×òî æå åñòü ó ìåíÿ? Äûðû â äðàíûõ êàðìàíàõ, Òðè ìîðùèíû íà ëáó, Äà èñò¸ðòûé ïÿòàê... Íî íå æàëêî íè äíÿ- Ìíå ñóäüáîþ ïðèäàííûõ, Õîòü ïîðîé ÿ æèâó Ïîïîäàÿ â ïðîñàê. Âñ¸ ÷òî åñòü ó ìåíÿ: Ñîâåñòü, ÷åñòü è óìåíüå. ß îòäàì íå ñêóïÿñü- Ïðîñòî òàê çà ïóñòÿê. Çà ïîñòåëü ó îãíÿ, Äîáðîòó áåç ñòåñíåíüÿ. È çà òî, ÷òî ïðîñòÿñü, Íå çàáûòü ìíå íè êàê... Âñ¸ ÷

Avant Qu’il Ne Harc?le

Avant Qu’il Ne Harc?le Blake Pierce Voici le volume 13 de l’haletante s?rie myst?re Mackenzie White par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de SANS LAISSER DE TRACES (bestseller n?1 ayant re?u plus de 900 critiques ? cinq ?toiles).Lorsque des corps sont retrouv?s sur les berges pluvieuses de Puget Sound, sans la moindre piste ? laquelle se raccrocher, on assigne l’affaire ? l’Agent Sp?cial du FBI Mackenzie White. Alors qu’elle estimait qu’il s’agissait seulement d’homicides ordinaires et que cette affaire l’aiderait ? reprendre confiance sur le terrain, Mackenzie r?alise rapidement que l’enqu?te lui r?serve des surprises.  En pleine course contre la montre et face ? un ?pouvantable nombre de victimes, Mackenzie se retrouve ? plonger dans l’esprit d’un tueur en s?rie psychotique, prise dans un jeu du chat et de la souris. Alors qu’elle ?prouve des difficult?s ? retourner travailler apr?s avoir mis son fils au monde, elle se demande si les ?v?nements ne la d?passent pas compl?tement. Et au moment o? les choses ne semblent pas pouvoir empirer, un rebondissement choquant qu’elle ne pouvait pas pr?voir survient. Un thriller psychologique sombre avec un suspense qui vous tiendra en haleine, AVANT QU’IL NE HARC?LE est le volume 13 d’une fascinante nouvelle s?rie, et d’un nouveau personnage, qui vous fera tourner les pages jusqu’aux heures tardives de la nuit.?galement disponible du m?me auteur Blake Pierce : SANS LAISSER DE TRACES (Un myst?re Riley Paige – Volume 1) - bestseller n?1 avec plus de 1200 critiques ? cinq ?toiles - et un t?l?chargement gratuit ! ’ AVANT QU’IL NE HARC?LE (UN MYST?RE MACKENZIE WHITE — VOLUME 13) B L A K E P I E R C E Blake Pierce Blake Pierce a ?t? couronn? meilleur auteur et bestseller d'apr?s USA Today pour Les Enqu?tes de RILEY PAIGE - seize tomes (? suivre), la S?rie Myst?re MACKENZIE WHITE - treize tomes (? suivre) ; Les Enqu?tes d'AVERY BLACK - six tomes ; Les Enqu?tes de KERI LOCKE - cinq tomes ; LES ORIGINES DE RILEY PAIGE - cinq tomes (? suivre) ; la S?rie Myst?re KATE WISE - six tomes (? suivre) ; la S?rie Thriller Psychologique CHLOE FINE - cinq tomes (? suivre) ; la S?rie Thriller Psychologique JESSIE HUNT - cinq tomes (? suivre) ; la S?rie Thriller Psychologique FILLE AU PAIR - deux tomes (? suivre) et Les Enqu?tes de ZOE PRIME - deux tomes (? suivre). Lecteur passionn?, fan de thriller et romans ? suspense depuis son plus jeune ?ge, Blake adore vous lire, rendez-vous sur www.blakepierceauthor.com – Restons en contact ! Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l’accord pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d’autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu’un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l’avez pas achet?, ou qu’il n’a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s’agit d’une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l’imagination de l’auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright Bullstar, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) LA FILLE AU PAIR PRESQUE DISPARUE (Livre 1) PRESQUE PERDUE (Livre 2) PRESQUE MORTE (Livre 3) LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER ID?AL (Volume 2) LA MAISON ID?ALE (Volume 3) LE SOURIRE ID?ALE (Volume 4) LE MENSONGE ID?ALE (Volume 5) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4) DE RETOUR ? LA MAISON (Volume 5) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5) SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4) LA TRAQUE (Tome 5) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) MANQUE (Tome 16) UNE NOUVELLE DE LA S?RIE RILEY PAIGE R?SOLU S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11) AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12) AVANT QU’IL NE HARC?LE (Volume 13) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) CONTENU PROLOGUE (#uaff91cdc-ca46-58ae-a51b-c204358770f1) CHAPITRE UN (#u63427d9f-efd2-5261-aa03-8218d0f728fc) CHAPITRE DEUX (#u4a0f15d7-cbec-5628-8b3d-1a9e347875e7) CHAPITRE TROIS (#u4145bfbc-83c8-548f-9d24-001944844b5a) CHAPITRE QUATRE (#ua36f2475-b2f9-546e-abf9-ad10af494894) CHAPITRE CINQ (#u945a1fd3-9d32-502d-a5be-ea13041871ee) CHAPITRE SIX (#u0c681f31-0008-565e-932d-2aa10fc3bf88) CHAPITRE SEPT (#u4cac3551-cef5-50bc-bbaf-b3c98334d073) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-TROIS (#litres_trial_promo) PROLOGUE Tue-la ? la fin de son service. Ne lui laisse pas l’opportunit? de rentrer chez elle. L’instruction tournait en boucle dans sa t?te. Il l’entendait depuis deux jours d?j?. La voix semblait avoir pris possession de son esprit depuis qu’il avait vu la photo dans la section Art et Divertissement du journal local. Il savait qui ?tait le mannequin de la publicit? pour la boutique de divertissement pour adultes. Dire qu’elle ?tait sexy aurait ?t? un euph?misme. Elle ?tait tellement sexy qu’il n’avait jamais consid?r? la possibilit? de l’inviter ? sortir avec lui. S?duire une fille pareille ?tait impensable. Ouais, il l’avait d?j? vue. Elle ?tait serveuse au Sixteen Street Diner. Elle travaillait le soir, entre vingt-et-une et deux heures du matin. Il l’avait crois?e ? plusieurs reprises ? l’?poque o? il ?tait ?tudiant et fuyait la pression de la cit? U, des f?tes permanentes et des devoirs. Il n’avait jamais vraiment eu d’amis donc il lui ?tait facile de s’?chapper sans qu’on lui pose la moindre question. Il trouvait refuge au Sixteen Street Diner pour un d?ner tardif – des ?ufs baignant dans l’huile, des frites maison et du caf? noir. Il passait toujours un bon moment quand elle faisait le service. Elle ?tait amicale, mais pas trop amicale – pas au point o? il devenait ?vident qu’elle avait piti? du solitaire qui venait de s’empiffrer devant elle. Il avait r?ussi ? r?unir un certain nombre d’informations ? son sujet en ?coutant les autres cr?tins du caf?-restaurant flirter avec elle. Elle ?tait ?tudiante, elle aussi. Ou, plus exactement, elle l’avait ?t?, trois ans plus t?t. Il la connaissait d’avant l’universit?. Mais elle ne se souvenait pas de lui. Il n’avait pas besoin de lui poser la question pour le savoir. Il le percevait dans sa mani?re de le regarder, dans le sourire aimable qu’elle lui adressait avec l’espoir d’obtenir un bon pourboire. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Pourquoi une fille comme elle se souviendrait-elle d’un type comme lui, dans une classe surcharg?e d’?l?ves ? Elle paraissait plus vieille dans la publicit? du journal. Mais bon sang, elle ?tait toujours sexy. Plus sexy que jamais. Avec ses r?silles, ses talons aiguille, et sa poitrine d?nud?e, seulement couverte par le logo de la boutique, il avait presque du mal ? la regarder en face. C’?tait peut-?tre ce qui avait suscit? les instructions subites qui lui traversaient actuellement l’esprit. La premi?re fois qu’il avait entendu la voix, il s’?tait rendu au Sixteen Street Diner tard le soir, juste pour voir si elle y travaillait encore. Il supposait que ce serait le cas parce qu’on la traitait comme une d?esse l?-bas. Elle avait un look juste suffisamment gothique pour attirer cette foule-l? mais ?tait ?galement capable de tirer profit du d?sir qu’elle ?veillait chez les athl?tes et les hommes ? l’or?e de la crise de la quarantaine. Il l’avait d?j? vue r?colter des pourboires de cinquante dollars de la part d’hommes qui avaient seulement consomm? un caf? et une part de tarte ? l’abricot – l’abricot ?tant apparemment la porte ouverte ? d’innombrables sous-entendus sexuels. Bien s?r, elle ?tait toujours l?. Elle l’avait m?me servi ; elle lui avait apport? son bagel, son bacon et son th? avec un sourire et un d?collet? suffisant pour lui rappeler tous les fantasmes qu’elle avait nourris pendant ses ann?es d’universit?. Il lui avait m?me dit qu’il se souvenait d’elle et d’?tre venu dans ce diner avec ses amis de la fac. Elle avait paru appr?cier qu’il se souvienne d’elle mais avec des serveuses qui s’habillaient comme ?a et qui comptaient sur les pourboires, il ?tait difficile de savoir si elle ?tait sinc?re ou pas. Il repensa au sourire qu’elle lui avait adress? lorsqu’elle ?tait sortie par la porte de service du caf?-restaurant. Il ?tait 1h18 du matin. Une pluie fine tombait, m?me si cela semblait toujours ?tre le cas dans cette ville lugubre. Il portait un cir? et s’assit sur le perron d’une vieille boutique de disques presque enti?rement masqu?e par la fa?ade du caf?. Tue-la ? la fin de son service. Ne lui laisse pas l’opportunit? de rentrer chez elle. Il la contempla, se rappela qu’elle avait parl? avec ses amis et lui trois ans plus t?t, pour se d?goter un bon pourboire. Tout sourire, tactile par moments, se penchant expertement en avant tout en servant les plats pour leur offrir une vue plongeante sur sa chemise ouverte. Tue-la ? la fin de son service. Ne lui laisse pas l’opportunit? de rentrer chez elle. Il n’y avait pas de parking derri?re le caf?. Il l’avait d?couvert le soir o? il ?tait venu s’assurer qu’elle travaillait toujours ici. Il avait observ? plusieurs employ?s aller et venir apr?s son d?part, remarquant qu’ils descendaient tous la rue avant de traverser en direction du petit parking souterrainqui se trouvait un peu plus loin. D’apr?s ses observations, il disposait de quatre minutes pour agir au moment o? elle sortirait par la porte de service – quatre minutes pour aller du caf?