Ðàññâåò ÷àðóþùèé è íåæíûé Êîñíóëñÿ áåëûõ îáëàêîâ, È íåáà îêåàí áåçáðåæíûé, Ñ âîñòîêà çàðåâîì öâåòîâ Ïóðïóðíûõ, ÿðêî - çîëîòèñòûõ, Âäðóã çàñèÿë. Ñêîëüçÿùèé ëó÷ Ïëÿñàë íà ãîðêàõ ñåðåáðèñòûõ… È ñîëíöà ëèê, ïàëÿùèé – æãó÷, Ïëûë íàä Çåìë¸é åù¸ ëåíèâîé, Îáúÿòîé íåãîé ñëàäêèõ ñíîâ… È ëèøü ïàñòóõ íåòîðîïëèâî Êíóòîì èãðàÿ, ãíàë êîðîâ Íà âûïàñ, ñî÷íûìè ë

Les Plus Vaillants: Le Fil de l’?p?e, tome 2

Les Plus Vaillants: Le Fil de l’?p?e, tome 2 Morgan Rice « Morgan Rice a recommenc? ! Gr?ce ? un panel impressionnant de personnages, l’auteur nous livre un autre monde magique. LES PLUS M?RITANTS regorge d’intrigues, de trahisons, d’amiti?s inattendues et de tous les bons ingr?dients pour une lecture savoureuse. D?bordant d’action, vous serez captiv?s par ce livre. »—Books and Movie Reviews, Roberto MattosMorgan Rice, l’auteur ? succ?s n°1 de LA QU?TE DES H?ROS (un t?l?chargement gratuit avec plus de 1 000 notes ? cinq ?toiles), nous offre une nouvelle s?rie de fantasy captivante. Dans LES PLUS VAILLANTS (Le Fil de l’?p?e, tome 2), Royce, ?g? de 17 ans, est en cavale, fuyant pour sa libert?. Il f?d?re les paysans alors qu’il tente de sauver ses fr?res et de fuir pour de bon.Genevi?ve, de son c?t?, apprend un terrible secret qui affectera le reste de sa vie. Elle doit d?cider si elle va risquer sa vie pour sauver Royce, m?me s’il pense qu’elle l’a trahi.Les nobles se pr?parent ? la guerre contre les paysans, et seul Royce peut les sauver. Mais le seul espoir de Royce repose sur ses pouvoirs secrets, pouvoirs qu’il n’est pas s?r de poss?der. LES PLUS VAILLANTS d?peint un conte ?pique qui parle d’amis et d’amants, de chevaliers et d’honneur, de trahison, de destin?e et d’amour. Un conte sur les valeurs nous faisant d?couvrir un monde de fantasy que tous et toutes pourront adorer. L E S P L U S V A I L A N T S (LE FIL DE L’?P?E—TOME 2) MORGAN RICE ? propos de Morgan Rice Ecrivain prolifique et auteur ? succ?s, Morgan Rice a d?j? sign? de sa plume une s?rie de fantasy ?pique en dix-sept tomes, L’ANNEAU DU SORCIER ; une s?rie de bit-lit en douze tomes, SOUVENIRS D’UNE VAMPIRE ; un thriller post-apocalyptique en cours d’?criture, LA TRILOGIE DES RESCAP?S ; une autre s?rie de fantasy ?pique en six tomes, ROIS ET SORCIERS ; une s?rie de fantasy ?pique en cours d’?criture, DE COURONNES ET DE GLOIRE en huit tomes ; une s?rie de fantasy ?pique UN TRONE POUR DES SOEURS en huit tomes ; une nouvelle s?rie de science-fiction en quatre tomes, LES CHRONIQUES DE L’INVASION ; une nouvelle s?rie de fantasy, OLIVER BLUE ? L’ECOLE DES PROPH?TES, en quatre tomes et une nouvelle s?rie, LE FIL DE L’?P?E, en trois tomes. Les romans de Morgan sont disponibles en versions audio et papier. Ils sont traduits en plus de vingt-cinq langues. Morgan adore recevoir de vos nouvelles. N’h?sitez pas ? visiter son site web www.morganricebooks.com (http://www.morganricebooks.com/) pour vous inscrire ? la newsletter, recevoir un livre gratuit, des infos exclusives et des cadeaux, t?l?charger l’appli gratuite, vous connecter sur Facebook et Twitter et rester en contact ! Des ?loges pour les romans de Morgan Rice « Si vous avez perdu go?t ? la vie en refermant la derni?re page de L’ANNEAU DU SORCIER, rassurez-vous. Dans LE R?VEIL DES DRAGONS, Morgan Rice jette les bases de ce qui promet d’?tre une autre formidable s?rie, dans un univers peupl? de trolls et de dragons, o? l’on parle du courage, de l’honneur, de la magie et du destin. Les personnages, solides et int?ressants, nous donnent envie de les suivre, page apr?s page. Un indispensable pour tout bon lecteur de fantasy. » —Books and Movie Reviews, Roberto Mattos « Un roman de fantasy plein d’action et d’aventures, qui plaira aux fans de Morgan Rice, ainsi qu’? ceux de ERAGON de Christopher Paolini… Les amateurs de litt?rature jeunesse vont le d?vorer. » —The Wanderer, A Literary Journal (? propos du R?veil des Dragons) « Epop?e de fantasy pleine d’entrain, ? l’intrigue prenante et saupoudr?e d’un soup?on de myst?re… Une s?rie pour des lecteurs ? la recherche d’aventures. Les protagonistes et l’action tissent une vigoureuse ?pop?e qui se focalise principalement sur l’?volution de Thor. Enfant r?veur, il devient peu ? peu un jeune adulte dou? pour la survie… Et ce n’est que le d?but de ce qui promet d’?tre une s?rie ?pique pour jeunes adultes. » —Midwest Book Review (D. Donovan, Critiques d’eBooks) « L’ANNEAU DU SORCIER a tous les ingr?dients d’un succ?s imm?diat : des intrigues, du myst?re, de vaillants chevaliers et des relations qui s’?panouissent entre les c?urs bris?s, les complots et les trahisons. Ce roman vous occupera pendant des heures et satisfera toutes les tranches d’?ge. Un indispensable pour tout bon lecteur de fantasy. » —Books and Movie Reviews, Roberto Mattos « Dans ce premier tome de la s?rie L’ANNEAU DU SORCIER, nous faisons la connaissance de Thorgrin McLoed, dit « Thor ». ? quatorze ans, il r?ve de rejoindre la L?gion, c’est-?-dire l’arm?e de guerriers d’?lite qui prot?ge le royaume… Le style de Rice est efficace et l’histoire prometteuse. » —Publishers Weekly Livres par Morgan Rice OLIVER BLUE ET L’?COLE DES VOYANTS L’USINE MAGIQUE (Tome 1) L’ASTRE DE KANDRA (Tome 2) LES OBSIDIENNES (Tome 3) LE SCEPTRE DE FEU (Tome 4) LES CHRONIQUES DE L’INVASION ATTAQUE EXTRATERRESTRE (Tome 1) ARRIV?E (Tome 2) ASCENSION (Tome 3) RETOUR (Tome 4) LA VOIE DE L’ACIER SEULS LES BRAVES (Tome 1) UN TR?NE POUR DES S?URS UN TR?NE POUR DES S?URS (Tome 1) UNE COUR DE VOLEURS (Tome 2) UNE CHANSON POUR DES ORPHELINES (Tome 3) UN CHANT FUN?BRE POUR DES PRINCES (Tome 4) UN JOYAU POUR LA COUR (Tome 5) UN BAISER POUR DES REINES (Tome 6) UNE COURONNE POUR DES ASSASSINS (Tome 7) UNE ?TREINTE POUR DES H?RITI?RES (Tome 8) DE COURONNES ET DE GLOIRE ESCLAVE, GUERRI?RE, REINE (Tome 1) CANAILLE, PRISONNI?RE, PRINCESSE (Tome 2) CHEVALIER, H?RITIER, PRINCE (Tome 3) REBELLE, PION, ROI (Tome 4) SOLDAT, FR?RE, SORCIER (Tome 5) H?RO?NE, TRA?TRESSE, FILLE (Tome 6) SOUVERAIN, RIVALE, EXIL?E (Tome 7) VAINQUEUR, VAINCU, FILS (Tome 8) ROIS ET SORCIERS LE R?VEIL DES DRAGONS (Tome 1) LE R?VEIL DU VAILLANT (Tome 2) LE POIDS DE L’HONNEUR (Tome 3) UNE FORGE DE BRAVOURE (Tome 4) UN ROYAUME D’OMBRES (Tome 5) LA NUIT DES BRAVES (Tome 6) L’ANNEAU DU SORCIER LA QU?TE DES H?ROS (Tome 1) LA MARCHE DES ROIS (Tome 2) LE DESTIN DES DRAGONS (Tome 3) UN CRI D’HONNEUR (Tome 4) UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome 5) UNE VALEUREUSE CHARGE (Tome 6) UN RITE D’?P?ES (Tome 7) UNE CONCESSION D’ARMES (Tome 8) UN CIEL DE CHARMES (Tome 9) UNE MER DE BOUCLIERS (Tome 10) LE R?GNE DE L’ACIER (Tome 11) UNE TERRE DE FEU (Tome 12) LE R?GNE DES REINES (Tome 13) LE SERMENT DES FR?RES (Tome 14) UN R?VE DE MORTELS (Tome 15) UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome 16) LE DON DE LA BATAILLE (Tome 17) TRILOGIE DES RESCAP?S AR?NE UN : ESCLAVAGISTES (Tome 1) AR?NE DEUX (Tome 2) AR?NE TROIS (Tome 3) LES VAMPIRES D?CHUS AVANT L’AUBE (Tome 1) SOUVENIRS D’UNE VAMPIRE TRANSFORM?E (Tome 1) AIM?E (Tome 2) TRAHIE (Tome 3) PR?DESTIN?E (Tome 4) D?SIR?E (Tome 5) FIANC?E (Tome 6) VOU?E (Tome 7) TROUV?E (Tome 8) REN?E (Tome 9) ARDEMMENT D?SIR?E (Tome 10) SOUMISE AU DESTIN (Tome 11) OBSESSION (Tome 12) Saviez-vous que j’ai ?crit plusieurs s?ries ? Si vous n’avez pas encore lu toutes mes s?ries, cliquez sur les images ci-dessous afin de t?l?charger le premier tome ! (http://www.morganricebooks.com/) Vous voulez des livres en cadeau ? Inscrivez-vous ? la newsletter de Morgan Rice et recevez 4 livres, 3 cartes, 1 appli gratuite, 1 jeu, 1 bande dessin?e et des exclusivit?s ! Pour vous inscrire : www.morganricebooks.com (http://www.morganricebooks.com/) Copyright © 2018 par Morgan Rice Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi des ?tats-Unis sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l’autorisation pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre seule jouissance personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d’autres personnes. 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TABLE DES MATIERES CHAPITRE UN (#uf00ccbb8-bd57-5c1b-a795-e630a24fdb41) CHAPITRE DEUX (#u51caf83a-ddeb-4644-8056-5c55f57a7f29) CHAPITRE TROIS (#u75401ea1-53ec-492c-91dd-faef8cfaa0dc) CHAPITRE QUATRE (#uaa3f0ae9-94ec-4514-bd3f-e1ca17f27365) CHAPITRE CINQ (#u28e195a2-feab-48d5-b70b-9c22d0e24c87) CHAPITRE SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE UN Royce attrapa le premier cheval venu et sauta sur son dos, ne se souciant pas des cris derri?re lui, se penchant sur le dos de l’animal pour ?viter les fl?ches qui fusaient par-dessus sa t?te. Son esprit courait presque aussi vite que sa monture, pensant au noble qu’il venait de tuer d’un jet de lance. Plus troublant encore, son esprit vacillait ? l’id?e de Genevi?ve, incapable d’ignorer l’image d’elle debout au-dessus de la fosse, aux c?t?s de l’homme pour qui elle l’avait abandonn?. Ces pens?es ?taient presque suffisantes pour qu’il s’arr?te et se laisse capturer par les hommes qui le poursuivaient. Seule sa col?re le poussait, talonnant son cheval pour le pousser au galop. D’autres fl?ches arrivaient par derri?re, se brisant contre la ma?onnerie des b?timents environnants ou se fichant dans le torchis. Les villageois s’?cartaient du cheval qui chargeait, et Royce faisait de son mieux pour l’emp?cher de s’?craser sur l’un d’eux. Cela signifiait se battre contre les r?nes, forcer la t?te du cheval de cette fa?on et cela alors que ses sabots claquaient sur les pav?s. D’autres sabots se joignirent au ch?ur de cavalcade alors que les cavaliers chevauchaient pour attraper Royce. Certains d’entre eux ?taient peut-?tre des chevaliers, mais d’autres semblaient ?tre des sergents d’armes, faisant le travail de leurs sup?rieurs pendant que les nobles restaient l? sans rien faire. — Apr?s lui ! cria l’un d’eux. Sus au meurtrier ! Royce savait qu’aucune r?solution pacifique n’?tait ? esp?rer s’ils le rattrapaient. La peine pour un simple meurtre ?tait la mort, et il avait abattu leur seigneur juste sous leurs yeux. Ils n’abandonneraient pas avant d’?tre s?rs de l’avoir attrap?, ou jusqu’? ce qu’il n’y ait plus aucune chance de le retrouver. Pour l’instant, tout ce qu’il pouvait faire, c’?tait de garder une longueur d’avance sur eux, de faire confiance ? un cheval vol?, de surmonter les secousses et les changements de direction rapides tout en esp?rant qu’il ne chute pas. Royce serra l’?p?e de cristal dans sa main, ne voulant pas que son emprise sur elle vacille un seul instant. Un cavalier s’approcha, sa lance lev?e pour l’empaler. Royce