Êàêîå, â ñóùíîñòè, íåëåïîå çàíÿòèå ïèñàòü ñòèõè: ......................è "ãëàç ëóíû", è "ñîëíöà äèñê" êàê ìèð ñòàðû. ............................Äóøè øèðîêèå îáúÿòèÿ òîëïå íàâñòðå÷ó ðàñïàõíóòü... - ................................................ïîäîáíûé ðèñê ê ÷åìó òåáå? - ........................Ãëóõîé ñòåíîé - íåïîíèìàíèå; ðàçäàâëåí òÿæåñòüþ

Si elle entendait

Si elle entendait Blake Pierce Un myst?re Kate Wise #7 « Un chef-d’?uvre de thriller et de myst?re. Blake Pierce est parvenu ? cr?er des caract?res avec un c?t? psychologique tellement bien d?crit, que nous avons l’impression de pouvoir p?n?trer leur esprit, suivre le cheminement de leurs pens?es et nous r?jouir de leurs r?ussites. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’? la derni?re page. » –-Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Sans Laisser de Traces) SI ELLE ENTENDAIT (Un myst?re Kate Wise) est le volume 7 d’une nouvelle s?rie thriller psychologique par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de Une fois partie (volume 1) (t?l?chargement gratuit), un bestseller n?1 ayant re?u plus de 1 000 critiques ? cinq ?toiles. Deux adolescentes, rentr?es chez elles de l’universit? pour les vacances d’hiver, sont retrouv?es assassin?es dans leur ville natale. Il y a visiblement un tueur en s?rie qui se d?cha?ne et le FBI est perplexe – mais est-ce que l’agent Kate Wise, cinquante-six ans, qui se remet encore de son accouchement, pourra entrer dans cet esprit tordu et l’arr?ter avant qu’une autre fille soit assassin?e ? Un thriller riche en action avec un suspense qui vous tiendra en haleine, SI ELLE ENTENDAIT est le volume 7 d’une fascinante nouvelle s?rie qui vous fera tourner les pages jusqu’? des heures tardives de la nuit. Le volume 8 dans la s?rie MYST?RE KATE WISE sera bient?t disponible. Blake Pierce SI ELLE ENTENDAIT si elle entendait (un myst?re kate wise—volume 7) b l a k e   p i e r c e Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie ? succ?s myst?re RILEY PAIGE, qui comprend dix-sept volumes. Black Pierce est ?galement l’auteur de la s?rie myst?re MACKENZIE WHITE, comprenant treize volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re AVERY BLACK, comprenant six volumes ; de la s?rie myst?re KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la s?rie myst?re MAKING OF RILEY PAIGE, comprenant six volumes ; de la s?rie myst?re KATE WISE, comprenant sept volumes ; de la s?rie myst?re suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant six volumes ; de la s?rie thriller suspense psychologique JESSE HUNT, comprenant sept volumes (pour l’instant) ; de la s?rie thriller suspense psychologique AU PAIR, comprenant deux volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re ZO? PRIME, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; et de la nouvelle s?rie myst?re AD?LE SHARP. Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com/) afin d’en apprendre davantage et rester en contact. Copyright © 2020 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d'autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou qu'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright Lukiyanova andreiuc88, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE LES MYST?RES DE AD?LE SHARP LAISS? POUR MORT (Volume 1) CONDAMN? ? FUIR (Volume 2) CONDAMN? ? SE CACHER (Volume 3) LA FILLE AU PAIR PRESQUE DISPARUE (Livre 1) PRESQUE PERDUE (Livre 2) PRESQUE MORTE (Livre 3) LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER ID?AL (Volume 2) LA MAISON ID?ALE (Volume 3) LE SOURIRE ID?ALE (Volume 4) LE MENSONGE ID?ALE (Volume 5) LE LOOK IDEAL (Volume 6) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4) DE RETOUR ? LA MAISON (Volume 5) VITRES TEINT?ES (Volume 6) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5) SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6) SI ELLE ENTENDAIT (Volume 7) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4) LA TRAQUE (Tome 5) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) MANQUE (Tome 16) CHOISI (Tome 17) UNE NOUVELLE DE LA S?RIE RILEY PAIGE R?SOLU S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11) AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12) AVANT QU’IL NE HARC?LE (Volume 13) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) CHAPITRE UN Avant m?me que le b?b? soit n?, Kate avait ?t? surnomm?e la M?re miracle. Quand elle avait appris qu’elle allait avoir un enfant ? cinquante-sept ans, Kate n’en avait parl? qu’? Allen et ? M?lissa. Elle n’en avait pas parl? au boulot. Ni ? DeMarco, ni ? Duran… ? personne. Mais la nouvelle s’?tait quand m?me propag?e. ? cinq mois de grossesse, tout le FBI ?tait au courant et elle avait commenc? ? recevoir de nombreux appels de journalistes. Bizarrement, au moment o? le m?decin v?rifiait la dilatation de son col, elle repensa ? la premi?re journaliste qui l’avait appel?e. Kate avait trouv? un peu ridicule que la nouvelle de sa grossesse fasse les gros titres. Mais comme les m?decins le lui avaient dit et comme elle avait pu le v?rifier sur Google, il ?tait tr?s rare pour une femme de plus de cinquante ans de tomber enceinte – et encore plus rare que la grossesse aille jusqu’? son terme. Et pourtant… elle avait perdu les eaux huit heures plus t?t, son col ?tait dilat? de huit centim?tres et son m?decin venait de lui annoncer que le moment ?tait venu. La premi?re journaliste qui l’avait appel?e travaillait pour le magazine Maman et B?b?. Kate avait uniquement r?pondu ? son appel pour ne pas ?tre impolie. Elles s’?taient parl? ? deux reprises par t?l?phone. La deuxi?me conversation avait ?t? plus centr?e sur la facult? de Kate ? maintenir une seconde carri?re au sein du FBI. La journaliste s’?tait adress?e ? Kate comme si elle ?tait une sorte de superwoman. Kate ne savait pas pourquoi, mais il y avait eu quelque chose dans cette interview qui l’avait chipot?e tout au long de sa grossesse. Parce que personne ne devrait me consid?rer comme un exemple, pensa Kate, alors qu’une contraction douloureuse lui traversait le corps. C’est une v?ritable torture. Elle ne se rappelait pas qu’avec M?lissa, ?a ait ?t? aussi difficile. Bien s?r, ?a remontait ? presque trente ans. ?a avait ?t? une grossesse pr?vue et aucun journaliste ne l’avait appel?e. Sa grossesse n’?tait pas pass?e au journal du soir et on ne lui avait donn? aucun surnom, comme celui de M?re miracle. « Kate ? » dit le m?decin. Sa voix interrompit le cheminement de ses pens?es et elle se concentra sur la douleur de la prochaine contraction. « Tu es toujours l? ? » « Oui, oui. » C’?tait vrai, bien que tout autour d’elle lui semblait flou. Sa grossesse avait ?t? ? risque. Quelques pr?occupations avaient surgi d?s le quatri?me mois. Il y avait un risque que le b?b? ait un faible poids ? la naissance et il y eut ?galement un moment o? les battements de son c?ur avaient consid?rablement ralenti. Mais finalement, il ?tait bien l?. Il arrivait trois semaines ? l’avance et avec un poids de seulement cinq cents grammes en-dessous du poids consid?r? comme normal. « Il arrive, Kate. Il va falloir que tu pousses, OK ? Pousse une derni?re fois et ton petit gar?on sera… » Kate poussa et la pi?ce se mit ? tourner autour d’elle. Elle ?tait vaguement consciente de la pr?sence d’Allen ? ses c?t?s. Il lui tenait la main et son visage ?tait juste ? c?t? du sien. Il l’encourageait du mieux qu’il pouvait. Kate laissa ?chapper un g?missement, en faisant tout son possible pour ne pas hurler. Sa vue se brouilla, juste au moment o? elle entendit le premier hurlement de son fils. Elle sentit le m?decin poser le b?b? sur sa poitrine. Elle le prit dans ses bras et se mit ? pleurer. Elle n’aimait pas du tout le mot miracle, car il avait ?t? utilis? ? tort et ? travers ces derniers mois. Mais en sentant son b?b? contre son corps de pr?s de soixante ans, elle supposait qu’il n’y avait pas vraiment d’autre mot… c’?tait bien un miracle. Ce fut sur cette pens?e agr?able qu’elle sentit l’?puisement l’envahir et sa vision se troubler peu ? peu, avant de sombrer dans un sommeil profond. *** Au cours des semaines qui avaient suivi, Kate avait plong? dans une profonde d?pression. Maintenant que son fils ?tait l? – ils l’avaient appel? Michael, comme son mari d?c?d? – elle commen?ait ? se rendre compte des nombreux inconv?nients li?s au fait d’?tre m?re ? cinquante-sept ans. Tout d’abord, il fallait qu’elle accepte le fait qu’elle ?tait devenue m?re et grand-m?re au cours des dix-huit mois qui venaient de s’?couler. Il y avait aussi le fait qu’elle aurait pr?s de quatre-vingts ans lorsque son fils commencerait ? faire ses ?tudes. Et en pensant ? l’universit?, elle se rendit compte que ?a impliquerait des frais. Elle avait suffisamment d’argent ?pargn?, mais elle avait fait d’autres projets – elle avait plut?t pens? qu’elle l’utiliserait pour voyager. Mais maintenant, ces projets allaient devoir changer. Elle se demandait ?galement comment Allen allait g?rer tout ?a. Jusqu’? pr?sent, il avait ?t? g?nial. Il l’avait vraiment soutenue tout au long de la grossesse et il avait eu l’air vraiment heureux de devenir p?re. Mais maintenant, leur fils ?tait l? et il changeait leurs vies… surtout celle d’Allen. Apr?s sa naissance, Michael avait d? rester trois semaines ? l’h?pital au service de n?onat, jusqu’? ce qu’il ait pris un peu de poids. Kate n’avait pas pu le voir souvent, car il lui avait fallu plus de temps que pr?vu pour se remettre de l’accouchement. Son nerf f?moral avait ?t? touch? et elle perdait parfois toute sensation dans ses jambes. Mais elle avait fini par pouvoir sortir de l’h?pital apr?s onze jours. Vingt jours apr?s sa naissance, Michael put ?galement rentrer ? la maison. Il pesait deux kilos quatre cents cinquante quand Kate le coucha pour la premi?re fois dans son berceau. Pendant les deux jours qui suivirent, Kate se comporta comme une m?re obsessive. Quand il dormait, elle allait v?rifier toutes les demi-heures s’il respirait toujours. Elle gardait Allen ? l’?il quand il tenait leur fils dans ses bras et elle n’avait m?me pas laiss? M?lissa s’approcher de lui. Ces deux jours l’avaient compl?tement ?puis?e et c’?tait s?rement pour ?a qu’elle avait fini par sombrer dans une d?pression. Elle resta couch?e dans son lit pendant huit jours, en ne se levant que pour aller ? la toilette ou pour prendre une douche. Pendant ce temps-l?, Allen s’?tait retrouv? seul avec Michael et une nuit, Kate l’avait entendu sangloter. Le huiti?me jour, ce fut M?lissa qui parvint ? la convaincre ? se lever de son lit. Ce jour-l?, Kate entendit frapper ? la porte de sa chambre et elle r?pondit d’une voix endormie, en supposant que c’?tait Allen : « Oui, entre. » Quand elle vit que c’?tait M?lissa, elle eut envie de pleurer, mais sans vraiment savoir pourquoi. Elle se redressa sur son coude, mais elle sentit une vive douleur en le faisant. Rester couch?e au lit l’avait compl?tement endolorie. « Lissa, » dit-elle. « Quelle bonne surprise. » M?lissa s’assit au bord du lit et