Êàêîå, â ñóùíîñòè, íåëåïîå çàíÿòèå ïèñàòü ñòèõè: ......................è "ãëàç ëóíû", è "ñîëíöà äèñê" êàê ìèð ñòàðû. ............................Äóøè øèðîêèå îáúÿòèÿ òîëïå íàâñòðå÷ó ðàñïàõíóòü... - ................................................ïîäîáíûé ðèñê ê ÷åìó òåáå? - ........................Ãëóõîé ñòåíîé - íåïîíèìàíèå; ðàçäàâëåí òÿæåñòüþ

Voie sans issue

Voie sans issue Blake Pierce « Un chef-d’?uvre de thriller et de myst?re. Blake Pierce est parvenu ? cr?er des caract?res avec un c?t? psychologique tellement bien d?crit, que nous avons l’impression de pouvoir p?n?trer dans leur esprit, suivre le cheminement de leurs pens?es et nous r?jouir de leurs r?ussites. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’? la derni?re page. »--Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Une fois partie) VOIE SANS ISSUE (Un myst?re Chlo? Fine) est le volume 3 d’une nouvelle s?rie suspense psychologique par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de Une fois partie (volume 1) (t?l?chargement gratuit), un bestseller n?1 ayant re?u plus de 1 000 critiques ? cinq ?toiles.L’agent sp?cial du FBI VICAP, Chlo? Fine, 27 ans, se retrouve plong?e dans un univers de banlieue peupl? de rumeurs et de mensonges afin d’?lucider le meurtre d’une femme et m?re apparemment parfaite sous tous les points de vue, le soir de sa 20?me r?union d’anciens ?l?ves du lyc?e. D’anciens amis du lyc?e, aujourd’hui ?g?s de pr?s de quarante ans, sont revenus vivre dans leur ville de banlieue pour y ?lever leurs enfants, et ont recr?? les m?mes cercles d’amis qui les diff?renciaient 20 ans plus t?t. Alors que leur 20?me r?union d’anciens ?l?ves du lyc?e ravivait d’anciens souvenirs, rancunes, trahisons et secrets, les m?mes souffrances refont surface une g?n?ration plus tard. Le soir m?me de la r?union, leur ancienne reine du bal est retrouv?e morte chez elle.Dans cette ville aux apparences parfaites et impeccables, le pass? hante le pr?sent – et tous sont potentiellement suspects.Est-ce que Chlo? Fine sera capable d’?lucider ce meurtre – tout en luttant contre ses propres d?mons surgis de son pass? et la possible lib?ration de son propre p?re ?Un suspense psychologique ?motionnel avec des personnages complexes, une atmosph?re de petite ville et un suspense qui vous tiendra en haleine, VOIE SANS ISSUE est le volume 3 d’une fascinante nouvelle s?rie qui vous fera tourner les pages jusqu’? des heures tardives de la nuit.Le volume 4 dans la s?rie CHLO? FINE sera bient?t disponible. voie sans issue (un suspense psychologique Chlo? Fine – volume 3) b l a k e p i e r c e Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie ? succ?s myst?re RILEY PAIGE, qui comprend quatorze volumes (pour l’instant). Black Pierce est ?galement l’auteur de la s?rie myst?re MACKENZIE WHITE, comprenant onze volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re AVERY BLACK, comprenant six volumes ; de la s?rie myst?re KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la s?rie myst?re MAKING OF RILEY PAIGE, comprenant quatre volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re KATE WISE, comprenant cinq volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant quatre volumes (pour l’instant) ; et de la s?rie thriller suspense psychologique JESSE HUNT, comprenant quatre volumes (pour l’instant). Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) afin d’en apprendre davantage et rester en contact. Copyright © 2018 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d'autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou qu'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright robsonphoto, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER PARFAIT (Volume 2) LA MAISON PARFAITE (Volume 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#u2e6fad28-5f25-5729-9737-c051fa065b00) CHAPITRE UN (#u118adf98-e22f-5aa0-b67c-3686c6c15c6b) CHAPITRE DEUX (#ub6fdf8f0-bfd1-5383-b13e-f185ac9b1b30) CHAPITRE TROIS (#u32be76a8-5eb7-53ac-b655-b763063f6366) CHAPITRE QUATRE (#ub99ef658-ddba-56b8-adcd-2abe33cd2662) CHAPITRE CINQ (#uf0d09832-ae9e-5e11-a521-dced65df994c) CHAPITRE SIX (#u23e9227e-f630-5deb-a842-3c6b635b5cf8) CHAPITRE SEPT (#u30ded0b0-51a2-5fa1-a1e5-e0635d210358) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) PROLOGUE Jerry Hilyard gara sa Mercedes dans l’all?e devant chez lui un peu apr?s treize heures un lundi apr?s-midi et un large sourire se dessina sur ses l?vres. Il n’y avait rien de tel que d’?tre son propre patron et d’?tre assez riche pour finir sa journ?e quand il le souhaitait. Jerry ?tait impatient de voir l’air surpris de sa femme quand il lui ferait la surprise de l’inviter ? d?jeuner. Il aurait pr?f?r? un brunch, mais il savait que Lauren devait probablement avoir encore la gueule de bois apr?s la soir?e d’hier. Elle ?tait rentr?e tr?s tard d’une r?union d’anciens ?l?ves organis?e pour c?l?brer les vingt ans de leur remise de dipl?me. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle y ?tait all?e mais il se disait qu’? cette heure-ci, elle devait probablement ?tre un peu plus en forme – et peut-?tre m?me qu’elle l’accompagnerait pour un Bloody Mary ou deux. Il sourit en pensant ? la bonne nouvelle qu’il allait lui annoncer : il projetait de l’emmener deux semaines en Gr?ce le mois prochain. Juste eux deux, sans les enfants. Jerry s’approcha de la porte d’entr?e, attach?-case en main, excit? ? l’id?e de cet apr?s-midi qui s’annon?ait plut?t bien. La porte ?tait ferm?e ? cl?, ce qui ?tait assez habituel. Elle n’?tait pas du genre ? se fier au voisinage, m?me dans un quartier aussi nanti que le leur. Quand il ouvrit la porte d’entr?e et se dirigea vers la cuisine pour se servir un verre de vin, il remarqua que la t?l? de la chambre ? coucher ne semblait pas ?tre allum?e. La maison ?tait aussi silencieuse que lorsqu’il l’avait quitt?e. Peut-?tre que la gueule de bois n’?tait pas tout ? fait pass?e, finalement. Il se demanda comment s’?tait pass? la r?union d’anciens ?l?ves. Elle ne lui en avait pas vraiment parl? ce matin. Il avait eu son dipl?me la m?me ann?e qu’elle mais il d?testait ce genre de r?unions sentimentales. Ce genre d’?v?nements n’?tait qu’une excuse pour des anciens camarades de classe de se retrouver dix ou vingt ans plus tard, pour savoir qui avait le mieux r?ussi. Mais une fois que les amies de Lauren avaient fini par la convaincre d’y aller, elle avait ?t? presque excit?e ? l’id?e de revoir certains de ses anciens camarades. En tout cas, ?a avait ?t? l’impression qu’elle avait donn?e. La quantit? d’alcool qu’elle avait ingurgit? hier soir semblait indiquer que ?a avait ?t? une nuit plut?t agit?e. Ces pens?es d?filaient dans l’esprit de Jerry, pendant qu’il montait ? l’?tage et traversait le couloir en direction de leur chambre ? coucher. Mais quand il arriva pr?s de la porte, il s’arr?ta. Le silence ?tait vraiment pesant. Bien s?r, c’?tait normal si Lauren s’?tait rendormie et n’avait pas allum? Netflix pour regarder des ?pisodes ? la suite l’un de l’autre de la s?rie t?l? du moment. Mais c’?tait une autre sorte de silence… une absence totale de geste ou de mouvement qui semblait vraiment bizarre. C’?tait comme un silence qu’il pouvait entendre – un silence qu’il pouvait litt?ralement ressentir. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, pensa-t-il. C’?tait une pens?e effrayante et il se pr?cipita vers la porte de la chambre. Il fallait qu’il sache, il fallait qu’il v?rifie… Qu’il v?rifie quoi ? La premi?re chose qu’il vit, ce fut le rouge. Sur les draps, sur les murs, un rouge fonc? si ?pais qu’il ?tait presque noir ? certains endroits. Un cri d’horreur lui monta dans la gorge et sortit de sa bouche. Il ne savait pas si se pr?cipiter aupr?s d’elle ou redescendre pour appeler les secours. Pour finir, il ne fit rien de tout ?a. Ses jambes l’abandonn?rent et le poids de ses hurlements le fit tomber au sol, o? il se mit ? frapper des poings, en essayant de comprendre l’horrible sc?ne qu’il avait devant les yeux. CHAPITRE UN Chlo? se concentra, cibla et appuya sur la d?tente. La balle partit, le coup de feu ?tait l?ger et presque apaisant ? ses oreilles. Elle prit une profonde inspiration et appuya de nouveau sur la d?tente. C’?tait facile, c’?tait quelque chose qui lui venait naturellement. Elle ne pouvait pas voir la cible ? l’autre bout de la salle mais elle savait qu’elle avait fait deux beaux tirs. Derni?rement, elle parvenait ? ressentir ce genre de choses. C’?tait d’ailleurs comme ?a qu’elle avait commenc? ? se rendre compte qu’elle ?voluait en tant qu’agent. Elle ?tait plus ? l’aise dans le maniement des armes et la d?tente lui ?tait devenue aussi famili?re que ses propres mains. Avant, elle ne venait en salle de tir que dans le cadre de sa formation, pour s’am?liorer. Mais maintenant, elle aimait vraiment ?a. Elle y ressentait une forme de libert?, une sorte de lib?ration de tirer, m?me si ce n’?tait que sur une cible en papier. Et dieu sait combien elle avait besoin de ressentir ?a ces derniers temps. Les deux derni?res semaines avaient ?t? plut?t ennuyeuses point de vue travail et Chlo? s’?tait content?e de participer ? du boulot de recherches de donn?es. Elle avait failli rejoindre une ?quipe pour travailler sur une petite affaire de piratage informatique et elle s’en ?tait presque r?jouie. Ce qui lui permit de se rendre compte combien elle avait manqu? d’action ces derniers temps. C’est comme ?a qu’elle avait fini au stand de tir. Ce n’?tait pas forc?ment la mani?re de passer le temps qu’elle pr?f?rait mais elle savait qu’elle avait besoin de s’entra?ner. Bien qu’elle ait toujours ?t? dans les meilleurs de sa classe au cours de sa formation ? l’acad?mie, en passant de l’?quipe scientifique au Programme de crimes avec violence, elle savait qu’elle devait continuer ? se perfectionner et ? rester ? la hauteur. En tirant ? plusieurs reprises sur la cible qui se trouvait ? cinquante m?tres, elle comprit comment les gens pouvaient ?tre attir?s par ce sport. Tu ?tais compl?tement seul avec ton arme et une cible en ligne de mire. Il y avait quelque chose de tr?s zen dans tout ?a, dans cette concentration et cette pr?m?ditation qui l’accompagnait. Puis, il y avait le bruit du coup de feu dans l’espace ouvert. Ce dont Chlo? s’?tait rendu compte en passant du temps au stand de tir, c’?tait combien la relation entre le corps humain et l’arme pouvait ?tre fluide. Quand elle se concentrait, son Glock semblait ?tre une simple prolongation de son bras, quelque chose qu’elle pouvait ?galement contr?ler par la pens?e, comme elle contr?lait le mouvement de ses doigts ou de ses bras. C’?tait ?galement une mise en garde : elle comprenait combien il ?tait important d’utiliser uniquement son arme quand c’?tait absolument n?cessaire. Parce qu’? force de s’entra?ner, ?a pouvait devenir presque trop naturel d’appuyer sur la d?tente. Quand elle eut termin? sa session, elle r?cup?ra ses cibles et fit le bilan. Elle avait un nombre impressionnant d’impacts en plein c?ur de la cible mais quelques balles avaient ?galement fini ? l’ext?rieur, sur les c?t?s. Elle prit quelques photos avec son t?l?phone en y ajoutant quelques notes, afin de pouvoir am?liorer ses r?sultats la prochaine fois. Elle jeta ensuite les cibles et sortit du stand de tir. Ce faisant, elle ressentit autre chose qui devait probablement ?tre une autre raison pour laquelle