyant de la porte. Elle se trouva belle. ? trente-et-un ans, elle avait encore le corps dynamique dont elle avait besoin, savait-elle, pour que Garth ne regarde pas ailleurs. Tout son yoga, son Pilates et ses s?ances d’entra?nement ?nergiques ? la plage avaient port? leurs fruits et lui avaient permis de rester muscl?e ? tous les endroits qu’il fallait. Elle portait ses cheveux teints en blond autour des ?paules et, m?me si la soir?e commen?ait juste, elle prenait la chaleur comme pr?texte pour porter un soutien-gorge de sport et un pantalon de yoga ? taille haute. Elle ?tait tout ? fait s?re qu’elle ferait bonne impression, que la nouvelle r?sidente soit c?l?bre ou pas. Prissy sonna ? la porte mais n’entendit rien. La sonnette devait ?tre en panne. Elle frappa ? la porte et attendit. Pas de r?ponse. Elle r?essaya et n’obtint pas plus de r?ponse qu’avant. Elle envisagea de renoncer ? sa visite et se demandait s’il fallait qu’elle pose le vin sur le paillasson, mais elle n’avait pas emmen? de carte et elle ne voulait pas laisser la bouteille sans que le destinataire sache qui lui avait offert ce cadeau. Donc, elle essaya une derni?re fois. Si personne ne r?pondait, elle reviendrait plus tard. Elle frappa fort ? la porte avec le c?t? mou du poing. ? sa grande surprise, la porte s’ouvrit l?g?rement vers l’int?rieur. – Il y a quelqu’un ? appela-t-elle fort mais avec h?sitation. Il n’y eut aucune r?ponse. D?concert?e parce qu’elle venait de trouver une maison ? plusieurs millions de dollars sans protection, elle poussa un peu plus la porte. – Bonjour ! C’est votre voisine ! Appela-t-elle. Dans le vestibule, elle chercha de quoi ?crire de fa?on ? dire au r?sident que c’?tait elle qui avait emmen? le vin. Si elle laissait la bouteille ? l’int?rieur sans message, ce cadeau anonyme priverait sa d?marche de tout sens. Comme elle ne voyait rien, elle ferma la porte derri?re elle et entra plus loin dans la maison. – Il y a quelqu’un ? Je jure que je ne suis pas venue d?valiser votre maison. J’ai apport? un cadeau de bienvenue. Je vais le laisser dans la cuisine. Du hall immense, elle partit dans la direction qui, supposait-elle, devait ?tre celle de la cuisine. Elle se sentait l?g?rement nerveuse. Apr?s tout, elle p?n?trait ill?galement dans une propri?t? priv?e. S’il y avait quelqu’un ? la maison et si cette personne n’avait pas r?pondu parce qu’elle ?tait sous la douche ou avait des ?couteurs aux oreilles, elle aurait le droit de r?agir n?gativement en voyant un intrus se promener chez elle. Toutefois, Prissy trouvait que cette exploration ill?gale lui apportait aussi un frisson d?licieux. Elle atteignit la cuisine sans avoir rencontr? qui que ce soit. Toutes les lumi?res de la maison ?taient ?teintes, ce qui lui donnait l’impression que le r?sident ?tait parti et avait juste oubli? de fermer ? cl? ou m?me de fermer correctement la porte. Elle pla?a le vin sur l’?lot de la cuisine, trouva un stylo et ?crivit un bref message sur un Post-it pos? ? c?t?. Enfin, elle colla le message sur le devant de la bouteille. L?g?rement d??ue, elle commen?a ? repartir dans le hall, mais la curiosit? reprit le dessus. Quand elle atteignit l’entr?e d’un grand salon, elle ne put s’emp?cher d’y aller et de s’?merveiller de la beaut? de l’endroit, qui semblait avoir ?t? pr?lev? au Cap Cod et transport? directement ici. Alors qu’elle envisageait de sortir son t?l?phone pour prendre quelques photos et voler des id?es de design pour sa propre maison, elle entendit un bruissement dans le coin de la pi?ce. Quand elle regarda, elle vit que le son venait de derri?re une grande plante. L’espace d’un instant, Prissy pensa qu’elle avait effray? un animal domestique qui se cachait pour se prot?ger. Cependant, soudain, en un mouvement brusque, un homme jaillit de derri?re la plante et courut vers elle avec un air violemment intense au visage. Prissy sentit un acc?s inattendu de terreur s’emparer d’elle. Elle voulut crier, mais sa gorge venait de s’ass?cher compl?tement. L’homme lui fon?ait droit dessus. Elle finit par s’arracher ? sa stup?faction quand elle entendit sa respiration lourde et rapide. Elle courut dans le long hall, vers la porte d’entr?e. Cependant, il ?tait difficile de courir quand on portait des sandales de plage et, au bout de seulement quelques pas, elle perdit l’?quilibre et tomba au sol. Elle se releva comme elle put, avec une sandale en moins. Le son de pas lourds qu’elle entendit derri?re elle envoya une pouss?e d’adr?naline ? son corps tout entier. Alors qu’elle tendait la main vers le bouton de porte, elle sentit quelqu’un la pousser brutalement contre la porte. ? cause de cette pouss?e et de son ?lan, elle se heurta violemment ? la porte et retomba au sol en haletant. Avant d’avoir pu se relever, elle sentit qu’on lui passait quelque chose autour du cou. Elle essaya de glisser les doigts dessous, mais elle n’arrivait pas ? trouver de point d’appui et l’homme serrait fort tout en la tirant dans le hall, loin de la porte. Elle s’effondra sur lui. Ils tomb?rent violemment au sol tous les deux, mais il ne l?cha pas son ?treinte. D?rout?e par sa pouss?e d’adr?naline, son manque d’air suite ? la chute et, maintenant, son ?touffement, Prissy sentit hurler son corps tout entier, m?me s’il ne pouvait pas le faire ? voix haute. Elle envoya un coup de coudes vers le bas en essayant de frapper son attaquant aux c?tes assez longtemps pour qu’il rel?che son ?treinte, mais elle sentait qu’elle commen?ait ? perdre conscience et savait que ses coups n’avaient pas grand effet. Je ne peux pas mourir comme ?a ! Quand cette pens?e lui vint en t?te, des points de lumi?re commenc?rent ? envahir sa vision. Cette pens?e l’effraya tellement qu’elle effectua une derni?re tentative d?sesp?r?e pour se d?gager mais, ? ce stade, il ?tait beaucoup trop tard. CHAPITRE DEUX Jessie Hunt se leva de la table de la cuisine sans grimacer de fa?on visible. Elle r?cup?ra les assiettes de tout le monde et se rendit ? l’?vier pour les rincer. Comme c’?tait elle qui, dans le groupe, faisait le moins bien la cuisine, elle avait ?chapp? ? la pr?paration du d?ner, mais cela signifiait qu’elle ?tait le lave-vaisselle officiel. En temps normal, c’?tait un ?change honn?te mais, depuis ses derni?res blessures, elle avait du mal ? se pencher sur l’?vier et, quand elle mettait les assiettes dans le lave-vaisselle, elle pleurait souvent en silence. Elle sentait encore une piq?re ? l’endroit o? la peau de son dos avait ?t? br?l?e trois semaines auparavant, mais elle r?ussit ? ne pas le montrer. Ni Ryan, son petit-ami, ni sa demi-s?ur, Hannah, ne sembl?rent remarquer qu’elle souffrait encore ?norm?ment. Elle avait subi ces br?lures en arrachant une femme ? un homme perturb? qui l’avait enlev?e et rel?ch?e intentionnellement quelques jours plus tard avec pour seule intention de revenir chez elle pour la tuer. Jessie et la femme avaient tout juste r?ussi ? ?chapper ? l’incendie de la maison. Depuis, Jessie avait ?t? mise en cong? maladie par la police de Los Angeles. D’abord, elle avait ?t? confin?e ? l’h?pital et, maintenant, elle l’?tait dans son propre appartement. Elle savait que ce n’?tait pas une fatalit?. Elle avait des quantit?s d’antalgiques. Le docteur lui avait ordonn? de ne pas baisser la posologie pendant un mois, mais elle avait commenc? ? se sevrer de ses m?dicaments une semaine auparavant, en partie parce qu’elle avait peur d’en devenir d?pendante et en partie pour une autre raison. Elle avait besoin de rester alerte. Un jour apr?s avoir ?t? br?l?e, pendant qu’elle se remettait ? l’h?pital, son ex-mari, Kyle Voss, avait ?t? lib?r? de prison. C’?tait le m?me ex-mari que celui qui avait ?t? incarc?r? pour le meurtre de sa ma?tresse et pour avoir essay? de faire accuser Jessie pour ce crime, apr?s quoi, quand elle avait d?couvert la supercherie, il avait tent? de l’assassiner. Et pourtant, d’une fa?on ou d’une autre, le procureur de l’affaire de Kyle avait r?cemment avou? qu’il s’?tait comport? de mani?re injuste en trafiquant des preuves. Bien s?r, Jessie savait comment cela s’?tait pass?. En prison, Kyle ?tait devenu ami avec un gang associ? ? l’inf?me cartel de la drogue Monzon. Par la suite, des membres du cartel avaient menac? la famille du procureur. Jessie en ?tait s?re. Jack Dolan, son ami et agent du FBI, en ?tait tout aussi certain. Malheureusement, ils ne pouvaient pas le prouver. Donc, pendant que Jessie se remettait de ses br?lures dans un lit d’h?pital, un juge avait rel?ch? Kyle Voss et lui avait m?me pr?sent? ses excuses au tribunal. Ce jour-l?, Kyle avait ?t? aussi charmant que d’habitude. Il avait organis? une conf?rence de presse o? il avait admis ?tre « tout sauf parfait » et o? il avait dit qu’il comptait recommencer ? z?ro, notamment en cr?ant une fondation pour financer des organisations caritatives qui aidaient les prisonniers victimes de fausses accusations ? se r?ins?rer dans la soci?t?. Ce que Kyle n’avait pas admis, que Jessie savait mais qu’elle ne pouvait pas prouver, c’?tait que, pendant qu’il ?tait en prison, il avait lanc? une campagne de destruction de la vie de Jessie et de sa r?putation. Cela avait commenc? par de petites choses, comme demander ? un membre du cartel de crever les pneus de sa voiture. Apr?s, ils ?taient pass?s ? la vitesse sup?rieure en pla?ant des m?dicaments anti-psychotiques dans la voiture de Ryan, en appelant anonymement les services sociaux pour d?clarer que Jessie maltraitait Hannah, qu’elle avait en garde, et en piratant son compte de m?dias sociaux pour y placer des diatribes racistes et anti-s?mites. M?me s’ils avaient d?masqu? cette derni?re man?uvre, elle avait encore des cons?quences durables sur les relations professionnelles de Jessie et sur la perception de sa personne par le public. Le point culminant avait ?t? atteint quand une composition florale anonyme avait ?t? envoy?e ? la chambre d’h?pital de Jessie avec un message qui disait que celui qui l’offrait la reverrait bient?t. Comme Kyle avait d?j? essay? de la tuer et avait dit ? un informateur infiltr? en prison qu’il voulait « l’?ventrer comme une truie et se baigner dans son sang chaud », Jessie avait d?cid? qu’il valait la peine de prendre un peu moins d’antalgiques si cela l’aidait ? rester vigilante. Heureusement pour elle, son petit copain, qui avait r?cemment emm?nag? chez elle et Hannah, ?tait un agent de la police de Los Angeles d?cor? qui semblait capable d’affronter un taureau en furie dans le cadre d’une comp?tition de lutte. Ryan Hernandez, le principal enqu?teur de la SSH, la Section Sp?ciale Homicide de la police de Los Angeles, mesurait un m?tre quatre-vingt-deux et pesait quatre-vingt-dix kilos sans graisse. Jessie avait parfois l’impression de sortir avec son garde du corps personnel, m?me si ce n’?tait pas le cas maintenant. – ?a va ? demanda-t-elle quand il alla s’asseoir sur le sofa et s’y allongea en posant ses pieds nus sur l’accoudoir. – Tr?s bien, dit-il. Alors, il d?cida de la taquiner. – Tu leur mets assez de liquide vaisselle, ? ces plats ? – Tu te rendras vite compte de la quantit? de liquide vaisselle que j’utilise si tu ne retires pas tes pieds puants de mon sofa. Il ob?it sans dire un mot, mais lui tira la langue. Elle essaya de ne pas sourire. En plus d’avoir cet homme fort comme compagnie, elle se sentait aussi rassur?e parce que son appartement ?tait en grande partie un bunker. Il avait ?t? con?u de la sorte quand elle avait ?t? pourchass?e par son propre p?re biologique, un tueur en s?rie du nom de Xander Thurman, qui avait d?cid? qu’elle marcherait dans les pas de son p?re ou en deviendrait la prochaine victime. Donc, elle avait emm?nag? ? un endroit o? des policiers ? la retraite servaient de vigiles, o? le parking ?tait ferm? et surveill? 