×òî æå åñòü ó ìåíÿ? Äûðû â äðàíûõ êàðìàíàõ, Òðè ìîðùèíû íà ëáó, Äà èñò¸ðòûé ïÿòàê... Íî íå æàëêî íè äíÿ- Ìíå ñóäüáîþ ïðèäàííûõ, Õîòü ïîðîé ÿ æèâó Ïîïîäàÿ â ïðîñàê. Âñ¸ ÷òî åñòü ó ìåíÿ: Ñîâåñòü, ÷åñòü è óìåíüå. ß îòäàì íå ñêóïÿñü- Ïðîñòî òàê çà ïóñòÿê. Çà ïîñòåëü ó îãíÿ, Äîáðîòó áåç ñòåñíåíüÿ. È çà òî, ÷òî ïðîñòÿñü, Íå çàáûòü ìíå íè êàê... Âñ¸ ÷

Presque Perdue

Presque Perdue Blake Pierce PRESQUE PERDUE (LA FILLE AU PAIR — LIVRE N° 2) est le deuxi?me livre d'une nouvelle s?rie thriller psychologique par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de SANS LAISSER DE TRACES (volume 1) (t?l?chargement gratuit), un bestseller n?1 ayant re?u plus de 1 000 critiques ? cinq ?toiles.Lorsqu'une divorc?e en vacances dans la campagne britannique publie une annonce pour une fille au pair, Cassandra Vale, 23 ans, fauch?e, encore sous le choc des cons?quences d?sastreuses de son dernier placement en France, accepte le poste sans h?sitation. Riche, belle et g?n?reuse, avec deux enfants adorables, elle sent que tout va bien se passer.Mais est-ce possible ?Profitant au mieux de tout ce que l'Angleterre peut offrir, et la France ?tant derri?re elle, Cassandra ose croire qu'elle a enfin un moment pour reprendre son souffle - jusqu'? ce qu'une r?v?lation surprenante la force ? remettre en question les v?rit?s de son pass? tumultueux, son employeur et sa propre sant? mentale.Un myst?re fascinant, rempli de personnages complexes, de secrets, de rebondissements spectaculaires et de suspense ? couper le souffle, PRESQUE PERDUE est le deuxi?me livre d'une s?rie de thrillers psychologiques qui vous fera tourner les pages jusque tard dans la nuit.  Le livre n°3 de la s?rie, PRESQUE MORT, est disponible en pr?commande ! P R E S Q U E P E R D U E (LA FILLE AU PAIR – LIVRE DEUX) B L A K E P I E R C E Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie de romans ? suspense ? succ?s RILEY PAGE, qui comporte quinze tomes (pour l’instant). Blake Pierce est aussi l’auteur de la s?rie de romans ? suspense MACKENZIE WHITE, qui comprend neuf tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense AVERY BLACK, qui comprend six tomes ; de la s?rie de romans ? suspense KERI LOCKE, qui comprend cinq tomes ; de la s?rie de romans ? suspense LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense KATE WISE, qui comprend deux tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense psychologique CHLOE FINE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) et de la s?rie de thrillers psychologiques JESSIE HUNT, qui comprend trois tomes (pour l’instant). Lecteur gourmand et fan depuis toujours de romans ? myst?re et ? suspense, Blake aime beaucoup recevoir de vos nouvelles, donc, n’h?sitez pas ? vous rendre sur www.blakepierceauthor.com pour en apprendre plus et rester en contact. Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sauf dans la mesure permise par le U.S. Copyright Act de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou un syst?me de recherche, sans la permission pr?alable de l'auteur. Cet e-book est autoris? pour votre plaisir personnel seulement. Cet e-book ne peut pas ?tre revendu ou donn? ? d'autres personnes. Si vous souhaitez partager ce livre avec une autre personne, veuillez acheter un exemplaire suppl?mentaire pour chaque destinataire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou s'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage seulement, veuillez le retourner et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le travail acharn? de cet auteur. Ceci est une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les ?v?nements et les incidents sont le produit de l'imagination de l'auteur ou sont utilis?s de fa?on fictive. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou d?c?d?es, est enti?rement fortuite. L'image de couverture est la propri?t? de Suzanne Tucker, utilis?e sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) LA FILLE AU PAIR PRESQUE DISPARUE (Livre 1) PRESQUE PERDUE (Livre 2) PRESQUE MORTE (Livre 3) LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER ID?AL (Volume 2) LA MAISON ID?ALE (Volume 3) LE SOURIRE ID?ALE (Volume 4) LE MENSONGE ID?ALE (Volume 5) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4) DE RETOUR ? LA MAISON (Volume 5) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5) SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) MANQUE (Tome 16) UNE NOUVELLE DE LA S?RIE RILEY PAIGE R?SOLU S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) CONTENU CHAPITRE I (#uc89176f6-c186-5d9f-8a55-988377712af9) CHAPITRE II (#u80ea2123-89e8-57c0-afd7-dae4a3a7ae26) CHAPITRE III (#ud235aa1f-fd55-5e05-bb16-ba4a6d9cab28) CHAPITRE IV (#uea57fa14-8d5a-552a-aa2f-3b551c3a50cb) CHAPITRE V (#ueeae1f90-e72c-5f4d-bb73-7fbce6ead217) CHAPITRE VI (#u90686d3d-4113-51b5-823b-56cf5ba936fb) CHAPITRE VII (#ua0279295-4adf-5073-ab88-ba9d44653777) CHAPITRE VIII (#u0cc36ed9-568f-5ba1-8afe-895cbd5b6620) CHAPITRE IX (#litres_trial_promo) CHAPITRE X (#litres_trial_promo) CHAPITRE XI (#litres_trial_promo) CHAPITRE XII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XIII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XIV (#litres_trial_promo) CHAPITRE XV (#litres_trial_promo) CHAPITRE XVI (#litres_trial_promo) CHAPITRE XVII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XVIII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE XX (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXI (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXIII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXIV (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXV (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXVI (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXVII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXVIII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXX (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXXI (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXXII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXXIII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXXIV (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXXV (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXXVI (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXXVII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXXVIII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XXXIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE XL (#litres_trial_promo) CHAPITRE XLI (#litres_trial_promo) CHAPITRE XLII (#litres_trial_promo) CHAPITRE XLIII (#litres_trial_promo) CHAPITRE I Cassandra Vale se tenait dans la longue et lente file d'attente pour le London Eye. Au bout d’une demi-heure, elle ?tait assez proche pour voir la roue g?ante se dresser au-dessus d'elle, son armature d’acier s’?lan?ant vers le ciel couvert. La vue a?rienne de Londres ?tait une attraction majeure m?me en ce sombre jour de novembre. Elle ?tait seule, m?me s'il semblait que tout le monde ?tait ici avec des amis ou de la famille. Devant elle se trouvait une femme blonde nerveuse qui semblait avoir environ vingt-cinq ans, ? peu pr?s l'?ge de Cassie. Elle s’occupait de trois gar?ons indisciplin?s aux cheveux noirs. Lass?s de l'attente, ils avaient commenc? ? crier et ? se chamailler, ? se bousculer et ? sortir de la file d’attente. Ils provoquaient tant de g?ne que les gens commen?aient ? se plaindre. Le vieil homme devant elle se tourna et la fusilla du regard. « S'il vous pla?t, pourriez-vous dire ? vos gar?ons de se taire ? » demanda-t-il ? la femme blonde sur le ton exasp?r? d’une personne de la haute soci?t? britannique. « Je suis vraiment d?sol?e. Je vais essayer », s'excusa la jeune femme, au bord des larmes. Cassie avait d?j? compris que la femme blonde stress?e ?tait une fille au pair. Assister ? cette confrontation la ramena directement ? ce qu’elle avait v?cu il y a un mois. Elle savait exactement ? quel point la femme se sentait impuissante, coinc?e entre des enfants ing?rables, qui avaient commenc? ? se disputer, et des spectateurs m?contents, qui avaient commenc? ? lui faire des reproches. Cela pouvait finir mal. Sois heureuse que tu ne sois pas dans sa situation, se dit Cassie. Tu as la chance de profiter de ta libert? et de pouvoir d?couvrir cette ville. Le probl?me ?tait qu'elle ne se sentait pas libre. Elle se sentait trop visible et vuln?rable. Son ex-employeur ?tait sur le point d'?tre jug? pour meurtre et elle ?tait la seule personne qui savait toute la v?rit? sur ce qui s'?tait pass?. Pire encore, ? pr?sent, il aurait appris qu'elle avait d?truit une partie des preuves qu'il esp?rait utiliser contre elle. Elle ?tait malade de peur ? l’id?e qu'il la pourchasse. Qui savait jusqu'o? s'?tendait le pouvoir d'un homme riche et d?sesp?r? ? Dans une ville de plusieurs millions d'habitants, elle avait pens? qu'il serait facile de se cacher, mais les journaux fran?ais ?taient partout. ? chaque coin de rue, les gros titres s’en prenaient ? elle. Elle avait conscience de la surveillance intensive des cam?ras, en particulier dans les attractions touristiques - et le centre de Londres n’?tait qu’une immense attraction touristique. Levant les yeux, Cassie vit un homme brun, debout sur la plate-forme pr?s de la grande roue. Elle avait senti son regard un moment auparavant, et avait vu qu'il la regardait ? nouveau. Elle essaya de se rassurer en pensant qu’il ?tait probablement un agent de s?curit? ou un policier en civil, mais cela ne la r?conforta nullement. Elle faisait de son mieux pour ?viter la police, qu'il s'agisse de policiers en civil, ou de d?tectives priv?s, ou m?me d'anciens flics qui s'?taient lanc?s dans une activit? plus lucrative en tant que sbires r?mun?r?s. Cassie se figea en voyant l'homme qui scrutait d?crocher son t?l?phone, ou peut-?tre que c'?tait un talkie-walkie, et parler d'urgence. L'instant suivant, il quitta la plate-forme et marcha d?lib?r?ment dans sa direction. Cassie d?cida qu'elle n'avait pas besoin de voir la vue a?rienne de Londres aujourd'hui. Bien qu’elle e?t d?j? pay? le droit d'entr?e - elle s’en alla. Elle reviendrait une autre fois. Elle se retourna pour partir, pr?te ? se frayer un chemin ? travers la file de personnes aussi vite qu'elle le pouvait, mais vit avec horreur que deux autres policiers s'approchaient par derri?re. Les adolescentes, qui se tenaient derri?re elle, avaient ?galement d?cid? de partir. Elles s’?taient d?j? retourn?es et traversaient la queue vers la sortie. Cassie suivit les filles, reconnaissante qu'elles lui aient ouvert la voie, mais la panique monta en elle tandis que les policiers la suivaient. « Attendez, madame ! Arr?tez-vous ! » cria l'homme derri?re elle. Elle n’allait pas se retourner. Non. Elle crierait, elle saisirait les autres personnes dans la file, elle supplierait et implorerait, elle dirait qu’ils s’en prenaient ? la mauvaise personne, qu'elle ne savait rien du meurtrier pr?sum? Pierre Dubois et n'avait jamais travaill? pour lui. Elle ferait tout ce qu'il faudrait pour s'enfuir. Mais alors qu'elle se pr?parait ? se d?fendre, l'homme la d?passa et attrapa les deux adolescentes devant elle. Celles-ci commenc?rent ? crier et ? se d?battre comme elle avait pr?vu de le faire. Deux autres policiers en civil converg?rent, poussant les passants de c?t?, saisissant les bras des filles pendant que l'un des policiers en uniforme ouvrait leurs sacs. ? l'?tonnement de Cassie, elle vit le flic prendre trois t?l?phones portables et deux portefeuilles dans le sac ? dos rose fluo de la plus grande des filles. « Ce sont des pickpockets. V?rifiez vos sacs ? main, mesdames et messieurs. Veuillez nous informer s’il vous manque quelque chose », d?clara l'officier. Cassie saisit sa veste, soulag?e de sentir son t?l?phone bien planqu? dans la poche int?rieure. Puis, elle baissa les yeux vers son sac ? main et elle eut un haut-le-c?ur en voyant que la fermeture ?clair ?tait ouverte. « Mon portefeuille a disparu », d?clara-t-elle. « Quelqu'un l'a vol?. » Le souffle court et anxieuse, elle suivit la police hors de la queue jusqu’au petit bureau de s?curit? situ? ? proximit?. Les deux pickpockets attendaient d?j? l?-bas, les deux en larmes, alors que la police d?ballait leurs sacs. « Est-ce qu’il y a quelque chose ? vous, madame ? » demanda l'officier en civil, indiquant les t?l?phones et les portefeuilles plac?s sur le comptoir. « Non, il n’y a rien ? moi. » Cassie avait envie de fondre en larmes. Elle regarda l'un des policiers renverser le sac ? dos, esp?rant qu'elle verrait tomber son portefeuille en cuir us?, mais le sac ?tait vide. Le policier secoua la t?te, agac?. « Ils les font passer vers l’extr?mit? de la file et les mettent hors de vue tr?s rapidement. Vous ?tiez devant les voleuses, donc le v?tre a probablement ?t? vol? il y a un moment. » Cassie se tourna et fixa les filles. Elle esp?rait que tout ce qu'elle ressentait et pensait ? leur sujet se refl?tait sur son visage. Si le flic n'avait pas ?t? l?, elle les aurait injuri?, leur aurait demand? de quel droit elles g?chaient sa vie. Elles ne mouraient pas de faim ; elle pouvait voir leurs nouvelles chaussures et vestes de marque. Elles doivent rechercher des sensations fortes ? bon compte ou faire cela pour acheter de l'alcool ou de la drogue. « Toutes mes excuses, madame », poursuivit l'officier de police. « Si cela ne vous d?range pas d'attendre quelques minutes, nous aurons besoin de vous pour faire une d?claration. » Une d?claration, Cassie savait que ce n’?tait pas pour elle. Elle ne voulait pas du tout ?tre le centre d’int?r?t de la police. Elle ne voulait pas leur donner son adresse, ni dire qui elle ?tait, ni avoir ses coordonn?es dans un rapport officiel ici au Royaume-Uni. « Je vais juste dire ? ma s?ur que je suis ici », dit-elle en mentant ? l'officier. « Pas de probl?me. » Il se d?tourna, parlant sur son talkie-walkie, et Cassie sortit pr?cipitamment du bureau. Son portefeuille ?tait d?j? de l'histoire ancienne, il avait disparu. Elle n'avait aucun moyen de le r?cup?rer, m?me en r?digeant une centaine de d?clarations de vol. Elle d?cida donc de faire ce qui lui paraissait ?tre la meilleure chose : s'?loigner du London Eye et ne jamais y revenir. Quel d?sastre avait ?t? cette sortie. Elle avait tir? beaucoup d'argent ce matin-l?, et ses cartes bancaires avaient ?galement disparu. Elle ne pouvait pas aller dans une banque pour retirer de l'argent parce qu'elle n'avait pas de pi?ce d'identit? avec elle - son passeport ?tait ? la pension et elle n’avait pas le temps d’aller le chercher, car elle avait pr?vu de rejoindre son amie Jess pour le d?jeuner, directement du London Eye. Une demi-heure plus tard, encore secou?e par l’incident, constern?e par la somme d'argent qu'elle avait perdue et profond?ment ennuy?e par Londres, Cassie entra dans le pub o? elles avaiennt rendez-vous. Elle ?tait en avance sur le coup de feu du d?jeuner, et demanda ? la serveuse de leur r?server une table d'angle pendant qu'elle allait aux toilettes. Se regardant dans le miroir, elle lissa ses cheveux auburn ondul?s et tenta un sourire joyeux. L'expression ne lui ?tait pas famili?re. Elle ?tait s?re d'avoir perdu du poids depuis qu'elle et Jess s’?taient vues pour la derni?re fois, et elle pensait d'un ?il critique qu'elle avait l'air trop p?le et trop stress?e - et ce n'?tait pas seulement d? ? la contrari?t? qu'elle venait de vivre. Elle sortit des toilettes, juste ? temps pour voir Jess entrer dans le pub. Celle-ci portait la m?me veste qu'elle avait lors de leur premi?re rencontre, il y a plus d'un mois, toutes les deux en route pour des emplois au pair en France. La voir lui ramena des souvenirs ? la m?moire. Cassie se souvenait de ce qu'elle avait ressenti en montant dans