×òî æå åñòü ó ìåíÿ? Äûðû â äðàíûõ êàðìàíàõ, Òðè ìîðùèíû íà ëáó, Äà èñò¸ðòûé ïÿòàê... Íî íå æàëêî íè äíÿ- Ìíå ñóäüáîþ ïðèäàííûõ, Õîòü ïîðîé ÿ æèâó Ïîïîäàÿ â ïðîñàê. Âñ¸ ÷òî åñòü ó ìåíÿ: Ñîâåñòü, ÷åñòü è óìåíüå. ß îòäàì íå ñêóïÿñü- Ïðîñòî òàê çà ïóñòÿê. Çà ïîñòåëü ó îãíÿ, Äîáðîòó áåç ñòåñíåíüÿ. È çà òî, ÷òî ïðîñòÿñü, Íå çàáûòü ìíå íè êàê... Âñ¸ ÷

Vitres Teint?es

Vitres Teint?es Blake Pierce Un myst?re suspense psychologique Chlo? Fine #6 « Un chef-d’?uvre de thriller et de myst?re. Blake Pierce est parvenu ? cr?er des caract?res avec un c?t? psychologique tellement bien d?crit, que nous avons l’impression de pouvoir p?n?trer dans leur esprit, suivre le cheminement de leurs pens?es et nous r?jouir de leurs r?ussites. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’? la derni?re page. » –-Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Sans Laisser de Traces) VITRES TEINT?ES (Un myst?re Chlo? Fine) est le volume 6 d’une nouvelle s?rie suspense psychologique par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de Sans Laisser de Traces (volume 1) (t?l?chargement gratuit), un bestseller n?1 ayant re?u plus de 1 000 critiques ? cinq ?toiles. Quand un entra?neur personnel tr?s appr?ci? est assassin? dans un quartier chic de banlieue, l’agent sp?ciale ? la section criminelle du FBI, Chlo? Fine, 27 ans, est appel?e ? enqu?ter au sein d’une petite ville peupl?e d’?poux infid?les, afin d’y d?couvrir qui souhaitait sa mort – et pourquoi. Chlo? apprend tr?s vite que, derri?re les pelouses impeccables du quartier, se cachent des mariages bris?s, des conjoints ignor?s, des secrets et d’innombrables mensonges – dissimul?s sous le voile de la perfection. En-dessous de la fa?ade soigneusement polie d’une communaut? raffin?e, elle d?couvre un peuple faux et mensonger. Quels secrets ont-ils men?s au meurtre de cet homme ? Et qui sera la prochaine victime ? Un suspense psychologique ?motionnel avec des personnages complexes, une atmosph?re de petite ville et un suspense qui vous tiendra en haleine, VITRES TEINT?ES est le volume 6 d’une fascinante nouvelle s?rie qui vous fera tourner les pages jusqu’? des heures tardives de la nuit. Le volume 7 dans la s?rie CHLO? FINE sera bient?t disponible. Blake Pierce VITRES TEINT?ES vitres tint?es (un myst?re suspense psychologique chlo? fine—volume 6) blake pierce Blake Pierce Blake Pierce a ?t? couronn? meilleur auteur et bestseller d'apr?s USA Today pour Les Enqu?tes de RILEY PAIGE – seize tomes (? suivre), la S?rie Myst?re MACKENZIE WHITE – treize tomes (? suivre) ; Les Enqu?tes d'AVERY BLACK – six tomes ; Les Enqu?tes de KERI LOCKE – cinq tomes ; LES ORIGINES DE RILEY PAIGE – cinq tomes (? suivre) ; la S?rie Myst?re KATE WISE – six tomes (? suivre) ; la S?rie Thriller Psychologique CHLOE FINE – cinq tomes (? suivre) ; la S?rie Thriller Psychologique JESSIE HUNT – cinq tomes (? suivre) ; la S?rie Thriller Psychologique FILLE AU PAIR – deux tomes (? suivre) et Les Enqu?tes de ZOE PRIME – deux tomes (? suivre). Lecteur passionn?, fan de thriller et romans ? suspense depuis son plus jeune ?ge, Blake adore vous lire, rendez-vous sur www.blakepierceauthor.com – Restons en contact ! Copyright © 2020 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d'autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou qu'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright alliance images, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE LES MYST?RES DE AD?LE SHARP LAISS? POUR MORT (Volume 1) CONDAMN? ? FUIR (Volume 2) CONDAMN? ? SE CACHER (Volume 3) LA FILLE AU PAIR PRESQUE DISPARUE (Livre 1) PRESQUE PERDUE (Livre 2) PRESQUE MORTE (Livre 3) LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER ID?AL (Volume 2) LA MAISON ID?ALE (Volume 3) LE SOURIRE ID?ALE (Volume 4) LE MENSONGE ID?ALE (Volume 5) LE LOOK IDEAL (Volume 6) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4) DE RETOUR ? LA MAISON (Volume 5) VITRES TEINT?ES (Volume 6) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5) SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4) LA TRAQUE (Tome 5) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) MANQUE (Tome 16) UNE NOUVELLE DE LA S?RIE RILEY PAIGE R?SOLU S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11) AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12) AVANT QU’IL NE HARC?LE (Volume 13) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) PROLOGUE Viktor Bjurman avait entendu parler de l’ivresse du coureur. Bien que Viktor fasse plus de sport que la majorit? des gens, le jogging n’avait jamais ?t? quelque chose qui l’avait vraiment attir?. ?a lui arrivait de faire un petit jogging de temps en temps, mais de longues courses ? pied, ce n’?tait vraiment pas son truc. Mais il n’enviait pas ceux qui avaient ressenti cette ivresse du coureur. Non. Car il l’avait lui-m?me ressentie ? de nombreuses reprises sans faire de jogging. En tant qu’entra?neur personnel, il savait que tout le monde pouvait ressentir cette ivresse en faisant un minimum d’exercice et en n’ayant pas peur de d?passer un peu ses limites. Il la ressentait r?guli?rement au cours de son entra?nement kettlebell. Mais il l’avait ?galement ressentie quelques mois plus t?t, lors d’une s?ance intense de musculation, au cours de laquelle il avait pouss? ses muscles jusqu’? l’extr?me limite. Cette soi-disant ivresse n’?tait rien d’autre que le corps passant ? une vitesse sup?rieure – une vitesse qui ne pouvait ?tre atteinte qu’en surmontant les obstacles et les limites physiques que beaucoup de gens se mettaient. Au moment o? il sortit de la maison sur Primrose Street, Viktor ressentait un tout autre genre d’euphorie. Il avait l’impression d’avoir vingt ans de moins que son ?ge r?el de trente-huit ans. Il se sentait plein d’?nergie. Il venait juste de terminer sa derni?re s?ance de la journ?e – une journ?e bien remplie, avec cinq visites ? domicile pour des s?ances priv?es d’entra?nement et deux s?ances dans un centre de fitness du quartier. Il ?tait vid?… mais il ressentait ?galement une certaine euphorie, assez semblable ? cette ivresse du coureur. Il avait gard? sa meilleure cliente pour la fin. Theresa Diaz ?tait une femme de quarante-sept ans avec laquelle il travaillait depuis un an et demi. ? force de s’entra?ner, elle avait perdu pr?s de quinze kilos et elle avait atteint la silhouette qu’elle avait toujours d?sir?e. Sa perte importante de poids l’avait ?galement aid?e ? reprendre confiance en elle. C’?tait s?rement pour ?a qu’elle avait ?t? aussi ?nergique au moment de commencer ? coucher avec lui. ?a faisait vingt-trois ans qu’elle ?tait mari?e, mais son mari ne s’int?ressait pas du tout ? elle, ? part quand il avait besoin de satisfaire ses propres besoins. Et en en parlant ? Viktor, elle lui avait ouvertement fait comprendre qu’elle ?tait tout ? fait dispos?e ? une relation extra-conjugale. Et bien qu’il soit mari? lui aussi, il n’avait pas h?sit? ? profiter de l’occasion. Ce n’?tait pas la premi?re cliente avec laquelle il couchait et il avait appris ? ignorer tout sentiment de culpabilit?. ?a faisait maintenant trois mois qu’ils couchaient ensemble, apr?s plus de quinze mois de s?ances d’entra?nements intensifs. Viktor avait tout de suite su qu’elle serait une bonne ma?tresse. Il avait eu le m?me genre d’exp?rience un an plus t?t. Apparemment, les femmes qui avaient ?t? d?laiss?es par leurs maris et qui retrouvaient leur confiance en elles ?taient g?n?ralement avides et enthousiastes au lit. Ou ? d?faut de lit, sur le sol du salon, comme ?a avait ?t? le cas pour lui et Theresa ? peine cinq minutes plus t?t. Il savait qu’il n’avait pas besoin de se d?p?cher. Le mari de Theresa n’?tait pas en ville. Il avait dit ? sa femme qu’il rentrerait un peu tard, lorsqu’ils s’?taient parl? tout ? l’heure. Mais Viktor acc?l?ra n?anmoins le pas en quittant la maison de Theresa. Sa propre maison ne se trouvait pas tr?s loin, ? seulement six p?t?s de maisons. ?a lui ferait un agr?able petit jogging du soir. La nuit venait de tomber et il faisait frais, pas plus de quinze degr?s. Il se repassa en m?moire la s?ance d’entra?nement (la s?ance extra, pas celle pour laquelle il ?tait pay?). ?a avait ?t? incroyable, comme une sc?ne sortie tout droit d’un film porno. Il avait eu plusieurs ma?tresses au cours de sa carri?re en tant qu’entra?neur personnel, mais il sentait que Theresa Diaz allait de loin ?tre la meilleure. Quand ils couchaient ensemble, on aurait dit qu’elle ressortait toute sa rage contre ces ann?es de mariage sans amour. Et il ?tait ravi qu’elle le fasse. Quelque part, il devrait presque remercier son path?tique de mari pour… Il fut interrompu dans ses pens?es en voyant quelque chose voler dans sa direction. Il n’avait aucune id?e de ce que c’?tait. Une voiture ? Quelque chose que quelqu’un lui avait jet? ? Il ne savait pas. Tout ce qu’il savait, c’?tait que ?a l’atteignit violemment ? l’abdomen. Viktor se plia en deux de douleur et tomba ? genoux. Ce faisant, il aper?ut l’objet qui l’avait frapp?. C’?tait une batte de baseball en aluminium. Il la vit ? nouveau s’?lever dans les airs. Viktor essaya de respirer mais il avait l’impression de suffoquer. Le coup lui avait coup? le souffle et il ressentait une vive douleur sur le c?t? droit. Ce fut ? ce moment-l? qu’il vit la batte s’abattre ? nouveau sur lui. Elle l’atteignit en pleine poitrine, cette fois-ci. Et ?a fit un bruit ?trange – comme si la batte avait frapp? une bo?te en carton vide. Il ressentit une explosion de douleur dans la poitrine et quelque chose se brisa ? l’int?rieur de sa cage thoracique. Il essaya de hurler, mais il ne parvenait toujours pas ? respirer. Il leva les bras en l’air quand il vit la batte fondre sur lui pour le frapper ? nouveau. Il bloqua le coup, mais son poignet droit se brisa sous l’impact. Un g?missement de douleur sortit de sa gorge. Il aper?ut la silhouette de la personne qui tenait la batte. C’?tait une silhouette masculine, mais il ne pouvait pas voir son visage. ? travers la douleur, il se demanda si c’?tait le mari de Theresa. ?a aurait ?t? logique, mais… La logique et la raison commenc?rent ? lui ?chapper quand la batte s’abattit ? nouveau sur lui. Cette fois-ci, elle l’atteignit sur le c?t? gauche, lui brisant les c?tes. Il essaya de hurler, mais il n’y parvint pas – il avait trop mal. Il ouvrit la bouche, en esp?rant que quelque chose en sortirait. Mais il n’y avait rien. Juste cette batte qui continuait ? s’abattre sur lui. Il re?ut un autre coup ? l’abdomen, puis ? la poitrine, avant de ressentir une douleur intense ? l’?paule droite, lorsque la batte lui broya les os de la clavicule. Viktor perdit le compte du nombre de coups qu’il avait re?us. Vers le neuvi?me ou le dixi?me coup, quelque chose en lui cessa de lutter et il abandonna. Il regarda la batte s’abattre ? nouveau mais il ne ressentit plus aucune douleur. Ce fut ? ce moment-l? que l’obscurit? l’envahit. CHAPITRE UN Chlo? Fine ?coutait la voix de son p?re d?funt tandis qu’un orage d’?t? grondait ? l’ext?rieur. Elle ?tait assise dans son salon et elle tenait l’enregistreur de sa s?ur en main. Elle avait appuy? sur Play et elle avait ?cout? pendant quelques instants, avant de rebobiner pour repasser l’enregistrement. Elle portait un vieux t-shirt et un pantalon