Êàêîå, â ñóùíîñòè, íåëåïîå çàíÿòèå ïèñàòü ñòèõè: ......................è "ãëàç ëóíû", è "ñîëíöà äèñê" êàê ìèð ñòàðû. ............................Äóøè øèðîêèå îáúÿòèÿ òîëïå íàâñòðå÷ó ðàñïàõíóòü... - ................................................ïîäîáíûé ðèñê ê ÷åìó òåáå? - ........................Ãëóõîé ñòåíîé - íåïîíèìàíèå; ðàçäàâëåí òÿæåñòüþ

Si elle craignait

Si elle craignait Blake Pierce “Un capolavoro del genere thriller e giallo! L’autore ha sviluppato e descritto cos? bene il lato psicologico dei personaggi che sembra di trovarsi dentro le loro menti, per seguire le loro paure e gioire dei loro successi. La trama ? intelligente e appassiona per il tutto il libro. Pieno di colpi di scena, questo romanzo vi terr? svegli anche la notte, finch? non avrete girato l’ultima pagina.”--Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (a proposito del Il Killer della Rosa)SE LEI TEMESSE (Un giallo di Kate Wise) ? il libro 6 di una nuova serie thriller psicologica dell’autore bestseller Blake Pierce, il cui primo bestseller Il killer della rosa (libro 1) (scaricabile gratuitamente) ha ricevuto pi? di mille recensioni a cinque stelle. Quando viene trovata morta un’altra donna in una casa dei sobborghi sfitta, l’FBI deve convocare la sua brillante agente speciale Kate Wise, di cinquantacinque anni, per chiederle di tornare al lavoro dalla pensione vissuta nella tranquilla provincia per trovare il killer psicopatico.Ma perch? l’assassino dispone scenicamente i corpi in case vuote della periferia?Cos’hanno in comune le vittime?E Kate, nonostante l’et?, pu? fermarlo in tempo e salvare la vita a un’altra donna?Thriller pieno di adrenalina dalla suspense al cardiopalma, SE LEI TEMESSE ? il libro numero 6 di un’affascinante nuova serie che vi costringer? a restare svegli fino a tarda notte per arrivare all’ultima pagina. Il Libro 7 della SERIE GIALLA DI KATE WISE sar? presto disponibile. si elle craignait (un myst?re kate wise—volume 6) b l a k e p i e r c e Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie de romans ? suspense ? succ?s RILEY PAGE, qui comporte quinze tomes (pour l’instant). Blake Pierce est aussi l’auteur de la s?rie de romans ? suspense MACKENZIE WHITE, qui comprend neuf tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense AVERY BLACK, qui comprend six tomes ; de la s?rie de romans ? suspense KERI LOCKE, qui comprend cinq tomes ; de la s?rie de romans ? suspense LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense KATE WISE, qui comprend deux tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense psychologique CHLOE FINE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) et de la s?rie de thrillers psychologiques JESSIE HUNT, qui comprend trois tomes (pour l’instant). Lecteur gourmand et fan depuis toujours de romans ? myst?re et ? suspense, Blake aime beaucoup recevoir de vos nouvelles, donc, n’h?sitez pas ? vous rendre sur www.blakepierceauthor.com pour en apprendre plus et rester en contact. Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d'autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou qu'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright Lukiyanova Natalia frenta, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) LA FILLE AU PAIR PRESQUE DISPARUE (Livre 1) PRESQUE PERDUE (Livre 2) PRESQUE MORTE (Livre 3) LES MYST?RES DE ZOE PRIME LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1) LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2) LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER ID?AL (Volume 2) LA MAISON ID?ALE (Volume 3) LE SOURIRE ID?ALE (Volume 4) LE MENSONGE ID?ALE (Volume 5) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4) DE RETOUR ? LA MAISON (Volume 5) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5) SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) MANQUE (Tome 16) UNE NOUVELLE DE LA S?RIE RILEY PAIGE R?SOLU S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#u96c53df4-8765-5d34-9477-d94201ffd55e) CHAPITRE UN (#ueb27979c-402e-5ed0-8bf5-36d3199f03de) CHAPITRE DEUX (#u7f5098fd-c335-52ba-850e-f7f9be566478) CHAPITRE TROIS (#u6f05fed2-9738-5835-bcd8-db256acd7558) CHAPITRE QUATRE (#u802d554c-dfbc-5817-844b-21cc46fc344e) CHAPITRE CINQ (#uf839dbbd-d904-5e0f-ae07-ba9f53100086) CHAPITRE SIX (#ud635685a-4c93-5469-b6ee-776e58770fa7) CHAPITRE SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET ONE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) PROLOGUE Quand Tamara Bateman entra dans la maison ? 15h30 cet apr?s-midi-l?, elle se rappela soudain pourquoi elle aimait autant son travail. En tant qu’agent immobilier ? Estes, dans le Delaware, elle visitait au moins quatre nouvelles maisons par semaine. La plupart du temps, ces maisons ?taient tout au plus passables – des copies conformes d’autres constructions dans la r?gion, en g?n?ral avec un prix de vente dans les quatre cent mille dollars. Mais de temps en temps, il lui arrivait d’entrer dans une maison et d’avoir une sorte de pressentiment… de savoir que cet endroit allait ?tre la maison parfaite pour quelqu’un. Et cette demeure du 157 Hammermill Street ?tait l’une de ces maisons. Ce n’?tait pas une nouvelle construction, comme certaines des r?sidences qu’elle avait montr?es cette semaine, mais elle ?tait assez r?cente. Construite en 2005, elle avait ?t? occup?e par un couple mari? sans enfants, avant d’?tre vendue ? un propri?taire foncier qui l’avait encore modernis?e un peu plus. C’est pourquoi elle donnait cette impression de neuf. Mais bien s?r, ?a avait beaucoup ? voir avec l’excellent travail de nettoyage qui avait ?t? fait avant de la mettre en vente. C’?tait une maison magnifique. Tous les sols avaient ?t? refaits, les murs avaient ?t? repeints et les baies vitr?es offraient de superbes vues sur le jardin arri?re. Avec un bon d?corateur et quelques meubles modernes, l’endroit avait tout le potentiel n?cessaire pour se transformer en une maison id?ale. ?a faisait maintenant deux semaines que Tamara la faisait visiter et bien que l’endroit ait ? chaque fois suscit? de l’int?r?t, il n’y avait pas encore eu d’offre d’achat. Non meubl?e et impeccablement nettoy?e, la maison offrait toutes les possibilit?s imaginables. Mais Tamara commen?ait ? se demander si l’absence de meubles n’?tait pas justement ce qui lui causait du tort. Elle sortit son t?l?phone et commen?a ? prendre des notes qui lui permettraient d’am?liorer la description de la maison. Elle savait qu’il n’y avait pas de recette miracle pour d?crire une propri?t? en vente, mais c’?tait quelque chose qu’elle aimait faire. Elle avait l’impression d’avoir un don pour ?a – comme si elle r?digeait une sorte de po?me. Et vu qu’elle allait la faire visiter demain, elle voulait s’assurer de pr?senter l’endroit sous son meilleur profil. Elle traversa l’immense salon et entra dans la magnifique cuisine ?quip?e d’un ?vier de style fermette et de tabourets aux allures industrielles. Alors qu’elle essayait de trouver un mot original pour d?crire le plan de travail en marbre, elle entendit un bruit ? l’?tage. C’?tait un l?ger bruissement, ? peine perceptible. Elle pencha la t?te sur le c?t?, tendit l’oreille et se rendit compte qu’elle n’avait pas r?v?. C’?tait un bruit beaucoup plus l?ger que des bruits de pas. Elle se dit qu’une des fen?tres avait d? rester ouverte et que la brise l?g?re d’automne devait faire voler les rideaux. C’?tait exactement ce ? quoi ?a ressemblait. Mais personne n’?tait venu ici au cours des deux ou trois derniers jours. Et les seules personnes qui avaient actuellement les cl?s de l’endroit, c’?tait elle, le propri?taire et l’entrepreneur qui avait remis l’endroit ? neuf. Elle faillit ignorer le bruit, jusqu’? ce qu’elle l’entende ? nouveau. Cette fois-ci, elle ?tait presque certaine qu’il s’agissait du bruissement de rideaux. Mais il lui ?tait difficile d’imaginer que le propri?taire, ou l’entrepreneur, ait ouvert une fen?tre et l’ait laiss?e ouverte. Elle essaya de se rappeler s’il avait plu au cours des trois derniers jours. Elle ne pensait pas que ?a avait ?t? le cas, mais il ?tait ?galement possible qu’un oiseau ou un insecte soit entr?. Agac?e, Tamara retraversa le salon et se dirigea vers l’escalier qui menait ? l’?tage. En gravissant les marches, plusieurs phrases lui vinrent en t?te pour d?crire ce magnifique et spacieux escalier. Mais avant qu’elle arrive ? l’?tage, elle entendit ? nouveau le bruit. Cette fois-ci, c’?tait diff?rent, plus prononc?. Et elle n’?tait plus tout ? fait s?re que ce soit le bruissement de rideaux. On aurait vraiment dit que c’?taient des bruits de pas. Mais ?a n’avait pas de sens. Seuls le propri?taire et l’entrepreneur – un homme de cinquante-six ans du nom de Bob – avaient la cl? de la maison. Et Bob ?tait actuellement ? New York pour assister ? un spectacle avec sa femme. Tamara le savait parce qu’il lui en avait parl? la derni?re fois qu’ils s’?taient vus. Quant au propri?taire, il n’?tait pas du genre ? se pr?occuper de ses maisons, une fois qu’elles ?taient list?es aupr?s d’une agence immobili?re. Alors qui pouvait bien se trouver ? l’?tage ? Mais en d?pit de cela, elle continua ? gravir les marches. Elle n’?tait plus qu’? deux pas du couloir. Elle vit la moquette et le bas des portes qui ouvraient sur les deux premi?res pi?ces de l’?tage. Elle faillit demander ? haute voix s’il y avait quelqu’un, mais elle se dit que ce serait stupide de sa part. Car s’il y avait vraiment quelqu’un, c’?tait peut-?tre mieux qu’il ne sache qu’elle ?tait l?. Ne sois pas stupide, se dit-elle. Il n’y a rien ? voler dans cette maison. S’il y a quelqu’un ? l’?tage, ?a ne peut ?tre que Bob ou un voisin un peu trop curieux. Et si c’est un voisin, ?a veut dire que Bob a oubli? de fermer la porte ? cl? la derni?re fois qu’il est venu. Ce ne serait pas la premi?re fois que ?a lui arrive. Mais elle entendit ? nouveau le bruit de pas. Il venait de tr?s pr?s. Ainsi qu’une respiration nerveuse et presque impatiente. Tamara d?cida alors de suivre son instinct. Elle fit demi-tour et descendit ? toute vitesse les marches de l’escalier. Elle sortit son t?l?phone pour appeler la police. Ce n’?tait peut-?tre rien, mais elle pr?f?rait ne prendre aucun risque. Elle pr?f?rait… Elle entendit alors des bruits de pas r?sonner derri?re elle. Elle sentit l’escalier trembler sous le poids de quelqu’un qui la poursuivait. Elle voulut crier en arrivant en bas des marches, mais elle n’en eut pas le temps. Elle sentit quelque chose la frapper violemment au niveau de la nuque. Tamara tomba en