certains passaient autant de temps dans ce genre d’endroit. Les coups qu’elle avait tir?s continuaient ? vibrer dans ses mains et ses poignets. C’?tait une sensation ?trange mais en m?me temps agr?able, d’une certaine fa?on. Au moment o? elle traversa l’entr?e, elle vit un visage familier passer la porte. C’?tait Kyle Moulton, l’homme qu’on lui avait assign? comme co-?quipier mais aussi un homme qu’elle n’avait pas beaucoup vu ces derni?res semaines, vu le nombre peu important d’affaires en cours. Pendant un bref instant, elle ressentit une certaine appr?hension de lyc?enne, au moment o? Moulton lui d?cocha un large sourire. « Agent Fine, » dit-il, sur un ton presque sarcastique. Ils se connaissaient assez bien pour laisser tomber les formules de politesse et s’appeler par leurs pr?noms. En fait, Chlo? ?tait certaine qu’il y avait une certaine attirance entre eux. Elle l’avait ressentie presque tout de suite, d?s le moment o? elle l’avait vu pour la premi?re fois jusqu’au moment o? ils avaient ?lucid? leur premi?re affaire ensemble, il y a trois mois. « Agent Moulton, » r?pondit-elle, sur le m?me ton. « Tu es ici pour rel?cher la pression ou simplement pour passer le temps ? » demanda-t-il. « Un peu des deux, » dit-elle. « Je me sens un peu inutile ces derniers temps. » « Oui, je vois. Le travail de bureau, ce n’est pas non plus ma tasse de th?. Mais… je ne savais pas que tu venais souvent au stand de tir. » « J’essaye juste de ne pas perdre la main. » « Je vois, » dit-il, en souriant. Le silence qui s’installa entre eux ?tait le silence typique auquel Chlo? commen?ait ? ?tre habitu?e. Sans vouloir para?tre pr?tentieuse, elle ?tait certaine qu’il ressentait la m?me chose qu’elle. C’?tait ?vident dans la mani?re dont ils avaient de se regarder et le fait que Moulton ne parvenait pas ? la regarder dans les yeux pendant plus de trois secondes – comme ? ce moment pr?cis, o? ils se tenaient ? l’entr?e du stand de tir. « ?coute, » dit Moulton. « ?a va peut-?tre te para?tre un peu stupide et m?me t?m?raire, mais je me demandais si tu accepterais de d?ner avec moi ce soir. Mais pas en tant que co-?quipiers. » Chlo? ne put s’emp?cher de sourire. Elle eut envie de r?pondre d’une mani?re un peu sarcastique, du style « Et bien, il ?tait temps, » ou quelque chose dans le genre. Mais au lieu de ?a, elle opta pour une r?ponse beaucoup plus sinc?re : « Oui, je pense que ?a me ferait plaisir. » « Pour ?tre tout ? fait franc, ?a fait un petit temps que j’avais envie de te le demander mais… on ?tait tout le temps tr?s occup?. Et ces derni?res semaines, ?a a plut?t ?t? l’inverse. » « Je suis contente que tu aies fini par me le demander. » Le silence s’installa ? nouveau entre eux et cette fois-ci, il parvint ? la regarder dans les yeux sans d?tourner le regard. Pendant un instant, elle crut qu’il allait l’embrasser. Mais il se contenta de faire un signe de la t?te en direction du stand de tir. « Il vaudrait mieux que j’y aille, » dit-il. « Appelle-moi plus tard pour me dire o? tu as envie d’aller manger. » « OK. » Elle resta un moment immobile et le regarda entrer dans le stand de tir. En tant que d?but d’une possible relation, ?a avait plut?t ?t? bizarre. Elle avait l’impression d’?tre une adolescente nerveuse ? une soir?e dansante, qui venait d’apprendre qu’un gar?on mignon avait des vues sur elle. Elle se sentit incroyablement na?ve et juv?nile, alors elle d?cida de s’en aller le plus vite possible. Il ?tait presque dix-sept heures et vu qu’elle n’avait rien de pr?vu, elle d?cida de rentrer chez elle. ?a ne valait pas la peine de retourner ? son petit box ? attendre que les quinze derni?res minutes de la journ?e se terminent. En pensant ? l’heure, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas beaucoup de temps devant elle pour se pr?parer au d?ner avec Moulton. Elle ne savait pas ? quelle heure il pr?f?rait d?ner mais elle se dit que ce serait s?rement aux alentours de dix-neuf heures – ce qui lui laissait un peu plus de deux heures pour savoir o? aller manger et quoi mettre. Elle se d?p?cha d’aller au parking et entra dans sa voiture. L?, elle se sentit ? nouveau comme une ?coli?re. Et s’ils finissaient dans sa voiture ? un moment ou un autre ? Elle ?tait plut?t sale, vu qu’elle n’avait pas pris la peine de la nettoyer depuis qu’elle s’?tait s?par?e de Steven. En pensant ? Steven, elle r?alisa que c’?tait pour ?a qu’elle se sentait aussi stress?e ? l’id?e d’avoir un rencard. Elle n’avait eu qu’une relation s?rieuse avant Steven. Et elle ?tait sortie quatre ans avec Steven avant qu’ils ne se fiancent. Elle n’?tait pas du tout habitu?e aux rencards et l’id?e m?me lui semblait vieillotte et m?me un peu effrayante, pour ?tre tout ? fait honn?te. Elle fit de son mieux pour se calmer pendant les quinze minutes de trajet vers son appartement. Elle n’avait aucune id?e du pass? sentimental de Kyle Moulton. Il se pouvait qu’il soit tout aussi hors du coup et rouill? qu’elle. Mais vu son physique, elle doutait que ce soit le cas. Et pour ?tre franche, en se basant uniquement sur son aspect, elle se demandait vraiment pourquoi il pouvait s’int?resser ? elle. Peut-?tre qu’il aime les filles avec un pass? un peu difficile et une tendance ? se jeter ? fond dans le boulot, pensa-t-elle. Les gar?ons trouvent ?a sexy de nos jours, non ? Au moment o? elle arriva dans sa rue, elle s’?tait un peu calm?e. L’anxi?t? s’?tait lentement transform?e en une sorte d’impatience. ?a faisait sept mois qu’elle ?tait s?par?e de Steven. ?a faisait sept mois qu’elle n’avait plus embrass? un homme, qu’elle n’avait plus fait l’amour, qu’elle… Ne va pas trop vite, se dit-elle, en se garant dans une place de parking au bout de sa rue. Elle sortit de voiture, en r?fl?chissant aux v?tements qu’elle avait dans son armoire et qui ?taient assez jolis mais pas trop non plus. Elle avait d?j? une id?e de ce qu’elle allait mettre, ainsi que quelques id?es d’endroits o? aller d?ner, vu qu’elle avait derni?rement tr?s envie de manger japonais. Des sushis, ce serait vraiment parfait, et… En se dirigeant vers l’entr?e de son immeuble, elle vit un homme assis sur les marches. Il avait l’air de s’ennuyer. Il avait la t?te appuy?e sur l’une de ses mains, et il consultait son t?l?phone de l’autre. Chlo? ralentit un peu, avant de s’immobiliser compl?tement. Elle connaissait cet homme. Mais il ?tait impossible qu’il soit l?, assis sur les marches menant ? son immeuble. C’?tait impossible… Elle fit lentement un pas en avant. L’homme finit par remarquer sa pr?sence et leva les yeux vers elle. Leurs regards se crois?rent et Chlo? frissonna. L’homme qui se trouvait sur les marches ?tait Aiden Fine – son p?re. CHAPITRE DEUX « Salut, Chlo?. » Il essayait d’avoir l’air naturel. Il essayait de faire comme si c’?tait tout ? fait normal qu’elle le retrouve devant sa porte d’entr?e. Peu importe qu’il ait pass? les vingt-trois derni?res ann?es en prison pour avoir jou? un r?le dans le meurtre de sa m?re. Bien qu’elle ait elle-m?me r?cemment d?couvert qu’il ?tait plus que probable qu’il soit innocent de ces accusations, ? ses yeux, il serait toujours coupable. Mais en m?me temps, elle avait ?galement envie d’aller vers lui. Peut-?tre m?me de l’embrasser. Il ?tait ind?niable que le fait de le voir l?, dehors et libre, faisait remonter toute une s?rie d’?motions en elle. Mais elle n’osa pas s’approcher d’un pas. Elle ne se fiait pas ? lui et, pire encore, elle ne se faisait pas totalement confiance ? elle-m?me. « Qu’est-ce que tu fais l? ? » demanda-t-elle. « Je voulais juste te rendre visite, » dit-il, en se levant. Une centaine de questions lui vinrent en t?te, mais la principale ?tait de savoir comment il avait d?couvert o? elle vivait. Mais elle savait qu’avec une connexion internet et un peu de d?termination, n’importe qui pourrait trouver ce genre d’informations. Elle essaya de rester polie tout en gardant ses distances. « ?a fait combien de temps que tu es sorti ? » demanda-t-elle. « Une semaine et demie. Il m’a fallu beaucoup de courage pour venir te voir. » Elle se rappela l’appel t?l?phonique qu’elle avait pass? au directeur Johnson quand elle avait d?couvert une derni?re preuve deux mois plus t?t – une preuve qui avait apparemment ?t? plus que suffisante pour lib?rer son p?re. Et maintenant, il ?tait l?. Gr?ce ? elle. Elle se demanda s’il savait ce qu’elle avait fait pour lui. « Et c’est exactement la raison pour laquelle j’ai attendu avant de venir te voir, » dit-il. « Ce… ce silence entre nous. C’est g?nant et injuste et… » « Injuste ? Papa, tu ?tais en prison pendant presque toute ma vie… pour un crime dont je sais maintenant que tu n’?tais pas coupable, mais pour lequel tu n’as eu aucun probl?me ? endosser la responsabilit?. Bien s?r, que ?a va ?tre g?nant. Et vu la raison de ton incarc?ration et les derni?res conversations qu’on a eues, j’esp?re que tu comprendras que je ne me jette pas dans tes bras. » « Je comprends tout ? fait. Mais… on a g?ch? tellement de temps. Peut-?tre que tu ne le comprends pas encore, vu que tu es si jeune. Mais ces ann?es pass?es en prison, en sachant ce que j’avais perdu… du temps avec toi et Danielle… ma propre vie… » « Tu as sacrifi? tout ?a pour Ruthanne Carwile, » lui cracha Chlo?. « C’?tait ton choix. » « C’est vrai. Et je l’ai regrett? pendant pr?s de vingt-cinq ans. » « Qu’est-ce que tu veux ? » demanda-t-elle. Elle s’avan?a dans sa direction, passa ? c?t? de lui et se dirigea vers sa porte. Il lui fallut plus de courage qu’elle n’aurait pens? pour passer ? c?t? de lui et se retrouver aussi pr?s. « J’esp?rais qu’on pourrait d?ner ensemble. » « Juste comme ?a ? » « Il faut bien commencer quelque part, Chlo?. » « Non, en fait, ce n’est pas du tout n?cessaire. » Elle ouvrit la porte et se retourna vers lui. Elle le regarda dans les yeux pour la premi?re fois. Elle avait l’estomac nou? et elle faisait tout son possible pour ne pas pleurer devant lui. « Je veux que tu partes. Et s’il te pla?t, ne reviens jamais. » Il eut l’air sinc?rement bless? par ses mots mais il ne la quitta pas des yeux. « Tu penses vraiment ce que tu dis ? » Elle eut envie de lui dire oui, mais ce fut toute autre chose qui sortit de sa bouche : « Je ne sais pas. » « N’h?site pas ? me contacter si tu changes d’avis. J’ai une place dans… » « Je ne veux pas le savoir, » l’interrompit-elle. « Si j’ai envie de te parler, je saurai comment te retrouver. » Il lui adressa un l?ger sourire, mais il y avait toujours de la tristesse dans son regard. « Ah oui, c’est vrai. Tu travailles au FBI maintenant. » Et c’est ce qui est arriv? entre toi et maman qui m’a pouss? sur ce chemin, pensa-t-elle. « Au revoir, papa, » dit-elle, et elle entra dans l’immeuble. Quand la porte se referma derri?re elle, elle ?vita de jeter un regard en arri?re. Elle se dirigea vers l’ascenseur aussi vite que possible, en essayant de ne pas avoir l’air press?. Quand les portes de l’ascenseur se referm?rent, Chlo? porta ses mains ? son visage et se mit ? pleurer. *** Elle regardait ce qu’elle avait dans son armoire, tout en envisageant d’appeler Moulton et de lui dire qu’elle ne pourrait finalement pas aller d?ner. Elle ne lui en donnerait pas la v?ritable raison – que son p?re ?tait sorti de prison apr?s y avoir pass? vingt-quatre ans et qu’elle l’avait retrouv? devant sa porte. Il comprendrait s?rement le choc que ?a avait d? lui faire. Mais elle d?cida qu’elle n’allait pas laisser son p?re lui g?cher sa vie. Son ombre avait plan? depuis d?j? bien trop longtemps sur son existence. Et m?me quelque chose d’aussi anodin que d’annuler un rencard serait lui donner trop de pouvoir sur elle. Elle appela Moulton mais elle tomba sur sa messagerie vocale. Elle lui laissa un message pour lui proposer un endroit pour aller d?ner. Apr?s ?a, elle prit une douche rapide et commen?a ? s’habiller. Au moment o? elle enfilait son pantalon, son t?l?phone se mit ? sonner. Elle vit le nom de Moulton s’afficher ? l’?cran et elle pensa tout de suite au pire. Il a chang? d’avis. Il appelle pour annuler. Elle en fut persuad?e jusqu’au moment o? elle d?crocha. « All? ? » « Alors oui, un japonais, ?a me para?t tr?s bien, » dit Moulton. « Maintenant, tu t’en es d?j? peut-?tre rendu compte vu le peu de suivi et le manque de d?tails, mais je ne fais pas ?a tr?s souvent. Alors je ne sais pas si je viens te chercher ou si on se retrouve l?