Êàêîå, â ñóùíîñòè, íåëåïîå çàíÿòèå ïèñàòü ñòèõè: ......................è "ãëàç ëóíû", è "ñîëíöà äèñê" êàê ìèð ñòàðû. ............................Äóøè øèðîêèå îáúÿòèÿ òîëïå íàâñòðå÷ó ðàñïàõíóòü... - ................................................ïîäîáíûé ðèñê ê ÷åìó òåáå? - ........................Ãëóõîé ñòåíîé - íåïîíèìàíèå; ðàçäàâëåí òÿæåñòüþ

Si elle s’enfuyait

Si elle s’enfuyait Blake Pierce « Un chef-d’?uvre de thriller et de myst?re. Blake Pierce est parvenu ? cr?er des caract?res avec un c?t? psychologique tellement bien d?crit, que nous avons l’impression de pouvoir entrer dans leur esprit, suivre leurs peurs et nous r?jouir de leurs succ?s. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’? la derni?re page. » --Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Une fois partie)SI ELLE S’ENFUYAIT (Un myst?re Kate Wise) est le volume 5 d’une nouvelle s?rie thriller psychologique par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de Une fois partie (volume 1) (t?l?chargement gratuit), un bestseller n?1 ayant re?u plus de 1 000 critiques ? cinq ?toiles. Quand une autre femme de 50 ans est retrouv?e morte chez elle dans un quartier chic – la deuxi?me victime en moins de deux mois – le FBI est perplexe. Ils font appel ? leur agent le plus brillant – Kate Wise, 55 ans et ? la retraite – pour reprendre du service et les aider ? ?lucider cette affaire. Qu’est-ce que ces deux victimes ont en commun ? Ont-elles ?t? sp?cifiquement cibl?es ?Combien de temps leur reste-t-il avant que le tueur ne frappe ? nouveau ?Et est-ce que Kate, qui n’est plus ? son apog?e, est toujours capable d’?lucider des affaires compliqu?es ?Un thriller riche en action avec un suspense qui vous tiendra en haleine, SI ELLE S’ENFUYAIT est le volume 5 d’une fascinante nouvelle s?rie qui vous fera tourner les pages jusqu’? des heures tardives de la nuit.Le volume 6 dans la s?rie MYST?RE KATE WISE sera bient?t disponible. si elle s’enfuyait (un myst?re kate wise—volume 5) b l a k e p i e r c e Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie ? succ?s myst?re RILEY PAIGE, qui comprend quinze volumes (pour l’instant). Black Pierce est ?galement l’auteur de la s?rie myst?re MACKENZIE WHITE, comprenant douze volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re AVERY BLACK, comprenant six volumes (pour l’instant) ; et de la s?rie myst?re KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; la s?rie myst?re LES ORIGINES DE RILEY PAGE, comprenant trois volumes (pour l’instant), la s?rie myst?re KATE WISE, comprenant trois volumes (pour l’instant), de la s?rie de myst?re psychologique CHLOE FINE, comprenant trois volumes (pour l’instant), et de la s?rie ? suspense psychologique JESSIE HUNT, comprenant trois volumes (pour l’instant). Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) afin d’en apprendre davantage et rester en contact. Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d'autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou qu'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright andreiuc88, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER PARFAIT (Volume 2) LA MAISON PARFAITE (Volume 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) MANQU? (Tome 16) S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11) AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12) AVANT QU’IL NE HARC?LE (Volume 13) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#u05833e52-f018-5499-a46a-486063be772c) CHAPITRE UN (#ufa222a8c-c7e7-5b64-b3bf-4aa0c641fd74) CHAPITRE DEUX (#u768aec7f-f22d-5902-8bee-00b319045510) CHAPITRE TROIS (#ufb5090b6-839c-5fa8-a230-3aa5ab04a891) CHAPITRE QUATRE (#ua135c94f-d52e-51c8-9239-41da5ac82517) CHAPITRE CINQ (#ufcbd3474-6c60-55eb-be4a-602039f424a4) CHAPITRE SIX (#uf04fcee0-8d07-5620-9c51-46eb56c30ace) CHAPITRE SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) PROLOGUE La plupart du temps, Karen Hopkins aimait travailler de chez elle. Elle ?tait pas mal occup?e et c’?tait plut?t une bonne nouvelle, vu que sa petite entreprise d’optimisation Web ?tait seulement suppos?e ?tre un ?-c?t? mais ?a avait fini par devenir une occupation ? temps plein – ce qui leur permettrait, ? son mari G?rald et ? elle-m?me, de prendre leur retraite dans deux ou trois ans. Mais il y avait des jours o? les clients ?taient tellement stupides qu’elle se prenait ? regretter l’?poque o? elle ne travaillait pas pour elle. La possibilit? de pouvoir passer des clients difficiles ? un sup?rieur hi?rarchique lui aurait tr?s souvent rendu service. Elle fixait un email des yeux, en se demandant comment r?pondre ? la b?te question de son client sans avoir l’air impolie. Une de ses playlists de musique classique passait actuellement sur Spotify – mais pas le genre de musique avec trop d’instruments ? cordes qui ne permettaient pas d’entendre le piano. Non, elle pr?f?rait les airs avec seulement du piano. Elle essayait actuellement de profiter du Gymnop?die No. 1 d’Erik Satie. Et si elle insistait sur le mot essayer, c’est parce qu’elle ?tait distraite par l’email et par les questions que lui posait l’homme qui se trouvait dans le salon. Son bureau ?tait s?par? du salon par un mur et ? chaque fois que l’homme avait une question, il la lui criait de loin. Il avait l’air sympathique mais elle commen?ait ? se dire qu’elle aurait mieux fait de ne jamais l’appeler. « C’est un magnifique tapis que vous avez l?, » dit-il, en beuglant ? travers le mur et la distrayant ? nouveau de ce fichu email. « C’est un tapis d’Orient ? » « Je pense, » dit Karen, en criant au-dessus de son ?paule. Elle avait le dos tourn? ? l’entr?e qui menait au couloir et au salon qui se trouvait au-del?, et elle devait parler assez fort pour qu’il puisse l’entendre. Elle essayait de parler sur un ton poli… joyeux, m?me. Mais c’?tait difficile. Elle ?tait trop distraite. Cet email ?tait important. C’?tait un client habituel qui comptait lui assigner encore plus de travail dans les mois ? venir, mais les gens qui g?raient son entreprise semblaient apparemment ?tre de v?ritables idiots. Elle commen?a ? taper sa r?ponse, en choisissant soigneusement chacun de ses mots. C’?tait difficile de garder un ton professionnel et correct quand on ?tait irrit? et qu’on mettait en doute l’intelligence de la personne ? laquelle on s’adressait. Elle le savait tr?s bien, vu que c’?tait quelque chose ? laquelle elle ?tait confront?e plusieurs fois par mois. Mais ? peine quelques secondes plus tard, l’homme dans le salon se remit ? parler. Karen fit la grimace, en souhaitant ne l’avoir jamais appel?. C’?tait vraiment un mauvais timing. ? quoi avait-elle pens? ? ?a aurait tr?s bien pu attendre le weekend, finalement. « Vous avez de tr?s jolies photos de vos enfants sur la chemin?e. Combien en avez-vous ? Trois ? » « Oui. » « Ils ont quel ?ge maintenant ? » Elle dut se mordre la langue pour ne pas se mettre ? l’insulter. C’?tait important de garder les apparences. De plus, il ?tait possible qu’elle ait ? nouveau besoin de ses services. « Oh, ils sont tous grands maintenant – vingt ans, vingt-trois ans et vingt-sept ans. » « De tr?s beaux enfants, en tout cas, » r?pondit-il. Puis il redevint silencieux. Elle l’entendit bouger dans le salon et fredonner ? voix basse. Il lui fallut un moment pour r?aliser qu’il fredonnait l’air qui venait de son bureau et elle se retrouvait ? devoir supporter une version alternative du morceau de Satie. Elle leva les yeux au ciel. Elle aurait vraiment aim? qu’il reste silencieux. Bien s?r, elle l’avait appel? pour effectuer un boulot mais il lui tapait sur les nerfs. Est-ce que normalement les travailleurs ne se contentaient-ils pas de venir faire leur boulot en silence et de repartir comme ils ?taient venus ? C’?tait quoi, le probl?me de ce type ? « Merci, » parvint-elle ? dire, tout en n’aimant pas vraiment l’id?e que ce type soit occup? ? regarder des photos de ses enfants. Elle baissa la t?te et retourna ? son email. Mais ce fut peine perdue. Apparemment, son visiteur avait d?cid? qu’il allait continuer ? avoir une conversation ? travers le mur. « Ils vivent dans le coin ? » demanda-t-il. « Non, » dit-elle. Son ton fut plut?t sec cette fois-ci. Elle tourna m?me la t?te avant de lui r?pondre, afin qu’il puisse discerner l’irritation dans sa voix. Elle n’avait pas l’intention de lui dire o? vivaient ses enfants. Dieu seul sait quelles autres questions il pourrait encore poser si elle l’encourageait. « Je vois, » dit-il. Si elle n’avait pas ?t? aussi pr?occup?e par l’email devant elle, elle aurait peut-?tre trouv? qu’il y avait quelque chose d’inqui?tant dans le silence qui suivit cette question. C’?tait un silence lourd de significations, comme si quelque chose ?tait sur le point d’arriver. « Vous attendez de la visite aujourd’hui ? » Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais cette question lui fit soudain peur. C’?tait une question ?trange venant d’une personne qu’elle ne connaissait pas, surtout d’un homme qu’elle avait engag? pour effectuer un boulot. Et est-ce qu’il n’y avait pas aussi quelque chose de bizarre dans le ton de sa voix ? Maintenant pr?occup?e, elle s’?loigna de son ordinateur. Il y avait quelque chose de bizarre chez cet homme. Et elle n’?tait plus seulement agac?e par ses questions, elle commen?ait aussi ? ?tre vraiment effray?e. « J’ai des amis qui vont venir prendre le caf?, » dit-elle, en mentant. « Mais je ne suis pas s?re de l’heure. La plupart du temps, ils viennent quand ils veulent. » Elle n’entendit aucune r?ponse en retour et elle fut encore plus effray?e. Karen se leva lentement de sa chaise et se dirigea vers la porte qui s?parait son bureau du salon. Elle jeta un coup d’?il pour voir ce qu’il faisait. Il n’?tait pas l?. Ses outils ?taient toujours l?, mais lui, il n’?tait nulle part en vue. Appelle la police… Cette pens?e lui vint tout de suite en t?te et elle savait que c’?tait une bonne id?e. Mais elle savait ?galement qu’elle avait tendance ? exag?rer. Peut-?tre qu’il ?tait seulement retourn? ? sa camionnette… C’est impossible, pensa-t-elle. Est-ce que tu as entendu la porte s’ouvrir et se refermer ? De plus, il a tout de suite commenc? ? bavarder. Il te l’aurait dit s’il ?tait sorti… Elle avan?a de quelques pas dans le salon et se figea sur place. « O? ?tes-vous ? » dit-elle, d’une voix l?g?rement tremblante. Aucune r?ponse. Il y a quelque chose qui cloche, hurla une voix dans sa t?te. Appelle tout de suite la police ! Terrifi?e, Karen sortit lentement du salon ? reculons. Elle se tourna vers son bureau, o? se trouvait son t?l?phone portable. Au moment o? elle se retourna, elle heurta quelque chose de dur. Pendant une fraction de seconde, elle sentit une odeur de transpiration. C’est ? ce moment-l? que quelque chose passa autour