de pyjama confortable. Elle avait les genoux repli?s sur sa poitrine. Elle ?tait recroquevill?e comme une petite fille qui ?couterait un conte morbide. Elle avait ?cout? ? plusieurs reprises la phrase o? il avouait avoir planifi? le meurtre de sa m?re. C’?tait presque devenu un mantra, comme le refrain d’une chanson qu’elle ne parvenait pas ? s’enlever de la t?te. Alors que le tonnerre grondait ? l’ext?rieur, Chlo? l’?couta une derni?re fois. Elle tenait l’enregistreur ? deux mains, comme si elle s’attendait ? ce qu’il se mette ? bouger et qu’il fallait qu’elle l’?trangle d?s qu’il le ferait. Elle repassa ? nouveau les m?mes seize secondes d’enregistrement, en essayant d’imaginer ce que Danielle avait v?cu dans ce vieil entrep?t abandonn?. D’une certaine mani?re, elle ?tait assez fi?re de sa s?ur, mais en m?me temps, elle ?tait un peu effray?e par les extr?mes auxquels elle avait d? arriver pour obtenir cette confession. Chlo? arr?ta l’enregistreur et le posa sur la table du salon. Elle resta assise en silence pendant un moment, en essayant de s’acclimater ? l’?tat actuel de sa vie. Ce n’?tait pas la premi?re fois qu’elle essayait. C’?tait beaucoup ? dig?rer. ?a faisait cinq jours qu’elles avaient enterr? leur p?re dans ce petit bois insignifiant au Texas. Elles l’avaient enterr? profond?ment et, bien que Chlo? soit s?re que son corps finirait par ?tre d?terr? par un animal ? un moment ou ? un autre, il faudrait s?rement plusieurs ann?es pour que ?a arrive. Si quelqu’un cherchait vraiment ? retrouver Aiden Fine, il ?tait s?rement possible de le retrouver. Mais ?a demanderait beaucoup de recherches. Et c’?tait ?a, le plus beau. Personne n’allait vraiment chercher ? le retrouver. Il n’y avait personne qui se pr?occupait pour lui. Personne. De plus, pour la police, Aiden Fine ?tait en cavale et il ?tait s?rement au Mexique ? l’heure qu’il ?tait. Il leur avait ?t? assez facile de mentir. Et vu que les deux s?urs avaient racont? la m?me histoire – en plus du fait que l’une des s?urs ?tait un agent du FBI qui avait mentionn? la disparition de son p?re ? au moins une reprise – personne n’avait mis leur version des faits en doute. Et Aiden Fine ?tait actuellement recherch? par les forces de police et le FBI. C’?tait la seule chose pour laquelle Chlo? se sentait vraiment coupable. Elle savait que le FBI utilisait des ressources pour le retrouver. Mais elle savait ?galement que, dans moins de deux semaines, les recherches allaient peu ? peu ?tre abandonn?s ? d?faut de piste et que l’affaire finirait par n’?tre rien d’autre qu’une enqu?te parmi tant d’autres, rel?gu?e au fin fond des archives. Aiden Fine avait enlev? sa fille. Tout avait commenc? quand il l’avait invit?e chez lui pour d?ner. La situation avait d?g?n?r? et une br?ve lutte avait suivi. Aiden avait utilis? la voiture de Danielle pour l’amener jusqu’? un trou perdu au Texas. Il l’avait emmen?e l? parce qu’il savait que c’?tait un endroit dont elle avait un jour essay? de s’?chapper. Selon les dires de Danielle, il avait affirm? que c’?tait un moyen pour lui de la briser. Il voulait qu’elle sache que, m?me lorsqu’elle avait essay? d’?chapper aux d?mons de son pass?, il avait toujours su o? elle se trouvait. Bien que le FBI ait gob? l’histoire, Chlo? avait tout de m?me ?t? r?primand?e. Apr?s tout, elle ?tait partie sauver sa s?ur en se mettant d?lib?r?ment dans une situation dangereuse. Mais pour le reste, tout ce que le FBI savait, c’?tait qu’Aiden ?tait parvenu ? lui ?chapper et qu’il avait pris la fuite. En regardant l’enregistreur, Chlo? ne pouvait s’emp?cher de se demander si elles n’avaient pas eu tort. Bien entendu, la police et le FBI n’avaient pas vu l’enregistreur. Non, Chlo? l’avait gard? pour elle, parce que l’enregistrement contenait plusieurs remarques de Danielle qui racontaient la v?ritable histoire – que c’?tait elle qui avait kidnapp? leur p?re, et pas le contraire. Mais elles avaient tout de m?me des aveux. Et elles auraient pu modifier un peu leur histoire, en racontant qu’il avait essay? de tuer Danielle et qu’elle avait ?t? oblig?e de le descendre pour se d?fendre. Il y aurait s?rement eu plus de v?rifications de la part de la police, mais en m?me temps, ?a aurait impliqu? beaucoup moins de mensonges. Et Chlo? ne se serait pas sentie aussi coupable envers le FBI. Mais finalement, ce n’?tait s?rement pas si important que ?a. Quelle que soit la version des faits qu’elles auraient choisie, la question la plus importante de toutes n’aurait probablement pas trouv? de r?ponse. Sa s?ur avait tu? leur p?re. Et Chlo? l’aurait ?galement tu?, si c’?tait pour sauver Danielle. Alors quelque part, peut-?tre qu’elles poss?daient toutes les deux le m?me c?t? obscur que leur p?re. Et maintenant qu’elles avaient agi de concert pour dissimuler ce qui s’?tait pass? au Texas, est-ce que ce c?t? obscur allait prendre le dessus ? *** Chlo? finit par s’endormir, recroquevill?e sur son divan. Quand son r?veil sonna depuis sa chambre ? coucher le lendemain matin, elle ressentit une vive douleur dans le dos en s’asseyant. C’?tait d? ? la position dans laquelle elle avait dormi. Elle alla jusqu’? la chambre ? coucher en s’?tirant et elle ?teignit son r?veil. Elle regarda le d?sordre qui r?gnait dans sa chambre et elle se rendit compte qu’elle avait pass? les cinq derniers jours dans une sorte de semi-stupeur. Il fallait qu’elle range un peu, qu’elle fasse des lessives et qu’elle avale autre chose que des plats r?chauff?s au micro-ondes. Elle se demanda si elle n’appellerait pas le FBI pour leur dire qu’elle ?tait malade. Le directeur Johnson saurait probablement que ce n’?tait pas vrai, mais vu ce qu’elle venait d’endurer, il ne dirait probablement rien. Elle prit une douche chaude pour d?tendre les muscles de son dos, en esp?rant que ?a l’aiderait ? sortir de son ?tat morose. ?a l’aida un peu, mais en s’habillant, elle continuait ? consid?rer prendre un ou deux jours de cong?. Elle ?tait sur le point de prendre son t?l?phone pour appeler, mais il sonna avant qu’elle puisse le faire. Quand elle vit que l’appel venait du FBI, elle fit la grimace. Je ne crois pas que je vais pouvoir prendre un jour de cong?, finalement… Elle d?crocha et elle entendit la voix de la secr?taire de Johnson la saluer, avant de la transf?rer vers la ligne du directeur. « Agent Fine, est-ce que vous ?tes sur le point de partir pour le bureau ? » demanda Johnson. « Oui, monsieur. » « Tant mieux. Je veux que vous veniez tout de suite dans mon bureau. J’ai un briefing ? vous faire. » Franchement, elle n’?tait pas s?re d’en avoir vraiment envie. Mais ce qu’elle savait, c’?tait que si elle restait encore quelques jours de plus assise ? ne rien faire dans son appartement, en se demandant si elles avaient eu raison d’agir comme elles l’avaient fait, elle allait devenir compl?tement dingue. Elle envisagea bri?vement l’id?e de refuser, en disant qu’elle ne se sentait pas bien, mais elle se ravisa. Il y avait peut-?tre une nouvelle enqu?te pour elle. Et bien s?r, qu’elle allait l’accepter. « Bien s?r, » dit-elle, en ne sachant toujours pas si c’?tait vraiment ce qu’elle voulait. « Je serai l? dans une demi-heure. » Elle se d?p?cha de s’habiller et avala un rapide petit-d?jeuner constitu? de c?r?ales avant de partir de chez elle. Rien que le fait de faire ?a lui parut salvateur. La routine ?tait une mani?re id?ale de retourner ? une certaine normalit?. Bien que ?a ne fasse que quelques jours qu’elle ?tait d’humeur morose, ?a l’avait fortement affect?e mentalement et ?motionnellement. Oui, bien s?r, elle ?tait all?e travailler. Mais elle l’avait fait de mani?re machinale et automatique, l’esprit occup? par des milliers d’autres choses. Mais l?, elle allait au bureau pour avoir des infos sur une potentielle nouvelle enqu?te. C’?tait compl?tement diff?rent. Pour la premi?re fois depuis qu’elle ?tait rentr?e du Texas, elle avait l’impression qu’elle allait enfin pouvoir mettre toute cette histoire derri?re elle. D?s qu’elle arriva au FBI, elle alla directement au bureau de Johnson, en se demandant quel genre d’affaire il pouvait avoir pour elle. Elle avait commenc? ? se faire une r?putation en tant qu’agent sp?cialis?e en affaires sordides de banlieue, le genre d’enqu?te qui impliquait des personnes riches qui passaient le plus clair de leur temps ? essayer de dissimuler des secrets. En fait, j’aurais tout ? fait ma place dans ce genre de quartiers, pensa-t-elle. Parce que j’ai moi aussi des secrets dont je ne pourrai jamais me d?faire. Quand elle arriva dans le bureau de Johnson, elle se dirigea machinalement vers la chaise sur laquelle elle avait l’habitude de s’asseoir, devant le bureau du directeur. Mais elle se rendit compte que Johnson n’?tait pas assis ? sa place. Il ?tait assis ? la petite table de r?union au fond de la pi?ce. Et il n’?tait pas seul. Il ?tait accompagn? d’un homme et d’une femme. Chlo? reconnut l’homme : il s’agissait de Beau Craddock et il ?tait assez haut plac? dans la hi?rarchie du FBI – bien au-dessus du directeur Johnson. Quant ? la femme, elle ne l’avait jamais vue auparavant, mais si elle accompagnait Craddock, Chlo? en d?duisit qu’elle devait ?galement ?tre haut plac?e. « Agent Fine, » dit Johnson. « Je vous en prie, prenez une chaise. » « OK… » Il y avait une seule autre chaise disponible et elle se trouvait en bout de table. Elle s’y assit, en faisant un petit signe poli de la t?te aux personnes assises devant elle. « Agent Fine, je vous pr?sente le directeur adjoint Craddock, et la conseill?re au directeur, Sarah Kirsch. » Kirsch lui d?cocha un sourire l?g?rement faux. « Nous voudrions que vous nous racontiez en d?tails la chronologie des ?v?nements tels qu’ils se sont d?roul?s, quand vous ?tes partie au Texas ? la recherche de votre s?ur, » dit Craddock. Chlo? sentit un frisson lui parcourir l’?chine. Elle regarda Johnson d’un air surpris. « Monsieur, j’ai d?j? tout racont? en d?tails ? deux reprises – une fois ? vous, et une fois ? la police. Est-ce que c’est vraiment n?cessaire ? » « Franchement, probablement pas, » dit Kirsch, avant que Johnson ne r?ponde. « Mais le fait est que vous vous ?tes retrouv?e sur les lieux o? un homme actuellement recherch? pour enl?vement et agression retenait sa victime. Alors oui, votre t?moignage vaut la peine d’?tre entendu. » Johnson haussa les ?paules et la regarda, l’air de dire qu’elle n’avait pas vraiment le choix. « D?sol?, Fine, mais le fait que vous soyez ?troitement li?e au ravisseur et ? la victime a visiblement attir? l’attention de la hi?rarchie. Mais, comme je le leur ai dit, on a d?j? tout v?rifi?. Et il n’y a aucune zone d’ombre. Ils veulent juste l’entendre de votre bouche. » Aucune zone d’ombre, c’est ?a, oui, pensa Chlo?. Si c’?tait le cas, tu m’aurais pr?venue de ce qui m’attendait quand tu m’as appel?e ce matin. Au lieu de ?a, tu me mets devant le fait accompli. Tu essaies de me pi?ger, oui. Mais qu’est-ce qu’elle pouvait y faire ? Elle s’appuya contre le dossier de sa chaise, en ayant l’impression de mettre volontairement le pied dans un pi?ge ? loups. CHAPITRE DEUX Ce fut Craddock qui d?buta l’interrogatoire. Quand il le fit, il avait un l?ger sourire aux l?vres. C’?tait s?rement destin? ? la mettre plus ? l’aise, mais on aurait presque dit qu’il