l'avion. Effray?e, ind?cise et ayant de s?rieuses r?serves sur la famille ? laquelle elle avait ?t? affect?e. Celles-ci se r?v?l?rent bien fond?es. En revanche, Jess ?tait employ?e par une famille charmante et sympathique, et Cassie se disait qu'elle avait l'air tr?s heureuse. « C'est bon de te voir », d?clara Jess en serrant fort Cassie. « Quel plaisir.» « C'est super, mais je suis dans la merde », avoua Cassie. Elle expliqua alors le vol ? la tire de la matin?e. « Non ! C’est terrible. Quelle manque de veine qu’ils aient trouv? d'autres portefeuilles, et pas le tien. » « Pourrais-tu me pr?ter de l'argent pour le d?jeuner et les tickets de bus pour rentrer ? ma pension ? Je ne peux m?me pas retirer de l'argent dans une banque sans mon passeport. Je te le rendrai d?s que je pourrai me connecter. » « Bien s?r. Ce n'est pas un pr?t, c'est un cadeau. La famille pour laquelle je travaille est venue ? Londres pour un mariage, et ils sont tous ? Winchester avec la m?re de la mari?e aujourd'hui, alors ils m'ont fil? de l'argent pour profiter de Londres toute la journ?e. Apr?s cela, je vais ? Harrods. » Jess secoua ses cheveux blonds en riant, tout en donnant de l'argent ? Cassie. « H?, on se prend un selfie ? » sugg?ra-t-elle, mais Cassie refusa. « Je ne suis absolument pas maquill?e », expliqua-t-elle. Jess rit et rangea son t?l?phone. L’absence de maquillage n'?tait pas la vraie raison, bien s?r ; elle faisait de son mieux pour rester incognito. La premi?re chose qu'elle avait faite, apr?s son arriv?e ? Londres, avait ?t? de changer ses param?tres de m?dias sociaux, les rendant totalement priv?s. Des amis bien intentionn?s pourraient dire quelque chose avec toutes les cons?quences qu’on peut imaginer. Elle ne voulait pas que quelqu’un sache o? elle ?tait. Pas son ex-petit ami retourn? aux ?tats-Unis, et certainement pas son ex-employeur et ses avocats en France. Elle avait pens? qu'elle se sentirait en s?curit? une fois qu'elle aurait quitt? la France, mais elle n'avait pas r?alis? ? quel point l'Europe enti?re ?tait accessible et interconnect?e. Retourner directement aux ?tats-Unis aurait ?t? un choix plus judicieux. « Tu as l'air en pleine forme – as-tu perdu du poids ? » demanda Jess. « Les choses se passent-elles bien avec la famille qui t’a employ?e ? Tu m’as dit que tu ?tais inqui?te pour eux. » « Cela n'a pas fonctionn?, donc je ne suis plus avec eux », dit-elle avec pr?caution, passant sous silence les d?tails affreux qu’elle n'arrivait pas ? oublier. « Oh ma ch?rie, qu’est-ce qui n'a pas fonctionn? ? » « Les enfants ont d?m?nag? dans le sud de la France et la famille n'avait plus besoin d'une fille au pair. » Cassie resta aussi sobre que possible, esp?rant qu'une explication ennuyeuse ?viterait d'autres questions, car elle ne voulait pas avoir ? mentir ? son amie. « Ce sont des choses qui arrivent. ?a aurait pu ?tre pire. Tu aurais pu travailler pour cette famille, tout le monde parle de l'endroit o? le mari est jug? pour le meurtre de sa fianc?e. » Cassie baissa les yeux pr?cipitamment, redoutant que son expression la trahisse. Heureusement, elles furent distraites par l'arriv?e du vin, et apr?s avoir command? les plats, Jess laissa ce sujet scabreux et passa ? autre chose. « Que vas-tu faire ? » demanda-t-elle ? Cassie. Cassie ?tait g?n?e par la question, car elle n'avait pas de r?ponse coh?rente. Elle souhaitait pouvoir dire ? Jess qu'elle avait un plan et qu'elle ne vivait pas seulement au jour le jour, sachant qu'elle devait profiter au maximum de son temps en Europe, mais qu’elle se sentait de plus en plus ind?cise quant ? sa situation ici. « Je suis partag?e. Je pensais retourner aux ?tats-Unis et trouver du travail dans un endroit plus chaud. La Floride, peut-?tre. La vie est ch?re ici. » Jess acquies?a. « J'ai achet? une voiture ? mon arriv?e. Quelqu'un de la pension la vendait. Cela m'a co?t? beaucoup d'argent. » « Alors tu as une voiture ? » demanda Jess. « Mais c'est g?nial ! » « ?a ?t? super. J'ai fait de magnifiques ballades dans les environs, mais utiliser la voiture avec l'essence et tout, et m?me la vie de tous les jours, co?te plus cher que pr?vu. » Laisser filer l'argent sans aucune perspective de gagner un revenu la stressait, et cela lui rappelait ce qu’elle avait endur? lorsqu'elle ?tait plus jeune. Elle avait quitt? la maison ? seize ans pour ?chapper ? son p?re abusif et violent, et depuis lors, elle avait d? se prendre en charge. Elle n'avait aucune s?curit?, ni ?pargne, ni famille sur lesquelles se reposer, car sa m?re ?tait morte et sa s?ur a?n?e, Jacqui, s'?tait enfuie quelques ann?es plus t?t et n'avait plus jamais ?t? en contact avec elle. Vivre seule l’avait mise dans une situation de survie de mois en mois. Parfois, elle ne s’en sortait que d’un cheveu. Peu importe qu’elle n’ait eu que du beurre d'arachide ? la fin du mois ; cela avait ?t? sa seule nourriture lorsque les temps ?taient durs, et elle avait pris l'habitude de travailler comme serveuse ou barman, en partie parce que ces jobs comprenaient un repas gratuit. Maintenant, elle paniquait ? l'id?e de vivre d'un p?cule qui s'amenuisait et qui ?tait tout ce qu'elle poss?dait au monde, et ? cause de l'argent qui avait ?t? vol? aujourd'hui, ce p?cule ?tait encore plus restreint. « Tu pourrais chercher un travail temporaire pour te d?panner », conseilla Jess, comme si elle lisait dans ses pens?es. « Je l'ai fait. J'ai d?march? quelques restaurants, et j'ai m?me postul? pour un travail de barman dans certains pubs, mais on m'a tout de suite refus?. Tout le monde ici est pointilleux avec la paperasse et tout ce que j'ai, c'est un visa de touriste. » « Travailler au restaurant ? Pourquoi pas au pair ? » demanda Jess avec curiosit?. « Non », r?torqua Cassie, avant de se rappeler que Jess ne savait rien des circonstances de son pr?c?dent emploi. Elle continua. « Si je ne peux pas travailler, je ne peux pas travailler. Pas de visa, signifie pas de visa, et fille au pair est un engagement plus long. » « Pas n?cessairement », r?pliqua Jess. Ce peut ?tre autrement et j'ai l’exp?rience personnelle de le faire sans visa. » « Vraiment ? » Cassie savait que sa d?cision ?tait prise. Elle ne travaillerait plus au pair. Tout de m?me, ce que Jess disait ?tait int?ressant. « Tu vois, tous les restaurants et pubs sont contr?l?s r?guli?rement. Il n'y a aucun moyen d'embaucher quelqu'un sans le bon visa. Mais travailler pour une famille est diff?rent. C'est tellement flou. Apr?s tout, tu pourrais ?tre une amie de la famille. Qui va dire que tu travailles r?ellement ? J'ai s?journ? avec un ami dans le Devon pendant un certain temps l'ann?e derni?re, et j'ai fini par faire quelques emplois de babysitting et de garde d'enfants temporaires pour les voisins et les gens du coin. » « C'est bon ? savoir », d?clara Cassie, mais elle n'avait aucune intention d'explorer cette option davantage. Parler ? Jess renfor?ait sa d?cision de retourner aux ?tats-Unis. Si elle vendait la voiture, elle aurait assez d'argent pour subvenir ? ses besoins l?-bas jusqu'? ce qu'elle se remette sur pied. D'un autre c?t?, elle comptait passer beaucoup plus de temps ? voyager. Elle avait h?te de passer une ann?e compl?te ? l'?tranger, esp?rant que cela lui donnerait le temps dont elle avait besoin pour oublier son pass?. C'?tait sa chance de prendre un nouveau d?part dans la vie et de revenir en ?tant une autre personne. Retourner l?-bas si peu de temps apr?s son d?part, reviendrait ? abandonner. Peu importe que d'autres personnes pensent qu'elle n'aurait pas r?ussi- elle croirait personnellement qu'elle aurait ?chou?. Le serveur arriva, apportant des assiettes pleines ? ras-bord de nachos. Affam?e, parce qu'elle avait saut? le petit-d?jeuner, Cassie d?vora son assiette. Mais Jess s'arr?ta, fron?ant les sourcils, et sortit son t?l?phone de son sac ? main. « En parlant d'emplois ? temps partiel, l'une des personnes pour lesquelles j'ai travaill? m'a appel?e hier pour voir si je pouvais l'aider ? nouveau. » « Vraiment ? » dit Cassie, mais son attention ?tait focalis?e sur son assiette. « Ryan Ellis. J'ai travaill? pour lui l'ann?e derni?re. Les parents de sa femme d?m?nageaient et ils avaient besoin de quelqu'un pour s'occuper des enfants pendant leur absence. C'?taient des gens adorables et les enfants n'?taient pas mal non plus - ils ont un gar?on et une fille. Nous avons fait plein de choses amusantes ensemble. Ils vivent dans un joli village au bord de la mer. » « En quoi consiste le travail ? » « Il cherche quelqu'un pendant environ trois semaines, de toute urgence, ? demeure. Cassie, cela pourrait ?tre exactement ce dont tu as besoin. Il m’a tr?s bien pay?, en liquide, et le probl?me de visa ne l’a pas du tout pr?occup?. Il a dit que si j'avais ?t? accept? par une agence au pair, j'?tais clairement une personne de confiance. Pourquoi ne pas l'appeler et en savoir plus ? » Cassie ?tait tent?e par la perspective d'avoir de l'argent en poche. Mais une autre mission au pair ? Elle ne se sentait pas pr?te. Peut-?tre qu'elle ne le serait jamais. « Je ne suis pas s?re que ce soit pour moi. » Jess, cependant, semblait d?termin?e ? arranger les choses pour Cassie. Elle pianota sur les touches de son t?l?phone. « Laisse-moi tout de m?me te donner son num?ro. Je vais lui envoyer un message maintenant et lui dire que vous pourriez vous contacter, et que je te recommande vivement. On ne sait jamais, m?me si tu ne travailles pas pour lui, il pourrait conna?tre quelqu'un qui a besoin de garder sa maison, ou de promener le chien, ou de quelque chose d’autre. » Cassie ne pouvait pas la contredire, et un instant plus tard, son t?l?phone bourdonna ? l'arriv?e du message de Jess. « Comment se passe ton travail ? » demanda-t-elle, une fois que Jess eut termin? d’envoyer ses messages. « Cela ne pouvait pas ?tre mieux. » Jess empila du guacamole sur un chip de tortilla. « La famille est charmante. Ils me donnent beaucoup de temps libre et m’offrent r?guli?rement des pourboires. Les enfants peuvent ?tre casse-pieds, mais ils ne sont jamais m?chants et je pense qu'ils m'appr?cient aussi. » Elle baissa la voix. « La semaine derni?re, avec tout le monde qui arrivait pour le mariage, j'ai ?t? pr?sent?e ? l'un des cousins. Il a vingt-huit ans et il est magnifique ; il dirige une entreprise d’assistance informatique. Je pense qu'il m'aime bien, et disons simplement que c'est amusant de flirter ? nouveau. » M?me si elle ?tait heureuse pour son amie, Cassie ne pouvait s'emp?cher de ressentir une pointe d'envie. Ce travail de r?ve ?tait ce qu'elle esp?rait secr?tement. Pourquoi tout avait mal tourn? pour elle ? Ne s'agissait-il que de malchance ou ?tait-ce, en quelque sorte, ? cause des d?cisions qu'elle avait prises ? Cassie se souvint soudain de ce que Jess lui avait dit dans l'avion pour la France. Elle avait dit ? Cassie que sa premi?re mission n'avait pas fonctionn?, alors elle avait laiss? tomber et avait r?essay?. Jess n'avait eu de la chance qu'au deuxi?me essai, et du coup, Cassie se demandait si elle n’abandonnait pas trop t?t. Quand elles eurent fini leurs nachos, Jess regarda l'heure. « Je ferais mieux de me d?p?cher. Harrods m’attend », d?clara-t-elle. « Je vais devoir acheter des cadeaux pour tout le monde ? la maison, pour les enfants et pour le beau Jacques. Qu’est-ce que je pourrai lui acheter ? Qu’offre-t-on ? quelqu'un avec qui on flirte ? Cela pourrait me prendre un certain temps avant de trouver une id?e ! » Cassie serra Jess dans ses bras, se sentant triste que leur d?jeuner soit termin?. Cette conversation entre amies lui avait fait du bien. Jess semblait si heureuse et Cassie pouvait comprendre pourquoi. Elle ?tait utile et appr?ci?e, elle gagnait de l'argent, elle avait un but dans la vie et se sentait en s?curit?. Jess n’?tait pas seule ? la d?rive, seule et sans emploi, et obs?d?e par le fait d'?tre traqu?e parce que le proc?s d’un meurtre d?butait. Quelques semaines dans un village isol? pourraient ?tre exactement ce dont elle avait besoin en ce moment, ? plus d'un titre. Jess avait raison. L'appel t?l?phonique pourrait conduire ? d'autres opportunit?s. Elle ne les trouverait jamais si elle ne persistait pas. Cassie sortit du pub bond? pour trouver un coin tranquille, jetant un coup d'?il au cas o? des pickpockets ou des voleurs de t?l?phones passeraient. Elle prit une profonde inspiration, et avant qu'elle ne puisse trop y penser et perdre son sang-froid, elle composa le num?ro. CHAPITRE II Tenant fermement son t?l?phone, Cassie se rapprocha du mur pour s'abriter de la bruine. Maintenant qu'elle avait compos? le num?ro de Ryan Ellis, elle se sentait de plus en plus nerveuse. Elle devait gagner de l'argent d'une mani?re ou d'une autre si elle voulait rester au Royaume-Uni plus longtemps, mais apr?s ce qu'elle avait v?cu en France, le babysitting ?tait-il la bonne d?cision ? M?me si le travail semblait id?al, serait-il pr?t ? l'accepter avec si peu d'exp?rience et sans r?elle qualification ? Cassie s’imagina qu’elle rassemblait son courage pour lui demander si elle pouvait occuper le poste, et qu’elle recevait un non cat?gorique en r?ponse. L'appel sonna si longtemps qu'elle craignit d’?tre dirig?e vers la messagerie. Au tout dernier moment, un homme d?crocha et r?pondit : « Ryan ? l’appareil. » Il avait l'air essouffl?, comme s'il avait d? courir pour d?crocher le t?l?phone. « Bonjour, vous ?tes Ryan Ellis ? » demanda Cassie. Elle serra les dents ? l'?vidence de sa question, mais elle ne le connaissait pas du tout et elle ne se voyait pas lui dire : « Salut, Ryan. » « Oui, c’est bien moi. Qui appelle s'il vous plait ? » Il ne semblait pas irrit?, mais plut?t curieux. « Je m'appelle Cassie Vale et j'ai obtenu votre num?ro par mon amie Jess, qui a travaill? pour vous l'ann?e derni?re. Elle m’a dit que vous cherchiez quelqu'un pour s’occuper de vos enfants pendant un certain temps. » « Jess, Jess, Jess », r?p?ta Ryan, comme s'il essayait de resituer le nom, puis : « Oh, oui, Jess d'Am?rique ! Je vois qu'elle vient de m'envoyer un message. Quelle fille charmante. Vous a-t-elle recommand? ? C'est pour ?a que vous appelez ? Je n'ai pas encore lu le message. » Cassie h?sita. Allait-elle dire oui ? Cela reviendrait ? prendre un engagement, et elle n'?tait pas s?re de vouloir faire ce pas. « J'aimerais en savoir plus sur le travail », d?clara-t-elle. « J'?tais au pair en France, mais ma mission est termin?e. J'ai pens? faire quelque chose ? court terme, mais je n’en suis pas encore s?re. » Il y eut un bref silence. « Laissez-moi vous expliquer. Je suis d?sesp?r? en ce moment. Je viens de vivre un divorce, ce qui m'a laiss? assez traumatis?. Les enfants ne voudront m?me pas parler de ce qui s'est pass? et auront besoin de quelqu'un pour leur remonter le moral et s'amuser avec eux. En plus de tout cela, j'ai un projet de travail ?norme, avec un d?lai qui ne me laisse pas de temps. » Cassie fut secou?e par les paroles de Ryan. Elle ne s’attendait pas ? ce qu'il soit dans une situation aussi grave. Pas ?tonnant qu'il ait d?sesp?r?ment besoin que quelqu'un l'aide. Le divorce avait d? ?tre traumatisant s'il avait si durement touch? les enfants. Elle devina que si Ryan s'occupait d'eux, sa femme devait l'avoir quitt?, probablement pour quelqu'un d'autre. Elle n'avait aucune id?e de quelle ?tait la bonne r?ponse. « Cela semble tr?s stressant », dit-elle finalement pour combler le court silence. « J'ai t?l?phon? partout, parce que je n'ai pas eu la possibilit? de mettre une annonce pour le poste, et je me sens si confus que je ne pense pas que je serais particuli?rement dou? pour trouver quelqu'un d’autre. Toutes les personnes qui ont travaill? pour moi auparavant n'?taient pas disponibles. Cela ne me d?range pas de vous dire