avant. Elle essaya d’amortir sa chute avec les mains pour ?viter de tomber sur la t?te et elle se tordit le poignet. Elle l’entendit craquer mais elle en fut vaguement consciente. Elle pensait encore ? ce bruit de pas qui avait r?sonn? derri?re elle. Elle ?tait ? moiti? ?tourdie et elle ressentait une douleur lancinante ? l’arri?re du cr?ne et au niveau du poignet. Elle essaya de se retourner pour voir le visage de son assaillant mais elle n’en eut pas le temps. Elle sentit quelque chose de rugueux glisser sur sa t?te et autour de son cou. Puis se serrer fermement… et elle n’essaya plus de se retourner pour voir qui l’attaquait. Maintenant, elle luttait pour essayer de respirer. Mais ce fut une lutte qu’elle perdit rapidement et l’obscurit? l’envahit tr?s vite, la douleur au niveau du cou et des poumons prenant le dessus sur celle qu’elle avait ressentie au poignet et ? l’arri?re du cr?ne. CHAPITRE UN Les personnages de la s?rie t?l? Stranger Things commen?aient tout doucement ? ennuyer Kate Wise. Mais c’?tait un peu normal, vu que ce n’?taient que des enfants pareils ? tous les autres. Int?ressants et adorables quand on les rencontre, mais avec une tendance ? devenir tr?s vite aga?ants en grandissant. Kate avait l’impression de bien conna?tre les enfants de la s?rie. Elle avait d?vor? les saisons une et deux en l’espace de trois jours. Et maintenant qu’elle commen?ait la saison trois, elle se rendait compte que ?a ne l’int?ressait pas plus que ?a. Kate d?posa la t?l?commande de la t?l? sur la table du salon et se leva du divan. Elle regarda l’horloge et fut un peu ?c?ur?e de voir qu’il ?tait d?j? 17h10. Elle regarda ensuite vers la petite table qui se trouvait ? c?t? du divan, sur laquelle elle avait empil? des livres qu’elle avait achet?s le weekend dernier dans un magasin de seconde main de Carytown. Elle avait commenc? ? en lire un – un livre assez ennuyeux sur la vie de John Wayne Gacy – mais elle n’avait pas eu la motivation suffisante pour le terminer… ce livre-l?, ni aucun autre d’ailleurs. Alors elle avait fini par se rabattre sur Netflix, auquel elle s’?tait abonn?e sur la demande d’Allen. Au d?but, ils avaient regard? plusieurs choses ensemble, surtout des documentaires et la s?rie The Office, mais ils s’?taient tr?s vite rendus comptesqu’ils pr?f?raient de loin se parler quand ils ?taient ensemble. Mais derni?rement, quand Kate se retrouvait seule, elle avait envie de ne rien faire. Elle n’avait jamais vraiment aim? passer du temps devant la t?l? mais r?cemment, elle avait commenc? ? appr?cier faire des choses sans int?r?t qui lui permettaient de d?connecter et de ne penser ? rien. Elle commen?ait ? aimer l’id?e de s’?chapper du monde r?el. Que ce soit en compagnie des enfants de Stranger Things ou en faisant semblant d’?tre int?ress?e par l’intrigue de Grey’s Anatomy, ?a lui faisait du bien de se d?connecter et de ne plus voir des drames que de l’ext?rieur. Et puis, elle avait tout le temps devant elle pour le faire. Le directeur Duran avait ?t? fid?le ? ses mots et il ne l’avait pas appel?e depuis plus de six semaines. Elle savait qu’elle n’?tait pas licenci?e, mais qu’on ne l’appellerait que pour des affaires o? ils auraient besoin d’une certaine expertise ou de recherches en profondeur. En effet, Duran l’avait r?primand?e et il lui avait dit qu’on ne ferait plus appel ? elle que dans le cadre de recherches plus pouss?es – juste en tant que bou?e de sauvetage. Mais elle comprenait. Quand elle travaillait sur une affaire, elle ?tait un peu trop imprudente pour son ?ge, comme elle l’avait prouv? lors de sa derni?re enqu?te. Mais Duran savait ?galement qu’elle faisait du bon boulot et c’est pour ?a qu’il n’?tait pas encore pr?t ? totalement la mettre ? la retraite. Mais pour l’instant, il ne l’appelait pas. Et au cours de ces six derni?res semaines, la vie de Kate avait continu? son cours. Elle avait eu cinquante-six ans et sa petite-fille, Michelle, avait c?l?br? son premier anniversaire. Elle ?tait partie deux fois en vacances avec Allen – une fois dans une cabane perdue dans les montagnes de Blue Ridge et une fois ? Surfside Beach, en Caroline du Sud, pour profiter une derni?re fois de l’?t? qui se terminait. Mais ces derni?res vacances remontaient ? deux semaines. Quand ils ?taient rentr?s, Allen ?tait retourn? au travail. Bien qu’il ait encore son propre appartement, il passait la plupart de son temps chez Kate. Ils avaient souvent parl? d’emm?nager ensemble et c’?tait probablement ce qu’ils allaient finir par faire. Elle s’?tait mise ? r?fl?chir ? tout ?a pour occuper ses journ?es. Puis elle avait d?couvert Stranger Things et Grey’s Anatomy, et elle avait trouv? un autre moyen de remplir ses longues journ?es d’oisivet?. Elle avait envisag? de continuer ? ?crire ce livre qu’elle avait toujours voulu r?diger – une sorte de r?sum? de certaines de ses enqu?tes les plus bizarres. Elle avait d?j? ?crit une cinquantaine de pages mais ?a n’avait fait que lui rappeler que ses jours de gloire se trouvaient maintenant derri?re elle. Malgr? qu’un agent soit d?j? int?ress? par son livre (bien que ce soit surtout l’ami d’un ami), elle n’?tait pas parvenue ? trouver la motivation suffisante pour continuer ? l’?crire. Si Duran avait d?cid? de ne plus faire appel ? elle, elle aurait pr?f?r? qu’il le lui dise. Elle pr?f?rait de loin ?tre licenci?e au fait de ne pas savoir. Elle avait encore une heure devant elle avant qu’Allen rentre du travail. Maintenant qu’elle avait ?teint la t?l?, elle envisagea de se remettre ? son livre. Mais elle savait qu’elle n’aurait pas la motivation suffisante pour travailler dessus aujourd’hui. Elle regarda son t?l?phone et se mit ? consulter ses messages. Elle en avait re?u un de Kristen DeMarco cinq jours plus t?t, pour savoir comment elle allait. DeMarco avait continu? ? travailler avec d’autres agents qui, pour une raison ou une autre, s’?taient retrouv?s sans co?quipier. Mais DeMarco avait gard? le contact avec Kate et c’?tait un geste que Kate appr?ciait particuli?rement. DeMarco ?tait tr?s rapidement devenue une amie. Et ?a voulait tout dire, vu la mani?re dont Kate avait toujours veill? ? garder une distance tr?s stricte entre amiti? et co?quipier. Mais il y avait quelque chose chez DeMarco qui ?tait diff?rent de tous ses autres partenaires pr?c?dents. Et ?a allait au-del? du fait qu’elle avait une carri?re prometteuse et un caract?re tenace. C’?tait une femme polyvalente qui rappelait ? Kate la mani?re dont elle ?tait quand elle ?tait plus jeune. Et garder contact avec elle avait ?t? l’une des choses les plus importantes dans la vie de Kate au cours de ces six derni?res semaines. En souriant, elle afficha le num?ro de DeMarco ? l’?cran et l’appela. Elle ne fut pas trop surprise de tomber sur sa messagerie vocale apr?s quatre sonneries. Elle ne prit pas la peine de laisser un message. DeMarco travaillait probablement sur une affaire et Kate ne voulait surtout pas la g?ner dans son travail. Elle reposa son t?l?phone et se rendit dans la cuisine. Ils avaient pr?vu d’aller manger au restaurant ce soir, alors elle n’avait pas besoin de cuisiner. Elle s’appuya contre le plan de travail et regarda par la fen?tre, en direction du jardin. C’?tait probablement ? ?a que ressemblait la retraite. C’est vrai qu’elle en avait eu un avant-go?t il y a un an et demi, mais ? ce moment-l?, elle s’y attendait. Elle avait pr?vu des hobbies et elle se rendait r?guli?rement au stand de tir. Mais cette fois-ci, elle s’ennuyait vraiment. C’?tait peut-?tre parce qu’elle savait que Duran pouvait l’appeler ? tout moment et qu’elle se retrouverait ? nouveau plong?e en pleine action. Ou peut-?tre, pensa-t-elle, que c’?tait une sorte de pr?sage – que c’?tait l’univers qui lui disait que sa vie ressemblerait bient?t ? ?a. Alors qu’il vaudrait mieux qu’elle s’y habitue. *** Ils s’?taient mis d’accord pour aller dans un restaurant tha?landais et Kate ?tait contente de ce choix, car c’?tait devenu l’une de ses cuisines pr?f?r?es au cours des derni?res ann?es. C’?tait un restaurant o? ils venaient au moins deux fois par mois. Quand ils furent assis, Kate sentit combien l’endroit lui ?tait familier et elle se demanda si c’?tait une autre chose ? laquelle elle allait devoir s’habituer une fois retrait?e – devenir une habitu?e de certains endroits et rester coinc?e dans une sorte de routine sans aucun v?ritable objectif. Mais la monotonie de l’endroit fut heureusement bris?e par leur sujet de conversation. Allen allait prendre sa retraite dans trois mois. Il ?tait cadre dans une agence de pub et il allait partir pour Chicago dans deux jours pour le travail. Il serait probablement absent une semaine mais ce serait ?galement son dernier voyage d’affaires avant la retraite. Son entreprise tenait vraiment ? le remercier pour les services rendus et Allen ?tait enthousiaste en en parlant. « Ils m’ont dit que je pouvais inviter quelqu’un, » dit Allen. « Et qu’ils payeront pour tout. Alors, si tu veux passer quelques jours ? Chicago avec moi… » « Ce serait super, » dit Kate. « J’ai remarqu? que tu ?tais un peu… je ne sais pas… distante. Pas dans un mauvais sens. Mais on dirait que tu as la t?te ailleurs. » « Tu n’as pas tort, » dit Kate. « Mais je pensais que je le cachais mieux que ?a. » « Non, pas du tout, » dit Allen, en souriant. « Maintenant, si tu viens avec moi ? Chicago, il faut que tu saches que je vais travailler la plupart du temps. Mais je te fais confiance pour trouver de quoi t’occuper en visitant la ville et en faisant un peu de shopping. » « Oui, je ne pense pas que j’aurai un probl?me avec ?a. » La conversation entre eux ?tait naturelle. ?a faisait presque un an qu’ils sortaient ensemble et pr?s de cinq mois que leur relation ?tait devenue s?rieuse. Ils n’avaient pas parl? de se marier et ils avaient ? peine effleur? la question de vivre ensemble – et ce n’?tait pas plus mal. Une grande partie du c?ur de Kate appartenait toujours ? son mari d?funt, Michael. Quand elle essayait d’imaginer vivre le reste de sa vie avec Allen, le souvenir de Michael refaisait ? chaque fois surface et elle n’?tait pas s?re d’?tre pr?te. « Est-ce que tu as parl? ? M?lissa, derni?rement ? » demanda Allen. « Hier. Elle a appel? pour me dire que Michelle ?tait sur le point de marcher. Elle n’y arrive pas encore tout ? fait, mais elle y est presque… » « Les choses s?rieuses commencent, » dit Allen. « Quand ils se mettent ? marcher… » « Oh oui, je sais. M?lissa ?tait une vraie terreur sur pattes quand elle a commenc? ? gambader. Je me rappelle une fois