Çàâüþæèëî... ÇàïîðîøÈëî... Çàìåëî... Ñîðâàâøèñü â òèøèíó, äîõíóëî òàéíîé... È ðàçëèëèñü, ñîåäèíÿñü, äîáðî è çëî, Ëþáîâü è ñìåðòü Íàä ñíåæíîé è áåñêðàéíåé Ïóñòûíåé æèçíè... ... Âïðî÷åì, íå íîâû Íè áåëûå ìåòåëè, íè ïóñòûíè, Íåïîñòèæèìîå, èçâå÷íîå íà "Âû" Ê áåññðî÷íûì íåáåñàì â ëèëîâîé ñòûíè: "Âû èçëèâàåòåñü äîæäÿìè èç ãëóáèí, Ñêðûâàåòå ñíåã

Ruine par une Peinture

Ruine par une Peinture Fiona Grace Un Roman Policier de Lacey Doyle #6 «Extr?mement divertissant. Cet ouvrage a sa place de choix dans la biblioth?que de tout lecteur.rice privil?giant les enqu?tes savamment construites, les rebondissements et une trame captivante. Vous serez conquis. L’ouvrage id?al pour les froides journ?es d’hiver !». – Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (Meurtre au Manoir). RUINE PAR UNE PEINTURE (Un Roman Policier de Lacey Doyle – Tome Six) est le sixi?me tome de la charmante nouvelle s?rie de cosy mysteries par Fiona Grace, qui commence par MEURTRE AU MANOIR (Tome 1), un bestseller n°1 avec plus de 100 fois 5 ?toiles – et en t?l?chargement gratuit!Lacey Doyle, 39 ans et fra?chement divorc?e, a op?r? un changement drastique : elle a d?laiss? sa vie tr?pidante ? New York et s’est install?e dans la pittoresque ville en bord de mer de Wilfordshire… L’automne est arriv? ? Wilfordshire, apportant avec lui les festivals culinaires automnaux, des vacances charmantes et un retour rafraichissant ? la normalit?. Pour f?ter leur nouvelle demande, Lacey et Tom partent ensemble pour un petit voyage ? la campagne, et Lacey est ravie de tomber sur une peinture rare dans un endroit des plus inattendus – une cabane en bord de route… Mais Lacey n’a aucune id?e d’? quel point cette ?uvre est rare et de grande valeur. Quand elle apprend cette stup?fiante nouvelle, elle est confront?e ? un dilemme – devrait-elle la rendre ou non ? – quand un rebondissement et un cadavre la propulsent en plein dans un crime qu’elle doit, avec son chez compagnon canin ? ses c?t?s, r?soudre – ou elle perdra tout ce pour quoi elle a travaill?… R?DUIT AU SILENCE PAR UN SORT (Tome 7), PI?G?E PAR UN FAUX (Tome 8), et CATASTROPHE DANS UN CLO?TRE (Tome 9) sont aussi disponibles en pr?commande! Fiona Grace TUE PAR UNE PEINTURE TUE PAR UNE PEINTURE (Un Roman Policier de Lacey Doyle – Tome 6) FIONA GRACE Fiona Grace L’auteure d?butante Fiona Grace est l’auteure de la s?rie LES HISTOIRES ? SUSPENSE DE LACEY DOYLE, qui comporte neuf tomes (pour l’instant), de la s?rie des ROMANS ? SUSPENSE EN VIGNOBLE TOSCAN, qui comporte quatre tomes (pour l’instant), de la s?rie des ROMAN POLICIER ENSORCEL?, qui comporte trois tomes (pour l’instant) et de la s?rie des ROMANS ? SUSPENSE DE LA BOULANGERIE DE LA PLAGE, qui comporte trois tomes (pour l’instant). Comme Fiona aimerait communiquer avec vous, allez sur www.fionagraceauthor.com (http://www.fionagraceauthor.com/#_blank) et vous aurez droit ? des livres ?lectroniques gratuits, vous apprendrez les derni?res nouvelles et vous resterez en contact avec elle. Copyright © 2020 par Fiona Grace. Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi des ?tats-Unis sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l’autorisation pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre seule jouissance personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d’autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec une tierce personne, veuillez en acheter un exemplaire suppl?mentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir achet?, ou s’il n’a pas ?t? achet? pour votre seule utilisation personnelle, vous ?tes pri?s de le renvoyer et d’acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le travail difficile de l’auteur. Il s’agit d’une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les ?v?nements et les incidents sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilis?s dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou mortes, n’est que pure co?ncidence. Image de couverture : Copyright Helen Hotson, utilis? en vertu d’une licence accord?e par Shutterstock.com. PAR FIONA GRACE UN ROMAN POLICIER ENSORCEL? SCEPTIQUE ? SALEM : UN ?PISODE DE MEURTRE (Tome 1) LES ROMANS POLICIERS DE LACEY DOYLE MEURTRE AU MANOIR (Tome 1) LA MORT ET LE CHIEN (Tome 2) CRIME AU CAF? (Tome 3) UNE VISITE CONTRARIANTE (Tome 4) TU? PAR UN BAISER (Tome 5) RUINE PAR UNE PEINTURE (Tome 6) ROMAN ? SUSPENSE EN VIGNOBLE TOSCAN M?R POUR LE MEURTRE (Tome 1) M?R POUR LA MORT (Tome 2) M?R POUR LA PAGAILLE (Tome 3) CHAPITRE UN L’odeur des tomates r?ties emplissait la cuisine de Crag Cottage. Lacey alla ? la cuisini?re Aga et sortit la plaque de cuisson. Les tomates commen?aient tout juste ? caram?liser. – Elles sont cuites, annon?a-t-elle ? Gina. Son amie aux cheveux fris?s gris leva le nez en l’air et renifla. C’?tait exactement le m?me mouvement que les deux bergers anglais qui se pr?lassaient ? ses pieds, et Lacey ne put s’emp?cher de glousser. – ?a sent merveilleusement bon, dit Gina. Lacey sourit avec nostalgie. – Avant, Papa faisait de la soupe ? la tomate r?tie le premier jour de l’automne. Lacey avait tr?s peu de souvenirs de son p?re. Il avait disparu quand elle n’?tait qu’une enfant. Mais l’odeur de sa soupe ? la tomate r?tie ?tait toujours aussi vive. – Heureusement qu’il me restait un kilo de tomates de cet ?t? alors, r?pondit Gina. Elle ajusta ses lunettes ?paisses ? monture rouge et regarda le soleil radieux par la fen?tre. Difficile de croire que c’est l’automne. Il faisait anormalement chaud, plus chaud en fait que pendant l’?t?. Des rayons de soleil traversaient les grandes fen?tres de la cuisine et tombaient sur Lacey tandis que celle-ci poursuivait sa pr?paration de la soupe. Elle plongea les tomates r?ties dans une grande marmite, y ajouta du bouillon de poulet, glissa quelques feuilles de laurier fra?ches provenant du jardin et mit ? mijoter. Puis elle prit son verre de vin et se glissa sur un tabouret en face de Gina, ? l’?lot de cuisine. – Que penses-tu des pois de senteur ? dit Gina en levant ses yeux bleus interrogateurs de son magazine de jardinage. Lacey coin?a une boucle sombre derri?re son oreille et fit une grimace. – Les pois sont l’un des l?gumes que j’aime le moins. Gina rit. – Je ne parle pas de nourriture ! Je veux dire les fleurs ! Pour le mariage ! ?a fait des semaines que Tom a fait sa demande et la seule d?cision que tu aies prise jusqu’? pr?sent est de me confier la gestion des fleurs ! Elle avait raison. Des semaines s’?taient ?coul?es depuis ce moment magique o? Tom avait fait sa demande ? Lacey lors de sa f?te surprise pour son quaranti?me anniversaire, et d?signer son amie ? la main verte comme demoiselle d’honneur ?tait la seule d?cision qu’elle avait prise. Elle n’avait m?me pas encore pris de dispositions concernant la date, le lieu et la robe. Pas m?me la liste des invit?s… Et c’?tait la vraie raison de son h?sitation. Comment pouvait-elle vraiment planifier le mariage de ses r?ves si son p?re n’?tait pas l? pour la mener ? l’autel ? – Montre-moi la photo, dit-elle, en essayant de ne pas laisser son chagrin transpara?tre sur son visage. Gina fit pivoter son magazine. Lacey regarda la photo de petites fleurs d?licates, dans une gamme de roses, de violets et de cr?mes aux couleurs pastel. – Elles sont un peu… cucul, dit-elle. Gina leva les yeux au ciel. – Tu sais que tu as eu quelque chose de n?gatif ? dire sur chaque fleur que j’ai sugg?r?e jusqu’? pr?sent ? – Vraiment ? demanda Lacey en grima?ant. Gina retourna le magazine. En secouant la t?te, elle murmura : – Je ne t’avais jamais prise pour une Bridezilla. Bien s?r, Lacey n’?tait pas de ce genre. En ce qui concernait les d?tails de la c?r?monie de mariage, elle ?tait plus d?tendue que la future mari?e ordinaire. Mais elle n’avait pas le courage de dire ? Gina que toutes les fleurs du monde ne pouvaient pas compenser l’absence de son p?re. – Je ne suis pas une Bridezilla, dit-elle. Les fleurs sont juste tr?s importantes pour moi. Plus importantes que tout le reste. Je ne veux pas me pr?cipiter et prendre des d?cisions que je pourrais regretter plus tard. Pendant un bref instant, il sembla que Gina allait peut-?tre accepter l’explication de Lacey. Mais ensuite, elle se pencha en avant sur ses coudes et plissa les yeux d’un air suspicieux. – Ce n’est pas ?a, dit-elle, comme une sorte de voyante qui lit dans les pens?es. Je te connais trop bien. Que cachez-vous, mademoiselle ? – Rien, dit Lacey, sur la d?fensive, en secouant la t?te. Mais elle savait que Gina n’allait pas laisser tomber. Son amie n’?tait pas du genre ? renoncer face ? un conflit. – Oh vraiment ? insista Gina. Parce que tu n’as presque rien organis?. Tu n’as pas fix? de date. Tu as rejet? toutes les id?es de fleurs que je t’ai propos?es. Si je puis me permettre, tu n’as pas l’air tr?s enthousiaste ? l’id?e de ce mariage. Lacey laissa ?chapper un bruit railleur et offens?. – Je suis enthousiaste, r?pliqua-t-elle. Je suis juste… occup?e. – Occup?e ? quoi ? demanda Gina. La p?riode touristique estivale est termin?e. Tu viens d’engager Finnbar pour faire des heures au magasin. Tu as plus de temps pour organiser ce mariage que depuis que tu as quitt? New York ! Sa voix s’adoucit. Elle tendit la main et tapota celle de Lacey. Est-ce parce que c’est ton deuxi?me mariage ? Tu as peur que ?a se termine mal comme la derni?re fois ? – Ce n’est pas ?a, c’est… L’explication de Lacey ?tait sur le bout de sa langue. Mais elle ne trouvait pas les mots. Ils semblaient coinc?s dans sa bouche comme du beurre de cacahu?tes. Elle ne pouvait pas admettre ? Gina qu’il y a quelques semaines, elle avait finalement fait le grand saut dans ses tentatives pour contacter son p?re. Tout avait commenc? lorsqu’elle avait eu une piste sur ce dernier gr?ce ? un contact dans le monde des antiquaires, Jonty Sawyer de la maison de vente aux ench?res Sawyer & Sons ? Weymouth, un endroit que son p?re avait apparemment fr?quent? tous les week-ends pendant un an. Jonty avait transmis l’adresse de son p?re en Angleterre – Mermaid Street ? Rye, dans l’East Sussex – que Lacey avait not?e avant de la ranger l?chement dans un tiroir. Comme le c?ur d’Edgar Allan Poe qui battait sous le plancher, le tiroir semblait battre ? chaque fois qu’elle passait ? c?t?, l’obligeant ? r?fl?chir longuement ? l’adresse cach?e ? chaque seconde de chaque minute de chaque jour. Finalement (et gr?ce ? un peu de courage puis? dans l’alcool), Lacey avait r?ussi ? ?crire une lettre, une invitation ? son mariage. Elle esp?rait que son p?re pourrait ?tre tent? de sortir d’hibernation pour celui-ci. Mais elle n’avait re?u aucune r?ponse. Apr?s tout cela, elle se sentait b?te. Qu’est-ce qui lui faisait croire qu’elle pourrait inciter son p?re ? revenir dans sa vie avec un mariage ? Apr?s tout, il avait manqu? son premier mariage avec David, alors pourquoi s’?tait-elle permis d’esp?rer que ce serait diff?rent cette fois-ci ? Une lourdeur s’installa dans le c?ur de Lacey. Elle d?cida qu’il serait plus facile de laisser Gina penser ce qu’elle voulait. – Tu as raison, dit-elle en soupirant. C’est pour ?a que je tra?ne les pieds. Gina secoua sa t?te de frisottis gris. – Ch?rie, ch?rie, ch?rie, dit-elle doucement. Ce que tu as avec Tom est sp?cial. Il ne te traiterait jamais comme David, comme une sorte de couveuse pour b?b?. Lacey essaya de sourire, mais la tentative maladroite de Gina pour la r?conforter avait en fait soulev? une autre des plus grandes incertitudes de Lacey. Lacey venait d’avoir quarante ans et la possibilit? de fonder sa propre famille diminuait rapidement. Elle n’avait pas encore pris de d?cision, et encore moins discut? avec Tom. – De plus, poursuivit Gina, qui ne se rendait absolument pas compte du malaise de Lacey, pense ? quel point ce sera g?nial quand ta m?re, ta s?ur et le petit Frankie viendront ici ! Loin de lui remonter le moral, penser ? sa famille ? New York fit d?gringoler l’estomac de Lacey de honte. Parce qu’elle ne leur avait m?me pas encore parl? des fian?ailles. Des semaines s’?taient ?coul?es et tout le monde, du facteur au laitier, ?tait au courant des fian?ailles de Lacey et de Tom. Mais elle avait compl?tement laiss? sa propre chair et son sang dans l’ignorance. Lacey savait qu’il ?tait impardonnable de ne pas leur dire, peu importe le nombre de fois qu’elle avait essay? de justifier ses actions – qu’elle avait droit ? sa vie priv?e, qu’elle voulait profiter de ce moment avec Tom un peu plus longtemps, qu’elle ne leur faisait pas confiance pour ne pas le dire imm?diatement ? son ex-mari et qu’elle voulait ?viter de lui en parler le plus longtemps possible – mais peu importe l’excuse qu’elle trouvait, elle n’?tait jamais assez ad?quate pour justifier son comportement. Il n’y avait pas deux fa?ons de le faire. En ne le leur disant pas, elle ?tait une mauvaise fille, une mauvaise s?ur et une mauvaise tante. Lacey s’agita, mal ? l’aise, sur son tabouret et prit une grande gorg?e de son verre de vin. En r?ponse ? son silence, Gina poussa un cri. – Tu ne leur as m?me pas encore dit, s’exclama-t-elle. Elle devient trop dou?e pour ces conneries de t?l?pathie, pensa Lacey. – Non, confirma-t-elle. Gina eut l’air horrifi?e. – Pourquoi pas ? insista-t-elle. Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? La question avait tourment? Lacey tout autant que cette fichue adresse cach?e dans son tiroir. Soudain, Lacey r?alisa d’un seul coup que les deux ?taient compl?tement li?s. La v?ritable raison pour laquelle elle avait gard? ses fian?ailles secr?tes ?tait qu’elle attendait toujours et esp?rait que son p?re r?pondrait ? sa lettre. Elle s’accrochait ? cette mince possibilit?, aussi stupide soit-elle, que son mariage pourrait bien ?tre la r?union de famille qu’elle souhaitait depuis qu’il l’avait abandonn? ?tant enfant. Elle attendait une r?ponse dont elle savait qu’elle ne viendrait probablement jamais. – Alors ? demanda Gina. ? ce moment, le minuteur de la cuisine se mit ? sonner. – Oups, dit Lacey, en sautant de son tabouret. La soupe est pr?te. Sauv?e par le gong, pensa-t-elle en s’?loignant de Gina et de ses questions indiscr?tes. CHAPITRE DEUX Lacey ?tait occup?e ? d?poussi?rer les ?tag?res de son magasin d’antiquit?s lorsque la cloche au-dessus de la porte tinta. Chester laissa ?chapper un aboiement d’excitation, et Lacey jeta un coup d’?il pour voir Finnbar, son nouvel employ?, entrer dans le magasin. Le jeune homme maigre portait les m?mes v?tements, comme tous les jours : chemise ? carreaux, pantalon cargo beige, brogues us?es en cuir. Ses cheveux bruns ?taient en bataille, de m?me que son menton, o? poussaient une multitude de poils bruns et roux trop longs pour ?tre du duvet, mais trop courts pour ?tre une barbe, comme s’il ne pouvait pas d?cider ce qu’il voulait. Bien que, sachant combien Finnbar s’av?rait ?tre maladroit, il ne savait peut-?tre pas dans quel sens tenir un rasoir. – Bonjour, appela Lacey. Finnbar inclina la t?te en guise de r?ponse polie (m?me s’il ne portait pas de casquette), puis il caressa Chester. – Je pr?pare une th?i?re ? demanda-t-il. – S’il te pla?t, dit Lacey. Tout ce d?poussi?rage m’a laiss?e dess?ch?e. Elle regarda Finnbar dispara?tre par l’arche pour aller dans la kitchenette. C’?tait quelqu’un de routinier, remarqua-t-elle, toujours avec les m?mes v?tements, qui commen?ait toujours la journ?e par un signe de t?te, une caresse pour Chester, et la proposition de pr?parer une nouvelle th?i?re. Lacey ne se plaignait pas de se faire servir le th?, mais il s’?tait av?r? ?tre un ?trange personnage depuis qu’elle l’avait engag? quelques semaines auparavant. Elle venait de gagner un peu d’argent, apr?s avoir vendu une sculpture d’Isidore Bonheur ? une riche femme d’affaires ukrainienne. Tom l’avait demand?e en mariage peu de temps apr?s et Lacey avait d?cid? que la meilleure fa?on de d?penser son argent ?tait d’engager quelqu’un pour l’aider au magasin afin qu’elle puisse consacrer plus de temps ? l’organisation de la c?r?monie. Elle et Gina avaient tout g?r? entre elles pendant des mois et des mois ; il ?tait temps d’all?ger leur charge de travail. Finnbar pr?parait un doctorat en histoire ? l’universit? d’Exeter, il ?tait donc la personne id?ale pour tenir la caisse les jours les plus calmes. Il pouvait ainsi lire ses gros volumes pendant les moments d’accalmie entre les clients et, de temps en temps, intervenir avec ses connaissances sur les ?poques des antiquit?s. Jusque-l?, il avait gagn? le surnom de “machine ? faits”. Mais malgr? ses connaissances encyclop?diques, il manquait cruellement de bon sens. Tandis que Finnbar s’agitait dans la cuisine, la cloche de la porte se remit ? tinter, cette fois-ci pour accueillir le premier client de la journ?e. Lacey se tourna vers la femme d’?ge moyen, dont les cheveux brillants brun fonc? retombaient net au-dessus des ?paules de sa robe grise magnifiquement coup?e. – Bont? divine ! s’exclama la dame en s’?ventant le visage. Il fait un peu chaud ici, non ? Lacey sourit agr?ablement. – Je suis presque s?re qu’il fait plus chaud maintenant qu’en ao?t ! Mais plut?t que de se joindre aux plaisanteries amicales de Lacey, la femme fron?a les sourcils. – Alors pourquoi ne pas mettre l’air conditionn? ? se plaignit-elle. Lacey sentit son enthousiasme faiblir. – Je ne pense pas que ce soit autoris? dans ce vieux b?timent, r?pondit-elle. Les rang?es de b?timents en pierre qui constituaient la majorit? de l’architecture de Wilfordshire ?taient notoirement difficiles ? moderniser. Lacey devait partager ses charges avec Taryn, la propri?taire de la boutique d’? c?t? – ce qui ?tait regrettable, car Taryn semble la d?tester – et chaque modification devait ?tre approuv?e par le conseil. Lacey avait vu sa premi?re demande d’enseigne rejet?e parce que le type de bois “ne correspondait pas ? l’esth?tique souhait?e par la ville”, pour l’amour de Dieu. L’installation d’un bloc d’air conditionn? m?tallique et bruyant provoquerait probablement une ?meute ! – Vous allez faire fuir les clients, dit la femme d’un ton arrogant. C’est trop ?touffant. Et ?a rend l’odeur de poussi?re encore plus forte. Lacey aimait l’odeur poussi?reuse des antiquit?s. C’?tait une autre odeur r?confortante pour elle, comme la soupe ? la tomate r?tie, parce qu’elle l’associait ? son p?re. – En quoi puis-je vous aider aujourd’hui ? demanda Lacey en se for?ant ? ?tre polie. La femme grossi?re l’avait vraiment prise ? rebrousse-poil. – J’essaie de trouver un cadeau d’anniversaire de mariage ? mes parents, pour leurs noces d’or, expliqua la femme. Ils se sont mari?s dans les ann?es 60, alors j’ai pens? que vous pourriez avoir un de ces vieux t?l?viseurs, ceux autour desquels toute la famille se r?unissait. Vous savez de quel type je parle ? Avant que Lacey ait pu r?pondre, Finnbar revint de la cuisine avec le plateau, la th?i?re et les tasses. – Je suppose que vous parlez du Sony Trinitron KV-1210 ? demanda-t-il en posant le plateau sur le comptoir. Le mod?le original de 12 pouces sorti en 1968 ? Il pointa du doigt l’?tag?re des objets ?lectroniques. Lacey le regarda avec de grands yeux, perplexe. Comment savait-il ?a ? La femme regarda l’?cran. – C’est celui-l? ! s’exclama-t-elle avec joie. Elle se pr?cipita et prit la t?l?vision dans ses bras. Lacey pouvait voir ? la fa?on dont elle gonflait ses joues qu’il ?tait beaucoup plus lourd qu’elle ne l’avait pr?vu. – Laissez-moi vous aider, dit Lacey en faisant un pas vers elle. – Non, non, je l’ai, dit la cliente en l’?cartant. Lacey regarda, tendue, la femme se dandiner jusqu’au comptoir avec le lourd t?l?viseur, puis le l?cher maladroitement ? c?t? de la th?i?re bouillante. C’?tait la recette d’un d?sastre ! – Je suppose qu’il fonctionne, dit la cliente ? Finnbar, sur un ton soudain mielleux. – Aussi bien que dans les ann?es 60, plaisanta Finnbar en retour, les yeux noisette p?tillants. La femme, qui avait ?t? si brusque avec Lacey, rit de bon c?ur de Finnbar. Il ?tait clair qu’elle s’?tait entich?e de lui. Pendant que Finnbar enregistrait l’achat, Lacey l’observait avec h?sitation. Il ?tait maladroit dans le meilleur des cas, mais il ?tait maintenant en train de n?gocier un gros appareil ?lectronique ? c?t? d’une th?i?re d’eau bouillante. – Voulez-vous que je vous aide ? l’apporter ? votre voiture ? demanda Finnbar en rendant ? la femme sa carte de cr?dit. – Oh non, ?a va aller, dit-elle dans un trille. Lacey se tint pr?te alors que la femme soulevait le lourd appareil dans ses bras et commen?ait ? se dandiner vers la sortie. – Quel charmant jeune homme, dit-elle ? Lacey en passant. Puis elle sortit sous le soleil ?clatant de la fin septembre avec un grand sourire sur le visage. D?s qu’elle fut partie, Lacey cessa de retenir son souffle. La catastrophe avait ?t? ?vit?e. Elle se tourna vers Finnbar. – Je suis impressionn?e, dit-elle. Non seulement tu as rendu une cliente difficile heureuse, mais tu savais aussi quel type de t?l? elle voulait. Finnbar haussa les ?paules comme si ce n’?tait rien. – C’?tait le mod?le le plus populaire dans les ann?es 60. – Sans doute, dit Lacey. Mais c’est quand m?me impressionnant que tu saches ?a par c?ur. – J’ai une bonne m?moire, r?pondit Finnbar en frottant timidement son menton in?galement garni. Il inclina la th?i?re et versa une tasse pour Lacey. Mais lorsqu’elle la lui prit des mains, elle regarda dedans et remarqua qu’il ne semblait y avoir rien d’autre que de l’eau chaude. Elle se mit ? rire. – Tu es s?re d’avoir une bonne m?moire ? le taquina-t-elle. Les sourcils sombres de Finnbar se rapproch?rent avec confusion. – Oui. Pourquoi ? – Je pense que tu as oubli? de mettre des sachets de th? dans la th?i?re ! r?v?la Lacey. Les joues de Finnbar devinrent rouge vif. Son regard se baissa sur sa propre tasse. – Oh ! dit-il, soudainement troubl?. Je suis b?te. Je suis vraiment d?sol?. Mon Dieu. Laisse-moi arranger ?a. Il s’empressa de prendre la tasse de Lacey, clairement paniqu?. M?me ses oreilles rougissaient. Lacey se sentait mal de l’avoir taquin?. C’?tait le genre de chose dont elle et Gina auraient ri si l’une d’entre elles avait fait la m?me erreur, mais Finnbar ?tait clairement une personne plus sensible qu’elles. Elle devrait ?tre plus bienveillante avec lui ? l’avenir. – C’est bon, dit-elle d’un ton rassurant. Ce n’est pas grave. – Je-je suppose que non, bredouilla-t-il. Il s’?carta d’elle, puis se pr?cipita vers la cuisine pour aller chercher les sachets de th? et corriger son erreur. Lacey le consid?rait avec encore plus de curiosit?. Comment quelqu’un disposant d’autant de connaissances pouvait-il manquer de bon sens ? C’est alors que Chester se remit ? aboyer. Lacey regarda vers la porte pour voir Tom traverser la rue pav?e entre leurs deux magasins. Le soleil automnal donnait ? sa peau une teinte chaude presque dor?e. Ses cheveux bruns avaient ?t? ?claircis par le long et chaud ?t?, avec des reflets blonds naturels accentuant sa chevelure par ailleurs ch?tain. Il ?tait en pleine forme pour un homme d’une quarantaine d’ann?es. Lacey pouvait voir les lignes de ses muscles ? travers son T-shirt, m?me ? cette distance. Tom poussa la porte, faisant tinter la sonnette. – Bonjour, ma fianc?e ! appela-t-il en esquissant un sourire aux dents nacr?es. Lacey rayonnait. – Bonjour ? toi aussi, mon fianc?, r?pondit-elle. Que me vaut ce plaisir ? Son beau fianc? traversa la pi?ce vers elle. – J’ai une question ? te poser, dit-il. Ses yeux vert p?le communiquaient soudain quelque chose de s?rieux. C’est une question sur le mariage. Il l’avait dit sur un ton prudent qui fit r?fl?chir Lacey. Jusqu’? pr?sent, Tom avait ?t? tr?s patient concernant son d’absence de planification. Il semblait savoir qu’elle devait proc?der une chose ? la fois, ce qui ?tait impressionnant pour Tom, qui pouvait parfois ?tre si peu observateur qu’il ?tait pratiquement aveugle. Mais bien s?r, il allait arriver un moment o? elle devrait prendre des d?cisions concr?tes, et Lacey avait l’impression que ce moment ?tait peut-?tre venu. – Quelle est la question ? demanda-t-elle, en essayant de conserver un ton l?ger. – Je me demandais o? nous allions nous marier, dit Tom. Quel pays, je veux dire. Le Royaume-Uni ou les ?tats-Unis ? Parce qu’il est ?videmment