coupa la t?te de l’arme et frappa l’homme qui la portait. Le poursuivant tomba de son cheval et Royce continua sa folle chevauch?e. Il y en avait beaucoup plus derri?re, beaucoup trop. M?me avec la force et l’habilet? dont il faisait preuve, Royce doutait ?tre mesure d’affronter autant d’hommes ? la fois. Il choisit plut?t de continuer ? fuir sur sa monture providentielle, et ce faisant, essayait de trouver comment il allait pouvoir s’?chapper. Il s’enfuit de la ville, le fort s’effa?ant au fur et ? mesure que le destrier de Royce traversait la rase campagne, suivant les cr?tes et les sillons des terres agricoles dans sa foul?e. De petits ruisseaux se trouvaient entre les deux et Royce se dirigeait vers les parties les plus ?troites, poussant le cheval ? sauter plut?t qu’? patauger. Chaque foul?e h?sitante serait autant de terrain que le groupe de cavaliers le poursuivant rattraperait sur lui. Il se dirigea ensuite vers les murs d’une ferme, le cheval fr?lant la pierre sans la toucher. Jetant un coup d’?il en arri?re, Royce vit l’un des chevaux poursuivants percuter le mur et en entrainer un autre dans sa chute. Ce n’?tait pas suffisant. Un autre cavalier arriva ? la hauteur de Royce, se jetant en travers comme s’il esp?rait le faire tomber de sa selle. Royce s’agrippa f?rocement ? son cheval, sa force brute le maintenant en place alors qu’il assenait au soldat des coups de coudes et de t?te. Il vit l’?clat d’un poignard alors que l’homme s’appr?tait ? le frapper par derri?re, Royce se retourna brusquement, poussant l’homme de toutes ses forces. Le soldat tomba de son cheval lanc? ? pleine vitesse, s’?crasant lourdement sur le sol. Royce talonna ? nouveau les flancs de son cheval, mais l’?cart entre ses poursuivants et lui s’?tait maintenant r?duit. Royce savait qu’il ne pouvait pas esp?rer simplement distancer les hommes derri?re lui. Ils ?taient trop d?termin?s et il n’avait aucun moyen de savoir si son cheval se montrerait plus endurant que les leurs. M?me si c’?tait le cas, ce ne serait qu’une question de temps avant qu’une fl?che d’un arc de chasse ne blesse l’animal trop gri?vement pour qu’il puisse continuer sa course. Il devait trouver un meilleur moyen. Devant lui, il vit une gorge enjamb?e par un petit pont. Royce ignora le pont, se dirigeant plut?t vers un endroit o? un arbre solide ?tait tomb? ? travers le vide. Enfant, ses fr?res et lui l’avaient parcouru ? pied, jusqu’? la petite ?tendue bois?e qui se trouvait au-del?. Royce ne savait pas si le cheval qu’il montait pouvait s’en sortir. Mais c’?tait sa meilleure chance, alors il guida sa monture vers le tronc, la for?ant ? l’emprunter sans modifier son allure. Royce sentit un de ses sabots glisser et, pendant un instant, son souffle se coupa, mais il r?ussit ? ramener l’animal sur le bois partiellement pourri. D’autres fl?ches d?filaient ? mesure que Royce revenait sur la terre ferme. Royce se retourna, voyant les chevaux qui le pourchassaient se cabrer ? la perspective de franchir cette passerelle de fortune. Royce la taillada de son ?p?e de cristal, et il sentit le tronc s’effondrer jusqu’? une rivi?re en contrebas. — Cela ne les retiendra pas longtemps, chuchota Royce ? son cheval, le pressant ? nouveau ? garder le rythme pendant que les hommes de l’autre c?t? de la gorge d?tournaient leurs chevaux au galop vers l’endroit o? se trouvait le pont. Cela lui ferait gagner une minute ou deux tout au plus, et Royce savait qu’il devrait en profiter pour s’enfuir. En m?me temps, il savait qu’il ne pouvait pas se contenter de fuir. Fuir n’avait jamais rien donn?. Fuir ne changeait rien. Il se dirigea vers les bois ? toute allure, essayant de r?fl?chir pendant qu’il disparaissait sous les branches basses, essayant de se cacher. La for?t ?tait calme, except? les bruits de petites cr?atures et d’oiseaux siffleurs, la course de l’eau et le bruissement des feuilles dans les arbres. Quelque part plus loin, il entendit le bruit d’un b?cheron jouant du pipeau. Royce esp?rait qu’il ne conduirait pas les soldats ? lui. Il ne voulait pas causer d’ennuis ? qui que ce soit. Cette pens?e le fit s’arr?ter parmi les arbres. Les hommes derri?re lui le suivraient jusqu’? son village s’il s’y rendait, et pourtant, s’il ne le faisait pas, Royce ne parviendrait peut-?tre jamais ? obtenir le moindre soutien. Pire encore, les hommes du duc pourraient s’y rendre de toute fa?on, d?termin?s ? punir tous ceux qui avaient un lien avec le gar?on qui avait assassin? leur seigneur. Il avait besoin d’un moyen d’?loigner les hommes du duc du village et de gagner du temps pour faire tout ce qu’il avait ? faire. Le son du pipeau revint ? Royce, et il se dirigea dans sa direction, guidant son cheval entre les arbres. Royce le fit passer aussi vite qu’il le pouvait. Il n’?tait que trop conscient de la maigre avance que lui avait conf?r? le passage du tronc, et maintenant, il avait l’impression qu’il avait besoin de chaque seconde dont il disposait. Moins d’une minute plus tard, il rencontra un premier cochon qui fouillait l’humus ? la recherche de fruits, de champignons ou d’autres choses ? manger. Il devait bien faire un m?tre au garrot et il avan?ait en reniflant, apparemment totalement d?sint?ress? par la pr?sence de Royce. D’autres se frayaient un chemin ? travers les arbres, fouinant et chassant tout ce qu’ils pouvaient manger, portant les marques d’au moins quelques fermes. La musique du pipeau ?tait maintenant proche, et ? travers une grappe d’aulnes, Royce pouvait distinguer la forme d’un jeune homme assis sur la souche d’un ch?ne tomb?. Le jeune homme cria en voyant Royce, en agitant le bras qui tenait l’instrument. — H?, l?. Ne va pas trop vite par ici. Les cochons sont assez faciles ? vivre, mais si tu leur fais peur, ils sont assez gros pour faire tr?bucher ton cheval. — Il y a des hommes qui viennent par ici, dit Royce, devinant que la meilleure fa?on de s’y prendre ?tait d’?tre direct. Un jeune homme comme lui n’appr?cierait pas qu’on essaie de le pi?ger. Des hommes qui veulent ma mort ou ma capture. Le porcher prit un air un peu inquiet. — Et qu’est-ce que ?a a ? voir avec moi ? demanda-t-il. Je ne fais que garder mes cochons. — Penses-tu que des hommes comme ?a s’en soucient ? demanda Royce. Tous les paysans savaient ? quoi pouvaient ressembler les hommes du duc et combien il ?tait dangereux de se mettre sur leur chemin pendant qu’ils chassaient. — Non, devina le gar?on. Il regarda Royce. Alors, qu’est-ce qu’ils te veulent ? Royce soup?onnait que s’il disait la v?rit? au gar?on, ce serait trop pour lui. Mais que pouvait-il faire d’autre ? Il pouvait difficilement pr?tendre ?tre un braconnier. — J’ai… J’ai tu? le duc, dit Royce, ne sachant pas quoi dire d’autre. Il ne pouvait pas demander ce qu’il allait demander sans ?tre franc avec ce gar?on. Ses hommes me poursuivent, et s’ils m’attrapent, ils me tueront. — Alors, tu comptes les mener ? mes cochons ? continua le porcher. Et que m’arrivera-t-il si je suis encore l? quand ils arriveront ? — J’ai une id?e pour ?a, dit Royce. Il sauta de son cheval et tendit les r?nes au gar?on. Prends mon cheval. Va-t’en d’ici. C’est notre meilleure chance ? tous les deux. — Tu veux que je me fasse passer pour toi ? demanda le porcher. Apr?s ce que tu as fait ? La moiti? du royaume serait apr?s moi. Royce hocha la t?te. Les deux hommes ne se ressemblaient pas ; Royce ?tait beaucoup plus grand et beaucoup plus muscl?, et m?me s’ils avaient tous les deux les cheveux blonds d’une longueur ?quivalente, on ne les confondrait jamais. Leurs traits ?taient ?galement diff?rents : ceux du gar?on porcher ?taient ronds et amicaux, alors que Royce avait la m?choire carr?e et le reste du visage aiguis? par la violence. — Pas pour longtemps. Tu sais monter ? cheval, n’est-ce pas ? — Oui, mon p?re a insist?. J’avais l’habitude de monter le cheval de trait sur les champs. — Ce cheval ira beaucoup plus vite que ton canasson, promit Royce, tout en tenant les r?nes. Prends-le, chevauche devant eux pendant un moment, et laisse-le partir quand ils ne pourront pas te voir. Ils ne sauront jamais que c’?tait toi sur le cheval, et ils me chercheront toujours. Royce ?tait certain que ?a marcherait. Si le porcher r?ussissait ? distancer l’ennemi, il serait en s?curit? d?s qu’ils l’auraient perdu de vue. — Et c’est tout ce que j’aurais ? faire ? demanda le porcher. Royce pouvait voir qu’il songeait ? accepter. — Emm?ne-les loin de tous villages, dit-il. Je dois retourner au mien, et tu pourras retourner au tien d?s que tu les auras sem?s. — Tu cherches un moyen de t’en tirer apr?s ce meurtre ? demanda le gar?on. Royce comprit. Le porcher n’aurait jamais voulu se rendre complice d’une banale affaire criminelle. Mais il ne s’agissait pas de cela. ?a ne l’avait jamais ?t?, m?me au moment o? il avait lanc? la lance. — Ils nous oppriment de toutes les mani?res possibles, dit Royce. Ils prennent et ils prennent, et ils ne donnent jamais rien en retour. Le duc a pris la femme que j’aimais et l’a donn?e ? son fils. Il m’a emprisonn? sur une ?le o? j’ai vu des gar?ons de mon ?ge se faire massacrer. J’ai d? me battre ? mort dans une fosse ! Il est temps de changer les choses. Il est temps d’am?liorer les choses. Il pouvait voir que le gar?on l’envisageait de plus en plus. — Si je ne rentre pas dans mon village, beaucoup de gens mourront, dit Royce. Mais si je fuis et qu’ils me suivent, il y en aura encore plus. J’ai besoin de ton aide. Le porcher fit un pas en avant. — Serais-je pay? pour ?a ? Royce exposa les paumes de ses mains. Il n’avait rien du tout. — Si je peux te retrouver apr?s, je trouverai un moyen de te rembourser. Comment puis-je te trouver ? — Je suis Berwick, d’Upper Lesham. Royce hocha la t?te, et cela sembla suffisant pour le porcher. Il prit le cheval de Royce et le monta pour partir ? travers les arbres dans une direction qui n’avait rien ? voir avec les villages que Royce connaissait. Il poussa un soupir de soulagement. Ce r?pit fut de courte dur?e. Il avait encore besoin de se cacher. Il s’enfon?a parmi les arbres, trouvant un endroit au milieu du feuillage o? il pouvait s’accroupir ? l’ombre d’un tronc, entour? de ramures de houx. Il s’accroupit l?, parfaitement immobile, osant ? peine respirer en attendant. Autour de lui, les cochons continuaient ? fourrager, et l’un d’eux s’approchait de lui, reniflant le feuillage o? il se cachait. — Va-t’en, chuchota Royce, voulant que la cr?ature passe son chemin. Il ne fit plus un bruit en entendant le bruit des sabots qui s’approchaient. Il