o? elle… » Elle fut interrompue par la sonnerie de son t?l?phone. Elle tendit le bras vers son sac pour le prendre, en se disant que ?a devait ?tre M?lissa. Mais elle se ravisa. Si c’?tait M?lissa, elle laisserait un message et Kate pourrait la rappeler plus tard. Ils continu?rent ? diner, en parlant des deux derniers voyages qu’ils venaient de faire ensemble. Kate avait remarqu? la mani?re avec laquelle Allen la regardait derni?rement. Il y avait de la profondeur dans son regard, comme s’il essayait de la jauger. C’?tait un peu pr?somptueux de sa part, mais elle se demandait s’il envisageait de la demander en mariage. ? leur ?ge, passer autant de temps ensemble ne voulait pas n?cessairement dire qu’ils ?taient sur le point de se marier, mais chaque jour pesait dans la balance. Elle ne savait pas du tout comment elle r?agirait s’il lui posait la question, mais c’?tait quand m?me agr?able d’y penser. Ils termin?rent leur repas et quand l’addition arriva, Allen s’en saisit. Il savait qu’elle n’avait aucun souci d’argent. En fait, quand elle avait pris sa retraite la premi?re fois, elle avait eu droit ? un montant confortable pour vivre le restant de ses jours. Mais quand il le pouvait, Allen tenait vraiment ? lui montrer qu’elle pouvait se sentir en s?curit? avec lui. Et pour lui, ?a voulait dire que l’homme payait l’addition. « Je te rejoins, » dit Kate, quand elle le vit se lever de sa chaise, avec l’addition en main. « Je pense que M?lissa a appel? pendant qu’on d?nait et j’aimerais la rappeler tout de suite. » « Dis-lui bonjour de ma part, » dit Allen, en se dirigeant vers l’entr?e du restaurant. Kate sortit son t?l?phone et vit que l’appel ne venait pas de M?lissa. C’?tait Duran qui l’avait appel?e. Elle sentit une pointe d’excitation, mais aussi de culpabilit?. Elle savait que Duran l’avait appel?e pour une seule raison – et surtout, ? cette heure-ci. Et si son intuition avait vu juste, la raison de son appel voulait s?rement dire qu’elle pouvait oublier son voyage ? Chicago avec Allen. ?a ne sert ? rien de continuer ? faire des suppositions, pensa-t-elle. Elle rappela directement Duran, en sachant qu’il n’?tait pas du genre ? rester tr?s longtemps au t?l?phone. Il d?crocha apr?s la premi?re sonnerie. « Kate, comment allez-vous ? » « Bien. » Elle savait que le fait de l’appeler par son pr?nom signifiait qu’il ?tait press? – qu’il allait aller droit au but. « Si ?a vous int?resse, j’ai une affaire pour vous. ?a ne devrait pas ?tre trop compliqu?, rien qui sorte de l’ordinaire. » « Bien s?r que ?a m’int?resse. Vous pouvez m’en dire plus ? » « C’est dans le Delaware. Deux meurtres qui ont probablement un lien entre eux. J’ai besoin que vous y soyez d?s demain. Quant aux d?tails, je laisserai l’agent en charge de l’affaire vous mettre au courant. » « Quel est le nom de l’agent ? » « DeMarco, » dit Duran. Elle crut d?celer une pointe de joie dans sa voix, au moment o? il pronon?a son nom. M?me lui avait remarqu? la mani?re productive avec laquelle elles travaillaient ensemble. « Elle a tr?s bien g?r? l’enqu?te jusqu’? pr?sent, mais il n’y a aucune piste et elle a besoin d’un coup de main. Mais bien entendu, elle ne l’admettra jamais. » « Est-ce qu’elle est au courant de ma venue ? » « Je l’appellerai d?s qu’on aura raccroch?. ?a ne vous d?range pas de conduire ? Le FBI vous remboursera l’essence. » « OK. » Et bien que ce soit une tr?s bonne nouvelle, elle ne pouvait s’emp?cher de penser ? Allen et ? Chicago. « Super. J’appelle DeMarco et je lui demanderai de me rappeler quand vous l’aurez rejointe. Merci, Wise. » Il raccrocha et Kate resta assise un moment ? table, en essayant de reprendre ses esprits. Au moment o? elle se leva de sa chaise, elle vit Allen qui l’attendait pr?s de la porte d’entr?e. Il avait un l?ger sourire aux l?vres. « Ce n’?tait pas M?lissa, n’est-ce pas ? » demanda-t-il, quand elle se rapprocha de lui. « Comment le sais-tu ? » « Tu as le visage d?tendu quand tu lui parles. Mais la conversation que tu viens juste d’avoir… tu ?tais assise droite comme un i et tu avais l’air tr?s concentr?e. C’?tait Duran, c’est ?a ? » « Oui. » Il hocha la t?te et lui ouvrit la porte pour la laisser sortir. Quand ils se retrouv?rent dehors sous les lueurs des r?verb?res, il lui prit la main. « J’imagine qu’il n’est plus question que tu viennes ? Chicago ? » « Il m’a offert une opportunit?, » dit-elle. « Je me suis dit qu’on pouvait en parler ce soir. » « Une enqu?te ? » « Oui, » dit-elle. « Et quand est-ce que tu devrais prendre la route ? » « T?t demain matin. » « Alors, ?a ne sert ? rien d’en parler, » dit-il. « Kate, on en a d?j? parl?. Je sais ce que ce boulot signifie pour toi. Alors, vas-y. De toute fa?on, je pars en voyage d’affaires. ?a aurait ?t? sympa que tu sois l?, mais on ne se serait pas beaucoup vus. » « Allen, je peux… » « Il n’y a pas de probl?me. Tu sais… Je t’ai donn? un ultimatum il y a quelques semaines. J’y tiens toujours, mais ?a… je pense que c’est OK. Il va juste falloir qu’on repense ? tout ?a quand je dirai d?finitivement au revoir au monde du travail. » « Dans trois mois, » dit-elle, avec une grimace. « Je sais. J’ai du mal ? y croire. » Le restaurant tha?landais se trouvait ? deux kilom?tres de chez elle et ils avaient choisi d’y aller en marchant – c’?tait quelque chose qu’ils essayaient de faire au moins deux fois par semaine. La soir?e ?tait agr?able et l’air commen?ait ? se rafra?chir avec la tomb?e de la nuit. « Alors, si je pars vers quatre heures et demie du matin, tu ne seras pas f?ch? ? » demanda-t-elle, quelques instants plus tard. « Non. Je veux que tu continues ? faire ce boulot tant qu’on arrive tous les deux ? le supporter. Je ne serai pas f?ch?. Mais n’oublie pas de me faire un bisou avant de partir. » Elle s’appuya contre lui, en se demandant comment elle avait fait pour trouver un homme aussi compr?hensif que lui. Puis elle se demanda ?galement combien de temps elle allait pouvoir continuer ? faire ce boulot. « Si tu continues ? ?tre aussi compr?hensif, » dit-elle, « tu pourrais avoir beaucoup plus qu’un bisou. » Il rit, la prit par la taille et ils continu?rent ? marcher ? travers la nuit. CHAPITRE DEUX ?a faisait une ?ternit? que Kate n’avait plus conduit aux petites heures du matin. ? 4h50, elle ?tait d?j? sortie du labyrinthe des routes entourant la ville de Washington et elle roulait en direction du Delaware. Elle avait consult? ses emails la veille et elle n’avait rien vu de Duran. Mais juste apr?s s’?tre r?veill?e, elle avait ? nouveau regard? et elle ne fut pas surprise de voir que Duran lui avait envoy? une copie des dossiers de l’affaire un peu apr?s minuit. Les meurtres avaient eu lieu dans la ville d’Estes, une petite ville situ?e sur le lac Fallows. En voyant le soleil se lever, elle repensa aux vacances qu’elle venait de passer avec Allen en bord de mer. Ils ?taient all?s sur la plage un matin, pour regarder le soleil se lever en mangeant des bagels et des fraises. Bien qu’une ville en bordure de lac n’e?t rien ? voir avec des vacances ? la mer, les deux devaient s?rement avoir le m?me genre de charme… surtout ? cette ?poque de l’ann?e, entre les derniers jours de l’?t? et les premi?res journ?es fra?ches d’automne. C’?tait un souvenir tr?s agr?able, mais qui la fit ?galement se sentir un peu coupable. Allen avait eu l’air presque trop compr?hensif au sujet de cette enqu?te. Et elle se demanda s’il allait r?it?rer son ultimatum dans trois mois, quand il prendrait sa retraite. Quelque part, il avait un peu le droit de le faire. Et cela voulait dire qu’elle allait devoir y r?fl?chir s?rieusement. Mais d’abord, elle devait se concentrer sur cette affaire. Et si la derni?re enqu?te lui avait appris quelque chose, c’?tait qu’elle devait absolument trouver le moyen de s?parer sa vie priv?e de sa vie professionnelle. Quelque part, c’?tait plus difficile aujourd’hui qu’? l’?poque o? elle ?tait mari?e et qu’elle avait un enfant ? ?lever. Elle entra dans la ville d’Estes ? 7h40, vingt minutes avant l’heure ? laquelle elle devait retrouver DeMarco sur les lieux de la derni?re sc?ne de crime. Bien que la ville se trouve ? plus d’un kilom?tre du lac, Estes ?tait construite de mani?re ? faire penser qu’elle se trouvait directement en bord de mer. ? un tel point que certains ?l?ments de l’endroit donnaient l’impression que c’?tait l’oc?an qui se trouvait au bout de la rue, et non pas un lac. Les maisons ressemblaient toutes ? des maisons c?ti?res et il y avait plusieurs magasins de souvenirs le long de la grand-rue qui semblaient tout droit venus des plages du Delaware, qui se trouvaient ? cent-vingt kilom?tres plus ? l’Est. Vu qu’elle ?tait ? l’avance, Kate s’arr?ta pour prendre un caf? avant de se rendre sur les lieux de la derni?re sc?ne de crime. Quand elle y arriva, elle vit que DeMarco l’attendait d?j?. Elle ?tait gar?e dans l’all?e devant la maison et buvait un caf?, appuy?e contre une voiture qui appartenait visiblement au FBI. Elle sourit et fit un signe de la main ? Kate, au moment o? elle se gara ? c?t? d’elle. « Salut, » dit Kate, en sortant de voiture. « D?sol?e de venir m’imposer sur ton affaire. » « Pour ?tre tout ? fait franche, » dit DeMarco. « J’?tais assez contente quand Duran m’a appel?e pour me dire qu’il t’envoyait. » « Est-ce que c’est l’enqu?te en elle-m?me qui te pose des probl?mes ? » demanda Kate. « Non, pas vraiment. Mais c’?tait ma premi?re affaire en solo et pour l’instant, il n’y a aucune piste. » Elle leva les yeux au ciel et sourit. « Je sais que ce n’est qu’un simple lac, mais est-ce que tu as d?j? remarqu? comme le ciel est diff?rent quand tu te rapproches d’une ?tendue d’eau ? » « Non, je n’avais jamais remarqu?, » dit Kate, en regardant le ciel. Elle savait que DeMarco cherchait ? ?viter de parler du fait que Duran avait fini par faire appel ? Kate parce qu’elle n’avait pas r?ussi ? faire avancer l’enqu?te toute seule. Kate se demanda combien de temps DeMarco serait capable de tenir sans le dire ? haute voix. « Est-ce que Duran t’a envoy? les dossiers de l’enqu?te ? » demanda DeMarco, en s’avan?ant vers la maison. La propri?t? ressemblait ? une maison de plage, qui semblait tout droit venue de la c?te du Delaware. Il y avait une pancarte ? VENDRE accroch?e devant l’all?e, avec la photo souriante d’une jolie femme. Son nom – Tamara Bateman – et son num?ro ?taient indiqu?s en-dessous. « Oui, mais je me suis dit que ce serait plus rapide si tu m’en faisais un r?sum?. » « Il n’y a pas grand-chose ? dire, » dit DeMarco. « Deux meurtres ? Estes ? une semaine