de son cou et commen?a ? serrer. Karen Hopkins lutta pour essayer de s’en d?barrasser. Mais plus elle luttait, plus cette chose se serrait autour de sa nuque. C’?tait quelque chose de tranchant, qui s’enfon?ait de plus en plus profond?ment au fur et ? mesure qu’elle se d?battait. Elle sentit un l?ger filet de sang couler sur sa poitrine et elle commen?a ? avoir du mal ? respirer. Mais elle continua n?anmoins ? se d?battre, faisant tout ce qu’elle pouvait pour amener son assaillant dans son bureau pour pouvoir prendre son t?l?phone. Elle sentit encore du sang couler le long de son cou, mais juste un l?ger ruissellement. Cette chose se mit ? se serrer de plus en plus. Ses jambes commenc?rent ? flancher ? quelques m?tres de son bureau. Elle vit l’ordinateur qui se trouvait devant elle. Elle vit l’?cran blanc, avec un email incomplet qu’elle n’enverrait jamais. Elle regarda le curseur clignoter, dans l’attente du mot suivant. Mais il ne viendrait jamais. CHAPITRE UN Une des nombreuses choses qui surprenaient Kate Wise ? l’?ge de cinquante-cinq ans (cinquante-six dans quelques semaines), c’?tait le fait que se pr?parer pour un rencard la rendait toujours aussi anxieuse qu’une adolescente. Est-ce qu’elle s’?tait bien maquill?e ? Pas de trop ? Est-ce qu’elle devrait commencer ? se teindre les cheveux pour couvrir les m?ches grises qui l’envahissaient de plus en plus ? Est-ce qu’elle devrait porter un soutien-gorge confortable ou plut?t un soutien-gorge qu’Allan aurait facile ? enlever ? C’?tait une nervosit? plut?t agr?able, qui lui rappelait qu’elle ?tait d?j? pass?e par l? auparavant. Au cours de la premi?re ann?e qui avait suivi son mariage, elle avait ressenti le m?me genre de nervosit?. Mais maintenant avec Alan, le premier homme avec lequel elle soit sortie depuis la mort de Michael, elle avait red?couvert ce que ?a signifiait d’avoir un rencard avec un homme. Sa relation avec Alan ?tait rapidement devenue tr?s facile. Ils avaient tous les deux cinquante-cinq ans et ils n’avaient pas de temps ? perdre – ils savaient tacitement que si cette relation allait mener quelque part, ils devaient s’y impliquer ? fond. Et c’est exactement ce qu’ils avaient fait jusqu’? maintenant. Et ?a avait ?t? plut?t incroyable. Ce soir, ils allaient d?ner, voir un film et revenir chez elle, o? ils passeraient la nuit ensemble. C’?tait une autre chose que leur ?ge leur permettait de faire : de passer outre le doute de savoir s’ils allaient ou pas faire l’amour. La r?ponse ? cette question avait ?t? un oui sans ?quivoque depuis des mois – un oui qui les amenait ? passer la nuit ensemble apr?s chacun de leurs rencards (une chose de plus qui surprenait Kate sur le fait de sortir avec un homme ? l’?ge de cinquante-cinq ans). Alors qu’elle mettait du rouge ? l?vres – juste un petit peu, comme aimait Alan – elle fut surprise d’entendre frapper ? sa porte d’entr?e. Elle consulta sa montre et vit qu’il ?tait seulement 18h35. Elle n’attendait pas Alan avant 19h. Elle sourit, en supposant qu’il ?tait venu plus t?t. Peut-?tre qu’il voulait changer l’ordre dans leur rendez-vous et commencer par la chambre ? coucher. L’id?e de se d?shabiller alors qu’elle venait juste de s’habiller ne l’enchanta pas, mais ?a en vaudrait s?rement la peine. Avec un sourire aux l?vres, elle quitta sa chambre ? coucher, traversa la maison et ouvrit la porte. Quand elle vit M?lissa sur le pas de la porte, elle passa rapidement par plusieurs ?motions : la surprise, la d?ception et la pr?occupation. M?lissa portait en main le si?ge b?b?, o? Michelle ?tait install?e. Quand Michelle vit sa grand-m?re, elle se mit ? gazouiller et ? gesticuler de ses petites mains. « Salut, M?lissa, » dit Kate. « Viens, entre. » M?lissa entra, avant de froncer les sourcils en regardant sa m?re. « Merde. Tu avais pr?vu de sortir ? Un rendez-vous avec Alan ? » « Oui. Il arrivera dans une vingtaine de minutes. Pourquoi ? Il y a quelque chose qui ne va pas ? » Ce fut ? ce moment-l?, alors qu’elles s’asseyaient sur le divan, que Kate remarqua que M?lissa avait l’air troubl?e. « J’avais esp?r? que tu aurais pu t’occuper de Michelle ce soir. » « M?lissa… j’adorerais, tu le sais bien. Mais comme tu peux le voir, j’avais d?j? des projets pour ce soir. Est-ce que… tout va bien ? » M?lissa haussa les ?paules. « J’imagine… je ne sais pas. Terry est bizarre depuis quelques temps. En fait, il est bizarre depuis qu’on a eu peur concernant la sant? de Michelle. Il est comme absent parfois, tu vois ? C’est pire depuis quelques jours et je ne sais pas pourquoi. » « Donc vous avez besoin de passer un peu de temps ensemble ? De sortir tous les deux ? » M?lissa secoua la t?te, en fron?ant les sourcils. « Non. Il faut qu’on ait une discussion. Une discussion s?rieuse et tr?s longue. Et il se pourrait que le ton monte. Et bien qu’il ait ?t? distant depuis quelques temps, on a toujours ?t? d’accord sur le fait qu’on n’allait jamais se crier dessus avec Michelle ? la maison. » « Est-ce qu’il… est-ce qu’il te maltraite ? » « Non, pas du tout. » Kate baissa les yeux vers le si?ge b?b? et en sortit lentement Michelle. « Lissa, tu aurais d? m’appeler pour me pr?venir. » « J’ai essay? de t’appeler il y a une heure. ?a a sonn? quelques fois avant de tomber sur la messagerie vocale. » « Ah merde. Je l’ai laiss? en mode silencieux apr?s ?tre all?e chez le dentiste. Je suis vraiment d?sol?e. » « Non, c’est moi qui suis d?sol?e. Je n’aime vraiment pas l’id?e de te demander cette faveur en derni?re minute, alors que tu as visiblement d?j? pr?vu quelque chose. Mais… je ne sais pas quoi faire d’autre. Je suis d?sol?e d’avoir l’air de profiter de toi, mais tu es… je n’ai personne d’autre que toi, maman. Et derni?rement, j’ai l’impression que tu es pass?e ? autre chose. Tu as Allan et ton boulot au FBI. J’ai l’impression que tu m’oublies… que Michelle et moi, on est devenu accessoire. » Kate ressentit de la peine en entendant ces mots. Elle assit Michelle sur ses genoux, en tenant ses petites mains et en la ber?ant l?g?rement. « Je ne vous ai pas oubli?es, » dit Kate. « Au contraire, je pense que j’essaye de me red?couvrir. ? travers le boulot, ? travers ma relation avec Alan… mais aussi ? travers toi et Michelle. Tu n’as jamais ?t? un accessoire. » « Je suis d?sol?e. Je n’aurais pas d? venir sans t’avoir pr?venue. On peut faire ?a une autre fois, peut-?tre dans quelques jours… qu’est-ce que tu en penses ? » « Non, » dit Kate. « Faites ?a ce soir. » « Mais ton rendez-vous… » « Alan comprendra. Tu sais, il aime beaucoup Michelle… » « Maman… tu es s?re ? » « Absolument. » Elle se pencha en avant et prit M?lissa dans ses bras. Michelle se tortilla sur ses genoux, en essayant d’attraper une m?che de cheveux de sa grand-m?re. « J’ai aussi ?t? tr?s effray?e quand Michelle a d? faire tous ses examens ? l’h?pital, » dit-elle. « Peut-?tre que Terry n’a pas encore r?ussi ? le surmonter. Laisse-lui une chance de s’expliquer. Et s’il n’est pas gentil avec toi, rappelle-lui que ta m?re poss?de une arme. » M?lissa se mit ? rire et Michelle en fit de m?me, en frappant dans ses deux petites mains potel?es. « Dis ? Alan que je suis d?sol?e, » dit M?lissa. « Je le ferai. Et si ?a ne va pas ce soir, n’h?site pas ? m’appeler. Tu peux toujours rester ici si tu as besoin de t’?loigner quelques temps. » M?lissa hocha la t?te et embrassa Michelle sur le front. « Tu seras gentille avec mamy, OK ? » Michelle ne r?pondit rien. Elle ?tait bien trop occup?e ? essayer de tirer sur l’un des boutons de la chemise de Kate. Kate regarda M?lissa partir, en remarquant combien elle avait l’air pr?occup?e. Kate se demanda si la situation n’?tait pas pire que ce qu’elle avait bien voulu lui dire. Une fois que la porte se fut referm?e, Kate baissa les yeux vers Michelle et lui sourit. Michelle lui sourit en retour et tendit la main vers le nez de sa grand-m?re. « Est-ce que maman est heureuse ? la maison ? » demanda Kate. « Est-ce que tout va bien entre papa et maman ? » Michelle lui attrapa le nez et le pin?a. Kate grima?a et lui tira la langue, en se disant que s’occuper de Michelle ?tait ?galement un rendez-vous qui en valait vraiment la peine. *** Quand Kate ouvrit la porte ? Alan quinze minutes plus tard, il eut l’air heureux mais aussi surpris. Ses yeux p?tillaient comme toujours quand il voyait Kate. Puis il vit le b?b? de dix mois dans ses bras et ses yeux se r?tr?cirent d’un air ?tonn?. Mais ?a ne l’emp?cha pas de sourire car, comme Kate l’avait dit ? M?lissa une demi-heure plus t?t, Alan adorait vraiment Michelle. « Je pense qu’elle est un peu trop jeune pour tenir la chandelle, » dit Alan. « Je sais. ?coute, Alan, je suis d?sol?e. Mais il y a eu un changement de plans… il y a ? peine une demi-heure. M?lissa et Terry ont des soucis de couple. Terry est devenu tr?s distant et bizarre. Il faut qu’ils discutent de certaines choses… » Alan haussa les ?paules d’un air nonchalant. « Je suis toujours autoris? ? entrer ? » « Bien s?r. » Il les embrassa toutes les deux – d’abord Kate sur les l?vres, puis Michelle sur le front – avant d’entrer. Kate sentit une bouff?e d’amour l’envahir. Il ?tait tr?s beau, comme ? son habitude. Il s’?tait bien habill? pour leur rendez-vous, mais sans en faire de trop non plus. Il parvenait toujours ? s’habiller d’une mani?re qui lui permettait tout aussi bien d’aller boire un verre sur la plage que d’aller dans un restaurant hupp? en ville. « Tu penses que ?a va aller entre eux ? » demanda Alan. « Je pense. Je crois que tous ces examens m?dicaux que Michelle a d? subir ont affect? Terry. Il commence seulement ? s’en rendre compte et ?a a des r?percussions sur leur mariage. » « C’est une situation difficile, » dit Alan. Il ouvrit les bras en direction de Michelle et elle tendit tout de suite ses petites mains potel?es vers lui. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Alan regarda ensuite Kate avec un peu de pr?occupation dans les yeux. « Elle n’a m?me pas appel? pour te pr?venir ? » demanda-t-il. « Elle a essay? et… merde. Mon t?l?phone est toujours en mode silencieux. Je suis all?e ? une consultation chez le dentiste. » Elle sortit son t?l?phone de son sac et r?activa la sonnerie. Elle vit tout de suite l’appel manqu? de M?lissa. « Tu sais, on peut passer la soir?e ici, » dit Alan. « On peut commander dans un restaurant tha?landais et regarder un film. Et terminer comme pr?vu. » Il eut un petit sourire coquin ? ces derniers mots. Kate hocha la t?te et sourit, mais son attention ?tait toujours tourn?e vers son t?l?phone. Elle avait manqu? un autre appel, venant d’un num?ro qui avait essay? d’appeler deux fois, en laissant un message la derni?re fois. C’?tait un appel de Washington – du directeur Duran. « Kate ? » Elle cligna des yeux et leva les yeux vers lui. Elle n’aimait pas la sensation d’avoir ?t? prise en flagrant d?lit. « ?a va ? » « Oui. C’est juste… que j’ai aussi re?u un appel du boulot. Il y a trois heures. » « Rappelle-les, alors, » dit Alan. Il faisait semblant de danser avec Michelle et bien qu’il ait un sourire aux l?vres, Kate put discerner une pointe d’irritation dans sa voix. Mais elle savait aussi qu’il insisterait si elle refusait de rappeler. « Je reviens tout de suite, » dit-elle, en allant dans la cuisine pour rappeler Duran. Le t?l?phone sonna deux fois avant qu’il r?ponde. Et en un mot aussi simple que « All?, » Kate comprit tout de suite que Duran ?tait ?nerv?. « Kate, enfin ! O? est-ce que vous ?tiez ? » « Mon t?l?phone ?tait en mode silencieux. D?sol?e. Qu’est-ce qui se passe ? » « On a une affaire dans l’Illinois – deux meurtres qui semblent avoir un lien entre eux mais sans aucune preuve formelle. La police locale est perplexe, et le bureau de Chicago a mentionn? le fait que vous connaissiez bien la r?gion… vous vous rappelez l’affaire Fielding que vous avez r?solue en 2002 ? Ils peuvent mettre leurs propres agents sur l’affaire mais ils ont demand? si ?a vous int?resserait de vous en occuper. Ils sont enthousiastes ? l’id?e que vous reveniez. » « Quand ? » « Je voudrais que vous preniez un avion ce soir. Pour que vous et DeMarco soyez sur place demain ? la premi?re heure. » « Qu’est-ce qu’on sait sur l’affaire ? » « Je peux vous envoyer ce que j’ai, mais on n’a pas encore toutes les informations. On doit encore recevoir des rapports de la police scientifique, etc. Je peux compter sur vous ? » Kate regarda en direction d’Alan, qui dansait toujours avec Michelle. Elle lui frappait le nez et la bouche, pendant qu’il lui chantait un air de Bob Dylan. Si elle acceptait l’enqu?te, elle devrait rappeler M?lissa pour lui dire qu’elle ne pouvait pas garder Michelle. Pas ce soir. Et elle devrait ?galement annuler ses projets avec Alan. « Et si je ne peux pas me lib?rer ? » demanda-t-elle ? Duran. « Alors je passerai l’affaire au bureau de Chicago. Mais je pense vraiment que vous ?tes la personne qu’il nous faut pour cette enqu?te. Tout ce qu’il faut que vous fassiez, c’est trouver quelques pistes et lancer l’enqu?te. Apr?s ?a, les agents de Chicago pourront prendre la rel?ve. » « Je peux y r?fl?chir ? » « Kate, il faut que je sache maintenant. Je dois informer la police locale et le bureau de Chicago. » Au fond d’elle, elle savait ce qu’elle voulait faire. Elle voulait accepter l’affaire. Elle en avait vraiment envie. Et si ?a faisait d’elle une ?go?ste, alors… alors quoi ? Il y avait une ?norme diff?rence entre le fait de faire passer sa famille en premier et se refuser le droit de vivre sa propre vie. Elle savait que si elle refusait cette enqu?te, juste parce qu’elle avait accept? de s’occuper en derni?re minute de Michelle, elle en voudrait tant ? Michelle qu’? M?lissa. Ce n’?tait pas facile ? accepter, mais c’?tait la v?rit? pure et dure. « OK, oui, comptez sur moi. ? quelle heure est pr?vu le vol ? » « C’est DeMarco qui s’en occupe, » dit Duran. « Elle ne va pas tarder ? vous appeler. » Kate raccrocha et regarda Alan et Michelle. En voyant l’expression tendue sur le visage d’Alan, elle sut qu’il avait entendu la conversation. « Quand est-ce que tu pars ? » demanda-t-il. « Je ne sais pas. C’est DeMarco qui s’occupe de r?server les vols, mais ce sera ce soir. Alan… je suis d?sol?e. » Il resta silencieux et d?tourna le regard, en s’asseyant sur le divan avec Michelle. « C’est comme ?a, » finit-il par dire. « Et n’aie pas trop mauvaise conscience… j’aurai quand m?me un rencard avec une tr?s jolie fille. » « Mais non, Alan. J’appellerai M?lissa pour lui expliquer la situation. » « Non. Ils ont besoin d’un peu de r?pit. Et je suis tout ? fait capable de m’occuper de cette charmante petite fille. » « Alan, je ne peux pas te demander de faire ?a ! » « Et tu ne me le demandes pas. C’est pour ?a que je me propose. » Kate s’approcha du divan et s’assit ? c?t? de lui. Elle posa sa t?te sur son ?paule. « Tu sais que tu es vraiment incroyable. » Il haussa les ?paules. « Vraiment ? » « Qu’est-ce que tu veux dire par l? ? » demanda-t-elle, en sentant une pointe d’amertume dans sa voix. « Ton boulot… » dit-il. « C’?tait cens? ?tre une fois de temps en temps, non ? Et c’est vrai que c’est le cas. Mais quand ils t’appellent, ils s’attendent ? ce que tu laisses tout tomber pour eux. » « ?a fait partie du boulot. » « Mais tu as pris ta retraite il y a deux ans. Est-ce que ?a te manquait tant que ?a ? » « Alan… c’est injuste de dire ?a. » « Peut-?tre bien. Et je ne sais pas ce qui t’attire autant dans ce boulot. Mais je suis du m?me avis que M?lissa. Je ne sais pas combien de temps je vais encore pouvoir accepter cette situation. » « Si c’est aussi important pour toi, je vais refuser cette affaire. J’appelle tout de suite Duran et… » « Non. Il faut que tu acceptes. Je ne veux pas que tu nous en veuilles, ? moi ou ? ta fille, pour avoir refus? cette enqu?te. Alors, vas-y. Mais vu que je suis de plus en plus amoureux de toi, je dois te dire qu’il serait temps d’avoir une s?rieuse conversation quand tu reviendras. Avec moi, avec ta fille, mais aussi avec toi-m?me. » La premi?re r?action de Kate fut d’?tre triste et indign?e. Mais peut-?tre qu’il avait raison. Apr?s tout, est-ce qu’elle n’avait pas elle-m?me r?alis? il y a ? peine quelques minutes que sa d?cision ?tait limite ?go?ste ? Elle allait avoir cinquante-six ans dans trois semaines. Peut-?tre qu’il ?tait temps qu’elle mette des limites dans son boulot. Et si ?a signifiait que leur petit arrangement avec Duran et le FBI devait se terminer, alors tant pis. « Alan… j’ai besoin que tu sois franc avec moi. Si accepter cette affaire risque de nous ?loigner… » « ?a n’arrivera pas. Pas cette fois-ci. Mais je ne sais pas combien de temps ?a peut encore durer ? l’avenir. » Elle ouvrit la bouche pour r?pondre mais elle fut interrompue par la sonnerie de son t?l?phone. Elle regarda l’?cran et vit que c’?tait Jo DeMarco, la jeune femme qui ?tait sa co?quipi?re depuis un an et qui l’accompagnait dans cette petite exp?rience avec le FBI. « C’est DeMarco, » dit-elle. « Il faut que je sache ? quelle heure est le vol. » « Pas de probl?me, » dit-il. « Tu n’as pas besoin de te justifier. » Ce qu’elle ne lui dit pas mais qu’elle pensa tr?s fort, ce fut : Alors pourquoi j’ai l’impression de devoir le faire ? Mais c’?tait une question sur laquelle elle ne voulait pas s’attarder pour l’instant. Et comme elle avait l’habitude de le faire depuis quelques mois, quand elle se retrouvait confront?e ? ce genre de dilemme, elle tourna son attention sur son boulot. Avec une pointe de culpabilit?, elle r?pondit ? l’appel. « Salut, DeMarco. Comment ?a va ? » CHAPITRE DEUX Kate et DeMarco parvinrent ? dormir un peu pendant le vol de nuit qui les emmena de Washington ? Chicago. Mais pour Kate, ?a n’avait ?t? qu’un sommeil entrecoup?. Quand elle se r?veilla ? 6h15, au moment o? l’avion descendait sur Chicago, elle ne se sentait pas vraiment repos?e. Elle repensa tout de suite ? M?lissa, ? Michelle et ? Alan. Elle se sentait vraiment coupable. Elle regarda la ville de Chicago se rapprocher ? travers le hublot, dans la faible lueur de l’aube. Elle passa ce premier instant ? Chicago ? se ha?r. ?a allait d?j? un peu mieux quand elles parvinrent ? traverser l’a?roport et ? trouver l’agence de voitures de location. Maintenant qu’elles arrivaient dans la petite ville de Frankfield, dans l’Illinois, le sentiment de culpabilit? ?tait toujours pr?sent mais s’apparentait plus ? un vague sentiment de ne pas parvenir ? faire les choses correctement. DeMarco ?tait derri?re le volant et buvait une gorg?e du caf? qu’elle avait achet? ? l’a?roport. Elle jeta un coup d’?il vers Kate qui regardait par la vitre, et la poussa du coude. « OK, Wise, » dit DeMarco. « Je vois bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Qu’est-ce qui se passe ? Tu as l’air malheureuse. » « On en est d?j? arriv? au stade des conversations s?rieuses ? » « ?a n’a pas toujours ?t? le cas ? » Kate se redressa sur son si?ge et soupira. « Je gardais Michelle quand je me suis rendu compte que j’avais rat? un appel de Duran. Et j’ai d? laisser Michelle pour partir. Pire que ?a, je l’ai laiss?e avec Alan parce que M?lissa et son mari ont quelques soucis de couple ? r?gler. Et je me sens vraiment coupable. » « Je suis contente que tu sois l?, » dit DeMarco. « Mais tu aurais pu refuser. Tu n’es pas li?e au FBI par une sorte de contrat fixe, non ? » « C’est vrai. Mais refuser n’est pas si facile que ?a. Je m’implique bien trop. Je crois que ce boulot me donne la sensation d’avoir un but. » « Et le fait d’?tre grand-m?re ne te donne pas cette m?me sensation ? » demanda DeMarco. « Si, bien s?r. C’est juste… je ne sais pas. » Elle s’arr?ta de parler et DeMarco respecta son silence… pendant un moment. « Bon, alors, cette affaire, » dit DeMarco. « ?a a l’air plut?t ordinaire, non ? Tu as lu les dossiers ? » « Oui, c’est vrai, mais sans aucune piste, aucun indice, ou m?me la moindre suggestion venant des forces de police locales, ?a ne va pas ?tre si facile que ?a. » « Alors… la victime la plus r?cente, c’est une femme de cinquante-quatre ans. C’?tait il y a deux jours et elle ?tait seule chez elle. Aucun signe d’entr?e par effraction. Elle a ?t? retrouv?e par son mari quand il est rentr? du boulot. Apparemment, elle a ?t? brutalement ?trangl?e avec quelque chose qui lui a entaill? le cou. » « Et ?a pourrait ?tre un bon point de d?part, » dit Kate. « Qu’est-ce qui pourrait ?tre utilis? pour ?trangler quelqu’un et qui puisse ?galement provoquer une telle entaille ? » « Du fil barbel? ? » « Il y aurait eu plus de sang, » dit Kate. « La sc?ne de crime en aurait ?t? remplie. » « Et les rapports disent que les lieux ?taient assez propres. » « Alors ?a explique pourquoi la police locale est aussi perplexe. Mais il doit bien y avoir un quelconque point de d?part, non ? » « On va bient?t en savoir plus, » dit DeMarco, en ralentissant et en faisant un signe de t?te devant elle. « On est arriv?. » *** Il y avait un seul policier qui les attendait quand elles se gar?rent dans l’all?e en forme de U. Il ?tait assis dans sa voiture de patrouille et buvait un caf?. Il leur fit un geste poli de la t?te quand elles s’approch?rent de sa voiture. Il portait un uniforme et le badge en forme d’?toile indiquait qu’il s’agissait du sh?rif. Mais il ne devait plus en avoir pour tr?s longtemps ? ce poste. Il devait avoir la soixantaine et ?a se voyait surtout ? ses sourcils et ? ses cheveux gris. « Agents Wise et DeMarco, » dit Kate, en lui montrant son badge. « Sh?rif Bannerman, » dit le policier ?g?. « Je suis content que vous ayez pu venir. Cette affaire nous laisse vraiment