Êàêîå, â ñóùíîñòè, íåëåïîå çàíÿòèå ïèñàòü ñòèõè: ......................è "ãëàç ëóíû", è "ñîëíöà äèñê" êàê ìèð ñòàðû. ............................Äóøè øèðîêèå îáúÿòèÿ òîëïå íàâñòðå÷ó ðàñïàõíóòü... - ................................................ïîäîáíûé ðèñê ê ÷åìó òåáå? - ........................Ãëóõîé ñòåíîé - íåïîíèìàíèå; ðàçäàâëåí òÿæåñòüþ

Si elle se cachait

Si elle se cachait Blake Pierce « Un chef-d’?uvre de thriller et de myst?re. Blake Pierce est parvenu ? cr?er des caract?res avec un c?t? psychologique tellement bien d?crit, que nous avons l’impression de pouvoir entrer dans leur esprit, suivre leurs peurs et nous r?jouir de leurs succ?s. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’? la derni?re page. » --Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Une fois partie)SI ELLE SE CACHAIT (Un myst?re Kate Wise) est le volume 4 d’une nouvelle s?rie thriller psychologique par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de Une fois partie (volume 1) (t?l?chargement gratuit), un bestseller n?1 ayant re?u plus de 1 000 critiques ? cinq ?toiles.Deux parents sont retrouv?s morts et leurs filles jumelles de 16 ans ont disparu. Aucune piste ? l’horizon et le FBI, perplexe, doit faire appel ? son meilleur agent : Kate Wise, un agent retrait? de 55 ans.Est-ce que c’est un meurtre au hasard ? Ou est-ce l’?uvre d’un tueur en s?rie ?Pourront-ils retrouver les filles ? temps ?Et est-ce que Kate, hant?e par son pass?, a toujours la m?me capacit? d’?lucider des affaires ?Un thriller riche en action avec un suspense qui vous tiendra en haleine, SI ELLE SE CACHAIT est le volume 4 d’une fascinante nouvelle s?rie qui vous fera tourner les pages jusqu’? des heures tardives de la nuit.Le volume 5 dans la s?rie MYST?RE KATE WISE sera bient?t disponible. si elle se cachait (un myst?re kate wise—volume 4) b l a k e p i e r c e Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie de romans ? suspense ? succ?s RILEY PAGE, qui comporte quinze tomes (pour l’instant). Blake Pierce est aussi l’auteur de la s?rie de romans ? suspense MACKENZIE WHITE, qui comprend neuf tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense AVERY BLACK, qui comprend six tomes ; de la s?rie de romans ? suspense KERI LOCKE, qui comprend cinq tomes ; de la s?rie de romans ? suspense LE MAKING OF DE RILEY PAIGE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense KATE WISE, qui comprend deux tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense psychologique CHLOE FINE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) et de la s?rie de thrillers psychologiques JESSIE HUNT, qui comprend trois tomes (pour l’instant). Lecteur gourmand et fan depuis toujours de romans ? myst?re et ? suspense, Blake aime beaucoup recevoir de vos nouvelles, donc, n’h?sitez pas ? vous rendre sur www.blakepierceauthor.com pour en apprendre plus et rester en contact. Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d'autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou qu'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright andreiuc88, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER PARFAIT (Volume 2) LA MAISON PARFAITE (Volume 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) TABLE DES MATI?RES CHAPITRE UN (#uf473cc6b-d819-5146-8dee-9f35c54286ba) CHAPITRE DEUX (#uaac82a41-36ee-5b39-aeb4-6b9f552f16f2) CHAPITRE TROIS (#ud7a9c5cd-8e1d-5e18-ba56-9630c2819ce7) CHAPITRE QUATRE (#u2c0e6f59-3972-504a-8c16-056a87f50e47) CHAPITRE CINQ (#u8aad2a7b-4d89-5c61-9c88-0a499c7d9f5c) CHAPITRE SIX (#ufd0cbf4c-2ef2-50a8-a247-ebef6f5afc2c) CHAPITRE SEPT (#u5089a40a-b318-5a70-ab5d-9da05122d2cc) CHAPITRE HUIT (#uf1c125f6-9f26-547c-bb32-5074524503c8) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE UN Il y a des moments dans la vie de toute femme o? elle s’attend ? verser une larme : le jour de son mariage, la naissance d’un enfant, ou peut-?tre m?me pour le mariage ou le premier bal de sa fille ou de son fils. Mais Kate Wise ne s’?tait pas du tout attendue ? verser une larme en voyant sa petite-fille ramper pour la toute premi?re fois. Elle faisait du babysitting pour M?lissa et Terry, comme elle le faisait toutes les semaines depuis maintenant un mois. Ils avaient d?cid? de faire tout leur possible pour prendre soin de leur vie de couple et ils s’?taient promis de sortir au moins une fois par semaine. Kate gardait la petite Michelle les soirs o? ils sortaient et cela faisait maintenant cinq semaines qu’elle assistait aux progr?s de sa petite fille. Elle l’avait vue placer petit ? petit son poids sur ses genoux et ses avant-bras jusqu’? ce moment o?, il y a ? peine cinq minutes, Michelle avait commenc? ? essayer d’avancer ? quatre pattes, en souriant et en gazouillant. « Tu vas y arriver, » dit Kate, en se couchant au sol pr?s de Michelle. Elle sentit les larmes lui venir aux yeux et elle en fut un peu surprise. Michelle la regarda, visiblement ravie par les encouragements de sa grand-m?re. Elle essaya ? nouveau d’avancer… et finit par y parvenir. Elle n’avan?a que de deux pas avant que ses bras s’affaissent sous elle. Mais elle se releva tout de suite et se remit ? ramper. « C’est tr?s bien, » dit Kate, en applaudissant. « Je suis fi?re de toi ! » Michelle gazouilla ? nouveau et continua ? avancer ? quatre pattes en titubant sur ses petites mains. Kate savait que ce n’?tait probablement pas le fait que Michelle se mette ? ramper qui la faisait pleurer. Mais c’?tait plut?t l’expression sur le visage de sa petite-fille, cette confiance et ce bonheur ? l’?tat pur dans son regard, quand elle regardait Kate. Michelle ressemblait beaucoup ? M?lissa quand elle ?tait b?b? et c’?tait toutes ces ?motions qui lui avaient fait venir les larmes aux yeux. Elles ?taient assises sur une couverture au sol que Kate avait pli?e pour ajouter un peu d’?paisseur au cas o? Michelle tombait. Mais ? part son premier essai, elle n’avait pas vacill? une seule fois. En fait, elle ?tait actuellement occup?e ? tirer sur le pantalon de Kate, pour lui demander de l’attention. Kate la prit dans ses bras, la mit entre ses jambes et la laissa jouer avec son chemisier. Kate profitait tout simplement de cet instant. Sa fille avait grandi si vite, alors elle savait combien ces moments pouvaient ?tre ?ph?m?res. Mais elle s’en voulait un peu que M?lissa et Terry aient rat? cette nouvelle ?tape dans la vie de leur fille. Elle faillit appeler M?lissa pour lui dire mais elle n’avait pas non plus envie d’interrompre leur soir?e en amoureux. Alors qu’elle ?tait assise sur la couverture ? jouer avec Michelle, quelqu’un frappa ? la porte. Kate s’attendait ? cette visite mais Michelle sursauta un peu et tourna la t?te en direction de la porte avec un air surpris. Kate essuya les derni?res traces de larmes sur son visage, avant de dire : « Viens, entre. » La porte s’ouvrit et Allen entra. Il apportait de la nourriture chinoise et un sac avec quelques affaires pour passer la nuit. Kate se r?jouit de le voir. « Comment vont mes deux filles pr?f?r?es ? » demanda Allen. « En plein mouvement, » dit Kate, en souriant. « Cette petite canaille vient juste de marcher ? quatre pattes pour la premi?re fois. » « C’est pas vrai ? » « Si, je t’assure. » Allen alla dans la cuisine et prit deux assiettes dans l’armoire. Kate sourit en le voyant r?partir la nourriture sur les assiettes. Il connaissait bien sa maison maintenant. Et il la connaissait bien aussi. Par exemple, il savait qu’elle n’aimait pas manger dans ces petites bo?tes qu’on leur donnait au restaurant chinois, mais qu’elle pr?f?rait manger dans de vraies assiettes. Il ramena le diner dans le salon et le posa sur la table basse. L’attention de Michelle fut attir?e par la nourriture et elle tendit le bras. Quand elle r?alisa qu’elle ne pouvait pas l’atteindre, elle retourna son attention vers ses orteils. « J’ai vu que tu avais apport? ton sac pour passer la nuit, » dit Kate. « Oui, c’est OK ? » « C’est super. » « Je me suis dit qu’on pourrait partir t?t demain matin et aller jusqu’aux montagnes Blue Ridge dont on avait parl?. On pourrait faire la visite de vignobles et peut-?tre trouver un endroit pittoresque o? passer la nuit. » « C’est une tr?s bonne id?e. Et spontan?e, aussi. » « Pas si spontan?e que ?a, » dit Allen, en riant. « ?a fait maintenant plus d’un mois qu’on en parle. » Allen s’assit en face d’elle et ouvrit les bras pour inviter Michelle ? venir vers lui. Elle reconnut son visage et elle se mit tout de suite ? quatre pattes pour le rejoindre. Elle rampa vers lui en gazouillant. Kate regardait la sc?ne, en essayant de se rappeler ? quand remontait la derni?re fois o? elle s’?tait sentie aussi heureuse. Elle commen?a ? manger, en regardant Allen jouer avec sa petite-fille. Michelle ?tait ? quatre pattes et avan?ait lentement, tandis qu’Allen l’encourageait. Quand le t?l?phone de Kate sonna, ils regard?rent tous les trois dans sa direction. M?me Michelle reconnaissait la sonnerie d’un t?l?phone et elle tendit ses petites mains vers lui en s’asseyant sur la couverture. Kate prit le t?l?phone qui ?tait pos? sur la table, en se disant que c’?tait s?rement M?lissa qui voulait avoir des nouvelles de Michelle. Mais ce n’?tait pas M?lissa. Le nom qui s’affichait ? l’?cran ?tait celui de Duran. Quand elle vit le nom, elle se sentit un peu partag?e. D’un c?t?, elle ?tait enthousiaste ? l’id?e d’apporter son aide sur une affaire. Mais d’un autre c?t?, elle appr?ciait tellement cet instant privil?gi? avec sa petite-fille et Allen qu’elle n’avait pas vraiment envie de d?crocher. Il ?tait possible que Duran appelle seulement pour lui poser une question ou lui demander de faire une recherche – ce qu’il avait de plus en plus fait ces derniers mois – mais elle savait aussi qu’il ?tait possible que ce soit pour quelque chose de beaucoup plus urgent et prenant. Kate remarqua qu’Allen avait d?j? compris qui ?tait la personne qui appelait. Peut-?tre qu’il l’avait d?duit en voyant son air ind?cis. Elle r?pondit consciencieusement ? l’appel, quelque part assez fi?re de toujours travailler activement avec le FBI en d?pit de ses cinquante-six ans. « Bonjour, directeur, » dit-elle. « Que me vaut le plaisir ? » « Bonsoir, Wise. Voil?… on a une affaire pas trop loin de chez vous. Un double homicide et une disparition. C’est dans un petit patelin – tellement petit que la police locale admet elle-m?me qu’elle n’est pas pr?par?e ? ce genre de cas. Vu que cette affaire implique une personne disparue – une fille de quinze ans – j’aimerais que vous et DeMarco vous en occupiez de mani?re assez discr?te, avant que ?a fasse la une des journaux. » « Vous avez d?j? re?u plus d’infos ? » demanda Kate. « Pas beaucoup. Mais voici ce que je sais pour l’instant. » En ?coutant le directeur Duran lui expliquer la raison de son appel et ce qu’il voulait qu’elle fasse dans les douze prochaines heures, elle regarda tristement en direction d’Allen et de Michelle. Elle raccrocha trois minutes plus tard. Elle reposa le t?l?phone et vit qu’Allen la regardait. Il avait un sourire las sur le visage. « Peut-?tre qu’on pourrait faire le tour des vignobles un autre weekend ? » dit-elle. Il lui sourit d’un air triste et d?tourna les yeux. « Oui, peut-?tre, » dit-il. Il regarda par la fen?tre d’un air rempli de doutes. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle-m?me n’avait aucune id?e de quoi son avenir serait fait. Mais elle savait une chose : quelqu’un ?tait mort et elle ?tait bien d?cid?e ? trouver le responsable. CHAPITRE DEUX Bien que Kristen DeMarco ?tait beaucoup plus jeune que Kate (elle venait de f?ter ses vingt-sept ans la semaine derni?re), Kate ne la voyait pas comme une jeune novice. M?me quand elle ?tait enthousiaste ? l’id?e de commencer une nouvelle enqu?te, elle parvenait ? temp?rer son excitation en prenant en compte la gravit? des faits. Et c’?tait exactement ce qu’elle faisait maintenant, alors qu’elles roulaient en direction de la petite ville de Deton, en Virginie. Kate n’?tait jamais all?e ? Deton mais elle en avait entendu parler : une petite ville de province parmi tant d’autres qui parsemaient le Nord-ouest de la Virginie avant d’entrer en Virginie-Occidentale. Apparemment, DeMarco savait ?galement que la ville n’?tait rien d’autre qu’un petit point sur la carte. Il y avait de l’excitation dans sa voix quand elle se mit ? r?sumer les d?tails de l’affaire, mais son ton restait pos? et r?fl?chi. « Il y a deux jours, un pasteur de Deton est all? chez les Fuller. Il venait chercher quelques vieilles bibles que Wendy Fuller, la femme, allait lui donner. Quand il est arriv? chez eux, personne n’est venu lui ouvrir mais il a entendu le bruit de la t?l? ? l’int?rieur. Il a essay? d’ouvrir la porte et vu qu’elle n’?tait pas verrouill?e, il est entr? en annon?ant sa venue ? haute voix. C’est l? qu’il a remarqu? du sang encore humide sur la moquette. Il est entr? dans la maison et il a trouv? les corps de Wendy et Alvin Fuller. Leur fille de quinze ans, Mercy, avait disparu. » DeMarco s’interrompit un instant et leva les yeux du dossier qu’elle avait emport? avec elle depuis Washington. « ?a ne te d?range pas que je fasse ?a ? » demanda-t-elle. « Passer l’affaire en revue ? Non, pas du tout. » « Je sais que ?a peut para?tre un peu ringard. Mais ?a m’aide ? retenir les d?tails. » « Ce n’est pas ringard, » dit Kate. « Avant, je trimbalais un dictaphone tout le temps avec moi. Je faisais exactement ce que tu es occup?e ? faire et je gardais tout le temps l’enregistrement sur moi. Alors… vas-y, continue. Les d?tails que Duran m’a donn?s par t?l?phone ?taient plut?t succincts. » « Le rapport du m?decin l?giste stipule que la mort est due ? des blessures par balle, provenant d’un fusil de chasse Remington. Deux balles pour le p?re, une balle pour la m?re, qui a ?galement re?u un coup, probablement avec la crosse du fusil. La police locale a v?rifi? les permis de chasse et a confirm? que le mari, Alvin Fuller, en avait un et qu’il poss?dait exactement le m?me fusil. Mais il n’a ?t? retrouv? nulle part sur la sc?ne de crime. » « Alors l’assassin le tue avec son propre fusil, avant de l’emporter avec lui ? » demanda Kate. « On dirait. ? part ?a, la police locale n’a rien trouv? de plus et la police d’?tat n’a aucune piste. Selon le t?moignage d’amis et de membres de la famille, les Fuller ?taient consid?r?s comme des gens bien. Le pasteur qui a d?couvert les corps a dit qu’ils venaient ? l’?glise presque tous les dimanches. Il ?tait venu chercher les bibles chez les Fuller pour les envoyer ? des missionnaires aux Philippines. » « Mais les gens bien n’attirent pas toujours que des gens avec les m?mes valeurs, » dit Kate. « Mais dans ce genre de ville… tout le monde se conna?t. Du coup, si personne n’a ?mis aucune hypoth?se et aucun t?moignage qui pourraient nous donner une piste, le tueur pourrait bien venir d’ailleurs. » « C’est tr?s possible, » dit Kate. « Mais je pense que le fait qu’une fille de quinze ans ait disparu est un ?l?ment important. Les gens du coin vont bien entendu partir du principe qu’elle a ?t? enlev?e. Mais si on envisage les faits en faisant abstraction de cette croyance un peu provinciale selon laquelle tout le monde aurait les meilleurs intentions du monde, quelles autres hypoth?ses s’offrent ? nous ? » « Que la fille pourrait ne pas avoir ?t? enlev?e, » dit DeMarco. Elle parlait lentement, comme si elle prenait son temps pour bien r?fl?chir ? la question. « Qu’elle s’est peut-?tre enfuie. Qu’elle pourrait ?tre l’assassin. » « Exactement. Et j’ai d?j? vu ce genre de cas dans le pass?. Mais si on va ? Deton en ?mettant ce genre d’hypoth?se, on va nous regarder de travers et nous fermer la porte au nez. » « J’imagine. » « ?a ne veut pas dire que l’on doive ?carter la possibilit? d’un enl?vement. Mais nous ne pouvons pas non plus ignorer le fait qu’elle puisse ?tre l’assassin. » « Il faut qu’on en sache plus ? son sujet, » dit DeMarco. « C’est cela. Et je pense que c’est par l? que nous devons commencer. Car si toute la ville consid?re les Fuller comme des gens bien, je suis ? peu pr?s s?re que personne n’enqu?te sur la possibilit? que la fille puisse ?tre un suspect. » « Alors on commence par ?a, » dit DeMarco. « Oui, mais de mani?re discr?te. S’ils se rendent compte qu’on envisage la possibilit? que la fille de quinze ans du couple r?cemment assassin? puisse ?tre le principal suspect, notre enqu?te va se compliquer. » C’?tait une affirmation pleine d’appr?hension, qui lui sembla encore plus oppressante au moment o? elles pass?rent la pancarte indiquant que Deton ne se trouvait plus qu’? quelques kilom?tres. *** Finalement, Deton n’?tait pas une ville si petite que ?a, bien qu’elle donne ? Kate une v?ritable sensation d’?tre ? la campagne. Tous les commerces un peu importants ?taient situ?s le long de la route principale qui traversait la ville. Ce n’?tait pas une grand-rue, mais juste un tron?on de la nationale 44. Des routes secondaires partaient de cette nationale et serpentaient vers les zones moins peupl?es de Deton. L’essentiel de la ville consistait en une pharmacie, un Burger King, un sup?rette et quelques petits commerces locaux. Kate avait vu des centaines de petites villes dans le genre au cours de sa carri?re qui l’avait amen?e ? traverser tout le pays et elle avait l’impression qu’elles se ressemblaient toutes. Mais ?a ne voulait pas dire que leurs habitants et leur mani?re de vivre ?taient forc?ment pareils. Penser ?a serait une ?norme erreur. La maison des Fuller se trouvait ? environ cinq kilom?tres du centre-ville, sur l’une de ces routes secondaires. Il s’agissait d’une simple maison ? un ?tage, qui aurait bien eu besoin d’un ravalement de fa?ade et d’un nouveau toit. Son air rustique jurait avec les autres ?l?ments que DeMarco et Kate remarqu?rent au moment o? elles se gar?rent devant la maison. Il y avait une camionnette de journalistes gar?e dans l’all?e. Une jolie journaliste et un cam?raman ?taient occup?s ? discuter devant elle. Une seule voiture de police y ?tait ?galement gar?e, avec un officier de police assis ? l’int?rieur. En voyant Kate et DeMarco arriver, il sortit lentement de la voiture. La journaliste leva les yeux vers Kate et DeMarco au moment o? elles sortirent de voiture. Ayant flair? une piste, elle se pr?cipita instantan?ment vers elles. Le cam?raman attrapa son ?quipement et essaya de la suivre, mais elle fut trop rapide pour lui. « Vous ?tes d?tectives ? » demanda la journaliste. « Pas de commentaire, » r?pondit Kate, d’un ton sec. « Est-ce que vous ?tes autoris?es ? ?tre l? ? » « Et vous ? » demanda Kate, en r?pondant du tac au tac. « C’est ma responsabilit? de couvrir les news, » dit la journaliste, en utilisant une r?ponse toute faite. Kate savait qu’il ne faudrait pas plus d’une heure ? la journaliste pour d?couvrir qu’elles ?taient du FBI. Elle n’eut d?s lors aucun probl?me ? lui montrer son badge, tout en continuant ? avancer vers la maison. « Nous sommes du FBI, » dit Kate. « Gardez ?a ? l’esprit si vous avez l’intention de nous suivre ? l’int?rieur. » La journaliste s’arr?ta net et le cam?raman faillit lui rentrer dedans. Derri?re eux, l’officier de police s’approchait. Le badge accroch? ? son uniforme indiquait qu’il s’agissait du sh?rif de Deton. Il sourit d’un air narquois ? la journaliste au moment o? il passa ? c?t? d’elle. « Vous voyez, » dit-il ? la journaliste, sur un ton bourru. « Il n’y a pas que moi qui ne veux pas vous voir dans les parages. » Il passa devant Kate et DeMarco et les guida jusqu’? la porte d’entr?e. Il ajouta en murmurant : « Vous connaissez la loi aussi bien que moi. Je ne peux pas les ?jecter parce que techniquement, ils ne font rien de mal. Ces vautours esp?rent juste qu’un membre de la famille ou un ami finisse par arriver. » « ?a fait combien de temps qu’ils sont gar?s l? ? » demanda DeMarco. « Il y a tous les jours au moins une camionnette de journalistes gar?e l? depuis que c’est arriv?, il y a deux jours. Hier, il y en avait m?me trois. Toute cette histoire a fait pas mal de bruit dans la r?gion. Il y a aussi des journalistes tout autour du commissariat. C’est exasp?rant. » Il ouvrit la porte de la maison et les invita ? entrer. « Je suis le sh?rif Randall Barnes, au fait. J’ai la malchance de me retrouver en charge de cette enqu?te. En apprenant que le FBI ?tait en route, la police d’?tat s’est retir?e. Ils continuent ? rechercher la fille mais ils m’ont laiss? me charger de la partie de l’enqu?te pour meurtre. » Ils entr?rent, pendant que Kate et DeMarco se pr?sentaient. Mais la conversation s’interrompit tout de suite apr?s ?a. Ce qu’elles avaient devant les yeux, bien que ce ne soit pas aussi horrible que certaines sc?nes de crime que Kate ait vu dans le pass?, les ?branla. Les taches rouges s?ch?es sur la moquette bleue sautaient aux yeux. Il y avait une sensation de renferm? qui ?manait des lieux. C’?tait quelque chose que Kate avait d?j? ressenti sur des sc?nes de crime – quelque chose qu’elle avait essay? de d?crire d’innombrables fois sans jamais y parvenir. Elle pensa tout d’un coup ? Michael. Elle avait essay? une fois de lui expliquer cette sensation, en lui disant que c’?tait comme si la maison elle-m?me avait subi une perte et que ce sentiment de renferm? ?tait sa mani?re ? elle d’y r?agir. Il avait ri et lui avait dit que ?a avait presque l’air spirituel d’une certaine mani?re. C’?tait un peu ?a… et c’?tait exactement la mani?re dont elle se sentait ? l’instant pr?sent, en regardant la maison des Fuller. « Agents, je vais ressortir sur le porche, » dit-il. « M’assurer qu’il n’y ait pas d’yeux indiscrets. Appelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit. Mais je peux tout de suite vous dire que… tout ce que vous voudriez savoir et qui ne se trouve pas d?j? dans les rapports que nous vous avons envoy?s, c’est ? l’un des mes hommes qu’il faudra le demander – un type du nom de Foster. ? Deton, on n’a pas vraiment l’habitude de ce genre d’affaires. On se rend compte combien on n’est pas pr?par? ? faire face ? ce genre de choses. » « Ce serait bien qu’on puisse lui parler apr?s avoir inspect? la maison, » dit DeMarco. « Je vais l’appeler pour m’assurer qu’il soit au commissariat, alors. » Il ressortit