commen?ait ? apercevoir ses poursuivants, tous en armure et l’?p?e au poing, tous l’air encore plus en col?re qu’au d?but de la poursuite. Royce esp?rait vraiment qu’il n’avait pas mis le porcher en trop grand danger en le faisant participer ? son ?vasion. Le cochon continuait ? s’approcher trop pr?s de lui. Royce eut l’impression que l’un des hommes en arme regardait dans sa direction, il se for?a ? ?tre si immobile qu’il ne se risqua m?me pas ? cligner des yeux. Si le cochon trahissait sa pr?sence, il ?tait s?r que les hommes lui tomberaient dessus et le mettraient en pi?ces. Puis l’homme d?tourna le regard, et les soldats s’?lanc?rent ? nouveau. — Assez perdu de temps ! cria l’un d’eux. Il n’a pas pu aller bien loin ! Les chevaux des soldats tonn?rent, suivant le chemin que le porcher avait pris, vraisemblablement en suivant ses traces. M?me apr?s qu’ils soient partis, Royce garda sa position, serrant son ?p?e de toutes ses forces, s’assurant qu’il ne s’agisse pas d’une ruse destin?e ? l’attirer dehors. Finalement, il osa se d?placer, ?mergeant dans la clairi?re et repoussant les cochons devant lui. Il prit un moment pour regarder autour de lui, essayant de se faire une id?e de la direction dans laquelle se trouvait son village. La supercherie lui avait fait gagner du temps, mais il fallait quand m?me qu’il se presse. Il devait rentrer avant que les hommes du duc ne tuent tout le monde. CHAPITRE DEUX Genevi?ve ne put que rester silencieuse dans la grande salle du ch?teau pendant que son mari fulminait. Dans les moments o? il n’?tait pas en col?re, Altfor ?tait en fait tr?s beau, avec des cheveux bruns longs et ondul?s, des traits aquilins et des yeux sombres et profonds. Genevi?ve l’avait toujours imagin? comme cela, le visage rouge et furieux, comme s’il s’agissait de sa v?ritable apparence, non son masque d’apparat. Elle n’avait pas os? bouger, n’avait pas os? attirer sa col?re, et elle n’?tait clairement pas la seule. Autour d’elle, les serviteurs et les valets de l’ancien duc se tenaient tranquilles, ne voulant pas ?tre les premiers ? s’attirer ses foudres. M?me Moira semblait rester en arri?re, bien qu’elle soit toujours l? o? Genevi?ve pouvait la voir, plus proche du mari de Genevi?ve qu’elle-m?me ne le serait jamais, en tous points. — Mon p?re est mort ! cria Altfor, comme s’il y avait encore une personne au ch?teau qui ne savait pas ce qui s’?tait pass? dans la fosse. D’abord mon fr?re, et maintenant mon p?re, assassin? par un tra?tre, et aucun de vous ne semble avoir de r?ponses pour moi. Cette col?re paraissait dangereuse ? Genevi?ve, trop sauvage et non dirig?e, se d?cha?nant en l’absence de Royce, essayant de trouver quelqu’un ? bl?mer. Elle fut prise d’un ?trange sentiment, d?sirant ? la fois que Royce soit pr?sent et reconnaissante qu’il ne le soit pas. Pire encore, elle avait le c?ur endolori par son absence, souhaitant avoir pu faire autre chose que de se tenir aux c?t?s de son mari et de le regarder du haut de la fosse. Une partie d’elle d?sirait ardemment ?tre avec Royce ? ce moment-l?, et Genevi?ve savait qu’elle ne pouvait pas laisser Altfor percevoir cela. Altfor ?tait d?j? assez en col?re, et elle n’avait ressenti que trop clairement ? quel point cette col?re pouvait facilement ?tre dirig?e contre elle. — Personne ne fera-t-il face ? cette situation ? exigea Altfor. — C’est exactement ce que j’allais demander, mon neveu, retorqua une voix dure. L’homme qui ?tait entr? dans la pi?ce donna ? Genevi?ve l’envie de quitter les lieux au moins autant qu’Altfor. Avec Altfor, elle voulait ?viter la chaleur de sa rage, mais chez cet homme, il se d?gageait quelque chose de froid, quelque chose qui semblait ?tre fait de glace. Il ?tait plus ?g? qu’Altfor d’une vingtaine d’ann?es, avec des cheveux clairsem?s et une carrure ?lanc?e. Il marchait avec ce qui semblait ? premi?re vue ?tre un b?ton, mais Genevi?ve vit la poign?e sortir d’un fourreau et r?alisa qu’il s’agissait d’une longue ?p?e, encore dans son fourreau. Quelque chose dans sa d?marche disait ? Genevi?ve que c’?tait les blessures, et non l’?ge, qui le poussait ? utiliser cette canne mortelle. — Oncle Alistair, dit Altfor. Nous… nous ne vous attendions pas. En fait, Altfor semblait inquiet face ? la pr?sence du nouveau venu, et ce fut une surprise pour Genevi?ve. Il avait toujours sembl? si parfaitement en contr?le avant, ? pr?sent la pr?sence de cet homme semblait le d?stabiliser compl?tement. — Manifestement pas, dit l’homme ?lanc?. Sa main caressait le pommeau de la longue ?p?e sur laquelle il ?tait appuy?. Le moment o? tu ne m’as pas invit? ? ton mariage t’a probablement fait penser que je resterais dans mes domaines, que j’?viterais la ville et que je te laisserais tout g?cher ? la suite de la mort de mon fr?re. Il regarda autour de lui, ses yeux tomb?rent sur Genevi?ve la rep?rant au milieu de la foule de son regard de faucon. F?licitations pour ton mariage, ma fille. Je vois que mon neveu a le go?t de l’inutile. — Je… vous ne me parlerez pas de la sorte, dit Altfor. Il lui fallut un moment pour se rappeler qu’il devait d?fendre l’honneur de Genevi?ve. Ou ? ma femme. Je suis le duc ! Alistair s’approcha de Genevi?ve, et ? ce moment son ?p?e quitta son fourreau, captant la lumi?re, large et tranchante comme un rasoir. Genevi?ve se figea sur place, osant ? peine respirer alors que l’oncle d’Altfor tenait la lame ? un pouce de sa gorge. — Je pourrais trancher la gorge de cette fille, et aucun de tes hommes ne l?verait le petit doigt pour m’arr?ter, dit Alistair. Et certainement pas toi non plus. Genevi?ve n’avait pas besoin de regarder vers Altfor pour savoir qu’il disait vrai. Il n’?tait pas le genre de mari assez pr?venant pour essayer de la d?fendre. Aucun des courtisans ne voudrait l’aider, et Moira… Moira la regardait comme si une partie d’elle-m?me esp?rait qu’Alistair mette sa menace ? ex?cution. Genevi?ve ne pouvait compter que sur elle-m?me. — Pourquoi me passeriez-vous au fil de votre ?p?e, mon seigneur ? demanda-t-elle. — Pourquoi ne le ferais-je pas ? dit-il. Je veux dire oui, tu es jolie : blonde, yeux verts, mince, quel homme ne voudrait pas de toi ? Mais les paysannes ne sont pas difficiles ? remplacer. — J’avais l’impression que mon mariage m’avait fait plus que cela, dit Genevi?ve, essayant de garder sa voix stable malgr? la pr?sence de la lame. Ai-je fait quelque chose pour vous offenser ? — Je ne sais pas, ma fille, qu’en penses-tu ? demanda-t-il, et ses yeux semblaient chercher quelque chose chez Genevi?ve. Un message a ?t? envoy?, r?v?lant les derniers mouvements du gar?on qui a assassin? mon fr?re, pourtant ce message n’est parvenu ? moi ou ? quiconque que bien trop tard. Tu sais quelque chose ? ce sujet ? Genevi?ve savait de quoi il s’agissait, puisque c’?tait elle-m?me qui avait retard? le message. C’?tait tout ce qu’elle avait ?t? capable de faire, et pourtant, elle n’avait pas eu l’impression d’en avoir assez fait ?tant donn? ce qu’elle ressentait pour Royce. Malgr? cela, elle r?ussit ? feindre le calme sur son visage, faisant semblant d’?tre innocente parce que c’?tait litt?ralement la seule d?fense qu’elle avait ? ce moment-l?. — Monseigneur, je ne comprends pas, dit-elle. Vous avez dit vous-m?me que je ne suis qu’une paysanne ; comment pourrais-je faire quoi que ce soit pour arr?ter un tel message ? Par instinct, elle s’agenouilla, se d?pla?ant lentement, ?vitant tous risques de s’empaler sur la lame. — J’ai ?t? honor?e par votre famille, dit-elle. J’ai ?t? choisie par votre neveu, le duc. Je suis devenue sa femme, et mon statut a ainsi ?t? ?lev?. Je vis comme je n’aurais jamais pu l’esp?rer avant. Pourquoi mettrais-je cela en p?ril ? Si vous me croyez vraiment tra?tre, frappez, mon seigneur. Frappez. Genevi?ve porta son innocence comme un bouclier, et elle esp?rait que ce bouclier de vertu lui suffise ? ?viter le coup d’?p?e qui pourrait autrement arriver. Elle l’esp?rait, et elle ne l’esp?rait pas, parce qu’? ce moment-l?, peut-?tre qu’une lame au travers de son c?ur aurait correspondu ? ce qu’elle ressentait, compte tenu de la mani?re dont les choses avaient tourn? avec Royce. Elle regarda dans les yeux de l’oncle d’Altfor, et refusa de d?tourner le regard, de donner le moindre signe de ce qu’elle avait fait. Il releva l’?p?e comme s’il allait porter ce coup fatal… puis abaissa sa lame. — Il semble, Altfor, que ta femme a plus d’acier en elle que toi. Genevi?ve r?ussit ? respirer ? nouveau et se releva pendant que son mari la rejoignait. — Mon oncle, assez jou?. Je suis le duc ici, et mon p?re… — Mon fr?re a ?t? assez fou pour te l?guer un domaine, mais ne pr?tendons pas que cela fasse de toi un duc v?ritable, dit Alistair. Cela exige commandement, discipline et par-dessus tout le respect de tes hommes. Tu n’as rien de tout ?a. — Je pourrais ordonner ? mes hommes de vous tra?ner dans un donjon, dit Altfor. — Et je pourrais leur ordonner de faire la m?me chose, r?pliqua Alistair. Dis-moi, auquel d’entre nous penses-tu qu’ils ob?iraient ? Le fils le moins aim? de mon fr?re, ou le fr?re qui a command? des arm?es ? Celui qui laiss? filer son assassin, ou celui qui a tenu le mur ? Haldermark ? Un gar?on ou un homme ? Genevi?ve pouvait deviner la r?ponse ? cette question, et elle n’aimait pas la tournure que cela pourrait prendre. Qu’elle le veuille ou non, elle ?tait la femme d’Altfor, et si son oncle d?cidait de se d?barrasser de lui, elle n’avait aucune illusion sur ce qui pourrait lui arriver. Rapidement, elle s’approcha de son mari, lui mettant la main sur le bras dans ce qui ressemblait probablement ? un geste de soutien, alors m?me qu’elle essayait de lui rappeler de se retenir. — Ce duch? a ?t? men? ? une impasse, dit Alistair. Mon fr?re a fait des erreurs, et jusqu’? ce qu’elles soient corrig?es, je veillerai ? ce que les choses soit dirig?es convenablement. Quelqu’un ici veut-il contester mon droit de le faire ? Genevi?ve ne put s’emp?cher de remarquer qu’il avait toujours son ?p?e en main, attendant ?videmment que le premier homme dise quelque chose. Bien s?r, ?a devait ?tre Altfor. — Vous voulez que je vous jure fid?lit? ? dit Altfor. Vous voulez que je m’agenouille devant vous alors que mon p?re m’a fait duc ? — Deux choses peuvent faire un duc, insista Alistair. Le commandement du souverain, ou le pouvoir de le prendre. As-tu l’un ou l’autre, neveu ? Ou vas-tu t’agenouiller ? Genevi?ve s’agenouilla avant son mari, tirant sur son bras pour l’entrainer vers le bas ? c?t? d’elle. Ce n’?tait pas qu’elle se souciait de la