Êàêîå, â ñóùíîñòè, íåëåïîå çàíÿòèå ïèñàòü ñòèõè: ......................è "ãëàç ëóíû", è "ñîëíöà äèñê" êàê ìèð ñòàðû. ............................Äóøè øèðîêèå îáúÿòèÿ òîëïå íàâñòðå÷ó ðàñïàõíóòü... - ................................................ïîäîáíûé ðèñê ê ÷åìó òåáå? - ........................Ãëóõîé ñòåíîé - íåïîíèìàíèå; ðàçäàâëåí òÿæåñòüþ

Manque

Manque Blake Pierce — Un chef-d’?uvre de thriller et de roman policier. Pierce fit un travail formidable en d?veloppant des personnages avec un c?t? psychologique, si bien d?crits que nous nous sentons dans leurs esprits, suivons leurs peurs et applaudissons leur succ?s. L’intrigue est tr?s intelligente et vous gardera occup?s le long du livre. Plein de rebondissements, ce livre vous gardera ?veill?s jusqu’? avoir tourn? la derni?re page. — Books and movie Review, Roberto Mattos (? propos de SANS LAISSER DE TRACES)MANQUE est le tome 16 de la s?rie bestseller des Enqu?tes de Riley Paige, qui commence avec le tome 1 SANS LAISSER DE TRACES – en t?l?chargement gratuit, et plus de 1000 notes ? cinq ?toiles !Un tueur en s?rie frappe apparemment au hasard, tuant d’abord un homme dans la cinquantaine, puis une femme du m?me ?ge. La seule chose qui les relie est l’unique souvenir qu’il a emport? : une chaise de salle ? manger.Que cela signifie-t-il ? Les meurtres sont-ils al?atoires apr?s tout ?L’agente du FBI Riley Paige doit affronter ses propres d?mons et ses propres probl?mes familiaux tout en s’engageant dans une course contre la montre pour p?n?trer dans l’esprit d’un tueur diabolique dont il est certain qu’il frappera de nouveau.Va-t-elle l’arr?ter ? temps ?Thriller plein d’action, au suspens palpitant, MANQUE est le tome 16 d’une nouvelle s?rie captivante – avec un nouveau personnage attachant – qui vous poussera ? tourner les pages jusqu’au bout de la nuit. M A N Q U E (LES ENQUETES DE RILEY PAIGE – TOME 16) B L A K E P I E R C E Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie de romans ? suspense ? succ?s RILEY PAGE, qui comporte quinze tomes (pour l’instant). Blake Pierce est aussi l’auteur de la s?rie de romans ? suspense MACKENZIE WHITE, qui comprend neuf tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense AVERY BLACK, qui comprend six tomes ; de la s?rie de romans ? suspense KERI LOCKE, qui comprend cinq tomes ; de la s?rie de romans ? suspense LE MAKING OF DE RILEY PAIGE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense KATE WISE, qui comprend deux tomes (pour l’instant) ; de la s?rie de romans ? suspense psychologique CHLOE FINE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) et de la s?rie de thrillers psychologiques JESSIE HUNT, qui comprend trois tomes (pour l’instant). Lecteur gourmand et fan depuis toujours de romans ? myst?re et ? suspense, Blake aime beaucoup recevoir de vos nouvelles, donc, n’h?sitez pas ? vous rendre sur www.blakepierceauthor.com pour en apprendre plus et rester en contact ! Copyright © 2019 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi des ?tats-Unis sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l’autorisation pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre seule jouissance personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d’autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec une tierce personne, veuillez en acheter un exemplaire suppl?mentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir achet?, ou s’il n’a pas ?t? achet? pour votre seule utilisation personnelle, vous ?tes pri?s de le renvoyer et d’acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le travail difficile de l’auteur. Il s’agit d’une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les ?v?nements et les incidents sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilis?s dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou mortes, n’est que pure co?ncidence. Image de couverture : Copyright Fer gregory, utilis? en vertu d’une licence accord?e par Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER ID?AL (Volume 2) LA MAISON ID?ALE (Volume 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) MANQUE (Tome 16) S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#u68921414-67b3-5e2b-95bd-1648b39b7829) CHAPITRE UN (#ubf56ad9f-6782-5fa7-b292-c61ace5397e5) CHAPITRE DEUX (#uf1fcb60c-28e1-5408-8f94-071ed45865dc) CHAPITRE TROIS (#ud041b12a-1d5a-54cc-a51e-7408464d6b0c) CHAPITRE QUATRE (#ucbd42645-6a66-5d0c-af76-d4c94d521c1a) CHAPITRE CINQ (#ud85d186c-6d52-5c9a-9193-d9e0b50edab4) CHAPITRE SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) PROLOGUE Lori Tovar gara sa voiture dans l’all?e de la maison o? elle avait v?cu la majeure partie de sa vie. Elle coupa le moteur et resta assise l? ? regarder la charmante demeure de trois ?tages. Une phrase famili?re lui vint ? l’esprit. Premi?re arriv?e, derni?re partie. Elle sourit un peu tristement. Elle avait entendu beaucoup de gens la prononcer ? propos d’elle. Infirmi?re ? l’h?pital de South Hill, elle ?tait connue pour faire des gardes plus longues que n’importe qui d’autre. Elle rempla?ait souvent les absences d’autres infirmi?res tout en s’accordant rarement du temps libre. Ce n’?tait pas qu’elle se sentait particuli?rement assidue. C’est juste que, d’une certaine fa?on, les longues heures de travail lui venaient naturellement. Elle murmura ces mots ? haute voix : — Premi?re arriv?e, derni?re partie. Cette phrase ?tait l’histoire de sa vie ? plus d’un titre. Elle avait ?t? la premi?re de quatre enfants ? vivre dans cette grande maison autrefois heureuse. Au cours des derni?res ann?es, ses plus jeunes fr?res et s?urs s’?taient dispers?s dans tout le pays. Et bien s?r, papa ?tait simplement parti. Personne ne l’avait vu venir. Lori et ses fr?res et s?urs avaient toujours eu l’impression d’appartenir ? une famille parfaite. Ils avaient tous ?t? choqu?s d’apprendre le contraire quelques ann?es auparavant, lorsque leur p?re avait quitt? leur m?re pour une autre femme. Et maintenant Lori se trouvait l? – la derni?re de la fratrie rest?e en ville, donc toujours celle qui venait passer voir sa m?re. Elle s’arr?tait au moins une fois par semaine, l’emmenait parfois prendre un caf?, ou simplement s’asseyait avec elle, discutait et faisait de son mieux pour tirer sa m?re de ses acc?s de profonde tristesse. Derni?re partie. Lori poussa un long soupir, puis sortit de la voiture et passa devant les plantes et les arbustes organis?s en terrasses immacul?es jusqu’au porche avant. Elle s’arr?ta ? la bo?te aux lettres et l’ouvrit pour voir s’il y avait du courrier. La bo?te ?tait vide. Lori pensa que sa m?re avait d?j? v?rifi?, ce qui pourrait ?tre bon signe. Peut-?tre cela voulait-il dire qu’elle n’?tait pas en train de sombrer dans une de ses crises d’apathie extr?me. Mais Lori fut constern?e que la porte se soit ouverte quand elle tourna la poign?e. Elle secoua la t?te. Elle avait d? dire mille fois ? sa m?re qu’elle devait garder la porte ferm?e, m?me pendant la journ?e, surtout maintenant qu’elle vivait seule. Pendant l’enfance et l’adolescence de Lori, il n’avait pas ?t? n?cessaire de tout le temps verrouiller la porte. Mais c’?tait alors une ?poque plus innocente. Les choses avaient chang?, et la criminalit? avait augment? m?me dans ce quartier respectable. Les effractions devenaient de plus en plus fr?quentes. J’imagine que je vais devoir lui rappeler encore une fois, pensa Lori. Non pas que cela servirait ? grand-chose. Les vieilles habitudes ont la vie dure. Elle entra dans la maison et cria : — Maman, j’ai quitt? le travail t?t. J’ai juste pens? que je pourrais passer. Aucune r?ponse. Elle cria encore : — Maman, tu es ? la maison ? Encore une fois, il n’y eut pas de r?ponse. Lori n’?tait pas particuli?rement surprise. Sa m?re faisait peut-?tre la sieste en haut. Ce ne serait pas la premi?re fois qu’elle n’entendait pas Lori arriver parce qu’elle dormait. Mais ce n’?tait pas bien qu’elle ait laiss? la porte ouverte pendant qu’elle faisait la sieste. Je vais devoir lui en parler. Pendant ce temps, Lori se sentait un peu ind?cise. Il ?tait dommage de montrer et de r?veiller sa m?re si elle dormait bien. D’un autre c?t?, elle s’?tait donn? un peu de mal pour organiser son emploi du temps au travail afin de pouvoir passer. J’aurais d? appeler d’abord, se dit-elle. Elle d?cida de monter jeter un coup d’?il dans la chambre de ses parents et d’essayer de voir ? quel point sa m?re dormait profond?ment. Si elle commen?ait ? se r?veiller, Lori lui ferait savoir qu’elle ?tait l?. Sinon, elle partirait peut-?tre discr?tement. Alors qu’elle montait les escaliers, Lori fut saisie par une nostalgie profonde. Comme toujours, cette maison ?tait hant?e par des souvenirs, pour la plupart tr?s agr?ables. Rien ne clochait vraiment dans la vie de Lori en ce moment, mais elle ne pouvait s’emp?cher de penser qu’elle avait pass? ses plus beaux jours ici m?me. Serai-je ? nouveau aussi heureuse ? se demanda-t-elle. Elle esp?rait qu’un jour sa vie serait un peu plus compl?te qu’aujourd’hui. Et ne serait-ce pas merveilleux si cela pouvait arriver ici m?me ? Lori et son mari, Roy, parlaient souvent d’acheter cette maison. Ils pensaient tous les deux que sa m?re serait mieux dans une demeure plus petite, peut-?tre un appartement douillet dont elle pourrait facilement s’occuper, et o? tout ne lui rappellerait pas constamment que papa l’avait quitt?e. Ce serait certainement mieux pour son humeur en g?n?ral. Lori pensait que ce serait l’endroit id?al pour fonder sa propre famille, ce qu’elle et Roy pensaient tous les deux devoir arriver bient?t. Pendant un moment, elle crut presque entendre le rire des enfants qui couraient de chambre en chambre, comme elle et ses fr?res et s?urs l’avaient fait il y avait des ann?es. Si seulement sa m?re acceptait de d?m?nager, et bien s?r de leur faire une proposition financi?re qu’ils pourraient g?rer. Sa m?re disait souvent qu’elle s’impatientait d’avoir des petits-enfants, mais elle ne semblait pas se rendre compte que le d?m?nagement pouvait acc?l?rer ce processus. Elle s’obstinait ? vouloir rester ici, refusant de penser ? vivre ailleurs. Peut-?tre qu’un jour elle changera d’avis, pensa Lori. Si c’est le cas, elle aurait aim? que cela se produise avant qu’elle ne commence ? avoir des enfants. Lorsque Lori entra dans le couloir du deuxi?me ?tage, elle remarqua que la porte de la chambre de sa m?re ?tait partiellement ouverte. D’habitude, sa m?re la fermait quand elle faisait la sieste. Soudain, il lui sembla un peu ?trange qu’elle ne l’ait pas entendu appeler depuis le rez-de-chauss?e. Elle devenait peut-?tre un peu dure d’oreille ? Si oui, Lori ne l’avait pas remarqu?. Lori se dirigea vers la porte de la chambre ? coucher et la poussa silencieusement jusqu’? ce qu’elle soit enti?rement ouverte. Personne n’?tait dans la chambre, et le lit ?tait parfaitement fait. Elle se dit que sa m?re avait d? sortir quelque part. Et c’est probablement une bonne chose. Sa m?re passait trop de temps seule dans cette ?norme maison. Lorsque Lori lui avait rendu visite il y a quelques jours, sa m?re avait mentionn? qu’elle sortirait peut-?tre avec certains des amis avec lesquels elle jouait au bingo le vendredi ? l’?glise. Lori lui avait dit que ce serait une excellente id?e. Mais ce n’?tait pas vendredi, et o? que soit all?e sa m?re, il ?tait troublant qu’elle ait laiss? la porte d’entr?e ouverte. Lori se demanda – maman perd-elle un peu la t?te ? Cette id?e l’avait inqui?t?e derni?rement. La m?moire de sa m?re avait toujours ?t? exceptionnellement vive, mais elle avait oubli? de petites choses derni?rement. Lori avait essay? de se persuader que sa m?re ?tait encore assez jeune pour que la d?mence s’installe. Mais en raison de son propre travail ? l’h?pital, elle savait que c’?tait