trouvait du plaisir ? l’id?e de la torturer avec ses questions. « Agent Fine, comment avez-vous su o? se trouvait votre s?ur ? » La v?rit?, c’?tait que Danielle l’avait appel?e depuis une cabine t?l?phonique. Mais bien s?r, ?a, elle ne pouvait pas leur dire. Alors elle leur sortit la version qu’elles avaient cr??e de toutes pi?ces, au moment o? elles avaient enterr? leur p?re. « Franchement, ?a a ?t? un coup de chance. Quand je me suis rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond, j’ai essay? de deviner o? mon p?re pourrait l’avoir emmen?e. ? une certaine ?poque, Danielle avait v?cu ? Millseed – ? un moment de sa vie o? elle ?tait hostile ? notre p?re. Elle m’avait plusieurs fois dit qu’un jour, alors qu’elle ?tait all?e lui rendre visite en prison, il lui avait dit qu’un endroit comme Millseed, c’?tait vraiment tout ce ? quoi elle pouvait aspirer. Une petite ville minable. Il lui avait dit que ?a devait ?tre un endroit horrible o? mourir mais que peut-?tre c’?tait tout ce qu’elle m?ritait. » « Est-ce que votre p?re est toujours aussi th??tral et port? sur les pr?sages ? » demanda Kirsch. « Excusez-moi, mais je n’ai aucune envie de discuter avec vous de la personnalit? de mon p?re, » dit Chlo?. « Est-ce que le but, c’est de dresser le profil psychologique de mon p?re, ou de me poser ? nouveau des questions sur ce qui s’est pass? ? » Craddock et Kirsch ?chang?rent un regard troubl?, avant de continuer de l’interroger. Johnson la regarda d’un air r?probateur, l’air de dire : Baisse d’un ton. « Est-ce que vous pouvez nous raconter en d?tails ce qui s’est exactement pass? quand vous ?tes arriv?e ? » demanda Kirsch. « L’endroit fut facile ? trouver, » dit Chlo?. « Danielle m’avait racont? des histoires concernant certaines choses pas tr?s l?gales qu’elle avait faites dans ce vieil entrep?t avec ses amis de l’?poque. Je me suis arr?t?e dans un magasin et j’ai demand? comment y arriver. Quand je suis arriv?e sur les lieux, mon p?re avait attach? Danielle sur une chaise et il la giflait. Je me suis interpos?e, on s’est battu et il est parvenu ? s’?chapper. » « Est-ce que vous pouvez d?finir exactement ce que vous entendez par le fait de se battre, » dit Craddock. « L’usage des poings pour se frapper l’un l’autre. Mais aussi des coups de pieds. Une tentative de ma?triser son adversaire par la force physique. » « Agent Fine, » dit Kirsch, « je vous conseille de prendre cet interrogatoire tr?s au s?rieux. » « Oh, mais c’est ce que je fais. Et je l’ai ?galement pris tr?s au s?rieux les deux autres fois o? j’ai ?t? interrog?e en d?tails sur ce qui s’?tait pass?. » Elle s’interrompit un instant et prit une profonde inspiration pour essayer de se calmer. « ?coutez. Je comprends que vous ayez besoin de savoir exactement ce qui s’est pass? et je reconnais enti?rement que c’?tait une erreur d’essayer de r?gler ?a par moi-m?me. Mais il faut que vous compreniez… ce n’est pas une simple affaire. Il s’agit de ma s?ur et de mon p?re, et de tout ce lourd pass? qui nous lie. Et ce n’est vraiment pas agr?able pour moi d’?tre encore et encore interrog?e ? ce sujet. » Son petit plaidoyer avait d? marcher un peu, car Craddock et Kirsch ?chang?rent un regard afflig?. Puis ils regard?rent Johnson, qui haussa l?g?rement les ?paules. « Bien s?r que c’est quelque chose que nous essayons de prendre en consid?ration, » dit Craddock. Puis, en choisissant soigneusement chacun de ses mots, il ajouta : « Est-ce que vous pensez l’avoir bless? au cours de la lutte ? » Peut-?tre que finalement, son plaidoyer n’?tait pas aussi convaincant que ?a. Agac?e, elle r?pondit ? la question. Elle mentit, en leur disant qu’elle pensait lui avoir bris? des c?tes en lui ass?nant un coup. C’?tait un d?tail futile, mais dans ce genre d’interrogatoires, elle savait que c’?tait le genre de d?tails auxquels ils s’attendaient. Pendant qu’ils continuaient ? l’interroger, elle comprit exactement ce qu’ils cherchaient ? faire. Ils lui faisaient r?p?ter sa version des faits, mais en partant d’une autre perspective, afin de voir si elle allait en changer certains ?l?ments. Ils essayaient de la pi?ger… mais elle ne savait pas pourquoi. Peut-?tre qu’ils ont d?couvert quelque chose qui contredit ma version, pensa-t-elle. Mais elle en doutait. Si c’?tait le cas, ils lui auraient pos? des questions plus directes et ils l’auraient peut-?tre m?me accus?e. Mais non… au lieu de ?a, ils cherchaient des failles dans son r?cit. Et Chlo? n’avait nullement l’intention d’en laisser transpara?tre une seule. Mais elle ne put s’emp?cher de se demander ce qu’il en serait si c’?tait Danielle qui ?tait assise ? sa place. S’ils se mettaient ? l’interroger une troisi?me fois – dans un environnement plus officiel avec ces agents en costume – est-ce que Danielle saurait g?rer la situation ? Chlo? eut peur rien qu’? l’id?e. Alors elle fit de son mieux pour ne pas y penser. Elle ravala sa col?re et continua ? r?pondre ? leurs questions, comme une petite fille docile. *** Ce fut plus rapide qu’elle pensait, finalement. Craddock et Kirsch prirent cong? un quart d’heure plus tard. Quand ils furent partis, Johnson la regarda. Chlo? se demanda s’il allait essayer de jouer le r?le du type sympathique ou s’il allait prendre parti pour le duo qui venait juste de sortir de son bureau. « D?sol? de vous faire ? nouveau passer par l?, » dit-il. « Vraiment ? J’ai plut?t eu l’impression que vous ?tiez de leur c?t?. » « Fine… Je sais que vous faites actuellement face ? une pression ?motionnelle ?norme, mais je vous conseille de faire attention ? votre ton et ? votre attitude. J’essaie d’?tre aussi raisonnable que possible, mais je r?digerai un rapport pour insubordination si vous continuez ? me parler sur ce ton. » Elle fit de son mieux pour ravaler sa col?re et son amertume. Elle hocha la t?te. « J’ai compris. Je peux m’en aller, maintenant ? » « Oui. Vous trouverez vos prochaines assignations sur votre bureau. Des ?coutes t?l?phoniques et une demande d’informations venant d’un agent sur le terrain ? Philadelphie, je crois. » « C’est une blague ? » Elle sortit de son bureau avant qu’il n’ait eu le temps de r?pondre. Bien qu’elle ne se croie pas au-dessus du travail banal de bureau que la plupart des agents devaient effectuer toutes les semaines, elle avait n?anmoins l’impression que c’?tait une r?gression. Elle ne pouvait s’emp?cher de se demander si c’?tait une sorte de punition – et si c’?tait le cas, combien de temps ?a allait durer. En g?n?ral, elle parvenait ? ma?triser ses ?motions, mais l?, Chlo? luttait vraiment pour contr?ler sa col?re. Elle prit tout son temps pour retourner ? son box, en sachant qu’elle allait ?tre encore plus contrari?e quand elle verrait le boulot insignifiant que lui avait assign? Johnson. Elle ?tait tellement accapar?e par ses pens?es qu’elle ne remarqua pas le visage familier qui venait de sortir d’un bureau au bout du couloir. C’?tait Rhodes. Elle avait les yeux baiss?s sur son t?l?phone. Quand elle les leva et vit Chlo?, elle eut d’abord l’air inqui?te, puis soulag?e. « Tout va bien ? » demanda Rhodes. « Oui. Mais on s’est vues hier. Pourquoi est-ce que tu me poses cette question maintenant ? » « J’ai entendu dire que tu avais ?t? convoqu?e ? une r?union avec Johnson, » dit Rhodes. « Et que le directeur Craddock allait ?tre pr?sent. Je me suis dit que c’?tait pour te r?primander. » « Non, pas vraiment. C’?tait juste… ils continuent ? vouloir me faire r?p?ter chaque d?tail de cette affaire avec ma s?ur et mon p?re. Et j’en ai marre. » Rhodes regarda autour d’elle, comme si elle voulait s’assurer que personne ne pouvait l’entendre. « Peut-?tre que c’est seulement pour savoir si ?a ne t’a pas trop affect?e ?motionnellement… et voir si tu es capable de travailler apr?s un ?v?nement aussi personnel et traumatisant. » « J’en doute. » « Je ne sais pas. Mais ?a expliquerait pourquoi on vient juste de m’assigner une enqu?te sans que tu en fasses partie. Je sais que nous ne sommes pas officiellement co?quipi?res, mais cette affaire, c’est vraiment ton rayon. » « Quoi ? Quand est-ce qu’on te l’a assign?e ? » « Il y a une demi-heure. L?, j’organise mon d?part. Johnson m’a dit qu’il n’?tait pas s?r que tu sois pr?te ?motionnellement. Il pense qu’il va te falloir un peu de temps pour r?cup?rer. » Chlo? fit la grimace, en faisant de son mieux pour ravaler sa col?re. « Je vais tr?s bien. Apparemment, sa conception de la r?cup?ration, c’est de me faire travailler sur des appels sur ?coute et aider le service de recherche. » « Ma pauvre, » dit Rhodes. « Si tu veux, je peux demander qu’on te mette dessus. » « Merci, » dit-elle, « mais je vais faire la demande moi-m?me. » Rhodes hocha la t?te, mais il ?tait clair qu’elle n’?tait pas ? l’aise avec la mani?re dont leur conversation se d?roulait. « Mais n’insiste pas de trop. Je ne voudrais pas que tu t’attires des probl?mes. » « Non, ne t’inqui?te pas. » Elle ?tait sur le point de faire demi-tour pour retourner au bureau de Johnson, quand elle se rendit soudain compte de quelque chose. Ce n’?tait pas le genre de Rhodes d’exprimer de la pr?occupation. Cette phrase, je ne voudrais pas que tu t’attires des probl?mes, ce n’?tait pas son genre. « Rhodes… est-ce que tu as entendu quelque chose ? Au sujet de moi ou de ma s?ur ? » « Rien de plus que ce que tout le monde sait. Que tu es partie pour le Texas et que tu as eu une confrontation avec ton p?re. La plupart des gens trouvent que c’est h?ro?que de ta part. Et je suis s?re que Johnson pense ?galement la m?me chose… mais il doit rendre des comptes ? ses sup?rieurs. » Chlo? ne savait pas pourquoi, mais elle avait l’impression qu’elle lui mentait. Elle commen?ait ? bien conna?tre Rhodes, et il y avait quelque chose qui clochait dans la mani?re dont elle avait r?pondu ? la question. Mais si elle voulait qu’on lui assigne cette affaire, elle allait devoir laisser couler pour l’instant. Elle fit demi-tour pour se diriger vers le bureau de Johnson, mais elle tomba sur lui dans le couloir. « J’ai parl? ? Rhodes, » dit-elle. « Pourquoi est-ce qu’on ne m’a pas donn? l’opportunit? de travailler sur cette affaire avec elle ? » « Bien que je ne doive pas me justifier ? vous, je vous dirai juste que je ne pensais pas que vous ?tiez pr?te ? retourner sur le terrain, vu tout ce que vous veniez de traverser. » « J’appr?cie votre pr?occupation, monsieur. Mais je pense qu’au contraire, ?a pourrait m’aider. » Il lui sourit. « Est-ce que ?a aiderait ?galement ? vous d?barrasser de cette attitude insubordonn?e que vous avez derni?rement ? » « ?a, je ne peux pas vous le promettre, » dit-elle. Elle avait dit ?a sur un ton de plaisanterie, en esp?rant que ?a l’adoucisse un peu. « Elle part dans quelques heures. Est-ce que vous ?tes pr?te ? l’accompagner ? » « Oui, monsieur. » Johnson r?fl?chit un instant avant de soupirer. « C’est vrai que cette affaire, c’est tout ? fait votre rayon. » Il haussa l?g?rement les ?paules et dit, « OK. Allez voir Rhodes et demandez-lui de vous envoyer tous les d?tails de l’enqu?te. Vous ?tes officiellement sur l’affaire, mais je veux que vous agissiez de mani?re responsable. Si vous vous rendez compte que vous n’?tes pas pr?te, je veux que vous vous retiriez imm?diatement. » « Bien s?r. Merci, monsieur. » Elle tourna les