s?curit? d’Altfor, pas apr?s tout ce qu’il avait fait, mais ? ce moment-l?, elle savait que sa s?curit? ?tait la sienne. — Tr?s bien, mon oncle, dit Altfor, ? travers des dents visiblement serr?es. J’ob?irai. Il semble que je n’aie pas le choix. — Non, reconnu Lord Alistair. Tu ne l’as pas. Ses yeux balay?rent la pi?ce, et un par un, les gens s’agenouill?rent. Genevi?ve vit des courtisans le faire, et des serviteurs. M?me Moira tomba ? genoux, et une petite partie d’elle se demanda si sa pr?tendue amie tenterait sa chance en s?duisant l’oncle d’Altfor comme elle l’avait fait avec son neveu. — Voil? qui est mieux, dit Lord Alistair. Maintenant, je veux plus d’hommes pour trouver le gar?on qui a tu? mon fr?re. Nous ferons de lui un exemple. Pas de spectacle cette fois, juste la fin qu’il m?rite. Un messager entra d’un pas press?, portant les couleurs du duch?. Genevi?ve remarqua son h?sitation en voyant son regard aller d’Altfor au Lord Alistair, essayant ?videmment de d?cider ? qui il devait livrer son message. Finalement, il fit ce que Genevi?ve pensait ?tre le choix ?vident quand il se tourna vers l’oncle d’Altfor. — Monseigneur, pardonnez-moi, dit-il, mais il y a des ?meutes dans les rues. Les gens se soul?vent dans les possessions de l’ancien duc. On a besoin de vous. — Pour abattre les paysans ? dit Lord Alistair, avec un grognement. Tr?s bien. Rassemblez les hommes dont nous pouvons nous passer pour la recherche du fugitif, et qu’ils me rejoignent dans la cour. Nous montrerons ? cette populace ce qu’un vrai duc peut faire ! Il sortit de la pi?ce, s’appuyant de nouveau sur sa longue ?p?e ? nouveau dans son fourreau. Genevi?ve osa pousser un soupir de soulagement alors qu’il sortait, mais ce fut de courte dur?e. Altfor se remettait d?j? debout et sa col?re ?tait palpable. — Sortez tous ! cria-t-il aux courtisans rassembl?s. Dehors, et aidez mon oncle ? r?primer cette r?volte, ou aidez ? la recherche du tra?tre, mais ne soyez pas l? pour que je le redemande ! Ils sortirent tous les uns apr?s les autres, et Genevi?ve commen?a ? se lever pour aller avec eux, mais elle sentit la main d’Altfor sur son ?paule, la maintenant au sol. — Pas toi, femme. Pendant que Genevi?ve attendait, la salle s’?tait vid?e, ne laissant qu’elle, deux gardes et, pire encore, Moira qui observait depuis un coin de la pi?ce, avec quelque chose dans le regard qu’elle n’essayait m?me plus de travestir en sympathie. — Toi, dit Altfor, tu dois me dire quel r?le tu as jou? dans la fuite de Royce. — Je… ne sais pas ce que tu veux dire, dit Genevi?ve. J’?tais ici tout ce temps. Comment pourrais-je… — Tais-toi, cracha Altfor. Si cela ne me donnait pas l’air d’un homme qui ne peut pas te contr?ler, je te battrais pour m’avoir cru aussi stupide. Bien s?r que tu as fait quelque chose ; personne d’autre dans les environs ne se soucie du sort de ce tra?tre. — Il y a des foules enti?res dans les rues qui pourraient prouver le contraire, dit Genevi?ve en se levant. Elle ne craignait pas Altfor comme elle craignait son oncle. Non, ce n’?tait pas vrai. Elle avait peur de lui, mais c’?tait une peur diff?rente. Dans le cas d’Altfor, il s’agissait d’une crainte de violence et de cruaut? soudaines, mais le fait de sembler se soumettre ne ferait rien pour la d?tourner. — La foule ? dit Altfor. Tu vas me narguer avec des foules de paysans maintenant ? Je pensais que tu avais appris la le?on sur le fait de me mettre en col?re, mais de toute ?vidence non. Genevi?ve fut de nouveau saisie de peur, car le regard d’Altfor promettait quelque chose de bien pire que la violence envers elle. — Tu penses que tu es en s?curit? parce que je ne ferai pas de mal ? ma femme, dit Altfor. Mais je t’ai dit ce qui arriverait si tu me d?sob?issais. Ton Royce bien-aim? sera retrouv?, et il sera tu?, et si j’ai mon mot ? dire, beaucoup plus lentement que tout ce que mon oncle pourrait avoir en t?te. Cette partie n’effraya pas Genevi?ve, bien que l’id?e qu’un malheur pouvant arriver ? Royce la blessa aussi surement qu’une lame. Le fait est qu’il n’?tait plus sous l’emprise d’Altfor ; elle y avait veill?e. Il ?tait impossible que lui ou Lord Alistair puisse l’attraper. — Puis il y a ses fr?res, dit Altfor, et Genevi?ve eut le souffle coup?. — Tu m’as dit que tu ne les tuerais pas si je t’?pousais, dit-elle. — Mais maintenant tu es ma femme, et tu es d?sob?issante, r?pondit Altfor. Alors que nous parlons, ces trois-l? sont en route vers leur lieu d’ex?cution, pour finir encag?s aux gibets de la colline aux morts et mourir de faim jusqu’? ce qu’ils soient d?vor?s par les b?tes. — Non, dit Genevi?ve. Tu avais promis. — Et tu avais promis d’?tre une femme fid?le ! lui r?pondit Altfor en criant. Au lieu de cela, tu continues ? aider le gar?on que tu aurais d? oublier ! — Tu… Je n’ai rien fait, insista Genevi?ve, sachant que l’admettre ne ferait qu’empirer les choses. Altfor ?tait un noble, et il ne pouvait rien lui faire directement, pas sans preuve, et un proc?s. — Oh, tu veux toujours jouer ? ces jeux, dit Altfor. Alors le prix de ta trahison a augment?. Tu as trop de distractions dans le monde ext?rieur, alors je vais te les prendre. — Qu’est-ce… qu’est-ce que tu veux dire ? demanda Genevi?ve. — Ta s?ur a ?t? un amusement pendant un court instant la premi?re fois que tu m’as d?sob?i. Maintenant, elle va mourir pour ce que tu as fait. Tes parents aussi, et tout le monde dans le taudis qui te faisait office de maison. — Non ! Genevi?ve cria en agrippant le petit couteau qu’elle portait. ? ce moment-l?, tout sentiment de retenue ou de prudence avait disparu, chass? par l’horreur de ce que son mari ?tait sur le point de faire. Elle ferait n’importe quoi pour prot?ger sa s?ur. N’importe quoi. Altfor fut plus rapide, sa main se referma sur la sienne et l’immobilisa. Il la repoussa pour la jeter lourdement sur le sol. Debout au-dessus d’elle, il la regardait fixement, et seul l’intervention de Moira l’emp?cha d’aller plus loin. — Souviens-toi que tant qu’elle est ta femme, elle est noble, chuchota Moira. Fais-lui du mal et tu seras trait? comme un vulgaire criminel. — Ne me dis pas quoi faire, r?pondit Altfor ? Moira, qui se pencha encore plus pr?s. — Je ne te dis pas quoi faire, je ne fais qu’? peine sugg?rer, mon seigneur, mon duc. Avec une femme, et avec le temps un h?ritier, et la loi de ton c?t?, tu r?ussiras ? reprendre tout cela. — Et qu’est-ce que ?a peut te faire ? demanda Altfor, en la regardant. Si Moira avait ?t? bless?e par cette derni?re remarque, elle n’en montra rien. Au contraire, elle eut l’air triomphante en regardant Genevi?ve qui gisait au sol. — Parce que ton fr?re, mon mari, est mort, et je pr?f?re continuer ? ?tre l’amante d’un homme puissant que d’?tre une femme sans pouvoir, dit Moira. Et toi… tu es l’homme le plus puissant que j’aie rencontr?. — Et je devrais te vouloir toi, plut?t que ma femme ? demanda Altfor. Pourquoi devrais-je vouloir les restes de mon fr?re ? M?me pour Genevi?ve, cela semblait un jeu cruel ? jouer alors qu’elle l’avait d?j? surpris avec Moira. Mais encore une fois, ce que Moira ressentait ?tait soigneusement masqu?. — Viens avec moi, sugg?ra-t-elle, et je te rappellerai la diff?rence pendant que tes hommes s’appr?tent ? tuer tous ceux qui le m?ritent. Tes hommes, pas ceux de ton oncle. C’?tait suffisant pour qu’Altfor la tire vers lui, l’embrassant m?me si Genevi?ve et les deux gardes ?taient l?. Il attrapa le bras de Moira, la tirant vers la sortie de la grande salle. Genevi?ve vit Moira jeter un regard en arri?re, et la cruaut? de son sourire suffit ? glacer Genevi?ve jusqu’aux os. ? ce moment-l?, Genevi?ve s’en moquait. Elle ne se souciait pas qu’Altfor ?tait sur le point de la trahir d’une mani?re dont il avait fait preuve tant de fois auparavant. Elle se fichait qu’elle ait failli mourir des mains de son oncle, ou qu’ils la voyaient tous les deux comme une g?ne. Tout ce qui l’int?ressait alors, c’?tait que sa s?ur ?tait en danger et qu’elle devait trouver un moyen de l’aider, avant qu’il ne soit trop tard. Altfor avait l’intention de la tuer, et elle n’avait aucun moyen de savoir quand cela arriverait. CHAPITRE TROIS Royce courait ? travers la for?t, sentant le craquement des branches sous ses pas, serrant son ?p?e gain?e sur le c?t? pour qu’elle ne s’accroche ? aucun des arbres. Priv? de sa monture, il n’?tait pas assez rapide. Il avait besoin d’aller plus vite. Il acc?l?ra, pouss? par l’id?e de rejoindre ses proches. L’?le Rouge lui avait appris ? continuer ? courir, quelle que soit la fa?on dont son c?ur battait dans sa poitrine ou dont ses jambes lui faisaient mal. Il avait surv?cu ? la course pi?g?e ? travers l’?le, alors se forcer ? courir plus loin et plus vite ? travers une for?t n’?tait rien. Sa vitesse et sa force l’aidaient. Des arbres d?filaient de part et d’autre, Royce ignorait les branches qui lui griffaient la t?te. Il entendait les cr?atures des bois s’enfuir pour s’?loigner de cet intrus qui traversait leur territoire, et il savait qu’il devait trouver un meilleur moyen de se d?placer. S’il continuait ? faire autant de bruit, il attirerait tous les soldats du duch?. — Laisse-les venir, murmura Royce pour lui-m?me. Je les tuerai tous. Une partie de lui voulait faire cela et plus encore. Il avait r?ussi ? tuer le seigneur qui l’avait plong?, lui et ses amis, dans la fosse de combat ; il avait r?ussi ? tuer les gardes qui l’avaient attaqu?, mais il savait aussi qu’il ne pouvait pas s’en prendre ? toute une terre peupl?e d’ennemis. Le plus fort, le plus rapide, le plus dangereux des hommes ne pouvait affronter plus que quelques ennemis, parce qu’il y aurait simplement trop d’endroits d’o? une lame pourrait apparaitre de fa?on inattendue. — Je trouverai un moyen de faire quelque chose, dit Royce, mais il ralentit tout de m?me, se d?pla?ant plus prudemment dans la for?t, essayant de ne pas troubler la paix des arbres qui l’entouraient. Il pouvait entendre les oiseaux et les animaux qui s’y trouvaient, les sons transformant ce qui semblait ?tre un espace vide en un paysage que les chants et les cris semblaient remplir tout entier. Que pouvait-il faire ? Son premier instinct, lorsqu’il avait commenc? sa course, avait ?t? de continuer ? avancer, de sortir dans les espaces sauvages o? les hommes ne vivaient pas, et o? le Picti survivait. Il avait pens? dispara?tre, simplement dispara?tre, parce qu’il n’y avait rien pour le retenir. Bri?vement, son esprit dessina une image de Genevi?ve, regardant en bas depuis les gradins de la fosse de combat, apparemment indiff?rente. Il