une possibilit?. Elle d?testait l’id?e d’avoir ? en parler ? sa m?re, ainsi que tous les probl?mes et les chagrins qui en d?couleraient s?rement. Pendant ce temps, Lori d?cida qu’elle ferait tout aussi bien de rentrer chez elle. Elle redescendit les escaliers et s’arr?ta pour jeter un coup d’?il dans la salle ? manger. Elle ?prouva un pincement au c?ur en ne voyant pas la longue table o? elle, sa s?ur et ses fr?res avaient profit? de d?licieux d?ners et de conversations avec maman et papa. Aussi d?termin?e que soit sa m?re ? vivre comme elle l’avait toujours fait, elle n’avait tout simplement plus ?t? capable de s’asseoir ? cette grande table. Elle offrait suffisamment de place pour tous les membres de la famille qui n’?taient plus l?, et elle pouvait m?me ?tre agrandie en ajoutant des rallonges suppl?mentaires. Lori pouvait comprendre pourquoi sa m?re avait voulu que la table disparaisse. Lori l’avait aid? ? la vendre avec les chaises assorties, et elles avaient achet? un ensemble plus petit. Puis Lori remarqua quelque chose d’?trange. Il y avait habituellement quatre chaises autour de cette nouvelle table carr?e. Mais il n’y en avait plus que trois. Sa m?re avait d? d?placer la chaise manquante, mais pourquoi ? Peut-?tre l’avait-elle utilis?e pour atteindre une ?tag?re ou changer une ampoule. Lori fron?a les sourcils en pensant : Encore une chose dont je dois lui parler. Apr?s tout, sa m?re avait un escabeau en parfait ?tat, ce qui ?tait beaucoup plus s?r pour ce genre de t?ches. Elle devait savoir qu’il ne fallait pas utiliser une chaise. Tandis que Lori regardait autour d’elle ? la recherche d’un signe de la chaise, ses yeux se pos?rent sur l’?troit plan de travail en marbre qui s?parait la salle ? manger de la cuisine. Elle vit une tache rouge?tre de l’autre c?t?. C’?tait vraiment ?trange. Sa m?re avait toujours ?t? une femme de m?nage m?ticuleuse particuli?rement obs?d?e par la propret? de sa cuisine. Ce n’?tait pas son genre de renverser quelque chose et de ne pas le nettoyer imm?diatement. Lori sentait une inqui?tude grandissante l’envahir. Quelque chose ne va pas, pensa-t-elle. Elle se pr?cipita jusqu’au bord du plan de travail et regarda dans la cuisine. L?, sur le sol, gisait sa m?re, ?trangement ?tal?e dans une mare de sang. — Maman ! haleta-t-elle d’une voix rauque. Son c?ur palpitait et elle sentait ses membres devenir froids et s’engourdir. Elle savait qu’elle ?tait en ?tat de choc, mais elle devait garder son sang-froid. Lori s’agenouilla et vit que les yeux de sa m?re ?taient ferm?s. Elle avait une grosse entaille ? la t?te. Lori se sentait aux prises avec l’incr?dulit?, l’horreur et la confusion, et son esprit s’agitait pour tenter de saisir… Que s’est-il pass? ? Sa m?re avait d? tr?bucher, tomber et se cogner la t?te contre le plan de travail. Ses r?flexes d’infirmi?re se mettant en marche, Lori toucha le cou de sa m?re pour v?rifier son pouls. Et c’est l? que Lori vit que sa gorge avait ?t? tranch?e. Une art?re carotide avait ?t? sectionn?e, mais il n’y avait pas de sang qui en sortait. Le visage de sa m?re ?tait p?le et sans vie. Lori sentit une force volcanique jaillir des profondeurs de ses poumons. Puis elle se mit ? crier. CHAPITRE UN Un coup de feu retentit depuis un endroit tr?s proche. Riley Paige se retourna brusquement alors que le bruit r?sonnait dans le couloir en haut. April ! pensa-t-elle, alors que la stup?faction parcourait son corps. Riley se pr?cipita vers sa chambre. Sa fille April, ?g?e de 16 ans, se tenait l? tremblante de la t?te aux pieds, mais elle n’avait pas l’air d’?tre bless?e. Riley pouvait respirer ? nouveau. Par terre devant April se trouvait un pistolet Ruger SR22. ? c?t?, il y avait la bo?te en vinyle bleu dans laquelle l’arme ?tait cens?e ?tre conserv?e. La voix d’April trembla quand elle dit : — Je suis d?sol?e. Je m’appr?tais ? le mettre dans le coffre-fort du placard, mais il a tir? et je l’ai laiss? tomber. Je ne savais pas qu’il ?tait charg?. Riley sentit son visage rougir. Sa peur se transformait en col?re. — Comment ?a, tu ne savais pas ? Elle dit. Comment pouvais-tu ne pas savoir ? Riley ramassa l’arme, sortit le chargeur et l’agita devant April. — Ce chargeur ne devrait m?me pas ?tre dans l’arme, dit-elle. Tu ?tais cens?e l’enlever avant qu’on quitte le stand de tir. — Je pensais avoir tir? toutes les balles, dit April. — Ce n’est pas une excuse, dit s?chement Riley. Tu enl?ves toujours le chargeur quand tu as fini l’entra?nement au tir. — Je sais, April dit. ?a n’arrivera plus. Bien s?r que ?a n’arrivera plus, pensa Riley. Elle se rendit ?galement compte qu’elle ?tait en col?re contre elle-m?me car elle ?tait sortie de la pi?ce avant qu’April n’ait rang? son arme. Mais elles avaient d?j? fait plusieurs s?ances d’entra?nement au stand de tir, et tout s’?tait bien pass? auparavant. Elle jeta un coup d’?il dans la pi?ce. — O? est-ce que ?a a frapp? ? demanda-t-elle. April pointa vers le mur du fond. ?videmment, Riley vit un trou de balle. Elle ?prouva une nouvelle vague de panique. Elle savait que les murs entre les pi?ces de sa maison n’?taient pas assez solides pour arr?ter une balle – pas m?me d’un pistolet de calibre 22. Elle agita un doigt en direction d’April. — Toi, tu restes ici. Elle sortit dans le couloir et entra dans la pi?ce voisine, qui ?tait la chambre d’April. Il y avait un trou de sortie dans le mur juste l? o? elle s’attendait ? le voir, puis un autre trou dans le mur d’en face o? la balle avait poursuivi sa course. Riley eut du mal ? se vider la t?te pour ?valuer la situation. De l’autre c?t? de ce mur, il y avait l’arri?re-cour. A-t-elle pu toucher quelqu’un ? se demanda-t-elle. Elle se dirigea vers le trou et y jeta un coup d’?il. Si la balle avait continu? ? traverser, elle aurait d? voir la lumi?re du soleil. L’ext?rieur en brique avait finalement d? l’arr?ter. Et m?me si cela n’avait pas ?t? le cas, la balle aurait ?t? suffisamment ralentie pour ne pas d?passer la cour arri?re. Riley poussa un soupir de soulagement. Personne n’a ?t? bless?. Malgr? tout, une chose horrible s’?tait produite. Alors qu’elle quittait la chambre d’April et se dirigeait vers la sienne, deux personnes arriv?rent en haut de l’escalier et fonc?rent dans le couloir. L’une ?tait sa fille de quatorze ans, Jilly. L’autre ?tait sa solide gouvernante guat?malt?que, Gabriela. Gabriela s’?cria : — ?Dios mio ! C’?tait quoi ce bruit ? — Que s’est-il pass? ? Jilly se fit l’?cho de Gabriela. O? est April ? Avant m?me que Riley ne puisse commencer ? essayer d’expliquer, Jilly et Gabriela avaient trouv? April dans la chambre. Riley les suivit. Alors qu’elles entraient toutes, April mettait la bo?te en vinyle dans le petit coffre-fort noir sur l’?tag?re du placard. Avec un effort ?vident pour para?tre calme, elle dit : — Mon arme a tir?. Presque ? l’unisson, Jilly et Gabriela s’exclam?rent : — Tu as une arme ? Riley ne put retenir un g?missement de d?sespoir. La situation ?tait maintenant mauvaise ? bien des niveaux. Lorsque Riley avait achet? l’arme pour April en juin dernier, elles s’?taient toutes deux mises d’accord pour ne pas en parler ? Gabriela ou ? Jilly. Jilly aurait s?rement ?t? jalouse de sa s?ur a?n?e. Gabriela se serait simplement inqui?t?e. Pour de bonnes raisons, en fin de compte, pensa Riley. Elle pouvait voir que sa fille cadette se pr?parait ? une vague de questions et d’accusations, tandis que sa gouvernante attendait simplement une explication. — Je descendrai tout vous expliquer dans quelques minutes. Pour l’instant, je dois parler ? April seule, dit Riley. Jilly et Gabriela hoch?rent la t?te et quitt?rent la pi?ce. Riley ferma la porte derri?re elles. Alors qu’April se laissait tomber sur le lit et levait les yeux vers sa m?re, Riley se rappela ? quel point elle et sa fille se ressemblaient. M?me si elle avait quarante et un ans et qu’April n’en avait que seize, elles ?taient manifestement faites dans le m?me moule. Ce n’?tait pas seulement leurs cheveux fonc?s et leurs yeux noisette, elles partageaient aussi une approche impulsive de la vie. Puis l’adolescente s’avachit et parut au bord des larmes. Riley s’assit ? c?t? d’elle. — Je suis d?sol?e, dit April. Riley ne r?pondit pas. Des excuses n’allaient pas suffire pour l’instant. — Est-ce que j’ai fait quelque chose d’ill?gal ? D?charger une arme ? l’int?rieur, je veux dire ? Est-ce qu’on doit pr?venir la police ? dit April. — Ce n’est pas ill?gal – pas si c’est accidentel. Je ne suis pas s?re que cela ne doive pas ?tre ill?gal, cependant. C’?tait incroyablement n?gligent. Honn?tement, April, je pensais pouvoir te faire confiance pour ?a, soupira Riley. April ravala un sanglot. — J’ai de s?rieux ennuis, n’est-ce pas ? Encore une fois, Riley ne dit rien. Puis April dit : — ?coute, je te promets d’?tre plus prudente. ?a n’arrivera plus. La prochaine fois qu’on ira au champ de tir… Riley secoua la t?te. — Il n’y aura pas de prochaine fois. April ?carquilla les yeux. — Tu veux dire… ? commen?a-t-elle. — Tu ne peux pas garder l’arme, dit Riley. C’est termin?. — Mais ce n’?tait qu’une erreur, dit April, dont la voix devenait de plus en plus aigu?. — Tu sais tr?s bien qu’il s’agit d’une question de tol?rance z?ro. On en a d?j? parl?. M?me une erreur stupide et imprudente comme celle-l? est une erreur de trop. C’est tr?s grave, April. Quelqu’un aurait pu ?tre bless? ou tu?. Tu ne comprends pas ?a ? dit Riley. — Mais personne n’a ?t? bless?. Riley se sentit coinc?e dans une impasse. April ?tait en train de passer ? toute allure ? l’adolescence, refusant d’accepter la r?alit? de ce qui venait de se passer. Riley savait qu’il ?tait presque impossible de raisonner sa fille dans ces moments-l?. Mais raisonnable ou non, cette d?cision ?tait de la seule responsabilit? de Riley. En fait, elle ?tait la propri?taire l?gale de l’arme, pas April. Sa fille ne pouvait pas poss?der d’arme avant l’?ge de dix-huit ans. Riley l’avait achet?e parce qu’April avait dit qu’elle voulait devenir une agente du FBI. Elle avait pens? que le petit calibre en ferait une bonne arme d’entra?nement pour April au champ de tir. Jusqu’? aujourd’hui, ces le?ons s’?taient tr?s bien d?roul?es. — C’est un peu de ta faute, tu sais. Tu aurais d? mieux me surveiller, dit April. Riley se sentit piqu?e. April avait-elle raison ? Lorsque sa fille avait remis le pistolet dans son ?tui au stand de tir, Riley ?tait en train de terminer son propre entra?nement au tir dans la cabine suivante avec son propre Glock calibre 40. Elle avait d?j? supervis? April ? plusieurs reprises. Cette fois, elle pensait qu’elle pourrait ?tre moins vigilante avec elle. Manifestement, elle avait eu tort. Malgr? toutes leurs s?ances d’entra?nement, April avait quand m?me besoin d’une surveillance ?troite. Pas d’excuses. Riley le savait. Pas d’excuses pour aucune de nous deux. Mais cela n’avait pas d’importance. Elle ne pouvait pas laisser April lui faire changer d’avis en la faisant culpabiliser. La prochaine erreur de sa fille pourrait ?tre mortelle. — Ce n’est pas une excuse, et tu le sais. Ranger l’arme correctement ?tait de ta responsabilit?, dit-elle s?chement. — Alors tu me l’enl?ves, dit pitoyablement April. — C’est ?a, dit Riley. — Que vas-tu en faire ? — Je n’en suis pas encore s?re, dit Riley. Elle pensait qu’elle la donnerait probablement ? l’Acad?mie du FBI. Ils pourraient en faire une arme d’entra?nement pour les nouvelles recrues. Pendant ce temps, elle s’assurait qu’elle ?tait bien sous clefs dans le coffre-fort du placard. D’une voix maussade, April dit : — Eh bien, ?a me va. J’avais chang? d’avis sur le fait de vouloir ?tre une agente du FBI. Je voulais te le dire. Riley ressentit un ?trange choc ? ces paroles. Elle savait qu’April essayait ? nouveau de la culpabiliser, ou du moins