prit la main de sa m?re. « Comment tu vas, maman ? » « Je ne sais pas, » r?pondit-elle. « Fatigu?e. ?puis?e. D?prim?e. » « Tu as encore des probl?mes avec tes jambes ? » « Non. On dirait que ?a va mieux depuis que je suis rentr?e ? la maison. » « Tant mieux. Ce sera plus facile pour moi de te dire ce que je suis venue te dire, en sachant que tes jambes ne te posent plus de probl?mes. » « Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Kate. « Je t’aime, maman. Mais il est temps que tu sortes de ce lit. » « J’aimerais bien… vraiment. Mais je… » « Non, maman. Allen n’a pas arr?t? toute la semaine. J’ai essay? de l’aider du mieux que j’ai pu, mais il ne me laisse pas faire grand-chose car il a un peu peur de ta r?action. ?coute… je sais que ?a t’effraie, mais il faut que tu affrontes la situation. Tu as cinquante-sept ans et tu viens d’avoir un b?b?. Et tu as surv?cu. Maintenant, c’est le moment d’?tre une m?re. Et je peux te dire que tu es plut?t bonne dans ce r?le-l?, et je sais de quoi je parle. » Kate s’assit et regarda sa fille d’un air pr?occup?. « Allen… est-ce qu’il va bien ? » « Non. Il est ?puis? et il a peur que tu t’enfonces de plus en plus dans la d?pression. Mais je lui ai dit qu’il s’enl?ve tout de suite cette id?e de la t?te. Que tu ?tais une vraie rock star. Il m’a racont? comment tu avais travers? ces mois de grossesse. Et j’ai vu l’?nergie dont tu ?tais capable au moment de reprendre ta carri?re au FBI l? o? tu l’avais laiss?e. Tu y es parvenue… alors tu arriveras ?galement ? faire face ? ce nouveau d?fi dans ta vie. Tu ?tais excit?e ? l’id?e de reprendre du service en tant qu’agent ? l’?ge de cinquante-cinq ans. Alors il est maintenant temps d’?tre enthousiaste ? l’id?e d’?tre m?re ? cinquante-sept. » Kate hocha la t?te et elle sentit les larmes couler sur ses joues. « Il y a juste une chose qu’il faut que je te demande, » dit M?lissa. « Quoi ? » « Si tu as besoin que je t’explique comment on fait les b?b?s, dis-le-moi. Je pensais qu’? ton ?ge, tu serais au courant. » Kate ?clata de rire. Elle en eut mal aux c?tes, au ventre et ? la t?te, mais ?a faisait vraiment du bien. M?lissa se mit ? rire, en prenant la main de Kate dans la sienne. « Vraiment, je suis s?rieuse. Ma fille est plus ?g?e que son oncle, tu sais ? » Kate continua ? rire et s’appuya contre sa fille. Elles s’embrass?rent et rest?rent longtemps dans les bras l’une de l’autre. Tellement longtemps que Kate ne savait plus vraiment ? quel moment les rires s’?taient arr?t?s et les pleurs avaient commenc?. M?lissa aida Kate ? sortir du lit. Elle l’accompagna jusqu’? la douche et elle alla pr?parer un th? pendant que sa m?re se lavait. Le fait de prendre une douche lui fit vraiment du bien. Mais Kate fut ?tonn?e de se rendre compte combien l’effort l’avait ?puis?e. Elle se sentit ? moiti? invalide, en luttant pour essayer d’enfiler ses v?tements. Alors qu’elle essayait de passer le bras dans un t-shirt, M?lissa entra dans la pi?ce et vint l’aider. « Je ne me rappelle pas t’avoir jamais aid?e ? t’habiller, » dit M?lissa. « Heureusement que j’ai eu Michelle pour m’entra?ner. Je parie qu’elle n’aurait jamais imagin? que sa grand-m?re puisse avoir besoin d’aide pour s’habiller. » « Tu as toujours ?t? aussi effront?e ? » demanda Kate. « Oui, toujours. » Elles sortirent de la chambre ? coucher et entr?rent dans le salon. Kate regarda autour d’elle, ?tonn?e de voir combien l’endroit ?tait propre et rang?. « O? sont Allen et Michael ? » demanda-t-elle. « Allen est sorti fait une ballade avec Michael autour du p?t? de maisons. Il fait ?a deux fois par jour. » « Mon dieu, j’ai ?t? aussi d?connect?e que ?a ? » « Oui, tu l’as ?t?. » M?lissa prit la bouilloire sur la cuisini?re et versa l’eau chaude dans deux tasses avec du th?. « Maman… tu vas y arriver ? » « Oui, je pense que je vais finir par y arriver. Je me sens juste d?pass?e par les ?v?nements. Et l’accouchement m’a vraiment ?puis?e. » « J’ai cru que j’allais mourir quand j’ai accouch? de Michelle. Je ne veux m?me pas imaginer accoucher ? ton ?ge. » Elle sourit et ajouta : « Ma petite vieille. » « Tu sais, » dit Kate, « quelque part, ce n’?tait pas plus mal de ne plus t’avoir tout le temps dans mes pieds. » Cette fois-ci, ce fut M?lissa qui ?clata de rire. Kate ne se rappelait pas ? quand remontait la derni?re fois qu’elle avait entendu M?lissa rire aussi fort et ?a lui r?chauffa le c?ur. Et elle se demanda s’il y avait d’autres choses qu’elle avait rat?es ou qu’elle avait consid?r?es comme acquises. *** Le directeur Duran garda ses distances dans les mois qui suivirent. Il lui envoya une carte et un cadeau une semaine apr?s la naissance de Michael, mais il ne l’appela pas une seule fois. Kate appr?ciait le geste mais elle commen?ait ? se rendre compte que son avenir avec le FBI ?tait plut?t compromis. Avoir un b?b? ? cinquante-sept ans signifiait probablement que sa seconde carri?re allait toucher ? sa fin. D’un autre c?t?, elle ne pouvait s’emp?cher de se demander si le FBI n’?tait pas content de toute cette publicit? gratuite. Une publicit? plut?t positive et exaltante pour une fois. Elle aurait aim? ne plus se poser de questions, mais elle n’y parvenait pas. ? chaque jour qui passait, elle aimait de plus en plus son fils. Mais ?a ne l’avait pas emp?ch?e de lui en vouloir de temps en temps, bien que ?a n’ait jamais dur? longtemps. Apr?s tout, M?lissa avait raison. S’ils avaient ?t? un peu plus prudents au moment de leurs rapports sexuels, elle ne serait pas dans cette situation. Mais en m?me temps, c’?tait bizarre de devoir faire attention de ne pas tomber enceinte ? plus de cinquante-cinq ans. Trois mois apr?s que M?lissa l’ait convaincue de sortir de son lit, Kate commen?ait ? visualiser ce qu’allait ?tre sa vie ? partir de maintenant. Une vie plus domestique et centr?e sur la maternit?. Elle allait ?galement devoir r?apprendre ? faire confiance ? un homme, en lui confiant non seulement sa vie, mais aussi celle de leur fils. Et finalement, ce n’?tait pas plus mal. Il y avait des tas de grand-m?res qui adoreraient ?tre ? nouveau m?res. Et elle, elle avait cette chance. Allen avait ?galement l’air de s’y faire. Ils n’avaient pas encore parl? de la mani?re dont ils allaient passer les prochaines ann?es, s’ils allaient se marier ou comment ils envisageaient d’?duquer leur fils. Allen avait toujours l’air aussi amoureux d’elle et il ?tait compl?tement dingue de son fils, mais il avait souvent l’air pr?occup?. Comme s’il avait peur que quelque chose lui tombe soudain sur la t?te. Elle ne savait pas ce qui le pr?occupait jusqu’? ce que le t?l?phone de Kate sonne un mercredi apr?s-midi. Kate ?tait assisse dans le divan avec Michael. Allen prit son t?l?phone qui ?tait pos? sur la table de la cuisine et le lui apporta. Ce faisant, il jeta un coup d’?il au nom qui s’affichait ? l’?cran. Ce n’?tait pas pour l’espionner, mais ils ?taient tellement ? l’aise l’un avec l’autre que c’?tait quelque chose qu’ils faisaient sans m?me s’en rendre compte. Mais quand il lui tendit le t?l?phone, il avait l’air triste. Il prit Michael dans ses bras. Elle jeta un rapide coup d’?il au nom qui s’affichait ? l’?cran au moment de d?crocher. C’?tait Duran. Kate et Allen se regard?rent un moment dans les yeux et elle comprit d’o? venait sa pr?occupation. Son c?ur se mit ? battre plus vite au moment o? elle d?crocha. Allen alla dans la cuisine, avec la sensation de plus en plus imminente que quelque chose ?tait vraiment sur le point de lui tomber dessus. CHAPITRE DEUX Sandra Peterson se r?veilla un quart d’heure avant la sonnerie de son r?veil. ?a faisait deux ans qu’elle se r?veillait tous les jours ? la m?me heure, ? 6h30. Elle avait toujours ?t? une bonne dormeuse et elle dormait minimum huit heures par jour. ?a ne lui arrivait jamais de se r?veiller avant son alarme. Mais ce matin, elle ?tait vraiment excit?e par la journ?e qui l’attendait. Kayla ?tait ? la maison. Elle ?tait venue lui rendre visite depuis l’universit? et elles allaient passer toute la journ?e ensemble. C’?tait la premi?re fois qu’elles passaient plus d’une demi-journ?e ensemble depuis que Kayla avait commenc? ses ?tudes l’ann?e derni?re. Elle ?tait rentr?e ? la maison parce qu’une de ses amies d’enfance allait se marier. Kayla avait grandi ? Harper Hills, en Caroline du Nord, une petite ville de campagne ? une trentaine de kilom?tres de Charlotte. Elle avait choisi de faire ses ?tudes dans une universit? en Floride et du coup, elles ne passaient plus beaucoup de temps ensemble. La derni?re fois qu’elles s’?taient vues, c’?tait ? No?l, et ?a remontait ? presque un an. Elles n’avaient pass? qu’une dizaine d’heures ensemble, avant que Kayla parte pour le Tennessee, pour rendre visite ? son p?re. Kayla n’avait pas ?t? affect?e par leur divorce. Sandra s’?tait s?par?e de son mari quand Kayla avait onze ans et ?a n’avait jamais eu l’air de la d?ranger. C’?tait s?rement pour ?a que Kayla essayait de ne pas faire de favoritisme. Quand elle rendait visite ? l’un d’entre eux, elle faisait toujours la route pour aller voir l’autre. Et ?tant donn? que c’?tait un long voyage – depuis Tallahassee jusqu’? Nashville, en passant par Harper Hills – Kayla ne venait pas tr?s souvent. Sandra sortit de sa chambre en pyjama et en pantoufles. Elle traversa le couloir en direction de la cuisine, en passant devant la chambre de Kayla. Elle ne s’attendait pas ? ce que sa fille se r?veille avant huit heures du matin et ce n’?tait pas plus mal. Elle aurait le temps de pr?parer du caf? et un petit-d?jeuner pour quand elle se l?verait. Et c’est ce qu’elle fit. Elle pr?para une omelette, du bacon et une dizaine de pancakes. Une odeur agr?able de nourriture flottait dans la cuisine et Sandra fut surprise que ?a ne r?veille pas Kayla. En m?me temps, il n’?tait que sept heures du matin. Sandra repensa ? toutes ces ann?es o? l’odeur du petit-d?jeuner avait r?veill? sa fille, surtout pendant les ann?es de lyc?e. Mais apparemment, l’odeur de sa cuisine n’avait plus le m?me effet sur sa fille. En m?me temps, Kayla ?tait sortie avec ses amis hier soir – et elle n’avait plus vu certains d’entre eux depuis le lyc?e. Vu que Kayla ?tait maintenant ? l’universit?, Sandra n’avait pas voulu lui donner d’heure pour rentrer. Elle s’?tait content?e de lui dire : Reviens enti?re et sobre, de pr?f?rence. Mais il ?tait maintenant pr?s de huit heures du matin et Kayla n’?tait toujours pas sortie de sa chambre, alors Sandra commen?a ? se pr?occuper. Mais plut?t que de frapper ? sa porte et de risquer de la r?veiller, Sandra regarda par la fen?tre du salon. Elle vit la voiture de Kayla gar?e dans l’all?e, juste derri?re la sienne. Soulag?e, Sandra retourna pr?parer le petit-d?jeuner. Quand elle eut termin?, il ?tait 7h55. Sandra n’aimait pas du tout l’id?e de r?veiller sa fille, mais c’?tait plus fort qu’elle. Apr?s le petit-d?jeuner, peut-?tre que Kayla pourrait refaire une sieste et se reposer avant qu’elles partent faire du shopping ? Charlotte. De plus… l’omelette allait