perplexes. » « Vous pourriez nous accompagner ? l’int?rieur et nous donner plus de d?tails sur l’affaire ? » demanda Kate. « Oui, bien s?r. » Ils mont?rent les marches qui menaient ? un porche d?cor? de mani?re minimaliste. ? l’int?rieur, la d?coration ?tait dans le m?me style ; ce qui donnait l’impression que l’?norme maison avait l’air encore plus grande. La porte d’entr?e s’ouvrait sur un vestibule carrel? qui donnait sur un large couloir, d’o? partait un escalier incurv? qui menait au premier ?tage. Ils travers?rent le couloir et se dirig?rent vers la droite. Ils entr?rent dans un vaste salon, dont le mur du fond ?tait occup? par une ?norme biblioth?que encastr?e. Dans le salon, elles virent un divan tr?s ?l?gant et un piano. « Le bureau de la victime se trouve juste l? derri?re, » dit Bannerman, en traversant le salon et en entrant dans une pi?ce qui ?tait carrel?e de la m?me mani?re que le vestibule. Un bureau ?tait appuy? contre le mur du fond. ? droite, une fen?tre donnait sur un petit jardin. Un grand vase contenant des plants de coton se trouvait dans un coin. Ils ?taient faux mais ils s’accordaient parfaitement avec la d?coration de la pi?ce. « La victime a ?t? retrouv?e assise ? son bureau, dans cette chaise, » dit Bannerman. Il fit un geste de la t?te en direction d’une chaise de bureau assez simple. Mais c’?tait le genre de design qui co?tait probablement un os. Rien qu’en la regardant, Kate sut qu’elle devait ?tre tr?s confortable. « La victime s’appelle Karen Hopkins. Je pense qu’elle a v?cu ici quasiment toute sa vie. Elle ?tait occup?e ? travailler quand elle a ?t? assassin?e. L’email qu’elle n’a pas eu le temps de terminer se trouvait toujours ? l’?cran quand son mari a d?couvert son corps. » « Dans les rapports, il est dit qu’il n’y a aucun signe d’entr?e par effraction, c’est bien ?a ? » demanda DeMarco. « C’est ?a. En fait, le mari nous a dit que toutes les portes ?taient ferm?es ? cl? quand il est rentr? ? la maison. » « Alors le tueur a ferm? ? cl? avant de partir, » dit Kate. « Ce n’est pas inhabituel. C’est un moyen utilis? pour essayer de d?stabiliser l’enqu?te. Mais il n’emp?che que… il a d? rentrer d’une mani?re ou d’une autre. » « Madame Hopkins est la deuxi?me victime. Il y a cinq jours, il y en a eu une autre. Une femme plus ou moins du m?me ?ge, assassin?e chez elle pendant que son mari ?tait au travail. Marjorie Hix. » « Vous avez dit que Karen Hopkins ?tait occup?e ? travailler quand elle a ?t? assassin?e, » dit Kate. « Vous savez ce qu’elle faisait ? » « D’apr?s son mari, ce n’?tait pas vraiment un boulot. C’?tait juste un extra pour faire un peu d’argent en plus et leur permettre de prendre leur retraite plus t?t. Du marketing en ligne, ou un truc dans le genre. » Kate et DeMarco prirent un moment pour inspecter les lieux. DeMarco alla jeter un coup d’?il ? la poubelle qui se trouvait pr?s du bureau et aux quelques feuilles de papier qui ?taient empil?es dans un petit bac au bord de la table. Kate quadrilla le sol ? la recherche d’un quelconque indice, avant de se retrouver juste ? c?t? du vase contenant les plants de coton. Presque instinctivement, elle tendit la main et toucha des doigts la t?te de l’une des tiges. Comme elle l’avait imagin?, les plants ?taient faux mais leur douceur ?tait extr?mement apaisante. Elle remarqua quelques tiges bris?es, avant de retourner son attention vers le bureau. Bannerman gardait une distance respectueuse, et passa de la porte d’entr?e du bureau ? la fen?tre, pour regarder le jardin. Kate remarqua tout de suite que le bureau faisait face au mur. Ce n’?tait pas inhabituel vu que c’?tait le meilleur moyen de ne pas ?tre distrait en travaillant. Mais ?a voulait ?galement dire que Karen n’avait s?rement pas vu venir le danger. Ses soup?ons se port?rent automatiquement sur le mari. La personne qui l’avait tu?e ?tait entr?e dans la maison en silence et avait fait tr?s peu de bruit. Soit ?a, soit il ?tait d?j? ? l’int?rieur et elle n’a rien soup?onn?. ? nouveau, tous les indices pointaient en direction du mari. Mais sur base de ce qu’elles savaient, ?a ne m?nerait probablement ? rien car le mari avait un solide alibi. Bien s?r, elle pouvait toujours le v?rifier mais elle savait d’exp?rience qu’un alibi li? au travail ?tait g?n?ralement plus que solide. Kate passa ensuite dans le salon. Pour pouvoir entrer dans le bureau, il fallait passer par cette pi?ce. Le sol ?tait recouvert d’un tr?s joli tapis d’Orient. Le divan n’avait pas l’air d’?tre tr?s souvent utilis? et le piano ressemblait ? une antiquit? – le genre de piano dont on ne jouait jamais mais qui ?tait tr?s beau ? regarder. Les livres qui se trouvaient dans la biblioth?que ?taient assez vari?s, et la plupart n’avaient probablement jamais ?t? ouverts… juste de jolis bouquins qui faisaient bien dans une biblioth?que. Au bout de l’?tag?re la plus ?loign?e, elle trouva quelques bouquins qui montraient des traces d’usure : quelques classiques, des thrillers et des livres de cuisine. Elle regarda attentivement pour voir si elle trouvait quoi que ce soit de bizarre ou d’anormal mais elle ne vit rien. DeMarco entra ?galement dans le salon et fron?a les sourcils. « Qu’est-ce que tu en penses ? » demanda Kate. « Je pense qu’il faut qu’on parle au mari. M?me avec son alibi solide, peut-?tre qu’il pourra nous apprendre quelque chose. » Bannerman se tenait ? l’entr?e du salon et les regardait, les bras crois?s. « Bien entendu, on l’a d?j? interrog?. Son alibi est en b?ton. Au moins neuf de ses coll?gues l’ont vu ou lui ont parl? au boulot, au moment o? sa femme ?tait assassin?e. Mais il nous a ?galement dit qu’il ?tait dispos? ? r?pondre ? toutes les questions qu’on pourrait avoir. » « O? est-ce qu’il se trouve actuellement ? » demanda Kate. « Chez sa s?ur, ? cinq kilom?tres d’ici. » « Sh?rif, est-ce que vous avez un rapport concernant la premi?re victime ? » « Oui. Je peux vous l’envoyer par email si vous voulez. » « Ce serait super. » Vu son ?ge, Bannerman avait ?galement de l’exp?rience. Il savait que les agents en avaient termin? chez les Hopkins. Sans m?me qu’on lui dise quoi que ce soit, il tourna les talons et se dirigea vers la porte d’entr?e, suivi de Kate et de DeMarco. Au moment o? elles retourn?rent ? leur voiture, apr?s avoir remerci? Bannerman pour son aide, le soleil brillait de mille feux. Il ?tait huit heures du matin et Kate avait la sensation que l’enqu?te ?tait d?j? en marche. Elle esp?ra que c’?tait de bon augure. Bien s?r, quand elles entr?rent en voiture et qu’elle remarqua quelques nuages gris au loin, elle essaya de les ignorer. CHAPITRE TROIS Bannerman avait appel? le mari pour le pr?venir que le FBI allait venir lui rendre visite. Quand Kate et DeMarco arriv?rent ? la maison de sa s?ur dix minutes plus tard, G?rald Hopkins ?tait assis sur le porche avec une tasse de caf?. Au moment o? elles grimp?rent les marches pour le rejoindre, Kate vit que l’homme avait l’air totalement ?puis?. Elle savait que la douleur de perdre un ?tre cher pouvait faire des ravages, mais quand l’?puisement venait s’y ajouter, c’?tait encore pire. « Merci d’avoir accept? de nous parler, monsieur Hopkins, » dit Kate. « C’est normal. Je veux faire tout mon possible pour vous aider ? retrouver la personne qui a fait ?a. » Il parlait d’une voix d?faite et hagarde. Il avait probablement pass? les deux derniers jours ? pleurer et peut-?tre m?me ? hurler. Et il n’avait certainement pas beaucoup dormi entre les coups. Il baissa les yeux vers sa tasse de caf? et on aurait dit qu’il allait les fermer ? tout moment. En faisant abstraction de la douleur qui l’envahissait, Kate trouva que G?rald Hopkins ?tait un assez bel homme. « Votre s?ur est l? ? » demanda DeMarco. « Oui, elle est ? l’int?rieur. Elle s’occupe… des dispositions ? prendre. » Il s’interrompit et il prit une profonde inspiration pour ravaler ses sanglots. Ses mains se mirent ? trembler l?g?rement. Il but une gorg?e de son caf? et continua ? parler. « Elle a vraiment ?t? formidable. Elle s’est occup?e de tout et garde tous les curieux ? distance. » « Nous savons que la police vous a d?j? interrog?, alors nous ne resterons pas tr?s longtemps, » dit Kate. « Est-ce qu’il vous serait possible de nous d?crire la derni?re semaine que vous avez pass?e avec Karen ? » Il haussa les ?paules. « C’?tait pareil ? n’importe quelle autre semaine. Je suis all? travailler, elle est rest?e ? la maison. Je rentrais le soir et nous faisions les choses que nous avions l’habitude de faire. On avait notre petite routine… un peu ennuyante. Le train-train quotidien, quoi. » « Quoi que ce soit qui sorte de l’ordinaire ? » demanda Kate. « Non. C’est juste… je ne sais pas. Ces derni?res ann?es, depuis que les enfants ?taient partis de la maison, on a arr?t? de faire des efforts. On s’aimait toujours mais c’?tait juste une vie routini?re. Un peu ennuyante, vous voyez ? » Il soupira et se mit ? nouveau ? trembler. « Ah, merde. Les enfants. Ils ne vont pas tarder ? arriver. Henry, notre a?n?, devrait arriver d’ici une heure. Et je vais devoir… raconter ? nouveau tout ?a … » Il baissa la t?te et laissa ?chapper un sanglot. Kate et DeMarco s’?loign?rent un peu, pour lui laisser le temps de se reprendre. Il lui fallut quelques minutes pour se calmer. Il s’essuya les yeux et les regarda d’un air d?sol?. « Prenez votre temps, » dit Kate. « Non, ?a va aller. J’aurais aim? ?tre un meilleur mari, vous savez. J’?tais toujours l?, mais sans vraiment l’?tre. Je pense qu’elle se sentait seule. En fait, je suis s?re qu’elle l’?tait. Mais je n’avais pas envie de faire des efforts. C’est vraiment path?tique de ma part, vous ne trouvez pas ? » « Est-ce que vous savez si elle a vu qui que ce soit au cours des derniers jours ? » demanda Kate. « Est-ce qu’elle avait des rendez-vous pr?vus ou quelque chose dans le genre ? » « Je n’en ai aucune id?e. C’?tait Karen qui g?rait la maison. Je ne savais m?me pas ce qui se passait dans ma propre maison… ni m?me dans ma propre vie, la moiti? du temps. C’?tait elle qui s’occupait de tout. Elle s’occupait des comptes, prenait les rendez-vous n?cessaires, g?rait le calendrier, pr?voyait les repas, s’occupait du jardin et organisait les anniversaires ou les r?unions de famille. Moi, je ne faisais pas grand-chose. » « Est-ce que vous pourriez nous donner acc?s ? ses calendriers ? » demanda DeMarco. « Bien s?r. Tout ce dont vous pourriez avoir besoin. Bannerman et ses hommes ont d?j? acc?s ? notre calendrier partag?. On faisait tout sur nos t?l?phones. Il pourra vous le montrer. » « Merci, monsieur Hopkins, nous allons vous laisser maintenant mais s’il vous pla?t… si vous repensez ? quoi que ce soit qui pourrait nous ?tre utile, n’h?sitez surtout pas ? nous contacter. » Il hocha la t?te, mais il ?tait