talons et se dirigea vers le bureau de Rhodes, avant qu’il puisse changer d’avis. CHAPITRE TROIS Danielle avait plut?t bien g?r? l’apr?s Millseed, Texas. Vu qu’elle avait toujours pr?f?r? la solitude au fait d’?tre proactive, elle ?tait rest?e toute seule dans son appartement ces cinq derniers jours. La seule sortie qu’elle avait faite, c’?tait pour aller consulter le m?decin. Elle avait souffert une l?g?re commotion et elle s’?tait foul? la cheville, mais rien de plus. Elle avait n?anmoins mal un peu partout. Elle avait lu quelque part que le corps gardait le souvenir de tout ce qui lui arrivait – m?me sans un traumatisme physique, les muscles et les terminaisons nerveuses se rappelaient les tensions v?cues. Et apparemment, c’?tait exactement ce que son corps faisait. Elle avait ?galement d? faire face au fait qu’elle ne ressentait aucun regret. Elle ?tait contente que ce salopard soit mort – et encore plus contente d’avoir quelque chose ? voir avec son d?c?s. Quand elle se revoyait creuser sa tombe et y jeter son corps, elle ?tait envahie d’une sensation de soulagement et de fiert? et elle ne ressentait aucune tristesse. C’?tait quelque chose qu’elle ne dirait jamais ? Chlo?. Elle ?tait bien consciente que sa s?ur avait toujours pens? qu’elle ?tait un peu d?rang?e. Mais c’?tait difficile de savoir ce que Chlo? pensait exactement. Danielle avait la sensation que sa s?ur abordait tout ?a avec soulagement, mais parfois, elle avait aussi l’impression que Chlo? la m?prisait un peu pour ce qu’elle avait fait. Franchement, Danielle avait juste envie de retourner ? une vie normale – de recommencer ? travailler et pr?tendre que son p?re n’avait jamais exist?. Elle trouvait tr?s injuste de sa part d’avoir refait surface comme ?a, alors qu’elle avait pass? la majorit? de sa vie ? essayer de l’effacer de sa m?moire. Aujourd’hui, cinq jours apr?s ?tre rentr?e de Millseed, Danielle ?tait assise sur son divan et essayait de d?cider ce qu’elle allait regarder sur Netflix. Elle savait qu’elle devrait prendre une douche et appeler son boulot pour savoir si elle pouvait retourner travailler. Mais elle savait que si elle faisait ?a, sa vie allait recommencer. Maintenant que son p?re ?tait mort, un nouveau chapitre de sa vie allait commencer d?s le moment o? elle se l?verait de ce divan. Ce fut ? ce moment-l? que son t?l?phone se mit ? sonner. Il ?tait pos? sur la table basse du salon et quand elle tendit la main pour le prendre, elle fut surprise de voir que c’?tait Chlo?. Elles ne s’?taient parl? qu’une seule fois depuis qu’elles ?taient rentr?es du Texas. C’?tait inhabituel de la part de Chlo? de prendre autant ses distances apr?s un ?v?nement aussi ?norme, mais Danielle se disait qu’elle devait avoir ses raisons. Les mensonges qu’elles avaient cr??s de toutes pi?ces ?taient tellement nombreux et complexes qu’elle devait s?rement penser qu’il valait mieux qu’elles ne se parlent pas pendant quelques temps. Alors pourquoi est-ce qu’elle m’appelle ? Curieuse, elle d?crocha. « Salut, s?urette. » « Salut, Danielle. Comment tu vas ? » « Je vais bien, je pense. Je me sens repos?e. Et toi ? » « Idem. Mais je ne dors pas tr?s bien. Je ressens le besoin de reprendre le cours de ma vie, tu vois ? » « Oui, tr?s bien, » dit Danielle. « Tes probl?mes de sommeil… tu fais des cauchemars ? » « Non. C’est juste de l’anxi?t?, je crois. ?coute, Danielle… il y a quelque chose de bizarre qui se passe au boulot et je voulais te pr?venir. J’ai ? nouveau ?t? interrog?e ce matin concernant ce qui s’est pass? au Texas. Mais cette fois-ci, ce n’?tait pas seulement par mon directeur. Il y avait d’autres personnes haut plac?es – le genre de personnes qui interviennent seulement quand la situation est potentiellement grave. » « Et comment ?a s’est pass? ? » demanda Danielle. Elle savait combien sa s?ur pouvait ?tre prudente. Elle ne pensait pas que Chlo? pouvait craquer sous la pression, mais elle n’en ?tait pas absolument certaine non plus. Si l’une d’entre elles faisait un faux pas et que leur version des faits ne correspondait plus, elles allaient avoir de s?rieux probl?mes. « ?a s’est bien pass?, mais j’ai peur qu’ils te convoquent aussi. » « Est-ce qu’il ne faut pas qu’ils m’arr?tent pour pouvoir m’interroger comme ?a ? » « Non. ? ce stade, ce serait consid?r? comme normal. Ils t’ont d?j? interrog?e, alors ils s’attendent ? ce que tu acceptes de r?pondre ? nouveau ? leurs questions. » « Qu’ils aillent se faire foutre. Pourquoi est-ce que j’accepterais de revivre tout ?a ? nouveau ? » « S’ils te contactent, tu ne peux pas avoir ce genre d’attitude. » Danielle leva les yeux au ciel. « Alors, je souris et j’accepte aussi longtemps qu’ils le d?cident ? » « Pendant un temps, oui. Et s’il te pla?t… Danielle, tiens-toi ? notre version des faits. Ne laisse pas tes ?motions ou ton agacement prendre le dessus. » « C’est pour ?a que tu m’appelles ? » demanda Danielle. « Oui. ?a… mais aussi parce que je sais combien tu as tendance ? mariner toute seule quand les choses ne vont pas tr?s bien. Alors je voulais savoir si tu tenais le coup. » « Je pue, il est vraiment temps que je prenne une douche. Et je ne sais plus quoi regarder sur Netflix. Je pense retourner travailler demain. » « C’est une bonne id?e, » dit Chlo?. « Et surtout… ne parle pas ? tes coll?gues de ce qu’on a fait, OK ? » « Mon dieu, Chlo?. Tu me prends vraiment pour une idiote. » « Non… c’est juste… » « Chlo?, ?vitons de faire semblant. Pourquoi tu ne reprends pas le cours de ta vie et j’en ferai de m?me. D’ici quelques semaines, on verra o? on en est. Je sais qu’on vient de vivre un truc de dingues. Mais peu importe la mani?re dont tu le vois, toi et moi, on n’a jamais ?t? particuli?rement proches. On n’a pas ce lien ?troit entre s?urs… Alors peut-?tre qu’on n’a pas besoin l’une de l’autre pour surmonter ?a. » Elle avait l’impression qu’elle en avait dit de trop, mais c’?tait trop tard pour revenir en arri?re. « Oui, peut-?tre que tu as raison, » dit Chlo?. Elle avait une petite voix. Les mots de Danielle lui avaient visiblement fait de la peine. « Chlo?… » « Je pense que tu devrais retourner travailler, » l’interrompit Chlo?. « Reprends le cours de ta vie. Et si le FBI ou la police t’appellent, tout ce que je te demande, c’est que tu gardes ton calme. Ne le prends pas personnellement. Apr?s tout, ils ne font que leur boulot. » « Oui, je sais. » « Prends soin de toi. On se parle bient?t. » Avant que Danielle n’ait eu le temps de r?pondre, Chlo? raccrocha. Danielle reposa lentement son t?l?phone, en ne sachant pas pourquoi elle ?tait aussi agac?e par la mani?re dont leur conversation s’?tait termin?e. Elle avait toujours ?t? celle que les discussions hostiles ne d?rangeaient pas sp?cialement. Mais maintenant, en sentant qu’elle avait contrari? Chlo?, elle avait l’impression de l’avoir laiss?e tomber. C’est parce qu’elle t’a sauv? la vie, pensa-t-elle. Oui, c’est vrai. Au cours des derniers jours, elle avait souvent pens? au fait que Chlo? lui avait probablement sauv? la vie. Et ?a allait changer leur relation ? partir de maintenant. Mais vu que Danielle n’avait jamais ?t? ? l’aise avec le fait de devoir quelque chose ? quelqu’un, elle ne savait pas tr?s bien comment g?rer la situation. Elle fit ? nouveau d?filer l’?cran de Netflix. Elle regarda son t?l?phone et envisagea d’appeler son boulot. Peut-?tre qu’elle pourrait recommencer ? travailler d?s ce soir. Apr?s tout, Chlo? avait raison. Elle devait reprendre le cours de sa vie. Elle n’avait plus l’ombre de son p?re qui planait au-dessus d’elle. Non. Maintenant, la seule chose avec laquelle elle allait devoir apprendre ? vivre, c’?tait le fait qu’elle ait jou? un r?le important dans la mort de son p?re. Oui, ?a allait changer toute sa vie ? partir de maintenant, mais ce n’?tait pas une raison pour jeter l’?ponge et abandonner. Mais ce qui lui faisait le plus peur, c’?tait de d?couvrir – maintenant que son p?re n’?tait plus l? – qu’il n’avait pas ?t? le seul probl?me dans sa vie, finalement. CHAPITRE QUATRE Chlo? s’?tait jet?e sur les dossiers de l’enqu?te, d?s le moment o? elle les avait re?us. Elle ne s’en ?tait pas tout de suite rendue compte, mais elle s’?tait lanc?e dessus avec la m?me avidit? qu’un alcoolique se jetterait sur une bouteille de whisky. Elle essayait visiblement d’oublier ce qu’elle avait fait avec Danielle. Elle avait l’impression que si elle parvenait ? l’enterrer sous une tonne de boulot, elle pourrait peut-?tre arriver ? l’effacer compl?tement de sa m?moire pendant un petit temps. Elles roulaient vers la petite ville de Pine Point, en Virginie. ? une quinzaine de kilom?tres de Winchester, cette municipalit? comptait une population de moins de dix mille habitants, qui ?tait constitu?e en majorit? de familles riches. C’?tait le m?me genre de petite ville o? Chlo? et Rhodes avaient jusqu’? maintenant men? leurs enqu?tes. Mais la diff?rence cette fois-ci, c’?tait que les victimes ?taient toutes les deux des hommes. D’apr?s les rapports d’enqu?te, il n’y avait rien de particulier concernant les meurtres. Dans les deux cas, les hommes avaient ?t? brutalement battus ? mort et il n’y avait apparemment aucun lien entre les victimes. « ?a va ? Tu ne commences pas ? en avoir marre de ces quartiers de riches ? » demanda Rhodes, en conduisant. Chlo?, qui lisait les dossiers de l’enqu?te sur sa tablette, leva les yeux et regarda par la vitre. Elle se rendit compte qu’elles ?taient arriv?es. Il ne fallait qu’une heure et demie pour aller de Washington ? Pine Point et le trajet ?tait pass? rapidement. « Un peu, » dit Chlo?. « Mais quelque part… c’est assez confortable de savoir ce qui nous attend, tu ne trouves pas ? » « Oui, j’imagine. Mais d’apr?s ce que j’ai lu sur cette affaire… je pense que cette histoire va se r?sumer ? rien de plus qu’un connard d?jant? qui passe son temps ? agresser ceux qu’il consid?re inf?rieurs, ou qu’il voie comme une menace. » Chlo? avait ?galement pens? la m?me chose, mais elle n’en ?tait pas aussi s?re. Quelqu’un qui tue pour ces raisons pourrait tout aussi bien abattre ses victimes d’une balle dans la t?te ou leur trancher la gorge. Battre quelqu’un ? mort indiquait quelque chose de bien plus profond et de bien plus sombre. Il y avait certainement beaucoup d’autres choses ? prendre en consid?ration, mais son cerveau ?tait ? moiti? embrum?. Il y avait plusieurs questions qu’elle avait envie de poser ? Rhodes – afin de se faire une petite id?e de ce que Johnson et le FBI pouvaient penser de ce qu’elle avait fait avec sa s?ur. Elle ne pouvait s’emp?cher de se demander s’ils n’en savaient pas plus qu’ils ne voulaient bien lui dire, mais qu’il leur manquait des preuves pour vraiment pouvoir l’accuser. Apr?s tout, c’?tait le fait que Johnson soit pr?t ? envoyer Rhodes seule mener cette enqu?te qui avait rendu Chlo? aussi parano. « Est-ce que je peux te poser une question, Rhodes ? » demanda-t-elle. « Bien s?r. » « Est-ce que tu as entendu parler qu’une enqu?te interne ait ?t? ouverte sur la mani?re dont j’ai agi avec ma s?ur ? » Elle observa attentivement la r?action de Rhodes pour essayer de savoir ce qu’elle pensait, mais sa co?quipi?re garda un visage impassible. Apr?s quelques instants, elle secoua la t?te. « Non, je n’ai rien entendu de tel. Je