silencieusement par la porte d’entr?e, en les laissant sur la sc?ne de crime. Kate contourna les taches de sang sur la moquette. Il y avait ?galement des taches sur le divan et des ?claboussures sur le mur, juste au-dessus du divan. Une petite table de salon se trouvait devant le canap?, o? ?taient ?parpill?s quelques factures, un gobelet en plastique vide et une t?l?commande. ?a pourrait ?tre le signe qu’il y avait eu une sorte de lutte mais si c’?tait le cas, elle ne devait pas avoir ?t? particuli?rement f?roce. « Pas de r?els signes de lutte, » dit DeMarco. « ? moins que leur fille soit du genre athl?tique, je ne vois pas comment elle aurait pu faire ?a. » « Si c’est la fille, il se pourrait qu’ils ne l’aient pas vu venir, » dit Kate. « Peut-?tre qu’elle est entr?e dans la pi?ce en cachant l’arme derri?re elle. Peut-?tre que l’un d’entre eux ?tait d?j? mort avant que l’autre ne comprenne ce qui se passe. » Elles examin?rent l’endroit pendant quelques instants, sans rien y trouver qui sorte de l’ordinaire. Il y avait quelques photos accroch?es au mur, dont la plupart ?taient des photos de famille. C’?tait la premi?re fois que Kate voyait le visage de la fille disparue, Mercy Fuller. Les photos la montraient ? diff?rentes ?tapes de sa vie : depuis l’?ge de cinq ans jusqu’? des photos plus r?centes. C’?tait une jolie fille qui allait probablement devenir une tr?s belle femme vers l’?ge de la majorit?. Elle avait des cheveux noirs, des yeux bruns et un sourire radieux. Elles continu?rent leur inspection de la maison et arriv?rent dans une chambre qui appartenait visiblement ? une adolescente. Un journal brillant ?tait pos? sur un bureau qui ?tait jonch? de stylos et de feuilles de papier. Un ananas rose en c?ramique ?tait pos? sur le bord. C’?tait un porte-photo avec un support en fil de fer sur le haut. La photo de deux adolescentes souriantes y ?tait accroch?e. Kate ouvrit le journal. La derni?re note datait d’il y a huit jours et parlait d’un gar?on du nom de Charlie, qui l’avait rapidement embrass?e au moment o? ils avaient chang? de salles de cours ? l’?cole. Elle examina quelques-unes des notes pr?c?dentes et y trouva des histoires similaires : la difficult? d’un examen, l’envie que Charlie fasse plus attention ? elle, que cette conne de Kelsey Andrews se fasse renverser par un bus. Il n’y avait aucun signe nulle part dans sa chambre d’une quelconque intention d’homicide. Elles all?rent ensuite dans la chambre ? coucher des parents et n’y trouv?rent rien d’int?ressant non plus. Il y avait quelques magazines pour adultes cach?s dans l’armoire mais ? part ?a, les Fuller avaient l’air irr?prochables. Quand elles ressortirent de la maison une vingtaine de minutes plus tard, Barnes ?tait toujours sur le porche. Il ?tait assis dans une chaise longue us?e et fumait une cigarette. « Vous avez trouv? quelque chose ? » demanda-t-il. « Rien, » r?pondit DeMarco. « Mais je me demande quand m?me, » ajouta Kate. « Si vous aviez trouv? un ordinateur portable ou un t?l?phone dans la chambre de la fille ? » « Non. Maintenant, en ce qui concerne l’ordinateur… ce n’est pas vraiment surprenant. Peut-?tre que vous avez pu vous en rendre compte en voyant l’?tat de leur maison, mais les Fuller n’?taient pas vraiment le genre de famille qui pouvait se permettre d’acheter un ordinateur pour leur fille. Quant au t?l?phone, les factures des Fuller montrent que Mercy avait effectivement son propre t?l?phone. Mais personne n’est parvenu ? le localiser. » « Peut-?tre qu’il est ?teint, » dit DeMarco. « Probablement, » dit Barnes. « Mais apparemment – et je viens de l’apprendre – m?me quand un t?l?phone est ?teint, on peut localiser l’endroit o? il ?tait allum? pour la derni?re fois… avant d’?tre ?teint. Et la police d’?tat a d?couvert que le dernier endroit o? il ?tait allum?, c’?tait ici, dans la maison. Mais comme vous l’avez vous-m?me remarqu?, il n’est nulle part. » « Combien de vos hommes travaillent actuellement sur l’enqu?te ? » demanda Kate. « Pour l’instant, trois au commissariat qui g?rent les entretiens et font des recherches sur leurs derniers achat, les derniers endroits o? ils sont all?s, ce genre de choses. La police d’?tat nous a laiss? un de leurs hommes pour nous aider, mais il n’est pas vraiment enchant? ? cette id?e. » « Vous avez ?galement mentionn? que l’un de vos hommes dirigeait l’enqu?te ? vos c?t?s ? » « C’est bien ?a. L’officier Foster. Il a un esprit plut?t ac?r?. » « Est-ce que vous pourriez nous ramener au commissariat pour qu’on ait une petite r?union ? » demanda Kate. « Mais juste avec vous et l’officier Foster. En petit comit?. » Barnes hocha la t?te d’un air sombre, en se levant de son fauteuil et en jetant son m?got de cigarette dans le jardin. « Vous voulez parler de la possibilit? que Mercy soit un suspect sans que trop de monde ne soit au courant. C’est bien ?a ? » « Je pense que ce serait imprudent d’?carter cette possibilit? sans l’avoir ?tudi?e de plus pr?s, » dit Kate. « Et pendant qu’on envisage cette option, oui, vous avez raison. Moins il y a de gens au courant, mieux c’est. » « J’appellerai Foster quand on sera en route pour le commissariat. » Il descendit les marches du porche, en jetant un regard noir ? la journaliste et au cam?raman. Kate ?tait certaine qu’il devait au moins avoir eu une altercation avec des journalistes au cours de ces deux derniers jours. En entrant dans la voiture, elle jeta ?galement un regard m?fiant en direction de la journaliste. Elle savait que dans une communaut? comme Deton, un tel meurtre pouvait ?tre particuli?rement choquant. Et elle savait que les m?dias dans ce genre de r?gions ne reculaient g?n?ralement devant rien pour obtenir un scoop. Kate se demanda d’ailleurs s’il n’y avait pas plus ? d?couvrir que ce qu’elle voyait – et si c’?tait le cas, ce qu’il faudrait qu’elle fasse pour avoir tous les ?l?ments en main. CHAPITRE TROIS Le commissariat de Deton ?tait exactement ce ? quoi Kate s’attendait. Il ?tait situ? au bout du tron?on de nationale qui traversait la ville et c’?tait un simple b?timent en briques avec un drapeau am?ricain flottant au sommet. Quelques voitures de patrouille ?taient gar?es ? c?t? de l’?difice et leur nombre r?duit refl?tait la taille de la ville elle-m?me. ? l’int?rieur, un espace ouvert occupait l’essentiel du b?timent. Un guichet de r?ception se trouvait ? l’entr?e mais il ?tait actuellement vide. En fait, l’endroit avait l’air plut?t d?sert. Elles suivirent Barnes au fond du b?timent, le long d’un couloir sur lequel s’ouvraient cinq bureaux, dont l’un d’entre eux ?tait orn? d’une plaque indiquant Sh?rif Barnes. Barnes les guida jusqu’? la derni?re salle du couloir, une toute petite pi?ce qui avait ?t? am?nag?e en une sorte de salle de conf?rence. Un officier ?tait assis ? la table et feuilletait une pile de documents. « Agents, je vous pr?sente l’officier Foster, » dit Barnes. L’officier Foster ?tait un homme jeune, qui devait probablement avoir la trentaine. Il avait les cheveux ras?s et un air renfrogn?. Kate vit tout de suite qu’il n’?tait pas du genre ? plaisanter. Ce n’?tait pas le genre ? raconter des blagues pour d?tendre l’atmosph?re, ni ? s’encombrer de conversations futiles pour mieux apprendre ? conna?tre les agents assis en face de lui. Kate sut tout de suite qu’il allait lui plaire. « L’officier Foster est la personne de r?f?rence qui a centralis? toutes les informations concernant cette affaire depuis que le pasteur Poulson nous a appel?s, » expliqua Barnes. « Toutes les informations que nous avons re?ues sont pass?es par lui et il les a ajout?es aux dossiers de l’enqu?te. Quelle que soit la question que vous avez, il pourra probablement y r?pondre. » « Je ne sais pas si ce sera le cas, » dit Foster, « mais je ferai certainement de mon mieux pour y r?pondre. » « Savez-vous ? qui les trois Fuller ont pu parler – ? part l’un avec l’autre – avant les meurtres ? » demanda Kate. « Alvin Fuller a parl? ? un ancien ami du lyc?e, au moment o? il sortait d’une station-service situ?e sur la nationale 44, » dit Foster. « Il rentrait du boulot, il s’?tait arr?t? pour acheter des bi?res et il est tomb? sur lui par hasard. L’ami nous a racont? qu’ils ont essentiellement parl? de leur travail et de leur famille. Une conversation tr?s superficielle, pour rester poli. L’ami dit qu’il n’a rien remarqu? de sp?cial chez Alvin. « Quant ? Wendy Fuller, la derni?re personne ? laquelle elle a parl? est une coll?gue de travail. Wendy travaillait dans le petit entrep?t d’exp?dition qui se trouve aux abords de la ville. La coll?gue en question nous a dit que la derni?re chose dont elles avaient parl?, c’?tait que Wendy ?tait pr?occup?e par le fait que Mercy commence ? s’int?resser aux gar?ons. Mercy avait apparemment r?cemment embrass? son premier gar?on et Wendy ?tait pr?occup?e ? ce sujet. Mais ? part ?a, elle avait l’air tout ? fait normale, comme ? son habitude. » « Et qu’en est-il de Mercy ? » demanda DeMarco. « La derni?re personne ? laquelle elle a parl? est sa meilleure amie, une fille du nom d’Anne Pettus. On a parl? ? deux reprises ? Anne, pour s’assurer qu’elle racontait ? chaque fois la m?me histoire. Elle nous a dit que la derni?re conversation qu’elles avaient eue ?tait concernant un gar?on du nom de Charlie. Selon Anne, ce Charlie n’?tait pas le petit-ami de Mercy. Anne nous a ?galement racont? quelque chose qui contredit un peu ce que les parents de Mercy pouvaient savoir ? son sujet. » « Comme un mensonge ? » demanda Kate. « Oui. Selon les dires de la coll?gue de Wendy, la m?re ?tait apparemment pr?occup?e par le fait que sa fille ait embrass? un gar?on pour la premi?re fois. Mais selon Anne Pettus, ce n’est pas vrai. Apparemment, Mercy aurait eu son premier baiser il y a d?j? tr?s longtemps. » « Est-ce que c’?tait une fille un peu l?g?re ? » « Anne n’a pas dit ?a mais elle a dit qu’elle savait avec certitude que Mercy avait d?j? fait bien plus qu’embrasser un gar?on. » « Concernant sa disparition, vers quelles hypoth?ses nous m?nent les indices r?colt?s jusqu’? pr?sent ? » demanda Kate. « Qu’elle pourrait avoir ?t? enlev?e, ou qu’elle serait partie de son propre chef ? » « ? moins que vous trouviez de nouveaux indices, il n’y a aucun signe qui nous fait penser que Mercy ait ?t? enlev?e contre sa volont?. En fait, nous avons m?me trouv? certains ?l?ments qui sugg?rent qu’elle pourrait ?tre partie de son propre chef. » « Quel genre d’?l?ments ? » « Selon Anne, Mercy avait un peu d’argent de c?t?. Elle savait m?me o? elle le cachait : au fond de son tiroir ? chaussettes. On a v?rifi? et on a retrouv? environ trois cents dollars. Ce qui va un peu ? l’encontre de l’hypoth?se qu’elle ait d?cid? de partir d’elle-m?me car elle aurait s?rement emport? cet argent, non ? Mais la derni?re chose que Mercy a pay? avec sa carte de cr?dit, c’?tait un plein d’essence environ deux ou trois heures avant que les corps de ses parents ne soient retrouv?s. Avant ?a, deux jours plus t?t, elle a achet? quelques produits de toilette de voyage dans un magasin ? Harrisonburg : une brosse ? dents, du dentifrice et du d?odorant. Cet achat