dans la tradition de le c?l?brer dans la ville natale de la mari?e, mais je pense que ma famille ?largie aurait besoin d’?tre avertie si c’?tait le cas. Certains d’entre eux ne sont pas particuli?rement bien lotis financi?rement et cela pourrait ?tre beaucoup leur demander de se rendre aux ?tats-Unis. Il avait l’air mal ? l’aise de lui demander et Lacey se sentait nulle pour cela. Peut-?tre que Gina avait raison. Elle se comportait comme une vraie Bridezilla ? cause du fardeau du secret qu’elle gardait. – N’en dis pas plus, dit Lacey en secouant la t?te. Nous le ferons en Angleterre. Les yeux verts de Tom ?tincel?rent d’excitation. – Vraiment ? demanda-t-il. Puis il h?sita. Tu ne dis pas ?a parce que je t’ai dit que ma famille est trop pauvre pour voyager ? Lacey lui toucha le bras de fa?on rassurante, ses doigts p?les contrastant avec sa peau naturellement couleur miel. – Je ne dis pas ?a juste comme ?a, je te le promets. Je veux le c?l?brer ici. L’Angleterre est ma patrie. Plus que les ?tats-Unis. Cela signifierait beaucoup pour moi de le faire ici. La plupart des gens que j’aime sont ici, de toute fa?on. Il n’y aurait que maman, Naomi et Frankie qui viendraient des ?tats-Unis, et quelques vieux amis de l’universit?. Tom souffla. – OK. C’est un soulagement. Je ne voulais pas le dire, mais mon oncle est un vrai radin. Quand ma m?re et mon p?re se sont mari?s, il leur a envoy? une facture pour ses frais de voyage ! Lacey ?tait sur le point d’en demander plus sur l’Oncle Radin quand elle fut distraite par un mouvement par-dessus l’?paule de Tom. Une silhouette inqui?tante se balan?ait devant la vitrine de son magasin. Lacey plissa les yeux en essayant d’identifier la personne. Puis sa poitrine se serra. C’?tait Taryn. La propri?taire de la boutique d’? c?t? ?tait habill?e, comme d’habitude, d’une mini-robe noire. Ses cheveux noir de jais ?taient coiff?s dans un joli carr? asym?trique (du m?me style que celui que Lacey avait arbor? avant de le laisser pousser pendant l’?t? ; elle pensait encore secr?tement que Taryn avait copi? ce style sur elle). – Que veut-elle ? marmonna Lacey entre ses dents, irrit?e d’avance. Comme un cadavre flottant, Taryn poussa la porte et entra vers elle, ses talons aiguilles noirs et brillants cr?ant des creux dans le plancher. Chester grogna tandis qu’elle avan?ait comme un ouragan. Lacey se doutait qu’une sorte de r?primande allait lui ?tre adress?e et se pr?para mentalement ? l’arriv?e de la temp?te. Mais soudain, Taryn cessa ses grandes enjamb?es. Elle avait remarqu? que Tom se tenait l?, et le changement de comportement fut instantan?. Le froncement de ses sourcils sans rides s’att?nua et un sourire ?clatant (bien que guind?) apparut sur son visage. – Thomas ! s’exclama-t-elle. J’ai entendu que les f?licitations ?taient de rigueur. Lacey remarqua la fa?on dont son sourire se brisait au fur et ? mesure qu’elle le disait, r?v?lant une br?ve grimace en dessous. Taryn et Tom ?taient sortis ensemble il y a de nombreuses ann?es, bien avant que Lacey n’entre en sc?ne, mais la fashionista en pin?ait manifestement encore pour lui. Il ?tait ?vident que la derni?re chose qu’elle voulait faire ?tait de les f?liciter tous les deux. – Merci, Taryn, dit Tom, inconscient du sentiment sous-jacent. Taryn lui fit une bise dans le vide, puis se tourna vers Lacey. – F?licitations ? toi aussi, Lacey. Tu nous donnes ? toutes de l’espoir. Ah, le compliment ambigu typique de Taryn, pensa Lacey. – Tu voulais quelque chose ? demanda Lacey en se for?ant ? ?tre plaisante. – En effet, r?pondit Taryn d’une voix efficace et professionnelle. ?a ne prendra pas longtemps. Lacey lui lan?a un regard sceptique. Taryn disait toujours “?a ne prendra pas longtemps” juste avant de prendre tout le temps de Lacey. Elle regarda Tom. – Excuse-moi une seconde. Il hocha la t?te et s’?loigna en sortant son t?l?phone portable. Probablement pour jouer au jeu de guerre auquel il ?tait devenu accro r?cemment… Lacey accorda toute son attention ? Taryn. – Alors, qu’est-ce qu’il y a  ? – C’est ? propos du probl?me de l’air conditionn?, dit Taryn. Tu sais que nous ne pouvons pas avoir de machines externes. Mais cet endroit est une fournaise et mes clients se plaignent. Les ventilateurs sur pied ne font pas l’affaire. – Et ? demanda Lacey, ne sachant pas trop ce que tout cela avait ? voir avec elle. – J’ai d?couvert une faille, annon?a triomphalement Taryn. Mais j’ai besoin de toi pour que ?a marche. Cela ne disait rien qui vaille ? Lacey. – Qu’est-ce que cette faille implique exactement ? demanda-t-elle. Taryn pointa un doigt osseux vers l’alc?ve de leur mur commun. – Il y a une chemin?e condamn?e derri?re, et on peut y installer un syst?me interne. Je connais un gars qui va la convertir pour nous, et comme il n’y aura rien ? l’ext?rieur, nous pouvons l’installer sans permis de construire et sans que la municipalit? ne mette son nez dedans. Lacey fron?a les sourcils, sceptique. – Pourquoi as-tu besoin de moi ? demande-t-elle. – C’est ?a le truc, r?pondit Taryn. Il faudra qu’il d?molisse la chemin?e des deux c?t?s. – Pourquoi ? – Est-ce que j’ai l’air de travailler dans la construction ? la d?fia Taryn, ouvrant les bras pour faire un geste vers sa tenue ?l?gante. Lacey roula les yeux ; sa patience faiblissait. – Un point pour toi. Tu sais au moins combien de temps cela prendra ? Et combien ?a va co?ter ? – Eh bien, je voulais que tu sois d’accord avant de prendre la peine d’obtenir des devis, r?pondit Taryn, sur la d?fensive. – Bon, eh bien, ma participation d?pend un peu de ce que ?a co?te. Taryn souffla. – Je savais que ?a serait difficile pour toi ! – Je ne suis pas difficile, r?torqua Lacey. Je pose des questions ! Ce sera perturbant d’avoir des ouvriers ici, et je ne sais pas si ce sera vraiment rentable pour moi. Avoir l’air conditionn? est moins important pour ma client?le que pour la tienne. Elle pensa alors ? la cliente qui s’?tait plainte de la chaleur tout ? l’heure. C’?tait peut-?tre une bonne id?e, apr?s tout ? – Tr?s bien, dit s?chement Taryn en coupant la parole ? Lacey avant qu’elle n’ait eu le temps d’y r?fl?chir encore. Je vais demander un devis et te l’envoyer par e-mail. Elle se retourna et s’?loigna, oubliant compl?tement de faire son num?ro joyeux ? Tom. Mais cela n’avait pas d’importance, il n’avait pas du tout remarqu? son d?part. Il avait pianot? sur son t?l?phone pendant tout ce temps, visiblement compl?tement absorb? par son jeu de guerre idiot. – Comment va ton infanterie ? l’interpella Lacey en le taquinant gentiment. L’attention de Tom se d?tourna de son t?l?phone pour se concentrer sur Lacey. – En fait, je ne jouais pas ? mon jeu. J’envoyais un message ? ta m?re. Lacey fron?a les sourcils avec curiosit?. – Pourquoi ? demanda-t-elle. – Pour ?tre s?re que ?a ne la d?range pas de voyager pour le mariage, dit Tom. Lacey eut l’estomac nou?. Sa bouche s’ouvrit. Oh non. Oh non, non, non ! – Tom ! cria-t-elle, paniqu?e. Je ne leur ai pas encore dit ! – Pas encore dit quoi ? demanda Tom, fron?ant les sourcils en r?ponse ? son expression horrifi?e. – Je n’ai pas dit ? ma famille que nous sommes fianc?s ! s’exclama-t-elle. L’aveu flotta dans l’espace entre eux. Puis Tom prit un air atterr?. – Quoi ? s’?cria-t-il. Mais avant que Lacey n’ait pu s’expliquer, son t?l?phone portable se mit ? sonner. Ce devait ?tre sa m?re. Elle le savait, c’est tout. Elle arracha ses yeux de Tom et prit son t?l?phone. Sans surprise, le nom de sa m?re clignotait. Lacey en eut l’estomac retourn?. Elle avait de gros, gros probl?mes. CHAPITRE TROIS Lacey tenait ? bout de bras son portable qui vibrait avec insistance. Mais elle savait qu’elle ne pouvait plus le remettre ? plus tard. Il ?tait temps de faire face aux cons?quences. Elle savait que cette conversation allait ?tre tr?s g?nante et elle ne voulait pas que Tom l’entende bafouiller, alors elle d?cida de sortir dans le jardin pour avoir un peu d’intimit?. Elle laissa Tom dans le magasin, l’air h?b?t?, et se pr?cipita dans la salle des ventes en direction des portes-fen?tres. Au bruit de son passage pr?cipit?, Finnbar sortit la t?te de la r?serve et lui lan?a un regard perplexe. Lacey ne s’arr?ta pas pour expliquer. Elle sortit simplement dans le jardin par les portes-fen?tres et appuya sur le bouton vert. Elle ?couta anxieusement la connexion ?tre ?tablie. – Bonjour, Lacey, dit la voix froide de sa m?re. C’est ta m?re. Tu te souviens de moi ? Je suis la femme qui t’a donn? la vie. Qui t’a mise au monde. Lacey inhala. Elles avaient d?j? pris un bon d?part. – Maman, avant de dire quoi que ce soit, laisse-moi t’expliquer, dit-elle prudemment. La personnalit? calme et froide de Shirley fit imm?diatement place ? la col?re. – Expliquer ? cria-t-elle. Il n’y a aucun moyen de t’expliquer sur ce coup-l?, Lacey ! Tu vas te marier ? Et tu ne me l’as pas dit ? Il a fallu que je l’apprenne, par accident, par Tom ? Qui, soit dit en passant, r?pond ? mes appels et mes messages bien plus rapidement que toi. La culpabilit? tordait les tripes de Lacey. Elle grima?a. – Je suis vraiment d?sol?e, maman, dit-elle. Ce n’est pas que je ne te le disais pas. Je ne l’ai encore dit ? personne. C’?tait techniquement vrai. Puisque Tom avait fait sa demande devant tout le monde ? sa f?te d’anniversaire, elle n’avait pas eu besoin de le dire ? quiconque car tout le monde le savait d?j?. Mais un d?tail technique n’allait pas ?pargner ? Lacey la honte qu’elle ?prouvait ni la col?re de sa m?re m?pris?e. – Alors c’est vrai ? demanda Shirley. Toi et Tom ?tes vraiment fianc?s ? L’estomac de Lacey se retourna. D’une petite voix pleine d’excuses, elle le confirma. – Oui. Nous le sommes. – Je ne peux pas te croire ! cria Shirley. Lacey ?couta patiemment le monologue col?rique de sa m?re. C’?tait le moins qu’elle puisse faire vu la fa?on dont sa m?re l’avait appris. Lorsque Shirley se tut enfin, Lacey saisit sa chance pour se mettre ? genoux et implorer. – Je suis vraiment d?sol?e, maman, dit-elle rapidement avant que Shirley ne puisse reprendre sa tirade rageuse. Ce n’?tait pas dans mon intention de te blesser. Je voulais te le dire, vraiment, mais… Elle imagina sa lettre ? son p?re. Sa main lorsqu’elle l’avait pouss?e dans la fente de la bo?te aux lettres rouge, pour ne plus jamais la revoir. C’est trop compliqu? ? expliquer, alors je n’essaierai pas. Je vais juste m’excuser et esp?rer que tu pourras me pardonner. ? l’autre bout de la ligne, tout ?tait silencieux. – Maman ? demanda Lacey. Tu es toujours l? ? Toujours rien. Pendant un moment d?chirant, Lacey pensa qu’elle avait peut-?tre fait pleurer sa m?re. Mais ensuite, elle entendit une s?rie de bips sur la ligne et le bourdonnement de fond changea. ?a doit ?tre une mauvaise connexion, pensa Lacey. – All? ? essaya-t-elle ? nouveau. Tu es l? ? – Oui, je suis l?, dit une voix qui n’?tait pas celle de Shirley, mais celle de Naomi. – Naomi ? demanda Lacey, choqu?e. Que faisait sa s?ur en ligne ? Qu’est-il arriv? ? maman ? – Je suis l? aussi, dit Shirley. Soudain, Lacey se rendit compte de ce qui se passait ; sa m?re avait rajout? sa petite s?ur ? l’appel pour appeler des renforts. Lacey allait devoir faire amende honorable envers elles deux ! Dans le meilleur des cas, Naomi ?tait dramatique ; il ?tait impossible qu’elle puisse se contenir pour quelque chose d’aussi important que ?a ! Lacey ?tait tendue et nerveuse. – De quoi s’agit-il ? demanda Naomi, l’air confus. – Dis-lui, Lacey, ordonna Shirley. Dis-lui ce que tu as fait. – Oh mon Dieu… dit Naomi, dont la confusion fit imm?diatement place ? la panique. Qu’est-ce que tu as fait ? – Rien ! se d?p?cha de lui assurer Lacey. Elle acceptait pleinement qu’elle ?tait en tort, mais sa m?re avait rendu ?a inqui?tant, comme si elle avait assassin? quelqu’un ! Enfin, rien d’ill?gal en tout cas. – Crache le morceau, dit brusquement Naomi. Elle n’?tait pas du genre ? m?cher ses mots. – Oui, allez, Lacey, ajouta Shirley d’un ton cinglant. Ne laisse pas ta s?ur en suspens. Le c?ur de Lacey commen?ait ? palpiter. Elle tira sur le col de sa chemise, qui semblait soudain tr?s serr?. – J-J’ai