visiblement sur le point de se remettre ? pleurer. Kate et DeMarco prirent cong? et se dirig?rent vers leur voiture. ?a n’avait pas ?t? une rencontre tr?s productive mais Kate ?tait au moins persuad?e qu’il ?tait impossible que G?rald Hopkins ait tu? sa femme. Il ?tait impossible de simuler une telle tristesse. Elle avait vu pas mal d’hommes essayer de le faire au cours de sa carri?re et ?a n’avait jamais eu l’air aussi r?el. G?rald Hopkins ?tait terrass? par la douleur et elle ?tait vraiment d?sol?e pour lui. « Prochaine ?tape ? » demanda DeMarco, en s’asseyant derri?re le volant. « J’aimerais retourner chez les Hopkins… et parler aux voisins. Le mari a mentionn? ce jardin qui se trouve juste devant la fen?tre du bureau de sa femme. Par cette fen?tre, on pouvait voir la maison d’un voisin. Peut-?tre que ?a ne m?nera ? rien, mais ?a vaut la peine d’essayer. » DeMarco hocha la t?te et d?marra la voiture. Elles retourn?rent en direction de la maison des Hopkins. En chemin, Kate remarqua que des nuages noirs commen?aient ? s’accumuler et ? cacher le soleil. *** Elles commenc?rent par le voisin qui vivait directement ? droite des Hopkins. Elles frapp?rent ? la porte mais sans succ?s. Apr?s quelques secondes, Kate frappa ? nouveau mais toujours sans r?sultat. « Tu sais, » dit Kate, « apr?s avoir longtemps travaill? dans des quartiers comme celui-ci, tu t’attends toujours ? ce qu’au moins un membre de la famille soit ? la maison. » Elle frappa de nouveau ? la porte mais vu que personne ne vint leur ouvrir, elles abandonn?rent. Elles s’?loign?rent de la maison et travers?rent le jardin des Hopkins, pour se rendre chez le voisin qui se trouvait de l’autre c?t?. Ce faisant, Kate jeta un coup d’?il vers l’arri?re du jardin des Hopkins. Elle aper?ut un coin de la maison qui ?tait visible depuis la fen?tre du bureau de Karen. Elle en voyait l’arri?re, vu que l’avant se trouvait le long d’une rue qui ?tait parall?le ? celle-ci. Alors qu’elles se dirigeaient vers la maison du voisin de gauche, Kate remarqua que quelques gouttes de pluie commen?aient ? tomber des nuages qui s’?taient accumul?s au-dessus d’elles. Au moment o? elles se dirigaient vers les marches qui menaient au porche, Kate sentit son t?l?phone vibrer dans sa poche. Elle le sortit et regarda l’?cran. C’?tait M?lissa. Une pointe de culpabilit? l’envahit. Elle ?tait s?re que sa fille l’appelait pour se plaindre du fait qu’elle avait laiss? Michelle seule avec Alan la nuit derni?re. Et maintenant, avec le recul, Kate avait l’impression que M?lissa avait toutes les raisons d’?tre f?ch?e. Mais ce n’?tait pas une conversation qu’elle ?tait pr?te ? avoir maintenant, alors qu’elle gravissait les marches de la maison du voisin. Ce fut DeMarco qui frappa cette fois-ci. La porte fut presque imm?diatement ouverte par une jeune femme qui portait un enfant d’une quinzaine de mois dans les bras. « Bonjour, » dit la jeune femme. « Bonjour. Nous sommes les agents Wise et DeMarco du FBI. Nous enqu?tons sur le meurtre de Karen Hopkins et nous aurions aim? poser quelques questions aux voisins. » « Je ne suis pas exactement une voisine, » dit la jeune femme. « Mais c’est presque pareil. Je suis Lily Harbor et je travaille comme nounou pour Barry et Jan Devos. » « Est-ce que vous connaissiez bien le couple Hopkins ? » demanda DeMarco. « Pas vraiment. On se tutoyait mais je ne les voyais qu’une ou deux fois par semaine. Et c’?tait toujours pour se saluer quand on se croisait. » « Est-ce que vous avez une id?e du genre de personnes qu’ils ?taient ? » « Des gens bien, apparemment. » Elle s’interrompit parce que l’enfant qu’elle portait dans les bras s’?tait mis ? lui tirer les cheveux. Il commen?ait ? devenir un peu agit?. « Mais ? nouveau, je ne les connaissais pas bien du tout. » « Est-ce que les Devos les connaissaient bien ? » « S?rement un peu mieux que moi. Barry et G?rald se rendaient parfois des services, comme se pr?ter de l’essence pour la tondeuse, du charbon pour le barbecue, ce genre de choses. Mais je ne pense pas qu’ils se voyaient en-dehors de ?a. Ils ?taient polis l’un envers l’autre mais ce n’?taient pas non plus des amis, vous voyez ? » « Est-ce que vous savez si quelqu’un dans le quartier les connaissait bien ? » demanda Kate. « Pas vraiment. Les gens sont plut?t r?serv?s dans le coin. Ce n’est pas le genre de quartier o? ils font la f?te entre voisins. Mais… et j’ai un peu mauvaise conscience de le dire… si vous voulez en savoir plus sur quelqu’un vivant dans le quartier, vous devriez peut-?tre vous adresser ? madame Patterson. » « Et qui est-ce ? » « Elle vit dans la rue d’? c?t?. On peut voir sa maison depuis la terrasse des Devos. Et je suis presque s?re qu’elle doit ?galement ?tre visible depuis le porche arri?re des Hopkins. » « Vous connaissez son adresse ? » « Pas exactement. Mais sa maison est tr?s facile ? trouver. Elle a plein de statues effrayantes de chats sur son porche. » « Vous pensez qu’elle pourrait nous aider ? » demanda DeMarco. « Oui, je pense que c’est votre meilleure option. Je ne peux pas vous assurer que tout ce qu’elle vous dira sera vraiment fiable, mais on ne sait jamais… » « Merci pour le temps que vous nous avez consacr?, » dit Kate. Elle sourit au petit gar?on et elle ressentit d’autant plus le manque de Michelle. ?a lui rappela ?galement qu’elle avait probablement un message vocal furieux de sa fille, qui l’attendait sur son t?l?phone. Kate et DeMarco retourn?rent ? leur voiture. Au moment o? elles firent une marche arri?re pour rejoindre la route, la pluie se mit ? tomber de mani?re plus drue. « Il se pourrait que cette madame Patterson soit la personne qui vit dans la maison que j’ai vue par la fen?tre du bureau de Karen Hopkins, » dit Kate. « Tous ces jardins reli?s entre eux et s?par?s par une simple barri?re… c’est le paradis pour une vieille femme curieuse. » « Eh bien, » dit DeMarco, « allons voir ce que madame Patterson a ? nous dire. » *** Les yeux de madame Patterson s’?carquill?rent quand elle se rendit compte que deux agents du FBI se trouvaient devant sa porte. Mais ce n’?tait pas d? ? la peur, mais plut?t ? l’excitation. Elle devait d?j? certainement se demander comment elle allait raconter ?a ? ses amies. « Oui, j’ai entendu parler de ce qui est arriv? ? Karen, » dit madame Patterson, sur un ton tr?s pompeux. « Pauvre femme… elle ?tait tellement charmante et gentille. » « Alors, vous la connaissiez ? » demanda Kate. « Oui, un peu, » dit madame Patterson. « Mais venez, entrez. » Elle ouvrit la porte pour laisser passer Kate et DeMarco. En entrant, Kate regarda les diff?rents ornements du porche qui leur avaient permis d’identifier la maison de madame Patterson. Il y avait huit statues diff?rentes de chats, des d?corations qui avaient l’air tout droit sorties d’une brocante ou d’un march? aux puces. Certaines d’entre elles ?taient un peu effrayantes, comme Lily Harbor le leur avait dit. Madame Patterson les guida jusqu’au salon. La t?l? ?tait allum?e sur l’?mission Good Morning America ? un volume assez bas. Kate en d?duisit que madame Patterson ?tait probablement une veuve qui n’arrivait pas ? s’habituer ? l’id?e de vivre seule. Elle avait lu quelque part que les personnes ?g?es avaient tendance ? laisser la t?l? ou la radio allum?e chez elles quand elles perdaient leur conjoint, pour qu’il y ait toujours de la vie dans la maison. En prenant place dans un fauteuil, Kate regarda par la fen?tre du salon. Elle vit la rue et fit de son mieux pour imaginer la disposition du jardin arri?re. Elle ?tait presque certaine qu’il s’agissait bien de la maison qu’elle avait vue par la fen?tre du bureau de Karen Hopkins. « Madame Patterson, est-ce que vous pourriez tout d’abord clarifier un point, » dit Kate. « Quand nous ?tions dans la maison des Hopkins, j’ai regard? par la fen?tre du bureau de Kate et j’ai aper?u une maison dans le coin droit de leur jardin arri?re. C’est bien votre maison, n’est-ce pas ? » « Oui, c’est bien ?a, » dit madame Patterson, en souriant. « Vous avez dit conna?tre un peu les Hopkins. Est-ce que vous pourriez nous en dire plus ? » « Bien s?r ! Karen me posait parfois des questions de jardinage. Elle avait un petit jardin juste devant la fen?tre de son bureau, vous savez. Elle n’y avait pas plant? grand-chose, juste des herbes aromatiques pour cuisiner : du basilic, du romarin, de la coriandre. J’ai toujours eu la main verte. Tous les voisins le savent et il arrive souvent qu’on me demande des conseils. J’ai mon propre jardin ? l’arri?re, si vous voulez le voir. » « Non, merci, » r?pondit poliment DeMarco. « Le temps joue un peu contre nous, alors nous voulons juste que vous nous disiez ce que vous savez au sujet des Hopkins. Quand vous les voyiez ensemble, est-ce qu’ils avaient l’air heureux ? » « J’imagine. Je ne connais pas bien G?rald. Mais je les voyais parfois assis sur leur porche arri?re. R?cemment, je les ai vus se tenir par la main. C’?tait agr?able ? voir. Je suppose que vous savez que leurs enfants sont grands et qu’ils sont partis de la maison. Je les imaginais occup?s ? parler de leurs projets de retraite, de voyage, ou ce genre de choses. » « Est-ce qu’il vous est d?j? arriv? d’avoir l’impression qu’il y avait des probl?mes entre eux ? » demanda Kate. « Non. Je n’ai jamais rien vu ou entendu qui pourrait me faire penser une telle chose. D’apr?s ce que je sais, c’?tait un couple tout ? fait normal. Mais j’imagine que tous les couples peuvent avoir des probl?mes, surtout une fois que les enfants sont partis. C’est assez courant, vous savez. » « Est-ce que vous les avez vus au cours de la semaine qui vient de s’?couler ? » « Oui. J’ai vu Karen qui coupait des plantes dans son jardin. C’?tait il y a quatre ou cinq jours. Je n’en suis plus tr?s s?re. J’ai eu soixante-quatorze ans cette ann?e et ma m?moire n’est plus tr?s bonne parfois. » « Est-ce que vous lui avez parl? ? » « Non. Mais il y a quelque chose ? laquelle j’ai repens? hier… ce n’?tait pas quelque chose que j’avais oubli? mais je n’y avais pas sp?cialement accord? d’attention. Et franchement… je ne sais m?me plus quel jour c’?tait, alors… » « Et c’est quoi ? » demanda DeMarco. « Eh bien, je suis presque s?re que c’?tait mardi… le jour o? Karen a ?t? assassin?e. Je suis presque certaine d’avoir vu quelqu’un dans leur jardin arri?re. Un homme. Un homme qui n’?tait pas G?rald Hopkins. » « Est-ce qu’il avait l’air d’essayer d’entrer par effraction ? » demanda Kate. « Non. Il avait l’air tout ? fait normal. Il se promenait comme s’il avait ?t? invit?, vous voyez ce que je veux dire ? Il portait une sorte de combinaison ou d’uniforme. Il y avait un petit badge ou un patch, juste l?. » Elle montra le haut de sa poitrine gauche pour indiquer l’endroit dont elle parlait. « Est-ce que vous avez bien pu voir le patch en question ? » « Non. Tout ce que je peux vous dire, c’?tait qu’il ?tait blanc et qu’il avait la forme d’une ?toile. Mais je n’ai peut-?tre pas bien vu… ma vue est aussi mauvaise que ma m?moire ces jours-ci. » « Mais en ce qui concernant des ?changes avec les Hopkins, vous dites ne pas leur avoir parl? au cours de toute la semaine derni?re ? » « Non. La derni?re fois que j’ai parl? ? Karen, c’est quand elle est venue me demander ma recette du g?teau ? l’ananas. Et ?a remonte ? presque trois semaines, je crois. » Kate r?fl?chit un instant, en essayant de trouver un sujet sur lequel madame Patterson pourrait leur apporter des informations suppl?mentaires, mais elle ne trouva rien de plus ? lui demander. De plus, elles avaient d?j? l’histoire de l’homme en uniforme ? v?rifier, alors ce n’?tait pas comme si elles repartaient bredouilles. « Madame Patterson, nous vous remercions pour le temps que vous nous avez consacr?. Si vous repensez ? quoi que ce soit qui pourrait nous ?tre utile, n’h?sitez pas ? appeler la police locale. Ils nous feront le message. » « Il faut que je vous pose une question… vu que le FBI est impliqu?, est-ce que ?a veut dire que cette affaire est li?e ? l’autre meurtre ? Celui qui remonte ?