mit cette image de c?t?, parce qu’il ne voulait pas penser ? Genevi?ve. C’?tait trop douloureux de repenser ? elle, le regardant comme elle l’avait fait. Pourquoi ne pas dispara?tre dans ces territoires o? les hommes ne vivaient pas ? L’une des raisons ?tait Mark. Son ami ?tait tomb? dans la fosse, mais Royce n’avait pas vu le moment de sa mort. Une partie de lui voulait croire que Mark aurait pu y survivre quand les jeux avaient ?t? perturb?s par son tour de force. Les nobles ne voudraient-ils pas le voir combattre ? nouveau si cela ?tait possible ? Ne voudraient-ils pas que son ami les divertisse autant que possible ? — Il doit ?tre vivant, dit Royce, c’est certain. M?me pour lui, cette pens?e ressemblait ? un mensonge destin? ? le convaincre lui-m?me. Royce secoua la t?te et continua de traverser la for?t, essayant de s’orienter. Il avait l’impression qu’il serait impuissant tant qu’il ne serait pas rentr? chez lui. Il s’y rendrait et, une fois qu’il serait de nouveau en s?curit?, il serait en mesure d’?tablir un plan sur ce qu’il faudrait faire ensuite. Il serait capable de d?cider s’il devait fuir, ou essayer de trouver Mark, ou de lever miraculeusement une arm?e avec laquelle s’attaquer aux hommes du duc. — Et peut-?tre que j’y parviendrai comme par enchantement, ironisa Royce tout en avan?ant. Il se d?pla?ait maintenant ? la vitesse d’un animal traqu?, se tenant courb?, plongeant sous le feuillage et se frayant un chemin sur le tapis de feuilles sans ralentir. Il connaissait la for?t. Il connaissait les routes qui la traversaient mieux que quiconque, parce qu’il avait pass? bien du temps ici avec ses fr?res. Ils s’?taient pourchass?s les uns les autres et avaient chass? de petits animaux. Maintenant, c’?tait lui qui ?tait poursuivi et chass?, et qui essayait de trouver un moyen de s’en sortir. Il ?tait presque s?r qu’il y avait une piste de chasse non loin de l? o? il se tenait, qui descendait jusqu’? un petit ruisseau, passait devant la cabane d’un charbonnier, puis descendait vers le village. Royce se dirigea vers elle, se frayant un chemin ? travers la for?t, et fut arrach? ? ses pens?es par un bruit au loin. C’?tait faible, mais c’?tait l? : le bruit de pieds se d?pla?ant l?g?rement sur un terrain accident?. Il ne l’aurait pas remarqu? s’il n’avait pas pass? autant de temps avec ses fr?res dans ces for?ts, ou s’il n’avait pas appris sur l’?le Rouge que le danger pouvait surgir ? tous moments. — Est-ce que j’attends, ou est-ce que je me cache ? se demanda-t-il ? haute voix. Il serait facile de faire irruption sur le chemin, car il n’entendait qu’une seule personne qui venait, qui n’avait m?me pas l’air d’?tre un soldat. Les pas des soldats se reconnaissait par le claquement des bottes, le cliquetis de l’armure et le raclement de la lance sur le sol. Ces pas ?taient diff?rents. Ce n’?tait probablement qu’un fermier ou un b?cheron. Malgr? tout, Royce resta en arri?re, accroupi ? l’ombre d’un arbre, ? un endroit o? ses racines s’arquaient pour former une sorte d’enclos naturel qui accueillait probablement les animaux lorsque le soleil se couchait. Certaines des branches ? proximit? ?taient assez basses pour que Royce puisse les rabattre devant lui afin de se dissimuler, tout en restant capable de garder un ?il sur le chemin. Il s’accroupit, sans bouger, sa main ne s’?loignant jamais de son ?p?e. Quand Royce vit une personne seule s’approcher le long du chemin, il faillit sortir. L’homme qui arrivait semblait d?sarm? et sans armure, ne portant que des v?tements en soie grise, qui semblaient sombres et sans forme. Ses pieds ?taient envelopp?s dans des chausses d’une peau tout aussi grise, avec des lani?res qui recouvraient ses chevilles. Quelque chose l’arr?ta cependant, et ? mesure que l’homme s’approchait, Royce pouvait voir que sa peau ?tait ?galement grise, marqu?e par des tatouages violet et rouge qui formaient des spirales et des symboles, comme si quelqu’un avait trouv? en lui la seule surface disponible pour ?crire un texte maudit. Royce n’?tait pas s?r de ce que tout cela signifiait, mais il y avait quelque chose chez cet homme qui paraissait dangereux d’une mani?re qu’il ne pouvait pas identifier. Soudain, il fut soulag? d’?tre rest? dissimul? l? o? il ?tait. Il avait le sentiment que s’il s’?tait tenu sur le chemin de cet homme, le conflit aurait ?t? in?vitable. Il sentit sa main se resserrer sur le pommeau de son ?p?e, l’envie de faire irruption sans y r?fl?chir ? l’esprit. Royce for?a sa main ? se d?tendre, se souvenant du parcours pi?g? sur l’?le Rouge. Les gar?ons qui s’y ?taient pr?cipit?s sans r?fl?chir ?taient morts avant m?me que Royce puisse commencer ? les faire traverser en toute s?curit?. C’?tait la m?me sensation. Il n’avait pas peur, exactement, mais en m?me temps, il pouvait sentir que cet homme n’?tait pas inoffensif. Pour l’instant, la chose la plus sens?e ? faire semblait ?tre de rester immobile, de ne m?me pas respirer. Malgr? cela, l’homme sur la piste s’arr?ta, la t?te baiss?e sur le c?t? comme s’il ?coutait quelque chose. Royce vit l’?tranger s’accroupir, fron?ant les sourcils alors qu’il prenait une poign?e d’objets dans une poche et les jetait sur le sol. — Vous avez de la chance, dit l’?tranger, sans lever les yeux. Je ne tue que ceux que le destin m’envoie tuer, et les runes disent que nous ne devons pas encore nous battre, ?tranger. Royce ne r?pondit pas alors qu’une par une, l’?tranger ramassait ses pierres. — Il y a un gar?on qui doit mourir parce que le destin l’ordonne, dit l’homme. Mais tu devrais quand m?me conna?tre mon nom et savoir qu’un jour, le destin viendra pour nous tous. Je suis Dust, un angarthim des lieux morts. Vous devriez partir. Les runes disent que beaucoup de morts suivront dans votre sillage. Oh, et ne vous dirigez pas vers le village dans cette direction, ajouta-t-il, comme s’il venait de se rappeler de lui dire. Un grand nombre de soldats s’y dirigeaient quand j’en suis parti. Il se leva et reprit son chemin ? pas feutr?s, laissant Royce accroupi l?, respirant plus fort qu’il ne l’aurait cru, ?tant donn? qu’il n’avait fait que se cacher. Il y avait quelque chose dans la pr?sence de cet ?tranger qui semblait presque ramper sur sa peau, quelque chose d’?trange d’une fa?on que Royce ne pouvait pas commencer ? articuler. S’il avait dispos? de plus de temps, Royce aurait pu rester accroupi l?, soup?onnant que de grands dangers pouvaient ?maner de cet homme. Au lieu de cela, les seules choses qui comptaient ?taient ses paroles. Si les soldats se dirigeaient vers le village, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose… Il reprit sa course, plus rapide que jamais. ? droite, il vit la cabane de charbonnier, derri?re laquelle se trouvait de la fum?e, ce qui laissait penser que le propri?taire ?tait au travail. Un cheval qui semblait plus habitu? ? tirer une charrette qu’? ?tre mont? se tenait devant, accroch? ? un poteau. La maison semblait calme, et en d’autres circonstances peut-?tre que Royce aurait eu des h?sitations ? ce sujet, ou aurait tent? de convaincre le propri?taire des lieux de lui pr?ter le cheval. Il se contenta simplement de lib?rer l’animal du poteau d’attelage, sauta sur son dos et le talonna pour partir. Presque miraculeusement, la cr?ature sembla savoir ce qu’on attendait d’elle, partant au galop alors que Royce s’accrochait ? son dos, esp?rant qu’il arriverait ? temps. *** Le soleil se couchait quand Royce ?mergea de la for?t, le rouge du ciel se refermant sur le monde comme une main sanglante. Pendant un instant, l’?blouissement du soleil couchant emp?cha Royce voir au-del? de la rougeur du sol, alors que le monde entier semblait ?tre en feu. Puis il vit, et il se rendit compte que le rouge flamboyant n’?tait pas d? au coucher du soleil. Son village ?tait en feu. Certaines parties du village br?laient vivement, les toits de chaume se transformant en feux de joie, si bien que toute la ligne d’horizon semblait faite de flammes. Une plus grande partie ?tait noircie et fumait, les charpentes noircies se dressant tels les squelettes des b?timents disparus. L’un d’eux s’effondra sous les yeux de Royce, grin?ant puis tombant dans un grand fracas. — Non, murmura-t-il en descendant de sa monture vol?e avant d’avancer. Non, je ne peux pas arriver trop tard. C’?tait pourtant le cas. Les brasiers ?taient allum?s depuis un moment d?j?, ne d?vorant plus que les plus grands b?timents, l? o? il restait le plus ? br?ler. Le reste de son village n’?tait plus que fum?e ?cre et charbon ardent, si longtemps apr?s le d?part de feu que Royce n’aurait jamais pu esp?rer y arriver ? temps. L’homme qu’il avait crois? sur la route avait dit que les soldats arrivaient quand il partait, mais Royce avait compt? sans la distance et le temps qu’il faudrait pour la parcourir. Finalement, il ne put l’?viter plus longtemps et il baissa les yeux vers le sol jonch? de cadavres. Ils ?taient si nombreux : hommes et femmes, jeunes et vieux, tous tu?s sans distinction, sans aucune piti?. Certains des corps gisaient parmi les ruines, aussi noirs que le bois qui les entourait ; d’autres gisaient dans les rues, avec des blessures b?antes qui racontaient l’histoire de leur mort. Royce en vit certains taillad?s de front alors qu’ils avaient essay? de se battre, d’autres abattus par derri?re quand ils avaient essay? de s’enfuir. D’un c?t?, il vit un groupe de jeunes femmes assassin?es. Avaient-ils pens? qu’il ne s’agissait que d’un raid de plus pour que les nobles leur prennent tout ce qu’ils voulaient, jusqu’au moment o? quelqu’un leur avait tranch? la gorge ? Royce fut submerg? de douleur, de col?re et de tant d’autres choses qu’il eut l’impression que son c?ur allait se d?chirer. Il tituba ? travers le village, regardant les morts les uns apr?s les autres, ? peine capable de croire que m?me les hommes du duc feraient une chose pareille. Ils l’avaient fait, cependant, et il n’y a pas de retour en arri?re possible. — M?re ! appela Royce. P?re ! Il osa esp?rer, malgr? les horreurs qui l’entouraient. Certains habitants du village avaient d? se mettre ? l’abri. Les soldats en maraude ?taient n?gligents, et les gens pouvaient s’?chapper, n’est-ce pas ? Royce vit un autre tas de corps sur le sol, et celui-ci avait l’air diff?rent, car il n’y avait pas de blessures ? l’?p?e sur les corps. Au lieu de cela, ils avaient l’air d’?tre simplement… morts, tu?s ? mains nues, peut-?tre, mais m?me sur l’?le Rouge, cela ?tait consid?r? comme une chose difficile. Royce ne s’en souciait pas en cet instant, parce