sais qu’il y avait des questions concernant ton p?re et le fait qu’il ait enlev? ta s?ur, mais je n’ai pas entendu dire qu’il y avait une enqu?te interne sur la mani?re dont tu avais agi. » Elle h?sita un instant, avant de hausser les ?paules. « Si ce qui te pr?occupe, c’est le fait que Johnson ne t’ait pas imm?diatement assign?e sur cette affaire, je ne m’en ferais pas de trop. Je pense qu’il essayait juste de prendre en compte ton bien-?tre ?motionnel. » « Peut-?tre. » « Maintenant… c’est ? moi ? te poser une question, » dit Rhodes. « Et s’il te pla?t, ne le prends pas mal. ?a reste entre nous, mais il faut que je sache. Est-ce qu’il y a quoi que ce soit que je devrais savoir ? Est-ce qu’il a quoi que ce soit que tu aies peur qu’ils d?couvrent ? » « Non, » dit Chlo?. Elle eut l’impression d’avoir r?pondu trop vite, avec trop de vigueur dans sa voix. « Il fallait que je te pose la question, » dit Rhodes. « Avec le fait qu’on travaille ensemble sur cette affaire… Je ne suis pas en mesure de comprendre exactement ce que tu traverses, alors je ne vais pas essayer de te dire comment tu devrais te sentir. Mais j’ai besoin de savoir que tu te sens assez bien pour travailler sur cette enqu?te. En fait, j’aurais probablement d? te poser la question avant m?me que tu ailles parler ? Johnson. » « Je vais bien. » C’?tait plus ou moins vrai, mais maintenant, Chlo? ne pouvait s’emp?cher de se demander si les questions de Rhodes n’avaient pas un autre but. Est-ce que Johnson avait parl? ? Rhodes avant qu’elles partent de Washington, en lui demander d’essayer d’obtenir des infos ? Ce n’?tait pas le genre de Rhodes de poser des questions aussi personnelles. Normalement, elle pr?f?rait en rester ? un niveau plus superficiel. « Tant mieux, » dit Rhodes. « Et sache que si tu as besoin de parler ou quoi que ce soit, tu peux compter sur moi. » « Merci, » dit Chlo?. Mais ce commentaire ne fit que la rendre encore plus m?fiante. Le silence s’installa entre elles. Le GPS de Rhodes indiqua qu’elles devaient tourner dans moins d’un kilom?tre pour arriver ? leur destination, la sc?ne de crime o? la seconde victime avait ?t? assassin?e. *** Deux policiers les attendaient, comme pr?vu. Ils avaient gar? leur voiture sur le c?t? de la rue, ? quelques m?tres d’une intersection. L’un des policiers ?tait une femme rousse de tr?s grande taille. Elle leur sourit et leur indiqua la place qui se trouvait directement derri?re leur voiture de patrouille. Rhodes s’y gara, en disant : « Elle a l’air plut?t autoritaire, celle-l?. » Chlo? et Rhodes sortirent de voiture et rejoignirent les deux policiers sur le trottoir. La femme les salua en premier. Elle avait un magnifique sourire aux l?vres. Le deuxi?me policier ?tait un homme afro-am?ricain qui devait avoir la quarantaine. Il avait l’air conscient d’?uvrer dans l’ombre de sa co?quipi?re. Quand il serra la main de Chlo? et de Rhodes, en se pr?sentant sous le nom de Benson, il le fit avec un sourire terne. La femme rousse s’appelait Anderson et elle parlait avec un l?ger accent du Sud. « Enchant?e de vous rencontrer, » dit-elle, en terminant sa phrase sur une note chantante. « Alors, » dit Anderson, « les faits sont assez simples. Un type du nom de Viktor Bjurman a ?t? retrouv? sur ce trottoir hier soir. Ce sont deux adolescents ? v?lo qui l’ont d?couvert. Le sang ?tait encore frais. Il a ?t? d?clar? mort d?s l’arriv?e de l’ambulance. Le rapport qu’on a re?u ce matin d?nombre plusieurs causes de d?c?s : traumatisme cr?nien, une c?te bris?e qui lui a transperc? le c?ur, une poitrine compl?tement broy?e, ou une embolie pulmonaire. Vous avez l’embarras du choix. » « Est-ce qu’on a une id?e de l’arme qui aurait pu ?tre utilis?e ? » demanda Chlo?. « Tout le monde est d’accord pour dire qu’il s’agit d’une batte de baseball, » dit Anderson. « Le m?decin l?giste pense ?galement que c’est le cas. Mais si c’est ?a, il s’agit d’une batte en aluminium. Bjurman a ?t? frapp? avec une telle force qu’une batte en bois aurait laiss? des ?chardes. » « Est-ce qu’il y a un quelconque lien entre Bjurman et la premi?re victime ? » demanda Rhodes. « Pas qu’on sache, » dit Benson. « La premi?re victime – un type du nom de Steven Fielding – a ?t? retrouv? chez lui. Sa femme l’a d?couvert gisant sur le sol de leur salon. » « On a d’abord pens? qu’il s’agissait d’un cambriolage qui avait mal tourn?, » dit Anderson. « Quelqu’un ?tait entr? par effraction, ?tait tomb? sur le propri?taire et l’avait battu ? mort avant d’emporter quelques objets de valeur. Mais rien n’a ?t? vol?. Alors si c’?tait vraiment une entr?e par effraction, c’?tait uniquement pour tuer Fielding. » « Dans le dossier, il est indiqu? que le premier meurtre n’?tait pas aussi brutal que le second, c’est bien ?a ? » demanda Chlo?. « ?a d?pend de votre d?finition de brutal, » dit Anderson. « Il a ?t? violemment frapp? au cr?ne et au visage avec quelque chose de dur – qui pourrait ?galement ?tre une batte de baseball en aluminium. Le nez de Fielding a ?t? compl?tement broy?. C’est le truc le plus sanglant que j’ai jamais vu. » « Et d’un autre c?t?, » dit Benson, « le visage de Bjurman n’a pas ?t? frapp? une seule fois. Il n’a re?u qu’un seul coup au sommet du cr?ne. » Chlo? s’avan?a de quelques pas et regarda l’endroit du trottoir o? Viktor Bjurman avait visiblement trouv? la mort. Le sang s?ch? ?tait encore visible, bien que les ?quipes municipales de nettoyage avaient fait de leur mieux pour essayer d’en effacer toute trace. « Est-ce qu’il y a quelque chose de particulier ? cette intersection ? » demanda-t-elle. « Rien du tout, » dit Benson. « C’est juste une intersection comme les autres. » Chlo? s’avan?a jusqu’au bout de la rue et regarda sur la droite. Si c’?tait l’endroit o? Bjurman avait ?t? attaqu?, c’?tait l? que son assaillant se serait cach?. ?a aurait ?t? assez facile. Il n’y avait pas de feu rouge, juste un stop. Mais avant le stop, il y avait un ?norme ch?ne entour? de buissons qui avaient ? moiti? perdu leurs feuilles. En d?pit de ?a, ils offraient suffisamment d’espace pour que quelqu’un puisse s’accroupir derri?re pour se cacher. « Dans le dossier, il est indiqu? que Bjurman ?tait entra?neur sportif, » dit Chlo?. « Vous savez de quelle sorte ? » « Oui, c’?tait un coach personnel de fitness, » dit Anderson. « Il travaillait dans une salle de sport priv?e, mais il faisait ?galement des s?ances ? domicile. » « Dans quelle salle de sport travaillait-il ? » « Au fitness Fulbright. Cet endroit super cher avec yoga, sauna, etc. » « Et Fielding ? » demanda Rhodes. « Qu’est-ce qu’il faisait comme m?tier ? » « Vendeur de voiture le jour, barman la nuit, » dit Anderson. Pour l’instant, Chlo? ne voyait pas vraiment de lien entre les deux victimes et la mani?re dont elles avaient ?t? tu?es. Elle commen?ait ? se dire qu’il ne devait pas s’agir pas d’un tueur en s?rie. Mais il n’emp?che que deux hommes avaient ?t? violemment assassin?s. « La premi?re victime ne vivait pas ici ? Pine Point, c’est bien ?a ? » demanda Chlo?. « C’est presque comme si c’?tait le cas, » dit Benson. « Il vivait ? quelques kilom?tres, mais plus pr?s de Winchester. Une petite ville du nom de Colin. » Un autre point qui semble aller ? l’encontre de la th?orie du tueur en s?rie, pensa Chlo?. « Est-ce que quelqu’un a parl? ? la femme de Bjurman ? » demanda Rhodes. « Oui, moi, » dit Anderson. « Et c’?tait bizarre. Elle ?tait triste, bien s?r, mais pas vraiment an?antie non plus. » « Vous savez pourquoi ? » demanda Chlo?. « Elle ne m’en a rien dit. Mais vous pouvez allez lui parler, si vous voulez. Peut-?tre que vous parviendrez ? obtenir plus d’informations que moi. » Il n’y avait aucun sarcasme dans ce commentaire. Apparemment, Anderson et Benson ?taient plut?t contents que le FBI prenne la rel?ve et s’occupe de cette enqu?te. Ils rest?rent immobiles pendant que Chlo? et Rhodes prenaient quelques photos des lieux, comme s’ils attendaient impatiemment qu’elles fassent miraculeusement dispara?tre toute cette affaire. CHAPITRE CINQ Jenny Bjurman avait visiblement pleur?, mais ?a n’avait en rien alt?r? sa beaut?. Elle ?tait petite et elle avait le genre de corps que la plupart des femmes r?veraient d’avoir. Sa silhouette ?tait moul?e dans un t-shirt et un pantalon de yoga, quand elle leur ouvrit la porte et les invita ? entrer. ?a semblait une tenue un peu ?trange vu les circonstances, mais c’?tait peut-?tre tout simplement le genre de v?tements que Jenny Bjurman portait quand elle ?tait chez elle. En voyant combien elle ?tait jolie, Chlo? se demanda si son mari ?tait tout aussi attirant. « Nous appr?cions vraiment le fait que vous preniez le temps de nous recevoir, » dit Chlo?. « Nous savons que la police est d?j? venue vous poser des questions. » « Il n’y pas de soucis, » dit Jenny. Elle s’?tait assise ? la table de la cuisine et buvait un th?. « Je serai heureuse de r?pondre ? toutes les questions qui pourraient aider ? trouver le responsable. Je suis compl?tement perdue… je suis ? court de mots… ? court de tout, pour dire vrai. » « Veuillez nous excuser si on vous pose des questions que la police vous aurait d?j? pos?es, » dit Rhodes. « Mais est-ce qu’il y a quelqu’un qui aurait pu avoir envie que votre mari meure ? » « C’est ?a, le truc, » dit Jenny. « Tout le monde l’aimait. Je sais que ?a peut para?tre banal, mais c’est vrai. Je ne vois personne qui aurait pu lui vouloir du mal. » « Quelqu’un du travail ? » demanda Chlo?. « Du fitness Fulbright, peut-?tre ? » « J’en doute, » dit-elle. « Il avait pour habitude de me raconter qui se passait au boulot. De plus, tous les cours qu’il donnait au Fulbright ?taient r?serv?s ? travers le fitness, pas aupr?s de Viktor directement. Toute plainte aurait ?t? adress?e ? la direction du fitness. » « Vous dites que tout le monde l’aimait. Est-ce que vous voulez dire par l? qu’il ?tait du genre sociable ? » « Oui, il ?tait tr?s sociable. Il ?tait pr?sent ? chaque nouvelle inauguration ou ? tout ?v?nement un peu officiel. Il cherchait toujours ? aider les autres. C’?tait le genre de personne ? donner sa chemise, si c’?tait n?cessaire. » « Et que savez-vous des clients qu’il voyait ? domicile ? » demanda Rhodes. « Est-ce que vous les connaissiez ? » « Oui, je connais la plupart d’entre eux. Viktor me mettait toujours au courant quand il avait un nouveau client parce que c’?taient g?n?ralement des femmes. Il ?tait tr?s ouvert ? ce sujet. Il voulait ?tre s?r que je sache quand il allait chez l’une d’entre elles. Mais de toute fa?on, leurs maris ?taient pr?sents la plupart du temps. » « Est-ce que vous avez une liste de ses clientes ? » « Non, mais on a une liste partag?e de contacts sur nos t?l?phones. Je pense que la police a contact? le fitness Fulbright pour avoir une liste des clientes qu’il voyait ? domicile. » « Si vous pouviez nous donner le nom et le num?ro de t?l?phone de ces contacts que vous partagiez avec votre mari, ?a pourrait quand m?me nous ?tre utile, » dit Chlo?. « Oui, bien s?r, » dit Jenny. En prenant son t?l?phone, elle se mit silencieusement ? pleurer. Elle regarda l’image qui se trouvait ? l’?cran et qui la montrait en compagnie d’un homme qui devait s?rement ?tre son mari. Elle introduisit son code et commen?a ? faire d?filer ses contacts. Elle leur donna l’un apr?s