×òî æå åñòü ó ìåíÿ? Äûðû â äðàíûõ êàðìàíàõ, Òðè ìîðùèíû íà ëáó, Äà èñò¸ðòûé ïÿòàê... Íî íå æàëêî íè äíÿ- Ìíå ñóäüáîþ ïðèäàííûõ, Õîòü ïîðîé ÿ æèâó Ïîïîäàÿ â ïðîñàê. Âñ¸ ÷òî åñòü ó ìåíÿ: Ñîâåñòü, ÷åñòü è óìåíüå. ß îòäàì íå ñêóïÿñü- Ïðîñòî òàê çà ïóñòÿê. Çà ïîñòåëü ó îãíÿ, Äîáðîòó áåç ñòåñíåíüÿ. È çà òî, ÷òî ïðîñòÿñü, Íå çàáûòü ìíå íè êàê... Âñ¸ ÷

Le Look Id?al

Le Look Id?al Blake Pierce Un thriller psychologique avec Jessie Hunt #6 – Dans ce chef-d’?uvre de suspense et de myst?re, Blake Pierce a magnifiquement d?velopp? ses personnages en les dotant d’un versant psychologique si bien d?crit que nous avons la sensation d’?tre ? l’int?rieur de leur esprit, de suivre leurs angoisses et de les encourager afin qu’ils r?ussissent. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’? la derni?re page. –-Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (? propos de SANS LAISSER DE TRACES) LE LOOK ID?AL est le sixi?me tome d’une nouvelle s?rie de suspense psychologique par l’auteur ? succ?s Blake Pierce, dont le best-seller n°1, SANS LAISSER DE TRACES (disponible en t?l?chargement gratuit), a obtenu plus de 1000 critiques ? cinq ?toiles. Quand un homme est retrouv? mort dans une chambre d’h?tel de Los Angeles apr?s avoir pass? la nuit avec une prostitu?e, personne n’en pense grand-chose, jusqu’au moment o? ce qui ressemblait ? un cas isol? s’av?re ?tre une s?rie. Il devient bient?t clair qu’une prostitu?e est devenue tueuse en s?rie et que Jessie Hunt, 29 ans, profileuse criminelle et agent du FBI, est peut-?tre la seule ? pouvoir l’arr?ter. Thriller psychologique palpitant aux personnages inoubliables et au suspense haletant, LE LOOK ID?AL est le tome 6 d’une nouvelle s?rie qui vous tiendra ?veill? tard la nuit. Le tome 7 de la s?rie Jessie Hunt sera bient?t disponible. Blake Pierce LE LOOK ID?AL Le look id?al (un thriller psychologique avec Jessie Hunt, tome 6) Blake Pierce Blake Pierce Blake Pierce a ?t? couronn? meilleur auteur et bestseller d'apr?s USA Today pour Les Enqu?tes de RILEY PAIGE – seize tomes (? suivre), la S?rie Myst?re MACKENZIE WHITE – treize tomes (? suivre) ; Les Enqu?tes d'AVERY BLACK – six tomes ; Les Enqu?tes de KERI LOCKE – cinq tomes ; LES ORIGINES DE RILEY PAIGE – cinq tomes (? suivre) ; la S?rie Myst?re KATE WISE – six tomes (? suivre) ; la S?rie Thriller Psychologique CHLOE FINE – cinq tomes (? suivre) ; la S?rie Thriller Psychologique JESSIE HUNT – cinq tomes (? suivre) ; la S?rie Thriller Psychologique FILLE AU PAIR – deux tomes (? suivre) et Les Enqu?tes de ZOE PRIME – deux tomes (? suivre). Lecteur passionn?, fan de thriller et romans ? suspense depuis son plus jeune ?ge, Blake adore vous lire, rendez-vous sur www.blakepierceauthor.com – Restons en contact ! Copyright © 2020 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi ?tats-unienne sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l’autorisation pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre revendu ou offert ? d’autres gens. Si vous voulez partager ce livre avec une autre personne, veuillez en acheter un exemplaire suppl?mentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir achet?, ou s’il n’a pas ?t? achet? pour votre seule utilisation personnelle, alors veuillez le renvoyer et acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le difficile travail de cet auteur. Ceci est une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les ?v?nements et les incidents sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilis?s fictivement. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou mortes, n’est que pure co?ncidence. Image de couverture : copyright Little Moon, utilis?e en vertu d’une licence accord?e par Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE LES MYST?RES DE AD?LE SHARP LAISS? POUR MORT (Volume 1) CONDAMN? ? FUIR (Volume 2) CONDAMN? ? SE CACHER (Volume 3) LA FILLE AU PAIR PRESQUE DISPARUE (Livre 1) PRESQUE PERDUE (Livre 2) PRESQUE MORTE (Livre 3) LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER ID?AL (Volume 2) LA MAISON ID?ALE (Volume 3) LE SOURIRE ID?ALE (Volume 4) LE MENSONGE ID?ALE (Volume 5) LE LOOK IDEAL (Volume 6) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4) DE RETOUR ? LA MAISON (Volume 5) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5) SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4) LA TRAQUE (Tome 5) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? 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Pour un conseiller municipal de troisi?me mandat qui envisageait de se faire ?lire maire, il d?gageait l’assurance d’un homme qui faisait souvent plier le syst?me au lieu de s’y conformer. Mis ? part ?a, il avait tout simplement bonne apparence. Il avait presque cinquante ans mais, gr?ce ? un programme complet de soins de la peau (quelque peu aid? par des piq?res de Botox), il se disait qu’il pouvait encore donner l’illusion qu’il en avait quarante. Ses cheveux ondul?s ?taient pour l’instant plus poivre que sel. Sa peau ?tait bronz?e, mais elle donnait quand m?me l’impression d’?tre saine. Il avait encore l’air tout ? fait fringant en costume, m?me s’il n’en portait pas pour l’instant. En fait, ? ce moment-l?, tout ce qu’il portait, c’?tait un maillot de corps blanc et un cale?on, qu’il ne tarderait pas ? enlever eux aussi. Quand il se mit la petite pilule bleue dans la bouche et l’avala avec une gorg?e de brandy, il pensa ? ce qui l’attendait dans la pi?ce d’? c?t?. C’?tait loin d’?tre la premi?re fois qu’il faisait ?a, mais la femme qu’il avait emmen?e dans la chambre 1441 du Bonaventure Hotel ?tait peut-?tre la plus impressionnante de toutes celles qu’il avait connues. La robe violette qu’elle portait ?tait raffin?e et styl?e, mais elle lui moulait le corps d’assez pr?s pour sugg?rer les tr?sors qui se trouvaient dessous. Une partie de lui-m?me se demandait ce qu’elle faisait dans ce m?tier. Elle ?tait assez sexy pour ?tre mannequin ou actrice, ou au minimum star du porno. Cependant, Gordon ne se soucia pas longtemps des perspectives d’emploi ? long terme de cette fille. Pour l’instant, elle ?tait l? et elle ferait tout ce qu’il voudrait, m?me s’il fallait qu’il retire de l’argent de la caisse noire qu’il entretenait en douce, celle qu’il utilisait pour que son ?pouse ne soit pas au courant de ses diverses peccadilles. Il passa dans la chambre luxueuse aux murs couleur caf? cr?me d?cor?s d’?uvres d’art modernes, ? la moquette ?paisse et aux commodes couvertes de marbre. Il eut alors la surprise de trouver le lit vide. L’espace d’une seconde, pensant qu’elle s’?tait ?clips?e avec la premi?re moiti? de son paiement, il partit vers la porte. – O? tu vas, grand gar?on ? ronronna une voix qui venait du coin de la chambre. Il jeta un coup d’?il dans cette direction et la vit, la fille qui avait exig? de rester anonyme. Elle ?tait assise dans un fauteuil ? haut dossier dans le coin pr?s de la fen?tre et elle ne portait qu’un bustier noir et une culotte branch?e. Ses proportions ?taient presque celles d’une poup?e Barbie et il comptait examiner la chose plus en d?tail dans un avenir tr?s proche. Ses longs cheveux blonds tombaient sur ses ?paules et atteignaient quasiment ses coudes. Elle avait la peau moins bronz?e que les californiennes standard, ce qui lui donnait une d?licatesse et une sophistication qui, d’une fa?on ou d’une autre, paraissait exotique dans ce pays de soleil et de surf. Ses yeux bleu vif rappelaient ? Gordon les eaux carib?ennes o? il avait pass? sa lune de miel. Gordon ?carta imm?diatement cette pens?e et se concentra sur la cr?ature qui se trouvait devant lui. – Je vais vers toi, r?pondit-il d’une voix qu’il trouvait suave. – Avant, je t’ai vers? un autre verre, dit-elle en d?signant d’un hochement de t?te le comptoir situ? au-dessus du mini-bar avant de boire quelques gouttes de son propre verre. J’ai d?cid? de ne pas attendre. – C’est pas poli, dit-il en faisant semblant d’?tre offens? et en prenant son verre. – J’esp?re que je saurai me faire excuser, dit-elle d’un ton chantant et enjou?. – Je suis s?r que je trouverai une solution, r?pondit-il avant de prendre une gorg?e. Mmm, est-ce du brandy ? – Quand nous ?tions en bas, tu as pr?cis? que c’?tait ta boisson pr?f?r?e, dit-elle. – Ouah, tu as fait attention ? ?a, s’?tonna-t-il avant de prendre une autre gorg?e. Dans ton m?tier, la plupart des filles ne font attention qu’? l’argent. – Dis-tu que je ne suis pas ta premi?re conqu?te ? demanda-t-elle avec une moue th??trale, avan?ant la l?vre inf?rieure avec une telle f?rocit? que Gordon arriva tout juste ? se retenir. Cette fille est bonne. Il se dit qu’il faudrait qu’il ajoute un petit suppl?ment si le reste de ses prestations ?tait de la m?me qualit?. – Et si tu enlevais ton maillot de corps ? Viens par ici, sugg?ra-t-elle en se levant pour qu’il puisse la voir de la t?te aux pieds. – Volontiers, murmura-t-il en retirant son maillot de corps avec plus de maladresse qu’il ne l’aurait voulu. En fait, quand il le leva au-dessus de sa t?te, il perdit l’?quilibre et tr?bucha l?g?rement. Heureusement, il atterrit sur le lit, o? il r?ussit finalement ? s’enlever le maillot de corps, m?me s’il sentit qu’il se d?coiffait ce faisant. Sa maladresse l’irritait, mais il se rappela que la fille blonde ne s’en souciait gu?re. Maintenant, elle se tenait au-dessus de lui et souriait l?g?rement. Peut-?tre trouvait-elle sa maladresse touchante. – Maladroit ? roucoula-t-elle en allant vers le fauteuil o? il avait pos? son pantalon et en se mettant alors ce qui ressemblait ? des gants en plastique. Il la regarda bouger mais se rendit compte qu’il avait un peu de mal ? se concentrer. Elle sortit son portefeuille de sa poche de derri?re et l’inspecta lentement, sortant toutes ses cartes et les laissant tomber dans une petite poche en plastique. Il essaya de s’appuyer sur ses coudes pour mieux la voir, mais ses bras ne r?pondaient pas aux ordres que leur envoyait son cerveau. – H? … essaya-t-il de dire, alors que sa langue lui paraissait pesante dans sa bouche. La fille lui jeta un coup d’?il et lui fit un sourire doux. – Tu te sens ? l’aise ? demanda-t-elle en allant r?cup?rer son sac ? main et en y d?posant la poche en plastique. Quelque part au fond de son cerveau, Gordon se rendit compte que la fille essayait peut-?tre de le voler. Il pensa aussi qu’elle avait peut-?tre gliss? quelque chose dans sa boisson. Il ?tait temps de mettre fin ? ces manigances. Avec toute la force qu’il put trouver, Gordon se remit en position assise. Il essaya de fixer la fille du regard, mais il n’arrivait pas ? garder la t?te droite. – Arr?te, essaya-t-il de crier, mais il ne parvint qu’? bafouiller, comme s’il avait eu un tas de billes dans la bouche. Quand elle avan?a vers lui, il commen?a ? voir double, puis triple. Il n’arrivait pas ? distinguer la vraie fille de ses doubles. – Tu es mignon, dit la fille du milieu en le repoussant sur le lit. On commence ? Elle s’installa ? califourchon sur lui. Le corps de Gordon ?tait lourd et insensible et il sentait ? peine le poids de la fille. Il vit qu’elle portait encore les gants en plastique. Dans son esprit de plus en plus confus, une alarme r?sonna. Cette fille faisait plus que le droguer et le d?valiser. La mani?re d?contract?e et tranquille dont la femme bougeait sugg?rait qu’elle n’en avait pas simplement apr?s son argent et ses possessions. Elle aimait ce qu’elle faisait. La fa?on dont elle se dandina contre son torse lui rappela un serpent qui montait ? une branche d’arbre lentement et en ondulant. – Que … tu fais ? r?ussit-il ? baragouiner. Elle sembla le comprendre ? la perfection. – Je tiens une promesse, r?pondit-elle avec d?sinvolture comme si elle r?pondait ? une question sur la m?t?o. Gordon regarda dans ses yeux bleus et vit que toute gaiet? en avait disparu. Maintenant, ils ?taient glacials et concentr?s. Gordon comprit qu’il ?tait en danger. Cette prise de conscience envoya soudain une pouss?e d’adr?naline dans son organisme et il s’en servit pour se relever du lit. Il avait pr?vu de se relever sans difficult? et de repousser la femme pour la faire tomber par terre mais, alors qu’il s’?tait ? peine relev? de quinze centim?tres, elle le fit retomber sur le lit en appuyant seulement son index contre sa poitrine et le remit ainsi dans sa position pr?c?dente. Alors, elle se pencha jusqu’? ce que leurs visages ne soient plus s?par?s que de quelques centim?tres. Les cheveux de la femme tombaient sur les yeux de Gordon, mais il n’y pouvait rien. – Tout est fini pour toi, Gordon, lui chuchota-t-elle ? l’oreille. As-tu un dernier message ? Il ?carquilla les yeux. C’?tait la seule partie de son anatomie qu’il semblait encore capable de contr?ler. – Argh … bafouilla-t-il. – Peu importe, dit-elle en l’interrompant brusquement. De toute fa?on, ?a m’est ?gal. Alors que Gordon la regardait, elle se redressa et passa les mains autour de son cou. Il ne la sentit pas vraiment lui serrer la gorge, mais il comprit que c’?tait ce qu’elle faisait parce qu’il eut soudain du mal ? respirer. Ses yeux commenc?rent ? se gonfler et lui donn?rent l’impression qu’ils allaient sortir de leurs orbites. Il essaya d?sesp?r?ment de haleter, mais il semblait ne pas pouvoir faire entrer d’air dans sa poitrine. Sa vision se brouilla. Sa langue s’agita dans tous les sens comme pour chercher de l’oxyg?ne partout. Pourtant, rien ne fonctionnait. La derni?re chose qu’il vit avant que sa vision ne s’obscurcisse fut la femme qui, au-dessus de lui, le fixait attentivement du regard pendant qu’elle l’?tranglait. Elle souriait encore. CHAPITRE DEUX Nerveuse, Jessie Hunt ?tait assise dans le box de Nickel Diner dans South Main Street, ? seulement deux p?t?s de maison du Poste Central de la Police de Los Angeles. Alors que la personne qu’elle allait rencontrer ne se soucierait pas du tout de son apparence, elle voulait faire bonne impression. En g?n?ral, elle jugeait qu’elle ?tait pr?sentable. Ses yeux verts ?taient clairs et ses cheveux marron ? hauteur des ?paules avaient l’air plus brillants que d’habitude. Aujourd’hui, elle avait pris la pr?caution de mettre son chemisier et son pantalon les plus professionnels avant d’aller travailler, ainsi que des chaussures plates qui n’accentuaient pas sa taille d?j? imposante d’un m?tre soixante-dix-sept. Elle pensait qu’aucune des personnes qui la verraient aujourd’hui ne la prendraient pour un mannequin, comme cela se produisait parfois. Cependant, ? seulement quelques semaines de son trenti?me anniversaire, elle savait qu’elle pouvait encore s?duire quand cela l’aidait ? obtenir ce qu’elle voulait. R?flexion faite, elle pensait qu’elle se d?brouillait plut?t bien. Apr?s tout, cela ne faisait que sept jours qu’elle avait ?t? drogu?e par une personne soup?onn?e d’homicide et qu’il avait fallu lui faire un lavement. Depuis, apr?s qu’on lui avait permis de quitter l’h?pital, elle ?tait surtout rest?e enferm?e dans son appartement, sous la garde et la protection de l’inspecteur Ryan Hernandez. Ryan avait insist? pour rester avec elle jusqu’? ce qu’elle ait repris ses forces. Donc, toute la semaine derni?re, il avait couch? sur le canap?-lit du salon et pr?par? la plupart des repas de sa prot?g?e. Jessie avait d?lib?r?ment d?cid? d’accepter l’aide de son coll?gue en toute simplicit?, sans surinterpr?ter les actions de l’homme qui ?tait parfois son coll?gue dans certains cas et parfois plus. En temps normal, apr?s un cong? m?dical prolong?, Jessie serait en priorit? repartie travailler avec Ryan pour aller ? sa r?union de r?int?gration avec le capitaine Roy Decker de la Police de Los Angeles. Cependant, aujourd’hui ?tait une journ?e inhabituelle. Elle avait d?cid? d’organiser une petite r?union personnelle avant de recommencer ? travailler et que le capitaine ne se mette ? lui imposer des r?gles et des limites. M?me si Jessie Hunt ?tait consultante en profilage criminel pour la Police de Los Angeles sans ?tre agent de police officiel, le capitaine Decker ?tait quand m?me son sup?rieur imm?diat et d?sob?ir ? ses ordres pouvait avoir des r?percussions graves. Cependant, si Jessie se contentait de retrouver quelqu’un et d’avoir une discussion officieuse sur une enqu?te en cours avant de recevoir les ordres de Decker, on pourrait difficilement le lui reprocher. C’?tait pour cette raison qu’elle ?tait assise dans ce restaurant bond? ? 7 h 30 du matin et qu’elle y attendait l’arriv?e d’un homme auquel elle n’avait parl? que rarement et presque toujours en se battant contre sa propre angoisse. Elle grignota son toast et sirota sa deuxi?me tasse de caf?, tout ? fait consciente qu’elle aurait probablement d? n’en boire qu’une. Il entra juste au moment o? elle posait la tasse sur la table. Garland Moses jeta un coup d’?il dans le restaurant, rep?ra Jessie et se dirigea vers elle. Comme il avait soixante-et-onze ans, la peau parchemin?e, des cheveux blancs en bataille et des lunettes ? double foyer qui semblaient ?tre sur le point de tomber du bout de son nez, il n’attira pas l’attention des clients devant lesquels il passa et dont aucun ne fut conscient d’?tre en pr?sence de l’un des profileurs criminels les plus renomm?s du dernier quart de si?cle. Jessie ne pouvait gu?re le leur reprocher. Cet homme semblait cultiver son allure n?glig?e. Il avan?a vers Jessie en tra?nant les pieds et en semblant oublier les pans de chemise qui d?passaient de son pantalon en velours c?tel? froiss? et les taches visibles sur son gilet bordeaux trop grand. Sa veste sport grise, qui pendait sur lui comme s’il avait ?t? un cintre, paraissait sur le point de l’avaler tout entier. Cependant, si l’on y pr?tait plus d’attention, d’autres choses devenaient claires. Derri?re les lunettes ?paisses, ses yeux vifs observaient rapidement les environs et les analysaient en un instant. Alors qu’il avait les cheveux en bataille, il ?tait ras? de pr?s et pas un seul poil ne d?passait. Ses dents ?taient encore d’un blanc immacul? et en parfait ?tat. Ses ongles ?taient coup?s nettement et les lacets de ses mocassins usag?s ?taient attach?s avec des n?uds doubles. Garland Moses donnait l’impression d’?tre un vieil homme n?glig? style Columbo mais, comme Jessie le savait bien, c’?tait une apparence et rien de plus. Moses avait r?solu quelques-uns des homicides les plus complexes du pays pendant les quarante derni?res ann?es. Il l’avait d’abord fait en tant que membre de la c?l?bre Division des Sciences du Comportement du FBI bas?e ? Quantico, en Virginie. Alors, ? la fin des ann?es 1990, apr?s avoir pass? vingt ans ? ?tudier ce que l’humanit? avait de pire, il ?tait parti ? la retraite dans le soleil de la Californie du Sud. Cependant, quelques mois apr?s son arriv?e, la Police de Los Angeles lui avait demand? de devenir consultant en profilage. Il avait accept? ? plusieurs conditions. D’abord, comme il ne serait plus officiellement employ?, il ne voulait plus ?tre soumis aux r?gles de la division et il voulait ?tre libre de ses all?es et venues. Ensuite, il voulait choisir ses affaires. Enfin, chose la plus importante pour lui, il ne voulait pas ?tre oblig? de respecter un code vestimentaire, quel qu’il soit. La division avait tout de suite accept? et, malgr? son attitude ext?rieurement bourrue qui avait pouss? un agent de police ? le traiter de « cr?tin taciturne et irascible », les officiels n’avaient jamais regrett? leur choix. Confortablement install? dans son bureau isol? et grand comme un placard ? balais du premier ?tage du poste, Moses travaillait et on pouvait lui faire confiance pour r?soudre au moins trois ou quatre affaires tr?s m?diatis?es par an, en g?n?ral celles qui restaient ?nigmatiques pour tout le monde. Pour des raisons que Jessie n’avait jamais comprises, Garland Moses semblait l’appr?cier, ou au moins ne pas avoir ouvertement envie qu’elle disparaisse, ce qui ?tait quasiment la m?me chose pour lui. Parfois, il lui avait m?me donn? quelques conseils sur quelques-unes de ses affaires en cours. De plus, m?me s’il ne l’avait jamais reconnu, elle avait appris que sa recommandation avait aid? ? la faire admettre ? l’Acad?mie du FBI, pour cette formation de dix semaines si renomm?e qu’elle avait remport?e l’ann?e d’avant. Ce programme tr?s s?lectif r?unissait les meilleurs agents des services de police locaux pour leur apprendre les derni?res techniques d’enqu?te du FBI. En g?n?ral, cette formation n’?tait accessible qu’aux inspecteurs exp?riment?s au parcours exceptionnel. Cependant, Jessie, qui ?tait assez peu exp?riment?e, avait ?t? admise d’une fa?on ou d’une autre. Pendant ses semaines de formation, elle n’avait pas seulement b?n?fici? des lumi?res des instructeurs de la Division des Sciences du Comportement mondialement c?l?bre. Elle avait aussi subi un entra?nement physique intense qui avait inclus une initiation au maniement des armes et des cours d’auto-d?fense. Il ?tait certain que le fait qu’elle ait r?ussi ? r?soudre plusieurs affaires de meurtre tr?s m?diatis?es et aussi ? survivre ? la tentative de meurtre de son ex-mari avait jou? un r?le dans son admission. Cependant, les recommandations de plusieurs officiels de haut niveau de la police de Los Angeles, dont Garland Moses, avaient presque certainement exerc? encore plus d’influence. Quand il s’assit en face d’elle, Jessie se sentit certaine qu’il devinait d?j? pourquoi elle lui avait donn? rendez-vous t?t le matin et en dehors des heures de travail. Malgr? sa nervosit?, Jessie en ?tait presque soulag?e. S’il devinait d?j? ce qu’elle voulait, elle pourrait se dispenser de mettre en ?uvre toute la courtoisie, la persuasion et la flatterie que la requ?te qu’elle allait lui soumettre n?cessiterait aupr?s de quelqu’un d’autre. Il ?tait venu, apr?s tout. Cela signifiait qu’il ?tait au moins l?g?rement int?ress?. – Bonjour, M. Moses, dit-elle quand il s’installa en face d’elle. – Garland, r?pondit-il avec son grognement rauque typique tout en faisant signe ? la serveuse pour qu’elle lui emm?ne un caf?. J’esp?re que ?a va ?tre int?ressant, Hunt. Vous avez ?t? tr?s ?nigmatique au t?l?phone. Je n’aime pas d?ranger ma routine du matin et vous l’avez incontestablement d?rang?e. – Je suis quasiment s?re que vous trouverez que ce chamboulement avait son int?r?t, lui assura-t-elle avant de d?cider de se lancer sans plus attendre. J’ai besoin de votre aide. – Je m’en doutais. Personne ne demande ? me rencontrer pour parler de motifs peints sur porcelaine, dit-il d’un air impassible. Jessie d?cida de consid?rer que son trait d’humour ?tait un bon signe et poursuivit. – Ce sera un plaisir plus tard, Garland, si ?a vous pla?t, mais, pour l’instant, je suis moins int?ress?e par la vaisselle que par les ravisseurs d’enfants tueurs en s?rie. La serveuse, qui venait d’arriver avec sa cafeti?re, contempla Jessie d’un air stup?fait. C’?tait une blonde de la quarantaine d’apparence ang?lique qui s’appelait Pam, d’apr?s son badge. Elle retrouva rapidement ses moyens, d?tourna les yeux et remplit la tasse de Garland. – J’?coute, comme Pam a sembl? le faire, dit Garland quand la serveuse fut partie. Jessie d?cida de ne pas demander comment il connaissait le nom de cette femme alors qu’il ne l’avait pas regard?e. Elle pr?f?ra tenter tout de suite de le convaincre. – Je suis s?re que vous savez que Bolton Crutchfield est encore dans la nature et que, la semaine derni?re, il a kidnapp? une fille de dix-sept ans du nom de Hannah Dorsey. – Je le sais, dit-il sans ajouter quoi que ce soit. Il n’en avait pas besoin. Il n’?tait pas n?cessaire d’?tre un profileur criminel renomm? pour conna?tre l’histoire monstrueuse de Bolton Crutchfield, qui avait assassin? des dizaines de gens de mani?res aussi brutales que raffin?es et qui s’?tait r?cemment ?vad? d’un centre de d?tention psychiatrique. – OK, poursuivit-elle. Vous savez peut-?tre aussi que j’ai un petit pass? avec Crutchfield, que je l’ai interrog? une bonne dizaine de fois quand il ?tait d?tenu au centre de d?tention psychiatrique de la DNR, o? il m’avait dit que mon bon vieux papa, le tueur en s?rie, Xander Thurman, ?tait son mentor et qu’ils avaient communiqu? l’un avec l’autre. – Je le savais aussi. Je sais aussi que, malgr? son admiration pour votre p?re, quand il a d? choisir entre vous deux, il vous a avertie que votre p?re allait s’attaquer ? vous et vous a presque sauv? la vie. Cela doit vous donner des sentiments complexes ? son ?gard. Jessie prit une longue gorg?e de son caf? en se demandant comment r?pondre. – Oui, conc?da-t-elle finalement, surtout quand il a pr?cis? qu’il comptait dor?navant me laisser tranquille et s’int?resser ? autre chose. – Cela a ?t? une sorte de d?tente. Pam revint timidement prendre la commande de Garland. – Je prendrai la m?me chose qu’elle, dit-il en d?signant le toast de Jessie de la t?te. Pam eut l’air d??ue mais ne dit rien et partit dans la cuisine. – On peut dire ?a, dit Jessie. Bien s?r, je n’ai pas voulu faire confiance ? ce dangereux assassin quand il m’a dit qu’il allait me laisser en paix. Ensuite, il a enlev? la fille. – Cela vous a contrari?e, pr?cisa Garland tout en sachant que c’?tait une ?vidence. – Oui, dit Jessie. C’?tait une fille que j’avais trouv?e prisonni?re de mon p?re dans une maison avec ses parents adoptifs. Il ?tait en train de la torturer. Elle a tout juste surv?cu, comme moi. Ses parents adoptifs ont p?ri. Donc, quand, seulement quelques semaines plus tard, Crutchfield l’a kidnapp?e et a tu? ses parents adoptifs, j’ai pris ?a … – … comme un affront personnel, dit Garland pour compl?ter sa phrase. – Exactement, dit Jessie. Et maintenant, apr?s une semaine de cong? forc?, une semaine que