*** Òâîåé Ëóíû çåëåíûå öâåòû… Ìîåé Ëóíû áåñïå÷íûå ðóëàäû, Êàê ñâåòëÿ÷êè ãîðÿò èç òåìíîòû,  ëèñòàõ âèøíåâûõ ñóìðà÷íîãî ñàäà. Òâîåé Ëóíû ïå÷àëüíûé êàðàâàí, Áðåäóùèé â äàëü, òðîïîþ íåâåçåíüÿ. Ìîåé Ëóíû áåçäîííûé îêåàí, È Áðèãàíòèíà – âåðà è ñïàñåíüå. Òâîåé Ëóíû – ïå÷àëüíîå «Ïðîñòè» Ìîåé Ëóíû - äîâåð÷èâîå «Çäðàâñòâóé!» È íàøè ïàðàëëåëüíûå ïóòè… È Ç

Les Destin?s

Les Destin?s Morgan Rice « Morgan Rice a recommenc? ! Gr?ce ? un panel impressionnant de personnages, l’auteur nous livre un autre monde magique. LES PLUS M?RITANTS regorge d’intrigues, de trahisons, d’amiti?s inattendues et de tous les bons ingr?dients pour une lecture savoureuse. D?bordant d’action, vous serez captiv?s par ce livre. »—Books and Movie Reviews, Roberto MattosMorgan Rice, l’auteure ? succ?s n°1 de LA QU?TE DES H?ROS (un t?l?chargement gratuit avec plus de 1 000 notes ? cinq ?toiles), nous offre une nouvelle s?rie de fantasy captivante. Dans LES DESTIN?S (Le Fil de l’?p?e, tome 3), Royce, ?g? de 17 ans, doit s'embarquer avec ses amis dans un voyage ?pique ? travers la mer pour trouver la relique magique qui peut le conduire ? son p?re. Le roi rassemblant une arm?e pour attaquer leurs terres, le sort de son peuple d?pend de lui.Genevi?ve, quant ? elle, enfin consciente de la nature mauvaise de ses nobles invit?s, doit prendre une d?cision ?pique qui d?cidera de sa propre vie ou mort.LES DESTIN?S d?peint un conte ?pique qui parle d’amis et d’amants, de chevaliers et d’honneur, de trahison, de destin?e et d’amour. Un conte sur les valeurs nous faisant d?couvrir un monde de fantasy que toutes et tous pourront adorer. L E S D E S T I N ? S (LE FIL DE L’?P?E—TOME 3) MORGAN RICE ? propos de Morgan Rice Ecrivain prolifique et auteur ? succ?s, Morgan Rice a d?j? sign? de sa plume une s?rie de fantasy ?pique en dix-sept tomes, L’ANNEAU DU SORCIER ; une s?rie de bit-lit en douze tomes, SOUVENIRS D’UNE VAMPIRE ; un thriller post-apocalyptique en cours d’?criture, LA TRILOGIE DES RESCAP?S ; une autre s?rie de fantasy ?pique en six tomes, ROIS ET SORCIERS ; une s?rie de fantasy ?pique en cours d’?criture, DE COURONNES ET DE GLOIRE en huit tomes ; une s?rie de fantasy ?pique UN TRONE POUR DES SOEURS en huit tomes ; une nouvelle s?rie de science-fiction en quatre tomes, LES CHRONIQUES DE L’INVASION ; une nouvelle s?rie de fantasy, OLIVER BLUE ? L’ECOLE DES PROPH?TES, en quatre tomes et une nouvelle s?rie, LE FIL DE L’?P?E, en trois tomes. Morgan adore recevoir de vos nouvelles. N’h?sitez pas ? visiter son site web www.morganricebooks.com (http://www.morganricebooks.com/) pour vous inscrire ? la newsletter, recevoir un livre gratuit, des infos exclusives et des cadeaux, t?l?charger l’appli gratuite, vous connecter sur Facebook et Twitter et rester en contact ! Des ?loges pour les romans de Morgan Rice « Si vous avez perdu go?t ? la vie en refermant la derni?re page de L’ANNEAU DU SORCIER, rassurez-vous. Dans LE R?VEIL DES DRAGONS, Morgan Rice jette les bases de ce qui promet d’?tre une autre formidable s?rie, dans un univers peupl? de trolls et de dragons, o? l’on parle du courage, de l’honneur, de la magie et du destin. Les personnages, solides et int?ressants, nous donnent envie de les suivre, page apr?s page. Un indispensable pour tout bon lecteur de fantasy. » —Books and Movie Reviews, Roberto Mattos « Un roman de fantasy plein d’action et d’aventures, qui plaira aux fans de Morgan Rice, ainsi qu’? ceux de ERAGON de Christopher Paolini… Les amateurs de litt?rature jeunesse vont le d?vorer. » —The Wanderer, A Literary Journal (? propos du R?veil des Dragons) « Epop?e de fantasy pleine d’entrain, ? l’intrigue prenante et saupoudr?e d’un soup?on de myst?re… Une s?rie pour des lecteurs ? la recherche d’aventures. Les protagonistes et l’action tissent une vigoureuse ?pop?e qui se focalise principalement sur l’?volution de Thor. Enfant r?veur, il devient peu ? peu un jeune adulte dou? pour la survie… Et ce n’est que le d?but de ce qui promet d’?tre une s?rie ?pique pour jeunes adultes. » —Midwest Book Review (D. Donovan, Critiques d’eBooks) « L’ANNEAU DU SORCIER a tous les ingr?dients d’un succ?s imm?diat : des intrigues, du myst?re, de vaillants chevaliers et des relations qui s’?panouissent entre les c?urs bris?s, les complots et les trahisons. Ce roman vous occupera pendant des heures et satisfera toutes les tranches d’?ge. Un indispensable pour tout bon lecteur de fantasy. » —Books and Movie Reviews, Roberto Mattos « Dans ce premier tome de la s?rie L’ANNEAU DU SORCIER, nous faisons la connaissance de Thorgrin McLoed, dit « Thor ». ? quatorze ans, il r?ve de rejoindre la L?gion, c’est-?-dire l’arm?e de guerriers d’?lite qui prot?ge le royaume… Le style de Rice est efficace et l’histoire prometteuse. » —Publishers Weekly Livres par Morgan Rice OLIVER BLUE ET L’?COLE DES VOYANTS L’USINE MAGIQUE (Tome 1) L’ASTRE DE KANDRA (Tome 2) LES OBSIDIENNES (Tome 3) LE SCEPTRE DE FEU (Tome 4) LES CHRONIQUES DE L’INVASION ATTAQUE EXTRATERRESTRE (Tome 1) ARRIV?E (Tome 2) ASCENSION (Tome 3) RETOUR (Tome 4) LE FIL DE L’?P?E LES PLUS M?RITANTS (Tome 1) LES PLUS VAILLANTS (Tome 2) LES DESTIN?S (Tome 3) LES PLUS T?M?RAIRES (Tome 4) UN TR?NE POUR DES S?URS UN TR?NE POUR DES S?URS (Tome 1) UNE COUR DE VOLEURS (Tome 2) UNE CHANSON POUR DES ORPHELINES (Tome 3) UN CHANT FUN?BRE POUR DES PRINCES (Tome 4) UN JOYAU POUR LA COUR (Tome 5) UN BAISER POUR DES REINES (Tome 6) UNE COURONNE POUR DES ASSASSINS (Tome 7) UNE ?TREINTE POUR DES H?RITI?RES (Tome 8) DE COURONNES ET DE GLOIRE ESCLAVE, GUERRI?RE, REINE (Tome 1) CANAILLE, PRISONNI?RE, PRINCESSE (Tome 2) CHEVALIER, H?RITIER, PRINCE (Tome 3) REBELLE, PION, ROI (Tome 4) SOLDAT, FR?RE, SORCIER (Tome 5) H?RO?NE, TRA?TRESSE, FILLE (Tome 6) SOUVERAIN, RIVALE, EXIL?E (Tome 7) VAINQUEUR, VAINCU, FILS (Tome 8) ROIS ET SORCIERS LE R?VEIL DES DRAGONS (Tome 1) LE R?VEIL DU VAILLANT (Tome 2) LE POIDS DE L’HONNEUR (Tome 3) UNE FORGE DE BRAVOURE (Tome 4) UN ROYAUME D’OMBRES (Tome 5) LA NUIT DES BRAVES (Tome 6) L’ANNEAU DU SORCIER LA QU?TE DES H?ROS (Tome 1) LA MARCHE DES ROIS (Tome 2) LE DESTIN DES DRAGONS (Tome 3) UN CRI D’HONNEUR (Tome 4) UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome 5) UNE VALEUREUSE CHARGE (Tome 6) UN RITE D’?P?ES (Tome 7) UNE CONCESSION D’ARMES (Tome 8) UN CIEL DE CHARMES (Tome 9) UNE MER DE BOUCLIERS (Tome 10) LE R?GNE DE L’ACIER (Tome 11) UNE TERRE DE FEU (Tome 12) LE R?GNE DES REINES (Tome 13) LE SERMENT DES FR?RES (Tome 14) UN R?VE DE MORTELS (Tome 15) UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome 16) LE DON DE LA BATAILLE (Tome 17) TRILOGIE DES RESCAP?S AR?NE UN : ESCLAVAGISTES (Tome 1) AR?NE DEUX (Tome 2) AR?NE TROIS (Tome 3) LES VAMPIRES D?CHUS AVANT L’AUBE (Tome 1) SOUVENIRS D’UNE VAMPIRE TRANSFORM?E (Tome 1) AIM?E (Tome 2) TRAHIE (Tome 3) PR?DESTIN?E (Tome 4) D?SIR?E (Tome 5) FIANC?E (Tome 6) VOU?E (Tome 7) TROUV?E (Tome 8) REN?E (Tome 9) ARDEMMENT D?SIR?E (Tome 10) SOUMISE AU DESTIN (Tome 11) OBSESSION (Tome 12) Saviez-vous que j’ai ?crit plusieurs s?ries ? Si vous n’avez pas encore lu toutes mes s?ries, cliquez sur les images ci-dessous afin de t?l?charger le premier tome ! (http://www.morganricebooks.com/) Vous voulez des livres en cadeau ? Inscrivez-vous ? la newsletter de Morgan Rice et recevez 4 livres, 3 cartes, 1 appli gratuite, 1 jeu, 1 bande dessin?e et des exclusivit?s ! Pour vous inscrire : www.morganricebooks.com (http://www.morganricebooks.com/) Copyright © 2019 par Morgan Rice Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi des ?tats-Unis sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l’autorisation pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre seule jouissance personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d’autres personnes. 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TABLE DES MATI?RES CHAPITRE UN (#u45f6d2f4-8029-5f2a-b28d-da53838d23a5) CHAPITRE DEUX (#u87974fef-d6c8-5a0a-806e-d82a024be224) CHAPITRE TROIS (#udb31ac0b-c3b8-5f3e-a8c7-a98da853fcd0) CHAPITRE QUATRE (#u4f250f76-1cf6-58aa-9b7c-04618e3af0e1) CHAPITRE CINQ (#ud6b6c35f-ce85-52da-8b6e-5832265c4a1e) CHAPITRE SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE UN Royce ouvrait la voie ? travers les landes, se dirigeant vers la c?te ? la vitesse d’un tir d’arbal?te, ses yeux noisette fix?s sur sa destination. Ses cheveux blonds fouettant l’air au rythme de sa chevauch?e, sa posture refl?tant sa d?termination. Quatre de ses compagnons l’accompagnaient, davantage aurait trop attir? l’attention. Mark ?tait ? ses c?t?s, son ami avait l’air beaucoup plus fort qu’il ne l’avait jamais ?t? depuis que Royce l’avait retrouv?, ses cheveux noirs maintenus en place sous un casque d’acier, son armure l?g?re de guerrier de l’?le Rouge ?tincelant au soleil. Matilde et Neave ?taient c?te ? c?te, l’ancienne villageoise et la jeune fille Picti se regardant de temps en temps l’une l’autre, toutes les deux tr?s diff?rentes. Matilde ?tait rousse et aurait pu passer pour une cr?ature ang?lique si elle n’avait pas ?t? si f?roce, tandis que Neave avait des cheveux fonc?s tress?s et une peau l?g?rement plus mate tatou?e de signes bleus. Apr?s que Matilde ait d?clar? qu’elle partait, la d?cision de Neave avait ?t? instantan?e. La seule surprise venait de l’allure solide de Sir Bolis, chevauchant dans une armure aux bords de cobalt qui brillait l? o? ses plaques prenaient le soleil et qui proclamait sa richesse autant que son habilet? au combat. Il ?tait un peu plus ?g? que Royce, et celui-ci ?tait certain qu’il ne l’appr?ciait que l?g?rement plus maintenant qu’? son arriv?e chez Earl Undine. Royce n’arrivait pas ? comprendre pourquoi il avait fait ce voyage, mais il ne pouvait pas refuser son aide. Au-dessus de lui, son faucon, Ember, survolait la bruy?re et, ? travers ses yeux, Royce voyait la route qui l’attendait trac?e de fa?on claire, s?re et ouverte jusqu’au port d’Ablaver. Une fois arriv?s, Royce ?tait s?r qu’ils trouveraient un bateau qui les emm?nerait sur les Sept ?les, o? d’apr?s la sorci?re Lori, le miroir de la Sagesse ?tait cach?. L?