de la d?cevoir. Au lieu de cela, elle se sentit soulag?e. Elle esp?rait qu’il ?tait vrai qu’April n’?tait plus int?ress?e par le FBI. Alors elle n’aurait pas ? passer des ann?es et des ann?es ? s’inqui?ter pour sa vie. — C’est ? toi de prendre cette d?cision, dit Riley. — Je vais dans ma chambre, r?pondit sa fille. Sans un mot de plus, April sortit et ferma la porte, laissant Riley assise seule sur le lit. Pendant un moment, elle songea ? suivre April, mais… Qu’y a-t-il d’autre ? dire ? Pour l’instant, il n’y avait rien. Rationnellement, Riley savait qu’elle avait pris la bonne d?cision. On ne pouvait plus faire confiance ? April pour l’arme. D’autres r?primandes et punitions seraient certainement inutiles. N?anmoins, Riley avait l’impression d’avoir ?chou?, d’une fa?on ou d’une autre. Elle ne savait pas pourquoi. Peut-?tre, pensa-t-elle, que c’?tait en faisant confiance ? April pour s’occuper d’une arme ? feu. Mais, se demandait-elle, cela ne faisait-il pas partie du r?le de parent ? T?t ou tard, il fallait donner plus de responsabilit?s aux enfants. Ils ?choueraient pour certaines, et ils r?ussiraient pour d’autres. C’est comme ?a qu’on grandit. Il ?tait certain qu’aucun parent ne pouvait pr?dire toutes les erreurs et tous les ?checs d’un enfant. La confiance ?tait toujours un risque. Malgr? tout, Riley avait l’impression que son cerveau tournait en rond, essayant de rationaliser son propre ?chec en tant que parent. Une douleur soudaine dans le dos fit cesser ses ruminations. Ma blessure. Son dos lui faisait encore mal de temps en temps, l? o? un tueur psychopathe l’avait poignard?e avec un pic ? glace. Le pic s’?tait enfonc? de fa?on alarmante, plus profond?ment qu’un couteau ordinaire ne l’aurait probablement fait. Cela s’?tait produit il y avait un peu plus de deux semaines, et elle avait pass? une nuit ? l’h?pital ? cause de ?a. Ensuite, on lui avait ordonn? de rester inactive ? la maison. Bien que Riley ait ?t? physiquement et ?motionnellement secou?e par l’?preuve, elle avait esp?r? ?tre de retour au travail ? pr?sent, sur une nouvelle affaire. Mais son patron, le chef de division Brent Meredith, avait insist? pour qu’elle prenne plus de temps qu’elle ne l’aurait souhait? pour r?cup?rer. Il avait ?galement mis en cong? Bill, le partenaire de Riley, car il avait tir? sur et tu? l’homme qui avait poignard? Riley. Elle se sentait d?finitivement pr?te ? retourner au travail maintenant. Elle ne pensait pas qu’une petite douleur de temps en temps interf?rerait avec son travail. M?me si les enfants et Gabriela l’avaient constamment assist?e, elle n’avait pas eu l’impression d’avoir de bonnes relations avec elles. Leur inqui?tude constante la faisait se sentir coupable et inapte en tant que parent. Elle savait qu’elle avait des explications ? donner ? Jilly et Gabriela au sujet de l’arme. Elle se leva et parcourut le couloir vers la chambre de Jilly. * Sa conversation avec Jilly fut ? peu pr?s aussi difficile que ce ? quoi Riley s’attendait. Sa fille cadette avait les yeux fonc?s, probablement un h?ritage familial italien, et un temp?rament fougueux d’un d?but de vie difficile avant que Riley ne l’adopte. Jilly ?tait ouvertement jalouse que Riley ait achet? une arme ? feu pour April et que sa s?ur se soit entra?n?e au tir dans son dos. Bien s?r, Riley ne pouvait convaincre sa fille cadette qu’une arme ? feu ?tait hors de question ? son ?ge. En plus, cela n’avait pas bien march? pour April de toute fa?on. Riley vit que rien de ce qu’elle disait ne marchait et elle abandonna promptement. — Plus tard, dit-elle ? Jilly. On en reparlera plus tard. Quand Riley passa la porte de Jilly, elle entendit celle-ci se fermer derri?re elle. Pendant un long moment, Riley resta juste debout dans le couloir. Ses deux filles ?taient enferm?es dans leur chambre, en train de bouder. Puis elle soupira et descendit les deux vol?es d’escaliers jusqu’aux appartements de Gabriela. Gabriela ?tait assise sur son canap?, et regardait par les grandes portes coulissantes en verre dans l’arri?re-cour. Quand Riley entra, Gabriela sourit et tapota le si?ge ? c?t? d’elle. Riley s’assit et commen?a du d?but, expliquant ? propos de l’arme. Gabriela ne se f?cha pas – mais elle semblait bless?e. — Tu aurais d? me le dire, dit-elle. Tu aurais d? me faire confiance. — Je sais, dit Riley. Je suis d?sol?e. Je crois que j’ai juste…des probl?mes dans le service parental ces jours-ci. Gabriela secoua la t?te. — Tu essaies d’en faire trop, Se?ora Riley. Il n’y a pas de parent parfait. Le c?ur de Riley se r?chauffa ? ces mots. C’est ce que j’avais besoin d’entendre, pensa-t-elle. — Tu devrais me faire plus confiance. Tu devrais compter davantage sur moi. Je suis ici pour te faciliter la vie, apr?s tout. C’est mon travail. Je suis ?galement ici pour faire ma part dans l’?ducation des enfants. Je pense que je suis bonne avec les filles, poursuivit Gabriela. — Oh, tu l’es, dit Riley. Sa voix s’?touffa un peu. Tu l’es vraiment. Tu n’as pas id?e ? quel point je suis reconnaissante de t’avoir dans nos vies. Riley et Gabriela rest?rent assisses ? se sourire l’une ? l’autre en silence pendant un moment. Riley se sentit soudain beaucoup, beaucoup mieux. Puis la sonnette retentit. Riley donna un gros c?lin ? sa gouvernante et monta au rez-de-chauss?e pour aller ouvrir la porte. Pendant un instant, Riley fut ravie de voir que son beau petit ami, Blaine, venait d’arriver. Mais elle remarqua quelque chose de nostalgique dans son sourire, un air m?lancolique dans ses yeux. Ce ne sera pas une visite agr?able, r?alisa-t-elle. CHAPITRE DEUX Quelque chose n’allait pas, Riley le savait. Au lieu d’entrer directement et de se mettre ? l’aise comme d’habitude, Blaine se contenta de se tenir devant sa porte d’entr?e. Il y avait une expression vaguement expectative sur ses traits agr?ables. Le c?ur de Riley se serra. Elle avait une id?e assez pr?cise de ce que Blaine avait ? l’esprit. En fait, elle s’y attendait depuis des jours. Pendant un moment, elle eut profond?ment envie de fermer la porte et de pr?tendre qu’il n’?tait pas pass? maintenant. — Entre, dit-elle. — Merci, r?pondit Blaine, et il entra dans la maison. Alors qu’ils s’asseyaient dans le salon, Riley demanda : — Tu veux boire un verre ? — Euh, non, je ne crois pas. Merci. Il ne s’attend pas ? ce que cette visite soit longue, pensa Riley. Puis il regarda autour de lui et dit : — La maison est terriblement calme. Les filles sont sorties cet apr?s-midi ? Non, elles ne veulent rien avoir ? faire avec moi, faillit l?cher Riley. Mais cela ne semblait pas juste au vu des circonstances. Si les choses avaient ?t? normales entre eux, Riley se sentirait libre de parler des ?preuves de la parentalit?, et elle pourrait s’attendre ? ce que Blaine compatisse joyeusement et m?me lui remonte le moral avec quelques mots d’encouragement. Ce n’?tait pas un de ces moments. — Comment te sens-tu ? demanda Blaine. Pendant une seconde, cela lui sembla ?tre une question ?trange, et Riley eut envie de dire : Plut?t pleine d’appr?hension. Et toi ? Mais elle r?alisa qu’il parlait de la blessure au pic ? glace. Il avait ?t? extr?mement attentif et gentil avec elle pendant son r?tablissement. De nombreux soirs, il avait apport? de d?licieux repas du bon restaurant qu’il poss?dait et g?rait. Mais sa grande pr?venance l’avait avertie que quelque chose de d?sagr?able allait arriver. Il ?tait toujours un homme gentil et d?vou?, bien s?r. Mais au cours de la derni?re semaine environ, il y avait eu une tristesse r?v?latrice dans sa gentillesse – avec peut-?tre un soup?on d’excuses tacites et inexpliqu?es. — Je me sens beaucoup mieux, merci, dit-elle. Blaine hocha la t?te, puis dit lentement et pos?ment : — Alors je suppose que tu vas bient?t retourner au travail. Voil?, pensa Riley. — Je ne sais pas, dit-elle. C’est ? mon patron de d?cider. Il ne m’a pas encore donn? de nouvelle affaire. Blaine la regarda, les yeux pliss?s. — Mais te sens-tu pr?te ? reprendre le travail ? Riley soupira. Elle se souvenait de la conversation qu’ils avaient eue peu apr?s qu’elle soit rentr?e de l’h?pital. Elle lui avait dit qu’elle s’attendait ? pouvoir retourner au travail dans environ une semaine, et il n’avait pas essay? de cacher son anxi?t? en l’entendant dire cela. Mais ils n’avaient pas essay? de r?soudre les choses alors. Au lieu de cela, Riley lui avait serr? la main et lui avait dit : Je suppose qu’on a des choses ? se dire. Plus d’une semaine s’?tait ?coul?e depuis lors. Cette conversation n’a que trop tard?, pensa-t-elle. — Blaine, cela maintenant fait des jours je me sens pr?te ? retourner au travail. Je suis plus que pr?te. Je suis d?sol?e. Je sais que ce n’est pas ce que tu veux entendre, lui dit-elle. Blaine fixa le sol pendant un moment. — Riley, tu ne penses jamais ?… ? Sa voix s’?teignit. — ? quoi ? demanda Riley, essayant de chasser la note d’amertume de sa voix. M’orienter vers un autre m?tier ? — Je ne sais pas, dit Blaine en haussant les ?paules. Il y a s?rement des choses que tu peux faire avec le Bureau qui n’impliquent pas un tel… risque. Tu es agent de terrain depuis quoi ? Pr?s de vingt ans ? Je sais que tu as ?t? tr?s dou?e et je ne peux pas te dire ? quel point j’admire ton d?vouement et ton courage. Mais n’as-tu pas donn? assez pour ce genre de service ? Tu ne penses pas que tu m?rites quelque chose de plus ? Il s’arr?ta encore de parler. — Plus – s?r, tu veux dire ? Moins dangereux ? dit Riley. Blaine acquies?a. Riley ne savait pas quoi dire. Il y avait certainement des choix qu’elle pouvait faire, m?me au BAC. Mais cela signifierait d’?normes changements. Elle ne s’imaginait pas travailler dans un bureau, passant juste en revue les preuves que d’autres agents ramenaient au p?ril de leur vie. M?me si elle avait aim? donner des conf?rences occasionnelles ? l’Acad?mie, elle pensait qu’il serait difficile d’enseigner ? temps plein. D?crire des affaires aux recrues ne ferait que lui rappeler ce qu’elle ne faisait plus. Elle ne pouvait pas imaginer une vie sans confronter directement le mal, malgr? tous ses dangers. Cela signifierait abandonner tout ce pour quoi elle ?tait vraiment dou?e. Mais comment pouvait-elle expliquer cela ? Blaine ? Puis Blaine dit : — J’esp?re que tu comprends, ce n’est pas pour moi que je m’inqui?te. Quand Riley comprit, cela lui fit l’effet d’un coup de poignard. — Je sais, dit-elle. En effet, elle savait qu’il ?tait parfaitement sinc?re. Et cela en disait long sur Blaine. Le travail de Riley avait mis en danger sa propre vie, et il l’avait g?r? avec courage. En d?cembre dernier, un criminel d?sireux de se venger de Riley ?tait venu chez elle alors qu’elle n’?tait pas l? et avait tent? de tuer April et Gabriela. Blaine ?tait venu ? leur secours, mais il avait ?t? gravement bless?. Riley ?tait encore secou?e par l’horreur quand elle repensait ? cette ?preuve. — Je ne m’inqui?te m?me pas pour toi, ou du moins pas essentiellement pour toi, ajouta Blaine. — Je sais, dit encore Riley. Il n’avait pas ? s’expliquer. Elle savait qu’il s’inqui?tait pour leurs enfants – les deux filles de Riley et sa propre adolescente, Crystal. Et elle savait qu’il avait toutes les raisons de s’inqui?ter. Elle pouvait essayer autant qu’elle le voulait, elle ne pouvait pas garantir leur s?curit? tant qu’elle continuait ? vivre la vie qu’elle vivait. En fait, la s?curit? de tous ceux qui l’entouraient ?tait d?j? en danger ? cause des criminels qu’elle avait crois?s, m?me ceux qu’elle avait d?faits. Plus d’une fois, des personnages du pass? ?taient revenus pour essayer de se venger. Blaine ouvrit la bouche comme s’il cherchait les mots justes. Au lieu de cela, Riley dit : — Blaine, je comprends. Nous n’avons pas besoin d’avoir cette discussion. ?a fait un moment nous