Hannah a pass?e dans les griffes de Crutchfield, je reviens travailler aujourd’hui. – Mais il y a un probl?me, dit Garland pour sugg?rer ? Jessie d’aller au droit au but, ce qu’elle fit. – Oui. L’affaire a ?t? attribu?e au FBI. Je sais que, quand j’entrerai dans le poste de police, on m’interdira express?ment de participer ? cette enqu?te ? cause de … mes liens personnels. Cependant, comme je me connais apr?s avoir pass? presque trente ans sur cette plan?te, je sais que je ne pourrai jamais cesser d’y penser pour me consacrer ? mon travail normal. Donc, j’ai eu l’id?e de demander l’assistance d’un homme qui n’est pas soumis aux r?gles que l’on va m’imposer. – Et pourtant, dit Garland quand son toast arriva, j’ai la nette impression que je ne suis pas votre premier choix pour cette t?che. Jessie ne comprenait absolument pas comment il pouvait le savoir, mais elle n’essaya pas de le nier. – C’est vrai. Normalement, je ne demanderais pas ? un profileur ?m?rite renomm? de me faire une faveur si je pouvais l’?viter. Ce que je n’aime surtout pas, c’est de demander ? cette personne de faire un sale boulot, comme d’essayer de comprendre discr?tement ce qui se passe dans l’enqu?te de quelqu’un d’autre. Malheureusement, mon premier choix est indisponible. – Qui est-ce ? demanda Garland. – Katherine Gentry. Elle a ?t? directrice de la s?curit? ? la prison de la DNR. Nous sommes devenues amies au cours de mes nombreuses visites. Cependant, quand Crutchfield s’est ?vad? en faisant assassiner plusieurs gardes, elle a ?t? renvoy?e. Depuis, elle est devenue d?tective priv?e. Kat est d?butante dans ce domaine, mais elle est comp?tente. J’ai r?cemment eu recours ? ses services. – Mais … dit Garland pour inviter Jessie ? poursuivre. – Mais, comme elle est impliqu?e dans une autre affaire qui n?cessite beaucoup de surveillance en dehors de cette ville, elle n’a pas vraiment le temps. De plus, j’ai pens? que cela pourrait ?tre un peu trop dur pour elle, vu son lien avec Crutchfield. Je pense qu’elle pourrait ?tre trop proche de l’int?ress?. – Je vois, dit-il d’un ton espi?gle. Donc, vous craignez qu’une femme ne soit pas capable d’?valuer objectivement la situation ? cause de sa liaison personnelle avec l’int?ress?. Est-ce que cette description s’applique ? d’autres de vos connaissances ? Jessie le regarda. Elle savait parfaitement o? il voulait en venir. Bien s?r, s’il avait su ? quel point cette affaire la touchait, il aurait probablement ?t? encore plus inquiet. Alors, Jessie eut une id?e susceptible de l’inciter ? changer de regard sur les circonstances. – Vous avez raison, dit-elle. Je ne suis pas objective et c’est encore plus vrai que vous ne le savez. Vous voyez, Garland, ce que seulement une demi-douzaine de gens savent dans le monde entier, c’est que le p?re de Hannah Dorsey ?tait Xander Thurman. Elle est ma demi-s?ur et j’ai d?couvert ce fait il y a moins d’un mois. Donc, je ne suis absolument pas objective sur cette affaire. Garland, qui allait prendre une gorg?e de caf?, s’interrompit bri?vement. Apparemment, il pouvait encore ressentir de l’?tonnement. – ?a complique les choses, reconnut-il. – Oui, dit-elle en se penchant en avant et en regardant Garland Moses avec attention. De plus, je suis presque s?re que Crutchfield l’a enlev?e pour qu’elle devienne tueuse en s?rie comme mon p?re et lui-m?me. C’est ce que mon p?re voulait faire de moi. Quand j’ai refus?, il a essay? de me tuer. Je pense que Crutchfield essaie de reprendre l? o? Thurman s’est arr?t?. – Qu’est-ce qui vous fait penser ?a ? demanda Garland. – Il m’a envoy? une carte postale qui le disait plus ou moins clairement, puis il a ?crit un message avec du sang sur un mur de la maison de la famille d’accueil, o? il a r?p?t? la chose. Il ne fait pas dans la subtilit?. – Il semble effectivement ?tre du style ? insister, conc?da Garland. – Tout ? fait, dit Jessie en sentant qu’il commen?ait ? s’int?resser ? sa demande. Donc, je veux bien admettre que je n’ai pas exactement la t?te froide sur cette affaire et je comprends pourquoi le capitaine Decker refuse que j’enqu?te dessus. Cependant, comme je l’ai dit, je me connais et jamais je ne pourrai faire comme s’il n’y avait pas un tueur en s?rie qui tente de transformer ma demi-s?ur en son double personnel. Donc, j’ai pens? que je pourrais m’adresser ? quelqu’un susceptible d’?tre plus rationnel que moi pour se renseigner sur l’affaire et me tenir au courant. Autrement, je vais devenir folle. De plus, il faut que ce soit quelqu’un qui puisse acc?der aux informations sans avoir les mains li?es par toutes les interdictions de la Police de Los Angeles. Garland se pencha en arri?re dans le box et remonta ses lunettes. Il paraissait perdu dans ses pens?es. – Garland, dit Jessie en chuchotant presque, Bolton Crutchfield essaie de cr?er un monstre ? son image et il le fait avec une fille traumatis?e. Ce serait assez terrible, m?me si elle n’?tait pas la seule famille qu’il me reste, une s?ur dont j’ai tout juste fait la connaissance. Cependant, Crutchfield fait ?a volontairement pour jouer avec moi ; c’est un autre de ses jeux sadiques sans fin. Je comprends ce qui se passe. Je le vois clairement. Cependant, si vous pensez que comprendre la situation signifie que je vais pouvoir ?viter m’en m?ler ? cause d’une directive de mon sup?rieur, vous vous trompez gravement. Si vous refusez, je m’en occuperai moi-m?me sans penser aux cons?quences. Je vous demande votre aide, en partie parce que vous ?tes meilleur que moi dans ce domaine, mais aussi en partie pour ?chapper ? moi-m?me. Je ne veux pas faire dans le dramatique et dire que mon avenir est entre vos mains … Pourtant, mon avenir est bel et bien entre vos mains. Qu’en pensez-vous ? Garland resta assis en silence pendant un moment. Alors, il se pencha vers Jessie pour r?pondre. Soudain, le t?l?phone portable de Jessie sonna. Elle y jeta un coup d’?il. C’?tait Ryan. Elle le laissa enregistrer un message audio et releva les yeux vers le vieil homme assis devant elle. Alors, elle sentit une vibration. Quand elle baissa les yeux, elle vit un SMS de Ryan qui disait simplement « 911 », leur code pour « D?croche ». Une seconde plus tard, le t?l?phone sonna ? nouveau. Elle d?crocha. – Je suis occup?e, dit-elle. – Il y a eu un homicide au Bonaventure Hotel, dit Ryan. Decker nous a attribu? l’affaire. Il dit qu’il remet ? plus tard notre r?union avec lui et qu’il veut qu’on aille sur les lieux le plus vite possible. Je viens te chercher maintenant. Je serai l? dans deux minutes. Il d?crocha avant qu’elle ait pu r?pondre. Elle se tourna vers Garland. – On vient de me dire d’aller sur une sc?ne de crime. L’inspecteur Hernandez vient me chercher. J’ai besoin d’une d?cision. Que dites-vous, Garland ? CHAPITRE TROIS Dans la voiture, Jessie tenait la poign?e comme si elle s’attendait ? un accident. Ryan avait allum? la sir?ne et fon?ait dans les rues du centre-ville en prenant ses tournants de fa?on brusque. Apparemment, les m?dias savaient d?j? qu’on avait trouv? un cadavre dans un h?tel chic et une foule se formait ? l’ext?rieur. Ryan voulait y arriver avant que l’endroit ne devienne trop chaotique. Bouscul?e dans la voiture, Jessie ?tait silencieuse et satisfaite de n’avoir mang? que des toasts au petit-d?jeuner. Elle ?tait chamboul?e mais, malgr? cela, elle ne retenait qu’une chose. Garland Moses avait dit oui. Cela signifiait que, si elle pouvait se forcer ? profiter au maximum de son implication, elle ne serait pas oblig?e de s’inqui?ter de la disparition de Hannah ? tout moment d’inactivit?. ? pr?sent, elle avait quelqu’un qui s’y int?ressait et elle avait confiance en cet homme pour qu’il progresse et la tienne r?ellement au courant de la progression de l’affaire. Pour ne pas perdre la t?te, il faudrait qu’elle lui accorde sa confiance et ?vite d’en faire une obsession permanente. Ce qui ?tait tout aussi important si elle voulait se rendre utile dans cette affaire au Bonaventure, ou dans celles qui suivraient, c’?tait qu’elle garde les id?es claires. Quelle que soit l’identit? de la victime qui se trouvait dans cette chambre d’h?tel, Jessie devrait fournir son analyse la plus pertinente et la plus ?pur?e qui soit. Comme s’il avait lu dans ses pens?es, Ryan prit la parole. – Ce n’?tait pas mon id?e. – Que veux-tu dire ? demanda-t-elle. – J’avais pens? que nous devrions reprendre le travail tranquillement en passant au moins un jour ou deux ? rattraper des t?ches bureaucratiques et barbantes, mais le capitaine Decker a insist? pour que tu m’accompagnes. – ?a ne lui ressemble pas, pr?cisa-t-elle. – En temps normal, non, convint-il, mais il a dit tr?s pr?cis?ment qu’il tenait ? ce que tu travailles imm?diatement sur une affaire pour que tu sois occup?e. Il ne veut pas que tu t’int?resses ? l’affaire Dorsey et il a consid?r? que la meilleure fa?on d’emp?cher que ?a n’arrive ?tait de t’occuper. – Il a dit ?a ? demanda Jessie. – Plus ou moins. En fait, je pense qu’il voulait que je te le dise, un peu comme un avertissement. – OK, c’est not?, dit Jessie en se demandant bri?vement s’il fallait qu’elle parle ? Ryan de son entretien avec Garland Moses. Ryan savait que Hannah ?tait sa demi-s?ur, mais pas grand-chose de plus. De plus, Jessie n’avait pas dit ? Ryan qui elle ?tait all?e voir ou pourquoi. Il semblait supposer qu’elle ?tait all?e retrouver Kat Gentry et Jessie n’avait pas corrig? son erreur. Elle craignait qu’il soit en danger d’un point de vue professionnel s’il savait qu’elle tentait de se renseigner sur l’affaire de Hannah. Elle ne voulait pas qu’il soit oblig? de mentir au patron pour la prot?ger si sa tentative ?tait r?v?l?e. Cependant, d’un autre point de vue, si elle ne disait rien ? Ryan, cela ressemblerait ? une sorte de trahison personnelle. Elle jeta un coup d’?il ? Ryan Hernandez, son a?n? de deux ans, et elle se demanda silencieusement ce qu’elle lui devait. Apr?s tout, m?me s’il ?tait inspecteur et elle profileuse, ils travaillaient ensemble sur la plupart des affaires et ?taient des associ?s informels, m?me si ce n’?tait pas officiel. Au-del? de ?a, pendant les quelques derni?res ann?es, leur relation avait ?volu?. De purement professionnelle, elle ?tait devenue professionnellement amicale, authentiquement amicale puis, maintenant, c’?tait autre chose. Quelques mois auparavant, la femme de Ryan avait demand? le divorce apr?s six ans de vie en couple et, apr?s quelques ambigu?t?s linguistiques embarrassantes, Ryan avait r?cemment avou? ? Jessie que ce qu’il ressentait pour elle d?passait la sph?re professionnelle. Jessie ressentait la m?me chose depuis assez longtemps, mais elle n’?tait jamais pass?e ? l’action. Elle l’avait trouv? s?duisant d?s qu’elle l’avait rencontr?, le jour o? il avait donn? une conf?rence en tant qu’invit? ? un cours auquel Jessie avait assist?. ? ce stade, elle n’avait pas encore connu son pedigree impressionnant en tant qu’inspecteur dans une unit? d’?lite de la division vols-homicides de la Police de Los Angeles nomm?e la Section Sp?ciale Homicide ou SSH. La SSH traitait les homicides ? profil ?lev? ou qui b?n?ficiaient d’une grande attention des m?dias, souvent avec plusieurs victimes ou avec des tueurs en s?rie. Tout cela ne faisait que lui pr?ter encore plus de charme. Ryan mesurait un m?tre quatre-vingt-deux et pesait quatre-vingt-dix kilos de muscles durcis par la rue. Et pourtant, sous ses cheveux noirs courts, ses yeux marron d?gageaient une chaleur inattendue. Maintenant que seuls leurs probl?mes personnels les emp?chaient d’aller plus loin, ils s’observaient mutuellement. Ils s’?taient embrass?s une fois, mais ?a s’?tait arr?t? l?. Pour ?tre honn?te, Jessie ne savait pas s’ils ?taient pr?ts ? aller plus loin. – Parle-moi de l’affaire, dit-elle en d?cidant de ne pas lui parler de son entretien avec Garland Moses, ou du moins pour l’instant. – Je ne sais pas grand-chose pour l’instant, dit Ryan. Le corps a ?t? d?couvert par une femme de chambre il y a moins d’une heure ; c’est un homme de la quarantaine, nu. Le portefeuille ?tait vide : ni carte d’identit? ni cartes de cr?dit ni liquide. La cause initiale du d?c?s semble ?tre la strangulation. – Ne peuvent-ils l’identifier en cherchant qui a r?serv? la chambre ? – C’est un peu bizarre, ?a aussi. Apparemment, la carte qui a ?t? utilis?e pour r?server la chambre est celle d’une soci?t? ?cran. Quant au nom inscrit sur le registre, c’est John Smith. Je suis s?r qu’on trouvera qui c’est mais, pour l’instant, nous avons une victime inconnue. Ils arriv?rent au grand Bonaventure Hotel, avec ses plusieurs tours et ses c?l?bres ascenseurs ext?rieurs, qui avaient ?t? rendus c?l?bres par le film Dans la ligne de mire. Ryan montra son badge pour passer la barricade des policiers et s’arr?ta pr?s de l’entr?e du quai de chargement. Un agent de police