24 heures sur 24 et 7 heures sur 7 et o? des cam?ras de s?curit? avaient ?t? install?es dans tous les halls et dans tous les espaces publics, mais ce n’?tait que le d?but. Elle ?tait un des quelques r?sidents, tous dot?s de professions tr?s en vue, qui habitaient au treizi?me ?tage, l’?tage secret dont presque aucun des r?sidents de l’immeuble ne connaissait l’existence. On ne pouvait y acc?der que par les escaliers venant des douzi?me et quatorzi?me ?tages et dont les portes ?taient cach?es derri?re des placards de service. En plus de tout ?a, Jessie avait install? son propre syst?me de s?curit? ?labor? pour l’appartement, comprenant plusieurs serrures et alarmes. Le seul avantage d’avoir ?t? l’?pouse d’un conseiller financier assassin mais riche et accompli, c’?tait que, quand elle avait divorc? de lui, elle ?tait devenue non seulement ind?pendante mais ?galement riche elle-m?me. En d?pit de toutes ces pr?cautions, elle savait que Kyle, un sociopathe qui l’avait tromp?e pendant dix ans, ?tait rus? et impitoyable. Il avait presque r?ussi ? tuer sans se faire arr?ter. Il avait r?ussi ? ?chapper ? une peine de prison prolong?e par la n?gociation. Elle n’allait pas sous-estimer sa capacit? ? contourner ses mesures de s?curit?. – Tu es pr?te pour le dessert ? lui demanda Hannah de la table, remmenant Jessie au moment pr?sent pendant qu’elle rin?ait les derniers plats. J’ai pr?par? des tartelettes aux poires. Jessie n’avait plus faim mais ne voulait pas fragiliser encore plus l’ambiance positive de cette soir?e. – Je suis pleine ? craquer, mais je pourrais essayer une petite tartelette, dit-elle en obtenant un sourire satisfait de la part de sa demi-s?ur. Ces jours-ci, tous les sourires qu’elle pouvait obtenir ?taient autant de victoires. M?me si, dans son appartement, tout paraissait agr?able, il y avait incontestablement une tension tout juste palpable. Quand Ryan avait envisag? de vivre avec Jessie et de lui en parler, il avait d’abord demand? la permission ? Hannah. M?me s’il avait ainsi fait preuve de consid?ration, Jessie sentait que Hannah avait consenti plus par politesse que par enthousiasme sinc?re. Il ?tait clair que Hannah voulait que Jessie soit heureuse, mais il ?tait tout aussi ?vident qu’elle n’adorait pas l’id?e de partager un appartement ? deux chambres avec un couple amoureux, particuli?rement parce que ces deux-l? ?taient tous deux membres de la police. Alors que Jessie r?fl?chissait ? ce probl?me, Hannah approcha, sortit les tartelettes du four et, sans un mot, posa la plus petite, qui ?tait aussi un peu br?l?e, sur le plan de travail mouill? ? c?t? de Jessie. – Bon app?tit, marmonna-t-elle. – Merci, dit Jessie en d?cidant de mettre l’accent sur le cadeau plut?t que sur la mani?re dont il ?tait offert. Parfois, la l?g?re ranc?ur de Hannah s’exprimait sous la forme de remarques adolescentes passives-agressives ou, dans ce cas, de tartelettes aux poires br?l?es. Parfois, elle se manifestait par un silence renfrogn?. Ce n’?tait pas constant, mais cela se produisait assez souvent pour ?tre visible. Ses yeux verts se faisaient ombrageux, son grand corps prenait une posture vo?t?e et ses cheveux blond roux se retrouvaient soudain attach?s en une queue de cheval aust?re et d?daigneuse. Les circonstances n’?taient pas non plus id?ales pour Jessie et Ryan. Aucun des deux ne sentait qu’il pouvait se laisser aller sur le plan amoureux quand une fille de dix-sept ans ?tait pr?sente dans une chambre situ?e juste de l’autre c?t? du salon. Cela faisait moins d’un mois qu’ils vivaient ensemble comme cela, mais il devenait d?j? clair qu’une conversation sur l’avenir de leur vie commune allait s’av?rer in?vitable. – Avec toute la s?curit? que tu as ici, nous pourrions peut-?tre investir dans l’isolation sonore de la chambre. C’?tait le seul trait d’humour que Ryan avait formul? sur ce sujet. Ensuite, il y avait l’autre question, celle qui les concernait tous. Hannah Dorsey ?tait-elle stable ? Jessie avait r?cemment d?cid? d’assurer la garde de la demi-s?ur dont elle n’avait d?couvert l’existence que lorsque son p?re tueur en s?rie avait assassin? les parents adoptifs de Hannah. Ensuite, un autre tueur du nom de Bolton Crutchfield avait massacr? ses parents adoptifs, kidnapp? Hannah et tent? de l’endoctriner pour qu’elle devienne comme lui. Cela exigeait beaucoup de r?silience pour qui que ce soit, surtout pour une jeune lyc?enne. – Fais attention avec ce couteau, je te prie, dit-elle quand Hannah s’en servit imprudemment pour d?tacher les tartelettes restantes du papier cuisson qui couvrait le plateau. – Merci, maman, marmonna Hannah ? voix basse tout en continuant d’utiliser la lame en acier comme brosse ? r?curer. Jessie soupira sans r?pondre. Voir sa demi-s?ur tenir un long couteau-scie ?tait d?concertant. Alors qu’elle essayait de lui cr?er un environnement s?r, Jessie craignait qu’un r?sidu de pulsions homicides n’ait ?t? implant? dans cette fille. Avait-elle secr?tement acquis une soif de sang apr?s avoir d?couvert la puissance cruelle que la violence offrait ? ceux qui s’y adonnaient ? Est-ce qu’un g?ne d’instinct meurtrier avait d’une fa?on ou d’une autre ?t? transmis du p?re ? la fille ? Enfin, si tel ?tait le cas, est-ce que Jessie l’avait aussi ? C’?tait une question sur laquelle elle avait rumin? pendant des mois. Elle l’avait soumise ? la th?rapeute, la docteure Janice Lemmon, qui avait aussi examin? Hannah. C’?tait une question qu’elle avait m?me pos?e ? son mentor, le c?l?bre profileur criminel Garland Moses, mais personne ne pouvait fournir de conclusion d?finitive sur la nature de Hannah, tout comme Jessie semblait incapable de fournir une r?ponse certaine sur son propre caract?re. La plupart du temps, Hannah ressemblait ? une adolescente ordinaire avec toutes ses humeurs et r?actions hormonales pr?visibles mais, vu les traumatismes qu’elle avait subis dans les derniers mois, parfois, m?me la « normalit? » paraissait louche. Jessie secoua la t?te en essayant de se d?barrasser de ces pens?es. Pour l’instant, les choses se passaient assez bien. Sa s?ur avait fait le dessert, m?me si elle lui avait donn? la tartelette br?l?e. Tout le monde ?tait gentil. Jessie ?tait suppos?e repartir ex?cuter des t?ches administratives la semaine prochaine et esp?rait reprendre ses fonctions compl?tes de profileuse criminelle la semaine d’apr?s. Les choses progressaient. Certes, c’?tait frustrant de regarder Ryan partir tous les matins pour aller au Poste Central de la Police de Los Angeles, o? ils travaillaient tous les deux, mais elle le rejoindrait bient?t. Alors, elle pourrait retrouver le monde qu’elle aimait, o? elle parvenait ? attraper les tueurs en plongeant dans leur esprit. Pendant une demi-seconde, la nature troublante de son amour pour ce monde l’obs?da, mais elle dig?ra vite cette inqui?tude avec une bouch?e de l’excellente tartelette aux poires de Hannah. M?me l?g?rement br?l?e, elle ?tait d?licieuse. Alors qu’ils finissaient tous le dessert, le t?l?phone portable de Ryan sonna. M?me avant qu’il ne regarde l’?cran, tout le monde avait compris de quoi il s’agissait. ? cette heure-l?, c’?tait presque certainement une affaire. – All? ? r?pondit Ryan. Il ?couta silencieusement pendant presque une minute. Jessie distinguait ? peine la voix qui venait de l’autre bout de la ligne mais, vu son ?locution rauque et nonchalante, elle ?tait s?re de savoir qui c’?tait. – Garland ? demanda-t-elle quand Ryan raccrocha. – Ouais, dit-il en hochant la t?te et en se levant pour commencer ? rassembler ses affaires. Il s’occupe d’une affaire ? Manhattan Beach et il pense qu’elle correspond au profil de la SSH. Il veut que je l’aide. – Manhattan Beach ? insista Jessie. C’est un peu hors de notre juridiction, n’est-ce pas ? – Apparemment, le mari de la victime est un cadre important de l’industrie p?troli?re. Il a entendu parler de Garland et a demand? qu’il s’occupe de l’affaire. Comme le mari de la victime est cens? ?tre un gros con, les policiers du coin acceptent volontiers de laisser la police de Los Angeles s’occuper de cette affaire. – L’ambiance a l’air sympa, dit Jessie. – C’est le plus ?trange, dit Ryan en s’adressant non pas ? Jessie mais ? Hannah en se mettant sa veste de sport et son arme avec sa ceinture. La plupart des gens le diraient sur un ton sarcastique, mais ta s?ur le pense vraiment. Elle est jalouse de ne pas pouvoir me suivre. ?a la ronge. Il avait raison de plus d’un point de vue. CHAPITRE TROIS Garland Moses se sentait coupable. Il avait conduit vite pour essayer d’arriver ? la sc?ne de crime aussi rapidement que possible. En passant sur Manhattan Beach Boulevard pour aller vers l’oc?an, il avait franchi le sommet d’une colline juste au moment o? les derniers rayons du soleil couchant diffusaient une lueur orange ros?tre sur la ville de bord de mer et, au-del?, sur l’Oc?an Pacifique. Dans ce paysage, quelque chose avait d?tendu l’anxi?t? qui lui envahissait la poitrine. La plupart des gens voyaient en lui le profileur v?t?ran bourru qui affichait rarement la moindre ?motion et encore moins une chose comme de l’?merveillement mais, seul dans sa voiture, il ?tait libre de contempler bouche b?e les surfeurs dont la silhouette se d?coupait sur fond de soleil cramoisi et de bateaux ? voile. Cependant, alors m?me qu’il s’?merveillait devant la beaut? de cette sc?ne fa?on carte postale, la culpabilit? avait commenc? ? monter en lui pour lui dire qu’il n’?tait pas ici pour jouir de la vue mais pour travailler. Pourtant, quand il parcourut la derni?re partie de la route avant qu’elle ne finisse sur le quai, il jeta un coup d’?il jaloux aux foules de gens qui parcouraient les rues en tenue estivale. Alors qu’il ?tait presque 20 heures, il portait encore son uniforme officieux, un manteau de sport gris us? et une chemise ?l?gante blanc cass? terne. En temps normal, il y aurait aussi ajout? un sweat mais, par cette journ?e de chaleur, cela aurait ?t? trop, m?me pour lui. Toutefois, il portait quand m?me son pantalon bleu marine d?lav? traditionnel et ses mocassins marron gravement ?rafl?s. Sa tenue ?tait comme un costume con?u pour que les suspects et les t?moins se d?tendent face ? ce gentleman ?g? en apparence distrait qui leur posait des questions personnelles. Il tourna ? droite dans Ocean Drive, ? juste un p?t? de maisons de la plage. C’?tait plus une ruelle qu’une rue et il dut se faufiler entre des voitures mal gar?es pour rejoindre l’adresse qu’on lui avait fournie. Quand il arriva, il se gara dans une zone de chargement, mit son insigne de la police de Los Angeles sur le tableau de bord et descendit. Il fut imm?diatement submerg? par le m?lange de brise rafra?chissante et d’odeur sal?e de l’air, ce qui le changeait beaucoup de ses lieux de fr?quentation habituels du centre-ville, qui sentaient plut?t les gaz d’?chappement et l’asphalte. Marchant rapidement, il arriva au sentier que les gens du coin appelaient le Strand. Un demi-p?t? de maisons vers le nord, il vit les rubans de la police et plusieurs agents qui emp?chaient les pi?tons d’acc?der ? une partie du Strand. Quand il partit dans cette direction, ses instincts d’enqu?teur prirent le dessus sur son appr?ciation des environs. Il vit quand m?me les gens jouer au volley sur le sable apr?s leur journ?e de travail et les m?res faire leur promenade du soir avec des poussettes, mais il examina aussi les maisons qui se trouvaient pr?s de la sc?ne de crime. Elles faisaient toutes face ? la plage et leurs portes n’?taient qu’? quelques m?tres des passants. Tr?s peu avaient une cour et presque aucune n’avait de portail de protection. Dans ce quartier, les habitants semblaient mettre l’accent sur l’acc?s facile ? la plage plut?t que sur les mesures de s?curit?. Il se sentait l?g?rement hors de son ?l?ment, dans cet environnement. M?me s’il habitait dans le centre de Los Angeles, il devait admettre, non sans embarras, qu’il se rendait rarement ? la plage parce qu’il passait le plus clair de son temps aux alentours du poste du centre-ville o? il travaillait. Dans cette partie de la ville, tout propri?taire ou locataire de logement avait une mesure de s?curit?, que ce soit un portail, des barres aux fen?tres, un syst?me de s?curit? ou tout cela. Son amie et coll?gue profileuse, Jessie Hunt, avait tout cela, avec des cam?ras, des vigiles sur site, un garage surveill? et plus de serrures ? ses portes que d’interrupteurs pour la lumi?re. Bien s?r, elle avait ses raisons pour cela. Pourtant, Garland n’?tait pas habitu? au laisser-faire de ce quartier de bord de mer, mais il faudrait qu’il s’y fasse. On ne lui avait pas vraiment donn? le choix. En temps normal, Garland Moses choisissait ses affaires. Apr?s tout, pendant des d?cennies, il avait ?t? un c?l?bre profileur du FBI dans