d’intervalle. La derni?re victime est cette jolie jeune femme. » Elle fit un signe de la t?te en direction de la pancarte ? VENDRE. « Quand est-ce qu’elle a ?t? assassin?e ? » « Il y a deux jours. On m’a assign? l’affaire hier et je suis arriv?e un peu trop tard ? mon go?t. J’ai parl? aux employ?s de l’agence immobili?re mais ?a ne m’a pas beaucoup aid?e. Certains ?taient sinc?rement afflig?s. D’autres ont peur de parler ? un agent du FBI, en craignant que ?a ait un impact sur les ventes. Mais ils m’ont quand m?me donn? la cl? de l’endroit. » DeMarco sortit la cl? de sa poche, au moment o? elles gravirent les marches menant au porche. Elle tourna la cl? dans la serrure et elles entr?rent. L’endroit ?tait enti?rement vide. Il n’y avait pas un seul meuble. Kate sentit une odeur fra?che de peinture et de vernis. « Et c’?tait la deuxi?me victime ? » demanda Kate, en refermant la porte derri?re elle. « Oui. La premi?re ?tait ?galement agent immobilier et elle a ?t? tu?e dans une maison pareille ? celle-ci, mais plus neuve, construite il y a ? peine deux ans. Tandis que cette maison-ci doit avoir pr?s d’une quinzaine d’ann?es. » « Et qu’en est-il de leur vie priv?e ? » « Rien ? signaler pour l’instant. J’ai consult? leurs ant?c?dents et la police locale m’a donn? acc?s ? leur casier judiciaire. Il n’y a rien… juste quelques contraventions pour exc?s de vitesse et une seule amende pour conduite en ?tat d’?bri?t?. Les familles ne nous ont pas beaucoup aid? non plus. Ils ne nous ont rien appris. Selon eux, c’?taient toutes les deux des femmes supers, qui ne feraient pas de mal ? une mouche. Ce genre de choses. » Kate regarda autour d’elle. Il y avait des ?claboussures de sang sur le sol, ? l’entr?e. Un escalier se trouvait juste apr?s le vestibule. Il y avait des taches de sang s?ch? sur les marches en bois et sur le mur qui s?parait l’escalier du plafond. Les escaliers ?taient con?us pour ?tre enti?rement visibles jusqu’? l’?tage, avec une seule balustrade s?parant les marches de l’espace ouvert. Kate observa les taches de sang et ne parvint pas tout de suite ? y trouver un sens. « ?a para?t bizarre, n’est-ce pas ? » dit DeMarco. « D’apr?s ce que j’ai pu comprendre, Tamara Bateman a ?t? attaqu?e alors qu’elle se trouvait sur les escaliers ou tout en bas des marches. Apr?s ?a, on l’a ramen?e presque jusqu’en haut. Puis on l’a jet?e de l’autre c?t? de la balustrade, avec un n?ud coulant autour du cou. Si tu montes l’escalier et que tu jettes un coup d’?il ? la troisi?me marche en partant du haut, tu pourras voir une flaque de sang et des restes de corde. » « Elle a ?t? pendue ? » « Oui. Tout comme la premi?re victime. Mais elle, on l’a pendue ? une poutre du plafond dans le salon. » « Est-ce que les deux victimes travaillaient pour la m?me agence immobili?re ? » demanda Kate. « Non. Des agences diff?rentes. Mais les deux maisons venaient d’?tre mises en vente. ?a, et le fait que les deux victimes soient des femmes, ce sont les seuls liens entre les deux meurtres. Enfin… ?a devrait ?tre suffisant, mais vu qu’on t’a envoy?e en renfort, ce n’est apparemment pas le cas. » « Tu es d?j? venue jeter un coup d’?il dans cette maison ? » demanda Kate. « Oui, hier apr?s-midi. Le corps y est rest? pendant une douzaine d’heures avant d’?tre d?couvert. Le petit ami de Bateman a appel? la police pour signaler sa disparition. La police a appel? l’agence immobili?re, ils ont appris quelles ?taient les propri?t?s dont elle s’occupait, et voil?… ils l’ont retrouv?e pendue ? la balustrade. Je suis arriv?e sur les lieux environ huit heures apr?s que le corps ait ?t? retir?. Mais vas-y, jette un coup d’?il. Je te promets de ne pas le prendre mal. Je te donnerai aussi une copie du rapport du m?decin l?giste mais il contient la m?me chose que ce que je viens de te dire. Quand une femme est frapp?e ? l’arri?re de la t?te avant d’?tre pendue, il n’y a pas grand-chose ? ajouter. » « Est-ce qu’elle a ?t? abus?e sexuellement ? » « Le rapport d’autopsie ne signale aucun abus sexuel. Franchement… il n’y a pas grand-chose, dans ce rapport. » Kate lui sourit, bien qu’elle se sente un peu mal ? l’aise. Elle avait l’impression de marcher sur les plates-bandes de DeMarco, de devoir mettre son grain de sel sans y avoir ?t? invit?e. C’?tait aussi la premi?re affaire sur laquelle DeMarco avait d?but? toute seule – et sur laquelle elle avait plus ou moins autorit?. Kate monta lentement l’escalier, en faisant attention de ne pas marcher sur les taches de sang. Elle arriva ? la marche depuis laquelle l’assassin avait apparemment jet? le corps par-dessus la balustrade. Il y avait une l?g?re ?raflure dans le vernis du bois. Des barreaux d?coratifs ?taient plac?s tous les quinze centim?tres et reliaient la balustrade aux escaliers. Il y avait quelques brins de toile accroch?s au barreau qui se trouvait au niveau de cette marche. C’?taient probablement les morceaux de corde que DeMarco avait mentionn?s. Kate regarda par-dessus la balustrade, en direction du rez-de-chauss?e. ?a devait faire trois m?tres cinquante de haut. Ce qui veut dire que la corde devait ?tre tr?s courte. Et si c’?tait le cas, il ?tait possible que l’assassin ait pr?vu une corde assez courte car il avait planifi? son crime et savait d?j? o? il allait pendre Tamara Bateman. « Tu sais combien mesurait la corde qui a ?t? utilis?e pour la pendre ? » demanda Kate. ? « La corde faisait deux m?tres cinquante, » dit DeMarco. « Elle a apparemment ?t? achet?e ? cette taille car il n’y a aucune marque indiquant qu’elle ait ?t? coup?e. » Kate ?tait impressionn?e. La longueur de la corde n’?tait qu’un d?tail sans importance, mais une information n?anmoins n?cessaire pour r?diger un rapport complet et pr?cis. Et comme elle s’y attendait, DeMarco ?tait au courant des moindres d?tails, m?me les plus minimes. Kate continua ? monter l’escalier jusqu’au premier ?tage. DeMarco la suivit, mais en restant ? une distance respectueuse. Cinq portes s’ouvraient sur le couloir ? l’?tage : deux de chaque c?t? et une au bout du couloir. Il n’y avait pas de moquette sur le sol du couloir mais par les portes ouvertes, Kate put voir qu’il y en avait dans les diff?rentes pi?ces, except? dans la petite salle de bains au bout du couloir. Kate entra dans la premi?re pi?ce. La maison avait visiblement ?t? nettoy?e ? fond apr?s que les anciens propri?taires aient d?m?nag?. Il n’y avait pas une seule ?gratignure aux murs et seules de tr?s l?g?res marques dans la moquette indiquaient que des meubles y avaient un jour ?t? plac?s. Cette pi?ce ?tait visiblement l’une des chambres d’amis, vu qu’elle ?tait de dimensions assez modestes. ? part la pi?ce enti?rement vide, le seul endroit o? jeter un coup d’?il, c’?tait la penderie, qui ?tait de tr?s petite taille et ne contenait rien de plus qu’une moquette extr?mement propre. La pi?ce suivante ?tait tout aussi impeccable, ainsi que la chambre ? coucher principale. Cette derni?re ?tait ?galement ?quip?e d’une grande salle de bains, mais elle ?tait tout aussi nickel que le reste de la maison. La pi?ce suivante ?tait du m?me style, mais le dressing ?tait beaucoup plus grand et ?quip? d’?tag?res pour les v?tements et les chaussures. Le dressing ?tait tout aussi vide que les autres pi?ces, mais Kate remarqua une porte dans le mur du fond. C’?tait une porte assez petite, qui se trouvait dans un coin du dressing. « Un espace de rangement ? » demanda Kate, en se dirigeant vers la porte. « Oui, je pense. ?a ressemble ? un grenier inachev?. J’y ai jet? un coup d’?il hier. » Kate ouvrit la porte et une bouff?e d’air humide lui vint au visage. L’endroit ?tait en effet inachev?. Il y avait des poutres visibles, ainsi que des ?l?ments d’isolation, et une imposante unit? d’air conditionn?. Les propri?taires pr?c?dents avaient plac? quelques planches en bois pour traverser l’espace en toute s?curit?, mais c’?tait ? peu pr?s tout. Au fond de la pi?ce, le toit en pente r?duisait l’espace. Plusieurs planches avaient ?t? dispos?es pour soutenir le toit, cr?ant une sorte de faux mur. Kate s’avan?a sur les planches pos?es sur le sol. En traversant la pi?ce, elle se dit que c’?tait dommage que cet endroit soit inutilis?. Termin?, il pourrait faire office de bureau ou de salle de jeux pour une famille avec des enfants. Un escalier pourrait facilement y ?tre install? pour rejoindre le rez-de-chauss?e. Elle arriva jusqu’au faux mur qui se trouvait au fond de la pi?ce, au niveau de la pente du toit. Elle jeta un coup d’?il derri?re les planches et pencha la t?te, d’un air surpris. « Est-ce que tu as jet? un coup d’?il ici quand tu es venue hier ? » demanda-t-elle. DeMarco traversa la pi?ce, avec un air pr?occup?. Elle jeta un coup d’?il derri?re le faux mur et murmura : « Qu’est-ce que… ? » Il y avait un plaid et une bouteille d’eau vide pos?s sur le sol. « Kate, je ne vais pas te mentir. Je n’ai m?me pas pens? ? jeter un coup d’?il l? derri?re. » « Et il n’y avait pas de raison de le faire, » dit Kate. « Personne n’y aurait song?, en se retrouvant seule ? devoir ?lucider cette affaire. » « Il n’emp?che que j’aurais quand m?me d? regarder. » « C’est peut-?tre un squatteur, » dit Kate, en voulant ?viter que DeMarco soit trop dure avec elle-m?me. « ?a arrive souvent dans les maisons en vente depuis un petit temps. » « J’en doute. La police ?tait l? toute la journ?e, hier. Et ils sont rest?s tr?s tard le soir. » « C’est peut-?tre un squatteur qui gardait un ?il sur la maison et qui a attendu que la police soit partie. Et si c’est le cas, il se pourrait ?galement que ce squatteur soit notre assassin. Ce serait vraiment une co?ncidence que ce plaid soit l? aujourd’hui, en sachant qu’une personne a ?t? tu?e dans cette maison il y a ? peine deux jours. » « Alors ?a voudrait dire que cette personne surveillait cette maison de tr?s pr?s. » Kate et DeMarco regard?rent ? nouveau le plaid et la bouteille d’eau vide. Et Kate ne put s’emp?cher de penser que si ?a appartenait effectivement ? l’assassin, il se pourrait qu’elle reprenne la route pour Richmond avant la fin de la journ?e. CHAPITRE TROIS Le charme des petites villes n’avait jamais vraiment convaincu Kate, et c’?tait pareil pour Estes. Bien s?r, l’endroit ?tait pittoresque et ?a devait ?tre agr?able d’y passer quelques semaines pendant l’?t?, mais elle n’aurait jamais pu vivre dans un tel endroit. Elle avait presque piti? de cette petite ville – o? tout ?t? centr? sur ce lac, qui ?tait certes joli mais tr?s peu connu. Sa renomm?e ?tait ?clips?e par les plages qui se trouvaient ? moins d’une