Êàêîå, â ñóùíîñòè, íåëåïîå çàíÿòèå ïèñàòü ñòèõè: ......................è "ãëàç ëóíû", è "ñîëíöà äèñê" êàê ìèð ñòàðû. ............................Äóøè øèðîêèå îáúÿòèÿ òîëïå íàâñòðå÷ó ðàñïàõíóòü... - ................................................ïîäîáíûé ðèñê ê ÷åìó òåáå? - ........................Ãëóõîé ñòåíîé - íåïîíèìàíèå; ðàçäàâëåí òÿæåñòüþ

Si elle savait

Si elle savait Blake Pierce « Un chef-d’?uvre de thriller et de myst?re. Blake Pierce est parvenu ? cr?er des caract?res avec un c?t? psychologique tellement bien d?crit, que nous avons l’impression de pouvoir entrer dans leur esprit, suivre leurs peurs et nous r?jouir de leurs succ?s. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’? la derni?re page. »--Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Une fois partie)SI ELLE SAVAIT (Un myst?re Kate Wise) est le volume 1 d’une nouvelle s?rie thriller psychologique par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de Une fois partie (volume 1) (t?l?chargement gratuit), un bestseller n?1 ayant re?u plus de 1 000 critiques ? cinq ?toiles.L’agent du FBI r?cemment ? la retraite, Kate Wise, 55 ans, se retrouve ? quitter sa vie tranquille de banlieue quand la fille d’une de ses amies est assassin?e chez elle – et qu’on la supplie d’apporter son aide.Kate pensait qu’elle avait laiss? le FBI derri?re elle apr?s 30 ans de bons et loyaux services en tant que l’un de leurs meilleurs agents, respect?e pour son esprit brillant, son attitude coriace et sa troublante capacit? ? traquer les tueurs en s?rie. Mais fatigu?e de la petite vie tranquille de banlieue et ? un carrefour de sa vie, Kate est appel?e ? la rescousse par une de ses amies et elle ne peut vraiment pas refuser.Alors que Kate traque l’assassin, elle se retrouve tr?s vite en premi?re ligne d’une chasse ? l’homme, avec plus en plus de victimes – toutes des m?res au foyer avec des mariages parfaits – et il devient clair qu’un tueur en s?rie s?vit dans cette petite ville tranquille. Elle exhume des secrets des voisins qu’elle aurait pr?f?r? ne jamais conna?tre et d?couvre que tout n’est pas aussi rose dans ce quartier de banlieue bord? de jolies rues. Les liaisons et les mensonges sont monnaie courante, et Kate doit fouiller les bas-fonds de cette banlieue si elle veut emp?cher l’assassin de frapper ? nouveau.Mais cet assassin a une longueur d’avance sur elle et il se pourrait que ce soit Kate qui finisse par ?tre en danger.Un thriller riche en action avec un suspense qui vous tiendra en haleine, SI ELLE SAVAIT est le volume 1 d’une fascinante nouvelle s?rie qui vous fera tourner les pages jusqu’? des heures tardives de la nuit.Le volume 2 dans la s?rie MYST?RE KATE WISE est d?j? disponible en pr?commande. si elle savait (un myst?re kate wise — volume 1) b l a k e p i e r c e Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie ? succ?s myst?re RILEY PAIGE, qui comprend douze volumes (pour l’instant). Black Pierce est ?galement l’auteur de la s?rie myst?re MACKENZIE WHITE, comprenant huit volumes ; de la s?rie myst?re AVERY BLACK, comprenant six volumes ; de la s?rie myst?re KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la s?rie myst?re MAKING OF RILEY PAIGE, comprenant deux volumes (pour l’instant) ; et de la s?rie myst?re KATE WISE, comprenant deux volumes (pour l’instant). Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) afin d’en apprendre davantage et rester en contact. Copyright © 2018 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d'autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou qu'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright Elena Belskaya, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) S?RIE MAKING OF RILEY PAIGE REGARDER (Volume 1) ATTENDRE (Volume 2) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) REACTION EN CHAINE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA A LA CHASSE (Tome 5) A VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP FERIR (Tome 9) A TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) LES ENQU?TES DE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Tome 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Tome 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Tome 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Tome 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Tome 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Tome 6) AVANT QU’IL NE PECHE (Tome 7) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome 2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) LES ENQU?TES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#u00a7228b-3c75-5282-a7b5-c5c45a660fc2) CHAPITRE UN (#uc5420240-169d-5d4c-ba72-8139fe19b8ee) CHAPITRE DEUX (#u2e199bee-d3d4-5555-8c48-eacd20b7c3ba) CHAPITRE TROIS (#uf0c49904-e0b9-59b7-8f44-6e725ce809a1) CHAPITRE QUATRE (#u1acdc683-1396-57d2-8720-96d16712d9f3) CHAPITRE CINQ (#u4256620d-018f-55df-8f30-00baf423d076) CHAPITRE SIX (#ubdadb3e5-6491-5e04-b048-68f50f97b071) CHAPITRE SEPT (#u43f6cfae-eac2-5bff-9220-ff23647b03f3) CHAPITRE HUIT (#u4baf8811-3165-511d-ad33-78e571777adc) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-NEUF (#litres_trial_promo) PROLOGUE Il ne vit personne l’observer alors qu’il descendait discr?tement cette rue de banlieue pendant la nuit. Il ?tait une heure du matin et c’?tait le genre de quartier o? les habitants allaient se coucher ? des heures raisonnables, une nuit de folie en semaine se r?sumant probablement ? boire un verre de vin de trop en regardant la s?rie Le C?libataire. C’?tait le genre d’endroit qu’il d?testait. Ils payaient leurs cotisations ? l’association des propri?taires, ils ramassaient la merde de leurs chiens et la mettaient dans de petits sacs en plastique afin de ne pas d?plaire ? leurs voisins, et leurs enfants faisaient certainement du sport mais pas au sein d’une ?quipe scolaire mais dans des ligues priv?es. Le monde leur appartenait. Ils se sentaient en s?curit?. Bien s?r, ils verrouillaient leurs portes et branchaient leur alarme, mais en d?finitive, ils avaient l’impression que rien ne pouvait leur arriver. Mais tout ?a, c’?tait sur le point de changer. Il traversa une pelouse sp?cifique. Elle devait s?rement ?tre ? la maison ? cette heure-ci. Son mari ?tait en voyage d’affaires ? Dallas. Il savait exactement quelle ?tait la fen?tre de sa chambre. Et il savait aussi que l’alarme ? l’arri?re de la maison ?tait d?fectueuse quand il pleuvait. Il continua d’avancer et sentit la pr?sence rassurante du couteau gliss? dans le creux de son dos, entre l’?lastique de son cale?on et son jean. Il se colla contre le c?t? de la maison, ouvrit la bouteille d’eau qu’il portait en main et s’arr?ta quand il arriva ? l’arri?re de la maison. Il vit la lueur verte de la petite bo?te de s?curit?. Il savait que s’il essayait de l’endommager, l’alarme se d?clencherait. Et qu’elle se d?clencherait ?galement s’il essayait d’ouvrir la porte ou de la forcer. Mais il savait aussi que l’alarme avait des rat?s lorsqu’il pleuvait. C’?tait d? ? l’humidit?, bien que ce genre de syst?me f?t cens? ?tre cent pour cent ?tanche. Sachant cela, il leva la bouteille d’eau qu’il tenait en main et aspergea la bo?te de s?curit?. Il vit la petite lumi?re verte vaciller et s’affaiblir. Il sourit et traversa le petit jardin arri?re. Il monta les marches menant ? la v?randa qui se trouvait ? l’arri?re de la maison. Il lui fut tr?s facile de forcer la porte en utilisant son couteau ; ce qui fit tr?s peu de bruit dans le silence de la nuit. Il se dirigea vers le fauteuil en osier qui se trouvait dans un coin de la v?randa, il souleva le coussin o? il trouva la cl?. Il la prit de sa main gant?e, il s’avan?a vers la porte arri?re, il glissa la cl? dans la serrure, il ouvrit la porte et il entra. Une petite lampe ?tait allum?e dans l’?troit couloir qui menait ? la cuisine. Il traversa ce couloir jusqu’? un escalier qu’il se mit ? monter. La nervosit? lui retournait l’estomac. Il commen?ait ? ?tre excit? – pas dans un sens sexuel mais plut?t de la m?me mani?re qu’il ?tait excit? lorsqu’il ?tait sur une montagne russe. L’anticipation de ce qui l’attendait le faisait frissonner de plaisir au moment o? il gravissait la c?te la plus haute du circuit. Il serra fermement le couteau qu’il tenait toujours en main depuis qu’il l’avait utilis? pour ouvrir la porte arri?re. En haut des escaliers, il prit un instant pour appr?cier l’excitation du moment. Il respira la propret? ambiante de cette maison de bourgeois de banlieue et ?a lui donna envie de vomir. C’?tait trop familier, trop d?tach?. Il d?testait ?a. Le couteau en main, il s’avan?a vers la chambre ? coucher qui se trouvait au bout du couloir. Elle ?tait l?, couch?e sur le lit. Elle dormait sur le c?t?, avec les genoux l?g?rement repli?s. Elle portait un t-shirt et un short de sport, rien de tr?s exceptionnel vu que son mari ?tait absent. Il s’approcha du lit et la regarda dormir pendant un instant. Il se mit ? penser ? la fragilit? de la vie. Il leva ensuite son couteau et l’abattit sur elle de mani?re presque nonchalante, comme s’il donnait un coup de pinceau ou chassait une mouche. Elle hurla, mais seulement pendant un court instant – avant qu’il ne donne un autre coup de couteau. Et encore un autre. CHAPITRE UN Parmi les nombreuses le?ons de vie que Kate Wise avait tir?es au cours de sa premi?re ann?e de mise ? la retraite, celle-ci ?tait de loin la plus importante : sans un projet solide, la retraite pouvait tr?s vite devenir ennuyeuse. Elle avait entendu parler de ces femmes qui avaient pris leur retraite et s’?taient consacr?es ? d’autres centres d’int?r?t. Certaines d’entre elles avaient ouvert de petites boutiques en ligne sur Etsy, ou s’?taient mises ? la peinture ou au crochet. D’autres s’?taient lanc?es dans la r?daction d’un livre. Et bien que toutes ces activit?s lui semblent ?tre une mani?re totalement agr?able de faire passer le temps, aucune d’entre elles ne l’attirait. Pour quelqu’un qui avait pass? plus de trente ans de sa vie avec une arme ? la ceinture, trouver des occupations qui l’int?ressent ?tait plut?t difficile. Tricoter n’allait jamais pouvoir remplacer l’excitation li?e ? la poursuite d’un assassin. Jardiner n’avait rien ? voir avec la mont?e d’adr?naline qu’elle ressentait au moment de faire irruption dans une maison, sans savoir ce qui pouvait l’attendre de l’autre c?t? de la porte. Puisque tout ce qu’elle avait essay? restait bien ?loign? du plaisir qu’elle avait ressenti en tant qu’agent du FBI, elle avait cess? de chercher apr?s quelques mois. La seule chose qui s’en rapprochait un peu, c’?tait ses visites au stand de tir, o? elle se rendait deux fois par semaine. Elle y serait all?e plus souvent si elle n’avait pas un peu peur que les membres plus jeunes du stand commencent ? la consid?rer comme rien d’autre qu’un agent ? la retraite qui essayait de revivre ces instants o? elle avait ?t? au top de sa forme. C’?tait une crainte plut?t logique. Apr?s tout, c’?tait exactement ce qu’elle faisait. C’?tait un mardi, un peu apr?s quatorze heures, quand cette constatation lui sauta aux yeux. Elle revenait du stand de tir et elle ?tait occup?e ? ranger son M1911 dans le tiroir de sa table de nuit quand elle fut envahie par cette pens?e. Trente et un ans. Elle avait pass? trente et un ans au FBI. Elle avait particip? ? plus d’une centaine de perquisitions et elle avait int?gr? des unit?s sp?ciales pour des enqu?tes d’importance ? vingt-six reprises. Elle ?tait r?put?e pour sa rapidit?, sa vivacit? d’esprit, sa mani?re pr?cise de penser et son attitude je-m’en-foutiste. Elle ?tait ?galement connue pour son physique agr?able, quelque chose qui la d?rangeait encore un peu aujourd’hui, ? l’?ge de cinquante-cinq ans. Quand elle ?tait devenue agent ? vingt-trois ans, il n’avait pas fallu longtemps pour qu’elle re?oive des surnoms sexistes, du genre Gambettes ou Barbie – des surnoms qui entra?neraient probablement