que m?me s’il connaissait ces gens, ce n’?tait pas ceux qu’il cherchait ? trouver. Ce n’?taient pas ses parents. — M?re ! appela Royce. P?re ! Il savait que les soldats pourraient l’entendre s’ils ?taient encore l?, mais il s’en moquait. Une partie de Royce d?sirant m?me les voir venir, car c’?tait l’occasion de les tuer et de leur faire payer leurs exactions. — Vous ?tes l? ? cria Royce, et une silhouette sortit en titubant de l’un des b?timents, l’air hagard et couverte de suie. Pendant un instant, le c?ur de Royce se serra, pensant que sa m?re l’avait peut-?tre entendu, mais il r?alisa alors que ce n’?tait pas elle. Au lieu de cela, il reconnut la silhouette de la vieille Lori, qui avait toujours terrifi? les enfants avec ses histoires, et qui pr?tendait parfois qu’elle avait la Vue. — Tes parents sont morts, mon gar?on, dit-elle, et ? cet instant, le monde de Royce sembla s’?crouler. Ce monde se figea, pris entre deux battements de c?ur. — Ils ne peuvent pas l’?tre, dit Royce en secouant la t?te, ne voulant pas y croire. C’est impossible. — Ils le sont. Lori se d?pla?a pour s’asseoir contre les restes d’un muret. Aussi mort que je le serai bient?t. Alors m?me qu’elle disait cela, Royce vit le sang sur sa robe de toile grossi?re, la blessure o? une ?p?e ?tait entr?e et sortie. — Laissez-moi vous aider, dit-il, en avan?ant vers elle en d?pit de la nouvelle vague de douleur provoqu?e par ce qu’elle avait dit ? propos de ses parents. Se concentrer sur elle semblait ?tre la seule fa?on de ne pas la ressentir ? ce moment-l?. — Ne me touche pas ! dit-elle en le montrant du doigt. Tu crois que je ne vois pas l’obscurit? qui te suit comme un voile ? Tu crois que je ne vois pas la mort et la destruction qui s’insinuent dans tout ce que tu touches ? — Mais vous ?tes en train de mourir, dit Royce, essayant de la convaincre. La vieille Lori haussa les ?paules. — Tout meurt… enfin, presque, dit-elle. M?me toi, m?me si tu feras trembler le monde avant que cela n’arrive. Combien d’autres mourront pour tes r?ves ? — Je ne veux pas que qui que ce soit meure, r?pondit Royce. — Cela arrivera tout de m?me, r?pondit la vieille dame. Tes parents en ont d?j? pay? le prix. La col?re s’empara ? nouveau de Royce. — Les soldats. Je vais… — Pas les soldats, pas par leurs mains. On dirait qu’il y en a d’autres qui voient les dangers qui te suivent, mon gar?on. Un homme est venu ici, et j’ai senti l’odeur de la mort sur lui si forte que je me suis cach?e. Il a tu? des hommes forts sans efforts, et quand il est all? chez toi… Royce pouvait deviner le reste. Il r?alisa alors quelque chose de terrible qui le frappa dans toute son horreur. — Je l’ai vu. Je l’ai vu sur la route, dit Royce. Sa main se serra sur son ?p?e. J’aurais d? sortir. J’aurais d? le tuer l?-bas. — J’ai vu ce qu’il a fait, dit la vieille Lori. Il t’aurait tu? aussi s?rement que tu nous as tous tu?s rien qu’en naissant. Je vais te donner un conseil, mon gar?on. Cours. Fuis dans la nature. Que personne ne te revoie. Cache-toi comme je me suis cach?e avant de finir de la sorte. — Apr?s une telle barbarie ? demanda Royce, sa col?re s’enflammant. Il sentait ? pr?sent des larmes chaudes sur son visage et il fut incapable de savoir s’il s’agissait de chagrin, de col?re ou d’autre chose. Vous croyez que je peux partir apr?s tout ?a ? La vieille dame ferma les yeux et soupira. — Non, non, pas du tout. Je vois… Je vois toute cette terre se d?placer, un roi se l?ve, un roi tombe. Je vois la mort, et encore la mort, tout ?a parce que tu ne peux ?tre personne d’autre que ce que tu es. — Laissez-moi vous aider, supplia Royce encore une fois, en tendant la main pour aider ? panser la plaie au flanc de Lori. Quelque chose ?mit une lueur qui ressemblait au choc de la laine frott?e dans le mauvais sens, et Lori suffoqua. — Qu’as-tu fait ? demanda-t-elle. Va, mon gar?on. Allez ! Laisse une vieille femme mourir. Je suis trop fatigu?e pour ?a. Il y a plein d’autres morts qui t’attendent, o? que tu essaies de te rendre. Elle se tut, et pendant un instant, Royce pensa qu’elle se reposait peut-?tre, mais elle semblait trop calme pour cela. Le village autour de lui retomba dans un silence fig?. Dans ce silence, Royce resta silencieux, ne sachant pas quoi faire ensuite. Puis il se d?cida et partit en direction des restes de la maison de ses parents. CHAPITRE QUATRE Raymond g?missait ? chaque secousse de la charrette qui les transportait, ses fr?res et lui, ? l’endroit o? ils devaient ?tre ex?cut?s. Il sentait tous les rebonds et la moindre vibration du v?hicule qui se heurtait aux contusions qui couvraient son corps, il entendait le cliquetis des cha?nes qui le retenaient alors qu’elles glissaient contre le bois. Il pouvait sentir sa peur, bien qu’elle semblait ?tre ?clips?e par la douleur dans l’imm?diat ; les coups des gardes l’avaient laiss? avec un corps qui lui donnait l’impression d’?tre bris?, fait d’ar?tes vives. C’?tait difficile de se concentrer, m?me sur la terreur de la mort, dans cet ?tat. La seule peur qui parvenait ? se frayer un chemin dans son esprit concernait surtout ses fr?res. — C’est encore loin, tu crois ? demanda Garet. Le fr?re cadet de Raymond avait r?ussi ? s’asseoir dans la charrette, et Raymond pouvait voir les ecchymoses qui recouvraient son visage. Lofen se redressa plus lentement, l’air ?maci? apr?s leur s?jour dans le donjon. — Aussi loin que ce soit, nous y serons bien trop t?t. — O? crois-tu qu’ils nous emm?nent ? demanda Garet. Raymond pouvait comprendre pourquoi son petit fr?re voulait savoir. L’id?e d’?tre ex?cut? ?tait d?j? assez terrible mais ne pas savoir ce qui se passait, o? cela se passerait et comment cela se ferait ?tait pire encore. — Je ne sais pas, parvint ? r?pondre Raymond et le simple fait de parler fut douloureux. Nous devons ?tre courageux, Garet. Il vit son fr?re hocher la t?te, l’air d?termin? malgr? la situation dans laquelle ils se trouvaient tous les trois. Autour d’eux, il pouvait voir la campagne d?filer, avec des fermes et des champs s’?tendant de chaque c?t? de la route et des arbres au loin. Quelques collines se dressaient l?, et quelques b?timents, mais ils semblaient ?tre loin de la ville ? pr?sent. Leur charrette ?tait conduite par un garde, tandis qu’un autre ?tait assis ? c?t? de lui, arbal?te ? la main. Deux autres chevauchaient ? c?t? de la charrette, l’encadrant et regardant autour d’eux comme s’ils s’attendaient ? voir appara?tre des ennuis ? tout moment. — Silence ? l’arri?re ! leur cria celui qui tenait l’arbal?te. — Qu’est-ce que vous allez faire ? interrogea Lofen. Nous ex?cuter encore plus ? — Ce sont probablement vos grandes gueules qui vous ont valu un traitement sp?cial, r?torqua le garde. La plupart de ceux qui sortent du donjon, on les tra?ne dehors et on les ach?ve comme le duc le veut, sans probl?me. Vous, par contre, vous allez l? o? vont ceux qui l’ont vraiment contrari?. — O? est-ce que c’est ? demanda Raymond. Le garde lui offrit un sourire mauvais. — Vous entendez ?a, les gars ? dit-il. Ils veulent savoir o? ils vont ensuite. — Ils le verront bien assez t?t, dit le charretier en agitant les r?nes pour faire avancer les chevaux un peu plus vite. Je vois pas pourquoi on devrait dire quoi que ce soit aux criminels si ce n’est qu’ils auront tout ce qu’ils m?ritent ? — M?riter ? demanda Garet ? l’arri?re du chariot. Nous ne m?ritons pas ?a. On n’a rien fait de mal ! Raymond entendit son fr?re crier lorsque l’un des cavaliers ? c?t? d’eux le frappa sur les ?paules. — Tu crois que quelqu’un se soucie de ce que tu as ? dire ? r?torqua l’homme. Tu crois que tous ceux qu’on a emmen?s par-l? n’ont pas essay? de d?clarer leur innocence ? Le duc vous a d?clar?s tra?tres, vous conna?trez donc une mort de tra?tre ! Raymond voulut aller voir son fr?re et s’assurer qu’il allait bien, mais les cha?nes qui le retenaient l’en emp?ch?rent. Il envisagea d’insister sur le fait qu’ils n’avaient vraiment rien fait d’autre que d’essayer de tenir t?te ? un r?gime qui avait essay? de tout leur prendre, mais c’?tait l? toute la question. Le duc et les nobles faisaient ce qu’ils voulaient, comme cela avait toujours ?t? le cas. Bien s?r, le duc pouvait les envoyer ? la mort, parce que c’?tait ainsi que les choses se passaient ici-bas. Raymond tira sur ses cha?nes ? cette pens?e, comme s’il ?tait possible de s’en lib?rer par la force. Le m?tal le retint facilement, usant le peu de force qui lui restait jusqu’? ce qu’il s’effondre ? nouveau contre le bois. — Regarde-les, essayant de se lib?rer, dit l’arbal?trier en riant. Raymond vit le charretier hausser les ?paules. — Ils se battront mieux que ?a le moment venu. Raymond voulut savoir ce que l’homme voulait dire par l?, mais il savait qu’il n’avait aucune chance d’obtenir une r?ponse et toutes les chances de se faire battre comme son fr?re l’avait ?t?. Tout ce qu’il pouvait faire, c’?tait de rester assis en silence pendant que la charrette continuait son voyage brinquebalant le long de la route de terre. Il devina que cela faisait partie du tourment de la situation : l’ignorance, et la conscience de sa propre impuissance, avec l’incapacit? totale de faire quoi que ce soit pour savoir o? ils allaient, et encore moins pour d?tourner la charrette de sa route. Elle remontait ? travers champs, le long de bosquets d’arbres et d’espaces o? les villages s’?tendaient dans un silence feutr?. Le sol autour d’eux semblait s’?lever, se dirigeant vers un fort presque aussi vieux que le royaume lui-m?me au sommet d’une des collines, les pierres ab?m?es se dressant comme une sorte de t?moignage du royaume qui avait exist? avant lui. — On y est presque, les gars, dit le charretier avec un sourire qui montrait qu’il appr?ciait que bien trop la situation. Pr?t ? voir ce que le duc Altfor a en t?te pour vous ? — Duc Altfor ? demanda Raymond, ? peine capable d’y croire. — Ton fr?re a r?ussi ? tuer le vieux duc, dit l’arbal?trier. Il lui a jet? une lance en plein c?ur depuis la fosse, puis il a fui comme le l?che qu’il est. Maintenant, vous allez payer pour ses crimes. D?s qu’il pronon?a ces paroles, les pens?es et les sentiments de Raymond se mirent ? bouillonner. Si Royce avait vraiment fait cela, cela signifiait que son fr?re adoptif avait accompli quelque chose d’incroyable pour la cause de la libert?, et qu’il s’en ?tait sorti ; ces deux choses appelaient ? la c?l?bration. En m?me temps, Raymond ne pouvait qu’imaginer les choses que le fils de l’ancien duc allait vouloir faire par vengeance, et sans Royce pour assumer, ils seraient