refroidir et Kayla n’avait jamais aim? les ?ufs froids. Sandra traversa le couloir jusqu’? la chambre de Kayla. C’?tait une sensation agr?able et presque surr?elle. Combien de fois avait-elle frapp? ? cette porte ? Des milliers de fois, s?rement. Et ?a lui faisait chaud au c?ur de pouvoir le faire ? nouveau. Elle frappa et attendit un instant, avant de dire d’une voix douce. « Kayla, ch?rie ? Le petit-d?jeuner est pr?t. » Il n’y eut aucune r?ponse. Sandra fron?a les sourcils. Elle n’?tait pas na?ve au point de penser que Kayla et ses amis n’avaient pas bu d’alcool hier soir. Elle n’avait jamais vu sa fille saoule et elle pr?f?rerait ne pas le voir. Peut-?tre que Kayla avait la gueule de bois et qu’elle n’?tait pas pr?te ? voir sa m?re. « J’ai fait du caf?, » ajouta Sandra, en esp?rant que ?a puisse aider. Toujours pas de r?ponse. Elle frappa ? nouveau, mais plus fort cette fois-ci, avant d’ouvrir la porte. Le lit n’?tait pas d?fait et il n’y avait aucune trace de Kayla. Mais ?a n’a pas de sens, pensa Sandra. Sa voiture est gar?e devant la maison. Puis elle se rappela sa propre adolescence et la fois o? elle ?tait rentr?e chez elle en voiture compl?tement saoule. Elle ?tait arriv?e jusqu’? la maison mais elle s’?tait endormie dans sa voiture, dans l’all?e. Elle avait du mal ? imaginer que Kayla puisse faire une telle chose, mais il n’y avait pas trente-six mille autres possibilit?s. Sandra referma la porte de la chambre et retraversa la cuisine. Elle sentit une boule dans le ventre. Peut-?tre que Kayla avait des probl?mes d’alcool ou de drogue et qu’elle n’avait pas os? lui en parler. Sandra rassembla son courage ? l’id?e d’avoir une telle conversation et elle ouvrit la porte d’entr?e. Elle fit un pas sur le porche et se figea. Sa jambe gauche resta en suspens dans l’air, comme si elle refusait d’avancer. Parce que si elle avan?ait, elle entrait dans un tout autre univers – un univers o? ce qui se trouvait devant elle allait devoir ?tre affront? et accept?. Kayla gisait sur le porche. Elle ?tait couch?e sur le dos et elle avait les yeux grands ouvert. Il y avait des marques d’abrasion autour de son cou. Elle ne bougeait pas. Sandra finit par faire un pas en avant. Quand elle le fit, le reste de son corps suivit. Elle s’?croula ? c?t? du corps de sa fille, en oubliant totalement le petit-d?jeuner et le shopping. CHAPITRE TROIS Les r?unions avec le directeur Duran n’avaient jamais ?t? faciles. Mais il s’?tait toujours bien comport? avec Kate et elle le consid?rait comme un ami. Cependant, vu la mani?re dont la vie de Kate avait chang? au cours de ces derniers mois, elle s’attendait ? une r?union un peu tendue –peut-?tre m?me qu’il allait mettre un point final ? sa carri?re en tant qu’agent du FBI. Quand elle entra dans son bureau, il l’accueillit avec ce sourire pragmatique qu’elle lui connaissait si bien. Duran avait plus ou moins le m?me ?ge qu’elle et ils avaient appris ? s’appr?cier mutuellement. « Salut, Kate, entre, assieds-toi. » Elle fut tout de suite inqui?te en l’entendant l’appeler par son pr?nom. C’?tait tr?s familier et ce n’?tait pas dans ses habitudes, ? moins que ce soit apr?s les heures de travail ou que la conversation soit un peu anim?e. « Kate, hein ? » dit-elle. Elle ?tait plut?t ? l’aise en sa pr?sence et elle fit cette remarque sur le ton de la plaisanterie, histoire de lui signaler qu’elle avait bien remarqu? le ton informel qu’il avait utilis?. « Eh bien, officiellement, tu es toujours en cong? de maternit?, » dit-il. « Ce serait bizarre de t’appeler agent. Mais comme tu peux l’imaginer, c’est aussi l’une des raisons pour laquelle je voulais te parler. » Il laissa ?chapper un soupir et la regarda droit dans les yeux. « Comment vas-tu, Kate ? » « Bien. Mais un peu perdue… » « Tu as l’impression d’?tre cette m?re miracle ? » « Apparemment, je suis entr?e dans le club des c?l?brit?s, » plaisanta-t-elle. « D’ailleurs, cette petite r?union ne peut pas durer trop longtemps. J’ai un d?jeuner pr?vu avec Ryan Seacrest juste apr?s ?a. » « Je ne sais pas de qui tu parles. » Kate haussa les ?paules. L’humour n’avait jamais vraiment fait partie de leur relation. « Je ne vais pas te mentir, » dit Duran. « La nouvelle a ?t? plut?t bien accueillie. Tous les agents se sont envoy?s des liens et des articles sur la m?re miracle. » « Tu sais, je n’ai donn? que deux interviews. Je ne sais pas du tout comment ?a a pu d?boucher sur plus de quarante articles. » « S?rement les r?seaux sociaux qui se sont emball?s. Mais dis-moi… Est-ce que cette notori?t? soudaine te ferait h?siter ? retravailler pour le FBI ? » Elle ne put s’emp?cher de rire. « Non. S’il y avait quoi que ce soit qui pourrait me retenir de retravailler avec vous, ce ne serait certainement pas cette gloire ?ph?m?re. » « Il y aurait donc certaines choses qui pourraient t’en emp?cher ? » « ?ventuellement. Peut-?tre mon b?b?, ou mon ?ge avanc?. » « ?a fait maintenant trois mois que tu es en cong?, » dit-il. « M?me un petit peu plus longtemps. J’imagine que je n’ai pas besoin de te pr?ciser que tu ne rajeunis pas. Mais… tu es encore en pleine forme physiquement. C’est impressionnant. » « Excuse-moi si je suis un peu directe, » dit Kate. « Mais qu’est-ce que tu veux exactement ? Est-ce que tu veux que je revienne travailler pour vous ? » « Dans un monde parfait, oui. ?a a ?t? mentionn? ? plusieurs reprises lors de r?unions. Mais tous ces articles ? ton sujet soulignent non seulement le fait que tu as accouch? ? cinquante-sept ans, mais aussi le fait que tu sois encore un agent actif du FBI. Je ne sais pas comment ?a va se passer en termes m?diatiques si tu retournes sur le terrain. » Kate s’appuya contre le dossier de sa chaise. Elle n’avait pas pens? ? ?a. « Pour ?tre tout ? fait franc, » continua Duran. « Oui, je veux que tu reviennes. Mais c’est un peu ?go?ste de ma part. Tu es l’un de nos meilleurs ?l?ments et ce serait vraiment positif pour l’image du FBI. Les m?dias t’adorent. Tu es devenue une sorte de c?l?brit?. Mais je n’ai pas non plus envie de t’influencer. Si tu veux arr?ter, il n’y a pas de probl?me. Tout le monde comprendra. » « Mais en fait, ?a me manque, » dit Kate. Ce ne fut qu’au moment de prononcer ces mots qu’elle s’en rendit compte. « Je m’en doutais un peu. Alors ce que je peux faire – en tout cas, pour les prochains mois – c’est de t’assigner des enqu?tes pas trop risqu?es. Pour que tu gardes l’esprit occup? et que tu restes concentr?e. Enfin… si tu penses avoir eu suffisamment de temps pour te reposer et si tu es pr?te ? revenir travailler. » « Oui, je suis pr?te, » dit-elle. L’id?e de mettre Michael ? la cr?che lui faisait de la peine, mais elle savait que ce serait positif pour lui… ainsi que pour elle et pour Allen. Bien qu’au fond d’elle, elle ne soit pas vraiment s?re d’y ?tre totalement pr?par?e. Afin d’?viter de penser ? tout ?a, elle continua ? parler. « Comment va DeMarco ? Je ne lui ai parl? que trois fois depuis que je suis partie et ? chaque fois que je lui ai pos? des questions sur le boulot, elle a chang? de sujet de conversation. » « C’est s?rement parce qu’elle a ?t? tr?s occup?e. J’ai le droit de t’en parler parce que tu es encore techniquement sa co?quipi?re… mais elle a travaill? sur deux affaires assez importantes derni?rement. Il y a trois semaines, elle a arr?t? deux hommes qui distribuaient de l’h?ro?ne. Et la semaine derni?re, elle a ?pingl? ? elle toute seule un type qui a assassin? trois personnes en Virginie de l’Ouest avant de partir en cavale ? travers le Maryland. » « Ah oui… elle a vraiment ?t? bien occup?e ! » « Et maintenant que tu mentionnes DeMarco, on vient juste de lui assigner une enqu?te en Caroline du Nord. ?a m’a l’air d’?tre une affaire assez simple. Deux jeunes filles universitaires assassin?es. S?rement l’?uvre d’un harceleur. Je suis s?r que DeMarco serait enchant?e que tu te joignes ? elle. Vu que l’affaire semble assez simple, ?a pourrait ?tre parfait pour toi, dans ta situation. » « Et en quoi consiste ma situation, exactement ? » « Kate, tu sais ce que je veux dire. Si tu veux te remettre dans le bain, c’est l’enqu?te parfaite pour le faire. Mais bien entendu, ?a d?pend totalement de toi. C’est toi qui choisis. » « ?a me para?t une bonne id?e, mais maintenant qu’elle s’en sort tr?s bien toute seule, je n’ai pas non plus envie de la d?ranger. » « Je suis s?r qu’elle sera ravie que tu te joignes ? elle. Et pour ?tre tout ? fait honn?te, vu qu’on ne sait pas combien de temps tu vas encore rester avec nous, c’est plus logique que tu travailles avec une co?quipi?re que tu connais bien. » « Oui, c’est logique. » Duran resta un moment silencieux, avant de se lever de sa chaise. « Elle part demain matin. Est-ce que ?a te laisse assez de temps pour tout organiser avec ton mari ? Est-ce que vous en avez d?j? parl? ? » « Plus ou moins, » dit-elle. « Enfin… de mani?re tacite, mais l’id?e est bien pr?sente dans notre esprit. Je suis s?re qu’il sait que je n’en ai pas termin? avec le FBI, mais… » « Mais quoi ? » « Mais que ?a ne va plus tarder. Que ma carri?re au FBI touche ? sa fin. » Elle vit que Duran ?tait sur le point de lui poser une autre question, mais il se ravisa. Elle savait ce que c’?tait, alors elle lui fut reconnaissante de ne pas la poser. Est-ce que ?a va ?tre la derni?re enqu?te de ta carri?re ? Elle ?tait contente qu’il ne lui ait pas demand?, parce qu’elle ne savait pas du tout quelle ?tait la r?ponse ? cette question. *** Ce fut leur seul sujet de conversation au d?ner. Allen le prit plut?t bien, car il s’y attendait. D?s le moment o? Duran avait appel? Kate, il avait su. La conversation s’?tait ?tonnamment bien pass?e, bien qu’une certaine tension persiste entre eux. « Il faut que je te dise quelque chose, » dit Allen, en ?cartant son assiette vide. Il avait pr?par? du poulet teriyaki pour d?ner et le repas avait ?t? excellent. La cuisine ?tait l’une de ses nombreuses qualit?s. « Je suis vraiment ravi ? l’id?e que tu retournes travailler. ?a a vraiment ?t? p?nible pour moi de voir dans quel ?tat tu ?tais le mois dernier. On aurait dit que tu avais perdu quelque chose et que tu ne savais pas o? chercher. Je sais que le boulot te manque et je suis ravi que tu puisses travailler sur cette enqu?te. Mais j’ai tout de m?me quelques questions. » « Je m’en doute, » dit Kate. « Alors, passons-les en revue. » « OK ! Bien que je sois presque ? la retraite, je dois encore r?pondre ? des appels et assister ? des r?unions au cours de l’ann?e ? venir. Et je ne veux pas que ton boulot passe avant le mien. Il faut aussi qu’on cherche une cr?che pour Michael. » « Je suis tout ? fait d’accord. Maintenant, dans le cas de cette enqu?te, est-ce que tu es disponible pour t’occuper de Michael pendant quelques jours ? » « Oui. En fait, je n’ai rien de pr?vu pour les trois semaines ? venir. » « Et ?a ne te d?range pas de t’occuper tout seul de lui pendant ces quelques jours ? » « Pas du tout. ?a va ?tre amusant de se retrouver entre hommes. » « Quelles autres questions voulais-tu