des nouvelles, bredouilla-t-elle. Tom m’a demand? en mariage. Et j’ai dit oui. – Quoi ? cria Naomi. Tu es fianc?e ? – Surprise, ajouta doucement Lacey. Il y eut une br?ve pause avant que Naomi ne dise, simplement : – Waouh. Lacey ne savait pas trop quoi penser de son “wahou”. Elle ?tait surprise, c’?tait ?vident. Mais il ?tait presque impossible de savoir si elle ?tait surprise en bien ou mal. Et elle ne lui avait m?me pas encore dit le pire… – Je suis en ?tat de choc, murmura Naomi. Tu vas te marier avant moi. Encore. Il doit vraiment y avoir quelque chose qui cloche chez moi si tu peux te marier deux fois avant m?me que je n’aille jusqu’? l’autel une fois. Mais j’imagine que si je m’engageais pr?cipitamment dans des relations comme tu le fais, j’aurais aussi pu me marier plusieurs fois d?j?. Lacey fron?a les sourcils. Elle aurait d? s’attendre ? une r?ponse aussi d?pourvue de tact de la part de sa jeune s?ur. – Rien de tout cela n’est le probl?me, intervint Shirley. Le probl?me est que Lacey ne nous l’a pas dit. Elle n’allait pas nous le dire du tout. Je ne l’ai appris que par accident gr?ce ? Tom. N’est-ce pas, Lacey ? Dis-lui. Lacey n’en eut pas l’occasion, car Naomi avait d?j? un hoquet dramatique de surprise. – Tu n’allais pas nous le dire ? cria-t-elle. Pourquoi, bon sang ? Lacey essaya de s’expliquer, mais sa voix ?tait noy?e par celle de sa s?ur. Et de toute fa?on, quelle r?ponse satisfaisante pouvait-elle vraiment donner ? Elle ne pouvait pas vraiment leur dire qu’elle avait retrouv? leur p?re disparu depuis longtemps et qu’elle l’avait invit? au mariage ! – Depuis combien de temps nous le cachais-tu ? demanda Naomi. Elle avait l’air bless?e. Lacey se mordit la l?vre. – Depuis mon anniversaire. – C’?tait il y a des semaines ! s’?cria Shirley d’une voix stridente. – Oh, Lacey, dit Naomi sur un ton de reproche. – ?coute ?a, interrompit Shirley, qui semblait bel et bien monter sur ses grands chevaux. “Ch?re future belle-m?re. Lacey et moi avons d?cid? que nous aimerions que le mariage ait lieu au Royaume-Uni. Mais bien s?r, si le voyage vous pose un probl?me, nous serions heureux de prendre d’autres dispositions. Votre futur beau-fils, Tom”. Tu y crois ? Est-ce que tu peux t’imaginer apprendre le mariage de ta fille par un SMS comme ?a ? – Horrible, dit Naomi avec un “tsss” d?sapprobateur. Juste horrible. Dans n’importe quelle autre circonstance, Lacey aurait trouv? le message de Tom adorablement touchant. Mais en cet instant, sous le feu roulant de remarques de la part de sa m?re et de sa s?ur, elle aurait vraiment aim? qu’il ne mette pas les pieds dans le plat… Mais en fin de compte, c’?tait elle qui ?tait la seule ? bl?mer. C’?tait elle qui s’?tait mise dans ce p?trin. Sa famille ?tait tr?s ?motive dans le meilleur des cas, mais elle ne pouvait pas vraiment leur reprocher leurs r?actions. Elle aurait d? leur dire imm?diatement. Elle s’appuya mollement contre la porte en verre de la serre, pensant encore ? la raison pour laquelle elle ?tait rest?e au point mort. Son p?re. Elle donna un coup de pied ? une touffe d’herbe s?che qui poussait entre les dalles, alors qu’elle l’imaginait en train de lire sa lettre, puis la froisser et la jeter directement ? la poubelle. Lacey donna un coup de pied assez fort ? la touffe d’herbe pour qu’elle se d?tache de l’interstice et projette des bouts de terre s?ch?e sur la dalle. – Est-ce que tu sais quand tu pourrais le faire ? demanda Naomi. Lacey marqua une pause. On aurait dit qu’elles avaient fini de la critiquer. Du moins pour l’instant. – Pas encore, dit-elle, prudemment. Je n’ai pris aucune d?cision, ? part celle de faire de Gina ma demoiselle d’honneur slash chef jardinier. Vous savez que l’automne est ma saison pr?f?r?e, mais ?a voudrait dire attendre une ann?e enti?re. Le printemps serait trop t?t, l’?t? est d?j? complet, et l’hiver est ?cart? pour des raisons ?videntes. Lacey attendait, esp?rant que sa m?re et sa s?ur en auraient peut-?tre fini avec leurs remontrances et pourraient c?l?brer avec elle. – Assurez-vous que ce soit pendant les vacances de Frankie, d’accord ? dit Naomi, avec un soupir las. Il n’est pas autoris? ? louper l’?cole pendant le trimestre et il serait d?vast? de manquer ?a. – C’est bon ? savoir, r?pondit Lacey. Ce n’?tait pas vraiment un commentaire festif, mais au moins la d?ception ?tait pass?e. Et le coup de t?l?phone d?sagr?able n’avait pas ?t? enti?rement inutile, pensa Lacey en regardant le bon c?t? des choses. Au moins, elle savait maintenant qu’il fallait s’organiser en fonction des vacances de Frankie. Il n’?tait pas question qu’elle se marie sans son co?quipier roux. En fait, peut-?tre que s’il ?tait impossible que son p?re l’accompagne le long de l’all?e, Frankie voudrait le faire. Il ?tait techniquement l’homme de la famille. – Est-ce que tu as dit que tu avais fait de Gina la demoiselle d’honneur ? s’?leva la voix de Naomi ? l’oreille de Lacey. – Ouais, dit Lacey, qui semblait plus d?contract?e maintenant qu’elle s’?tait autoris?e ? baisser un peu la garde. C’est le choix ?vident. C’est ma voisine, mon employ?e, mon amie, ma mentor, ma copine de promenade avec les chiens… La voix de Lacey s’?teignit lorsqu’elle r?alisa soudain son erreur. Naomi ?tait cens?e ?tre la demoiselle d’honneur ! Dans un mariage traditionnel, il ?tait courant que la s?ur de la mari?e se voie confier un r?le vital. Lacey s’?tait emp?tr?e dans un autre faux pas. – Mais ce n’est pas vraiment grav? dans la pierre non plus, dit Lacey en se d?p?chant de se rattraper. Son r?le principal est celui de chef jardinier. – Huh, r?pondit Naomi, d?courag?e. Le mal ?tait d?j? fait. Apr?s quelques minutes de questions auxquelles elle ne put r?pondre, Lacey raccrocha et retourna furtivement dans le magasin, les ?paules vo?t?es. L’appel lui avait tellement mis les nerfs ? vif qu’elle avait l’impression qu’elle pourrait craquer ? la moindre provocation. D’autres questions sur le mariage et elle p?terait les plombs pour de bon. Tom se tenait toujours au milieu de la pi?ce o? elle l’avait laiss?, avec le m?me regard de culpabilit? horrifi? qu’auparavant. – Je suis vraiment d?sol?, dit-il imm?diatement en avan?ant ? grands pas vers elle. – Ne le sois pas, dit Lacey en secouant la t?te. Ce n’est pas ta faute. C’est la mienne. La derni?re chose dont elle avait besoin ?tait qu’il se sente coupable d’avoir vendu la m?che. Ce qui ?tait fait ?tait fait. C’?tait mieux de passer ? autre chose. Tom tendit les bras vers elle et la serra fort. Lacey respira son odeur r?confortante avec un soup?on de beurre. – Je ne voulais rien te compliquer, dit Tom, tout en lui d?posant une s?rie de baisers sur le sommet de sa t?te. Puis-je venir au cottage ce soir pour te pr?parer un d?ner d’excuse ? Lacey se d?gagea de son ?treinte et lui lan?a un regard s?rieux. – Je te l’ai dit, tu n’as pas ? t’excuser, dit-elle. Puis elle remua effront?ment ses sourcils. Mais tu peux toujours me faire ? d?ner. Tom sourit. – N’importe quoi pour ma belle fianc?e. Qu’est-ce que tu veux ? – Quelque chose d’automnal, sugg?ra Lacey. – Bien vu, dit Tom. Que dirais-tu d’une soupe ? la tomate r?tie ? Le sourire de Lacey s’?largit. – ?a a l’air parfait. Juste ? ce moment-l?, le bruit de papiers et de livres qu’on laisse tomber retentit derri?re. Lacey se retourna pour voir Finnbar debout sous l’arcade, entour? de papier. Il avait d? ?couter aux portes. Tom la lib?ra de son ?treinte. – Je te laisse faire, dit-il en agitant les sourcils d’un air entendu. Il avait beaucoup entendu parler de la maladresse de Finnbar au fil des semaines. Il quitta le magasin et Lacey s’approcha de Finnbar. Le jeune homme avait l’air extr?mement mal ? l’aise tandis qu’il s’empressait de ramasser ses papiers et ses livres ?parpill?s. Lacey s’accroupit pour l’aider. – Tu as entendu tout ?a, je suppose ? demande-t-elle en rassemblant les pages de notes sur le plancher dans un raclement. – Oui, dit-il gauchement. Est-ce que tout va bien ? Il avait l’air anxieux. ?tant donn? que l’incident n’avait rien ? voir avec lui, son inqui?tude semblait exag?r?e. – Entre moi et Tom ? dit Lacey. Oui, tout va bien. – ?a ressemblait ? une dispute, r?pondit Finnbar. – Pas vraiment, dit Lacey. Il n’y a pas de raison que je sois en col?re. C’?tait une confusion honn?te. – Je voulais dire l’inverse, dit Finnbar. Tom n’est pas f?ch? contre toi ? Sa question perturba Lacey. Tom ?tait celui qui avait eu tort en le disant ? sa famille avant qu’elle ne soit pr?te. Pourquoi serait-il celui qui ?tait en col?re ? – Que veux-tu dire ? demanda-t-elle. Finnbar remonta ses lunettes sur son nez. – Eh bien, c’est juste que si j’?tais lui, je serais vraiment bless? que tu n’aies pas parl? des fian?ailles ? ta famille. Il remit en tas le reste de ses papiers dans ses bras et d?tala. Lacey se redressa tout en r?fl?chissant aux paroles de Finnbar. Que pensait vraiment Tom du fait qu’elle ait cach? la nouvelle ? sa famille ? ?tait-il contrari? et le cachait-il ? ?tait-il possible qu’elle n’ait m?me pas eu conscience qu’elle avait bless? son partenaire ? Elle devrait en discuter avec lui plus tard dans la soir?e. CHAPITRE QUATRE Ce soir-l?, Tom arriva sur le seuil de Crag Cottage avec dans les mains un carton rempli de l?gumes. – Qu’est-il arriv? ? la soupe ? la tomate ? demanda Lacey en prenant une courgette et en l’agitant. – Changement de plan, dit Tom. J’ai eu tous ces produits pour pas cher parce qu’ils sont difformes. Je me suis dit que j’allais faire une Cassolette de Courgettes Biscornues pour le d?ner, si ?a te va ? – Bien s?r que oui ! dit Lacey en riant de son joli nom de plat et de son utilisation du terme fran?ais courgette au lieu de zucchini. Tom entra d’un air affair? avec son carton, n?gociant son chemin le long du parcours du combattant que Chester cr?ait en se faufilant avec excitation entre ses jambes. Une fois arriv? dans la cuisine sans tr?bucher, il posa le carton sur le comptoir. – Quel vin se marie bien avec les courgettes ? demanda Lacey en se dirigeant vers le r?frig?rateur ? vin. Tom ?tait un gourmet. Bien qu’il ait consacr? sa vie ? la p?tisserie, sa connaissance de la nourriture et du vin ?tait assez ?tendue. – Un sauvignon blanc, dit Tom en commen?ant ? poser des l?gumes sur le plan de travail. Ou, ? d?faut, un pinot. – Un sauvignon n?o-z?landais, c’est bon ? appela Lacey alors qu’elle tirait une bouteille r?frig?r?e du casier m?tallique et en examinait l’?tiquette. – Parfait, r?pondit Tom. Lacey ramena la bouteille fra?che sur le comptoir et l’ouvrit avec un tire-bouchon. Puis elle leur versa un verre et en tendit un ? Tom. – Voil?, mon fianc?, dit-elle. Tom posa son hachoir. – Merci, ma fianc?e, dit-il. Ils avaient pris l’habitude de s’appeler par ce petit nom. Auparavant, ils ne s’?taient pas arr?t?s sur un seul surnom, oscillant entre ch?rie et mon amour, mais d?s que Lacey avait eu la bague au doigt, ils s’?taient automatiquement mis ? s’appeler “fianc?