l’autre le nom et le num?ro de t?l?phone des clients de Viktor. Sa voix se brisait petit ? petit, au fur et ? mesure qu’elle parcourait ce qui restait de la vie de son mari. Chlo? prit note des informations. Elle remarqua que presque tous les clients que Viktor Bjurman voyait ? domicile ?taient des femmes. Et si son physique ?tait pareil ? celui de son ?pouse, il devait s?rement faire beaucoup d’efforts pour r?sister aux propositions qu’il ne devait pas manquer de recevoir. Elle garda cette id?e dans un coin de sa t?te, pendant que Jenny Bjurman continuait d’?num?rer les clients. Apr?s sept d’entre eux, Jenny dut s’arr?ter. Elle jeta le t?l?phone ? terre d’un geste brusque et s’effondra sur la table, en laissant ?chapper un g?missement de douleur. Chlo? ramassa lentement le t?l?phone et le reposa sur la table. Ce faisant, elle put voir la photo qui ?tait affich?e ? l’?cran et se rendre compte que Viktor Bjurman ?tait en effet un tr?s bel homme. Avec Jenny, ils formaient un couple magnifique. Et bien qu’elle ne veuille pas sauter trop vite aux conclusions, Chlo? se demanda comment un homme aussi beau pouvait aller et venir chez des femmes sans que ?a irrite certains de leurs maris. *** Une fois que Jenny fut ? nouveau capable de parler, elle consulta l’emploi du temps de Viktor et leur apprit que la derni?re cliente qu’il avait vue avant de mourir, c’?tait une femme du nom de Theresa Diaz. Elle vivait dans la rue Primrose, ? moins d’un kilom?tre de la maison des Bjurman. Il ?tait midi quand Rhodes gara la voiture devant la maison des Diaz. C’?tait une jolie petite maison avec des parterres de fleurs tout autour. La porte du garage ?tait ouverte et un SUV y ?tait gar?. Les agents sortirent de voiture et Rhodes sonna ? la porte d’entr?e. Elles durent attendre quelques minutes avant que la porte soit ouverte par une jolie femme blonde. Chlo? eut une impression de d?j?-vu. En d?pit de quelques diff?rences, elle ressemblait vraiment beaucoup ? Jenny Bjurman. Et une chose que les deux femmes avaient en commun, c’?tait le fait d’avoir pleur? – mais Theresa Diaz faisait de son mieux pour le cacher. « Oui ? » dit-elle, sur un ton interrogateur. « Madame Diaz, nous sommes les agents Fine et Rhodes du FBI, » dit Chlo?. « Nous aimerions vous poser quelques questions concernant Viktor Bjurman. J’imagine que vous avez appris ce qui lui ?tait arriv? ? » « Oui, j’ai appris la nouvelle. S’il vous pla?t, entrez. » Theresa les guida ? l’int?rieur. C’?tait une petite maison, mais elle ?tait tr?s joliment d?cor?e. Chlo? entendit de la musique douce venant d’une autre pi?ce, au fond de la maison. Theresa les mena jusqu’au salon. Chlo? remarqua qu’il n’y avait pas de t?l? et que tous les fauteuils se faisaient face, semblant indiquer par l? que la famille Diaz ?tait bien plus int?ress?e par la conversation que par les s?ries t?l?. « ? quand remonte la derni?re fois o? vous avez vu monsieur Bjurman ? » demanda Rhodes. « Hier soir. Il est venu ici pour une s?ance de Pilates. » « ? quelle heure est-il parti ? » demanda Chlo?. « Je ne me rappelle pas l’heure exacte, mais la s?ance s’est termin?e ? dix-neuf heures. En g?n?ral, il part juste apr?s. Alors, il ne devait pas ?tre plus tard que dix-neuf heures cinq, par-l?… » « Excusez-moi de vous poser cette question, » dit Chlo?, « mais est-ce que votre mari ?tait pr?sent ? » « Non. » Elle s’interrompit un instant, comme si elle essayait de d?cider si elle devrait se sentir insult?e par ce que Chlo? avait l’air de sugg?rer. Finalement, elle balaya cette id?e de sa t?te et continua ? parler. « Il est en voyage d’affaires pour l’instant. Il ne rentrera que dans trois jours. Mais mon mari conna?t Viktor et il n’y a aucun probl?me ? ce qu’il vienne quand il n’est pas l?. » Il n’y avait aucune arrogance, ni aucune m?fiance dans sa voix. Elle parlait de mani?re plut?t polie, en fait. Mais il n’emp?che qu’elle avait visiblement beaucoup pleur? au cours des derni?res heures. « Est-ce que vous connaissiez monsieur Bjurman en-dehors de vos relations professionnelles ? » demanda Rhodes. « Est-ce que vous le consid?riez comme un ami ? » « Oui, bien s?r. On riait et on plaisantait beaucoup ensemble. De temps en temps, il restait prendre un verre de vin apr?s les s?ances, mais uniquement quand Mike – mon mari – ?tait ? la maison. » Chlo? r?fl?chit soigneusement ? la prochaine question qu’elle allait poser. Theresa Diaz avait bien veill? ? mentionner son mari ? plusieurs reprises au cours des vingt derni?res secondes. Elle avait ?galement fait de son mieux pour poliment fermer toute possibilit? ? l’id?e d’une ?ventuelle liaison entre elle et Viktor. Chlo? avait compris que c’?tait un sujet d?licat et que si elle insistait, Theresa allait les envoyer pa?tre. « ?a fait combien de temps que vous ?tes cliente de monsieur Bjurman ? » demanda Chlo?. « ?a fait environ un an. Il ?tait tr?s bon… » Elle s’arr?ta de parler et secoua la t?te pour reprendre ses esprits. « D?sol?e. Tout ?a, c’est vraiment soudain. Je veux dire… je l’ai vu hier soir. » « Ne vous inqui?tez pas, nous comprenons, » dit Rhodes. « Est-ce que vous avez une id?e de qui pourrait lui vouloir du mal ? » « C’est ?a, le truc, » dit Theresa. « Je ne l’ai jamais vu se disputer avec qui que ce soit. Et je n’ai jamais entendu personne parler mal de lui. » « Qu’est-ce que votre mari pense de lui ? » demanda Rhodes. Chlo? eut un sourire crisp?, en se demandant si ?a allait ?tre la question qui allait clore l’entretien. Mais non, Theresa le prit plut?t bien. Ou peut-?tre qu’elle n’avait tout simplement pas saisi la subtilit? de la question de Rhodes. « Mike s’entendait tr?s bien avec lui. Maintenant, pour ?tre tout ? fait honn?te, il n’aimait pas l’id?e qu’un homme vienne me donner des cours de fitness ? la maison quand il n’?tait pas l?. Mais quand Mike l’a rencontr?, il a chang? d’avis. Viktor ?tait un homme vraiment charmant. Tout le monde l’aimait. Je ne comprends pas comment quelqu’un pourrait vouloir le tuer. » « Est-ce que vous savez si Viktor avait des clients dans la ville de Colin ? » demanda Chlo?. « Je ne sais pas. Mais peut-?tre que sa femme pourrait obtenir cette information. » C’est courageux de sa part de mentionner la femme de Bjurman, pensa Chlo?. Parce qu’elle est clairement attir?e par lui et je ne serais pas ?tonn?e qu’ils aient eu une liaison. « Est-ce que monsieur Bjurman avait l’air particuli?rement stress? ou mal ? l’aise hier soir ? » demanda Chlo?. « Non. Et si c’?tait le cas, il l’a tr?s bien cach?. Je… je ne comprends pas… » Apparemment, personne n’avait l’air de comprendre. Et il ?tait clair qu’elles n’allaient rien apprendre de plus de Theresa Diaz. Chlo? savait que l’?tape suivante ?tait logiquement de se rendre ? Colin et voir ce qu’elles pouvaient d?couvrir concernant Steven Fielding. Mais en faisant ?a, Chlo? avait l’impression qu’elles allaient s’?loigner du meurtre de Bjurman parce qu’elle ?tait de plus en plus certaine que les deux meurtres n’avaient aucun lien entre eux. « Je ne comprends vraiment pas, » dit ? nouveau Theresa, d’une voix tremblante. Alors, on est deux, pensa Chlo?. CHAPITRE SIX « Bon, on est d’accord, n’est-ce pas ? Ils couchaient ensemble. » La question ?tait directe, mais c’?tait le genre de question ? laquelle Chlo? s’attendait tout ? fait de la part de Rhodes. « C’est aussi ce que je pense, » dit Chlo?. « Tu as remarqu? qu’elle avait pleur?, n’est-ce pas ? » « Oui, elle avait les yeux rougis et gonfl?s. Et elle parlait d’une voix tremblante. » « On comprend pourquoi elle n’a pas eu envie d’avouer qu’elle avait une liaison avec lui, » dit Chlo?. « Surtout si ce qu’elle a dit concernant la rencontre entre son mari et Bjurman est vrai. Il est logique qu’elle veuille ?viter les probl?mes. Si l’homme avec lequel elle couchait est soudain retrouv? mort, c’est tout de suite plus facile de garder la liaison secr?te. » « Je pense qu’il faut quand m?me v?rifier que son mari ?tait bien en voyage d’affaires, » dit Rhodes. « On pourrait probablement demander ? Anderson et ? Benson de confirmer cette information pour nous. » « Tu penses que le mari pourrait ?tre l’assassin ? » demanda Chlo?. « Probablement pas. Mais vu que les deux meurtres semblent n’avoir aucun lien entre eux, il vaut mieux envisager toutes les possibilit?s. » Chlo? hocha la t?te. Elle aimait vraiment ces moments o? elle se sentait en parfaite syntonie avec Rhodes. Leur collaboration n’avait pas d?but? des meilleures fa?ons, alors c’?tait agr?able de se rendre compte qu’elles ?taient parvenues ? surmonter leurs diff?rences et ? vraiment travailler ensemble de mani?re harmonieuse. « Dis, Fine ? » « Oui ? » « Qu’est-ce qui s’est vraiment pass? au Texas ? » Tout d’un coup, Chlo? ne se sentit plus du tout en harmonie avec sa co?quipi?re. Elle en voulut ? Rhodes de lui poser cette question – que ce soit ou pas sur les conseils de Johnson – mais elle ne voulait certainement pas qu’elle sache combien ?a l’aga?ait. Ce serait comme si elle avait quelque chose ? cacher. « Tu veux que j’y inclue tous les d?tails du drame familial qui va avec ? » Rhodes fit la grimace. « Je pr?f?rerais sans. Je sais combien tu d?testes parler de tout ?a. » Chlo? h?sita un instant. Elle n’?tait pas s?re de savoir comment continuer. Si Rhodes jouait la com?die, elle tenait plut?t bien son r?le. « Mon p?re et Danielle se sont disput?s chez lui, dans son appartement. Je ne sais m?me pas ? quel sujet, parce que Danielle n’a pas voulu tout me raconter en d?tails. Mais finalement, je pense que mon p?re a tout simplement p?t? un c?ble et… » « Et ? » « Rhodes, ne le prends pas mal, mais je n’ai pas vraiment envie d’en parler. Pas maintenant. ?a va m’occuper l’esprit et me d?concentrer de l’enqu?te. Tu comprends, n’est-ce pas ? » « Oui, bien s?r. » Chlo? eut l’impression qu’il y avait de la d?ception dans sa voix, mais elle n’en ?tait pas tout ? fait s?re. Elle d?testait l’id?e que Rhodes puisse l’espionner et qu’elle ait ?t? charg?e de r?p?ter ? Johnson et ? ses sup?rieurs tout ce qu’elle pourrait apprendre. Alors pour l’instant, Chlo? devait faire tr?s attention ? chaque mot qui sortait de sa bouche. En tout cas, le silence qui s’installa entre elles indiquait clairement que Rhodes ne s’?tait pas attendue ? ce que Chlo? refuse d’en dire plus. Le silence se fit de plus en plus pesant, alors que Rhodes entrait dans la petite ville de Colin. Il ?tait tellement pesant que Chlo? sursauta l?g?rement quand son t?l?phone se mit ? sonner. Elle d?crocha rapidement, en esp?rant que Rhodes n’avait pas remarqu? sa r?action. « Agent Fine. » « Agent Fine, c’est Anderson, » dit la voix chantante d’Anderson. « Je voulais vous informer qu’un policier de Colin venait juste d’arr?ter un homme. Ils pensent qu’il s’agit de l’assassin de Steven Fielding. » « Est-ce qu’il y a un lien avec Bjurman ? » demanda Chlo?. « On ne sait pas encore. Ils viennent juste de l’arr?ter. Il devrait ?tre pr?t ? ?tre interrog? d?s que vous arriverez au commissariat. » Chlo? la remercia et raccrocha. « C’?tait Anderson. Apparemment, la police de Colin aurait arr?t? l’assassin. » « L’assassin des deux victimes ? » « On ne sait pas encore. » « Alors, allons le d?couvrir, » dit Rhodes, en appuyant plus fort sur la p?dale d’acc?l?rateur. *** Le commissariat de