-restaurant ? sa voiture. Il la vit froncer les sourcils en r?alisant qu’il pleuvait, utiliser son sac ? main pour se prot?ger les cheveux et courir en direction du trottoir. Dans la mesure o? elle courait, m?me lentement, ses quatre minutes allaient en devenir trois. L’impatience lui enserrait le c?ur, il sauta sur ses pieds et la suivit. Quand elle fut compl?tement hors de vue, maintenant sur le trottoir, se dirigeant vers le parking souterrain, il acc?l?ra lui aussi. Il se remit ? marcher normalement une fois sur le trottoir. Il regarda dans les deux directions et rep?ra seulement trois passants en dehors de la serveuse. Deux d’entre eux marchaient main dans la main dans l’autre direction. Le troisi?me ?tait un homme hirsute, probablement un SDF, s’il en croyait son accoutrement, qui reluquait la serveuse avec beaucoup d’int?r?t tandis qu’elle traversait la rue pour entrer dans le parking souterrain. Il passa devant le sans-abri en s’assurant de maintenir une distance raisonnable entre la serveuse et lui. Lorsqu’elle p?n?tra dans le parking souterrain – pas par la plus grande entr?e destin?e aux v?hicules mais par la porte secondaire qui menait ? l’ascenseur –, il acc?l?ra le pas, et sprinta dans la rue. La pluie lui fouettait le visage et semblait le presser encore davantage. Il opta pour l’entr?e principale. La cabine d’accueil ?tait vide, m?me s’il savait que s’il souhaitait garer une voiture ici, il obtiendrait un ticket de la machine automatis?e pr?s de la barri?re. Il se glissa entre la cloison jaune et le mur du parking. Comme il n’y avait que deux niveaux, il devina qu’elle se dirigeait vers le deuxi?me ?tage. Il fon?a dans les escaliers, en entendant ses chaussures mouill?es couiner sur le b?ton cir?. Au moment o? elle atteignait le haut des marches, son c?ur battait la chamade. Il poussa tranquillement la porte de la cage d’escalier, ?mergeant juste ? temps pour l’entrevoir. Elle ?tait environ ? mi-chemin dans l’all?e, elle s’approchait de sa voiture et fouillait dans son sac ? main. Lorsqu’il arriva ? son niveau, elle avait sorti ses clefs. Elle avait remarqu? sa pr?sence. Elle lui jeta seulement un coup d’?il avant de se tourner vers sa porti?re. Sa voiture n’?tait pas r?cente, elle devait donc ins?rer la clef pour l’ouvrir au lieu de se contenter d’appuyer sur un bouton. Lorsqu’elle tourna la clef, il recommen?a ? courir dans sa direction. Mais ce serait sa premi?re fois. Il n’?tait pas s?r d’?tre capable de le faire. Peut-?tre que si son visage ne lui ?tait pas aussi familier ou s’il n’avait pas autant fantasm? sur elle ? la fac… Le message r?sonnait plus fort dans sa t?te maintenant. Presque comme si quelqu’un le suivait et hurlait dans son oreille. Elle le vit s’approcher d’elle. Elle commen?a ? se h?ter et fit tomber ses clefs. Il les entendit tinter sur le sol et sut alors qu’elle ne pourrait pas lui ?chapper. Alors qu’il ?tait presque au niveau de la voiture, elle abandonna toute vell?it? de s’enfuir. Il ?tait sur le point de la toucher et il remarqua qu’elle l’avait reconnu. Il ressentit une forme de satisfaction ? l’id?e qu’elle se souvienne peut-?tre de l’avoir vu deux soirs plus t?t. - Qu’est-ce que… ? Mais c’est tout ce qu’elle eut le temps de prononcer. Il s’av?rait finalement qu’il pouvait le faire. En r?alit?, il ?tait heureux de le faire. Il sortit le marteau de la poche int?rieure de son cir?, comme un soldat du Far West. ? l’instant elle allait articuler le mot suivant, le marteau s’?crasa sur ses l?vres. Pendant un instant, le bruit du marteau qui la frappait ? plusieurs reprise couvrit presque la rumeur de la pluie qui s’intensifiait de l’autre c?t? de l’entr?e ouverte du parking-souterrain. CHAPITRE UN Mackenzie regarda les chiffres s’afficher sur la balance et ressentit une bouff?e de joie qui lui fit presque honte. Ces chiffres lui apprenaient qu’elle avait finalement atteint son poids d’avant la grossesse. D’ailleurs, elle pesait presque un kilo de moins. Si Mackenzie n’avait jamais ?t? une femme obs?d?e par son poids, ces chiffres lui montraient qu’il ?tait possible de revenir ? une certaine forme de normalit?. Oui, elle s’?tait habitu?e ? sa condition de m?re et avait accept? que sa vie avait d?finitivement chang?. Mais pour une raison qu’elle ignorait, elle avait eu du mal ? perdre les kilos gagn?s pendant sa grossesse. Les cinq derniers kilos lui avaient men? la vie dure et elle s’en ?tait d?barrass?e en plus de temps que son m?decin ou elle ne l’avaient pr?vu. Et maintenant, finalement, elle avait r?ussi. Presque huit mois s’?taient ?coul?s pendant lesquels elle avait particip? ? une enqu?te tr?s dangereuse qui l’avait oblig?e ? faire de l’escalade en haute montagne, mais elle ?tait finalement revenue ? son poids de forme. Par-dessus le march?, cela faisait longtemps qu’elle ne se sentait pas aussi en forme. Elle descendit de la balance et tenta de se convaincre qu’il ?tait normal qu’elle savoure autant ces petites victoires. Sa d?pression post-partum avait perdur? aussi longtemps que ses kilos suppl?mentaires et, tout comme les derniers grammes, lui avait oppos? de la r?sistance. - Qu’est-ce que tu fais ? Mackenzie se tourna vers la porte de la salle de bains et vit Ellington sur le seuil. Il regardait la balance comme s’il ne s’?tait jamais attendu ? voir sa femme une utiliser une. - Je prends un moment pour savourer une petite victoire. - Je peux savoir ? demanda-t-il en adressant une ?illade sceptique ? la balance. - J’ai atteint mon objectif, lan?a-t-elle. En termes de poids, en tout cas. Il entra dans la salle de bains et l’embrassa sur la joue. - Je vais y aller. Je voulais juste te saluer. - Bient?t, je partirai en m?me temps que toi, murmura-t-elle. - Oh, je sais. J’ai h?te que tu reviennes. Il l’enla?a en silence car ils n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre. ? l’issue de la derni?re affaire qui l’avait oblig?e ? surpasser de loin ses limites, cinq mois de convalescence seulement apr?s sa c?sarienne, le Directeur McGrath avait choisi de lui imposer trois mois suppl?mentaires de cong?s. Elle conservait son titre d’agent mais avait ?t? rel?gu?e ? une position subalterne : elle travaillait de chez elle, recevait des appels, faisait des recherches et parcourait des rapports pour les autres. Elle piaffait d’impatience ? la perspective de revenir dans le monde r?el pour s’attaquer ? de vraies enqu?tes. Observer Ellington courir dans tous les sens avait ?t? une torture - surtout le jour o? l’un de ses partenaires et lui avaient pris la vie d’un homme arm? qui avait bien failli provoquer une fusillade dans un centre commercial. - Dis ? McGrath de pr?parer mon bureau, lan?a-t-elle. - D’accord. Mais Mac… tu sais, la semaine prochaine… c’est seulement une r?union. Il n’y a toujours pas de garantie. - Oui, je sais. Parce qu’il est facile de pi?tiner les femmes et de les ignorer… jusqu’? ce qu’elles aient un enfant. Ensuite, elles deviennent un ornement. Une chose fragile que personne ne veut d?ranger ou malmener accidentellement. - Il veut seulement ?viter de prendre des risques. - Je sais, r?pliqua Mackenzie. Mais j’ai envie de me plaindre. - Je vois ?a. (Il l’embrassa encore avant de se diriger vers la porte). Je passerai prendre tha? pour le d?ner ce soir. Passez une bonne journ?e, Petit Bonhomme et toi. Elle le regarda partir avant de sortir elle aussi. K?vin dormait sa sieste du matin dans son berceau. Il ne d?rogeait jamais ? sa routine. ? huit mois, il se r?veillait ? 5h45 du matin, mangeait, jouait un peu, avant de se rendormir aux alentours de 7h30. En ce qui concernait le sommeil et les repas, il ?tait r?gl? comme une horloge, ce qui rendait les journ?es de Mackenzie un peu plus faciles. Et m?me si elle aimait son fils plus qu’elle n’aurait pu imaginer aimer quoi que ce soit dans sa vie, la perspective de le remettre ? la garderie l’enthousiasmait. Une place l’attendait. L’?quipe de la cr?che avait ?t? tr?s compr?hensive, ?tant donn?es les circonstances exceptionnelles qui d?coulaient du travail de Mackenzie. Mackenzie se servit sa deuxi?me tasse de caf? matinale et commen?a sa propre routine. Elle parcourut ses mails pour voir si on lui avait assign? des recherches ; ce n’?tait pas le cas. Elle fit tourner une machine ? laver. Elle commen?a ? r?diger une liste de courses pour le week-end. Alors qu’elle ajoutait des ?l?ments ? la liste sauvegard?e dans son t?l?phone, elle entendit K?vin remuer. Elle jeta un coup d’?il ? sa montre, vit qu’il ?tait 8h45, et ne fut pas surprise du tout. Ce b?b? ?tait une v?ritable horloge. Elle alla vers lui et le prit dans ses bras. Le sourire qu’il lui adressait toujours lorsqu’il se r?veillait de sa sieste du matin ?tait tellement proche de celui d’Ellington au r?veil qu’elle ne pouvait s’emp?cher de rire sous cape. Mais toute vell?it? joyeuse s’envola lorsqu’une odeur lui r?v?la la cause de son r?veil. Elle changea sa couche, l’habilla pour la journ?e et sortit de la chambre. Elle l’installa dans son si?ge d’activit?s (qu’Ellington appelait parfois le Royaume Vibrant) et ouvrit ? nouveau sa bo?te mail. Elle trouva une demande d’informations, dont elle d?tenait toutes les r?ponses. Elle r?pondit au mail en adjoignant tous les documents en moins de dix minutes. M?canisme d’horloge. Routine. Couches sales. Oui, elle avait conscience de vivre une vie assez agr?able mais elle ?tait impatiente de retrouver un cadre de travail r?el. L’heure du d?jeuner approchait lorsque la sonnerie de son t?l?phone retentit. Le nom qui s’affichait sur l’?cran commen?a par la d?concerter : Greg McAllister. Mais elle r?alisa rapidement qu’il s’agissait de l’un des co-?quipiers d’Ellington depuis que Mackenzie avait ?t? forc?e de prendre son cong? pendant trois mois suppl?mentaires et de rester chez elle. Elle avait une cuill?re ? la main et s’appr?tait ? pr?parer le biberon de K?vin lorsqu’elle envisagea que cela pouvait ?tre une mauvaise nouvelle. C’?tait probablement l’une des seules raisons pour lesquelles l’un des partenaires d’Ellington l’appellerait et elle n’aimait pas les hypoth?ses qui surgissaient dans son esprit. La sonnerie du t?l?phone retentit trois fois avant qu’elle n’ait la force de d?crocher. - Agent White ? l’appareil. Il est vraiment stupide, pensa-t-elle, que je continue ? utiliser mon nom alors que tout le monde au bureau m’appelle Mme Ellington, m?me si c’est parfois seulement pour plaisanter. - White, ici l’Agent Mc Allister. ?coutez, ce n’est rien de grave mais Ellington voulait que je vous appelle pour vous informer qu’il est en chemin vers l’h?pital. Elle reposa lentement le biberon et fixa K?vin, perch? sur la chaise haute dans laquelle il venait d’apprendre ? s’asseoir correctement. - Que s’est-il pass? ? Il va bien ? - Ouais, du moins, d’apr?s ce que je sais. Nous avons rendu une visite surprise au suspect d’une affaire de trafic de drogue. Il y a eu une course-poursuite et Ellington est tomb? dans les escaliers. Dans le pire des sc?narios, il aura le bras cass?. Sa t?te a frapp? contre le sol mais ?a ne semble pas ?tre tr?s grave. - Merci, r?pondit-elle. Savez-vous dans quel h?pital on l’emm?ne ? McAllister lui donna tous les d?tails. Tandis qu’elle les enregistrait dans sa m?moire, elle essayait de d?terminer quoi faire avec K?vin. Ellington s’?tait gentiment moqu? d’elle ? cause de ses peurs li?es ? la sant? de son fils. Elle s’en souvint lorsqu’elle raccrocha avec McAllister, parce qu’elle n’avait pas la moindre intention d’emmener son fils dans un h?pital ? moins qu’elle n’ait pas d’autre choix. C’est juste un bras cass?, se r?p?ta-t-elle. Il me rira au nez si j’en fais une montagne et si je me pr?cipite ? l’h?pital. Mais elle voulait s’assurer qu’il allait bien ; c’?tait plus le coup sur la t?te qui la pr?occupait. Elle s’attendrait certainement ? ce qu’il vienne la voir si les r?les ?taient invers?s. Elle regarda K?vin et fron?a les sourcils. - Tu veux rendre une petite visite ? ton p?re, mon tr?sor ? Il semblerait qu’il soit aussi maladroit que toi. Il est tomb? dans les escaliers. Mais je vais devoir t’emmener ? l’h?pital. Qu’en dis-tu ? Il sourit et tapota l?g?rement le plateau de la chaise haute en r?ponse. - Je suis d’accord avec toi, encha?na-t-elle. Cependant, honn?tement, elle ne pouvait nier qu’une visite soudaine ? l’h?pital au chevet de son mari qui venait de se casser le bras ?tait la chose la plus excitante qu’elle avait v?cue ces trois derniers mois. CHAPITRE DEUX Parce qu’il avait subi une tr?s l?g?re commotion c?r?brale dans sa chute, Ellington se trouvait dans une salle d’examen et ne se contentait pas de se faire remettre le bras en place par un orthop?diste. Apr?s s’?tre pr?sent?e ? l’accueil, Mackenzie le retrouva dans une chambre particuli?re, malheureux comme les pierres - moins ? cause de la souffrance physique que parce qu’il ?tait clou? dans un lit d’h?pital. Ses yeux s’illumin?rent bri?vement lorsqu’il vit Mackenzie, et encore davantage quand il remarqua le cosy qu’elle tenait ? la main. - Oh-l?