-bas, ils pourraient trouver son p?re. C’?tait une perspective qui remplissait Royce ? la fois d’impatience et d’appr?hension. Impatience, parce qu’il voulait trouver son p?re plus que tout autre chose ? ce moment-l? ; il avait besoin de le trouver s’il voulait le ramener pour mener la lutte contre les nobles. L’appr?hension ?tait due ? l’endroit qu’ils auraient ? visiter pour le trouver. — ?tes-vous s?r que l’on doive se rendre sur les Sept ?les ? demanda Sir Bolis. Royce haussa les ?paules. — C’est ce que Lori a dit. Au-dessus de lui, le faucon cria comme pour confirmer. Earl Undine avait dit ? Royce que son p?re ?tait parti ? la recherche du miroir, tandis que la sorci?re avait indiqu? ? Royce l’emplacement du miroir. — Et vous allez traverser la mer seulement sur les dires d’une sorci?re ? ajouta Sir Bolis. — Tu peux toujours rester derri?re si tu veux, sugg?ra Mark, d’un ton qui disait qu’il ne faisait manifestement pas confiance au chevalier. — Et confier une t?che si importante ? des criminels et une Picti ? s’offusqua Sir Bolis. Royce se demanda comment quelqu’un d’aussi jeune pouvait r?ussir ? para?tre aussi pompeux. — Tu as un probl?me avec mon peuple, envahisseur ? demanda Neave, tendant la main vers un couteau. — ?a suffit, dit Royce. Cela sera d?j? assez difficile sans que nous nous disputions. Nous devons travailler ensemble. ? sa grande surprise, les autres cess?rent de se quereller. — Ils te font confiance, dit Mark, tandis que les autres s’?loignaient un peu les uns des autres. Quand tu diriges, les gens suivent. — C’est pour ?a que tu viens avec moi ? demanda Royce. Mark secoua la t?te. — Tu sais que ce n’est pas le cas. — M?me si tu penses que les Sept ?les sont dangereuses ? — Elles sont dangereuses, insista Mark. Il y a des cr?atures qui… sont loin d’?tre humaines. Il y a des sortes de trolls et des morts-vivants, et pire encore. Tu es s?r que c’est l? que nous devons aller ? Comment Royce pourrait-il l’expliquer ? Comment pouvait-il expliquer ce qu’il avait vu avec Lori, la vieille femme redevenue jeune et connaissant tant de choses de l’avenir ? Elle lui avait dit o? ?tait son p?re, et Royce devait y aller, qu’importe la difficult?. — J’en suis s?r, r?pondit-il simplement. — Tu m’as sauv? la vie assez souvent, dit Mark. O? tu iras, je te suivrai. Royce ne pouvait pas dire ? quel point il ?tait reconnaissant d’entendre ?a. Avec tout ce qu’ils devraient affronter… sauf que ce n’?tait pas les dangers ? venir qui l’inqui?taient le plus. C’?tait ce qu’il avait laiss? derri?re lui. Il venait ? peine de se fiancer avec Olivia, et ses pens?es revenaient sans cesse ? la fille d’Earl Undine, regrettant qu’ils n’aient pu passer plus de temps ensemble avant son d?part… Et si son visage se transformait parfois dans son esprit, se rapprochant des traits de celui de Genevi?ve… eh bien, il pouvait chasser ces pens?es. Royce continua, se concentrant sur le trajet qui l’attendait pour qu’il n’ait pas ? penser ? Genevi?ve, ? la fa?on dont elle l’avait rejet? ou ? la vitesse avec laquelle tout s’?tait pass? avec Olivia. Il y pensait encore quand Ember descendit en piqu?, ses serres s’enfon?ant dans son ?paule au moment d’atterrir. Elle cria, mais la voix que Royce entendit ?tait celle de Lori, les mots de la sorci?re lui parvenant clairement ? l’esprit. — Suis l’oiseau, Royce. Elle te m?nera ? quelqu’un que tu dois rencontrer. Ember s’envola, et Royce suivit le faucon des yeux, se demandant ? quel point la sorci?re le contr?lait, et quelles ?taient ses intentions. Elle lui avait d?j? dit qu’elle voyait la violence et la mort dans son avenir, qu’elle le bl?mait d?j? en partie pour ce qui s’?tait pass? dans le village. Royce n’avait aucune raison de penser qu’elle voulait l’aider. Sauf qu’elle semblait le faire, et puisqu’elle savait o? ?tait son p?re, la seule option s’offrant ? Royce ?tait de lui faire confiance. Royce suivit le faucon, planant ? travers la bruy?re vers un endroit o? se tenait une long?re au toit de chaume, de la fum?e s’?chappant devant l’entr?e. Il y avait l? un feu, et il semblait que tout, des meubles aux v?tements, y avait ?t? br?l?, les restes fumaient encore en finissant de se consumer. Deux corps gisaient pr?s du foyer, v?tus des restes de ce qui ?tait des uniformes de soldats. Ils ?taient tellement tremp?s de sang qu’il ?tait difficile de voir de quel c?t? ils avaient ?t?. Royce ne vit personne d’autre. — Ho-h? ? appela-t-il, en descendant. Il y a quelqu’un ? Il gardait sa main sur la poign?e de l’?p?e de cristal, s’attendant ? croiser des bandits, ou un autre ennemi. Il ?tait clair que quelqu’un d’autre ?tait venu ici tuer ces hommes, pas si longtemps auparavant, mais maintenant la maison semblait vide, la porte ?tait ouverte comme si elle avait ?t? enfonc?e. Puis il entendit grogner dans l’ouverture, et se retourna pour faire face ? une cr?ature qui se tenait l?, des grands yeux jaunes mena?ant. — Loup ! cria Matilde en ?levant son cheval. Mais il ne s’agissait pas tout ? fait d’un loup. Cette cr?ature ?tait plus grande, et quelque chose dans sa forme tenait autant du renard que du loup. Ses dents ?taient tout aussi longues, et ses griffes avaient l’air ac?r?es. Il ?tait couvert de sang, et il semblait ?vident que c’?tait le sang des hommes ?tendus l?. — Pas un loup, dit Neave. Un bhargir, une cr?ature magique. — Juste un gros loup, dit Sir Bolis, descendant de cheval et tirant son ?p?e. — Ce n’est pas un loup, insista Neave. Mon peuple raconte des histoires ? propos de ces choses. Certaines disent qu’ils ont ?t? cr??s par des magiciens malfaisants, d’autres disent qu’ils sont les ?mes des morts, ou des hommes portant des peaux de b?tes pour devenir quelque chose de… diff?rent. Quelle que soit cette cr?ature, elle avait l’air en col?re. Elle grognait, en avan?ant, et Royce avait toute l’attention de ses grands yeux jaunes. Pendant un moment, il pensa que la cr?ature lui sauterait dessus. Puis Ember revint sur son ?paule. — Il s’appelle Gwylim. — Comment ?a ? demanda Royce. Que se passe-t-il ici, Lori ? Mais l’oiseau reprit son envol, et Royce doutait qu’il aurait eu une r?ponse m?me s’il n’?tait pas reparti. Il regarda en arri?re pour voir Sir Bolis qui avan?ait, l’?p?e lev?e comme pour s’en prendre ? la b?te. — Tout va bien, dit-il. Je vais m’en occuper. Le chevalier ?tait sur le point d’abattre sa lame, et presque sans r?fl?chir, Royce bondit sur lui, saisissant le bras du jeune chevalier par surprise. — Attendez, insista-t-il. Attendez, Bolis. Il sentit le chevalier rel?cher sa tension, mais Bolis garda quand m?me son ?p?e pr?te ? toute ?ventualit?. — Cette chose a tu? deux hommes, et elle nous menace, dit Bolis. On devrait la tuer pour qu’elle ne blesse personne d’autre ! — Pas encore, dit Royce. Il regarda vers le… comment Neave l’avait appel? ? Un bhargir ? Il pouvait voir ? pr?sent que tout le sang qu’il avait sur sa fourrure n’?tait pas celui des hommes. Il avait une blessure sur le c?t?, le long de son flanc. Pas ?tonnant que la cr?ature ne grogne. — Gwylim ? demanda Royce. ? ce nom, le grognement s’arr?ta et le bhargir pencha la t?te, le regardant avec beaucoup plus d’intelligence qu’un loup ne l’aurait fait. — Tu comprends ce que je dis, n’est-ce pas ? devina Royce. La sorci?re Lori m’a envoy?. Si elle conna?t ton nom, tu la connais peut-?tre ? La cr?ature n’avait manifestement aucun moyen de r?pondre, mais malgr? cela, elle semblait s’?tre calm?e, se d?pla?a vers Royce et s’allongea ? ses pieds. Regardant de plus pr?s, Royce remarqua quelque chose qui lui sembla impossible : la blessure sur le c?t? commen?ait ? se refermer, les tissus de la b?te se r?g?n?rant ? une vitesse incroyable. Il n’y avait d?cidemment rien de normal chez cette cr?ature. Royce n’?tait pas s?r de ce qu’il devait faire. Lori l’avait manifestement dirig? vers cette cr?ature pour une raison, mais laquelle ? Il regarda dans la maison, cherchant un d?but de r?ponse, mais l’habitation semblait avoir ?t? d?pouill?e de tout, son contenu faisant clairement partie du feu devant elle. Pourquoi des voleurs comme les deux hommes morts feraient une chose pareille ? Sans r?ponse, Royce retourna ? son cheval. Le bhargir le suivait des yeux, assis derri?re le feu, assez pr?s pour que ses yeux brillent dans sa lumi?re. — Je ne sais pas quoi faire de toi, avoua-t-il. Mais j’imagine que tu pourrais ?tre assez malin pour d?cider par toi-m?me. Tu veux venir avec nous ? En r?ponse, la b?te semblable ? un loup s’approcha rapidement pour se mettre ? c?t? du cheval de Royce. D’une fa?on ou d’une autre, Royce soup?onnait qu’il n’aurait aucun probl?me ? suivre le rythme. — On emm?ne des monstres avec nous maintenant ? demanda Sir Bolis. — Il n’est pas plus ?trange que le reste d’entre nous, fit remarquer Matilde. — Il est beaucoup plus dangereux, dit Neave, d’une expression s?rieuse. Ce n’est pas une bonne id?e. Bonne id?e ou pas, Royce ?tait s?r que c’?tait la chose ? faire. Il talonna son cheval, en direction d’Ablaver, avec Ember dans les airs, en t?te. Si l’oiseau avait la moindre id?e de la raison pour laquelle il avait ?t? amen? ? trouver le bhargir qui suivait maintenant, il n’en donna aucune explication. *** La ville d’Ablaver frappa Royce par son odeur avant m?me qu’il ne la voie, l’odeur de poisson m?l?e ? celle de la mer laissait pr?sager de ce qui s’y passait. Cette odeur lui donna envie de faire demi-tour et de repartir, mais il continua. La vue de la ville n’am?liora pas son opinion, par la laideur des stations baleini?res, o? de si grandes et si belles cr?atures ?visc?r?es donnaient envie ? Royce de vomir. Il ne le fit pas, mais non sans efforts. — Nous ne pouvons pas dire aux gens qui nous sommes, avertit-il. — Parce qu’un groupe avec une Picti et un chevalier pourrait ?tre n’importe qui, ironisa Mark. — Si les villageois le demandent, nous sommes des mercenaires, ? la recherche de notre prochain engagement, dit Royce. Les gens vont probablement supposer que nous sommes des d?serteurs, des bandits, ou quelque chose de la sorte. — Je ne veux pas que les gens me prennent pour un bandit, dit Bolis. Je suis un guerrier loyal d’Earl Undine ! — Et pour l’instant, la meilleure fa?on d’?tre loyal, c’est de faire semblant d’?tre quelqu’un d’autre, insista Royce. Le chevalier sembla comprendre le message. Il ?tala m?me de la boue sur son bouclier, non sans maugr?er, afin que personne ne voie l’h?raldique qui s’y trouvait. — Que tout le monde garde ses capuches. Surtout toi, Neave. Royce n’?tait pas s?r de la r?action des habitants de la ville face ? un Picti. Il ne voulait pas avoir ? affronter toute une ville. C’?tait d?j? assez grave que Gwylim marche ? leurs c?t?s, beaucoup trop grand et effrayant pour un simple loup. Ils entr?rent dans le c?ur de la cit?, regardant ? l’entour les b?timents d?labr?s tout en descendant vers les quais et les navires amarr?s. La plupart d’entre eux n’?taient gu?re plus que