(e)”. Tom trinqua avec Lacey. – Un toast en ton honneur, dit-il. Pour avoir surv?cu ? une conversation t?l?phonique extr?mement g?nante avec ta famille, qui ?tait enti?rement de ma faute. Lacey gloussa. – ? moi, r?p?ta-t-elle. Elle prit une gorg?e de vin, et s’appuya contre le plan de travail tandis que Tom commen?ait ? couper. Pendant qu’elle le regardait, ses ruminations sur la question de Finnbar, plus t?t dans la journ?e, lui revinrent. Elle se mordilla la l?vre avec appr?hension. – Es-tu contrari? que je n’aie pas parl? des fian?ailles ? ma famille ? lui demanda-t-elle. Tom ne leva m?me pas les yeux de ses courgettes. – Pas du tout, dit-il. – Alors ?a ne t’a pas fait de peine de d?couvrir que je ne leur avais rien dit ? insista Lacey. – Pourquoi serait-ce le cas ? r?pondit Tom. Il avait l’air de n’?couter qu’? moiti?. Ce qui se comprenait. ?tre multit?che n’?tait pas vraiment le point fort de Tom. Lacey essaya une approche diff?rente. – Qu’est-ce que tu as ressenti quand tu as d?couvert que je ne leur avais pas encore dit ? Tom ne ralentit m?me pas le rythme auquel il hachait, qui ?tait exceptionnellement rapide. – Coupable. Pour leur avoir accidentellement dit alors que tu n’?tais manifestement pas pr?te. Lacey prit une autre gorg?e de vin. Elle n’y croyait pas vraiment, et pas seulement parce que Tom ne lui accordait manifestement que 50% de son attention. Il pouvait maintenir jusqu’? la fin des temps que ?a ne l’ennuyait pas, Lacey aurait toujours un l?ger doute. – Tu l’as tout de suite dit ? Heidi ? demanda-t-elle. Lacey n’avait rencontr? la m?re avocate de Tom qu’? quelques reprises, et la premi?re fois alors qu’elle se trouvait au poste de police de Wilfordshire, apr?s avoir ?t? arr?t?e et injustement accus?e de meurtre. Depuis lors, Lacey avait l’impression de rattraper son retard pour que sa future belle-m?re l’appr?cie. – Je lui ai dit le lendemain, dit Tom. Et puis j’ai appel? Norah et je lui ai dit plus tard dans la soir?e. Lacey fron?a les sourcils. Qui ?tait Norah ? Elle n’avait jamais entendu ce nom auparavant et h?sitait ? le demander. – Qui est Norah ? dit-elle finalement. – Ma s?ur, dit Tom, simplement. Lacey recracha presque son vin. – Tu as une S?UR ? Son exclamation suffit pour finalement arracher l’attention de Tom ? sa t?che. Il la regarda, surpris. – Oui… dit-il en faisant tra?ner le mot comme si c’?tait une question. Ma grande s?ur. Norah. Tu sais que j’ai une s?ur, n’est-ce pas ? – Non ! s’?cria Lacey. Elle ?tait compl?tement abasourdie. Lui avait-il dit et avait-elle oubli? ? S?rement pas ! Elle n’aurait s?rement pas oubli? quelque chose d’aussi important qu’une s?ur ? D’autant plus qu’elle ?tait toujours confront?e aux histoires de sa propre s?ur. Si elle avait su quelque chose ? ce sujet, ils auraient pu se rapprocher gr?ce ? cela. – Eh bien, nous ne sommes pas vraiment proches, dit Tom avec d?sinvolture, comme si cela pouvait ?tre une explication un tant soit peu ad?quate pour le manque flagrant de connaissances de Lacey. Je veux dire, techniquement, elle n’est pas du tout ma s?ur en fait. Nous ne partageons m?me pas de g?nes. – Comment ?a, vous ne partagez pas de jeans ? demanda Lacey. Quel est le rapport avec tout ?a ? Ce serait super bizarre si vous en partagiez, pour ?tre honn?te. Les jeans des femmes sont coup?s de fa?on compl?tement diff?rente et… Tom l’interrompit avec un aboiement de rire. – G?NES ! s’?cria-t-il. G-?-N-E-S. – Oh. Lacey se sentait stupide. Ses joues devinrent br?lantes. Mais quand elle r?alisa ce que Tom ?tait en fait en train de dire, sa g?ne fit place ? une confusion totale. – Attends une seconde, dit-elle, en qu?te d’?claircissements. Vous ne partagez pas de g?nes ? Donc vous n’?tes pas vraiment parents ? Elle n’arrivait pas ? g?rer le va-et-vient, de haut en bas, de bas en haut, de ce m?li-m?lo. Elle aurait beaucoup aim? descendre de cet ascenseur ?motionnel dans lequel la r?v?lation choquante de Tom l’avait forc?e ? monter. Tom avait l’air de vouloir r?soudre un probl?me math?matique tr?s d?licat. – Elle est ma demi-s?ur, dit-il avec consid?ration, comme si c’?tait la premi?re fois qu’il essayait de donner un sens ? tout cela. En quelque sorte. Elle est issue du pr?c?dent mariage de mon p?re, c’est la fille de sa premi?re femme, sa belle-fille. Ce qui ferait techniquement d’elle ma demi-s?ur, seulement mon p?re et sa m?re ont divorc? avant ma naissance. Elle est donc un peu comme mon ex-demi-s?ur. OU… elle n’a jamais ?t? ma demi-s?ur ? Lacey cligna des yeux. L’histoire de la famille de Tom ?tait pour le moins d?routante. Mais le vrai probl?me ?tait le fait que Lacey en sache si peu. – Tu connais un autre terme pour une demi-s?ur qui n’a jamais exist? ? dit-elle. – Non ? Quoi ? r?pondit Tom. – Rien, dit Lacey en haussant les ?paules. Tu l’appelles juste Norah, et je n’ai pas de crise cardiaque. Tom rit, m?me si Lacey ne plaisantait qu’? moiti?. – Mais ce ne serait pas juste non plus, expliqua-t-il. Norah a v?cu avec mon p?re et sa premi?re femme pendant la plus grande partie de son enfance. Il ?tait en fait un second p?re pour elle, et ils sont rest?s proches m?me apr?s le divorce. Je me souviens qu’elle m’appelait son fr?re quand j’?tais plus jeune, mais je suppose qu’apr?s la mort de mon p?re, nous nous sommes ?loign?s l’un de l’autre. Il y a une grande diff?rence d’?ge entre nous, donc ?a devait forc?ment arriver. Il baissa la voix et chuchota en apart? comme s’il r?v?lait quelque chose de scandaleux. Elle n’a que deux ans de moins que ma m?re. Et sur ce, il se remit all?grement ? couper ses courgettes. Lacey se tenait l?, compl?tement h?b?t?e. Elle n’?tait au courant de pr?cis?ment rien de tout cela. Tom n’?tait pas vraiment r?serv? au sujet de sa famille (bien qu’il ait du mal ? parler de son p?re, qui ?tait d?c?d? quand il ?tait jeune), et pourtant Lacey ignorait tout du fait qu’Heidi ?tait la deuxi?me femme du p?re de Tom, et elle ne savait certainement rien de Norah, sa demi-s?ur en-quelque-sorte-mais-pas-vraiment ! Aussi distante que soit la relation entre Tom et Norah, elle aurait certainement ?t? abord?e au moins une fois au cours de leur relation. – Tu ne m’as jamais rien dit de tout ?a avant, murmura Lacey. Elle se sentait inqui?te. Tom haussa juste les ?paules. – Oh, eh bien maintenant tu sais. Il ?tait typiquement d?sinvolte. – Pas ‘oh, eh bien’, r?pliqua Lacey. Pourquoi est-ce que tu n’as jamais parl? de Norah avant ? Ou du premier mariage de ton p?re ? Pourquoi est-ce que je ne l’apprends que maintenant ? Tom s’interrompit en plein geste. Il se tourna vers elle, ses sourcils marrons fronc?s dans un air interrogateur. – Tu es stress?e, n’est-ce pas ? dit-il en saisissant enfin son ?tat ?motionnel. Pourquoi cela t’inqui?te-t-il autant ? Lacey secoua la t?te. Elle ne le comprenait pas compl?tement elle-m?me. Mais elle avait une vague id?e… – J’ai ?crit une lettre ? mon p?re, dit-elle. Plusieurs secondes de silence pass?rent. Finalement, Tom ?carquilla les yeux. Il posa maladroitement son couteau. – Vraiment ? s’exclama-t-il. Tu as trouv? une adresse ? Lacey acquies?a. Son c?ur battait comme un marteau-piqueur. – J’ai rencontr? quelqu’un ? la maison de vente aux ench?res Sawyer & Sons qui le connaissait. Il avait une adresse. Il vit ? Rye, dans le Sussex. Alors que tout se mettait ? sortir, Lacey sentit qu’un poids ?norme lui ?tait ?t? des ?paules. Elle n’avait pas r?alis? ? quel point son secret pesait sur elle. Elle se sentait idiote de l’avoir cach? au d?part. – Lacey, c’est incroyable ! s’exclama Tom. On devrait y aller. Ensemble. – Quoi ? dit Lacey, stup?faite. Non. On ne peut pas faire ?a. – Pourquoi pas ? insista Tom. Tu sais enfin o? vit ton p?re ! Apr?s toutes ces recherches. Tu ne veux pas aller le voir ? Lacey rechignait. – Bien s?r, marmonna-t-elle. Son regard se posa sur le pied de son verre de vin qu’elle avait commenc? ? faire tourner nerveusement entre ses doigts. Mais il n’a pas r?pondu ? ma lettre. Alors je ne sais pas s’il… tu sais… Sa voix tomba encore plus bas. … s’il veut me voir. – Ah, dit Tom en devenant imm?diatement s?rieux. Il la prit dans ses bras. Lacey accepta ce r?confort. – Voil? une id?e, dit-il. Pourquoi n’irions-nous pas ensemble ? Si on en faisait un week-end ? – Pas question, dit Lacey en secouant la t?te contre son torse. ?a m’a pris des semaines rien que pour lui ?crire une lettre. Je ne suis pas vraiment pr?te ? frapper ? sa porte. Tom la lib?ra de son ?treinte. – Et si on regardait sa maison de loin ? – Non, dit plus fermement Lacey. Je suis d?sol?e, Tom, mais je ne suis pas pr?te. – Visiter la ville ? sugg?ra Tom. Le comt? ? Il s’?loignait de plus en plus et Lacey ne pouvait s’emp?cher d’?tre touch?e par ses efforts pour l’encourager, m?me s’il ?tait un peu insistant ? ce sujet. – Je visiterai le comt?, dit Lacey en c?dant enfin. Je me sens assez ? l’aise pour me rapprocher jusque-l?. Pour l’instant. Tom tapa triomphalement dans ses mains. – Excellent ! Cela fait longtemps que nous aurions d? faire un voyage et il y a des tonnes de superbes villes baln?aires le long de la c?te du Sussex. Et cette fois, ce sera juste nous deux, sans ta famille ! Il remua les sourcils en r?f?rence ? sa derni?re transgression. Lacey gloussa. – Tu en parles comme si ?a allait se faire, dit-elle. – Parce que ?a va se faire, lui r?pondit Tom. Lacey secoua la t?te. – On ne peut pas partir en voyage. On n’a pas de temps libre. On a tous les deux des tonnes de travail ? faire, avec Halloween qui approche. – Tu as raison, dit Tom. Puis il lui fit un sourire malicieux. ? moins qu’on y aille demain ? Maintenant, il d?lirait ! Ils ne pouvaient pas prendre la route spontan?ment. Ils avaient des commerces ? faire tourner. Des employ?s ? g?rer. En plus, la derni?re fois que Lacey avait fait quelque chose de spontan?, elle avait fini par quitter son travail et d?m?nager dans un autre pays ! – On ne peut pas partir demain, dit Lacey en secouant la t?te. Mais Tom ne c?dait pas. – Pourquoi pas ? Il suffit que nous pr?parions un sac et que nous prenions la route ! Explorons la c?te du Sussex pendant quelques jours. J’ai Emmanuel ? la p?tisserie et tu as Finnbar et Gina au magasin, il n’y a vraiment aucune raison de ne pas le faire. Lacey h?sitait. Peut-?tre que Tom avait raison. Ce week-end ?tait leur derni?re chance de s’?chapper avant qu’ils ne soient ? nouveau super occup?s ? pr?parer Halloween. Si elle ne le faisait pas maintenant, alors quand ? – OK, l?cha-t-elle en se surprenant elle-m?me. Allons-y. – Vraiment ? s’exclama Tom. Son sourire s’?largit jusqu’? ?tre ce magnifique sourire ?clatant qui avait fait tourner la t?te de Lacey quelques mois auparavant. – Oui. Vraiment, dit-elle. Faisons nos sacs et partons. Pourquoi pas ? L’excitation p?tillait dans ses veines. Quel est le pire qui puisse arriver ? CHAPITRE CINQ – Voici le num?ro de la soci?t? de s?curit?, dit Lacey ? Finnbar en montrant du doigt le tableau d’affichage dans son bureau. Il ?tait recouvert de plusieurs couches superpos?es de post-its color?s. Si l’alarme se d?clenche accidentellement, tu dois les appeler dans les trente secondes et leur donner ce code. Elle tapa sur le post-it rose. Sinon, ils vont penser que tu es un cambrioleur et je devrai payer des frais pour qu’ils r?initialisent le syst?me. Compris ? Finnbar leva les yeux de son carnet de notes. – Compris. C’?tait le matin apr?s que Tom ait eu l’id?e de partir spontan?ment en voiture et l’humeur de Lacey ?tait pass?e d’une excitation grisante ? une nervosit? extr?me ? l’id?e de laisser son magasin entre les mains de Gina l’?cervel?e et de Finnbar le maladroit. Heureusement, il n’avait pas fallu grand-chose pour convaincre Tom d’accepter de s’arr?ter dans leurs magasins respectifs avant qu’ils ne prennent le large ; il savait qu’elle serait anxieuse tout le week-end sinon. – Je pense que c’est tout, dit Lacey ? Finnbar. ? moins que tu ne penses ? autre chose ? Tu sais que tu dois garder les re?us de la petite caisse ? Et que la combinaison du coffre-fort est ? c?t? de la caisse ? Et tu sais o? sont conserv?es les dosettes de caf?