en uniforme les accueillit, les emmena au monte-charge et, de l?, dans l’?norme hall central. Quand ils le travers?rent pour se rendre aux ascenseurs principaux, Jessie ne put s’emp?cher d’?tre stup?fi?e par la taille et le nombre d’atriums, de halls et d’escaliers qui se croisaient les uns les autres. C’?tait comme si l’endroit avait ?t? express?ment con?u pour qu’on s’y perde. Suivant Ryan et l’agent de police, elle prit son temps, laissa partir les complications de la matin?e et se concentra sur sa t?che actuelle. Son travail ?tait de profiler ce crime, de d?terminer quels pouvaient ?tre les coupables potentiels. Cela signifiait qu’il fallait qu’elle prenne conscience du cadre dans lequel le crime avait eu lieu, pas juste la chambre mais aussi l’h?tel. Il ?tait possible qu’il s’y soit pass? une chose qui, bien qu’ayant eu lieu hors de la chambre, aurait pu avoir une influence sur les ?v?nements qui s’?taient d?roul?s dans cette chambre. Elle ne pouvait rien ignorer. Ils pass?rent un groupe de touristes qui, excit?s, se dirigeaient vers une sortie dans une tenue qui sugg?rait qu’ils allaient ? un parc d’attractions c?l?bre. Juste derri?re eux, dans un open bar circulaire qui s’appelait le Lobby Court, plusieurs hommes en costume commen?aient ? boire t?t. Quelques hommes costauds en blazers bleus identiques allaient ?? et l?. Avec leurs oreillettes, ils appartenaient manifestement ? la s?curit?. Jessie ne put d?cider si leur but ?tait d’?tre authentiquement discrets ou juste d’en donner l’impression. Quand ils atteignirent les ascenseurs, un des hommes en blazer se joignit ? eux et attendit en silence qu’un autre arrive. – Comment se passe votre matin?e ? lui demanda joyeusement Jessie, incapable d’accorder ? l’homme la solennit? qu’il cherchait visiblement ? inspirer. Il hocha la t?te mais ne dit rien. – Vous finissez votre service ou vous le commencez ? insista-t-elle d’un ton plus s?v?re, agac?e qu’il ne r?ponde pas. Il la regarda, puis regarda Ryan, qui le contempla froidement. Alors, il r?pondit ? contrec?ur. – J’ai commenc? ? six heures. Nous avons re?u l’appel de la femme de chambre ? sept heures, dit-il pour r?pondre ? la question implicite de Jessie. – Pourquoi les femmes de m?nage sont-elles all?es dans la chambre si t?t ? demanda Jessie. Y avait-il une demande de nettoyage sur la poign?e de porte ? – Elle a dit qu’une odeur venait de la chambre. Jessie se tourna vers Ryan, qui avait une expression r?sign?e. – Quel d?but de matin?e, dit-elle en lisant dans ses pens?es. L’ascenseur arriva et ils y entr?rent. Le garde les accompagna au quatorzi?me ?tage. Quand ils mont?rent, Jessie ne put s’emp?cher de s’?merveiller devant la vue. L’ascenseur faisait face ? Hollywood Hills et, par cette matin?e assez claire, le panneau blanc « Hollywood » leur renvoyait son ?clat et donnait l’impression d’?tre assez proche pour qu’on le touche. L’Observatoire Griffith ?tait nich? aux alentours, au sommet d’une colline du parc. Divers studios d’enregistrement parsemaient l’espace interm?diaire et il y avait des milliers de v?hicules dans les rues embouteill?es. Un ding m?lodieux la remmena au moment pr?sent et Jessie sortit, suivant le garde et Ryan vers le fond du hall. Alors qu’ils n’?taient qu’? mi-chemin, Jessie sentit ce qui avait d? attirer l’attention de la femme de chambre. C’?tait l’odeur de gaz putrides et pleins de bact?ries qui, venant du corps de la victime, s’accumulaient puis en sortaient, souvent avec des liquides tout aussi malodorants. M?me si c’?tait toujours d?sagr?able, Jessie s’y ?tait quelque peu habitu?e. Elle ne pensait pas qu’une femme de chambre conna?trait aussi bien cette odeur ou la tol?rerait aussi facilement. Un agent de police qui attendait devant la porte reconnut Ryan et tendit, ? lui et ? Jessie, des pantoufles en plastique. Alors, il souleva le ruban de la police pour qu’ils puissent entrer. Jessie ressentit une satisfaction dont elle reconnut la petitesse quand l’agent de police refusa de laisser entrer le garde de la s?curit? de l’h?tel. Une fois ? l’int?rieur, elle resta ? c?t? de la porte et examina la sc?ne. Plusieurs techniciens de la sc?ne de crime prenaient des photos et relevaient les empreintes digitales pr?sentes dans la chambre. Plusieurs petites marques dans la moquette avaient ?t? not?es et on leur avait attribu? des num?ros de preuves. Le corps gisait sur le lit, nu, gonfl? et d?couvert. La description initiale de la victime semblait exacte. L’homme paraissait avoir une quarante d’ann?es. Quand Jessie se rapprocha, elle constata clairement qu’il avait effectivement ?t? ?trangl?. Des marques de doigts violac?es et bleu?tres lui couvraient le cou, m?me si l’on remarquait qu’il n’y avait ni marques ni coupures susceptibles de sugg?rer que l’assassin y avait plant? les ongles. L’homme ?tait en un ?tat d?cent, si l’on oubliait le gonflement. Il ?tait visiblement riche. Ses ongles des doigts avaient ?t? r?cemment manucur?s, une greffe de cheveux avait ?t? effectu?e ? grand-peine pour placer un peu de gris au milieu de ses cheveux noirs et on voyait aussi quelques injections apparemment artisanales de Botox pr?s de ses yeux, de sa bouche et de son front. Ses chaussettes, qui souffraient maintenant sous l’exc?s de fluides qui s’accumulait ? ses chevilles, s’accrochaient tristement ? ses pieds. Ses chaussures se trouvaient ? c?t? du lit. Ses v?tements, qui comprenaient un costume visiblement cher, un cale?on et un tee-shirt, ?taient soigneusement pli?s sur le dossier d’une chaise de bureau. Dans la chambre, on ne voyait pas d’autres affaires personnelles, pas de valise, pas de v?tements suppl?mentaires, ni montre ni lunettes sur la table de nuit. Jessie jeta un coup d’?il dans la salle de bain et y vit la m?me chose : pas d’affaires de toilette, pas de serviettes mouill?es, rien qui sugg?re que cet homme ait pass? beaucoup de temps dans la chambre. – T?l?phone portable ? demanda Ryan ? l’agent de police qui se tenait dans le coin. – Nous l’avons trouv? dans la poubelle, lui dit l’enqu?teur de la sc?ne de crime. Il ?tait en morceaux, mais les techniciens pensent qu’ils pourront r?cup?rer ses donn?es. La carte SIM ?tait encore ? l’int?rieur. On l’emm?ne au labo en ce moment. – Portefeuille ? demanda Ryan. – Il ?tait par terre pr?s du lit, dit l’enqu?teur, mais il avait ?t? vid?. Presque tout ce que l’on aurait pu identifier avait disparu : pas de cartes de cr?dit ou de permis de conduire. Il y avait quelques photos d’enfants. Je suppose qu’on pourra s’en servir pour trouver l’identit?. Cependant, je soup?onne que le t?l?phone portable nous rendra ses r?sultats plus vite. Jessie se rapprocha du corps en s’assurant d’?viter tous les marqueurs de preuves pr?sents sur la moquette. – Pas de blessures d?fensives visibles, remarqua-t-elle. Pas d’?gratignures sur ses mains. Pas de bleus aux doigts. – J’ai du mal ? imaginer qu’il se soit allong? l? et s’y soit ?touff? tout seul, ? moins que ?a n’ait fait partie d’un jeu sexuel. Bien s?r, on conna?t ce cas de figure, dit Ryan en faisant allusion ? une affaire compliqu?e comprenant des ?l?ments de sadomasochisme qu’ils avaient r?solue r?cemment. – Ou on l’a peut-?tre drogu?, r?pliqua Jessie en d?signant le verre vide qui se trouvait sur le bureau pr?s d’un autre marqueur de preuve. Si quelqu’un a mis quelque chose dans sa boisson, ?a l’a peut-?tre emp?ch? de se battre. – Donc, je suppose que nous pouvons ?carter l’hypoth?se du suicide, dit Ryan en approchant du corps. – S’il s’?tait fait ?a, ce serait extraordinaire, dit Jessie. Elle regarda l’expression de Ryan passer de l’amusement ? la curiosit?. – Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle. – Je pense que je reconnais ce gars. – Vraiment ? dit Jessie. Qui est-ce ? – Je n’en suis pas s?r. Je pense qu’il pourrait ?tre un politicien local, peut-?tre ? la mairie. – Nous devrions comparer sa photo ? celle des politiciens locaux et des autres officiels, sugg?ra Jessie. – Exact, convint-il. Si ?a se confirme, alors, nous devrons envisager un mobile politique. – C’est vrai. Peut-?tre quelqu’un a-t-il d?sapprouv? un de ses votes r?cents ou pr?vus. Bien s?r, on penserait que lui montrer des photos de lui-m?me drogu? et nu dans une chambre d’h?tel aurait ?t? tout aussi efficace. – Bien vu, conc?da Ryan. Peut-?tre cela devait-il servir de message ? l’intention de quelqu’un d’autre. – C’est une autre possibilit?, dit Jessie en regardant dans la chambre au cas o? quelque chose lui aurait ?chapp?, mais je trouve que, en mati?re de message, deux balles dans la nuque auraient eu plus d’impact. Je pense qu’il faut que nous trouvions qui est ce gars avant de pouvoir tirer de vraies conclusions. Ryan approuva d’un hochement de t?te. – Et si on allait ? la r?ception ? dit-il. Voyons ce qu’ils peuvent nous dire sur John Smith. * Le r?ceptionniste qui avait inscrit John Smith de City Logistics au registre avait fini son service ? six heures du matin et il fallut le rappeler. Pendant qu’ils attendaient qu’il arrive, Ryan ordonna au bureau de la s?curit? de fournir toutes les vid?os qui montraient l’enregistrement et toutes les utilisations de la carte ?lectronique de la porte de la chambre d’h?tel lou?e par l’homme mort. Jessie s’assit dans le hall avec Ryan et attendit en regardant passer les clients et le personnel de l’h?tel. Certaines personnes quittaient l’h?tel, mais la majorit? des gens ?taient des touristes qui s’affairaient ?? et l? ou des gens en costume d’affaires qui sortaient pour, semblait-il, se rendre ? des r?unions r?serv?es aux magnats de l’industrie. Jessie rep?ra le r?ceptionniste d?s son arriv?e. V?tu d’un jean et d’une chemise d?contract?e, ce jeune homme d’une vingtaine d’ann?es au visage couvert d’acn? donnait l’impression qu’on l’avait r?veill? d’un sommeil profond et qu’il avait tout juste eu le temps de s’habiller et encore moins de se peigner. Il avait aussi une autre caract?ristique qui semblait l’envelopper comme un manteau invisible : la peur. Jessie tapota l’?paule ? Ryan et d?signa le jeune homme. Ils se lev?rent et le rejoignirent juste au moment o? il approchait du bureau. Il fit signe ? un directeur, qui lui indiqua d’aller au bout du comptoir, loin des clients. – Merci d’?tre venu, Liam, dit le directeur. – Pas de probl?me, Chester, dit le jeune homme, qui avait pourtant l’air contrari?. Vous avez dit que c’?tait urgent. De quoi s’agit-il ? – Certaines personnes ont quelques questions ? vous poser, dit Chester en suivant les instructions de Jessie, qui lui avait demand? de ne pas pr?ciser pourquoi il avait appel? Liam. – Qui a des questions ? me poser ? demanda Liam. – Nous, dit Ryan derri?re lui. Surpris, le jeune homme sursauta un peu. – Qui ?tes-vous ? demanda Liam, essayant en vain de passer pour un dur. – Je m’appelle Ryan Hernandez. Je suis inspecteur ? la Police de Los Angeles. Je vous pr?sente Jessie Hunt. Elle est profileuse criminelle pour notre division. Et si nous allions ? un endroit tranquille pour y parler librement ? L’espace d’un instant, Liam donna l’impression qu’il allait s’enfuir. Alors, il sembla retrouver son courage. – Oui, d’accord, pourquoi pas ? – Il y a une petite salle de conf?rence au bout de ce hall, dit Chester, le directeur. Vous devriez y ?tre tranquilles. Quand ils furent dans la salle de conf?rence, eurent ferm? la porte et furent tous assis, Liam sembla se crisper ? nouveau. C’?tait peut-?tre ? cause de ces deux agents de l’ordre qui le regardaient fixement, ou parce qu’il ne savait pas pourquoi on l’interrogeait, ou ? cause de l’?trange bruit blanc que l’on entendait dans cette pi?ce autrement silencieuse. Jessie soup?onnait que c’?tait une combinaison de tous ces ?l?ments. Quelle qu’en soit la raison, Liam ne pouvait pas se ma?triser. – Est-ce ? propos des caisses de bi?re ? laissa-t-il ?chapper. On m’a dit que c’?tait du stock exc?dentaire et qu’on allait le jeter. Si je les ai prises, o? est le mal ? – Non, Liam, dit Ryan. Il ne s’agit pas des caisses de bi?re. Il s’agit d’un meurtre. CHAPITRE QUATRE Liam ouvrit la bouche si grand que Jessie craignit qu’elle ne se d?tache de son visage. – Quoi ? demanda-t-il quand il put reparler. – Un client a ?t? assassin? ici hier soir, dit Ryan, et on dirait que c’est vous qui l’avez enregistr?, m?me si nous n’en sommes pas certains. Nous esp?rions que vous alliez pouvoir nous aider ? clarifier ce point. Liam d?glutit avec difficult? avant de r?pondre. – Bien s?r, dit-il, apparemment content de ne plus ?tre soup?onn? d’avoir vol? la bi?re. – Hier soir, ? vingt-et-une heures trente-sept, vous avez enregistr? un homme dont le nom semble seulement ?tre John Smith. La carte associ?e ? la transaction appartenait ? une entreprise du nom de City Logistics, qui semble ?tre une soci?t? ?cran. – Qu’est-ce que ?a signifie ? demanda Liam. – Cela