que je ne sais plus quoi faire. Je suis pr?t ? payer le triple du tarif habituel et le travail durera au maximum trois semaines. » « Eh bien ... », commen?a Cassie. Elle ne pouvait pas se r?soudre ? dire non. Ce serait inhumain alors que cet homme se trouvait dans des circonstances aussi dramatiques. Elle ?tait d?sol?e pour lui et pensait qu'il serait ?go?ste de refuser le travail purement et simplement. Ils avaient manifestement besoin d'aide, et tout cet argent en si peu de temps ?tait tentant. « Pourquoi ne pas nous rencontrer ? » sugg?ra Ryan. « Avez-vous une voiture ? Sinon, je peux aller vous chercher ? la gare. Je paierai votre billet, bien s?r. » « J'ai une voiture », d?clara Cassie. « Cela facilite grandement les choses ; il vous faudra environ cinq heures si la circulation n’est pas trop mauvaise. Je vous enverrai l'adresse maintenant, et vous rembourserai le voyage si ne nous sommes pas ? votre go?t. » « Tr?s bien. Je pars demain matin. Je devrais ?tre chez vous ? l'heure du d?jeuner », r?pondit Cassie. Elle raccrocha, soulag?e d'avoir la possibilit? de passer du temps avec la famille avant de se d?cider. S’ils lui plaisaient, ce serait l'occasion pour elle d’am?liorer vraiment leur vie, en leur offrant de l'aide et un soutien durant une p?riode difficile. Quand Ryan lui avait dit qu'il ?tait r?cemment divorc?, elle ne s'?tait pas attendue ? ressentir autant de sympathie pour lui. En grandissant dans une famille pleine de conflits et en perdant sa m?re ? un jeune ?ge, elle comprit ce que cela signifiait. C'?tait une situation o? elle savait qu'elle pouvait ?tre pr?cieuse pour la famille. En quittant la maison, alors adolescente de seize ans effray?e et d?sesp?r?e, elle ?tait d?termin?e ? suivre les traces de sa s?ur et ? se soustraire aux mauvais traitements de son p?re pour toujours. Mais, apr?s avoir ?chapp? ? son emprise col?rique, elle s'?tait retrouv?e dans une relation nuisible avec son petit ami toxique, Zane. Puis, en partant en France pour s'?loigner de Zane, elle avait alors v?cu le plus grand cauchemar de toute sa vie. Hors de la ville, dans un village perdu en bord de mer, elle serait en s?curit? et en mesure de d?couvrir un environnement familial o? elle se sentirait n?cessaire, ce qui avait ?t? l'une des principales raisons pour lesquelles elle avait voulu ?tre fille au pair au d?part. Cassie esp?rait pouvoir utiliser son temps l?-bas pour gu?rir. CHAPITRE III Le voyage chez Ryan Ellis prit ? Cassie plus de temps qu'elle ne l'avait pr?vu. Il semblait impossible d'?viter la circulation dense qui bloquait les autoroutes en direction du sud, et il y avait deux tron?ons de travaux qui l’avaient oblig?e ? faire un long d?tour. Ce temps suppl?mentaire sur la route fit qu'elle faillit tomber en panne d'essence. Elle dut d?penser tout ce qui lui restait de l'argent que Jess lui avait pr?t? pour faire le plein. Inqui?te que Ryan pense qu'elle avait chang? d'avis, elle lui envoya un message pour s'excuser et lui dire qu'elle serait en retard. Il avait r?pondu imm?diatement en disant : « Pas de probl?me, prenez votre temps, conduisez prudemment. » Une fois qu'elle eut quitt? l'autoroute et se dirigea vers la campagne, le paysage devint idyllique. Elle tendit le cou, regardant par-dessus les haies taill?es les champs en pente qui constituaient un v?ritable patchwork avec toutes les nuances allant du vert profond au brun dor?, les fermes pittoresques et les rivi?res sinueuses. Le paysage ordonn? lui apporta un sentiment de paix, m?me si elle savait que les nuages qui s’amoncelaient signifiaient la venue de la pluie dans l'apr?s-midi. Elle esp?rait atteindre sa destination avant elle. Plus de six heures apr?s avoir quitt? Londres, elle arriva dans le pittoresque village de bord de mer. M?me dans la lumi?re triste, le village ?tait enchanteur. La voiture vibrait dans les rues pav?es, et des br?ches dans les rang?es de maisons lui donnaient un aper?u du port pittoresque au loin. Ryan lui avait recommand? de traverser le village et de suivre la route ? flanc de falaise. La maison ?tait situ?e quelques kilom?tres plus loin, surplombant la mer. S'arr?tant devant la porte ouverte, Cassie regarda avec ?tonnement, car la maison au loin ?tait presque trop parfaite pour ?tre vraie. Cela ressemblait ? un endroit o? elle avait toujours r?v? de vivre. Une maison simple mais magnifique, avec des lignes inclin?es et des colombages qui se fondaient harmonieusement dans son environnement et lui rappelaient un navire amarr? dans le port - seul ce b?timent ?tait nich? sur la falaise, avec une vue incroyable sur l'oc?an dans le lointain. La cour bien entretenue abritait une balan?oire et une bascule. Les deux ?taient l?g?rement rouill?es et Cassie devina que leur ?tat fournissait une id?e de l'?ge des enfants. Elle jeta un coup d'?il dans le r?troviseur de la voiture et v?rifia ses cheveux - les boucles ?taient lisses et brillantes gr?ce ? ses efforts matinaux, et son rouge ? l?vres corail ?tait impeccable. Elle se gara sur l'all?e pav?e et se dirigea vers la maison le long d'un chemin bord? de parterres de fleurs. M?me ? cette ?poque de l'ann?e, ils ?taient pleins de fleurs jaunes et elle reconnut le ch?vrefeuille en fleurs plant? plus loin. Elle s’imagina qu’en ?t?, ce devait ?tre une d?bauche de couleurs. La porte d'entr?e s'ouvrit avant qu'elle ne l'atteigne. « Bonjour, Cassie. Je suis ravi de vous rencontrer. Je suis Ryan. » L'homme qui la salua ?tait une t?te plus haute qu'elle, l’air en forme et ?tonnamment jeune, avec des cheveux ch?tains ?bouriff?s et des yeux bleus per?ants. Il souriait, l'air vraiment heureux de la voir, et il portait un T-shirt Eminem d?lav? et un jean us?. Elle remarqua qu'un torchon ?tait accroch? ? sa ceinture. « Bonjour, Ryan. » Elle lui prit sa main tendue. Elle ?tait chaude et ferme. « Vous m'avez surpris en plein nettoyage de la cuisine, afin de pr?parer votre arriv?e. L’eau est chaude - ?tes-vous une buveuse de th? ? C'est une telle habitude anglaise, c’est vrai, mais il y a aussi du caf? si vous pr?f?rez. » « J’aimerai volontiers du th? », d?clara Cassie, rassur?e par son accueil chaleureux. Alors qu'il fermait la porte d'entr?e et la conduisait ? la cuisine, elle se dit que Ryan Ellis ?tait tr?s diff?rent de ce ? quoi elle s’attendait. Il ?tait plus sympathique qu'elle ne l'avait pens?, et elle appr?ciait qu'il soit pr?t ? nettoyer la cuisine. Cassie se souvenait de son arriv?e ? sa derni?re affectation au pair. D?s qu'elle ?tait entr?e dans le ch?teau fran?ais, elle avait senti l'atmosph?re lourde et horrible du conflit. Dans cette maison, il n’y avait rien de tout cela. En marchant sur le plancher en bois verni, elle fut impressionn?e par son aspect soign?. Il y avait m?me des fleurs fra?ches sur la table du hall. « Nous vous avons fait de la place », d?clara Ryan, comme s’il lisait dans ses pens?es. « ?a n'a pas ?t? aussi bien depuis des mois. » ? sa droite, Cassie vit une grande pi?ce avec d'immenses portes coulissantes donnant sur une v?randa. Avec des meubles en cuir d'apparence confortable et des peintures de bateaux sur les murs, la pi?ce semblait accueillante et de bon go?t. Elle ne pouvait s'emp?cher de la comparer avec le d?cor ostentatoire de la salle d'exposition du ch?teau o? elle avait travaill? avant. C'?tait comme si une vraie famille vivait dans cette maison. La cuisine ?tait rang?e et propre, et Cassie remarqua la qualit? des appareils. La bouilloire, le grille-pain et le robot de cuisine ?taient d’une marque de premier plan. Elle reconnut le logo ?clatant gr?ce ? un article qu'elle avait lu dans le magazine de l’avion, et elle se souvenait avoir ?t? ?tonn?e par leur prix. « Avez-vous d?j? d?jeun? ? » demanda Ryan apr?s avoir vers? le th?. « Non, mais ?a va. » Ignorant sa r?serve, il ouvrit le r?frig?rateur et en sortit une assiette remplie de fruits, de muffins et de sandwichs. « Le week-end, j'aime avoir une r?serve de snacks disponibles. J'aimerais pouvoir dire que c'?tait sp?cialement pour vous, mais c'est le r?gime habituel des enfants. Dylan a douze ans et commence ? manger comme un adolescent, Madison a neuf ans et fait beaucoup de sports, et je pr?f?re qu'ils s’empiffrent de ?a que de malbouffe ou de bonbons. » « O? sont les enfants ? » demanda Cassie, se sentant subitement nerveuse ? l'id?e de les rencontrer. Avec un p?re aussi amusant et authentique, ils devaient probablement ?tre exactement comme Jess les avait d?crits, mais elle devait ?tre s?re. « Apr?s le d?jeuner, ils sont partis ? v?lo rendre visite ? un ami. Je leur ai dit de profiter au maximum de l'apr?s-midi avant que le temps ne change. Ils devraient revenir d'une minute ? l'autre - sinon, je devrai peut-?tre prendre le Land Rover pour les r?cup?rer. » Ryan jeta un coup d'?il par la fen?tre au ciel qui s'assombrissait. « Quoi qu'il en soit, comme je vous l'ai expliqu?, j’ai besoin d'aide pendant un moment. Je suis maintenant p?re c?libataire, les enfants ont besoin d'autant de distraction que possible et la date butoir de mon travail est imp?rative. » « Qu’est-ce que vous faites ? » demanda Cassie. « Je poss?de une flotte de bateaux de p?che et de plaisance qui op?rent depuis le port de la ville. Cette p?riode de l'ann?e correspond ? l’?poque d’entretien des bateaux, et j'ai une ?quipe d’ouvriers sur place en ce moment. Ils sont terriblement occup?s et les premi?res temp?tes de la saison sont presque arriv?es. C'est pourquoi mon temps est si serr? et ma situation actuelle n'aide pas. » « Ce doit ?tre terrible d'avoir v?cu un divorce, surtout maintenant. » « ?a a ?t? une p?riode tr?s difficile. » Alors que Ryan se d?tournait de la fen?tre, dans la lumi?re changeante, Cassie se rendit compte qu'il n'?tait pas seulement attirant, mais exceptionnellement beau. Son visage ?tait puissant et burin?, et le dessin des muscles de ses bras lui laissait penser qu'il devait ?tre tr?s affut?. Cassie s’en voulut de reluquer ce pauvre gar?on alors qu'il vivait un enfer ?motionnel. N?anmoins, elle devait admettre qu'il ?tait d'une beaut? irr?sistible, ? tel point qu'elle devait s'emp?cher de le d?visager. « Ryan, le seul probl?me est que je n'ai pas de visa de travail valide pour le moment. J'en ai un pour la France, et j'ai ?t? pleinement autoris? par l'agence au pair, mais je ne savais pas que cela fonctionne diff?remment ici. » « Vous m’avez ?t? recommand?e par une amie », d?clara Ryan, souriant. « Cela signifie que vous pouvez rester avec nous en tant qu'invit?. Je vais vous payer en liquide, de mani?re officieuse, donc vous ne serez pas impos?e, si cela vous convient. » Cassie ressentit un grand soulagement. Ryan comprenait sa situation et ?tait dispos? ? l’accepter sans aucun probl?me. C'?tait un poids ?norme en moins sur ses ?paules. Elle r?alisa que cela pourrait m?me ?tre le facteur d?cisif et elle devait cesser de tergiverser. Elle se rappela qu’elle devait ?tre prudente et attendre d'avoir rencontr? les enfants avant de s'engager. « Pendant combien de temps auriez-vous besoin de moi ? » « Un maximum de trois semaines. Cela me donnera le temps d’accomplir cet engagement, et nous approcherons des vacances scolaires d'ici l?, donc nous aurons une chance de nous rassembler en famille. R?-unir, devrais-je dire, en tant que nouvelle famille. On dit que le divorce est l'exp?rience la plus stressante, je pense que les enfants et moi pouvons le confirmer. » Cassie hocha la t?te en signe de sympathie. Elle ?tait s?re que ses enfants avaient souffert. Elle se demandait jusqu’? quel point Ryan et sa femme s'?taient affront?s. In?vitablement, il y avait eu des disputes. Tout d?pendait si elles s'?taient termin?es par des cris et des r?criminations ou par un silence lourd et pesant. Ayant connu les deux en tant qu’enfant, elle n'?tait pas s?re de ce qui ?tait pire. Pendant que la m?re de Cassie ?tait en vie, elle avait r?ussi ? temp?rer les humeurs de son p?re. Cassie se souvenait des silences tendus de sa jeunesse, et cela lui avait permis de d?velopper un sens aigu du conflit. Elle pouvait entrer dans une pi?ce et ressentir instantan?ment si les gens s'?taient battus. Les silences ?taient toxiques et ils vous ?puisaient ?motionnellement car ils n’en finissaient pas. S'il y a une chose que l‘on peut dire en faveur des conflits ouverts, c'est qu’ils finissent par se terminer, m?me s’il y a de la vaisselle cass?e ou l’arriv?e du Samu. Mais cela cause d'autres traumatismes et des cicatrices durables. Cela produit ?galement un sentiment de peur, car les cris et la violence physique montrent que vous pouvez perdre le contr?le de vous-m?me et donc ne pas ?tre fiable. En r?sum?, c’est ainsi qu’avait ?t? son p?re apr?s la mort de sa m?re. Cassie observa la cuisine chaleureuse et bien rang?e ; elle essayait d'imaginer ce qui avait bien pu se passer ici entre Ryan et sa femme. D'apr?s son exp?rience, les pires disputes avaient eu lieu dans la cuisine et la chambre. « Je suis vraiment d?sol?e que vous ayez d? en passer par l? », dit-elle doucement. Ryan la regardait de pr?s et elle lui retourna son regard, fixant ses yeux bleus p?les et per?ants. « Cassie, vous semblez comprendre », dit-il. Elle pensait qu'il allait lui demander autre chose, mais ? ce moment-l?, la porte d'entr?e s'ouvrit. « Les enfants sont ? la maison juste ? temps. » Il avait l'air soulag?. Cassie jeta un coup d'?il par la fen?tre. Des gouttes de pluie ?claboussaient la vitre et, alors que la porte claquait, une froide douche hivernale commen?a ? couler. « Salut papa ! » Des bruits de pas r?sonn?rent sur le parquet et une jeune fille mince, portant un short de cycliste et un haut de surv?tement vert, arriva en courant dans la cuisine. Elle s'arr?ta quand elle vit Cassie, la regarda de la t?te aux pieds, puis marcha vers elle et lui serra la main. « Bonjour. ?tes-vous la dame qui prendra soin de nous ? » « Je m'appelle Cassie. Es-tu Madison ? » demanda Cassie. Madison hocha la t?te et Ryan ?bouriffa les cheveux brillants de sa fille. « Cassie est en train de d?cider si elle veut travailler pour nous. Qu’en dis-tu ? Promets-tu de te comporter du mieux possible ? » Madison haussa les ?paules. « Tu nous dis toujours de ne pas faire de promesses que nous ne pouvons pas tenir. Mais j'essayerai. » Ryan rit et Cassie se mit ? sourire devant l'honn?tet? d?sarmante de la r?ponse de Madison. « O? est Dylan ? » demanda Ryan. « Il est dans le garage, en train de graisser son v?lo. Il grin?ait en montant la colline puis la cha?ne est tomb?e. » Madison prit une profonde inspiration et se dirigea vers la porte de la cuisine. « Dylan ! » hurla-t-elle. « Viens ici ! » Cassie entendit un cri lointain. « J’arrive ! » « Cela va lui prendre une ?ternit? », d?clara Madison. « Une fois qu'il commence ? s'occuper des v?los, il ne s'arr?te pas. » Remarquant l'assiette de snacks, elle fondit droit dessus, les yeux brillants. Puis, voyant ce qu’ils contenaient, elle poussa un soupir exasp?r?. « Papa, tu as fait des sandwichs aux ?ufs. » « C’est un probl?me ? » demanda Ryan, les sourcils lev?s. « Tu connais mon point de vue sur les ?ufs. C'est comme ?tre malade dans un sandwich. » Elle choisit soigneusement un muffin du c?t? oppos? de l'assiette. « Malade dans un sandwich ? » La voix de Ryan exprimait ? la fois l’indignation et l’amusement. « Maddie, tu ne devrais pas dire ce genre de chose devant un visiteur. » « Fais attention, Cassie, ces ?ufs collent ? tout », l'avertit Madison, faisant une grimace imp?nitente ? son p?re. Cassie ressentit soudain un ?trange sentiment d'appartenance. Cette plaisanterie ?tait exactement ce qu'elle esp?rait. Jusqu'? pr?sent, cela semblait ?tre une famille normale et heureuse, bienveillante, se taquinant entre eux, m?me s’il ?tait s?r que chacun avait ses propres