l’avons, mais nous ne l’avons pas dit tout haut. J’ai compris. Vraiment. Elle d?glutit et ajouta : — Les choses ne vont pas marcher entre toi et moi. Alors m?me qu’elle pronon?ait ces mots, un sentiment de perte la submergea presque. Blaine hocha la t?te. — Je suis d?sol?e, dit Riley. — Tu n’as aucune raison d’?tre d?sol?e, dit Blaine. Riley dut s’emp?cher de dire : Oh, si. J’en ai, vraiment. Apr?s tout, c’?tait ? cause de ses propres choix de vie que Blaine ressentait ce qu’il ressentait. Blaine avait fait de son mieux pour accepter ces choix. Mais ? la fin, il ne pouvait honn?tement pas le faire. Et Riley savait qu’elle ne pouvait bl?mer personne d’autre qu’elle-m?me. Elle et Blaine se turent pendant un moment. Elle ?tait assise sur le canap?, lui sur une chaise face ? elle. Elle se souvint de la premi?re fois qu’ils s’?taient tenu la main, assis sur le canap?, juste l?. Cela avait ?t? un moment magique o? elle avait eu l’impression que sa vie avait soudainement chang? pour le mieux. Elle aurait aim? qu’ils puissent se tenir la main maintenant. Mais elle savait que la distance entre eux ?tait beaucoup plus grande que quelques dizaines de centim?tres entre deux meubles. Quoi qu’il en soit, une d?cision semblait avoir ?t? prise. Elle ne savait pas exactement quelle ?tait cette d?cision, et elle doutait que Blaine le sache aussi. Mais quelque chose entre eux avait pris fin. Et il n’y aurait pas de retour en arri?re. Ils discut?rent un peu de choses et d’autres, embarrass?s et pleins d’h?sitation. Blaine assura ? Riley que sa famille serait toujours la bienvenue pour des repas gratuits dans son restaurant, et il serait heureux de les voir tous. Et bien s?r, ils resteraient en contact ? cause de leurs filles. April et Crystal ?taient meilleures amies, apr?s tout, et elles se rendaient beaucoup visite. Et ce n’?tait pas comme un divorce. Ils resteraient toujours proches. Blaine sourit faiblement et ajouta : — Peut-?tre que les choses ne seront pas si diff?rentes apr?s tout. Riley cligna des yeux et essuya une larme. — Peut-?tre pas. Mais ce n’?tait pas vrai, et elle le savait. Puis Blaine dit qu’il ferait mieux de retourner travailler, alors ils se lev?rent tous les deux et se firent timidement la bise, puis Blaine quitta la maison. Riley marmonna ? voix haute, pour elle-m?me : — C’est l’heure de boire un verre. Elle alla ? la cuisine et se versa un verre de bourbon, puis retourna au salon et s’assit de nouveau. La maison semblait fantomatiquement calme, et Riley se sentait profond?ment seule. Et bien s?r, elle ?tait vraiment seule, m?me avec trois autres personnes dans les pi?ces voisines. Elle pleura doucement pendant un moment. Puis, apr?s avoir s?ch? ses yeux et commenc? ? siroter son bourbon, elle essaya de ne plus penser aux souvenirs de moments plus heureux. Mais elle n’y parvenait pas. Elle se rem?mora la nuit o? elle et Blaine s’?taient embrass?s pour la premi?re fois sur une piste de danse pendant qu’un groupe jouait sa chanson pr?f?r?e ? sa demande ? lui. Elle se rem?mora la premi?re nuit o? ils avaient couch? ensemble. Elle se rem?mora aussi les deux semaines qu’elle, Blaine et leurs trois filles avaient pass?es ensemble dans une maison lou?e sur la plage de Sandbridge. Ils avaient vraiment ?t? comme une famille compl?te ? l’?poque. Elle se souvenait surtout d’avoir entendu le doux grondement r?confortant des vagues la nuit o? Blaine lui avait montr? ses plans pour agrandir sa propre maison afin qu’ils puissent tous vivre ensemble. Ils avaient vraiment envisag? de se marier. C’?tait il y a un peu plus d’un mois. Mais cela para?t si lointain maintenant. Un autre souvenir, plus discordant, se glissa dans son esprit. C’?tait Blaine lui disant, le lendemain de leur premi?re nuit ensemble : Je crois qu’il faut que j’ach?te une arme. Et bien s?r, il avait ressenti ce besoin ? cause de Riley et des dangers caus?s par sa relation avec elle. Ils ?taient all?s chez l’armurier et lui avaient achet? un Smith and Wesson 686, et Riley lui avait donn? sa premi?re le?on de tir au champ de tir int?rieur, imm?diatement. Riley sourit am?rement en pensant : J’esp?re qu’il prend mieux soin de cette arme qu’April ne l’a fait avec la sienne. Mais alors – quel besoin aurait-il pour cette arme maintenant que les choses ?taient termin?es entre eux ? Qu’est-ce qu’il allait en faire ? Juste la laisser cach?e dans sa maison et oublier qu’il l’avait ? Ou la vendrait-il ? Alors qu’elle examinait ces questions, une ?motion inattendue s’engouffra en elle. Son souffle et son pouls s’acc?l?r?rent, et ? sa grande surprise, elle r?alisa : Je suis en col?re. Elle s’?tait tenue pour responsable et avait dout? d’elle-m?me depuis la visite de Blaine – m?me avant, en fait, lorsqu’elle s’?tait sentie au moins quelque peu coupable de l’accident qu’April avait eu avec l’arme. Mais est-ce que tout ce qui n’allait pas dans sa vie ?tait vraiment de sa faute ? Riley grogna dans sa barbe en prenant une autre gorg?e de bourbon. Tant de d?ceptions, pensa-t-elle. Et elle en avait assez de s’en vouloir pour toutes – y compris l’?chec de son mariage avec Ryan. ?tait-ce vraiment sa faute si Ryan avait ?t? un imb?cile infid?le et ?go?ste, un mari et un p?re si mauvais ? Et ?tait-ce sa faute si April ne pouvait pas assumer la responsabilit? d’une arme ? feu, ou si Jilly ?tait en col?re contre elle parce qu’elle n’en avait pas eu une elle-m?me ? Et ?tait-ce vraiment sa faute si Blaine ne pouvait pas l’accepter telle qu’elle ?tait vraiment, s’il ne voulait pas rester dans une relation avec elle ? moins qu’elle ne devienne quelqu’un qu’elle ne pouvait pas ?tre ? Alors qu’elle nourrissait tant d’espoirs de refaire sa vie avec lui et sa fille, en avait-elle vraiment trop attendu de lui ? Un v?ritable engagement n’?tait-il pas toujours d’accepter les bons ainsi que les mauvais c?t?s ? N’?tait-il pas possible que Blaine l’ait d??ue, et non pas l’inverse ? Maintenant que Riley y pensait, elle avait une raison de se bl?mer. C’?tait une unique erreur qu’elle avait commise encore et encore dans sa vie. Je fais confiance aux gens. Et t?t ou tard, les gens ?chouaient ? ?tre ? la hauteur de cette confiance, peu importe ? quel point elle essayait de r?pondre ? leurs exigences et ? leurs attentes. Puis Riley se rendit compte que des bruits s’?levaient de la cuisine. Gabriela ?tait mont?e et commen?ait ? pr?parer le d?ner. Riley devait se l’admettre, Gabriela ?tait une personne qui ne l’avait jamais laiss?e tomber, qui n’avait jamais trahi sa confiance. Et pourtant, il y avait des limites ? sa relation avec Gabriela. M?me si Gabriela ?tait comme un autre membre de la famille, puisque Riley ?tait l’employeuse de Gabriela, elles ne pouvaient devenir aussi proches, m?me en tant qu’amies. Gabriela commen?a ? fredonner une m?lodie guat?malt?que dans la cuisine, et Riley sentit sa col?re s’att?nuer. Bient?t, elle se rendit compte que Gabriela, elle et les enfants allaient s’asseoir pour prendre un bon d?ner ensemble. M?me s’ils se parlaient ? peine, c’?tait une bonne chose. Elle prit une autre gorg?e de bourbon et murmura ? haute voix : — La vie continue. * Riley fut r?veill?e t?t le lendemain matin par le vibreur de son t?l?phone sur la table de nuit. Elle d?crocha, endormie, mais se r?veilla brusquement en voyant que l’appel venait de son patron, Brent Meredith. — Je vous ai r?veill?e, agente Paige ? demanda Meredith de sa voix bourrue et grommelante. Riley faillit dire que non, mais y repensa vite. Il ?tait toujours mieux d’?tre honn?te avec Meredith, m?me ? propos de choses apparemment insignifiantes. Il avait une fa?on ?trange de d?tecter la moindre dissimulation. Et il n’aimait vraiment pas qu’on lui mente. Riley l’avait d?couvert ? ses d?pens. — Oui, mais ?a va, monsieur, dit Riley. Que puis-je faire pour vous ? — Je me demandais si vous vous sentiriez pr?te ? reprendre le travail, dit Meredith. Riley s’assit dans son lit, plus alerte ? chaque seconde. Que devrais-je dire ? se demanda-t-elle. M?me apr?s le souper d’hier, les choses ?taient encore tendues entre Riley et ses deux filles. Les filles ?taient encore maussades et distantes. ?tait-ce vraiment le bon moment pour retourner travailler ? Ne devrait-elle pas passer un peu de temps ? essayer d’arranger les choses ici ? la maison ? — Y a-t-il une nouvelle affaire ? demanda-t-elle. — On dirait bien, dit Meredith. Il y a eu deux meurtres dans la banlieue de Philadelphie ces derni?res semaines. En raison de bizarreries sur les deux sc?nes de crime, les policiers locaux pensent qu’ils sont li?s, et ils ont demand? notre aide. Je sais que vous ?tres en train de vous remettre de votre blessure, et je ne veux pas que… — Je vais le faire, dit Riley en l’interrompant. Les mots ?taient sortis avant m?me qu’elle ne sache qu’elle les avait prononc?s. — Je suis content de l’entendre, dit Meredith. Puis il ajouta : — L’agent Jeffrey est toujours en cong?. Je vais mettre l’agente Roston avec vous. Riley s’y opposa presque. En cet instant, elle voulait vraiment avoir avec elle son partenaire de longue date et son meilleur ami, Bill Jeffreys, mais elle se souvint de leurs r?centes conversations t?l?phoniques. Il avait plut?t eu l’air d’?tre tendu, et avec raison. Bill avait tir? sur l’homme qui avait attaqu? Riley avec un pic ? glace – lui avait tir? dessus et l’avait tu?. Ce n’?tait pas la premi?re personne que Bill ou Riley avaient tu?e dans l’exercice de leurs fonctions au fil des ans, mais Bill le prenait tr?s mal, ce qui ?tait inhabituel. C’?tait la premi?re fois qu’il employait une force l?tale depuis qu’il avait tir? par erreur sur un innocent en avril dernier. Cet homme avait surv?cu, mais Bill ?tait toujours hant? par son erreur. — L’agente Roston irait bien, dit Riley ? Meredith. La jeune agente afro-am?ricaine ?tait devenue la prot?g?e de Riley ces derniers mois. Riley en ?tait venue ? avoir une haute opinion d’elle. — Je tiendrai un avion pr?t ? d?coller de Quantico pour Philadelphie d?s que vous serez toutes les deux arriv?es, dit Meredith. Retrouvez-moi sur le tarmac. Ils raccroch?rent, et Riley resta assise sur le lit, fixant le t?l?phone pendant quelques instants. Ai-je pris la bonne d?cision ? se demanda-t-elle. Devrait-elle vraiment partir comme ?a alors qu’il y avait tant d’incertitude ici, ? la maison ? La question suscita la m?me col?re que la veille. Encore une fois, elle n’aimait pas devoir tenir compte des d?sirs et des besoins des autres – surtout alors qu’ils n?gligeaient si souvent de penser ? elle. Elle pouvait rester ici ? faire de son mieux pour calmer April et Jilly, s’excuser pour des choses qui n’?taient pas vraiment de sa faute, ou elle pouvait sortir et faire quelque chose d’utile. Et en ce moment, elle avait une t?che ? accomplir – une t?che que peu de gens, sinon personne, pouvaient accomplir aussi bien qu’elle. Elle regarda sa montre et vit qu’il ?tait encore tr?s t?t. Elle savait que Gabriela ?tait d?j? debout pour pr?parer le petit-d?jeuner, mais les enfants devaient encore ?tre au lit. Riley n’avait pas vraiment envie de leur expliquer sa d?cision, mais elle savait que Gabriela comprendrait si elle descendait et lui disait. Riley pouvait prendre quelque chose ? manger et partir, et Gabriela le dirait aux filles avant de les envoyer ? l’?cole. Pendant ce temps, Riley devait s’habiller et pr?parer son bagage. Alors qu’elle se levait de son lit et se dirigeait vers la salle de bain, elle se rendit compte qu’elle se sentait mieux que depuis des jours. Elle ferait bient?t quelque chose pour quoi elle ?tait dou?e – m?me si cela pouvait ?tre extr?mement dangereux. CHAPITRE TROIS Alors que l’avion du BAC d?collait de Quantico, Riley commen?a ? ?tudier les dossiers sur son ordinateur. Elle ?tait sur le point de faire un commentaire sur un