logiquement la cible de sa fureur. Il se mit alors ? maudire Genevi?ve. Si son fr?re ne l’avait jamais vue, rien de tout cela ne serait arriv?, et ce n’?tait m?me pas comme si elle se souciait de Royce, n’est-ce pas ? — Ah, dit l’arbal?trier. Je pense qu’ils commencent ? comprendre. Les chevaux qui tiraient cette charrette continuaient leur cheminement, se d?pla?ant au rythme r?gulier des cr?atures beaucoup trop habitu?es ? leur t?che, et qui savaient qu’au moins ils reviendraient de leur destination. Ils gravirent la colline, et Raymond sentit la tension monter chez ses fr?res. Garet ne cessait de s’agiter, comme s’il pouvait trouver un moyen de se lib?rer et de sauter du chariot. S’il y parvenait, Raymond esp?rait qu’il en profiterait pour s’enfuir et ne pas regarder en arri?re, m?me s’il savait que les cavaliers seraient probablement capables de l’abattre avant qu’il n’ait fait une douzaine de pas. Lofen serrait et desserrait les mains, murmurant ce qui ressemblait ? une pri?re. Raymond doutait que cela serve ? quoi que ce soit. Finalement, ils atteignirent le sommet de la colline et Raymond vit ce qui les attendait. Cette vision suffit ? le projeter au fond de la charrette, incapable de se r?soudre ? bouger. Des potences ?taient dispos?es autour du sommet de la colline, grin?ant dans le vent des cages y ?taient suspendues par de lourdes cha?nes ? l’ombre de la tour effondr?e. Elles contenaient des corps, certains nettoy?s par des charognards, d’autres suffisamment intacts pour que Raymond puisse voir les horribles blessures et marques de morsures qui les recouvraient, les br?lures et les endroits o? la peau avait ?t? retir?e par ce qui devait ?tre de longues lames. Des symboles ?taient grav?s dans la chair, et Raymond reconnut une femme qui avait ?t? tra?n?e hors de leur cellule auparavant, des tourbillons et des runes grav?s sur son corps mutil?. — Picti, murmura Lofen avec une horreur ?vidente, mais Raymond constata que m?me cela n’?tait pas le pire. Les gens ? l’int?rieur les cages montraient des blessures qui sugg?raient qu’ils avaient ?t? tortur?s et tu?s, expos?s ? la fureur des gens sauvages qui ?taient venus l?, mais ce qui se trouvait sur la pierre au centre de la colline ?tait pire, bien pire. La pierre elle-m?me ?tait une dalle qui avait ?t? sculpt?e ? la fois avec les symboles du peuple sauvage, et avec des signes qui auraient pu ?tre magiques si de telles choses avaient ?t? courantes ? l’?poque. Les restes d’un homme gisaient encha?n?s dessus, et le pire, le pire, c’?tait qu’il g?missait dans un semblant de vie agonisante alors qu’il semblait en avoir ?t? priv?. Son corps ?tait lac?r? de coupures et de br?lures, de marques de morsures et de d?chirures de griffes, mais il vivait encore, d’une mani?re impossible. — Ils appellent ?a une pierre de vie, dit le charretier avec un ricanement qui montrait qu’il savait exactement quel degr? d’horreur ressentait Raymond en cet instant. Ils disent qu’autrefois, les gu?risseurs s’en servaient pour maintenir les hommes en vie pendant qu’ils cousaient et travaillaient. Nous avons trouv? une meilleure utilisation pour celle-ci. — Meilleure ? s’exclama Raymond. C’est… Il n’avait m?me pas les mots pour ce que c’?tait. Qualifier cela de « mal » ne suffisait pas. Ce n’?tait pas un crime contre les lois des hommes, mais quelque chose qui s’opposait ? tout ce qui avait toujours exist? dans la nature. C’?tait mal d’une mani?re qui semblait se dresser contre tout ce qui ?tait vivant, sain d’esprit, et ordonn?. — C’est ce que les tra?tres obtiennent, ? moins qu’ils n’aient la chance de mourir avant, dit le charretier. Il fit un signe de t?te aux deux cavaliers qui avaient accompagn? la charrette. Enlevez ?a. Quoi qu’il ait fait, ce n’est plus son tour. Videz les cages pour que ?a attire les animaux. En grommelant, les deux gardes se mirent au travail, et Raymond se serait alors enfui s’il avait pu, ses cha?nes ne le retenaient que trop bien. Il ne pourrait m?me pas se soulever par-dessus le rebord de la charrette, et encore moins se relever apr?s cela. Les gardes semblaient le savoir, se d?pla?ant d’une cage ? l’autre, en extirpant les cadavres d’hommes et de femmes et les jetant ? terre. Certains se bris?rent dans leur chute, des morceaux de corps se dispersant sur le flanc de la colline pour ce qui viendrait les d?vorer. La femme qui avait ?t? dans la cellule fr?la la pierre au c?ur de la colline lorsqu’ils jet?rent son corps sur le c?t? et ses yeux s’ouvrirent en grand. Elle poussa alors un cri qui, Raymond en ?tait certain, le hanterait jusqu’au moment de sa mort, si brut et empreint de douleur qu’il ne put m?me pas imaginer les souffrances qu’elle y avait endur?es. — Elle devait ?tre encore en vie, dit celui avec l’arbal?te, tandis que les autres la tra?naient loin de la pierre. Elle se tut ? nouveau d?s qu’elle cessa de toucher la pierre et, pour faire bonne mesure, l’arbal?trier lui ficha un carreau dans la poitrine avant qu’ils ne la jettent sur le c?t?. Ils tra?n?rent ensuite l’homme sur la pierre pour le d?gager et pour Raymond, le pire fut quand il les remercia de le faire. Il les remercia de l’avoir tra?n? un peu plus loin pour mourir. D?s qu’il quitta la pierre, Raymond le vit passer d’un homme qui se d?battait et criait ? un morceau de viande sans vie, ? tel point que le geste du garde sembla superflu quand il lui trancha la gorge, juste pour ?tre s?r. Le flanc de la colline redevint silencieux, ? l’exception des cris des oiseaux charognards, et des bruissements qui promettaient de plus grands pr?dateurs un peu plus loin. Il y avait peut-?tre m?me des pr?dateurs humains qui les observaient, Raymond avait en effet entendu dire que les hommes civilis?s ne voyaient pas les Pictis dans leurs territoires sauvages quand ils ne voulaient pas ?tre vus. Le simple fait de ne pas savoir rendait toute chose plus cruelle. — Le duc dit que vous allez mourir, dit le charretier, mais il n’a pas dit comment, alors on va jouer le jeu auquel les tra?tres ont le droit jouer. Vous irez dans les cages, et peut-?tre que vous vivrez ou peut-?tre que vous mourrez. Puis, dans un jour ou deux, si on y pense, on reviendra, et on choisira l’un de vous pour la pierre. Il regarda Raymond droit dans les yeux. — Ce sera peut-?tre toi. Peut-?tre que tu pourras regarder pendant que tes fr?res meurent, et pendant que les animaux viennent te bouffer, et que les Pictis viennent te couper. Ils d?testent les gens du royaume. Ils ne peuvent pas attaquer la ville, mais vous… vous seriez des proies faciles. Il se mit ? rire et les gardes firent descendre Raymond, d?tachant ses cha?nes d’un crochet dans le chariot avant de l’en extirper. Pendant un moment, ils se dirig?rent vers la pierre et Raymond fut sur le point de les supplier de ne pas le mettre dessus pensant qu’ils avaient peut-?tre chang? d’avis et d?cid? de l’y mettre imm?diatement. Au lieu de cela, ils l’emmen?rent ? l’une des cages suspendues et le pouss?rent ? l’int?rieur avant de fermer la porte derri?re lui et de la verrouiller avec une serrure qui semblait pouvoir r?sister ? toute tentative d’?vasion. La cage n’offrait que peu d’espace, Raymond ne pouvait s’y asseoir confortablement ni m?me envisager de s’y allonger. La cage grin?ait et se d?pla?ait ? chaque mouvement du vent, assez fort pour donner l’impression d’?tre une torture en soi. Tout ce que Raymond pouvait faire, c’?tait rester assis l? pendant que les hommes tra?naient ses fr?res dans d’autres cages, incapable de leur venir en aide. Garet se d?battit comme il le faisait toujours. Cela lui valut un coup au ventre avant qu’ils ne le soul?vent et ne l’enferment dans une autre cage, de la m?me fa?on qu’un fermier aurait pu pousser un mouton non coop?ratif dans un enclos. Ils soulev?rent Lofen tout aussi facilement, le jetant dans une autre prison suspendue, et ils se retrouv?rent tous suspendus envelopp?s dans la puanteur de la mort ?manant des corps abandonn?s sur le flanc de la montagne. — Comment avez-vous pu croire que vous pourriez vous battre contre le duc ? demanda le charretier. Le duc Altfor a dit que vous paierez pour ce que votre fr?re a fait, et vous le ferez. Attendez, pensez ? ?a, et souffrez. On reviendra. Sans un mot de plus, il tourna la charrette et commen?a ? s’?loigner, laissant Raymond et ses fr?res se balan?ant doucement. — Si je peux…, dit Garet, essayant manifestement d’atteindre la serrure de sa cage. — Tu ne sais pas ouvrir une serrure, dit Lofen. — Je peux essayer, non ? riposta Garet. Nous devons essayer quelque chose. Nous devons… — Il n’y a rien ? essayer, r?pondit Lofen. Peut-?tre qu’on peut tuer les gardes quand ils reviendront, mais on ne pourra pas contourner ces serrures. Raymond secoua la t?te. — Assez, dit-il. Ce n’est pas le moment de se disputer. Il n’y a nulle part o? aller, et rien ? faire, alors le moins que l’on puisse faire, c’est de ne pas se battre entre nous. Il savait ce que signifiait un tel endroit et qu’il n’y avait aucune chance r?elle de s’?chapper. — Bient?t, dit-il, des animaux viendront, ou pire encore. Peut-?tre que je ne pourrai plus parler apr?s. Peut-?tre que je… peut-?tre qu’on sera tous morts. — Non, dit Garet en secouant la t?te. Non, non, non. — Si, r?pliqua Raymond. On ne peut pas contr?ler ?a, mais on peut affronter nos morts avec courage. Nous pouvons leur montrer que les gens honn?tes affrontent la mort avec dignit?. Nous pouvons refuser de leur donner la peur qu’ils veulent. Il vit Garet bl?mirent avant de hocher la t?te — D’accord, dit son fr?re. D’accord, je peux le faire. — Je sais que tu peux, dit Raymond. Vous pouvez tout faire, tous les deux. Je veux dire… Comment pouvait-il formuler ce qu’il avait sur le c?ur ? — Je vous aime tous les deux, et je suis si reconnaissant d’avoir eu la chance d’?tre votre fr?re. Si je dois mourir, je suis content d’avoir au moins l’occasion de le faire avec les meilleures personnes que je connaisse au monde. — « Si », dit Lofen. Ce n’est pas encore fait. — « Si », approuva Raymond, mais au cas o? ?a arriverait, je voulais que vous le sachiez. — Oui, dit Lofen. Je ressens la m?me chose. — Moi aussi, dit Garet. Raymond resta immobile, essayant d’avoir l’air courageux pour ses fr?res, et pour tous ceux qui le regardaient, parce qu’il ?tait s?r qu’il devait y avoir quelque chose ou quelqu’un qui regardait depuis les ruines de la tour. Tout ce temps, il essaya de ne pas penser ? la v?rit? : Il n’y avait pas de « si » ? cela. D?j?, Raymond pouvait voir les premiers fr?missements de charognards se rassembler