caprices et difficult?s. Elle r?alisa ? quel point elle avait ?t? tendue, s’attendant ? ce que quelque chose n’aille pas. Elle n'avait encore rien mang? parce qu'elle s'?tait sentie g?n?e de le faire devant Ryan. Maintenant, elle r?alisa ? quel point elle avait faim et d?cida qu'elle ferait mieux de prendre quelque chose avant que son estomac ne fasse des grognements embarrassants. « Je vais prendre mon courage ? deux mains et manger un sandwich », d?clara-t-elle. « Merci. Je suis soulag? que quelqu'un appr?cie mes talents culinaires », d?clara Ryan. « Quel talent ? » ajouta Madison, faisant rire Cassie. Se tournant vers Cassie, elle dit : «Papa fait toute la cuisine. Il d?teste juste nettoyer. » « Mais je l’ai fait », d?clara Ryan. Madison prit une autre inspiration profonde et fit face ? la porte de la cuisine. « Dylan », cria-t-elle. Puis elle ajouta d'une voix normale : « Ah, te voici. » Un grand gar?on longiligne entra. Il avait les m?mes cheveux ch?tains et brillants que sa s?ur, et Cassie se demanda s'il venait juste d'avoir une pouss?e de croissance, car il ressemblait ? une grande asperge. « Bonjour, ravi de vous rencontrer », dit-il ? Cassie, un peu distraitement. Dans ses traits d’enfant, elle pouvait voir une similitude avec Ryan. Ils partageaient la m?me m?choire solide et les pommettes bien saillantes. Dans le joli visage ovale de Madison, elle voyait moins Ryan et se demandait ? quoi ressemblait la m?re des enfants. Y avait-il des photos de famille quelque part dans la maison ? ou le divorce avait-il ?t? si acerbe qu'elles avaient ?t? enlev?es ? « Tu dois venir lui serrer la main », rappela Ryan ? son fils, mais Dylan montra ses paumes et Cassie vit qu’elles ?taient noires de cambouis. « Oh, oh. Viens plut?t par ici. » Ryan se pr?cipita vers l'?vier, ouvrit le robinet et versa une bonne quantit? de liquide vaisselle dans les mains de son fils. Pendant que Ryan ?tait occup?, Cassie prit un autre sandwich. « Qu’est-ce qui n’allait pas avec le v?lo ? » demanda Ryan. « La cha?ne sautait lorsque je changeais de vitesse », expliqua Dylan. « L'as-tu r?par?e ? » Ryan surveillait la progression du lavage des mains avec une certaine inqui?tude. « Oui », dit Dylan. Cassie s'attendait ? ce qu'il donne plus d’explications, mais il ne le fit pas. Ryan lui passa une serviette et il s’essuya les mains, serra bri?vement la main de Cassie dans un bonjour formel, puis se tourna vers les snacks. Dylan ne dit pas grand-chose pendant qu'il mangeait, mais Cassie fut impressionn?e par la quantit? de nourriture qu'il r?ussit ? engloutir en quelques minutes. L'assiette ?tait presque vide au moment o? Ryan la remit au r?frig?rateur. « Vous n'allez pas avoir faim pour le d?ner si vous continuez ? manger, et je suis sur le point de faire des spaghettis ? la bolognaise », d?clara-t-il. « Je mangerai tout le bol de p?tes aussi », promit Dylan. Ryan ferma le frigo. « Bon, les enfants, j'ai besoin que vous alliez changer votre tenue de cyclisme maintenant, sinon vous allez prendre froid. » Quand ils furent partis, il se retourna vers Cassie et elle remarqua qu'il avait l'air anxieux. « Qu’en dites-vous ? Les enfants correspondent-ils ce que vous attendiez ? Ce sont de chouettes enfants, bien qu'ils puissent avoir leurs humeurs. » Cassie avait imm?diatement aim? les enfants. Madison, en particulier, semblait ?tre une enfant facile et elle ne pouvait pas imaginer que la conversation vienne ? manquer avec cette jeune fille bavarde. Dylan semblait plus complexe, une personne plus taciturne et introvertie. Mais cela pourrait ?tre d? ? son ?ge, ?tant pr?-adolescent. Il ?tait logique qu'il n'ait pas grand-chose ? dire ? une fille au pair de vingt-trois ans. Ryan avait raison, ils semblaient ?tre des enfants faciles, et plus important encore, il est apparu comme un p?re protecteur qui aiderait ? r?soudre les probl?mes s'ils se produisaient. Sa d?cision ?tait prise. Elle prendra ce travail. « Ils ont l'air adorables. Je serai heureux de travailler pour vous pendant les trois prochaines semaines. » Le visage de Ryan s'?claira. « Oh, g?nial ! Vous savez, Cassie, depuis que je vous ai vu - non, depuis la premi?re fois que je vous ai parl?, j'esp?rais que vous seriez d'accord. Il y a quelque chose dans votre ?nergie qui m'intrigue. J'aimerais savoir ce que vous avez v?cu, ce qui vous a fa?onn?, parce que vous semblez - je ne sais pas comment le d?crire – sage, mature. En tout cas, je sens que mes enfants seront entre de bonnes mains. » Cassie ne savait pas quoi dire. Les ?loges de Ryan la mettaient mal ? l'aise. Ryan ajouta : « Les enfants vont ?tre ravis ; je peux voir qu'ils vous appr?cient d?j?. Laissez-nous vous installer et je vais vous faire faire un petit tour de la maison. Avez-vous vos bagages avec vous ? » « Oui. » Profitant que la pluie se soit arr?t?e, Ryan alla avec elle ? la voiture et ramassa ses lourds sacs avec aisance, les portant dans le couloir. « Nous n'avons qu'un seul garage, qui est le domaine du Land Rover, mais le stationnement dans la rue est totalement s?r. La maison est simple. Nous avons le salon ? droite, la cuisine devant, et ? gauche se trouve une salle ? manger que nous n'utilisons presque jamais, donc elle est transform?e en salle de puzzle, de lecture et de jeux. Comme vous pouvez le voir. » Regardant ? l'int?rieur, il soupira. « Qui est l’amateur de puzzle ? » « Madison. Elle aime travailler avec ses mains, faire des objets, tout ce qui l’occupe et qu'elle peut faire. » « Et elle est sportive ? » demanda Cassie. « Elle a plusieurs talents. » « Je suis inquiet avec Maddie, le travail scolaire est le point faible. Elle a besoin d'une aide scolaire, en particulier en math?matiques. Ainsi, toute aide que vous pourrez offrir, ou m?me simplement un soutien moral, sera formidable. » « Et Dylan ? » « C'est un cycliste passionn?, mais il ne veut pratiquer aucun autre sport. Il est dou? pour la m?canique et il est tr?s bon ?l?ve. Il n'est pas sociable, cependant c'est un bon ?quilibre pour lui parce qu'il peut ?tre lunatique s'il se sent sous pression. » Cassie hocha la t?te, reconnaissante de cet ?clairage sur les enfants. « Voici votre chambre. Laissons les sacs ici. » La petite chambre avait une belle vue sur la mer. Elle ?tait d?cor?e de turquoise et de blanc, et avait l'air soign?e et accueillante. Ryan placa son plus grand sac au pied du lit et le plus petit sur le fauteuil ray?. « La salle de bain des invit?s est au bout du couloir. Nous avons la chambre de Madison ? droite, la chambre de Dylan ? gauche, et enfin la mienne. Ensuite, il y a un autre endroit que je dois vous montrer. » Il la raccompagna ? l’autre bout du couloir et ils se dirig?rent vers le salon. Au-del?, ? travers les portes vitr?es, Cassie aper?ut un balcon couvert avec des meubles en fer forg?. « Ouah », souffla-t-elle. La vue sur la mer de cet endroit ?tait exquise. Il y avait un ?-pic spectaculaire dans l'oc?an en dessous, et elle pouvait entendre les vagues s'?craser contre les rochers. « C'est mon endroit paisible. Je m'assois ici tous les soirs apr?s le d?ner pour me d?tendre, g?n?ralement avec un verre de vin. Vous ?tes la bienvenue quand vous voudrez - le vin est facultatif, mais des v?tements chauds et un coupe-vent sont indispensables. Le balcon est bien couvert, mais pas vitr?. J'ai envisag? de le faire mais j'ai finalement compris que je ne pouvais pas. L?-bas, avec le bruit de la mer et m?me des rafales occasionnelles lors de nuits orageuses, vous vous sentez tellement connect? ? l'oc?an. Jetez un coup d’?il. » Il ouvrit la porte coulissante. Cassie sortit sur le balcon et se dirigea vers le bord, saisissant la balustrade en acier. Ce faisant, un ?tourdissement l’envahit et, soudain, elle ne voyait plus la plage du Devon. Elle ?tait pench?e sur un parapet de pierre, fixant avec horreur le corps meurtri tout en bas, prise de panique et de d?sarroi. Elle pouvait sentir la pierre froide sur ses doigts. Elle se souvenait de ce soupcon de parfum qui flottait encore dans la chambre opulente, et de la fa?on dont la naus?e l’avait submerg?e ; ses jambes ?taient devenues flageolantes ? tel point qu'elle avait pens? qu'elle allait s'effondrer. Comment elle avait ?t? incapable de se rappeler de la mani?re dont les ?v?nements de la nuit pr?c?dente s'?taient d?roul?s. Ses cauchemars, toujours mauvais, ?taient devenus bien pires et plus aigus apr?s cette vision terrible ; elle n'avait donc pas ?t? en mesure de dire o? les r?ves se terminaient et o? les souvenirs d?butaient. Cassie pensait qu'elle avait laiss? cette personne terrifi?e derri?re elle, mais maintenant, alors que l'obscurit? se pr?cipitait pour l’absorber, elle comprit que les souvenirs et la peur ?taient devenus une partie d'elle-m?me. « Non », essaya-t-elle de crier, mais sa propre voix semblait provenir d'un endroit distant et lointain et tout ce qui en sortit fut un murmure entrecoup? et inaudible. CHAPITRE IV « L?, calmez-vous. Respirez. Expirez, inspirez. Expirez, inspirez. » Cassie ouvrit les yeux et se retrouva regardant le plancher en bois massif de la terrasse. Elle ?tait assise sur le coussin moelleux d'une des chaises en fer forg?, la t?te sur les genoux. Des mains fermes agrippaient ses ?paules, la soutenaient. C'?tait Ryan, son nouvel employeur. Ses mains, sa voix. Que s’?tait-il pass? ? Elle avait paniqu? et s'?tait compl?tement ridiculis?e. H?tivement, elle se d?battit. « Doucement, allez-y doucement. » Cassie haleta. Sa t?te tournait et elle avait l'impression de vivre une exp?rience hors du corps. « Vous avez eu une grave crise de vertige. Pendant une minute, j'ai cru que vous alliez tomber par-dessus la balustrade », expliqua Ryan. « J'ai r?ussi ? vous attraper avant que vous ne vous ?vanouissiez. Comment vous sentez-vous ? » Comment se sentait-elle ? Gel?e, ?tourdie et mortifi?e par ce qui s'?tait pass?. Elle avait absolument voulu faire bonne impression et ?tre ? la hauteur des louanges de Ryan ? son ?gard. Au lieu de cela, elle avait vraiment rat? son coup et devrait expliquer pourquoi. Mais comment pouvait-elle ? S'il connaissait les horreurs qu'elle avait v?cues et que son ex-employeur risquait d'?tre jug? pour meurtre ? ce moment pr?cis, il pourrait changer d'avis ? son sujet et penser qu'elle ?tait trop instable pour s'occuper de ses enfants ? un moment o? ils avaient besoin de stabilit?. M?me une attaque de panique pourrait ?tre pr?occupante. Il valait mieux abonder dans son sens et lui confirmer qu'elle avait souffert de vertiges. « Je me sens beaucoup mieux », lui r?pondit-elle. « Je suis vraiment d?sol?e. J'aurais d? me rappeler que je souffre de vertiges s?v?res si je n'ai pas ?t? en contact avec le vide depuis un certain temps. Cela s'am?liore. Dans un jour ou deux, tout ira bien. » « C'est bon ? savoir, mais vous devez ?tre prudente en attendant. Pouvez-vous vous lever maintenant ? Continuez ? tenir mon bras. » Cassie se leva, s'appuyant sur Ryan jusqu'? ce qu'elle soit s?re que ses jambes la soutiennent, puis il la ramena lentement dans le salon. « Je vais bien maintenant. » « Vous ?tes s?r ? » Il lui tint le bras un moment de plus avant de la l?cher. « Prenez le temps de r?cup?rer, de vous reposer, de vous installer et je pr?parerai le diner ? six heures et demie. » * Cassie prit le temps de r?cup?rer, s'assurant que ses affaires ?taient soigneusement rang?es dans la pittoresque garde-robe blanche, et que ses m?dicaments ?taient dans le fond du tiroir du bureau. Elle ne pensait pas que quelqu’un fouillerait ses affaires lorsqu'elle n'?tait pas l?, mais elle ne voulait pas qu’on lui pose des questions embarrassantes sur les anxiolytiques qu'elle prenait, surtout apr?s la crise de panique qu'elle avait eue plus t?t. Au moins, elle s'?tait rapidement remise de l'?pisode, et cela devait ?tre un signe que son anxi?t? ?tait sous contr?le. Elle se rappela mentalement de prendre ses comprim?s pour la nuit avant de rejoindre la famille pour le d?ner, juste au cas o?. Le d?licieux ar?me d'ail et de viande cuite flottait dans la maison bien avant six heures et demie. Cassie attendit jusqu'? six heures et quart, puis mit l'un de ses plus beaux chemisiers, avec des perles autour du cou, du vernis ? l?vres et une touche de mascara. Elle voulait que Ryan la voie ? son meilleur. Elle se dit qu'il ?tait important de donner une bonne impression ? cause de l'attaque de panique pr?c?dente, mais quand elle repensa ? ces moments sur le porche, elle constata que ce dont elle se souvenait le plus clairement ?tait la sensation des bras toniques et muscl?s de Ryan pendant qu’il la tenait. Elle se sentit de nouveau ?tourdie lorsqu'elle se rappela combien il avait ?t? fort, mais doux avec elle. En quittant sa chambre, Cassie faillit rentrer dans Madison, qui se dirigeait avec empressement vers la cuisine. « Ce plat sent tellement bon », d?clara Madison ? Cassie. « C'est ton plat pr?f?r? ? » « Eh bien, j'adore le bol de spaghettis comme papa le fait, mais pas quand on mange au restaurant. Ils ne font pas la m?me chose. Je dirais donc que c'est mon plat pr?f?r? ? la maison, et mon deuxi?me pr?f?r? est le poulet r?ti, et mon troisi?me est le toad in the hole. Ensuite, quand nous sortons, j'adore les fish and chips, qu’on trouve partout ici, et j'aime la pizza, et je d?teste les hamburgers, qui sont les pr?f?r?s de Dylan, mais je pense que les hamburgers de restaurant sont beurk. » « Qu'est-ce que le toad in the hole ? » demanda Cassie avec curiosit?, devinant que ce devait ?tre un plat anglais traditionnel. « Tu ne l'as jamais mang? ? Ce sont des saucisses cuites dans une sorte de tarte, faites avec des ?ufs, de la farine et du lait. Tu dois le manger avec beaucoup de sauce. Je veux dire, beaucoup. Et les pois et les carottes. » La conversation les avait conduites jusque dans la cuisine. La table en bois ?tait dress?e pour quatre, et Dylan ?tait d?j? assis ? sa place, se versant un verre de jus d'orange. « Les hamburgers ne sont pas beurk. Ils sont la nourriture des dieux », r?pliqua-t-il. « Mon professeur ? l'?cole a dit que ce sont principalement des c?r?ales et des morceaux d'animaux que tu ne mangerais pas sinon, finement broy?s. » « Ton professeur a tort. » « Comment peut-elle se tromper ? Tu es stupide de dire ?a. » Cassie ?tait sur le point d'intervenir, pensant l'insulte de Madison trop personnelle, mais Dylan r?pliqua en premier. « Eh, Maddie », Dylan pointa un doigt d'avertissement sur elle : « Soit tu es avec moi, soit tu es contre moi. » Cassie ne pouvait pas comprendre ce qu'il voulait dire par l?, mais Madison roula des yeux et lui tira la langue avant de s'asseoir. « Puis-je vous aider ? » Cassie se dirigea vers la cuisini?re o? Ryan soulevait une marmite bouillante de p?tes hors du feu. Il la regarda et sourit. « C’est bon, je g?re, enfin j'esp?re. L'heure du d?ner est dans moins de trente secondes. Allez les enfants ! Prenez vos assiettes pour les remplir. » « J'aime bien ton chemisier, Cassie », d?clara Madison. « Merci. Je l'ai achet? ? New York. » « New York. Ouah. J'adorerais y aller », r?pondit Madison, les yeux ?carquill?s. « Les ?l?ves de sixi?me en ?conomie y sont all?s en juin pour un voyage scolaire », d?clara Dylan. « ?tudie l'?conomie, et tu pourras y aller aussi. » « Est-ce que cela comprend des math?matiques ? » demanda Madison. Dylan acquies?a. « Je d?teste les maths. C'est ennuyeux et difficile. » « Eh bien, tu n'iras pas. » Dylan s’occupa de son assiette, la remplissant ? ras-bord de spaghettis, tandis que Ryan rin?ait les ustensiles de cuisine dans l'?vier. Voyant que Madison avait l'air renfrogn?e, Cassie changea de sujet. « Ton p?re m'a dit que tu aimais le sport. Quel est ton pr?f?r? ? » « La course ? pied et la gymnastique. J'aime beaucoup le tennis, nous