aujourd’hui des licenciements mais qui, lorsqu’elle ?tait plus jeune, ?taient malheureusement monnaie courante pour les agents femmes. Kate avait bris? quelques nez au FBI ? des agents hommes qui s’?taient permis de lui pincer les fesses. Elle avait m?me envoy? valser l’un d’entre eux ? travers un ascenseur apr?s qu’il lui ait murmur? des mots obsc?nes ? l’oreille. Bien que les sobriquets lui aient coll? ? la peau bien apr?s ses quarante ans, les avances et les regards concupiscents ont tr?s vite cess?. Ses coll?gues hommes ont commenc? ? la respecter et ? voir au-del? de son physique – un physique qui, elle en ?tait bien consciente et plut?t fi?re, avait ?t? bien conserv? et auquel la plupart des hommes auraient donn? un dix. Mais aujourd’hui, ? l’?ge de cinquante-cinq ans, m?me ces surnoms lui manquaient. Elle n’avait jamais imagin? que la retraite serait aussi difficile. Le stand de tir lui plaisait, mais ce n’?tait que l’ombre de ce qu’avait ?t? son pass?. Elle avait essay? d’oublier son sentiment de nostalgie en se mettant ? la lecture. Elle avait d?cid? de lire plus sp?cifiquement sur les armes ; elle avait lu d’innombrables ouvrages sur l’histoire de l’utilisation des armes, comment elles ?taient fabriqu?es, la pr?f?rence accord?e ? certaines armes par certains g?n?raux, et ce genre de trucs. C’?tait la raison pour laquelle elle utilisait aujourd’hui un M1911, en raison de sa riche histoire et de son implication dans une multitude de guerres am?ricaines, le mod?le le plus ancien ayant ?t? utilis? au cours de la premi?re guerre mondiale. Elle avait essay? de lire des ouvrages de fiction mais elle ne parvenait pas ? se mettre dedans – m?me si elle avait vraiment appr?ci? de nombreux livres traitant de la cybercriminalit?. Bien qu’elle ait relu des livres qu’elle avait ador?s quand elle ?tait plus jeune, elle ne parvenait pas ? trouver quoi que ce soit d’int?ressant dans la vie de caract?res fictifs. Et parce qu’elle n’avait pas voulu devenir cette retrait?e tristounette qui passait tout son temps ? la biblioth?que municipale, elle avait command? sur Amazon tous les livres qu’elle avait lus au cours de l’ann?e qui venait de s’?couler. Elle avait plus d’une centaine d’ouvrages empil?s dans des caisses dans sa cave. Elle se disait qu’un de ces jours, elle construirait quelques ?tag?res et transformerait l’espace en un bureau digne de ce nom. Ce n’?tait pas comme si elle avait tant d’autres choses ? faire. ?branl?e par l’id?e qu’elle avait pass? la derni?re ann?e de sa vie ? ne rien faire de sp?cial, Kate Wise s’assit lentement sur son lit. Elle y resta quelques minutes sans bouger. Elle regarda en direction du bureau qui se trouvait de l’autre c?t? de la pi?ce et vit les albums photos qui y ?taient pos?s. Il n’y avait qu’une seule photo de famille. Sur celle-ci, son d?funt mari, Michael, entourait leur fille de ses bras tandis que Kate souriait ? ses c?t?s. Une photo de qualit? m?diocre prise sur la plage mais qui lui avait toujours r?chauff? le c?ur. Toutes les autres photos de ces albums avaient un rapport avec son travail : des prises de vue ? l’arri?re de sc?nes, des photos de f?tes d’anniversaire au FBI, des clich?s d’elle lorsqu’elle ?tait plus jeune, occup?e ? faire des longueurs, au stand de tir, en plein jogging, etc. Elle avait pass? cette derni?re ann?e ? vivre de la m?me mani?re que l’aurait fait un athl?te de petite ville qui ne serait jamais sorti de son trou. ? toujours tra?ner en compagnie de ceux qui faisaient mine de l’?couter raconter tous les touchdowns qu’il avait marqu?s trente ans plus t?t en jouant dans l’?quipe de son lyc?e. Elle ne valait pas mieux que ?a. Avec un l?ger fr?missement, Kate se mit debout et s’approcha des albums photos qui se trouvaient sur son bureau. Lentement et m?thodiquement, elle les feuilleta tous les trois. Elle vit des photos d’elle plus jeune, et le changement au fur et ? mesure des ann?es jusqu’au moment o? toutes les photos ont commenc? ? ?tre prises avec un t?l?phone. Elle vit des gens qu’elle avait connus, des personnes qui ?taient mortes ? ses c?t?s au cours d’enqu?tes et elle commen?a ? se rendre compte que, bien que ces moments aient jou? un r?le essentiel dans son d?veloppement, ils ne la d?finissaient pas non plus enti?rement. Les articles qu’elle avait accroch?s et conserv?s ? l’arri?re des albums en disaient davantage sur son histoire. Elle ?tait le sujet de chacun d’entre eux. JEUNE AGENT COINCE UN ASSASSIN EN CAVALE titrait l’un deux ; AGENT SEULE SURVIVANTE DANS UNE FUSILLADE QUI A FAIT 11 VICTIMES. Et puis celui qui a vraiment commenc? ? alimenter sa r?putation : APR?S 13 VICTIMES, LE TUEUR DU CLAIR DE LUNE EST FINALEMENT ARR?T? PAR L’AGENT KATE WISE. Selon toute vraisemblance, elle avait s?rement encore au moins vingt ans devant elle – quarante si elle parvenait ? faire vraiment attention et repousser les limites de sa mort. Mais m?me en coupant la poire en deux et en se disant qu’il lui restait trente ans devant elle, et qu’elle tirerait sa r?v?rence ? l’?ge de quatre-vingt-cinq ans… Trente ans, c’?tait beaucoup. Elle pouvait s?rement faire beaucoup de choses en trente ans. Les dix premi?res ann?es pourraient m?me ?tre tr?s bonnes, avant que la vieillesse ne commence ? s’installer et ? affecter sa sant?. La question ?tant bien entendu de savoir ce qu’elle pourrait bien faire de ces ann?es. Et bien qu’elle ait la r?putation d’avoir ?t? l’un des agents les plus intelligents du FBI au cours de ces dix derni?res ann?es, elle ne savait pas du tout par o? commencer. *** En-dehors du stand de tir et de ses habitudes presque obsessionnelles de lecture, Kate se r?unissait ?galement toutes les semaines avec trois autres femmes pour prendre un caf?. Quand elles se retrouvaient, elles riaient d’elles-m?mes, en se proclamant le club le plus triste jamais form? : quatre femmes r?cemment retrait?es qui ne savaient absolument pas quoi faire de leurs journ?es. Le jour qui suivit sa prise de conscience, Kate prit sa voiture jusqu’au caf? o? elles avaient l’habitude de se retrouver toutes les quatre. C’?tait un petit endroit familial o? le caf? ?tait bien meilleur que le gruau hors de prix de chez Starbucks, et o? il n’y avait ni g?n?ration Millenium ni m?res au foyer. Elle entra et avant d’aller au comptoir pour passer commande, elle vit leur table habituelle au fond du caf?. Deux de ses trois amies s’y trouvaient d?j? et lui firent un signe de la main. Kate prit son caf? noisette et rejoignit ses amies ? la table. Elle s’assit ? c?t? de Jane Patterson, une femme de cinquante-sept ans, retrait?e depuis sept mois et qui travaillait auparavant avec diff?rentes entreprises en tant qu’experte en projets pour une soci?t? nationale de t?l?communications. En face d’elle, ?tait assise Clarissa James, retrait?e depuis un peu plus d’un an et qui travaillait auparavant ? temps partiel avec le FBI en tant que formatrice en criminologie. Le quatri?me membre de leur club, une femme de cinquante-cinq ans du nom de Debbie Meade, r?cemment retrait?e, n’?tait pas encore arriv?e. Bizarre, pensa Kate. En g?n?ral, Deb arrive toujours la premi?re. Au moment o? elle s’assit, Jane et Clarissa eurent l’air de se crisper. C’?tait surtout ?trange venant de Clarissa car elle ?tait plut?t du genre ? p?tiller. Contrairement ? Kate, Clarissa avait tr?s vite ador? son nouveau statut de retrait?e. Kate supposait que le fait que Clarissa soit mari?e ? un homme qui avait presque dix ans de moins qu’elle et qui participait ? des concours de natation durant son temps libre ne devait pas ?tre ?tranger ? ce sentiment. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda Kate. « Vous savez que je viens ici pour essayer de me motiver concernant la retraite, n’est-ce pas ? Et l?, vous avez plut?t l’air franchement triste. » Jane et Clarissa ?chang?rent un regard que Kate avait d?j? vu un nombre incalculable de fois. Alors qu’elle travaillait en tant qu’agent, elle l’avait vu dans des salles d’interrogatoire, des salons et des salles d’attente dans des h?pitaux. C’?tait un regard qui posait une simple question sans prononcer un seul mot : Qui le lui dit ? « Qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda-t-elle. Elle prit soudainement encore plus conscience de l’absence de Deb. « C’est Deb, » dit Jane, confirmant ses craintes. « Enfin, pas Deb directement, » ajouta Clarissa. « C’est sa fille, Julie. Est-ce que tu l’avais d?j? rencontr?e ? » « Une fois, je pense, » dit Kate. « Qu’est-ce qu’il s’est pass? ? » « Elle est morte, » dit Clarissa. « Assassin?e. Pour l’instant, ils ne savent pas du tout qui a bien pu faire ?a. » « Oh mon dieu, » dit Kate, sinc?rement afflig?e pour son amie. Elle connaissait Deb depuis environ quinze ans. Elle l’avait rencontr?e ? Quantico. Kate travaillait en tant qu’instructrice adjointe pour former une nouvelle g?n?ration d’agents sur le terrain et Deb travaillait avec certains des techniciens pour mettre au point une sorte de nouveau syst?me de s?curit?. ?a avait tout de suite coll? entre elles et elles ?taient rapidement devenues amies. Le fait que Deb ne l’ait pas appel?e et n’ai pas envoy? de message pour lui annoncer cette nouvelle montrait combien les amiti?s pouvaient changer au fil des ans. « Quand est-ce que c’est arriv? ? » demanda Kate. « Hier, » dit Jane. « Elle m’a envoy? un message ce matin pour me l’apprendre. » « Et ils n’ont aucun suspect ? » demanda Kate. Jane haussa les ?paules. « Elle m’a juste dit qu’ils ne savaient pas qui c’?tait. Pas d’indices, aucune piste, rien. » Kate se mit instantan?ment en mode agent. Elle s’imagina qu’un athl?te devait probablement ressentir la m?me chose apr?s avoir ?t? trop longtemps ?loign? de son terrain de pr?dilection. Elle n’avait peut-?tre pas de pelouse ou une foule en d?lire pour lui rappeler ses jours de gloire, mais elle avait un esprit bien huil? pour r?soudre des crimes. « N’y pense m?me pas, » dit Clarissa, en essayant de sourire. « Penser ? quoi ? » « Te remettre dans la peau de l’agent Wise, » dit Clarissa. « Pour l’instant, contente-toi d’?tre son amie. Je vois que ?a cogite, l?-haut. Tranquille… ce n’est pas toi qui as une fille enceinte ? Tu n’es pas sur le point de devenir grand-m?re ? » « Quelle mani?re de m’achever alors que je suis d?j? au tapis, » dit Kate, en souriant. Elle fit abstraction du commentaire et demanda : « La fille de Deb… est-ce qu’elle avait un petit ami ? » « Aucune id?e, » dit Jane. Un silence embarrassant s’installa entre elles. Depuis un peu plus d’un an que leur petit groupe de retrait?es se r?unissait, la conversation avait toujours ?t? l?g?re. C’?tait la premi?re fois qu’elles abordaient un sujet aussi lourd et ?a ne cadrait pas avec leurs habitudes. Kate, bien entendu, y ?tait habitu?e. Le temps qu’elle avait pass? ? l’acad?mie lui avait appris comment g?rer ce genre de situations. Mais Clarissa avait raison. En apprenant la nouvelle, Kate ?tait trop facilement pass?e en mode agent. Elle savait qu’elle aurait d? d’abord penser en tant qu’amie – penser ? l’?tat ?motionnel de Deb et ? la perte qu’elle venait de subir. Mais l’agent en elle ?tait trop pr?sent, ses instincts ?taient toujours en ?veil, m?me apr?s avoir raccroch? depuis un an. « Alors qu’est-ce qu’on peut faire pour l’aider ? » demanda Jane. « Je pensais organiser une cha?ne de repas, » dit Clarissa. « Je connais quelques autres personnes qui seraient s?rement dispos?es ? donner un coup de main. Essayer de s’assurer qu’elle ne doive pas cuisiner pour sa famille pendant quelques semaines, pendant qu’elle traverse tout ?a. » Pendant les dix minutes suivantes, les trois femmes r?fl?chirent ? la mani?re la plus efficace d’organiser une cha?ne de repas pour leur amie en deuil. Mais pour Kate, la conversation restait superficielle. Son esprit ?tait ailleurs et cherchait ? se rappeler certains faits et d?tails concernant Deb et sa famille, cherchant une enqu?te o? il se pouvait qu’il n’y