… ? Elle se faisait du mauvais sang maintenant, elle le savait. Mais laisser le magasin ?tait difficile pour Lacey. Elle imaginait que c’?tait un peu comme quand une m?re quitte son nouveau-n? pour la premi?re fois. Finnbar ferma son carnet de notes. Il en avait assez pour ?crire toute une th?se sur la fa?on de g?rer le magasin. – Nous avons tout pass? en revue, dit-il d’un signe de t?te d?finitif. Lacey se mordillait la l?vre avec appr?hension lorsqu’ils sortirent par la porte du bureau. Elle n’?tait pas convaincue. – Si tu as des questions, tu peux toujours les poser ? Gina, lui dit-elle en poursuivant ses explications anxieuses. Et si tu as des questions sur Gina, appelle-moi. Finnbar sourit. – J’ai compris. Ils entr?rent dans le magasin. Gina les regarda, les yeux pliss?s d’un air suspicieux. Elle avait clairement fait savoir qu’elle ?tait oppos?e au voyage impromptu de Lacey, non pas parce qu’elle ne voulait pas que son amie s’offre l’escapade romantique qu’elle m?ritait, mais parce qu’elle n’?tait pas convaincue par le travail de Finnbar au magasin en g?n?ral. Alors que Finnbar se dirigeait vers les ?tag?res pour d?poussi?rer les poteries, Gina se faufila vers Lacey. – Tu lui as donn? le code d’acc?s ? dit-elle entre ses dents. – Oui. – Tu es s?re que c’est une bonne id?e ? – Pourquoi ?a ne le serait pas ? r?pondit Lacey. – Parce qu’il pourrait en faire quelque chose, chuchota Gina. – Comme quoi ? la contesta Lacey. La seule chose qu’il peut faire, c’est m’?viter une amende si l’alarme se d?clenche accidentellement. – Il pourrait ?tre un cambrioleur, dit Gina d’un air conspirateur. – Il joue sur le long terme s’il en est un, r?pondit Lacey. Et lui donner le code d’acc?s au syst?me de s?curit? ne l’emp?chera pas de nous cambrioler si c’est ce qu’il veut faire. Il a un jeu de clefs. – Il en a un ? s’exclama Gina. Depuis quand ? – Depuis la semaine derni?re, dit Lacey. Elle secoua la t?te. La parano?a de Gina ne faisait que la rendre plus appr?hensive. Tu devrais ?tre contente. ?a veut dire que quand je ne suis pas l?, quelqu’un d’autre peut fermer. Tu sais ? quel point tu d?testes le faire. – Seulement parce que je d?teste la responsabilit? de savoir que si quelque chose va mal, en dernier ressort c’est ? moi de rendre des comptes. Le fait qu’il le fasse ne rend pas les choses plus faciles, hein ? C’est toujours moi qui suis son sup?rieur hi?rarchique. Je vais probablement finir par venir ici au milieu de la nuit pour v?rifier toutes les serrures maintenant. – Alors ?a te donnera l’occasion d’arroser le jardin au clair de lune, comme tu adores le faire. – Lacey, dit Gina avec un froncement de sourcils. – Gina, dit Lacey avec fermet?. S’il te pla?t, arr?te. Je suis d?j? assez inqui?te ? l’id?e de laisser le magasin. La derni?re chose dont j’ai besoin, c’est que tu me stresses encore plus. – D’accord, d’accord, dit Gina, qui finit par c?der. Tu m?rites de te d?tendre. – Merci, dit Lacey. ? ce moment, un ?norme fracas retentit. Les deux femmes lev?rent les yeux. Finnbar se tenait debout, son plumeau suspendu dans les airs et des tessons de porcelaine ? ses pieds. Il avait fait tomber un vase de l’?tag?re. – Je suis vraiment d?sol?, s’exclama-t-il. Gina donna une claque de la main sur l’?paule de Lacey. – Tu vois ! On g?re la situation ici, plaisanta-t-elle. Lacey avait les nerfs ? vif. Elle avait le sentiment qu’elle allait revenir pour d?couvrir une catastrophe. * Lacey ressentait un m?lange d’excitation et de culpabilit? lorsqu’elle quitta son magasin et se dirigea vers l’angle de la rue. Elle ?tait excit?e car cela faisait longtemps qu’ils devaient refaire un voyage apr?s le d?sastre de Douvres, mais coupable d’avoir laiss? son magasin dans un d?lai aussi court. Elle se rendit ? l’endroit o? la camionnette de Tom ?tait gar?e, au coin de la rue. Ils avaient d?cid? qu’il serait plus confortable de voyager dans son van que dans la voiture d’occasion peu fiable de Lacey, d’autant plus que cela donnait ? Chester beaucoup d’espace pour s’?taler sur la banquette arri?re. Lacey sauta ? l’int?rieur et jeta un coup d’?il par-dessus son ?paule ? son fid?le compagnon. Il faisait d?j? la sieste, coinc? ? c?t? de deux grandes bo?tes en carton. – Qu’est-ce que c’est ? demanda Lacey ? Tom. Lorsqu’ils avaient fait leurs bagages ce matin, ils n’avaient qu’un sac de v?tements chacun et un sac ? dos pour les ?ventuelles randonn?es. Maintenant, la banquette arri?re donnait l’impression qu’ils allaient traverser plusieurs ?tats. C?t? conducteur, Tom se tourna vers elle et sourit. – Pendant que tu ?tais dans ton magasin, je suis all? dans le mien et j’ai r?cup?r? quelques affaires dans la r?serve. Il l’avait dit assez innocemment, mais Lacey plissa les yeux avec scepticisme. Tom avait un c?t? aventureux que Lacey ne partageait pas. S’il y avait une tente l? derri?re, elle ferait tout aussi bien de sortir maintenant et de retourner au travail. Il n’?tait pas question que ce voyage romantique spontan? se transforme en camping. – Quels trucs ? demanda-t-elle d’un air soup?onneux. – Juste des trucs, r?pondit encore Tom, ?vasif. – Tom… l’avertit Lacey. – C’est un canot pneumatique, dit-il. Et une paire de paddleboard. Lacey souffla. Elle secoua la t?te. – Tu sais que je ne vais pas les utiliser. Ils prennent juste de la place. – Ils sont l? au cas o? le c?ur t’en dise, dit Tom avec un sourire effront?. – Bien s?r, r?pondit Lacey d’un ton sec. Ce week-end, sur quarante ans de week-ends, sera celui o? l’envie me prendra soudainement de pratiquer des sports nautiques. Tom se mit ? rire. – On ne sait jamais. Il tourna la clef dans le contact et la camionnette se mit ? vrombir. Lacey sentit une vague d’?motion la traverser. Elle ?tait excit?e ? l’id?e de s’?loigner de tout cela. Mais elle ?tait ?galement nerveuse ? l’id?e de savoir qu’elle allait r?duire la distance qui la s?parait de son p?re et que, si elle le voulait, elle pourrait r?duire compl?tement cette distance pour la premi?re fois depuis qu’elle avait sept ans, en frappant ? sa porte. Tom s’?carta du trottoir et rejoignit le flot de voitures qui quittaient Wilfordshire, en prenant la route A en direction de l’est. Le plan ?tait de prendre la route c?ti?re vers le Sussex, et de s’arr?ter dans n’importe quelle ville dont l’apparence leur plaisait. Lacey voulait voir Brighton, une ville c?ti?re ? la mode pleine d’architecture R?gence, ?douardienne et Art d?co. Cela semblait ?tre le genre d’endroit qu’elle aimait, alors elle avait l’intention de rester bouche cousue jusqu’? ce qu’ils y arrivent. – Tu n’as vraiment jamais pratiqu? de sports nautiques ? lui demanda Tom en conduisant. – Non, r?pondit Lacey. Je n’ai pas non plus fait de saut ? l’?lastique, de descente en rappel en montagne et je n’ai jamais saut? depuis un avion. – Vraiment ? dit Tom, l’air surpris. J’ai fait les trois. Plus d’une fois. – Je ne vois pas l’int?r?t. Quand est-ce qu’il me sera utile dans ma vie de savoir comment, je ne sais pas, faire de l’escalade ou autre ? Elle haussa les ?paules. Mais je suppose que je ne suis pas tr?s aventureuse. Tout ce qui m’a toujours import?, c’est de r?ussir ? l’?cole et d’avoir un bon travail. Voil? l’effet qu’ont deux parents fous et instables sur une fille. Elle se tut. Elle ne voulait pas penser ? son p?re et au fait qu’il n’avait pas r?pondu ? sa lettre. – J’ai une id?e, dit Tom. Jouons plut?t ? Tu Pr?f?res. Je vais commencer. Tu pr?f?res le saut ? l’?lastique ou le rappel, comme vous autres Am?ricains l’appelez ? Lacey roula des yeux. – Ni l’un ni l’autre. – Ce n’est pas comme ?a que le jeu fonctionne, lui dit Tom. Tu dois r?pondre. – Bien. Rappel. Tu pr?f?res avoir quatre jambes ou quatre bras ? Tom rit de bon c?ur. – ?a a pris un tournant surr?aliste. – Alors ? le poussa Lacey. – Les bras. Pense ? tous les g?teaux que je pourrais faire avec quatre bras ! Je doublerais ma production. Puis je doublerais mes revenus. Puis je t’ach?terais une belle maison au bord de la mer, o? on pourrait faire du paddleboard ? notre guise. Lacey regarda son beau dandy. – Une maison au bord de la mer ? demanda-t-elle. – Bien s?r, dit-il jovialement. Ce n’est pas le fantasme de tout le monde ? Lacey n’avait pas r?fl?chi ? l’endroit o? ils allaient vivre apr?s s’?tre mari?s. Elle avait juste suppos? que Tom emm?nagerait dans son cottage sur les falaises. Mais on aurait dit qu’il avait d’autres projets. S’il voulait qu’ils ach?tent une maison ensemble, devrait-elle vendre la maison de ses r?ves ? Elle l’ajouta ? sa liste des inconnues. Elle semblait s’allonger assez rapidement. Elle ne savait pas si elle prendrait le nom de famille de Tom. Elle ne savait pas si elle allait porter les enfants de Tom. Et maintenant, elle ne savait m?me pas o? elle et Tom allaient vivre. Soudain, Lacey se souvint que Naomi avait insinu?, lors de son appel t?l?phonique, qu’elle se lan?ait pr?cipitamment dans son mariage avec Tom. Pour la premi?re fois, Lacey commen?a ? envisager avec inqui?tude que ce soit peut-?tre le cas. CHAPITRE SIX Brighton ?tait une ville int?ressante, avec des grilles vert menthe et une falaise rocheuse abrupte qui plongeait jusqu’? une plage couverte de galets. Malgr? l’inconfort que Lacey associait ? l’id?e de s’asseoir sur une plage de galets, celle-ci ?tait compl?tement bond?e, avec des groupes de personnes assises presque c?te ? c?te. Elle qui pensait que Bournemouth ?tait anim?e… L’architecture de Brighton ?tait ?galement grandiose. Des kilom?tres et des kilom?tres de c?te ?taient occup?s par des rang?es d’immenses maisons de ville de style R?gence. C’?tait le genre de demeure dans lesquelles Lacey imaginait que vivaient les personnages des romans de Jane Austen. Leurs fa?ades ?taient peintes en blanc, mais la peinture s’?caillait par endroits et ?tait salie par la pluie et la pollution. Cela donnait ? Brighton l’impression d’une grandeur perdue, ce que Lacey ne pouvait s’emp?cher de trouver incroyablement romantique. Entre les maisons se trouvait une route ? quatre voies pour les voitures, plus une voie de bus s?par?e. Puis il y avait un large trottoir avec une piste cyclable, qui ?tait ?galement pleine de gens en skateboard et en rollers. ? c?t?, il y avait une large bande d’herbe remplie de promeneurs de chiens et de lanceurs de frisbee, et des rang?es de cabanons de plage peints de couleurs vives s?parant les pelouses de la plage de galets. Chester reniflait par la fente de la vitre entrouverte, agitant sa queue avec excitation. – ? quel point es-tu d?cid? pour une maison en bord de mer ? demanda Lacey ? Tom, alors qu’elle se tordait le cou pour regarder par la fen?tre. Parce que Brighton a l’air tr?s attrayante l? tout de suite. – Attrayante, s’accorda ? dire Tom. Mais tr?s ch?re. Tu sais que toutes ces maisons appartiennent ? des gens c?l?bres ? Il montra du doigt les maisons de style R?gence que Lacey admirait. – Vraiment ? demanda-t-elle. Comme qui ? Avant que Tom n’ait une chance de donner des noms, l’attention de Lacey fut soudainement d?tourn?e vers un b?timent ressemblant ? un palais. Il ne pouvait ?tre d?crit que comme un mini Taj Mahal, avec des d?mes et des minarets, et un jardin tout autour rempli d’arbres et de fleurs. – Regarde ?a ! se mit ? crier Lacey avec excitation. Tom ! Regarde ! Il regarda par-dessus le volant. – C’est le Pavillon Royal. Il a ?t? construit par le roi George. Brighton ?tait le lieu de retraite en bord de mer pr?f?r? de la famille royale. – Est-ce que ?a appartient toujours ? royaut? ? – Non, c’est un mus?e et un lieu de rencontre maintenant. On peut s’y marier. – Vraiment ? s’?cria Lacey. Maintenant, cela lui donnait des id?es… – Tu veux aller voir ? dit Tom. – Oui, s’il te pla?t ! s’exclama Lacey. Ils gar?rent la camionnette dans un parking souterrain ? proximit?, puis retourn?rent au Pavillon Royal ? pied. Ils p?n?tr?rent dans le jardin par l’entr?e arri?re qui ?tait ouverte au public. La pelouse ?tait couverte de gens qui tra?naient, et il y avait un petit caf? avec des tables de bistro pleines de gens qui mangeaient des sandwiches tout en chassant des mouettes. Chester fon?a droit vers les oiseaux, et les fit s’envoler dans un tourbillon de plumes. Lacey laissa libre cours ? son imagination, se repr?sentant tout cet endroit occup? par sa f?te de mariage, avec elle qui, dans une robe blanche, se faisait photographier ? l’ext?rieur du spectaculaire ch?teau. Ils entr?rent et Lacey poussa une exclamation face au d?cor en technicolor d?jant?. D’?normes lustres ?taient suspendus au plafond, qui ?tait un d?me peint en bleu vif. Des rideaux de velours rouge bord?s de fil d’or ?taient suspendus aux grandes fen?tres, assortis au tapis rouge qui traversait la pi?ce comme s’ils ?taient ? une avant-premi?re hollywoodienne. Il y avait des statues et des armures partout. – Le roi George avait un go?t ?clectique, commenta Lacey en parcourant du regard le papier peint brillant et criard et le mobilier luxueux. Tom se mit ? rire. – ?a te donne des id?es, n’est-ce pas ? – Peut-?tre… avoua Lacey. Ce serait totalement d?passer les bornes d’organiser leur mariage dans un tel endroit. Mais Lacey ?tait si discr?te d’habitude, peut-?tre son mariage devrait-il ?tre un somptueux spectacle ? Apr?s avoir fait le tour du palais, Tom et Lacey d?cid?rent qu’il ?tait temps de d?jeuner. – Je connais