des bateaux de p?che, mais certains des baleiniers ?taient plus grands, et parmi eux se trouvaient des nefs et de longs navires qui semblaient ?tre utilis?s pour le commerce. Il y avait des tavernes o? Royce pouvait entendre les bruits d’ivresse et de violence courantes pour ce genre d’endroits, et des ?tals de march? o? la viande rance et les produits exotiques fins ?taient dispos?s c?te ? c?te. — Nous devrions nous disperser, dit Matilde en louchant vers une taverne. Royce secoua la t?te. — Nous devons rester ensemble. Nous irons aux docks, trouverons un bateau, et ensuite nous pourrons explorer. Matilde n’eut pas l’air satisfaite de cette d?cision, mais pourtant, ils se dirig?rent ensemble vers les docks. L?, les choses semblaient se d?rouler plus paresseusement, avec des marins sur les ponts des navires ou assis au soleil. — Comment allons-nous nous y prendre ? demanda Mark, en regardant autour de lui. Trouver un capitaine qui nous conduira sur les Sept ?les ne sera pas chose ais?e. Royce ne pensait pas qu’il y ait une bonne r?ponse ? cette question. D’apr?s lui, il n’y avait qu’une seule option, et elle ?tait tout sauf subtile. — ?coutez-moi ! cria-t-il par-dessus le brouhaha des docks. J’ai besoin d’un bateau. Y a-t-il un capitaine ici pr?t ? naviguer vers les Sept ?les ? — Est-ce que c’est tr?s sage ? demanda Bolis. — Comment allons-nous trouver quelqu’un sinon ? demanda Royce. M?me s’ils entraient dans les tavernes et demandaient discr?tement, les nouvelles se r?pandraient rapidement. C’?tait peut-?tre encore mieux ainsi. Il ?leva la voix. — S’il vous plait… qui nous emm?nera dans les Sept ?les ? — Pourquoi veux-tu aller l?-bas ? r?pondit une voix d’homme. L’homme qui s’avan?a portait les soies brillantes d’un marchand, et un ventre rebondi trahissant une vie bien trop facile. — J’ai des affaires l?-bas, dit Royce, ne voulant pas en dire plus. Il y a des gens qui engageraient mes comp?tences et celles de mes compagnons. L’homme s’avan?a encore. Royce regarda son visage, cherchant tout signe que l’homme les avait reconnus. Mais il ne d?cela rien d’inqui?tant. — Quelle genre d’affaire ? demanda l’homme. Vous ?tes des bouffons, des jongleurs ? Royce r?fl?chit rapidement. Peut-?tre qu’ils ne pouvaient pas passer pour des mercenaires si facilement, mais ?a… — Bien s?r, dit-il. Il ?vita de croiser le regard de Bolis. Nous avons rendez-vous dans les Sept ?les. — On a d? vous promettre une belle somme pour vous y rendre, dit le capitaine. Ce qui veut dire que vous pouvez payer, n’est-ce pas ? Royce sorti une petite bourse. — Jusqu’? un certain point. Si cela les amenait jusqu’? son p?re, il paierait toutes les couronnes qu’il avait sur lui et plus encore. Il jeta la bourse au capitaine. — Est-ce suffisant ? demanda Royce. C’?tait l’autre danger. Le capitaine pouvait prendre l’argent et partir en courant jusqu’? son navire, et si Royce faisait quoi que ce soit pour essayer de l’arr?ter, cela ne ferait que montrer clairement qui ils ?taient. Pendant un moment, tout sembla s’arr?ter. Puis le capitaine hocha la t?te. — Oui, ?a suffira. Je vous emm?nerai dans les Sept ?les en un seul morceau. Apr?s ?a, vous vous d?brouillerez. CHAPITRE DEUX Genevi?ve s’?loigna de la ville encore toute ?tourdie, incapable de croire ce qui s’?tait pass? au ch?teau d’Altfor. Elle y ?tait all?e pleine d’espoir, mais d?sormais elle avait l’impression de n’?tre pas plus qu’un fant?me. Elle avait pens? qu’une fois les forces du duc vaincues, et Royce victorieux, elle aurait pu aller vers lui, ?tre avec lui. Au lieu de cela, ses pens?es errantes la ramen?rent ? la vision de la bague au doigt d’Olivia, proclamant ses fian?ailles avec l’homme qu’elle aimait. Genevi?ve chancela alors que son pied s’accrochait au sol, la douleur se propageant dans sa cheville alors qu’elle se la tordait. Elle boitait d?sormais, comme pour en rajouter ? sa mis?rable situation. Et personne aux alentours ne viendrait ? son secours. — J’aurais d? ?couter la sorci?re, se dit-elle en marchant. L’?nigmatique femme, Lori, avait essay? de l’avertir qu’elle ne trouverait que chagrin et d?ception en se rendant au ch?teau. Elle avait propos? ? Genevi?ve deux chemins, et lui avait promis que celui qui ne menait pas ? Royce ?tait celui qui la rendrait heureuse. Genevi?ve ne l’avait pas crue, mais maintenant… c’?tait comme si son c?ur avait disparu. Une partie d’elle se demandait s’il ?tait encore possible d’emprunter cette deuxi?me voie, mais m?me si elle le d?sirait, Genevi?ve savait que cette possibilit? avait disparu. Pas seulement parce que ce chemin ne se trouvait plus l? o? il ?tait mais parce qu’elle avait vu ce qui s’?tait pass? pour Royce et qu’elle ne pourrait jamais ?tre heureuse avec quelqu’un d’autre. — Je dois aller ? Fallsport, dit Genevi?ve. Elle esp?rait que la route qu’elle prenait la conduirait jusqu’? la c?te. ?ventuellement, elle y arriverait et y trouverait un bateau qui l’emm?nerait l? o? elle devait aller. Sheila devait d?j? ?tre arriv?e ? Fallsport. Genevi?ve pourrait la rejoindre, et elles pourraient trouver un moyen de tirer le meilleur parti de tout ce qui s’?tait pass?, en supposant que ce soit possible. Y avait-il r?ellement un moyen de tirer b?n?fice d’une situation o? elle portait l’enfant d’Altfor, o? l’homme qu’elle aimait l’avait abandonn?e, et o? tout le duch? avait sombr? dans le chaos ? Genevi?ve ne le savait pas, mais peut-?tre qu’avec l’aide de sa s?ur, elles pourraient trouver une solution. Elle continua ? avancer, rong?e par la faim, la fatigue commen?ant ? s’accumuler jusque dans ses os. Cela aurait pu ?tre plus facile si elle avait su exactement jusqu’o? elle devait aller ou o? elle pourrait trouver de la nourriture, mais au lieu de cela, la bruy?re s’?tirait ? perte de vue devant elle. — Peut-?tre que je devrais m’allonger et mourir ici, dit Genevi?ve, et m?me si elle ne le pensait pas vraiment, il y avait une partie d’elle qui… non, elle ne penserait pas comme ?a. Elle ne le ferait pas. Au loin, Genevi?ve crut voir des gens, mais elle s’?loigna d’eux, parce qu’il n’y avait aucun moyen que leur rencontre puisse apporter quoi que ce soit de bon pour elle. Une femme seule loin de tout, elle serait une proie r?v?e pour n’importe quel groupe de d?serteurs, de soldats ou m?me de rebelles. Et en tant qu’?pouse d’Altfor, les gens de l’arm?e de Royce n’avaient pas plus de raisons de l’aimer que quiconque. Elle s’?loigna d’eux jusqu’? ce qu’elle soit certaine qu’ils soient hors de vue. Elle le ferait seule. Sauf qu’elle n’?tait plus seule, n’est-ce pas ? Genevi?ve posa la main sur son ventre, comme si elle pouvait sentir la vie grandir en elle. Le b?b? d’Altfor, mais aussi le sien. Elle devait trouver un moyen de prot?ger son enfant. Elle continuait ? marcher, tandis que le soleil commen?ait ? s’estomper vers l’horizon, ?clairant la bruy?re de notes de feu. Un feu qui ne faisait rien pour garder Genevi?ve au chaud, cependant, et elle pouvait voir son haleine commencer ? embuer l’air devant elle. La nuit allait ?tre froide. Au mieux, elle devrait trouver un creux ou un foss? dans lequel se blottir, br?ler la tourbe ou la foug?re qu’elle pourrait rassembler pour faire un vrai feu. Au pire, cela signifierait qu’elle mourrait ici, gel?e dans une lande qui n’avait aucune compassion envers les gens qui tentaient de la traverser. C’?tait peut-?tre mieux que d’errer sans but jusqu’? ce qu’elle meure de faim. Une partie de Genevi?ve voulait juste rester assise l? et regarder les lumi?res danser sur la bruy?re jusqu’? ce que… Au d?but, Genevi?ve r?alisa que toutes les teintes orange et rouges du paysage autour d’elle n’?taient pas que le reflet du coucher du soleil. L?, au loin, elle pouvait voir une lumi?re qui semblait venir d’un b?timent. Il y avait des gens l?-bas. Auparavant, la vue des gens avait suffi ? faire rebrousser chemin ? Genevi?ve, mais c’?tait sous la lumi?re et la chaleur du jour, les rencontres ne repr?sentaient alors que du danger. D?sormais, dans l’obscurit? et dans le froid, ces dangers ?taient effac?s par l’espoir d’un abri. Genevi?ve boitait vers la lumi?re, chaque pas qu’elle faisait ressemblait ? une bataille. Elle sentit ses pieds s’enfoncer dans le sol tourbeux des landes, les chardons lui ?corchant les jambes alors qu’elle continuait ? avancer. C’?tait comme une sorte de barri?re ?rig?e par la nature, l? pour s’emm?ler, d?chirer et finalement saper la volont? de quiconque la traversait. Malgr? cela, Genevi?ve continua ? avancer. Lentement, les lumi?res se rapprochaient, et comme la lune commen?ait ? se lever et ? illuminer davantage le paysage, elle vit qu’il y avait une ferme en contrebas. Genevi?ve marchait un peu plus vite, descendant vers elle aussi vite qu’elle le pouvait, compte tenu de son ?tat d’?puisement et de douleur. Elle se rapprochait, soudain des gens sortirent du b?timent. Pendant un moment, Genevi?ve recula, une partie d’elle voulant fuir ? nouveau. Elle savait qu’elle ne le pouvait pas, cependant, alors elle continua ? tituber jusqu’? ce qu’elle atteigne la cour de la ferme, o? un homme et une femme lui faisaient face, tenant tous deux des outils agricoles comme s’ils s’attendaient ? une attaque. L’homme tenait une fourche, tandis que la femme avait une faucille. Ils les abaiss?rent rapidement en voyant que Genevi?ve ?tait seule. Le couple ?tait ?g? et ils semblaient us?s par les intemp?ries, ayant l’air d’avoir travaill? cette parcelle de terre pendant des d?cennies, cultivant quelques l?gumes et faisant pa?tre un petit nombre d’animaux dans la bruy?re. Ils portaient de simples v?tements de paysans et, en la regardant, ils pass?rent de la suspicion ? la sympathie. — Oh, regarde-la, Thom, dit la femme. La pauvre doit ?tre congel?e. — Oui, je vois, Anne, dit l’homme. Il tendit la main ? Genevi?ve. Viens, ma fille, on ferait mieux de t’emmener ? l’int?rieur. Il la conduisit ? l’int?rieur, dans une pi?ce au plafond bas o? un chaudron de rago?t bouillonnait dans le coin. L’homme pr?senta ? Genevi?ve une chaise devant le feu, et elle s’y affala, presque engloutie par celle-ci. L’impression de confort qu’elle ressentit lui fit r?aliser ? quel point elle ?tait extenu?e. — Repose-toi un peu, dit la femme. — Tiens, dit l’homme. Elle me dit quelque chose, pas toi, Anne ? — Je ne suis personne, dit rapidement Genevi?ve. Quand les gens l’avaient reconnue dans le village, ils lui en avaient voulu d’?tre la femme d’Altfor, m?me si elle n’avait aucune responsabilit? sur ce que le fils