en ait m?me pas une. Ou peut-?tre que si, pensa Kate. Et j’imagine qu’il y a une seule mani?re de le savoir. CHAPITRE DEUX Apr?s la retraite, Kate ?tait retourn?e vivre ? Richmond, en Virginie. Elle avait grandi dans la petite ville d’Amelia, qui se trouvait ? environ quarante minutes de Richmond, mais elle ?tait all?e ? l’universit? au centre-ville. Elle avait pass? ses ?tudes de premier cycle ? la VCU, voulant au d?part obtenir un dipl?me en arts. Mais apr?s trois ans, elle s’?tait rendu compte qu’elle avait un penchant pour la justice criminelle ? travers l’un de ses cours ? option en psychologie. ?a avait ?t? un chemin tortueux qui l’avait amen?e jusqu’? Quantico et ses trente ann?es de brillante carri?re. Elle roulait maintenant ? travers les rues famili?res de Richmond. Elle n’?tait all?e qu’une seule fois chez Debbie Meade mais elle savait exactement o? se trouvait sa maison. Elle le savait car elle aurait eu envie de vivre dans ce genre d’endroit, une de ces maisons anciennes dans une rue en-dehors du centre-ville, bord?e d’arbres plut?t que de r?verb?res et de hauts immeubles. La rue de Deb ?tait envahie de feuilles mortes tomb?es des ormes qui surplombaient la rue. Kate dut se garer trois maisons plus loin car l’espace devant la maison de Deb ?tait d?j? occup? de nombreuses voitures d’amis et de membres de la famille. Elle s’avan?a sur le trottoir, en essayant de se dire que c’?tait vraiment une tr?s mauvaise id?e. Oui bien s?r, elle comptait entrer chez Deb en tant qu’amie – m?me si Jane et Clarissa avaient d?cid? d’attendre cet apr?s-midi pour laisser un peu respirer Deb. Mais il y avait ?galement autre chose dans sa d?marche. Elle cherchait quelque chose ? faire depuis des mois, une mani?re plus int?ressante et utile d’occuper son temps. Elle avait souvent song? ? travailler en freelance pour le FBI, m?me si ce n’?tait que pour faire des recherches basiques. M?me la r?f?rence la plus minime ? son travail l’enthousiasmait. Par exemple, elle devait se rendre au tribunal la semaine prochaine pour t?moigner dans le cadre d’une lib?ration conditionnelle. Elle n’?tait pas enthousiaste ? l’id?e de revoir le criminel mais juste le fait de pouvoir se replonger dans son travail durant un bref instant la remplissait de joie. Mais ce n’?tait que la semaine prochaine – et pour l’instant, ?a lui semblait une ?ternit?. Elle leva les yeux en direction du porche d’entr?e de la maison de Debbie Meade. Elle savait la vraie raison de sa pr?sence ici. Elle avait envie de trouver des r?ponses ? des questions qu’elle se posait. Elle eut l’impression d’?tre ?go?ste, comme si elle utilisait la perte subie par son amie comme une excuse pour pouvoir ret?ter un terrain sur lequel elle ne s’?tait plus trouv?e depuis plus d’un an. Cette situation impliquait une amie, ce qui la rendait d?licate. Mais l’ancien agent qui sommeillait en elle esp?rait que cela puisse ?voluer vers autre chose. L’amie, en revanche, lui disait que ?a pourrait ?tre risqu?. En fin de compte, cette partie en elle se demandait si elle n’aurait tout simplement pas d? rester sur son id?e de base de faire un peu de travail freelance pour le FBI. Peut-?tre que c’est exactement ce que je suis occup?e ? faire, pensa Kate, en montant les escaliers qui menaient ? la r?sidence des Meade. Et honn?tement, elle ne savait pas trop quoi penser ? ce sujet. Elle frappa d?licatement ? la porte, qui fut directement ouverte par une femme ?g?e que Kate ne connaissait pas. « Vous faites partie de la famille ? » demanda la femme. « Non, » r?pondit Kate. « Je suis juste une amie proche. » La femme l’examina pendant un instant avant de la laisser entrer. Kate traversa un couloir et arriva au salon rempli de gens ? la mine sombre, assis autour de Debbie Meade qui ?tait install?e dans un fauteuil inclinable. Kate reconnut son mari, Jim, en la personne qui se tenait pr?s d’elle, occup? ? parler avec un autre homme. Elle entra dans la pi?ce d’un air g?n? et se dirigea directement vers Deb. Sans lui laisser le temps de se lever de son fauteuil, Kate se pencha pour l’embrasser. « Je suis vraiment d?sol?e, Deb, » dit-elle. Deb ?tait visiblement ?puis?e d’avoir pleur? et elle se contenta d’abord de hocher la t?te. « Merci d’?tre venue, » lui murmura Deb ? l’oreille. « Est-ce que tu pourrais me retrouver dans la cuisine d’ici quelques minutes ? » « Oui, bien s?r. » Kate se redressa et fit de petits signes de t?te en direction des quelques autres personnes qu’elle connaissait dans la pi?ce. Mais se sentant un peu mal ? l’aise, Kate se dirigea vers le bout du couloir qui menait ? la cuisine. Personne ne s’y trouvait mais il y avait quelques verres et assiette vides qui tra?naient. Il y avait quelques g?teaux sur le plan de travail, avec des sandwichs au jambon et d’autres choses ? grignoter. Kate se mit ? ranger et s’avan?a vers l’?vier pour laver la vaisselle. Quelques instants plus tard, Jim Meade arriva dans la cuisine. « Vous n’?tes pas oblig?e de faire ?a, » dit-il. Kate se tourna vers lui et vit qu’il avait l’air fatigu? et extr?mement triste. « Je sais, » dit-elle. « Je suis venue pour apporter mon soutien. L’atmosph?re m’a sembl?e plut?t lourde dans le salon quand je suis arriv?e, alors j’esp?re pouvoir vous aider un peu en lavant la vaisselle. » Il hocha la t?te. Elle eut l’impression qu’il allait s’endormir d’un moment ? l’autre. « Une de nos amies nous a dit qu’elle avait vu une femme entrer. Je suis content que ce soit toi, Kate. » Kate vit une autre personne s’approcher de la cuisine. Elle avait l’air aussi fatigu? et inconsolable que lui. Les yeux de Deb Meade ?taient gonfl?s et rougis par les larmes. Ses cheveux ?taient en d?sordre. Elle regarda Kate en s’effor?ant de sourire mais elle voyait bien que le c?ur n’y ?tait pas. Kate reposa l’assiette qu’elle ?tait occup?e ? laver, se s?cha rapidement les mains ? un essuie-mains qui pendait pr?s de l’?vier et s’approcha de son amie. Kate n’avait jamais ?t? tr?s adepte des contacts physiques mais elle savait quand une embrassade ?tait n?cessaire. Elle s’attendait ? ce que Deb se mette ? pleurer mais il n’y eut rien de tel, juste le poids de son corps affaiss? contre elle. Elle a probablement d?j? ?puis? toutes ces larmes pour l’instant, pensa Kate. « Je n’ai appris la nouvelle que ce matin, » dit Kate. « Je suis vraiment d?sol?e, Deb. Pour vous deux, » dit-elle, en levant les yeux vers Jim. Jim hocha de la t?te en signe de remerciement, puis regarda en direction du couloir. Quand il vit qu’il n’y avait personne et que leurs visiteurs se trouvaient toujours dans le salon, il s’approcha de Kate. « Kate, nous voulons te demander quelque chose, » dit Jim, dans un murmure. « Et s’il te pla?t, » dit Deb, en lui prenant la main. « Laisse-nous finir de tout te raconter avant de nous donner ton avis. » Kate sentit un l?ger tremblement dans la main de Deb, ce qui lui brisa l?g?rement le c?ur. « Bien s?r, » dit Kate. Elle sentait leurs regards implorants et le poids de leur chagrin peser au-dessus de sa t?te. « La police n’a absolument aucune id?e concernant le coupable, » dit Deb. Son ?puisement se transforma soudain en un sentiment plus proche de la col?re. « Sur base de certaines choses que nous leur avons dites et quelques messages qu’ils ont trouv? sur le t?l?phone de Julie, la police a directement arr?t? son ex petit copain. Mais ils l’ont gard? ? peine trois heures avant de le rel?cher. Juste comme ?a. Mais Kate… Je sais que c’est lui. ?a ne peut qu’?tre lui. » Kate avait d?j? vu ce genre de r?actions des centaines de fois, lorsqu’elle travaillait en tant qu’agent. Les familles en deuil voulaient tout de suite que justice soit faite. Ils passaient outre un raisonnement logique et l’enqu?te en cours pour s’assurer que vengeance soit faite le plus rapidement possible. Et si les r?sultats de l’enqu?te ne venaient pas assez rapidement, la famille mettait g?n?ralement ?a sur le dos d’une incomp?tence de la part de la police ou du FBI. « Deb… s’ils l’ont rel?ch? aussi rapidement, c’est qu’ils doivent avoir des preuves solides. D’ailleurs… ?a faisait combien de temps qu’ils n’?taient plus ensemble ? » « Treize ans. Mais il a continu? ? essayer de communiquer avec elle pendant des ann?es, m?me apr?s qu’elle se soit mari?e. Elle a m?me d? demander une injonction restrictive ? un moment. » « Il n’emp?che qu’il devait probablement avoir un tr?s bon alibi pour que la police le rel?che aussi rapidement. » « Eh bien, si c’est le cas, ils ne nous en ont pas inform?s, » dit Deb. « Deb… ?coute, » dit Kate, en serrant de mani?re r?confortante la main de son amie. « C’est encore tr?s r?cent. Attends quelques jours et tu commenceras ? voir les choses de mani?re plus rationnelle. J’ai vu ?a des centaines de fois. » Deb secoua la t?te. « J’en suis s?re, Kate. Ils sont sortis ensemble pendant trois ans et je ne lui ai jamais fait confiance. Nous sommes certains qu’il l’a frapp?e au moins ? deux reprises mais Julie n’a jamais voulu en parler. Il avait mauvais caract?re. M?me lui le dit. » « Je suis s?re que la police… » « Nous te le demandons comme une faveur, » l’interrompit Deb. « Je veux que tu y jettes un coup d’?il. Je veux que tu t’impliques dans cette affaire. » « Deb, je suis ? la retraite. Tu le sais, non ? » « Je le sais. Mais je sais aussi combien le boulot te manque. Kate… l’homme qui a assassin? ma fille n’a rien eu de plus qu’une petite frayeur et quelques heures dans une salle d’interrogatoire. Et maintenant, il est confortablement install? chez lui pendant que je suis occup?e ? organiser l’enterrement de ma fille. Ce n’est pas juste, Kate. S’il te pla?t… est-ce que tu peux y jeter un coup d’?il ? Je sais que tu ne peux pas le faire de mani?re officielle mais… quoi que tu puisses faire, je t’en serais vraiment reconnaissante. » Il y avait tellement de chagrin dans le regard de Deb que Kate le ressentit jusqu’au fond de son ?me. Tout lui disait de camper sur ses positions – de ne pas donner de faux espoirs ? Deb. Mais en m?me temps, Deb avait raison. Son boulot lui avait vraiment manqu?. Et m?me s’il s’agissait juste de donner quelques coups de fil au commissariat de Richmond ou m?me ? ses anciens coll?gues du FBI, c’?tait d?j? quelque chose. Ce serait en tout cas toujours mieux que de continuer ? penser de mani?re obsessive ? sa carri?re pass?e, en faisant des visites en solitaire au stand de tir. « Voici ce que je peux faire, » dit Kate. « Quand j’ai pris ma retraite, j’ai aussi perdu toute mon influence. Bien s?r, ?a arrive qu’on m’appelle de temps en temps pour avoir mon avis, mais je n’ai plus aucune autorit?. De plus, cette affaire serait de toute fa?on en-dehors de ma juridiction, m?me si j’?tais encore en service. Mais je vais passer quelques coups de fil ? mes anciens contacts et m’assurer que les preuves qui ont permis de le rel?cher sont solides. Franchement, Deb, c’est le mieux que je puisse faire. » Elle vit tout de suite la gratitude envahir le visage de Deb et de Jim. Deb l’embrassa ? nouveau mais cette fois-ci, elle sanglota. « Merci. » « Ce n’est pas un souci, » dit Kate. « Mais je ne peux vraiment rien promettre. » « Nous le savons, » dit Jim. « Mais au moins maintenant, nous savons aussi que quelqu’un de comp?tent veille sur nous. » Kate n’?tait pas ? l’aise avec l’id?e qu’ils la voient comme une force de police personnelle pour les aider. Et elle n’aimait pas non plus le fait qu’ils partent du principe que la police ne soit pas de leur c?t?. Mais elle savait aussi que ?a avait beaucoup ? voir avec le chagrin qu’ils ressentaient et la mani?re dont ?a les aveuglait dans leur recherche de r?ponses. Alors elle d?cida de fermer les yeux l?