le meilleur endroit, dit Tom. Il guida Lacey et Chester dans une rue ?troite remplie de boutiques, d’?choppes et de gens marchant c?te ? c?te. Brighton semblait compter une abondance d’endroits o? manger, des caf?s branch?s aux restaurants de luxe. Au moins cinquante pour cent d’entre eux ?taient exclusivement v?g?tariens ou v?g?taliens, ce qui convenait parfaitement ? Lacey pour le d?jeuner ; elle avait envie de quelque chose de frais. Tom fit monter ? Lacey un escalier en bois branlant qui menait ? un tout petit caf? de style caf?t?ria, avec des tables de bistro sur un balcon surplombant la rue en contrebas. C’?tait l’endroit id?al pour regarder les gens, pensa Lacey en prenant place. Chester se mit en boule sous la table pendant que Lacey parcourait le menu. Tout ce qui ?tait en vente ?tait biologique, produit localement, et paraissait exceptionnel. Elle choisit le Autumn Nourish Bowl, qui contenait des pois chiches, du quinoa et des choux de Bruxelles grill?s, et Tom choisit le Harvest Bowl, avec des courges butternuts, des ?pinards et du riz sauvage. Il monta pour commander, et revint quelques minutes plus tard avec leurs plats et deux smoothies aux couleurs vives. – Carotte ou betterave ? demanda-t-il en posant les plats et les boissons sur la table. – Je vais prendre la betterave, dit Lacey, souriant ? la terminologie britannique de Tom. Il lui passa la boisson rouge vif, et Lacey entama son repas. – Mmmh, du tahini, dit-elle, alors que la saveur am?re et cr?meuse dansait sur sa langue. Tom semblait aussi appr?cier sa nourriture. Ses yeux verts ?taient fix?s sur le bol, ses cheveux couleur miel tombant sur son visage. Ils devenaient trop longs, nota Lacey. Ils avaient besoin d’?tre coup?s. – Comment as-tu connu cet endroit ? demanda Lacey en avalant une d?licieuse bouch?e de quinoa aux herbes et au citron. Je n’aurais jamais pens? ? monter cet escalier en bois en particulier ! – ?a fait des ann?es que c’est ici, lui dit Tom. – Tu es venu souvent ? Brighton ? – Norah est all?e ? l’universit? ici. Papa m’emmenait parfois en excursion pour lui rendre visite. Surtout l’?t?. – Oh, dit Lacey. Le commentaire la prit au d?pourvu. Ce n’?tait pas vraiment un gros truc, mais Tom avait omis de mentionner qu’il avait un lien personnel avec Brighton au cours de leur trajet. Et ce n’?tait pas qu’il ?tait d?lib?r?ment ?vasif. C’est juste qu’il ne semblait jamais se sentir oblig? de lui faire spontan?ment part de certaines choses. ? moins d’y ?tre incit?, Tom ne lui aurait probablement jamais rien dit de son pass?. Lacey essayait de ne pas laisser cela l’inqui?ter. Apr?s leur repas, ils firent une longue promenade sur la plage de galets. Chester courait, se faufilant parmi les groupes de personnes pour patauger dans l’oc?an. Les vagues ?taient beaucoup plus fortes ? Brighton qu’? Wilfordshire, et il ne cessait de leur aboyer, comme s’il ?tait frustr? par leur impr?visibilit?. Tom et Lacey marchaient main dans la main entre les deux jet?es de Brighton, dos ? celle qui ?tait pleine de man?ges et de casinos, et s’approchaient de l’autre, qui ?tait une relique br?l?e tombant ? moiti? dans la mer. – Tom, j’aime vraiment cet endroit, dit Lacey. – Je peux le voir, dit Tom. Tu as ?t? radieuse toute la journ?e. Lacey marqua un temps d’arr?t. Ce n’?tait pas tout ? fait vrai. Peut-?tre qu’? l’ext?rieur, elle semblait calme et heureuse, mais ? l’int?rieur, elle ?tait tr?s inqui?te et focalis?e sur son p?re. Elle ?tait dans le m?me comt? que lui. Jamais elle n’avait ?t? autant ? proximit? de lui depuis des d?cennies, du moins ? sa connaissance. Elle connaissait son adresse. Si elle le voulait, elle pouvait se rendre chez lui demain et frapper ? sa porte. Et si Lacey savait que ce serait pour le mieux si elle le faisait, elle se connaissait aussi trop bien. Lorsqu’il s’agissait de son p?re depuis longtemps disparu, elle ?tait une l?che. Elle ferait atrocement durer cette situation regrettable, tout comme elle l’avait fait pour envoyer cette lettre. Elle n’?tait tout simplement pas pr?te. Elle n’avait pas les tripes pour ?a. Elle ne pourrait pas supporter qu’il la rejette une seconde fois. S’il avait r?pondu ? sa lettre, ce serait diff?rent. Mais cela faisait des semaines qu’elle lui avait ?crit, et chaque jour qui passait lui donnait l’impression d’?tre rejet?e une nouvelle fois par lui. C’?tait trop. Elle ne pouvait tout simplement pas le faire. – Nous devrions probablement penser ? trouver une auberge, dit Lacey, son enthousiasme pour la plage ayant soudainement disparu. – Tout ce que tu veux, ma ch?re, dit Tom, sans pour autant d?celer son malaise croissant. Ils retourn?rent sur la route jusqu’? ce qu’ils trouvent une auberge avec un panneau ? la fen?tre disant qu’elle acceptait les chiens. Elle ?tait peinte dans la m?me couleur vert p?le que tous les lampadaires et les balustrades, et un drapeau arc-en-ciel flottait au-dessus de la porte. Ils entr?rent. L’endroit tout entier ?tait d?cor? comme un sanctuaire pour chats. Un f?lin blanc pelucheux ?tait couch? sur le bureau et dormait. – Bonsoir ! s’exclama un extravagant monsieur ?g? ? la r?ception. Ses cheveux blancs ?taient coiff?s dans un style rockabilly, et il portait une cravate ? motifs. Son excentricit? amicale mit Lacey imm?diatement ? l’aise. – Nous aimerions une chambre pour deux, dit-elle. Chester s’approcha du comptoir et renifla le chat endormi. Celui-ci ouvrit un seul ?il avant de se rendormir avec contentement. – Une chambre pour deux humains et un chien, dit l’homme en tapant dans un ordinateur. Oui, nous pouvons tous vous accueillir. Allez-vous rester pour le petit-d?jeuner ? Nous faisons le continental et le frit. – Frit, dirent Lacey et Tom en m?me temps. Ils rirent. L’homme leur tendit la clef de leur chambre et un petit livret. – La r?ception est ouverte toute la nuit. Si vous avez un petit creux et ?tes tent?s par un toast au fromage ou un verre de mojito, tous vos souhaits peuvent ?tre exauc?s. – Merci beaucoup, dit Lacey, absolument ravie du talent de mise en sc?ne de l’homme. Comment on fait ?a ? – Il suffit d’appuyer sur 1 sur votre t?l?phone et de demander David, dit-il. En entendant son nom, Lacey chancela imm?diatement. Elle avait oubli? de parler ? son ex-mari de ses futures noces. Mais maintenant que sa m?re le savait, il ne tarderait pas ? l’apprendre lui aussi. Il devrait attendre. Pour l’instant, Lacey voulait s’accrocher ? son bonheur et profiter de son s?jour dans la ville pleine de vie de Brighton. Car apr?s cela, pensa Lacey en frissonnant, le moment o? elle confronterait son p?re apr?s toutes ces ann?es ne ferait qu’approcher. CHAPITRE SEPT – Je suis repue, annon?a Lacey, en posant son couteau et sa fourchette dans son assiette de petit-d?jeuner vide. Tom et Lacey venaient de partager un merveilleux petit-d?jeuner anglais complet frit ? leur auberge, compos? d’?ufs, de toasts, de haricots, de tomates, de saucisses, de champignons et de pommes de terre rissol?es. Bien que Lacey ne l’ait pas dit ? voix haute, il ?tait presque aussi bon que les petits-d?jeuners frits de Tom. Presque… – O? allons-nous aujourd’hui ? demanda Tom. Lacey voulait secr?tement rester ? Brighton, mais elle avait accept? d’explorer le Sussex. – J’adorerais aller voir Hastings, dit-elle. Sur Internet, les gens ont l’air de vraiment aimer ?a. Tom termina son caf?. – Alors ce sera Hastings. Tu es pr?te ? partir ? Lacey hocha la t?te. Leurs sacs ?taient d?j? faits, il ne restait plus qu’? payer. L’exub?rant David leur fit ses adieux, et ils quitt?rent l’auberge avec Chester trottinant avec eux. Il avait d? pleuvoir toute la nuit, car les rues ?taient d?tremp?es et des gouttes de ros?e s’accrochaient aux feuillages. Ils remont?rent dans la camionnette et reprirent la route, en prenant soin d’?viter les grandes flaques d’eau caus?es par le d?bordement du syst?me de collecte des eaux pluviales. Au bout d’un moment, Tom les ?loigna de l’oc?an. – Je pensais que nous allions ? Hastings, dit Lacey. – J’ai une meilleure id?e, r?pondit Tom. Lacey croisa les bras. – Qui est… ? – Les Sussex Downs. C’est un parc national. Un endroit d’une beaut? naturelle exceptionnelle, avec une for?t de quatre cents ans. Le genre d’endroit o? tes auteurs de romans d’amour ont pass? tout l’?t? ? s’amuser. Lacey gloussa. – Mais tu sais qu’on ne peut pas faire de paddleboard ? la campagne, plaisanta-t-elle. Tom emprunta des routes ?troites remontant le long des collines et vall?es verdoyantes et ondulantes. Gr?ce ? la pluie de la veille, la v?g?tation semblait extr?mement luxuriante, et tandis qu’ils s’enfon?aient de plus en plus loin dans les collines, Lacey s’?merveilla devant les bois remplis de ch?taigniers, de fr?nes, de h?tres et de ch?nes ? l’air ancien. – C’est magnifique, dit-elle tout en posant son regard en bas de la vall?e sur les champs remplis de moutons et de vaches. Tom avait raison. Jane Austen aurait gambad? ? sa guise dans ces collines. C’?tait tout ? fait charmant. – Et si nous cherchions une balade ? demanda Lacey ? Tom. Je suis s?re que Chester aimerait se d?gourdir les pattes. Son compagnon canin ?tait assis bien droit sur le si?ge arri?re de la camionnette, et observait attentivement la campagne. ?tant un Border Collie, c’?tait exactement l’environnement pour lequel il avait ?t? ?lev?. Ils se trouvaient fondamentalement dans sa maison ancestrale. C’?tait profond?ment ancr? dans son ADN. – Je suis presque s?r que les ?leveurs de moutons auraient un mot ? dire si nous laissions Chester en libert? dans leurs champs, dit Tom. Et je sais que l’int?rieur de mon van pr?f?rerait ne pas ?tre couvert de boue. Ou sentir l’odeur de chien mouill?. – Bien vu. Lacey rev?rifia son application de randonn?e. On dirait qu’il y a une ville juste en bas de la colline avec un pub. Tu veux aller l? ? la place ? Elle savait ? quel point son fianc? gourmand aimait go?ter la bi?re des pubs locaux. – ?a a l’air super, dit-il. Ils descendirent la colline jusqu’? la ville. C’?tait un endroit magnifique, avec de l’architecture m?di?vale, des maisons ? colombages tordues et des ruelles pav?es pentues. En fait, la ville pittoresque rappelait beaucoup Wilfordshire si on troquait l’oc?an pour les collines et si on remontait le temps de quelques centaines d’ann?es. Il y avait m?me d’anciennes ruines de vieux b?timents en pierre en train de s’effondrer et envahis par les herbes. – Wahou, cet endroit est magnifique, dit Lacey. Comment ?a s’appelle ? Mais ? peine l’avait-elle dit qu’un panneau sur le bas-c?t? herbeux apparut. Sur un fond marron, en ?criture blanche, ?taient ?crits les mots : Bienvenue ? Rye. Instantan?ment, Lacey eut le souffle coup?. – Rye ? s’exclama-t-elle. C’?tait l? que vivait son p?re ! Elle regarda Tom, stup?faite. – Comment est-ce que… Puis elle remarqua le regard complice de Tom. Ce n’?tait pas un accident. Il l’avait conduite ici expr?s. Il avait tout organis? pour qu’elle vienne ici. – Surprise, dit-il prudemment. Le c?ur de Lacey battait si fort qu’elle avait l’impression qu’il allait bondir de sa poitrine. Elle ne savait pas quoi dire, quoi penser. Tom voulait bien faire, bien s?r, mais ce fut un choc pour elle, comme s’il l’avait pouss?e d’un plongeoir dans l’eau glac?e. – Je sais que tu as dit que tu n’?tais pas certaine de vouloir venir ici, dit prudemment Tom. Mais je sais aussi ce que cela signifierait pour toi d’avoir ton p?re ? notre mariage. Il mit le clignotant et tourna sur une route. Mermaid Street. Lacey cria. Tom ne l’emmenait pas seulement dans Rye, il la conduisait chez son p?re ! – Tom ? demanda-t-elle. Sa panique s’amplifiait. Comment as-tu… – Comment ai-je eu l’adresse ? devina-t-il. Tu as laiss? ton bloc-notes pr?s du t?l?phone avec l’adresse dessus. Elle se sentit prise au d?pourvu. Elle pouvait ? peine y voir clair. Tom fit ralentir la camionnette jusqu’? ce qu’elle s’arr?te devant un cottage. Il la regarda. – Lacey, c’est la maison de ton p?re. * Lacey regarda le petit cottage par la vitre c?t? passager. Il ?tait discret et rappelait Crag Cottage. Toutes les r?ponses aux questions auxquelles elle avait pass? sa vie ? chercher ? r?pondre se trouvaient-elles ? l’int?rieur ? – Lacey, dit la voix douce de Tom. Que veux-tu faire ? Lacey h?sitait. Elle avait les jambes en coton. Elle n’?tait m?me pas s?re de pouvoir aller frapper ? la porte, et encore moins de pouvoir faire face ? ce qui se passerait quand on lui ouvrirait. ? ce moment-l?, Chester se faufila dans l’espace entre les si?ges et s’assit sur ses genoux. Il lui donna un coup de museau en g?missant doucement. Lacey savait ce qu’il essayait de lui dire. C’?tait maintenant ou jamais. – Je vais frapper, dit r?solument Lacey, annon?ant ses intentions. Elle ouvrit la porte de la camionnette et descendit d’un bond, surprise de sentir ses jambes fermes sous elle. Un sentiment de d?termination lui vint de nulle part. Lacey remonta lentement le chemin du jardin, en enregistrant chaque d?tail avec une pr?cision extr?me. Des arbustes et des foug?res ? hauteur de chevilles qui parsemaient la pelouse n?glig?e, jusqu’? l’arche en bois sous forme d’appentis qui encadrait la porte d’entr?e. ? l’int?rieur de l’appentis, il y avait une paire de chaussures de randonn?e pour hommes boueuses sur le paillasson, et la sculpture d?lav?e d’un nain de jardin tenant une canne ? p?che. Lacey pouvait voir chaque petit d?tail en technicolor. Tous les petits signes d’une vie suivant son cours. Elle avait l’impression que les manques dans son esprit concernant son p?re ?taient en train d’?tre combl?s. La porte d’entr?e ?tait en bois, peinte d’un bleu brillant et ?caill? par endroits. Un volet de bo?te aux lettres argent? et rouill?. Un heurtoir de porte dans un ?tat similaire. Le cottage ?tait pour le moins rustique. Lacey prit une grande respiration. Puis elle frappa. Au d?but, tout ?tait silencieux. Puis Lacey entendit un bruit venant de l’int?rieur. Quelqu’un ?tait l?. L’appr?hension ass?chait sa bouche. Dans un clic, un grattement et grincement, la porte s’ouvrit. Un homme se tenait devant Lacey. Il ?tait chauve. Rid?. Et ce n’?tait pas son p?re. Tout l’air sortit des poumons de Lacey d’un seul coup. Ses mains se mirent ? trembler. Ce n’?tait pas lui. Ce n’?tait pas son p?re. L’homme ?tait environ trop petit de trente centim?tres, une d?cennie trop vieux, et avait les yeux de la mauvaise couleur. – Puis-je vous aider, jeune fille ? demanda-t-il avec un fort accent britannique. Lacey tituba. La surprise l’avait laiss?e h?b?t?e. – Je suis d?sol?e, je crois que je me suis tromp?e d’adresse, marmonna-t-elle. Je pensais que quelqu’un d’autre vivait ici. Elle se retourna pour partir. – Vous devez chercher Frank, lui dit l’homme. Lacey se figea. Son c?ur se mit ? battre contre son sternum comme un marteau-piqueur. Elle se retourna et regarda l’?tranger. – C’est ?a, dit-elle, essayant de la jouer d?sinvolte. Vous le connaissez ? – C’?tait le locataire pr?c?dent, lui dit l’homme. Le locataire pr?c?dent ? r?p?ta Lacey dans sa t?te. Son p?re avait d?m?nag?. Elle l’avait manqu?. – Savez-vous o? il a d?m?nag? ? demanda-t-elle, soudain d?sesp?r?e. – Non, d?sol?, je ne sais pas. ?tes-vous une de ses amies ? Lacey ne pouvait pas parler. Apr?s toutes les pistes qu’elle avait suivies, toutes les pi?ces du puzzle qu’elle avait rassembl?es, pour d?couvrir que son p?re n’?tait plus l?, c’?tait une bombe qu’elle ne pouvait pas encaisser. Tout ce qu’elle put faire, ce fut un signe de t?te comme un zombie. L’homme sourit. – Eh bien, vous venez de le manquer. Il est parti il y a quelques semaines. C’?tait la goutte d’eau qui fit d?border le vase pour l’esprit fragile de Lacey. Elle ?tait arriv?e seulement quelques semaines trop tard ? Si elle n’avait pas tra?n? les pieds ? chaque ?tape, elle n’aurait pas ?t? en retard. Les jambes de Lacey flageol?rent. Sa t?te commen?a ? tourner. Soudain, elle eut l’impression qu’il n’y avait plus assez d’oxyg?ne dans l’air. Lacey se sentit faible et s’appuya contre le mur pour garder l’?quilibre. – Oh mon Dieu, dit l’homme, l’air inquiet. Est-ce que ?a va ? Vous ?tes devenue p?le. Je peux vous offrir un verre d’eau ? Lacey ne pouvait pas lui r?pondre. Elle ?tait en hyperventilation. Soudain, Tom ?tait l?. Il avait d? la voir se trouver mal depuis le van. Elle sentit sa main sur son dos. Puis Chester commen?a ? la pousser de la truffe, lui apportant un r?confort rassurant. – Lacey ? dit doucement Tom. Qu’est-ce qui s’est pass? ? Lacey l’attrapa avec une main tremblante. – Ce n’est pas lui, dit-elle, haletant pour trouver de l’oxyg?ne. Il est parti. Il a d?m?nag?. Mon p?re est parti. Elle ?tait si pr?s de trouver son p?re, mais ? cause de sa l?chet?, elle avait rat? sa chance. Elle regarda Tom dans les yeux et vit sa propre douleur se refl?ter dans son empathie. L’homme sur le pas de la porte parla doucement. – Frank est votre p?re ? – Oui… lui dit Lacey, ? bout de souffle. Je ne l’ai pas vu depuis des d?cennies. Je l’ai suivi jusqu’? cette adresse. L’homme laissa ?chapper un petit cri de sympathie. – Je suis vraiment d?sol?. Il parlait avec une compassion sinc?re, Lacey le ressentait au plus profond de son c?ur. Sa panique commen?a ? se dissiper. – Peut-?tre devriez-vous entrer ? ajouta l’homme. Tous les deux. J’ai ? peine red?cor?, donc c’est plus ou moins comme votre p?re l’a laiss?. Vous voulez voir ? quoi ressemblait le cottage quand il vivait ici ? C’?tait une offre g?n?reuse. Lacey ?tait vraiment touch?e. Peut-?tre y aurait-il un indice que Frank avait laiss? pour elle. Peut-?tre y avait-il une chance que sa piste ne se soit pas compl?tement refroidie. – Allez, dit l’homme de fa?on accueillante. Je vais mettre la bouilloire en marche et nous pr?parer une infusion. Il se retourna et se dirigea vers l’int?rieur, laissant la porte ouverte. Tom serra l’?paule de Lacey. Elle savait qu’il essayait de la r?conforter, mais elle ne pouvait s’emp?cher de se sentir agac?e par lui. Elle lui avait clairement fait comprendre qu’elle ne voulait pas venir ici, et il ne l’avait pas ?cout?e. Il l’avait pouss?e ? le faire. Non, ce n’?tait pas sa faute si son p?re ?tait pass? ? autre chose, mais c’?tait sa faute s’il l’avait pouss?e ? faire un pas de plus que ce qu’elle ?tait pr?te ? faire. Sans le regarder, Lacey entra dans le cottage, et la main de Tom tomba de son ?paule. CHAPITRE HUIT Il ?tait difficile pour Lacey de cacher sa d?ception alors que l’homme qui n’?tait pas son p?re entrait dans le salon avec trois tasses de th? serr?es dans ses mains. Il les posa sur une table basse en bois recouverte de taches rondes. Le liquide d?borda sur les parois des tasses, ajoutant encore d’autres marques. – C’est du vrai th? du Yorkshire, annon?a l’homme. Je ne bois pas cet horrible truc pr?empaquet?. Beurk. Il sourit, et Lacey se for?a ? sourire aussi, bien qu’int?rieurement elle se sent?t abattue. Sur le canap? ? c?t? d’elle, Tom semblait trop droit et solennel, comme s’il pouvait sentir la peine rayonner d’elle et s’en sentait responsable. Et m?me si Lacey r?pugnait ? l’admettre, elle rejetait en quelque sort la faute sur lui. Elle avait toujours dit qu’elle ne voulait pas venir ici, au cas o? cette situation se pr?senterait. Tom ?tait all? ? l’encontre de ses souhaits en l’amenant ici, et cela lui laissait un mauvais go?t dans la bouche. Sur le canap? en face de Lacey et de Tom, un chat tigr? sauta sur les genoux de l’homme et commen?a ? frotter la t?te contre sa main, demandant ? ?tre caress?. – Ce foutu chat errant, dit-il, en grattant affectueusement le chat derri?re les oreilles. Il ?tait fourni avec la maison. Je suppose que votre p?re la nourrissait, parce qu’elle entre dans ma cuisine ? six heures du matin et qu’elle miaule dans toute la maison jusqu’? ce que je lui donne son petit-d?jeuner. Lacey essaya de visualiser la sc?ne, mais rien ne lui vint ? l’esprit. Oui, son p?re avait ?t? un l?ve-t?t, mais un amoureux des chats ? Elle n’avait aucun souvenir de cela. Peut-?tre que ce n’?tait jamais arriv? parce qu’ils vivaient dans un appartement ? New York. Ou peut-?tre qu’il s’?tait mis ? les aimer depuis qu’il avait emm?nag? au Royaume-Uni. Quoi qu’il en soit, ce d?tail insignifiant lui semblait soudain ?tre un ?norme trou b?ant dans ses connaissances, et ne fit que d?primer encore plus Lacey. Face au risque d’un v?ritable choc ?motionnel, Lacey prit une des tasses sur la table et but lentement, en l’utilisant pour dissimuler son visage. Un silence g?n? s’installa, meubl? uniquement par le bruit des gorg?es de Lacey. Tom s’agita sur le canap?. – Puis-je vous poser une question ? Il ?tait en mode “Gentleman-Anglais-G?nial”, nota Lacey. Il faisait toujours cela quand il ?tait mal ? l’aise. – Allez-y, dit l’homme, tout en continuant ? caresser le chat errant excessivement affectueux. – Vous avez re?u le courrier de Frank ? demanda Tom. Lacey lui lan?a un regard noir. Elle comprenait o? il voulait en venir, que peut-?tre la lettre qu’elle avait post?e pour son p?re ?tait arriv?e trop tard pour lui, mais pour une raison quelconque, cela lui semblait bien trop personnel pour qu’on en parle ? voix haute. Pour Lacey, c’?tait comme si elle avait une blessure b?ante et que Tom venait d’arracher le pansement, l’exposant ainsi aux ?l?ments. – Des bricoles, r?pondit l’homme. J’ai demand? ? la propri?taire une adresse de r?exp?dition, mais elle a dit que Frank ne lui avait laiss? aucune information personnelle. – Pas de nouvelle adresse ? demanda Tom. Sa question donnait l’impression ? Lacey qu’on lui remuait un couteau dans les tripes. L’homme secoua la t?te. – Rien. Il ?tait l? une minute. Puis la suivante, il avait disparu. Lacey ne pouvait plus le supporter. Elle se leva, abandonnant le th? sur la table basse. Il ?tait l? une minute, puis la suivante il avait disparu. Comme quand elle ?tait enfant. – Je suis d?sol?e, marmonna-t-elle, je dois y aller. M-Merci pour le th?. Les larmes lui brouillaient la vue lorsqu’elle se pr?cipita hors du salon et se dirigea vers la porte d’entr?e. Elle entendit le murmure de la voix de Tom en fond, probablement pour s’excuser de leur intrusion, mais elle l’entendit ? peine, car son pouls battait dans ses oreilles, noyant tout le reste. Elle ouvrit le loquet de la porte du cottage et se pr?cipita sur le chemin, puis contourna la camionnette pour ?tre hors de vue. Elle se pencha en avant, les mains sur les genoux, et prit d’?normes bouff?es d’air. Elle ?tait soit en hyperventilation, soit sur le point d’avoir une crise de panique. C’est ? ce moment que Tom apparut. – Lacey, dit-il, le visage marqu? par l’inqui?tude. Je suis vraiment d?sol?. Je n’aurais pas d? te forcer ? faire ?a. Lacey le regarda. Des larmes chaudes lui piquaient les yeux. – Je veux rentrer ? la maison, dit-elle. S’il te pla?t. Rentrons juste ? la maison. * Lacey ?tait assise, vo?t?e, sur le si?ge passager, et regardait les arbres tachet?s pendant qu’ils conduisaient. Du coin de l’?il, elle vit Tom lui jeter un autre regard anxieux. – Je suis d?sol? de ce qui s’est pass? ? Rye, dit-il pour la ?ni?me fois depuis qu’ils s’avaient pris le chemin du retour. – Ce n’est pas ta faute, dit Lacey. Je n’aurais pas d? tra?ner les pieds. Elle caressa les oreilles de Chester. Il ?tait assis sur le plancher, restant pr?s d’elle comme s’il sentait intuitivement qu’elle avait besoin de son r?confort. Elle ne pouvait simplement pas se pardonner de l’avoir manqu? de quelques semaines. Maintenant, sans une nouvelle adresse, elle pourrait ne jamais le trouver. Elle avala la grosse boule qui s’?tait form?e dans sa gorge. Le trajet avait ?t? silencieux, l’atmosph?re sombre. ? peine quelques mots avaient ?t? ?chang?s entre elle et Tom, et Lacey d?testait la tension et l’inconfort qui en d?coulaient. Elle fut soulag?e quand elle vit le panneau pour Exeter et sut qu’ils seraient rentr?s dans l’heure. Soudain, Tom freina brusquement. Lacey fut pr?cipit?e vers l’avant et sa ceinture de s?curit? se bloqua. Elle avan?a instinctivement le bras pour emp?cher Chester de passer ? travers le pare-brise. Lorsque la camionnette s’arr?ta, elle fut projet?e contre le dossier du si?ge. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=63590826&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.