-bas… ? » « Viens me chercher, si ?a ne te d?range pas, » dit-elle, en repensant ? l’?tat d?plorable de sa voiture. « Il y a un endroit pas trop mal tout pr?s d’ici. » « OK, » dit-il. « On se voit tout ? l’heure. » …je ne fais pas ?a tr?s souvent. Bien que ce soit ses propres mots, Chlo? avait tout de m?me du mal ? le croire. Elle termina de s’habiller, se coiffa et attendit qu’on vienne sonner ? sa porte. Ce sera peut-?tre encore ton p?re, se dit-elle. Mais pour dire vrai, ce n’?tait pas sa propre voix qu’elle entendait mais celle de Danielle, condescendante et s?re d’elle. Je me demande si elle sait qu’il est sorti de prison, pensa Chlo?. Mon dieu, elle va ?tre furieuse de l’apprendre. Mais elle n’eut pas le temps d’y r?fl?chir davantage. Elle entendit frapper ? sa porte. Durant un instant, elle eut la certitude qu’il s’agissait de son p?re. Elle resta immobile un moment, sans aucune envie d’aller ouvrir. Puis elle se rappela combien Moulton avait eu l’air aussi mal ? l’aise qu’elle quand ils s’?taient vus au champ de tir et elle r?alisa combien elle avait envie de le voir – surtout apr?s la mani?re dont ces derni?res heures s’?taient d?roul?es. Elle ouvrit la porte avec un grand sourire. Moulton lui sourit en retour. C’?tait peut-?tre parce qu’ils se voyaient rarement en-dehors du boulot, mais Chlo? trouva son sourire sexy ? mort. Il s’?tait habill? de mani?re assez sobre – une chemise ? boutons et un jean – mais il ?tait incroyablement bel homme. « Pr?te ? » dit-il. « Absolument, » dit-elle. Elle referma la porte derri?re elle et ils s’avanc?rent dans le couloir. Le silence s’installa ? nouveau entre eux. Elle aurait aim? qu’ils en soient un peu plus loin dans leur relation. Elle ressentait le besoin de quelque chose d’aussi simple et innocent que lui prendre la main, par exemple… Et ce simple besoin de contact humain lui montrait combien la venue de son p?re l’avait perturb?e. Et ?a ne va que s’empirer, maintenant qu’il est sorti de prison, pensa-t-elle, au moment o? elle entrait dans l’ascenseur avec Moulton. Mais elle n’allait pas lui permettre de g?cher ce rencard. Au moment o? ils sortirent dans la chaleur du soir, elle d?cida de balayer l’image de son p?re de son esprit. Et bizarrement, ?a fonctionna. Pendant un temps. CHAPITRE TROIS Le restaurant japonais qu’elle avait choisi ?tait du style hibachi grill, avec de grandes cuisini?res ouvertes permettant au groupes de s’asseoir autour et d’observer les chefs ? l’?uvre. Chlo? et Moulton opt?rent pour une table dans une zone plus tranquille et plus retir?e du restaurant. Quand ils furent assis, elle fut ravie de se rendre compte qu’elle ?tait tout ? fait ? l’aise de se retrouver dans un tel endroit avec lui. Mis ? part l’attraction physique, elle avait appr?ci? Moulton d?s le premier instant o? elle l’avait rencontr?. Il avait ?t? la seule personne qui avait ?gay? cette journ?e au cours de laquelle on l’avait transf?r?e de l’?quipe scientifique au Programme de crimes avec violence. Et maintenant il ?tait l?, ? rendre ? nouveau un autre moment d?sagr?able de sa vie plus supportable. Elle n’avait pas envie de g?cher cette soir?e avec un tel sujet de conversation mais elle savait aussi que si elle le gardait pour elle, elle continuerait d’y penser toute la soir?e. « Alors, » dit Moulton, en tripotant les coins de son menu en l’ouvrant. « Ce n’?tait pas bizarre que je t’invite ? d?ner ? » « Je suis s?re que ?a d?pend ? qui tu poses la question, » r?pondit-elle. « Le directeur Johnson penserait s?rement que ce n’est pas une bonne id?e. Mais pour ?tre tout ? fait honn?te, » dit-elle, « j’esp?rais un peu que tu le fasses. » « Ah, alors tu es plut?t traditionnelle ? Tu ne m’aurais pas demand? pour aller d?ner ? Tu aurais attendu que je le fasse ? » « Ce n’est pas tant le fait d’?tre traditionnelle que le fait d’avoir une certaine appr?hension ? la suite de ma derni?re relation. Je devrais d’ailleurs t’en parler tout de suite. Jusqu’? il y a sept mois, j’?tais fianc?e. » L’air surpris qui envahit son visage ne fut que momentan?. Par bonheur, elle n’y vit aucun signe de peur ou d’embarras. Mais avant qu’il puisse ajouter quoi que ce soit, la serveuse vint leur demander ce qu’ils voulaient boire. Ils demand?rent tous les deux un Sapporo et command?rent rapidement, pour ne pas laisser le fil de la conversation leur ?chapper. « Est-ce que je peux te demander pourquoi ?a n’a pas march? entre vous ? » demanda Moulton. « C’est une longue histoire. La version courte, c’est qu’il m’oppressait et qu’il ne parvenait pas ? se d?tacher de l’ombre de sa famille – et de sa m?re, en particulier. Et quand j’ai soudain commenc? ma carri?re au FBI, il ne m’a pas beaucoup soutenue. Il n’?tait pas non plus tr?s compr?hensif avec mes propres histoires de famille… » Elle savait qu’il devait s?rement avoir entendu parler de certaines choses de son pass?. Quand elle avait fouill? sur le sujet vers la fin de sa formation, elle ?tait s?re que des rumeurs avaient d? circuler ? l’acad?mie. « Oui, j’ai entendu certaines choses ? ce sujet… » Il laissa le commentaire en suspens. Chlo? comprit par l? que si elle voulait lui en parler, il l’?couterait. Mais si elle pr?f?rait laisser le sujet de c?t?, il n’insisterait pas non plus. Et ? ce moment-l?, avec tout ce qu’elle avait sur le c?ur, elle se dit que c’?tait maintenant ou jamais. ?a ne sert ? rien d’attendre, pensa-t-elle. « Bien que je pr?f?re garder les d?tails pour plus tard, je pense qu’il faudrait que tu saches que j’ai vu mon p?re aujourd’hui. » « Il est sorti de prison ? » « Oui. Et je pense que c’est en partie gr?ce ? ce que j’ai d?couvert ces derniers mois au sujet de la mort de ma m?re. » Il fallut un moment ? Moulton pour savoir comment r?agir. Il prit une gorg?e de sa bi?re pour se laisser le temps de r?fl?chir. Quand il reposa son verre, il r?pondit de la meilleure mani?re possible. « Et comment tu te sens ? » « Bien, je pense. C’?tait juste tr?s inattendu. » « Chlo?, on n’?tait pas oblig? de sortir ce soir. J’aurais compris si tu avais annul?. » « J’ai failli le faire. Mais je ne voulais pas lui laisser le moindre pouvoir sur une autre partie de ma vie. » Il hocha la t?te et le silence s’installa ? nouveau entre eux. Ils en profit?rent pour ?tudier le menu. Leur silence fut interrompu par la m?me serveuse, qui revenait prendre leurs commandes. Quand elle fut partie, Moulton se pencha en avant et demanda : « Est-ce que tu veux en parler ou tu pr?f?res qu’on ignore le sujet ? » « Je pr?f?rerais l’ignorer pour l’instant. Je voulais juste que tu saches qu’il est possible que j’ai parfois la t?te ailleurs ce soir. » Il sourit et se leva lentement de sa chaise. « Je comprends mais laisse-moi essayer une chose, si ?a ne te d?range pas. » « Quoi… ? » Il s’approcha d’elle, se pencha en avant et l’embrassa. Elle eut d’abord un mouvement de recul, ne sachant pas ce qu’il avait l’intention de faire. Mais quand elle comprit, elle le laissa faire. Non seulement ?a, mais elle lui rendit son baiser. Ils s’embrass?rent doucement mais aussi avec un certain empressement, et elle sut qu’il pensait probablement ? ce moment depuis aussi longtemps qu’elle. Il arr?ta de l’embrasser avant que ?a ne commence ? devenir g?nant. Apr?s tout, ils ?taient assis dans un restaurant et entour?s d’autres clients. Et Chlo? n’avait jamais ?t? du genre ? aimer les d?monstrations publiques d’affection. « Loin de moi l’id?e de m’en plaindre, » dit-elle, « mais que me vaut l’honneur ? » « Deux choses. D’abord, le fait que j’ai r?ussi ? prendre mon courage ? deux mains… quelque chose dont je suis rarement capable avec une femme. Mais c’?tait aussi pour te donner autre chose ? laquelle penser… en esp?rant qu’elle te fasse oublier le fait d’avoir vu ton p?re aujourd’hui. » Elle avait la t?te qui tournait l?g?rement et une vague de chaleur envahit son corps. Elle soupira et dit : « Oui, je pense que tu as r?ussi. » « Tant mieux, » dit-il. « J’imagine qu’on peut aussi laisser tomber la question de savoir si on est sens? s’embrasser ? la fin de notre rendez-vous… car c’est toujours un moment g?nant. » « Oh, apr?s ?a, on a plut?t int?r?t, » dit-elle. Sur ces mots, et comme Moulton l’avait esp?r?, la visite inattendue de son p?re lui sembla soudain un lointain souvenir. *** Le d?ner se d?roula bien mieux qu’elle l’aurait esp?r?. Une fois qu’ils eurent laiss? le sujet de son p?re de c?t? et qu’ils reprirent leur conversation apr?s le baiser inattendu de Moulton, le reste de la soir?e fut des plus agr?ables. Ils parl?rent du FBI, de musique, de films, de personnes qu’ils avaient connues lors de leur formation ? l’acad?mie, de leurs centres d’int?r?t et de leurs hobbys. Tout lui sembla naturel et elle ne s’?tait vraiment pas attendu ? ?a. D’un c?t?, elle regrettait presque d’?tre rest?e aussi longtemps avec Steven. Si c’?tait ce qu’elle avait manqu? en restant avec lui, elle avait vraiment rat? beaucoup de choses. Quand ils eurent termin? de manger, ils prirent encore quelques verres. Ce fut une autre occasion pour Moulton de lui montrer son affection, en s’arr?tant ? deux verres tandis que Chlo? prenait un troisi?me. Il lui demanda m?me si elle pr?f?rait prendre un taxi, au cas o? elle n’?tait pas ? l’aise avec le fait qu’il prenne le volant. Il la ramena chez elle et se gara devant le trottoir un peu apr?s vingt-deux heures. Elle ?tait loin d’?tre saoule mais elle ?tait assez joyeuse pour penser ? des choses auxquelles elle n’aurait pas pens? autrement. « J’ai vraiment pass? une bonne soir?e, » dit Moulton. « J’aimerais vraiment qu’on le fasse ? nouveau, si tu es d’accord et si tu penses que ?a ne risque pas d’affecter notre travail. » « ?a me plairait beaucoup. Merci de m’avoir invit?e. » « Merci d’avoir accept?. » Elle r?pondit ? cette phrase en se penchant en avant et en l’embrassant. Tout comme le baiser au restaurant, il fut d’abord lent avant de prendre de l’ampleur. Il posa sa main sur le c?t? de son visage et la glissa dans sa nuque pour l’attirer vers lui. L’accoudoir les s?parait et elle se pencha davantage pour pouvoir poser sa main sur sa poitrine. Elle n’?tait pas s?re de savoir combien de temps ils s’?taient embrass?s. C’?tait lent et follement romantique. Quand leurs l?vres se s?par?rent, Chlo? ?tait l?g?rement hors d’haleine. « OK, tu sais d?j? que je ne suis pas vraiment une experte en rendez-vous, » dit-elle. « Alors si ce que je vais te