la section des Sciences Comportementales. Comme il avait ?t? veuf jeune et n’avait pas eu d’enfants, il avait travaill? sans rel?che. Quand il avait finalement d?m?nag? en Californie du Sud pour sa retraite, on l’avait persuad? de travailler pour la police de Los Angeles en tant que consultant, mais seulement ? la condition qu’il puisse choisir ses affaires. Pourtant, tel n’?tait pas le cas aujourd’hui. Dans ce cas, le capitaine du Poste Central, Roy Decker, l’avait suppli? de faire une exception. Le mari de la victime, un cadre riche de l’industrie p?troli?re et gazi?re du nom de Garth Barton, avait donn? plus de 400 000 dollars au syndicat de la police au cours des trois derni?res ann?es. M?me si le couple vivait maintenant ? Manhattan Beach, qui avait ses propres services de police, Barton travaillait dans le centre-ville et il connaissait tout ? fait la r?putation de Garland Moses, le profileur l?gendaire. – Barton insiste pour que vous travailliez sur cette affaire, lui avait dit Decker au t?l?phone. Il sugg?re qu’il pourrait cesser de financer le syndicat si vous refusez. J’aimerais que vous me fassiez cette faveur personnelle, Garland. Comme c’?tait la premi?re faveur que le capitaine lui ait jamais demand?e, il ?tait tent? de la lui accorder. Quand il avait accept?, Decker avait continu? ? parler vite, comme s’il avait craint que Garland ne change d’avis. – Je promets que la police de Manhattan Beach vous ob?ira, ? vous et ? votre ?quipe pr?f?r?e, lui avait assur? le capitaine. En fait, on dirait que cette perspective les enthousiasme. Apparemment, Barton a la r?putation d’?tre un v?ritable emmerdeur et ils sont plus que contents de laisser quelqu’un d’autre traiter avec lui, particuli?rement quand il est sous le coup de l’?motion, comme il l’est maintenant d’apr?s eux. En approchant de la zone d?limit?e du Strand, Garland oublia les probl?mes politiques et se concentra ? nouveau sur le crime lui-m?me. Il ne savait que peu de choses. Priscilla Barton avait ?t? trouv?e morte dans la maison d’une voisine et on soup?onnait que c’?tait un meurtre. Garland arriva ? la sc?ne de crime et regarda autour de lui pour voir si Ryan Hernandez, l’inspecteur de la SSH qu’il avait demand? comme collaborateur pour cette affaire, ?tait arriv?. Ne le voyant pas, il approcha de l’agent de la police de Manhattan Beach le plus proche et lui montra son badge. – Garland Moses, consultant en profilage criminel pour la police de Los Angeles. Qui est le chef, ici ? L’agent, dont le badge nominatif indiquait Timms et qui semblait avoir tout juste vingt-deux ans, d?glutit avec difficult?. – C’est le sergent Breem qui s’occupe de tout jusqu’? ce que l’inspecteur arrive, dit-il d’une voix tremblante d’anxi?t?. Il est ? l’int?rieur en ce moment. – Puis-je aller le voir ? demanda Garland. – Oui, monsieur. Il est dans le hall. C’est l? que se trouve le corps. – Merci, dit Garland. Il partit dans cette direction puis s’arr?ta et se retourna. – Connaissiez-vous les Barton, agent Timms ? – Pas vraiment, dit Timms. Je n’ai jamais interagi avec eux en personne, mais je les connaissais par r?putation. – C’est-?-dire ? – M. Barton appelait souvent pour se plaindre de ses voisins, des probl?mes de bruit, de ce genre de choses. – Et Mme Barton ? insista Garland en gribouillant fr?n?tiquement sur son minuscule bloc-notes. – Je ne veux pas dire de mal d’une personne d?c?d?e, dit Timms avec h?sitation. – Vous ne faites rien de la sorte. Vous partagez seulement des informations et c’est gr?ce aux informations que nous attraperons son assassin. Timms hocha la t?te, apparemment convaincu. – OK, dit-il en baissant la voix jusqu’? un murmure. Elle avait la r?putation d’?tre un peu obs?d?e par les c?l?brit?s, de fa?on inoffensive mais aga?ante. ? quelques reprises, des habitants c?l?bres des lieux se sont plaints qu’elle avait l’habitude de les suivre, sinon m?me d’essayer de s’en faire des amis, de s’asseoir avec eux pour boire un verre. Ce n’?tait rien de grave. Ce n’est pas comme si elle s’?tait introduite chez les gens pour les attendre au lit. – Est-ce que nous en sommes s?rs ? demanda Garland d’un air sceptique. Ce n’est pas sa maison, n’est-ce pas ? Timms rougit. – Je n’y avais pas pens? comme ?a, dit-il, visiblement embarrass?. – Comme quoi ? demanda quelqu’un derri?re eux. Garland se retourna et vit l’inspecteur Ryan Hernandez qui lui souriait. – Peu importe, dit-il. Comment allez-vous, inspecteur ? – Comme on m’a arrach? aux plaisirs de la maison et de la compagnie de celle que j’aime, disons que ?a va. Et vous-m?me ? – En fait, j’appr?cie beaucoup ce changement de d?cor, avoua Garland. Je n’ai presque pas envie d’entrer. – Et pourtant … dit Ryan ? contrec?ur. – … nous le devons, finit Garland en agitant un bras pour indiquer que l’inspecteur devait passer en premier. Quand Hernandez passa devant lui pour se diriger vers la porte d’entr?e, Garland s’?merveilla de son jeune coll?gue. M?me au d?but de sa trentaine, Garland n’avait jamais eu l’air autant en forme que Ryan Hernandez. Bien s?r, il n’avait pas non plus son charme. De temps ? autre, il avait taquin? Jessie en lui disant que, si l’on associait sa taille qui approchait celle d’une Amazone, ses yeux vert profond, ses cheveux bruns ondul?s et ses pommettes bien d?coup?es aux cheveux noirs courts, aux yeux marron et aux pectoraux bien sculpt?s de son petit copain, cela garantirait que leurs enfants ? na?tre auraient un jour ou l’autre la place qu’ils m?ritaient sur le Mont Olympe. Cela faisait presque toujours rougir Jessie. Garland d?cida de ne pas essayer la m?me plaisanterie avec Hernandez. Ils pass?rent ? l’int?rieur, o? le sergent Breem, un homme de la quarantaine d?gingand? et tr?s bronz? que Garland soup?onnait d’?tre surfeur, attendait avec deux autres agents en uniforme et une ?quipe de sc?ne de crime. Un m?decin l?giste assistant prenait des photos du corps. Le mari ?tait absent. Garland inspecta le vestibule et observa tous les d?tails en prenant des notes sur son bloc-notes. Ce ne fut que lorsqu’il fut s?r de s’?tre fait son impression de la pi?ce qu’il regarda la victime. Priscilla Barton ?tait allong?e sur le dos avec ce qui semblait ?tre un bas enroul? autour du cou. Dans ses yeux ?carquill?s, on voyait des veines ?clat?es, ce qui indiquait qu’elle avait d? ?tre ?trangl?e. Elle portait un soutien-gorge de sport rouge, un pantalon de yoga et une seule sandale. L’autre gisait, solitaire, plus loin dans le hall. Il n’y avait aucune rigidit? cadav?rique ; elle n’?tait pas encore gonfl?e et sa peau n’?tait que l?g?rement d?color?e. Tout cela sugg?rait que sa mort ?tait tr?s r?cente et ne remontait probablement pas ? plus de deux heures. – Sergent Breem, dit Hernandez en tendant une main pour le saluer, je suis l’inspecteur Ryan Hernandez de la police de Los Angeles. Voici notre profileur, Garland Moses. Nous appr?cions que vous nous laissiez participer ? l’enqu?te. – Vous plaisantez ? dit Breem en riant presque. Nous sommes contents de rester en retrait. Je ne veux pas ?tre cruel, mais Barton n’est pas facile ? supporter. Depuis qu’il a emm?nag? ici avec son ?pouse, il ne nous a apport? que des ennuis. Nous vous donnerons tout le soutien dont vous aurez besoin mais, quand il s’agira de traiter avec ce gars, nous vous laisserons formellement prendre le relais. – O? est M. Barton ? demanda Hernandez. – Il est chez lui, juste ? c?t?. Si vous ?coutez bien, vous l’entendrez probablement crier sur mon agent en ce moment. – Dans ce cas, nous attendrons un peu pour lui parler, dit Hernandez en se tournant vers le m?decin l?giste, un homme assez jeune du nom de Pugh. Qu’avez-vous jusque-l? ? – La temp?rature corporelle indique qu’elle est morte il y a moins de trois heures. Les marques de liens et l’h?morragie sous-conjonctivale sugg?rent fortement la strangulation. Il y a quelques bleus sur les bras et la poitrine et cela indique qu’il y a peut-?tre eu une lutte avant la mort. Aucun signe d’agression sexuelle jusque-l?. – Rien d’autre ? demanda Hernandez. Le sergent Breem intervint. – Nous avons trouv? une bouteille de vin avec un message dans la cuisine. On dirait qu’elle avait apport? un cadeau pour accueillir les nouveaux arrivants. Le message sugg?rait que la victime pensait qu’elle avait une nouvelle voisine, mais le couple qui poss?de cette maison n’a pas d?m?nag?. Ils sont en vacances mais ne louent pas leur maison. – C’est bizarre, dit Hernandez. Breem exprima son approbation d’un hochement de t?te. – Nous pensons que quelqu’un ?tait peut-?tre en train de d?valiser la maison quand elle est arriv?e. Ou alors, quelqu’un l’a vue entrer et l’a suivie. Hernandez se tourna vers Garland, qui ne formula aucun commentaire sur cette th?orie. Au lieu de parler, il se pencha pr?s du corps et examina le bas qui ?tait encore l?g?rement enroul? autour du cou de Mme Barton. C’?tait un choix bizarre pour tuer quelqu’un. Garland avait vu des quantit?s de strangulations. Dans de nombreux cas, le meurtrier avait utilis? des fils m?talliques, des rallonges ?lectriques et m?me ses mains nues, mais Garland ne se souvenait pas avoir vu qui que ce soit se faire ?touffer jusqu’? la mort avec un bas. Ce bas a l’air de co?ter cher. Il leva les yeux. Il allait demander si quelqu’un connaissait la marque mais, quand il constata que le vestibule ne contenait que des hommes, il se dit qu’il faudrait qu’il cherche lui-m?me plus tard. – Est-ce que quelqu’un peut mettre ?a dans un sac ? demanda-t-il. Un technicien de sc?ne de crime arriva pour le faire. Il prit le bas avec une pince et le mit dans un sac ? ?l?ments de preuve. – Je crains que nous ne puissions en tirer aucune empreinte digitale, marmonna Breem. Cet endroit a ?t? compl?tement nettoy?. De grandes sections de la maison ne comportent aucune empreinte, m?me pas celles des propri?taires. Le meurtrier a assid?ment nettoy? les lieux et on dirait qu’il a port? des gents tout le temps. – Serait-il possible de trouver des morceaux de peau ou de cheveux sur le bas ? demanda Garland au technicien. – Peut-?tre, mais je vois des morceaux de tissu dessus, ce qui sugg?re aussi que le coupable portait peut-?tre des gants. Nous vous tiendrons au courant. Garland laissa Hernandez et la police de Manhattan Beach se concentrer sur les d?tails de la sc?ne de crime et erra partout dans la maison en essayant de comprendre ce qui avait pu se passer. Il n’y avait de signe de lutte nulle part ailleurs, ce qui le poussait ? soup?onner que la th?orie de Breem (on l’avait suivie ? l’int?rieur, ou alors, elle avait surpris un voleur) avait ses m?rites. Il savait qu’elle avait au moins r?ussi ? entrer dans la cuisine avant qu’il n’arrive quelque chose, mais il ne savait pas ? quels autres endroits de la maison elle avait pu aller. – Garland ! entendit-il Hernandez appeler. Il repartit dans le hall, o? tout le monde le regardait avec impatience. – Oui ? – Garth Barton veut te parler, dit Hernandez. Il insiste pour le faire et il para?t qu’il s’impatiente. – Allons-y, dit Garland avec un soupir. Pas question de faire attendre le VIP. O? ?tait-il au moment des faits, d’ailleurs ? – Il a dit qu’il ?tait en train de rentrer en voiture et qu’il ?tait en conf?rence t?l?phonique tout le temps, leur dit Breem. Il dit qu’il lui faut entre soixante-dix et quatre-vingts minutes par jour pour rentrer du travail. Nous sommes en cours de confirmation mais, s’il est honn?te avec nous, il aura un alibi pour le moment de la mort. – Si c’est vrai, c’est dommage, marmonna Garland dans sa barbe. – Pourquoi ? demanda Breem. – Parce que, si ce n’est pas le mari, nous avons un vrai d?fi ? relever : le trafic est intense par ici, les maisons sont peu s?curis?es et les preuves physiques sont minimes. Alors, incapable de cacher son cynisme fatigu?, il ajouta : – Je n’envie pas les gens qui devront r?soudre cette affaire. CHAPITRE QUATRE Le lendemain matin, quand Kyle Voss se r?veilla, il bondit hors du lit. Il se mit ? terre et fit imm?diatement cent pompes. Alors, il fit une planche de trois minutes suivie de cinquante sauts de grenouille. Baign? de sueur et tout joyeux apr?s seulement quinze minutes d’?veil, il se rendit ? la salle de bains et se d?shabilla. Quand il se contempla dans le miroir, il ne put s’emp?cher d’admirer