signifie, dit Ryan, que l’entreprise est poss?d?e par une autre entreprise qui est poss?d?e par une autre entreprise. Elles ont toutes plusieurs personnes qui sont pr?sent?es comme ?tant des cadres et chacune de ces personnes semble ?tre un avocat d’affaires connu pour cr?er des soci?t?s ?crans. – Je ne comprends pas, dit Liam, qui avait l’air sinc?rement perdu. – Liam, dit Jessie, parlant pour la premi?re fois, cela signifie que la personne qui vous a donn? la carte de cr?dit ne voulait pas que son vrai nom soit li? ? la r?servation de la chambre et c’est pour cela qu’elle a utilis? cette carte d’entreprise aux origines complexes. C’est probablement pour cela qu’il s’est enregistr? sous le nom de ‘John Smith’. De plus, comme la carte n’a jamais ?t? d?bit?e, je suppose qu’il a pay? la chambre en liquide, n’est-ce pas ? – Cela pourrait correspondre ? un client qui s’est enregistr? hier soir, conc?da Liam. – Seulement, voici ce que je ne comprends pas, insista Jessie. M?me s’il a pay? en liquide, la carte a d? ?tre d?bit?e pour les faux frais comme la petite bouteille de brandy du mini-bar. Comment cette bouteille a-t-elle ?t? pay?e ? – Si nous pensons au m?me homme, dit craintivement Liam, cela pourrait ?tre parce qu’il m’a gliss? deux cents dollars et qu’il a dit que cela servirait ? payer tous les faux frais pour la chambre. Il a aussi dit que je pourrais garder le reste. – Combien reste-t-il ? demanda Jessie. – Cent quatre-vingt-quatre dollars. Ryan et Jessie ?chang?rent un regard. – C’est beaucoup d’argent, Liam, dit Jessie. Pourquoi John Smith vous donnerait-il un pourboire aussi ?lev? ? Et puis, souvenez-vous que, pour l’instant, vous ?tes juste un t?moin potentiel mais que, si vos r?ponses s’av?rent manquer de sinc?rit?, nous risquerons de devoir vous inclure ? la liste des suspects. Liam ne semblait pas le d?sirer. – ?coutez, dit-il f?brilement. Cet homme n’a rien dit de bien clair, mais il a sugg?r? qu’une amie pourrait lui rendre visite ce soir et qu’il pr?f?rerait que cela ne laisse pas de traces. Il voulait que ?a reste officieux, vous voyez ? – Et vous avez accept? ?a ? insista Ryan. – C’?tait deux cents dollars, l’ami. La vie est dure. M?me s’il avait sorti cinq mini-bouteilles de brandy, j’aurais quand m?me ramen? cent dollars ? la maison sans avoir fait quoi que ce soit. Suis-je cens? d?cider s’il est convenable qu’un mec utilise cet h?tel pour retrouver sa ma?tresse ? Dans le pire des cas, il aurait saccag? la chambre et, en cas d’urgence, j’ai sa carte commerciale dans les fichiers. J’ai pens? qu’il n’y avait rien ? y perdre. – Sauf s’il finit nu et mort sur le lit, fit remarquer Ryan. Cela devient alors une perte pour tout le monde, dont vous, Liam. Sans parler de l’histoire de la caisse de bi?res, je dirais que vous allez devoir ?pousseter votre CV. Alors que Liam allait r?pondre, quelqu’un frappa ? la porte. C’?tait Chester, le directeur. Ryan lui fit signe d’ouvrir la porte. – D?sol? de vous interrompre, dit-il, mais la s?curit? a pr?par? les vid?os qui vous int?ressent. – ?a tombe au moment id?al, dit Ryan. Je pense que nous en avons fini pour l’instant, n’est-ce pas, Liam ? Liam hocha la t?te d’un air abattu. Quand Ryan et Jessie quitt?rent la salle, il essaya de les suivre, mais le directeur leva une main pour lui ordonner de rester. – J’aimerais que vous restiez un peu plus longtemps, Liam, dit-il. Il faut que nous parlions. * Jessie cessa de penser aux probl?mes de Liam quand elle arriva dans le bureau de la s?curit?. Elle se pla?a derri?re la jeune femme qui manipulait le syst?me pour avoir une meilleure vue du moniteur. Ryan et un autre directeur de l’h?tel se mirent ? c?t? d’elle. Comme Liam l’avait d?crit, l’homme qui avait r?serv? la chambre lui avait tendu une carte et une liasse de billets. Il avait ?t? seul. Pendant qu’il avait attendu que Liam finisse la transaction, il avait jet? un coup d’?il autour de lui et sembl? adresser un hochement de t?te ? une personne hors-champ. – Pouvez-vous voir ? qui il a fait signe ? demanda Jessie ? la technicienne. – J’ai d?j? essay?, dit la femme, qui s’appelait Natasha. J’ai visionn? toutes les vid?os des cam?ras de l’endroit o? il a regard?. Personne n’a sembl? r?pondre de fa?on visible. En fait, personne n’a m?me sembl? regarder dans sa direction. Jessie trouva cela ?tonnant, mais elle ne dit rien pour l’instant. Visiblement, l’homme avait adress? un hochement de t?te ? quelqu’un, mais ce quelqu’un avait d? craindre qu’on le filme. Qui conna?trait ces sortes de d?tails ? – Avez-vous les vid?os du hall pour le quatorzi?me ?tage ? demanda-t-elle. Natasha les afficha. Alors que l’horodatage indiquait 22 h 01, on vit l’homme marcher dans le hall et entrer dans la chambre. Jessie entendit Ryan inspirer brusquement et elle se tourna vers lui. Il se pencha vers elle et chuchota dans son oreille. – Quand j’ai vu la d?marche joyeuse de ce gars, ?a m’a rappel? quelque chose. Je viens de me souvenir de son nom. C’est bien un politicien. Quand on sera tranquilles, je te dirai qui c’est. Jessie hocha la t?te, curieuse. Natasha fit d?filer rapidement la vid?o du hall vers l’avant, s’arr?tant ? chaque fois que quelqu’un y passait. Personne n’approcha de la chambre de l’homme mais, ? 22 h 14, exactement treize minutes apr?s que l’homme ?tait entr? dans sa chambre, l’ascenseur s’ouvrit et une femme en sortit. C’?tait une blonde superbe aux cheveux qui tombaient jusqu’au milieu du dos. Elle portait d’?normes lunettes de soleil qui lui cachaient les traits et un trench-coat ? ceinture et ? col montant. Elle marcha dans le hall en regardant les num?ros des chambres puis s’arr?ta devant la porte de l’homme. Elle frappa. La porte s’ouvrit seulement quelques secondes plus tard et elle entra. Il n’arriva rien pendant les trente-et-une minutes qui suivirent, mais, ? 22 h 45, la femme quitta la chambre et repartit par l? o? elle ?tait arriv?e. Cette fois-ci, elle marchait vers la cam?ra et Jessie put mieux la voir. Elle portait encore les lunettes de soleil et le manteau, mais, m?me avec eux, Jessie voyait que la femme ?tait tr?s belle. Ses pommettes semblaient avoir ?t? sculpt?es par un artiste. M?me sur ce petit moniteur, sa peau avait l’air immacul?e et on comprenait que, sous cette veste, elle avait une silhouette qui pouvait facilement pousser un homme politique riche et excit? ? mettre sa carri?re en danger. Jessie remarqua aussi autre chose. La femme semblait se diriger vers les ascenseurs … avec nonchalance. Elle n’avait pas l’attitude de quelqu’un qui se presse. Il ?tait tout ? fait possible que, seulement quelques minutes auparavant, elle ait drogu? un homme puis l’ait tu? par strangulation, et pourtant, dans sa fa?on de se comporter, rien ne sugg?rait l’inqui?tude ou l’anxi?t?. Elle avait l’air pleine d’assurance. Alors, Jessie fut certaine qu’ils avaient affaire ? plus qu’un simple crime passionnel ou ? un vol qui tourne mal. Si cela avait ?t? une rencontre physique qui avait d?g?n?r?, la femme aurait eu l’air beaucoup plus troubl?e et press?e. Si cela avait ?t? un simple vol, elle aurait pu quitter la chambre moins de dix minutes apr?s qu’elle y ?tait entr?e. Pourtant, elle ?tait rest?e une demi-heure. Elle avait pris son temps. Elle avait d?truit le t?l?phone de l’homme et lui avait pris toutes ses cartes, son liquide et ses pi?ces d’identit?, alors m?me qu’elle avait forc?ment compris que l’identit? de cet homme ne tarderait pas ? ?tre d?couverte. Elle avait m?me laiss? les photos de famille dans le portefeuille. Chose encore plus remarquable, elle n’avait apparemment laiss? aucune empreinte digitale dans la chambre, ni sur le verre, ni sur d’autres surfaces de la chambre ni sur le cou de l’homme. C’?tait le travail d’une femme qui avait soigneusement pr?par? son coup, qui avait pris son temps et qui y avait trouv? du plaisir. CHAPITRE CINQ Jessie ne pouvait pas se d?barrasser de cette image. Pendant que Ryan les conduisait ? leur prochaine destination, elle repensait constamment ? la derni?re vid?o que Natasha, la technicienne de la s?curit?, leur avait montr?e. Maintenant qu’ils savaient ? quoi ressemblait cette femme, Jessie avait pu visionner des vid?os qui remontaient ? plus t?t dans la soir?e. On ne voyait jamais la femme arriver ? l’h?tel ou le quitter, mais on la voyait s’installer dans le Lobby Court, le bar m?me o? Jessie avait vu boire les hommes en costume plus t?t dans la matin?e. La femme ?tait arriv?e peu apr?s vingt-et-une heures et avait attendu quinze minutes en sirotant une boisson qu’elle avait achet?e en liquide et bue avec ses gants en cuir. Ce qui frappait Jessie, c’?tait son air de tranquillit? absolue. Elle n’avait pas l’allure d’une personne qui allait assassiner un homme moins de deux heures plus tard. Finalement, son ‘rendez-vous’ ?tait arriv?. Il ?tait directement all? la trouver comme s’ils s’?taient connus mais, chose ?trange, il l’avait salu?e comme si cela avait ?t? leur premi?re rencontre. Il avait command? une boisson pour lui-m?me et s’?tait assis ? c?t? d’elle. Ils avaient parl? pendant une demi-heure. Il avait command? deux autres boissons et elle avait continu? ? siroter la sienne. Vers 21 h 50, il avait pay? sa note et s’?tait lev?. Les cam?ras l’avaient suivi jusqu’aux toilettes puis jusqu’? la r?ception. La femme ?tait rest?e un peu plus longtemps au bar pour finir sa boisson puis elle ?tait partie hors-champ et on ne la revoyait qu’au moment o? elle sortait de l’ascenseur pour aller dans la chambre de l’homme. – ? quoi penses-tu ? demanda Ryan, interrompant sa m?ditation. – Je pense que nous avons affaire ? une personne qui a aim? ce qu’elle a fait et je crains donc qu’elle ne recommence. – Je comprends ?a, convint-il. Puis-je te dire ce qui m’inqui?te, moi ? – Je t’en prie, dit Jessie. – Je crains que l’?pouse de cet homme ne p?te les plombs quand nous lui dirons ce qui s’est pass?. Ryan parlait des moments d?sagr?ables qu’ils allaient conna?tre. Apr?s qu’ils avaient quitt? le bureau de la s?curit?, il lui avait dit qui ?tait la victime : Gordon Maines. Quand Ryan avait appel? le m?decin l?giste pour lui confier ce qu’il soup?onnait, ce dernier le lui avait confirm?. La victime ?tait effectivement Gordon Maines, un conseiller qui repr?sentait le quatri?me district de Los Angeles, qui comprenait Hancock Park et Los Feliz. Ryan s’?tait finalement souvenu de lui ? cause de sa d?marche joviale. C’?tait le m?me style qu’il avait eu quand il ?tait venu au poste plusieurs ann?es auparavant pour passer un savon au capitaine Decker parce que ce dernier ne lui avait pas donn? assez d’agents de police pour assurer la s?curit? d’un d?fil? de quartier. – ‘Cr?tin’ est le mot le plus sympathique qui me vient pour d?crire ce gars, avait dit Ryan. Jessie esp?rait qu’il utiliserait des mots plus diplomates quand ils arriveraient ? sa maison de Hancock Park pour annoncer la mauvaise nouvelle ? sa femme, Margo. Pendant qu’il se frayait un chemin dans la circulation du milieu de matin?e, Jessie se remit ? penser ? Hannah malgr? tous ses efforts. Elle se demanda si Garland Moses ?tait arriv? ? d?terminer comment l’enqu?te avan?ait. Est-ce que le FBI avait des pistes sur l’endroit o? pouvait se trouver Bolton Crutchfield ? Est-ce que Hannah ?tait saine et sauve ? Jessie fut tent?e de lui envoyer un SMS pour le lui demander et ce ne fut que quand elle eut sorti son t?l?phone qu’elle se rappela que c’?tait une tr?s mauvaise id?e. D’abord, elle ne l’avait vu que deux ou trois heures auparavant. M?me si Garland Moses ?tait le profileur le plus d?cor? du pays, il n’?tait pas un super-h?ros. De plus, s’il avait des informations, il la tiendrait s?rement au courant. S’il ne lui disait rien, cela signifiait probablement qu’il n’avait rien trouv? d’int?ressant. Ensuite, ils s’?taient mis d’accord pour ne communiquer qu’en t?te-?