dire maintenant sonne un peu bizarre, il faudra que tu me pardonnes. » « Qu’est-ce que tu allais me dire ? » Elle h?sita un moment mais les trois verres qu’elle avait bus lui donn?rent le courage de continuer. « Je voudrais t’inviter ? entrer. Je pourrais pr?texter que c’est pour t’offrir un caf? ou un verre, mais ce serait mentir. » Moulton eut l’air sinc?rement surpris. Il avait l’air de ne pas du tout s’attendre ? cette question. « Tu es s?re ? » demanda-t-il. « Je me suis mal exprim?e, » dit-elle, un peu g?n?e. « Ce que je voulais dire, c’?tait que… j’aimerais qu’on s’embrasse sans avoir un accoudoir entre nous. Mais je ne… je ne vais pas coucher avec toi. » M?me dans la faible lueur, elle put voir qu’il rougit ? cette phrase. « Je n’aurais jamais demand? ?a de toi. » Elle hocha la t?te, un peu g?n?e. « Alors… est-ce que tu veux entrer ? » « J’ai vraiment, vraiment envie. » Sur ces mots, il l’embrassa ? nouveau. Cette fois-ci, c’?tait un peu plus l?ger. En plein milieu, il donna un coup de coude ? l’accoudoir sous forme de boutade. Elle s’?loigna de lui et ouvrit la porti?re. Alors qu’ils s’avan?aient vers l’entr?e de son immeuble, elle se demanda ? quand remontait la derni?re fois o? elle s’?tait sentie aussi… aussi l?g?re. L?g?re, pensa-t-elle en souriant. C’?tait un terme que Danielle avait une fois utilis? pour expliquer comment elle se sentait apr?s un orgasme. En y repensant, une vague de chaleur envahit Chlo?. Elle tendit le bras, prit la main de Moulton, et ils entr?rent dans l’?difice. Ils prirent l’ascenseur et quand les portes se referm?rent, Chlo? se surprit elle-m?me en le poussant doucement contre le mur et en se mettant ? l’embrasser. Maintenant qu’elle pouvait poser ses mains sur lui, elle le prit par la taille et l’attira vers elle. Leur baiser fut cette fois-ci plus passionn? et laissait sous-entendre tout ce qu’elle avait envie de lui faire ? cet instant pr?cis. Il semblait en avoir autant envie qu’elle. Il posa ses mains dans le creux de son dos. Quand il l’attira vers lui et que leurs corps furent l’un contre l’autre, elle laissa ?chapper un l?ger g?missement. C’?tait un peu g?nant. L’ascenseur s’arr?ta et elle s’?carta de lui. Elle pensait ? la t?te que feraient les gens qui vivaient dans l’immeuble s’ils les surprenaient ? se peloter dans un ascenseur. Elle fut soulag?e de voir que Moulton avait l’air aussi ?tourdi qu’elle et qu’il ?tait l?g?rement hors de souffle. Ils travers?rent le couloir jusqu’? son appartement, qui se trouvait quatre portes plus loin. Elle r?alisa soudain qu’? part Danielle, Moulton serait la seule personne ? voir son appartement. En tout cas, ce n’est pas pr?vu que je perde mon temps ? lui faire visiter, pensa-t-elle. Elle se sentit un peu g?n?e ? cette pens?e. Elle ne s’?tait jamais sentie aussi attir?e physiquement par un homme. Apr?s un temps, le sexe avec Steven ?tait devenu assez monotone et conventionnel. Et pour ?tre tout ? fait honn?te, elle avait rarement ?t? satisfaite. Elle avait fini par ne plus vraiment ressentir de d?sir pour lui. Chlo? ouvrit la porte et ils entr?rent. Elle alluma la lumi?re de la cuisine et laissa son sac sur l’un des tabourets. « ?a fait longtemps que tu vis ici ? » demanda Moulton. « Environ six mois. Mais j’ai rarement de la visite. » Moulton s’approcha d’elle et posa une main sur sa taille. Quand ils s’embrass?rent, ce fut lent et intense. Mais il ne fallut que quelques secondes pour qu’il la pousse d?licatement contre le bar et que leur baiser devienne de plus en plus profond. Chlo? commen?ait de nouveau ? se sentir essouffl?e et elle ressentait un d?sir qu’elle n’avait plus ressenti depuis qu’elle avait couch? pour la premi?re fois avec un gar?on quand elle ?tait au lyc?e. Elle s’?carta de lui et l’emmena jusqu’au divan, o? ils s’assirent l’un ? c?t? de l’autre avant de recommencer ? s’embrasser. C’?tait agr?able de se retrouver dans cette situation avec un homme, surtout un homme qui lui procurait ce genre de sensations. En incluant la fin de la relation avec Steven, o? le sexe ?tait devenu presque inexistant, elle n’avait plus ?t? embrass?e ni touch?e de cette mani?re par un homme depuis au moins un an et demi. Finalement, apr?s ce qui lui parut ? peine quelques secondes mais qui devait probablement ?tre quelques minutes, elle se pencha sur lui et il n’eut pas d’autre choix que de s’allonger. Chlo? s’?tendit sur lui et quand elle le fit, il glissa une main sous son t-shirt pour lui toucher le dos. Ce l?ger contact entre leurs peaux fit monter Chlo? ? un sommet auquel elle ne s’attendait pas. Elle g?mit doucement et il remonta sa main dans son dos et se mit ? la caresser. Elle s’assit ? califourchon sur lui et lui sourit. Elle avait la t?te qui tournait et chaque fibre de son corps en demandait davantage. « Je pensais ce que je t’ai dit tout ? l’heure, » dit-elle, sur un ton presque d?sol?. « Je ne peux pas coucher avec toi. Pas si vite. Je sais que ?a peut para?tre vieux jeu… » « Chlo?, il n’y a pas de probl?me. Tu me dis quand tu veux qu’on arr?te, si tu pr?f?res qu’on en reste l? pour l’instant et si tu penses qu’il vaudrait mieux que je m’en aille. » Elle lui sourit. Sa r?ponse faillit lui faire changer d’avis. Mais int?rieurement, elle savait qu’il fallait vraiment qu’elle ne pr?cipite pas les choses. En ?tant assise ? califourchon sur lui sur son divan, elle avait d?j? repouss? un peu les limites. « Je ne veux pas que tu t’en ailles, » dit-elle. « Est-ce que ?a te para?t bizarre si je te demandais de rester ? Pas pour le sexe, mais… plut?t pour dormir ensemble ? » Cette proposition parut le surprendre. Finalement, ?a devait ?tre plut?t bizarre comme question. Et tu sais pourquoi tu en as besoin ? C’?tait la voix de Danielle qui r?sonnait dans sa t?te, toujours un peu moqueuse et complaisante. C’est parce que papa est apparu aujourd’hui et que ?a t’a compl?tement boulevers?e. Tu veux que Moulton reste pour ne pas ?tre seule ce soir. « Je suis d?sol?e, » dit-elle. « ?a peut sembler b?te et contradictoire et… » « Non, il n’y a pas de probl?me, » dit Moulton. « ?a me para?t une bonne id?e. Mais j’ai une faveur ? demander. » « Et c’est quoi ? » « Qu’on continue ? s’embrasser, » dit-il, en souriant. Elle lui retourna son sourire et obtemp?ra avec plaisir. *** Elle se r?veilla un peu plus tard, en sentant Moulton se lever du divan. Elle se redressa sur un coude. Elle n’avait plus son t-shirt, qu’il avait fini par lui enlever la nuit derni?re, mais ils en ?taient rest?s l?. C’?tait bizarre de s’?tre endormie sur son divan avec son pantalon mais elle ?tait ?galement contente de s’?tre retenue. Elle jeta un coup d’?il ? l’horloge pendue au mur et elle vit qu’il ?tait 5h10 du matin. « ?a va ? » demanda-t-elle. « Oui, » dit-il. « C’est juste… que ?a me faisait bizarre de passer la nuit ici. Je ne voulais pas que ?a le soit encore plus demain matin. J’ai pens? qu’il valait mieux que je m’en aille. On a quand m?me ?vit? que ce soit pire, en se retenant de coucher ensemble. » « Peut-?tre que c’est ce que j’avais pr?vu depuis le d?but, » plaisanta-t-elle. « Est-ce qu’il vaudrait mieux que je m’en aille et qu’on pr?tende que ce n’est jamais arriv? ? » demanda Moulton. « Je crois que je pr?f?rerais que tu restes. Je vais pr?parer du caf?. » « C’est vrai ? » « Oui. Je pense que ?a me plairait vraiment, en fait. »? Elle enfila son t-shirt et se dirigea vers la cuisine. Elle commen?a ? pr?parer le caf? pendant que Moulton se rhabillait. « On est jeudi, » dit-il. « Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression qu’on est samedi. » « C’est peut-?tre parce que la soir?e d’hier soir est g?n?ralement r?serv?e aux vendredis soir ? Une mani?re de bien commencer le weekend ? » « Je ne sais pas, » dit-il. « Je n’ai plus fait ce genre de choses depuis longtemps. » « C’est cela, oui, » dit-elle, en allumant la cafeti?re. « Franchement. Je pense que ?a remonte ? mon avant-derni?re ann?e de lyc?e. C’?tait une bonne ann?e pour moi, en termes de s?ances de bisous sans en arriver au sexe. » « Eh bien, tu n’as apparemment pas perdu la main. Hier soir, c’?tait… c’?tait bien plus que ce ? quoi je m’attendais quand tu es venu me chercher. » « M?me chose pour moi. » « Mais je suis heureuse que ce soit arriv?, » ajouta-t-elle rapidement. « Chaque chose qu’on a faite. » « Tant mieux. Peut-?tre qu’on pourrait recommencer un autre jour. Par exemple, ce weekend ? » « Peut-?tre, » dit-elle. « Mais je sais d?j? que je vais plus facilement baisser la garde. » « Peut-?tre que c’?tait ce que j’avais pr?vu depuis le d?but, finalement, » dit-il, en lui souriant d’un air sensuel. Elle rougit et d?tourna rapidement les yeux. Elle ?tait un peu d?contenanc?e par la mani?re dont elle aimait quand il s’adressait ? elle d’une mani?re affectueuse. « ?coute, » dit-elle. « Il faut que je prenne une douche. Prends ce que tu veux dans le r?frig?rateur si tu veux manger quelque chose. Mais il n’y a pas grand-chose. » « Merci, » dit-il, visiblement incapable de la quitter des yeux. Elle le laissa dans la cuisine et elle alla dans la chambre, ? laquelle ?tait rattach?e la salle de bains principale. Elle se d?shabilla, ouvrit le robinet de la douche et y entra. Elle sourit en repensant ? la mani?re dont la soir?e s’?tait d?roul?e. Elle avait eu l’impression d’?tre une adolescente. Elle avait aim? qu’il soit l? avec elle et elle s’?tait sentie assez ? l’aise avec lui pour savoir qu’il n’allait pas la harceler pour faire l’amour. ?a avait ?t? romantique d’une certaine mani?re et ? deux reprises, elle avait failli revenir sur sa d?cision de ne pas passer ? l’acte. Avec une all?gresse ? laquelle elle n’?tait pas habitu?e, elle esp?rait presque qu’il d?cide d’avoir le courage de venir la rejoindre sous la douche. S’il le fait, je laisse tomber toutes mes bonnes r?solutions, pensa-t-elle. Elle avait presque termin? de prendre sa douche quand elle l’entendit effectivement entrer dans la salle de bains. Mieux vaut tard que jamais, pensa-t-elle. Une vague d’excitation envahit son corps et elle eut envie qu’il vienne la rejoindre. « Chlo? ? » « Oui ? » r?pondit-elle, sur un ton l?g?rement provocateur. « Ton t?l?phone vient de sonner. D?sol? d’avoir ?t? un peu curieux… mais j’ai jet? un coup d’?il ? l’?cran et c’?tait un num?ro du FBI. » « C’est vrai ? Peut-?tre que c’est pour une nouvelle affaire… » Elle entendit alors la sonnerie d’un autre t?l?phone plus pr?s d’elle. Cela venait probablement du t?l?phone que Moulton avait en main. Chlo? ?carta l?g?rement le rideau de douche et jeta un coup d’?il. Ils ?chang?rent un regard avant que Moulton r?ponde ? l’appel. « Moulton, » dit-il, en d?crochant. Il sortit de la salle de bains et retourna dans la chambre ? coucher. Chlo? ferma le robinet de la douche, en ayant une petite id?e de qui il pouvait s’agir. Elle prit une serviette et sortit de la douche. Elle lui fit une petite grimace au moment o? il la regarda alors qu’elle s’enroulait rapidement dans la serviette. Ce n’?tait pas parce qu’ils s’?taient embrass?s pendant deux heures hier soir qu’elle avait sp?cialement envie qu’il la voie toute nue. Il n’y avait pas grand-chose qu’elle put vraiment entendre de la conversation. Moulton se contentait d’?couter, en r?p?tant « OK… oui, monsieur… » ? plusieurs reprises. L’appel dura une minute et quand il eut raccroch?, il passa la t?te dans la salle de bains d’un air espi?gle. « C’est