se refl?te sur ses relev?s de carte de cr?dit et Anne nous l’a confirm?, vu qu’elle l’accompagnait ce jour-l?. » « Est-ce qu’elle a demand? ? Mercy pourquoi elle avait besoin de ces articles de toilette de voyage ? » demanda Kate. « Oui. Mercy lui a r?pondu qu’elle n’avait plus grand-chose chez elle et qu’elle n’avait pas envie de devoir demander ? ses parents de lui en acheter. » « Et aucun petit-ami connu ? » demanda Kate. « Pas selon Anne. Et elle avait l’air de tout savoir sur Mercy. » « J’aimerais parler ? Anne, » dit Kate. « Est-ce que vous pensez qu’elle serait r?ceptive ? cette id?e ou qu’elle serait plut?t r?ticente ? » « Elle serait certainement ravie de vous parler, » dit Foster. « Il a raison, » ajouta Barnes. « Elle nous a m?me appel?s ? plusieurs reprises apr?s avoir ?t? interrog?e pour savoir si on avait du neuf. Elle est vraiment dispos?e ? aider. Et sa famille aussi, qui nous a laiss?s lui parler sans aucun probl?me. Si vous voulez, je peux les appeler pour arranger un rendez-vous. » « Ce serait formidable, » dit Kate. « C’est une fille forte, » dit Foster. « Mais juste entre nous… je pense qu’elle cache quelque chose. Peut-?tre rien de grave en soi. Mais je pense qu’elle veut ?tre s?re de ne rien r?v?ler de n?gatif concernant sa meilleure amie disparue. » C’est compr?hensible, pensa Kate. Mais elle savait ?galement que le fait qu’elles soient meilleures amies ?tait une raison plus que suffisante pour ne pas vouloir tout leur raconter. *** Les parents d’Anne l’avait naturellement autoris?e ? rester ? la maison et ? ne pas aller ? l’?cole. Quand Kate et DeMarco arriv?rent ? la maison des Pettus – qui ?tait situ?e sur une route similaire ? celle o? les Fuller vivaient – les parents se trouvaient derri?re la porte d’entr?e et les attendaient. Kate les vit ? travers la porte moustiquaire au moment o? elle se garait dans leur all?e en forme de U. Monsieur et madame Pettus sortirent sur le porche pour aller ? leur rencontre. Le p?re avait les bras crois? et un air triste sur le visage. La m?re avait l’air fatigu?e, elle avait les yeux inject?s de sang et les ?paules affaiss?es. Apr?s une br?ve pr?sentation, monsieur et madame Pettus all?rent directement au but. Ils ne furent ni impolis, ni insistants, mais ils s’exprim?rent comme des parents pr?occup?s qui voulaient ?viter que leur fille passe par des moments d?sagr?ables sans que ce ne soit absolument n?cessaire. « On dirait qu’elle va de mieux en mieux au fur et ? mesure qu’elle en parle, » dit madame Pettus. « Je pense que plus le temps passe, plus elle commence ? comprendre que sa meilleure amie n’est pas forc?ment morte. Plus elle commence ? envisager le fait qu’elle ait tout simplement disparu, plus elle a envie d’aider ? la retrouver. » « Il n’emp?che, » ajouta monsieur Pettus, « que j’appr?cierais fortement si vous lui posiez des questions assez br?ves et que vous gardiez un ton optimiste. Nous n’allons pas intervenir pendant que vous l’interrogez, mais s’il y a quoi que ce soit qui semble la bouleverser, nous mettrons fin ? votre visite. » « C’est tout ? fait compr?hensible, » dit Kate. « Et je vous promets que nous ferons tr?s attention ? la mani?re dont nous lui parlons. » Monsieur Pettus hocha la t?te et finit par leur ouvrir la porte d’entr?e. Quand elles entr?rent dans la maison, Kate vit tout de suite Anne Pettus. Elle ?tait assise sur le divan, avec les mains serr?es entre les genoux. Tout comme sa m?re, elle avait l’air fatigu?e et boulevers?e. Kate savait que les adolescentes avaient tendance ? avoir des liens tr?s fort avec leurs meilleures amies. Elle ne pouvait imaginer la quantit? d’?motions qui devaient traverser cette pauvre jeune fille. « Anne, » dit madame Pettus. « Voici les agents dont nous t’avons parl?. Est-ce que tu veux toujours bien r?pondre ? leurs questions ? » « Oui, maman. ?a va aller. » Les parents firent un petit signe de la t?te en direction de Kate et DeMarco et ils prirent place de chaque c?t? de leur fille. Kate remarqua qu’Anne commen?a vraiment ? ?tre mal ? l’aise au moment o? ses parents se retrouv?rent ? c?t? d’elle. « Anne, » dit Kate, « on va essayer de faire vite. On nous a d?j? racont? tout ce que tu as dit ? la police, alors nous n’allons pas te demander de tout r?p?ter ? nouveau. ? une seule exception. J’aimerais en savoir plus concernant les achats que Mercy a faits ? Harrisonburg. Elle y a achet? plusieurs articles de toilette de voyage, c’est bien ?a ? » « Oui. J’ai trouv? ?a bizarre. Elle s’est content?e de me dire qu’elle n’avait plus grand-chose chez elle. Du dentifrice, une petite brosse ? dents, du d?odorant, ce genre de choses. Je lui ai demand? pourquoi c’?tait elle qui les achetait et pas ses parents, mais elle a en quelque sorte ?lud? la question. » « Est-ce que tu penses qu’elle ?tait heureuse ? la maison ? » « Oui. Mais bon… elle a quinze ans. Elle adore ses parents mais elle d?teste cet endroit. Elle parle de quitter Deton depuis qu’elle a au moins dix ans. » « Est-ce que tu sais pourquoi ? » demanda DeMarco. « Il n’y a rien ? faire ici, on s’ennuie, » dit Anne. Elle regarda ses parents d’un air d?sol?. « Je suis juste un peu plus ?g?e que Mercy. J’ai seize ans et j’ai mon permis. Et parfois, on allait se promener ensemble pour faire du shopping, aller voir un film. Mais il faut au moins rouler une heure pour pouvoir faire ce genre de choses. Il n’y a rien ? faire ? Deton. » « Est-ce que tu sais o? elle aurait voulu aller ? » « ? Palm Springs, » dit Anne, en riant. « Elle avait vu une s?rie avec des gens qui faisaient la f?te ? Palm Springs et elle avait beaucoup aim?. » « Est-ce qu’elle envisageait d’aller ? une universit? en particulier ? » « Je ne pense pas. Sur le peu d’informations qu’on a re?u ? l’?cole concernant des universit?s, elle avait montr? de l’int?r?t pour l’universit? de Virginie et celle de Wake Forest, en Caroline du Nord. Mais… je ne sais pas si ?a l’int?ressait vraiment. » « Est-ce que tu peux nous parler de Charlie ? » demanda Kate. « Nous avons vu son nom dans son journal intime et nous savons qu’ils ?taient au moins assez proches pour ?changer un rapide baiser entre deux cours. Mais selon la police, tu as dit que Mercy n’avait pas de petit-ami. » « Non, elle n’en a pas. » Kate remarqua que le ton d’Anne changea l?g?rement ? ces mots. Elle avait ?galement l’air un peu plus tendue. Apparemment, c’?tait un sujet sensible. Mais vu qu’elle n’avait que seize ans et que ses parents ?taient assis ? c?t? d’elle, Kate savait qu’elle ne pouvait pas l’accuser directement de mentir. Il lui fallait adopter une autre approche. Peut-?tre qu’il y avait des choses concernant son amie qu’elle ne voulait tout simplement pas dire ? haute voix. « Alors Charlie et elle ?taient juste amis ? » demanda Kate. « En quelque sorte. Je pense qu’ils s’aimaient bien mais qu’ils ne voulaient pas vraiment sortir ensemble. Vous comprenez ? » « Est-ce qu’elle a fait d’autres choses avec Charlie, hormis le fait d’?changer un baiser ? » « Si c’?tait le cas, Mercy ne m’en a jamais parl?. Et elle me racontait tout. » « Est-ce que tu sais si elle cachait des choses ? ses parents ? » Kate remarqua ? nouveau qu’Anne avait l’air un peu mal ? l’aise. Ce fut un bref instant et une expression fugace sur son visage, mais Kate reconnut cet air qu’elle avait d?j? vu d’innombrables fois dans le pass? – surtout dans des enqu?tes o? des adolescents ?taient impliqu?s. Un ?clair fugace dans les yeux, bouger de mani?re inconfortable sur sa chaise, en r?pondant du tac au tac sans r?fl?chir ? la r?ponse, ou en prenant bien trop de temps pour r?pondre. « ? nouveau, si c’?tait le cas, elle ne m’en a jamais parl?. » « Et point de vue job ? » demanda Kate. « Est-ce que Mercy travaillait quelque part ? » « Pas r?cemment. Il y a quelques mois d’ici, elle travaillait une dizaine d’heures par semaine comme tuteur pour des enfants du coll?ge. Elle donnait des cours d’alg?bre, je pense. Mais ils ont arr?t? parce qu’il n’y avait pas assez d’enfants qui venaient ? ces cours de rattrapage. » « Est-ce que ?a lui plaisait ? » demanda DeMarco. « Oui, je pense. » « Elle ne t’a jamais racont? d’anecdotes particuli?res en rapport avec ce job de tuteur ? » « Non, aucune. » « Mais tu es certaine que Mercy te racontait tout, n’est-ce pas ? » demanda DeMarco. Anne eut l’air l?g?rement mal ? l’aise ? cette question. C’?tait peut-?tre aussi la premi?re fois qu’elle ?tait interrog?e d’une mani?re aussi conflictuelle – en remettant en cause quelque chose qu’elle a affirm? ?tre vrai. « Je pense, » dit Anne. « C’?tait… c’est ma meilleure amie. Et j’insiste sur le c’est parce qu’elle est toujours vivante. Je le sais. Parce que si elle est morte… » Sa phrase resta en suspens pendant un moment. Kate vit que l’?motion sur le visage d’Anne ?tait bien r?elle. Elle savait qu’Anne ne tarderait plus ? se mettre ? pleurer. Et si ?a arrivait, Kate ?tait certaine que ses parents allaient leur demander de partir. Cela voulait dire qu’elles n’avaient plus beaucoup de temps devant elles – et que Kate allait devoir ?tre un peu plus directe si elle esp?rait obtenir des r?ponses. « Anne, on veut vraiment d?couvrir ce qui est arriv?. Et tout comme toi, nous pensons que Mercy est toujours vivante. Mais dans le cas de disparitions, le timing est vraiment crucial. Plus le temps passe, plus nos chances de la retrouver diminuent. Alors s’il te pla?t… s’il y a quoi que ce soit que tu n’as pas voulu dire ? la police de Deton, c’est important que tu nous le dises ? nous. Je sais que dans une petite ville comme celle-ci, tu dois s?rement te pr?occuper de ce que les autres vont penser et… » « Je pense que ?a suffit, » dit monsieur Pettus. Il se leva et se dirigea vers la porte. « Je n’aime pas beaucoup le fait que vous sous-entendiez que notre fille ait pu cacher des informations. Et vous voyez bien qu’elle est boulevers?e, l?. » « Monsieur Pettus, » dit DeMarco. « Si Anne… » « Nous avons ?t? plus que flexibles sur le fait qu’elle r?ponde ? vos questions, mais c’est fini maintenant. Alors, s’il vous pla?t… je vous prie de partir. » Kate et DeMarco ?chang?rent un regard d?moralis? et se lev?rent de leur si?ge. Kate fit trois pas en direction de la porte avant d’?tre stopp?e net par la voix d’Anne. « Non… attendez. » Les quatre adultes se retourn?rent vers Anne. Des larmes coulaient maintenant sur ses joues et son regard s’?tait durci. Elle regarda un instant ses parents avant de d?tourner les yeux, d’un air g?n?. « Qu’est-ce qu’il y a ?” demanda madame Pettus ? sa fille. « Mercy a bien un petit-ami. Enfin, en quelque sorte. Mais ce n’est pas Charlie. C’est cet autre gar?on… et elle n’en a jamais parl? ? personne parce que si ses parents l’apprenaient, ils seraient devenus fous. » « Et qui est ce gar?on ? » demanda Kate. « Un type qui vit pr?s de Deerfield. Il est plus ?g?