avons commenc? cet ?t?. » « Et toi, tu fais du v?lo ? » demanda Cassie ? Dylan. Il hocha la t?te, empilant du fromage r?p? sur ses p?tes. « Dylan veut ?tre un professionnel et remporter le Tour de France un jour », d?clara Madison. Ryan s’assit ? table. « Tu vas tr?s probablement d?couvrir une formule math?matique inconnue et obtenir une bourse ? l'Universit? de Cambridge », dit-il, en contemplant affectueusement son fils. Dylan secoua la t?te. « Tour de France jusqu'au bout papa», insista-t-il. « Universit? d'abord », r?torqua Ryan d’une voix ferme, et Dylan se renfrogna en r?ponse. Madison intervint, demandant plus de jus, et Cassie le lui versa pendant que le bref moment de discorde passait. Laissant l? leur conversation, Cassie mangea son plat qui ?tait d?licieux. Elle n'avait jamais connu une personne comme Ryan, se dit-elle. Il ?tait si comp?tent et si attentionn?. Elle se demanda si les enfants savaient quelle chance ils avaient d'avoir un p?re qui cuisinait pour eux. Apr?s le d?ner, elle se porta volontaire pour faire la vaisselle, qui consistait principalement ? charger le grand lave-vaisselle ultramoderne. Ryan expliqua que les enfants avaient droit ? une heure de t?l?vision apr?s le d?ner si leurs devoirs ?taient termin?s, et qu'il ?teignait le Wi-Fi au moment de se coucher. « Il est dangereux pour ces accros du t?l?phone d'envoyer des SMS toute la nuit », d?clara-t-il. « Et ils le feront, si l'occasion se pr?sente. L'heure de se coucher est l'heure de dormir. » Lorsqu’il fut huit heures trente, les deux enfants all?rent se coucher docilement. Dylan lui accorda un bref Bonne nuit et lui dit qu'il se l?verait tr?s t?t le matin pour faire du v?lo dans le village avec ses amis. « Veux-tu que je te r?veille ? » demanda Cassie. Il secoua la t?te. « Ca va, merci », dit-il avant de fermer la porte de sa chambre. Madison ?tait plus bavarde, et Cassie passa quelque temps assise sur son lit, ?coutant ses id?es sur ce qu'ils pourraient faire demain et sur la m?t?o. « Il y a une confiserie dans le village et ils vendent les plus belles barres sucr?es ? rayures qui ressemblent ? de petits b?tons de marche et ont un go?t de menthe poivr?e. Papa ne nous laisse pas souvent y aller, mais peut-?tre qu'il voudra bien demain. » « Je vais demander », promit Cassie, avant de s'assurer que la jeune fille ?tait bien install?e pour la nuit en lui apportant un verre d'eau et en ?teignant sa lampe. En refermant doucement la porte de Madison, elle se souvint de sa premi?re nuit chez la famille pr?c?dente. Comment elle avait sombr? dans un sommeil ?puisant et avait ?t? en retard pour rassurer le plus jeune enfant qui avait eu un cauchemar. Elle pouvait encore ressentir la douleur et le choc de la gifle cuisante qu'elle avait gagn?e en cons?quence. Elle aurait d? s’en aller aussit?t, mais ce n’avait pas ?t? le cas. Cassie ?tait convaincue que Ryan ne lui ferait jamais une telle chose. Elle ne pouvait m?me pas l'imaginer la r?primander verbalement. En pensant ? Ryan, elle se souvint du verre de vin sur la v?randa ext?rieure et elle h?sita. Elle ?tait tent?e de passer plus de temps avec lui, mais ne savait pas si elle le devait. Le pensait-il quand il a dit qu'elle serait la bienvenue en se joignant ? lui ? ou avait-il dit cela par politesse ? » Bien que taraud?e par l’ind?cision, elle enfila sa veste la plus ?paisse. Elle pourra t?ter le terrain, voir comment il r?agira. S'il ne paraissait pas vouloir de la compagnie, elle pouvait rester pour boire rapidement un verre et aller se coucher. Elle alla au bout du couloir, toujours partag?e quant ? sa d?cision. En tant qu'employ?e, il n'?tait pas correct de prendre un verre de vin avec son employeur apr?s les heures de travail - ou si ? Si elle voulait ?tre totalement professionnelle, elle devrait aller se coucher. Cependant, Ryan ?tant si arrangeant concernant son absence de visa et promettant de la payer comptant, que les r?gles de professionnalisme ?taient d?j? floues. C'?tait une amie de la famille, c'est ce que Ryan avait dit, et partager un verre de vin apr?s le d?ner ?tait exactement ce que ferait un ami. Ryan semblait ravi de la voir. Le soulagement et l'excitation l’envahirent lorsqu'elle vit son sourire chaleureux et sinc?re. Il se leva et lui prit le bras et la fit traverser la v?randa, s'assurant qu'elle ?tait bien install?e sur une chaise. Son c?ur battit plus fort lorsqu’elle vit qu'il avait pos? un verre ? vin suppl?mentaire sur le plateau. « Aimez-vous le Chardonnay ? » Cassie acquies?a. « J'adore cela. » « ? vrai dire, je n'ai pas un bon palais pour le vin et mon pr?f?r? est un rouge brut ordinaire, mais cette excellente bouteille m'a ?t? offerte par un client reconnaissant apr?s un voyage de p?che r?ussi. Je prends plaisir ? la boire. Sant?. » Il se pencha et trinqua. « Parlez-moi de votre entreprise », dit Cassie. « J'ai commenc? South Winds Sailing il y a douze ans, juste apr?s la naissance de Dylan. Son arriv?e m'a fait r?fl?chir ? mon but et ? ce que je pouvais offrir ? mes enfants. J'ai pass? trois ans dans la Royal Navy apr?s l'?cole, pour finalement devenir officier de pont de la marine marchande. J’ai la mer dans le sang et je n'ai jamais imagin? vivre ou travailler ? l'int?rieur des terres. » Cassie hocha la t?te alors qu’il continuait. « ? la naissance de Dylan, le tourisme dans cette r?gion commen?ait ? prendre de l’ampleur, alors j'ai donn? mon pr?avis - ? ce moment-l?, j'?tais le directeur d’un chantier naval en Cornouailles - et j'ai achet? mon premier bateau. Le second a suivi peu de temps apr?s et aujourd'hui, je poss?de une flotte de seize bateaux de formes et tailles vari?es : bateaux ? moteur, voiliers, canots - et le joyau de ma couronne est un nouveau yacht charter qui est populaire aupr?s des entreprises. » « C'est incroyable », s’exclama Cassie. « ?a ?t? une aventure fantastique. L'entreprise m'a tellement donn?. Un revenu confortable, une vie merveilleuse et une belle maison que j'ai con?ue d’apr?s un r?ve que j'ai toujours eu - m?me si heureusement l'architecte a att?nu? les ?l?ments les plus fous ou la maison serait probablement tomb?e par-dessus la falaise maintenant. » Cassie rit. « Votre entreprise doit exiger de vous beaucoup de travail » fit-elle remarquer. « Oh, oui. » Posant son verre, Ryan regarda la mer. « En tant que responsable d'entreprise, vous faites des sacrifices constamment. Vous travaillez de nombreuses heures. J'ai rarement un week-end ; aujourd'hui, j'ai demand? ? mon directeur de me remplacer parce que vous veniez. Je pense que c'est pourquoi ... » Il se tourna vers elle et croisa son regard, l’air s?rieux. « Je pense que c'est pourquoi mon mariage a finalement ?chou?. » Cassie ressentit des picotements ? l’id?e qu'il allait lui parler de ce sujet. Elle hocha la t?te, compatissante, esp?rant qu'il continuerait ? en parler, et apr?s un certain temps, il le fit. « Quand les enfants ?taient plus jeunes, c’?tait plus facile pour Trish, ma femme, de comprendre que je devais m’investir avant tout dans le travail. Mais ? mesure qu'ils grandissaient et devenaient plus ind?pendants, elle commen?a ? vouloir que je ... enfin, que je remplace leur absence dans sa vie, je crois. Elle exigea de moi un soutien affectif, du temps et de l'attention de mani?re excessive. J'ai trouv? cela ?puisant et les disputes ont commenc?. C'?tait une femme forte. C'est ce qui m'avait d'abord attir? chez elle, mais les gens peuvent changer, et je pense que c’est ce qui s’est pass?. » « Cela para?t bien triste », dit Cassie. Son verre ?tait presque vide, Ryan lui versa du vin avant de remplir le sien. « Ce fut ?pouvantable. Vous ne pouvez pas imaginer ? quel point cette p?riode a ?t? tumultueuse. Lorsque vous aimez quelqu'un, vous ne le laissez pas partir facilement, et quand l'amour s'en va, vous le poursuivez constamment ; en esp?rant, priant, que vous puissiez r?cup?rer ce que vous aviez tant aim?. J'ai essay?, Cassie. J'ai essay? de toutes mes forces, et quand il est devenu clair que ?a ne fonctionnait plus, je l’ai v?cu comme une d?faite. » Cassie se retrouva pench?e vers lui. « Comme ce doit ?tre terrifiant. » « Vous avez prononc? le bon mot. C'est terrifiant. Je me suis senti tr?s nul et ? la d?rive. Je ne prends pas d'engagement ? la l?g?re. Pour moi, cela signifiait pour toujours. Quand Trish est partie, j'ai d? me remettre en question. » Cassie cligna des yeux. Elle pouvait entendre l'angoisse dans sa voix. La douleur qu'il traversait semblait fra?che et ? vif. Il fallait un immense courage, pensa-t-elle, pour le cacher sous une apparence plaisante et l?g?re. Elle ?tait sur le point de dire ? Ryan combien elle l'admirait pour la force qu'il montrait dans l'adversit?, mais elle s’arr?ta juste ? temps, consid?rant qu’il ?tait beaucoup trop t?t. Elle connaissait ? peine Ryan et n'avait pas le droit de faire de telles observations personnelles ? un employeur, apr?s seulement quelques heures dans son entreprise. ? quoi pensait-elle - si seulement elle ?tait capable de r?fl?chir ? Elle consid?ra que comme le vin lui montait ? la t?te, elle devait choisir ses mots avec pr?caution. Juste parce que Ryan ?tait si beau, intelligent et gentil, il n'y avait aucune raison de se comporter comme une adolescente ?blouie avec lui. Il fallait que ?a s'arr?te, car sinon elle finirait par ?tre terriblement g?n?e, voire pire. « Je crois que je ferais mieux de vous laisser aller vous coucher maintenant », dit Ryan, posant son verre vide. « Vous devez ?tre ?puis?e apr?s le trajet et votre rencontre avec mes deux hooligans. Merci de vous ?tre jointe ? moi. Cela signifie beaucoup pour moi de pouvoir vous parler comme ?a. » « Ce fut une fin de journ?e agr?able et une si belle fa?on de se d?tendre », reconnut Cassie. En fait, elle ne se sentait pas du tout d?tendue. Son ?tat avait ?t? exacerb? par l'intimit? de leur conversation. Alors qu'ils se levaient et se dirigeaient vers l'int?rieur, elle n'arr?tait pas de penser ? ce qu'il lui avait confi?. De retour dans sa chambre, elle jeta un rapide coup d'?il ? ses messages, reconnaissante que cette maison soit connect?e ? Internet. Sur son dernier lieu de travail, il n'y avait pas d’Internet et elle s’?tait retrouv?e compl?tement isol?e. Jusqu'? ce que cela se produise, elle n'avait pas r?alis? ? quel point c'?tait effrayant de ne pas pouvoir communiquer avec le monde ext?rieur quand on en a besoin. Sur son t?l?phone, Cassie remarqua qu'il y avait quelques bonjours et un ou deux messages d'amis de retour aux ?tats-Unis. Puis elle vit qu'un autre message avait ?t? envoy? plus t?t dans la soir?e. Celui-ci provenait d'un num?ro de t?l?phone portable britannique inconnu, qui lui produisit un choc quand elle l’aper?ut, et en l'ouvrant, elle ressentit une boule dans le ventre. « Soyez prudente », disait le court message. CHAPITRE V Cassie avait pens? bien dormir dans sa chambre douillette avec le seul bruit des vagues ? l'ext?rieur. Elle ?tait s?re que cela aurait ?t? le cas, sans ce message d?concertant, provenant d'un num?ro inconnu pendant qu'elle ?tait assise dans la v?randa avec Ryan. Sa premi?re r?action de panique fut de penser qu'il concernait le proc?s pour meurtre de son ex-employeur, dans lequel elle avait ?t? impliqu?e d'une mani?re ou d'une autre, et qu’on la recherchait. Elle tenta de v?rifier les derni?res infos, mais constata avec frustration que Ryan avait d?j? ?teint le Wi-Fi. Elle se tourna dans tous les sens, inqui?te de ce que cela pouvait signifier et anxieuse de savoir qui l'avait envoy?, essayant de se rassurer en se disant que c'?tait probablement un mauvais num?ro et qu'il ?tait destin? ? quelqu'un d'autre. * Apr?s une nuit agit?e, elle r?ussit ? sombrer dans un sommeil l?ger et fut r?veill?e par son alarme. Elle saisit son t?l?phone et constata avec soulagement que le signal ?tait revenu. Avant de sortir du lit, elle chercha des infos sur le proc?s. Cassie apprit qu'un report avait ?t? demand? et qu'il devait reprendre dans deux semaines. En recherchant plus avant, elle d?couvrit que c'?tait parce que l’avocat de la d?fense avait besoin de plus de temps pour contacter de nouveaux t?moins. Cela la rendait malade de peur. Elle regarda de nouveau l'?trange message : « Soyez prudente », r?fl?chissant si elle devait y r?pondre et demander ce que cela signifiait, mais au cours de la nuit, l'exp?diteur avait d? la bloquer car elle constata qu'elle ne pouvait pas renvoyer de message. En d?sespoir de cause, elle essaya d'appeler le num?ro. La ligne fut imm?diatement interrompue. Ses appels avaient clairement ?t? bloqu?s ?galement. Cassie soupira de frustration. Couper la communication ressemblait plus ? du harc?lement qu'? un v?ritable avertissement. Elle allait se r?signer ? l’id?e que c’?tait un mauvais num?ro, que l'exp?diteur l’avait r?alis? trop tard et qui l'avait bloqu? en cons?quence. Se sentant en partie r?confort?e, elle sortit du lit et alla r?veiller les enfants. Dylan ?tait d?j? debout - Cassie se rappela qu'il devait faire du v?lo. Esp?rant qu'il ne penserait pas que ce soit une intrusion, elle entra, remit sa couette et ses oreillers en ordre, puis r?cup?ra ses v?tements ?parpill?s. Ses ?tag?res ?taient remplies d'une grande vari?t? de livres, dont plusieurs sur le v?lo. Deux poissons rouges nageaient dans un aquarium sur le dessus de la biblioth?que, et sur une grande table pr?s de la fen?tre se trouvait une cage ? lapin. Un lapin gris prenait un petit d?jeuner compos? de laitue et Cassie le regarda joyeusement pendant une minute. Quittant sa chambre, elle tapota sur la porte de Madison. « Donne-moi dix minutes », r?pondit la jeune fille endormie, alors Cassie se dirigea vers la cuisine pour commencer ? pr?parer le petit d?jeuner. L?, elle vit que Ryan avait laiss? une liasse d'argent sous la sali?re avec un petit mot : « Je suis all? travailler. Sortez les enfants et amusez-vous ! Je serai de retour ce soir. » Cassie mit des tranches de pain dans le joli grille-pain d?cor? de fleurs et remplit la bouilloire. Alors qu'elle ?tait occup?e ? pr?parer du caf?, Madison, v?tue d’une robe rose, entra en b?illant. « Bonjour », la salua Cassie. « Bonjour. Je suis trop contente que tu sois l? ! Tout le monde dans cette maison se l?ve si t?t », se plaignit-elle. « Je te fais un caf?? un th? ? un jus de fruit ? » « Du th?, s'il te pla?t. » « Du pain grill? ? » Madison secoua la t?te : « Je n'ai pas faim, merci. » « Qu'aimerais-tu faire aujourd'hui ? Ton p?re nous a dit de sortir quelque part », d?clara Cassie, en versant du th? comme Madison le lui avait demand?, avec un soup?on de lait et sans sucre. « Allons en ville », r?pondit Madison. « C'est amusant le week-end. Il y a plein de choses ? faire. » « Bonne id?e. Sais-tu quand Dylan sera de retour ? » « Il s’en va g?n?ralement pendant une heure. » Madison passa ses mains autour de sa tasse et souffla sur le liquide br?lant. Cassie ?tait impressionn?e par l'ind?pendance des enfants. De toute ?vidence, ils n'?taient pas habitu?s ? ?tre surprot?g?s. Elle en d?duit que le village ?tait petit et suffisamment s?r pour qu'ils puissent le consid?rer comme un prolongement de leur maison. Dylan revint peu apr?s et ? neuf heures, ils ?taient habill?s et pr?ts ? partir pour leur sortie. Cassie supposa qu'ils prendraient la voiture, mais Dylan lui d?conseilla. « Il est difficile de se garer le week-end. Nous descendons g?n?ralement ? pied - c'est seulement ? 2 km - et nous prenons le bus pour revenir. Il passe toutes les deux heures, il suffit donc de bien le pr?voir. » La descente vers le village ne pouvait pas ?tre plus pittoresque. Cassie fut charm?e par les perspectives changeantes sur la mer et les maisons pittoresques le long du chemin. Quelque part au loin, elle pouvait entendre les cloches de l’?glise. L'air ?tait frais et agr?able, et respirer l'odeur de la mer ?tait un vrai plaisir. Madison menait la marche, montrant les maisons des personnes qu'elle connaissait, c’est-?