bon ? Je peux entrer ? » Enroul?e dans une serviette qui couvrait l’essentiel de son corps, elle hocha la t?te. « Oui. C’?tait qui ? » « C’?tait le Directeur assistant Garcia. Il a dit qu’il avait essay? de t’appeler mais que tu dormais probablement encore et que tu n’avais pas r?pondu. » Il lui sourit, avant de poursuivre. « Il veut que je t’appelle ou que je passe par chez toi pour te r?veiller. Il veut qu’on travaille sur une affaire. » Elle rit en sortant de la salle de bains et en entrant dans la chambre ? coucher. « Tu penses que ce qui s’est pass? la nuit derni?re pourrait affecter la mani?re dont on travaille ensemble ? » « Il est possible que je vienne te retrouver dans ta chambre d’h?tel apr?s les heures de boulot. Mais pour le reste… je ne sais pas. On verra. » « Tu veux bien me servir une tasse de caf? ? Il faut que je m’habille. » « J’avais esp?r? pouvoir utiliser ta douche. » « Bien s?r. Mais ?a aurait ?t? plus agr?able si tu m’avais pos? la question il y a dix minutes, quand j’y ?tais encore. » « Je le saurai pour la prochaine fois, » dit-il. Au moment o? il partit pour la douche et o? Chlo? commen?a ? s’habiller, elle se rendit compte qu’elle ?tait heureuse. Tr?s heureuse, m?me. Une nouvelle enqu?te apr?s les ?v?nements d’hier soir… sa journ?e n’avait pas du tout ?t? g?ch?e par la venue inappropri?e de son p?re, finalement. Mais si le fait de vivre avec un pass? familial aussi lourd lui avait appris quelque chose, c’?tait que tu ne parvenais jamais vraiment ? t’en d?faire. D’une mani?re ou d’une autre, ce pass? finissait toujours pas te rattraper. CHAPITRE QUATRE Plus ou moins au m?me moment o? Chlo? se rappelait ce que ?a faisait de perdre la t?te pour un homme, sa s?ur ?tait en plein milieu d’un cauchemar. Danielle Fine r?vait ? nouveau de sa m?re. C’?tait un r?ve qu’elle faisait souvent depuis qu’elle avait douze ans – un r?ve qui semblait prendre une nouvelle signification ? chaque nouvelle ?tape de sa vie. Le r?ve ?tait toujours le m?me. Le sc?nario et les d?tails ?taient toujours identiques. Dans son r?ve, sa m?re la poursuivait dans un couloir. Seulement, c’?tait la version de sa m?re qu’elle et Chlo? avaient d?couvert ce jour-l?, quand elles ?taient petites. En sang, les yeux ?carquill?s et sans vie. Pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas, dans son r?ve, sa m?re se serait apparemment bris? une jambe dans sa chute (m?me si aucun rapport officiel ne mentionnait une telle fracture). Et c’?tait la raison pour laquelle, dans son r?ve, sa m?re se tra?nait dans le couloir en poursuivant sa fille. Malgr? sa fracture, sa m?re la talonnait de pr?s, ? quelques centim?tres de l’attraper par la cheville et de la jeter au sol. Terroris?e, Danielle s’enfuyait loin de l’horrible image de sa m?re, les yeux riv?s sur le bout du couloir. Et l?, debout dans l’embrasure d’une porte qui lui semblait presque hors de port?e, se tenait son p?re. Il ?tait ? chaque fois agenouill?, avec les bras ouverts pour l’accueillir et un large sourire aux l?vres. Mais du sang coulait de ses mains et dans un moment de panique qui finissait toujours par la r?veiller, Danielle arr?tait de courir, coinc?e entre sa m?re morte et son p?re fou, incapable de d?cider dans quelle direction elle serait le plus en s?curit?. Et ce ne fut pas diff?rent cette fois-ci. ? cet instant pr?cis, Danielle se r?veilla en sursaut. Elle s’assit lentement sur son lit, tellement habitu?e ? ce r?ve qu’elle savait maintenant de quoi il s’agissait avant m?me d’?tre totalement r?veill?e. ? moiti? endormie, elle regarda l’horloge et vit qu’il n’?tait que 23h30. Cette fois-ci, elle avait dormi ? peine une heure avant que le cauchemar commence. Elle se rallongea mais elle savait qu’il lui faudrait un petit temps avant de pouvoir se rendormir. Elle balaya le r?ve de sa t?te. Elle savait depuis de nombreuses ann?es comment faire taire ces images en se rappelant qu’il n’y avait rien qu’elle aurait pu faire pour ?viter la mort de sa m?re. M?me si elle avait parl? de tout ce qu’elle avait vu, entendu ou exp?riment? concernant la personnalit? toxique de son p?re, il n’y avait rien qu’elle aurait pu dire ou faire qui aurait pu garder sa m?re en vie. Elle se tourna sur le c?t? et regarda en direction de la table de chevet. Elle faillit prendre son t?l?phone pour appeler Chlo?. ?a faisait trois semaines qu’elles ne s’?taient plus parl?. Leur conversation avait ?t? tendue et inconfortable, et ?a avait ?t? par sa faute. Elle savait qu’elle projetait beaucoup de n?gativit? sur Chlo?, essentiellement parce que Chlo? ne ha?ssait pas leur p?re avec la m?me rage et la m?me haine qu’elle. C’?tait Danielle qui avait appel? il y a trois semaines, en se rendant compte que Chlo? attendait s?rement qu’elle fasse le premier pas, vu que la derni?re conversation qu’elles avaient eue avant ?a ne s’?tait pas tr?s bien pass?e – avec Danielle qui avait pratiquement dit ? sa s?ur de ne plus l’appeler. Mais elle ne connaissait pas l’emploi du temps de Chlo?. Elle ne savait pas si appeler ? 23h30 n’?tait pas trop tard. Pour dire vrai, Danielle avait eu du mal ? s’endormir avant deux heures du matin ces derniers temps. Ce soir, c’?tait l’une de ses rares soir?es de cong? du lounge et ?galement un soir o? elle n’avait pas d? ?tre pr?sente pour toute sorte d’autorisations ou d’approbations pour la r?novation du bar que son petit ami avait achet? pour elle. Elle balaya rapidement de sa t?te toute pens?e li?e au travail, en essayant de se rendormir. Si elle commen?ait ? penser au boulot et ? tout ce qu’elle devait encore faire, elle ne se rendormirait jamais. Elle pensa ? nouveau ? Chlo?. Elle se demanda quel genre de r?ves ou de cauchemars sa s?ur pouvait avoir au sujet de leurs parents. Elle se demanda si elle avait toujours l’intention de faire lib?rer leur p?re et, si c’?tait le cas, si elle avait d?cid? de le garder pour elle. Finalement, le sommeil commen?a ? l’envahir. Mais avant de s’endormir, la derni?re pens?e de Danielle fut pour sa s?ur. Elle repensa ? Chlo? et elle se demanda s’il n’?tait pas temps de pardonner et d’oublier – de ne plus laisser le souvenir de leur p?re l’emp?cher d’avoir une relation constructive avec sa s?ur. Elle fut surprise combien cette pens?e la rendait heureuse… tellement heureuse qu’elle avait un l?ger sourire aux l?vres au moment o? elle finit par sombrer dans le sommeil. *** La jeune serveuse qui avait ?t? engag?e pour la remplacer avait tr?s vite appris le boulot. Elle avait vingt ans, elle ?tait belle ? tomber raide et elle ?tait vraiment dou?e pour g?rer ceux qui avaient un peu trop bu. Vu qu’elle s’en sortait aussi bien, Danielle put aller retrouver son petit-ami et les entrepreneurs qui se trouvaient dans l’?difice qui deviendrait son propre bar et restaurant dans un mois et demi. Aujourd’hui, ils travaillaient sur l’installation du chauffage et de la climatisation, ainsi que sur des rev?tements de derni?re minute dans une salle ? l’arri?re qui servirait de salle pour des grands groupes. Quand elle arriva sur les lieux, son petit-ami examinait un contrat avec un ?lectricien. Ils ?taient assis ? l’une des tables qui venaient d’?tre d?ball?es – l’une des trois parmi lesquelles Danielle ?tait suppos?e choisir en termes de tables qu’elle souhaitait pour le restaurant. Son petit-ami la vit arriver au moment o? elle entra. Il dit rapidement quelque chose ? l’?lectricien, avant de venir la rejoindre. Il s’appelait Sam Dekker et bien qu’il ne soit pas forc?ment l’homme le plus honn?te ou intelligent, il compensait par son physique attirant et un peu rustre, et un sens des affaires habile mais n?anmoins raffin?. Il faisait vingt centim?tres de plus qu’elle, alors il dut se pencher en avant pour l’embrasser. « Je me pr?sente au rapport, » dit-elle. « Qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui pour vous aider ? » Sam haussa les ?paules et regarda autour de lui, d’un air presque th??tral. « Franchement, je ne crois pas qu’il y ait grand-chose que tu puisses faire. Tout commence ? prendre forme. Je sais que ?a peut para?tre anodin, mais peut-?tre que tu pourrais commencer ? consulter le catalogue ABC et d?cider le genre de marque d’alcools que tu voudras servir. Tu pourrais aussi d?cider de l’endroit o? tu voudrais placer les petits haut-parleurs pour la musique. C’est le genre de choses qu’on oublie souvent de faire et qui peuvent devenir des soucis de derni?re minute vers la fin du projet. » « J’imagine que c’est quelque chose que je peux faire, » dit-elle, l?g?rement d??ue. Quand elle venait ici, il lui arrivait souvent d’avoir l’impression que Sam essayait juste de l’occuper – en lui donnant des t?ches subalternes pendant qu’il g?rait les choses importantes. C’?tait quelque part un peu humiliant mais elle ne devait pas non plus oublier que Sam savait ce qu’il faisait. Il avait ouvert trois bars qui marchaient incroyablement bien et il avait vendu l’un d’entre eux ? une grosse entreprise nationale l’ann?e derni?re pour plus de dix millions de dollars. Et maintenant, il avait choisi de la soutenir dans son propre projet. Un projet qui ?tait son id?e ? lui, ? la base. Il l’avait persuad?e qu’elle avait toutes les qualit?s n?cessaires pour g?rer un endroit comme celui-ci, mais seulement apr?s que tout soit mis en place. La plupart des filles qui sortent avec des gars avec un peu d’argent re?oivent des bijoux et des voitures, pensa-t-elle, en se dirigeant vers la future partie lounge. Moi… j’ai re?u un bar. Ce n’est pas si mal, j’imagine. Elle avait parfois l’impression de ne pas ?tre ? la hauteur quand elle pensait ? tout ce qui l’attendait. Elle allait vraiment devoir g?rer cet endroit. Elle allait devoir penser ? tout et prendre des d?cisions. Il y avait ?galement un sentiment de culpabilit? dans tout ?a. Elle avait l’impression que cette opportunit? lui avait ?t? offerte sans vraiment une bonne raison, ? part le fait de sortir avec un type qui savait comment lancer une affaire. Du coup, elle ?tait consciente qu’il y avait beaucoup de choses qu’elle devait sacrifier et elle permettait beaucoup de choses ? Sam. Elle ne l’interrogeait jamais quand il sortait tard le soir et elle pr?f?rait le croire quand il disait qu’il ?tait en r?union avec des entrepreneurs. Elle avait particip? ? certaines de ces r?unions, alors elle savait que c’?tait la v?rit? – la plupart du temps. Elle avait ?galement l’impression qu’elle devait se montrer reconnaissante, d?s qu’elle en avait l’occasion. Ce qui impliquait de ne pas commencer ? lui poser des questions quand elle ne le voyait pas pendant plusieurs jours. Cela signifiait aussi ne pas se montrer r?calcitrante s’il voulait certaines choses au lit. Et ?a voulait aussi dire ne pas ?voquer la question du mariage, qui n’avait jamais ?t? mentionn? une seule fois, en d?pit du fait qu’il lui ach?te un bar et qu’il lui fasse confiance pour le g?rer. Danielle ?tait certaine que Sam n’avait aucune intention de se marier. Et pour l’instant, ?a ne la d?rangeait pas, alors elle ne voyait pas de raisons de lui en parler. De plus… de quoi pouvait-elle vraiment se plaindre ? Elle avait finalement rencontr? un type qui la traitait vraiment bien – quand il ?tait l? – et elle ?tait apparemment sur le chemin d’une r?ussite facilement gagn?e. Parce que quand ?a a l’air trop beau pour ?tre vrai, c’est g?n?ralement le cas, pensa-t-elle. Quand elle arriva ? la salle qui allait devenir la partie lounge, elle en afficha le plan num?rique sur son t?l?phone. Elle y indiqua l’endroit o? les haut-parleurs pourraient ?tre install?s et y ajouta une note sur l’?ventuel ajout d’une sorte de vitre teint?e le long du mur du fond. C’?tait en faisant ce genre de choses qu’elle avait vraiment l’impression que le r?ve commen?ait ? devenir r?alit?. Tout ?a lui arrivait vraiment ? elle. « Salut… » Elle se retourna et vit Sam dans l’embrasure de la porte. Il lui souriait et la regardait avec cet air avide qu’il avait souvent quand il ?tait d’humeur coquine. « Salut ? toi, » dit-elle. « Je sais que tu as l’impression que je te mets ? l’?cart, » dit-il. « Mais vraiment… ces prochaines semaines, tout ce dont j’aurai besoin de ta part, ce sont quelques signatures. » « ?a va faire beaucoup de boulot, » plaisanta-t-elle. « Je pensais vraiment que la formation de la nouvelle serveuse au bar allait prendre plus de temps. Ce n’est pas ma faute si on a fini par engager une sorte de g?nie du bar. » Il s’approcha d’elle et il enroula ses bras autour de sa taille. Elle dut lever les yeux pour le regarder mais c’?tait quelque chose qui lui avait toujours procur? un sentiment de s?curit?. Elle avait l’impression que cet homme serait toujours l? pour litt?ralement veiller sur elle. « Allons d?jeuner ensemble un peu plus tard, » dit Sam. « Quelque chose de simple. Pizza et bi?re. » « ?a me para?t une tr?s bonne id?e. » « Et demain… qu’est-ce que tu penses si on partait quelque part. Une plage… la Caroline du Sud ou un endroit dans le genre. » « Vraiment ? ?a para?t spontan? et ?a ajoute un poids suppl?mentaire ? tous ces travaux autour de nous. En d’autres termes… ?a ne te ressemble pas du tout. » « Je sais. Mais j’ai ?t? tellement occup? avec ce projet et… je me suis rendu compte que je t’ai beaucoup n?glig?e. Alors je voudrais me faire pardonner. » « Sam, tu m’offres ma propre affaire. C’est plus que suffisant. » « OK, alors je vais m’exprimer de mani?re plus ?go?ste. Je veux partir loin de tout ?a et me retrouver tout nu et seul avec toi devant l’oc?an. ?a sonne mieux ? » « Effectivement. » « OK, alors. Maintenant, si tu allais au bar pour voir comment s’en sort la nouvelle. Je viendrai te chercher pour d?jeuner aux alentours de midi. » Elle l’embrassa et bien qu’il soit ?vident qu’il se soit exprim? de mani?re empress?e, le sentiment qui l’avait pouss? ? lui dire tout ?a ne lui avait pas ?chapp?. Elle savait qu’il lui ?tait difficile de s’exprimer de mani?re affectueuse et sinc?re. Elle voyait rarement cette facette de lui, alors quand ?a arrivait, elle pr?f?rait savourer le moment sans lui poser de questions. Danielle retraversa l’espace ouvert du vieux b?timent en briques qui allait bient?t ?tre son bar restaurant lounge. Elle avait du mal ? se faire ? l’id?e que c’?tait vraiment ? elle, mais c’?tait bien le cas. Quand elle sortit de l’?difice, il lui sembla que le soleil brillait plus fort que quand elle ?tait entr?e. Elle sourit, en repensant ? la mani?re dont sa vie avait chang?. Elle pensa ? nouveau ? Chlo? et elle d?cida de l’appeler dans les prochains jours. Tous les autres aspects de sa vie allaient si bien que ?a valait vraiment la peine d’essayer de solutionner la tension qu’il y avait entre elles. Elle entra dans sa voiture et commen?a ? rouler vers l’autre bar de Sam – celui o? il l’avait engag?e six mois plus t?t. Elle ?tait tellement distraite ? l’id?e de partir avec lui pour le weekend qu’elle ne remarqua pas la voiture gar?e dans la rue et qui vint prendre place juste derri?re elle dans le trafic. Si elle l’avait remarqu?e, elle aurait pu reconna?tre le chauffeur, bien qu’elle ne l’ait plus vu depuis vraiment tr?s longtemps. Mais est-ce qu’une fille pourrait jamais oublier ? quoi ressemblait le visage de son p?re ? CHAPITRE CINQ Quand Chlo? et Moulton arriv?rent au bureau de Garcia, le directeur Johnson ?tait d?j? l?, ? les attendre. Ils ?taient occup?s ? consulter des dossiers, dont certains s’affichaient ? l’?cran de l’ordinateur de Garcia, tandis que Johnson en feuilletait quelques copies pos?es devant lui. « Merci d’?tre venus aussi rapidement, » dit Johnson. « On a une affaire en Virginie – une petite ville de l’autre c?t? de Fredericksburg, dans un quartier chic. Et je devrais probablement commencer par vous dire que la famille de la victime a des amis haut plac?s en politique. C’est pour ?a qu’on a fait appel ? nous. Pour ?a, et pour le c?t? particuli?rement violent du meurtre. » Quand Chlo? prit place ? la petite table ? l’arri?re du bureau de Garcia, elle fit de son mieux pour dissimuler le fait qu’elle cherchait ? garder une certaine distance entre elle et Moulton. Elle savait qu’elle ?tait probablement radieuse apr?s la mani?re dont la soir?e et la matin?e s’?taient d?roul?es. Elle ne savait pas comment Johnson pourrait r?agir au fait qu’il y ait une relation entre eux et elle n’avait vraiment pas envie de le savoir. « De quoi s’agit-il ? » demanda Chlo?. « Il y a quatre jours, un mari est rentr? chez lui du travail et a retrouv? sa femme assassin?e, » dit Garcia. « Mais ce n’est pas tout. Elle avait non seulement ?t? tu?e, mais de mani?re tr?s brutale. Il y avait de multiples coups de couteau – seize, selon le rapport du m?decin l?giste. La sc?ne de crime ?tait remplie de sang. La police locale n’a jamais rien vu de pareil. » Il fit glisser un dossier vers Chlo?, avec un air d’avertissement dans le regard. Chlo? le prit et l’ouvrit lentement. Elle jeta un coup d’?il ? l’int?rieur, vit une photo de la sc?ne et le referma aussi vite. Au premier coup d’?il, ?a ressemblait plus ? une boucherie qu’? une sc?ne de crime. « Qui sont les amis haut plac?s de la famille de la victime ? » demanda Moulton. « Vous avez mentionn? des gens en politique, c’est ?a ? » « Je pr?f?rerais ne pas divulguer cette information, » dit Johnson. « On ne veut pas qu’on pense que le FBI fait du favoritisme quand on en arrive ? des questions politiques. » « Quel est le niveau d’implication de la police locale ? » demanda Chlo?. « Ils ont lanc? une chasse ? l’homme au niveau du comt? et ils ont fait appel ? la police d’?tat, » dit Garcia. « Mais on leur a demand? de rester discret. La police locale est naturellement contrari?e parce qu’ils ont l’impression qu’on entrave une enqu?te qui est d?j? un peu en-dehors de leur zone de confort. Alors j’ai besoin que vous vous y rendiez le plus vite possible. Mais…. Et ?coutez-moi bien… J’ai pens? ? vous deux pour cette affaire, parce que vous avez collabor? de mani?re tr?s efficace dans le pass?. Et agent Fine, on dirait que vous ?tes particuli?rement dou?e avec ce genre de crimes commis dans des petites villes ou des communaut?s isol?es. En revanche, si l’affaire en elle-m?me et les photos de la sc?ne de crime vous mettent mal ? l’aise – si c’est un peu trop ? g?rer pour vous ? ce stade de votre carri?re – dites-le moi tout de suite. Je ne vous jugerai pas et je ne vous en tiendrai pas rigueur. » Chlo? et Moulton ?chang?rent un regard et elle vit qu’il avait autant envie qu’elle de se charger de l’enqu?te. N?anmoins, incapable de s’en emp?cher, Moulton jeta un coup d’?il ? l’int?rieur du dossier. Il fit un peu la grimace en feuilletant les photos de la sc?ne de crime et lut rapidement le bref rapport qui se trouvait ? l’arri?re. Il regarda ensuite Chlo? et hocha la t?te en signe d’assentiment. « Pour moi, c’est bon, » dit Chlo?. « Pour moi aussi, » dit Moulton. « Et je vous remercie d’avoir pens? ? nous. » « Content de l’entendre, » dit Johnson, en se levant de sa chaise. « J’ai h?te de voir ce que vous pouvez faire. Maintenant… il est temps que vous vous mettiez en route. Vous avez pas mal de route ? faire. » *** Moulton ?tait derri?re le volant de la voiture du FBI et sortait du p?riph?rique en direction de la Virginie. Barnes Point n’?tait qu’? une heure vingt de route mais le p?riph?rique donnait toujours cette impression que se rendre ? n’importe quel endroit, m?me ? proximit?, c’?tait comme traverser la moiti? du pays. « Tu es s?re ? ce sujet ? » demanda-t-il. « ? quel sujet ? » « Travailler ensemble sur une affaire comme celle-l?. Je veux dire … on s’embrassait comme deux jeunes adolescents excit?s il y a ? peine dix heures. Tu vas ?tre capable de t’emp?cher de me toucher pendant qu’on travaille ? » « Ne le prends pas mal, » dit Chlo?, « mais apr?s avoir vu les photos de ce dossier, remettre le couvert avec toi est la derni?re chose ? laquelle je pense pour l’instant. » Moulton hocha la t?te pour dire qu’il comprenait. Il prit la sortie suivante, se retrouva devant une ligne droite et appuya sur l’acc?l?rateur. « Mais blague ? part… j’ai vraiment aim? la soir?e d’hier. M?me avant le moment o? on est mont? chez toi. Et j’aimerais qu’on recommence. Mais avec le boulot… » « On devrait rester sur un plan strictement professionnel, » finit-elle pour lui. « Exactement. Et pour bien commencer, » dit-il, en sortant son iPad du centre de la console, « j’ai t?l?charg? les dossiers de l’enqu?te pendant que tu faisais ton sac. » « Pourquoi ? Tu n’as pas fait de sac pour partir ? » « Tu as vu mon sac. Oui, bien s?r, j’en ai pris un. Mais je suis rapide pour le faire. » Il lui d?cocha un sourire espi?gle en disant ces mots, en voulant dire par l? qu’elle avait pris un peu plus de temps pour se pr?parer qu’il aurait pens?. « Mais je n’ai pas eu le temps de lire les dossiers. » « Ah, un peu de lecture l?g?re et distrayante, » dit Chlo?. Ils ?clat?rent de rire et quand Moulton posa sa main sur son genou au moment o? elle se mit ? lire le dossier, Chlo? n’?tait pas s?re qu’ils allaient r?ellement pouvoir en rester ? un niveau strictement professionnel. Elle parcourut les dossiers de l’affaire, en lisant ? haute voix les parties les plus importantes ? Moulton. Garcia et Johnson avaient fait du bon boulot pour en r?sumer les ?l?ments les plus importants. Le rapport de police ?tait assez d?taill?, ainsi que les photos. C’?tait toujours aussi difficile de les regarder et Chlo? comprenait parfaitement la police locale. Elle se dit que n’importe quelle force de police d’une petite ville serait probablement mal ? l’aise avec un crime aussi violent et brutal. Ils ?chang?rent quelques id?es et hypoth?ses et au moment o? ils pass?rent une pancarte indiquant que Barnes Point se trouvait ? vingt-cinq kilom?tres, Chlo? avait chang? d’avis. Finalement, ils allaient ?tre capables de travailler ensemble de mani?re professionnelle. Ces derni?res semaines, elle avait ?t? tellement obnubil?e par son attraction physique pour lui qu’elle en avait presque oubli? combien il pouvait ?tre intuitif quand il s’agissait du boulot. S’ils pouvaient vraiment faire que ?a marche entre eux, il se pourrait m?me qu’elle ait tout ce qu’une femme d?sire : un homme qui la respecte comme son ?gal au niveau professionnel, intellectuel, mais aussi dans l’intimit?. ?a ne fait m?me pas une journ?e, dit une voix dans sa t?te. La voix de Danielle, ? nouveau. Et tu commences d?j? ? te projeter et ? faire des plans sur la com?te ? Tu n’as fait que l’embrasser pendant quelques heures et vous n’avez m?me pas couch? ensemble. Tu le connais ? peine et… Chlo? choisit alors de balayer ces pens?es. Elle retourna son attention sur le rapport du m?decin l?giste. Il disait exactement la m?me chose que Johnson leur avait dit, mais avec plus de d?tails. Et c’est