me poser ? » « Je pensais ? ta s?curit?. Je sais que tu peux te d?fendre et c’est l’une des raisons pour laquelle je t’aime autant. Mais je n’aime pas beaucoup l’id?e que ma femme de cinquante-sept ans soit occup?e ? pourchasser des hommes qui ont moiti? son ?ge. Tu n’es pas vraiment le genre d’agents ? rester assise derri?re un bureau ou dans une voiture. » « On en a parl? avec Duran. Cette affaire devrait ?tre assez simple. Il a ?galement pris en compte le facteur ?ge, bien qu’il en ait parl? en termes un peu plus agr?ables. » « Une derni?re question. » Allen s’appuya contre le dossier de sa chaise et but une gorg?e de son vin. Il regarda en direction de la balancelle o? Michael s’?tait endormi pendant qu’ils d?naient. « Combien de temps vas-tu encore continuer ? Franchement ? Le fait de mettre un b?b? au monde a d? ?galement puiser dans tes r?serves d’?nergie. » « C’est une question difficile, » dit-elle. « Toute cette situation… je n’aurais jamais pu l’imaginer. Un b?b? ? cinquante-sept ans. Un sup?rieur et une co?quipi?re qui veulent que je continue ? travailler. Je ne m’y attendais pas du tout et… je ne sais pas. Et probablement que je ne le saurai pas tant que je ne serai pas retourn?e sur le terrain. » Elle le vit r?fl?chir ? ce qu’elle venait de lui dire. Le c?t? droit de sa bouche se retroussa l?g?rement. « Alors, c’est s?rement mieux que tu y retournes, » dit-il. « En tout cas… pour l’instant. On en reparlera dans trois mois. Est-ce que ?a te para?t raisonnable ? » « Plus que raisonnable. » Elle eut envie de lui dire combien il avait ?t? adorable et arrangeant tout au long de leur relation. Mais il le savait d?j?, parce qu’elle le lui r?p?tait continuellement. Elle savait qu’elle donnait l’impression de faire passer son boulot avant lui et, pour ?tre tout ? fait honn?te, c’?tait exactement ce qu’elle avait fait. Mais maintenant, ils avaient un b?b? et un mariage se profilait ? l’horizon. C’?tait ?a, sa vie, maintenant. Sa nouvelle vie. Et elle avait enfin l’occasion de ne pas laisser son boulot tout contr?ler. C’?tait ce qu’elle avait fait dans le pass? et elle avait failli creuser un foss? entre elle et M?lissa. Elle sut tout de suite que quelque chose avait chang?. Dans le pass?, elle n’aurait pas perdu une minute – elle se serait directement lev?e de table et elle aurait commenc? ? pr?parer ses affaires pour son d?part en Caroline du Nord. Mais maintenant, apr?s la r?union avec Duran et la conversation avec Allen, tout ce dont elle avait envie, c’?tait de rester assise ? ses c?t?s. C’?tait lui, son avenir. Pas son boulot. Allen, Michael et M?lissa ?taient son point d’ancrage. Tout ce qu’elle devait faire, c’?tait s’assurer que sa t?te suive pour parvenir ? s’installer dans cette vie aux allures si parfaites. Et ? l’instant pr?sent, alors qu’elle ?tait assise ? c?t? d’Allen, sa vie lui paraissait de fait plut?t magique. CHAPITRE QUATRE Quand Kate et DeMarco se retrouv?rent dans le parking du FBI, Kate eut l’impression qu’elles s’?taient vues la veille. Elle remarqua n?anmoins qu’il y avait quelque chose de diff?rent chez DeMarco et ?a n’avait rien ? voir avec son apparence. Physiquement, elle ?tait toujours la m?me que la derni?re fois qu’elles s’?taient vues, six mois plus t?t. « Agent Wise, ?a me fait vraiment plaisir de te revoir, » dit DeMarco. « Pareil pour moi. » Elles se serr?rent bri?vement dans les bras et ce fut ? ce moment-l?, au moment de cette d?monstration rapide d’affection, que Kate se rendit compte que quelque chose avait chang? chez DeMarco. C’?tait presque imperceptible, mais sa co?quipi?re avait l’air d’?tre une personne diff?rente. Kate pensa d’abord qu’elle avait l’air plus ?g?e, mais ce n’?tait pas ?a. C’?tait son attitude qui avait chang?, la mani?re dont elle se tenait. Elle avait la t?te haute et regardait droit devant elle, sans avoir besoin de quelqu’un pour la soutenir ou la guider. Dans ce sens, oui, DeMarco paraissait plus ?g?e. Vu qu’elle venait juste d’avoir un enfant, Kate y trouva une analogie plut?t appropri?e : le changement de DeMarco ressemblait ? celui qui s’op?rait chez une femme encore jeune et na?ve, qui viendrait juste d’avoir un b?b? et qui serait d?sormais guid?e par l’instinct maternel. Une autre chose avait chang? et c’?tait le lien qui les unissait. Kate l’avait remarqu? d?s le d?but – d?s le moment o? elles avaient jet? leurs sacs dans le coffre de la voiture qu’elles allaient conduire jusqu’en Caroline du Nord. Et ?a n’avait rien de n?gatif. Elles ?taient toutes les deux ravies de se revoir, et encore plus de retravailler ensemble sur une affaire apr?s plus de six mois. Mais il y avait un changement au niveau du leadership. DeMarco n’?tait plus la subordonn?e qui prenait exemple sur Kate et suivait chacune de ses recommandations. DeMarco avait beaucoup plus confiance en elle. Elle ?tait un agent ? l’avenir prometteur, capable d’?lucider des enqu?tes par elle-m?me. Rien n’avait ?t? dit – que ce soit par DeMarco ou Duran – mais Kate sut tout de suite que DeMarco ?tait la personne responsable de cette enqu?te. Et franchement, ?a ne la d?rangeait pas. En fait, elle trouvait ?a plut?t m?me normal. Elles pass?rent la majorit? du voyage ? se donner des nouvelles concernant leur vie. Elles avaient six heures devant elle pour le faire et ?a passa trop vite. Kate lui parla de Michael et combien c’?tait bizarre d’avoir un fils plus jeune que sa propre petite-fille. Elle lui raconta qu’elle avait essay? de rester active et de garder l’esprit vif, alors que tout son univers tournait autour des biberons, des langes et du manque de sommeil. ? son tour, DeMarco lui raconta ce qu’elle avait fait ces derniers mois. Elle ne s’?pancha pas sur sa vie priv?e et se limita ? mentionner qu’elle avait une nouvelle petite amie et que son p?re avait eu peur d’avoir le cancer. Mais elle parla davantage de son boulot. Quand elle commen?a ? en raconter les moments les plus forts, elle le fit presque d’un air g?n?. « Ne sois pas timide, » dit Kate. « Duran m’a racont? que tu ?tais devenue une crack, surtout au cours des derni?res semaines. Maintenant… quand il dit que tu as ?pingl? ? toi toute seule cet assassin, qu’est-ce qu’il veut dire par l?, exactement ? » « Tu veux vraiment que je te raconte l’histoire ? » Elle avait l’air surprise mais aussi un peu excit?e. « Bien s?r que je veux que tu me la racontes ! » « Eh bien, je ne voudrais pas avoir l’air de me vanter. Mais oui… ce type avait assassin? un couple mari? dans l’?tat de New York, puis il avait essay? de tuer et de voler quelqu’un d’autre ? Washington. On a d?couvert qu’il ?tait ici et une chasse ? l’homme a ?t? lanc?e. Je n’?tais pas responsable de l’enqu?te, mais l’agent qui s’en occupait a eu la grippe et j’ai repris l’affaire. J’ai fini par coincer l’assassin et l’un de ses amis dans cette vieille maison, tout pr?s de Georgetown. J’ai d? tirer sur l’ami. La balle l’a atteint au genou gauche. Quant ? l’assassin, ce fut une v?ritable lutte ? mort. Je lui ai accidentellement disloqu? la hanche et fractur? le poignet. » « Accidentellement disloqu? la hanche ? » demanda Kate, en riant. « Oui, accidentellement. De plus… il ?tait stone. J’ai d?couvert plus tard qu’il avait pris une drogue psych?d?lique. S’il avait ?t? conscient et qu’il avait compris ce qui se passait, les choses auraient pu se terminer de mani?re tr?s diff?rente. » « Mais quand m?me… c’est incroyable. Peut-?tre que c’est juste la toute nouvelle maman qui parle, mais je suis vraiment fi?re de toi. » « Comment ?a, la toute nouvelle maman ? Mais toi, tu es la m?re miracle ! » Elles se mirent ? rire et cette bonne humeur les accompagna durant tout le reste du voyage. Elles ne virent pas le temps passer jusqu’? la petite ville de Harper Hills. Mais ce sentiment de passation de pouvoir ?tait n?anmoins incontestable. Kate l’acceptait sans probl?me. Elle regarda DeMarco garer leur voiture sur le parking du commissariat et ouvrir avec empressement la porti?re du c?t? conducteur. *** L’int?rieur du commissariat de Harper Hills faisait penser ? ce que devait ressembler un commissariat dans une s?rie t?l? des ann?es 80. Et pas l’une de ces s?ries qui avaient lieu ? New York ou ? Los Angeles. Non, c’?tait un endroit qui aurait tr?s bien pu passer dans un film de Hallmark, o? le d?tective ?tait ?galement un super cuisinier ou un auteur de livres pour enfants. Il y avait une entr?e centrale qui faisait office de vestibule. Au-del? de ?a, il y avait trois bureaux, dont un seul ?tait occup?. Derri?re ces bureaux, il y avait un ?troit couloir et rien de plus. Au seul bureau occup?, ?tait assis un homme ob?se avec une coupe mulet, ce qui en rajoutait encore un peu plus ? la sensation ann?es 80. Il leur fit un geste de la t?te et se leva rapidement de son si?ge. Sur le badge accroch? ? sa poitrine ?tait ?crit le nom de Smith. « Vous devez ?tre les agents, » dit Smith, en se pr?cipitant vers le vestibule pour les accueillir. Kate resta l?g?rement en retrait, pour que DeMarco comprenne qu’elle lui laissait la parole. « Oui, c’est nous, » dit DeMarco. « Agents DeMarco et Wise. Est-ce que le sh?rif Gates est l? ? » « Oui, il est dans son bureau. » Smith leur fit signe de le suivre. Il les pr?c?da dans le couloir et il s’arr?ta devant la premi?re porte ? droite. « Sh?rif ? » dit-il, en frappant ? l’embrasure de la porte ouverte. « Les agents du FBI sont arriv?s. » « Venez, entrez ! » r?pondit une voix. DeMarco entra en premier, suivie par Kate. Le sh?rif se leva de sa chaise, la main tendue pour les saluer. Ils se serr?rent la main et le sh?rif les regarda droit dans les yeux, d’une mani?re qui semblait leur dire qu’il n’avait aucun probl?me avec le fait de travailler avec des femmes, mais qu’il allait s?rement les traiter avec la bonne vieille hospitalit? des gens du Sud. « Sh?rif, » dit Kate, « je pensais que le commissariat serait en effervescence, ?tant donn? la nature de cette affaire. » « Eh bien, c’?tait le cas il y a peu. La police d’?tat est arriv?e et deux de mes hommes sont partis avec eux. Ils sont occup?s ? boucler certaines des routes secondaires. Il y en a beaucoup dans le coin, vous savez. Je suis rest? au commissariat pour vous accueillir. » « C’est gentil de votre part, » dit DeMarco. « Qu’est-ce que vous pouvez nous dire concernant cette affaire ? On nous a fait un briefing ? Washington, mais je pr?f?rerais l’entendre directement depuis la source. » « Eh bien, il y a eu deux meurtres dans une ville qui n’a connu qu’un seul homicide en dix ans. Les deux victimes ?taient de jeunes femmes – dix-neuf et vingt ans. La premi?re a ?t? tu?e il y a cinq jours, sur le parking d’un bowling. La deuxi?me victime a ?t? retrouv?e hier matin sur le porche de la maison de sa m?re. ? premi?re vue, il n’y a aucun lien entre les deux filles. Leur seul point commun, c’est leur ?ge et le fait qu’elles soient toutes les deux originaires du coin. La deuxi?me victime, Kayla Peterson, ?tait en visite pour quelques jours. Elle ?tudie ? l’universit?. » « Une