-dire de presque tout le monde. Quelques-unes des personnes qui passaient devant eux leur faisaient un signe de la main et une femme arr?ta son Range Rover pour leur proposer de les emmener. « Non merci, Mme O'Donoghue, nous aimons marcher », dit Madison. « Mais nous pourrions avoir besoin de vous pour le retour ! » « Je te guetterai ! » promit la femme avec un sourire avant de s'?loigner. Madison expliqua qu’elle et son mari vivaient plus ? l'int?rieur des terres et dirigeaient une petite ferme biologique. « Il y a un magasin vendant leurs produits en ville, et ils ont parfois aussi du fudge fait maison », s’exclama Madison. « Nous irons donc l?-bas », promit Cassie. « Ses enfants ont de la chance. Ils vont au pensionnat en Cornouailles. J'aimerais pouvoir le faire », dit Madison. Cassie fron?a les sourcils, se demandant pourquoi Madison voudrait passer du temps loin d'une vie aussi agr?able. ? moins que, peut-?tre, le divorce ne lui avait laiss? un sentiment d'ins?curit? et qu'elle voulait plus de monde autour d'elle. « Es-tu heureuse dans ton ?cole ? » demanda-t-elle, juste au cas o?. « Oh, oui, c'est g?nial, ? part ?a je dois ?tudier », r?pondit Madison. Cassie ?tait soulag?e qu'il ne semble pas y avoir de probl?me cach?, comme du harc?lement. Les magasins ?taient aussi pittoresques qu'elle l'avait esp?r?. Il y avait quelques magasins vendant du mat?riel de p?che, des v?tements chauds et du mat?riel de sport. Se souvenant qu’elle avait eu tr?s froid aux mains en buvant avec Ryan la nuit pr?c?dente, Cassie essaya une belle paire de gants, mais d?cida, compte tenu de ses finances et de son manque d'argent, qu’il serait pr?f?rable d'attendre et d'acheter une paire moins ch?re. L'odeur de pain cuit les attira vers une p?tisserie de l'autre c?t? de la route. Apr?s avoir discut? avec les enfants, elle acheta un pain au levain et une tarte aux noix de p?can pour rapporter ? la maison. La seule d?ception de la matin?e fut la confiserie. Lorsque Madison alla jusqu'? la porte, pleine d’espoir, elle s'arr?ta, l'air d?courag?e. Le magasin ?tait ferm?, avec un petit mot coll? sur la vitre qui disait : « Chers clients, nous sommes partis ce week-end pour un anniversaire de famille ! Nous serons de retour pour vous servir vos sp?cialit?s pr?f?r?es mardi. » Madison soupira tristement. « Leur fille tient g?n?ralement la boutique quand ils sont absents. Je suppose que tout le monde est all? ? cette stupide f?te. » « Je pense aussi. Ne t’en fais pas. Nous pourrons revenir la semaine prochaine. » « C'est tellement loin. » La t?te baiss?e, Madison s’en alla et Cassie se mordit les l?vres avec anxi?t?. Elle esp?rait vraiment que cette sortie soit un succ?s. Elle avait imagin? de quelle fa?on le visage de Ryan s’illuminerait alors qu'ils parleraient de leur belle journ?e, et qu’il la regarderait avec gratitude, ou peut-?tre m?me qu’il lui ferait un compliment. « Nous reviendrons la semaine prochaine », r?p?ta-t-elle, sachant que ce n'?tait pas une consolation pour une fillette de neuf ans qui se voyait d?j? su?ailler ses barres sucr?es au go?t de menthe poivr?e. « Nous pourrions trouver des bonbons dans d'autres magasins », ajouta-t-elle. « Allez, Maddie », ajouta Dylan avec impatience, et il lui prit la main, l'?loignant de la boutique. Devant, Cassie remarqua le magasin dont Madison lui avait parl?, appartenant ? la femme qui leur avait propos? de les emmener. « Un dernier arr?t l?-bas, puis nous d?cidons o? d?jeuner », d?clara-t-elle. Dans l’id?e de pr?parer de bonnes soupes et des sandwichs bio, Cassie choisit quelques paquets de l?gumes ?minc?s, un sac de poires et des fruits secs. « Pouvons-nous acheter des ch?taignes ? » demanda Madison. « Elles sont d?licieuses, grill?es sur le feu. Nous en avons fait l'hiver dernier avec ma maman. » C'?tait la premi?re fois que l'un ou l'autre mentionnait leur m?re et Cassie attendait anxieusement, regardant Madison pour voir si le souvenir allait la bouleverser ou si c'?tait un signe qu'elle voulait parler du divorce. ? son grand soulagement, la jeune fille restait calme. « Bien, entendu. C'est une super id?e. » Cassie ajouta un sac ? son panier. « Regarde, y a du fudge ! » Madison le montra du doigt avec excitation et Cassie comprit que le moment ?tait pass?. Mais apr?s avoir mentionn? sa m?re une fois, elle avait bris? la glace et voudrait peut-?tre en parler plus tard. Cassie se rappela d'?tre vigilante ? tous les signaux. Elle ne voulait pas manquer l'occasion d'aider l'un ou l'autre des enfants ? traverser cette p?riode difficile. Les paquets ?taient rassembl?s sur un comptoir pr?s de la caisse, avec d'autres friandises. Il y avait des pommes au caramel, du fudge, des bonbons ? la menthe, de petits sachets de d?lices turcs et m?me des b?tonnets sucr?s miniatures. « Que voulez-vous, Dylan et Madison ? » demanda-t-elle. « Une pomme caramel, s'il te pla?t, et du fudge, et un de ces b?tonnets sucr?s », r?pondit Madison. « Une pomme caramel, deux b?tonnets sucr?s, du fudge et un d?lice turc », ajouta Dylan. « Je pense que peut-?tre seulement deux bonbons chacun suffiront ou cela vous coupera l’app?tit pour le d?jeuner », d?clara Cassie, se souvenant que les sucreries n’?taient pas encourag?es dans cette famille. Elle prit deux pommes caramel et deux paquets de fudge sur le pr?sentoir. « Penses-tu que ton p?re aimerait quelque chose ? » Elle sentit une vague d’?motion en elle en parlant de Ryan. « Il aime les noix », r?pondit Madison, et montra des noix de cajou grill?es : « Ce sont ses pr?f?r?es. » Cassie ajouta un sac ? son panier et se dirigea vers la caisse. « Bonjour », dit-elle en saluant la caissi?re, une jeune femme blonde et potel?e avec un badge portant le nom Tina, qui lui sourit et salua Madison par son nom. « Bonjour, Madison. Comment va ton papa ? Est-il maintenant sorti de l'h?pital ? » Cassie jeta un coup d'?il inquiet ? Madison. ?tait-ce quelque chose dont on ne lui avait pas parl? ? Mais Madison fron?ait les sourcils, perplexe. « Il n'a pas ?t? hospitalis?. » « Oh, je suis d?sol?e, je dois avoir mal compris. La derni?re fois qu'il est venu ici, il a dit… », commen?a Tina. Madison l'interrompit, fixant la caissi?re avec curiosit? tandis qu’elle enregistrait les achats. « Vous avez grossi. » Horrifi?e par le manque de tact de ce commentaire, Cassie sentit son visage devenir aussi cramoisi que celui de Tina. « Je suis vraiment d?sol?e », marmonna-t-elle en s'excusant. « C’est bon. » Cassie vit que Tina semblait abattue par le commentaire. Qu'est-ce qui ?tait arriv? ? Madison ? Ne lui avait-on jamais appris ? ne pas dire de telles choses ? ?tait-elle trop jeune pour r?aliser ? quel point ces mots ?taient blessants ? Percevant que plus aucune excuse ne rach?terait la situation, elle reprit sa monnaie et poussa la jeune fille hors du magasin avant qu’elle n’ait l’id?e de dire autre chose du m?me acabit. « Ce n'est pas poli de dire des choses comme ?a », expliqua-t-elle, quand elles ?taient hors de port?e de voix. « Pourquoi ? » demanda Madison. C’est la v?rit?. Elle est beaucoup plus grosse que lorsque je l'ai vue pendant les vacances d'ao?t. » « Il vaut toujours mieux ne rien dire si tu remarques quelque chose comme ?a, surtout si d'autres personnes ?coutent. Elle pourrait avoir un - un probl?me hormonal, ou prendre des m?dicaments qui la font grossir, comme la cortisone, ou elle pourrait attendre un b?b? et ne pas vouloir qu’on le sache encore. » Elle jeta un coup d'?il ? Dylan sur sa gauche, pour voir s'il ?coutait, mais il fouillait dans ses poches et semblait pr?occup?. Madison fron?a les sourcils en y r?fl?chissant. « OK », dit-elle. « Je m'en souviendrai la prochaine fois. » Cassie laissa ?chapper un profond soulagement que son raisonnement ait ?t? compris. « Voulez-vous une pomme caramel ? » Cassie passa ? Madison sa pomme caramel qu'elle mit dans sa poche et tendit l'autre ? Dylan. Mais quand elle le lui donna, il l'a repoussa. Le regardant avec incr?dulit?, Cassie vit qu'il retirait le sachet d'un des bonbons du magasin o? ils ?taient all?s. « Dylan… », commen?a-t-elle. « Ah, non, j'en voulais un », se plaignit Madison. « Je t’en donne un. » Dylan fouilla dans la grande poche de son manteau et, ? la surprise de Cassie, en sortit plusieurs autres. « Voil? », dit-il, et il lui en passa un. « Dylan ! » Cassie se sentit soudainement manquer d’air et sa voix ?tait forte et tendue. Son esprit s'emballait alors qu'elle t?chait de comprendre ce qui venait de se passer. Avait-elle mal interpr?t? la situation ? Non. Dylan n’avait s?rement pas pu acheter les bonbons. Apr?s le commentaire embarrassant de Madison, elle les avait pouss?s hors du magasin. Dylan n'avait pas eu le temps de payer, d'autant plus que l’employ?e n'?tait pas tr?s ? l’aise avec cette caisse ? l'ancienne. « Quoi ? » demanda-t-il, la regardant avec interrogation, et Cassie se sentit refroidie par le fait qu'il n'y avait aucune trace d'?motion dans ses yeux bleu p?le. « Je pense - je pense que tu as peut-?tre oubli? de les payer. » « Je n'ai pas pay? », dit-il avec d?sinvolture. Cassie le regarda, choqu?e pour le moins. Dylan venait juste d'admettre froidement avoir vol? les bonbons. Elle n'avait jamais imagin? que le fils de Ryan ferait une telle chose. Cela la d?passait et elle ne savait pas comment elle devait r?agir. Elle se sentit secou?e ; l’impression d'une famille parfaite, ? laquelle elle avait cru, ?tait loin de la r?alit?. Comment avait-elle pu se tromper autant ? Le fils de Ryan venait de commettre un acte d?lictueux. Pire encore, il ne montrait aucun remords, aucune honte, ni m?me aucun signe qu'il comprenait l'?normit? de son action. Il la fixa calmement, semblant indiff?rent ? ce qu'il avait fait. CHAPITRE VI Tandis que Cassie ?tait immobile, fig?e de stupeur et ne sachant pas comment g?rer le vol de Dylan, elle r?alisa que Madison avait d?j? pris sa d?cision. « Je ne mange pas de bonbon vol? », annon?a la jeune fille. « Tu peux le r?cup?rer. » Elle le tendit ? Dylan. « Pourquoi tu le rends ? Je l'ai pris pour toi parce que tu voulais un bonbon, et il n’y en avait pas dans le premier magasin, et puis Cassie ?tait avare et ne voulait pas t’en acheter. » Dylan parla d'un ton chagrin?, comme s'il s'?tait attendu ? des remerciements pour avoir sauv? la situation. « Peut-?tre, mais je ne veux pas d'un vol?. » Lui mettant dans la main, Madison croisa les bras. « Si tu ne le prends pas, je ne t’en proposerai plus. » « J'ai dit non. » Dylan s'avan?a, Madison s'?loigna. « Tu es avec moi ou tu es contre moi. Tu sais ce que maman dit toujours », lui cria Dylan. En les entendant mentionner leur m?re ? nouveau, Cassie ressentit une pointe d’inqui?tude et d?tecta plus qu'un soup?on de menace dans son ton. « D'accord, ?a suffit maintenant. » En quelques pas rapides, Cassie attrapa le bras de Madison et la retourna, la ramenant de sorte qu'ils se tenaient tous face ? face sur le trottoir pav?. Elle ressentit de l’effroi. La situation devenait incontr?lable, les enfants commen?aient ? se battre et elle n'avait m?me pas r?gl? le probl?me du vol. Peu importe ? quel point ils ?taient traumatis?s ou quelles ?motions ils r?primaient, c'?tait un acte r?pr?hensible. Elle ?tait d'autant plus constern?e que ce magasin appartenait ? quelqu'un qui ?tait amical avec la famille. La propri?taire leur avait m?me propos? de les emmener au village ! « Vous ne devriez pas voler une personne qui vous a propos? de vous emmener. Je veux dire, vous ne devez voler personne, et surtout pas une femme qui a voulu vous aider ce matin. Allons-nous asseoir. » Il y avait un salon de th? sur sa gauche qui semblait plein, mais, rep?rant un couple qui se levait d'une table, elle poussa les enfants jusqu'? la porte. Une minute plus tard, ils ?taient assis dans un endroit chaleureux qui sentait d?licieusement le caf?, ainsi que la p?tisserie croustillante et beurr?e. Cassie baissa les yeux vers le menu, se sentant impuissante, car chaque seconde qui passait prouvait aux enfants qu'elle n'avait aucune id?e de comment g?rer cela. En principe, elle consid?rait que Dylan devrait ?tre oblig? de retourner au magasin et payer ce qu'il avait pris, mais qu'en serait-il s'il refusait ? Elle ne savait pas non plus quelles ?taient les sanctions pour le vol ? l'?talage ici au Royaume-Uni. Il pourrait se retrouver en difficult? si le r?glement du magasin exigeait que l’employ?e le signale ? la police. Puis Cassie repensa ? la chronologie des ?v?nements et r?alisa qu'il pourrait y avoir une perspective diff?rente. Elle se souvenait que Madison avait parl? de ch?taignes grill?es avec leur m?re, juste avant que Dylan vole les bonbons. Peut-?tre que ce gar?on tranquille avait entendu les paroles de sa s?ur et s'?tait rappel? le traumatisme que la famille avait v?cu. Il pourrait avoir ?t? m? par ses ?motions refoul?es pendant le divorce, en faisant d?lib?r?ment quelque chose d'interdit. Plus Cassie y r?fl?chissait, plus l'explication avait du sens. Dans ce cas, il serait pr?f?rable de g?rer cela de mani?re plus subtile. Elle jeta un coup d'?il ? Dylan qui parcourait son menu, l'air compl?tement indiff?rent. Madison semblait ?galement avoir surmont? sa col?re. Ayant refus? le bonbon vol? et fit part ? Dylan de sa r?probation, l'affaire semblait avoir ?t? trait?e comme elle l’entendait. Elle ?tait maintenant absorb?e par la lecture des descriptions des diff?rents milkshakes. « Bon », dit Cassie. « Dylan, donne-moi tous les bonbons que tu as pris. Vide bien tes poches. » Dylan fouilla dans sa veste et sortit quatre bonbons et un sachet de d?lices turcs. Cassie regarda le petit tas. Il n'en avait pas pris beaucoup. Ce n'?tait pas du vol ? grande ?chelle. Mais c'?tait le fait de l’avoir fait qui ?tait le probl?me - et de penser que ce n’?tait pas grave. « Je vais confisquer ces bonbons parce qu'il n'est pas juste de prendre quelque chose sans payer. Cette employ?e du magasin pourrait avoir des ennuis si l'argent dans la caisse ne correspond pas au stock, et tu aurais pu avoir des ennuis plus graves. Tous ces magasins ont des cam?ras. » « D'accord », dit-il, l'air emb?t?. « Je vais devoir le dire ? ton p?re, et nous verrons ce qu'il d?cide de faire. S'il te pla?t, ne recommence pas, peu importe ? quel point tu veux aider, ? quel point tu penses que le monde est injuste ou ? quel point tu puisses ?tre boulevers? par les probl?mes familiaux. Cela pourrait avoir de graves cons?quences. C'est compris ? » Elle prit les bonbons et les cacha dans son sac ? main. En observant les enfants, elle vit que Madison, qui n'avait pas eu besoin d'avertissement, semblait bien plus inqui?te que Dylan. Celui-ci la regardait avec une sorte de perplexit?. Il fit un petit signe de t?te, et elle comprit que c'?tait tout ce qu'elle allait obtenir. Elle avait fait ce qu'elle pouvait. Tout ce qu'elle devait faire maintenant ?tait de transmettre les informations ? Ryan et de le laisser g?rer cette situation. « Veux-tu un milk-shake, Madison ? » demanda-t-elle. « Tu ne peux pas te tromper avec le chocolat », conseilla Dylan, et ainsi, la tension disparut et tout redevint normal. Cassie ?tait grandement soulag?e d'avoir pu g?rer la situation. Elle r?alisa que ses mains tremblaient et elle les mit sous la table pour que les enfants ne le voient pas. Elle avait toujours ?vit? les disputes car cela lui rappelait les moments o? elle s’?tait sentie impuissante dans ce genre de situation. Elle se souvenait de sc?nes ponctu?es de voix beuglantes et de cris de rage pure, d’assiettes fracass?es - se cachant alors sous la table