-t?te. M?me si le capitaine Decker n’avait pas encore formellement interdit ? Jessie de s’impliquer dans cette affaire, il le ferait bient?t, c’?tait certain. S’il ?tait prouv? que Jessie avait tent? de contourner cette directive, cela pourrait compromettre sa carri?re et, comme Garland l’avait dit, g?cher sa « jolie petite enqu?te ». Pourtant, cela l’obs?dait. Elle ?tait en train d’enqu?ter sur la mort d’un homme qui avait visiblement plusieurs choses ? cacher. Entre temps, une jeune fille innocente ?tait d?tenue par un tueur en s?rie pour la seule raison qu’elle avait le m?me ADN qu’un autre tueur en s?rie. La frustration monta dans sa poitrine et elle eut ?norm?ment de mal ? la ravaler. Garland Moses ferait mieux de trouver quelque chose et vite, parce que je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir avant de craquer. * Quand ils arriv?rent ? Hancock Park, au manoir de Gordon Maines, Jessie ne fut pas ?tonn?e. Elle savait d?j? qu’ils avaient affaire ? un homme qui ?tait pr?t ? payer 400 dollars pour tromper sa femme dans une chambre d’h?tel, un homme qui d?tenait apparemment une carte de cr?dit associ?e ? une soci?t? ?cran, ce qui indiquait probablement que ses finances ?taient aussi peu claires que sa vie. De plus, apparemment, il habitait dans une maison qu’aucun fonctionnaire n’aurait pu acqu?rir, ? moins d’en h?riter. Quand ils mont?rent les marches jusqu’? la porte de devant, Jessie se rappela qu’il ne fallait pas qu’elle inflige son d?go?t pour la victime ? sa femme, qui pensait peut-?tre son mari capable de d?crocher la lune et allait apprendre qu’il en ?tait autrement. Ryan sonna et ils attendirent, tous les deux inquiets de ce qui allait se passer. La porte fut ouverte par une petite femme svelte de la quarantaine finissante. Elle portait un tailleur brun clair et ses cheveux blonds ?taient attach?s en chignon. Malgr? son apparence professionnelle, Jessie voyait qu’elle ?tait mal en point. Sous les yeux, elle avait des cernes impossibles ? masquer, m?me avec beaucoup de maquillage, comme elle avait courageusement essay? de le faire. Ses yeux en eux-m?mes ?taient rouges, ce qui pouvait indiquer, entre autres choses, qu’elle n’avait pas dormi, avait pleur? ou pris des drogues. Aucune de ces possibilit?s n’?tait bonne. Son bas droit avait une ?chelle tr?s visible mais qu’elle semblait ne pas avoir remarqu?e, ce qui sugg?rait qu’elle avait les pens?es ailleurs. – Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-elle d’une voix ?raill?e. – Bonjour. ?tes-vous Margo Maines ? demanda gentiment Jessie. – Oui, dit-elle avec prudence. De quoi s’agit-il ? Jessie regarda Ryan, qui semblait pr?t ? donner la nouvelle qui, comme ils le savaient, allait la briser. Elle l’avait vu le faire ? de nombreuses reprises et elle voyait la m?me r?action maintenant, sa colonne vert?brale qui se raidissait comme s’il se pr?parait ? accepter le contre-coup ?motionnel qu’il allait recevoir. Soudain, quand elle pensa au nombre de fois o? il avait d? se retrouver dans cette situation au cours de sa carri?re, une vague d’empathie la submergea. Elle ressentit un d?sir intense de le prot?ger contre cette situation cette fois-ci et avan?a l?g?rement. – Nous sommes de la Police de Los Angeles, dit-elle avant qu’il n’ait pu prononcer un seul mot. Je suis Jessie Hunt et voici l’inspecteur Ryan Hernandez. Je crains d’avoir une mauvaise nouvelle ? vous annoncer, Mme Maines. Margaret Maines, ou ‘Margo’ comme on l’appelait dans la bio de son mari publi?e sur le site web de la ville, semblait savoir ce qui arrivait. Elle baissa la t?te, tendit une main et agrippa l’encadrement de la porte. Ryan avan?a l?g?rement au cas o? elle s’effondrerait. Heureusement, ce ne fut pas n?cessaire. Margaret Maines les regarda ? nouveau avec une r?solution que Jessie admira, m?me si elle semblait fragile. – Entrons, dit Mme Maines. Je pense que j’aimerais m’asseoir avant que vous m’en disiez plus. Jessie et Ryan la suivirent dans le salon, o? elle s’assit sur la causeuse et leur fit signe de s’asseoir sur le sofa d’? c?t?. Une fois qu’ils furent tous install?s, elle les regarda tous les deux et hocha la t?te. – Allez-y, dit-elle d’un air r?sign?. Jessie continua sans regarder Ryan pour voir s’il acceptait qu’elle prenne les devants. – Je dois malheureusement vous annoncer que votre mari est mort, Mme Maines. Son corps a ?t? trouv? ce matin dans un h?tel du centre-ville. Son identit? a ?t? r?cemment confirm?e. Mme Maines hocha la t?te, inspira profond?ment et tendit la main pour prendre un mouchoir en papier. Elle se s?cha les yeux puis r?pondit. – Je savais qu’il y avait un probl?me. Il n’est pas rentr? hier soir. Parfois, il travaille tr?s tard, mais il m’appelle toujours. De plus, il n’a pris aucun de mes appels. J’ai m?me envisag? d’appeler la police. Cependant, j’ai imagin? qu’il dormait dans son bureau et que son t?l?phone ?tait en mode silencieux ou que la batterie ?tait ? plat. Je n’ai pas voulu dramatiser. J’ai appel? le bureau ce matin et ils ont dit qu’il n’?tait pas encore arriv?. Je savais qu’il y avait un probl?me. J’?tais sur le point de vous appeler. – Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? demanda Jessie d’un ton non-accusateur. – Gordon ?tait tr?s exigeant. Il d?testait que les journaux parlent mal de lui. Dans ma t?te, je l’imaginais dire : « Si tu appelles la police, ?a finira dans les journaux puis au journal t?l?vis?. ? la prochaine ?lection, mon opposant en fera quelque chose de n?faste aussi innocent que ce soit. En politique moderne, il ne faut tol?rer aucune erreur de relations publiques ». Il disait beaucoup qu’il voulait ?viter que les journaux parlent mal de lui. Maintenant, je me demande si j’aurais pu emp?cher sa mort en l’appelant. Jessie pensa qu’il ?tait ironique qu’un gars qui craignait d’avoir mauvaise r?putation trompe sa femme ? l’h?tel et finance ce qui paraissait ?tre une caisse noire, mais elle garda cette r?flexion pour elle-m?me. – Ne vous faites pas de reproches, Mme Maines, dit Ryan. D’apr?s ce que nous pouvons dire jusque-l?, il semblerait que votre mari soit mort hier soir. M?me si vous l’aviez appel?, vous n’auriez pas pu le sauver. Elle sembla d?river une petite consolation de ce fait et soupira profond?ment, plus ou moins soulag?e. Elle parut se demander s’il fallait qu’elle pose la question qu’elle avait en t?te mais, finalement, elle coupa court ? ses h?sitations. – Comment est-ce arriv? ? Se sentant juste un peu l?che, Jessie consid?ra que les ann?es d’exp?rience de Ryan pourraient s’av?rer utiles dans ce cas-l? et d?cida de le laisser r?pondre. – Peut-?tre pourrons-nous garder les d?tails pour une autre fois, Mme Maines, sugg?ra-t-il gentiment. L’air d?sesp?r? visible sur le visage de Mme Maines c?da vite la place ? un m?lange d’irritation et de r?solution. – Dites-moi la v?rit?, inspecteur. Il est clair qu’il n’est pas mort de causes naturelles. Je le saurai t?t ou tard et je pr?f?rerais le d?couvrir dans l’intimit? de ma propre maison que dans une morgue sinistre entour?e par un groupe d’inconnus. Je pr?f?re de loin deux inconnus ? dix. – Oui, madame, dit-il. Vous avez raison. Il n’est pas mort de causes naturelles. Je crains qu’il n’ait ?t? ?trangl? jusqu’? la mort. Les circonstances qui entourent son meurtre sont quelque peu … obsc?nes. Dois-je poursuivre ? – Je veux en prie, insista Mme Maines d’une voix atone. – On dirait qu’il ?tait ? l’h?tel pour y retrouver une femme dont nous ne connaissons pas encore l’identit?. Nous ne connaissons pas son mobile. Nous savons juste que votre mari a probablement ?t? drogu?, puis d?valis? et ?trangl?. Jessie regarda les traits de Mme Maines se durcir. Elle ressentit une pointe d’anxi?t? et se demanda si Margo Maines allait hurler ou pleurer. En fait, elle ne fit ni l’un ni l’autre. – Je suis tout ? fait certaine qu’il a ?t? drogu? et d?valis?, insista-t-elle d’un ton vif en se redressant. Jamais Gordon ne serait all? retrouver une femme dans une chambre d’h?tel de son plein gr?, ? moins d’avoir perdu la t?te. Jessie se souvint de la vid?o du bar, o? Gordon avait joyeusement flirt? pendant une demi-heure avant d’aller r?server une chambre d’h?tel, tout cela sans avoir ?t? drogu?. Elle se demanda si elle devait mettre fin aux certitudes de son ?pouse mais d?cida que ce n’?tait pas son travail. Un autre exemple de l?chet? morale. – De toute fa?on, dit Ryan d’une voix qui sugg?rait qu’il d?sirait passer ? autre chose parce qu’il ne voulait visiblement pas mettre fin aux certitudes de Mme Maines lui non plus, m?me si nous avons confirmation que c’est lui, il faudra que quelqu’un vienne au bureau du m?decin l?giste pour identifier formellement le corps. Si vous pr?f?rez qu’un de ses employ?s le fasse, nous pourrons arranger ?a. – Non, je le ferai, dit-elle. – Merci, dit Ryan. Il y a une autre chose. Nous n’avons pas beaucoup de pistes sur la femme que nous soup?onnons du meurtre de votre mari, mais elle a quand m?me pris toutes ses cartes de cr?dit et toutes ses pi?ces d’identit?. – Et sa montre ? interrompit Mme Maines. – Quelle montre ? demanda Ryan. – Il avait une Rolex avec ses initiales grav?es au dos. – Nous ne l’avons pas trouv?e sur la sc?ne du crime, dit Ryan, mais nous l’ajouterons ? la liste des objets manquants. – Je lui ai offert cette montre pour notre dixi?me anniversaire de mariage, dit-elle en repensant visiblement ? ce moment. Jessie avait une id?e mais d?cida de la remettre ? plus tard. ? contrec?ur, Ryan remmena Mme Maines au moment pr?sent. – Nous ferons de notre mieux pour la r?cup?rer, madame, lui assura-t-il. Cependant, en ce qui concerne les cartes de cr?dit, au lieu de les bloquer, nous comptons les surveiller en esp?rant que cela nous permettra de retrouver cette femme quand elle en utilisera une. Elle pourrait aussi essayer de contrefaire un nombre ind?termin? de documents officiels ? l’aide de la carte d’identit? de votre mari. Nous donneriez-vous la permission d’examiner ses transactions et ses donn?es financi?res pour voir s’il y a des anomalies ? Mme Maines lui lan?a un regard sceptique, comprenant visiblement que sa requ?te devait cacher une arri?re-pens?e. – Cela semble impr?cis, fit-elle remarquer. – ?a l’est, admit-il. Nous voulons ratisser aussi large que possible pour ne rien manquer. Nous pouvons demander une d?cision de justice si n?cessaire, mais cela prend du temps et je crains que la coupable ne nous file entre les doigts avant cela, alors que, si vous signez les autorisations maintenant, nous pourrons commencer imm?diatement. Mme Maines avait encore l’air peu convaincue mais, vu la fa?on dont Ryan avait pr?sent? les choses, si elle refusait, cela donnerait l’impression qu’elle entravait l’enqu?te sur le meurtre de son mari. Au bout d’un moment, il devint clair qu’elle avait d?cid? que, quelles que soient les choses qu’elle soup?onnait que son mari lui avait cach?es, il allait falloir avant tout se concentrer sur la recherche de l’assassin. – Donnez-moi les papiers, dit-elle durement. Ryan, qui avait d?j? l’enveloppe ? disposition, les lui tendit. Jessie le vit se retenir de sourire et dut r?primer sa propre envie de lui envoyer un coup de pied. Ryan avait eu de la chance que Margo Maines ne connaisse pas ses expressions aussi bien que Jessie. En g?n?ral, les jeunes veuves n’appr?ciaient pas les sourires satisfaits. CHAPITRE SIX Jessie ?tait agac?e par Ryan. De retour au poste, assis ? leurs bureaux, ils examinaient des ?tats financiers compliqu?s en attendant que l’?quipe des techniciens trouve les origines de « City Logistics » et de ses ressources. Le capitaine Decker assistait ? une r?union au quartier g?n?ral, ce qui signifiait que Jessie avait encore r?ussi ? ?viter l’entretien o? il lui interdirait in?vitablement de s’int?resser ? l’affaire concernant Hannah. Entre temps, Ryan avait sugg?r? l’id?e selon laquelle Margo Maines faisait semblant d’?tre triste, avait d?couvert que son mari la trompait et avait embauch? une tueuse ? gages pour l’?liminer, avec pour but de se venger, de toucher l’assurance-vie ou les deux ? la fois. En fait, Ryan semblait ?tre obs?d? par cette id?e. – Elle ne m’a pas paru cr?dible, c’est tout, insista-t-il. Je ne la crois pas quand elle dit qu’il aurait fallu que Gordon soit drogu? pour aller dans une chambre d’h?tel avec une autre femme. Tu as vu la vid?o du bar. Il ?tait enti?rement volontaire. Margo devait au minimum soup?onner que c’?tait un cochon. – Je suis s?re qu’elle le soup?onnait, convint Jessie malgr? son agitation, mais cela ne signifie pas qu’elle a demand? qu’on l’assassine. Peut-?tre trouvait-elle embarrassant d’avouer ? deux inconnus qu’elle avait choisi d’ignorer la mauvaise attitude de son mari. Les femmes le font parfois, c’est connu. Jessie avait r?pondu d’une voix ?gale pour que Ryan ne comprenne pas ? quel point ce sujet de discussion la touchait encore. Son propre ex-mari, Kyle, l’avait tromp?e pendant des mois et, alors qu’il y avait eu des quantit?s de signes, Jessie avait d’une fa?on ou d’une autre r?ussi ? n’en voir aucun. Dans ses moments plus honn?tes, elle reconnaissait qu’elle avait peut-?tre ?vit? intentionnellement de les voir parce que, si elle s’?tait confront?e ? cette r?alit?, cela aurait d?truit son couple et sa vie. Bien s?r, le d?sastre s’?tait quand m?me produit quand Kyle avait assassin? sa ma?tresse, fait accuser Jessie du meurtre puis essay? de la tuer elle aussi. Cependant, ce n’?tait pas l’essentiel pour l’instant. – Peut-?tre ne voulait-elle pas r?v?ler qu’elle savait qu’il la trompait parce qu’elle ?tait g?n?e, conc?da Ryan. Ou alors, elle savait peut-?tre que, si elle l’admettait, cela lui donnerait un mobile. Jessie ne voulait pas rejeter la th?orie de Ryan. Elle n’?tait pas absurde et Ryan avait beaucoup plus d’exp?rience