-dessus pour l’instant. Elle se rappela combien elle ?tait fatigu?e vers la fin de sa carri?re – pas vraiment physiquement mais plut?t ?motionnellement. Elle avait toujours ador? son boulot, mais il lui arrivait ?galement souvent de cl?turer une enqu?te et de se dire : Mon dieu, ?a commence ? me fatiguer, tout ?a… ?a lui ?tait arriv? de plus en plus souvent au cours des derni?res ann?es. Mais cette fois-ci, il n’?tait plus question d’elle. Elle serra son amie dans ses bras et se rendit compte que, malgr? tous les efforts d?ploy?s pour laisser le pass? derri?re soi – que ce soit une relation ou une carri?re – il parvenait toujours ? nous rattraper. CHAPITRE TROIS Kate ne perdit pas une minute. Elle rentra chez elle et resta assise un moment ? son bureau. Elle regarda par la fen?tre, en direction de son petit jardin. Les rayons du soleil traversaient la vitre, projetant un rectangle de lumi?re sur le parquet en bois. Le parquet, comme le reste de la maison, montrait les marques et les cicatrices de sa construction dans les ann?es 20. Cette maison ?tait situ?e dans le quartier Carytown de Richmond, un endroit o? Kate n’avait pas l’impression d’?tre ? sa place. Carytown ?tait un petit quartier branch? de la ville et elle savait d?j? qu’elle finirait s?rement par en d?m?nager tr?s bient?t. Elle avait assez d’argent pour acheter une maison o? elle voulait mais l’id?e seule de d?m?nager l’?puisait. C’?tait ce genre de manque de motivation qui avait peut-?tre fait que la retraite soit si difficile pour elle. Et ? ?a, se combinait le fait qu’elle refuse d’oublier la personne qu’elle avait ?t? au cours de ces trente ann?es pass?es au FBI. Quand ces deux ?motions se combinaient, elle se sentait le plus souvent d?motiv?e et perdue. Mais maintenant il y avait la demande faite par Deb et Jim Meade. Bien s?r, c’?tait une demande peu judicieuse mais Kate ne voyait pas ce qu’il y avait de mal ? passer quelques coups de fil. Si elle n’obtenait aucune information, elle pourrait toujours rappeler Deb pour lui dire qu’elle avait fait de son mieux. Son premier appel fut au commissaire adjoint de la police d’?tat de Virginie, un homme du nom de Clarence Greene. Ils avaient travaill? en ?troite collaboration sur diff?rentes enqu?tes au cours des dix derni?res ann?es de sa carri?re et ils se vouaient un respect mutuel. Elle esp?rait que l’ann?e ?coul?e n’avait pas totalement balay? cette relation. Sachant que Clarence ne se trouvait jamais dans son bureau, elle choisit d’appeler directement sur son portable. Au moment o? elle commen?ait ? croire qu’il n’allait pas d?crocher, elle fut accueillie par une voix famili?re. Pendant un instant, Kate eut l’impression de n’avoir jamais quitt? son boulot. « Agent Wise, » dit Clarence. « Comment allez-vous ? » « Bien, » dit-elle. « Et vous ? » « Comme d’habitude. Mais je dois admettre… que je pensais ne plus jamais voir votre nom s’afficher sur l’?cran de mon t?l?phone. » « Oui, ? ce sujet, » dit Kate. « Je suis d?sol?e de vous demander ?a apr?s plus d’une ann?e de silence, mais j’ai une amie qui vient juste de perdre sa fille. Je lui ai promis que je garderais un ?il sur l’enqu?te. » « Qu’est-ce que vous voulez savoir ? » demanda Clarence. « Eh bien, le suspect principal ?tait l’ex petit ami de sa fille. Apparemment, il a ?t? arr?t?, puis rel?ch? trois heures plus tard. Et naturellement, les parents se demandent pourquoi. » « Oh, » dit Clarence. « ?coutez… Wise, je ne peux pas vous divulguer ce genre d’informations. Et avec tout le respect que je vous dois, c’est quelque chose que vous devriez d?j? savoir. » « Je n’essaie pas de m’immiscer dans l’enqu?te, » dit Kate. « Je me demandais juste pourquoi on n’a pas expliqu? aux parents la raison pour laquelle le seul suspect avait ?t? rel?ch?. C’est une m?re en deuil qui cherche des r?ponses et… » « Excusez-moi mais je vais devoir ? nouveau vous interrompre, » dit Clarence. « Comme vous le savez tr?s bien, j’ai r?guli?rement affaire ? des m?res, des p?res et des veufs en deuil. Et ce n’est pas parce qu’il s’av?re que vous en connaissiez une personnellement que je doive faire une entorse au protocole ou fermer les yeux. » « Apr?s ces ann?es de collaboration, vous devez savoir que ?a part d’une bonne intention de ma part. » « Oh, je n’en ai aucun doute. Mais la derni?re chose dont j’ai besoin, c’est qu’un agent du FBI ? la retraite vienne fouiner dans une enqu?te en cours, m?me si c’est de loin. Vous devez comprendre ?a, non ? » Le pire de tout, c’?tait qu’elle comprenait parfaitement. Mais elle devait quand m?me faire une derni?re tentative. « Je consid?rerais ?a comme une faveur personnelle. » « Je n’en doute pas, » dit Clarence, sur un ton un peu condescendant. « Mais la r?ponse est non, agent Wise. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, je suis sur le point d’aller au tribunal pour parler avec l’une de ces veuves en deuil dont je viens juste de vous parler. D?sol? de ne pas pouvoir vous aider. » Il raccrocha sans un aurevoir et Kate se retrouva ? fixer des yeux le rectangle de lumi?re qui se d?pla?ait lentement sur le parquet. Elle r?fl?chit ? la prochaine ?tape, en prenant note du fait que le commissaire adjoint venait juste de lui r?v?ler qu’il ?tait sur le point de se rendre au tribunal. Elle supposa que la d?cision la plus sage serait de prendre son refus de l’aider comme une excuse pour arr?ter les recherches. Mais son refus d’offrir des informations n’avait fait que l’encourager encore plus ? poser des questions. On m’a toujours dit que j’?tais une t?te de mule en tant qu’agent, pensa-t-elle, en se levant de sa chaise. C’est bon de savoir que certaines choses n’ont pas chang?. *** Une demi-heure plus tard, Kate garait sa voiture sur le parking adjacent au commissariat de police du troisi?me district. Sur base de l’endroit o? le meurtre de Julie Meade – dont le nom de femme mari?e ?tait Julie Hicks – avait eu lieu, Kate savait que ce serait le meilleur endroit o? obtenir des informations. Le seul probl?me, c’?tait qu’? part le commissaire adjoint Greene, elle ne connaissait personne d’autre au sein de la police, et encore moins du troisi?me district. Elle entra dans le commissariat en toute confiance. Elle savait qu’il y avait certaines choses concernant sa situation actuelle qu’un policier observateur remarquerait. Tout d’abord, elle ne portait pas d’arme ? la ceinture. Elle avait un permis de port d’arme mais vu ce qu’elle s’appr?tait ? faire, cela pourrait lui causer plus de probl?mes si elle leur donnait la moindre impression qu’elle puisse ?tre malhonn?te. Et avoir l’air malhonn?te ?tait vraiment quelque chose qu’elle ne pouvait pas se permettre. ? la retraite ou pas, sa r?putation ?tait en jeu – une r?putation qu’elle s’?tait soigneusement construite pendant plus de trente ans. Elle allait devoir faire tr?s attention ? ce qu’elle faisait dans les prochaines minutes. Elle n’avait jamais ?t? aussi nerveuse au cours de toute l’ann?e qui s’?tait ?coul?e depuis son d?part ? la retraite. Elle s’approcha du guichet d’information, une zone bien ?clair?e et s?par?e de la pi?ce centrale par une vitre. Une femme en uniforme ?tait assise au bureau et tamponnait des papiers dans un registre au moment o? Kate s’approcha. Elle leva les yeux vers elle avec un visage qui semblait ne pas avoir souri depuis des jours. « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » demanda la r?ceptionniste. « Je suis un agent du FBI ? la retraite et je cherche ? obtenir des informations concernant un meurtre r?cent. J’esp?rais pouvoir avoir le nom des policiers en charge de l’enqu?te. » « Vous avez une carte d’identit? ? » demanda la femme. Kate sortit son permis de conduire et le fit glisser par l’ouverture pr?vue ? cet effet dans la cloison vitr?e. La femme le regarda pendant maximum une seconde, puis le lui rendit. « Je vais avoir besoin de votre badge du FBI. » « Eh bien, comme je vous le disais, je suis ? la retraite. » « Et qui vous envoie ? J’ai besoin de leurs noms et de leurs coordonn?es de contact. Puis ils devront remplir une demande pour que vous puissiez obtenir les informations. » « J’esp?rais pouvoir passer outre les formalit?s. » « Alors, je ne peux pas vous aider, » dit la femme. Kate se demanda si elle avait beaucoup de marge de man?uvre pour insister. Si elle allait trop loin, quelqu’un allait finir par avertir Clarence Greene et ?a pourrait mal tourner pour elle. Elle se creusa les m?ninges, ? la recherche d’une autre approche ? adopter. Elle n’en voyait qu’une seule autre et c’?tait beaucoup plus risqu? que ce qu’elle essayait de faire pour l’instant. Kate soupira et se contenta de lancer un bref : « OK, merci quand m?me. » Elle tourna les talons et ressortit du commissariat. Elle se sentait un peu g?n?e. Mais qu’est-ce qu’elle avait imagin? ? M?me si elle avait encore son badge du FBI, ce serait ill?gal de la part de la police de Richmond de lui donner une quelconque information sans l’autorisation d’un sup?rieur ? Washington. C’?tait une vraie le?on d’humilit? de retourner ? sa voiture avec une telle sensation – la sensation de n’?tre qu’une civile de plus. Mais une civile qui n’accepte pas un non pour r?ponse. Elle sortit son t?l?phone et appela Deb Meade. Quand Deb d?crocha, elle avait l’air fatigu?e et distante. « Excuse-moi de te d?ranger, Deb, » dit-elle. « Mais est-ce que par hasard tu aurais le nom ou l’adresse de l’ex petit ami ? » Il s’av?ra que Deb avait les deux. CHAPITRE QUATRE Bien que Kate n’ait plus son ancien identifiant du FBI, elle avait toujours son vieux badge. Il tr?nait au-dessus de la chemin?e, telle une relique venant d’une autre ?poque, comme une vieille photo fan?e. Quand elle quitta le commissariat du troisi?me district, elle rentra chez elle pour aller le chercher. Elle envisagea ?galement d’emporter son arme et elle h?sita longuement avant de finir par la laisser dans le tiroir de sa table de chevet. L’emporter avec elle pour ce qu’elle ?tait sur le point de faire, c’?tait probablement chercher des probl?mes inutiles. En revanche, elle d?cida d’emporter les menottes qu’elle gardait dans une bo?te ? chaussures sous son lit avec quelques autres souvenirs de sa carri?re au FBI. Juste au cas o?. Elle quitta sa maison et se mit ? rouler en direction de l’adresse que Deb lui avait donn?e. C’?tait une adresse dans le quartier de Shockoe Bottom, ? environ vingt minutes de route de chez elle. Elle n’?tait pas nerveuse mais elle ?tait tout de m?me un peu excit?e. Elle savait qu’elle ne devrait pas faire ?a, mais en m?me temps, elle ?tait heureuse d’?tre ? nouveau sur le terrain et en mode chasse – m?me si c’?tait en secret. Au moment o? elle arriva ? l’adresse de l’ancien petit ami de Julie Hicks, un type du nom de Brian Neilbolt, Kate vit mentalement le visage de son mari. Il lui apparaissait de temps en temps mais parfois, il semblait ?tre l? pour y rester un moment. Son visage lui apparut au moment o? elle tourna dans la rue de Brian Neilbolt. Il secouait la t?te d’un air d?sapprobateur. Kate, tu sais que tu ne devrais pas faire ?a, avait-il l’air de lui dire. Elle eut un petit sourire. Parfois, son mari lui manquait atrocement, ce qui contrastait avec le fait qu’elle ait l’impression d’?tre parvenue ? surmonter son d?c?s plut?t rapidement. Elle balaya ces souvenirs de son esprit au moment o? elle se gara devant l’adresse que Deb lui avait donn?e. C’?tait une maison plut?t jolie, divis?e en deux appartements diff?rents avec des porches s?parant les propri?t?s. Quand elle sortit de voiture, elle sut tout de suite qu’il y avait quelqu’un ? la maison car elle entendit des ?clats de voix venant de l’int?rieur. Quand elle monta les marches qui menaient au porche, elle eut l’impression de retourner un an en arri?re. Elle avait de nouveau l’impression d’?tre un agent, malgr? l’absence de son arme ? la ceinture. Mais vu qu’elle n’?tait en fait qu’un agent ? la retraite, elle ne savait pas du tout ce qu’elle allait dire apr?s avoir frapp? ? la porte. Mais ?a ne l’arr?ta pas. Elle frappa ? la porte avec la m?me autorit? qu’elle l’aurait fait un an plus t?t. En entendant les ?clats de voix venant de l’int?rieur, elle se dit qu’il valait mieux s’en tenir ? la