-l?, tu l’as emmen? dans un h?pital ! lan?a Ellington. - La ferme. Comment te sens-tu ? Comment est-ce que ?a t’est arriv? ? - Eh bien, les radios montrent que j’ai le poignet cass? et une fracture en motte de beurre. Ils viennent de terminer le protocole li? ? la commotion c?r?brale. Quelqu’un est cens? venir me pl?trer le bras. Mackenzie posa le cosy sur le bord du lit d’h?pital pour que K?vin voie son p?re. - Avez-vous au moins pu coffrer le type ? demanda Mackenzie. Elle essayait de rester d?sinvolte mais le voir souffrir, m?me s’il minimisait la gravit? de ses blessures, la bouleversait bien plus qu’elle ne s’y serait attendu. - Oui. C’est m?me sur lui que je suis tomb?. McAllister lui a pass? les menottes et a appel? une ambulance pour moi. Mackenzie ne put pas s’en emp?cher. Elle scruta son visage, trouvant l’endroit o? il avait clairement re?u un choc, juste au-dessus de l’?il gauche. Il n’y avait pas de bosse mais la peau montrait une coupure et une d?coloration. On aurait dit qu’il avait re?u un coup et non qu’il ?tait tomb? dans les escaliers. - Tu n’?tais pas oblig?e de venir, murmura Ellington. Vraiment. - Je sais. Mais je voulais ?tre l?. J’ai pens? que ce serait un bon exemple pour K?vin, toujours faire attention quand on poursuit les m?chants. - Marrant. H?, tu sais quoi… McGrath m’a appel? ce matin. Juste entre nous, il prenait de tes nouvelles. Il m’a demand? si je t’estimais pr?te ? revenir. Je crois qu’il a une affaire sous le coude pour toi, dans les prochaines semaines. - C’est une bonne nouvelle. Mais pour l’instant, je pr?f?rerais me concentrer sur toi. - Il n’y a pas grand-chose ? dire. Je suis tomb? dans un escalier et je me suis cass? le bras. Derri?re Mackenzie, un m?decin entra, des radiographies ? la main. - En effet, encha?na-t-il. Une vilaine fracture, d’ailleurs. Vous n’aurez pas besoin d’agrafes, heureusement, mais la convalescence risque d’?tre un peu plus longue que je ne le croyais au d?part. La fracture en motte de beurre est tr?s proche de l’autre fracture… Pas de chance, vraiment. Mackenzie d?pla?a le cosy de K?vin pour que le m?decin puisse avoir acc?s au c?t? du lit d’Ellington. - Pr?t ? avoir un pl?tre ? - Ai-je le choix ? - Non, r?pondit Mackenzie. Pas du tout. Dans le cosy, K?vin laissa ?chapper un petit pfff, comme pour signifier son accord. Tandis qu’elle regardait le m?decin commencer ? pr?parer le moule du pl?tre dans le grand ?vier de l’autre c?t? de la pi?ce, Mackenzie s’approcha d’Ellington. - N’essaie pas de jouer au dur ? cuire. Comment te sens-tu ? - ?a fait un mal de chien mais ils m’ont donn? un antidouleur juste avant que tu arrives donc je devrais me sentir mieux d’une minute ? l’autre. - Et ta t?te ? - Une petite migraine. Peut-?tre davantage mais c’est difficile ? dire ? cause de la douleur qui irradie dans tout mon bras. Comme je l’ai dit, en revanche, j’ai pass? les examens pour la commotion c?r?brale et… La sonnerie du t?l?phone de Mackenzie l’interrompit. Elle jeta un coup d’?il ? l’?cran, en supposant que ce serait une requ?te suppl?mentaires suite aux recherches qu’on lui avait demand?es ce matin. Quand elle vit le nom de McGrath appara?tre, elle comprit que ce ne serait pas le cas. - As-tu mis McGrath au courant de ce qui vient de se passer ? demanda-t-elle. - Non, mais McAllister lui a transmis l’info. Pourquoi, c’est lui ? Mackenzie hocha la t?te en d?crochant le t?l?phone, l?g?rement troubl?e. - Agent White ? l’appareil. - Bonjour White. Je suppose que vous ?tes au courant pour le petit accident d’Ellington ? - En effet, monsieur. Je suis avec lui ? l’instant. On s’appr?te ? lui poser un pl?tre. - Eh bien, cela rendra peut-?tre cette conversation un peu g?nante. Et je n’aime pas l’id?e de parler de travail alors que vous ?tes ? l’h?pital avec lui, mais le temps presse. - Aucun probl?me. Que se passe-t-il ? - Rien d’extraordinaire, encha?na McGrath. Mais j’?tais sur le point d’assigner ? Ellington une affaire dont je voulais qu’il s’occupe tout de suite. Alors que j’allais terminer la paperasse, McAllister m’a appel? pour m’apprendre la nouvelle de son accident. Et aussi insensible que ?a puisse para?tre, j’ai besoin de mettre un agent sur l’affaire. Mackenzie resta silencieuse, pour ?viter de tirer des conclusions h?tives. Mais lorsque le silence s’installa entre eux, elle ne put s’emp?cher de parler. - Je peux le remplacer, monsieur. - C’est la raison de mon appel. J’allais envoyer McAllister mais je ne veux pas qu’il quitte l’enqu?te au moment o? Ellington et lui s’appr?taient ? la clore. - Alors assignez-la-moi. - ?tes-vous s?r d’?tre pr?te ? La question l’irrita mais elle s’effor?a de n’en rien laisser para?tre. ?tait-elle pr?te ? Apr?s tout, elle s’?tait lanc?e ? la poursuite d’un tueur sur une falaise ? peine cinq mois apr?s sa c?sarienne. Les trois mois suppl?mentaires o? il l’avait oblig?e ? rester chez elle avaient ?t? sa d?cision - une d?cision avec laquelle elle ?tait en d?saccord mais qu’elle s’?tait ing?ni?e ? accepter. - Oui, monsieur. Vous comptiez me r?int?grer la semaine prochaine, n’est-ce pas ? - ? moins d’un accident, oui. Maintenant, White… cette affaire a lieu ? Seattle. ?tes-vous pr?te pour ?a ? Elle fut sur le point de r?pondre oui tout de suite. Mais ? l’instant o? elle allait parler, elle pensa ? ce qu’elle ressentirait si loin de K?vin. Elle s’?tait encore plus attach?e ? lui ces trois derniers mois, et elle sentait que le lien dont les livres parlaient ?tait une r?alit?. Elle ferait n’importe quoi pour son fils, et la perspective d’?tre ? l’autre bout du pays pour une dur?e ind?termin?e ne lui plaisait pas. Sans mentionner le fait qu’il serait ? la charge d’un parent ? qui il manquait un bras. Mais en d?finitive, McGrath lui rendait sa carri?re… sur un plateau d’argent, rien de moins. Elle devait accepter. - ?a ne devrait pas poser de probl?me, monsieur. - Je ne peux pas me contenter de cette r?ponse, White. ?coutez… je vais vous laisser dix minutes pour en parler avec Ellington. Mais j’ai besoin que l’un de mes agents soit dans le vol pour Seattle ? dix-neuf heures. L’avion d?colle dans deux heures et demie. - OK. Je reviens vers vous. Elle raccrocha et remarqua qu’Ellington la regardait. Le m?decin s’?tait approch? de lui et avait commenc? ? appliquer le pl?tre mouill? sur son bras, en l’enroulant autour de la partie enfl?e et d?color?e. L’expression du visage d’Ellington lui donnait toutes les informations dont elle avait besoin. Il avait entendu au moins une partie de la conversation et ne savait pas encore ce qu’il devait en penser. - Donc, o? veut-il t’envoyer ? demanda Ellington. C’est la seule chose que je n’ai pas entendu. Il lui sourit, une mani?re de lui faire comprendre qu’il avait suivi toute la conversation. Ils avaient souvent plaisant? au sujet de la port?e de la voix du Directeur McGrath au t?l?phone. - Seattle. Je pars cette apr?s-midi ou ce soir. (Elle jeta alors un coup d’?il ? K?vin et secoua la t?te). Mais je ne peux pas te laisser avec lui… pas avec un bras cass?. - Mac, il me suffit de te regarder pour savoir ? quel point tu en as envie. K?vin et moi nous en sortirons parfaitement. - Ch?ri, tu as d?j? du mal ? changer une couche avec tes deux mains. Il hocha la t?te. M?me si elle plaisantait, il ?tait clair qu’il comprenait o? elle voulait en venir. Il commen?ait lentement ? prendre conscience de la situation. Ils rest?rent silencieux pendant quelques instants, seulement interrompus par la pose du pl?tre. Le m?decin resta en retrait, lui aussi, en faisant de son mieux pour respecter la d?licatesse de leur situation. - Tu sais quoi ? lan?a Ellington. Ma m?re m’a demand? quand elle pouvait venir passer un peu de temps avec K?vin. Je peux te garantir qu’elle sautera sur l’opportunit?. Elle ne manquerait pas une occasion d’avoir l’air de me sauver la mise dans de pareilles circonstances. Mackenzie y avait pens?. Ellington et elle avait tous les deux des rapports probl?matiques avec leurs m?res mais l’arriv?e d’un petit-fils semblait avoir op?r? des merveilles dans leurs relations individuelles. Et ?go?stement, il serait id?al que sa m?re vienne lui rendre visite lorsqu’elle-m?me quittait la ville. Mackenzie faisait semblant de l’appr?cier chaque fois qu’elle la voyait mais Ellington et elle savaient tous les deux parfaitement qu’elle prenait Mackenzie ? rebrousse-poil. - Est-elle libre, au moins ? - C’est ma m?re, d?clara Ellington. Que pourrait-elle avoir pr?vu de plus important ? D’ailleurs… que tu l’appr?cies ou non, ce petit gar?on l’a conquise. M?me si elle est occup?e, elle abandonnera probablement ses engagements. Laisse-moi lui passer un coup de fil. Et toi, rappelle McGrath. Avant qu’elle n’ait le temps de r?pondre, Ellington fouillait dans sa poche pour en sortir son t?l?phone de son bras valide. Le docteur lui adressa un regard s?v?re, en marquant une pause dans la pose du pl?tre. Mackenzie rappela imm?diatement McGrath. Alors que la tonalit? commen?ait ? retentir, elle son regard se posa sur K?vin. Il ?tait occup? ? observer son p?re et ? lui sourire. M?me si son c?ur battait d’excitation ? la perspective de se replonger dans le travail si soudainement, elle commen?ait ? ressentir de la peine ? l’id?e de s’?loigner de son b?b?. Elle supposait que ce serait un sentiment dont elle ferait souvent l’exp?rience ? mesure qu’il grandirait – un c?ur d?chir? entre deux amours : le travail et la famille. Et maintenant, alors qu’une nouvelle enqu?te l’attendait ? l’autre bout du pays, elle savait que ce ne serait jamais un sentiment auquel elle s’habituerait r?ellement. CHAPITRE TROIS Partir s’av?rait plus difficile que Mackenzie ne l’avait imagin?. Le fait que son mari porte un pl?tre tout neuf et que sa belle-m?re ne soit pas encore arriv?e lorsqu’elle franchit la porte n’aidait pas. Heureusement, K?vin dormait sa sieste de l’apr?s-midi. Elle savait qu’il dormirait encore au moins une