… environ une semaine ? Je crois qu’elle s’appelait Marjorie Hix. » « Nous sommes l? pour le d?couvrir, » dit Kate. « Est-ce que vous connaissiez Marjorie Hix ? » « Non. Je n’avais jamais entendu ce nom jusqu’? ce qu’une amie me raconte ce qui s’?tait pass?. » Kate hocha la t?te et se dirigea vers la porte d’entr?e. « Nous vous remercions ? nouveau pour le temps que vous nous avez consacr?. » DeMarco la rejoignit et elles sortirent de la maison. La pluie tombait maintenant de mani?re drue, en d?pit du soleil qui brillait toujours. Kate faillit sortir son t?l?phone pour voir si M?lissa lui avait laiss? un message, mais elle se ravisa. ?a ne ferait que la stresser encore plus. Et si elle ne parvenait pas ? s?parer sa vie priv?e de sa vie professionnelle, autant qu’elle remette tout de suite son badge et son arme. Elle s’effor?a de sortir M?lissa de sa t?te, en se dirigeant vers la voiture. Mais une petite voix s’?leva dans un coin de sa t?te et elle ne parvint pas ? la faire taire. Tu te rappelles ce qui est arriv? quand tu l’as mise de c?t? au d?but de ta carri?re ? Il a fallu tr?s longtemps pour r?parer le mal fait. Tu veux vraiment revivre tout ?a ? Non, elle n’en avait pas envie. Et elle fit tout ce qu’elle put pour ravaler ses larmes alors que DeMarco faisait une marche arri?re pour reprendre la route. CHAPITRE QUATRE Le sh?rif Bannerman ?tait de retour au commissariat quand Kate et DeMarco arriv?rent. Il leur fit signe de venir dans son bureau. Kate remarqua qu’il tra?nait l?g?rement la jambe. Il leur ouvrit la porte pour les laisser entrer et la referma derri?re elles. « Vous avez du neuf ? » demanda-t-il. « On a parl? ? une certaine madame Patterson. Elle vit dans la maison qu’on peut voir par la fen?tre du bureau de Karen Hopkins, » dit Kate. « Elle dit avoir vu quelqu’un dans le jardin arri?re des Hopkins le jour o? Karen a ?t? assassin?e. » « Enfin, elle pense que c’est ce jour-l?, » ajouta DeMarco. « Sh?rif, est-ce que vous connaissez une entreprise dans le coin qui aurait un logo en forme d’?toile et de couleur blanche ? Il se pourrait que les employ?s portent une combinaison de couleur sombre. » Bannerman r?fl?chit un instant, avant de hocher lentement la t?te. Il tapa quelque chose sur son ordinateur, cliqua sur un lien et tourna l’?cran vers elles. Il avait tap? Fournisseur internet Hexco sur Google et en avait sorti une image. « Il y a ?a, » dit-il. « C’est la seule chose qui me vienne directement ? l’esprit. » Kate et DeMarco examin?rent le logo de pr?s. Il ?tait presque identique ? la description qu’en avait faite madame Patterson. Il ?tait en forme d’?toile mais l’arri?re ?tait l?g?rement ?tir? et incurv?. De l?g?res lignes ?taient trac?es ? la suite de l’?toile et au centre, ?tait ?crit le mot Hexco. DeMarco d?gaina son t?l?phone ? la vitesse de l’?clair et appela directement le num?ro qui ?tait indiqu? en-dessous du logo. « Je vais v?rifier si Karen a fait appel ? leurs services mardi. » Elle s’assit, en attendant que le t?l?phone se mette ? sonner. Bannerman retourna l’ordinateur vers lui et en referma le couvercle. ? voix basse, pour ne pas d?ranger DeMarco qui ?tait en ligne avec quelqu’un, il regarda Kate et demanda : « Qu’est-ce que vous pensez de l’affaire jusqu’? maintenant ? » « Je pense que nous avons affaire ? un assassin qui cible un certain type de victimes. Karen Hopkins et Marjorie Hix avaient toutes les deux la cinquantaine et ?taient seules chez elles. Je suppose que le tueur savait que leurs maris ne seraient pas l?. Et je pense ?galement qu’il avait pris le temps de bien conna?tre leur maison, vu qu’il n’y a aucun signe d’entr?e par effraction. Alors… notre assassin a un type en particulier et il pr?pare minutieusement ses coups. ? part ?a… je n’ai rien d’autre. » « Et je pourrais ajouter autre chose, » dit Bannerman. « Il n’y avait aucun signe de lutte non plus. Alors l’assassin savait comment entrer sans d?clencher l’alarme et frapper sans que les victimes s’y attendent. Ce qui me fait penser que ce sont les victimes qui ont invit? le tueur ? entrer. Qu’elles le connaissaient. » Kate en ?tait arriv?e ? la m?me conclusion mais elle laissa Bannerman l’exprimer. Elle aimait bien l’entendre parler. Son ?ge avanc? lui donnait un air de sagesse et elle appr?ciait tout particuli?rement son exp?rience. Normalement, travailler en collaboration avec la police locale lui paraissait plut?t un handicap, mais elle commen?ait vraiment ? beaucoup appr?cier Bannerman. Au moment o? elle hochait la t?te en signe d’acquiescement, DeMarco termina son appel. « On m’a confirm? qu’un technicien a bien ?t? envoy? chez les Hopkins mardi. Apparemment, le service internet ?tait l?g?rement d?faillant dans le quartier depuis lundi soir. Le mardi, il y a eu une dizaine d’appels similaires pour une demande d’intervention. » « Eh bien, c’est peut-?tre une conclusion h?tive, mais un technicien internet au moment d’une d?faillance dans le service aurait un acc?s plut?t facile ? presque n’importe quelle maison, » dit Kate. « En fait, ce n’est pas une conclusion si h?tive que ?a, » dit DeMarco. « J’ai ?galement demand? si un technicien avait r?cemment ?t? envoy? chez les Hix. Et il s’av?re que Joseph Hix a fait une demande d’intervention il y a deux semaines. Et apparemment, c’est le m?me technicien qui a r?pondu aux deux appels. » « On dirait qu’on tient un suspect, » dit Kate. « Je suis d’accord, » dit Bannerman. « Mais il faut que vous sachiez que Hexco est un nouveau fournisseur sur Frankfield. C’est une petite entreprise. Je ne pense pas qu’ils aient plus de trois ou quatre techniciens. Du coup, il n’est pas anormal que le m?me technicien se soit retrouv? aux deux adresses. » « J’aimerais quand m?me parler ? ce technicien, » dit Kate. « Tu as son nom ? » « Oui. L’op?ratrice ? qui j’ai parl? lui a envoy? un message en lui demandant de m’appeler. » « Entretemps, j’aimerais aller inspecter la r?sidence des Hix, » dit Kate. « Sur les rapports, il est indiqu? que la sc?ne avait ?t? nettoy?e, mais j’aimerais aller y jeter un coup d’?il moi-m?me. » « J’ai les cl?s, » dit Bannerman. « Vous pouvez… » Il fut interrompu par la sonnerie du t?l?phone de DeMarco. Elle d?crocha tout de suite et quand Kate l’entendit se pr?senter de mani?re officielle, elle sut qu’il s’agissait du technicien de Hexco. Kate ?couta la conversation et comprit qu’elles allaient pouvoir lui parler tout de suite, avant m?me que DeMarco ait raccroch?. « On le retrouve dans un quart d’heure, » dit DeMarco. « Il veut coop?rer mais il avait ?galement l’air un peu effray?. » Au moment o? Kate ouvrit la porte, Bannerman se leva de sa chaise. « Vous avez besoin que je fasse quelque chose en attendant ? » Kate r?fl?chit un instant avant de dire, avec une pointe d’espoir dans la voix : « Vous pouvez peut-?tre pr?parer une salle d’interrogatoire. » *** Le technicien s’appelait Mike Wallace. Il avait vingt-six ans et il avait l’air tr?s nerveux quand Kate et DeMarco le retrouv?rent dans un petit coffee shop ? cinq kilom?tres du commissariat de Frankfield. Ses yeux passaient de Kate ? DeMarco et il ressemblait ? ces geckos qui pouvaient bouger les yeux de mani?re ? regarder dans deux directions ? la fois. Il avait une tablette avec lui, recouverte d’un ?tui en cuir us?. Le logo Hexco ?tait estamp? sur l’avant. « Mike, pour l’instant, il s’agit juste de la proc?dure habituelle et vous n’avez absolument rien ? craindre, » dit Kate. « Vous avez juste la malchance que les circonstances jouent contre vous. » « Qu’est-ce que vous voulez dire par l? ? » « Eh bien, au cours des deux derni?res semaines, vous ?tes intervenu dans deux domiciles o? des femmes ont ?t? assassin?es. Le meurtre le plus r?cent remonte ? mardi dernier. » « Je suis intervenu ? beaucoup de domiciles mardi dernier. Il y a eu une importante interruption de service dans deux quartiers diff?rents. » « Vous avez un compte-rendu de vos interventions sur cette tablette ? » demanda DeMarco, en faisant un geste de la t?te en direction de l’appareil qui ?tait pos? sur la table. « Oui. » « Est-ce que vous pouvez nous montrer le compte-rendu de l’intervention de mardi chez les Hopkins ? » « Bien s?r, » dit-il. Il pianota sur la tablette, fit d?filer l’?cran et l’agrandit avec ses doigts. Kate remarqua qu’il tremblait l?g?rement. Il ?tait visiblement nerveux. Il ne restait plus qu’? savoir si c’?tait parce qu’il leur cachait quelque chose ou si c’?tait juste le fait de se retrouver en pr?sence de deux agents du FBI. « L?, » dit-il, en faisant glisser la tablette vers elles. « Je suis arriv? ? dix heures quarante-deux du matin et je suis reparti ? dix heures quarante-six. » « ?a a ?t? vraiment rapide, » dit Kate. « Je ne me rappelle pas qu’un probl?me de service internait ait jamais ?t? r?gl? aussi vite chez moi. ? quoi ?tait due l’interruption de service ? » « On a subi une interruption de service plus importante pr?s de Chicago. Afin de r?gler le probl?me, on a d? r?trograder le service dans d’autres endroits. La r?gion de Frankfield ne s’est pas reconnect?e comme elle aurait d?. Mais c’?tait un probl?me facile ? r?gler. ? l’exception d’un seul appel de ce mardi matin, il suffisait juste de r?initialiser manuellement le bo?tier d’installation dans chacune des maisons. » « Et ?a ne vous a pris que cinq minutes ? » demanda Kate. « En fait, la r?initialisation ne prend vraiment que deux ou trois minutes. Mais pour chaque intervention, Hexco exige qu’on d?marre le minuteur. Une fois que le minuteur est lanc?, je dois introduire