du duc avait fait. — Non, je te reconnais, dit Anne. Tu es Genevi?ve, la fille que le fils du duc a enlev?e. — Je suis… — Tu n’as pas besoin de cacher ton identit? avec nous, dit Thom. Nous n’allons pas te juger pour avoir ?t? enlev?e. Nous avons v?cu assez longtemps pour voir bon nombre de filles subir le m?me destin par les nobles d’ici. — Tu es en s?curit? ici, dit Anne en mettant la main sur son ?paule. Genevi?ve n’eut pas les mots pour dire ? quel point elle ?tait reconnaissante pour ces paroles. Quand le fermier lui tendit une assiette de rago?t, elle lui arracha presque des mains, r?alisant ? quel point elle ?tait affam?e. Ils lui donn?rent une couverture et Genevi?ve s’endormit presque instantan?ment, sombrant dans des t?n?bres sans les r?ves qu’elle avait tant esp?r?s auparavant. Quand elle se r?veilla, la lumi?re du jour s’infiltrait par les fen?tres de la ferme, assez forte pour que Genevi?ve devine qu’il devait ?tre pr?s de midi. Anne ?tait l?, mais aucun signe de son mari. — Ah, tu es r?veill?e, dit-elle. Il y a du pain, du fromage et un peu de bi?re si tu veux. Genevi?ve se dirigea vers la table de la cuisine, presque aussi affam?e que la veille. — Je suis d?sol?e, dit-elle. — De quoi dois-tu t’excuser ? lui demanda Anne. — Eh bien, d’?tre venue ainsi, dit Genevi?ve. Errant jusqu’? votre maison, vous mettant probablement en danger si quelqu’un d?couvre que j’?tais ici. Et… eh bien, de tout ce qui s’est pass? pendant qu’Altfor r?gnait. — Ce n’est pas ? toi d’en ?tre d?sol?e, insista Anne. Tu crois que je ne sais pas comment ?a se passe avec les nobles qui emm?nent des filles ? Tu penses que j’ai toujours ?t? vieille ? — Vous… commen?a Genevi?ve. Anne hocha la t?te. — Les choses allaient mieux sous l’ancien roi, mais elles n’?taient pas parfaites. Il y avait toujours ces nobles qui pensaient pouvoir prendre ce qu’ils voulaient. C’est en partie ce qui a creus? un foss? entre eux et lui, d’apr?s ce que j’ai entendu. — Je suis d?sol?e, dit Genevi?ve, r?alisant ce que disait la vieille femme. — Arr?te de dire ?a, r?pondit Anne. Tu n’as pas ? t’excuser. Je te le dis juste pour que tu comprennes que tu es en s?curit? ici. — Merci, dit Genevi?ve, ? cet instant, la s?curit? semblait ?tre un bien si pr?cieux qu’il lui ?tait presque interdit. Elle regarda autour d’elle. O? est votre mari ? — Oh, Thom s’occupe des moutons. Non pas que les moutons aient besoin de beaucoup de soins. Donnez-leur un endroit o? brouter et dormir et ils sont heureux. Les gens sont plus compliqu?s, ils en veulent toujours plus. Genevi?ve ne le comprenait que trop bien. Combien de malheurs ?taient arriv?s parce que certain dans le monde pensaient qu’ils avaient le droit de tout prendre, et qu’ils en voulaient toujours plus ? — As-tu pens? ? ce que tu allais faire ensuite ? lui demanda Anne. — Je pensais… ma s?ur est en s?curit? ? Fallsport, dit Genevi?ve. J’ai pens? que je pourrais aller la voir. — C’est un sacr? voyage, dit Anne. De l’autre c?t? de la mer, et je suppose que tu n’as pas beaucoup d’argent pour payer un bateau non plus. Genevi?ve secoua la t?te. Plus elle r?fl?chissait ? l’id?e, moins elle semblait avoir de sens. Aller voir Sheila ?tait la r?action la plus ?vidente, mais aussi la plus stupide. Cela signifierait simplement pour elles finir leur existence dans une fuite incessante, se demandant chaque jour si une lame sortirait de l’obscurit? pour mettre un terme ? cette folie. — Eh bien, nous n’avons pas d’argent pour t’aider, dit Anne. Mais tu pourrais rester ici un moment si tu le souhaites. On aurait bien besoin d’aide ? la ferme, et personne ne te trouverait ici. La g?n?rosit? de ces gens ?tait presque trop grande pour Genevi?ve. Elle sentit m?me des larmes commencer ? lui piquer le coin des yeux ? cette id?e. Que serait sa vie si elle d?cidait de rester, de laisser les choses se terminer ainsi ? La pens? de la bague d’Olivia lui surgit alors ? l’esprit. Elle avait pens? trouver un peu de bonheur en retrouvant Royce et dut reconna?tre ? quel point les choses avaient mal tourn?. Elle n’?tait pas faite pour une conclusion heureuse et pacifique, plus maintenant. En r?alit? elle avait d?j? un plan. Elle avait ?labor? un plan avec Sheila, sauf que dans l’?motion, fuyant la ville, elle avait tout oubli?. Maintenant qu’elle avait eu la chance de se r?tablir, de dormir, et m?me de recommencer ? penser sereinement, ce plan lui revint ? l’esprit. C’?tait la meilleure id?e par le pass?, et c’?tait la meilleure aujourd’hui. — Je ne peux pas rester, dit Genevi?ve. — O? iras-tu alors ? questionna Anne. Que vas-tu faire ? Tu es si d?termin?e ? trouver ta s?ur ? Genevi?ve secoua la t?te parce qu’elle savait que cela ne fonctionnerait pas. Non, elle ne pouvait pas aller chercher sa s?ur. Elle devait retrouver son mari. Elle devait le rejoindre, et si elle le supportait, elle devait jouer le r?le que le destin lui avait donn?, en tant qu’?pouse. Si elle pouvait supporter de faire cela jusqu’? ce que son enfant naisse et soit reconnu, alors elle pourrait se d?barrasser d’Altfor et r?gner comme m?re de l’h?ritier du duch?, pour le bien de tous. C’?tait un plan d?sesp?r?, mais c’?tait le seul qu’elle avait. Le plus dur serait de faire en sorte que cela fonctionne. Elle ne savait pas o? ?tait Altfor. Mais elle savait o? il irait : il avait perdu, et il allait donc chercher de l’aide, se dirigeant vers le roi. Genevi?ve savait alors o? elle devait se rendre. — Je dois aller ? la cour royale, dit-elle. CHAPITRE TROIS Royce agrippait le bastingage du navire, voulant qu’il se d?place plus vite ; son attention s’?tendit sur les vagues ? travers les yeux d’Ember. Le faucon volait en cercle, criant au-dessus des vagues et plongeant parfois vers elles pour capturer de petits oiseaux de mer lorsque ceux-ci devenaient des cibles trop tentantes. Mais l’attention de Royce ne s’?tait pas limit?e ? cela. Il s’approcha le plus profond?ment possible de la conscience d’Ember, cherchant tout signe de Lori, toute chance de parler ? la sorci?re qui les avait lanc?s dans leur p?riple et d’en savoir plus sur son p?re. Mais il n’y avait rien, juste le roulis de la mer et la lueur du soleil. — ?a fait des heures que tu es l?, dit Mark en venant le rejoindre. — ?a ne fait pas des heures, corrigea Royce. — Depuis le lever du soleil, pr?cisa Mark, l’air un peu inquiet. Toi et le loup. Gwylim maugr?a aux c?t?s de Royce, le bhargir n’aimant manifestement pas qu’on le mentionne comme ?tant simplement un loup. Durant leur voyage, Royce s’?tait demand? ? quel point la cr?ature les comprenait. ? plusieurs reprises, Ember avait atterri ? c?t? de lui, et Royce avait eu l’impression qu’ils communiquaient silencieusement ensemble. — Gwylim n’est pas un loup, dit Royce. Et j’esp?rais que Lori aurait un autre message pour moi. — Je sais, dit Mark. — ?a a caus? des probl?mes ? demanda Royce. — C’est moi qui ai d? g?rer les disputes entre les autres. — Il y a d? en avoir quelques-unes, devina Royce. — Plus qu’assez, r?pondit Mark. Neave et Matilde semblent avoir d?cid? que se disputer sans cesse ?tait la meilleure fa?on de d?clarer leur amour. Bolis est tellement coinc?, et la pr?sence d’un des Pictis ici est suffisante pour l’agacer. — Et toi, Mark ? demanda Royce. Que penses-tu des autres ? — Je pense qu’il est bon qu’ils soient de notre c?t?, avoua-t-il. La fille Picti semble f?roce, et il est ?vident que Matilde est une survivante. Bolis est peut-?tre un chevalier, mais au moins ?a veut dire qu’il sait utiliser son ?p?e. Mais cette ?quipe ne fonctionne que si tu es l? pour les mener, Royce, et tu as pass? la journ?e ici. C’?tait en effet le cas. Il esp?rait apercevoir son p?re, ou du moins trouver un moyen de communiquer avec la sorci?re qui l’avait envoy? pour le retrouver. Pour ce faire, il s’?tait concentr? ? la proue du navire et n’avait pas pr?t? beaucoup attention ? ce qui s’?tait pass? ? bord. Au moins, les choses semblaient aller bien, parce qu’elles allaient dans la bonne direction. — Comment crois-tu que les choses vont se passer au pays ? demanda Royce ? Mark. — Tu t’inqui?tes pour tes fr?res ? Royce hocha la t?te. Lofen, Raymond et Garet ?taient courageux et ils feraient tout ce qu’ils pourraient pour aider au combat, mais ils n’?taient pas des combattants aguerris, et ils avaient d?j? ?t? captur?s une fois. — Pour eux et pour Olivia, pr?cisa Royce. Il ne mentionna pas le fait que les pens?es de sa fianc?e se m?laient ? celles de Genevi?ve, pas m?me ? Mark, parce que ces pens?es ressemblaient ? une trahison de quelqu’un de bon, de pur, et dont le p?re leur avait tant donn? pour quelqu’un qui l’avait d?j? repouss?. — Nous la retrouverons bient?t, dit Mark en posant sa main sur l’?paule de Royce, et durant un instant, Royce ne se souvint plus de ce qu’il voulait dire par « elle ». — Je l’esp?re, r?pondit-il simplement. Il renvoya sa conscience dans les yeux d’Ember, et gr?ce ? cela, il vit les Sept ?les au loin avant tout le monde. Elles ?taient l?, drap?es dans des bancs de brume qui se d?pla?aient avec les flots. Des rochers d?chiquet?s jaillissaient des eaux autour d’eux comme les dents de grandes b?tes. En effet, Royce vit une baleine appara?tre et glisser sur l’eau dans une cascade d’embruns. Les rochers ?taient orn?s d’?paves de navires qui avaient essay? de les contourner sans conna?tre les routes s?res. C’?tait suffisant pour que Royce reconnaisse leur chance d’avoir trouv? un capitaine pr?t ? les emmener. Les ?les elles-m?mes semblaient ?tre un m?lange de verdure et de roches noires, regroup?es autour d’un lagon central avec l’une d’elles en son centre. La plupart d’entre elles ?taient parsem?es de v?g?tation, d’arbres et de sable si sombres qu’ils avaient d? ?tre us?s par le granit et le basalte des ?les. L’?le centrale semblait ?tre un volcan, bouillonnant d’un rouge ?blouissant, et Royce r?alisa que la brume autour d’eux n’en ?tait pas, c’?tait de la fum?e qui tombait, formant ainsi une sorte de halo autour des ?les. Le Miroir de la Sagesse ?tait l? quelque part, et s’il ?tait bien parti ? sa recherche, Royce esp?rait que son p?re serait l? aussi. — Terre en vue ! cria-t-il aux autres, en pointant du doigt. Le capitaine du navire s’approcha d’eux en souriant. — O? ? Aux yeux de Royce, les ?les ?taient une s?rie de points qui s’?taient d?velopp?s ici lentement. — Nous avons r?ussi, dit le capitaine. Il saisit une flasque ? sa ceinture. Nous devons boire ? une telle occasion, et apaiser les esprits de la mer. Il la