point particulier quand elle r?alisa que Jenn Roston, assise ? c?t? d’elle, ne faisait pas attention. Jenn regardait fixement par le hublot, apparemment perdue dans ses propres pens?es. — J’imagine qu’on ferait mieux de s’y mettre, dit Riley. Mais elle n’eut pas eu de r?ponse de sa jeune co?quipi?re. — Tu m’as entendue, Jenn ? dit Riley. Encore une fois, il n’y eut pas de r?ponse. Puis Riley dit plus s?chement : — Jenn. Jenn se tourna vers Riley avec une expression effray?e. — Quoi ? dit-elle. Riley avait l’impression que Jenn avait oubli? o? elle ?tait. Qu’est-ce qui se passe avec elle ? se demanda Riley. Elles s’?taient d?p?ch?es pour prendre l’avion ? l’instant. Meredith n’avait m?me pas appel? les deux agents dans son bureau pour un briefing sur l’affaire. Au lieu de cela, il les avait retrouv?es sur le tarmac ? c?t? de l’avion en attente. Juste avant leur embarquement, Meredith avait fourni ? la h?te des instructions ? Riley sur comment t?l?charger les rapports de police pertinents. Elle l’avait ? peine fait avant le d?collage. Maintenant, ? mesure que l’avion prenait de l’altitude, elle s’attendait ? tout revoir avec sa co?quipi?re. Mais Jenn n’avait pas l’air d’?tre elle-m?me. Avec sa peau sombre, ses cheveux courts et raides et ses grands yeux intenses, la jeune partenaire de Riley ressemblait ? une femme qui savait ce qu’elle faisait. Et c’?tait le cas d’habitude, mais aujourd’hui Jenn semblait distraite. Riley montra son ordinateur. — On a une affaire ? r?soudre. Jenn acquies?a d’un signe de t?te h?tif. — Je sais. Qu’est-ce qu’on a ? Tandis qu’elle parcourait les rapports de police, Riley dit : — Pas grand-chose, du moins pas encore. Il y a une semaine, il y a eu un meurtre ? Peterborough, dans la banlieue de Philadelphie. Justin Selves, un mari et p?re, a ?t? tu? dans sa maison. On lui a tranch? la gorge. — Quel ?tait le mobile ? demanda Jenn. — Au d?but, la police a suppos? qu’il s’agissait d’un cambriolage qui avait mal tourn?. Puis, pas plus tard qu’hier, une femme nomm?e Joan Cornell a ?t? retrouv?e morte dans sa propre maison ? Springett, une banlieue juste ? c?t? de Peterborough. On lui a aussi tranch? la gorge, dit Riley. Jenn inclina la t?te. — Peut-?tre que c’?tait juste un autre vol loup?. La cause de la mort pourrait n’?tre qu’une co?ncidence. On dirait que ?a devrait ?tre facile ? g?rer sans notre aide pour les policiers locaux. On dirait pas que c’est un tueur en s?rie. En continuant ? parcourir le rapport, Riley dit : — Peut-?tre pas – sauf pour une chose ?trange. Une chaise a ?t? vol?e sur chaque sc?ne de crime. — Une chaise ? demanda Jenn. — Oui, une chaise de salle ? manger. — Qu’est-ce que ?a peut bien vouloir dire ? demanda Jenn. — Rien encore, peut-?tre. C’est notre boulot de donner un sens ? tout ?a, dit Riley. Jenn secoua la t?te et marmonna : — Des chaises. Nous enqu?tons sur des chaises vol?es. Puis elle haussa les ?paules et ajouta : — Je parie que ce n’est rien. Rien ? examiner pour le BAC, en tout cas. Juste quelques meurtres stupides et m?chants. Nous rentrerons probablement ? Quantico avant m?me de nous en rendre compte. Riley ne savait pas quoi dire. Elle n’avait pas l’habitude de se forger une opinion avant m?me qu’une affaire soit en cours. Ce n’?tait pas le cas de Jenn non plus, mais pour une raison ou une autre, Jenn semblait inhabituellement indiff?rente en ce moment. Riley dit d’une voix prudente : — Jenn, quelque chose ne va pas ? — Non, dit Jenn. Pourquoi cette question ? Riley t?tonna pour trouver les bons mots. — Eh bien, c’est juste que… tu as l’air un peu… Riley s’interrompit, puis dit : — Tu me le dirais si quelque chose n’allait pas, n’est-ce pas ? Jenn sourit faiblement. — Qu’est-ce qui pourrait ne pas aller ? demanda-t-elle ? Riley. Puis elle se tourna et regarda de nouveau par le hublot. Riley se sentit mal ? l’aise face la r?ponse ?vasive de Jenn. Elle se demandait si elle ne devrait pas insister. Jenn pouvait devenir susceptible quand les gens posaient trop de questions indiscr?tes. Riley essaya de se convaincre que tout allait bien. C’est peut-?tre une humeur passag?re de la part de Jenn. Mais quand m?me. Riley en savait beaucoup sur Jenn, surtout sur son pass?. Elle savait que Jenn avait grandi dans une soi-disant “famille d’accueil” dirig?e par une femme brillante et sinistre qui se faisait appeler “Tante Cora”. Tante Cora avait form? tous ses enfants plac?s ? jouer un r?le dans son propre r?seau criminel. Jusqu’? pr?sent, Jenn avait ?t? la seule enfant adoptive ? s’?tre ?chapp?e des griffes de tante Cora. Avec son esprit vif et sa personnalit? d?cid?e, elle avait gagn? le respect en tant que polici?re, puis en tant qu’agente du BAC. Mais Riley savait que tante Cora avait pris contact avec Jenn pendant qu’elles travaillaient ensemble. Ces contacts avaient toujours sembl? d?ranger la jeune agente, mais ils ne l’avaient jamais emp?ch?e de faire son travail. Qu’est-ce qui se passait maintenant ? Tante Cora essayait-elle de ramener Jenn dans sa sph?re d’influence ? Elle me le dirait s?rement, pensa Riley. Toutes deux s’?taient m?fi?es l’une de l’autre lorsqu’elles avaient commenc? ? travailler ensemble, mais certaines affaires dangereuses les avaient beaucoup rapproch?es. Elles avaient appris ? se faire confiance au travers de sombres secrets. Jenn en savait m?me plus que Bill sur les fr?quentations pass?es de Riley avec un g?nie criminel nomm? Shane Hatcher. Riley et Jenn avaient convenu de ne rien se cacher d’important. Riley h?sitait donc ? demander une explication maintenant. Non, d?cida-t-elle. Je dois lui faire confiance. Riley fron?a les sourcils ? sa propre pens?e. Sa rupture avec Blaine ?tait encore tr?s fra?che dans son esprit. Tout comme le comportement irresponsable d’April avec l’arme, et la bouderie de Jilly pour ne pas avoir eu d’arme elle-m?me. Riley soupira silencieusement et pensa, La confiance me manque un peu en ce moment. * L’avion ne resta dans les airs qu’une heure avant d’atterrir ? l’a?roport international de Philadelphie. L?-bas, les agentes furent accueillies par un policier qui les conduisit vers Springett, une banlieue ais?e de Philadelphie. La voiture s’arr?ta devant une charmante maison de trois ?tages, o? deux autres v?hicules officiels ?taient d?j? gar?s. Riley et Jenn sortirent de la voiture et march?rent vers la maison. Leur chauffeur sortit lui aussi et les suivit. Un homme en uniforme aux cheveux blancs sortit de la maison et passa le ruban en travers du porche d’entr?e. Il se pr?senta sous le nom de Jeremy Kree, le chef de la police de Peterborough, o? le premier meurtre avait eu lieu. En lui serrant la main, Riley dit : — L’agente Roston et moi aurons besoin d’un v?hicule pour nous d?placer pendant que nous sommes dans le secteur. Kree acquies?a. — Vous pouvez utiliser la voiture qui vous a amen? ici. Il dit au policier qui les avait conduits de leur pr?ter les cl?s du v?hicule banalis?. Puis il introduisit Riley et Jenn ? l’int?rieur de la maison et les pr?senta ? Burton Shore, un homme plus jeune qui ?tait le chef de police ici ? Springett. Burton les conduisit vers la zone o? le meurtre avait eu lieu. La premi?re chose qui attira l’attention de Riley fut la table de la salle ? manger, un nouveau design carr? avec des chaises plac?es sur trois de ses c?t?s. D’apr?s le rapport qu’elle avait lu, une quatri?me chaise faisait partie du d?cor ? l’origine, mais avait ?t? vol?e. La table elle-m?me lui paraissait si petite pour une si grande maison familiale. Elle avait l’air plut?t ?trange dans la grande salle ? manger. Probablement un d?tail insignifiant, pensa Riley. Malgr? tout, cela la d?rangeait, et elle ne savait pas exactement pourquoi. Shore les escorta autour d’un plan de travail en marbre surmont? d’une tache de sang r?v?latrice sur le bord. L?, sur le sol de la cuisine, il y avait une silhouette d?limit?e par du scotch, l? o? le corps de la victime ?tait tomb?. Une grande flaque de sang brun?tre sur le carrelage avait en grande partie coagul?, mais semblait encore quelque peu humide. Riley demanda au chef Shore : — Quand le corps a-t-il ?t? emport? ? — Le l?giste du comt? a ordonn? qu’on l’enl?ve hier soir. Il voulait commencer l’autopsie d?s que possible. Je suppose que c’?tait ok. Riley hocha la t?te. Elle aurait pr?f?r? que la sc?ne de crime soit aussi peu d?rang?e que possible ? son arriv?e avec Jenn. Mais la d?cision du l?giste n’avait pas ?t? d?raisonnable, d’autant plus qu’ils n’avaient pas ?tabli de lien direct avec le meurtre pr?c?dent. — Qu’est-ce que vous avez en termes de photos ? demanda-t-elle aux deux chefs. Shore ouvrit un dossier pour montrer des photos de la sc?ne de crime ici m?me, o? le corps de Joan Cornell avait ?t? trouv?, et Kree sortit des photos de l’autre victime tu?e. Riley et Jenn regard?rent les images en silence pendant un moment. Les deux victimes pr?sentaient des blessures au front, sugg?rant qu’elles avaient ?t? frapp?es et au moins assomm?es avant que les blessures mortelles ? la gorge ne leur aient ?t? inflig?es. ? en juger par la tache sur le plan de travail, Riley supposa que le tueur avait d? frapper la t?te de la femme sur le bord, puis lui trancher la gorge alors qu’elle gisait sur le sol de la cuisine. Riley ?prouva un ?trange frisson de d?j?-vu ? la vue des blessures b?antes ? la gorge et de l’abondance de sang. Ils lui rappelaient la premi?re affaire sur laquelle elle avait travaill?, avant m?me d’envisager de devenir une agente du FBI. C’?tait il y avait de cela des ann?es, quand elle ?tait ?tudiante ? l’universit? de Lanton. Un meurtrier avait tu? deux de ses amies en leur tranchant la gorge dans leur chambre. ? contrec?ur, Riley s’?tait laiss?e entra?ner dans l’enqu?te, et sa vie n’avait plus jamais ?t? la m?me. Riley chassa vite de ce sentiment. Un nouveau tueur, ? une autre ?poque, se dit-elle. — Que savons-nous du meurtre qui a eu lieu ici ? demanda-t-elle ? Shore. — La victime s’appelait Joan Cornell, et elle ?tait une m?re divorc?e de quatre enfants. Trois de ses enfants vivent ailleurs dans le pays, mais son a?n?e, une fille, vit toujours ici ? Springett. Elle s’arr?tait toujours assez r?guli?rement pour prendre des nouvelles de sa m?re. Hier apr?s-midi, elle l’a trouv?e morte, ici m?me, dit le jeune chef. — Est-ce que l’ex-mari de la victime vit pr?s d’ici ? demanda Jenn. Shore secoua la t?te. — Non, il s’est remari? et vit dans le Maine. Nous sommes entr?s en contact avec lui, et il a pu nous dire o? il se trouvait au moment du meurtre. On va v?rifier son alibi, mais je suis s?r qu’il sera solide. Riley acquies?a silencieusement. D’une fa?on ou d’une autre, ce meurtre ne semblait pas ?tre le geste d’un ex-mari en col?re, surtout d’un qui vivait si loin. Et certainement pas si ces d?c?s dans deux familles diff?rentes ?taient aussi ?troitement li?s qu’ils semblaient l’?tre. Jenn leva les yeux des photos vers le chef de police le plus ?g?. — Que savons-nous de la premi?re victime ? lui demanda-t-elle. — Il s’appelait Justin Selves et il travaillait comme repr?sentant du service client?le dans une banque locale ? Peterborough. Son fils est rentr? un apr?s-midi il y a deux semaines et a trouv? son p?re mort juste derri?re la porte d’entr?e de sa maison, d?clara Kree. — Y avait-il des signes d’effraction ? demanda Jenn. — Non, il semble qu’ils soient simplement venus ouvrir la porte quand le tueur a toqu? ou sonn?. Puis le tueur est entr? et a commis le meurtre sur-le-champ, r?pondit Kree. Riley montra une des photos o? une tache de sang ?tait visible sur l’encadrement d’une porte et dit : — On dirait qu’il a ?t? assomm?, tout comme la victime ici. Kree hocha la t?te. — Oui, sa t?te semble avoir ?t? fracass?e contre le cadre de la porte, probablement quand la porte ?tait ferm?e. Tandis que