qu’elle. Cependant, il semblait ignorer d’autres ?l?ments pertinents. – Permets que je te pose une question, proposa-t-elle. Si c’?tait un meurtre commandit?, pourquoi ne pas loger deux balles dans la t?te de la victime ? C’est beaucoup plus rapide et plus s?r. – Peut-?tre Margo Maines savait-elle que les d?tails du meurtre de son mari finiraient par ?tre d?voil?s. Son mari serait humili? et elle serait l’?pous?e martyre. Elle r?colterait ?norm?ment de compassion et personne ne la soup?onnerait. – Cela explique la situation de son point de vue, mais pas de celui de l’assassin, r?pliqua Jessie. La femme qui l’a tu? a pris tout son temps. M?me si on l’avait charg?e de rendre la sc?ne sordide, elle aurait pu s’en aller moins de quinze minutes plus tard. Elle y est rest?e deux fois plus longtemps. Elle s’est attard?e. Ce n’est pas le travail d’une professionnelle. De plus, elle aurait pu se contenter de le droguer sans le tuer. Un politicien mort, nu et drogu? que l’on retrouve dans une chambre d’h?tel, c’est assez embarrassant en soi. Pourquoi l’?trangler en plus ? Non. Ce meurtre a une touche personnelle. Ryan y r?fl?chit pendant un moment. L’argument avait sembl? avoir son impact. Le niveau d’agacement de Jessie diminua quelque peu. – C’est une bonne id?e. Je n’y avais pas r?fl?chi du point de vue de l’assassin. – Oui, bon, tu n’es pas le profileur, dit-elle pour le taquiner l?g?rement. Il l’envoya promener malicieusement, mais un ?clair soudain dans ses yeux indiqua ? Jessie qu’il avait trouv? une nouvelle th?orie. – ?coute, commen?a-t-il. Cette femme ?tait peut-?tre bien sa ma?tresse. Elle ne savait peut-?tre pas qu’il ?tait mari? ou il avait peut-?tre promis qu’il quitterait sa femme pour elle. Quoi qu’il en soit, hier soir, elle a peut-?tre d?couvert qu’il la menait en bateau et elle s’est f?ch?e. Donc, elle a d?cid? de se permettre une petite vengeance en le tuant de fa?on tr?s personnelle. Ainsi, elle a gagn? sur tous les plans : elle s’est veng?e du gars qui l’avait manipul?e, cela lui a donn? la possibilit? de d?truire sa r?putation et, comme bonus, l’?pouse a perdu sa star de mari. – Je pr?f?re cette id?e ? l’autre, conc?da Jessie. ? ce moment-l?, Camille Guadino de l’?quipe des techniciens vint les rejoindre en apportant des papiers, un sourire triste au visage. Elle sortait de formation et ?tait la jeunette de la section, celle ? qui l’on confiait les t?ches les plus basiques. – Oh, dit Ryan en la regardant, ne me dis pas que tu vas nous apporter des vraies preuves dont il va falloir qu’on s’inspire ! Nous, on pr?f?re pondre des th?ories sans nombre. – D?sol?, inspecteur, mais si, dit-elle en posant un dossier sur son bureau. Je vous apporte des preuves r?elles et toutes fra?ches. – Qu’as-tu, Guadino ? demanda Jessie. – ?a m’a pris longtemps, mais nous avons finalement trouv? ce qu’est City Logistics. – Un groupe d’enthousiastes de l’urbanisme ? sugg?ra Jessie pour rire. – Presque, r?pondit Guadino. C’est un cabinet de conseil qui « propose des retours et des recommandations sur les probl?mes d’am?lioration urbaine ». – Qu’est-ce que ?a veut dire, ce foutoir ? demanda Ryan. – ?a veut dire que c’est quasiment ce que vous soup?onniez tous les deux. C’est une soci?t? ?cran g?r?e par un avocat et poss?d?e par une soci?t? ?cran elle aussi g?r?e par un avocat qui est associ? dans la m?me entreprise qui repr?sente un cabinet de conseil qui a travaill? pour un strat?ge associ? ?, vous l’aviez devin?, Gordon Maines. – Qu’est-ce que tout ce charabia signifie pour nous ? demanda Ryan. – Cela signifie que, par l’interm?diaire de plusieurs soci?t?s fant?mes, Maines avait acc?s ? un compte d’entreprise qui contenait plus de deux cent quatre-vingt mille dollars. De plus, on dirait que, ? un distributeur situ? dans le Bonaventure Hotel, quelqu’un a retir? deux mille dollars en liquide sur ce compte pendant que Maines y ?tait. Jessie et Ryan ?chang?rent un regard qui reconnaissait que, ? pr?sent, les th?ories qu’ils avaient explor?es pendant les dix derni?res minutes ?taient probablement sans int?r?t. – Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Guadino, sentant que quelque chose lui ?chappait. Est-ce que j’ai merd? d’une fa?on ou d’une autre ? – Non, c’est du bon travail, lui assura Jessie. Continue. – OK. Nous avons surveill? toutes ses cartes de cr?dit et nous n’avons rien trouv?. Je commence ? me dire que ?a n’arrivera jamais. D’habitude, ces cartes sont utilis?es dans les premi?res heures qui suivent le vol, avant que la victime ne d?couvre leur disparition, ou, dans cette affaire, avant qu’on n’ait retrouv? le corps. – C’est une blague ? demanda Ryan. Viens-tu de te moquer de la mort d’un homme pour t’amuser ? moindre co?t ? – Euh … commen?a ? bafouiller Guadino. – Je d?conne, c’est tout. C’?tait une bonne id?e. Autre chose ? – Oui, dit Guadino, se passant de tout humour et se contentant des faits. Les d?g?ts subis par son t?l?phone se sont av?r?s minimes. Nous avons r?ussi ? obtenir tous ses SMS r?cents et un historique des appels. Il est dans le dossier. Cependant, Maines n’a pass? aucun appel et n’a envoy? aucun SMS dans l’heure qui a pr?c?d? son retrait de liquide. – Merci, Guadino, dit Jessie. Nous allons poursuivre. Tu peux repartir travailler tes interm?des comiques. Guadino sourit d’un air penaud et s’en alla. Quand elle fut partie, Jessie se tourna vers Ryan. – Est-ce que tu penses ce que je pense ? demanda-t-elle. – Que tu pourrais vraiment manger un pastrami au pain de seigle maintenant ? – Oui, ?a aussi, dit-elle, contente de l’aider ? d?tendre l’atmosph?re. Cependant, je pense aussi que cette femme ne ressemble pas du tout ? une ma?tresse. On dirait que Gordon a pay? pour sa soir?e. Je pense que nous avons affaire ? une pro. – Je suis d’accord, dit-il. Cela expliquerait pourquoi elle a pass? tout ce temps dans un bar d’h?tel chic. – Tu sais, Ryan, les femmes fr?quentent parfois les bars, dit Jessie pour le r?primander. Cela ne signifie pas toujours qu’elles sont des prostitu?es. – Je ne voulais pas dire ?a — – Je d?conne, c’est tout, dit-elle en souriant. Tu n’es pas le seul qui sache jouer ? ce jeu. Cette id?e correspond au profil de cette femme, mais elle n’explique pas pourquoi il n’y a eu aucune communication t?l?phonique avant leur rencontre. Si cela avait ?t? un premier rendez-vous, ils auraient d? pr?ciser les choses, dire quand et o?, mais ils ne l’ont pas fait. – C’est vrai, dit Ryan. De plus, il n’a pas eu l’air ?tonn? de la voir, ce qui m’incite ? penser que ce n’?tait pas leur premi?re rencontre. – Mais s’ils se retrouvaient r?guli?rement, pourquoi a-t-elle attendu jusqu’? maintenant pour le tuer ? Et pourquoi le voler s’il acceptait de payer plus de deux mille dollars, de toute fa?on ? – Peut-?tre voulait-elle s’assurer qu’il ait vraiment beaucoup d’argent et qu’il ne fasse pas semblant. Bien s?r, quand elle en a ?t? s?re, elle aurait d? utiliser ces cartes de cr?dit le plus vite possible apr?s l’avoir laiss? dans cette chambre. Elle savait forc?ment qu’elles seraient bloqu?es dans la matin?e. Pourtant, il n’y a pas un seul achat. – J’ai l’impression que cette femme est trop intelligente pour utiliser ces cartes, dit Jessie. Elle a port? des gants toute la soir?e. La sc?ne de crime ?tait propre. Elle savait comment ?viter de se faire filmer par les cam?ras de l’h?tel. Tu te souviens qu’on ne l’a pas vue sur la vid?o quand il lui a adress? un hochement de t?te dans le hall ? Elle n’aurait pas ?t? n?gligente au point de risquer d’utiliser les cartes et de se faire attraper pour ?a. – Dans ce cas, pourquoi les a-t-elle prises ? demanda Ryan. ? quoi bon ? – Peut-?tre pour compliquer son identification ? Elle a ?galement pris son permis de conduire et ?a n’a pas grand sens. Ou alors, elle voulait peut-?tre l’humilier encore plus, pour ajouter l’insulte au meurtre. Je pense que c’est peut-?tre pour cela qu’elle a aussi pris la Rolex : pas parce qu’elle vaut beaucoup d’argent, mais ? cause de l’inscription au dos. Elle avait un sens et une valeur personnels pour Maines. En la prenant, la tueuse a peut-?tre eu la sensation de lui prendre le pouvoir qui venait avec son identit?. – Donc, tu ne penses pas qu’elle va la mettre au clou ? – Je n’ai pas dit ?a, dit Jessie. Pour retrouver une montre mise au clou, cela prendrait beaucoup plus longtemps que pour rep?rer des cartes de cr?dit. S’il y avait une chose qu’elle puisse vendre, ce serait cette montre. C’est tr?s hypoth?tique, mais je pense que nous devrions aller enqu?ter dans les boutiques locales de pr?teurs sur gages. – Je vais demander ? Dunlop d’?tudier la question. Il a de bonnes relations avec presque tous les brocanteurs du centre-ville. Si elle a essay? de mettre cette montre au clou ? l’est de l’autoroute 405, il le saura. – Bonne id?e, dit Jessie. Pendant que tu le contactes, il faut que je v?rifie quelque chose. – Tu ne vas pas fouiller dans l’affaire Crutchfield, n’est-ce pas ? demanda-t-il avec prudence. Ce n’est pas parce que Decker ne te l’a pas encore officiellement interdit qu’il ne va pas le faire. – Non, Ryan, dit-elle s?chement en se levant. Je ne vais pas fouiller dans cette affaire. Et si tu avais un peu confiance en moi, pour une fois ? Il leva un sourcil d’un air sceptique et Jessie se leva pour aller au deuxi?me ?tage. Elle lui envoya une grimace pr?tendument offens?e avant de se tourner vers l’escalier. Je ne fouille pas dans cette affaire. Je me contente de poser quelques questions. Elle refusa de se demander s’il existait une vraie diff?rence entre les deux. CHAPITRE SEPT Jessie ?tait ?tonn?e de se sentir si nerveuse. Elle se rendait rarement au deuxi?me ?tage du poste, qui ?tait surtout utilis? pour stocker des affaires et par les bureaux de l’administration. En fait, quand elle marcha dans le long hall, elle ne croisa absolument personne. Elle s’arr?ta ? la porte du bureau minuscule dont la plaque nominative indiquait seulement « G. Moses » et frappa discr?tement. Elle entendit bouger quelques papiers de l’autre c?t? puis ce qui ressemblait au craquement de rotules ?g?es que l’on ?tendait. Ce bruit lui envoya un frisson dans la colonne vert?brale. Un moment plus tard, Garland Moses ouvrit la porte. – J’ai perdu, dit-il de sa voix rauque habituelle quand il la vit. – Perdu quoi ? demanda-t-elle en sentant soudain monter sa tension. – J’avais pari? avec moi-m?me que tu ne viendrais m’emb?ter pour la premi?re fois qu’apr?s midi. Il est onze heures cinquante-six heures du matin, donc, j’ai perdu. Je me dois dix dollars. Jessie fut soulag?e de constater qu’il ne faisait que se moquer d’elle et se permit de prendre un moment pour respirer avant de r?pondre. – Eh bien, esp?rons que tu seras vite pay?. J’ai entendu dire que tu peux ?tre dur quand on te paie en retard. – T’as pas id?e, dit Garland, dont la bouche forma une chose qui ressemblait ? un sourire. Disons que je force les r?calcitrants ? prendre du Metamucil. – Sympa, dit Jessie en s’?touffant l?g?rement. Bon, combien de temps va-t-il falloir que je parle poliment de ta routine m?dicale de vieux monsieur avant que tu me tiennes au courant de la situation ? Garland fit un nouveau demi-sourire. Cela semblait devenir une habitude. – Entre, dit-il en s’?cartant. Elle avan?a d’un pas dans la pi?ce avant de se rendre compte que, si elle en faisait un autre, elle heurterait le bureau de Garland. – Je croyais que les gens disaient seulement ?a pour se moquer, mais cette pi?ce a vraiment ?t? un placard, n’est-ce pas ? – Je n’ai pas besoin de beaucoup de place, r?pondit-il en refermant la porte. Il fr?la Jessie pour aller rejoindre la chaise qui se trouvait de l’autre c?t? de son petit bureau. Dans la pi?ce, on ne trouvait pas grand-chose d’autre mis ? part une chaise unique pour les invit?s, une lampe de bureau et un classeur ? tiroirs de petite taille. – Je suppose que, comme tu ne prends que quelques affaires par an, tu ne te noies pas dans la paperasse. – M?me quand je travaillais plus, j’aimais conserver une quantit? minimum de papiers. ? bureau encombr?, esprit encombr?. – Confucius ? demanda-t-elle pour le taquiner. – Non, Moses, mais pas celui de la Bible, dit-il. Avant qu’elle ait pu r?pondre, il continua. – Bon, parlons de ton affaire. – Oui ? – Je n’ai rien. – Quoi ? demanda-t-elle, incr?dule. Il sembla indiff?rent ? sa r?action. – En v?rit?, je n’ai m?me pas encore essay?. – Et pourquoi ? demanda-t-elle. – R?fl?chis, Hunt, dit-il patiemment. Je ne peux pas me rendre au bureau local du FBI, entrer nonchalamment et demander aux agents concern?s comment avance leur enqu?te, surtout le matin m?me o? la profileuse la plus proche de Crutchfield revient travailler. Ils comprendraient imm?diatement ce que je ferais. Ils ne diraient rien. Tu aurais des ennuis. Quant ? moi, je perdrais mon statut officiel de ‘sp?cialiste ?m?rite’. Mauvaise id?e. – ? t’entendre, ce serait impossible, protesta Jessie. Tu peux les approcher comme tu veux, ils seront toujours sur leurs gardes. – Pas forc?ment, surtout si j’aime d?j? d?jeuner dans un restaurant qu’ils fr?quentent. Et puis, s’ils viennent me voir parce que je suis le ‘sp?cialiste ?m?rite’, ils se mettront peut-?tre ? parler. Ils voudront peut-?tre impressionner le vieil homme et ils en diront un peu plus qu’ils ne le devraient. Je prendrai peut-?tre un air indiff?rent pour qu’ils m’en disent encore plus parce qu’ils veulent prouver qu’ils sont bons. Les gars aiment faire ?a en ma pr?sence. – Parce que tu as le statut de ‘sp?cialiste ?m?rite’, r?p?ta Jessie. – Tu comprends enfin, dit-il. Cependant, ils ne me diront rien si je leur pose des questions directes. Ce sont des agents du FBI, pas des ?l?ves de CE1. – Dans ce cas, pourquoi ne vas-tu pas d?jeuner ? insista-t-elle. – Parce qu’ils ne vont en g?n?ral manger l?