… dix-sept ans. » « Et ils sortaient ensemble ? » demanda DeMarco. « Ce n’?tait pas vraiment sortir ensemble. Mais ils se voyaient. Et quand ils se retrouvaient, je pense… eh bien, je pense que c’?tait uniquement physique. Mercy aimait beaucoup le fait qu’un gar?on plus ?g? lui accorde de l’attention, vous voyez ? » « Et pourquoi est-ce que ses parents n’auraient pas approuv? ? » demanda Kate. « Eh bien, tout d’abord en raison de leur diff?rence d’?ge. Mercy a quinze ans et ce type en a presque dix-huit. Mais c’est aussi un type pas trop fr?quentable. Il a arr?t? l’?cole et il tra?ne avec des gens pas tr?s recommandables. » « Est-ce que tu sais si leur relation ?tait sexuelle ? » demanda Kate. « Elle ne me l’a jamais dit. Mais je pense que c’?tait le cas parce que quand je la taquinais ? ce sujet, elle restait silencieuse. » « Anne, » dit monsieur Pettus. « Pourquoi n’en as-tu pas parl? ? la police ? » « Parce que je ne voulais pas qu’on pense mal de Mercy. Elle… c’est ma meilleure amie. Elle est vraiment gentille et… ce type, c’est une racaille. Je ne comprends pourquoi elle l’aimait autant. » « Comment s’appelle-t-il ? » demanda Kate. « Jeremy Branch. » « Tu as dit qu’il avait quitt? l’?cole. Est-ce que tu sais o? il travaille ? » « Non, pas vraiment. Il fait des petits boulots de temps en temps en for?t, il coupe du bois ou aide les ?quipes d’abattage. Mais selon Mercy, la majorit? du temps, il se contente de tra?ner chez son grand fr?re et de boire toute la journ?e. Je n’en suis pas tout ? fait s?re, mais je pense qu’il vend de la drogue. » Kate fut presque d?sol?e pour Anne. ? voir l’expression sur le visage de ses parents, il ?tait clair qu’ils allaient avoir une s?rieuse discussion avec elle quand Kate et DeMarco seraient parties. En sachant ?a, Kate s’approcha d’Anne et s’assit ? c?t? d’elle, ? l’endroit o? son p?re se trouvait quelques minutes plus t?t. « Je sais que c’?tait difficile pour toi de nous raconter tout ?a, » dit Kate. « Mais tu as fait ce qu’il fallait faire. Tu nous a donn? une piste potentielle qui va peut-?tre nous permettre de d?couvrir ce qui s’est pass?. Je te remercie, Anne. » Sur ces mots, elle fit un geste poli de la t?te en direction des parents d’Anne et prit cong?. En se dirigeant vers leur voiture, DeMarco sortit son t?l?phone. « Tu sais o? se trouve Deerfield ? » demanda-t-elle. « ? une vingtaine de minutes dans les bois, » dit Kate. « Si tu pensais que Deton ?tait une petite ville, tu n’as encore rien vu. » « J’appelle le sh?rif Barnes pour voir s’il a une adresse ? nous donner. » Et c’est exactement ce qu’elle fit au moment o? elles entr?rent dans la voiture. Kate eut soudain un regain d’?nergie. Elles avaient une piste, l’aide de la police locale et le reste de la journ?e devant elles. En sortant de l’all?e des Pettus, elle ne put s’emp?cher d’avoir plut?t bon espoir. CHAPITRE QUATRE Bien que DeMarco ait obtenu une adresse tr?s claire de Barnes, Kate ne put s’emp?cher de se demander si Barnes ne s’?tait pas tromp? ou si DeMarco avait mal compris. Elle rep?ra l’adresse de la maison cinq minutes apr?s ?tre entr?e dans Deerfield, coll?e en lettres noires sur une bo?te aux lettres miteuse. Mais au-del? de la bo?te aux lettres, il n’y avait rien d’autre que des champs et des for?ts, comme dans le reste de cette localit? de Deerfield en Virginie. ? environ deux m?tres de la bo?te aux lettres, elle vit des traces qui ressemblaient vaguement ? une sorte d’all?e. De mauvaises herbes avaient pouss? un peu partout, en cachant presque l’entr?e. Elle s’engagea dans l’all?e et se retrouva sur un ?troit sentier en terre qui menait ? un espace ouvert plusieurs m?tres plus loin. ?a devait ?tre une sorte de jardin qui n’avait probablement pas ?t? tondu depuis tr?s longtemps. Elle y vit trois voitures gar?es, dont deux ?taient de v?ritables ?paves. Elles ?taient gar?es le long d’un tron?on qui devait correspondre au bout de l’all?e. ? quelques m?tres des voitures, se trouvait un grand mobile home, install? ? proximit? de la vaste for?t qui s’?tendait derri?re. C’?tait le genre de mobile home qui ressemblait beaucoup ? une maison, vu de l’ext?rieur, et qui aurait pu ?tre un endroit assez joli s’il avait ?t? bien entretenu. Mais le porche avant penchait l?g?rement et une des rambardes manquait. Il y avait ?galement une goutti?re qui pendait sur le c?t? droit et le jardin ?tait envahi de mauvaises herbes. Kate et DeMarco se gar?rent derri?re les voitures et s’avanc?rent lentement en direction de la maison. Les mauvaises herbes arrivaient aux genoux de Kate. « J’ai l’impression d’?tre en safari, » dit DeMarco. « Tu as pris ta machette ? » Kate se contenta de sourire, les yeux riv?s sur la porte d’entr?e. Avec ce qu’Anne Pettus leur avait racont?, elle ?tait presque s?re de savoir ce qu’elles allaient trouver ? l’int?rieur : Jeremy Branch et son grand fr?re, occup?s ? ne rien faire. Il y aurait probablement une vague odeur de poussi?re et de poubelles, peut-?tre m?me de marijuana. Il y aurait des bouteilles de bi?res qui tra?neraient un peu partout autour de fauteuils bon march?, qui seraient tourn?s vers un grand ?cran de t?l?. Elle avait vu ce genre d’int?rieurs un nombre incalculable de fois, surtout quand il s’agissait de jeunes d?s?uvr?s vivant ? la campagne. Elles mont?rent les marches qui menaient au porche et Kate frappa ? la porte. Elle entendit le murmure d’une musique venant de l’int?rieur, un air assez violent mais ? faible volume. Elle entendit ?galement des pas lourds s’approcher de la porte. Quand elle s’ouvrit quelques secondes plus tard, elle vit un jeune homme en d?bardeur et en short. Il ?tait mal ras?, son bras gauche ?tait couvert de tatouages et ses deux oreilles ?taient perc?es. Il commen?a d’abord par sourire en voyant deux femmes devant sa porte d’entr?e mais tr?s vite, il parut se rendre compte de la situation. Ce n’?tait pas juste deux femmes – c’?tait deux femmes habill?es de mani?re professionnelle et avec un air s?rieux sur le visage. « Qui ?tes-vous ? » demanda-t-il. DeMarco montra son badge, en faisant un pas en direction de la porte. « Agents DeMarco et Wise, » dit-elle. « Nous aurions aim? parler ? Jeremy Branch. » Le jeune homme eut l’air sinc?rement ?tonn? et un peu effray?. Il fit un pas en arri?re et il les regarda d’un air confus. « C’est… eh bien, c’est moi. Mais pourquoi voulez-vous me parler ? » « J’imagine que vous avez entendu parler de ce qui est arriv? ? une jeune fille de Deton, » dit Kate. « Une jeune fille du nom de Mercy Fuller. » L’expression de son visage indiqua ? Kate tout ce qu’elle avait besoin de savoir. Sans m?me dire un mot, son expression confirmait qu’il connaissait Mercy. Il hocha la t?te et jeta un regard derri?re lui, vers l’int?rieur du mobile home, comme s’il cherchait l’aide de son grand fr?re. « Pouvez-vous me le confirmer ? » demanda Kate. « Oui, j’ai entendu parler de ce qui est arriv?. Elle a disparu et ses parents ont ?t? tu?s, c’est bien ?a ? » « C’est ?a. Monsieur Branch, est-ce que nous pouvons entrer un moment pour vous parler ? » « Eh bien, ce n’est pas chez moi. C’est chez mon fr?re. Et je ne sais pas s’il… » « Je ne sais pas si vous savez comment ?a fonctionne, » dit Kate. « Nous aimerions entrer pour vous parler. On peut le faire ici ou, sur base de ce que nous savons ? votre sujet, on peut le faire au commissariat de police de Deton. C’est vous qui choisissez. » « Oh, » dit-il. Il avait l’air accul?, comme un animal traqu? qui chercherait une porte de sortie. « Eh bien, alors, j’imagine que je peux… » Il s’interrompit et leur claqua la porte au visage. Apr?s le rapide sursaut de surprise qui s’ensuivit, Kate entendit des bruits de pas rapides dans la maison. « Il prend la fuite, » dit Kate. Mais avant qu’elle n’ait eu le temps de rouvrir la porte, DeMarco sautait d?j? du porche et se pr?cipitait vers l’arri?re du mobile home. Kate sortit son arme, ouvrit la porte et entra. Elle entendit des pas plus loin ? l’arri?re de l’habitation et le bruit d’une autre porte qui s’ouvrait. Une porte arri?re, pensa Kate. J’esp?re que DeMarco va parvenir ? l’intercepter. Kate se rua ? travers le mobile home et remarqua que ses suppositions ?taient bien fond?es. Il y avait une l?g?re odeur d’herbe, m?lang?e ? une odeur de bi?re renvers?e. Elle traversa la cuisine et entra dans un couloir qui menait ? deux chambres ? coucher. L?, au bout du couloir, une porte arri?re ?tait encore l?g?rement ouverte, indiquant qu’il ?tait s?rement pass? par l?. Elle se pr?cipita vers la porte et l’ouvrit enti?rement, pr?te ? se d?fendre si n?cessaire. Mais elle avait vu de la peur dans les yeux de Jeremy. Il n’allait pas les attaquer, il avait l’intention de les semer. Et s’il parvenait jusqu’? la for?t qui ne se trouvait qu’? une quinzaines de m?tres, il ?tait tr?s possible qu’il y parvienne. Elle le vit qui courait en direction de l’or?e du bois mais elle vit ?galement DeMarco. Elle le rattrapait depuis le c?t? gauche de la maison. Elle n’avait pas pris la peine de sortir son arme ni de lui crier de s’arr?ter. Kate fut stup?faite par la rapidit? de sa co-?quipi?re. Elle courait ? une vitesse qui surpassait largement celle de l’adolescent. Elle le rattrapa juste au moment o? Jeremy atteignait la premi?re rang?e d’arbres de la for?t. DeMarco tendit le bras, l’attrapa par l’?paule et le for?a ? se retourner vers elle. Jeremy tourna sur lui-m?me comme une toupie et pivota ? trois cent soixante degr?s avant de perdre l’?quilibre et de tomber au sol. Kate se d?p?cha de descendre la vol?e de marches branlantes qui se trouvaient ? l’arri?re du mobile home pour rejoindre DeMarco et l’aider ? menotter Jeremy Branch. « En prenant la fuite, » dit Kate, « tu nous incites ? penser que tu as quelque chose ? cacher. Et tu viens de rendre notre choix plus facile. On te posera nos questions au commissariat. » Jeremy Branch resta silencieux. Il haletait pendant que DeMarco le remettait sur pieds, avec les poignets menott?s derri?re le dos. Il avait l’air abasourdi et d?sempar?, pendant qu’elles l’amenaient jusqu’? la voiture. Et quand il jeta un regard nerveux en arri?re en direction du mobile home, Kate fut certaine qu’elles y trouveraient assez d’indices pour que Jeremy et son fr?re aient de gros ennuis, m?me en faisant abstraction de la disparition de Mercy Fuller. *** Il ne fallut pas tr?s longtemps pour fouiller la maison. Pendant que DeMarco restait ? l’ext?rieur, Kate alla examiner les lieux et en moins de quinze minutes, elle trouva assez de preuves pour attirer de gros ennuis aux fr?res Branch. Elle retrouva plus de deux cents grammes de coca?ne dans l’une des chambres ? coucher, avec une demi-douzaine de pilules d’ecstasy. Dans l’autre chambre, elle trouva plusieurs petits sachets d’herbe, une douzaine de pilules d’ecstasy et quelques flacons d’analg?siques. Mais la cerise sur le g?teau, ce fut quand Kate trouva un petit carnet noir en-dessous du lit de la deuxi?me chambre ? coucher. C’?tait un genre de livre de comptes, o? ?tait indiqu? qui devait de l’argent et pour quoi. Elle avait ?galement d?duit que la premi?re chambre ? coucher ?tait celle de Jeremy Branch, en raison d’une photo plut?t provocatrice qui se trouvait ? c?t? de son lit. On y voyait Jeremy et Mercy Fuller, pratiquement nue. Mais elle ne trouva aucun journal, ni ordinateur portable, et aucun signe qui pourrait indiquer qu’il ?tait impliqu? dans sa disparition