Jenn continuait ? interroger les deux chefs, Riley se leva un moment pour fixer le contour en ruban adh?sif sur le sol. Sa plus grande force en tant qu’agente ?tait sa capacit? presque troublante ? entrer dans l’esprit d’un tueur en ?tudiant une sc?ne de crime. Mais cela ne se produisait pas ? chaque fois, et cela ne se produisait pas en ce moment. Pour le moment, son esprit ?tait vide. Jenn semblait bien impliqu?e maintenant et posait aux deux chefs de police toutes les questions de routine n?cessaires. Riley savait que Jenn n’obtiendrait probablement pas de r?ponses d?cisives. Pour Riley, c’?tait le moment id?al pour explorer la maison et peut-?tre d’avoir une sorte d’intuition sur ce qui s’?tait pass? ici. Pendant que Riley errait au rez-de-chauss?e, elle jeta un coup d’?il au sous-sol aux belles finitions, qui semblait ?tre surtout une grande salle de jeu. Elle se promena dans une salle ? manger et un grand salon avec une belle chemin?e. Il y avait un certain nombre de photos de famille arrang?es sur le piano et ailleurs, toutes montrant la m?re et ses quatre enfants ? des ?ges diff?rents, mais aucune de son ex-mari. Rien d’?tonnant, pensa Riley. Elle ne gardait certainement pas de photos de Ryan expos?es dans sa propre maison. Riley continua aux deuxi?me et troisi?me ?tages, o? elle vit que les chambres des enfants semblaient avoir ?t? conserv?es ? peu pr?s comme elles devaient l’?tre quand les enfants vivaient encore ici. Elle se souvint que Shore avait mentionn? une seule fille vivant ? proximit?, qui rendait r?guli?rement visite ? la victime et qui avait trouv? le corps. Riley se demanda ? quelle fr?quence la femme assassin?e avait vu de ses autres enfants depuis qu’ils avaient grandi et d?m?nag?. Dans une famille bris?e comme celle-ci, elle doutait que tout le monde se r?unisse r?guli?rement, m?me pendant les vacances. C’?tait une pens?e triste. M?me si la maison ?tait bien plus grande que celle de Riley, elle se demanda quand m?me : Qu’est-ce que ce que ce sera quand April et Jilly seront parties ? Est-ce qu’elles vivraient loin et lui rendraient rarement visite ? Et bien s?r, Gabriela ne serait pas dans les parages pour toujours. Comment serait la vie de Riley alors ? Se sentirait-elle seule et oubli?e ? Si quelque chose d’horrible devait lui arriver chez elle, combien de temps pourrait-il s’?couler avant que quiconque ne vienne et le d?couvre ? Riley ?tait de retour en bas ? pr?sent, et regardait dans la salle ? manger. Une fois encore, la petite table carr?e avec ses trois chaises lui parut bien trop petite pour cet espace. Et une fois encore, Riley trouva que sa vue ?tait ?trangement d?rangeante. Elle ?tait certaine qu’elle avait ?t? achet?e pour remplacer une autre table bien plus grande qui abritait ben trop de souvenirs pour que Joan Cornbell puisse vivre avec. Riley sentit une boule se former dans sa gorge en pensant ? l’existence solitaire de Joan Cornbell – et la fa?on horrible dont elle s’?tait termin?e. Ses pens?es furent interrompues quand elle entendit Jenn dire s?chement : — Vous ne savez pas de quoi vous parlez. Riley se retourna et vit que Jenn avait une discussion anim?e avec Shore tandis que leur coll?gue plus ?g? les d?visageait avec une expression perplexe. — Il n’y a pas eu de lutte ici, poursuivit Jenn, en faisant les cent pas dans la cuisine. Il n’y a aucun signe de lutte, aucun d?g?t caus? ? quoi que ce soit dans la cuisine. Le tueur l’a prise compl?tement par surprise. Il l’a attrap?e tout ? coup – par les cheveux, peut-?tre – et lui a d?fonc? la t?te contre le plan de travail juste ici. Puis il lui a tranch? la gorge. Elle n’a jamais su ce qu’il se passait. — Mais comment… ? commen?a Shore. — Comment a-t-il fait ?a ? l’interrompit Jenn. Peut-?tre comme ?a. Jenn fit le tour et se tint du c?t? du plan de travail le plus proche de Riley, le c?t? qui faisait face ? la salle ? manger. — Il s’est peut-?tre tenu exactement l? o? je suis. Peut-?tre a-t-il demand? un verre d’eau ? la victime. Elle a march? jusqu’? la cuisine, et il a tendu la main par-dessus le plan de travail, et… Elle mima le meurtrier en train d’attraper la femme par les cheveux et de tirer sa t?te vers l’avant, lui faisant percuter le plan de travail. — C’est comme ?a que ?a s’est pass?, je le parierais, dit Jenn. Vous devriez demander au l?giste de v?rifier le cuir chevelu de la victime, voir si des cheveux ont ?t? arrach?s. Shore plissa les yeux vers Jenn. — Alors qu’est-ce que vous ?tes en train de dire ? Que la victime connaissait son tueur ? Qu’elle lui faisait confiance ? — Je ne sais pas. Peut-?tre est-ce quelque chose que vous devriez d?terminer. Peut-?tre est-ce un ?l?ment sur lequel vous devriez enqu?ter, lui dit brusquement Jenn. Riley fut alarm?e par le ton sarcastique et mordant de Jenn. Elle avait d?j? vu ce genre de comportement chez elle auparavant, et bien s?r ce n’?tait jamais une bonne mani?re de commencer ? travailler avec la police locale. Riley devait imm?diatement mettre un terme ? tout cela. Avant que sa plus jeune co?quipi?re ne puisse dire quoi que ce soit d’autre, Riley dit s?chement : — Agente Roston. Jenn se tourna vers elle avec un air surpris. Essayant d’agir comme si elle n’interrompait pas d?lib?r?ment la conversation, Riley lui dit : — Je pense que nous avons vu tout ce que nous avions besoin de voir ici. Alors allons-y. Puis Riley dit ? Shore : — J’aimerais interroger la fille de la victime – celle qui a trouv? le corps. Avez-vous une id?e de comment je pourrais la contacter ? — Elle m’a dit hier qu’elle allait rester chez elle plut?t que d’aller au travail aujourd’hui. Je peux vous donner son adresse et des indications pour y parvenir, dit Shore en hochant la t?te. Riley ?couta et nota l’adresse ainsi que la direction. Elle ?changea les num?ros de t?l?phone avec les policiers afin qu’ils puissent tous rester en contact. Ensuite, Riley les remercia pour leur aide, et elle et Jenn quitt?rent la maison. Pendant qu’elles marchaient vers leur v?hicule pr?t?, Riley dit s?chement ? Jenn : — Qu’est-ce que tu crois que tu ?tais en train de faire l?-bas ? — R?gler leurs probl?mes, c’est tout. Ces deux gars ne savent pas ce qu’ils font. Ils devraient ?tre capables de r?soudre ?a d’eux-m?mes avant la fin de la journ?e. Ils ne devraient pas avoir besoin de notre aide. Nous perdons notre temps et l’argent de nos imp?ts, grogna Jenn. — Nous sommes du BAC, dit Riley. Aider les autorit?s locales est une grande partie de ce que nous faisons. — Ouais, sur des affaires s?rieuses, comme de v?ritables tueurs en s?rie, dit Jenn. C’est pas ce genre d’affaire, et je pense que nous le savons toutes les deux. C’est juste un voleur stupide qui risque de se faire un croche-patte et d’?tre pris avant de faire du mal ? quelqu’un d’autre. Alors qu’ils grimpaient dans la voiture et que Riley mettait le contact, elle s’emp?cha de dire : Je ne connais rien de ce genre. En fait, elle avait l’intuition assez forte que ces deux meurtres n’?taient que le d?but de quelque chose de plus monstrueux. CHAPITRE QUATRE Quand Riley commen?a ? conduire ? travers Springett, elle d?cida qu’elle devait ?tre directe. Elle dit ? Jenn : — Tu nous as peut-?tre caus? un contretemps. Jenn grommela quelque chose d’inaudible entre ses dents. — Nous sommes ici pour aider les policiers locaux, pas pour nous disputer avec eux, lui dit Riley. Maintenir une confiance mutuelle peut s’av?rer difficile dans les meilleures circonstances. Et c’est sacr?ment important. Tu as d?pass? les bornes tout ? l’heure. — Allez, Riley, dit s?chement Jenn. Shore s’est compl?tement tromp? sur ce qui s’est pass?. Est-ce que tu as vu des signes de lutte dans cette cuisine ? — Ce n’est pas la question, dit Riley. Nous avons toujours besoin de travailler avec lui. Et d’ailleurs, d’apr?s tes propres observations, je pense que tes conclusions sont erron?es. — Ouais ? En quoi ? Riley haussa les ?paules. — Tu as dit toi-m?me que le tueur a agi rapidement et prit Joan Cornell au d?pourvu. C’est probablement arriv? comme tu l’as dit. Il a tendu la main par-dessus le plan de travail, l’a attrap?e par les cheveux et lui a fracass? la t?te. Suivant les instructions de Shore, Riley tourna ? un feu rouge. Puis il est pass? derri?re le plan de travail, continua-t-elle, et lui a tranch? la gorge pendant qu’elle ?tait inconsciente. Et ? en juger par les photos de la sc?ne de crime de Peterborough, il avait tu? Justin Selves ? peu pr?s de la m?me fa?on, avec surprise et efficacit?. Est-ce que ?a ressemble vraiment ? un cambriolage rat? pour toi ? — Non, grogna Jenn. — Pas ? moi non plus, dit Riley. En fait, ?a sonne plut?t comme ex?cut? de sang-froid, m?me pr?m?dit?. Le silence s’installa entre elles pendant que Riley traversait le quartier ais?. Riley s’inqui?tait de plus en plus. Finalement, elle dit : — Jenn, je te l’ai d?j? demand?, et je dois te le redemander. Quelque chose ne va pas que je devrais savoir ? — Qu’est-ce qui pourrait ne pas aller ? dit Jenn. Riley grima?a en entendant la m?me r?ponse ?vasive qu’avant. Je ferais mieux d’aller droit au but, se dit-elle. — Tante Cora t’a-t-elle contact?e ? demanda-t-elle. Il y eut une pause pendant que Jenn se tournait et fixait Riley. — C’est quoi cette question ? demanda Jenn. — C’est une question ? laquelle il est facile de r?pondre, voil? de quel genre de question il s’agit. Oui ou non. Soit tu as eu de ses nouvelles, soit tu n’en as pas eu, dit Riley. Sentant que Jenn ?tait sur le point de protester, Riley ajouta : — Et ne me dis pas que ce ne sont pas mes affaires. Toi et moi savons des choses sur l’autre qu’on aimerait mieux que personne d’autre ne sache. Nous devons toutes les deux ?tre ouvertes ? propos de tout. Et tu es ma co?quipi?re, et quelque chose semble t’ennuyer, et j’ai peur que ?a affecte ton travail. C’est donc mon affaire. Jenn regarda la rue pendant un moment. — Non, dit-elle enfin. — Tu veux dire, non, elle n’a pas pris contact avec toi ? dit Riley. — C’est ?a, dit Jenn. — Et tu me le dirais si elle l’avait fait ? Jenn laissa ?chapper un l?ger soupir. — Bien s?r que je te le dirais, dit-elle. Tu sais que je le ferais. Comment peux-tu penser autrement ? — D’accord, dit Riley. Elles se turent de nouveau pendant que Riley continuait ? conduire. Elle pensait que Jenn avait eu l’air parfaitement sinc?re, et m?me un peu bless?e qu’elle puisse douter d’elle. Riley voulait lui faire confiance. Mais malgr? tout ce que Jenn avait accompli durant sa jeune vie, il ?tait difficile d’ignorer le fait qu’elle avait autrefois ?t? en apprentissage pour devenir une ma?tresse du crime. Mais peut-?tre que j’exag?re. Encore une fois, elle se rem?mora tout ce qui s’?tait pass? la veille ? la maison. Apr?s la n?gligence d’April avec l’arme, Riley n’?tait tout simplement pas d’humeur ? faire confiance. Peut-?tre laissait-elle sa d?prime prendre le dessus. Ne commence pas ? devenir parano?aque, se dit-elle. Elle pensait n?anmoins qu’elle aurait peut-?tre d? insister pour faire venir Bill lorsque Meredith l’avait appel?e au sujet de l’affaire. Elle ?tait certaine que Bill avait travers? des crises bien pires que celle qu’il traversait en ce moment. Il aurait s?rement pu se sortir de celle-l? si Riley avait insist?. C’?tait son meilleur et plus ancien ami. L’avoir dans les parages donnait toujours ? Riley le sentiment d’?tre plus ancr?e et en s?curit?. En l’?tat actuel des choses, elle devait simplement faire de son mieux avec ce qu’elle avait. Bient?t, elles arriv?rent ? l’adresse qui leur avait ?t? donn?e. Riley gara la voiture devant un vieil et ?l?gant immeuble en briques rouges. Elles sortirent de la voiture, se dirig?rent vers l’entr?e principale et sonn?rent au num?ro de l’appartement. Lorsque la voix d’une femme r?pondit au haut-parleur, Riley dit : — Mme Tovar, je suis l’agente Riley Paige du FBI, et je suis ici avec ma co?quipi?re, Jenn Roston. Nous aimerions entrer et vous parler, si ?a ne vous d?range pas. — Le FBI ? Je ne m’attendais pas ?