son physique. Ces deux ann?es de prison avaient peut-?tre interrompu sa vie professionnelle, mais elles avaient fait des miracles pour son corps. Il ?tait plus solide et en meilleure forme que depuis ses jours de football au lyc?e. ? un m?tre quatre-vingt-sept et avec un poids constant de 97 kilos, il pensait honn?tement qu’il pourrait ?tre garde du corps pour la ligue nationale de football. Ses cheveux blonds ?taient encore assez courts ? cause de la boule ? z?ro de ses jours de prison. Ses yeux bleus ?taient clairs. Il bondit dans la douche, qu’il r?gla au maximum du froid. Il s’assura de se nettoyer chaque centim?tre carr? de peau, refusant de se presser et refusant de frissonner. Quand il eut termin?, il s’essuya avec la serviette et se mit son costume pr?f?r?. C’?tait un jour important et il voulait avoir l’air beau. Il avait fait profil bas depuis sa sortie de prison afin de pr?parer ses projets sans trop attirer l’attention sur sa personne, mais tout cela allait changer aujourd’hui. C’?tait le d?but de sa r?surrection publique. Dans le cadre de son plan, c’?tait crucial et il fallait que ?a se passe bien. Il sentit un ?trange frisson dans son estomac et r?ussit finalement ? comprendre que c’?tait de la nervosit?. Il avait un emploi du temps charg? pour la journ?e. M?me si le juge l’avait graci?, Kyle devait encore aller retrouver un agent de probation deux fois par semaine. ?a ne le g?nait pas. Il fallait qu’il soit excellent pendant ces s?ances, car cela lui rapporterait beaucoup quand on remettrait in?vitablement sa bonne foi en doute par la suite. Apr?s ce rendez-vous, il avait une r?union ? sa fondation r?cemment cr??e, le PIC, le Projet pour les Injustement Condamn?s. Il r?partissait des fonds parmi des organisations caritatives qui fournissaient une aide juridique aux prisonniers qui luttaient contre des accusations injustes. Ce projet permettait aussi ? Kyle d’effectuer quelques tours de passe-passe comptables gr?ce auxquels il finirait par aider des amis qu’il avait rencontr?s derri?re les barreaux. Apr?s cela, il avait une interview sur la fondation avec une station de nouvelles locales. Il avait consult? un expert en relations avec les m?dias qui lui avait appris comment ne parler que de la fondation sans se laisser entra?ner par des questions d?sagr?ables sur la raison de sa condamnation originale, toute cette histoire avec Jessie. Cela serait sa premi?re tentative de travers?e de ces eaux houleuses. Quand l’interview de la station de nouvelles serait finie, il aurait un rendez-vous d’une autre sorte. Ce serait un entretien d’embauche avec une entreprise de gestion de fortune bas?e ? Rancho Cucamonga, pas loin de sa maison de ville de Claremont. Il avait d?m?nag? dans cette charmante ville universitaire, ? cinquante kilom?tres du centre-ville de Los Angeles, pour que personne ne puisse l’accuser de mani?re cr?dible d’essayer d’intimider son ex-?pouse. Ainsi, si l’entretien se passait bien (il avait ?t? assur? par ses amis de Monterrey qu’il se passerait bien), il en retirait une l?gitimit? qui serait cruciale pour ce qu’il avait pr?vu de faire dans les semaines et les mois suivants. Il avait besoin de la cr?dibilit? qui allait avec un poste dans une firme bien r?put?e. De plus, m?me s’il n’avait pas envie de l’admettre, il avait ?galement besoin de l’argent. Il avait beaucoup gagn? avant toute cette histoire de meurtre, mais le divorce avec Jessie et ses frais d’avocat avaient ?puis? une bonne partie de ses ressources. Il avait encore acc?s ? des fonds qu’il avait habilement fait dispara?tre pendant sa vie de couple, mais cela ne suffirait pas ? faire tourner la fondation, ? lui payer le style de vie qu’il voulait et ? financer la destruction totale du monde de son ex-?pouse. Il lui fallait tout simplement un plus grand revenu. Alors qu’il finissait son petit d?jeuner, on sonna ? la porte. Il v?rifia la cam?ra de s?curit? avec son t?l?phone et vit que c’?tait son agent de probation. Il ne fut pas si ?tonn? que cela. On l’avait averti que les visites ? domicile impr?vues ?taient monnaie courante et qu’il devait s’y pr?parer. – Bonjour, M. Salazar, dit-il en ouvrant la porte. Je croyais que nous ?tions cens?s nous retrouver ? votre bureau ? neuf heures. ?tiez-vous impatient ? ce point ? – Vous savez que les visites ? domicile impr?vues sont autoris?es, n’est-ce pas, M. Voss ? demanda s?chement Salazar. – Bien s?r, dit Kyle comme s’il s’?tait attendu ? sa venue. Je me disais que, comme j’?tais venu vous voir si souvent, vous me retourneriez la faveur un jour ou l’autre. J’?tais en train de terminer mon petit d?jeuner. Puis-je vous proposer quelque chose ? Du caf? ? Mes ?ufs brouill?s au fromage ne sont pas si mauvais. – Non, merci. Inutile d’y passer trop de temps. Je voulais juste voir ce que vous aviez pr?vu pour la semaine afin de m’assurer que vous remplissiez vos obligations fix?es par la cour. – Bien s?r, dit chaleureusement Kyle en se retournant et en repartant dans la maison. Mon calendrier est dans la cuisine. Salazar le suivit prudemment. Kyle continua ? se comporter comme s’ils ?taient juste de vieux copains qui ?changeaient des nouvelles. Il versa ? l’homme une tasse de caf? et la posa sur la table en face de lui. Malgr? son refus initial, Salazar sirota son caf?. Kyle pr?senta ? Salazar les projets qu’il avait ?valu?s quelques moments auparavant, en omettant quelques d?tails, bien s?r. En quelques minutes, il vit que Salazar ?tait satisfait mais continua quand m?me ? d?crire en d?tail tous ses rendez-vous de la semaine. Son but ?tait d’en dire assez pour que Salazar ne ressente plus le besoin de lui rendre visite chez lui dans un avenir proche. La tactique fonctionna. Moins de dix minutes plus tard, l’agent de probation s’en allait en emportant une tasse de caf? et une part d’?ufs au fromage dans un emballage en plastique, ayant chang? d’avis sur ces derniers. – ? vendredi, rappela-t-il ? Kyle. ? neuf heures pile dans mon bureau. – Ce sera un plaisir. Cinq minutes plus tard, Kyle sortit lui aussi. Quand il monta dans sa voiture et fit signe aux agents du FBI gar?s de l’autre c?t? de la rue, o? ils restaient par intermittence depuis qu’il avait emm?nag?, il se r?p?ta int?rieurement son emploi du temps. Il savait que, avec toutes ses r?unions et tous ses entretiens, il aurait du mal ? organiser la destruction m?taphorique et physique de Jessie Hunt, mais il ?tait certain qu’il pourrait le faire. Apr?s tout, il avait d?j? orchestr? la quasi-destruction de sa carri?re alors qu’il ?tait derri?re les barreaux. Avec l’aide impressionnante du cartel de la drogue bas? ? Monterrey, il avait coordonn? toute sorte de cauchemars pour Jessie. Il avait commenc? modestement en demandant aux soldats du cartel de crever les pneus de sa voiture. Apr?s, il ?tait pass? au stade sup?rieur en faisant placer des m?dicaments dans la voiture de Ryan et en effectuant des appels anonymes aux services sociaux pour sugg?rer que Jessie avait maltrait? sa s?ur. Enfin, cerise sur le g?teau, il avait fait pirater les comptes de m?dias sociaux de Jessie, o? il avait fait publier des diatribes racistes. Cette derni?re attaque avait encore des effets, car, ainsi, son ex-?pouse ?tait persona non grata chez beaucoup d’habitants de Los Angeles, m?me apr?s avoir ?t? exon?r?e dans les faits. Le cartel s’assurait qu’il y ait encore des manifestations devant le poste o? elle travaillait. Il ?tait pr?vu de recouvrir sa voiture de graffitis bient?t. Ensuite, le meilleur pourrait commencer. D’abord, il y aurait l’?limination de tous ses proches. Ensuite, quand elle serait au plus vuln?rable sur le plan ?motionnel, il viendrait s’en prendre ? elle et il lui ferait ce qu’il r?vait de lui faire depuis des ann?es. D’abord, il avait pr?vu de l’?ventrer et de regarder son visage se remplir d’horreur quand il d?couperait ses organes et les br?lerait devant elle mais, depuis, il avait trouv? une id?e encore pire pour elle. Il allait lui faire payer l’addition, ? cette salope. CHAPITRE CINQ Jessie grignotait nerveusement son muffin. Assise dans le caf?-restaurant Nickel Diner de South Main Street, o? elle attendait que Garland Moses arrive, elle avait l’impression ?trange que quelqu’un trichait. D’habitude, elle travaillait avec Ryan, mais Ryan avait enqu?t? sur une affaire avec Garland la veille au soir ? Manhattan Beach. Est-ce que leur front commun ?tait une violation personnelle d’une sorte ou d’une autre ? Est-ce que leur petit d?jeuner partag? de ce matin en ?tait une ? Elle savait que, logiquement, c’?tait ridicule, et pourtant, cette sensation la taraudait. Finalement, Garland arriva sans se presser ? 8 h 30, une bonne demi-heure apr?s leur heure de rendez-vous. Ses cheveux blancs paraissaient encore plus sauvages et encore plus d?coiff?s que d’habitude. Ses lunettes ? double foyer semblaient ?tre en danger de tomber du bout de son nez. Quand il se rendit au box que Jessie savait qu’il pr?f?rait, il ne leva m?me pas le regard. Elle attira l’attention de la serveuse et lui fit signe de lui apporter du caf? pour Garland, qui avait l’air ?puis?. Apr?s avoir travaill? si tard, elle l’aurait ?t?, elle aussi, et elle avait trente ans, pas soixante-et-onze. – La nuit a ?t? dure ? demanda-t-elle quand il se glissa sur son si?ge. Il sourit tristement. – Je me suis couch? bien plus tard que d’habitude, admit-il, comme ton petit copain le sait forc?ment. J’aurais vraiment besoin de caf— Il s’arr?ta de parler quand on pla?a une tasse devant lui et qu’on la remplit. – Vous avez lu dans mes pens?es, dit-il ? la serveuse. Alors, la serveuse d?signa Jessie. – En fait, c’est elle qui y a pens?. – C’est du profilage de grande qualit?, dit-il en go?tant prudemment le caf?. – Ce n’est pas du profilage, Garland. Savoir que tu voudras boire du caf? quand tu entreras ici, c’est comme savoir que le soleil se l?ve ? l’est. – Merci quand m?me, dit-il. – Comment est-ce que ?a s’est pass? hier soir ? demanda-t-elle. – Hernandez ne te l’a pas dit ? – Quand je me suis lev?e, il s’en allait. Il ne voulait pas me r?veiller. Il me dit tout le temps que je dois me reposer et tout ?a. – Tu devrais peut-?tre l’?couter, sugg?ra Garland d’un ton protecteur. Tu te remets quand m?me de plusieurs br?lures et d’une commotion c?r?brale. Quant ? ton os de l’ent?tement, il en a pris un coup, lui aussi. – Est-ce que tu essaies d’?tre dr?le, Garland ? demanda-t-elle. Parce que, si c’est ?a, tu devrais absolument en rester ? ton travail de jour qui, maintenant, semble aussi ?tre un travail de nuit. – N’essaie pas de changer de sujet, r?pliqua Garland. Je sais que tu essaies de reprendre le travail avant la date conseill?e par le docteur. Tu ne devrais pas. Attends que ton corps soit pr?t. – Comment pourrais-tu savoir si j’essaie de reprendre le travail en avance ? demanda-t-elle. – C’est facile, r?pondit-il avec un sourire espi?gle. ? chaque fois que tu te penches ou que tu te retournes, tu fais involontairement une petite grimace, ce qui m’indique que tu prends une dose d’antalgiques inf?rieure ? celle qui a ?t? prescrite. De plus, tu te penches tout le temps en avant comme une ?coli?re qui craint que la bonne s?ur ne te gifle la main parce que tu t’es laiss?e aller ? ton bureau. – Quel rapport avec le reste ? – Tu crains que ton dos ne heurte le fond du box parce qu’il est encore sensible. Donc, tu as adopt? la posture la plus guind?e que j’aie jamais vue en dehors des romans d’E.M. Forster. Elle secoua la t?te, partag?e entre l’agacement et l’?tonnement. – Tu devrais presque en faire ton m?tier. – La flatterie, ?a m?ne ? tout, dit-il en prenant une autre gorg?e de caf?. Cela dit, je parle s?rieusement. Tu devrais lever le pied aussi longtemps que possible. De plus, si tu te fais oublier par le public, cela pourrait laisser le temps au d?ferlement de haine qui a suivi ces messages racistes de diminuer un peu. – Les messages que je n’ai pas ?crits ? lui rappela Jessie. – Cela ne compte plus, dit-il d’un ton r?sign?. M?me si tu prouves amplement que ton compte a ?t? pirat?, certaines personnes voudront encore imaginer le pire ? ton sujet. – Donc, tu penses que je devrais faire profil bas jusqu’? ce que les gens oublient qu’ils me prennent pour une raciste ? dit Jessie d’un ton sceptique. Garland