de la salle ? manger, elle avait senti les ?clats lui piquer les mains et le visage. Si elle en avait le choix, dans n'importe quelle dispute, elle finissait g?n?ralement par se cacher ou faire quelque chose d’approchant. Maintenant, elle ?tait heureuse d'avoir r?ussi ? affirmer son autorit? calmement mais fermement, et que la journ?e ne s'?tait pas transform?e en catastrophe. La directrice du salon de th? se pr?cipita pour prendre leur commande et Cassie commen?a ? r?aliser ? quel point cette ville ?tait petite, car elle connaissait aussi la famille. « Bonjour, Dylan et Madison. Comment vont vos parents ? » Cassie grima?a, r?alisant qu’elle ne connaissait ?videmment pas les derni?res nouvelles et qu'elle n'avait pas discut? avec Ryan de ce qu'elle devait dire. Alors qu'elle cherchait ses mots, Dylan parla. « Ils vont bien, merci Martha. » Cassie ?tait reconnaissante de la br?ve r?ponse de Dylan, m?me si elle ?tait surprise par la fa?on dont il avait l'air normal. Elle avait pens? que lui et Madison seraient contrari?s par le fait que leurs parents soient mentionn?s. Peut-?tre que Ryan leur avait dit de ne pas en discuter si les gens ne le savaient pas. C'?tait probablement la raison, d?cida-t-elle, d'autant plus que la femme semblait press?e et que la question n'avait ?t? que de pure forme. « Bonjour, Martha. Je suis Cassie Vale », dit-elle. « On dirait que vous venez d'Am?rique. Travaillez-vous pour les Ellis ? » Encore une fois, Cassie grima?a. « Je ne fais qu'apporter mon aide », dit-elle, se souvenant que malgr? son accord informel avec Ryan, elle devait faire attention. « Il est si difficile de trouver une bonne aide. Nous manquons actuellement de personnel. Une de nos serveuses a ?t? expuls?e hier, faute de papiers en r?gle. » Elle jeta un ?il ? Cassie, qui baissa les yeux pr?cipitamment. Qu'est-ce que la femme voulait dire par l? ? Pensait-elle, d'apr?s l'accent de Cassie, qu'elle n'avait pas de visa de travail ? ?tait-ce une allusion au fait que les autorit?s du coin s?vissaient ? Rapidement, elle et les enfants pass?rent leur commande et au soulagement de Cassie, la directrice se d?p?cha. Un peu plus tard, une serveuse ? l'air stress?, qui ?tait clairement d’ici, leur apporta leurs tartes et leurs frites. Cassie ne voulait pas faire trainer ce d?jeuner et risquer une nouvelle conversation, alors que le restaurant commen?ait ? se vider. D?s qu'ils eurent fini, elle alla ? la caisse et paya. En quittant le salon de th?, ils revinrent sur leurs pas. Ils s’arr?t?rent dans un magasin de produits pour animaux de compagnie o? elle acheta plus de nourriture pour les poissons de Dylan, dont il lui dit qu'ils s'appelaient Orange et Citron, et un sac de liti?re pour son lapin, Benjamin Bunny. Alors qu'ils se dirigeaient vers l'arr?t du bus, Cassie entendit de la musique et remarqua qu'un groupe de personnes s'?tait rassembl? sur la place en pav?s de la ville. « Qu’est-ce qu'ils font ? » demanda Madison en remarquant la sc?ne au m?me moment que Cassie. « Pouvons-nous aller voir, Cassie ? » demanda Dylan. Ils se dirig?rent de l'autre c?t? de la route pour d?couvrir qu'il y avait un spectacle improvis? en cours. Dans le coin nord de la place, un groupe de trois musiciens jouait. Dans le coin oppos?, un artiste cr?ait des ballons en forme d’animaux. D?j? une file de parents avec de jeunes enfants s'?tait form?e. Au centre, un magicien, v?tu d'un beau costume traditionnel avec un chapeau haut de forme, ex?cutait des tours. « Oh, ouah ! J'adore les tours de magie », souffla Madison. « Moi aussi », rench?rit Dylan. « Je voudrais l'?tudier. J’aimerai savoir comment il fait. » Madison roula des yeux. « Facile. C’est de la magie ! » Juste ? leur arriv?e, le magicien acheva son tour sous des cris et des applaudissements, puis, alors que la foule se dispersait, il se tourna pour leur faire face. « Bienvenue, braves gens. Merci d'?tre ici en ce bel apr?s-midi. Quelle belle journ?e ! Mais dites-moi, jeune demoiselle, vous n’avez pas un peu froid ? » Il fit signe ? Madison d'avancer. « Froid ? Moi ? Non. » Elle s'avan?a en souriant, amus?e et un peu m?fiante. Il tendit ses mains vides, puis s'avan?a et les frappa pr?s de la t?te de Madison. Elle retint son souffle. Alors qu'il baissait ses mains r?unies en coupe, s’y trouvait un petit bonhomme de neige. « Comment avez-vous fait ?a ? » demanda-t-elle. Il lui tendit le jouet. « Il ?tait sur ton ?paule depuis toujours, voyageant avec toi », expliqua-t-il, et Madison ria avec une incr?dulit? stup?faite. « Alors maintenant, voyons ? quel point vos yeux sont rapides. Cela fonctionne comme cela. Vous pariez – n’importe quelle somme que vous voulez, pendant que je d?place quatre cartes. Si vous pouvez deviner o? se trouve la reine, vous doublez votre mise. Si vous vous trompez, vous partez les mains vides. Alors, vous pariez ? » « Je parie ! Puis-je avoir de l'argent ? » demanda Dylan. « Pas de probl?me. Combien veux-tu perdre ? » Cassie fouilla dans la poche de sa veste. « Je veux perdre cinq livres, s'il te pla?t. Ou en gagner dix, bien s?r. » Consciente qu'une nouvelle foule se rassemblait derri?re elle, Cassie remit l'argent ? Dylan et il paya. « Cela devrait ?tre facile pour vous, jeune homme, je peux voir que vous avez un ?il rapide, mais rappelez-vous, la reine est une dame rus?e et elle a remport? de nombreuses batailles. » « Regardez attentivement pendant que je distribue quatre cartes. Vous voyez, je les place face vers le haut, pour que ce soit bien clair. C'est presque trop facile. C'est comme donner de l'argent. La reine de c?ur, l'as de pique, le neuf de tr?fle et le valet de carreau. Apr?s tout, comme on dit ? propos du mariage, cela commence avec des c?urs et des carreaux, mais termine avec un tr?fle et un pique. » Il y eut des ?clats de rire dans le public. L'allusion du magicien au mariage qui tournait mal amena Cassie ? regarder nerveusement les enfants, mais Madison ne semblait pas avoir compris la blague, et l'attention de Dylan ?tait fix?e sur les cartes. « Maintenant, je les retourne. » Une par une, il retourna d?lib?r?ment les cartes face vers le bas. « Et maintenant, je les d?place. » Rapidement, mais pas trop vite, il m?langea les quatre cartes. C'?tait un d?fi ? relever, mais au moment o? il s’arr?ta, Cassie ?tait pratiquement s?re que la reine ?tait ? l'extr?me droite. « O? est notre reine ? » demanda le magicien. Dylan r?fl?chit, puis montra la carte ? droite. « ?tes-vous s?r, jeune homme ? » - Oui, je suis s?r », r?pondit Dylan d’un hochement de t?te. « Vous avez la possibilit? de changer d'avis une fois. » « Non, je maintiens mon choix. Elle doit ?tre l?. » « Elle doit ?tre l?. Eh bien, voyons si la reine est d'accord ou si l'un de ses ?poux a r?ussi ? la faire dispara?tre. » Il retourna la carte et Dylan laissa ?chapper un grognement. C'?tait le valet de carreau. « Bon sang », dit-il. « Le valet. Toujours pr?t ? prot?ger sa reine. Fid?le jusqu’au bout. Mais notre reine de c?ur, embl?me de l'amour, nous ?chappe encore. » « Alors, o? est la reine ? » « O? en effet ? » Cassie avait remarqu?, pendant qu’il m?langeaitt les cartes, qu'il y en avait une qu'il n'avait pas du tout touch?e - celle ? l'extr?me gauche. Cela avait ?t? l'as de pique. « Je pense qu'elle est l? », dit-elle en montrant la carte. « Ah, nous avons donc ici une dame intelligente, montrant la seule carte pour laquelle elle sait que ce n’est pas possible. Mais vous savez quoi ? Les miracles... ?a arrive ! » D’un geste th??tral, il retourna la carte - et c’?tait la reine. Des rires et des applaudissements retentirent sur la place et Cassie ressentit un ?lan de joie, alors que Dylan et Madison lui tapaient dans la main. « Quel dommage que vous n'ayez pas pari?, madame. Vous auriez ?t? plus riche maintenant, mais c'est ainsi. Qui a besoin d'argent, quand l'amour vous a ?lu ? » Cassie sentit ses joues rougir. Si seulement, se dit-elle. « En souvenir, vous pouvez avoir la carte elle-m?me. » Il la fit tomber dans une pochette en papier et la scella avec un autocollant avant de le remettre ? Cassie, qui la mit dans la poche lat?rale de son sac ? main. « Je me demande ce qui se serait pass? si j'avais choisi cette carte », fit remarquer Dylan en s'?loignant. « Je suis s?re que cela aurait ?t? le valet de carreau », dit Cassie. « C'est comme ?a qu'il gagne de l’argent, en changeant les cartes quand les gens parient. » « Ses mains ?taient si rapides », d?clara Dylan en secouant la t?te. « Il faut ?tre naturellement bon et s'entra?ner pendant des ann?es », affirma Cassie. « Je pense que c’est le cas », acquies?a Dylan, alors qu'ils atteignaient l'arr?t de bus. « Il s’agit aussi d’induire les spectateurs en erreur, mais je ne sais pas comment on fait quand il y a quatre cartes si proches les unes des autres. Mais cela doit fonctionner d'une mani?re ou d'une autre. » « OK, alors pratiquons. Essaye de m’?garer, Cassie », demanda Madison. « Je vais le faire, mais le bus arrive. Allons-y d'abord. » Madison se tourna pour regarder et tandis que son attention ?tait distraite, Cassie subtilisa la pomme caramel de la poche de sa veste. « H? ! Qu’as-tu fait ? J'ai senti quelque chose, et il n'y a pas de bus. » Madison se retourna, vit Dylan ?clater de rire, s'arr?ta un instant alors qu'elle repensait ? ce qui s'?tait pass? et commen?a ? rire elle-m?me. « Tu m’as eu ! » « Ce n’est pas toujours facile. J'ai eu de la chance. » « Le bus arrive, Madison », s’exclama Dylan. « Je ne regarde pas. Tu ne peux pas m’avoir deux fois. » Reniflant toujours de rire, elle croisa les bras. « Alors on te laissera ici », lui r?pondit Dylan tandis qu’un ?l?gant bus de campagne s’arr?tait. Pendant le court trajet de retour, ils firent tout ce qu’ils pouvaient pour se d?sorienter. Au moment o? ils atteignirent leur arr?t, Cassie avait mal au ventre ? force de rire et cela lui faisait chaud au c?ur que la journ?e ait ?t? un succ?s. Alors qu'ils ouvraient la porte d'entr?e, son t?l?phone portable sonna. C'?tait un message de Ryan, lui disant qu'il ram?nerait des pizzas ? la maison, et s’il y avait des condiments qu'elle n'aimait pas. Elle lui r?pondit : « Je ne suis pas difficile, merci », puis r?alisa les connotations g?nantes au moment d’envoyer le message. Son visage ?tait chaud alors qu'elle effa?ait les mots et les rempla?ait par : « N’importe quelle garniture fera l’affaire. Merci. » Une minute plus tard, son t?l?phone sonna ? nouveau et elle le saisit, impatiente de lire le prochain message de Ryan. Ce texte ne venait pas de lui. C'?tait de Ren?e, une de ses anciennes camarades de classe de chez elle. « H?, Cassie, quelqu'un te cherchait ce matin. Une femme, appelant de France. Elle tentait de te trouver, mais elle ne voulait pas en dire plus. Puis-je lui donner ton num?ro ? » Cassie relut le message et soudain le village ne lui parut plus isol? ou en s?curit?. Avec le proc?s de son ex-employeur ? venir ? Paris et les avocats de la d?fense ? la recherche de nouveaux t?moins, elle ?tait terrifi?e de voir que le pi?ge se refermait. CHAPITRE VII Alors qu'elle aidait les enfants ? prendre leur bain et mettre leur pyjama, Cassie n’arrivait pas ? enlever ce message de son esprit. Elle tenta de se convaincre que les avocats de Pierre Dubois auraient pu l'appeler directement, sans avoir besoin de retrouver une ancienne camarade de classe, mais le fait est que quelqu'un la cherchait. Il ?tait urgent qu’elle d?couvre qui ?tait cette personne. Apr?s avoir rang? la salle de bain, elle envoya un message ? Ren?e. « As-tu le num?ro de cette personne ? A-t-elle donn? son nom ? » Laissant son t?l?phone, elle se dirigea vers la cuisine et aida Madison ? mettre la table avec tous les condiments qui accompagnaient les pizzas - sel et poivre, ail pil?, sauce Tabasco et mayonnaise. « Dylan aime la mayonnaise », expliqua-t-elle. « Je pense que c'est beurk. » « Moi aussi », confessa Cassie, et son c?ur bondit en entendant la porte d'entr?e s'ouvrir. Madison se pr?cipita hors de la cuisine, avec Cassie juste derri?re. « Livraison des pizzas », annon?a Ryan, en tendant ? Madison la pile de bo?tes. « C'est bon d'?tre ? l'int?rieur. Il gelait l?-bas et il faisait sombre aussi. » Il vit Cassie et comme elle l'avait esp?r?, son visage s’?claira de ce sourire terriblement attirant. « Bonjour, Cassie ! Vous ?tes magnifique. Je vois que vous avez pris des couleurs sur les joues avec notre air marin. J'ai h?te que vous me parliez de votre journ?e. » Cassie lui rendit son sourire, reconnaissante qu'il ait suppos? que ses rougeurs provenaient de l'air frais, et non de son excitation et de son ?trange timidit? alors qu'il ?tait entr?. Tandis qu'elle lui prenait les bo?tes, elle se dit que ce serait une bonne chose que ce coup de c?ur pour son patron se calme. Quelques minutes plus tard, Ryan les rejoint dans la cuisine et Cassie vit qu'il tenait un sac de papier brun. « J'ai achet? des cadeaux pour tout le monde », annon?a-t-il. « Qu'est-ce que tu m'as apport? ? » demanda Madison. « Patience, ch?rie. Asseyons-nous tous d’abord. » Lorsque les enfants furent assis ? table, il ouvrit le sac. « Maddie, je t'ai achet? ?a. » C'?tait un haut ajust? noir avec un slogan rose paillet? qui ?tait ?crit ? l'envers. « Ceci est mon maillot ? l’envers », disait le slogan. « Oh il est si joli. J'ai h?te de le porter au gymnase », dit Madison, rayonnante de joie tout en tournant le maillot et en observant la lumi?re jouer avec les paillettes. « Pour toi, Dylan, ?a. » Son cadeau ?tait un haut de cyclisme ? manches longues jaune fluo. « Cool, papa. Merci.» « J'esp?re que cela vous prot?gera, maintenant que les matin?es deviennent si sombres. Et pour vous, Cassie, j'ai achet? ?a. » ? la stup?faction de Cassie, Ryan sortit une paire de gants ?l?gants et chauds du sac. Ses yeux s'?carquill?rent lorsqu'elle r?alisa qu'ils ?taient presque identiques ? ceux qu'elle avait essay?s en ville. « Oh, ils sont absolument magnifiques et ils me seront tellement utiles. » Constern?e, Cassie r?alisa qu'elle ?tait ? nouveau en proie ? son b?guin et s'imaginait les porter tout en ?tant assise dehors et en sirotant du vin avec lui. « J'esp?re qu'ils sont de la bonne taille. J'ai fait de mon mieux pour imaginer vos mains pendant que je les achetais », d?clara Ryan. Pendant un instant, Cassie ne put respirer tandis qu'elle se demandait s'il pensait comme elle. « Alors, vous ?tes-vous amus?s aujourd'hui ? » demanda Ryan. « Nous nous sommes tellement amus?s. Il y avait un magicien en ville. Il m'a donn? un bonhomme de neige, et il a tromp? Dylan et lui a pris cinq livres, mais Cassie a ensuite devin? o? ?tait la carte et l’a gagn?e, mais pas d'argent. » « Quelle carte a-t-elle gagn?e ? » demanda Ryan ? sa fille. « La reine de c?ur, alors le magicien a dit que l'amour venait ? sa rencontre. » Cassie prit un verre de jus d'orange parce qu'elle ne savait pas o? regarder et qu'elle n’osait pas rencontrer le regard de Ryan. « Eh bien, je pense que Cassie m?rite cette carte et tout ce qu'elle apporte », d?clara Ryan, et elle renversa presque son jus en posant le verre. « Qu'avez-vous fait apr?s ? » demanda-t-il. « Nous avons commenc? ? parler de d?sorientation sur le chemin du bus, et Cassie m'a distrait et a vol? ma pomme caramel ! » Les mots jaillirent de la bouche de Madison, et bien que Dylan f?t trop occup? ? manger de la pizza pour en dire plus, il hocha la t?te avec enthousiasme. « Nous vous avons aussi achet? quelque chose », dit Cassie, et elle lui remit timidement les noix de cajou. « Mes pr?f?r?es ! J'ai une journ?e bien remplie demain et je vais les prendre avec moi pour le d?jeuner. Quelle attention. Merci pour ce gentil cadeau. » En pronon?ant les derniers mots, il regarda directement Cassie et son regard bleu maintint le sien pendant plusieurs secondes. Apr?s que les pizzas furent d?vor?es - Cassie n'avait pas beaucoup d'app?tit mais les autres avaient compens? et termin? chaque part - elle emmena les enfants dans le salon pour leur s?ance de t?l?vision, et apr?s avoir regard? un concours de jeunes talents qu’ils appr?ci?rent tous, elle les mit au lit. Madison ?tait toujours excit?e par les aventures de la journ?e et par l’?mission, qui avait pr?sent? deux groupes de gymnastes scolaires. « Je pense que je veux ?tre gymnaste un jour », d?clara-t-elle. « Cela demande un travail acharn?, mais si c'est ton r?ve, tu dois le suivre », conseilla Cassie. « J'ai l'impression de ne pas pouvoir dormir. » « Veux-tu en parler davantage ? ou veux-tu que je te lise une histoire ? » Cassie essaya de ne pas s’impatienter ? l'id?e de rejoindre Ryan, assis dehors avec son vin, en train de l’attendre. Mais peut-?tre qu'il n'attendra pas, et ira se coucher t?t. Dans ce cas, elle ratera l'occasion de lui parler du vol ? l'?talage de Dylan. Le souvenir la secoua. Toute heureuse du cadeau fait ? Ryan et de la discussion enjou?e du d?ner, elle avait oubli? cet incident d?sagr?able. C'?tait son devoir de le dire ? Ryan, m?me si cela finissait par g?cher ce qui avait ?t? une magnifique journ?e. « Je voudrais lire un peu. » Madison sortit d'entre les draps, se dirigea vers l'?tag?re et choisit un livre qu'elle avait manifestement lu plusieurs fois, car son dos ?tait pliss?e et ses pages ?taient d?chir?es. « C'est l'histoire d'une fille ordinaire qui devient danseuse de ballet. J’aime beaucoup, c'est super. Chaque fois que je le lis, c'est g?nial. Tu trouves pas ?a curieux ? » « Non, pas du tout. Les meilleures histoires nous font toujours ressentir ?a », dit Cassie. « Cassie, penses-tu qu'ils enseignent la gymnastique au pensionnat ? » Cette mention de pensionnat de nouveau. Cassie r?fl?chit. « Oui, d'autant plus que les internats sont g?n?ralement de plus grandes ?coles. Je pense qu'il y aura beaucoup d'installations sportives l?