… s’exclama la voix. Apr?s une pause, la femme fit entrer Riley et Jenn. Riley et Jenn mont?rent les escaliers jusqu’au deuxi?me ?tage et frapp?rent ? la porte de l’appartement. La porte s’ouvrit pour r?v?ler une femme d’une vingtaine d’ann?es, debout l? en pantoufles et peignoir. Riley ne pouvait pas dire, d’apr?s l’expression hagarde de Lori Tovar, si elle avait dormi ou pleur?. La femme regarda ? peine leurs insignes, puis invita Riley et Jenn ? entrer et ? s’asseoir. Tandis qu’elles se dirigeaient vers un groupe de canap?s et de chaises, Riley jeta un coup d’?il ? l’appartement spacieux. Contrairement ? l’ext?rieur ancien de l’immeuble, l’appartement avait l’air ?l?gant et moderne et avait manifestement ?t? r?nov? au cours des derni?res ann?es. Il frappa ?galement Riley par le fait qu’il ?tait ?trangement vide et aust?re. Les meubles avaient l’air chers et d’un go?t simple, mais il n’y en avait pas beaucoup, et il n’y avait pas beaucoup de peintures ou de d?corations ? voir. Tout semblait si… Provisoire, pensa Riley. C’?tait presque comme si les gens qui vivaient ici ne s’?taient jamais vraiment install?s. Alors que Lori Tovar s’asseyait face ? Riley et Jenn, elle dit : — La police m’a pos? tant de questions. Je leur ai dit tout ce que je pouvais. Je ne peux pas imaginer… quoi d’autre vous voudriez savoir. — Commen?ons par le d?but, dit Riley. Comment avez-vous d?couvert ce qui ?tait arriv? ? votre m?re ? Lori inhala brusquement. — C’?tait hier, en fin d’apr?s-midi. Je suis juste pass?e voir comment elle allait, dit-elle. — Vous lui rendiez souvent visite ? demanda Jenn. Lori soupira. — Aussi souvent que je le pouvais. Je suis – j’?tais ? peu pr?s tout ce qu’il lui restait. Papa l’a quitt?e il y a quelques ann?es, mes fr?res et ma s?ur vivent tous trop loin. Hier, j’ai quitt? le travail t?t – je suis infirmi?re ? l’h?pital South Hill, ici ? Springett – alors j’ai d?cid? de passer voir comment elle allait. Elle se sentait plut?t mal derni?rement. Lori fixa un moment un point dans l’espace, puis poursuivit : — Quand je suis arriv?e, j’ai trouv? la porte d’entr?e ouverte, ce qui m’a inqui?t?e. Puis je suis rentr?e ? l’int?rieur. Sa voix s’estompa. Riley se pencha un peu vers elle et dit d’une voix douce : — L’avez-vous trouv?e tout de suite ? La premi?re chose quand vous ?tes entr?e dans la maison, je veux dire ? — Non, dit Lori. Je l’ai appel?e quand je suis entr?e, et elle n’a pas r?pondu. Je suis mont?e voir si elle faisait une sieste, mais elle n’?tait pas dans sa chambre. Je pensais – j’esp?rais – qu’elle ?tait sortie d’elle-m?me avec des amis. Je suis redescendue, et… Le front de Lori ?tait pliss?, pensif. — J’ai regard? dans la salle ? manger et j’ai remarqu? qu’il manquait une des chaises ? la table. Cela semblait bizarre. Puis j’ai vu une tache sur le plan de travail, je suis all?e voir dans la cuisine, et… Elle fr?mit violemment, et sa voix se cassa. — Et elle ?tait allong?e sur le sol. Ce qui s’est pass? apr?s est un peu flou. Je me souviens vaguement d’avoir appel? le 9-1-1, puis d’avoir attendu longtemps, mais ce n’?tait probablement que quelques minutes, et la police est arriv?e, et… Sa voix s’?teignit encore. Puis, parlant plus calmement, elle dit : — Je ne sais pas pourquoi je suis tomb?e en ?tat de choc comme ?a. J’ai vu des choses terribles dans mon travail, surtout aux urgences. Des blessures horribles, beaucoup de sang, des gens qui meurent dans d’horribles souffrances, ou qui souhaitent mourir jusqu’? ce que nous puissions g?rer leur douleur. J’ai toujours ?t? capable d’y faire face. M?me quand j’ai vu mon premier cadavre, je n’ai pas r?agi comme ?a. J’aurais d? mieux y r?agir. Jenn jeta un coup d’?il ? Riley avec une expression curieuse. Riley supposa que Jenn ?tait perplexe face au d?tachement apparent dans la voix de Lori. Mais Riley ?tait presque s?re de comprendre. Au fil des ans, Riley avait eu affaire ? de nombreuses personnes qui souffraient de r?centes exp?riences traumatisantes. Elle savait que cette femme essayait encore de faire face ? la r?alit? de ce qui s’?tait pass?. Lori n’avait pas encore tout ? fait compris que c’?tait sa m?re qui avait ?t? assassin?e, et non un patient des urgences qu’elle n’avait jamais rencontr? auparavant. Surtout, Lori n’avait pas accept? qu’il y avait des limites ? son propre sto?cisme. Riley se demandait s’il y avait des gens dans la vie de Lori qui l’aideraient ? accepter tout cela ? — J’ai cru comprendre que vous ?tiez mari?e, dit-elle ? Lori. Lori hocha la t?te, l’air h?b?t?e. — Roy poss?de une entreprise d’experts-comptables ici ? Springett. Il a propos? de rester ? la maison avec moi aujourd’hui, mais je lui ai dit que j’irais bien, et qu’il devrait continuer ? travailler. Puis, avec un l?ger haussement d’?paules, elle ajouta : — La vie continue. Riley fut surprise d’entendre Lori prononcer les m?mes mots qu’elle s’?tait dit la veille apr?s que Blaine eut quitt? la maison. Entendre quelqu’un d’autre les dire ?tait bouleversant. Riley se rendit compte ? quel point la phrase ?tait vraiment clich?. Pire encore, Ce n’est m?me pas vrai. Toute la vie de Riley avait ?t? construite sur le terrible fait que toute vie s’achevait t?t ou tard par la mort. Alors pourquoi les gens n’arr?taient-ils pas de le dire ? Pourquoi l’avait-elle elle-m?me dit la veille ? Juste un de ces mensonges auxquels on s’accroche, je suppose. Lori jetait des coups d’?il ? Jenn et Riley. — La police m’a dit qu’il y avait eu une autre victime il y a deux semaines, un homme ? Peterborough. — C’est exact, dit Jenn. — Ils ont dit qu’il manquait une chaise dans sa salle ? manger, tout comme pour maman. Je ne comprends pas. Qu’est-ce que ?a veut dire ? Pourquoi tuer quelqu’un pour une chaise de salle ? manger ? ajouta Lori. Riley ne r?pondit pas, et Jenn non plus. Apr?s tout, comment pourraient-elles r?pondre ? une telle question ? ?tait-il possible qu’elles cherchent vraiment un fou qui avait tu? des gens pour leurs meubles ? C’?tait trop absurde pour y croire. Mais elles savaient si peu de choses ? ce stade de leur enqu?te. Jenn posa la question suivante. — Votre m?re connaissait-elle un certain Justin Selves ? Peterborough ? — C’?tait l’autre victime ? demanda Lori. Jenn acquies?a. Lori plissa les yeux. — Le nom ne me dit rien. Je ne sais pas si elle avait des amis ou des connaissances en dehors de Springett. Je n’arr?tais pas de lui dire qu’elle ne sortait pas assez. Elle ne passait pas assez de temps avec les gens. — Je suppose qu’elle ne travaillait pas ? l’ext?rieur de la maison, dit Riley. — Non, elle vivait sur ce qu’elle a r?cup?r? de son divorce, dit Lori. — Est-ce que votre m?re… sortait avec quelqu’un ? demanda Jenn. Lori gloussa tristement. — Seigneur, non. Je pense qu’elle me l’aurait dit si elle l’avait fait. Elle quittait rarement la maison, sauf pour aller ? l’?glise de temps en temps. Oh, et elle allait aussi aux parties de bingo de l’?glise. Elle ne manquait jamais ?a. Il y en a une tous les vendredis soir au Westminster Presbyterian. Elle m’avait offert quelques cupcakes qu’elle avait gagn?s l?-bas un soir. Elle en ?tait tr?s heureuse. Lori secoua de nouveau la t?te. — Elle passait trop de temps seule. Cette maison ?tait trop grande pour elle. Je n’arr?tais pas de lui dire qu’elle devrait d?m?nager dans un endroit plus petit. Elle n’a pas voulu ?couter. — Qu’est-ce qui va arriver ? la maison ? demanda Jenn. Lori soupira. — Ma s?ur, mes fr?res et moi en h?riterons. ?a ne signifiera pas grand-chose pour eux. Puisqu’ils vivent si loin, je suppose qu’elle sera ? moi maintenant. Puis ses yeux se pliss?rent comme si une pens?e particuli?rement sombre venait de lui traverser l’esprit. — La maison sera ? moi, r?p?ta-t-elle. Et ? Roy. Elle se leva pr?cipitamment de sa chaise. — Si ?a ne vous d?range pas, je pr?f?rerais ne plus r?pondre aux questions. Riley d?cela un changement soudain dans l’humeur de Lori. Elle jeta de nouveau un coup d’?il au grand, mais ?trangement aust?re appartement, puis se souvint de la maison spacieuse o? la victime avait ?t? assassin?e. Et quelque chose commen?a ? lui venir ? l’esprit. Jenn se pencha. — Madame, si vous pouviez nous accorder quelques minutes de plus… — Non, interrompit Lori. Non, j’aimerais ?tre seule maintenant. Riley pouvait voir que Jenn avait aussi remarqu? le changement de comportement de Lori. Riley savait aussi que son ?quipi?re insisterait aupr?s de la femme pour qu’elle lui donne des r?ponses – peut-?tre de fa?on trop agressive. Riley se leva. — Merci pour votre temps, mademoiselle Tovar. Toutes nos condol?ances. La femme soupira. — Merci. Puis elle ajouta une fois de plus : La vie continue. Si seulement c’?tait vrai, pensa Riley. Ou du moins, pas si bri?vement. Alors qu’elle et sa partenaire sortaient de l’appartement et descendaient les escaliers, Jenn se plaignit : — Pourquoi sommes-nous parties ? Il y avait quelque chose qu’elle ne nous disait pas. Je sais, pensa Riley. Mais elle n’avait pas l’intention de faire dire ? Lori Tovar ce que c’?tait. — Je t’expliquerai dans la voiture, dit Riley. CHAPITRE CINQ Alors que Riley s’?loignait de l’immeuble de Lori Tovar, elle se rendit compte que sa jeune ?quipi?re ?tait encore agit?e. En fait, Jenn avait ?t? plut?t irascible toute la journ?e et Riley sentait qu’elle perdait patience avec son attitude. — Qu’est-ce qui presse ? grommela Jenn. Pourquoi nous avoir fait sortir de l? si vite ? Quand Riley ne r?pondit pas tout de suite, Jenn demanda : — O? est-ce qu’on va, au fait ? — Trouver un endroit pour manger, dit Riley en haussant les ?paules. Je n’ai rien mang? depuis le petit-d?jeuner, alors j’ai faim. Pas toi ? — Je pense qu’on devrait y retourner, dit Jenn. Lori Tovar ne nous disait pas tout ce qu’elle savait. Riley sourit sinistrement. — Qu’est-ce que tu crois qu’elle ne nous a pas dit ? dit-elle. — Je ne sais pas, dit Jenn. C’est ce que je veux d?couvrir. Pas toi ? Parfois, les t?moins peuvent ?tre r?ticents concernant des choses importantes. Peut-?tre qu’elle savait qu’il y avait un lien entre sa m?re et un suspect potentiel – quelque chose qu’elle ne voulait pas nous dire pour une raison quelconque. — Oh, il y avait quelque chose qu’elle ne voulait pas nous dire, c’est vrai. Mais ce n’?tait pas quelque chose qu’on avait besoin de savoir. ?a n’avait rien ? voir avec l’affaire, r?pondit Riley. — Comment le sais-tu ? demanda Jenn. Riley r?prima un soupir. Elle se dit de ne pas en vouloir ? Jenn de ne pas avoir saisi les m?mes signaux qu’elle. Riley elle-m?me les aurait probablement manqu?s quand elle avait l’?ge de Jenn. Pourtant, cette derni?re avait besoin d’apprendre ? mieux d?chiffrer les gens. Elle ?tait souvent trop prompte ? attribuer des bl?mes aux autres. — Dis-moi, Jenn, quelles ?taient tes impressions sur l’appartement de Lori Tovar ? dit-elle. Jenn haussa les ?paules. — ?a avait l’air assez cher. Le genre d’endroit o? un expert-comptable qui a r?ussi et sa femme pourraient vivre. Mais tr?s simple. J’imagine qu’on pourrait dire contemporain. — Dirais-tu que Lori et son mari ?taient bien install?s l?