heure et que la m?re d’Ellington ?tait cens?e arriver d’ici l?. Mais elle avait tout de m?me l’impression d’abandonner sa famille. Elle avait ressenti une culpabilit? similaire lorsqu’elle ?tait partie s’attaquer ? sa derni?re enqu?te mais cette fois, c’?tait un peu plus douloureux. Cette fois, elle s’?tait davantage investie dans son r?le de m?re et savait de quoi Ellington et elle ?taient capables ensemble. - Tout se passera bien, la rassura Ellington en l’accompagnant jusqu’? la porte. Ma m?re est dominante par nature. Elle prendra soin de K?vin. De moi aussi. Seigneur, elle ne me laissera aucun le choix. Elle ne partira peut-?tre jamais. - Tu ne m’aides pas du tout. Ellington l’embrassa sur la bouche, la sorte de baiser qui dure m?me s’il est termin?. Elle s’?tait un peu trop habitu?e ? ces baisers ces derniers mois. On pourrait m?me dire qu’elle avait ?t? trop g?t?e. - Pars, murmura-t-il en la regardant dans les yeux avec profondeur et passion. Plonge-toi un peu dans le travail. Je pense que tu le m?rites. Nous attendrons ton retour. Il lui tapota les fesses, sa mani?re de briser un peu le s?rieux de l’atmosph?re. Ils s’aimaient inconditionnellement et ils le savaient. Mais aucun des deux – Ellington en particulier – ne savait exprimer cet amour. Ils ?chang?rent un dernier baiser et Mackenzie se retrouva hors de son appartement, la porte ferm?e derri?re elle. Elle avait une valise, assez petite pour passer en cabine, et rien de plus. Elle marcha lentement vers l’ascenseur, certaine qu’elle ?tait plus que dispos?e ? retourner travailler m?me si sa famille lui manquait d?j?. *** Elle tenta de regarder un film dans l’avion mais, ? sa grande surprise, elle s’endormit au bout de quinze minutes. Ce fut l’annonce du pilote, lorsqu’ils commenc?rent leur descente vers Seattle, qui la r?veilla, et elle eut l’impression qu’on lui avait vol? du temps. D’un autre c?t?, elle ?tait incapable de se souvenir de la derni?re fois qu’elle avait pu profiter d’une vraie sieste. M?me si celle-l? avait eu lieu dans un avion, cela avait ?t? un bon moment. Elle se demanda si la culpabilit? li?e ? cette sieste venait de sa qualit? de m?re, d’?pouse ou des deux ? la fois. Lorsque l’avion atterrit, il ?tait 20h31, heure locale, et il faisait sombre. Son vol avait eu en tout environ une heure et demie de retard, elle arrivait donc ? Seattle ? une heure qui ?tait juste suffisamment tardive pour qu’elle se pose la question d’attendre le lendemain pour commencer ? agir. Elle contacta le directeur adjoint du bureau de terrain. Ce dernier lui indiqua qu’elle retrouverait l’agent qui l’assisterait sur la sc?ne de crime le lendemain matin ? la premi?re heure. On lui donna le nom de l’agent – l’Agent Ryan Webber – et on lui demanda si elle disposait des derni?res informations de l’enqu?te. Elle confirma avoir re?u les dossiers via le Directeur McGrath ? Washington ; elle s’?tait d?j? acquitt?e des premi?res formalit?s de l’affaire lorsqu’elle d?posa sa valise sur la banquette arri?re de sa voiture de location. C’?tait ?trange et elle se r?v?lait incapable de l’expliquer, mais lorsqu’elle mit le contact, elle se sentit plus libre qu’elle ne l’avait ?t? depuis qu’elle avait donn? naissance ? K?vin. Cette sensation venait sans doute du fait qu’elle se rendait compte qu’elle pouvait peut-?tre r?ellement y arriver. Elle parviendrait peut-?tre ? trouver un ?quilibre entre sa carri?re et sa famille. Elle fourmillait d’excitation (peut-?tre un peu d’anxi?t? aussi, mais dans le sens favorable) ? l’id?e de commencer ? mener l’enqu?te et devoir attendre jusqu’au lendemain matin la perturbait. Elle regrettait aussi qu’Ellington ne soit pas avec elle. Elle supposait que ce devait ?tre ce que Tom Brady avait ressenti en changeant d’?quipe, entra?n? par quelqu’un d’autre que Bill Be… Oh seigneur, j’ai pass? trop de temps avec Ellington, songea-t-elle en tuant la comparaison dans l’?uf. Mais honn?tement, elle ne put s’emp?cher de sourire. Avec cette id?e en t?te, elle devint impatiente de se retrouver dans un motel pour pouvoir appeler Ellington et K?vin sur FaceTime. Mais avant tout, elle ?tait agent. Il lui semblait vraiment ?trange de devoir se le rem?morer. Au milieu du parking de voitures de location, les clefs ? la main, elle parcourut les fichiers que McGrath lui avait envoy?s. Elle savait aussi qu’elle devait se plonger plus en profondeur dans les dossiers de l’enqu?te. Elle avait re?u plusieurs mails de McGrath et de son assistant, pr?cisant que tout ce dont elle avait besoin se trouverait dans sa bo?te de r?ception aux alentours de dix-huit heures, heure de l’Est. Elle ?tait ?galement impatiente ? la perspective d’?plucher les rapports, pour avoir un aper?u global de l’affaire avant toute interaction avec ses parties prenantes. C’?tait sa m?thode pr?f?r?e pour d?couvrir les particularit?s d’une enqu?te et dig?rer toutes les informations sans ?tre influenc?e par quiconque. Elle s’installa dans le motel qui se trouvait ? une dizaine de kilom?tres de l’a?roport est ne perdit pas de temps. Avant m?me d’ouvrir sa valise, elle s’assit sur le lit et appela Ellington sur FaceTime. Il r?pondit presque imm?diatement. Son visage occupait presque tout l’?cran, m?me si K?vin y apparaissait aussi, sur ses genoux. Mais K?vin semblait plus int?ress? par le menton de son p?re que par le t?l?phone. - Salut les gar?ons, lan?a Mackenzie. Je suis arriv?e. Enfin. - Bien, r?pondit Ellington. Je m’en r?jouis. J’?tais sur le point de mettre le petit bonhomme au lit. J’ai d?cid? qu’il se coucherait un peu plus tard aujourd’hui pour te voir mais… eh bien, comme tu peux le voir, il a d?velopp? une nouvelle passion pour mon menton. - K?vin… salut, tr?sor ! Lentement, son fils regarda autour de lui et rep?ra son visage sur l’?cran. Les coins de sa petite bouche se relev?rent, il sourit et tapota le t?l?phone. - Voil?, s’?cria Ellington. Dis bonne nuit ? maman. Le reste de la conversation dura environ cinq minutes. Selon Mackenzie, ce fut l’un des ?changes les plus hilarants et nunuches de sa vie. Mais lorsqu’elle raccrocha, elle se sentait combl?e. Elle se sentait pleine d’?nergie, pr?te ? relever tous les d?fis que l’affaire lui r?servait. Avec l’enqu?te en t?te, elle alluma son ordinateur et mit en place un petit poste de travail. Elle commanda chinois, acheta un soda dans le distributeur automatique du fond du couloir et se pr?para ? ?tudier les dossiers de l’affaire pendant les heures qui suivraient. Ce n’?tait pas aussi terrifiant que ce ? quoi elle s’attendait mais il faisait juste assez sombre pour que la pluie fine qui avait commenc? ? tomber soit tout ? fait lugubre. Il y avait deux victimes, toutes les deux tu?es de mani?re presque identique. La plus grande diff?rence entre les deux meurtres ?tait que le plus r?cent avait eu lieu ici, ? Seattle, alors que l’autre avait ?t? perp?tr? ? Portland, en Oregon. Les deux villes ?taient situ?es ? moins de trois heures de distance l’une de l’autre donc ce n’?tait pas si absurde – surtout si l’on consid?rait que les assassinats avaient eu lieu ? quatre jours d’?cart. La sc?ne de crime la plus r?cente se trouvait dans un parking souterrain? environ huit kilom?tres de l? o? Mackenzie parcourait actuellement les compte-rendu de l’enqu?te. La victime, Sophie Torres, avait trente-trois ans, elle ?tait serveuse ? mi-temps et mod?le. Le premier meurtre avait eu lieu dans un petit parc public de Portland. La victime, Amy Hill, avait ?t? retrouv?e dans une fontaine. Comme Sophie Torres, elle avait re?u un violent coup au visage, mais il ?tait difficile de d?terminer si elle ?tait morte suite ? ses blessures ou ? la noyade, dans la mesure o? son autopsie r?v?lait des signes allant dans ce sens. Mackenzie prit des notes rapides, pointant les similarit?s et les diff?rences de chaque meurtre. Les similarit?s ?taient, bien entendu, les plus ?videntes. Les deux victimes ?taient de jeunes femmes, qui devaient ?tre consid?r?es comme tr?s belles par la plupart des hommes. Elles avaient ?t? frapp?es au visage et les h?matomes avaient la m?me apparence dans les deux cas. D’apr?s les dossiers de l’affaire, la police scientifique jugeait qu’un marteau avait ?t? utilis? comme arme du crime. ? cause du choix ?trange de l’arme, de l’?ge et du sexe des victimes, il semblait que c’?tait l’?uvre du m?me tueur. Si les deux morts avaient eu lieu dans la m?me ville, Mackenzie n’aurait pas eu le moindre doute. Mais les trois heures de distance et le fait que Sophie Torres ait ?t? tu?e juste devant sa voiture laissaient Mackenzie pensive. Lorsqu’elle eut pris connaissance de toutes les informations mises ? sa disposition (et termin? son poulet ? l’orange et son Pepsi), elle relut ses propres notes. Ce n’?tait pas suffisant pour ?tablir un profil solide, elle devrait donc approfondir le lendemain. Les mails que lui avait adress?s McGrath pr?cisaient qu’elle ferait ?quipe avec un agent du bureau de terrain de Seattle et qu’elle le rencontrerait sur la derni?re sc?ne de crime le lendemain ? 8h00. Elle n’aimait pas l’id?e mais elle comprenait. Elle esp?rait seulement faire ?quipe avec une personne qui ne serait pas t?tue et arrogante avec elle, pour la simple raison qu’elle ?tait envoy?e de Washington. Tous ces impond?rables commen?aient ? l’angoisser inutilement. Elle d?cida alors qu’elle en avait termin? pour la journ?e. Elle prit une douche et se mit au lit juste avant 23h00. Mais avec tellement de choses en t?te qu’elle fut incapable de s’endormir avant minuit pass?. Pendant ce laps de temps, elle s’attendit ? ?tre r?veill?e par les pleurs de K?vin, puisqu’il se r?veillait encore toutes les nuits avec la couche mouill?e. Mais la chambre d’h?tel restait plong?e dans l’obscurit? et le seul bruit provenait de la pluie battante dehors. Elle finit par s’assoupir, seulement un peu perturb?e par la place vide ? c?t? d’elle dans le lit. Bien s?r, Ellington lui manquait, mais de temps en temps, il ne devait pas ?tre mauvais pour le corps de s’?tirer un peu. Lorsqu’elle s’endormit finalement, son sommeil fut profond, et pour la premi?re fois depuis environ huit mois, elle dormit une nuit enti?re. CHAPITRE QUATRE Mackenzie ?tait seulement all?e ? Seattle une fois dans sa vie. Elle y avait pass? deux jours ? l’occasion d’une conf?rence, et pendant ce court s?jour, le soleil brillait, le ciel ?tait bleu. Ce qui l’avait amen?e ? penser que le vieux st?r?otype d’une ville constamment sous la pluie ?tait une exag?ration. Cependant, ce matin, elle sortit peu apr?s sept heures sous un ciel couvert, tremp?e par une pluie soutenue pouvant difficilement ?tre consid?r?e comme de la bruine. L’air semblait simplement mouill? et une couche de brume enveloppait tout ce qui l’entourait. Il ?tait tr?s facile de comprendre pourquoi le mouvement de musique grunge ?tait n? dans un endroit pareil. Elle acheta un caf? au Starbucks en face