universit? de Caroline du Nord ? » demanda DeMarco. « Non, quelque part en Floride. » « Est-ce qu’il y a des similarit?s entres les familles des deux victimes ? » demanda Kate. « Leur seul point commun, c’est d’?tre des filles de couples divorc?s. On a parl? avec tous les membres directs de la famille et ils ont tous un alibi. Mais bien entendu, libre ? vous de les interroger ? nouveau. » « Merci, » dit DeMarco. « Est-ce que vous pourriez nous emmener ? l’endroit o? la deuxi?me victime a ?t? retrouv?e ? » « Oui, bien s?r. » Gates enfila une veste et sortit du bureau. Kate trouvait vraiment que l’attitude de DeMarco avait chang?. C’?tait ? peine perceptible, mais c’?tait bien pr?sent. Elle ?tait plus s?re d’elle. Elle l’avait remarqu? dans la mani?re qu’elle avait eue de parler au sh?rif. Et c’?tait ?galement visible dans la fa?on qu’elle avait eue de le suivre, mais en passant devant Kate. Elle est encore si jeune, pensa Kate. ?a va vraiment ?tre un agent exceptionnel. Elle ?tait vraiment contente d’?tre ? nouveau aux c?t?s de DeMarco. Et elle ?tait heureuse de pouvoir travailler sur cette affaire, bien qu’elle soit maintenant certaine que ce serait probablement l’une de ses derni?res enqu?tes. *** En se rendant vers la derni?re sc?ne de crime, ils travers?rent presque toute la ville de Harper Hills. Il y avait quatre feux rouges dans la ville et tr?s peu de commerces. Elles virent un Burger King et un Subway, tous les deux situ?s le long de la petite et tranquille rue principale. Vers le bout de la rue, Gates tourna sur une route secondaire et DeMarco le suivit de pr?s. Ils se retrouv?rent tr?s vite sur une autre route de campagne, et encore une autre. C’?tait une r?gion un peu bizarre. Kate avait d?j? vu de nombreuses petites villes de province dispos?es de la m?me mani?re, mais Harper Hills ressemblait plut?t ? un lotissement rural, nich? dans les plaines bois?es de Caroline du Nord. Le quartier dans lequel ils arriv?rent ?tait constitu? d’un ensemble de terrains bois?s, s?par?s par d’?pais bosquets d’arbres. Gates s’engagea sur une all?e en graviers et DeMarco le suivit. Il y avait une autre voiture gar?e dans l’all?e. DeMarco se gara derri?re Gates et ils sortirent tous de voiture. « Voici la maison des Peterson, » dit Gates. « La m?re, Sandra, est actuellement chez une amie, pr?s de Cape Fear. Elle ne pouvait pas supporter de rester ici et je comprends. Elle ?tait vraiment an?antie. » Puis il tendit une enveloppe ? DeMarco, qui la prit, l’ouvrit et regarda ? l’int?rieur. Kate jeta un coup d’?il par-dessus son ?paule et vit qu’il s’agissait des dossiers de l’enqu?te. Elles avaient re?u la majorit? de ces dossiers en format num?rique ? Washington, mais pas tous. Kate jetait toujours un coup d’?il aux dossiers sur papier, m?me quand elle les avait re?us en version digitale. Le fait de voir tous ces ?l?ments sur papier – et surtout les photos de la sc?ne de crime – rendait l’affaire encore plus pr?sente. « Est-ce que vous ?tes le premier ? ?tre arriv? sur les lieux ? » demanda DeMarco. « Non, Smith est arriv? en premier. Mais je le suivais de pr?s. » « Est-ce que vous pouvez m’expliquer ce que vous avez vu ? » Kate aimait beaucoup cette approche. Plut?t que de feuilleter directement les dossiers, DeMarco voulait s’assurer de visualiser la sc?ne, telle qu’elle s’?tait d?roul?e le matin o? le corps avait ?t? retrouv?. Les photos et les rapports ?taient des outils pr?cieux, mais c’?tait rarement aussi utile que d’entendre le r?cit des ?v?nements de la bouche de ceux qui ?taient arriv?s les premiers sur les lieux. « D’apr?s la m?re, Kayla Peterson ?tait rentr?e ? la maison pour le mariage d’une amie. Elle est sortie avec quelques amis avant-hier soir et le lendemain matin, elle n’?tait pas dans sa chambre. Mais sa voiture ?tait gar?e dans l’all?e. Quand la m?re a ouvert la porte pour aller jeter un coup d’?il ? la voiture, elle a retrouv? Kayla morte sur le porche. Elle avait eu le temps d’introduire sa cl? dans la serrure, avant que l’assassin l’attaque. La cl? pendait encore ? la porte quand nous sommes arriv?s. En voyant le corps, il ?tait ?vident qu’elle avait ?t? ?trangl?e. » « Est-ce qu’elle ?tait enti?rement habill?e ? » demanda Kate. « Oui. Le m?decin l?giste nous a dit qu’il n’y avait aucune indication qu’elle ait ?t? viol?e ou sexuellement agress?e. On dirait que le meurtre ?tait la seule chose qui int?ressait le tueur. M?me chose avec la premi?re victime. » « Est-ce que le m?decin l?giste sait ce qui a ?t? utilis? pour l’?trangler ? » demanda DeMarco. « Il pense que c’est une sorte de c?ble, probablement en plastique. Et il a mis beaucoup de force pour l’?trangler. Le m?decin l?giste pense que le tueur doit ?tre assez fort. » « C’est la voiture de Kayla qui se trouve dans l’all?e ? » demanda DeMarco, en montrant la seule voiture gar?e devant la maison. « Oui. » Il fouilla dans sa poche et en sortit un porte-cl?s. Il le tendit ? DeMarco et dit, « Vous pouvez aller y jeter un coup d’?il, si vous voulez. » Ils redescendirent les marches du porche et se dirig?rent vers l’all?e. Kayla conduisait une Kia Optima 2017. Elle ressemblait en tous points ? la voiture typique d’une universitaire : propre, un b?ton de rouge ? l?vres sur la console, une bouteille d’eau ? moiti? vide et un chargeur de t?l?phone. ? part ?a, il n’y avait rien d’autre d’int?ressant – en tout cas, rien qui pourrait leur permettre de savoir qui l’avait suivie ce soir-l?. Une fois qu’elles eurent termin? d’inspecter la voiture, Gates leur ouvrit la porte d’entr?e. Il leur expliqua que Sandra lui avait donn? les cl?s de la maison avant de quitter la ville, pour qu’il puisse y jeter un coup d’?il. « Est-ce qu’elle pourrait ?tre soup?onn?e du meurtre ? » demanda Kate. « M?me si je pensais que ?a pouvait ?tre le cas – et je ne le pense pas – ?a n’expliquerait pas la premi?re victime. » « C’?tait trois jours avant Kayla, c’est bien ?a ? » demanda DeMarco. « C’est exactement ?a. Bien qu’il soit impossible d’?tre totalement certain qu’elle n’a rien ? voir avec tout ?a, j’ai interrog? chacune des personnes qui se trouvaient au bowling quand il a ferm?. Pas une seule m’a dit y avoir vu Sandra Peterson. Une femme savait exactement de qui je voulais parler et elle a m?me trouv? scandaleux que je pose la question. De plus… je reviens sur ce que le m?decin l?giste a dit. Celui qui a ?trangl? Kayla Peterson ?tait vraiment tr?s fort. Et si vous finissez par rencontrer Sandra Peterson, vous verrez tout de suite que ?a ne colle pas. Elle est vraiment fam?lique. Elle a perdu beaucoup de poids quand son mari est parti. Et pas en faisant de l’exercice. Elle a presque l’air de souffrir de malnutrition. » Kate et DeMarco jet?rent un coup d’?il dans la chambre de Kayla. Elles y virent des vestiges de l’adolescente qu’elle avait ?t? : des autocollants de Hannah Montana coll?s sur le c?t? de la commode et des traces plus claires aux endroits sur les murs o? des posters avaient ?t? accroch?s. Elles trouv?rent deux sacs au pied du lit. L’un d’entre eux ?tait visiblement destin? ? ce dont elle allait avoir besoin pour le mariage. Il ?tait rempli de jolis v?tements, de maquillage et de notes pour un discours. L’autre sac ?tait beaucoup plus informel et contenait des v?tements, un livre de poche et un n?cessaire de toilette. Mais rien qui puisse les aider dans leur enqu?te. « Avez-vous parl? aux amies avec lesquelles elle est sortie le soir o? elle a ?t? assassin?e ? » demanda DeMarco. « ? toutes, sauf une. Apparemment, elles ?taient quatre en tout, en comptant Kayla. » « J’aimerais leur parler, » dit DeMarco. Elle se tourna ensuite vers Kate, comme si elle cherchait son approbation. Kate se contenta de hocher l?g?rement la t?te, mais elle appr?cia le fait que DeMarco lui demande son avis. « On est lundi apr?s-midi, alors elles sont s?rement au travail. Je pourrais passer quelques coups de fil et leur demander de venir au commissariat. » « Et pourquoi pas dans un bar ou dans une caf?t?ria ? » demanda DeMarco. Gates eut l’air surpris, mais il hocha lentement la t?te. « Oui, il y a bien l’un ou l’autre bar en ville. En fait, juste ? c?t?. Je suis presque s?r que certaines de ces filles fr?quentent l’un d’entre eux, Chez Esther. Je peux leur demander de vous y retrouver ? dix-huit heures. » « Assurez-vous de bien leur dire que ce n’est pas une option, » dit DeMarco. « Si elles ne viennent pas, on ira chez elles. » Kate sourit. Ce n’?tait pas le chemin qu’elle aurait emprunt?, mais il pouvait s’av?rer efficace. Elle savait ce que DeMarco pensait. En g?n?ral, quand on interrogeait des t?moins en-dehors d’un commissariat ou du confort de leur maison, le flux de conversation avait tendance a ?tre plus naturel. Mais Kate ne privil?giait pas cette approche, car la possibilit? de distraction ?tait trop grande. Mais c’?tait l’enqu?te de DeMarco et elle allait la laisser la mener ? sa mani?re. Ils sortirent tous les trois de la maison et au moment o? ils arriv?rent ? leur voiture respective, le sh?rif Gates ?tait d?j? au t?l?phone, occup? ? organiser la r?union. « Je me demande pourquoi il a laiss? la m?re partir comme ?a, » dit DeMarco, en entrant en voiture. « Elle vient juste de perdre sa fille. ? moins qu’il y ait le moindre indice qui permette de la soup?onner, ?a ne vaut pas la peine de lui faire vivre tout ?a. De plus, elle n’a aucun ami, ni aucun membre de la famille dans le coin. Et la famille et les amis, c’est exactement ce dont elle a besoin en ce moment. » DeMarco eut un petit rire. « Mon dieu, comme tu m’as manqu?, Kate. Je commen?ais ? ne plus prendre en compte les ?motions des gens quand il s’agissait d’une enqu?te. » « ?a arrive souvent, » dit Kate. « Apr?s un moment, on commence par ne plus consid?rer les gens qu’on rencontre comme de vraies personnes. On a juste un puzzle ? r?soudre et ils ne sont que les ?l?ments qui vont nous permettre de le faire. C’est une fa?on merdique de penser, mais ?a arrive ? tous les agents ? un moment ou ? un autre. » « J’ai du mal ? t’imaginer te comporter comme ?a. » Demande ? M?lissa, pensa-t-elle. Elle te racontera comment j’ai pu faire passer mon travail avant toute autre chose. En pensant ? ?a, des larmes lui vinrent aux yeux. Elle les essuya discr?tement. C’?tait un autre rappel que lui lan?ait la vie. Oui, elle avait ?t? une m?re lamentable avec M?lissa, en faisant g?n?ralement passer son travail avant elle. Et elle se retrouvait au m?me point, mais vingt ans plus tard et avec Michael. Elle avait l’occasion de faire les choses correctement, cette fois-ci. Et une fois que tout ?a serait termin?, elle sut que c’?tait ce qu’elle allait faire. CHAPITRE CINQ Le bar n’en ?tait pas vraiment un. C’?tait plut?t un coin pour prendre un verre ? l’int?rieur d’un snack. Il y avait un jeu de fl?chettes et m?me une sorte de jukebox, mais le snack en lui-m?me ?tait la raison d’?tre de l’endroit. La zone du bar ?tait ? l’arri?re, comme si le propri?taire cherchait ? le dissimuler. Mais quand Kate et DeMarco y entr?rent ? 