sur ces d?tails qu’elle se concentra. Le sang, la violence, le potentiel mobile politique. Elle lut le rapport, en l’?tudiant de pr?s. « Je ne pense pas qu’il y ait un mobile d’ordre politique derri?re tout ?a, » dit-elle. « Je ne crois pas que la motivation de l’assassin soit li?e aux amis politiques que les Hilyard pouvaient avoir. » « Tu as l’air assez s?re de toi en disant ?a, » dit Moulton. « Tu peux m’en dire plus ? » « Lauren Hilyard a re?u seize coups de couteau. Et tous les coups ont ?t? port?s au niveau de l’abdomen, ? l’exception d’un coup qui l’a atteinte au sein gauche. Le m?decin l?giste dit que les plaies ?taient d?chiquet?es et presque l’une sur l’autre. Ce qui indique que l’assassin aurait port? ses coups l’un apr?s l’autre. Dans le rapport, le m?decin a indiqu? : comme si pris d’une rage aveugle ou dans un d?lire. Si c’?tait le fait d’une personne ayant des motivations politiques, il y aurait s?rement une sorte de message ou d’autres indications. » « OK, » dit Moulton. « Je suis assez d’accord. Il ne doit pas y avoir de mobile politique. » « ?a n’a pas ?t? trop dur de te convaincre. » Il haussa les ?paules et dit, « J’en suis arriv? ? la conclusion que les gens de Washington pensent que tout est li? ? des motivations politiques. Et m?me si les Hilyard connaissaient vaguement quelqu’un de haut plac? en politique… ?a n’int?resse pas tout le monde. » « J’aime bien la mani?re dont tu penses, » dit-elle. « Mais je ne suis pas encore s?re qu’on devrait totalement ?carter cette possibilit?. » Ils se rapprochaient de Barnes Point. Elle se rendait compte de l’importance qu’on leur ait confi? une affaire avec de potentielles ramifications politiques. C’?tait une formidable opportunit? pour tous les deux et elle devait s’assurer que c’?tait l?-dessus qu’elle allait se concentrer. Pour l’instant, rien n’?tait plus important que ?a – pas la r?apparition soudaine de son p?re, ni la voix t?tue de sa s?ur… ni m?me une idylle potentielle avec l’homme qui ?tait assis ? c?t? d’elle. Pour l’instant, c’?tait l’enqu?te et uniquement l’enqu?te. Et c’?tait bien plus que suffisant pour elle. CHAPITRE SIX Barnes Point ?tait une petite ville tranquille mais mignonne, o? vivaient neuf mille habitants. La r?sidence des Hilyard se trouvait juste ? l’ext?rieur des limites de la ville, dans un petit lotissement du nom de Farmington Acres. Le mari de la victime, Jerry Hilyard, avait ?t? incapable de retourner chez lui apr?s avoir d?couvert le corps de sa femme. Vu qu’il n’avait pas de famille dans la r?gion, des amis proches vivant dans le quartier l’avaient invit? ? rester chez eux. « Je pense que j’aurais eu besoin de m’?loigner un peu plus et je n’aurais pas pu rester ? quelques maisons de l?, » dit Moulton. « Tu imagines comment ce pauvre homme doit se sentir ? » « Mais il a peut-?tre aussi besoin de rester proche de chez lui, » sugg?ra Chlo?. « De l’endroit o? il a partag? sa vie avec sa femme. » Moulton y r?fl?chit tout en continuant de rouler dans le lotissement, vers l’adresse que la police d’?tat leur avait envoy?e alors qu’ils ?taient en route. C’?tait encore un autre exemple qui impressionnait Chlo?. Elle admirait la fluidit? avec laquelle le FBI fonctionnait. C’?tait difficile d’imaginer que toute information dont elle pourrait avoir besoin – adresse, num?ro de t?l?phone, pass? professionnel, casier judiciaire – ?tait imm?diatement disponible. Il lui suffisait de passer un coup de fil ou d’envoyer un email. S?rement que les agents finissaient par s’y habituer, mais pour l’instant, elle se sentait encore privil?gi?e de faire partie d’un tel syst?me. Ils arriv?rent ? l’adresse et s’avanc?rent vers la porte d’entr?e. Sur la bo?te aux lettres, il y avait un ?criteau avec le nom de Lovingston, et la maison elle-m?me ?tait une copie conforme de toutes les autres r?sidences dans le quartier. C’?tait le genre d’endroit o? les maisons se trouvaient l’une ? c?t? de l’autre, mais o? le cadre ?tait tranquille – un endroit id?al pour que les enfants apprennent ? rouler ? v?lo et s?rement tr?s joli ? l’?poque d’Halloween et de No?l. Chlo? frappa ? la porte et elle fut tout de suite ouverte par une femme qui portait un b?b? dans les bras. « Vous ?tes madame Lovingston ? » demanda Chlo?. « Oui, c’est moi. Et vous devez ?tre les agents du FBI. La police nous a appel?s pour nous pr?venir que vous alliez venir. » « Est-ce que Jerry Hilyard est toujours chez vous ? » demanda Moulton. Un homme apparut derri?re la femme, venant de la pi?ce qui se trouvait sur la gauche. « Oui, je suis toujours l?, » dit-il. Il rejoignit madame Lovingston ? la porte d’entr?e et s’appuya contre le chambranle. Il avait l’air compl?tement ?puis?. Il n’avait visiblement pas tr?s bien dormi depuis qu’il avait perdu sa femme de mani?re aussi brutale. Madame Lovingston se retourna vers lui et le regarda d’un air intense. « Tu es s?r de vouloir faire ?a ? » lui demanda-t-elle. « Oui, ?a va aller, Claire, » dit-il. « Merci. » Elle hocha la t?te, serra le b?b? contre sa poitrine et rentra dans la maison. « Venez, entrez, » dit Jerry. Il les conduisit dans la pi?ce o? il se trouvait quelques minutes plus t?t. C’?tait une sorte de petit bureau, d?cor? de livres et meubl? de deux fauteuils tr?s ?l?gants. Jerry se laissa tomber dans l’un d’entre eux, comme si ses jambes ?taient sur le point de le l?cher. « Je sais que Claire n’a pas l’air de beaucoup appr?cier que vous soyez l?, » dit Jerry. « Mais… elle et Lauren ?taient tr?s amies. Elle trouve que je devrais d’abord surmonter mon deuil… et c’est ce que je fais. C’est juste… » Il s’interrompit ? ces mots. Chlo? vit qu’il luttait contre une vague d’?motions et qu’il essayait d’avoir cette conversation sans s’effondrer devant eux. « Monsieur Hilyard, je suis l’agent Fine et voici mon co-?quipier, l’agent Moulton. Je me demandais si vous pourriez nous parler des relations politiques que votre famille pourrait avoir. » « Mon dieu, » dit-il. « C’est exag?r?. La police locale en a fait toute une histoire et ?a les a fait paniquer. Je suis s?r que c’est pour ?a qu’ils ont fait appel ? vous, c’est bien ?a ? » « Alors, est-ce que c’est vrai que votre famille a des liens en politique ? » demanda Moulton, en ?ludant la question. « Le p?re de Lauren ?tait ami avec le Secr?taire ? la d?fense. Ils jouaient souvent au golf. Ils avaient grandi ensemble, ils avaient jou? au football. Ils se voyaient encore de temps en temps – pour aller ? la chasse, ? la p?che, ce genre de choses. » « Est-ce qu’il arrivait que Lauren parle parfois avec le Secr?taire ? la d?fense ? » demanda Chlo?. « Pas depuis que nous sommes mari?s. Il est venu ? notre mariage. Et nous recevons une carte de v?ux pour No?l chaque ann?e. Mais c’est tout. » « Est-ce que vous pensez que ce qui est arriv? pourrait avoir un lien avec cette relation ? » demanda Moulton. « Si c’est le cas, je ne sais absolument pas pourquoi. Lauren n’avait rien ? voir avec la politique. Je pense que c’est juste une mani?re pour son p?re d’avoir l’air de quelqu’un d’important. Quelqu’un a assassin? sa petite fille alors ?a doit ?tre parce qu’il connait des gens importants. C’est vraiment son genre. » « Qu’est-ce que vous pouvez nous dire concernant les derniers jours de Lauren ? » demanda Chlo?. « J’ai d?j? tout racont? ? la police. » « Nous comprenons, » dit Moulton. « Et nous avons une copie de leurs rapports. Mais pour avoir une id?e bien claire de la situation, il est possible que nous vous posions des questions qui vont vous amener ? devoir r?p?ter certaines choses. » « OK, je comprends, » dit Jerry. Chlo? avait l’impression que Jerry n’avait pas tout ? fait l’air conscient de ce qui se passait autour de lui. Il avait un air incroyablement d?tach?. Si elle ne connaissait pas la situation traumatisante qu’il traversait pour l’instant, elle aurait pens? qu’il ?tait sous l’influence de drogues. « La premi?re question peut para?tre insens?e, vu ce qui s’est pass?, » dit Chlo?, « mais est-ce que vous pensez ? qui que ce soit qui aurait pu ?tre f?ch? sur votre femme ? » Il eut un l?ger sourire et secoua la t?te. Quand il se mit ? parler, sa voix tremblait. « Non. « Lauren ?tait assez repli?e sur elle-m?me ces derniers temps. Plut?t introvertie. ?a s’est encore accentu? derni?rement… elle faisait tout un travail int?rieur, vous voyez ? » « Vous savez pourquoi ? » « Elle avait un pass? difficile. Des parents un peu tordus, ce genre de choses. Elle ?tait un peu bully au lyc?e. J’imagine que c’est comme ?a qu’on l’appellerait de nos jours. Une fille assez m?chante et cruelle avec les autres. Ces derniers temps, elle commen?ait ? essayer d’accepter et de surmonter ces erreurs du pass?. Je pense que ?a l’a encore plus fait r?fl?chir quand elle a re?u cette fichue invitation pour aller ? la r?union d’anciens ?l?ves du lyc?e. » « Elle ?tait nerveuse ? l’id?e d’y aller ? » demanda Chlo?. « Je ne sais pas mais ?a l’a rendue triste. Je pense… que c’?tait le fait de penser ? tous les gens avec lesquelles elle n’avait pas ?t? tr?s sympa. » « Est-ce que vous avez termin? le lyc?e la m?me ann?e ? » demanda Moulton. « Oui. » « Et est-ce que vous l’avez accompagn?e ? la r?union ? » « Mon dieu, non. Je d?teste ce genre de choses. Faire des simagr?es et pr?tendre d’appr?cier des gens que vous n’aimiez pas au lyc?e. Non. C’?tait hors de question. » « Vous dites qu’elle ?tait introvertie, » dit Chlo?. « Elle n’avait pas beaucoup d’amis ? » « Oh, elle en avait quelques-uns. Claire en faisait partie. Et les amis qu’elle avait, c’?tait un peu comme sa propre famille. Elle en ?tait tr?s proche. » « Est-ce que vous leur avez parl? depuis la trag?die ? » demanda Moulton. « Juste une. Elle a appel? d?s qu’elle a appris la nouvelle pour savoir si j’avais besoin de quoi que ce soit. » « Ce sont ces amis qui sont all?s avec elle ? la r?union d’anciens ?l?ves ? » « Oui. Claire y est all?e aussi. Mais elle est aussi un peu introvertie. Je pense qu’elle n’y est all?e que par curiosit?. » « Est-ce que vous et Lauren avez des enfants ? » demanda Chlo?. « Dans ce genre de quartier, en g?n?ral, il y a au moins un enfant dans chaque maison. » « On en a deux. Notre fille a?n?e, Victoria, a dix-huit ans. Elle vient juste de commencer l’universit? cette ann?e. Elle…. Eh bien, elle a choisi de passer cette p?riode difficile avec ses grands-parents. Et vu qu’elle est partie l?-bas, notre cadet – Carter – a aussi voulu y aller. Je n’ai jamais eu une super relation avec mes beaux-parents, mais le fait que mes enfants soient l?-bas, c’est une b?n?diction. J’ai l’impression d’?tre un tr?s mauvais p?re, mais si mes enfants ?taient ici, je pense que je m’effondrerais. » « Est-ce que vous ressentez de l’animosit? par rapport au fait que vos enfants soient actuellement chez leurs grands-parents ? » demanda Moulton. « J’aimerais qu’ils soient ici avec moi… pour les voir. Mais je suis compl?tement effondr?. Et jusqu’? ce que la maison soit en meilleur ?tat… je pense que c’est mieux qu’ils soient l?