de l’h?tel et prit la route en direction du parking souterraino? Sophie Torres avait ?t? tu?e. Il se trouvait dans une partie de la ville qui n’?tait pas envahie par les embouteillages, quelque part entre ce qui devait ?tre consid?r? comme le « centre » et les zones plus r?sidentielles de la ville. Arriv?e sur place, elle conduisit jusqu’au lieu mentionn? dans les dossiers de l’affaire - les places du fond du deuxi?me niveau. En s’approchant, elle vit une Crown Vic noire gar?e horizontalement devant la place, bloquant le passage. Un homme ?tait appuy? contre le capot de la voiture, sirotant un caf? et fixant l’espace vide. Mackenzie se gara sur la place la plus proche et ?mergea de son v?hicule. L’homme se tourna, lui sourit avant de s’?carter de sa voiture. - Agent White ? demanda-t-il. - C’est bien moi, lan?a Mackenzie. - Ravi de faire votre connaissance. Ryan Webber, ? votre disposition. Tandis qu’ils se serraient la main, Mackenzie se rendit compte que son sourire la mettait mal ? l’aise. Ses yeux ?taient riv?s sur son visage et son sourire ?tait assez large pour lui faire penser ? l’incarnation du Joker par Heath Ledger. Webber devait flirter avec la trentaine, soit le m?me ?ge qu’elle, ? peu pr?s. Il avait une apparence soign?e, ses cheveux noirs semblaient assortis au costume typique du FBI qu’il portait. Il avait fi?re allure et jouait ? la perfection son r?le d’agent du FBI car il correspondait compl?tement ? l’attitude et au physique de ceux qu’on voyait ? la t?l?vision. - D?sol?, encha?na Webber. Je suppose que je ferais mieux d’?claircir les choses tout de suite : je suis un grand admirateur. Je suivais votre carri?re avant m?me que vous n’entriez au Bureau. Le Tueur ?pouvantail… tout. J’avais un groupe d’amis ? l’acad?mie… vous ?tiez un peu notre star de rock. Quand on vous a propos? de rejoindre le Bureau… nous avons tous pens? que ?a pouvait nous arriver ? nous aussi, vous comprenez ? Mackenzie commen?a ? rougir mais elle s’effor?a de n’en rien laisser para?tre. Elle oubliait parfois ? quel point les affaires qu’elle avait ?lucid?es ?taient c?l?bres. Sans oublier son entr?e assez peu orthodoxe au FBI, qui suscitait l’admiration. - Eh bien, merci. Et oui, j’ai eu de la chance. Mais ?a commence ? dater. Maintenant, je suis un agent comme les autres. M?me charge de travail, m?mes r?gles, m?me vie. Mari?e, m?re. - Oh ! Vous avez des enfants ? Il pronon?a cette phrase comme s’il ne parvenait pas y croire. Mackenzie ignorait pourquoi il avait l’expression d’un gamin qui venait de d?couvrir la v?rit? sur le p?re No?l. - Juste un pour l’instant. (Elle sentit que la conversation d?rivait donc elle regarda ostensiblement par-dessus l’?paule de Webber). C’est l? que le meurtre a eu lieu, n’est-ce pas ? - En effet. Avez-vous eu acc?s ? tous les dossiers de l’enqu?te ? - Oui. Webber ouvrit la porti?re conducteur de sa voiture et saisit un iPad pos? sur le tableau de bord. Il ouvrit la version ?lectronique des documents – les m?mes que Mackenzie avait parcourus la veille – et marcha en direction de la place de parking. - Du nouveau ou un ?l?ment qui n’aurait pas ?t? mentionn? dans les compte-rendu officiels ? s’enquit Mackenzie. - Eh bien, je sais que les premiers rapports indiquent qu’elle ne semble pas avoir ?t? d?valis?e. Nous avons maintenant confirmation que ?a n’a pas ?t? le cas. Nous avons crois? les informations de sa banque et de sa carte de cr?dit, tout en nous assurant que l’int?gralit? de ses affaires se trouvaient bien dans son sac ? main. Il n’y a pas non plus eu de retrait dans un distributeur automatique ou d’activit? suspicieuse li?e ? son num?ro de s?curit? sociale ou ? son compte en banque. Si on lui a vol? quelque chose, le tueur conserve cet objet tr?s pr?cieusement. - Idem ? Portland ? - On dirait bien, r?pondit Webber. Il semblerait que personne n’ait pris quoi que ce soit ? Amy Hill et il n’y a pas non plus d’activit? ?trange ? signaler sur ses comptes personnels. - Avez-vous eu l’opportunit? d’observer le corps ? - Non, pas encore. J’ai re?u le feu vert du l?giste hier apr?s-midi. Mais je crois que les photos de la sc?ne de crime nous fournissent toutes les informations dont nous avons besoin. - Ouais. Et je suppose que l’hypoth?se du marteau comme arme du crime a ?t? valid?e. - En ce qui concerne la premi?re victime, les preuves vont dans le sens d’une agression ? l’aide d’une branche de ch?ne. - ?a semble… arbitraire. - Je l’ai pens?, moi aussi. Mais la preuve est l?. Des d?chirures sur la peau que l’autre victime ne pr?sente pas et des traces de bois le long des blessures, qui s’est av?r? ?tre du ch?ne. Nous avons aussi d?couvert hier qu’une cam?ra de s?curit? a film? une silhouette encapuchonn?e ? un p?t? de maisons de la sc?ne du crime, qui filait la victime. J’ai jet? un coup d’?il ? l’enregistrement et on ne voyait presque rien. Une silhouette v?tue d’un cir? suit Mme Torres du caf?-restaurant o? elle travaille jusqu’au parking-souterrain. En ce qui me concerne, il n’y a aucun doute : la silhouette est le tueur, mais la vid?o ne nous montre rien de plus que ce maudit cir?. Mackenzie ?tait un peu irrit?e que toutes ses informations ne figurent pas dans les dossiers qu’elle avait re?us. Bien s?r, elle savait que le bureau de terrain ne pouvait pas tout transmettre ? la vitesse o? les informations de derni?re minute affluaient. - D’o? vient l’enregistrement ? - De la boutique de pr?teur sur gage. Le propri?taire est assez bien dispos?. Il m’a dit de revenir quand je voulais, m?me si le Bureau poss?de d?j? une copie de la vid?o. Mackenzie contourna la Crown Vic de Webber et examina la place de parking. - Une id?e de combien de temps sa voiture est rest?e ici avant d’?tre d?plac?e ? - La ville l’a fait enlever hier. La police scientifique l’a inspect?e de fond en comble avant. Le seul ?l?ment notable ?tait le sang sur l’encadrement de la porti?re, appartenant ? Mme Torres. Mackenzie fixa la place de parking vide. En dehors de quelques vieilles taches d’huile et de plusieurs m?gots de cigarettes, il n’y avait rien ? voir. Pas de sang, pas de cheveux ou de fibres visibles. - Donc nous avons acc?s ? l’enregistrement de s?curit?, n’est-ce pas ? Au bureau de terrain ? - Oui. Et aux documents actualis?s. Et je suis certain que vous ?tes au courant, beaucoup d’informations surgissent ? des heures indues. Je ne sais pas ? quel point le dossier que vous avez re?u ?tait complet. Son large sourire refaisait surface sur son visage. Et m?me s’il ne la regardait pas b?tement, il la fixait. Il s’en rendit compte et secoua la t?te pour revenir ? lui, comme s’il voulait s’?claircir l’esprit. - D?sol?. Je… ouais, j’ai toujours du mal ? r?aliser que vous ?tes ici. Et que je travaille avec vous. - ?a n’a rien de sp?cial, r?pliqua Mackenzie. Croyez-moi. - Humble. Je comprends. Mais que vous le vouliez ou non, vous ?tes une l?gende pour tous les ?l?ves qui sont pass?s par l’acad?mie ces trois derni?res ann?es. C’?tait agr?able ? entendre. M?me si elle ?tait modeste, Mackenzie consid?rait qu’il ?tait toujours bon d’entendre des choses positives sur soi. C’?tait encourageant, ? d?faut d’autre chose. Mais elle n’avait clairement pas l’impression d’?tre une l?gende. Si Webber connaissait la quantit? de doute et de peur qui se tapissait dans son c?ur, il aurait une image tr?s diff?rente d’elle. C’?tait la raison principale pour laquelle elle voulait lui demander d’arr?ter avec les compliments, de la fermer et de la laisser tranquille. - J’aimerais voir l’endroit o? la silhouette a ?t? film?e sur l’enregistrement de s?curit?. - Bien s?r. On y va en marchant ou on prend la voiture ? C’est litt?ralement ? deux p?t?s de maisons de distance. - Dans ce cas, autant marcher. Cela semblait convenir ? Webber, qui laissa sa voiture gar?e au milieu pour prot?ger la sc?ne de crime. Le duo sortit du parking souterrain dans la lumi?re du matin. Webber marchait devant, l’escortant jusqu’? la boutique de pr?teur sur gages o? ?tait positionn?e la cam?ra de s?curit? qui avait film? la silhouette. La boutique ?tait ferm?e ? une heure si matinale, mais Mackenzie ne s’en inqui?ta pas. Il fallait dire qu’elle pr?f?rait largement voir l’enregistrement de s?curit? sur un ordinateur portable qu’elle contr?lait plut?t que sur l’?quipement du pr?teur sur gages, qui serait certain d’en savoir plus qu’elle sur la mani?re de faire les choses. - Donc la cam?ra a une vue panoramique sur la rue, en gros, expliqua Webber. En revanche, on ne voit pas le parking souterrain, donc la silhouette n’a pas ?t? film?e en train d’y entrer. Ils d?ambul?rent lentement dans la rue. Mackenzie observa le trottoir et les devantures de magasins, sans savoir ce qu’elle cherchait exactement. C’?tait une impasse. Elle se tourna et examina les alentours pour essayer de reconstituer la sc?ne et d?terminer si le tueur aurait pu se mettre quelque part ? couvert. Comme s’il lisait dans ses pens?es, Webber d?signa un espace ? trois boutiques de distance derri?re celle du pr?teur ? gages. - Il y a une ruelle par l?. J’y ai jet? un coup d’?il hier. Il n’y a aucun indice mais il est tr?s possible qu’il se soit cach? l? pour attendre que Mme Torres sorte du travail. Ils continu?rent ? marcher jusqu’? atteindre le Sixteenth Street Diner. Le parking souterrain se voyait clairement depuis la devanture, ? quelques m?tres de distance. Mackenzie observa la porte du caf?