17h45 pour rencontrer les amies de Kayla Peterson, ?a leur parut un endroit plut?t agr?able – bien que l?g?rement d?mod?. Trois jeunes femmes ?taient assises dans le box du fond. Kate vit tout de suite qu’aucune d’entre elles ne buvait de l’alcool, s?rement parce qu’elles avaient moins de vingt et un ans. Deux d’entre elles buvaient de l’eau, tandis que la troisi?me avait command? un Sprite. Les trois filles remarqu?rent tout de suite les agents du FBI. Elles n’avaient pas l’air effray?es en soi, mais certainement un peu nerveuses. Kate se demanda combien de temps il leur faudrait apr?s l’interrogatoire pour essayer de se procurer de l’alcool par des moyens illicites. DeMarco prit la parole d?s qu’elles s’approch?rent de la table. « Est-ce que vous ?tes bien Claire Lee, Tabby Amos et Olivia Macintyre ? » « Oui, c’est nous, » dit la fille qui ?tait assise au milieu. Elle avait de magnifiques cheveux roux et une silhouette ?lanc?e. Elle se leva pour leur tendre la main. « Je suis Tabitha Amos, » dit-elle. « Mais tout le monde m’appelle Tabby. » « Et moi, c’est Claire Lee, » dit la fille sur la gauche. Elle ?tait ?galement tr?s jolie, mais de mani?re plus ordinaire. Elle portait un sweat ? capuche dans lequel elle avait l’air ? l’aise. Elle n’?tait visiblement pas le genre de fille ? ressentir le besoin d’?tre sur son trente et un ? chaque fois qu’elle sortait de chez elle. « Ce qui fait de moi Olivia Macintyre, » dit la derni?re fille. Elle avait des cheveux blond fonc? qui avaient presque l’air bruns sous l’?clairage tamis? du bar. Elle portait des lunettes ?l?gantes et elle avait un air un peu timide. « Nous sommes les agents DeMarco et Wise, » dit DeMarco. Elle montra discr?tement son badge, en s’approchant de la table. « Est-ce qu’on peut se joindre ? vous ? » Les trois filles se serr?rent un peu pour laisser de la place ? Kate et ? DeMarco. Au moment o? elles s’assirent, une serveuse s’approcha d’elles pour prendre leur commande. Elles command?rent de l’eau et, vu qu’elles n’avaient pas eu le temps de d?jeuner, elles prirent un cheeseburger ? emporter. Les filles eurent l’air un peu surprises et Kate sut tout de suite que DeMarco avait eu raison de d?cider de les retrouver ici. « J’imagine que le sh?rif Gates vous a d?j? pr?venues, » dit DeMarco, « mais nous voudrions vous parler de Kayla Peterson. Et tout particuli?rement de cette derni?re soir?e que vous avez pass?e ensemble. » Les filles se regard?rent d’un air triste. Elles ?taient visiblement boulevers?es par ce qui ?tait arriv?, mais elles paraissaient avoir les id?es claires. Kate ne fut pas surprise de constater que Tabby Amos ?tait la porte-parole du groupe. C’?tait celle qui avait l’air la plus s?re d’elle. Elle avait ?galement ?t? la premi?re ? se lever pour se pr?senter. « Eh bien, c’?tait mon id?e. On ?tait tr?s proches au lyc?e. Puis Kayla et Claire sont parties ? l’universit? et on ne se voyait presque plus. La derni?re fois qu’on s’est vues, c’?tait ? No?l dernier… c’est la derni?re fois qu’on s’est retrouv?es toutes les quatre ensemble. J’ai pens? que ce serait chouette de se revoir avant le mariage. » « Quel jour a lieu le mariage ? » demanda Kate. « Samedi prochain, » dit Olivia. « Qui se marie ? » « Mon fr?re, » dit Olivia. « C’?tait un peu notre grand fr?re ? nous toutes quand on ?tait au lyc?e, » dit Tabby. « Il prenait toujours notre d?fense si certains types insistaient pour sortir avec nous, alors qu’on leur avait dit non. » « Je suis l’une des demoiselles d’honneur, » dit Olivia. « Et bien entendu, j’ai invit? toutes mes amies. » « Mais on s’est dit que ce serait stupide de faire une soir?e le jour avant le mariage, » dit Tabby. « Alors, on a d?cid? de se voir samedi soir. » « Qu’est-ce que vous avez fait ? » demanda DeMarco. « On est rest? chez moi, » dit Claire. « Enfin… chez mes parents. Mais ils ?taient partis pour le weekend. Ils savaient que j’avais envie de voir mes amies et ?a ne leur posait aucun probl?me qu’elles viennent chez nous. On a regard? des films, on a bu du vin et on a mang? des pizzas. » « Est-ce que vous ?tes sorties ? un moment ou ? un autre ? » « Je suis sortie avec Kayla pour aller acheter du vin au magasin de Glensville, » dit Olivia. « O? se trouve Glensville ? » « ? une vingtaine de minutes de Harper Hills. » « Et vous ne pouviez pas acheter du vin ici ? » demanda Kate. « Non, » dit Tabby. « On a moins de vingt et un ans et tout le monde se connait dans cette ville. » « Oui, » dit Olivia. « En plus, il y a ce type ? Glensville avec lequel je sortais. Il a quelques ann?es de plus que moi et il conna?t le g?rant du magasin de Glensville. » Elle s’arr?ta un instant, avant d’ajouter : « Merde. Ils ne vont pas avoir des ennuis, j’esp?re ? » « Ils devraient, » dit DeMarco. « Mais c’est un d?tail par rapport ? l’affaire qui nous occupe. Maintenant… est-ce qu’il s’est pass? quoi que ce soit de sp?cial ? Glensville ? » « Rien, » dit Olivia. « On est entr?es, on a achet? trois bouteilles de vin et on est parties. » « Est-ce qu’il y a eu des tensions avec votre ancien petit-ami ? » « Non. On s’est ? peine parl?. Il ?tait accompagn? de sa nouvelle petite-amie, de toute fa?on. Il avait l’air plut?t press? de partir. » « Est-ce que l’une d’entre vous a bu un peu de trop ce soir-l? ? » demanda Kate. « Toutes les quatre, » dit Tabby. « J’?tais un peu f?ch?e quand j’ai remarqu? que Kayla ?tait partie. La maison de sa m?re ne se trouve qu’? dix minutes de celle des parents de Claire, mais tout de m?me… C’?tait irresponsable de sa part de conduire en ayant bu. Mais apr?s ?a, j’ai appris qu’elle avait ?t? tu?e et… » « Qu’est-ce que vous voulez dire par quand j’ai remarqu? que Kayla ?tait partie ? » demanda DeMarco. « Eh bien, vers minuit, Claire a sorti les bouteilles d’alcool de ses parents, » dit Tabby. « On a bu un peu de trop et j’ai sombr? vers une heure du matin. » « Et moi, je me suis effondr?e peu apr?s, » dit Claire. « Oui, » ajouta Olivia. « Moi et Kayla, on ?tait les derni?res ? tenir le coup. Mais je ne pense pas qu’elle ait bu un seul verre d’alcool fort. Bien s?r, elle ?tait un peu pompette, mais elle n’?tait pas morte saoule. En tout cas, pas quand j’ai fini par sombrer. » « Alors vous pensez qu’en voyant que tout le monde s’?tait endormi, elle a tout simplement d?cid? de rentrer chez elle ? » demanda DeMarco. « Oui, c’est ce qu’on a pens?, » dit Claire. « Et elle ne vous a pas envoy? de message au moment de partir ? » demanda Kate. « Elle ne vous a pas laiss? de mot ? » « Non, rien, » dit Olivia. « J’ai pens? qu’elle ?tait peut-?tre mal ? l’aise, » dit Tabby. « Elle n’a jamais ?t? une grande buveuse et je ne pense pas que ?a ait chang? avec l’universit?. Ou peut-?tre qu’elle ?tait juste g?n?e de se retrouver avec des amies qui avaient d?cid? de ne pas faire d’?tudes et de rester ? Harper Hills. Je ne sais pas. » « Est-ce que vous avez trouv? qu’elle se comportait de mani?re diff?rente ? » demanda Kate. « Non, et c’est ?a le plus bizarre, » dit Claire. « C’?tait la m?me Kayla de toujours. Avec l’esprit ouvert, sinc?re. C’?tait comme si rien n’avait chang? depuis le lyc?e. » DeMarco posa encore quelques questions sur les conversations qu’elles avaient eues ce soir-l?. Pendant ce temps-l?, Kate observa le comportement et l’attitude des trois filles. Elle n’avait aucune raison de penser qu’elles lui cachaient quelque chose, mais son attention fut tout de m?me attir?e par le comportement d’Olivia. Elle avait l’air nerveuse et l?g?rement agit?e. Il n’y a qu’elle qui s’est retrouv?e seule avec Kayla le soir o? elle est morte, pensa Kate. Peut-?tre qu’elle pourrait nous fournir davantage d’informations si les deux autres filles n’?taient pas l?. La serveuse leur apporta leurs hamburgers et DeMarco posa une derni?re question, avant de donner ? chacune d’entre elles une carte de visite, en leur disant de l’appeler si elles se rappelaient quoi que ce soit. « Qu’est-ce que tu en penses ? » demanda DeMarco ? Kate, au moment o? elles se dirigeaient vers leur voiture. « Je pense qu’Olivia nous en aurait dit plus, si ses amies n’avaient pas ?t? l?. Elle avait l’air nerveuse. Et c’est la seule ? avoir pass? du temps en t?te ? t?te avec Kayla. » « Tu penses qu’il est arriv? quelque chose quand elles sont parties acheter les bouteilles de vin ? » « Je ne sais pas. Mais m?me si ce n’est pas le cas, peut-?tre qu’elles ont parl? de quelque chose qui pourrait avoir un lien avec ce qui lui est arriv? par la suite. Ce ne sont que des sp?culations, mais… » « Non, j’ai aussi remarqu? qu’elle avait l’air un peu mal ? l’aise. » La nuit ?tait occup?e ? tomber et, bien que la journ?e ait ?t? longue, Kate savait qu’elle n’?tait pas encore termin?e. DeMarco avait toujours ?t? un oiseau de nuit et elle avait pour habitude de travailler jusqu’? des heures tardives. Et ce n’?tait pas plus mal. Parce qu’au fur et ? mesure que cette journ?e avan?ait, Kate ?tait de plus en plus certaine que ?a allait probablement ?tre sa derni?re enqu?te. Et si c’?tait le cas, elle comptait bien se donner ? fond. CHAPITRE SIX DeMarco faisait tout son possible pour ne pas trop r?fl?chir. Mais il fallait aussi qu’elle soit honn?te avec elle-m?me. Pendant un bref instant, elle avait ?t? l?g?rement agac?e quand Duran lui avait dit que Kate la rejoindrait sur cette affaire. Mais la d?ception avait tr?s vite fait place ? de la joie. Sa collaboration avec Kate Wise avait commenc? comme une sorte d’apprentissage. Mais au fur et ? mesure qu’elles avaient appris ? se conna?tre, ?a s’?tait transform? en amiti?. Mais il n’emp?che que DeMarco avait toujours eu la sensation d’?tre un agent d?butant… quelqu’un qui apprenait les ficelles du m?tier, en esp?rant impressionner Kate tout en d?veloppant ses propres comp?tences. DeMarco savait que c’?tait son enqu?te. Kate l’avait rejoint ? la derni?re minute et elle faisait tout son possible pour rester en retrait. Bien que DeMarco appr?cie ce geste, ?a la mettait mal ? l’aise. Kate ?tait une meneuse n?e et ?a faisait bizarre qu’elle lui laisse le contr?le. DeMarco se demanda ce qui pouvait bien se passer dans la t?te de sa co?quipi?re. Comment est-ce que Kate voyait sa carri?re, maintenant qu’elle ?tait devenue cette fameuse M?re miracle et qu’elle ?tait revenue travailler ? DeMarco n’en ?tait pas tout ? fait s?re, mais elle avait l’impression qu’elle en saurait plus d?s que cette affaire serait r?solue. Mais bien entendu, il fallait d’abord la r?soudre. Elle se gara sur le parking du Bowling Larry ? 18h15. Le parking ?tait presque vide et baign? d’une lueur rouge venant du n?on de l’enseigne. DeMarco se gara tout pr?s de l’entr?e. Elle ne savait pas exactement o? le corps de la premi?re victime avait ?t? retrouv?. Au moment o? elle entra dans le bowling en compagnie de Kate, DeMarco se rem?mora le contenu du rapport, qu’elle avait m?moris? la veille, avant d’aller se coucher. La victime s’appelait Mariah Ogden et elle avait dix-neuf ans. Elle avait ?t? retrouv?e par le propri?taire du bowling ? 