-bas que vers treize heures. C’est pour cette raison que j’ai appel? le propri?taire et que je lui ai dit de me r?server une table pour midi quarante-cinq, un box au fond, avec un peu d’intimit? et de la place pour trois. – Tu as d?j? fait ?a ? – Oui. – Je suis d?sol?e, dit Jessie, impressionn?e. Je n’aurais pas d? venir te harceler. C’est juste que Hannah est dans la nature et que personne ne sait ce qui lui arrive. Comme je t’ai vu ici, je me suis ?nerv?e. Je n’aurais pas d? tirer mes conclusions trop vite. – J’appr?cie ta consid?ration, Hunt, et je ne te fais aucun reproche. Avec un vieux gars comme moi, on te pardonnerait si tu avais cru que j’avais compl?tement oubli? notre petite conversation de ce matin. Cela dit, puis-je te donner un conseil ? – Bien s?r, dit-elle. – Tu dois prendre un peu de distance. Jessie hocha la t?te. – J’ai du mal, admit-elle. – Je comprends, r?pondit-il. J’ai ?t? pareil longtemps. Cependant, le fait est que, avec ce que nous faisons, il y aura toujours des gars peu recommandables dans la nature. Il y aura toujours une victime en danger. Il y aura toujours le temps qui passe. Cependant, si tu vas ? la vitesse maximum tout le temps, tu auras un accident. C’est in?vitable. Finalement, ce jour-l?, tu ne seras plus utile ? personne. Jessie hocha la t?te. Tout ce qu’il disait lui parlait. Avant qu’elle ait pu l’admettre, il continua. – Je sais que ce n’est pas facile, et surtout pas maintenant, vu que la personne en danger est ta propre demi-s?ur. Pourtant, parfois, tu dois ralentir un peu. Tu dois trouver une sorte d’?quilibre dans ta vie. Autrement, tu vas t’?puiser et des gens que tu aurais pu sauver mourront. Je ne dis pas que tu ne devrais pas travailler dur et je ne dis pas que tu ne devrais pas te soucier du sort de ces victimes, mais tu dois trouver le moyen de faire ce travail tout en restant un ?tre humain vivant. Autrement, tu seras malheureuse. Tu comprends ce que je veux dire ? Jessie eut l’impression qu’elle n’avait jamais rien mieux compris de sa vie. – Oui, dit-elle simplement. – Bien, r?pondit-il. Dans ce cas, d?gage de mon bureau. Il faut que je fasse une petite sieste avant le d?jeuner. Alors que les mots de sagesse du vieil homme r?sonnaient encore dans ses oreilles, Jessie partit pour qu’il puisse faire sa sieste. CHAPITRE HUIT Hannah Dorsey se rappela qu’elle n’?tait pas encore morte. Ce fait aurait pu para?tre ?vident mais, ? la m?me heure une semaine auparavant, elle n’avait pas pu en ?tre si s?re. Or, ? chaque minute o? elle ?tait en vie, elle avait une chance. Du moins, c’?tait ce qu’elle se disait. Elle savait qu’il ?tait aux environs de midi gr?ce ? l’endroit o? le rai de lumi?re qui entrait par la fen?tre illuminait le sol du sous-sol o? elle ?tait d?tenue. Longtemps, elle avait cru qu’on l’avait emmen?e hors de Californie parce que c’?tait le premier sous-sol qu’elle voyait. Cependant, l’homme, qui lui avait dit de l’appeler Bolton, avait expliqu? que l’ex-propri?taire venait de la C?te Est et avait exig? qu’on construise un sous-sol dans sa nouvelle maison de Californie du Sud, m?me si cela n’avait pas vraiment de sens d’un point de vue g?ologique. Bolton avait expliqu? beaucoup de choses ? Hannah. Pendant les quelques premi?res heures apr?s qu’il avait tu? ses parents adoptifs puis l’avait drogu?e et enlev?e, il ne lui avait pas beaucoup parl?, en partie parce que Hannah avait d’abord ?t? trop endormie pour le comprendre. Apr?s ?a, ses cris de panique avaient rendu toute conversation impossible. Cependant, au bout d’environ dix-huit heures, ? force de crier, elle avait perdu la voix. Apr?s cela, elle avait ?t? si ?puis?e par la peur, la surcharge d’adr?naline et la confusion qu’?couter cet homme parler avec son accent aux inflexions m?ridionales ?tait presque devenu apaisant. Quand il parlait, il ne tuait pas. Donc, elle ?tait contente de l’?couter parler. Elle imaginait qu’il passerait bient?t bavarder avec elle. Il lui apportait toujours son d?jeuner vers l’heure o? la lumi?re de la petite fen?tre ?clairait le milieu de la pi?ce, heure qui, selon ses estimations, devait ?tre midi. Pendant la semaine qu’elle avait pass?e ici, elle avait d?duit quelques autres choses. D’abord, elle savait qu’elle ?tait l? depuis environ une semaine parce que, avec la cuill?re qu’il lui avait laiss?e, elle avait r?ussi ? gratter un trait pour chaque jour sur le poteau en bois ? laquelle elle ?tait encha?n?e. En fait, elle ?tait quasiment s?re qu’on ?tait mardi. Elle savait aussi qu’ils ?taient ? un endroit isol?. Autrement, Bolton l’aurait b?illonn?e ou aurait au moins condamn? la petite fen?tre qui offrait ? sa captive ce petit rai de lumi?re du soleil. Visiblement, il ne craignait pas que quelqu’un entende sa prisonni?re appeler ? l’aide ou ne casse la fen?tre et ne la trouve ici. De plus, elle n’avait jamais entendu passer de v?hicule ? moteur, d’avion les survoler ou d’alarme se d?clencher au loin. La nuit, au travers du verre sale et plein de traces de la fen?tre, elle arrivait ? voir au loin l’enseigne clignotante en n?on rose et bleu qui indiquait la pr?sence d’un endroit nomm? L’Essence M?me. D’apr?s le style de l’enseigne, elle supposait que cet endroit ?tait probablement un club de strip-tease mais, comme elle n’?tait pas experte en lieux de ce type, cette information n’?tait pas tr?s utile. Elle ?tait aussi quasiment s?re qu’il ne voulait pas la tuer, ou du moins pas encore. Ce n’?tait pas parce qu’il n’avait pas envie de tuer. Dans la maison de ses parents adoptifs, avant de la droguer mais apr?s l’avoir b?illonn?e et attach?e, il l’avait tranquillement port?e dans le salon et l’avait pos?e dans le coin pour qu’elle puisse assister aux deux meurtres. Il ne l’avait pas fait discr?tement. En fait, pendant toute l’?preuve, il avait agi avec nonchalance. Son p?re adoptif avait ?t? endormi dans le fauteuil et sa m?re adoptive avait ?t? assise sur la causeuse d’? c?t? en train de regarder la t?l?vision. Comme ils lui avaient tourn? le dos, il ?tait simplement all? dans la cuisine et il en ?tait ressorti avec deux couteaux. Le plus petit avait ?t? un couteau-scie et l’autre un grand couteau ? d?couper. Apr?s avoir adress? un petit clin d’?il ? Hannah, il ?tait all? derri?re le couple et s’?tait assis ? c?t? de la m?re adoptive d’Hannah, une femme du nom de Caryn aux cheveux gris fade mais dans l’ensemble d?cente. Caryn avait d? supposer que c’?tait Hannah et n’avait regard? que quand l’?mission avait c?d? la place aux publicit?s. Quand elle avait vu l’inconnu au couteau sourire ? c?t? d’elle, elle avait ouvert la bouche pour crier. C’?tait ? ce moment que Crutchfield lui avait plant? le couteau dans le c?t? de la gorge. Elle avait produit un ?trange gargouillis asthmatique, comme si quelqu’un avait laiss? s’?chapper l’air d’un ballon sous l’eau. Son p?re adoptif, Clint, qui n’?tait pas d?sagr?able mais semblait ne participer au processus d’adoption que parce que sa femme le lui demandait, avait l?g?rement remu? sans se r?veiller. Quand le sang de Caryn avait gicl? dans le salon en aspergeant partiellement Bolton, il s’?tait lev? et ?tait all? vers Clint. Comme l’homme n’avait pas r?agi, Bolton avait pris la t?l?commande et mont? le volume jusqu’? ce qu’il soit si fort que Clint n’avait pu que se r?veiller. – Trop fort, avait-il marmonn? d’un ton grognon. Quand il n’avait pas re?u de r?ponse, l’homme s’?tait frott? les yeux et avait regard? l’?cran. Ce n’?tait qu’? ce moment-l? qu’il s’?tait rendu compte que sa vue ?tait bloqu?e par un homme grassouillet de taille moyenne aux cheveux marron clairsem?s et au double menton. Bolton lui avait fait un grand sourire, affichant ainsi des dents de devant qui avaient d?sesp?r?ment besoin d’un passage chez le dentiste et dont plusieurs partaient dans des directions diff?rentes. Il n’avait pas clign? de ses yeux marron brillants et intenses une seule fois. Alors, comme si l’on venait d’?mettre le signal sonore de d?part d’une course de chevaux, il avait bondi en avant et enfonc? le couteau ? d?couper dans le centre de la poitrine de Clint. Hannah n’avait pas pu voir le visage de son p?re adoptif de l? o? elle avait ?t?, seulement son dos, mais elle avait vu son corps se crisper bri?vement puis retomber dans le fauteuil. Il n’avait pas produit le moindre son. Bolton s’?tait tourn? vers Hannah et avait hauss? les ?paules comme pour dire qu’il aurait cru que ?a serait plus spectaculaire. Hannah savait qu’elle aurait d? paniquer et elle ?tait s?re que cette r?action viendrait plus tard mais, ? ce moment qui avait suivi le massacre de Caryn et de Clint, elle n’avait presque rien ressenti. Elle aurait voulu ressentir quelque chose, mais cette chose n’?tait pas en elle, pas apr?s tout le reste. Seulement deux mois plus t?t, elle avait v?cu une exp?rience tout aussi traumatisante. Elle avait ?t? captur?e avec ses parents adoptifs dans leur maison de San Fernando Valley et ils avaient ?t? emmen?s dans un grand manoir situ? pr?s du centre-ville de Los Angeles. Cette fois-l?, le coupable avait ?t? un homme plus ?g?, probablement d’une cinquantaine d’ann?es, et il avait ?t? beaucoup moins gai. Plus tard, Hannah avait appris qu’il s’appelait Xander Thurman et qu’il ?tait un tueur en s?rie c?l?bre. Cependant, ? cette ?poque-l?, tout ce qu’elle avait su, c’?tait qu’elle avait ?t? emmen?e dans cette maison ?trange par cet inconnu. Il l’avait attach?e ? une chaise et l’avait forc?e ? le regarder torturer ses parents adoptifs. Il ?tait parti pendant un moment puis il ?tait revenu finir ce qu’il avait commenc?. Alors, une femme (Hannah avait plus tard d?couvert que c’?tait une profileuse criminelle du nom de Jessie Hunt) ?tait entr?e dans la maison, apparemment ? la recherche de l’assassin. Il l’avait attaqu?e par surprise et assomm?e. Pendant qu’elle avait ?t? inconsciente, il lui avait sangl? les bras ? une poutre de plafond. Quand elle avait repris conscience, il l’avait tortur?e elle aussi. Ils avaient commenc? une conversation perverse qui avait en grande partie ?chapp? ? Hannah. Finalement, la rapidit? de r?flexion de la femme lui avait permis de prendre le dessus. Cela avait men? ? une lutte f?roce apr?s laquelle l’homme avait p?ri et la femme avait ?t? en sale ?tat. Hannah avait r?ussi ? se lib?rer et ? aller chercher de l’aide. Elle ne se souvenait pas beaucoup de la nuit qui avait suivi ; elle savait seulement que les urgentistes avaient d? la mettre sous s?datifs parce qu’elle avait commenc? ? p?ter les plombs. Quand elle s’?tait r?veill?e, elle avait ?t? ? l’h?pital. Apr?s avoir ?t? interrog?e par plusieurs inspecteurs, elle avait ?t? bri?vement envoy?e dans un foyer de groupe puis elle avait v?cu avec Caryn et Clint. Elle avait presque tout oubli? des mois suivants. Elle avait essay? d’aller ? l’?cole mais avait eu du mal ? se concentrer. Le district lui avait envoy? un tuteur pour lui faire cours ? la maison et cela s’?tait un peu mieux pass?. Elle s’?tait coup? les cheveux tr?s court ; ainsi, quand elle se regardait dans un miroir, elle ne se souvenait pas de la fille que l’on voyait dans les photos de famille, les photos d’une famille qui n’existait plus. ?a n’avait pas vraiment march?. Ses cheveux avaient encore ?t? blond sable, ses yeux encore verts et ses longues jambes lui avaient encore donn? l’air d’un b?b? girafe. Elle ?tait encore Hannah, quoi que cela signifie. Pendant cette p?riode, un inspecteur ?tait venu lui poser d’autres questions sur la d?claration qu’elle avait fournie le lendemain de l’attaque. Elle avait r?p?t? ce qui s’?tait pass? mais, cette fois-l?, elle avait eu l’impression de raconter quelque chose de lointain, comme si elle n’avait pas vraiment particip? aux ?v?nements qui avaient d?truit sa famille. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=56037738&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.