-bas. » « Vous avez dit que l’a?n?e avait choisi de rester avec eux pour traverser ces moments difficiles, » dit Moulton. « Quelle en est la raison ? » « Elle avait h?te de partir de la maison. Elle avait une relation tendue avec Lauren ces derni?res ann?es. Une relation toxique m?re-fille. Notre fille… elle invitait des gar?ons ? venir ? la maison, elle sortait en cachette pendant la nuit. Elle a commenc? ? faire ce genre de choses d?s l’?ge de treize ans. ? quinze ans, elle a cru qu’elle ?tait enceinte. Et si vous faites le calcul… Lauren n’avait que trente-sept ans. Nous avons eu notre premi?re fille alors que nous n’avions que dix-neuf ans. » Chlo? se dit que cette situation familiale un peu tendue ne devait pas faciliter les choses pour Jerry Hilyard. Elle ne pensait pas qu’il y ait quoi que ce soit de plus ? apprendre de lui, mais il se pourrait que ce soit utile d’aller parler ? sa fille. « Monsieur Hilyard, est-ce que ?a vous d?range si on va jeter un coup d’?il dans votre maison ? » demanda-t-elle. « Non, il n’y a pas de probl?me. Le sh?rif et quelques-uns de ses hommes y sont all?s ? plusieurs reprises. Le code pour entrer, c’est le deux-deux-deux-huit. » « Merci, monsieur Hilyard, » dit Moulton. « N’h?sitez pas ? nous contacter si vous pensez ? quoi que ce soit d’autre. Pour l’instant, je pense qu’on va parler un peu ? madame Lovingston pour voir si elle a d’autres d?tails ? nous apprendre. » « Elle a dit ? la police tout ce qu’elle savait. Je pense qu’elle commence ? ?tre agac?e par toutes ces questions. » « Et son mari ? Est-ce qu’il connaissait bien votre femme ? Est-ce que vous vous retrouviez r?guli?rement tous les quatre ? » « Non. Le mari de Claire est souvent en voyage pour affaires. Je l’ai appel? via FaceTime pour m’assurer qu’il n’y avait pas de probl?me si je restais ici. Et de toute fa?on, l’amiti?, c’?tait surtout entre Claire et Lauren. Elles se retrouvaient toutes les semaines pour boire un verre de vin sur le porche, en changeant de maison ? chaque fois. » Claire entra lentement dans la pi?ce. Elle avait apparemment mis ? dormir le b?b? qu’elle portait auparavant dans ses bras. « Et on faisait le genre de choses que font toutes les femmes. On parlait de nos maris, on se rappelait le pass?. Je lui parlais des hauts et des bas d’avoir un b?b? en bas ?ge. Et plus r?cemment, on parlait des difficult?s qu’elle rencontrait avec sa fille. » « Que pouvez-vous nous dire au sujet de Lauren et qu’est-ce qui pourrait avoir pouss? quelqu’un ? faire une telle chose ? » demanda Chlo?. « Lauren a pris certaines d?cisions au lyc?e avec lesquelles ses parents n’?taient pas particuli?rement d’accord, » r?pondit Claire. « Apr?s le lyc?e et apr?s avoir accouch? de sa fille… eh bien, il n’?tait plus question pour elle d’aller ? l’universit?. » « Ils ont eu honte, » ajouta Jerry. « Ils ?taient f?ch?s sur elle et ils ont d?m?nag? dans le New Hampshire. Ils racontent tous ces mensonges ? notre fille d?s qu’ils en ont l’occasion. » « Ils essayent de compenser les erreurs qu’ils ont commises avec Lauren, » dit Claire. « De v?ritables connards. » En voyant que la conversation se transformait tout doucement en une s?rie de critiques envers les beaux-parents, Chlo? prit la parole. « Madame Lovingston, est-ce que vous savez si Lauren avait des ennemis, des gens qui lui voulaient du mal ou m?me des relations un peu tendues ? » demanda Chlo?. « Pas en-dehors de sa famille. Et bien que ce soit de vrais connards, ils ne feraient certainement pas une telle chose. C’est… c’est vraiment lamentable. » Moulton mit la main dans la poche int?rieure de sa veste et en sortit une carte de visite. Il la posa sur la table du salon et dit : « Si vous repensez ? quoi que ce soit d’autre, surtout n’h?sitez pas ? nous appeler. » Claire et Jerry se content?rent de hocher la t?te. La conversation avait ?t? br?ve mais elle les avait profond?ment affect?s. Chlo? et Moulton prirent cong? dans un silence g?n?. Quand ils furent ? l’ext?rieur et qu’ils s’avan?aient vers la voiture, Chlo? s’arr?ta un moment sur le trottoir. Elle regarda dans la rue, en direction de la maison des Hilyard, et elle vit qu’elle se trouvait ? peine hors de vue. Mais elle commen?ait ? ?tre d’accord avec Moulton. C’?tait peut-?tre un peu trop pr?s. Et si la chambre ? coucher ressemblait encore ? ce qu’elle avait vu sur les photos que Johnson leur avait montr?es, ?a semblait presque morbide que Jerry reste aussi pr?s. « Tu es pr?t ? aller faire le tour de la maison ? » demanda Chlo?. « Pas vraiment, » dit Moulton. Il avait les images du dossier encore bien pr?sentes ? l’esprit. « Mais j’imagine qu’il faut bien commencer quelque part. » Ils entr?rent dans la voiture et retourn?rent par l? o? ils ?taient venus. Chlo? n’arr?tait pas de se dire que ?a ne pouvait pas ?tre pire que ce qu’elle avait vu sur les photos – tout ce rouge sang sur les draps blanc immacul?. *** Il ne leur fallut que vingt secondes pour arriver ? la maison des Hilyard. Le fait qu’elle ressemble presque en tous points ? la maison des Lovingston – et ? presque toutes les autres maisons du quartier – ?tait plut?t sinistre. Ils entr?rent par la porte d’entr?e avec le code que Jerry Hilyard leur avait donn? et ils p?n?tr?rent dans une maison o? le silence r?gnait en ma?tre. Sachant exactement pourquoi ils ?taient l?, ils ne perdirent pas une minute et mont?rent ? l’?tage. La chambre ? coucher principale fut facile ? trouver. C’?tait la pi?ce tout au bout du couloir. Par la porte ouverte, Chlo? put d?j? discerner des tra?n?es de sang sur la moquette et sur les draps. Mais elle fut soulag?e de se rendre compte que la sc?ne n’?tait pas aussi horrible que ce qu’elle avait vu sur les photos que le directeur Johnson leur avait montr?es. Pour commencer, le corps avait ?t? retir?. Ensuite, les taches de sang avaient un peu s?ch? et elles ?tait plus p?les que sur les photos. Ils s’approch?rent du lit, en faisant attention de ne pas marcher sur les ?claboussures de sang qui se trouvaient sur la moquette. Il y avait des endroits o? le m?decin l?giste et les premiers enqu?teurs avaient accidentellement march? dans les taches de sang. Chlo? regarda de l’autre c?t? de la pi?ce, en direction d’une commode o? une petite t?l? ? ?cran plat ?tait accroch?e au mur. Elle regardait probablement la t?l? quand c’est arriv?, peut-?tre pour ?vacuer les souvenirs de la r?union des anciens ?l?ves… Chlo? descendit ensuite au rez-de-chauss?e et inspecta les lieux. Elle ne vit aucun signe d’entr?e par effraction et aucune indication que quoi que ce soit ait ?t? vol?. Elle inspecta le salon, la cuisine et la chambre d’amis. Elle sortit m?me sur le porche arri?re et regarda autour d’elle. Il y avait une petite table dans le coin. Un cendrier ?tait pos? au milieu, sous le parasol. Chlo? laissa ?chapper un l?ger humm quand elle vit le contenu du cendrier. Il n’y avait aucun m?got de cigarettes, seulement des cendres et du papier. Elle se pencha en avant pour en respirer l’odeur. Et c’?tait sans aucun doute de la marijuana. Elle r?fl?chit en se demandant si c’?tait quelque chose de pertinent dans leur enqu?te. Chlo? sursauta l?g?rement quand son t?l?phone sonna. Moulton, qui venait de la rejoindre sur le porche arri?re, surprit son air d?contenanc? et il lui sourit. Elle leva les yeux au ciel et r?pondit ? l’appel, dont le num?ro lui ?tait inconnu. « Agent Fine, » dit-elle, en d?crochant. « C’est Claire Lovingston. Je voulais vous dire que je viens juste de recevoir un appel de l’une de mes amies, Tabby North. C’est l’une des amies proches dont Jerry vous a parl?. Elle voulait savoir si d’autres policiers ?taient venus me voir. Je lui ai dit que le FBI venait juste de passer et elle voudrait vous parler. » « Elle a des informations pour nous ? » « Franchement… Je ne sais pas. Probablement pas. Mais c’est une communaut? assez petite, ici. Je pense qu’ils veulent juste d?couvrir le fin mot de cette histoire. Je suis s?re qu’ils vous seront certainement utiles. » « OK. Est-ce que vous pouvez m’envoyer son num?ro une fois qu’on aura raccroch? ? » Chlo? raccrocha et mit Moulton au courant. « C’?tait Claire. L’une des amies de Lauren l’a appel?e pour savoir s’il y avait du neuf. Elle aimerait nous parler. » « Tant mieux. Pour dire vrai… je pense en avoir assez de cette maison. Cette chambre ? coucher me donne la chair de poule. » C’?tait une bonne mani?re de tourner la chose. Chlo? pouvait encore voir les images des photos dans sa t?te, alors voir la sc?ne sans le corps, c’?tait comme rentrer dans un ancien lieu abandonn? qu’elle n’?tait pas sens?e voir. Mais ils retourn?rent tout de m?me dans la chambre ? coucher et ils prirent leur temps pour examiner l’endroit de pr?s. Ils inspect?rent la salle de bains, la penderie et regard?rent m?me en-dessous du lit. N’ayant rien trouv? d’int?ressant, ils quitt?rent la maison et, quelques instants plus tard, ils sortirent du quartier de Farmington Acres. Chlo? trouva ? nouveau que c’?tait un lieu r?ellement charmant – le quartier id?al pour ?lever des enfants et se forger un avenir. Tant que tu n’avais pas de probl?mes avec le fait que, de temps en temps, il se pourrait qu’il faille composer avec un meurtre. CHAPITRE SEPT Tabby North ?tait une jolie rousse et elle avait le genre de corps qui devait probablement s’entra?ner au moins quatre fois par semaine au fitness. Du point de vue de Chlo?, c’?tait ?galement le genre de corps qui aurait pu s’alimenter un peu plus. Elle ?tait ?videmment extr?mement jolie mais elle avait une constitution qui donnait l’impression qu’elle pourrait s’envoler au moindre coup de vent. Chlo? et Moulton retrouv?rent Tabby chez elle, o? elle avait invit? une autre amie proche, une femme qui allait apparemment au m?me fitness que Tabby. Elle s’appelait Kaitlin St. John et elle pleurait au moment o? Chlo? et Moulton arriv?rent. Ils s’assirent sur le porche arri?re de Tabby, qui leur servit une limonade ? la lavande. Chlo? ne put r?fr?ner la pens?e qui lui vint ? l’esprit – combien tout ?a avait l’air pr?tentieux, ces femmes qui approchaient la quarantaine, avec leurs tailles de gu?pe et leurs boissons ? la mode. Ce genre de pens?es n’est probablement pas ce ? quoi Johnson faisait r?f?rence quand il a dit que j’avais un don pour mener des enqu?tes dans de petites villes de campagne, pensa-t-elle. Pour ?tre polie, elle but une gorg?e de sa limonade. Malgr? ses ? priori, la boisson ?tait d?licieuse. « J’imagine que vous avez d?j? parl? ? la police ? » demanda Chlo?. « Oui, » dit Tabby. « Et bien que je comprenne qu’ils fassent leur possible, il est clair qu’ils ne savaient pas du tout ce qu’ils faisaient. » « Ils ont peur aussi, » dit Kaitlin. « Peur de quoi ? » demanda Moulton. « De l’id?e qu’il puisse y avoir une motivation politique derri?re tout ?a. J’imagine que vous savez que le p?re de Lauren est ami avec le Secr?taire ? la d?fense. Je suis s?re que la police locale pr?f?rerait ?viter un cirque m?diatique si c’est possible. » « Alors, c’est bien en relation avec la politique, n’est-ce pas ? » demanda Tabby. « Il est bien trop t?t pour en ?tre s?r, » dit Chlo?. Elle n’aimait pas trop les ondes qui ?manaient des deux femmes. Elle ne doutait pas de leur tristesse, c’?tait visible dans l’expression de leurs visages et dans le fait que Kaitlin pleurait ouvertement depuis qu’ils ?taient arriv?s. Mais elle n’avait non plus aucun probl?me ? les imaginer se retrouver – peut-?tre m?me avec Lauren Hilyard et Claire Lovingston – pour se raconter les derniers ragots sur les habitants de la ville. Elle se doutait que tout ce qui serait dit ici finirait probablement par se r?pandre dans tout Barnes Point. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51922002&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.