-restaurant. Une odeur persistante de bacon et de caf? en ?manait. - Avez-vous eu l’opportunit? de discuter avec ses coll?gues ? demanda Mackenzie. Elle ressentait le besoin urgent d’entrer pour voir ce qu’elle pouvait tirer d’eux elle-m?me mais en m?me temps, elle n’avait jamais ?t? partisane d’accomplir deux fois la m?me t?che. Si Webber avait ?t? efficace, elle ne voyait pas l’int?r?t de retourner les m?mes pierres. - Oui. Quatre employ?s incluant le superviseur. Tout est dans les compte-rendu. Honn?tement, la seule chose ? retenir, c’est qu’ils ont d? mettre dehors des hommes parce qu’ils avaient eu la main l?g?re. Personne n’a dit du mal de Mme Torres, mais il ?tait clair que les autres serveuses l’enviaient. L’une d’elle est all?e jusqu’? dire qu’elle avait toujours eu peur qu’un malheur lui arrive. Mme Torres avait apparemment tendance ? mettre des v?tements trop d?collet?s et des mini-jupes en cuir pour obtenir de bons pourboires. C’est la sorte d’endroit o? un tel accoutrement est acceptable pour le service du soir. Ils march?rent jusqu’? revenir au parking souterrain. Rien n’avait attir? l’?il de Mackenzie mais en m?me temps, elle se sentait plus proche de la victime et du tueur car elle avait fait le m?me trajet qu’eux – un trajet qui, pour Mme Torres, avait ?t? le dernier. Tandis qu’ils se dirigeaient vers leurs voitures, Webber demanda : - Autre chose que vous aimeriez voir avant que nous nous plongions dans la paperasse ? - Je crois que nous pouvons aller au bureau de terrain, r?torqua Mackenzie. ? moins que je sois en train de passer ? c?t? de quelque chose de si ?vident que je ne le vois pas, je ne pense pas qu’il y ait autre chose ? trouver que les experts m?dicaux-l?gaux n’aient pas d?j? d?couvert. - Absolument. Vous pouvez me suivre. Mackenzie retourna ? sa voiture en levant les yeux au ciel face ? l’excitation pu?rile qui agitait Webber lorsqu’il monta dans la sienne. Cela faisait un moment que personne ne lui rem?morait son pass? – la mani?re dont elle avait gravi si rapidement les ?chelons, de polici?re insignifiante ? c?l?bre agent du FBI. Il n’?tait pas d?sagr?able d’avoir un aper?u de cette ?poque, un rappel d’o? elle venait et de tout ce qu’elle avait accompli. Mais tout cela appartenait d?sormais au pass?. Lorsqu’elle repensait ? la femme qu’elle avait ?t?, elle avait l’impression de s’efforcer de se souvenir des actes et des manies d’une ?trang?re. Il s’agit peut-?tre du rappel dont j’ai besoin si je veux vraiment remonter en selle, pensa Mackenzie. Mais elle se rendait compte, tandis qu’elle sortait du parking derri?re Webber, que se rem?morer le Tueur ?pouvantail et le d?sordre de sa vie personnelle de l’?poque ?tait l’?quivalent d’entrer dans une maison hant?e et de s’enfermer ? l’int?rieur. CHAPITRE CINQ Webber lui montra son bureau temporaire, un espace de la taille d’un placard ? balais. Il lui fournit un ordinateur portable et lui apporta un exemplaire de tous les documents associ?s aux deux meurtres. Il lui demanda m?me si elle voulait un caf? et un donut, visiblement d?sireux de la mettre ? l’aise. Elle aurait pr?f?r? plus d’indiff?rence ; il se comportait d?j? plus comme un assistant que comme un agent junior. S’il ne se calmait pas bient?t, elle serait oblig?e d’avoir une discussion avec lui. Heureusement, il n’y avait rien de nouveau ? parcourir. Webber lui avait expliqu? tout ce ? quoi elle n’avait pas eu acc?s la veille dans le parking souterrain. Le premier document sur lequel elle se concentra fut le rapport du l?giste au sujet de la premi?re victime, Amy Hill, tu?e ? Portland. Elle lut le rapport, et se rendit compte qu’ils ?taient arriv?s ? la conclusion qu’elle avait ?t? frapp?e par une branche de ch?ne au moins quatre fois sur le front et une fois sur le cr?ne. En revoyant les blessures et en prenant connaissance des rapports du l?giste, elle se demanda comment quelqu’un avait pu penser que ces blessures avaient ?t? ass?n?es au marteau. On lui donna ensuite acc?s aux cam?ras de s?curit? du pr?teur sur gage. Elle la regarda plusieurs fois, passant une demi-heure ? scruter la m?me s?quence de dix-huit secondes. Parce qu’il avait ?t? film? par une seule cam?ra, elle ne pouvait le voir que sous un angle. Pourtant, c’?tait suffisant pour se rendre compte que la silhouette qui suivait Sophie Torres s’effor?ait de passer inaper?ue. La sc?ne tout enti?re ?tait floue sur les c?t?s, s?rement ? cause de la pluie. Elle ne distinguait pas m?me une ombre de peau. M?me les mains de la silhouette ?taient enfonc?es dans les poches du cir?. L’homme avan?ait d’un air d?cid?, la t?te pench?e en avant, le dos vo?t?. Il ne se retourna pas une seule fois pour s’assurer qu’il n’?tait pas suivi. Apr?s le onzi?me visionnage de l’enregistrement, Mackenzie ferma le logiciel et d?tourna le regard. Il n’y avait rien ? trouver ici. - Conna?t-on la m?t?o de la nuit o? Amy Hill a ?t? tu?e ? demanda Mackenzie. - Je ne crois pas, r?pondit Webber. Mais je peux facilement me procurer un rapport. Vous pensez que la m?t?o a quelque chose ? voir avec les meurtres ? - Aucune id?e. Mais pour l’instant, je fais feu de tout bois. - Je comprends, d?clara Webber en astiquant l’?cran de son t?l?phone portable comme un bandit nettoierait son arme. Il tapa un message et fit d?filer des publications tandis que Mackenzie observait les photos de la sc?ne de crime d’Amy Hill. Parce que son corps avait ?t? d?couvert dans une fontaine publique, il ?tait impossible de savoir s’il pleuvait au moment o? elle ?tait morte. - D’apr?s ce que je vois, dit Webber en lui montrant le fil d’actualit?s de Portland, avec la m?t?o de ces sept derniers jours, il n’y avait pas un nuage la nuit o? Amy Hill a ?t? tu?e. Pas de pluie. - Le rapport indique qu’elle a ?t? tu?e entre minuit et deux heures du matin, encha?na-t-elle en se plongeant dans le dossier pour la quatri?me fois. Ce qui signifie qu’elle a ?t? tu?e ? peu pr?s ? la m?me heure que Sophie Torres. Et ? moins que je rate quelque chose, c’est le seul point commun. - Eh bien ?a, et le fait qu’elles aient ?t? frapp?es ? la t?te, fit remarquer Webber. Bien s?r, nous savons maintenant que ce n’est pas la m?me arme qui a ?t? utilis?e, mais cela reste une attaque au niveau de la t?te. Certes, ce n’est pas ?norme, mais… Elle remarquait qu’il ?tait h?sitant, comme s’il avait peur qu’elle le corrige ou qu’elle soit en d?saccord avec lui ? tout moment. Elle se demanda s’il agissait ainsi avec tous les agents avec qui il faisait ?quipe ou si elle l’impressionnait. Si la deuxi?me option s’av?rait juste, elle le plaignait ; elle ne m?ritait l’admiration de personne. Sa premi?re ann?e, particuli?rement la transition soudaine de sa fonction de polici?re dans une petite ville ? jeune agent f?d?ral valait bien quelques gros titres. Mais maintenant, elle ne sentait plus aucune diff?rente entre les autres agents et elle. Elle ?tait mari?e, elle avait un enfant, elle s’?tait rang?e. M?me si elle aimait profond?ment sa famille et son job, elle n’avait pas l’impression d’?tre sp?ciale. - Il faudrait essayer de d?terminer s’il y a un lien entre les victimes, sugg?ra Mackenzie. Savez-vous si quelqu’un a parl? avec la famille Hill ? - Personne d’ici. Nous avons un rapport de la police locale de Portland avec leur t?moignage. Rien qui sorte de l’ordinaire : pas de probl?me avec la famille, le petit-ami n’est pas suspect, aucun signe alarmant. - Qu’en est-il de Sophie Torres ? - Idem, juste la police locale. On m’a dit de vous attendre pour aller parler ? la famille. - Eh bien, je suis arriv?e, lan?a Mackenzie en se levant. - Oui, acquies?a Webber. Son ton indiquait qu’il ?tait peut-?tre en train d’essayer de flirter. ?a la mit mal ? l’aise, mais pas suffisamment pour qu’elle le lui fasse remarquer et augmente la g?ne de la situation - Vous connaissez la ville mieux que moi. ?a vous d?range de conduire ? - Pas du tout. - Webber, je peux vous poser une question ? Avez-vous d?j? eu un partenaire sur le long-terme ? - J’ai travaill? avec mon dernier partenaire pendant un an et demi. Il a ?t? transf?r? ? Denver. Avant lui, je bossais avec des agents int?rimaires. Je sais pourquoi vous me posez la question. On m’a dit que j’?tais un peu excentrique. Et oui, on me l’a r?p?t? plusieurs fois. Ce mot exact. M?me si je ne l’utiliserais pas moi-m?me. - Je ne dirais pas excentrique, encha?na-t-elle. Vous semblez… eh bien, on dirait que vous appr?ciez un peu trop votre job. Mais pas d’une mani?re obsessionnelle ou pesante. Un peu comme un enfant qui accompagne son p?re au travail… et le p?re travaille avec des explosifs, ou est joueur de football, un truc dans le genre. Le rire de Webber augmenta la sympathie qu’il lui inspirait. Il ?tait authentique et il s’agissait probablement des premiers vrais ?clats de rire qu’elle entendait depuis son arriv?e ? Seattle. - Je suis s?r qu’il y a une insulte cach?e par l? mais ?a m’est ?gal, d?clara-t-il. Parce que vous savez, je me sens parfois comme ?a… J’aime le myst?re. L’?nigme, la r?solution. Et, comme je l’ai dit, le fait d’?tre votre partenaire… - Ne signifie absolument rien, le coupa Mackenzie. ?coutez, Webber, je suis heureuse de travailler avec vous et je pense qu’on peut r?gler cette affaire assez rapidement. Et m?me s’il est toujours agr?able d’entendre ? quel point on est merveilleux, je vous demande d’arr?ter imm?diatement. Je ne suis pas meilleure que vous, d’apr?s ce que je sais. Donc restons simples, d’accord ? Je ne suis pas votre superviseur, et j’ai envie d’entendre vos suggestions et vos id?es tout au long de l’enqu?te. Je crois que nous pouvons nous contenter d’ob?ir aux ordres de nos superviseurs. Qu’en pensez-vous ? Webber commen?a par sembler perplexe, puis il hocha lentement la t?te. - Ouais, on peut faire ?a. Je vous pr?sente mes excuses. Je ne me rendais pas compte que je baillais aux corneilles devant vous. - Pas de probl?me. Ce n’est pas enti?rement d?sagr?able. Mais il vaudrait mieux que je me concentre sur la r?solution de ces meurtres. Webber n’avait apparemment rien ? r?pondre. Il se contenta de lui faire signe de le suivre en marchant devant et ils sortirent sous un ciel toujours couvert, ce qui signifiait que la pluie mena?ait ? tout moment. CHAPITRE SIX Il regrettait de ne pas avoir pris de photos. Il la revoyait s’effondrer par terre, se blesser au front. Mais il savait que sa m?moire lui ferait d?faut. Il savait aussi qu’avec le passage du temps, ses souvenirs s’att?nueraient probablement. M?me les plus agr?ables tendaient ? perdre de leur force au fil des ann?es. Et il ne voulait pas que celui-l? tombe dans les oubliettes. En outre, cela avait ?t? son premier meurtre. Et ?a avait ?t? bien mieux qu’il ne s’y attendait. Il avait seulement couch? avec deux femmes dans sa vie. Il avait perdu sa virginit? avec une prostitu?e l’ann?e de ses dix-neuf ans. Il lui avait dit qu’il ?tait vierge et lui avait demand? d’?tre brutale avec lui mais aussi de lui apprendre des choses. Elle avait r?pondu ? ses attentes, et l’exp?rience avait ?t? incroyable. Mais son premier meurtre surpassait de loin sa premi?re fois avec une femme. Ce n’?tait pas comparable. J’aurais vraiment d? prendre une photo. Mais il savait que prendre des photos de ses victimes serait stupide. En gros, c’?tait une invitation ? ?tre d?masqu?. M?me maintenant, alors qu’il ?tait assis devant son ordinateur dans son appartement plong? dans l’obscurit?, il contemplait les photos que d’autres avaient mises en ligne et se demandait comment ils avaient pu ?tre suffisamment stupides pour poster ce genre de clich?s. Il y avait des photos de victimes tu?es par balle, de chauffeurs de taxi qui venaient d’?tre poignard?s, de personnes tomb?es de tr?s hauts, d’un homme qui avait ?t? renvers? par un Humvee. M?me sur le dark web – qui ?tait sa seule modalit? d’acc?s ? internet ces jours-ci – le gouvernement pouvait d?couvrir ce qu’on regardait et ce qu’on postait. Et bien que s’int?resser ? ce genre de sujets ne soit pas un crime, poster de telles photos ?tait ill?gal dans la plupart des pays. Et il savait que la plupart des personnes qui les avaient post?es ?taient des imb?ciles. Ils cherchaient ? ce que le couperet tombe. Eh bien, c’?tait peut-?tre vrai pour certains. Mais pas pour lui, en revanche. Avec son parcours universitaire et trois ans d’exp?rience dans le domaine de la technologie, il