22h40, mercredi soir. Elle gisait sur le sol, derri?re sa voiture. Le rapport du m?decin l?giste mentionnait des h?matomes au niveau de son cou et une pression importante appliqu?e au niveau de sa trach?e. Mariah, tout comme Kayla, avait ?t? ?trangl?e par quelqu’un qui semblait avoir beaucoup de force. Pour l’instant, il n’y avait aucune piste et personne n’avait vu ce qui s’?tait pass?. DeMarco et Kate s’approch?rent du comptoir de location de chaussures, o? un homme d’une soixantaine d’ann?es se tenait devant une petite t?l?. Il avait l’air de s’ennuyer. En jetant un coup d’?il aux quinze pistes derri?re elle, DeMarco constata que seules deux d’entre elles ?taient occup?es – l’une par cinq femmes d’?ge m?r et l’autre, tout au bout de la salle, par un homme seul. L’homme qui se trouvait derri?re le comptoir les salua d’un signe de t?te, en les regardant d’un air bizarre. Sur le badge accroch? ? sa chemise, il ?tait ?crit LARRY. « Je peux vous aider ? » DeMarco prit les devants, avant qu’une g?ne s’installe entre elle et Kate. Elle montra son badge et dit, « Agents DeMarco et Wise du FBI. Nous voudrions vous poser quelques questions concernant Mariah Ogden. » « J’ai d?j? dit ? la police tout ce que je savais, » dit Larry. « Mais si ?a peut vous aider ? retrouver le type qui assassine ces jeunes filles, je veux bien tout vous r?p?ter. » « Vous avez parl? de filles au pluriel, » dit Kate. « Est-ce que ?a veut dire que vous ?tes au courant concernant la deuxi?me victime ? » « Ce genre de nouvelles se propage tr?s vite dans une ville aussi petite. Oui… Kayla Peterson, c’est bien ?a ? Elle ?tait rentr?e pour un mariage, d’apr?s ce qu’on m’a dit. » « Larry, pouvez-vous nous raconter comment vous avez d?couvert le corps de Mariah ? » demanda DeMarco. « J’avais ferm? le bowling. Je suis sorti en direction de mon pickup et j’ai vu qu’il y avait encore une voiture gar?e sur le parking, tout au bout. Il arrive parfois que des adolescents trainent un peu plus longtemps sur le parking, apr?s avoir jou? au bowling. Alors je suis all? voir ce qui se passait. Je me suis dit que quelqu’un avait peut-?tre laiss? sa voiture l? pour partir avec un ami. Mais quand je suis arriv? plus pr?s, j’ai vu une basket. Puis j’ai vu une jambe. C’?tait Mariah Ogden… couch?e sur le sol, derri?re sa voiture. » « Elle ?tait d?j? morte ? » « Oui, mais la mort ne devait pas remonter ? tr?s longtemps. J’ai entendu dire qu’elle avait des h?matomes au niveau du cou. Mais je ne les ai pas vus au moment o? j’ai d?couvert son corps. » « Est-ce qu’elle ?tait venue jouer au bowling ce soir-l? ? » « Non, pas ce soir-l?. Mais elle venait de temps en temps avec ses amis. » Il allait ajouter quelque chose, mais il fut interrompu par le bruit de quilles et des cris de joie venant du groupe de femmes. Quand le bruit se fut un peu calm?, Larry se remit ? parler. « C’?tait une fille vraiment charmante. Polie et bien ?lev?e. » « Est-ce que vous connaissez certains des amis avec lesquels elle avait l’habitude de venir ? » demanda DeMarco. « Non, pas vraiment. Mais vous pouvez peut-?tre lui demander, ? lui. » Il fit un geste de la t?te en direction de l’homme qui jouait tout seul, au fond de la salle. « Qui est-ce ? » « Il s’appelle Dwayne Patterson. Il accompagnait parfois le groupe avec lequel Mariah venait jouer. Un gar?on un peu timide. Il vient souvent, parfois tout seul, mais il arrive de temps en temps qu’il se joigne ? d’autres groupes. Je n’en suis pas tout ? fait s?r, mais la mani?re dont il regardait parfois Mariah et comment il riait ? chacune de ses blagues… j’ai l’impression qu’il avait un faible pour elle. » « Merci, Larry, » dit Kate. Il leur fit un clin d’?il et elles partirent en direction de la piste qui se trouvait tout au fond ? gauche. Au moment o? elles s’approchaient, elles virent Dwayne Patterson faire tomber 7 quilles d’un coup. Il pencha la t?te sur le c?t?, comme s’il avait esp?r? un autre r?sultat et s’approcha de la machine pour r?cup?rer sa boule. Alors qu’il l’attendait, il vit DeMarco et Kate s’approcher de lui. Il ?tait clair qu’elles venaient lui parler et il eut soudain l’air d’un animal pris au pi?ge. « Monsieur Patterson, » dit DeMarco, en s’approchant de lui. « Larry nous a dit que vous pourriez peut-?tre nous fournir des informations concernant Mariah Ogden. » Patterson se demandait visiblement s’il devait avoir peur ou pas. Il les regarda d’un air sceptique et demanda : « Et qui ?tes-vous, au juste ? » Cette fois-ci, DeMarco et Kate sortirent leur badge en m?me temps, comme si c’?tait un tour de passe-passe. « Agents DeMarco et Wise, du FBI. Est-ce que vous pourriez r?pondre ? nos questions de mani?re un peu plus agr?able ? » Patterson s’assit lentement derri?re la machine qui enregistrait les scores. « D?sol?. Je ne savais pas. Hum… oui, bien s?r, je la connaissais. Mais pas sp?cialement super bien. » « Quel ?ge avez-vous, monsieur Patterson ? » demanda Kate. « Dix-neuf ans. » « Est-ce que vous ?tiez ami avec Mariah ? » « Oui. On est amis depuis le lyc?e. Mais pas non plus des super amis, vous voyez ? » « Oui, bien s?r, » dit Kate. « Qu’en est-il de mercredi soir ? Est-ce que vous l’avez vue ce soir-l? ? » « Oui, c’est le soir o? elle est morte. J’?tais ici, je jouais au bowling avec un ami. Quand on est parti, j’ai vu que Mariah ?tait sur le parking avec quelques-uns de ses amis. » « C’?tait quelque chose qu’elle faisait souvent ? » « Pas souvent, non. Mais de temps en temps. Il n’y a pas grand-chose d’autre ? faire dans le coin, vous savez ? » DeMarco voyait tr?s bien ce qu’il voulait dire. Elle avait grandi dans une petite ville o? la seule chose ? faire le soir, c’?tait trainer sur le parking du supermarch?, ? fumer des cigarettes et ? se b?coter. « Est-ce que vous les avez rejoints ? » demanda DeMarco. « Juste pendant un moment. J’ai ramen? mon ami chez lui, puis je suis repass? pour voir si tout allait bien. » « Comment ?a, pour voir si tout allait bien ? » demanda Kate. Patterson fron?a les sourcils, en ayant l’impression de s’aventurer sur un terrain dangereux. Il fit de son mieux pour essayer de s’expliquer. Il y avait de la nervosit? dans sa voix, mais aussi autre chose. Des regrets, peut-?tre ? DeMarco n’en ?tait pas tout ? fait s?re. « Eh bien, elle ?tait avec ses amis de toujours… ceux qu’elle avait au lyc?e. Et aussi une nouvelle fille, qu’elle avait rencontr?e ? l’universit? de Charlotte. Mais il y avait ?galement cet autre type avec eux. Un type que j’avais d?j? vu et qui… je ne sais pas… que j’ai toujours eu tendance ? essayer d’?viter. Je suis revenu un peu plus tard pour voir s’il ?tait encore l?. » « Pourquoi est-ce que vous ?vitiez ce type ? » demanda DeMarco. « Il y a quelque chose de malsain en lui. C’est le genre de type qui tra?ne sur le parking du lyc?e, alors que ?a fait des ann?es qu’il en est sorti. Il doit avoir au moins vingt-cinq ans. » « Et quel ?ge ont les amies de Mariah ? » « Entre dix-neuf et vingt et un ans. Au risque d’avoir l’air d’avoir des pr?jug?s, ce type, c’est un peu un ringard. En tout cas… ce soir-l?, il ?tait visiblement saoul. Il parlait fort et il ?tait un peu agressif, vous voyez ? » « Quel est le nom de ce type ? » demanda Kate. « Est-ce qu’il va savoir que c’est moi qui vous ai parl? de lui ? » « Non, ce n’est pas n?cessaire qu’il le sache. » « Il s’appelle Jamie Griles. » Il y avait maintenant de la col?re dans sa voix. « Beaucoup pensent qu’il va aux f?tes de lyc?e pour saouler les filles et coucher avec elles. Alors quand je l’ai vu tra?ner avec Mariah et ses amies, ?a m’a paru vraiment glauque. » « Et est-ce qu’il ?tait toujours sur le parking quand vous ?tes revenu ? » « Non, il ?tait d?j? parti. Une des amies de Mariah a dit qu’il y avait une f?te quelque part et elle a m?me plaisant? en disant que Jamie y ?tait parti parce qu’il y avait des filles plus jeunes l?-bas. » « Jamie Griles est un gars du coin ? » demanda DeMarco. « Oui. Il est n? et il a grandi ici. Et c’est s?rement ici qu’il finira sa vie. C’est typique de ce genre de ringard. » Patterson eut un petit rire et secoua la t?te. « Enfin, c’est un garagiste de dix-neuf ans qui joue tout seul au bowling un lundi soir qui vous le dit. » « Avez-vous parl? ? la police ? » « Non. Personne n’est venu me poser de questions. Comme je vous l’ai dit… on n’?tait pas non plus tr?s proches. Je suis juste… un type qui la connaissait. » ? la mani?re dont il avait dit ?a, DeMarco sut que Larry avait probablement raison. Dwayne Patterson avait s?rement des sentiments pour Mariah Ogden. Elle se demanda s’il le lui avait dit. Elle n’avait pas l’impression que c’?tait le cas – il avait s?rement gard? ses sentiments pour lui. « Vous n’avez pas pens? ? parler de Jamie Griles ? la police ? » demanda Kate. « Eh bien, je n’ai jamais pens? qu’il pourrait ?tre l’assassin. Oui, c’est un ringard et un type un peu glauque, mais je ne pense pas qu’il soit capable d’un meurtre. » « Vous avez dit qu’il parlait fort et qu’il ?tait un peu agressif, » dit DeMarco. « Est-ce que vous savez s’il ?tait agac? par quelqu’un en particulier ? » « Aucune id?e. » DeMarco regarda autour d’elle, comme si elle cherchait d’autres questions ? lui poser. Quand il fut clair qu’ils en avaient termin?, elle lui tendit une de ses cartes de visite. « N’h?sitez pas ? nous appeler si vous vous rappelez quoi que ce soit qui pourrait nous ?tre utile. » « Je le ferai, » dit Patterson, en mettant la carte de visite en poche. « Merci. » Son merci ?tait un peu bizarre, mais DeMarco pouvait voir ? l’air r?sign? qu’il avait sur le visage qu’il ?tait content d’avoir pu les aider, m?me si c’?tait avec un d?tail minime. Au moment o? DeMarco et Kate tourn?rent les talons, il reprit sa boule en main pour essayer de faire tomber les trois quilles qui lui restaient. CHAPITRE SEPT « Tu penses qu’il est trop tard pour faire une derni?re visite ? » demanda DeMarco. Kate se mit ? rire, en accrochant sa ceinture de s?curit?. D?s que Dwayne Patterson avait mentionn? le nom de Jamie Griles, elle avait su qu’elles allaient lui rendre visite avant de terminer leur journ?e. Elle enviait l’?nergie de DeMarco et elle comprenait pourquoi elle commen?ait ? se forger une vraie r?putation au sein du FBI. « Pas pour quelqu’un qui vit comme Jamie Griles, » dit Kate. « J’imagine que c’est ? lui que tu veux rendre visite ? » « Je me suis dit que ?a en vaudrait peut-?tre la peine. Apr?s tout, il n’est m?me pas encore dix-neuf heures. » « J’appelle Gates et je lui demande son adresse. » Kate appela Gates, mais il n’?tait pas au commissariat. Son appel fut directement redirig? vers le bureau de Smith, qui eut l’air ravi de pouvoir l’aider. Il lui fournit l’adresse de Griles en moins de vingt secondes. Au moment o? Kate introduisait l’adresse dans son GPS, son t?l?phone se mit ? sonner. C’?tait Gates qui la rappelait. « Est-ce que je peux vous demander pourquoi Griles vous int?resse ? » demanda Gates. « On a appris qu’il trainait avec Mariah Ogden et ses amies le soir o? elle a ?t? tu?e. Apparemment, il