v?rit?. Mentir dans une situation ? laquelle elle ne devrait m?me pas prendre part, ne ferait qu’empirer sa situation si elle ?tait prise sur le fait. L’homme qui ouvrit la porte prit un peu Kate par surprise. Il devait faire un m?tre quatre-vingt-dix et il ?tait vraiment tr?s muscl?. Rien que ses ?paules montraient qu’il s’entra?nait s?rieusement. Il aurait facilement pu passer pour un catcheur professionnel. Elle remarqua ?galement qu’il avait l’air tr?s en col?re. « Oui ? » demanda-t-il. « Qui ?tes-vous ? » Elle fit alors un mouvement qui lui avait vraiment manqu?. Elle lui montra son badge. Elle esp?rait que la vue de son insigne pourrait avoir un certain point pour contrebalancer son entr?e en mati?re. « Je m’appelle Kate Wise. Je suis un agent du FBI ? la retraite. J’esp?rais que vous auriez quelques instants ? me consacrer. » « ? quel sujet ? » demanda-t-il, sur un ton rapide et irrit?. « ?tes-vous Brian Neilbolt ? » demanda-t-elle. « Oui. » « Alors votre ex petite amie ?tait Julie Hicks, c’est bien ?a ? Julie Meade, de son nom de jeune fille ? » « Ah merde, c’est encore ? ce sujet ? ?coutez, les flics m’ont d?j? embarqu? et interrog?. Et maintenant, quoi ? Le FBI ? » « Rassurez-vous, je ne suis pas l? pour vous faire un interrogatoire. Je veux juste vous poser quelques questions. » « ? mes yeux, ?a m’a tout l’air d’?tre un interrogatoire, » dit-il. « De plus, vous m’avez dit ?tre ? la retraite. Du coup, je suis presque certain de n’avoir aucune obligation de faire quoi que ce soit que vous me demandiez. » Elle fit semblant d’?tre bless?e ? ces mots, en d?tournant le regard. Mais en fait, elle regardait au-del? de ses ?paules imposantes, vers l’espace qui se trouvait derri?re lui. Elle vit une valise et deux sacs ? dos appuy?s contre le mur. Elle vit ?galement une feuille de papier pos?e au-dessus de la valise. Le grand logo qui s’y trouvait lui apprit qu’il s’agissait de l’impression d’un re?u d’Orbitz. Apparemment, Brian Neilbolt quittait la ville. Pas vraiment le meilleur des sc?narios apr?s que son ex petite amie ait ?t? assassin?e et avoir ?t? emmen? par la police avant d’?tre imm?diatement rel?ch?. « O? est-ce que vous partez ? » demanda Kate. « Ce n’est pas vos affaires. » « ? qui parliez-vous au t?l?phone d’une voix aussi forte avant que je ne frappe ? votre porte ? » « ? nouveau, ce n’est pas vos affaires. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser… » Il fit un mouvement pour fermer la porte mais Kate s’obstina. Elle fit un pas en avant et cala son pied entre la porte et l’embrasure. « Monsieur Neilbolt, je ne vous demande que cinq minutes de votre temps. » Elle vit la col?re l’envahir mais il finit par se calmer. Il baissa la t?te et pendant un instant, il eut l’air presque triste. Il avait la m?me expression que Kate avait vue sur le visage des Meade. « Vous m’avez bien dit que vous ?tiez un agent ? la retraite, n’est-ce pas ? » demanda Neilbolt. « Oui, c’est bien ?a, » dit-elle. « ? la retraite, » dit-il. « Alors, foutez-moi le camp de mon porche. » Elle resta in?branlable, bien d?cid?e ? montrer qu’elle n’avait aucune intention d’aller o? que ce soit. « Je vous ai dit de foutre le camp de mon porche ! » Il hocha la t?te puis tendit le bras pour la repousser. Elle sentit la puissance de ses mains au moment o? elles lui touch?rent l’?paule et elle agit aussi rapidement qu’elle le put. Elle fut surprise par la rapidit? avec laquelle ses r?flexes et ses muscles r?agirent. Au moment o? elle tomba en arri?re, elle entoura le bras droit de Neilbot de ses deux bras. Au m?me moment, elle mit un genou ? terre pour reprendre son ?quilibre. Elle fit ensuite de son mieux pour le faire tomber d’un coup de hanche mais son poids ?tait trop lourd ? faire basculer. Quand il se rendit compte de ce qu’elle essayait de faire, il lui assena un coup de coude violent dans les c?tes. Kate eut le souffle coup? pendant un instant. Mais en lui ass?nant un coup de coude, il s’?tait ?galement d?s?quilibr?. Elle en profita pour essayer ? nouveau de le faire tomber et cette fois-ci, elle y parvint. Et vu qu’elle y mit toutes ses forces, ?a marcha un peu mieux que pr?vu. Neilbot valsa en bas du porche et finit sa course en heurtant les deux premi?res marches de l’escalier. Il hurla de douleur mais il essaya de se remettre tout de suite debout. Il leva les yeux vers elle d’un air choqu?, en essayant de comprendre ce qui venait de se passer. Envahi par la rage et la surprise, il remonta les escaliers en titubant. Il ?tait manifestement sonn?. Elle feignit un coup de genou en direction de son visage au moment o? il atteignit le haut des escaliers. Au moment o? il esquiva, elle le prit par le c?t? du visage et se mit ? nouveau ? genoux. Elle lui plaqua le visage contre le sol, pendant que ses bras et ses jambes luttaient pour chercher une prise sur les escaliers. Elle sortit ensuite les menottes de l’int?rieur de sa veste et les lui passa avec une rapidit? et une aisance que seuls trente ans d’exp?rience peuvent apporter. Elle s’?loigna d’un pas et le regarda. Il ne cherchait pas ? lutter contre les menottes. Il avait plut?t l’air sonn?, en fait. Quand Kate chercha son t?l?phone pour appeler la police, elle se rendit compte que sa main tremblait. Elle ?tait gonfl?e ? bloc, remplie d’adr?naline. Elle r?alisa qu’elle avait un sourire aux l?vres. Mon dieu, comme ?a m’a manqu?. Et cela, bien que le coup qu’elle ait re?u dans les c?tes lui fasse vraiment mal – certainement beaucoup plus mal que ?a ne l’aurait fait il y a cinq ou six ans. Et est-ce que les articulations de ses genoux avaient toujours ?t? aussi douloureuses apr?s une lutte ? Elle prit un moment pour se d?lecter de l’instant pr?sent, puis finit par appeler la police. Pendant ce temps, Brian Neilbolt resta sonn? ? ses pieds, se demandant peut-?tre comment une femme qui devait avoir au moins vingt ans de plus que lui, avait bien pu lui botter les fesses de cette mani?re. CHAPITRE CINQ ? vrai dire, Kate s’attendait un peu ? un retour de flamme apr?s ce qu’elle venait de faire, mais pas au point de ce qu’elle v?cut quand elle arriva au commissariat du troisi?me district. Elle sut que quelque chose se pr?parait au moment o? elle vit la mani?re dont la regardaient les policiers qui passaient ? c?t? d’elle, alors qu’ils ?taient occup?s ? leurs t?ches journali?res. Certains regards ?taient pleins d’admiration, alors que d’autres la reluquaient de mani?re franchement ridicule. Kate pr?f?ra les ignorer. Elle ?tait encore trop ?nerv?e par sa confrontation sur le porche de Neilbolt pour s’en pr?occuper. Apr?s avoir attendu quelques minutes dans le hall d’entr?e, un policier ? l’air nerveux s’approcha d’elle. « Vous ?tes madame Wise, n’est-ce pas ? » demanda-t-il. « Oui. » Elle vit dans ses yeux qu’il avait d?j? entendu parler d’elle. Autrefois, c’?tait un regard qu’elle avait ? chaque fois qu’un policier ou un agent qui ne la connaissait que par r?putation, la rencontrait pour la premi?re fois. C’?tait un regard qui lui manquait beaucoup. « Le commissaire Budd voudrait vous parler. » Elle fut assez surprise. Elle s’attendait plut?t ? parler ? quelqu’un comme le commissaire adjoint Greene, par exemple. Bien qu’il ait ?t? dur avec elle au t?l?phone, elle savait qu’il pouvait ?tre plus facilement persuad? en face ? face. En revanche, le commissaire Randall Budd ?tait le genre de type qui ne se laissait pas amadouer par des balivernes. Elle ne l’avait rencontr? qu’une seule fois, il y a quelques ann?es. Elle ne se rappelait m?me plus en quelle occasion mais en revanche, elle se rappelait tr?s bien que Budd lui avait laiss? l’impression d’?tre quelqu’un de d?termin? et strictement professionnel. Mais Kate n’avait pas envie d’avoir l’air intimid?e ou pr?occup?e. Alors, elle se leva et suivit le policier. Ils quitt?rent la salle d’attente et travers?rent un espace ouvert. Ils pass?rent ? c?t? de plusieurs bureaux et elle se sentit observ?e par les policiers qui y ?taient assis. Ils travers?rent un couloir, au milieu duquel s’ouvrait la porte menant au bureau de Randall Budd. La porte ?tait ouverte, comme s’il attendait sa venue depuis d?j? un petit temps. Le policier ne lui dit pas un mot de plus. Une fois qu’il l’eut accompagn?e jusqu’au bureau de Budd, il tourna les talons et repartit. Kate regarda dans le bureau et vit le commissaire Budd qui lui faisait signe d’entrer. « Entrez, » dit-il. « Je ne vais pas vous mentir. Je ne suis pas content mais je ne mords pas. Vous pouvez refermer la porte derri?re vous ? » Kate ob?it et entra, en refermant la porte. Puis elle s’assit sur l’une des trois chaises qui se trouvaient en face du bureau de Budd. Sur la table, il y avait plus d’objets personnels que de documents en rapport avec le boulot : des photos de famille, une balle de baseball d?dicac?e, une tasse de caf? personnalis?e et une sorte de douille souvenir pos?e sur une plaque. « Laissez-moi commencer par vous dire que je suis au courant de vos impressionnants ?tats de service, » dit Budd. « Plus d’une centaine d’arrestations au cours de votre carri?re. Premi?re de classe ? l’acad?mie. M?dailles d’or et d’argent dans huit tournois cons?cutifs de kickboxing en plus de l’entra?nement de base du FBI o? vous avez ?galement excell?. Votre nom circulait dans le m?tier, ? l’?poque o? vous ?tiez en service. Et la plupart des officiers des forces de police de l’?tat de Virginie vous respectent au plus haut point. » « Mais ? » dit Kate. Elle ne disait pas ?a dans le but d’?tre dr?le. Elle cherchait juste ? lui dire qu’elle ?tait tout ? fait capable d’?tre r?primand?e… bien qu’elle ne pense pas vraiment le m?riter. « Mais malgr? ?a, vous n’avez pas le droit d’aller agresser les gens, juste parce que vous pensez qu’ils peuvent ?tre impliqu?s dans la mort de la fille de l’une de vos amies. » « Je ne suis pas all?e le voir avec l’intention de l’agresser, » dit Kate. « Je suis all?e le voir pour lui poser quelques questions. Quand il a commenc? ? m’agresser physiquement, je n’ai fait que me d?fendre. » « Il a dit ? mes hommes que vous l’aviez jet? en bas des escaliers et que vous lui aviez frapp? la t?te contre le sol. » « On ne va quand m?me pas me reprocher d’avoir ?t? plus forte que lui, non ? » demanda-t-elle. Budd se mit ? la regarder attentivement. « Je n’arrive pas ? dire si vous essayez d’?tre dr?le en prenant tout ?a ? la l?g?re, ou si c’est vraiment votre attitude de tous les jours. » « Commissaire, je comprends votre situation. Je sais que cela vous cause des ennuis qu’une femme de cinquante-cinq ans ? la retraite ait ross? un type que vos hommes ont bri?vement interrog? avant de le rel?cher. Mais je voudrais que vous compreniez que… je n’ai rendu visite ? Brian Neilbolt que parce que mon amie me l’avait demand?. Et franchement, quand j’en ai su un peu plus ? son sujet, je me suis dit que ce n’?tait probablement pas une mauvaise id?e. » « Alors vous avez juste suppos? que mes hommes n’avaient pas bien fait leur boulot ? » demanda Budd. « Je n’ai rien dit de tel. » Budd leva les yeux au ciel et soupira. « ?coutez, je ne cherche pas ? en d?battre de toute fa?on. Franchement, j’adorerais vraiment qu’une fois que vous sortiez de mon bureau, nous en ayons fini avec cette histoire et que ce soit un sujet clos. Mais il faut que vous compreniez que vous avez d?pass? les bornes sur ce coup-l?. Et si vous me faites encore un coup pareil, je vais devoir vous placer en ?tat d’arrestation. » Il y avait plusieurs choses que Kate avait envie de lui dire en guise de r?ponse. Mais elle se dit que si Budd ?tait dispos? ? laisser tomber les argumentations, alors elle pouvait en faire de m?me. Elle savait qu’il ?tait tout ? fait en son pouvoir de lui mettre vraiment la pression, alors elle d?cida de rester aussi courtoise que possible. « Je comprends, » r?pondit-elle. Budd eut l’air de r?fl?chir ? quelque chose pendant un instant avant de se croiser les mains sur le bureau, comme