-bas. » Madison semblait satisfaite de cette r?ponse, mais elle eut ensuite une autre pens?e. « Est-ce qu’on peut rester au pensionnat pendant les vacances ? » « Non, tu dois rentrer ? la maison pour les vacances. Pourquoi voudrais-tu rester ? l'?cole ? » Cassie esp?rait que Madison r?pondrait, mais elle remonta la couette jusqu'? son menton et ouvrit son livre. « Je me demandais. Bonne soir?e. J’?teindrai ma lumi?re plus tard. » « Je passerai voir », promit Cassie, avant de fermer la porte. Elle fila vers sa chambre, saisit son manteau et enfila les beaux gants neufs, puis se pr?cipita vers le balcon. ? son grand soulagement, Ryan ?tait toujours l?. En fait, elle aper?ut avec un frisson de bonheur qu'il l'avait attendue avant de verser le vin. D?s qu'il la vit, il se leva, rapprocha sa chaise de la sienne et repoussa le coussin avant qu’elle ne s'assoit. « Sant?. Merci beaucoup pour aujourd'hui. C'est la meilleure sensation au monde de voir des enfants si heureux. » « Sant?. » Alors qu'elle trinquait avec lui, elle se rappela que la journ?e n'avait pas ?t? parfaite. Il y avait eu un grave incident. Comment allait-elle lui dire ? et s'il la critiquait et disait qu'elle aurait d? le g?rer diff?remment ? Il vaudrait mieux en parler, d?cida-t-elle, et aborder le sujet de mani?re naturelle. Elle esp?rait que Ryan parlerait ? nouveau de son divorce, car cela lui fournirait une ouverture parfaite pour lui dire : «Vous savez, je pense que ce divorce a peut-?tre affect? Dylan plus que nous ne le pensions, car juste apr?s que Madison a parl? de sa m?re, il a vol? des bonbons dans le magasin. Ils ont parl? pendant un moment de la m?t?o - demain devait ?tre une belle journ?e - et du programme des enfants. Ryan expliqua que le bus scolaire les prendrait ? sept heures trente du matin, heure ? laquelle il serait d?j? parti, et que les enfants lui diraient ? quelle heure l'?cole se terminait et s'ils devaient ?tre emmen?s ? des activit?s. « Il y a un horaire ? l'int?rieur de la porte de mon placard, si vous voulez v?rifier », d?clara-t-il. « Je le mets ? jour chaque fois qu'il y a un changement de planning. » « Merci beaucoup. » J’y jetterai un coup d’?il si j’en ai besoin », d?clara Cassie. « Vous savez », dit Ryan, et Cassie devint tendue en vidant son verre, car le ton de sa voix avait chang?, se faisant plus s?rieux. Elle ?tait s?re qu'il allait mentionner son divorce, et cela signifiait qu'il serait temps pour elle d'?voquer le sujet difficile du vol ? l'?talage de Dylan. Il remplit les verres avant de continuer. « Vous savez, vous ?tiez tr?s pr?sente dans mon esprit aujourd'hui. D?s que j'ai vu ces gants, j'ai pens? ? vous et j'ai r?alis? ? quel point j'ai appr?ci? notre conversation ? l'ext?rieur hier. Les gants ?taient vraiment une fa?on de dire que j'aimerais que vous passiez chaque soir?e ici avec moi. » Un instant, Cassie ne sut que dire. Elle ne pouvait pas croire ce que Ryan venait de dire. Puis, alors que ses mots la p?n?traient, elle sentit le bonheur la remplir. « Oui, avec joie. J'ai ador? le moment que nous avons pass? ensemble la nuit derni?re. » Elle voulut en dire plus, mais elle s’arr?ta. Elle devait faire attention ? ne pas exprimer les ?motions qui montaient en elle, car le commentaire de Ryan n’?tait peut-?tre que formel. « Sont-ils ? votre taille ? » Il prit sa main gauche et la mit dans sa paume puis passa doucement son pouce sur ses doigts. « Oui, ils me vont tr?s bien, et je ne sens pas du tout le froid. » Son c?ur battait si vite qu'elle se demanda s'il serait capable de sentir son pouls battre alors qu'il caressait doucement son poignet avec ses doigts, avant de la rel?cher. « Je vous admire tellement, prendre une d?cision si importante pour voyager ? l'?tranger. Avez-vous d?cid? de faire tout cela par vous-m?me ? avec quelqu’un ? » « Toute seule », r?pondit Cassie, ravie de voir qu’il appr?ciait son initiative. « C'est incroyable. Qu'en pense votre famille ? » Cassie ne voulait pas mentir, alors elle a fait de son mieux pour contourner la question. « Tout le monde ?tait favorable. Mes amis, ma famille et mes pr?c?dents employeurs. Quelques personnes m'ont dit que j'aurais le mal du pays et que je reviendrais bient?t, mais cela ne s'est pas produit. » « Et avez-vous laiss? quelqu'un de sp?cial l?-bas ? Un petit ami, peut-?tre ? » Cassie pouvait ? peine respirer en r?alisant ce que cette question pouvait impliquer. Ryan avait-il une id?e derri?re la t?te ? ou ?tait-ce juste une question formelle pour en savoir plus sur elle ? Elle devait ?tre prudente car elle ?tait tellement ?blouie par lui qu'elle pouvait facilement balbutier quelque chose de d?plac?. « Je n'ai pas de petit ami. Je suis sorti avec un gar?on plus t?t cette ann?e, de retour aux ?tats-Unis, mais nous avons rompu quelque temps avant de partir. » Ce n'?tait pas vrai. Elle avait rompu avec son ex qui ?tait violent seulement quelques semaines avant de partir, et l'une de ses principales raisons pour voyager ? l'?tranger avait ?t? de partir si loin qu'il ne puisse pas la suivre et qu'elle ne puisse pas changer d'avis. Cassie ne pouvait pas donner ? Ryan la bonne version. L?, tout en regardant l’?cume des vagues au loin qui se brisaient sur le rivage, elle voulait qu'il pense que sa derni?re relation ?tait loin derri?re elle, qu'elle ?tait sereine, indemne et pr?te pour une nouvelle. « Je suis content que vous me confiez cela. Ce serait une erreur de ma part de ne pas m'en assurer », d?clara Ryan doucement. « Je suppose que vous avez mis un terme ? votre relation, car l'inverse me surprendrait. » Cassie le regarda, hypnotis?e par ses yeux bleu p?le, ayant l’impression qu’elle ?tait en train de r?ver. « Oui. ?a n'a pas march? et j'ai d? prendre une d?cision difficile. » Il hocha la t?te. « C'est ce que j'ai ressenti chez vous d?s la premi?re fois que nous avons parl?. Votre force int?rieure. Cette capacit? de savoir ce que vous voulez, et de vous efforcer ? l’obtenir, et pourtant vous avez cette empathie, cette douceur et cette sagesse incroyables. » « Eh bien, je ne sais pas ce qui est sage. Je ne me sens pas tr?s sage la plupart du temps. » Ryan rit. « C'est parce que vous ?tes trop occup? ? vivre pour trop vous analyser. Une autre grande qualit?. » « Oh, je sens que pendant que je suis ici, je pourrais apprendre d'un expert dans ce domaine », r?pliqua-t-elle. « La vie n'est-elle pas plus amusante quand on la passe avec quelqu'un qui en vaut la peine ? » Ses mots ?taient taquins, mais son visage ?tait s?rieux, et elle se rendit compte qu'elle ne pouvait pas d?tourner son regard. « Oui, certainement », murmura-t-elle. Cela ne ressemblait pas ? une conversation banale. Cela signifiait quelque chose de plus. C’?tait s?r. Ryan posa son verre et lui prit la main, l'aidant ? se lever du profond coussin. Son bras glissa autour de sa taille, nonchalamment, pendant un instant, alors qu'elle se retournait pour rentrer ? l'int?rieur. « Je te souhaite une bonne nuit », dit-il, lorsqu'ils atteignirent la porte de sa chambre. Sa main effleura le bas de son dos alors qu'il se penchait vers elle et pendant un instant ses yeux stup?faits prirent la forme de sa bouche, sensuelle et ferme, encadr?e par un d?licat contour de barbe naissante. Puis ses l?vres se pos?rent sur les siennes pendant un instant avant qu’il ne s’?loigne et qu’il ne lui dise doucement : « Bonne nuit. » Cassie le suivit du regard jusqu'? ce qu'il ait ferm? la porte de sa chambre, puis, se sentant comme sur un nuage, elle v?rifia que la lumi?re de Madison ?tait ?teinte et retourna dans sa chambre. Soudainement, elle r?alisa qu'elle avait oubli? de parler ? Ryan du vol ? l'?talage. Elle n’en avait pas eu l'occasion. La soir?e ne s'?tait pas d?roul?e comme pr?vu. Elle avait pris une tournure compl?tement diff?rente, inattendue, qui l'avait laiss?e ?tonn?e, pleine d'espoir et d'attente. Avec ce baiser, elle avait l'impression qu'une porte s'?tait ouverte, et au-del?, elle avait entrevu quelque chose qui pourrait changer son univers. Avait-il une intention purement amicale ? ou avait-il voulu dire quelque chose de plus ? Elle n’en ?tait pas s?re, mais croyait que oui. L'incertitude la rendait nerveuse et excit?e, mais dans le bon sens. De retour dans sa chambre, elle v?rifia ? nouveau ses messages et d?couvrit que Ren?e lui avait envoy? un texto. « La femme a dit qu'elle appelait depuis un t?l?phone public. Donc pas de num?ro. Si elle rappelle, je lui demanderai son nom. » En lisant le message, Cassie eut soudainement une id?e. Cette myst?rieuse femme avait appel? ? partir d'un t?l?phone public, craignant de laisser ses coordonn?es, et avait contact? une amie de l'?cole qui ?tait l'une des seules amies de Cassie qui vivait toujours dans son ancienne ville natale. Le p?re de Cassie avait quitt? l'endroit o? ils avaient grandi. Il avait d?m?nag? plusieurs fois, chang? d'emploi et de copine ? maintes reprises, et perdu son t?l?phone ? peu pr?s ? chaque fois qu'il se so?lait. Elle n'avait pas ?t? en contact avec lui depuis des lustres et n'avait jamais voulu le revoir. Il vieillissait, s’?tait ruin? la sant? et il s’?tait cr?? la vie qu'il m?ritait. Cependant, cela signifiait qu'il n'?tait plus joignable par ses proches qui chercheraient ? entrer en contact avec lui. Elle ne saurait m?me pas comment joindre son p?re maintenant. Il y avait une chance - une chance qui semblait plus grande ? mesure qu'elle y r?fl?chissait - que cette femme ?tait sa s?ur, Jacqui, faisant de son mieux pour la retrouver. Une vieille amie d'?cole ?tait le seul lien possible si on n’?tait pas sur les r?seaux sociaux, comme Jacqui. Cassie la recherchait souvent, chaque fois qu'elle en avait le temps, esp?rant que son travail de d?tective pourrait lui r?v?ler un indice quant au sort de sa s?ur. Elle eut la chair de poule en envisageant que la femme qui avait appel? ?tait Jacqui. Cela voulait dire que Jacqui n’?tait pas dans une bonne situation, mais en fait, elle n'avait jamais pens? qu'elle l'?tait. Si Jacqui s'?tait install?e, avec un emploi stable et un appartement, elles auraient ?t? en contact depuis longtemps. Quand Cassie pensait ? Jacqui, elle imaginait toujours l'incertitude, la pr?carit?, une vie vacillante et en ?quilibre fragile - entre l'argent et la pauvret?, la drogue et la r?adaptation, les petits amis et les agresseurs, qui en connaissait les d?tails ? Plus la vie de Jacqui ?tait incertaine, plus il lui serait difficile d'entrer en contact avec la famille qu'elle avait quitt?e il y a longtemps. Peut-?tre que sa situation ne le lui permettait pas ou qu'elle avait honte de l’?tat dans lequel elle se trouvait. Elle passait peut-?tre des semaines et des mois sur la route ou d?connect?e, ? c?t? de ses pompes ou ? mendier de la nourriture, ou qui savait quoi ? Cassie d?cida qu'elle allait y croire, et saisir la main que Jacqui lui tendait. Rapidement, sachant que Ryan pouvait d?sactiver le Wi-Fi ? tout moment, elle envoya un message ? Ren?e. « ?a pourrait ?tre ma s?ur. Si elle rappelle, donne-lui mon num?ro. » Esp?rant que son intuition ?tait bonne, Cassie ferma les yeux, sentant qu'elle avait fait ce qu'elle pouvait pour r?tablir le contact avec la seule famille dont elle se souciait encore. CHAPITRE VIII Le lendemain matin fut chaotique, car Cassie essaya d'aider les enfants ? s'habiller pour l'?cole. Il manquait des uniformes scolaires, les chaussures ?taient boueuses et les chaussettes d?pareill?es. Elle se retrouva ? courir entre la cuisine et les chambres, jonglant entre le petit d?jeuner et tout le reste. Les enfants aval?rent du th?, du pain grill? et de la confiture avant de reprendre la recherche des tenues scolaires qui semblaient s’?tre transpos? dans un autre univers au cours du week-end. « J'ai perdu mon badge ! » annon?a Madison, enfilant son blazer. « ? quoi ressemble-t-il ? » demanda Cassie, le c?ur battant. Elle avait cru qu'ils ?taient finalement pr?ts. « Il est de forme ronde et vert clair. Je ne peux pas aller ? l'?cole sans lui, j'?tais la responsable de classe de la semaine derni?re et quelqu'un d'autre doit r?cup?rer le badge aujourd'hui. » En pleine panique, Cassie se mit ? quatre pattes et fouilla toute la pi?ce, trouvant finalement l'insigne sur le plancher du placard. Apr?s avoir ?vit? un drame, Dylan cria que sa trousse avait disparu. Ce n'est qu'apr?s le d?part des enfants que Cassie la trouva derri?re la cage du lapin et qu’elle se pr?cipita sur la route jusqu'? l'arr?t du bus o? ils attendaient. Lorsqu'ils mont?rent finalement ? bord du bus, elle prit une profonde inspiration et les pens?es heureuses de la nuit pr?c?dente revinrent ? elle. Tout en rangeant la maison, elle refit d?filer mentalement la sc?ne entre elle et Ryan. Il flirtait, elle en ?tait certaine. La fa?on dont il l'avait touch?e, lui avait pris la main, lui avait demand? si elle avait un petit ami. C'?tait en soi une question assez innocente, mais c'?tait ce qu'il avait dit ensuite : « Ce serait mal de ma part de ne pas m’en assurer. » Cela prouvait qu’il avait une id?e en t?te. Il voulait ?tre s?r. Et ce baiser. Elle ferma les yeux en y pensant, sentant l’?motion l’envahir de nouveau. Cela avait ?t? si inattendu, si parfait. Elle l’avait senti amical, mais c’est comme s'il aurait pu en dire plus. Il ?tait impossible de le savoir. Elle se sentait remplie d'incertitude, mais positivement. La matin?e passa rapidement et comme Ryan avait annonc? qu'il arriverait tard ? la maison, elle d?cida de commencer le d?ner. Elle avait un r?pertoire tr?s limit? de plats, mais il y avait une ?tag?re de cuisine pleine de livres de recettes. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51923698&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.