heure et demie de route. L’endroit ?tait en pleine crise d’identit? et ne semblait m?me pas en ?tre conscient. Pendant que DeMarco appelait le sh?rif du coin, Kate regarda la ville d?filer devant ses yeux, en ?coutant la conversation de sa co?quipi?re. « Il faut envoyer une ?quipe ? la maison de Hammermill Street, » disait DeMarco. « Si l’assassin a ?t? assez courageux pour y dormir et y laisser son plaid, il y a des chances qu’il revienne. Et m?me si ce n’est pas lui l’assassin, il a peut-?tre vu ou entendu quelque chose. » Kate prit un moment pour admirer la mani?re dont DeMarco abordait son travail. Lors d’affaires pr?c?dentes, Kate lui avait de temps en temps laiss? un peu de responsabilit?, mais elle ne l’avait jamais vue en position de leader. Et elle faisait ?a de mani?re tr?s naturelle, comme si elle avait d?j? g?r? des centaines d’enqu?tes avant celle-ci. Kate entendit sa co?quipi?re faire de nombreuses suggestions et poser des questions judicieuses. Apr?s un instant, DeMarco hocha l?g?rement la t?te et murmura un rapide « Merci » avant de raccrocher. « ? quoi ressemblent les forces de police dans le coin ? » demanda Kate. « Elles sont assez bien. Le sh?rif est une femme d’une cinquantaine d’ann?es qui adore sa ville et qui se comporte de mani?re tr?s maternelle ? son ?gard. Les policiers que j’ai rencontr?s semblent beaucoup l’appr?cier. » « Est-ce que beaucoup d’agents immobiliers ont ?t? interrog?s par la police ? » « Oui, quelques-uns. Le type que nous allons voir maintenant est le seul au sujet duquel le sh?rif Armstrong avait quelques doutes. Mais elle ne le lui a pas montr?, bien s?r. Mais elle m’a demand? d’aller lui parler aujourd’hui. » « Est-ce qu’elle t’a dit pourquoi elle avait des doutes ? son sujet ? » « Apparemment, lorsqu’ils ont re?u l’appel hier matin concernant la disparition de Bateman, certains des autres agents ont dit qu’il avait l’air un peu trop press? d’aller jeter un ?il. J’ai v?rifi? ses ant?c?dents et il a ?t? inculp? pour violences conjugales il y a quelques ann?es dans l’?tat de New York. » « ?a tient la route que quelqu’un qui soit au courant des maisons en vente puisse ?tre notre assassin, » dit Kate. « Quelqu’un qui sache o? se rendaient les agents immobiliers et quand ils seraient seuls. » Elles roulaient le long de la grand-rue d’Estes. ? un moment donn?, DeMarco tourna ? gauche et elles pass?rent devant toute une s?rie de magasins de souvenirs et de restaurants. Au bout de la rue, se trouvait l’agence immobili?re Lakeside. Elles se gar?rent sur un parking d?limit? par des traverses et du sable. Kate devait admettre que la mani?re dont la ville ?tait dispos?e donnait envie d’aller voir le lac. Bien entendu, elle aurait pr?f?r? la plage, mais c’?tait s?rement un sentiment que les habitants d’Estes devaient avoir de temps en temps. Elles entr?rent dans un grand vestibule, qui ?tait s?par? d’un vaste espace ouvert par un guichet qui faisait toute la largeur de la pi?ce, avec une petite porte battante au milieu. La femme qui ?tait assise derri?re le guichet les accueillit d’un air aimable, en faisant de son mieux pour dissimuler le fait qu’elle venait de prendre une bouch?e d’un donut qui ?tait pos? ? c?t? d’elle. « Bonjour, mesdames, » dit la femme. « Comment puis-je vous aider ? » « Nous voudrions parler ? Brett Towers, s’il vous pla?t, » dit DeMarco. « Vous le trouverez ? l’arri?re, » dit la femme. « ? cette heure-ci, il n’y a que lui qui est arriv?. » Elles se dirig?rent vers l’open space ? l’arri?re du guichet. Kate veilla ? rester derri?re DeMarco, pour lui faire comprendre qu’elle avait bien l’intention de lui laisser diriger l’enqu?te. Comme la r?ceptionniste le leur avait dit, il n’y avait qu’un seul agent ? l’arri?re. Cinq bureaux ?taient install?s dans l’open space, mais un seul ?tait occup?. Un homme – s?rement Brett – y ?tait assis et buvait une gorg?e de caf? en consultant l’?cran de son ordinateur. Quand il vit les agents s’approcher, il reposa sa tasse de caf?. « Agent DeMarco, c’est bien ?a ? » demanda Brett. « Oui, c’est ?a, » dit-elle. « On s’est bri?vement parl? au t?l?phone hier. Voici ma co?quipi?re, l’agent Wise. » Ils se serr?rent la main et Brett Towers les invita ? s’asseoir sur les chaises qui se trouvaient en face de son bureau. « Dites-moi ce que je peux faire pour vous aider. J’?tais tr?s proche de Tamara. ?a faisait six ans qu’on travaillait ensemble dans cette agence, depuis le premier jour o? elle a ?t? ouverte. Pendant quelques mois, on ?tait d’ailleurs les seuls agents. » « Alors vous ?tiez les premiers agents ? travailler pour Lakeside ? » demanda DeMarco. « Oui, c’est ?a. Bien que Tamara soit partie quelques temps chez l’un de nos concurrents, mais ?a n’a pas dur? longtemps. » « Vous savez pourquoi elle avait d?cid? de changer d’agence ? » demanda Kate. « Elle est partie dans l’agence Crest. Ils lui avaient offert un plus gros salaire, mais elle est revenue apr?s quelques mois. Apparemment, l’ambiance l?-bas ?tait trop tendue. Le but ?tait surtout de faire de l’argent, pas sp?cialement de trouver l’endroit qui correspondrait le mieux aux clients. » « Est-ce qu’elle avait des critiques ? formuler ? l’encontre de qui que ce soit ? » « Non. Et m?me si ?a avait ?t? le cas, elle n’en aurait rien dit. Tamara ?tait une personne vraiment gentille. » « Monsieur Towers, » dit Kate, « est-ce que vous avez ?t? surpris d’apprendre que Tamara Bateman avait ?t? assassin?e ? Est-ce qu’elle a eu un quelconque probl?me au cours des jours ou des semaines qui ont pr?c?d? son meurtre ? » « Aucun. La police m’a pos? exactement la m?me question. » Kate remarqua que Towers n’avait pas l’air bien du tout. Il faisait tout son possible pour dissimuler ses ?motions et parvenir ? r?pondre ? leurs questions. Elle n’aimait pas employer une telle tactique, mais elle se dit que si elle parvenait ? le faire craquer, elle pourrait se faire une meilleure id?e ? son sujet. Elle esp?rait ?galement que, dans une ville de la taille d’Estes, il serait un petit peu plus facile de trouver un assassin si les r?ponses ? leurs questions ?taient motiv?es par les ?motions. Elle savait que ce n’?tait pas une tactique g?niale, mais ?a avait tendance ? marcher. « Alors, si j’ai bien compris, vous ?tiez assez proche de Tamara ? » demanda Kate. « Oui. » Elle entendit un tremblement dans sa voix. Il faisait tout son possible pour ne pas craquer et se mettre ? pleurer. « Alors pourquoi ?tes-vous venu travailler aujourd’hui ? » demanda DeMarco. « C’est bien vous qui avez d?couvert le corps, non ? » « Oui, en effet, » dit-il. Les larmes se mirent enfin ? couler sur ses joues. Il serra les dents en essayant de r?primer un sanglot. « Mais nous sommes une toute petite entreprise et nous venons d’avoir un ?t? plut?t charg?. Maintenant qu’elle n’est plus l?, il y a une tonne de trucs dont il faut que je m’occupe, sinon on risque de perdre des contrats. » « Monsieur Towers, » dit DeMarco, « je ne suis pas psy, mais c’est vous qui avez d?couvert son corps. ?a peut ?tre traumatisant. C’est normal de prendre un peu de temps pour soi… » « Et j’ai bien l’intention de le faire. Je compte partir du bureau avant dix heures et prendre le reste de la journ?e libre. C’est pour ?a que je suis venu aussi t?t. Ce n’est pas de gaiet? de c?ur que je fais ?a mais avec sa mort, il y a de nombreuses choses dont il faut s’occuper le plus t?t possible. » « Est-ce que vous pouvez encore r?pondre ? quelques questions ? » demanda DeMarco. « Bien s?r. La police m’a dit que c’?tait le deuxi?me agent assassin? en six jours. Si je peux vous aider ? trouver le responsable… alors oui, posez-moi toutes les questions que vous voulez. » « Que pouvez-vous nous dire au sujet de la maison en question ? » demanda Kate. « Est-ce que c’?tait une propri?t? connue pour une raison ou une autre ? » « Pas que je sache. C’?tait juste une maison normale. » « Est-ce que vous connaissiez les gens qui y vivaient ? » demanda DeMarco. « Pas personnellement, non. C’?tait la propri?t? de Tamara et uniquement la sienne. Mais il est probable qu’elle ne les ait jamais rencontr?s, car la maison a ?t? vendue ? un type qui s’occupe d’acheter et de revendre des propri?t?s. Je ne me rappelle plus son nom. » « ?a fait combien de temps que la maison est en vente ? » demanda Kate. « Elle a ?t? mise en vente d?s que le nouveau propri?taire a eu termin? de la remettre ? neuf – ?a doit faire environ deux semaines, je crois. C’est une maison magnifique – ce qui est plut?t dommage. » « Dommage ? » demanda DeMarco. « Pourquoi ? » « Parce que nous sommes oblig?s de le signaler. M?me s’il arrivait qu’un acheteur potentiel ne soit pas au courant du meurtre horrible qui y a ?t? commis, nous sommes oblig?s de l’en informer. Il sera d?s lors beaucoup plus difficile de la vendre. Et actuellement, les maisons de cette taille ont tendance ? rester longtemps sur le march?. » « Monsieur Towers, est-ce que vous savez si Tamara avait un petit-ami ? Elle n’?tait pas mari?e, n’est-ce pas ? » « Non, en effet. Et je ne pense pas qu’elle sortait avec quelqu’un. Mais elle restait tr?s discr?te sur sa vie priv?e. Alors, si elle avait un petit-ami, je n’?tais pas au courant. » Kate avait vraiment piti? de lui. Il faisait tout son possible pour ne pas s’effondrer, malgr? les larmes qui continuaient de couler sur ses joues. Elle ne pensait pas qu’elles obtiendraient beaucoup plus d’informations de lui. Les dossiers et la liste des clients de Tamara leur seraient certainement utiles, mais c’?tait quelque chose qu’elles pouvaient demander ? la r?ceptionniste en sortant. ? ses yeux, Brett Towers avait d?j? assez souffert. Mais Kate pr?f?ra ne rien dire. Elle voulait que ce soit DeMarco qui mette un point final ? la conversation, vu que c’?tait son enqu?te et qu’elle lui avait d?j? parl?. Apparemment, elle pensait la m?me chose que Kate. DeMarco se leva de sa chaise et Kate suivit le mouvement. « Merci pour le temps que vous nous avez consacr?, monsieur Towers, » dit DeMarco. « Il se pourrait qu’on ait besoin de vous reparler, mais je pense que c’est tout pour l’instant. » Il hocha la t?te et une expression de soulagement lui envahit le visage. En partant, Kate demanda ? la r?ceptionniste de leur envoyer tous les dossiers relatifs aux visites, aux ventes et aux clients de Tamara Bateman. Quand elles se retrouv?rent ? l’ext?rieur, Kate se dirigea instinctivement vers le c?t? conducteur. Elle rectifia ? la derni?re minute et bifurqua sur la droite, vers la porti?re c?t? passager. DeMarco se mit ? rire. « C’est