tendit ? Royce, qui la prit et but poliment. La liqueur lui br?la la gorge. Mark la prit ?galement, cherchant ?videmment un moyen de d?cliner, mais le capitaine insista trop pour cela. Il en sirota une gorg?e, toussant instantan?ment. — Maintenant que nous sommes plus pr?s, dit le capitaine, tu nous en diras peut-?tre plus sur la raison de ta pr?sence ici. Tu cherches ton p?re, c’est bien ?a ? Royce mit un moment ? comprendre ce que l’autre homme venait de dire. — Je ne vous en ai jamais parl?, dit Royce. — Oh, ne sois pas timide, dit le capitaine. Tu pensais que les rumeurs ne courraient pas de village en village ? Tu es Royce, le gar?on qui a renvers? le vieux duc. Tu cherches ton p?re, et si tu m’as demand? de t’emmener jusqu’aux Sept ?les, alors il doit ?tre quelque part ici. — Je ne sais pas de quoi vous parlez, dit Royce, nous sommes juste… — Des saltimbanque en tourn?e, je sais, interrompit le capitaine. Sauf que c’est faux. Pensais-tu qu’un peu de boue sur le bouclier de ton chevalier ferait de lui un bouffon, ou masquerait la marque sur ta main ? Tu es Royce, pas la peine de le nier. L’homme le regarda fixement, et Royce ressentit le poids de l’attente dans son regard. Il estima qu’il n’?tait plus n?cessaire d’essayer de cacher qui il ?tait, mais m?me alors, il n’?tait pas ? l’aise ? l’id?e de l’admettre. — Qu’est-ce que ?a peut te faire ? demanda Mark ? c?t? de lui. — Parce que je veux aider, dit le capitaine. Tu as dit que tu voulais aller dans les Sept ?les, mais c’est tr?s vaste ici. Je pourrais t’emmener sur n’importe laquelle d’entre elles. O? veux-tu aller ? — Je ne sais pas, admit Royce. S’il le savait, ce serait beaucoup plus simple. — Nul besoin d’?tre timide, dit le capitaine. Je veux aider. Dis-moi juste o? est ton p?re, et je t’emm?ne directement ? lui. Dis-moi o? il est. Il y eut alors une note de duret? dans le ton du capitaine qui alerta les instincts de Royce. Royce le regarda, essayant de comprendre ce qui se passait, et fit appel ? Ember pour utiliser ses sens. Il la ramena vers le navire et lui fit prendre un point de vue bien diff?rent de celui auquel il l’avait habitu? depuis leur d?part ; il avait ?t? trop occup? ? attendre les ?les devant lui ou ? essayer de passer par Ember pour essayer de contacter Lori. S’il avait regard? plus t?t vers l’arri?re du navire, il aurait vu ses amis attach?s, d?faits de leurs armes et armures et retenus par une poign?e de marins. — Qu’est-ce que vous croyez faire ? dit Royce. Rel?chez mes amis imm?diatement ! Le capitaine le regarda avec un choc ?vident, comme s’il venait juste de r?aliser ce que Royce ?tait capable de faire. — De la magie ! dit le capitaine en faisant un pas en arri?re. Royce attrapa l’?p?e de cristal et tituba. Trop tard, il se rendit compte ? quel point il se sentait chancelant et incertain sur ses pieds. La flasque ! Il y avait certainement quelque chose dans la flasque ! Mark ?tait d?j? ? moiti? effondr? contre le bastingage. — Tu vas rejoindre tes amis, dit le capitaine, et nous trouverons peut-?tre un moyen de te faire parler en leur faisant assez de mal. Le roi paiera tr?s cher pour toi, mais eux… quelques entailles ne feront aucune diff?rence. Il frappa des mains et quelques marins s’approch?rent, saisissant Mark et Royce et les ramenant vers l’arri?re du navire. — Pourquoi faites-vous cela ? demanda Royce, les mots semblant sortir d’un brouillard aussi ?pais que celui qui entourait les Sept ?les qui approchaient. — Qu’est-ce qui nous pousse tous ? faire quoi que ce soit ? demanda le capitaine en haussant les ?paules. L’argent ! Je pourrais t’emmener jusqu’aux Sept ?les, et y risquer mon bateau, ou je peux simplement prendre ton argent et avoir une r?compense pour t’avoir livr? au roi Carris. — Aidez-moi, et je trouverai un moyen de vous r?compensez tout autant, tenta Royce. Cela semblait d?sesp?r?, m?me ? ses oreilles. Le capitaine rit. — Avec quoi ? Tu n’as pas d’argent. Ah oui, tu pr?vois de devenir roi toi-m?me ? D?clencher une guerre ne me rapporterait rien, mon gar?on. Je m’en sors assez confortablement comme ?a, emmenant quelques personnes l? o? elles ont besoin d’aller, vendant quelques passagers l? o? ils valent quelque chose ou en d?troussant les navires imprudents sortis seuls. Je me d?brouille tr?s bien avec mes petites habitudes. Royce voulut faire ravaler son cynisme ? ce capitaine de mis?re, mais les marins le tenaient fermement par les poignets, et la l?thargie qui se r?pandait en lui interdisait tout combat contre eux. — Oh, tu veux te battre ? demanda le capitaine. Crois-moi, apr?s les efforts auxquels tu m’as contraint, je ne le ferai pas. Tout ce chemin… Je t’ai emmen? jusque-l? parce que je pensais qu’il y avait une chance de d?livrer le vieux roi aussi bien que toi. Je ne briserai pas non plus mon vaisseau sur ces rochers. Une pens?e traversa l’esprit de Royce ; une pens?e d?sesp?r?e et dangereuse. — Vous ne retrouverez jamais mon p?re si vous n’?tes pas pr?t ? y aller, dit-il. — Alors tu nous diras o? il est ? demanda le capitaine. — Je… Royce fit semblant d’?tre ? bout de force. Je peux vous montrer. Le capitaine se frotta les mains l’une contre l’autre, hochant la t?te aux marins avec lui. Il ouvrit le chemin jusqu’au pont du navire, o? Matilde, Neave et Bolis ?taient tous attach?s pendant qu’un marin tenait la barre. Les marins jet?rent Mark avec les autres, tandis que Gwylim les accompagnait en fermant la marche. Le capitaine sortit un couteau et se dirigea vers Mark. — Ton ami va nous dire o? trouver le vieux roi, et s’il nous cause des ennuis, je te couperai en morceaux jusqu’? ce qu’il obtemp?re. — Vous n’avez pas besoin de faire cela, dit Royce. Le couteau si pr?s de Mark rendait cela plus dangereux, mais il n’avait pas d’autre option. Je vais vous guider. Il regarda ? travers les yeux d’Ember, localisant d’en haut les rochers et les ?paves pr?s de la premi?re des ?les. Utilisant la vue de l’animal, il commen?a ? donner des instructions. — Un peu ? gauche, dit-il. — Tu penses pouvoir nous guider ? demanda le capitaine. — Vous voulez que je vous m?ne ? mon p?re ou non ? s’aga?a Royce. Il se sentait toujours si faible. S’il avait eu toute sa force, il aurait simplement massacr? cet ?quipage de vermine et sauv? ses amis. Mais dans son ?tat… une telle action, c’?tait hors de question. — Si vous ne me croyez pas, gardez un ?il sur l’oiseau. Ember nous guide. Le capitaine leva les yeux et Royce regarda Gwylim, se demandant une nouvelle fois ? quel point la cr?ature semblable ? un loup le comprenait. Il regarda le capitaine d’un air insistant, esp?rant que cela suffirait. Il n’arr?tait pas de regarder ? travers les yeux d’Ember, laissant le navire s’approcher de la terre ferme et attendant sa chance… — Maintenant ! ordonna Royce, et le bhargir bondit, frappant le capitaine ? la poitrine alors m?me que Royce attrapait la barre et entrainait le navire vers une s?rie de r?cifs. Le navire se cabra brutalement, et ? ce moment m?me, Royce se dirigeait d?j? vers ses amis. Drogu? comme il l’?tait, il avait l’impression de se d?placer au ralenti, les sons et sa vision d?form?s en entendant le bruit d’une bagarre vicieuse qui venait de loin, ou tout pr?s de lui. Il ne pouvait pas esp?rer se joindre ? ce combat, aussi instable qu’il l’?tait, mais il pouvait essayer de lib?rer ses amis. Il tira l’?p?e de cristal, se penchant pour couper les cordes qui tenaient les mains de Matilde. — Merci, dit-elle en se frottant les poignets. Je vais… derri?re toi ! Royce se retourna en un ?clair et enfon?a sa lame dans la poitrine d’un marin qui courait vers lui. M?me instable, ? peine capable de tenir debout, Royce avait la force de traverser un homme de son ?p?e de cristal. L’?p?e du marin tomba, et Royce sentit quelque chose rebondir sur son armure alors que le marin s’?tait immobilis? durant un moment, avant de s’effondrer. Royce continua ? lib?rer les autres, et un autre marin se jeta sur eux. Cette fois-ci, Ember se pr?cipita pour lui lac?rer le visage, le retenant encore assez longtemps pour que Bolis puisse le faire passer par-dessus bord. Puis le navire heurta les rochers dans un crissement de bois comme si une for?t se faisait d?raciner, et tout le pont bascula lat?ralement. Les hommes criaient en tombant dans les eaux en contrebas. Royce vit une chose s’?lever de cette eau, longue et ressemblant ? un serpent, avec des nageoires en ?ventail et des dents semblables ? des couteaux. La cr?ature sortit de l’eau, se dressa comme une tour de si?ge, un homme prisonnier de sa gueule criant pendant que ses dents pointues le serraient. Un autre ?tait emprisonn? dans ses anneaux, et Royce entendit le craquement des os quand le mouvement du monstre marin l’?crasa. Royce eut un moment pour simplement appr?cier la sauvagerie de cette mort, avant de glisser lui aussi le long du pont vers le vide, droit dans la gueule du serpent g?ant qui attendait. Il s’agrippa comme il le put, r?ussissant ? peine ? supporter son propre poids. ? ses c?t?s, Mark, Matilde, Bolis et Neave s’?taient ?galement agripp?s pour leur vie, tandis que le navire continuait ? se d?chirer. — Quel ?tait exactement ton plan ? demanda Mark. — C’est ? peu pr?s tout, admit Royce. ?chouer le vaisseau et essayer de voir ce qu’il fallait faire ensuite. C’?tait une man?uvre fond?e sur rien de plus que l’espoir, et maintenant cela les avait conduits sur un navire qui se brisait lentement en deux, risquant de les faire tomber sur les rochers, ou pire, de les entra?ner dans les profondeurs. — Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Neave. Elle avait un bras enroul? autour d’une traverse du bastingage, l’autre autour de Matilde. — Je pense… dit Royce, essayant de r?fl?chir ? travers le brouillard qui alourdissait ses pens?es. Je pense que nous devons sauter ! — Sauter l?