les donn?es de l’endroit, avant de me rendre jusqu’au bo?tier d’installation. La r?initialisation en elle-m?me ne prend que deux minutes. Apr?s ?a, je connecte un appareil pour tester le bo?tier et v?rifier que le probl?me est r?gl?. ?a prend environ trente secondes. Puis je retourne ? ma camionnette, j’introduis le rapport de la visite et j’?teins le minuteur. » Il parlait de mani?re nerveuse et ses mains tremblaient toujours. Il s’en rendit compte et essaya d’arr?ter les tremblements en les croisant sur la table. « Alors c’est ce que vous avez fait chez les Hopkins entre dix heures quarante-deux et dix heures quarante-six ? » demanda Kate. « Oui, madame. » « Avez-vous parl? ? Karen Hopkins au cours de votre visite ? » « Non. Hexco a envoy? un email collectif pour pr?venir que des techniciens allaient ?tre envoy?s pour r?gler le probl?me. Vu que ce n’est pas un service factur? au client, nous ne sommes pas oblig?s de les voir pour qu’ils signent. Je doute m?me qu’elle ait remarqu? ma pr?sence. » ?a tenait la route m?me si quatre minutes, c’?tait plus que suffisant pour entrer dans la maison et ?trangler quelqu’un. Mais le fait que son rapport montre exactement quand la r?initialisation avait ?t? effectu?e et ? quel moment il avait test? le bo?tier laissait peu de marge de mouvement. « Est-ce que vous pourriez nous montrer l’intervention que vous avez effectu?e chez les Hix il y a deux semaines ? » demanda Kate. « Oui. Vous avez le pr?nom ? » « Marjorie, ou peut-?tre son mari, Joseph, » dit DeMarco. Mike refit les m?mes manipulations et obtint un r?sultat en moins de vingt secondes. ? nouveau, il fit glisser la tablette vers elles. Pendant qu’elles y jetaient un coup d’?il, il fit de son mieux pour leur donner des explications. « L?… il y a exactement deux semaines. C’est en r?ponse ? une plainte concernant la vitesse du service. Ils avaient appel? pour augmenter la vitesse de leur connexion mais ?a n’avait pas pris. ?a arrive parfois quand c’est fait ? distance, par t?l?phone. Alors j’y suis all? et je l’ai fait moi-m?me. » « D’apr?s votre rapport, ?a vous a pris environ un quart d’heure, » dit Kate. « Oui, le petit appareil que j’utilise pour tester la puissance du signal ne fonctionnait pas bien. Si vous voulez, je peux vous montrer la demande que j’ai faite ? Hexco pour en avoir un nouveau. » « Ce ne sera pas n?cessaire, » dit Kate. « Je vois ici que Marjorie Hix a sign? pour le service. Vous ?tes entr? dans la maison ? » « Oui, madame. Il fallait que je v?rifie leur modem. Je leur ai conseill? d’en acheter un nouveau parce que le leur ?tait un peu d?pass?. » Kate remarqua ? nouveau que les mains de Mike se mettaient ? trembler nerveusement. C’?tait bien trop visible pour l’ignorer. « Son mari ?tait l? ? » demanda-t-elle, en dissimulant le fait qu’elle avait remarqu? sa nervosit?. « Je ne pense pas. » Kate regarda ? nouveau le compte-rendu. Sur base de ses rapports et de son r?cit, tout semblait concorder. C’?tait n?anmoins une trop grosse co?ncidence ? ses yeux. Elle observa le visage de Mike pendant un moment, en essayant d’y voir un signe quelconque mais elle ne vit rien. « Merci beaucoup, Mike, » finit-elle par dire. « On en a termin?. Vous pouvez retourner travailler. Merci pour votre aide. » « Avec plaisir, » dit Mike, en reprenant sa tablette. « J’esp?re que vous attraperez ce type. » « Oui, » dit DeMarco. « Nous aussi. » Ils sortirent ensemble du coffee shop. Mike leur fit un petit geste la main en s’asseyant derri?re le volant de sa camionnette Hexco. « Son histoire a l’air de tenir la route, » dit DeMarco, en se dirigeant vers la voiture. « Oui, c’est vrai. Mais c’est une trop grosse co?ncidence… » « Et ?a te chipote, c’est ?a ? » « Oui, ?a… et le fait qu’il tremblait comme une communiante. » « Jolie m?taphore, » dit DeMarco, en riant. Elles regard?rent Mike sortir du parking et rest?rent silencieuses. Kate avait ? nouveau envie de prendre son t?l?phone pour voir si M?lissa lui avait laiss? un message… et pour savoir si elle ?tait vraiment f?ch?e. Plus tard, se dit-elle. Il faut que je garde le sens des priorit?s. Mais ce message potentiel qui l’attendait sur son t?l?phone lui faisait l’effet d’une bombe oubli?e quelque part, pr?te ? exploser. CHAPITRE CINQ La maison des Hix se trouvait ? environ dix-huit kilom?tres de celle des Hopkins. Situ?e juste ? l’ext?rieur des limites municipales de Frankfield, elle ?tait assez pr?s de la ville pour donner ? Bannerman et ses hommes autorit? sur l’affaire. Chicago ne se trouvait qu’? une vingtaine de minutes vers le Sud et cet endroit ?tait un peu une zone floue point de vue juridiction. Le quartier ?tait un peu moins extravagant que celui des Hopkins, mais de peu. Les jardins ?taient plus petits et ?taient s?par?s de ceux des voisins par des ormes et des ch?nes ?normes. Sous la pluie, les arbres donnaient une allure un peu gothique au quartier, au moment o? Kate et DeMarco se gar?rent dans l’all?e qui menait ? la maison des Hix. DeMarco utilisa la cl? que Bannerman leur avait donn?e pour entrer dans la maison. D’apr?s ce qu’on leur avait dit, le mari avait d?m?nag? ? Chicago juste apr?s l’enterrement, pour rester chez son fr?re. Elles ne savaient pas du tout quand il comptait revenir chez lui. Mais au moment o? Kate et DeMarco entr?rent dans la maison, une autre voiture vint se garer dans l’all?e, juste derri?re elles. Les agents attendirent devant la porte, pour voir de qui il s’agissait. Elles virent une femme blonde d’?ge moyen sortir d’une tr?s belle Mercedes. Kate remarqua que la voiture avait des plaques d’immatriculation d’agence immobili?re. « Bonjour, » dit la femme, en s’approchant des marches qui menaient au porche. Elle avait l’air visiblement surprise. « Est-ce que je peux vous demander qui vous ?tes ? » Kate lui montra directement son badge. « Agents Wise et DeMarco du FBI. Vous ?tes agent immobilier, c’est bien ?a ? » « C’est ?a. Nadine Owen. Je suis l? pour faire une derni?re inspection de la maison avant de la mettre sur le march?. » « Je ne savais pas qu’elle allait ?tre mise en vente, » dit Kate. « On nous a appel?s hier matin. Monsieur Hix ne reviendra pas y vivre. Il a envoy? une ?quipe de d?m?nageurs demain matin pour tout emballer. Je viens faire un dernier tour d’inspection pour m’assurer que les d?m?nageurs n’ab?ment rien. Elle sera d?j? bien assez difficile comme ?a ? vendre. » « Pourquoi ? » demanda DeMarco. Kate connaissait la r?ponse, vu qu’elle avait d?j? travaill? sur plusieurs affaires o? un agent immobilier avait ?t? impliqu?. « Les agences immobili?res sont oblig?es de le communiquer quand un meurtre r?cent a ?t? commis dans la propri?t?, » dit Kate. « C’est ?a, » dit Nadine. « Et dans ce cas-ci, monsieur Hix fait don de presque tout ce qu’il a. Il ?tait vraiment effondr? quand je l’ai eu au t?l?phone. Il ne veut rien qui puisse lui rappeler sa femme dans la nouvelle maison o? il s’installera. C’est assez triste, en fait. » ? mes yeux, c’est plut?t suspect, si tu veux mon avis, pensa Kate. « ?a fait combien de temps que monsieur Hix est ? Chicago ? » demanda-t-elle. « Il est parti le lendemain de l’enterrement… alors, je pense que ?a fait trois jours. » « Si ?a ne vous d?range pas, nous aimerions jeter un coup d’?il ? la maison avant que vous fassiez votre tour d’inspection, » dit Kate. « Bien entendu. » Les trois femmes entr?rent dans la maison. Kate la trouva immacul?e. Elle n’?tait pas aussi jolie que la maison des Hopkins, mais c’?tait n?anmoins le genre de maison que Kate ne pourrait jamais se permettre. Et ce n’?tait pas seulement la maison ; les meubles aussi avaient l’air de co?ter un os. Elle s’avan?a, avec DeMarco sur les talons qui consultait les rapports de police. Elle en lut ? haute voix les parties les plus importantes. « Marjorie Hix a ?t? retrouv?e morte sur le sol de sa chambre ? coucher, dans l’embrasure de la porte menant ? la salle de bains, » lut-elle. « Elle a ?galement ?t? ?trangl?e mais il n’y avait pas de sang, ni d’entaille, comme dans le cas de Karen Hopkins. Elle avait des h?matomes autour du cou mais il n’y avait aucune empreinte de main. Apparemment, elle aurait ?t? ?trangl?e avec une ceinture ou une sorte de corde. » Le rez-de-chauss?e ?tait un vaste espace ouvert et le salon ?tait s?par? de la cuisine par une grande colonne. Dans le salon, une petite t?l? de style moderne ?tait pos?e entre deux ?tag?res. Un piano aux allures ?l?gantes permettait ?galement de s?parer les espaces. Kate ne s’y connaissait pas vraiment en pianos mais elle ?tait presque certaine qu’il s’agissait d’un baby grand Steinway… qui valait probablement l’?quivalent d’une ann?e de son salaire. Il ?tait difficile d’imaginer que le mari puisse faire don de ce genre de piano, plut?t que de le vendre. ?a lui semblait tout de m?me bizarre. Un espace de lecture et un petit bureau se trouvaient dans un coin ? gauche et faisaient face ? un vaste porche, visible ? travers une baie vitr?e. Tout l’espace ?tait con?u de mani?re pittoresque et agr?able. « Tu peux me rappeler ce que disent les rapports concernant les preuves r?colt?es par la police ? » demanda Kate. « Le mari a donn? volontairement son propre ordinateur, et il lui fut rendu assez rapidement, » dit DeMarco, en continuant ? lire dans les rapports. « Il a ?galement donn? l’ordinateur et le t?l?phone portable de Marjorie. Il y avait une ceinture dans la penderie ? l’?tage qui a ?t? envoy?e ? la police scientifique, afin de v?rifier s’il s’agissait de l’arme du crime. Mais il a ?t? prouv? que ce n’?tait pas le cas. » Elles inspect?rent encore un peu le rez-de-chauss?e, avant de gravir les marches qui menaient ? l’?tage. L’escalier se trouvait sur le c?t? droit, parall?lement au petit bureau. L’?tage consistait en un vaste couloir et quatre pi?ces : une salle de bains, deux chambres d’invit?s et une ?norme chambre avec salle de bains. Elles se rendirent directement dans la chambre ? coucher principale et s’arr?t?rent ? l’entr?e pour observer l’endroit. Le lit n’avait pas ?t? fait, mais ? part ?a, la pi?ce ?tait impeccable. Kate regarda l’endroit qui se trouvait devant la salle de bains et essaya d’y imaginer un corps sans vie. Elle savait que les photos de la sc?ne de crime se trouvaient dans les dossiers et elle ?tait s?re qu’elle y jetterait un coup d’?il un peu plus tard. Mais pour l’instant, elle voulait essayer d’imaginer la pi?ce comme pouvait l’avoir vue l’assassin – un assassin qui avait probablement ?t? invit? ? entrer pour une raison ou une autre. La disposition de la chambre ?tait telle que quelqu’un qui sortirait de la salle de bains ne verrait pas imm?diatement une personne qui serait entr?e dans la pi?ce. Si le tueur ?tait parvenu ? entrer dans la chambre pendant que Marjorie Hix ?tait dans la salle