ou dans la mort de ses parents. Mais elle d?couvrit ?galement autre chose. Quelque chose qui r?pondait au moins ? une question. Dans la petite salle de bains ? c?t? de la chambre de Jeremy, Kate trouva du dentifrice de voyage, du d?odorant pour femme et une petite brosse ? dents neuve. Apparemment, Mercy avait achet? ces articles pour les garder ici et couvrir toute trace qu’elle ait pu coucher avec un gar?on avant de rentrer chez elle. Elle ressortit du mobile home et traversa les hautes herbes jusqu’? la voiture. « Tous les articles de toilette de voyage sont dans la salle de bains de Jeremy. Apparemment, Mercy les gardait tous ici. » « C’est… mignon, j’imagine ? » « Ou un peu obsessionnel, » sugg?ra Kate, en s’asseyant derri?re le volant. « Nous savons maintenant aussi une des raisons pour laquelle il a pris la fuite. » ? l’arri?re de la voiture, Jeremy se mit ? parler, d’une voix paniqu?e et remplie de peur. « Tout ?a, c’est ? mon fr?re. » « Alors il en cachait un peu dans ta chambre, c’est ?a ? » « Oui, il vend de la drogue et… et… » « Garde ta salive pour le commissariat, » dit Kate. « De toute fa?on, la drogue, c’est secondaire pour l’instant. » « Je n’ai rien ? voir avec ce qui est arriv? ? Mercy ou ? ses parents, » dit-il. « Je le jure. » « J’esp?re, » dit Kate, en d?marrant la voiture. « Mais on verra. » CHAPITRE CINQ Cette fois-ci, quand elles entr?rent dans le commissariat de Deton, le bureau de la r?ception ?tait occup? par une femme qui semblait faire partie du d?cor depuis de nombreuses ann?es. Elle avait facilement la soixantaine et quand elle leva les yeux vers Kate, DeMarco et Jeremy Branch, elle leur adressa un sourire bien rod?. Mais quand elle comprit ? qui elle avait affaire, son sourire disparut et elle redevint tout de suite s?rieuse. « Vous ?tes les agents ? » demanda-t-elle. « Oui, madame, » dit DeMarco. « Vous savez o? on peut mettre monsieur Branch ? » « Pour l’instant, dans la salle d’interrogatoire. J’appellerai le sh?rif pour lui dire que vous ?tes l?. Suivez-moi. » La femme les guida ? travers l’espace de bureau ouvert et elles prirent le m?me couloir o? Barnes les avait amen?es plus t?t dans la journ?e. Elle ouvrit la porte de la deuxi?me salle sur leur droite. La pi?ce ressemblait beaucoup ? celle o? elles avaient rencontr? l’officier Foster lors de leur premi?re visite au commissariat. Il y avait une vieille table assez us?e, avec une chaise de chaque c?t?. « Assieds-toi, » dit DeMarco ? Jeremy, en le poussant l?g?rement en direction de la table. Jeremy obtemp?ra, sans r?sister. Quand il fut assis, il croisa ses mains menott?es devant lui et les fixa des yeux. « En quoi consistait votre relation avec Mercy Fuller ? » demanda Kate. « Je la connaissais ? peine. » « J’ai vu une photo dans ta chambre qui prouve le contraire. » « Et si je vous disais qu’elle ?tait aussi… eh bien, aussi affectueuse avec la plupart des gar?ons ? » « Eh bien, je dirais que ce serait une accusation plut?t os?e ? l’encontre de quelqu’un. Surtout dans une ville comme celle-ci, concernant une fille qui vient juste de perdre ses deux parents. » Jeremy soupira et haussa les ?paules. Son attitude nonchalante ?nervait Kate mais elle fit de son mieux pour rester professionnelle. « Je vous l’ai d?j? dit… Je ne sais rien concernant cette famille. » « Tu mens, » dit Kate. « Et il faut que tu saches une chose. Tu peux continuer ? mentir, mais c’est une petite ville, ne l’oublie pas. Je pourrai facilement savoir si tu m’as menti. Et si c’est le cas, alors on va commencer ? creuser sur votre petit trafic de drogues. Peut-?tre que nous retrouverons certains des clients dont ton fr?re a ?crit le nom sur le petit cahier noir en-dessous de son lit. Peut-?tre qu’on leur dira que c’est toi qui nous as dit o? se trouvait le cahier. » Les yeux de Jeremy s’?carquill?rent ? ces mots et il commen?a ? gigoter sur sa chaise. Kate se dit qu’elles devraient peut-?tre aussi interroger son fr?re. Elle se demanda lequel des deux craquerait le premier, une fois mis sous pression. Mais apparemment, elle n’allait pas devoir en passer par l?. Elle put pratiquement voir le moment o? Jeremy Branch d?cida que sa propre survie ?tait plus importante que tout. « OK, je la connais. Mais on ne sortait pas officiellement ensemble. On se voyait juste de temps en temps. » « Alors, c’?tait essentiellement une relation sexuelle ? » « Oui. Et rien de plus. » « ?a ne te d?rangeait pas qu’elle n’ait que quinze ans ? » « Un peu. Je me suis dit que j’arr?terais de la voir le jour o? j’aurais mes dix-huit ans. Pour ?viter d’avoir des probl?mes, vous voyez ? » « ? quand remonte la derni?re fois o? tu l’as vue ? » demanda DeMarco. « Il y a environ une semaine. » « Elle est venue chez toi ? » « Oui. On avait ce genre de plan entre nous. Quand elle avait envie de me voir, elle m’envoyait un message et j’allais la chercher sur Waterlick Road. Elle disait ? ses parents qu’elle allait chez une amie et j’allais la chercher pour la ramener chez moi. » « ?a durait depuis combien de temps ? » demanda Kate. « Quatre ou cinq mois. ?coutez… je sais que ?a peut para?tre d?gueulasse, mais je ne la connais vraiment pas bien du tout. C’?tait juste sexuel. C’est tout. J’?tais son premier mec… et elle ?tait un peu curieuse, vous voyez ? Elle n’?tait pas non plus du genre accro au sexe, mais on se voyait souvent. » « Je pensais que tu avais dit qu’elle ?tait affectueuse avec la plupart des types, » dit DeMarco. Il se contenta de hausser les ?paules. C’?tait visiblement un mensonge qu’il avait dit pour garder la face. « Et ses parents ? » demanda Kate. « Qu’est-ce que tu peux nous dire ? leur sujet ? » « Rien. Je savais qui ?tait son p?re. C’est une petite ville, vous savez. Tout le monde se conna?t. Et elle disait toujours en blaguant que si son p?re apprenait qu’on bai… qu’on avait des relations sexuelles, » dit-il, ne trouvant apparemment pas appropri? d’utiliser un autre terme devant deux femmes, « il me tuerait. » « Et tu la croyais ? » « Je ne sais pas. Mais j’imagine. En tant que mec, on n’a jamais vraiment envie de penser que le p?re de la fille avec qui on couche pourrait l’apprendre. Je ne savais pas quoi penser au sujet de ses parents. Elle les d?testait. Elle les ha?ssait vraiment, vous savez ? » « Ah bon ? » « De la mani?re dont elle parlait d’eux, oui, je pense bien. Si je peux… » Il s’interrompit et eut l’air de r?fl?chir ? quelque chose. Puis il regarda Kate et DeMarco comme s’il essayait de savoir jusqu’o? il pouvait aller. « ? quoi tu penses ? » demanda Kate. « ?coutez, je sais que c’est nul d’avoir couch? avec elle au moins une vingtaine de fois et de ne pas la conna?tre plus que ?a. Mais j’ai toujours trouv? que c’?tait bizarre la mani?re dont elle parlait de ses parents. » « C’est-?-dire ? » Avant qu’il n’ait eu le temps de r?pondre, on frappa ? la porte. Le sh?rif Barnes l’ouvrit et passa la t?te dans l’embrasure. Il y eut un bref ?change de regards entre Barnes et Jeremy. Kate comprit que ce n’?tait probablement pas la premi?re fois que Jeremy se retrouvait dans cette salle d’interrogatoire. « Jeremy Branch ? » dit-il. « Qu’est-ce qu’il fout l? ? » « Tu lui dis ou on s’en charge ? » demanda DeMarco. Elle laissa quelques secondes ? Jeremy pour r?pondre mais comme il restait silencieux, elle mit Barnes au courant de la situation. « Il couchait avec Mercy Fuller… et la derni?re fois date de la semaine derni?re. Il vient juste de nous dire combien il trouvait ?trange que Mercy parle de mani?re aussi n?gative au sujet de ses parents. Combien elle les ha?ssait. » « Tu couchais avec elle ? » demanda Barnes. « Mais… tu as quel ?ge ? » « Dix-sept ans. Je n’aurai dix-huit ans que le mois prochain. » « Vas-y, continue, » dit Kate, en revenant sur le sujet. « Raconte-nous le genre de choses que Mercy disait au sujet de ses parents. » « Elle disait qu’ils ne la laissaient jamais rien faire. Qu’ils ne lui faisaient pas confiance. Elle en voulait particuli?rement ? sa m?re. ? au moins deux ou trois reprises, elle a dit un truc du genre ‘j’ai juste envie de la tuer, cette connasse.’ Elle d?testait sa m?re. » « Est-ce qu’elle t’a parl? de la relation que ses parents avaient entre eux ? » demanda Kate. « Non. Elle parlait rarement d’eux. Elle crachait son venin pendant un moment, s’?nervait un peu, et c’?tait g?n?ralement ? ce moment-l? qu’on couchait ensemble. Je… je ne sais pas. Je n’ai jamais pens? qu’elle finirait vraiment par le faire. » « Faire quoi ? » demanda Barnes. Jeremy leva les yeux vers eux, comme s’ils n’avaient rien compris de ce qu’il venait de leur dire. « S?rieusement ? ?coutez… comme je vous l’ai dit. Elle avait l’air un peu ing?nue, ? part le fait d’?tre un peu nympho, mais si vous cherchez l’assassin de ses parents… c’est elle que vous devez trouver. Je peux vous garantir que Mercy a tu? ses parents avant de quitter la ville. » CHAPITRE SIX Jusque-l?, personne ne s’?tait encore assis sur la chaise qui se trouvait en face de Jeremy. Kate, DeMarco et Barnes ?taient rest?s debout. Mais au moment o? Jeremy fit cette accusation, le sh?rif Barnes s’avan?a lentement vers la chaise et s’assit en face de l’adolescent. Il y avait un m?lange de tristesse et de col?re dans ses yeux au moment o? il pointa un doigt accusateur en direction de Jeremy. « Je suis sh?rif dans cette ville depuis seize ans. Je connaissais bien Wendy et Alvin Fuller. Et d’apr?s ce que je sais, Mercy Fuller ?tait une jeune fille bien. Certainement pas une petite merdeuse comme toi. Alors si tu tiens ? faire une telle accusation, il vaudrait mieux pour toi que tu aies de quoi l’?tayer. » Jeremy hocha la t?te, visiblement tr?s effray?. « Oui, j’ai de vraies raisons de le penser. » Barnes croisa les bras, s’appuya contre le dossier de la chaise et un l?ger rictus se dessina sur ses l?vres. Quand Jeremy se mit ? parler, il le fit sans quitter Barnes des yeux. Il avait l’air d’avoir peur que Barnes se jette ? tout moment ? son cou pour l’?trangler. « ?a faisait peut-?tre trois ou quatre semaines qu’on se voyait quand elle mentionna pour la premi?re fois l’id?e de s’enfuir de chez elle. Elle m’a demand? si je viendrais avec elle. Elle voulait aller en Caroline du Nord. Je me suis un peu moqu? d’elle parce que je ne voyais pas ? quoi ?a servait de fuguer pour aller si peu loin. En plus, je ne l’aimais pas de cette fa?on-l?. Mon fr?re blaguait tout le temps sur le fait que les filles avaient tendance ? ?tre obs?d?es par le premier gar?on avec lequel elles couchaient. Et je pense que c’?tait son cas. En tout cas, il ?tait hors de question que je fugue avec elle. Mais la mani?re dont elle en parlait… il ?tait clair qu’elle l’envisageait vraiment. » « Est-ce que tu penses que la raison pour laquelle elle voulait fuguer, c’?tait parce qu’elle d?testait vraiment ses parents ? » demanda Kate. « J’imagine. Enfin, c’est la seule v?ritable raison ? laquelle je peux penser qui pourrait l’avoir motiv?e ? vouloir partir de chez elle. En m?me temps… mes parents, ce sont aussi des connards. Mais je n’ai jamais fugu?. » « Non, » dit Barnes. « Tu t’es content? de d?m?nager ? trois kilom?tres, dans