soupira mais refusa de mordre ? l’hame?on. – C’est peut-?tre ce que ton amie Kat fait, sugg?ra-t-il. L’amie de Jessie, la d?tective priv?e Katherine « Kat » Gentry, ?tait en train de b?n?ficier d’un bilan de sant? neurologique complet ? la Mayo Clinic de Phoenix. Elle avait ?t? avec Jessie pendant que cette derni?re sauvait la femme kidnapp?e de la maison en feu. Elles avaient toutes deux subi plusieurs commotions c?r?brales quand une bombe avait explos? dans cette maison. Pour Kat, qui avait ?t? Ranger de l’arm?e am?ricaine en Afghanistan et ignorait fi?rement ses cicatrices, les internes comme les externes, c’?tait au moins la sixi?me fois. Elle avait finalement consenti ? passer un bilan quand les maux de t?te et les sifflements dans les oreilles n’avaient pas diminu? au bout de deux semaines compl?tes. Elle devait encore rester cinq jours en Arizona, puis elle reviendrait ce week-end. – Kat est une v?t?rane de l’arm?e qui souffre de troubles de stress post-traumatique, de troubles li?s ? des engins explosifs improvis?s et probablement d’enc?phalopathie traumatique chronique, lui dit Jessie. Moi, j’ai juste quelques br?lures. Garland lui sourit d’un air paternel. – Quels mots barbares ! Certes, ton amie doit affronter des probl?mes potentiellement graves, mais toi aussi. Tu as subi plusieurs commotions c?r?brales et tu as plus de cicatrices, physiques et ?motionnelles, que la plupart des soldats. Combien de ces hommes ont ?t? tortur?s par leur propre p?re biologique apr?s l’avoir regard? assassiner leur m?re ? – Probablement quelques-uns, r?pondit s?chement Jessie. – Et combien ont d? affronter ce m?me p?re dans un combat jusqu’? la mort ? Et plus tard tuer son prot?g? tueur en s?rie ? Et affronter un ex-mari sociopathe et assassin ? Et … – Je comprends, Garland, interrompit Jessie. Il resta assis en silence pendant un moment. – Je dis seulement que tu dois prendre soin de toi. Si tu ne veux pas le faire pour toi-m?me, pense ? ta petite s?ur et ? ce bel inspecteur que tu aimes. Si tu ne ralentis pas ton activit?, ces relations vont in?vitablement en souffrir. Si tu fais attention ? toi, cela t’aide ? faire attention ? eux. Elle hocha la t?te et prit une autre petite bouch?e du muffin qui ne l’int?ressait plus. – J’ai remarqu? que tu avais chang? de sujet, toi aussi, signala-t-elle. – Quoi ? – L’affaire ? L’as-tu r?solue ? – ?a ne devrait pas tarder, dit-il avec ironie. – Comptes-tu me dire quoi que ce soit sur cette affaire ? demanda-t-elle, agac?e. – On a trouv? une femme morte dans la maison d’une voisine, dit-il d’un ton neutre. Nous avons exclu le mari de la liste des suspects. ?a m’a d??u parce que c’est un homme vraiment d?plaisant. J’aurais ador? le coincer pour ce crime mais, au moins, comme ?a, je n’aurai plus besoin d’interagir avec lui. Il me faisait penser ? un ulc?re sur pattes dou? de la parole. – Quoi d’autre ? demanda-t-elle. Il la regarda avec une expression bizarre, comme s’il voulait lui demander quelque chose mais ne trouvait pas comment aborder au mieux le sujet. – Te consid?res-tu comme une gravure de mode ? demanda-t-il finalement. La question prit Jessie au d?pourvu. – Je sais m’habiller, dit-elle, mais je ne suis pas abonn?e ? Vogue. Pourquoi ? Il commen?a ? parler, puis s’arr?ta et prit une gorg?e de caf?. – C’est tout ? demanda-t-elle. Tu ne pourrais pas expliquer ? – Je ne crois pas, lui dit-il. J’en ai d?j? dit plus que je n’aurais d?. Je crains que, si j’en dis plus, tu ne sois tent?e d’en demander encore plus. Tu es suppos?e r?cup?rer et je ne veux pas t’en emp?cher. Si tu veux vraiment les d?tails, demande-les ? Hernandez. – Beurk, dit Jessie. C’?tait la seule raison pour laquelle je t’avais demand? de me retrouver ici. – Et moi qui croyais que tu voulais juste jouir de ma compagnie ! ?a fait tr?s mal. Garland avait l’air bless?, mais Jessie voyait un sourire commencer ? se former aux coins de sa bouche. – Tu es tr?s d?plaisant, dit-elle. Tu le sais, n’est-ce pas ? Il prit une autre gorg?e de caf? et se permit de sourire enti?rement, cette fois-ci. – Voulais-tu parler de sujets non li?s ? l’affaire ? demanda-t-il. J’ai l’impression que tu te retiens de dire quelque chose. – Qu’est-ce que je me retiens de dire ? r?pondit-elle d’un ton plus acerbe que pr?vu. – Cela fait longtemps que nous n’avons pas parl? de Hannah. Comment va-t-elle ? Jessie expira profond?ment. – Parfois, elle est adorable. Parfois, morose. Parfois, d?sopilante. Parfois, vache. Parfois, muette. C’est un cauchemar ordinaire. – Mais sans meurtres, n’est-ce pas ? dit Garland. – Quoi ? – La demi-s?ur que tu crains de voir se transformer en tueuse en s?rie sociopathe d?butante n’a encore assassin? personne, n’est-ce pas ? – Pas que je sache, r?pondit Jessie. – Dans ce cas, si elle est morose, par rapport ? ?a, ce n’est pas si grave, fit-il remarquer. Jessie haussa les ?paules pour signifier son approbation. – Vu comme ?a, d’accord. – Tu devrais peut-?tre appr?cier ta bonne fortune, dit-il doucement. Vu la vie que tu m?nes, tout pourrait ?tre largement pire. Jessie ne pouvait pas le nier. Elle allait lui demander ce qu’il pensait sur un autre sujet quand son t?l?phone sonna. Elle baissa les yeux. C’?tait son ami agent du FBI Jack Dolan, qui avait demand? ? ses hommes de surveiller son ex-mari, Kyle. – Il faut que je r?ponde, dit-elle. – Pas de probl?me, dit Garland en posant un billet de cinq dollars sur la table. De toute fa?on, il faut que j’aille au bureau. Je manque probablement ? ton petit copain. – Tu veux que je t’emm?ne ? – Non. Tu as ton appel. En outre, tu sais que j’aime marcher. – OK, dit-elle en r?pondant au t?l?phone. Bonjour, Dolan. – H?, Jessie, ajouta Garland ? voix basse en se levant. – Une seconde, Dolan, dit-elle dans le t?l?phone avant de lever les yeux vers l’homme bourru qui se tenait devant elle. Oui, Garland ? – Souviens-toi seulement que tu es en charge de ta vie, pas de celle de Decker, de Hannah, de Hernandez ou d’un quelconque tueur en s?rie. Parfois, il est difficile de voir les choses comme ?a, mais tu as toujours le choix. – Merci, Confucius, dit-elle en lui envoyant un clin d’?il. On en reparlera, c’est d’accord. Il faut que je r?ponde. C’est ? propos de Kyle. Garland sourit, baissa l?g?rement la t?te et partit. Sa touffe de cheveux blancs mal coiff?s disparut au loin quand il se m?la nonchalamment ? la foule des personnes qui se ruaient vers leur destination. – Je suis l?, dit Jessie. Qu’as-tu pour moi, Jack ? – De mauvaises nouvelles. C’est ? propos de ton ex-mari. CHAPITRE SIX – Attends un peu, dit Jessie tout en sentant le d?couragement l’envahir. Il faut que je trouve un endroit tranquille pour parler. Jessie regretta presque d’attendre. Les trois minutes qu’il lui fallut pour payer sa consommation, quitter le caf?-restaurant et entrer dans sa voiture lui parurent interminables. Dolan ?tait un cynique endurci dont l’attitude ne s’adoucissait que lors de ses s?ances de surf de d?but de matin?e. Il n’?tait pas connu pour aimer les exag?rations. S’il disait que la situation ?tait grave, elle ?tait en g?n?ral encore pire que ?a. Jessie se dit qu’elle allait peut-?tre vomir le quart de muffin qu’elle avait mang?. – Raconte-moi tout, dit-elle brusquement quand elle reprit la conversation. – En bref, nous n’avons rien. – Cela fait plus de trois semaines, protesta-t-elle. Tu me dis qu’il a ?t? un citoyen mod?le pendant tout ce temps-l? ? – Ouais, dit Dolan, et c’est louche. Il n’a m?me pas br?l? un feu rouge. Bien s?r, il sait parfaitement bien qu’on le surveille. Quand il passe devant nos agents, il leur fait signe de la main. – Ils n’essaient pas de rester discrets ? – Au d?but, ils l’ont fait, mais il est tr?s malin, comme tu le sais. Comme il a rep?r? notre camionnette d?s la premi?re semaine, nous avons pens? qu’il serait inutile de s’en servir apr?s ?a. Depuis, nous employons des berlines banalis?es. En fait, mes patrons pensent que je gaspille des ressources. Ils ne tarderont pas ? me r?duire ? un seul agent. Si nous ne trouvons rien avant la fin de la semaine, je ne serais pas surpris qu’ils abandonnent compl?tement la surveillance. Ce jour-l?, nous aurons pass? un mois sans trouver quoi que ce soit. – Mais c’est exactement ce qu’il attend, insista Jessie. Il se retient de faire quoi que ce soit d’important tant que vous n’avez pas retir? vos agents. Jessie sentait une anxi?t? famili?re remonter ? la surface. Elle se souvenait que son ex-mari savait tr?s bien se pr?senter comme un homme charmant afin de dissimuler la laideur qui se trouvait derri?re. – Tu le sais et je le sais, dit Dolan, visiblement agac?, mais cela ne signifie pas grand-chose pour les huiles. Ils veulent des r?sultats et nous n’en avons pas ? leur montrer. Il faut que tu comprennes leur point de vue. – Que veux-tu dire ? demanda Jessie. – Souviens-toi que, th?oriquement, ton ex-mari a ?t? rel?ch? ? cause de malversations effectu?es par un professionnel de la justice. Ils ne veulent pas ?tre accus?s de s’acharner sur un homme qui a d?j? ?t? maltrait? par le syst?me. C’est un probl?me politique. Le fait qu’il soit un assassin passe au second plan. Donc, dans l’?tat actuel des choses, nous avons d? proc?der discr?tement. Bient?t, nous n’aurons plus aucun espoir de le prendre la main dans le sac ? cause de la mauvaise presse qui risquera de nous tomber dessus. Nous pourrions atteindre ce point de non-retour aujourd’hui. – Pourquoi ? demanda Jessie alors qu’elle devinait d?j? que Kyle allait entamer une op?ration de s?duction du public. – Parce que, plus tard dans la matin?e, il doit participer ? une interview ? une station de nouvelles, dit Dolan, confirmant son intuition. L’interview est suppos?e parler de sa fondation, mais je ne serais pas surpris s’il ?voquait sa situation personnelle actuelle. Donc, mon responsable craint qu’il ne parle de la surveillance que nous menons. Jessie se rendit compte qu’elle transpirait, m?me si elle ne savait pas si c’?tait ? cause de ce que disait Dolan ou de la mont?e rapide de la temp?rature matinale. Elle alluma le contact et monta l’air conditionn?. – Et les soup?ons que nous avons sur son implication avec le cartel Monzon ? demanda-t-elle. S’ils arr?tent la surveillance, ne craignent-ils pas qu’il puisse contacter le cartel sans qu’ils le sachent ? – Nous avons d’autres moyens potentiels de le surveiller. Nous avons l’autorisation judiciaire de placer un tracker sur sa voiture, d’installer des micros et des cam?ras dans sa maison et m?me de surveiller ses appels mais, comme un juge vient de r?primander un procureur pour en avoir trop fait — – Un procureur qui a s?rement ?t? menac? par le cartel, interrompit-elle. – Nous ne pouvons pas le prouver, r?pliqua Dolan. Mes patrons craignent que le juge qui a autoris? les micros n’ait peur de prolonger la surveillance s’il pense que cela pourrait entacher sa r?putation. Nous sommes dans une situation d?licate. Jessie secoua la t?te, alors m?me que personne ne pouvait la voir. Au bout de moins d’un mois, Kyle ?tait d?j? en train de manipuler le syst?me ? ses propres fins. Elle sentit monter la fureur en elle quand elle imagina ce qu’il pourrait faire avec un autre mois de libert?. – C’est exactement ce qu’il voulait, tu sais, signala Jessie. Il sait que vous le surveillez, mais il ne s’en est pas encore plaint. Il garde cette possibilit? comme une ?p?e de Damocl?s, qu’il suspend au-dessus de vos t?tes pour s’en servir quand il en aura le plus besoin. Il reste clean tant que ?a peut lui servir. S’il peut vous pousser ? arr?ter la surveillance sans se plaindre ? la presse, il ?vitera de se plaindre. Il conserve cet atout. Cela fait partie de sa strat?gie. Elle entendit Dolan pousser un soupir pein? dans le t?l?phone. – Tu pr?ches un converti, Jessie, lui assura-t-il. Je suis avec toi. Ce que je me demande, c’est si nous ne devrions pas arr?ter la surveillance maintenant avant qu’il ne formule des accusations. Alors, nous pourrons d?clarer en toute l?gitimit? que nous ne le surveillons pas, que nous ne le harcelons pas. Je peux r?diger un message pour la presse en leur disant que nous demandons seulement ? des agents de le surveiller de temps en temps. S’il donne l’impression de s’effrayer pour un rien, sa cr?dibilit? en souffrira. Il sait jouer ? ce jeu-l? ? Il