OK, Wise. Tu peux conduire et tu peux poser des questions quand on interroge des gens. Je te promets… que je n’aurai pas l’impression que tu marches sur mes plates-bandes. On fait une ?quipe et ce n’est plus seulement mon enqu?te. De plus, comme je te le disais tout ? l’heure, je suis contente que tu sois l?. » « ?a me fait tr?s plaisir de l’entendre, » dit Kate, en entrant dans la voiture. C’?tait la v?rit?. De tous les gens qui faisaient actuellement partie de sa vie, DeMarco ?tait apparemment la plus facile ? satisfaire. Et du coup, Kate en appr?ciait d’autant plus son travail. Elle avait d?j? ressenti ce genre de choses pour des co?quipiers dans le pass? et ?a avait cr?? des tensions dans son couple et dans sa relation avec M?lissa. Par cons?quent, elle avait toujours fait de son mieux pour garder une certaine distance. Mais depuis qu’elle avait repris le boulot et qu’elle se retrouvait ? collaborer avec DeMarco, elle ressentait de nouveau cette proximit?. « Tu veux aller jeter un coup d’?il ? l’endroit o? la premi?re victime a ?t? assassin?e ? » demanda DeMarco. « J’ai l’impression que tu lis dans mes pens?es. » DeMarco hocha les ?paules, d’un air espi?gle. « Je me demande parfois si ce ne serait pas effrayant de savoir ce que tu penses. » « ?a d?pend des jours. » C’?tait sens? ?tre une boutade mais Kate fut un peu inqui?te de se rendre compte qu’il y avait l? une bonne part de v?rit?. Ces six derni?res semaines o? elle n’avait pas travaill? et o? elle n’avait eu que les plaisirs de la vie quotidienne pour la distraire, elle avait eu de bons jours et de mauvais jours – des jours o? elle ?tait heureuse de ne pas travailler et d’autres o? ?a lui manquait terriblement. Et maintenant qu’elle travaillait ? nouveau, c’?tait presque trop agr?able… et elle n’?tait pas s?re de savoir si c’?tait une bonne ou une mauvaise chose. CHAPITRE QUATRE La maison dans laquelle la premi?re victime avait ?t? tu?e ?tait un peu plus grande que celle sur Hammermill Street. Elle ?tait situ?e ? une dizaine de kilom?tres de la maison o? Tamara Bateman avait ?t? assassin?e. Le voisin le plus proche ?tait ? environ trois cents m?tres et les maisons ?taient s?par?es par un petit bois et des herbes sauvages, typiques des terrains sablonneux. La construction ressemblait ? une maison de plage, mais elle pr?sentait ?galement certains ?l?ments de style fermette. En gravissant les marches jusqu’? l’?norme porche, DeMarco tendit ? Kate un dossier qu’elle avait pris sur le si?ge arri?re de la voiture. « Pour te faire une id?e de la sc?ne de crime, il faut que tu jettes un coup d’?il aux photos. Mais je te conseille d’attendre avant de le faire. » DeMarco ouvrit la porte d’entr?e ? l’aide de la cl? qu’on lui avait donn?e et laissa passer Kate. La porte s’ouvrait sur un ?norme vestibule – tellement spacieux qu’un si?ge y ?tait install? contre le mur de droite et qu’un tapis de la taille de la chambre ? coucher de Kate recouvrait le sol. Le tapis ?tait de couleur blanche et turquoise, et des taches de sang y ?taient bien visibles. Au fond du vestibule, sur la droite, se trouvait l’escalier qui menait au premier ?tage. En levant la t?te, Kate remarqua un magnifique lustre accroch? au plafond. Il semblait fabriqu? en acier et il ?tait d?cor? d’un entrelacs de torsades. On aurait dit qu’il ?tait pendu l?g?rement de travers. « Le lustre, » dit DeMarco. « Magnifique, n’est-ce pas ? » « Vraiment superbe. » « OK, maintenant, jette un coup d’?il aux photos dans le dossier. » Kate obtemp?ra. Elle passa les notes et les rapports de police pour aller directement aux photos de la sc?ne de crime. La premi?re d’entre elles montrait le lustre, mais il ?tait beaucoup moins joli. En fait, on aurait dit qu’il ?tait tout droit sorti d’un film d’horreur. Le corps d’une femme y ?tait pendu. Une corde lui entourait le cou mais la photo donnait l’impression que c’?taient ses bras, accroch?s aux branches du lustre, qui la maintenaient en l’air. Sur la photo, Kate ne pouvait pas voir le bout de la corde, qui ?tait probablement accroch?e quelque part derri?re le lustre, peut-?tre aux attaches qui le raccrochaient au plafond. Le visage de la femme ?tait recouvert de sang et elle semblait avoir les yeux baiss?s vers le tapis sur lequel elle saignait. C’?tait une femme assez menue. Sous son poids l?ger, le lustre ne s’?tait pas d?croch? du plafond. « Mon dieu, » dit Kate. « Comment est-ce que l’assassin a fait pour l’accrocher l?-haut ? » « La victime s’appelle B?a Faraday. Elle a vingt-huit ans et elle ne p?se pas plus de cinquante-cinq kilos. La police pense que l’assassin l’a tra?n?e jusqu’en haut des escaliers et qu’il l’a jet?e par-dessus la balustrade, pour essayer de la pendre de la m?me mani?re que Tamara, mais le lustre ?tait sur le chemin. » « Tu penses que c’est possible ? » demanda Kate. « Oui. Il y a du sang sur la balustrade qui corrobore cette version. Je pense que c’est l? qu’il a d’abord attach? la corde. Mais quand il s’est rendu compte qu’elle ?tait pendue au lustre, il a coup? la corde et a laiss? la sc?ne parler d’elle-m?me. Il l’a apparemment d’abord frapp?e avec un objet contondant, puis il a pris son temps pour la tra?ner ? l’?tage et la jeter par-dessus la balustrade. » Kate vit l’endroit depuis lequel Faraday avait apparemment ?t? pendue. Le lustre se trouvait ? moins de deux m?tres de la balustrade. Il ?tait facile d’imaginer qu’un homme costaud puisse lancer une femme menue aussi loin. « Qui a d?couvert le corps ? » demanda Kate. « L’agence immobili?re a envoy? une femme de m?nage faire un rapide nettoyage deux heures avant une visite. C’est elle qui l’a trouv?e et qui a appel? la police. » « Tu l’as interrog?e ? » « Non. Mais le sh?rif Armstrong l’a fait. » Kate hocha la t?te et baissa les yeux vers le tapis tach? de sang. Elle pensa au plaid et ? la bouteille d’eau qu’elles avaient trouv?s ? la maison sur Hammermill Street et elle se demanda s’il y avait des endroits dans cette maison o? un squatteur pourrait facilement se cacher. « C’est une maison construite r?cemment ? » demanda Kate. « Je n’en suis pas s?re. Mais ?a fait un bon mois qu’elle est sur le march?. Ils l’ont fait visiter dix-huit fois et il y a eu six personnes int?ress?es. Seul l’une d’entre elles ?tait du coin. » Kate et DeMarco travers?rent silencieusement la maison. Le bruit de leurs pas r?sonnait ? travers les pi?ces d?sertes. ?a avait un c?t? un peu myst?rieux d’?tre dans une maison qui renfermait les souvenirs de personnes qu’elles ne rencontreraient jamais. Kate avait toujours ?t? int?ress?e par tout ce qui touchait aux esprits et elle pensait qu’il ?tait tout ? fait possible que chaque maison soit hant?e par le souvenir de familles qui y avaient v?cu. Elles jet?rent un coup d’?il dans le vaste espace qui servait de salon, puis dans la cuisine. Vu que la maison ?tait vide, il ?tait assez facile de voir que rien n’avait ?t? vol?. Elles mont?rent ensuite ? l’?tage. Kate regarda s’il y avait un acc?s ? une sorte de grenier ou de combles. Mais elle ne vit rien de tel. La maison n’avait apparemment pas de grenier. Elle devait donc s?rement avoir une sorte de cave. Dans ce genre de communaut?s, les maisons avaient toujours un espace de rangement. Elles retourn?rent au rez-de-chauss?e et se dirig?rent vers la premi?re porte dans le couloir principal. Elle s’ouvrait sur une cave am?nag?e qui ?tait tout aussi vide que le reste de la maison. Au fond, il y avait une double porte qui semblait mener ? l’ext?rieur. Kate s’en approcha, l’ouvrit et se retrouva face ? un magnifique jardin. Elle sortit, suivie par DeMarco, dans une cour en forme de demi-lune. Sur leur droite, il y avait une petite construction en briques qui contenait un parterre de fleurs. Sur leur gauche, il y avait un petit espace en-dessous de l’escalier en bois qui menait ? la terrasse arri?re. L’espace ?tait s?rement destin? ? abriter un appentis avec une tondeuse et quelques outils. Elle s’en approcha et regarda de plus pr?s. Elle s’agenouilla et jeta un coup d’?il au sol tass?, sans vraiment savoir ce qu’elle cherchait. Elle allait se relever quand elle vit quelque chose dans le coin, tout au fond. En grima?ant de douleur, elle essaya de s’approcher pour y voir de plus pr?s. ?a ressemblait ? de vieux chiffons. Ils ?taient empil?s l’un sur l’autre. ? environ un m?tre des chiffons, elle vit des marques au sol. « Tu as trouv? quelque chose ? » demanda DeMarco. « Peut-?tre. Viens jeter un coup d’?il et dis-moi ce que tu en penses… juste pour m’assurer que je ne saute pas trop vite aux conclusions. » Elles chang?rent de place et Kate regarda DeMarco se plier en deux pour s’introduire dans l’espace confin?. Elle regarda autour d’elle avant de se mettre ? parler. « Des chiffons, » dit-elle. « ?a para?t plut?t bizarre ? cet endroit, non ? Et… aussi quelques marques au sol. On dirait qu’il y avait quelque chose de lourd pos? ici. » DeMarco ressortit de l’espace. « Les chiffons, » dit-elle. « Tu penses que quelqu’un les a utilis?s comme coussin ? » « Oui, je pense. » « Un autre squatteur ? Ce serait vraiment une co?ncidence. Mais c’est vrai que ces l?g?res marques au sol pourraient avoir ?t? faites par un genou ou par un pied, j’imagine. » Elle regarda ? nouveau l’espace et ajouta : « Et r?cemment. » « Il se pourrait que ce soit une conclusion h?tive, » dit Kate. « Surtout que ce tas de vieux chiffons peut tr?s bien avoir ?t? laiss? l? par des ouvriers. » « Je pense qu’il faut qu’on parle ? la femme de m?nage, » dit DeMarco. « C’est une bonne id?e. » « J’appelle l’agence immobili?re pour avoir son adresse. Sinon, le sh?rif Armstrong pourra certainement nous aider. » DeMarco s’?loigna de Kate pour passer ses appels. Pendant ce temps, Kate regarda ? nouveau l’espace confin?. Elle essaya de se plier en deux comme DeMarco l’avait fait, mais elle n’?tait plus assez souple pour ?a. Elle se mit ? genoux et rampa pour jeter un dernier coup d’?il. Elle ne remarqua rien de sp?cial. Mais plus elle regardait la pile de chiffons et les marques au sol, plus elle ?tait certaine que quelqu’un s’?tait cach? l? au cours des derniers jours. Elles obtiendraient peut-?tre des r?ponses en faisant analyser ces chiffons en laboratoire. Au moment o? elle ressortit du trou, elle vit DeMarco qui remettait son t?l?phone en poche. « Tu as son adresse ? » demanda Kate. « J’ai encore mieux que ?a. Le sh?rif lui a demand? de repasser au commissariat pour r?pondre ? quelques questions. Et elle veut bien que nous assistions ? l’interrogatoire. » « C’est une super nouvelle, » dit Kate, en