-dedans ? s’exclama Bolis. Vous ?tes fou ? — Si nous restons, nous serons prisonniers de l’?pave et entra?n?s vers le fond, assura Royce. Il faut que nous nous ?loignions, et la seule fa?on de le faire, c’est de sauter ! Il y avait ?galement une autre raison de sauter. Les hommes avan?aient le long du pont, et ils ?taient trop nombreux pour qu’il esp?re avoir le dessus dans son ?tat. Gwylim ?tait l?, la gueule recouverte de sang pendant qu’il grognait, mais qu’est-ce qu’une cr?ature comme lui pourrait faire dans une telle situation ? Il ne restait plus qu’un seul choix, alors Royce le fit pour ses amis. Sans h?siter, il poussa Bolis et Mark par-dessus bord. Matilde avait l’air de vouloir rester, mais Neave l’entra?na avec elle. Gwylim les suivit, le bhargir grondant avant de bondir. Il ne restait plus qu’une chose ? faire. Royce se leva sur la balustrade, regardant vers le bas o? l’eau moussait et tourbillonnait en bas. Il remit l’?p?e de cristal dans son fourreau, esp?rant que l’armure qu’il avait trouv?e dans la tour ?tait aussi l?g?re qu’il le sentait… …et il sauta. CHAPITRE QUATRE Raymond se tenait avec ses fr?res ? un croisement ? la fronti?re du territoire du vieux duc, sachant qu’il devait continuer, mais ne voulant pas en m?me temps se s?parer des autres pour le moment. Bient?t, Lofen, Garet et lui allaient devoir partir et entreprendre les choses dont Royce avait besoin, dont ils avaient tous besoin. — Nerveux ? demanda-t-il aux autres. — Bien s?r que non, dit Lofen, la bravade ?tait ?vidente. Lofen ?tait toujours pr?t ? se battre, et peut-?tre que cela lui servirait dans son entreprise de rallier les Pictis, malgr? tout, Raymond pensait qu’il aurait ?t? mieux loti s’il avait eu plus qu’une carte et une id?e g?n?rale. — Je ferai ce qu’il faut, dit Garet, essayant ?videmment d’avoir l’air aussi courageux que ses fr?res. Raymond voulait lui dire qu’il ne doutait pas un seul instant de son courage ; il avait vu ? quel point les autres avaient ?t? forts quand ils avaient ?t? pris au pi?ge dans le donjon d’Altfor. — Je persuaderai les Bannerets de nous rejoindre, ajouta-t-il. — Je trouverai davantage de gens susceptibles de vous aider, dit Moira, son cheval ? c?t? de celui de Garet. Raymond ne savait pas trop quoi penser de sa pr?sence l?-bas. Le fait qu’elle ?tait une noble aiderait ? mettre les gens de sa classe de leur c?t?, et elle s’?tait port?e volontaire pour aider, mais Raymond avait d?j? remarqu? la fa?on dont Garet la regardait, et il savait que cela allait ?tre compliqu?. — Fais attention ? toi, dit Raymond ? son fr?re cadet. Il se tourna vers Moira. On ne pouvait nier qu’elle ?tait belle, et il n’allait pas lui en vouloir d’avoir ?t? enlev?e par les nobles, malgr? cela, il y avait quelque chose dans la fa?on dont elle s’?tait port?e volontaire pour cette ?quip?e qui le rendait mal ? l’aise. — Veille ? ce qu’il soit en s?curit?. — Je ne suis pas un enfant, se vexa Garet. Je suis un homme, et j’agirai comme tel. — Tant que tu nous trouves les gens dont on a besoin, conclut Raymond. — J’ai la partie facile, insista Garet. C’est toi qui dois persuader les gens de se soulever. Raymond hocha la t?te. — Ils se soul?veront. Ils le feront pour Royce. Il avait vu comment son fr?re avait r?ussi ? persuader les gens ? se battre plus fort et comment Royce avait r?ussi ? vaincre les ennemis les plus dangereux. Il avait abattu un ma?tre d’arme comme Lord Alistair et avait ralli? les forces du comte Undine. Les gens se l?veraient au nom de Royce. — Je suppose que c’est un au revoir alors, dit Lofen essayant de ne montrer aucune ?motion. Mais Raymond savait qu’elle ?tait l?, derri?re le visage impassible de son fr?re. Raymond esp?rait juste qu’il pourra faire un plaidoyer plus ?mouvant quand il s’adressera aux Pictis. Il esp?rait aussi que son fr?re serait en s?curit?, parce qu’ils avaient tous vu de quoi les gens sauvages du pays ?taient capables, sur le rocher de gu?rison. — Ce n’est pas un adieu pour longtemps, j’esp?re, dit Raymond. Souviens-toi… — Les rassembler au ch?teau d’Earl Undine, pas ? celui du vieux duc, dit Lofen. Oui, je sais. Tu l’as dit assez de fois en chemin. — J’allais dire n’oubliez pas que je vous aime tous les deux, mes fr?res, dit Raymond. M?me si tu es un idiot, Lofen, et que Garet est encore trop novice pour avoir le moindre bon sens. — Au moins, on n’est pas une m?re poule qui glousse apr?s tout le monde, r?pondit Garet en tirant sur les rennes de son cheval pour le pr?parer au d?part. ? bient?t, mon fr?re, avec toute une arm?e ! — Je veillerai sur lui, dit Moira, retournant son propre cheval pour suivre Garet. — Veille ? tenir parole, insista Raymond. — Tu es dur avec elle, dit Lofen, alors que les deux s’?loignaient. — C’est plut?t le fait que Garet soit doux avec elle qui m’inqui?te, dit Raymond. Il vit son fr?re hausser les ?paules. — Au moins, il a une charmante compagne avec lui qui conna?t les gens qu’il va voir. Pourquoi je ne pouvais pas laisser cette Neave venir avec moi… Raymond se moqua de cette derni?re remarque. — Tu penses qu’elle serait int?ress?e par toi ? Tu l’as vue avec Matilde. De plus, les Pictis seront assez faciles ? trouver. Parcours les terres sauvages jusqu’? ce que l’un d’eux te lance quelque chose ? la figure. — Tu plaisantes, r?pondit Lofen en d?glutissant, mais tu te sentiras mal si je reviens cribl? de fl?ches. Je vais tout de m?me y aller, et je ram?nerai ma propre arm?e, pour voir ? quel point nos ennemis appr?cieront combattre le peuple sauvage. Il se retourna et partit en direction de ce qu’ils pensaient ?tre les terres des Pictis, ce qui laissa Raymond attendre seul au croisement. Compar? ? ses fr?res, il avait presque h?rit? de la t?che la plus facile : persuader des gens d?j? m?contents ? travers le royaume de se joindre ? leur cause. Apr?s tant d’ann?es d’abus de la part des nobles servant le Roi Carris, ils devraient ?tre en train d’attendre l’?tincelle de ses paroles, pr?ts ? s’enflammer comme de l’amadou. Malgr? tout, alors que Raymond tournait son cheval en direction d’un des villages et le poussait dans un galop, il se surprit ? regretter que ses fr?res ne soient pas venus avec lui. *** Le premier village ?tait un endroit si petit qu’il n’aurait probablement pas m?rit? de figurer sur la plupart des cartes. Il avait un nom, Byesby, et quelques maisons, et c’?tait tout. C’?tait ? peine plus qu’une ferme qui aurait prosp?r?, vraiment, sans m?me une auberge pour rassembler les gens du coin. Le mieux que l’on puisse dire, c’est qu’au moins il n’y avait pas de gardes dans les parages, au service d’un dirigeant local, qui pourrait essayer d’emp?cher Raymond de rassembler les gens. Il se rendit au centre de l’endroit, qui semblait ?tre marqu? par un poteau en bois bas pour afficher les messages, plac? pr?s d’un puits qui n’avait manifestement pas ?t? entretenu depuis un certain temps. Il y avait quelques personnes qui s’affairaient dans la rue, et d’autres sortirent alors que Raymond ?tait assis sur son cheval. Ils n’avaient probablement pas vu beaucoup de gens en armure passer par ici. Peut-?tre m?me pensaient-ils qu’il avait ?t? envoy? par quelque noble qui revendiquait l’endroit. — ?coutez-moi, cria Raymond du haut de son cheval. Rassemblez-vous, vous tous ! Lentement, les gens commenc?rent ? se manifester. Raymond avait c?toy? plus de gens sur les champs de batailles, mais il se rendit compte, au fur et ? mesure qu’ils l’entouraient, qu’il n’avait jamais eu ? parler devant autant de monde auparavant. ? ce moment-l?, sa bouche ?tait s?che, ses paumes moites. — Qui es-tu ? demanda un homme qui avait l’air assez costaud pour ?tre forgeron. Nous n’avons pas le temps pour les voleurs et les bandits ici. Il tenait un marteau comme pour insister sur le fait qu’ils n’?taient pas sans d?fense. — Alors c’est aussi bien que je ne sois ni l’un ni l’autre ! lui r?pondit Raymond en criant. Je suis l? pour vous aider. — ? moins que tu n’aies l’intention de nous pr?ter main forte pour la r?colte, je ne vois pas comment tu pourrais nous aider, intervint un autre homme. L’une des femmes les plus ?g?es regardait Raymond de haut en bas. — Je pourrais bien penser ? quelques fa?ons. Ces simples mots suffirent ? d?stabiliser Raymond, r?pandant ? travers son corps la chaleur de l’embarras. Il tenta de se ressaisir, et c’?tait au moins aussi difficile que d’affronter un bretteur. — N’avez-vous pas entendu que le vieux duc et son fils Altfor ont ?t? renvers?s ? poursuivit Raymond. — Qu’est-ce que ?a a ? voir avec nous ? demanda le forgeron. D’apr?s la fa?on dont les gens hochaient la t?te quand il parlait, Raymond eut le sentiment qu’il ?tait celui qu’il devrait convaincre. Nous sommes sur les terres de Lord Harrish. — Lord Harrish, qui vous saigne ? la mani?re des autres nobles, retorqua Raymond. Il savait qu’il y avait des nobles plus justes comme Earl Undine, mais d’apr?s ce dont il se rappelait du souverain de ces terres, il n’en faisait pas partie. Combien de fois faudra-t-il qu’ils aillent dans vos villages, qu’ils vous volent, avant que vous ne leur disiez que c’en est assez ? — Nous serions bien sots de faire une chose pareille, rappela le forgeron. Il a des soldats. — Et nous avons une arm?e ! ajouta Raymond. Vous avez entendu dire que le vieux duc avait ?t? renvers? ? Nous l’avons fait, au nom du roi l?gitime, Royce ! Dans son imagination, sa voix avait explos?. En r?alit?, Raymond pouvait voir certaines personnes ? l’arri?re qui s’effor?aient de l’entendre. — Tu es Royce ? s’interrogea le forgeron. C’est toi qui pr?tends ?tre le fils du vieux roi ? — Non, non, corrigea rapidement Raymond. Je suis son fr?re. — Tu es donc aussi le fils du vieux roi ? demanda le forgeron. — Non, je ne le suis pas, avoua Raymond. Je suis le fils d’un villageois, mais Royce est… — Eh bien, d?cide-toi, s’aga?a la vieille femme qui l’avait tant embarrass?. Si ce Royce est ton fr?re, alors il ne peut pas ?tre le fils du vieux roi. Cela va de soi. — Non, vous ne comprenez pas, dit Raymond. S’il vous pla?t, ?coutez-moi, donnez-moi une chance de tout expliquer, et… — Et quoi ? dit le forgeron. Tu nous diras combien ce Royce vaut la peine qu’on le suive ? Tu nous diras comment on devrait mourir dans la guerre de quelqu’un d’autre ? — Oui ! dit Raymond, avant de r?aliser de quoi cela avait l’air. Non, je veux dire… Ce n’est pas la guerre de quelqu’un d’autre. Cette guerre concerne tout le monde. Le forgeron n’avait pas l’air tr?s convaincu. Il s’approcha pour s’appuyer contre le puits, se d?tachant de la foule pour lui faire face et s’y adresser. — Vraiment ? dit-il en regardant les autres. Vous me connaissez tous, et je vous connais, et nous connaissons tous ces batailles entre nobles. Ils nous prennent pour leurs arm?es et nous promettent toutes sortes de choses, mais quand tout est fini, c’est nous qui sommes morts, et ils retournent ? leurs affaires comme si de rien n’?tait. — Royce est diff?rent ! insista Raymond. — En quoi est-il diff?rent ? demanda le forgeron. — Parce que c’est l’un des n?tres, r?pondit Raymond. Il a grandi dans un village. Il sait ce que cela signifie. Il s’en soucie. Le forgeron rit de