s’il essayait de se concentrer. « Et juste pour que vous le sachiez, nous sommes certains que Brian Neilbolt n’a pas tu? Julie Hicks. Il appara?t sur des cam?ras de s?curit? ? l’ext?rieur d’un bar, le soir o? elle a ?t? assassin?e. Il y est entr? vers vingt-deux heures et il y est rest? jusqu’apr?s minuit. Entre une heure et trois heures du matin, il a ensuite ?chang? des messages avec une femme avec qui il a actuellement une aventure. Ce n’est pas lui, l’assassin. Ce n’est pas notre type. » « Il avait ses valises pr?tes, » dit Kate. « Comme s’il cherchait ? quitter la ville le plus vite possible. » « Dans les ?changes de messages avec sa copine actuelle, ils parlaient d’aller ? Atlantic City. Ils ?taient cens?s partir cet apr?s-midi. » « Je vois. » Kate hocha la t?te. Elle n’?tait pas vraiment d?sol?e en soi, mais elle commen?ait ? regretter d’avoir agi de mani?re aussi agressive sur le porche de Neilbolt. « Il y a autre chose, » dit Budd. « Et ? nouveau, il faut que vous compreniez la position dans laquelle je me trouve. Je n’ai pas eu d’autre choix que de contacter vos anciens sup?rieurs au FBI. C’est le protocole. Je suis s?r que vous le savez. » Oui, elle le savait mais franchement, elle n’y avait pas pens?. Une l?g?re sensation d’agacement commen?a ? lui ronger le ventre. « Je sais, » dit-elle. « J’ai parl? avec le directeur adjoint Duran. Il n’?tait pas content et il veut vous parler. » Kate leva les yeux au ciel et hocha la t?te. « OK. Je l’appellerai et je lui dirai que c’est sur votre ordre. » « Non, vous ne comprenez pas, » dit Budd. « Ils veulent vous voir. ? Washington. » Et sur ces mots, l’agacement qu’elle ressentait se transforma instantan?ment en une sensation qu’elle n’avait plus ressentie depuis longtemps : une v?ritable pr?occupation. CHAPITRE SIX Apr?s sa r?union avec le commissaire Budd, Kate passa les coups de fil n?cessaires afin d’informer ses anciens sup?rieurs qu’elle avait bien re?u leur requ?te de venir en personne ? Washington. Aucune information ne lui fut communiqu?e par t?l?phone et elle n’eut l’occasion de parler avec aucun de ses sup?rieurs. Elle laissa par cons?quent quelques messages plut?t d?sagr?ables ? deux pauvres r?ceptionnistes – ce qui lui permit par la m?me occasion de soulager un peu son stress. Elle quitta Richmond le lendemain matin ? huit heures. Bizarrement, elle ?tait plus excit?e que pr?occup?e par l’id?e de se rendre ? Washington. Elle se sentait comme une jeune dipl?m?e qui reviendrait sur le campus o? elle avait ?tudi?, apr?s en avoir ?t? ?loign?e pendant un temps. Le FBI lui avait horriblement manqu? au cours de cette derni?re ann?e et elle ?tait vraiment impatiente de retourner dans cet environnement qui lui ?tait si familier… m?me si c’?tait pour ?tre sanctionn?e. Pour se distraire sur le trajet, elle ?couta un podcast sur le cin?ma – une suggestion que lui avait faite sa fille. Apr?s cinq minutes, elle n’entendit m?me plus les commentateurs et elle se mit ? penser aux derni?res ann?es de sa vie. D’une mani?re g?n?rale, elle n’?tait pas du genre sentimental mais pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas, elle avait tendance ? devenir nostalgique et pensive quand elle ?tait sur la route. Alors au lieu de se concentrer sur le podcast, elle se mit ? penser ? sa fille – sa fille enceinte, qui allait accoucher dans cinq semaines. Le b?b? ?tait une petite fille, qui porterait le nom de Michelle. Le p?re du b?b? ?tait un type plut?t bien, mais selon Kate, il ne serait jamais vraiment assez bien pour Melissa Wise. Melissa, que Kate appelait Lissa depuis le moment o? elle avait commenc? ? marcher ? quatre pattes, vivait ? Chesterfield, un quartier qui faisait techniquement partie de Richmond mais qui ?tait consid?r? comme diff?rent par ceux qui y vivaient. Kate ne l’avait jamais dit ? Melissa, mais c’?tait la raison pour laquelle elle ?tait revenue vivre ? Richmond. Ce n’?tait pas uniquement ? cause des liens qu’elle y avait cr??s suite ? ses ?tudes universitaires, mais c’?tait surtout parce que c’?tait l? o? se trouvait sa famille – o? son premier petit-enfant allait vivre. Une petite-fille, pensait souvent Kate. Comment Melissa en est-elle arriv?e l? ? Et du reste, comment y suis-je arriv?e moi, ? cet ?ge ? Et quand elle pensait ? Melissa et ? la future Michelle, Kate finissait toujours par repenser ? son d?funt mari. Il avait ?t? assassin? six ans plus t?t, tu? d’une balle dans la nuque alors qu’il promenait leur chien le soir. Son portefeuille et son t?l?phone avaient ?t? vol?s et on l’avait appel?e pour qu’elle vienne l’identifier, moins de deux heures apr?s qu’il soit sorti de chez eux pour promener le chien. C’?tait une blessure qui ?tait encore douloureuse mais elle parvenait bien ? le dissimuler. Quand elle avait pris sa retraite du FBI, elle l’avait fait avec huit mois d’avance par rapport ? l’?ge officiel de la retraite. Mais elle avait ?t? incapable de d?dier tout son temps, toute son attention et toute sa concentration ? son travail, apr?s avoir finalement ?parpill? les cendres de Michael sur un vieux terrain de baseball abandonn?, pr?s de chez lui ? Falls Church. C’?tait peut-?tre la raison pour laquelle elle avait ?t? aussi triste d’avoir quitt? son boulot. Elle ?tait partie des mois avant de devoir le faire l?galement. Qu’est-ce que ces mois suppl?mentaires auraient pu lui offrir ? Qu’aurait-elle pu accomplir d’autre dans sa carri?re ? Elle s’?tait toujours pos? ces questions mais sans jamais regretter sa d?cision. Michael avait m?rit? toute son attention pendant au moins quelques mois. En fait, il m?ritait bien plus que ?a mais elle savait que, m?me dans l’au-del?, Michael n’aurait jamais voulu qu’elle abandonne son boulot pendant trop longtemps. Pour surmonter ce deuil, il aurait su qu’elle avait vraiment besoin de continuer ? travailler au FBI aussi longtemps qu’elle en ?tait ?motionnellement capable apr?s sa mort. Alors qu’elle se rapprochait de Washington, elle fut soulag?e de se rendre compte qu’elle n’avait pas l’impression de trahir Michael. Personnellement, elle pensait que la mort n’?tait pas une fin. Elle ne savait pas si cela signifiait que le paradis existait ou si la r?incarnation ?tait possible, et franchement, cela ne la d?rangeait absolument pas de ne pas savoir. Mais elle savait que, peu importe o? se trouve Michael, il serait content de savoir qu’elle retournait ? Washington – m?me si c’?tait pour y ?tre s?v?rement r?primand?e. Au contraire, il ?tait probablement occup? ? rire ? ses d?pens. Cela fit sourire Kate malgr? elle. Elle ?teignit le podcast et se concentra sur la route et sur ses pens?es. Et sur le fait que, m?me si elle avait gaff?, finalement la vie ?tait toujours cyclique de par nature. *** Elle ne se sentit pas sp?cialement envahie d’?motions au moment o? elle passa les portes et p?n?tra dans le grand hall d’entr?e du FBI. Au contraire, elle fut tr?s consciente du fait qu’elle n’y avait plus sa place – un peu comme si elle revenait dans son ancien lyc?e et se rendait compte que les couloirs la rendaient triste plut?t que nostalgique. Il n’emp?che que cette sensation de se retrouver dans un milieu familier ?tait tout de m?me agr?able. En d?pit du fait qu’elle se sente l?g?rement d?cal?e, elle avait tout de m?me l’impression de ne pas avoir ?t? absente pendant si longtemps, apr?s tout. Elle traversa le hall d’entr?e, se pr?senta ? la r?ception et se dirigea vers les ascenseurs comme si sa derni?re visite remontait ? la semaine derni?re. M?me l’espace confin? de l’ascenseur ?tait r?confortant, au moment o? elle monta vers le bureau du directeur adjoint Duran. Quand elle sortit de l’ascenseur et entra dans la salle d’attente de Duran, elle vit la m?me r?ceptionniste qui se trouvait d?j? au m?me poste un an plus t?t. Elles n’avaient jamais ?t? sp?cialement proches mais la r?ceptionniste se leva de sa chaise et se pr?cipita pour venir la saluer. « Kate ! Je suis vraiment contente de te voir ! » Heureusement, le nom de la r?ceptionniste lui revint en m?moire juste au bon moment. « ?a me fait plaisir aussi, Dana, » dit Kate. « J’ai toujours pens? que la retraite, ce ne serait pas ton truc, » plaisanta Dana. « De fait, c’est d’un ennui mortel. » « Vas-y, entre, » dit Dana. « Il t’attend. » Kate frappa ? la porte du bureau, en se rendant compte que m?me la r?ponse un peu bourrue qu’elle entendit de l’autre c?t? de la porte la mettait ? l’aise. « C’est ouvert, » dit la voix du directeur adjoint Vince Duran. Kate ouvrit la porte et entra. Elle ?tait pr?te ? voir Duran, elle s’?tait pr?par?e psychologiquement ? cette r?union. Mais en revanche, ce ? quoi elle ne s’attendait pas, c’?tait de voir son ancien partenaire. Logan Nash lui sourit d?s qu’il la vit et se leva de l’une des chaises qui se trouvaient devant le bureau de Duran. Duran regarda un moment ailleurs, le temps des retrouvailles. Kate et Logan Nash s’embrass?rent en une ?treinte amicale. Elle avait travaill? avec Logan pendant les huit derni?res ann?es de sa carri?re. Il avait dix ans de moins qu’elle mais il ?tait d?j? bien parti pour avoir une carri?re brillante au moment o? elle ?tait partie ? la retraite. « ?a me fait vraiment plaisir de te revoir, Kate, » lui dit-il tout bas ? l’oreille, au moment o? ils s’embrass?rent. « ? moi aussi, » dit-elle. Elle fut combl?e de joie en se rendant tout doucement compte que, peu importe ce qu’elle en disait, cette partie de sa vie lui avait profond?ment manqu? au cours de l’ann?e qui s’?tait ?coul?e. Une fois qu’ils eurent termin? de s’embrasser, ils s’assirent en face de Duran avec un air un peu g?n?. Lorsqu’ils travaillaient ensemble, ils s’?taient retrouv?s assis exactement au m?me endroit ? de nombreuses reprises. Mais ?a n’avait jamais ?t? pour une question de discipline. Vince Duran prit une profonde inspiration, puis soupira. Kate ne parvenait pas encore ? dire ? quel point il ?tait f?ch?. « Bon, ne tournons pas autour du pot, » dit Duran. « Kate, vous savez pourquoi vous ?tes l?. J’ai promis au commissaire Budd que je g?rerais efficacement cette situation. Il avait l’air OK avec ?a et je suis presque certain que toute cette histoire d’avoir jet? un suspect en bas de son porche finira aux oubliettes. Mais ce que je voudrais savoir, en revanche, c’est comment vous avez atterri sur le porche de ce pauvre type. » Elle sut tout de suite que la conversation d?sagr?able ? laquelle elle s’attendait n’aurait pas lieu. Duran ?tait un type vraiment imposant, il devait peser plus de cent kilos et ce n’?tait que du muscle. Il avait pass? du temps en Afghanistan quand il avait une vingtaine d’ann?es et bien qu’elle ne sache pas en d?tails ce qu’il y avait fait, il y avait de nombreuses rumeurs ? ce sujet. Il avait vu et fait des choses plut?t dures et ?a se refl?tait souvent sur les traits de son visage. Mais aujourd’hui, il avait l’air de bonne humeur. Elle se demanda si ce n’?tait pas li? au fait qu’il ne s’adressait plus ? elle comme ? quelqu’un qui travaillait pour lui. Elle avait presque l’impression de discuter avec un vieil ami. Par cons?quent, il lui fut facile de lui parler du meurtre de Julie Hicks – la fille de son amie, Deb Meade. Elle lui raconta sa visite ? la maison des Meade et combien les parents avaient l’air certain concernant l’ex petit ami. Puis elle expliqua en d?tails la sc?ne sur le porche de Neilbolt, comment elle avait commenc? d’abord par se d?fendre, puis comment elle avait peut-?tre pouss? le bouchon un peu trop loin. Elle entendit ? plusieurs reprise Logan glousser en silence. Pendant ce temps, Duran resta surtout impassible. Quand elle eut termin?, elle attendit sa r?action et elle fut surprise de voir qu’il se contenta de hausser les ?paules. « ?coutez… pour ma part, » dit-il, « je ne vois pas o? est le probl?me. Bien que vous ayez peut-?tre ?t? mettre votre nez dans une affaire qui ne vous concernait pas, ce type n’aurait pas d? lever la main sur vous – surtout