le mobile home de ton fr?re. Peut-?tre que Mercy n’avait pas cette possibilit?. » « Mais, » continua Kate, pour ?viter que Barnes ne fasse d?vier le sujet de la conversation. « Est-ce que tu es s?r qu’elle parlait s?rieusement quand elle mentionnait le fait de fuguer ? Elle n’essayait pas juste de t’?pater pour que tu restes avec elle ? » « Non. Mais elle n’arr?tait pas de dire que sa m?re p?terait un c?ble en essayant de la retrouver – pas parce qu’elle aurait sp?cialement envie de la retrouver mais parce qu’elle aurait eu l’impression de s’?tre fait avoir par Mercy. » « Est-ce qu’elle a mentionn? des cas d’abus ou de maltraitance ? la maison ? » demanda DeMarco. « Non. En tout cas… pas r?cemment. Elle m’a juste racont? une fois que sa m?re l’avait tra?n?e et frapp?e au visage quand elle avait onze ou douze ans. » « Et est-ce qu’elle a d?j? mentionn? le fait de vouloir vraiment les tuer ? » demanda Kate. « ? plusieurs reprises. Elle disait des trucs du genre ‘je meurs d’envie de les tuer’. Puis elle se demandait si elle le ferait avec un couteau ou avec une arme. Elle aimait vraiment en parler. Mais je lui disais d’arr?ter. Quand on se voyait, c’?tait juste pour le sexe. Et je n’avais pas envie de l’entendre parler d’assassiner ses parents alors qu’on ?tait sur le point de coucher ensemble, vous voyez ? » Jeremy s’interrompit et les regarda. Kate r?fl?chit ? ce qu’il venait de leur dire. Il leur avait d?j? menti une fois concernant le fait que Mercy ?tait une fille l?g?re et elle se demandait si le reste ?tait ?galement un mensonge. Elle se pencha vers le sh?rif Barnes qui ?tait toujours assis et murmura ? son oreille : « Est-ce qu’on peut se parler un moment en priv? ? » Il hocha la t?te et se leva de sa chaise, sans quitter Jeremy des yeux. Il ne se contenta pas de sortir de la pi?ce – il en sortit d’un air furieux. Sans m?me dire un mot ? Kate et DeMarco qui le suivaient, il alla directement dans son bureau. Il leur tint la porte pour qu’elles puissent entrer et la referma une fois qu’elles furent toutes les deux ? l’int?rieur. Aussi sec, il dit : « Et merde. » « Vous pensez qu’il dit la v?rit? ? » demanda Kate. « Je pense qu’il y a suffisamment de bribes v?ridiques dans son histoire pour qu’elle soit cr?dible. Cette fois o? Wendy Fuller avait frapp? Mercy… ?a s’est vraiment pass?. Mercy a appel? la police. Et elle n’?tait pas triste de l’avoir fait. C’?tait il y a environ cinq ans, mais je m’en rappelle tr?s bien. Elle ?tait vraiment vindicative. Elle voulait vraiment que sa m?re ait des ennuis. Mais finalement, il a suffi de parler un peu avec eux et tout s’est arrang?. Wendy avait un probl?me d’alcoolisme ? l’?poque. D’apr?s ce que je sais, ?a fait maintenant deux ans qu’elle ne boit plus une goutte. Quant au fait que Mercy ha?sse autant ses parents… je ne sais pas quoi en penser. » « Tout ce qu’il vient de nous dire est exactement ? l’oppos? de ce qu’Anne Pettus nous a dit. Elle a dit que Mercy aimait ses parents… qu’ils s’entendaient tr?s bien. » « C’est ce qui me chipote, » dit Barnes. « Jeremy Branch et son fr?re sont des fouteurs de troubles. J’ai arr?t? son fr?re ? deux reprises pour possession de drogues et une fois pour conduite obsc?ne ? l’arri?re de sa camionnette sur une petite route de campagne. Quant ? Jeremy, je ne l’ai arr?t? qu’une seule fois – pour larcin. Mais je me suis toujours dit qu’il ne faudrait pas longtemps avant qu’il devienne un habitu?. » « Est-ce qu’il aurait une raison de mentir sur le fait que Mercy soit potentiellement l’assassin ? » demanda DeMarco. « Je ne sais pas. Mais… son histoire tient la route, non ? La fille en a marre de ses parents, elle les tue et prend la fuite. » Kate hocha la t?te. Elle se rappelait avoir imagin? la sc?ne o? Mercy s’approchait de ses parents et les tuait l’un apr?s l’autre, avant qu’ils ne comprennent ce qu’il se passait. « ?a fait combien de temps que Jeremy vit avec son fr?re ? » demanda Kate. « Je n’en suis pas certain, mais de mani?re d?finitive, peut-?tre depuis un an. Mais m?me avant ?a, il venait de temps en temps vivre avec lui. Son fr?re s’appelle Randy Branch – un fouteur de merde de vingt-cinq ans. Leurs parents ont divorc? il y a environ dix ans. Randy a emm?nag? tout seul d?s qu’il a pu, dans ce vieux mobile home au bord de la for?t. Pendant un temps, je crois que Jeremy a ?t? ballot? entre ses deux parents. Mais ? un moment donn?, leur m?re est partie vivre avec de la famille en Alabama. Apr?s ?a, je pense que leur p?re a juste cess? de s’occuper de lui. » « Mais il vit dans le coin ? » « Oui, sur Waterlick Road. » « Est-ce que vous savez s’il arrive parfois ? Jeremy de rester chez son p?re ? » « Pas personnellement, mais j’ai entendu des rumeurs. Et selon ces rumeurs, Randy aime organiser des f?tes assez chaudes. Dans le style orgies, j’imagine. Et il ne veut pas que Jeremy soit l?. Alors d’apr?s ce que j’ai entendu, les weekends o? il organise ce genre de f?tes, Jeremy va dormir chez son p?re. » Il s’interrompit, puis ajouta, d’un air presque sceptique : « Vous pensez qu’il est possible que Mercy soit l’assassin ? » « Et vous ? » Il haussa les ?paules. « Je ne veux pas y croire, mais ?a commence ? y ressembler. Pour ?tre tout ? fait honn?te, c’est une hypoth?se que j’envisageais d?j? avant votre arriv?e. » « On va garder Jeremy ici un peu plus longtemps, » dit Kate. « Pendant ce temps, est-ce que vous pourriez nous trouver l’adresse et les coordonn?es du p?re de Jeremy ? » « Oui, je vais demander ? Foster de s’en occuper, » dit-il, en prenant son t?l?phone. « Il sera content de pouvoir ajouter des informations aux dossiers de l’enqu?te. » Kate et DeMarco sortirent du bureau et se dirig?rent vers l’entr?e du commissariat. ? voix basse, DeMarco demanda ? Kate : « Est-ce que tu penses que Jeremy Branch dit la v?rit? ? » « Je ne sais pas. Sa version des faits est assez logique et explique bien des choses. Mais je sais ?galement qu’avec toutes les drogues que j’ai trouv?es chez eux, il a toutes les raisons du monde de vouloir couvrir ses arri?res et d’?viter qu’on concentre notre attention sur lui. » « Je ne peux pas m’emp?cher de me demander s’il a quelque chose ? voir dans ces meurtres, » dit DeMarco. « Un gar?on plus ?g?, qui aurait envie de garder une fille plus jeune sous son contr?le. Si elle ha?ssait vraiment ses parents et qu’il ?tait assez fou pour le faire, est-ce qu’il ne pourrait pas ?tre un suspect ? » C’?tait un raisonnement auquel Kate avait ?galement pens?. Et ?a restait une possibilit?. Kate esp?rait qu’une visite au p?re de Jeremy pourrait leur apporter des informations suppl?mentaires. « Agents ? » Elles se retourn?rent et virent Barnes sortir de son bureau. Il tendit une feuille de papier ? Kate et hocha la t?te. « Voici l’adresse de Floyd Branch. Mais je pr?f?re vous pr?venir… Il peut se comporter comme un v?ritable connard. Il n’en a rien ? foutre des badges et de la police. » « On est en pleine journ?e, » dit Kate. « Est-ce que vous pensez qu’il sera chez lui ? » « Oui. Il r?pare de petits moteurs et des trucs dans le genre dans son garage. » Barnes consulta sa montre et sourit. « Il est quinze heures trente, alors je parie qu’il a d?j? commenc? ? picoler. Si j’?tais vous, j’irais tout de suite… avant qu’il soit compl?tement saoul. Vous voulez que je vous accompagne ? C’est un peu un p?quenaud. Je ne sais pas comment le dire d’autre. En voyant deux femmes arriver chez lui, il ne va pas vous prendre au s?rieux. » « ?a s’annonce bien, » dit Kate. « Venez avec nous, sh?rif. Plus on est de fous, plus on rit. » Elle connaissait bien le genre d’hommes que Barnes venait de leur d?crire. Elle en avait d?j? rencontr? beaucoup, surtout dans le Sud. Il y avait des endroits o? les hommes semblaient ne pas avoir ?volu? et o? ils manquaient non seulement de respect aux femmes mais ils ?taient ?galement incapables de les consid?rer comme des ?gales… m?me si elles portaient un badge et une arme. Ils quitt?rent le commissariat ensemble et se dirig?rent vers la voiture que DeMarco avait conduite depuis Washington. Waouh, c’?tait seulement ce matin, pensa-t-elle. Elle repensa ? Allen et aux projets qu’il avait faits pour eux – une escapade dans les montagnes pour d?guster du vin, faire la grasse matin?e et d’autres choses dans un lit qui n’avaient rien ? voir avec le fait de dormir. Et bien qu’elle soit encore un peu triste ? l’id?e d’avoir rat? ce moment, elle devait ?galement admettre qu’elle se sentait enthousiaste ? la perspective de cette affaire qui commen?ait ? prendre forme. Elle avait encore du boulot pour parvenir ? maintenir un bon ?quilibre entre sa vie priv?e et ses activit?s au FBI, mais ? cet instant pr?sent, elle avait l’impression d’?tre exactement ? l’endroit o? elle devait ?tre. CHAPITRE SEPT La propri?t? de Floyd Branch ?tait l’incarnation m?me de tous les st?r?otypes sudistes. Au moment o? DeMarco gara la voiture dans l’all?e recouverte de graviers, une dizaine de chansons country vinrent en t?te ? Kate en voyant le mobile home de Floyd Branch, son jardin et ses quelques possessions ?parpill?es. Le jardin ?tait ? peine mieux entretenu que celui qu’elles avaient vu chez Jeremy. Des morceaux de pelouse autour du mobile home avaient ?t? tondus, avec des herbes mortes ? certains endroits. La tondeuse – un vieux tracteur avec un capot rouill? – ?tait gar?e juste ? c?t? d’un appentis ? l’arri?re de la maison. Deux ?paves de pick-up – dont il manquait toute la partie arri?re – ?taient pos?es sur des blocs en b?ton ? c?t? de l’appentis. Il y avait ?galement un enclos pour chiens, fait de planches en bois, de quelques poteaux en m?tal et de grillage. Quand ils furent gar?s et qu’ils sortirent de voiture, ils entendirent grogner deux pit bulls ? l’int?rieur de l’enclos. Kate, DeMarco et Barnes n’avaient fait que quelque pas avant qu’un homme d’?ge moyen et ? l’allure squelettique sorte de l’appentis. Il portait un balai en main et regardait d’un air f?ch? en direction de l’enclos, en insultant ses chiens. Il remarqua ensuite qu’il avait de la visite. Sa col?re retomba et il jeta le balai dans l’appentis, comme s’il ?tait g?n? de l’avoir en main. « Bonjour, sh?rif. » « Bonjour, Floyd. Comment vas-tu ? » « Bien, j’imagine. Je travaille sur une vieille moto pour la famille Wells. Ce truc est bon pour la casse mais il m’a d?j? pay?, alors… » Il s’interrompit, visiblement distrait en voyant les deux femmes qui se trouvaient de part et d’autre de Barnes. Il avait l’air surpris et l?g?rement excit?. Non pas parce qu’il y avait des femmes sur sa propri?t?, mais plut?t parce que c’?tait quelque chose d’inattendu – quelque chose de nouveau et qui sortait de l’ordinaire. « Floyd, ces deux femmes sont des agents du FBI. Elles aimeraient te poser quelques questions. » « Le FBI ? Mais pourquoi ? Je n’ai rien fait de mal. » « Oh, je ne pense pas non plus, » dit Barnes. « Mais dis-moi, Floyd : ? quand remonte la derni?re fois o? tu as parl? ? Jeremy ? » « Ah merde, qu’est-ce qu’il a fait ? » « On ne sait pas encore, » dit Kate. « Peut-?tre rien du tout. Mais nous sommes venus ici pour nous en assurer. » « Il