essayant de dissimuler une grimace de douleur en se redressant. En suivant DeMarco ? travers le jardin, elle ne put s’emp?cher de sourire. DeMarco avait vraiment pris le contr?le de cette enqu?te et ce, malgr? le fait que Kate ait ?t? appel?e en renfort. Elle sourit et se rendit compte qu’elle ?tait bien trop fi?re de DeMarco pour se sentir offens?e. *** Quand elles arriv?rent au commissariat, le sh?rif Armstrong les attendait dans le hall d’entr?e. Elle eut l’air soulag?e de les voir arriver. Elle ne sourit pas mais elle avait l’air contente. Elle devait avoir la cinquantaine et elle ?tait de corpulence assez forte, mais sans ?tre grosse. Elle avait un visage assez ordinaire, qui devait ?tre assez joli avec un peu de maquillage et les cheveux tir?s. Mais ce qui plut le plus ? Kate, c’?tait qu’elle avait un regard profond… c’?tait le regard d’une femme qui prenait son boulot tr?s au s?rieux. « Je suis contente que vous soyez l?, » dit Armstrong. « Mademoiselle Seibert est dans une salle ? l’arri?re et elle commence ? ?tre extr?mement sur la d?fensive. Je n’ai aucune raison de croire qu’elle a quelque chose ? voir avec ces meurtres, mais elle pense que nous la consid?rons comme une suspecte, juste parce qu’on lui a demand? de revenir pour r?pondre ? d’autres questions. » « Je me demande s’il y a des ant?c?dents criminels dans sa famille, » dit Kate. Elle sourit en voyant qu’Armstrong la regardait d’un air ?tonn?. « D?sol?e, » dit Kate. « Agent Kate Wise. Ravie de vous rencontrer. » « De m?me, » dit Armstrong. « Quant ? votre question, je vous avoue que je n’en sais rien. » « ?a arrive souvent, » dit Kate. « Si des membres de sa famille ont eu des probl?mes avec la police, il est normal qu’elle soit rapidement sur la d?fensive, m?me si elle est bien trait?e. » « Je lui ai laiss? cinq minutes pour se calmer. Je lui ai dit qu’il se pourrait que quelqu’un d’autre vienne lui poser des questions et elle n’?tait pas trop enchant?e ? l’id?e. » « ?a ne vous d?range pas qu’on aille l’interroger ? » demanda DeMarco. « Pas du tout. Troisi?me porte ? gauche, dans le couloir. » Kate et DeMarco se dirig?rent dans cette direction. Kate se rendit compte qu’elle avait pris l?g?rement les devants sur DeMarco, mais elle n’en ralentit pas pour autant le pas. Quand elles arriv?rent devant la porte indiqu?e par Armstrong, Kate frappa l?g?rement et l’ouvrit. Il y avait une seule table et quelques chaises dans la pi?ce. La femme qui ?tait assise ? la table devait avoir la soixantaine. Elle ?tait de race blanche, avec des cheveux filiformes qui se dressaient en touffes. Elle regarda Kate et DeMarco d’un air m?fiant. « Vous ?tes Mary Siebert ? » demanda DeMarco. Mary se contenta de hocher la t?te. Kate vit tout de suite ce qu’Armstrong avait voulu dire. Mary Siebert avait vraiment l’air de s’attendre au pire. « Nous sommes les agents DeMarco et Wise du FBI. Nous aurions aim? vous poser quelques questions concernant la d?couverte du corps de B?a Faraday. » Mary resta silencieuse. Elle se redressa un peu sur sa chaise, mais le reste de son attitude resta la m?me. « Mademoiselle Seibert, » continua DeMarco, « le sh?rif Armstrong nous a dit que vous aviez peur d’?tre consid?r?e comme une suspecte. Nous sommes l? pour vous dire que ce n’est pas du tout le cas. Si nous voulons vous poser des questions, c’est parce que vous ?tiez la premi?re personne sur la sc?ne de crime. Et vu votre profession, nous esp?rions que vous auriez peut-?tre vu ou entendu quelque chose qui pourrait nous aider sur l’enqu?te. Rien de plus. Nous aimerions essayer de savoir depuis combien de temps le corps se trouvait l? et si vous avez remarqu? quoi que ce soit de bizarre, ce genre de choses. » Mary commen?a ? se d?tendre l?g?rement. Kate fut ?merveill?e par la mani?re dont DeMarco s’y ?tait pris. Elle avait non seulement r?ussi ? calmer les appr?hensions de Mary, mais elle lui avait ?galement fait sentir que sa contribution pourrait ?tre tr?s importante – ce qui ?tait le cas. « Non, je n’ai rien vu d’autre, juste le corps, » dit Mary. « Et tout ce sang. » « Est-ce que vous connaissiez mademoiselle Faraday ? » demanda Kate. « Non. Mais plus tard, quand on m’a montr? des photos d’elle, je l’ai reconnue. Je l’avais d?j? vue. Ce n’est pas une tr?s grande ville, vous savez. » « Et vous ?tiez seule, c’est bien ?a ? » demanda DeMarco. « Oui, j’?tais seule. » « Combien d’autres personnes travaillent pour votre entreprise de nettoyage ? » « On est cinq. Mais vu que cette maison n’?tait plus meubl?e et qu’il n’y avait pas eu beaucoup de visites derni?rement, on m’y a envoy?e toute seule. C’?tait suppos? ?tre un simple boulot de d?poussi?rage. Il n’y avait m?me pas besoin de faire les fen?tres. » DeMarco feuilleta le dossier qui se trouvait sur la table devant elle. « Et vous ?tes arriv?e ? quatorze heures quart cet apr?s-midi-l?, c’est bien ?a ? » « Oui. Je devais aller nettoyer une autre maison ce jour-l?, mais vu les circonstances, je n’y suis pas all?e. » « C’est peut-?tre une question un peu d?rangeante, » dit Kate, « mais est-ce que vous vous rappelez si le sang ?tait encore frais ? » « Oh oui, bien s?r. Il ?tait encore frais. Il y avait encore du sang qui coulait du corps. Bien que ?a puisse para?tre bizarre… c’est ce qui m’emp?che de dormir le soir. Ce n’est pas le visage de cette pauvre femme, ni m?me la sc?ne en elle-m?me, c’est le bruit de ce sang frais tombant goutte ? goutte jusqu’au sol. » « Mademoiselle Siebert… qui a fait appel ? vos services pour nettoyer cette maison ? » « L’agence immobili?re. » « Et c’?tait quelle agence exactement ? » demanda DeMarco. « L’agence Davis et Hopper. » « Est-ce que ?a fait longtemps que ce sont vos clients ? » demanda Kate. « ?a fait peut-?tre deux ans. Ils paient bien et les agents immobiliers qui y travaillent sont vraiment tr?s gentils. » Le silence s’installa dans la pi?ce, pendant que Kate et DeMarco r?fl?chissaient. Mary Seibert avait maintenant l’air plut?t d?tendue – son attitude n’avait plus rien ? voir avec celle que le sh?rif Armstrong leur avait d?crite dix minutes plus t?t. Ce fut finalement Kate qui brisa le silence. Il ?tait impossible que Mary Seibert ait tu? B?a Faraday, qu’elle l’ait tra?n?e jusqu’en haut des escaliers et qu’elle ait jet? son corps par-dessus la balustrade. Kate savait que c’?tait tout simplement impossible. « Mademoiselle Seibert, est-ce que vous ?tiez d?j? entr?e dans cette maison ? » « Non, c’?tait la premi?re fois. » « Et quand vous y ?tes entr?e, » dit DeMarco, « est-ce que vous avez remarqu? quoi que ce soit d’autre ? Un quelconque indice que quelqu’un d’autre se trouvait sur les lieux ? » « Comme je vous l’ai dit… tout ce que j’ai vu, c’est le corps. Enfin… j’ai d’abord remarqu? les taches de sang sur le sol au moment o? je suis entr?e, puis j’ai vu son corps accroch? au lustre. J’ai ?t? un moment sous le choc. Je me rappelle avoir eu du mal ? respirer, puis je me suis mise ? hurler. J’ai couru ? l’ext?rieur et j’ai appel? la police. Ils m’ont dit d’attendre dans ma voiture et c’est ce que j’ai fait. » DeMarco jeta un coup d’?il en direction de Kate. Kate acquies?a d’un hochement de t?te, tout en souriant ? Mary Seibert. DeMarco commen?a ? se diriger vers la porte. « ?a fait combien de temps que vous nettoyez des maisons dans la r?gion ? » demanda Kate. « ?a doit faire huit ou neuf ans. » « Est-ce qu’il vous est d?j? arriv? de remarquer des trucs bizarres dans certaines maisons ? » « Oh, ?a arrive qu’on entre dans une maison qui a visiblement ?t? utilis?e. Mais en g?n?ral, il s’agit juste d’adolescents qui sont venus y faire la f?te. Il arrive aussi parfois que des personnes y aient pass? la nuit. Un jour, une de mes amies s’est m?me retrouv?e face ? face avec un sans-abri qui dormait dans le dressing de l’une des chambres. » « C’est arriv? ici, ? Estes ? » demanda DeMarco. « Non, quelque part dans la r?gion de New Castle. » Kate et DeMarco ?chang?rent un regard qui se passait de tout commentaire. Elles savaient toutes les deux ce qu’il signifiait : « Cet interrogatoire est termin?. » « Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez consacr?, mademoiselle Seibert. ? moins que le sh?rif Armstrong ait encore besoin de vous, vous ?tes libre de partir. Merci pour votre aide. » Mary se leva de sa chaise, pr?te ? sortir de la pi?ce. « J’ai entendu dire qu’il y avait eu un autre meurtre. C’est vrai ? » « On ne peut pas vous en dire plus pour l’instant, » dit DeMarco. Elle se dirigea vers la porte, puis s’arr?ta, avant de se retourner vers Mary et d’ajouter : « Mais je vous sugg?re de rester loin de toute maison actuellement mise en vente et ce, jusqu’? nouvel ordre. » « Il est possible qu’on donne ?galement le m?me conseil ? tous les agents immobiliers de la r?gion, » dit Kate. Mary hocha la t?te et baissa les yeux vers la table. Kate avait souvent vu cette expression. C’?tait le regard d’une femme qui aimait sa petite ville, mais qui commen?ait ? se rendre compte que ce n’?tait pas un endroit aussi s?r qu’elle le pensait. CHAPITRE CINQ Kate se rendit tr?s vite compte que le sh?rif Armstrong avait une personnalit? qui lui plaisait beaucoup. C’?tait une femme solide, qui prenait son boulot au s?rieux. Quand elle s’installa avec Kate et DeMarco dans une petite salle de r?union ? l’arri?re du commissariat un quart d’heure apr?s le d?part de Mary Seibert, elle le fit avec une certaine anxi?t?. Elle devait avoir entre cinquante et cinquante-cinq ans, mais l’incertitude qui se lisait sur son visage lui donnait l’air beaucoup plus jeune. Elle ?tait assez jolie. Elle regarda les agents avec des yeux verts rayonnants. « Vous savez, » dit-elle, en prenant sa tasse de caf? en main tout en s’appuyant contre le dossier de sa chaise, « j’aurais vraiment aim? que vous ayez pu visiter la r?gion pour d’autres raisons. Est-ce que vous ?tiez d?j? venues ? Estes ? » Kate et DeMarco lui r?pondirent toutes les deux par la n?gative. Kate but une gorg?e de son caf?, en r?fl?chissant aux diff?rents ?l?ments de l’affaire. Elle observa ?galement la salle dans laquelle elles se trouvaient, en se disant qu’il s’agirait probablement de leur centre d’op?rations jusqu’? la fin de l’enqu?te. Il y avait une grande carte de la r?gion accroch?e au mur du fond, juste ? c?t? d’un tableau. Ce dernier n’avait pas l’air d’?tre souvent utilis?. Dans le coin sup?rieur droit, Kate put y lire une date qui y avait ?t? griffonn?e et partiellement effac?e, et qui remontait ? presque un an. « Normalement, la r?gion est plut?t tranquille, » dit Armstrong. « Et mon boulot est assez confortable. M?me en p?riode estivale et avec l’arriv?e des touristes, il ne se passe pas grand-chose. Quelques contraventions pour exc?s de vitesse et des bagarres le samedi soir, mais c’est tout. Alors, bien ?videmment, ce qui s’est pass? cette semaine a ?t?