n’est pas le seul. – Non, mais il est meilleur que la plupart des gens que je connais. Ne le sous-estimez pas. – Aucun risque, promit Dolan. ?coute, nous savons que Kyle est sorti de prison parce qu’il a convaincu le cartel qu’il valait la peine qu’on lui consacre du temps et quelques efforts. Nous savons qu’ils ont m?me accept? de l’aider ? d?truire ta vie. Un jour ou l’autre, il va devoir leur renvoyer l’ascenseur. Bient?t, ce gars sera bris? par de gros ennuis. – Oui, mais j’esp?re qu’il les aura avant qu’il n’ait trouv? le moyen de me briser, moi. * Jessie voyait que Ryan essayait de ne pas remuer le couteau dans la plaie. – Avez-vous pass? une bonne journ?e ? demanda-t-il ? Jessie et ? Hannah tout en lavant les brocolis pour le d?ner et en ?vitant manifestement de parler de l’affaire. Hannah pr?parait une marinade pour l’agneau pendant que Jessie cherchait la po?le. Il ?tait clair que Ryan esp?rait que, en ?vitant de parler de sa propre journ?e, il ne la rendrait pas jalouse parce qu’il enqu?tait sur des meurtres alors qu’elle ?tait coinc?e dans l’appartement. Elle pensa que c’?tait gentil de sa part, mais qu’il apprendrait bient?t que c’?tait en pure perte. – Il ne me reste que deux semaines d’?cole, dit joyeusement Hannah. Apr?s, ce sera les vacances d’?t?. Je suis impatiente. – C’est g?nial, r?pondit Ryan. – N’oublie pas que tu as des cours de vacances, lui rappela Jessie, d?testant de s’entendre parler comme une ma?tresse d’?cole. – Je sais, dit Hannah sur un ton sarcastique, mais c’est une ?cole « normale », pas le lyc?e th?rapeutique pour les ?l?ves qui souffrent de « probl?mes ?motionnels et psychologiques extr?mes ». En outre, ?a ne commence que dans un mois. Ne me d?prime pas, je n’en ai pas besoin. – D?sol?e, dit Jessie. – Et toi ? demanda Ryan ? Jessie, changeant vite de sujet. – Ma journ?e aurait pu ?tre meilleure, admit-elle. Dolan m’a dit qu’ils ne peuvent pas coincer Kyle parce qu’ils n’ont rien sur lui. Il s’est comport? en gar?on de ch?ur depuis qu’il est sorti. Ils envisagent de mettre fin ? la surveillance. – ?a craint. – C’est s?r, acquies?a-t-elle. ?a craint presque autant que quand mon ami et mentor professionnel refuse de me donner des d?tails sur l’affaire sur laquelle il travaille parce qu’il craint que je ne me mette ? saliver devant lui. – Hol?. – Comment ?a, hol? ? demanda-t-elle. – Hol?, Garland m’a averti que tu pourrais insister lourdement pour que je te communique des informations parce qu’il ne voulait pas t’en donner beaucoup. – Oh, vraiment ? insista-t-elle. Est-ce qu’il t’a expliqu? comment il fallait me g?rer ? – Il m’a dit de rester fort et de ne pas c?der ? tes interrogatoires cinglants. Jessie sourit d’un air malveillant. – Comment penses-tu que ?a va se passer pour toi ? – Je suis certain que je tiendrai bon, dit-il en allant vers leur chambre. Cela dit, d’abord, je vais prendre une douche. – Tu sais que, quand on tente de gagner du temps, ?a ne fonctionne que temporairement ? cria-t-elle avant qu’il ne disparaisse sans r?pondre. Jessie regarda fixement la porte en se demandant si elle pourrait la r?duire en cendres de son simple regard. – Euh, marmonna Hannah avec h?sitation, je d?teste en rajouter alors que tu en as d?j? bien assez, mais l’agneau que j’allais griller a une dr?le d’odeur. Je pense que nous allons devoir le jeter, ce qui signifie que nous n’avons plus rien pour d?ner. Jessie sentit ses ?paules s’effondrer involontairement. Cette journ?e se terminait aussi mal qu’elle avait commenc?. – J’ai la solution, dit-elle finalement. – Je t’en supplie, ne me dis pas que tu vas essayer de pr?parer quelque chose ! s’exclama Hannah, qui avait l’air sinc?rement inqui?te. – Tu sais, pendant des ann?es, j’ai r?ussi ? pr?parer le d?ner presque tous les soirs avant que tu ne commences ? habiter ici. Aie un peu confiance. – Presque tous les soirs ? r?p?ta Hannah. – Il y avait des soirs o? je n’avais pas faim, dit Jessie, sur la d?fense. – Bien, dit Hannah, sceptique. Tu vas commander des pizzas, n’est-ce pas ? Jessie se sentit un peu honteuse quand elle pronon?a les mots. – Oui. Je vais commander des pizzas. CHAPITRE SEPT Quand Garland eut pass? la colline, le soleil s’?tait d?j? couch?. Effectuant le trajet maintenant familier jusqu’? Manhattan Beach, il vit encore l’oc?an o? les vagues s’?crasaient pr?s de la plage, mais il n’avait pas vraiment autant de majest? que la veille au soir, quand le cr?puscule naissait tout juste. Il se dit que ce n’?tait pas important, qu’il ?tait revenu ici pour la deuxi?me soir?e d’affil?e ? cause de l’enqu?te, pas pour la vue, mais il n’en ?tait pas enti?rement convaincu lui-m?me. Oui, dans la sc?ne de crime, quelque chose le taraudait mais, en v?rit?, il cherchait aussi une excuse pour marcher dans les rues l?g?rement venteuses proches des vagues, avec leurs restaurants avec patio et leurs boutiques de d?gustation de vin. Il trouva une place de parking pr?s de la rue principale et sortit de sa voiture. Alors, il marcha dans Highland Avenue pour se rendre au poste de police. En chemin, il sentit ce qu’il pensa ?tre des bouts de c?tes qui cuisaient dans un caf? du coin. Il passa devant un kiosque qui vendait des journaux de Nouvelle-Z?lande et d’Inde et se retint de s’arr?ter pour les parcourir. Au lieu de c?der ? ses envies, il franchit le dernier p?t? de maisons et arriva au poste. Alors, il fournit son nom au sergent de service. L’agent Timms de la veille au soir sortit d’un bureau et lui donna la cl? de la maison de Charles et Gail Bloom, o? Priscilla ?tait morte. – Je peux vous accompagner, si vous voulez, proposa le jeune agent. Je suis en service de nuit et tout est tr?s calme. – Merci, r?pondit Garland, mais j’aime parfois parcourir la sc?ne de crime seul, sans qu’on me d?tourne l’attention. Je me rends compte que ?a m’aide ? d?couvrir des choses qui auraient pu m’?chapper avant, mais je promets de vous rendre la cl? dans quelques heures. Quand il eut quitt? le poste, Garland parcourut tranquillement le sentier pentu jusqu’au Strand. Il ?tait presque vingt-et-une heures et il n’y avait pas grand monde. On croisait quelques coureurs et quelques gens qui promenaient leur chien pour la derni?re fois de la journ?e. En fait, Garland dut contourner la tra?n?e d’urine d’un chien particuli?rement n?glig?. Il franchit le dernier demi-p?t? de maisons qui le s?parait de la maison des Bloom en ?coutant les vagues qui s’?crasaient sur la c?te et les mouettes qui s’appelaient les unes les autres. Il savait que, quand il entrerait dans cette maison, son cerveau se mettrait ? tourner comme un fou et que tous les petits plaisirs qu’il appr?ciait en ce moment seraient imm?diatement oubli?s. Il essayait juste de retarder l’in?vitable. Quand il arriva, il se glissa sous le ruban de la police en s’assurant de rester dans les ombres pour que Garth Barton, r?cemment veuf, ne le voie pas s’il regardait par une fen?tre. Ce n’?tait pas parce que cet homme avait ?t? innocent? qu’il n’?tait pas un con. Garland laissait volontiers les gens du coin s’occuper de lui. Il d?verrouilla la porte d’entr?e et entra. La maison ?tait sombre, m?me s’il voyait encore la silhouette en craie o? le corps de Priscilla Barton avait ?t? retrouv?. Observant l’endroit, il se rem?mora la conversation que l’inspecteur Hernandez avait dit avoir eue avec les propri?taires plus t?t dans la journ?e. Il ?tait ?tonn? que, m?me quand on leur avait appris qu’une femme ?tait morte dans leur hall, cela n’ait pas suffi ? les faire rentrer plus t?t de vacances. Malheureusement, maintenant qu’ils avaient ?t? ?limin?s de la liste des suspects avec le mari, Garland ?tait dans l’impasse. C’est pour cela qu’il ?tait revenu : pour changer de perspective. Il traversa le rez-de-chauss?e sans l’examiner avant de monter au premier ?tage, qui ?tait l’endroit pour lequel il ?tait revenu. Quelque chose l’avait taraud? toute la journ?e, mais il n’avait r?ussi ? mettre le doigt dessus que lorsqu’il ?tait reparti chez lui en voiture. Quand il s’?tait rendu compte de ce que c’?tait, il avait ?t? presque chez lui. Au lieu de rentrer ? la maison, il avait repris le chemin du sud pour repartir au manoir des Bloom. En route, il avait appel? la police de Manhattan Beach pour lui dire qu’il voulait ? nouveau examiner la sc?ne de crime et on lui avait dit qu’on lui garderait une cl? de la maison. En haut de l’escalier, il alluma sa petite lampe de poche et parcourut le hall jusqu’? la chambre principale. Apr?s avoir pris le temps d’observer la grande chambre avec le lit baldaquin, il approcha de ce qu’il supposait ?tre la commode de Gail Bloom. M?me s’il avait un peu l’impression d’?tre un pervers, il se mit ses gants et ouvrit le tiroir du haut, qui, selon lui, devait contenir ses sous-v?tements. Parfois, ce travail poussait ? faire des choses inhabituelles. Il ?claira le tiroir avec sa lampe de poche en bougeant d?licatement les sous-v?tements d?licats de Mme Bloom. Apr?s une recherche approfondie, il sortit son t?l?phone pour regarder une fois de plus le bas qui semblait ?tre l’arme utilis?e pour assassiner Priscilla Barton. La marque Only the Best, dont il avait appris le nom apr?s quelques recherches en ligne, ?tait tr?s haut de gamme. Cependant, quand il avait fouill? le tiroir de Gail Bloom, il n’avait trouv? de bas ni de cette marque ni d’une autre marque. Il n’avait pas non plus trouv? de bas solitaire, que ce soit dans le tiroir ou sur le meuble. Il s’?tait agenouill? pour voir s’il aurait pu tomber sous la commode, mais il n’avait rien trouv?. Il sortit son bloc-notes et nota bri?vement sa conclusion : Mme Bloom ne semblait pas poss?der de bas de cette marque. C’?tait une nouvelle bizarre et potentiellement utile. Si le bas n’?tait pas le sien, alors, l’assassin ne l’avait pas pris sur place et utilis? comme arme de fortune. Il avait d? l’amener dans la maison. Mais pourquoi ? Qui se prom?ne avec un bas chic et d?pareill? dans sa poche ? Ses pens?es furent interrompues par le bruit d’une lame de plancher, qu’il entendit craquer derri?re lui. Il remit son bloc-notes dans la poche de sa veste et se redressa lentement, alors que ses pens?es circulaient ? une vitesse folle. Il entendait une respiration lourde et ?touff?e ? plusieurs m?tres et sentait r?ellement la chaleur corporelle de l’intrus qui ?tait entr? dans la pi?ce. Il serra fort sa petite lampe de poche, comprenant que c’?tait la seule chose dont il disposait pour se d?fendre. Il essaya de se souvenir de la formation qu’il avait re?ue au FBI dans sa jeunesse, mais cela remontait ? plus de quarante ans. R?cemment, ce qu’il avait v?cu de plus proche d’une altercation physique, c’?tait l’ann?e derni?re, quand un skateur l’avait renvers? accidentellement tout en le d?passant ? toute vitesse sur le trottoir. Finalement, Garland d?cida tout simplement de laisser l’adr?naline et l’instinct faire leur ?uvre. Cela dit, il n’allait pas attendre qu’on l’attaque. Donc, aussi vite que ses os douloureux le lui permirent, il virevolta et pointa la lampe dans la direction de la respiration lourde. Il vit imm?diatement son assaillant, qui portait des v?tements noirs et une cagoule noire. Il tenait aussi une ceinture en cuir dans les mains. M?me si son visage n’?tait pas visible, sa corpulence sugg?rait que c’?tait un homme. Garland avan?a d’un pas vers l’homme, qui leva une main pour bloquer la lumi?re et bondit en avant. Ils se heurt?rent violemment, mais l’autre homme avait l’avantage de peser plus lourd et il envoya Garland contre la commode. Les lunettes ? double foyer de Garland s’envol?rent. Il sentit les bords en bois de la commode lui frapper le dos et grogna. Il essaya de ne pas tenir compte de sa douleur et de se concentrer sur la silhouette, qui lui fon?ait dessus aussi rapidement que la premi?re fois. Quand l’homme bondit en avant, Garland envoya un coup de sa lampe de poche vers le haut et sa lampe frappa un endroit situ? juste sous la gauche de la cage thoracique de l’attaquant. L’homme inspira brusquement et se plia en deux, ce qui permit ? Garland de le pousser au sol. Il contourna l’homme et se rua vers la porte de la chambre. M?me aussi pr?s, sans ses lunettes, la porte lui paraissait floue. ? environ trois pas du hall, il sentit une main lui saisir la cheville