apr?s que vous lui ayez dit que vous ?tiez un ancien agent du FBI. C’?tait idiot de sa part. Le seul truc que je pourrais vous reprocher, c’est de l’avoir menott?. » « Comme je vous le disais… j’admets avoir ?t? un peu trop loin. » « Toi ? » demanda Logan, en feignant la surprise. « Non ! » « Que savez-vous au sujet de cette affaire ? » demanda Duran. « Juste qu’elle a ?t? assassin?e chez elle, alors que son mari ?tait en voyage d’affaires. Que l’ex petit ami ?tait la seule piste solide et que la police l’a ?cart? de mani?re plut?t rapide. Mais j’ai appris plus tard que son alibi ?tait en b?ton. » « Rien d’autre ? » demanda Duran. « On ne m’a rien dit d’autre. » Duran hocha la t?te et un sourire amical se dessina sur ses l?vres. « Alors, ? part jeter des hommes en bas de leur porche, comment ?a se passe la retraite ? » « C’est mortel, » admit-elle. « C’?tait super les premi?res semaines mais j’ai tr?s vite commenc? ? m’ennuyer. Mon boulot me manque. J’ai lu une quantit? incroyable d’ouvrages de criminologie et je regarde bien trop d’?missions criminelles ? la t?l?. » « Vous seriez surprise de savoir le nombre de fois o? j’entends ?a venant d’agents pendant leurs premiers mois de mise ? la retraite. Certains appellent en suppliant pour avoir un boulot quelconque. N’importe quoi. M?me du b?te travail d’?coutes t?l?phoniques. » Kate ne dit rien mais hocha la t?te pour indiquer qu’elle comprenait tr?s bien ce sentiment. « Mais le fait est que vous n’avez pas appel?, » dit Duran. « Pour ?tre tout ? fait franc, je m’attendais ? ce que vous le fassiez. J’ai toujours pens? que vous ne pourriez pas d?crocher aussi facilement. Et ce petit incident me prouve bien que j’avais raison. » « Avec tout le respect que je vous dois, » dit Kate, « vous m’avez convoqu?e ici pour me r?primander pour ce que j’ai fait ou pour me rappeler combien j’ai du mal ? oublier mon ancien boulot ? » « Pour aucune de ces deux raisons, » dit Duran. « Hier, j’ai consult? votre dossier apr?s avoir re?u l’appel de Richmond. J’ai vu que vous alliez t?moigner ? une demande de lib?ration conditionnelle. C’est bien ?a ? » « Oui, effectivement. C’est pour l’affaire Mueller. Double homicide. » « Est-ce que c’est la premi?re fois qu’on vous contacte au sujet du boulot depuis que vous ?tes ? la retraite ? » « Non, » dit-elle, en ?tant s?re qu’il connaissait d?j? la r?ponse. « L’assistant d’un agent m’a appel?e deux mois apr?s mon d?part en retraite pour me poser des questions concernant une vieille affaire sur laquelle j’avais travaill? en 2005. Les types du d?partement des recherches m’ont ?galement appel?e quelques fois pour me poser des questions concernant ma m?thodologie dans de vieilles enqu?tes. » Duran hocha la t?te et s’appuya contre le dossier de sa chaise. « Vous devriez ?galement savoir que certaines de vos premi?res enqu?tes sont utilis?es en tant qu’?tudes de cas par les instructeurs de l’acad?mie pour donner leurs cours. Vous avez laiss? des traces ici au FBI, agent Wise. Et franchement, j’avais esp?r? que vous seriez l’un de ces agents qui se mettraient ? appeler pour savoir ce que vous pourriez faire pour aider m?me apr?s votre d?part en retraite. » « Est-ce que vous voulez dire par l? que vous aimeriez que je participe ? certaines enqu?tes ? » demanda Kate. Elle fit de son mieux pour que le ton de sa voix n’ait pas l’air trop optimiste. « Eh bien, pas de mani?re aussi claire et nette. Nous pensions ?ventuellement ? faire revenir un agent ou l’autre avec des ?tats de service brillants pour travailler sur de vieilles affaires. Mais rien non plus ? long terme, ni ? temps plein. Et quand nous en avons parl?, votre nom a ?t? le seul qui revenait ? chaque fois. Maintenant, avant que vous ne soyez trop excit?e ? l’id?e, il faut que vous sachiez que ce n’est pas pour tout de suite. Nous voulons toujours que vous vous reposiez. Que vous preniez du temps pour vous. Vraiment des vacances. » « Je peux faire ?a, » dit Kate. « Merci. » « Ne me remerciez pas encore, » dit Duran. « ?a pourrait ?tre seulement dans quelques mois. Et j’ai bien peur de devoir revenir sur cette offre si vous rentrez chez vous et que vous commencez ? tabasser des hommes beaucoup plus jeunes que vous devant leur porte. » « Je pense que je vais pouvoir me retenir, » dit Kate. ? nouveau, Logan ne put s’emp?cher de pouffer de rire ? ses c?t?s. Duran avait l’air tout aussi amus? quand il se mit debout. « Maintenant… si vous voulez vraiment donner un coup de main, j’ai bien peur qu’il faille y passer par l’un des aspects les moins agr?ables de ce boulot. » En croyant qu’il voulait parler de paperasseries, Kate soupira. « Des formulaires ? Des documents ? » « Oh non, rien de tel, » dit Duran. « J’ai organis? une r?union pour qu’on s’y mette. Je me suis dit que ce serait le meilleur moyen de maintenir tout le monde au courant. » « Ah, je d?teste les r?unions. » « Oh, je sais, » dit Duran. « Je m’en rappelle. Mais bon… quel meilleur moyen de vous souhaiter la bienvenue ? » Logan gloussa ? ses c?t?s au moment o? ils se lev?rent pour suivre Duran hors de son bureau. Pour Kate, tout avait l’air ?trangement familier. *** Finalement, la r?union s’av?ra plut?t agr?able. Il n’y avait que trois personnes qui les attendaient dans la petite salle de conf?rence au bout du couloir. Deux d’entre elles ?taient des agents, un homme et une femme. D’autant que Kate pouvait s’en rappeler, elle ne connaissait aucun des deux. La troisi?me personne ?tait un homme qui avait un air vaguement familier. Si elle se rappelait bien, son nom de famille ?tait Dunn. Au moment o? Duran referma la porte derri?re eux, l’un des agents se leva et tendit la main en direction de Kate. « Agent Wise, je suis vraiment enchant? de vous rencontrer, » dit-il. Elle tendit le bras d’un air g?n? et lui serra la main. Au moment o? elle le fit, l’agent eut l’air de se rendre compte qu’il s’?tait un peu donn? en spectacle. « D?sol?, » dit-il tout bas, avant de retourner rapidement s’asseoir. « Pas de soucis, agent Rose, » dit Duran, en s’asseyant au bout de la table. « Vous n’?tes pas le premier agent ? ?tre subjugu? par la pr?sence de la l?gendaire Kate Wise. » Il dit ces mots sur un ton un peu sarcastique et d?cocha un l?ger sourire ? Kate. L’homme qu’elle pensait ?tre Dunn se d?marquait par rapport aux deux autres – qui ?taient visiblement des agents plus jeunes. Il devait ?tre une sorte de superviseur ; ?a se voyait ? son expression sto?que et ? son costume tir? ? quatre ?pingles. « Agent Wise, » dit Duran, « voici les agents Rose et DeMarco. Ils sont partenaires depuis environ sept mois, mais seulement parce que moi-m?me et l’assistant directeur Dunn n’avons pas encore pu leur trouver la place qui leur convient. Ils ont tous les deux des atouts uniques. Et si vous finissez par diriger cette affaire ? Richmond, l’un d’entre eux travaillera probablement avec vous. » L’agent Rose avait encore l’air g?n? mais ne se laissa pas d?concentrer. Kate ne se rappelait pas ? quand remontait la derni?re fois o? quelqu’un avait ?tait aussi visiblement secou? par le fait de la rencontrer. ?a devait ?tre au cours de la derni?re ann?e de sa carri?re quand une personne lui avait ?t? assign?e de Quantico pour travailler une journ?e avec elle en laboratoire. C’?tait un v?ritable exercice d’humilit? mais ?galement un peu d?concertant. « Je voudrais ajouter, » dit l’assistant directeur Dunn, « que le directeur adjoint Duran et moi-m?me sommes ceux qui avons encourag? ce programme de r?int?gration d’agents r?cemment partis ? la retraite. Je ne sais pas s’il vous l’a d?j? dit, mais votre nom a ?t? le premier ? ?tre cit?. » « Oui, » acquies?a Duran. « Il va sans dire que nous appr?cierions vraiment que vous gardiez ?a secret pour l’instant. Et que vous excelliez dans votre boulot, bien entendu. » « Je ferai de mon mieux, » dit Kate. Elle commen?a ? sentir qu’ils cherchaient ? lui mettre un peu la pression. Mais ?a ne la d?rangeait pas. Au contraire… elle fonctionnait g?n?ralement beaucoup mieux sous pression. « OK, » dit Duran. « En attendant, est-ce que vous voulez nous faire part des d?tails de cette affaire, tels que vous les avez pour l’instant ? » Kate hocha la t?te et eut instantan?ment la sensation de retrouver son r?le. C’?tait comme si elle n’avait jamais ?t? absente un seul jour, et encore moins une ann?e. Alors qu’elle les informait sur ce qui se passait ? Richmond et comment elle avait fini par ?tre impliqu?e, les agents Rose et DeMarco ne la quitt?rent pas des yeux, essayant peut-?tre de voir de quelle mani?re ils pourraient travailler avec elle. Mais elle ne se laissa pas distraire par ?a. Alors qu’elle passait en revue les d?tails de l’affaire, elle eut l’impression de retourner dans le pass?. Et ce pass? ?tait bien sup?rieur ? ce qu’elle avait pu vivre au pr?sent. CHAPITRE SEPT Trois heures plus tard, Kate et Logan ?taient assis ? la terrasse d’un petit restaurant italien. Logan ?tait occup? ? d?vorer un sandwich ? la viande, tandis que Kate mangeait une salade de p?tes et savourait un verre de vin blanc. Elle ne buvait pas souvent et presque jamais avant dix-sept heures mais c’?tait une occasion sp?ciale. La seule id?e qu’elle pourrait de nouveau ?tre en service au FBI ?tait une raison suffisante pour c?l?brer. « Alors, sur quel genre d’enqu?tes tu travailles pour l’instant ? » demanda Kate. « Que des choses qui t’ennuieraient ? mourir, j’en suis s?r, » dit-il. Mais elle savait qu’il finirait par lui en parler car au fond, il adorait autant son boulot qu’elle. « J’essaie surtout de mettre la main sur quelques arnaqueurs qui ont trafiqu? des distributeurs d’argent. Et je travaille en collaboration avec quelques autres agents sur un petit r?seau de prostitution ? Georgetown, mais c’est un peu pr?s tout. » « Beurk, » dit Kate. « Je te l’avais dit… Barbant. » « Alors rien ? voir avec ces vieilles affaires non r?solues dont Duran a parl? ? D’ailleurs, qu’est-ce que tu sais ? ce sujet ? ?a fait combien de temps que ce petit projet se pr?pare ? » « Un petit temps, j’imagine. J’ai seulement ?t? mis au courant il y a deux semaines. Duran et d’autres sup?rieurs ont commenc? ? me poser des questions concernant certaines des affaires sur lesquelles nous avions travaill? et qui n’avaient jamais ?t? r?solues. Ils ne cherchaient pas ? avoir des informations concernant la m?thodologie ni quoi que ce soit du genre, mais ils m’ont plut?t demand? des d?tails sur d’anciens dossiers. » « Et ils ne t’en ont pas donn? la raison ? » « Non. Mais… attends, pourquoi tu prends un ton m?fiant ? Je pensais que tu allais ?tre enchant?e par cette opportunit?. » « Oui, bien s?r. Mais je me demande tout m?me s’il y a une affaire en particulier qui les int?resse plus qu’une autre. Quelque chose a d? d?clencher cet int?r?t soudain pour des affaires class?es. Je doute s?rieusement que ce soit uniquement pour que Duran trouve un moyen de me faire revenir. » « Je ne sais pas, » dit Logan. « Tu serais surprise de constater comme ton d?part a fait un vide au FBI. Certains des agents les plus r?cents parlent encore de toi comme si tu ?tais une sorte de personnage mythologique. » Elle ignora le compliment, toujours concentr?e sur son cheminement de pens?e. « Puis, pourquoi est-ce qu’il me convoquerait pour ensuite me renvoyer chez moi, en me disant qu’il voudrait que je prenne encore un peu des vacances avant de commencer ? Je me demande si la vraie raison derri?re tout ?a n’est tout simplement pas encore en cours de concr?tisation. » « Eh bien, tu sais, » dit Logan. « Vu la mani?re dont tu cogites sur tout ?a, peut-?tre qu’il a raison. D?tends-toi, Kate. Comme il te le disait… il y a des tonnes d’agents ? la retraite qui r?veraient d’avoir cette opportunit?. Alors oui, retourne chez toi. Repose-toi. Contente-toi de ne rien faire. » « Tu me connais assez bien pour savoir que je ne suis pas comme ?a, » dit-elle. Elle but une gorg?e de son vin, en pensant qu’il