Colin ?tait le plus petit commissariat que Chlo? avait jamais visit?. Le hall d’entr?e ?tait un carr? parfait, contenant une petite salle d’attente, un minuscule open space et un petit coin de pause. Une odeur d’a?rosol et de caf? flottait dans l’air. Mais l’endroit paraissait ?tre en parfait ?tat de fonctionnement. Tout semblait ? sa place et bien ordonn?. Quelques secondes apr?s que Chlo? et Rhodes soient entr?es dans le b?timent, un homme muscl? de petite taille vint ? leur rencontre. Il avait l’air tr?s press?. Il portait un uniforme et sa chemise ?tait tremp?e de sueur et lui collait ? la peau. Le nom de Cooper ?tait inscrit sur le badge qu’il portait ? la poitrine. « Vous ?tes les agents ? » demanda-t-il. « Oui, » dit Rhodes. « Agents Rhodes et Fine. » « Super, » dit Cooper. « Venez, suivez-moi. » Il les accompagna ? travers l’open space, vers un couloir qui donnait sur l’arri?re confin? du b?timent. Il ne prit pas la peine de les amener dans un bureau, mais il les guida directement jusqu’au bout de l’?difice, o? se trouvaient une cellule de d?tention et une salle d’interrogatoire. C’?tait certainement l’endroit o? ils avaient enferm? le suspect. « Voici ce qu’on sait, » dit Cooper. « Il y a une heure, on a re?u un appel du bar Rock & Sam. Le barman, Sam, est un bon ami ? moi, alors je suis s?r qu’on peut se fier ? sa version des faits. Il nous a racont? que ce type, Carol Hughes, un habitu?, ?tait entr? dans le bar. Il y vient souvent pour d?jeuner. Hughes a command? ce qu’il prend d’habitude et quand il a tendu le bras pour prendre sa bi?re, Sam a remarqu? la montre qu’il portait au poignet. C’?tait une montre de luxe, pas le genre de montre que porterait normalement ce type. Et Sam avait d?j? vu exactement cette m?me montre auparavant – mais au poignet de Steven Fielding. » « Vraiment ? » dit Rhodes. « Il pense avoir vu la m?me montre au poignet d’un autre type ? » « Eh bien, c’est une montre assez unique. Elle est dor?e – je ne sais pas si c’est de l’or – et elle est orn?e du logo de l’?quipe des Volunteers du Tennessee. Sam se rappelle clairement avoir vu ce logo sur la montre que Steven portait au bar il y a quelques semaines. Alors quand il a vu la montre au poignet de Hughes, il s’est rappel? que Steven avait ?t? assassin? quelques jours plus t?t, lors d’une tentative de cambriolage. Il nous a discr?tement appel?s. C’est moi qui ai r?pondu ? l’appel et je suis all? au bar pour arr?ter le type. Il a presque piss? dans son froc quand il a vu arriver la police. Il a r?sist? mais il n’a rien avou?. » « ?a para?t plut?t clair, tout ?a, » dit Chlo?. « Si vous voulez voir la montre, elle fait maintenant partie des pi?ces ? conviction. On a relev? les empreintes et on y a retrouv? celles de deux personnes. Je suis quasiment s?r qu’elles appartiennent ? Fielding et ? notre suspect. » « ?a ne va pas ?tre n?cessaire, » dit Chlo?. « Je pense que parler au suspect sera suffisant. » « Il est tout ? vous. Et n’h?sitez pas ? m’appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit. » Sur ces mots, Cooper ouvrit la porte de la salle d’interrogatoire, qui se trouvait ? c?t? de la cellule de d?tention. Il y avait une table au milieu de la pi?ce, ? laquelle le poignet droit de Carol Hughes avait ?t? menott?. Quand Chlo? et Rhodes entr?rent dans la pi?ce, Hughes eut l’air sur le point de bondir de sa chaise. C’?tait un homme ? l’allure plut?t banale. Une visite chez le coiffeur ne lui aurait pas fait de mal, car ses favoris ?taient broussailleux et de longues m?ches de cheveux lui collaient au front. Il ?carquilla les yeux en les voyant entrer et un air surpris envahit son visage. Chlo? commen?ait ? se demander si on ne l’avait pas mise en ?quipe avec Rhodes afin d’exp?rimenter une th?orie selon laquelle les suspects seraient souvent pris au d?pourvu en voyant que deux petits bouts de femmes comme elles avaient ?t? envoy?es pour enqu?ter. Et le fait d’?tre d?concert? pouvait faire perdre leurs moyens aux pires criminels. Si le FBI cherchait vraiment ? prouver cette th?orie, Hughes aurait ?t? un bon sujet d’?tude. « Qui ?tes-vous ? » demanda-t-il. Chlo? s’approcha de la table et lui montra son badge. Il n’y avait aucune chaise de leur c?t?, alors elles rest?rent debout. « Quel est votre lien avec Steven Fielding ? » demanda Chlo?. « Aucun. Je le voyais parfois au bar. Apparemment, il avait l’air d’avoir de l’argent. » « C’est plut?t idiot de porter une montre que vous avez vol?e chez lui. Surtout apr?s l’avoir tu?. Vous ne trouvez pas ? » La col?re envahit le visage d’Hughes, mais ce ne fut que temporaire. Apparemment, il s’?tait rendu compte qu’il s’?tait attir? de s?rieux probl?mes et il se calma instantan?ment. « Ce n’?tait pas intentionnel, » dit-il. « Qu’est-ce qui n’?tait pas intentionnel ? » demanda Rhodes. Hughes eut l’air de r?fl?chir pendant un instant. Chlo? avait d?j? vu ?a. M?me quand ils se retrouvaient confront?s ? leurs crimes et qu’ils savaient parfaitement qu’ils s’?taient fait prendre, il ?tait souvent tr?s dur pour les humains d’admettre qu’ils avaient d?pass? les limites. « ?coutez, je sais que c’?tait mal, mais j’avais juste besoin d’un peu d’argent, vous voyez ? J’ai perdu mon boulot il y a trois mois et les factures… eh bien, elles n’arr?tent pas de s’accumuler. Et ma copine… elle ne veut pas se marier avec moi tant que je ne suis pas un peu plus stable… » « Et c’est pour ?a qu’un cambriolage vous a paru la meilleure chose ? faire ? » dit Rhodes. Chlo? avait pens? exactement la m?me chose, mais elle ne voyait pas l’int?r?t de contrarier un suspect. En g?n?ral, tout ce que ?a amenait, c’?tait que le suspect fasse tra?ner encore un peu plus les choses. Franchement, dans le cas d’Hughes, elle s’?tait ?galement retenue de lui dire que s’il n’avait plus de travail depuis trois mois, tra?ner dans les bars n’?tait probablement pas la meilleure id?e. « Racontez-nous ce qui s’est pass?, » dit Chlo?. « Je le suivais depuis quelques jours et je connaissais son emploi du temps. Je ne pensais pas qu’il serait chez lui. J’allais juste entrer et sortir, c’est tout. » Il s’interrompit un instant et au d?but, Chlo? crut qu’il allait se mettre ? pleurer. Mais l’expression de peur qui avait envahi son visage fit bient?t place ? l’effroi. Hughes commen?ait ? r?aliser la gravit? de ce qu’il avait fait. « Mais quand je suis entr?, il ?tait l?, sur le divan. J’avais un pied-de-biche en main parce que je m’attendais ? devoir entrer par effraction. Quand il s’est jet? sur moi et qu’on s’est mis ? se battre, j’ai… j’ai perdu le contr?le. J’?tais surpris et effray?, et j’ai juste… j’ai commenc? ? le frapper avec le pied-de-biche. Et je n’arrivais pas ? m’arr?ter… je n’y arrivais pas… » « Qu’est-ce qui a fini par vous faire arr?ter ? » demanda Rhodes. « J’ai entendu la porte du garage s’ouvrir. C’?tait sa femme qui rentrait. Et il fallait que je sois parti avant qu’elle rentre ? la maison. Je n’ai jamais voulu faire de mal ? qui que ce soit, et encore moins commettre un crime… mais j’ai entendu la porte du garage et je me suis arr?t?. J’ai vu ce que j’avais fait et… » Il s’interrompit. Il ne parvenait toujours pas ? le formuler avec des mots. « Continuez, » l’encouragea Chlo?. « Je savais qu’il ?tait mort et il fallait que je prenne quelque chose, n’importe quoi. J’ai pris sa montre et l’argent qu’il avait dans son portefeuille. Quatre-vingt-deux dollars. » « Et vous ?tes parti ? » demanda Chlo?. « Par la porte d’entr?e ? » Hughes hocha la t?te. « J’ai entendu la porte du garage se refermer. Sa femme a d? me rater de quelques secondes. » « Vous pensiez qu’il ?tait mort quand vous ?tes parti de l? ? » demanda Rhodes. « Je n’en ?tais pas s?r ? cent pourcents. » Il s’?tait mis ? trembler et les menottes cliquet?rent contre la barre ? laquelle elles ?taient accroch?es. « Mais son cr?ne… et tout ce sang, je me suis dit qu’il ?tait impossible qu’il soit encore vivant. Et s’il n’?tait pas encore mort… il le serait bient?t… » « Monsieur Hughes, est-ce que vous connaissez un homme du nom de Viktor Bjurman ? » La question parut le surprendre, peut-?tre parce que ?a n’avait aucun lien avec ce qu’il avait fait. Il r?fl?chit un instant, avant de secouer la t?te. « Non. Non, je ne connais personne de ce nom. » « Est-ce que vous vous ?tes rendu ? Pine Point au cours de la semaine qui vient de s’?couler ? » demanda Chlo?. « Oui. Il y a un petit magasin di?t?tique ? Pine Point. C’est l? que j’ach?te mes vitamines. C’?tait… vendredi dernier, je pense. » Chlo? s’?loigna un peu de la table. Elle regarda Hughes et r?fl?chit aux r?ponses qu’il leur avait donn?es. N’importe quel menteur pourrait concocter un r?cit comme celui-l?. Mais il fallait ?tre un vrai sociopathe pour pouvoir en arriver ? certains d?tails, comme les tremblements de son corps ou l’expression de frayeur sinc?re qu’elle avait vue sur son visage. D’apr?s son exp?rience et en se basant sur son instinct, elle pensait qu’il disait la v?rit? – et il ?tait terrifi? par les cons?quences de ses actes. Le fait qu’il ajoute ce petit d?tail concernant l’endroit o? il achetait ses vitamines avait fini par la convaincre totalement. Et compte tenu de ?a, elle ?tait s?re que ce n’?tait pas l’homme qui avait tu? Viktor Bjurman. Les deux meurtres n’avaient donc aucun lien entre eux. Bien s?r, c’?tait agr?able de se rendre compte que son instinct ne l’avait pas tromp?e, mais c’?tait ?galement frustrant parce qu’elles se retrouvaient de nouveau ? la case d?part en ce qui concernait le meurtre de Bjurman. « Monsieur Hughes, nous allons laisser la police locale vous poser des questions concernant votre emploi du temps entre le moment o? vous avez involontairement tu? monsieur Fielding et le moment o? vous avez ?t? arr?t?. Si tout se tient, le FBI n’aura pas besoin d’?tre impliqu?. Vous avez compris ? » Il hocha la t?te. Il avait toujours l’air aussi surpris. « Je ne comprends pas comment tout ?a a pu arriver. Je ne… » « Vous avez d’autres questions, agent Rhodes ? » demanda Chlo?. « Non, aucune. » Les agents laiss?rent Hughes seul dans la pi?ce. Il avait maintenant un air effray? et surpris sur le visage. D?s qu’elles furent sorties, Cooper apparut au bout du couloir. Il se rua vers elles. Il ?tait accompagn? d’un autre policier et ils avaient tous les deux l’air perplexe. « Il y a quelque chose qui ne va pas ? » demanda-t-il. « Non, » dit Chlo?. « Vous avez fait du tr?s bon boulot. C’est votre type, mais ce n’est pas celui qu’on cherchait. Si vous pouviez v?rifier son emploi du temps au cours des derniers jours, on devrait pouvoir confirmer qu’il n’a rien ? voir avec le meurtre de Viktor Bjurman. » « OK… Je ne croyais pas non plus qu’il ?tait responsable de ce meurtre, » dit Cooper. « J’ai d?j? du mal ? imaginer qu’il soit capable de faire ce qu’il a fait ? Fielding. Je veux dire par l?