de bains, elle ne l’aurait pas vu en sortant. « Aucun indice et aucune trace dans la chambre, c’est bien ?a ? » demanda Kate. « Aucun. M?me pas une goutte de sang. Rien. » Kate traversa la chambre et s’arr?ta ? la fen?tre qui se trouvait le plus pr?s du lit. Elle ouvrit les rideaux et vit qu’elle donnait sur un jardin avec un petit bois dans le fond. Elle alla ensuite dans la salle de bains. Comme la plupart des pi?ces de la maison, elle ?tait vaste et de bon go?t. Elle s’accroupit et regarda en-dessous des armoires qui se trouvaient sous l’?vier. ? part un peu de poussi?re, il n’y avait rien d’autre. « Ils avaient quel genre de syst?me de s?curit? ? » demanda Kate. « Hum, » dit DeMarco, en feuilletant les rapports. « Apparemment, ils n’en avaient pas. Mais ils ont une cam?ra ? la porte d’entr?e. » « C’est parfait. Est-ce que la police y a eu acc?s ? » « Oui. Il est dit ici que le mari a donn? le mot de passe ? Bannerman. Apparemment, les enregistrements sont accessibles ? travers l’appli de la cam?ra. » « On sait quel est le nom de l’appli ? » « Ce n’est pas indiqu?. Mais je suis s?re que Bannerman doit le savoir. » « Attends, il y a peut-?tre un autre moyen, » dit Kate. Elle sortit de la chambre ? coucher, avec DeMarco sur les talons. Elles trouv?rent Nadine Owen occup?e ? inspecter les murs du salon, ? la recherche d’?raflures pr?existantes ? l’arriv?e des d?m?nageurs. « Mademoiselle Owen, » dit Kate. « Est-ce que vous connaissez le nom de l’appli que les Hix utilisaient pour leur cam?ra ? l’entr?e ? » « Oui, » dit-elle. « Quand le mari m’a appel?e pour mettre la maison en vente, il m’a donn? leur mot de passe pour que je puisse m’y connecter et effacer leur compte avant l’arriv?e de nouveaux habitants. » « Et vous l’avez d?j? effac? ? » « Non. » Nadine eut l’air de comprendre o? Kate voulait en venir. Une br?ve expression d’excitation envahit son visage et elle sortit son t?l?phone de sa poche. « Je peux me connecter ? leur compte si vous voulez. » « Ce serait vraiment super, » dit Kate. Nadine s’assit sur l’un des tabourets de la cuisine et ouvrit l’appli. Elle se connecta sur le compte des Hix et en quelques secondes, l’adresse de la maison apparut. Nadine cliqua dessus et une page avec un calendrier apparut ? l’?cran. « L’appli permet de visionner les soixante derniers jours. Au-del? de cette date, tout est stock? dans le cloud. » « Soixante jours, c’est plus que suffisant. En fait, je n’ai besoin de v?rifier que deux jours en particulier. » « J’imagine que l’un d’entre eux est le jour o? elle a ?t? assassin?e, c’est bien ?a ? » « Oui, s’il vous pla?t. » « Comment est-ce que ?a fonctionne exactement ? » demanda DeMarco. « Il y a un d?tecteur ? la sonnette, » dit Nadine. « Quand quelqu’un arrive sur le porche, la cam?ra s’allume. Et elle enregistre jusqu’? ce que la personne soit entr?e dans la maison ou qu’elle ait quitt? le porche. » « Alors, il n’y aura un enregistrement du jour o? elle a ?t? tu?e que si quelqu’un est venu sur le porche, c’est bien ?a ? » demanda Kate. « C’est ?a. Et… voil?, on y est. Il y a deux enregistrements vid?o de mercredi dernier… le jour o? elle a ?t? tu?e. » Les trois femmes se pench?rent sur le t?l?phone de Nadine pour regarder les enregistrements venant de l’appli. La premi?re vid?o fut facile ? ?carter tout de suite. C’?tait un chauffeur UPS qui ?tait venu d?poser un carton sur le porche et qui ?tait rapidement retourn? ? sa camionnette. Le carton n’?tait pas tr?s grand et il y avait un logo Amazon bien visible sur le c?t?. Trois secondes plus tard, le chauffeur avait disparu et l’enregistrement s’arr?ta. Nadine afficha ensuite la deuxi?me vid?o et appuya sur Play. Elles virent une femme arriver sur le porche et sonner ? la porte, qui fut ouverte quelques secondes plus tard. Il n’y avait pas d’audio, mais il ?tait clair que la femme parlait avec la personne qui lui avait ouvert la porte – probablement Marjorie. Quelques secondes plus tard, elles virent d’ailleurs Marjorie sortir sur le porche et parler encore un peu ? la femme, avant de rentrer ? l’int?rieur. La femme dit encore quelque chose par-dessus son ?paule en descendant les marches et l’enregistrement s’arr?ta. « Vous savez qui est cette femme ? » demanda DeMarco ? Nadine. « Non, d?sol?e. Mais vous avez dit que vous vouliez ?galement regarder les enregistrements d’une autre date ? » « Oui. Il y a exactement deux semaines. Est-ce qu’il y a des vid?os pour ce jour-l? ? » Nadine retourna en arri?re et s’arr?ta ? la date demand?e. Il y avait ?galement deux enregistrements ce jour-l?. Nadine lan?a tout de suite le premier, sans qu’on le lui ait demand?. Kate reconnut tout de suite l’homme qui arriva sur le porche pour sonner ? la porte : c’?tait Mike Wallace. Il portait le m?me uniforme Hexco qu’il y a une heure. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit. Il parla ? quelqu’un pendant un court instant avant qu’on l’invite ? entrer. Nadine les regarda pour voir si elles avaient quelque chose ? dire. Quand elle vit qu’elles restaient impassibles, elle cliqua sur le deuxi?me enregistrement. « Celui-l? est ? peine quatorze minutes plus tard. » Elle appuya sur Play et elles virent exactement l’oppos? de ce qui venait de se passer. Mike Wallace sortit par la porte d’entr?e et se retrouva dans le cadre de la vid?o. Il se retourna et parla encore un peu ? quelqu’un qui se trouvait ? la porte – probablement Marjorie Hix. La conversation dura ? peine vingt secondes et Mike descendit ensuite les marches. Avant que le d?part de Mike n’ait eu le temps d’arr?ter l’enregistrement, la cam?ra d?tecta encore du mouvement. Marjorie Hix sortit sur le porche avec un arrosoir et se mit ? arroser un pot de lilas accroch? ? la rambarde. Bien que ?a ne prouve pas grand-chose, le fait qu’il n’y ait aucune vid?o de Mike Wallace le jour o? elle avait ?t? assassin?e ?tait un alibi assez solide. « Autre chose ? » demanda Nadine. Kate et DeMarco ?chang?rent un regard et elles secou?rent toutes les deux la t?te en m?me temps. Kate ne savait pas si DeMarco pensait la m?me chose qu’elle, mais il y avait de grandes chances que ce soit le cas. Les enregistrements vid?o ?liminaient Mike Wallace en tant que suspect. Mais le mari… « Il y a un garage sur le c?t? de la maison, » dit Kate. « On dirait qu’il est ? un niveau l?g?rement plus bas que la maison, je me trompe ? » « Oui, c’est bien ?a. Vous voulez le voir ? » « Non, ce n’est pas n?cessaire. Mais est-ce que vous savez si c’est l? que monsieur Hix avait l’habitude de se garer ? » « Oui, je suis presque s?re que c’?tait le cas. » « Et j’imagine qu’il y a une autre porte d’acc?s ? la maison depuis le garage ? » « Bien s?r. » Elle montra du doigt une porte qui se trouvait ? l’arri?re de la maison, au fond de la cuisine. « Juste l?. » Alors il n’avait m?me jamais besoin de passer par la cam?ra de l’entr?e, pensa Kate. Bien que les vid?os aient ?cart? Mike Wallace en tant que suspect, elles n’avaient pas permis d’?liminer les soup?ons qu’elle nourrissait ? l’?gard du mari. Kate regarda le salon – les meubles, les bibelots et autres objets co?teux. Elle trouvait difficile ? croire que quelqu’un puisse tout simplement abandonner tout ?a. « Est-ce que vous savez o? monsieur Hix s?journe pour l’instant ? » Et sur ce point, Nadine leur fut ?galement d’une aide pr?cieuse. CHAPITRE SIX Apparemment, le mari de Marjorie Hix – Joseph Hix, cinquante-trois ans – avait beaucoup mieux r?ussi que son fr?re. Alors que Joseph Hix poss?dait une maison dans un quartier nanti de banlieue et qu’il, selon les rapports de police, avait gagn? pr?s que quatre cent mille dollars l’ann?e pr?c?dente, son fr?re, Kyle, vivait dans un immeuble d’appartements plut?t d?labr?. Il ?tait situ? dans un quartier de la ville encore potable, mais il n’?tait qu’? quelques p?t?s de maisons d’un quartier un peu moins fr?quentable. L’immeuble d’appartements avait ?t? con?u de mani?re que les cages ouvertes d’escaliers ressemblent ? des s?parations entre des maisons de ville, mais Kate avait d?j? vu assez souvent ce genre d’immeubles pour savoir que ce n’?tait pas le cas. Elles gravirent les deux vol?es de marches et arriv?rent devant l’appartement de Kyle Hix. Kate frappa ? la porte. Elle ne s’attendait pas forc?ment ? une r?ponse, alors quand la porte fut presque imm?diatement ouverte, elle fut prise par surprise. Non seulement ?a, mais la mani?re agressive et violente avec laquelle la porte s’ouvrit la fit l?g?rement sursauter. Elle faillit m?me tendre la main vers son arme. L’homme qui ouvrit la porte avait l’air ? moiti? fou – ?puis? et furieux d’avoir ?t? d?rang?, il plissait les yeux sous l’effet de la lumi?re naturelle. « Qui ?tes-vous ? » demanda l’homme. « ?tes-vous Joseph Hix ? » demanda Kate. Il grogna, comme s’il n’en ?tait pas tout ? fait s?r lui-m?me. Il ?tait ?galement clair qu’il n’avait pas du tout l’intention de r?pondre ? la question. Kate sentit une odeur d’alcool – quelque chose de fort. Du whisky, probablement. DeMarco fut la premi?re ? sortir son badge, suivie par Kate. Elle laissa DeMarco prendre l’initiative, vu qu’une partie de l’accord qu’elle avait avec Duran et le FBI, c’?tait qu’elle devait ?galement veiller ? former sa jeune co?quipi?re. « Agents DeMarco et Wise, » dit DeMarco. « Nous sommes actuellement bas?es ? Frankfield pour enqu?ter sur le meurtre de votre femme. » L’homme hocha la t?te et s’?loigna de la porte d’entr?e. Il tituba l?g?rement en le faisant et Kate comprit tout de suite que ?a ne devait pas faire tr?s longtemps qu’il avait bu de l’alcool – et il n’?tait m?me pas deux heures de l’apr?s-midi. « Ouais… c’est moi, Joseph. Et j’aurais pu vous ?pargner le voyage jusqu’ici. Je sais qui l’a tu?e. Venez, entrez… Je vais vous aider. » Il fit la grimace, apparemment amus? par son trait d’humour et rentra ? l’int?rieur de l’appartement. « Attendez une minute, » dit DeMarco. « Vous ne pouvez pas affirmer ce genre de choses ? la l?g?re. Vous ?tes s?r de savoir qui l’a tu?e ? » « Je n’ai pas de preuves, mais j’ai ma petite id?e. » « Ce serait mieux que vous nous laissiez en juger, » dit Kate. « Qu’est-ce que vous pouvez nous dire ? » « Je vais vous montrer. » Elles le suivirent ? l’int?rieur et Kate commen?a ? se sentir un peu mal ? l’aise. Elle n’?tait pas s?r de savoir si Hix ?tait dans un ?tat permanent de tristesse et d’?bri?t?, ou s’il perdait un peu les p?dales – ou les deux. Mais ce qu’elle savait pour s?r, c’?tait que les hommes g?raient la douleur de mani?res tr?s diff?rentes. Et la fatigue et l’expression je-m’en-foutiste qu’elle avait vues sur le visage de Joseph quand il avait ouvert la porte ne menaient jamais ? rien de bon. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51922826&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.