avait peut-?tre raison. Peut-?tre qu’elle devrait se contenter de savourer le bonheur d’avoir l’occasion de revenir travailler… d’une certaine mani?re. « La retraite n’y a rien chang?, alors ? » demanda Logan. « Non. Au contraire, ?a a eu l’effet inverse. Je ne supporte pas de rester ? ne rien faire. Je d?teste avoir l’esprit inoccup?. Les mots crois?s et le tricot, ce n’est pas mon truc. Peut-?tre qu’au fond de lui, Duran savait que j’?tais trop jeune pour ?tre mise au rancart. » Logan sourit et secoua la t?te. « Et pourtant, ?a pourrait ?tre un bien joli rancart ! » « Oui, mais d’un ennui mortel. » Logan soupira, en avalant la derni?re bouch?e de son sandwich. « OK, » dit-il. « Ce n’est pas tout ?a, mais il y en a qui bosse ici. » « Oh, le coup bas… » dit-elle, en buvant la derni?re gorg?e de son vin. « Alors qu’est-ce que tu vas faire ? » demanda-t-il. « Rentrer chez toi ? » Franchement, elle ne savait pas encore. Quelque part, elle avait envie de rester un peu ? Washington, juste pour le plaisir. Peut-?tre qu’elle ferait un peu de shopping ou qu’elle irait ? son endroit favori au National Mall pour s’asseoir et r?fl?chir. C’?tait certainement une splendide journ?e pour le faire. Mais en m?me temps, elle avait aussi envie de rentrer. Bien que la piste de Brian Neilbolt pouvait d?finitivement ?tre ?cart?e, le fait est que quelqu’un avait assassin? Julie Meade. Et apparemment, la police n’avait aucune piste. « Je ne sais pas encore, » dit-elle. « Il se pourrait que je reste un peu en ville mais je rentrerai s?rement chez moi avant la tomb?e de la nuit. » « Si tu changes d’avis, appelle-moi. ?a m’a vraiment fait plaisir de te voir, Kate. » Ils pay?rent l’addition et ils quitt?rent le restaurant apr?s s’?tre bri?vement embrass?s. Mais d?j? avant de partir, l’esprit de Kate avait ?t? envahi par une id?e en particulier, qui semblait avoir surgi de nulle part. Julie a ?t? assassin?e chez elle, alors que son mari ?tait en voyage d’affaires. S’il y a eu une entr?e par effraction, personne ne me l’a mentionn?. Ni la police quand ils m’ont fait la le?on, ni m?me Debbie ou Jim. S’il y a eu une entr?e par effraction, on me l’aurait s?rement dit. Je me demande du coup… et si l’assassin avait ?t? invit? ? entrer ? Ou peut-?tre qu’il savait o? se trouvait le double de la cl? ? Ces questions r?solurent le dilemme de savoir si elle allait rester ou pas ? Washington. D?s qu’elle aurait dig?r? son verre de vin, elle reprendrait la route pour Richmond. Elle avait promis au directeur adjoint Duran de ne plus frapper sur qui que ce soit. Mais elle n’avait rien dit concernant le fait d’enqu?ter. Bien entendu, il y avait d’abord l’enterrement. Elle irait pr?senter ses respects et elle ferait de son mieux pour ?tre pr?sente pour Deb demain. Et apr?s ?a, elle reprendrait son r?le – peut-?tre avec un peu plus d’enthousiasme qu’elle ne voulait l’admettre. CHAPITRE HUIT Le lendemain apr?s-midi, Kate se tenait ? l’arri?re du cort?ge fun?bre au moment o? la famille Meade et leurs plus proches amis se r?unirent au cimeti?re. Elle ?tait accompagn?e de ses deux amies – Clarissa et Jane – qui ?taient v?tues de noir et avaient l’air sinc?rement afflig?es. Debbie avait l’air d’aller beaucoup mieux que le jour o? elle avait demand? ? Kate d’enqu?ter sur le meurtre. Elle pleurait ouvertement et laissait de temps en temps ?chapper un g?missement de douleur, mais son esprit ?tait bien pr?sent. En revanche, Jim avait l’air compl?tement an?anti. Il ressemblait ? un homme qui allait rentrer chez lui et passer son temps ? r?fl?chir au fait que la vie ?tait parfois vraiment trop injuste. Kate ne put s’emp?cher de penser ? sa propre fille. Elle savait qu’il fallait qu’elle appelle Melissa une fois que l’enterrement serait termin?. Elle n’avait pas vraiment connu Julie Meade mais sur base des conversations qu’elle avait eues avec Debbie, Kate supposait qu’elle devait avoir environ le m?me ?ge que Melissa, ? quelques ann?es pr?s. Elle ?couta le pr?tre r?citer des passages de la Bible et bien que ses pens?es soient de tout c?ur avec Debbie, elle continuait tout de m?me ? se demander comment tout ?a avait bien pu arriver. Elle n’avait pas directement pos? la question de savoir s’il y avait eu une entr?e par effraction depuis son retour de Washington mais elle avait ?t? tr?s attentive ? ce qui se disait autour d’elle. Elle avait remarqu? que ni Jane, ni Clarissa n’avaient mentionn? une entr?e par effraction. Et c’?tait bizarre car Clarissa ?tait en g?n?ral au courant de tout, vu son penchant pour les comm?rages. Elle regarda en direction de Debbie et de son mari et remarqua un homme de grande taille qui se tenait debout ? c?t? de Jim. Il ?tait relativement jeune et fringant, dans le genre propre sur lui. Elle donna un l?ger coup de coude ? Jane qui se tenait ? ses c?t?s et demanda : « Le grand type ? c?t? de Jim. C’est le mari de Julie ? » « Oui. Il s’appelle Tyler. Ils n’?taient pas mari?s depuis tr?s longtemps. Moins d’un an, je pense. » Kate se rendit compte que finalement elle ne connaissait pas vraiment bien ces copines avec lesquelles elle allait boire son caf? une fois par semaine. Bien s?r, elles avaient parl? de leur boulot pass?, elles savaient quel genre de caf? elles pr?f?raient et elles connaissaient les souhaits et les r?ves de chacune d’entre elles en ce qui concernait la retraite. Mais elles n’?taient jamais all?es beaucoup plus loin. ?a avait ?t? une sorte de silence mutuel. Elles avaient rarement parl? de leurs familles et leurs conversations restaient g?n?ralement superficielles. Il n’y avait rien de mal ? ?a, bien s?r. Mais du coup, Kate en savait tr?s peu concernant la famille Meade. Tout ce qu’elle savait, c’?tait que Julie ?tait leur seul enfant… de la m?me mani?re que Melissa ?tait sa seule fille ? elle. Et bien qu’elle ne soit plus aussi proche de Melissa qu’elle l’avait ?t? dans le pass?, elle imaginait la douleur que sa perte pourrait provoquer. Une fois que le service fut termin? et que la foule commen?a ? se disperser avec des embrassades et des poign?es de main, Kate et ses amies suivirent le mouvement. Mais Kate d?cida de rester un peu en arri?re, l? o? quelques personnes s’?taient arr?t?es pour fumer une cigarette. Bien que Kate ne fume pas (elle trouvait que c’?tait une sale habitude), elle avait envie de rester ? l’abri des regards pendant un moment. Elle observa la foule et vit la haute silhouette de Tyler Hicks. Il parlait ? un couple ?g?, qui sanglotait ouvertement. En revanche, Tyler avait l’air de faire de son mieux pour rester calme. Une fois que le couple ?g? fut parti, Kate s’avan?a dans sa direction. Tyler ?tait sur le point de tourner son attention vers une femme d’?ge moyen et ses deux enfants, mais Kate mit un point d’honneur ? arriver la premi?re. « Excusez-moi, » dit-elle, en se penchant vers lui. « Vous ?tes Tyler, c’est bien ?a ? » « Oui, c’est moi, » dit-il. Quand il tourna son visage vers elle, elle put y voir toute la douleur qui s’y peignait. Il ?tait vid?, ?puis? et il semblait ne plus avoir de forces. « Est-ce que je vous connais ? » « Non, ? vrai dire, » dit-elle. « Mais je suis une amie de la m?re de Julie. Je m’appelle Kate Wise. » Elle vit dans ses yeux que son nom lui disait quelque chose. L’expression de son visage s’anima durant une fraction de seconde. « Oui, j’ai entendu Debbie mentionner votre nom. Vous ?tes un agent du FBI, c’est bien ?a ? » « Eh bien, ? la retraite depuis r?cemment. Mais oui, dans les grandes lignes, c’est ?a. » « D?sol? qu’elle vous ait demand? d’enqu?ter sur ce qui est arriv? ? Julie. J’imagine tr?s bien que ?a a d? ?tre une situation plut?t inconfortable. » « Pas besoin de vous excuser, » dit Kate. « Je n’imagine m?me pas ce qu’elle a d? traverser. Mais ?coutez… je vais faire vite, car je ne veux pas prendre trop de votre temps. Debbie voulait que j’enqu?te sur l’ex petit ami. Je n’ai pas encore eu l’occasion de le lui dire, mais il est hors de cause. » « Madame Wise, vous n’avez pas besoin de faire ?a. » « Je sais, » dit-elle. « Mais je me demandais si vous pourriez peut-?tre r?pondre ? quelques-unes de mes questions. » Il eut d’abord l’air offusqu? mais il finit par se r?signer. Une expression faite de curiosit? et de tristesse traversa son visage au moment o? il demanda : « Vous pensez qu’il y a des questions qui valent la peine d’?tre pos?es ? » « Peut-?tre. » « Alors oui, j’y r?pondrai. Mais faites vite, s’il vous pla?t. » « Bien s?r. Je me demandais si vous aviez vu quoi que ce soit autour de la maison qui vous aurait sembl? bizarre ou pas ? sa place quand vous ?tes rentr?. Peut-?tre quelque chose qui ne vous a pas sembl? si important que ?a, vu ce qui venait d’arriver ? Julie. Peut-?tre quelque chose que vous avez laiss? pour plus tard, pour quand les choses se seraient calm?es. » Il secoua lentement la t?te et regarda en direction de l’endroit o? sa femme serait enterr?e dans moins d’une heure. « Rien auquel je puisse penser. » « M?me pas un signe d’effraction ? » Il reporta son attention sur elle. Il avait maintenant l’air un peu effray?. « Vous savez, j’ai commenc? ?galement ? me poser la question, » dit-il. « Toutes les portes ?taient verrouill?es quand je suis rentr? le lendemain. J’ai sonn? ? la porte parce que mes cl?s se trouvaient dans un de mes sacs et que je n’avais pas envie de fouiller. Mais Julie n’est jamais venue m’ouvrir. Je n’y ai plus pens? jusqu’? hier, quand j’essayais de m’endormir. Quelqu’un est entr? facilement, sans effraction. Puis ils ont verrouill? la porte derri?re eux. Donc ils savaient comment entrer. Mais ?a n’a pas de sens. » « Et pourquoi pas ? » « Parce qu’il y a un code pour le syst?me de s?curit? que seulement Julie, moi-m?me et notre femme de m?nage connaissons. Nous le changeons tous les deux mois. » « Des soup?ons concernant votre femme de m?nage ou sa famille ? » « Eh bien, elle a presque soixante ans et nous ne connaissons pas sa famille. La police a enqu?t? ? ce sujet mais n’a rien trouv?. » « Et vous, que pensez-vous ? » demanda Kate. « Est-ce qu’il y a qui que ce soit que vous connaissiez qui pourrait ?tre capable de faire une telle chose ? » Il secoua la t?te sans prendre la peine d’y r?fl?chir trop longtemps. « Depuis que je suis rentr? et que j’ai trouv? son cadavre, j’ai pass? chaque seconde ? me demander qui pourrait bien avoir eu une raison de la tuer – ou m?me seulement d’?tre f?ch?e sur elle. Et je n’arrive pas ? penser ? qui que ce soit. » Il s’interrompit, puis la regarda d’un air sceptique. « Vous m’avez dit que vous ?tiez ? la retraite. Alors pourquoi ?tes-vous si int?ress?e par cette affaire ? » Elle lui donna la seule r?ponse qui soit acceptable. « Je tiens juste ? faire tout ce que je peux pour rassurer Debbie. » Mais elle savait qu’il y avait une autre raison. Et celle-l? ?tait plus ?go?ste. Parce que m’impliquer ne serait-ce qu’un tout petit peu dans cette affaire est la chose la plus constructive que j’ai faite depuis que j’ai pris ma retraite il y a un an. « Eh bien, je vous remercie pour votre aide, » dit Tyler. « Et si vous avez besoin de quoi que ce soit de ma part, n’h?sitez pas ? demander. » « Merci, je n’h?siterai pas, » dit-elle, en lui donnant une tape compatissante dans le dos et en le laissant seul avec son chagrin. Mais en v?rit?, elle ?tait certaine qu’elle ne lui reparlerait probablement plus. Elle avait travaill? assez longtemps en tant qu’agent pour reconna?tre un innocent et un homme sinc?rement meurtri de chagrin quand elle en voyait un. Elle aurait mis sa main ? couper que Tyler Hicks n’avait pas assassin? sa femme. Elle n’?tait d?j? pas tr?s fi?re de l’avoir harponn? comme ?a apr?s l’enterrement. Alors ? partir de maintenant, elle garderait ses distances avec Tyler. S’il pouvait offrir son aide pour quoi que ce soit, elle laisserait faire la police. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51922130&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.