-bas ? Jenn r?fl?chit un moment, puis dit : — Maintenant que tu en parles, je crois que non. On aurait presque dit – je ne sais pas, qu’ils n’avaient peut-?tre pas ajout? grand-chose d’autre aux ?l?ments de base. J’imagine qu’ils ne l’avaient pas vraiment personnalis?. Comme s’ils ne s’attendaient pas ? y vivre plus longtemps. — Et pourquoi donc ? dit Riley. Quand Jenn ne r?pondit pas, Riley lui demanda : — Qu’est-ce qu’un couple comme celui-l? pourrait avoir de pr?vu dans un avenir proche ? — Des enfants, dit Jenn. Puis vint une pause, et Jenn ajouta : — Oh, je crois que j’ai compris. Ils n’ont jamais eu l’intention d’avoir des enfants alors qu’ils vivaient encore dans cet appartement. Ils voulaient emm?nager dans un endroit plus familial. Lori esp?rait se retrouver avec la maison de sa m?re. Et maintenant… Riley acquies?a. — Et maintenant, elle a obtenu exactement ce qu’elle voulait. Jenn sursauta un peu. — Mon Dieu ! Je ne peux pas imaginer ? quel point elle doit se sentir coupable ! — Trop coupable pour vivre un jour dans cette maison, j’imagine, dit Riley. Elle et ses fr?res et s?urs vont probablement finir par devoir vendre cet endroit, avec tous ses merveilleux souvenirs d’enfance. Et Lori et son mari devront attendre de trouver une autre maison de r?ve avant de fonder une famille. ?a va ?tre dur pour elle. — Pas ?tonnant qu’elle n’ait pas voulu en parler, dit Jenn. — C’est ?a, dit Riley. Et ce n’?tait vraiment pas nos affaires. — Je suis d?sol?e, dit Jenn. J’?tais vraiment stupide. — Tu dois juste apprendre ? faire plus attention aux gens, dit Riley. Et cela signifie bien plus que de simplement leur soutirer des informations. Cela veut dire ?tre capable de sympathiser avec eux. Cela veut dire respecter leurs sentiments. — J’essaierai de m’en souvenir, dit doucement Jenn. Riley se sentit encourag? par le fait que Jenn ne soit plus sur la d?fensive. En fait, son ?quipi?re semblait avoir dissip? son humeur particuli?re. Peut-?tre, pensa Riley, qu’elles finiraient par bien travailler ensemble apr?s tout. Riley conduisit jusqu’au centre-ville de Springett et sa gara dans la rue principale. Elle et Jenn sortirent et se promen?rent jusqu’? ce qu’elles trouvent un petit restaurant agr?able. Elles entr?rent et s’assirent dans un box assez isol?, puis command?rent des sandwiches. Pendant qu’elles attendaient leur nourriture, Jenn demanda : — Alors, o? cela nous m?ne-t-il maintenant ? — J’aimerais le savoir, dit Riley. — Nous manquons de t?moins, dit Jenn. Cela aiderait si quelqu’un – un voisin curieux, peut-?tre – avait vu le tueur quand il s’est point? ? ces maisons, ou au moins son v?hicule. Nous avons besoin d’une description. Mais pendant que tu examinais la maison, j’ai demand? aux deux chefs de police s’ils avaient interrog? les voisins des victimes. Ils l’avaient fait, et personne n’avait rien vu. Il n’y avait pas non plus de cam?ras de s?curit? au bon endroit. Riley le savait d?j? apr?s avoir lu les rapports de police. — Nous savons qu’il n’y a pas eu d’effraction dans l’une ou l’autre des maisons, poursuivit Jenn. Qu’est-ce que ?a nous dit ? — Je n’en suis pas s?re, dit Riley. D’apr?s ce qu’a dit Lori Tovar, peut-?tre que sa m?re avait juste oubli? de fermer la porte ? clef. Le tueur a pu la prendre par surprise une fois ? l’int?rieur. — L’autre sc?ne de crime ?tait diff?rente. Justin Selves a ?t? assomm? et tu? juste ? c?t? de sa propre porte d’entr?e. Peut-?tre que le tueur s’est approch? de la maison, a frapp? ou sonn? ? la porte, et que Selves a r?pondu et l’a laiss? entrer, dit Jenn. — La m?me chose aurait pu se produire avec Joan Cornell, acquies?a Riley. — Oui, et peut-?tre qu’elle a m?me pass? un peu de temps ? parler avec le tueur avant qu’il ne la tue. Donc je suppose que tu avais raison de dire que les victimes connaissaient d?j? leur tueur et lui faisaient confiance, dit Jenn. — Peut-?tre, dit Riley. Mais il est toujours possible qu’il se soit agi d’un parfait inconnu, mais probablement pas un cambrioleur al?atoire. N’oublie pas que beaucoup de psychopathes sont des gens charmants. Peut-?tre les deux victimes lui ont-elles fait confiance d?s qu’elles lui ont ouvert la porte. Peut-?tre avait-il l’air d’un type parfaitement gentil qui pr?tendait faire un sondage ou quelque chose comme ?a. Alors elles l’ont laiss? entrer. — Eh bien, ce tueur a beaucoup d’audace, ?a semble certain. Il a fallu du culot pour entrer dans ces maisons en plein jour comme ?a. Tu crois qu’on devrait aller jeter un coup d’?il sur la premi?re sc?ne de crime ? dit Jenn. — Je ne pense pas qu’on y apprendra quoi que ce soit, dit Riley. C’?tait il y a deux semaines, et ? l’?poque, la police pensait que c’?tait un cambriolage qui avait mal tourn?. Tout a d?j? ?t? nettoy?. — Tu as raison, il n’y aura rien ? voir, dit Jenn. Rien que les photos ne montrent pas. — Mais nous savons que le fils de Selves a d?couvert son corps. On devrait vraiment lui parler, r?pondit Riley. Riley regarda les rapports de police sur son ordinateur et trouva le num?ro de t?l?phone du fils. Puis elle l’appela sur son portable et mit le haut-parleur pour que Jenn puisse se joindre ? la conversation. Le jeune homme s’appelait Ian, et il semblait plus qu’impatient de parler ? deux agents du FBI. — Ce qui est arriv? ? papa m’a rendu fou, dit-il. Surtout depuis que la police m’a appel? ce matin et m’a dit que c’?tait arriv? ? quelqu’un d’autre ? Springett. Une femme a ?t? tu?e cette fois. Je n’arrive pas ? le croire. Qu’est-ce qui se passe, bon sang ? — Nous esp?rions que vous pourriez nous aider ? le d?couvrir, dit Riley. Nous aimerions vous poser quelques questions. On peut se retrouver quelque part ? Nous sommes dans le centre-ville de Springett en ce moment. — Eh bien, je suis ?tudiant ? la Temple University, et je suis sur le campus entre deux cours en ce moment. J’imagine que vous ne voulez pas perdre trop de temps ? conduire jusqu’? Philadelphie juste pour me parler. Pourrions-nous juste utiliser Skype ? Pour Riley, c’?tait une bonne id?e. Quelques instants plus tard, Jenn et Riley s’assirent c?te ? c?te dans le box et pour parler face ? face avec Ian Selves. Le serveur leur apporta leurs sandwichs, mais elles les mirent de c?t? pour l’instant. Riley remarqua tout de suite que Ian avait un visage agr?able et studieux qui lui rappelait certains des techniciens de laboratoire avec lesquels elle travaillait souvent au BAC. Il avait l’air d’avoir dix-huit ou dix-neuf ans, et Riley supposa qu’il ?tait peut-?tre en deuxi?me ann?e de physique, d’ing?nierie ou d’informatique. Jenn lui posa la m?me question que Riley avait pos?e ? Lori Tovar au d?but de leur entrevue. — Comment avez-vous d?couvert ce qui ?tait arriv? ? votre p?re ? — Eh bien, comme vous le savez probablement, papa ?tait repr?sentant du service client?le dans une banque de Peterborough. Une fois par semaine, nous nous retrouvions toujours pour d?jeuner pendant sa pause. Il rentrait ? la maison, je passais le prendre en voiture et on allait dans un endroit o? on aimait manger, dit Ian. Riley ?tait contente de la clart? de Ian. Contrairement ? Lori Tovar, il avait eu deux semaines pour dig?rer ce qui s’?tait pass?, et il pouvait en parler calmement. Un meilleur t?moin, pensa-t-elle. — J’ai arr?t? ma voiture devant la maison et j’ai klaxonn?, mais papa n’est pas sorti. ?a ne lui ressemblait pas du tout. Alors je suis sorti, je suis all? ? la maison et j’ai frapp? ? la porte, et il n’a pas r?pondu, poursuivit Ian. Ian secoua la t?te. — J’ai commenc? ? m’inqui?ter ? ce moment-l?. Si papa avait eu d’autres projets, il me l’aurait certainement dit. Je me suis dit que quelque chose n’allait pas. Alors j’ai ouvert la porte et… Ian fr?mit visiblement en se souvenant. — Il ?tait l?, allong? par terre. — Qu’avez-vous fait alors ? demanda Jenn. — Eh bien, j’ai paniqu? pendant une minute ou deux, je crois. Mais j’ai appel? 9-1-1 d?s que j’ai pu me ressaisir. Puis j’ai appel? ma m?re. Elle travaille dans un magasin de v?tements pour femmes – Rochelle’s Boutique. Je lui ai dit que quelque chose de grave ?tait arriv? ? papa. Elle a tout de suite compris que je voulais dire que papa ?tait mort. Je ne lui ai pas dit comment et pourquoi. ? ce moment-l?, je ne le savais pas vraiment moi-m?me. Ian soupira et continua. — Elle a pratiquement perdu la t?te au t?l?phone. Je savais que ce serait vraiment mauvais si elle rentrait directement ? la maison. Je lui ai dit d’aller chez sa s?ur apr?s le travail et d’y attendre jusqu’? ce que je puisse vraiment tout expliquer. Elle n’?tait donc pas ? la maison quand la police est venue poser toutes sortes de questions et que le l?giste du comt? emmenait le corps. Je pense que c’?tait probablement aussi bien. Oui, j’en suis s?re, pensa Riley. Elle se sentit impressionn?e par le sang-froid du jeune homme dans la prise de d?cision, en plein dans une ?preuve aussi traumatisante. — Quand avez-vous remarqu? qu’il manquait une chaise de salle ? manger ? lui demanda Jenn. — Eh bien, comme vous le savez, les policiers pensaient que tout cela ?tait une sorte de cambriolage rat?. Du genre peut-?tre que le gars ne s’attendait pas ? ce qu’il y ait quelqu’un ? la maison, et qu’il a ?t? surpris que papa soit l?, dit Ian. Se caressant le menton, il ajouta : — Alors les policiers m’ont demand? sur-le-champ s’il manquait des objets de valeur. J’ai parcouru toute la maison pour v?rifier tout ce ? quoi je pouvais penser - ordinateurs, t?l?visions, les bijoux de maman, l’argenterie et la porcelaine, toutes sortes de choses. J’ai finalement remarqu? la chaise manquante. Il plissa les yeux, incr?dule. — Les policiers m’ont dit ce matin qu’une chaise avait ?t? vol?e ? l’autre victime. ?a n’a pas de sens. Pourquoi tuer quelqu’un pour une chaise ? Riley se souvint que Lori Tovar avait pos? exactement la m?me question. Elle n’avait toujours aucune id?e de la r?ponse. — L’autre victime s’appelait Joan Cornell. Votre p?re a-t-il d?j? mentionn? quelqu’un portant ce nom ? demanda Jenn ? Ian. Ian secoua la t?te. — Je ne crois pas, mais je ne suis pas s?r. Il ?tait plut?t extraverti. Maman est plus timide, du genre ? rester ? la maison. Mais papa sortait beaucoup et rencontrait beaucoup de gens, jouait au bridge et au softball, faisait partie d’une ?quipe de bowling et suivait un cours d’a?robic, alors il connaissait beaucoup de monde. Il a peut-?tre parl? d’elle et j’ai oubli?. Une id?e commen?ait ? prendre forme dans l’esprit de Riley. — A-t-il d?j? mentionn? des parties de bingo ? dit-elle. Les yeux de Ian s’?carquill?rent un peu. — Maintenant que vous le dites, oui, il dit. C’?tait dans une ?glise. Il n’?tait pas vraiment du genre ? aller ? l’?glise, alors je suppose que c’?tait un endroit o? il allait juste pour les jeux. — A-t-il dit quelle ?tait cette ?glise ? demanda Jenn. Il se tut un instant, puis ajouta : — Non, je ne me souviens pas qu’il l’ait mentionn?. Mais un jour, il m’a dit qu’il ne voulait plus y aller. — A-t-il dit pourquoi ? demanda Riley. — Non. Riley ?changea un regard avec Jenn. — Quand a-t-il dit ?a ? lui demanda Jenn. Ian haussa les ?paules. — Quelques jours avant sa mort, je crois. — Merci pour votre temps, dit Riley. Vous avez ?t? tr?s utile. — Et nous sommes vraiment d?sol?es pour votre perte, ajouta Jenn. — Merci, dit Ian. Je m’en sors bien, j’imagine, mais c’est tr?s dur pour maman. Je suis son seul enfant, et c’est dur pour elle de vivre seule dans cette maison maintenant. J’ai propos? d’abandonner l’?cole pour un semestre et de rester avec elle, mais elle ne veut pas en entendre parler. Je m’inqui?te beaucoup pour elle. Riley lui souhaita bonne chance, le remercia encore une fois et ferma la conversation. — Ainsi les deux victimes auraient pu jouer au bingo ensemble ? l’?glise, dit Jenn. C’est notre prochain arr?t. Riley ?tait d’accord. Elle chercha le num?ro de t?l?phone de l’?glise presbyt?rienne de Westminster et appela. Elle demanda ? la r?ceptionniste qui r?pondit au t?l?phone qui ?tait en charge des jeux de bingo ? l’?glise. Celle-ci mit imm?diatement Riley en contact avec le directeur des activit?s, Buddy Sears. Quand Riley et Jenn se pr?sent?rent comme agents du FBI, Sears dit : Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51922394&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.