droite et tirer dessus. Il perdit l’?quilibre et tomba au sol. Alors, il entendit un craquement et sentit une douleur cuisante ? la hanche droite. Il poussa un cri malgr? tous ses efforts. Garland essaya d’ignorer sa sensation de br?lure. Il voulait rouler sur lui-m?me pour ne pas rester dans une position aussi vuln?rable, mais son corps ne lui ob?issait pas. Alors, il fit la seule chose qui lui vint en t?te. Il essaya de quitter la pi?ce en rampant. La douleur extr?me lui fit monter les larmes aux yeux, mais il continua quand m?me ? se tra?ner par terre. ? ce moment, il sentit le poids de l’autre homme qui lui grimpait sur la taille. Sa d?tresse physique fut insupportable. Des vagues de douleur partaient de sa hanche, mais ce n’?tait rien par rapport ? l’?treinte paralysante de la peur qu’il sentait envelopper son corps tout entier. Il y avait un homme sur lui, cet homme tenait une ceinture et Garland ne pouvait pas physiquement le repousser. Il eut une sensation de d?j? vu tr?s br?ve et comprit qu’il traversait le m?me moment de terreur que tant de victimes avant lui. Alors, d?cidant qu’il ne serait pas la prochaine, il s’arr?ta de se d?battre, appuya le front contre le tapis et monta les poings jusqu’? son cou pour le prot?ger contre tout ?tranglement. Un moment plus tard, il sentit la ceinture lui passer au-dessus de la t?te et l’homme essayer de la glisser entre son front et le tapis pour la lui passer autour du cou. Le mouvement de traction brusque arracha un peu de la peau de son front quand l’agresseur baissa brusquement la ceinture. Ignorant la douleur, Garland ouvrit ses poings serr?s et saisit la ceinture. Ainsi, le dessus de ses mains cr?a une barri?re entre la ceinture et sa gorge. L’homme qui se tenait sur lui ne sembla pas s’en pr?occuper. Il tirait si fort que les articulations des doigts de Garland ?taient serr?s contre sa pomme d’Adam et qu’il haletait. L’odeur de ses propres gants en latex lui remplissait les narines. Il inspira fortement et essaya de tenir la ceinture ? l’?cart tout en se demandant quoi faire. Il regarda d?sesp?r?ment autour de lui. Tout avait l’air indistinct. Pourtant, il devait y avoir quelque chose qu’il puisse saisir ? c?t? ou une man?uvre qu’il puisse tenter. Il devait pouvoir se montrer plus malin que son attaquant. Il avait pass? quarante-cinq ans ? arr?ter des tueurs. Sa carri?re ne pouvait pas se terminer comme ?a. Cependant, il n’y avait rien, rien ? saisir et il ne pouvait pas crier. Il ?tait coinc?. Il allait mourir sur ce tapis dans cette maison, juste ? quelques m?tres des gens qui attendaient que leur animal de compagnie ait fait ses besoins afin de pouvoir rentrer se coucher. Il ?tait ? court d’id?es. Cependant, alors que sa respiration s’alourdissait et que ses pens?es perdaient de leur clart?, il se rendit compte que ce n’?tait pas tout ? fait vrai. M?me s’il ne survivait pas ? cette attaque, il pourrait au moins fournir un indice sur l’identit? du meurtrier. L’inspecteur Ryan Hernandez enqu?terait s?rement sur sa mort et, dans ce cas, il en discuterait avec Jessie Hunt. Si Garland pouvait fournir un indice quelconque sur celui qui avait fait ?a, Jessie pourrait d?couvrir de qui il s’agissait. Si quelqu’un le pouvait, c’?tait elle. Donc, il d?cida de faire la seule chose qui lui vienne en t?te. Il appuya son corps vers le bas, vers le tapis, aussi ?nergiquement que possible, en s’?cartant de l’homme qui ?tait au-dessus de lui. Alors, quand il sentit l’homme tirer de toutes ses forces, il arr?ta de se d?battre et se laissa tirer vers le haut en rejetant violemment la t?te en arri?re. Il avait esp?r? frapper l’homme au visage pour lui laisser un bleu visible. En fait, il sentit le derri?re de son cr?ne heurter quelque chose de dur, mais de moins saillant. Il entendit un craquement. L’homme poussa un cri aigu et rel?cha l?g?rement son ?treinte. Garland supposa qu’il avait frapp? l’homme ? la clavicule. Pendant une fraction de seconde, il fut tent? d’essayer de se d?gager en se tortillant, mais il savait que ?a ne marcherait pas. L’autre homme avait encore l’avantage. Alors, il se mit ? profiter du bref r?pit pour inspirer une nouvelle fois et envoyer un nouveau coup de t?te en arri?re. Le cri de l’homme lui indiqua qu’il avait ? nouveau atteint sa cible. Cependant, ? ce moment-l?, l’homme sembla trouver une nouvelle r?serve de force et de fureur. Garland sentit la ceinture l’?trangler plus fort qu’avant et constata qu’il ne pouvait plus serrer les poings pour l’attraper. Il sentait le sang couler dans sa carotide parce qu’il avait le derri?re de la main appuy? contre la gorge. Un autre coup violent lui ?crasa la trach?e et il s’entendit pousser un r?le faible. Soudain, il remarqua que sa douleur ? la hanche, au dos, aux mains et ? la gorge diminuait. Il se demanda ce qui pouvait en ?tre la cause. Alors, avec sa derni?re pens?e coh?rente, il comprit : il perdait conscience pour ce qui serait la derni?re fois. CHAPITRE HUIT Jessie se redressa brusquement dans son lit. La sonnerie du t?l?phone de Ryan l’avait arrach?e ? la meilleure nuit de sommeil qu’elle ait connue depuis des semaines. Elle reconnut imm?diatement la sonnerie. C’?tait le capitaine Decker. Elle jeta un coup d’?il ? sa pendule de chevet. Il ?tait 2 h 46 du matin. Pour que le capitaine de leur poste appelle ? cette heure-l?, cela devait ?tre quelque chose de grave. – All? ? marmonna Ryan apr?s avoir maladroitement mani? le t?l?phone pendant plusieurs secondes. Jessie entendit la voix de Decker, mais il parlait plus bas que d’habitude et elle ne pouvait pas distinguer les mots. Cependant, elle remarqua que le corps de Ryan s’?tait visiblement raidi. – OK, dit-il silencieusement en allumant la lumi?re et en se redressant dans le lit. Decker continua de parler pendant une trentaine de secondes de plus et Ryan l’?couta sans jamais l’interrompre. – Je le ferai, dit-il finalement avant de raccrocher. – Que se passe-t-il ? demanda Jessie. Ryan se leva et descendit du lit. Il se mit son pantalon en tournant le dos ? Jessie. – Il y a eu un autre meurtre ? Manhattan Beach, dit-il silencieusement, dans la m?me maison que la derni?re fois, en fait. Decker veut que j’y aille maintenant. Elle trouva qu’il avait la voix bizarre et que cela la d?concertait, mais elle ne comprenait pas de quoi il s’agissait. Il semblait avoir du mal ? garder son calme. – Que se passe-t-il, Ryan ? demanda-t-elle. Tu es bizarre. Il se tourna vers elle et elle pensa qu’il avait les yeux humides. Il sembla ?tre sur le point de r?v?ler quelque chose mais, quand il changea son expression, Jessie comprit qu’il avait d?cid? de ne pas r?pondre. – Je ne suis pas en forme, ?a doit ?tre ?a. Je ne m’attendais pas ? ce qu’on me r?veille au milieu de la nuit pour m’annoncer cette sorte de nouvelle. Ce n’est pas ce que j’esp?rais. Elle sentait encore qu’il cachait quelque chose mais d?cida de ne pas insister. – Que puis-je faire pour t’aider ? – Rien, merci. Tu devrais essayer de te rendormir. La meilleure chose que tu puisses faire en ce moment, c’est prendre soin de toi-m?me. – OK, dit-elle. Alors, elle demanda : – Est-ce que Garland va te retrouver l?-bas ? Ryan prit une grosse gorg?e de l’eau qui se trouvait sur la table de chevet avant de lui r?pondre. – Il est d?j? l?-bas, dit-il en se levant. – C’est tr?s impressionnant pour un vieil homme, fit-elle remarquer, incapable de cacher l’?tonnement dans sa voix. Ce gars est plein de surprises. – Il est unique, acquies?a Ryan en se penchant pour l’embrasser sur le front. Essaie de te rendormir. Je te reverrai dans la matin?e. – Je t’aime, dit Jessie en se rallongeant. – Je t’aime, moi aussi, dit-il doucement avant d’?teindre la lumi?re de la lampe de chevet et de s’en aller. En d?pit du conseil de Ryan, Jessie n’arriva pas ? retrouver le sommeil. Pendant les vingt minutes qui suivirent, elle se retourna dans tous les sens mais n’arriva pas ? se d?tendre. Un d?tail de l’attitude de Ryan quand il avait re?u l’appel l’obs?dait. Quand il avait ?cout? Decker parler, Ryan avait eu une expression que Jessie n’avait presque jamais vue sur son visage. Ce n’?tait pas un simple choc ou de la tristesse. C’?tait un m?lange qui semblait plus fort et plus profond. Alors, elle se souvint. L’espace d’un instant, avant qu’il ait r?ussi ? se ressaisir, il avait eu l’air an?anti. Elle se redressa. Jamais elle ne pourrait se rendormir, maintenant. Elle alla ? la salle de bains et s’?claboussa de l’eau sur le visage. Quand elle se contempla dans le miroir, elle fut satisfaite de constater qu’elle n’avait pas les yeux cercl?s de rouge par l’?puisement. Bien s?r, cela changerait vite si elle commen?ait sa journ?e maintenant, ce qui semblait ?tre le cas. Elle retourna au lit et se rassit. Elle pensait constamment ? l’expression qui ?tait apparue sur le visage de Ryan quand Decker avait commenc? ? lui parler. Quoi que le capitaine lui ait dit, quelque chose allait terriblement mal. Elle saisit son t?l?phone pour appeler Garland puis changea d’avis. Ryan avait dit qu’il ?tait d?j? ? la sc?ne de crime. Cela signifiait qu’il ?tait probablement tr?s occup? et qu’il ne serait pas d’humeur ? r?pondre ? ses questions. Au lieu d’appeler Garland, elle t?l?phona au sergent de service du Poste Central, qui lui donna l’adresse de Manhattan Beach. Sans jamais vraiment s’avouer ce qu’elle faisait, elle commen?a ? s’habiller. Cinq minutes plus tard, elle ?tait pr?te ? partir. Elle gribouilla un message rapide pour Hannah, qu’elle glissa sous la porte de la jeune fille. Alors, elle quitta l’appartement en s’assurant de rallumer tous les syst?mes de s?curit? ? distance et elle se rendit ? sa voiture. Elle savait que Ryan et Garland seraient en col?re quand elle viendrait s’imposer ? la sc?ne de crime, mais elle n’en avait que faire. Il y avait un probl?me. Elle le sentait dans ses os. * M?me si elle se perdit un peu, Jessie arriva rapidement ? la plage. Pendant l’heure de pointe, le trajet aurait pris beaucoup plus d’une heure mais, ? 3 h 30 du matin, il lui avait pris moins d’une demi-heure, m?me apr?s avoir d? faire demi-tour parce qu’elle avait rat? la sortie de l’autoroute. Les rues ?taient silencieuses pour la plupart. Quand elle approcha de la c?te, une ?paisse nappe de brouillard s’installa, donnant ? chaque lampadaire l’apparence d’une lanterne sans ?clat dans un phare isol?. Le d?but de matin?e en avait l’air sinistre et d?sol?. Quand elle arriva, elle se gara dans Manhattan Avenue, juste ? l’ouest de la jet?e et ? environ un p?t? de maisons de l’endroit signal? par son GPS. Elle descendit vivement le Strand. M?me si elle ne pouvait pas voir l’oc?an ? cette heure-l?, elle entendait les vagues s’?craser sur la plage et savait qu’elle ?tait proche. Elle n’eut pas grand mal ? trouver sa destination. Quand elle fut sur le Strand, m?me avec le brouillard, elle constata que le ciel nocturne ?tait ?clair? par plusieurs v?hicules d’urgence. En approchant de la maison, elle compta au moins une demi-douzaine de voitures de police, une ambulance et une camionnette de m?decin l?giste. Tous les alentours du manoir ?taient inaccessibles et plusieurs agents montaient la garde pour emp?cher les curieux d’approcher trop pr?s. Elle accosta un agent effray? assez jeune et lui montra son badge en se disant qu’il serait le plus facile ? convaincre. – Je travaille avec l’inspecteur Hernandez, dit-elle sans donner plus de pr?cisions. Pouvez-vous me dire o? il est ? – Il est ? l’?tage, dit l’agent. M?me si elle ne l’avait jamais rencontr?, Jessie pensa que ce jeune avait l’air ?tonnamment secou?. Elle regarda son badge nominatif. – Est-ce que vous allez bien, agent … Timms ? – Oui, madame, lui assura-t-il en se reprenant. C’est juste que j’avais d?j? rencontr? la victime. Je l’appr?ciais et c’est moi qui l’ai d?couverte. – Je comprends, dit-elle en lui tapotant doucement l’?paule. Ce n’est jamais facile quand on a une liaison personnelle avec la victime. – C’est s?r, madame, dit-il en soulevant le ruban de la police pour qu’elle puisse passer dessous. – Comment se fait-il que vous ayez trouv? la victime dans la maison si tard dans la nuit ? Elle se rendit compte que cette question avait l’air accusatrice, alors que cela n’avait pas ?t? son intention. – Il ?tait suppos? me rendre