… est-ce que vous avez vu les photos ? » Ne voulant en aucune mani?re influencer leur jugement, Chlo? se contenta de hocher la t?te. Elle tendit sa carte de visite ? Cooper et dit, « Une fois que vous aurez obtenu son emploi du temps, est-ce que vous pourriez nous appeler ? » « Bien s?r, » dit Cooper. « Merci pour le temps que vous nous avez consacr?, » dit Rhodes. Elles prirent cong? et se dirig?rent vers l’avant du commissariat. Chlo? n’aimait pas partir aussi abruptement, mais il n’y avait vraiment rien d’autre qu’elles pouvaient faire. En retournant vers leur voiture, Chlo? se creusa les m?ninges pour essayer de trouver la moindre chose qu’elles pourraient faire pour confirmer ? cent pourcents que Carol Hughes n’avait pas tu? Bjurman – m?me si n’importe quel policier un peu dou? serait tout ? fait capable d’arriver ? cette conclusion, rien qu’en passant deux minutes en sa compagnie. « C’est tant mieux pour la police de Colin, » dit Rhodes, en s’asseyant derri?re le volant. « Je doute que ces types aient souvent ce genre de meurtres ? ?lucider. » « Oui, tant mieux pour eux, » dit Chlo?. Puis elle ajouta : « Tu l’as ?galement remarqu?, n’est-ce pas ? Il ?tait terrifi? par ce qu’il a fait… on aurait presque dit qu’il n’arrivait toujours pas ? y croire. » « Oui, j’ai vu. Ce n’est pas vraiment comme ?a que r?agirait quelqu’un qui aurait brutalement assassin? deux hommes. » « On peut toujours v?rifier s’il n’aurait pas un alibi. Et on verra ce que Cooper et ses hommes d?couvrent de leur c?t?. » « Je suis d’accord, » dit Rhodes. « Mais qu’est-ce qu’on fait en attendant ? » Chlo? r?fl?chit, avant de hausser les ?paules. « On va d?jeuner ? » C’?tait s’avouer vaincu sans vraiment l’admettre. Bien que le fait de traduire un assassin en justice soit loin d’?tre une d?faite, l’?vidence de l’affaire Carol Hughes mettait un frein ? l’enqu?te sur le meurtre de Bjurman. En l’absence d’un lien entre Fielding et Bjurman, Chlo? savait qu’elles allaient ?tre retir?es de l’enqu?te. Et la mort de Bjurman deviendrait l’affaire de la police locale. Et cette peur lui r?v?lait ?galement autre chose : elle tenait vraiment ? garder cette enqu?te parce qu’elle n’?tait vraiment pas pr?te ? retourner au drame de sa vie personnelle. *** Leur d?jeuner se composa de pizzas et de salades dans un restaurant du coin. Elles mang?rent en silence, certaines que Johnson ou l’un de ses sous-fifres allaient les appeler ? tout moment pour leur dire de rentrer. Rhodes avait appel? le FBI en partant de Colin pour les mettre au courant des derni?res avanc?es. Et Chlo? n’avait aucun doute que leur visite ? Pine Point ?tait sur le point de se terminer. « Il y a toujours quelque chose dans tout ?a qui te chipote ? » demanda Rhodes. « Pourquoi tu poses la question ? » Rhodes haussa les ?paules et s’essuya les doigts sur une serviette o? ?tait d?j? accumul?e de la graisse de leur pizza. « Tu as l’air contrari?e… comme si tu avais perdu quelque chose. » « Peut-?tre un peu, » admit Chlo?. « Je suis s?re qu’Hughes n’a pas tu? Bjurman. Mais toute cette histoire avec Bjurman… il y a quelque chose avec Theresa Diaz qui cloche. M?me si elle avait avou? coucher avec Bjurman – ce dont je suis certaine, d’ailleurs – je pense qu’il y a encore autre chose… quelque chose qu’elle veut garder secret. » « S’ils couchaient ensemble, peut-?tre que c’?tait plus qu’une simple relation extra conjugale, » sugg?ra Rhodes. « Peut-?tre qu’ils ?taient amoureux l’un de l’autre ? » « Peut-?tre. » Le silence s’installa ? nouveau entre elles. Il restait un quart de pizza mais elles avaient toutes les deux assez mang?. Chlo? sentit un l?ger changement en elle, en se rendant compte que rentrer devenait de plus en plus une possibilit?. Bien qu’elle soit soulag?e d’?tre loin de tout ce drame avec Danielle – m?me si elle n’?tait qu’? une heure et demie de l? – elle ?tait encore vraiment pr?occup?e par la mani?re dont sa s?ur allait r?agir quand le FBI allait la contacter. Elle avait l’estomac vraiment serr? en y pensant. Quand le t?l?phone de Rhodes se mit ? sonner, elles sursaut?rent l?g?rement. ?a devait s?rement ?tre Johnson et Chlo? dut faire un effort pour ne pas se sentir vex?e qu’il ait choisi d’appeler Rhodes plut?t qu’elle. Chlo? ?couta d’une oreille attentive, tout en essayant de ne pas avoir l’air int?ress?e par la conversation. Mais en entendant les r?ponses de Rhodes, Chlo? sut tout ce qu’elle avait besoin de savoir. Quand Rhodes raccrocha, l’expression de son visage le lui confirma. Rhodes ?tait l?g?rement agac?e mais aussi un peu soulag?e. « Il veut qu’on rentre ? Washington et qu’on passe par le commissariat de Colin avant de rentrer, » dit Rhodes. « Et ? mon avis, on devrait arriver ? Washington juste ? temps pour l’heure de l’ap?ro. » Elles pay?rent l’addition et reprirent la route vers le commissariat de Colin. En chemin, elles pass?rent devant l’intersection o? Viktor Bjurman avait ?t? assassin?. Il n’y avait plus aucune voiture de patrouille et l’endroit ressemblait ? n’importe quel autre coin de rue en Am?rique. Et ?a aga?a Chlo?. Elle savait qu’il y avait des r?ponses ? cet endroit qui pourraient ne jamais ?tre trouv?es – des r?ponses qui resteraient ? jamais hors de sa port?e. CHAPITRE SEPT Danielle ?tait ? moiti? pompette quand quelqu’un frappa ? sa porte. Elle se saoulait pour mettre un point final ? ce passage de sa vie et pour l’enterrer au fin fond de sa m?moire. Elle n’avait pas pu retourner travailler hier soir, ni ce soir d’ailleurs. Mais elle recommen?ait demain avec le service de l’apr?s-midi et du soir. Elle n’aurait jamais pens? ?tre aussi contente de revoir le club de strip-tease et de sentir ? nouveau les odeurs d’alcool et de parfum bon march? ?manant des types qui se trouvaient autour du bar. Elle ?tait impatiente de retourner travailler. Mais avant ?a, elle allait se prendre une bonne cuite. ?a faisait un petit temps qu’elle ne s’?tait plus saoul?e toute seule. Beaucoup de gens consid?reraient s?rement ?a path?tique et triste, mais elle avait toujours trouv? ?a lib?rateur. Quand on frappa ? la porte, elle avait d?j? descendu trois margaritas qu’elle s’?tait elle-m?me pr?par?es – un m?lange parfait qu’elle avait appris au boulot. Elle se dirigea vers la porte, en se demandant si c’?tait Chlo? qui venait pour rediscuter de tout ?a en face ? face. Danielle esp?rait presque que ce soit le cas. Avec la quantit? de t?quila qu’elle avait bue, elle serait certainement plus encline ? raconter certaines choses qu’elle aurait normalement gard?es pour elle. Mais quand elle ouvrit la porte, ce ne fut pas Chlo? qu’elle trouva de l’autre c?t?. Un homme se tenait devant elle, v?tu d’un costume que Danielle avait toujours consid?r? comme l’accoutrement parfait pour des cr?tins. Vu que sa s?ur travaillait au FBI, elle reconnut tout de suite l’expression bien trop s?rieuse qu’il avait sur le visage. C’?tait un agent f?d?ral. Il ?tait d’origine asiatique et il avait un sourire faux aux l?vres. « Danielle Fine, c’est bien ?a ? » dit l’homme. « Oui, c’est moi. Et vous ?tes… ? » « L’agent Shin, du FBI. » Il lui montra son badge et lui laissa le temps de l’examiner avant de le refermer et de le ranger dans la poche int?rieure de sa veste. « Est-ce que je peux entrer ? » « Est-ce que je peux vous demander de quoi il s’agit ? » demanda Danielle. « Eh bien, bien que je ne connaisse pas personnellement votre s?ur, j’ai entendu parler de l’?preuve que vous avez travers?e au Texas. C’est une histoire qui a fait le tour du FBI. On m’a demand? de venir voir comment vous alliez. » « Qui vous l’a demand? ? » « Mon sup?rieur. Il y a encore quelques zones d’ombre sur ce qui s’est pass? au Texas et on essaie juste d’y voir un peu plus clair. Bien s?r, nous avons ?galement ?clairci tout ?a de mani?re interne avec votre s?ur, mais nous avons ?galement besoin de certaines confirmations de votre part. » Elle le regarda d’un air bizarre et ouvrit la porte pour le laisser entrer. Elle se rappela que Chlo? lui avait dit au t?l?phone qu’il y avait une enqu?te interne en cours et que si quelqu’un venait lui poser des questions, elle devait rester calme et coop?rer. Refuser qu’un agent f?d?ral rentre chez elle aurait ?t? tout ? fait contraire ? ces recommandations. Elle fit un pas sur le c?t? et ouvrit la porte toute grande, pour laisser entrer l’agent Shin. Danielle s’assit ? la table de la cuisine, indiquant poliment par l? qu’elle n’avait pas l’intention de le laisser entrer plus loin. Shin comprit le message et s’appuya contre le plan de travail. « Tout d’abord, » dit-il, « je voudrais savoir comment vous allez. Je sais que vous avez ?t? bless?e au cours des ?v?nements. » « Merci de poser la question, » dit-elle, tout en faisant de son mieux pour rester polie et agr?able. « Mais ?a va beaucoup mieux. Je retourne travailler demain et – autant l’avouer tout de suite – j’ai un peu bu pour c?l?brer. » Elle fit un geste de la t?te en direction du blender contenant les restes de margarita. Shin sourit et dit, « Je suis ravi que vous alliez mieux. Maintenant, il faut que je vous pose une question et je suis d?sol? si c’est un peu trop personnel, mais avez-vous l’intention d’insister pour qu’on recherche votre p?re ? » « Non, » dit-elle, sans h?siter. « Qu’il aille se faire foutre. Le seul cas de figure o? je m’int?resserais ? nouveau ? lui, c’?tait s’il revenait ? Washington et qu’il s’attaquait ? nouveau ? moi ou ? ma s?ur. » « Eh bien, comme vous le savez, sa description a ?t? envoy?e ? plusieurs bureaux sur le terrain. Mais on ne peut pas en faire une priorit? sans que vous le demandiez explicitement. » Danielle haussa les ?paules et but une gorg?e de sa margarita. « Je peux en reparler avec ma s?ur mais je pense qu’on en a fini avec lui. » Shin hocha la t?te, comme s’il comprenait parfaitement. Danielle sentit une pointe de frayeur lui traverser le corps. Elle se revit creuser h?tivement un trou, y jeter le corps de leur p?re et le recouvrir de terre. Avaient-elles creus? assez profond ? ?tait-il possible qu’un animal soit d?j? venu le d?terrer ? « Je comprends, » dit Shin. « Si ?a ne vous d?range pas, j’aimerais vous poser encore quelques questions concernant ce qui s’est pass?. » « Encore ? Vraiment ? » « Je sais. Mais vu que votre s?ur est agent f?d?ral, nous devons vraiment nous assurer de tout bien comprendre. » « Oui, j’imagine, » dit-elle. Elle se rendait bien compte qu’elle ?tait saoule. Un seul lapsus ou le moindre ?cart par rapport au r?cit qu’elles avaient donn? jusqu’? pr?sent, et elles pourraient avoir de s?rieux probl?mes. « Est-ce que vous savez combien de temps exactement vous ?tes rest?e dans cet abattoir abandonn? ? Millseed ? Combien de temps est-ce que votre p?re vous y a gard?e ? » « Je n’en suis pas vraiment certaine. Peut-?tre un peu plus d’une journ?e. Je suis presque s?re que nous y sommes arriv?s dans l’apr?s-midi, un peu avant le coucher du soleil. Et je pense qu’il y a eu une autre journ?e et une autre soir?e apr?s ?a. Mais c’?tait difficile ? dire depuis l’int?rieur de cet endroit, vous savez ? » « Oh, j’en suis s?r. » C’est ?a, oui, pensa Danielle. Il ?tait clair que tout ce qu’il essayait de faire, c’?tait de la coincer. « Est-ce que vous pouvez me dire ce qui s’est pass? quand Chlo? est arriv?e ? » « C’est un peu flou, » dit-elle. « Je n’?tais pas consciente tout le temps, vous savez ? Je suis presque s?re de m’?tre plusieurs fois ?vanouie… j’?tais peut-?tre fatigu?e ou peut-?tre juste ? cause de tout ?a. Je ne sais pas. Mais je pense me rappeler que Chlo? et mon p?re se sont mis ? se hurler dessus. Chlo? a sorti son arme et… » Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=56037698&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.