bon c?ur. — S’il s’en soucie tant, alors o? est-il ? Pourquoi n’est-il pas l?, plut?t qu’un gar?on pr?tendant ?tre son fr?re ? Raymond sut alors qu’il ne servait ? rien de continuer. Les gens d’ici n’allaient plus l’?couter, quoi qu’il dise. Ils avaient entendu trop de promesses de la part d’un trop grand nombre d’autres personnes, ? l’?poque o? le roi Carris avait interdit ? ses nobles de se battre. La garantie que Royce prendrait r?ellement soin des villageois suffirait ? les convaincre, et le forgeron avait raison : ils n’avaient aucune raison d’y croire alors qu’il n’?tait m?me pas l?. Raymond tourna son cheval, sortant du village avec autant de dignit? qu’il pouvait lui rester ? pr?sent. Autant dire que cela ne repr?sentait plus grand-chose. Il emprunta le sentier en direction du village suivant, essayant de r?fl?chir pendant qu’il chevauchait, et ignorant la pluie constante qui commen?ait ? tomber autour de lui. Il aimait son fr?re, mais il souhaitait aussi que Royce n’ait pas ressenti le besoin de partir pour retrouver son p?re. Objectivement, Raymond pouvait comprendre ? quel point trouver le vieux roi aiderait leur cause, mais c’?tait Royce que le peuple suivrait, Royce qu’il devait voir pour se soulever. Sans lui ? ses c?t?s, Raymond n’?tait pas s?r d’?tre capable de rassembler une arm?e pour leur cause. Cela signifiait que lorsque le roi Carris riposterait, ils ne disposeraient que des forces de Earl Undine contre toute la puissance de l’arm?e royale. Raymond ne savait pas quelle serait la taille de cette arm?e, mais comme elle serait compos?e de forces de tous les seigneurs du pays… ils n’auraient aucune chance. Si seulement Royce avait pu ?tre ici, Raymond n’avait aucun doute sur sa capacit? ? lever l’arm?e dont ils avaient besoin. Mais il esp?rait que Lofen et Garet auraient plus de chance. — Impossible de ne s’en remettre qu’? la chance, se dit Raymond. Pas quand tant de gens risquent de mourir. Il avait ?t? aux premi?res loges pour voir ce que les nobles pouvaient faire ? ceux qui osaient leur tenir t?te. Il y avait vu de ses propres yeux les potences, les tortures sur la pierre de gu?rison, et pire encore. ? tout le moins, chaque village qui accepterait de les rejoindre se trouverait ravag?, ce qui ne donnait que des raisons suppl?mentaires ? ceux qui restaient de ne pas se m?ler ? la r?volte. Raymond soupira. Il n’y avait aucun moyen r?soudre cette ?pineuse ?quation : ils avaient besoin de Royce, mais c’?tait impossible tant qu’il ?tait parti ? la recherche de son p?re. ? moins que… — Non, ?a ne peut pas marcher, se dit Raymond. En y r?fl?chissant, c’?tait peut-?tre possible. Ce n’?tait pas comme si quelqu’un ici savait ? quoi ressemblait Royce. Ils avaient peut-?tre entendu parler de lui, on leur avait peut-?tre m?me fait une description g?n?rale, mais tout le monde savait ? quel point les histoires ?taient exag?r?es. — C’est une id?e stupide, murmura Raymond. Le probl?me, c’est que cette id?e ?tait la seule qui lui ?tait venue pour le moment. Oui, ce serait dangereux, parce que Royce ?tait un homme recherch?. Oui, cela aurait des r?percussions plus tard : les gens se sentiraient trahis quand ils le d?couvriraient, certains pourraient m?me d?serter. Mais il ne voyait pas d’autres solutions. D’autres se sentiraient trop li?s ? la cause une fois qu’ils feraient partie de l’arm?e, ou seraient trop occup?s ? se battre pour y penser. — Ils ne verront peut-?tre m?me pas Royce de pr?s, marmonna Raymond. Il se rendit compte qu’il avait d?j? pris sa d?cision sans vraiment s’?tre d?cid?, et il continua sa route vers un autre auditoire. Il d?passa un ou deux villages pour d?passer les rumeurs qui se r?pandraient de Byesby et risqueraient de g?cher ce qu’il ?tait sur le point de faire. L’endroit qu’il choisit ?tait plus grand, avec une auberge et une grande grange qui servait de magasin g?n?ral. C’?tait assez grand pour que la vue d’un homme entrant dans le village ne fasse pas sortir les gens de leurs maisons par sa raret?. Cela signifiait que Raymond devait rester juch? sur son cheval au milieu de la place du village et crier encore et encore jusqu’? ce que les gens viennent ? lui. — Tout le monde, ?coutez. Ecoute-moi bien ! J’ai des nouvelles ! Il attendit que les gens se rassemblent avant de commencer ? parler. — La guerre approche ! dit-il. Vous avez entendu dire que le fils du vrai roi est revenu, et qu’il a renvers? un duc qui opprimait son propre peuple ! C’est la v?rit?, et je sais ce que vous pensez. Vous pensez qu’il ne s’agit que d’une autre querelle entre nobles qui ne vous concerne en rien, mais je suis ici pour vous dire que vous avez aussi un r?le ? y jouer. Que la situation est diff?rente. — Oh, et pourquoi ?a ? interpella un homme ? l’arri?re de la foule croissante. Raymond avait l’impression que les choses ?voluaient exactement comme lors de son pr?c?dent discours. — Parce que nous avons une chance de changer les choses. Parce que ce n’est pas une querelle entre nobles, mais une opportunit? de b?tir un monde qui ne sera plus celui de quelques nobles nous ?crasant tous. Parce que c’est un combat o? les gens impliqu?s se soucient des gens comme vous, des gens comme nous tous. — Vraiment ? demanda l’homme. Alors, ?tranger, qui es-tu, pour en savoir autant ? ce propos ? Raymond reprit son souffle, sachant que c’?tait le moment de continuer ou de renoncer, et qu’une fois que ce serait fait, il ne pourrait plus revenir en arri?re. — Allez, insista l’homme. Qui es-tu, pour pr?tendre qu’un noble lointain se soucie de nous tous ? — C’est simple, dit Raymond, et cette fois, sa voix se r?pandit dans tout le village pour que tout le monde l’entende. Je m’appelle Royce, et je suis le fils du roi Philippe, le seul et l?gitime roi de ce pays ! CHAPITRE CINQ Royce progressait prudemment ? travers une for?t, les arbres se fondaient tellement les uns aux autres qu’il ?tait impossible de discerner un chemin. Il ?tait perdu, et d’une certaine fa?on, il savait que c’?tait un endroit o? se perdre signifiait bient?t mourir. Il continua, ne sachant pas quoi faire d’autre. Autour de lui maintenant, les arbres se refermaient, et leurs branches fouettaient l’air, pouss?es par un vent invisible, secouant Royce et le malmenant. Les branches d?chiraient sa peau, rejointes d?sormais par des ronces, le meurtrissant davantage et le ralentissant. Il lui fallut puiser tout ce qu’il avait pour pouvoir continuer. Mais ? quoi bon continuer ? Il ne savait pas o? il se trouvait, alors pourquoi continuer ? avancer ainsi, ? travers l’obscurit? et l’incertitude de la for?t ? Son ?nergie faiblissait, alors pourquoi ne pas s’asseoir sur la souche d’un arbre, attendre de reprendre son souffle, et… — S’arr?ter, c’est mourir, mon fils. La voix ?tait venue ? travers les arbres, et m?me s’il ne l’avait entendue que dans ses r?ves, Royce la reconnut imm?diatement comme ?tant celle de son p?re. Il se tourna vers le son, reprenant sa marche. — P?re, o? es-tu ? cria-t-il, poussant dans la direction d’o? semblait venir la voix. Sa progression ?tait de plus en plus compliqu?e. Il y avait des arbres tomb?s, et Royce avait de plus en plus de difficult? ? passer par-dessus. Il y avait des rochers qui per?aient le sol de la for?t, et ? pr?sent il semblait que Royce devait grimper autant que courir juste pour les contourner. La route ? suivre ?tait encore indiscernable du reste de la for?t, et Royce ressentait le d?sespoir accablant de ne pas savoir o? aller. C’est alors qu’il vit le cerf blanc se tenir non loin de lui, un cerf qui l’attendait et le regardait avec impatience. Avec la m?me ?trange certitude qu’il avait ressentie auparavant, Royce savait que cet animal ?tait l? pour lui montrer le chemin. Il se retourna pour le suivre, courant dans son sillage. Le cerf blanc ?tait rapide, et Royce dut redoubler d’effort pour le suivre. C’?tait comme si ses poumons explosaient sous l’effort, et ses membres ?taient en feu. Malgr? cela, il continua ? courir, ? travers les branches et les ronces, jusqu’? un espace o? le cerf disparut, remplac? par un personnage en armure entour? d’un halo de lumi?re blanche. — P?re, dit Royce, d’une voix ?touff?e par la fatigue. Il se sentait comme priv? de souffle, priv? de temps. Son p?re hocha la t?te et sourit, puis, inexplicablement, pointa le ciel. — Tu dois partir maintenant, Royce. Remonte, remonte vers la lumi?re. En levant les yeux, Royce vit une lumi?re au-dessus de lui, et alors qu’il essayait de suivre les conseils de son p?re, la lumi?re devint de plus en plus proche… *** Royce se r?veilla dans un cri muet qui sembla rejeter autant d’eau que d’air. Il cracha de l’eau de mer et commen?a ? s’asseoir, mais des mains prudentes le retinrent en place. Royce se d?battit contre elles pendant un moment avant qu’il ne r?alise que c’?tait Mark, ses mains poussant l’eau hors de l’estomac de Royce. — Attention, dit son ami. Tu vas faire chavirer le radeau. Le « radeau » en question n’?tait qu’une section du m?t du navire qui s’?tait rompue dans le chaos, puis s’?tait emm?l?e avec suffisamment de bois flott? pour former une sorte de plate-forme flottante fragile, port?e par les vagues. Bolis, Neave et Matilde ?taient agenouill?s sur l’embarcation de fortune, Gwylim un peu plus loin vers le bord et Ember volant au-dessus. Matilde avait une entaille sur le flanc qui pouvait provenir d’une lame ou d’un d?bris de bois, quoi qu’il en soit du sang coulait dans l’eau pendant que Neave s’agitait sur elle et coupait des morceaux de voile en guise de bandages. Sir Bolis essayait ? la h?te d’attacher une ferrure m?tallique ? une longueur de bois, formant ainsi un harpon de fortune. Son armure et ses armes semblaient avoir disparu au fond des eaux. Royce baissa rapidement les yeux et vit que l’?p?e de cristal ?tait toujours ? sa ceinture, tandis qu’il portait encore l’armure qu’il avait prise dans la tour du comte Undine. — Je ne sais pas comment tu as r?ussi ? nager avec ?a, dit Mark, mais tu l’as fait. Tu as surgi comme un bouchon et je t’ai sorti de l?. — Merci, dit Royce, offrant sa main ? son ami. Mark la prit et la serra de toutes ses forces. — Apr?s toutes les fois o? tu m’as sauv?, tu n’as pas besoin de me remercier. Je suis content que tu aies surv?cu. — Pour l’instant, dit Bolis ? la proue de leur embarcation providentielle. Nous sommes toujours en danger. Royce regarda autour de lui, essayant d’appr?hender les choses au-del? du radeau. Il constata qu’ils avaient ?t? emport?s au large, les