savait comment se prot?ger. La plupart des d?biles ne pouvaient pas en dire autant. Mais ce n’?tait pas son probl?me. Il fixa les images sur l’?cran. Les cadavres. La vid?o d’une victime toute proche de la mort, dont on ne pouvait deviner qu’elle ?tait encore vivante qu’? cause des petits hal?tements qui lui ?chappaient toutes les cinq secondes. Les photos de gens br?l?s vifs dans un incendie, l’homme qui avait film? la mort de sa femme alors qu’il l’?touffait dans le lit conjugal pendant le sexe. Il supposait que certaines personnes le qualifieraient de malade – comme s’il lui manquait plusieurs cases. Il n’estimait pas que ce soit le cas, mais apr?s tout, qui sait ? Certains lui inventeraient ?galement une enfance traumatisante, une exp?rience inhumaine expliquant son comportement. Ce n’?tait pas non plus le cas. Il avait v?cu une enfance paisible avec des parents aimants. Il leur parlait encore une fois par semaine au moins ; sa m?re se demandait toujours quand il allait s’installer avec une gentille fille qui lui donnerait des petits-enfants. Sa m?re s’?tait aussi demand? ce qui ?tait arriv? aux trois chats qu’il avait poss?d?s ces cinq derni?res ann?es. Il connaissait la r?ponse. Il les avait tu?s. Il les avait tu?s de plusieurs mani?res, juste pour voir ce que ?a faisait. Juste pour voir la vie fuir leur regard. Il n’y avait pas pris de plaisir particulier. Il n’y avait pas eu vraiment de lutte et ? la fin, il avait eu l’impression d’?trangler un animal empaill?. Mais cela avait ?t? diff?rent avec Sophie. Seigneur, ?’avait ?t? incroyable. Indescriptible. Donc peut-?tre, juste peut-?tre, quelque chose clochait en effet chez lui. La plupart des gens diraient que c’?tait le cas mais il n’en avait pas l’impression. Non, ce n’?tait pas vrai. Il n’avait aucun probl?me. Il s’av?rait seulement que la souffrance des autres lui procurait du plaisir. Il aimait voir les autres mourir. Et il appr?ciait aussi les d?fis. Les d?fis que lui donnait la Voix. La Voix lui avait lanc? plusieurs d?fis ces derniers mois. En commen?ant tout doux, au d?but, pour jouer. Espionner le couple mari? du bas de la rue dans leur intimit?. Lancer une brique de sa fen?tre du quatri?me ?tage sur le chien errant. Envoyer un mail signalant une fausse attaque ? la bombe ? une ?cole ?l?mentaire locale. La Voix avait un nom et il connaissait ce nom. Mais il aimait lui faire r?f?rence comme la Voix. Ainsi, il conservait une distance, ?a lui facilitait l’ex?cution des t?ches, le respect des instructions. Les premiers d?fis s’?taient r?v?l?s faciles – m?me s’il avait regrett? que le chien errant meure sur le coup. Il en faisait encore des cauchemars. Apr?s ces premi?res t?ches, les vrais d?fis ?taient venus. Ceux qui concernaient les meurtres. La Voix savait ce qu’il regardait sur internet. Parfois, il estimait que la Voix le connaissait mieux que lui-m?me, que la Voix poss?dait le contr?le sur son esprit. Oui, la Voix avait fini par lui demander de tuer – d’aller au bout de son fantasme plut?t que d’en r?ver tout en errant sur le dark web. La Voix l’avait mis au d?fi. Et il avait ob?i. Et maintenant, il faisait face ? un nouveau d?fi. La Voix le lui avait soumis une heure plus t?t. C’?tait la raison pour laquelle il parcourait actuellement des forums et des vid?os au contenu tabou – un contenu qui pouvait lui faire encourir la prison si on le d?masquait. Il rassemblait ses forces. Parce que la Voix lui demandait maintenant de recommencer ? tuer. Et cette fois, il devrait op?rer en plein jour. L’id?e ?tait tellement enthousiasmante… tellement excitante. Il n’arrivait plus ? penser ? autre chose. Il ne savait pas encore comment proc?der mais il avait d?j? une victime en t?te. Il avait cette victime en t?te avant m?me que la Voix ne commence ? lui parler. Une autre femme, une autre superbe cr?ature qui avait ?veill? en lui des sentiments d’auto-commis?ration et d’insignifiance. Elle ne m?ritait probablement pas la mort, mais ce n’?tait pas comme s’il avait le choix. La Voix l’avait mis au d?fi et il ne pouvait pas se d?filer. M?me s’il l’avait souhait?, c’?tait impossible. Son esprit, son corps, et son c?ur ?taient pr?ts ? relever le d?fi. Ce serait simple. Ce serait comme respirer, comme dormir. Ce serait naturel, comme tous les actes dict?s par la Voix. Recommence, cette fois ? la lumi?re du jour. Il entendait encore la voix dans sa t?te, chaque mot s’?tirait lentement. Elle tournait encore en boucle lorsqu’il s’endormit sur son fauteuil de bureau, de terribles images d?filant sur l’?cran de son ordinateur. CHAPITRE SEPT Il n’?tait jamais facile de rendre visite ? une famille si peu de temps apr?s le d?c?s d’un ?tre cher, surtout lorsque le but ?tait de leur poser des questions sur cette mort. Mackenzie avait perdu le compte du nombre de fois qu’elle avait d? effectuer une telle visite mais quelques souvenirs lui restaient en t?te. Les expressions de douleur n’?taient jamais les m?mes dans toutes les situations, mais elle n’avait jamais ?t? t?moin d’une r?action de rage pure. Pas avant de se rendre chez les parents de Sophie Torres. La m?re – une femme squelettique appel?e Esmeralda – ?tait clairement terrass?e par le chagrin. Sa souffrance ?tait visible dans ses yeux et se lut sur son visage lorsqu’elle les accueillit chez elle. Esmeralda les guida dans sa maison comme un fant?me qui apprenait ? la hanter. Elle se contenta de dire : « Entrez, je vous en prie. » Et elle marcha comme si ses jambes allaient flancher, comme si aucun des muscles de son corps ne voyait la raison de continuer maintenant que sa fille avait disparu. C’?tait vraiment la seule facette de son travail que Mackenzie n’appr?ciait pas. Elle jeta un coup d’?il ? Webber et d?tailla son expression solennelle, un peu g?n?e. Apr?s la mani?re dont il s’?tait comport? avec elle depuis qu’ils travaillaient ensemble, ?a ne lui allait pas du tout au teint. Esmeralda les accompagna jusqu’? la cuisine. L?, Mackenzie vit son mari, assis ? la table de la cuisine. Devant lui se trouvait un album photo et une carafe d’alcool. Son visage ?tait un mur de pierre. Son corps tout entier semblait contenu dans une carapace de col?re. Elle ?tait si omnipr?sente que Mackenzie avait l’impression que son courroux ?manait de lui comme de la chaleur. - Mon mari, d?clara Esmeralda en le d?signant vaguement. Elle ne prit pas la peine de leur donner son pr?nom. On aurait dit qu’elle identifiait un meuble au hasard. Il commen?a par ne pas ouvrir la bouche m?me s’il se leva lorsque les agents p?n?tr?rent dans la cuisine. Il laissa l’album photo sur la table mais saisit la liqueur. Il resta silencieux et s’appuya contre le comptoir. - Th? ? proposa Esmeralda. Caf? ? Mackenzie n’en voulait pas mais elle connaissait ce genre de situations. Elle savait que donner quelque chose ? faire ? Esmeralda Torres serait une b?n?diction pour la pauvre femme. De quoi s’occuper, sentir qu’elle contr?lait quelque chose. - Nous savons que c’est tr?s difficile, commen?a Webber tandis qu’ils s’asseyaient sur deux tabourets de bar. Merci de nous recevoir. Il semblerait qu’obtenir des informations sur cette affaire n’est pas chose facile. Esmeralda ne r?pondit pas, se concentrant sur le th?. Pas un seul mot ne fut prononc? dans la cuisine Torres avant que la bouilloire ne se mette ? siffler sur la gazini?re et qu’elle commence ? verser le th? dans les tasses contenant des sachets. Esmeralda leur tendit leurs tasses de th?. Mackenzie sirota imm?diatement la sienne et le trouva fort. Une sorte de th? vert, si elle ne se trompait pas – m?me si elle pr?f?rait le caf? au th?. - Que pouvons-nous faire pour vous ? demanda finalement Esmeralda. - Nous voudrions savoir si Sophie avait ce qu’on pourrait consid?rer comme des ennemis, expliqua Mackenzie. Je pr?f?rerais ne pas utiliser un tel terme mais certains d?tails de sa mort nous ont amen? ? penser que son meurtre pourrait ?tre en lien avec un autre assassinat r?cent. - Des ennemis, non… r?pliqua Mme Torres. Mais certaines choses ont… Elle ne termina pas sa phrase et fixa le sol en s’effor?ant visiblement de ne pas ?clater en sanglots. M. Torres, en revanche, s’av?ra plus qu’heureux de reprendre le flambeau. Et lorsqu’il commen?a ? parler, la rage que Mackenzie avait sentie chez lui un peu plus t?t vibra dans sa voix. - Pas d’ennemis, confirma-t-il en parlant avec la cadence d’une perceuse. Mais son ex-compagnon a perdu les p?dales quand elle a rompu avec lui. Il lui a envoy? des mails et des textos terribles. - Et ? quel moment la rupture a-t-elle eu lieu ? - Je ne sais pas. Il y a un peu plus d’une semaine, je crois. Pas plus de quinze jours, j’en suis s?r. - Comment ?tes-vous au courant concernant les textos ? s’enquit Webber. - Elle nous les a montr?s, r?pondit M. Torres. Elle est pass?e nous voir, un peu effray?e, vous savez ? Elle nous a demand? si on pensait qu’elle devrait appeler la police. Je lui ai dit de me laisser parler ? ce petit connard. Je l’ai appel? mais il n’a jamais r?pondu. Je lui ai laiss? un message plut?t agressif et, d’apr?s ce que je sais, les messages ont cess?. - Quel ?tait, en r?sum?, le contenu de ces messages ? l’interrogea Mackenzie. - Il avait un comportement obsessionnel. Il lui r?p?tait qu’elle avait commis une erreur, lui disait qu’il pouvait la suivre et qu’il saurait toujours o? elle se trouvait. L’un des textos disait qu’il esp?rait que quelqu’un la ferait autant souffrir qu’elle l’avait bless?. - J’imagine que vous n’?tes pas en possession de son t?l?phone, n’est-ce pas ? Elle regardait Webber en posant la question. - Non, r?pondit-il. Il est au commissariat. - Avez-vous d?j? rencontr? ce compagnon ? reprit Mackenzie. - Une fois, pr?cisa M. Torres. Elle l’a invit? ? d?ner une fois et je le jure… je pensais que c’?tait un type bien. Mais elle nous a fait comprendre que leur relation n’?tait pas toujours de tout repos. Et ces satan?s messages… - Pendant combien de temps sont-ils sortis ensemble ? demanda Webber. - Un an, peut-?tre ? sugg?ra M. Torres. Peut-?tre un peu plus. - Une id?e de la raison pour laquelle ils ont rompu ? continua Mackenzie. - Je crois qu’il s’accrochait trop ? elle. (C’?tait Mme Torres. Elle avait apparemment repris le contr?le sur ses ?motions et voulait apporter sa contribution ? l’enqu?te). Sophie ?tait arriv?e ? un moment de sa vie o? elle ?tait pr?te ? ?tre adulte. Elle comptait arr?ter de travailler au restaurant et faire du mannequinat. - Elle ?tait mod?le ? - Seulement ? temps partiel, leur apprit Mme Torres. Rien de tr?s important. Quelques photos pour des publicit?s en ligne et imprim?es. Elle a jou? dans un spot publicitaire ? la t?l? il n’y a pas si longtemps mais il n’a jamais ?t? diffus?. - Quand avez-vous parl? ? son ex-compagnon pour la derni?re fois ? s’enquit Webber. - En dehors du message que je lui ai laiss?, fit M. Torres, nous avons parl? avec lui seulement le soir o? elle nous l’a amen? au d?ner. - Connaissez-vous son nom ? demanda Mackenzie. - Ken Grainger, r?pondit Mme Torres. - Si vous le voyez, rench?rit M. Torres, assurez-vous qu’il sache que l’une des derni?res choses que mon b?b? a vue ?tait probablement l’un de ses messages stupides. Et si vous d?couvrez qu’il est responsable… je paierais cher pour passer cinq minutes seul-?