sortait avec Mercy Fuller, » dit Barnes. « La fille d’Alvin et de Wendy. Il est actuellement au commissariat pour ?tre interrog?. Je pr?f?rais que tu le saches. » « Quoi ? Merde, sh?rif. » Floyd haussa les ?paules et secoua la t?te. « Mais ce n’est pas ?tonnant. Ce gar?on ne me raconte jamais rien. ?a fait probablement trois semaines que je ne l’ai pas vu. Il est rest? quelques jours chez moi pendant que Randy s’occupait de ses affaires. Mais je suis presque s?r qu’il est venu ici il y a quelques jours, quand j’?tais au bar. Il a laiss? la lumi?re allum?e dans sa chambre. Il vient parfois ici pour regarder des films. Principalement des films porno, j’imagine. Un vrai petit barjo. » « Et il ne vous a jamais parl? de Mercy Fuller ? » demanda Kate. « Non. En fait, on se parlait ? peine. Parfois un peu de football. De la tripot?e qu’allaient se prendre les Redskins. Il posait parfois des questions sur sa m?re mais je n’avais pas envie de parler de ?a, vous voyez ? » Il s’interrompit soudain, comme s’il venait subitement d’avoir une id?e. « Merde. Les Fuller ? J’ai entendu parler de ce qui leur est arriv?. Est-ce que Mercy a aussi ?t? tu?e ? » « Non, » dit Barnes. « Mais elle a disparu. » « On a parl? ? Jeremy de la relation qu’il avait avec elle, » dit Kate. « Il nous a dit que Mercy n’aimait pas ses parents et il pense que Mercy a quelque chose ? voir avec leur assassinat. » « Je ne vois pas pourquoi il mentirait ? ce sujet, » dit Floyd. Il n’avait pas l’air choqu? par une telle accusation. En fait, il avait l’air plut?t d?tach? par rapport ? toute la situation, comme si ?a ne le concernait pas du tout. « Ils sortaient ensemble ? » « Jeremy nous a dit que c’?tait uniquement sexuel, » dit DeMarco. « Mais il nous a ?galement dit qu’elle se confiait ? lui – et qu’elle lui avait dit qu’elle ha?ssait ses parents. Qu’elle avait envie de les tuer. » « Excusez-moi de vous poser une question aussi stupide, » dit Floyd, « mais pourquoi vous ?tes l? ? Sh?rif Barnes… vous connaissez probablement mieux Jeremy que moi. » « Est-ce que Jeremy avait une chambre chez vous ? » demanda Kate. « Oui. La derni?re au bout du couloir. » « Est-ce qu’on peut aller y jeter un coup d’?il ? » Floyd h?sita un instant, en ne sachant pas quoi r?pondre. Il regarda Barnes comme s’il cherchait une aide ou une forme de soutien. « Tu as quelque chose dans ce mobile home qui ne devrait pas s’y trouver, Floyd ? » demanda Barnes. Au lieu de r?pondre ? la question de mani?re directe, Floyd se contenta de demander : « Vous allez seulement dans la chambre de Jeremy, c’est bien ?a ? » « Pour l’instant, oui, » dit Barnes, d’un ton sceptique. « Merci, Floyd. » Barnes accompagna Kate et DeMarco jusqu’au mobile home. En montant les marches branlantes qui menaient au porche, Kate jeta un rapide coup d’?il en direction de Floyd Branch. Il se dirigeait ? nouveau vers son appentis, visiblement indiff?rent ? la conversation qu’ils venaient d’avoir. « Il n’?tait pas aussi d?sagr?able que ?a, finalement, » dit Kate. « Il n’a pas encore commenc? ? picoler, c’est pour ?a. » Ils entr?rent dans le mobile home et Kate fut surprise par ce qu’elle vit. Elle s’?tait attendue ? ce que l’int?rieur soit dans un ?tat lamentable, en d?sordre et encombr?. Mais apparemment, Floyd poss?dait tr?s peu de choses et l’endroit ?tait assez bien rang?, bien qu’il y flotte le m?me genre d’odeur que Kate avait sentie dans le mobile home de son fils : une odeur de bi?re et une odeur ?cre qui devait probablement ?tre des restes de marijuana. Le couloir ?tait ?troit et donnait sur trois pi?ces : une chambre ? coucher, une salle de bains, et une plus petite chambre vers le fond. Kate et DeMarco entr?rent dans la chambre de Jeremy, tandis que Barnes restait en arri?re. « Appelez-moi si vous avez besoin d’aide, » dit-il. « Mais il y a ? peine la place pour vous deux, alors je vais vous attendre ici. » Il avait raison. La chambre ?tait tr?s petite et ?tait essentiellement occup?e par un matelas pos? sur le sol et un vieux bureau o? ?taient empil?s des DVD et des CD. Une petite t?l? et un lecteur DVD poussi?reux ?taient pos?s par terre au pied du matelas, avec leurs c?bles serpentant sur le sol. Un t?l?phone portable se trouvait sur la t?l?, connect? ? un chargeur qui ?tait branch? ? un adaptateur multiprises, qui alimentait ?galement la t?l?, le lecteur DVD et le petit ventilateur de la fen?tre. Kate prit le t?l?phone en main. C’?tait un iPhone ancien mod?le. Quand elle appuya sur le bouton pour l’allumer, l’?cran s’afficha directement. Il n’y avait pas de mot de passe. Sur l’?cran d’accueil, il n’y avait que quelques applis : quelques jeux, les param?tres du t?l?phone, le dossier photos et l’horloge. C’?tait un t?l?phone sans service, mais qui pouvait ?tre utilis? pour jouer. Kate avait quelques amis qui avaient permis ? leurs enfants d’avoir ce genre de t?l?phone. Avant de leur donner un t?l?phone enti?rement connect?, ils avaient autoris? leurs enfants ? avoir un appareil offrant des services limit?s, juste pour envoyer des messages ? certaines personnes et jouer ? des jeux qui ne n?cessitaient pas une connexion wifi. Derri?re elle, DeMarco fouillait dans les dvd. « Floyd ne plaisantait pas quand il disait que son fils venait ici pour regarder des films porno. La moiti? de ces dvd sont des films porno amateurs. L’autre moiti? sont des vid?os ? caract?re sexuel de type Cinemax. » Kate continua ? fouiller dans le t?l?phone. Elle ouvrit le dossier photos, qui ?tait bien rempli. Certains clich?s montraient des filles qui faisaient la f?te. Quelques-unes d’entre elles ?taient seins nus. Certaines s’embrassaient et il ?tait clair qu’elles ?taient soules. Il y avait ?galement quelques vid?os assez courtes. Elle continua ? chercher dans le dossier jusqu’? ce qu’elle arrive ? une vid?o qui faisait presque cinq minutes. La vignette de la vid?o montrait le visage de Mercy Fuller. Elle appuya sur le bouton Play et il lui fallut moins de trois secondes pour comprendre ce qu’elle avait devant les yeux avant de la refermer. Dans la vid?o, Mercy ?tait couch?e sur le dos et elle ?tait film?e d’en haut. Le directeur ?tait apparemment Jeremy, qui l’avait film?e au cours d’une relation sexuelle assez brutale. Mais ce n’?tait pas forc?, d’apr?s les g?missements de plaisir qui sortaient de la bouche de Mercy. « Mon dieu, » dit Kate, en sortant du dossier photos. « C’?tait quoi ? » demanda DeMarco. « La preuve que Jeremy Branch nous a dit la v?rit? concernant au moins une chose : ils couchaient bien ensemble. » Bien que le t?l?phone n’ait aucun acc?s aux contacts – il n’en avait pas besoin, vu que le t?l?phone ne permettait pas de passer des coups de fil – Kate remarqua qu’il y avait n?anmoins quelques ?changes de messages. Elle ouvrit les messages et y trouva seulement trois conversations. L’une d’entre elles ?tait avec un contact appel? FR?ROT et il ?tait clair qu’il s’agissait d’un ?change entre Jeremy et son fr?re, Randy. Une autre des conversations ?tait avec un type du nom de Chuck, o? ils parlaient des c?l?brit?s avec lesquelles ils aimeraient coucher et pourquoi. Le troisi?me ?change de messages venait d’un contact que Jeremy avait appel? PLAN CUL. La petite photo au-dessus du nom ?tait celle de Mercy Fuller, avec la t?te l?g?rement pench?e sur le c?t? et la bouche en c?ur. « Il se pourrait que j’ai trouv? quelque chose, » dit Kate. DeMarco s’approcha d’elle et elles se mirent ? lire l’?change de messages. Il y en avait beaucoup et ils s’?talaient sur plusieurs mois. La vaste majorit? consistait en des messages assez longs de Mercy avec des r?ponses tr?s br?ves, souvent d’un seul mot, de la part de Jeremy. Plus elles lisaient, plus il devenait clair que Jeremy Branch leur avait menti. Il avait peut-?tre dit la v?rit? concernant la nature de leur relation, mais la description qu’il avait faite concernant Mercy et ses parents ?tait compl?tement fausse. Et cela soulevait une question tr?s importante. S’il leur avait menti ? ce sujet, qu’est-ce qu’il pouvait bien leur cacher d’autre ? CHAPITRE HUIT Kate rentra dans la salle d’interrogatoire aussi calmement que possible. DeMarco l’accompagnait et bien qu’elle soit elle aussi ?nerv?e, elles avaient convenu que Kate allait mener ce deuxi?me tour d’interrogatoire. Barnes ?tait ?galement rest? en retrait et passait quelques coups de fils en relation avec d’autres affaires en cours. Kate s’assit en face de Jeremy, le regard vide. Elle remarqua tout de suite que Jeremy ?tait nerveux. Ses yeux passaient de Kate ? DeMarco, avant de regarder la table qui les s?parait. « La bonne nouvelle, c’est que tu mens tr?s bien, » dit Kate. « La mauvaise, c’est que tu n’es pas particuli?rement intelligent. » Jeremy resta silencieux. Il restait assis l?, l’air hagard, en attendant de voir o? cette conversation allait les mener. Kate sortit le vieux t?l?phone de sa poche et le posa sur la table. « Tu as laiss? ?a dans ta chambre chez ton p?re, » dit-elle. « Avec tous tes films porno. On a vu que tu avais ?galement quelques vid?os amateurs dans ce t?l?phone. En voyant l’expression de ton visage, j’en d?duis que tu sais d?j? qu’on y a trouv? plus que des photos compromettantes. » Jeremy restait toujours silencieux. Ce n’?tait pas de l’arrogance, il ?tait tout simplement perdu. Il n’avait rien ? dire. Alors Kate continua, en se disant qu’il finirait bien par parler. « Dans ce t?l?phone, on a trouv? de tr?s longues conversations entre toi et Mercy Fuller, » dit Kate. « ? plusieurs reprises au cours de ces conversations, elle parle de ses parents – et surtout de son p?re. ? un moment, elle dit m?me avoir le p?re le plus cool au monde, exception faite de ses go?ts musicaux. Elle dit ?galement qu’elle aimerait que tu les rencontres, ne serait-ce que pour go?ter la succulente lasagne que pr?pare sa m?re. Elle raconte ?galement combien elle est excit?e ? l’id?e d’aller ? l’universit? et que la seule chose qu’elle craint au moment o? elle partira faire ses ?tudes, c’est que ses parents se sentent seuls. Alors… ?a ne ressemble pas du tout ? une fille qui d?teste ses parents et encore moins ? une fille qui aurait eu l’intention de les tuer. » Jeremy tendit lentement la main vers le t?l?phone. Kate le prit rapidement en main et se leva de sa chaise. « Pourquoi nous as-tu menti, Jeremy ? Tu nous caches quelque chose ? » « Non, » dit-il. « Je voulais juste que vous perdiez un peu de temps avant de vous en prendre ? moi. Dans ce pays de cons, les lois sont faites pour chercher des noises ? des gens comme mon fr?re. Mon p?re a ?galement eu son lot de probl?mes dans le pass?. » « Tu essayais de tenir t?te aux autorit?s ? » demanda Kate. « Ce n’est vraiment pas une preuve d’intelligence. Tu as non seulement cherch? ? manipuler une enqu?te locale en faisant perdre son temps ? la police, mais tu as aussi entrav? une affaire f?d?rale. Et vu la quantit? de drogues que j’ai retrouv?e chez ton fr?re, ta petite com?die – ton histoire ? la con – pourrait t’attirer de gros ennuis. » Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51922858&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.