sept ?les ?taient de nouveau une simple tache sur l’horizon. La mer vacillait aussi, comme si une temp?te s’annon?ait. Leur radeau grin?ait sous la pression des vagues successives. — Oubliez le harpon, dit Royce. Nous devons nous concentrer sur l’arrimage du radeau. — Vous n’avez pas vu la cr?ature d?vorer les gens, dit Bolis. Elle a d? tuer tous les marins qui ont ?t? pris dans l’?pave principale. Ce Wyrm des mers ne fait pas partie des choses que j’affronterais sans arme. — Pr?f?riez-vous l’affronter dans l’eau quand le radeau s’effondrera ou coulera ? riposta Royce. Il avait vu la cr?ature dont s’inqui?tait Bolis, et il savait ? quel point la menace serait grande, mais ? ce moment-l?, la mer pouvait les tuer tout aussi certainement. Il y avait des cordes attach?es aux m?ts, et Royce d?signa l’une d’elles. — Tout le monde essaie d’attraper des morceaux de corde qui ne sont pas d?j? enchev?tr?s et de les utiliser pour consolider le radeau. C’est la priorit?, puis pagayer pour rejoindre la terre ferme, enfin s’armer. — C’est facile ? dire pour vous, dit Bolis. Mais il s’ex?cuta tout de m?me. Ainsi que Neave et Mark. Quand Matilde se leva pour aider, elle s’effondra en s’affaissant de douleur. — On s’en occupe, lui dit Royce. C’est grave ? quel point ? — Je ne vais pas en mourir, dit Matilde. Du moins… je ne crois pas. — Pourquoi peut-elle s’asseoir l? et se reposer ? demanda Bolis. Neave lui fit face, un poignard ? la main. — Donne-moi une raison de ne pas t’?triper et jeter tes restes aux poissons, envahisseur. Royce s’interposa entre eux, mais Gwylim intervint plus rapidement, l’imposant bhargir les s?parant l’un de l’autre. — On ne peut pas se permettre de se battre, dit Royce. Nous devons travailler ensemble, ou nous allons tous nous noyer. Ils maugr??rent, mais retourn?rent au travail, et bient?t, le radeau parut beaucoup plus stable qu’avant. D’o? elle ?tait assise, Matilde travaillait d?j? ? amarrer une planche ? un morceau de bois plus long, cr?ant une sorte de rame. Royce l’imita, et bient?t, ils eurent chacun leur propre rame. — De quel c?t? ? demanda Bolis, et Royce montra du doigt. Il n’y avait qu’une seule destination possible pour un bateau aussi pr?caire. — Retour vers les ?les, confirma-t-il. — Et la cr?ature, souligna Mark. — Peut-?tre auront-nous de la chance et nous nous en sortirons, dit Royce. — Peut-?tre qu’il aura d?j? mang? ? sa faim, dit Neave en jetant un coup d’?il pour dire qu’elle esp?rait que tout le monde sur le radeau avait particip? ? lui fournir son repas. Royce ne savait pas ? quel point c’?tait probable, mais il ne semblait pas y avoir d’autre option ; ils devaient essayer de retourner sur les ?les. — Ramez ensemble, dit-il. Pr?ts ? Ils ram?rent en direction des ?les. Tous, m?me Matilde, particip?rent. M?me avec tous ces bras et tous ces efforts, la t?che se r?v?la ardue ; d’une part leurs rames de fortunes n’?taient pas des plus performantes et d’autre part les vagues semblaient d?termin?es ? les entrainer plus loin vers le large. Royce savait qu’ils ne devaient pas laisser cela arriver. Au loin, ils couleraient, mourraient de soif, ou seraient des proies faciles pour une autre cr?ature des profondeurs. Leur seul espoir r?sidait sur le fait d’atteindre la terre ferme. — Ramez plus fort, cria Royce, essayant de les encourager. Nous avan?ons. C’?tait le cas, mais tr?s lentement. Pour Ember, ils n’?taient qu’un point perdu dans l’immensit? de l’oc?an. Ce point se d?pla?ait en direction des ?les, mais ? peine plus vite qu’il ne l’aurait fait s’il avait ?t? pouss? par une mar?e contraire. Malgr? tout, ils se rapprochaient de plus en plus, au milieu de la brume, des rochers et de l’immensit? de l’eau. — Nous y sommes presque, dit Mark. Le ton de son ami refl?tait son optimiste. Empruntant pour un moment le point de vue d’Ember, Royce observa le labyrinthe de r?cifs autour des ?les, les courants tourbillonnants autour d’eux semblant presque impatients de tirer vers le fond tout navire qui s’approcherait de trop pr?s. La plus proche des ?les avait des plages ? ses extr?mit?s, mais ces plages ?taient entour?es de rochers et de r?cifs, avec des vagues venant se briser sur ceux-ci bien trop violemment. Royce d?cida qu’il vaudrait peut-?tre mieux en choisir une autre, en ?vitant compl?tement cette premi?re ?le, malgr? le danger et l’urgence de leur situation. Puis Gwylim se mit ? hurler, un hurlement long et grave comme un avertissement. Cette plainte fut suffisante pour que Royce fasse revenir Ember vers le radeau, ce qui lui donna l’avantage de sa vue pendant qu’elle scrutait aux alentours de leur embarcation. De l?-haut, Royce put rep?rer la silhouette dans l’eau qui s’avan?ait vers eux… — La cr?ature ! hurla-t-il en reprenant pleinement tous ses sens, alors m?me que la b?te sortait de l’eau en spirales sinueuses, exposant un corps d’anguille, des nageoires comme des lames et des dents brillantes au soleil. Elle plongea dans l’eau pr?s du radeau, et une vague s’abattit sur eux, faisant presque chavirer le fr?le esquif. Une partie de Royce devina que c’?tait l’intention de la cr?ature ; peut-?tre avait-elle d?cid? que ces aspirants marins seraient plus inoffensifs une fois tomb?s dans l’eau. Ne sachant pas r?ellement quoi faire d’autre, il tira l’?p?e de cristal. La cr?ature sortit de l’eau une fois de plus et Royce la frappa, ne pouvant l’atteindre que lorsqu’elle s’?levait au-dessus de lui. La chose plongea son regard vers lui, comme si elle essayait de trouver ce qui lui causa cette douleur. Elle lan?a ses m?choires grin?antes en direction de Royce, et celui-ci sauta aussi loin que le radeau le permettait, frappant dans le m?me geste son adversaire monstrueux. Gwylim participait ?galement au combat, bondissant sur la b?te toute dents dehors. Le monstre s’?lan?a une fois encore et Royce esquiva l’attaque, sentant la force de l’impact des nageoires de la chose s’?craser contre son armure. Il devina que sans cette protection il aurait fini tranch? en deux, mais m?me ainsi, il eut le souffle coup?, tombant ? genoux l’espace d’un instant. La cr?ature amor?a une nouvelle attaque et Royce savait qu’il n’aurait aucune chance d’esquiver cette fois. Bolis s’interposa, sa lance improvis?e ? la main, la lan?ant de toutes ses forces comme un harpon sur une baleine, visant la t?te du monstre. Il atteignit le Wyrm des mers dans l’un de ses yeux massifs, lui faisant pousser un cri qui r?sonna ? travers l’eau au moment m?me o? la chose heurtait Bolis, le propulsant hors du radeau. ? la surprise de Royce, Neave se jeta t?te la premi?re, le saisissant et le tirant pr?s du radeau. Il vit Mark se pr?cipiter ?galement, et ils arriv?rent juste ? temps, remontant le chevalier qui saignait avant que de grandes m?choires ne surgissent ? l’endroit o? il avait ?t? une seconde auparavant. Royce sauta sur l’occasion, frappant ? nouveau avec l’?p?e de cristal, et le sang coula ? nouveau. Ce n’?tait pas suffisant ; le Wyrm des mers ?tait tout simplement trop gros pour ?tre tu? avec les armes dont ils disposaient. Il plongea sous les vagues, et Royce put le voir s’?loigner gr?ce ? Ember, ses anneaux glissant d’une vague ? l’autre. — Il s’en va, dit Bolis, pressant la blessure sur sa poitrine. Royce secoua la t?te. — Il n’abandonnera pas si facilement. — Mais il recule, insista le chevalier. Nous l’avons combattu, bless?, et maintenant il s’en va ? la recherche de proies plus faciles. Royce secoua la t?te. — Il n’y a pas d’autre proie dans les parages, et nous ne lui avons pas fait tant de mal que cela. Il ne fuit pas, il reprend des forces. Comme pour confirmer ses dire, l’?norme serpent fit demi-tour, nageant ? nouveau dans leur direction. — Ramez ! s’exclama Royce. Notre seule chance est de ramer ! Rengainant l’?p?e de cristal, il prit une rame et commen?a ? pagayer vers le rivage de la premi?re ?le, ne se souciant plus pour le moment de savoir s’ils finiraient ?cras?s contre les r?cifs ou entrain?s vers le fond par les courants. Autour de lui, les autres semblaient avoir compris la situation et ram?rent de plus belle, peu importe ? quel point ils ?taient bless?s. Royce sentit le moment o? le courant attrapa leur radeau et l’entra?nait vers le rivage. Derri?re eux, la t?te du Wyrm des mers d?passa la surface et la gueule du monstre s’ouvrit, pr?te ? les avaler. Il regarda ? travers les yeux d’Ember, apercevant un affleurement de rochers devant lui, visible d’en haut mais cach? par les vagues. Royce pointa vers sa direction. — ? droite ! Chacun enfon?a sa rame avec l’?nergie du d?sespoir, menant le radeau vers la droite alors que le courant continuait ? le propulser vers l’avant. Ils contourn?rent les rochers, les ?vitant de justesse, et Royce jeta un coup d’?il en arri?re pour voir le serpent de mer s’emp?trer entre eux, se tortillant pour se lib?rer avant de tourner et de replonger dans les profondeurs. ? ce moment-l?, Royce cherchait d?j? d’autres r?cifs. Ils ?taient trop pr?s de l’?le maintenant pour esp?rer changer d’avis, et le courant les entra?nait inexorablement vers la c?te. La seule chance ?tait d’esquiver les rochers du mieux qu’ils pouvaient. — ? gauche ! ordonna Royce. Ils firent ? nouveau usage de leurs rames et r?ussirent ? ?viter une autre s?rie de rochers, mais il y avait maintenant un r?cif devant eux, et Royce ne voyait plus aucun moyen de le contourner. — Pr?parez-vous ! cria-t-il aux autres et il les vit saisir le radeau juste au moment o? il heurtait les rochers sous la surface. Royce se retrouva projet? en avant, et pour la deuxi?me fois ce jour-l?, il fut dans l’eau, luttant pour retrouver la surface. Mark avait eu raison au sujet de l’armure ; il ?tait impossible que quelqu’un puisse nager avec, et pourtant ce n’?tait pas pire que de nager dans des v?tements ordinaires. Il s’?lan?a vers la surface et s’?chappa tandis que le courant continuait ? le pousser. La mer les recracha sur la terre ferme avec une force meurtri?re, Royce rencontra enfin le sable derri?re les rochers quand une vague plus puissante que les autres le d?posa sur une des plages de l’?le. Il se retrouva ?tendu, g?missant de douleur, et autour de lui, il pouvait voir les autres couch?s sur le sable, Bolis et Matilde saignaient, Neave et Mark avait l’air meurtri, et m?me Gwylim semblait abattu par l’exp?rience, malgr? la rapidit? avec laquelle Royce l’avait d?j? vu gu?rir. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51923954&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.