avait bu et il ?tait plut?t anim?. » « Il faut que je vous pr?vienne que c’est un cr?tin de la pire esp?ce. Mais je ne le vois pas capable de commettre un meurtre. » « C’est ce qu’on nous a dit. Maintenant, qu’est-ce que vous entendez par cr?tin de la pire esp?ce ? » « Je l’ai arr?t? au moins trois fois au cours des derni?res ann?es. Pour des trucs insignifiants, la plupart du temps. Conduite en ?tat d’ivresse, trouble de l’ordre public lors d’une bagarre Chez Esther. Et j’imagine que vous ?tes d?j? au courant, mais il aime impressionner les filles plus jeunes que lui… et il leur ach?te souvent de l’alcool. On n’a pas encore pu l’arr?ter pour ?a, mais tout le monde est au courant. » « Oui, on en a entendu parler. » « N’h?sitez pas ? m’appeler si vous avez besoin d’aide. » Kate raccrocha, en se demandant s’il se pourrait que Griles soit une piste plus int?ressante que pr?vu. Elle regarda l’adresse qu’elle avait introduite dans son GPS et elle vit qu’il vivait ? seulement seize minutes du bowling. « Tu penses que l’assassin pourrait ?tre un ex-petit ami qui se serait senti rejet? ou d?laiss? ? » demanda DeMarco, en roulant en direction de l’adresse. « Dans une petite ville comme celle-ci, c’est la premi?re chose ? laquelle je penserais, » dit Kate. « Mais tant qu’on n’aura pas trouv? de lien concret entre les deux filles, ?a va ?tre difficile ? prouver. C’est la raison pour laquelle j’aurais aim? que la m?re de Kayla soit encore en ville. » « Peut-?tre qu’on pourrait l’appeler demain, » dit DeMarco. Mais c’?tait plus une question qu’une affirmation – c’?tait une mani?re voil?e de demander : Est-ce qu’on serait vraiment des monstres si on d?rangeait une m?re en plein deuil ? « Si on n’a rien de neuf d’ici l?, il est possible qu’on n’ait pas d’autre choix, » dit Kate. « Le truc qui me chipote vraiment, c’est l’endroit o? Kayla Peterson a ?t? tu?e. Juste devant chez elle. Elle a m?me eu le temps d’ins?rer la cl? dans la serrure. Comme si le type l’accompagnait. » « Peut-?tre qu’elle essayait de le faire entrer en douce chez sa m?re ? » dit Kate. « Peut-?tre. » « Il y a ?galement une autre possibilit?. Peut-?tre qu’il ?tait l?, ? l’attendre. » DeMarco hocha la t?te d’un air grave. « Aucun de ces sc?narios n’est particuli?rement plaisant. » Pendant que DeMarco roulait en direction de l’adresse qu’on leur avait donn?e, Kate jeta un coup d’?il ? l’iPad sur lequel DeMarco avait t?l?charg? tous les dossiers de l’enqu?te. Pour l’instant, il n’y avait pas grand-chose et Kate se mit ? r?sumer ? voix haute les diff?rents ?l?ments dont elles disposaient. « Les deux victimes ?taient dans le m?me lyc?e, » dit Kate, en lisant les notes. « Mais dans une petite ville comme celle-ci, ce n’est pas tellement surprenant. » « Mais elles n’?taient pas dans la m?me universit?, » dit DeMarco. « Kayla Peterson est partie ?tudier en Floride, tandis que Mariah Ogden est rest?e en Caroline du Nord, ? Charlotte. » « Ce serait int?ressant de savoir si Jamie Griles connaissait Kayla. Si c’est le cas, ce serait le seul v?ritable lien entre elles. » « Et ce ne serait pas une bonne nouvelle pour Griles, » dit DeMarco. Ce fut la derni?re phrase qu’elles ?chang?rent. Kate ?tait s?re que DeMarco devait ?tre aussi excit?e qu’elle. Elles ?taient en route pour interroger leur premi?re piste concr?te et c’?tait toujours un moment particulier. Kate le savourait pleinement. Mais alors qu’elles roulaient ? travers la nuit, elle se rendit ?galement compte combien Michael lui manquait. Elle ressentit ? nouveau cette sensation d?sagr?able d’?tre une mauvaise m?re, d’avoir abandonn? sa famille. C’?tait plus que la culpabilit? d’une m?re qui retournerait travailler apr?s son cong? de maternit?. C’?tait une culpabilit? qui lui venait du pass?, une douleur qu’elle avait d?j? ressentie et qu’elle pensait avoir r?ussi ? surmonter. Et cette douleur… elle ?tait vive. Elle la ressentait ? travers tout son ?tre. Peut-?tre que c’?tait effectivement l?, sa derni?re enqu?te. Peut-?tre qu’elle ne devrait m?me pas ?tre l?. *** Elles pass?rent le reste du trajet en silence. Quand elles arriv?rent chez Jamie Griles, elles virent qu’il s’agissait d’une sorte de quadruplex. ?a ressemblait ? une grande maison, qui aurait ?t? divis?e en quatre appartement diff?rents. Chaque appartement avait sa propre bo?te aux lettres ? l’entr?e du parking. Kate vit que l’appartement de J. GRILES ?tait le num?ro 3. DeMarco se gara ? c?t? d’un vieux pickup GMC, qui ?tait gar? l?g?rement de travers devant le troisi?me appartement. Au moment o? elles sortirent de voiture, Kate entendit de la musique venant d’une st?r?o dans l’un des appartements. Elle fut plut?t fi?re d’elle, en reconnaissant le morceau comme ?tant Battery de Metallica. M?lissa avait eu sa p?riode Metallica dans sa jeunesse et elle avait ?t? plut?t surprise de se rendre compte que sa m?re n’avait pas d?test?. Au moment o? elles s’approch?rent de la porte o? ?tait accroch? le chiffre 3, Kate se rendit compte que la musique ne venait pas de l’int?rieur. Mais il y avait bien quelqu’un : une lumi?re tamis?e filtrait par la fen?tre, bloqu?e par des stores l?g?rement de travers. Elles arriv?rent sur le porche et DeMarco frappa ? la porte. « Oui ! » r?pondit une voix venant de l’int?rieur. « Une minute ! » Il y eut un l?ger branle-bas de combat ? l’int?rieur, puis la porte s’ouvrit. Jamie Griles ?tait un homme de taille moyenne. Ses cheveux noirs ?taient relev?s dans un style qui rappelait celui d’Elvis et ils ?taient maintenus en place par une sorte de gel. Il avait de petits yeux et une m?choire carr?e recouverte d’une l?g?re barbe. Il n’?tait pas vraiment beau, mais il attirait n?anmoins le regard. Kate n’eut aucun mal ? imaginer de jeunes filles impressionnables lui accorder de l’attention, en ?change de quelques bi?res. Il sourit en voyant les deux femmes et dit : « Est-ce que je peux vous aider, mesdames ? » DeMarco fut apparemment vex?e par la mani?re qu’il avait de les regarder. Quand elle sortit son badge, elle le lui jeta presque ? la figure. « Agents DeMarco et Wise, du FBI. Vous ?tes Jamie Griles ? » « Oui, c’est moi, » dit-il. Son sourire avait disparu, remplac? par un air surpris. « Mais… le FBI ? Pourquoi ? » « Nous enqu?tons sur une affaire ici, ? Harper Hills, et nous aimerions vous parler. » Ses yeux all?rent de l’une ? l’autre, comme s’il essayait de savoir s’il s’agissait d’une blague. Vu qu’il n’avait apparemment aucune intention de les inviter ? entrer, Kate fit un pas en avant. « Monsieur Griles, est-ce qu’on peut entrer ? » « Euh… oui, bien s?r mais… pourquoi ? » DeMarco le prit au mot et entra, en ?vitant de lui expliquer le but de leur visite. C’?tait une mani?re intelligente de faire, car Griles se serait s?rement mis sur la d?fensive s’il savait qu’elles venaient l’interroger au sujet de deux meurtres commis r?cemment dans la r?gion. Kate suivit DeMarco et entra dans un salon en d?sordre. Il y avait un match de baseball qui passait ? la t?l?, contre le mur du fond. Il y avait une bouteille de whisky bon march? pos?e sur la table du salon et une cigarette qui br?lait dans le cendrier qui se trouvait juste ? c?t?. DeMarco attaqua tout de suite, avant m?me que Griles ait le temps de refermer la porte. « Monsieur Griles, est-ce que vous avez une id?e de la raison de notre visite ? » « Non, » dit-il. Il ?tait visiblement effray?, mais il avait ?galement l’air agac?. Il n’aimait pas beaucoup ?tre interrog? – comme s’il n’?tait qu’un moins que rien. « Et je pense que c’est ? vous de me le dire. » C’?tait int?ressant d’observer cet ?change entre eux, ce jeu du chat et de la souris. DeMarco avait essay? de le pi?ger, mais Griles ?tait parvenu ? l’?viter. Kate aurait essay? exactement la m?me tactique. La question vague de DeMarco donnait l’occasion ? Griles d’avouer qu’il achetait de l’alcool pour des mineures – et c’?tait une offense tr?s s?rieuse en Caroline du Nord. Mais Griles avait ?vit? le coup et avait renvoy? la balle directement dans le camp de DeMarco. « Monsieur Griles, c’est une petite ville, » dit DeMarco. « J’imagine que vous avez entendu parler des meurtres qui ont r?cemment ?t? commis dans la r?gion ? » « Oui, bien s?r. » « Vous connaissez le nom des victimes ? » demanda Kate. « Oui, » dit-il. Il ?tait visiblement tr?s prudent dans ses r?ponses. Il ?tait clair que ce n’?tait pas la premi?re fois qu’il ?tait interrog?. Kate le voyait tr?s bien avoir ce genre d’?changes avec le sh?rif Gates. « Vous pouvez me le dire, alors, » dit DeMarco. « Pourquoi ? Vous ?tes l? parce que vous pensez que j’ai quelque chose ? voir avec tout ?a ? » « Je n’ai rien dit de tel, » dit DeMarco. « Mais en enqu?tant sur les meurtres, nous avons d?couvert que vous ?tiez avec un groupe de personnes qui sont les derni?res ? avoir vu l’une des victimes en vie. » Griles hocha la t?te et eut l’air l?g?rement soulag?. « Vous voulez parler de Mariah ? » « Oui. Mariah Ogden. Nous avons un t?moin qui vous a vu avec elle et un groupe de mineures, sur le parking du bowling Larry, le soir o? elle est morte. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire ? ce sujet ? » « Qu’il y a des gens dans cette ville qui feraient mieux de se m?ler de ce qui les regarde. » « C’est dans vos habitudes de tra?ner avec des filles beaucoup plus jeunes que vous, monsieur Griles ? » demanda Kate. « ?a m’arrive, » dit-il. « Mais c’est totalement consentant. Je ne suis pas une esp?ce de tar? de violeur. » « Notre t?moin nous a dit que vous parliez fort et que vous aviez l’air un peu ?nerv? ce soir-l?, » dit DeMarco. « Est-ce que quelque chose vous avait d?rang? ? » « Non. Et je ne me souviens pas d’avoir parl? fort, ni d’?tre ?nerv?. » « Est-ce que vous aviez bu ? » « Oui, un peu. » « On nous a dit que vous aviez quitt? le groupe pour aller ailleurs, » dit Kate. « Est-ce que vous pourriez nous dire exactement ce que vous avez fait, apr?s ?tre parti ? » « Oui, je peux. Et j’ai quelques personnes qui peuvent le confirmer si… » Il s’interrompit, s’assit dans un vieux fauteuil miteux et regarda les deux femmes comme si elles venaient de lui planter un couteau dans le dos. « Il y a quelque chose qui ne va pas, monsieur Griles ? » demanda DeMarco. « En fait, vous pensez vraiment que je suis un suspect. » « Un homme qui est connu pour essayer d’impressionner des filles plus jeunes que lui et qui vient d’avouer qu’il se trouvait avec la victime d’un meurtre le soir m?me o? elle a ?t? tu?e, » dit DeMarco. « Oui. N’importe quel agent digne de ce nom vous interrogerait. Alors, allez-y, racontez-moi ce que vous avez fait ce soir-l?. » Il prit la cigarette du cendrier, en inspira une bouff?e et s’appuya contre le dossier de son fauteuil. « J’ai quitt? le parking du bowling avec un ami ? moi, Gary. On est all?s Chez Esther pour prendre un verre et quelques ailes de poulet. Apr?s ?a, on est all?s ? une f?te dans une maison priv?e. » Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=56037678&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.