-seul avec lui. Une larme coula de son ?il droit. Mackenzie se demanda si c’?tait la premi?re fois qu’elle voyait quelqu’un pleurer de col?re. Ni elle ni Webber ne fit le moindre commentaire. Lorsqu’ils prirent cong? et quitt?rent la maison, Mackenzie sentait encore la col?re de M. Torres lui coller ? la peau comme une toile d’araign?e. *** Avec l’aide de l’?quipe sp?cialis?e en technologies du bureau de terrain, Mackenzie et Webber obtinrent une adresse du domicile, du travail et le num?ro de portable de Ken Grainger en un quart d’heure. Son appartement se trouvait ? une dizaine de kilom?tres du foyer des Torres, dans la zone la moins reluisante de la ville. Il s’agissait d’un quartier qui semblait coinc? dans le pass?. Sur la fa?ade de son b?timent, des graffitis proclamaient NIRVANA FOREVER, RIP KURT et LONGUE VIE ? LAYNE. - Je comprends les r?f?rences ? Nirvana et ? Kurt Cobain, d?clara Mackenzie. Mais qui est Layne ? - Layne Staley. Le chanteur d’Alice in Chains. Il est difficile d’?chapper au mouvement grunge quand on vit dans les alentours d’une ville pareille. Mackenzie hocha la t?te. Au-del? de Starbucks et de la pluie perp?tuelle, Seattle ?tait aussi connue pour ?tre le berceau de la musique grunge. Elle vit d’autres graffitis, des petites discoth?ques et un nombre alarmant de magasins de disques sur le chemin de l’appartement de Grainger. Lorsqu’ils arriv?rent ? destination, personne ne leur ouvrit la porte. Ce n’?tait pas ?tonnant dans la mesure o? l’apr?s-midi venait de commencer et o? la plupart des gens travaillaient. Cependant, un appel pass? ? son lieu de travail, Next Wave Graphics, donna un r?sultat similaire. Un homme au ton de voix exc?d? leur apprit que Ken Grainger n’?tait pas venu travailler depuis trois jours et ne r?pondait pas au t?l?phone. L’homme exc?d? demanda ? Mackenzie d’annoncer ? Ken qu’il n’avait plus de travail. - Cela semble plus que suspicieux, je dirais, commenta Webber. - Je suis d’accord, rench?rit Mackenzie. Nous devons mettre rapidement la main sur lui. Si c’est notre coupable et qu’il n’a pas de probl?me pour passer d’un ?tat ? l’autre, nous risquons de le perdre. (Elle y songea pendant un moment tandis que Webber et elle s’installaient dans la voiture, deux thermos de caf? ? la main. Tout en r?fl?chissant ? la prochaine ?tape, Mackenzie demanda) : Savez-vous quel agent pourrait nous d?goter rapidement des informations personnelles ? Num?ro de s?curit? sociale, relev? de la carte de cr?dit, des choses comme ?a ? - Eh bien, c’est assez basique, donc on devrait pouvoir obtenir ces infos en une vingtaine de minutes, r?pondit Webber. - J’aimerais que ?a aille encore plus vite. Laissez tomber la s?curit? sociale pour l’instant. Voyons si Ken Grainger poss?de une carte de cr?dit. Webber s’ex?cuta, sortant son t?l?phone presque trop docilement. Il regardait la rue ? travers le pare-brise puis Mackenzie tout en parlant ? son interlocuteur. Mackenzie ?coutait, un peu impressionn?e de la mani?re dont Webber donnait des instructions ? l’agent ? l’autre bout du fil. Elle commen?ait ? comprendre qu’un certain nombre d’employ?s du bureau de terrain de Seattle respectaient Webber. Lorsqu’on lui demandait quelque chose, il ne posait pas de question et obtenait rapidement des r?ponses. Les donn?es de la carte de cr?dit de Ken Grainger ne firent pas exception. Webber obtint ce qu’il cherchait en six minutes. Il posa une main sur le micro et jeta un coup d’?il ? Mackenzie : - Je l’ai. Il a lanc? un contr?le pour savoir quand elle a ?t? utilis?e pour la derni?re fois… (Il s’arr?ta net, en parlant dans le combin?). Ouais… oh, vraiment ? Oui, ce serait g?nial. Merci. Il raccrocha et d?marra la voiture. - La carte de cr?dit de Ken Grainger a ?t? utilis?e pour la derni?re fois dans une station essence ? environ trente kilom?tres d’ici. Elle a ?t? utilis?e ? la pompe ? environ 8h37 ce matin. - Donc il est toujours dans les parages, conclut Mackenzie. C’?tait il y a ? peine trois heures. - Encore mieux, continua Webber. C’est la derni?re fois qu’elle a ?t? utilis?e en personne. Mon gars m’a dit qu’elle avait aussi ?t? utilis?e pour r?gler une commande Amazon. Il y a moins d’une heure. - Sait-on d’o? ? - Pas encore. Ils sont en train de chercher l’adresse IP et la localisation d’origine de cette adresse IP. Pour l’instant, on se dirige vers la station essence, en supposant qu’il ne soit pas ?tre loin, si l’on en croit cette commande Amazon. - C’est du bon boulot, le f?licita-t-elle. Webber semblait radieux apr?s avoir entendu le compliment. Il acc?l?ra en direction des meilleurs quartiers de la ville. Alors que la voiture fendait l’asphalte, une pluie fine commen?a ? tomber, m?me si le ciel ?tait encore bleu. Moins de deux minutes plus tard, le t?l?phone de Webber sonna. Il r?pondit imm?diatement, par monosyllabes, avant de raccrocher, un sourire enthousiaste aux l?vres. - La commande Amazon a ?t? pass?e d’un ordinateur portable ? environ six minutes d’ici, l’informa-t-il. ? cet instant, Mackenzie comprit que parfois, certaines choses ?taient simplement universelles. Elle travaillait avec Ellington depuis si longtemps qu’elle avait presque oubli? ce qu’on ressentait face ? l’excitation d’un autre agent. Et dans ce climat d’excitation, ni elle ni Webber ne pronon?a un mot. C’?tait un peu comme sur une montagne russe, les conversations normales ou les plaisanteries n’avaient pas lieu d’?tre lorsque la barre de m?tal se posait sur vos genoux et qu’il ?tait temps de d?valer les rails. Ils rest?rent calmes et silencieux tandis que Webber fon?ait en direction de l’adresse qu’on lui avait donn?e. Mackenzie se sentait un peu coupable de prendre autant de plaisir. Avec Ellington, elle ?tait rapidement entr?e dans une sorte de routine en termes de travail. Ils se reposaient l’un sur l’autre et de temps en temps, pouvaient communiquer d’une mani?re qui ressemblait diablement ? de la t?l?pathie. Mais ce genre d’avantages avaient aussi leurs inconv?nients : les enqu?tes ? ses c?t?s ?taient devenues communes, presque ennuyeuses. Tandis que Webber d?valait les rues, en prenant des virages si rapidement que les pneus crissaient, Mackenzie se demanda si ce n’?tait pas exactement ce dont elle avait besoin. Une petite d?charge d’adr?naline apr?s ?tre finalement sortie de son cong? maternit? prolong? pourrait faire des merveilles. Ils atteignirent leur destination en quatre minutes. Webber gara la voiture sur un petit parking. L’adresse en question ?tait celle d’un appartement qui faisait partie d’un petit complexe construit pour ressembler ? une grande maison. Lorsqu’il sortit de la voiture, Mackenzie le suivit sans lui poser de questions. Il lui adressa un regard, comme s’il attendait de voir si elle prenait les devants, mais elle lui laissa l’initiative. Sa d?marche ne trahissait aucune impatience alors qu’il s’approchait de la porte de l’appartement. L’empressement sur la route avait eu pour but de parvenir ? la r?sidence le plus rapidement possible ; la commande Amazon avait ?t? pass?e il y avait un peu plus d’une heure, ce qui signifiait que Ken Grainger pouvait ?tre parti juste apr?s ou ? n’importe quel moment depuis. Mais maintenant qu’ils ?taient l?, ils avaient le temps : soit il ?tait l?, soit il n’y ?tait pas. Webber frappa ? la porte. Ils entendirent du mouvement ? l’int?rieur et un bruit tout bas qui semblait ?tre un chuchotement, si Mackenzie en croyait ses oreilles. Webber toqua encore une fois, plus fort. Quelques instants plus tard, un jeune homme qui devait avoir une vingtaine d’ann?es ouvrit la porte. Il avait les cheveux courts et portait un d?bardeur blanc et un short large. - Ouais ? lan?a-t-il en affectant une attitude d?contract?e et normale. Je peux vous aider ? - ?tes-vous Ken Grainger ? demanda Webber. - Qui ? Nan, mon vieux. L’homme semblait presque offens?. Il avan?a sur le seuil, pour se donner une apparence pleine d’assurance. - Vous avez frapp? ? ma porte, mon vieux. Qui ?tes-vous ? Webber tira lentement son badge de sa poche. Mackenzie retint un sourire en voyant son interlocuteur se d?composer de surprise. - Agent Webber, du FBI. Voil? ma partenaire, l’agent White. Donc, je vais r?p?ter ma question. Qui ?tes-vous ? - Toby Jones. Le FBI ? Que se passe-t-il ? - Nous cherchons un homme r?pondant au nom de Ken Grainger, expliqua Webber. Nous savons qu’il ?tait ici. - Nan, juste moi, vieux. - ?a vous d?range qu’on entre pour jeter un coup d’?il ? lan?a Mackenzie. - Vous n’avez pas besoin d’un mandat ou autre pour ?a ? - En r?gle g?n?rale, pr?cisa Webber. Mais nous avons la certitude que quelqu’un a utilis? la carte de cr?dit de Ken Grainger depuis un ordinateur portable ? cette adresse il y a environ une heure et dix minutes. Donc vous avez le choix : ou nous vous arr?tons pour le vol de la carte de Grainger ou vous nous laissez entrer pour que nous puissions constater qu’il n’est pas l?. Mackenzie remarqua que le regard de Jones coulissa sur la gauche, d’un air fuyant. Ce fut un mouvement bref mais elle le surprit. Mackenzie observa par-dessus son ?paule mais il n’y avait rien. - Merde, vieux, l?cha Jones. Ouais, entrez. Une voix s’?leva de l’int?rieur : - Merci quand m?me, Toby. - Ken Grainger ? devina Mackenzie. - Ouais. - On dirait que vous essayez de vous cacher, poursuivit Webber. Son ton n’?tait pas accusateur, ce qui ?tait une bonne chose. Il n’y avait aucun int?r?t ? supposer que Grainger ?tait leur homme… m?me si son comportement r?cent semblait l’indiquer. - Je ne me cache pas. Pas vraiment. - Avez-vous une id?e de ce qui nous am?ne ? - Sophie, je suppose. Mackenzie remarqua que Toby Jones restait entre eux, comme s’il voulait les s?parer. Elle se tourna vers lui : - Cela vous d?rangerait de nous laisser un moment avec M. Grainger ? - Pas du tout, dit-il. Il enfila une paire de baskets qui tra?naient pr?s de la porte d’entr?e et sortit en adressant ? son ami un regard compatissant. Apr?s son d?part, Grainger sembla p?lir encore davantage. Il se tenait, raide, dans le couloir, ses yeux allant et venant entre les deux agents. - Pourquoi pensez-vous que notre visite a quelque chose ? voir avec Sophie ? l’interrogea Mackenzie. - Je sais qu’elle a ?t? tu?e. C’est une nouvelle assez importante dans notre cercle d’amis. Et j’ai suppos? que je deviendrais suspect ? cause des messages incroyablement stupides que je lui ai envoy?s. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51923106&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.