la cl? au bout de quelques heures. Quand il n’est pas revenu, je suis all? voir ce qu’il faisait et … Il s’interrompit, boulevers?. Jessie voulut lui demander pourquoi quelqu’un devait rendre une cl? ? la police si tard dans la nuit mais, comme elle voyait que ce jeune n’?tait pas en ?tat de r?pondre, elle y renon?a. – Merci pour votre aide, agent Timms, dit-elle. Ne trouvant rien d’autre ? lui dire pour le r?conforter, elle se d?tourna et monta dans la maison. Elle montra ? nouveau son badge ? l’agent qui montait la garde devant la porte. Il s’?carta pour la laisser passer. Elle jeta un coup d’?il au sol du hall et y vit un trac? ? la craie qui, supposa-t-elle, devait correspondre ? la premi?re victime. Elle jeta un coup d’?il vers l’?tage sup?rieur, o? elle entendit plusieurs voix. L’une d’elles lui rappela celle de Ryan. Elle commen?a ? aller vers l’escalier. Alors, un autre agent qui se tenait en bas et qui semblait ?tre un sergent leva une main. Contrairement ? l’agent Timms, il avait l’air plus ?g? et plus exp?riment?. – Puis-je vous aider, madame ? demanda-t-il poliment mais avec autorit?. – Je travaille avec l’inspecteur Hernandez, dit-elle en pr?sentant son badge pour la troisi?me fois. – Je vais lui dire que vous ?tes ici, dit le sergent, dont le badge nominatif indiquait « Breem », sans s’?carter. – J’entends sa voix, dit-elle avec plus d’irritation qu’elle ne l’aurait voulu. Je peux aller le retrouver moi-m?me. – Je suis d?sol?, madame. L’inspecteur Hernandez a ordonn? tr?s clairement que personne ne monte ? l’?tage sans son autorisation expresse. Il veut que tout soit fait m?ticuleusement, dans cette affaire-l?. – Il le veut ? chaque affaire, r?pondit ?nergiquement Jessie. Qu’est-ce que celle-l? a de diff?rent ? Le sergent contempla Jessie d’un air perplexe. Il ouvrit la bouche pour r?pondre mais, avant qu’il n’ait pu le faire, une voix famili?re vint du deuxi?me ?tage. – Jessie ? dit Ryan en regardant depuis le palier. Que fais-tu ici ? Elle leva les yeux vers lui, vit imm?diatement qu’il ?tait boulevers? et que ce n’?tait pas parce qu’elle ?tait venue ? l’improviste. Quand elle le regarda fixement, elle sentit que la terreur commen?ait ? se r?pandre en elle. Elle monta l’escalier ? toute vitesse avant que le sergent Breem ne puisse l’en emp?cher. Il commen?a ? la suivre, mais elle vit Hernandez secouer la t?te. – Je m’en occupe, sergent, dit-il. – Que se passe-t-il, Ryan ? demanda-t-elle discr?tement quand elle l’eut rejoint en haut de l’escalier. – Il faut que je te parle en priv? dehors, murmura-t-il. – Non. Que se passe-t-il ? O? est Garland ? demanda-t-elle en le contournant et en regardant dans la chambre. Elle cligna lentement des yeux en esp?rant que ce qu’elle voyait sur le sol de la chambre ?tait une illusion mais, quand elle rouvrit les yeux, il ?tait encore l?. Entre le m?decin l?giste et un technicien de sc?ne de crime, Garland Moses ?tait allong? par terre. Il ?tait mort. CHAPITRE NEUF Jessie sentit sa poitrine se serrer et se rendit compte qu’elle n’arrivait pas ? respirer. Elle essaya de parler mais seul un sifflement sortit de sa bouche. Elle d?glutit avec difficult? en essayant d’humidifier sa gorge soudain s?che. Elle tendit un bras vers la rampe d’escalier et observa Ryan en plissant les yeux et en se demandant si cela pourrait changer les choses d’une fa?on ou d’une autre. – Je suis d?sol?, dit-il en tendant un bras vers elle. Elle secoua violemment la t?te et il s’arr?ta. – Quoi ? demanda-t-elle distraitement, alors qu’elle l’avait entendu tout ? fait distinctement. – Suis-moi, dit-il en lui prenant le bras et en l’emmenant ? un balcon au bout du hall. Il se tourna vers elle et ouvrit la bouche mais ne dit rien. Il referma la bouche, se demandant visiblement comment aborder le sujet. Alors, il r?essaya. – On dirait qu’il est revenu ici hier soir pour v?rifier une piste. D’apr?s ce que nous avons trouv? jusque-l?, il semble avoir ?t? attaqu? dans la chambre principale. Visiblement, ils se sont battus. Il a ?t? assassin?, ?trangl? jusqu’? la mort. Jessie sentit que ses pens?es lui ?chappaient et essaya de les contr?ler. Une partie de son cerveau posait d?j? des questions sur la sc?ne de crime mais, furieuse contre elle-m?me, elle le fit taire avec vigueur, allant jusqu’? fermer les yeux comme pour activer une sorte d’interrupteur interne. Garland ?tait mort ; le profileur criminel, qui avait ?t? si l?gendaire qu’elle avait d’abord craint de lui parler, n’?tait plus. L’homme qui avait fini par devenir son mentor et plus tard un ami auquel elle avait confi? son plus grand secret ne la taquinerait plus jamais, ne la mettrait plus jamais ? l’?preuve, ne la soutiendrait plus jamais. Il n’?tait plus. Jessie sentit une vague de chagrin la submerger tout en entendant de vraies vagues au loin. C’?tait comme si l’oc?an avait ?t? conscient de sa souffrance et avait d?cid? de lui offrir une bande sonore. Elle se pencha au niveau de la taille et s’ordonna d’inspirer profond?ment plusieurs fois avant de r?essayer de parler. Quand elle eut finalement la sensation d’avoir repris un peu le contr?le de son corps, elle se redressa. Ryan la contemplait d’un air pr?occup?. – ?a va, dit-elle sans ?tre certaine que ce soit vrai. D?cris-moi la sc?ne de crime. Ryan la regarda fixement comme si elle avait ?t? folle. – Je ne peux pas, dit-il, incr?dule. Tu n’es pas en ?tat d’examiner une sc?ne de crime, en ce moment. – Et toi, tu l’es ? demanda-t-elle, sentant une col?re soudaine et d’une violence inappropri?e lui monter dans le ventre. Tu le connaissais, toi aussi. – Oui, conc?da Ryan. Je le connaissais et je l’aimais, mais je n’?tais pas aussi proche de lui que toi, loin de l?. De plus, pour moi aussi, la nouvelle a ?t? brutale. En fait, j’ai appel? Trembley ? l’aide parce que j’avais ?norm?ment de mal. – Est-ce qu’il est l?, maintenant ? demanda Jessie. Alan Trembley ?tait le plus jeune inspecteur de la SSH du Poste Central. En d?pit de sa jeunesse, il avait prouv? qu’il ?tait un membre ?nergique et comp?tent de l’?quipe. – Oui et il se d?brouille tr?s bien. Je vais lui dire de prendre le relais et, comme ?a, je pourrai te remmener ? la maison. – Non, protesta-t-elle. Je ne veux pas que tu rates quelque chose d’important en ?tant absent. – Jessie, nous contr?lons tout, ici. Nous n’utilisons pas la police de Manhattan Beach pour cette enqu?te. Les agents qui sont ici avec Trembley viennent de chez nous. L’assistant du m?decin l?giste et les techniciens de la sc?ne de crime sont les n?tres. Le capitaine Decker a insist? pour que nous utilisions notre personnel et le chef de Manhattan Beach n’a pas protest?. Nous sommes en train de prendre des photos et de tourner des vid?os. Nous faisons tout ce qui peut ?tre fait. Laisse-moi te remmener ? la maison. Je demanderai que quelqu’un remm?ne ta voiture. Fais-moi confiance. Tu ne dois pas rester l?. Par-dessus l’?paule de Ryan, Jessie jeta un coup d’?il ? la plage qui s’?tendait au loin. Le brouillard commen?ait ? se dissiper. Elle ne pouvait pas encore voir l’eau, mais elle arrivait ? distinguer les silhouettes de plusieurs gens qui marchaient sur le sable. Qui peut bien marcher sur la plage ? cette heure-l? ? Elle secoua la t?te, furieuse contre elle-m?me. Quelle diff?rence, en ce moment ? Garde la t?te sur les ?paules ! – OK, r?pondit-elle finalement, mais allons l?-bas en premier. Ryan regarda dans la direction vers laquelle elle ?tait tourn?e et hocha la t?te. – Attends juste une minute, dit-il. Je veux d’abord dire ? Trembley ce qui se passe. – Vas-y, dit-elle distraitement. Je te retrouve sur le sable. Ryan l’emmena en bas de l’escalier puis remonta. Jessie sortit par la porte d’entr?e et trouva des marches qui menaient du Strand ? la piste cyclable du dessous et, au-del?, ? la plage. Elle se d?chaussa, tint ses chaussures par les talons du bout des doigts et avan?a vers l’eau. M?me si c’?tait le d?but de l’?t?, ? cette heure-l?, le sable ?tait encore frais et bougeait sous ses pieds tout en s’insinuant entre ses orteils. Elle avan?ait lentement pour garder l’?quilibre, utilisant plus ses oreilles que ses yeux. Quand elle se rapprocha du son des vagues, un des vieux postes de sauvetage en bois bleu apparut. Elle passa devant et remarqua que le sable ?tait maintenant plus dur et plus dense. Quelques pas plus loin, elle sentit l’humidit? sous ses pieds, ? l’endroit o? la mar?e ?tait mont?e le plus r?cemment. ? pr?sent, l’eau ?tait visible. Elle regarda les vagues s’?craser les unes contre les autres en cr?ant une ?cume qui formait des bulles blanches et avan?ait avec envie vers ses orteils. Elle s’assit juste hors de port?e et regarda l’oc?an. Au bout d’un moment, elle ne sut pas combien de temps, Ryan arriva et s’assit ? c?t? d’elle. Il ne dit rien et elle non plus. Elle tendit une main et il la prit. Elle se pencha et posa la t?te sur son ?paule. Elle pensa que les vagues qui venaient mourir sur la plage emp?chaient peut-?tre d’entendre qu’elle pleurait, mais elle n’en ?tait pas s?re et, en fait, ?a lui ?tait ?gal. * Il regarda jusqu’au lever du soleil. D’abord, il eut du mal ? cause du brouillard et parce qu’il ?tait ? plusieurs p?t?s de maisons mais, quand il eut trouv? des jumelles dans le grand placard, il put monter sur le toit-terrasse et surveiller tout ce qui se passait ? six p?t?s de maisons de distance, sur le Strand, o? les ?v?nements avaient eu lieu. Il ?tait ?trangement excit? par tout ?a. Il trouvait satisfaisant que les sir?nes aient r?sonn? sur le front de mer les deux derni?res nuits ? cause de lui. Il ne comprenait pas compl?tement la situation. La premi?re nuit ?tait logique, mais la r?action de la police au milieu de la nuit derni?re paraissait encore plus intense que celle de la nuit d’avant. Quelque chose lui ?chappait peut-?tre. Finalement, quand le soleil se leva sur les collines de l’est, il rentra dans sa demeure temporaire. Il voulait dormir mais, avec toute cette excitation, il avait du mal. Il n’arr?tait pas de repenser ? ce qu’il avait fait, ? ce qu’il avait pris. Il n’avait pas voulu tuer cette femme. Apr?s tout, il n’avait fait que s’occuper de ses affaires dans la maison des Bloom, celle qu’ils laissaient toujours pendant plusieurs semaines ininterrompues de l’?t?. Il n’emb?tait personne. Cependant, il avait fallu que la femme fouineuse d’? c?t?, avec son corps botox? et son sourire encore plus artificiel, vienne pointer son nez. Il avait cru qu’elle s’en irait au bout d’un moment, mais elle ?tait entr?e dans la maison, avait commis le m?me d?lit que lui. Il avait esp?r? qu’elle s’en irait et qu’elle lui permettrait de poursuivre ses activit?s, mais non : il avait fallu qu’elle c?de ? sa curiosit? et s’offre une visite de la maison. Si elle n’avait pas fourr? son nez partout, elle serait probablement en vie, aujourd’hui. Cependant, quand elle l’avait vu, il n’avait plus eu le choix. Elle aurait probablement fourni une description de lui ? la police et, ? pr?sent, il serait dans de beaux draps. Donc, il avait fallu qu’il l’en emp?che, qu’il la r?duise au silence. Il ne pouvait pas accepter qu’elle le prive du style de vie dont il avait joui, m?me si c’?tait seulement temporaire. Donc, il l’avait ?trangl?e. Au d?but, quand il l’avait plaqu?e contre la porte puis qu’il lui avait pass? le bas autour du cou, il avait eu une pouss?e d’adr?naline. Au moment o? elle s’?tait vraiment d?battue en agitant les bras, il avait bri?vement envisag? d’arr?ter. Il aurait peut-?tre pu se contenter de l’assommer et de s’enfuir, d’aller ? un tout autre endroit. Cependant, ? ce moment-l?, la vieille fureur avait refait son apparition. Pourquoi aurait-il fallu qu’il se plie aux d?sirs d’une autre salope pleine aux as ? Il l’avait fait bien assez souvent dans sa vie. Soudain, il lui avait serr? le cou encore plus fort en imaginant qu’elle ?tait un des mannequins qui, autrefois, avaient fait tout ce qu’il avait voulu mais le m?prisaient maintenant. Il avait regard? le tissu du bas s’enfoncer dans sa chair et l’?touffer et il avait ressenti un frisson presque orgasmique en se rendant compte que la vie de cette femme ?tait litt?ralement entre ses mains. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=63590881&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.