… » Elle s’interrompit, comme si elle ne voulait m?me pas essayer de trouver le terme appropri? pour terminer sa phrase. DeMarco regarda Kate, en faisant un geste de la t?te en direction d’Armstrong. « Le sh?rif et ses hommes ont d?j? rassembl? tout ce dont on pourrait avoir besoin – dossiers, rapports, listes des maisons mises en vente, tout ?a. On a d?j? travaill? un peu dessus hier, mais pas plus d’une heure. » « Est-ce que vous avez une liste mise ? jour de toutes les maisons en vente dans la r?gion ? » demanda-t-elle. « Oui, » dit Armstrong. « On l’a re?ue ce matin, apr?s que j’ai demand? ? toutes les agences immobili?res dans la r?gion de nous envoyer la liste des maisons qui sont actuellement sur le march?. La liste se trouve dans mon bureau, mais je peux aussi vous l’envoyer par email. » « Est-ce que c’est une longue liste ? » « Dans la ville d’Estes, il y a actuellement seize maisons en vente et cinq en location. En s’?loignant d’Estes et en se rapprochant du lac, ce nombre augmente. Quarante et une maisons en vente et dix-neuf en location. » Kate se leva de sa chaise et s’approcha de la carte qui ?tait accroch?e au mur. Elle l’observa pendant un moment et trouva la ville d’Estes dans le coin sup?rieur droit. « Vous pouvez me montrer o? se trouve Hammermill Street sur cette carte ? » « Oh, vous allez user vos yeux si vous essayez de trouver une rue sur cette carte. » Elle s’appuya contre le dossier de sa chaise et cria en direction de la porte : « H?, Jimmy ! Est-ce que tu peux nous apporter la carte topographique d’Estes ? » Une voix se fit entendre quelque part dans le commissariat « Oui, tout de suite ! ». Cet ?change ?tait plut?t amusant et presque rafra?chissant. Kate avait toujours aim? la cordialit? qui existait au sein des forces de police des petites villes et Estes ne faisait pas exception. « J’ai ?galement pens? ? ?a, » dit Armstrong. « Les quartiers sont assez similaires. Les maisons aussi, j’imagine – ? part le fait que l’une d’entre elles ?tait neuve et l’autre un peu moins. Mais ce sont des agences immobili?res diff?rentes, alors je ne pense pas que cela consiste un lien. » « Les escaliers ont ?t? utilis?s dans le cadre des deux meurtres, » dit DeMarco. « Je pense que l’assassin devait conna?tre la disposition des maisons avant de commettre ses meurtres. » « Nous pensons ?galement qu’il y avait peut-?tre un squatteur dans les deux maisons, » dit Kate. « Nous n’en sommes pas encore tout ? fait certaines, mais il y a assez d’indices pour le penser. » « Quel genre d’indices ? » demanda Armstrong. DeMarco se mit ? lui expliquer ce qu’elles avaient trouv?. Pendant ce temps, un jeune policier, qui devait probablement ?tre Jimmy, entra dans la salle de r?union avec une grande carte en main. Il la posa sur la table et la d?plia sous leurs yeux. Il le fit de mani?re un peu gauche, en recouvrant les dossiers qu’elles avaient ?tal?s devant elles. « Merci, Jimmy, » dit Armstrong, sur un ton qui indiquait clairement qu’elle voulait qu’il sorte rapidement de la pi?ce. Jimmy hocha la t?te, regarda Kate et DeMarco (ses yeux s’attard?rent un peu plus longtemps sur DeMarco) et il sortit de la pi?ce. « Comme je vous le disais, » dit Armstrong, en remarquant la mani?re dont Kate avait regard? Jimmy, « c’est une petite ville assez tranquille. Nous n’avons pas sp?cialement besoin de durs ? cuire. » Les trois femmes pouff?rent de rire. Puis elles se lev?rent de leur chaise et se pench?rent sur la carte d’Estes. Les rues y ?taient dessin?es avec pr?cision et il y avait une sorte de s?r?nit? dans la mani?re dont elles s’entrecroisaient. « Voici Hammermill Street, » dit Armstrong, en montrant une rue du doigt. Elle y dessina un X au marqueur et dit, « c’est l’endroit o? a eu lieu le meurtre le plus r?cent. Et ici, » dit-elle, en faisant glisser ses mains sur la carte et en y dessinant un autre X, « c’est l’endroit o? a eu lieu le premier meurtre. Leander Drive, ? environ dix kilom?tres de Hammermill Street. » Kate regarda les deux X, mais elle savait qu’il ?tait trop t?t pour faire des d?ductions sur base de l’emplacement des meurtres. En m?me temps, elle esp?rait qu’elles retrouveraient l’assassin avant que de telles d?ductions puissent ?tre faites. « J’aimerais… » commen?a ? dire Kate, mais elle fut interrompue par la sonnerie de son t?l?phone. Elle regarda l’?cran, vit que c’?tait Allen et elle faillit ignorer son appel. Mais vu la mani?re dont son boulot affectait leur relation, c’?tait probablement la derni?re chose ? faire. Elle devait lui montrer qu’il ?tait une priorit? dans sa vie… m?me s’il appelait sans crier gare, en interrompant d’importantes r?unions. Un peu ? contrec?ur, elle regarda DeMarco et Armstrong. « Je reviens tout de suite. » Elle sortit dans le couloir et s’?loigna de la salle de conf?rence avant de d?crocher. Quand elle le fit, elle essaya de ne pas avoir l’air trop agac?e. « Salut, toi, » dit-elle. « Salut, » dit Allen. « Je voulais te dire que je suis bien arriv?. J’ai d?j? rencontr? l’un des types que je dois voir ici et les trois prochains jours sont d?j? programm?s. Je pense que les r?unions vont bien se passer. » « C’est super. » Mais en s’?coutant parler, elle entendit de la distance dans sa voix. Et si elle pouvait l’entendre, elle ?tait s?re qu’il le pouvait ?galement. « Excuse-moi… tu es occup?e, peut-?tre ? » « Oui. Deux meurtres et aucune piste. » Il soupira ? l’autre bout de la ligne. « D?sol? de t’avoir d?rang?e. » « Je sens que tu es contrari?, » dit Kate. « Excuse-moi, je n’avais pas l’intention de te le faire ressentir. » « Alors, comment s’est pass?e la premi?re r?union ? » demanda-t-elle. Elle voulait lui donner l’impression de s’int?resser ? sa journ?e et d’avoir le temps de parler avec lui au t?l?phone. « Bien. Je suis juste un peu nerveux. Les choses se passent bien jusqu’? pr?sent mais… tu sais quoi ? On peut en parler plus tard. Je sais que tu es occup?e et… » « Je le suis, mais ce n’est pas grave. » « C’est juste que si ces r?unions se passent bien, je pourrais prendre ma retraite avec un joli bonus ? la cl?. Tu le sais, n’est-ce pas ? » « Oui. Je veux le meilleur pour toi et j’esp?re que tu l’obtiendras. Mais j’ai aussi mes propres soucis ici. » « Oui, j’ai l’habitude et… tu sais quoi ? ?a ne vaut m?me pas la peine d’en parler. On s’appellera quand on sera rentr? ? la maison. C’est mieux comme ?a. Tu vis ta vie, je vis la mienne, et on fera de notre mieux pour les maintenir s?par?es. » « Allen, tu… » « Il faut que j’y aille, » dit-il. Et sur ces mots, il raccrocha. Kate regarda un moment son t?l?phone, en essayant de se rappeler si Allen lui avait d?j? raccroch? au nez. La col?re qu’elle sentit monter en elle fut tr?s vite radoucie par le sentiment de culpabilit? d’avoir ? nouveau fait passer son boulot avant lui. Elle remit son t?l?phone en poche et retourna dans la salle de r?union. Armstrong et DeMarco ?taient toujours debout au-dessus de la carte. Kate vit qu’Armstrong dessinait une sorte itin?raire du bout des doigts. « D?sol?e, » dit Kate. « Pas de probl?me, » dit Armstrong. « Qu’est-ce que vous disiez avant de sortir de la salle ? » Kate dut faire un effort pour se rappeler ce ? quoi elle avait pens?. Quand elle s’en souvint, toutes les ?motions li?es ? Allen disparurent rapidement, remplac?es par l’excitation li?e ? l’envie d’?lucider cette enqu?te. « J’aimerais avoir une liste de toutes les propri?t?s disponibles sur le trac? s?parant ces deux maisons. Si l’hypoth?se d’un squatteur tient la route, je pense qu’il y a de grandes chances qu’il soit actif sur cette zone en particulier. » Armstrong hocha la t?te, d’un air approbateur. « C’est un bon d?but… mais pourquoi l? ? Pourquoi l’assassin – ou le squatteur – serait-il int?ress? par cette zone en particulier ? » « Aucune id?e, » dit Kate. « Mais je pense que c’est l’une des choses qu’il va falloir qu’on d?couvre. » CHAPITRE SIX Il leur fallut ? peine vingt minutes pour identifier les maisons qui pourraient les int?resser au sein de la longue liste fournie par les trois agences immobili?res du coin. Dix minutes plus tard, Armstrong avait not? l’emplacement de chacune d’entre elles sur la carte. Dans la zone comprise entre les deux maisons o? les meurtres avaient eu lieu, il y avait onze propri?t?s en vente et deux ? louer. Pendant que Kate et DeMarco s’appr?taient ? aller inspecter chacune d’entre elles, Armstrong mit une ?quipe sur pied pour rassembler diff?rentes informations concernant chacune des maisons, comme leur ann?e de construction ou depuis combien de temps elles ?taient sur le march?. Elle envoya ?galement deux policiers sur le terrain pour aller inspecter certaines des propri?t?s et aider Kate et DeMarco. Il ?tait pass? midi quand Kate et DeMarco arriv?rent ? la premi?re maison sur leur liste. Elle ?tait situ?e ? un peu plus de deux kilom?tres de la nouvelle construction o? B?a Faraday avait ?t? assassin?e. Mais ce n’?tait pas une maison aussi r?cente, vu que la description indiquait qu’elle avait ?t? construite en 1995. Situ?e sur un lotissement plus ancien, son prix de vente n’?tait pas aussi ?lev? que les maisons o? les assassinats avaient eu lieu. Mais elle ?tait ?galement d?cor?e dans le style maison de plage, avec beaucoup d’ornements en bois et des d?corations de couleur bleu marine. Elles n’y trouv?rent rien de suspect. Bien qu’il y ait un sous-sol, il n’y avait aucun indice qu’un squatteur – ou qui que ce soit d’autre – y ait r?cemment ?lu domicile. La deuxi?me propri?t? sur leur liste se trouvait ? trois p?t?s de maisons de la premi?re. C’?tait une grande propri?t?, qui ?tait lou?e durant l’?t? et o? les propri?taires s?journaient le reste de l’ann?e. L’agence immobili?re Lakeside s’occupait actuellement de cette maison et elle avait ?t? mise en vente quatre jours plus t?t. Vu le prix exorbitant demand?, Kate ne fut pas surprise d’apprendre que personne n’avait encore manifest? de r?el int?r?t pour l’acheter. En plus, elle ne se trouvait m?me pas au bord du lac. Elle n’?tait pas s?re de savoir en quoi consistait la strat?gie des agences immobili?res ? Estes, mais ?a n’avait pas beaucoup de sens ? ses yeux. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51922810&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.