dans les arbres. Ils allaient mourir. Les seules incertitudes concernaient le temps que cela prendrait et les souffrances que cela engendrerait. CHAPITRE CINQ Royce s’agenouilla parmi les cendres de la maison de ses parents, des fragments de bois carbonis?s tombant tout autour de lui de la m?me mani?re que des larmes roulaient le long de ses joues. Elles trac?rent des sillons ? travers la suie et la salet? qui recouvraient maintenant son visage, le laissant stri? et l’air ?trange, mais Royce ne s’en pr?occupait gu?re. Tout ce qui lui importait ? cet instant, c’?tait que ses parents soient morts. Royce fut envahi par le chagrin en regardant les corps de ses parents, allong?s par terre dans une apparence paisible surprenante, malgr? les flammes qui continuaient ? danser. Il avait l’impression de vouloir d?chirer le monde ? mains nues de la m?me fa?on que ses doigts s’enfon?aient dans ses cheveux emm?l?s de plus en plus couverts de cendres. Il voulait trouver un moyen d’arranger les choses, mais rien ni personne ne pouvait arranger cela, alors Royce hurla sa col?re et son chagrin vers le ciel. Il avait vu l’homme qui leur avait fait cela. Royce l’avait vu sur la route, revenant du village aussi calmement que si rien ne s’?tait pass?. L’homme l’avait m?me averti, sans le savoir, que les soldats allaient descendre sur le village. Quel genre de meurtrier agissait ainsi ? Quel genre de meurtrier pla?ait ensuite ses victimes comme s’ils les pr?paraient pour les derniers sacrements ? Mais cette cabane en ruine n’?tait pas une s?pulture, alors Royce alla au fond de la ferme, trouvant une herminette et une pelle, travaillant la terre l?-bas, ne voulant pas laisser la chair de ses parents pour les premiers charognards venus. Une partie du sol ?tait tass?e et carbonis?e, si bien que ses muscles devenaient douloureux, mais ? ce moment-l?, Royce avait l’impression qu’il m?ritait cette douleur. La vieille Lori avait eu raison… tout cela, c’?tait sa faute. Il creusa la tombe aussi profond?ment qu’il le put et y d?posa ensuite les corps carbonis?s de ses parents. Il resta au bord, essayant de trouver les mots justes, mais il n’arrivait pas ? trouver quoi que ce soit qui ait un sens pour les envoyer au ciel correctement. Il n’?tait pas un pr?tre familier avec les voies des dieux. Il n’?tait pas non plus une sorte de troubadour, avec tous les bons mots pour toutes occasions, d’un grand festin ? un d?c?s. — Je vous aime tellement tous les deux, dit-il simplement. Je… J’aimerais pouvoir en dire plus, mais tout ce que je pourrais dire se r?sumerait ? ?a. Il les enterra aussi soigneusement qu’il le put, chaque pellet?e de terre ayant l’effet d’un coup de marteau quand elle atterrit. Au-dessus de lui, Royce entendit le cri d’un faucon, et il le chassa, ne se souciant pas de savoir s’il y avait des corbeaux et des choucas ?parpill?s dans le reste du village. C’?taient ses parents. M?me s’il le pensait, Royce savait qu’il ne suffisait pas de les enterrer. Les hommes du duc ?taient venus ? cause de lui ; il ne pouvait pas laisser tous ceux qu’ils avaient tu?s aux charognards. Il savait aussi qu’il lui serait impossible de creuser une fosse assez profonde pour tous les corps. Le mieux qu’il pouvait esp?rer faire ?tait de construire un b?cher pour terminer ce que les b?timents en flammes avaient commenc?, Royce commen?a alors ? se frayer un chemin ? travers le village, ramassant le bois, le r?cup?rant dans les r?serves d’hiver, le tirant des restes des b?timents. Les poutres ?taient les parties les plus lourdes, mais sa force ?tait suffisante pour les tra?ner, lui permettant de les installer en formes de grandes traverses pour le b?cher qu’il construisait. Le temps que Royce ait fini, il faisait compl?tement noir, mais il n’aurait jamais pu dormir dans un village o? ne r?gnait plus que la mort. Au lieu de cela, il chercha jusqu’? trouver une lanterne ? l’ext?rieur d’un des b?timents, seulement un peu d?form?e par la chaleur de l’incendie qui l’avait ravag?e. Il l’alluma et, ? la lueur de cette lanterne, il commen?a ? rassembler les morts. Il les rassembla tous, m?me si cela lui brisa le c?ur de le faire. Jeunes et vieux, hommes et femmes, il les rassembla. Il tra?na les plus lourds et porta les plus l?gers, les installant ? leur place au milieu du b?cher et esp?rant que cela signifierait qu’ils se retrouveraient ensemble dans ce qui viendrait apr?s ce monde. Il ?tait presque pr?t ? y lancer sa lanterne quand il se souvint de la vieille Lori ; il ne l’avait pas encore ramass?e dans sa sombre moisson, m?me s’il ?tait pass? plus d’une douzaine de fois devant le muret contre lequel elle avait ?t? adoss?e. Peut-?tre qu’elle n’?tait pas morte quand il l’avait quitt?e. Peut-?tre avait-elle ramp? plus loin pour mourir selon ses propres termes, ou peut-?tre Royce l’avait rat?e. Il semblait incorrect de ne pas la mettre avec les autres, Royce partit donc ? la recherche de son corps effondr?, retournant ? l’endroit o? elle s’?tait couch?e et fouillant le sol ? la lueur de la lampe. — Tu cherches quelqu’un ? demanda une voix et Royce fit volte-face, sa main se portant ? son ?p?e une seconde avant de reconna?tre cette voix. C’?tait celle de Lori, et en m?me temps pas tout ? fait. Il y avait quelque chose de moins craquel? et rugueux dans cette voix, elle semblait moins ancienne et fatigu?e par le temps. Quand elle apparut dans la lumi?re de sa lampe, Royce vit que c’?tait vrai pour son physique ?galement. Avant, il y avait eu une vieille femme us?e par le temps. ? pr?sent, la femme devant lui semblait presque jeune, ses cheveux brillants, ses yeux per?ants et sa peau lisse. — Qu’?tes-vous ? demanda Royce, sa main se portant de nouveau ? son ?p?e. — Je suis ce que j’ai toujours ?t?, dit Lori. Quelqu’un qui observe, et quelqu’un qui apprend. Royce la vit baisser les yeux sur elle-m?me. Je t’ai dit de ne pas me toucher, mon gar?on, de me laisser mourir en paix. Tu ne pouvais pas juste ?couter ? Pourquoi tous les hommes de ta lign?e n’?coutent jamais ? — Vous croyez que j’ai fait ?a ? demanda Royce. Est-ce que cette femme, il avait encore du mal ? croire qu’il s’agissait de Lori, pensait qu’il ?tait une sorte de sorcier ? — Non, stupide gar?on, dit Lori. J’ai fait ?a, avec un corps qui ne me laisse pas mourir. Ton toucher, l’un des Blood, ?tait juste assez pour le catalyser. J’aurais d? savoir que quelque chose comme ?a arriverait d?s l’instant o? tu t’es ?chou? pr?s du village quand tu ?tais b?b?. J’aurais d? partir au lieu de rester pour regarder. — Vous m’avez vu arriver au village ? demanda Royce. Savez-vous qui est mon p?re ? Il repensa ? la silhouette en armure blanche qu’il avait vue en r?ve et ? l’?poque o? le ma?tre de l’?le Rouge avait dit que l’homme inconnu qui l’avait engendr? lui avait sauv? la vie. Royce ne savait rien de lui, ? l’exception du symbole grav? dans sa paume ?tait cens? ?tre le sien. — J’en sais suffisamment, dit Lori. Ton p?re ?tait un grand homme, autant que les hommes se disent grands. Il s’est beaucoup battu, il a beaucoup gagn?. Je suppose qu’il a ?t? excellent dans d’autres domaines ?galement : il a essay? d’aider les gens l? o? il le pouvait, et il s’est assur? que les personnes sous sa protection ?taient en s?curit?. Ton b?cher… C’est le genre de chose qu’il aurait fait, brave et juste, et si compl?tement stupide. — Ce n’est pas idiot de vouloir pr?server nos amis des corbeaux, insista Royce avec un regard dur pour Lori. — Amis ? Elle r?fl?chit quelques instants. Je suppose qu’apr?s assez d’ann?es, certains d’entre eux auraient pu l’?tre. C’est difficile pour moi d’?tre vraiment ami avec qui que ce soit, sachant ? quel point la mort vient facilement chercher la plupart des gens. Elle viendra pour toi aussi, si tu insistes pour allumer un feu de signalement afin que tout le monde d’ici ? la c?te puisse voir que les hommes du duc n’ont pas fini leur travail. Royce n’avait pas pens? ? cela, seulement ? ce qu’il fallait faire pour les gens de son village, et ce qu’il leur devait, apr?s avoir provoqu? cette catastrophe. — Je m’en moque, dit-il. Qu’ils viennent. — Oui, bel et bien le fils de ton p?re, r?pondit Lori. — Vous savez qui ?tait mon p?re ? demanda Royce. Dites-le-moi. Je vous en prie, dites-le-moi. Lori secoua la t?te. — Tu crois que je vais volontairement pr?cipiter tout ce qui est ? venir ? D’apr?s ce que j’ai vu, il y aura assez de morts sans cela. Je vais te dire ceci : regarde le symbole que tu portes. Maintenant, peux-tu donner une longueur d’avance ? une vieille femme avant de faire quelque chose de stupide comme allumer ce feu ? La col?re s’empara de Royce, ?mergeant de son chagrin. — Vous ne vous souciez d’aucun des gens d’ici ? Vous allez simplement partir avant que ?a ne soit fait ? — C’est fait, r?pondit Lori. La mort s’en est charg?e. Et ne t’avise pas de m’accuser de ne pas m’en soucier. J’ai vu des choses qui… Arrgh, ? quoi bon ! Elle tendit une main vers le b?cher que Royce avait construit, murmurant des mots dans une langue qui lui fit mal aux oreilles. De la fum?e commen?a ? s’en ?chapper avant que n’apparaissent les premiers ?clats des flammes. — Voil?, ?a te fait te sentir mieux ? demanda-t-elle. J’ai r?ussi ? m’emp?cher d’y recourir pendant qu’un homme me poignardait, j’allais me laisser mourir, non pas que j’avais le pouvoir de faire autre chose, ?tant si vieille. Maintenant, tu me pousse ? le faire en moins de cinq minutes, maudit sois-tu ! Royce d? admettre que sa col?re ?tait assez impressionnante. Il y avait quelque chose de presque ?l?mentaire. Malgr? tout, il lui restait une derni?re question ? poser. — Aviez-vous… Aviez-vous le pouvoir de sauver les gens ici, Lori ? — Vas-tu essayer de rejeter la faute sur moi ? se vexa-t-elle. Elle hocha la t?te en direction du feu qui commen?ait tout juste ? prendre. La magie, ce n’est pas seulement invoquer des rideaux de feu ou appeler la foudre du ciel, Royce. Avec un rituel assez long, je peux peut-?tre faire des choses qui pourraient t’impressionner, mais une ?tincelle comme ?a est ? peu pr?s la limite de ce que je peux faire dans mon ?tat. Je m’en vais ? pr?sent, et n’essaie pas de m’arr?ter, mon gar?on. Tu vas me causer assez d’ennuis comme ?a. Elle se retourna et, pendant un instant, Royce songea ? lui attraper le bras, mais quelque chose le retint, et il se contenta simplement de fixer le feu qui grandissait dans le noir. Devant lui, il pouvait voir les scintillements et les ?tincelles de la conflagration ? mesure qu’elle grandissait, se transformant en un brasier qui donnait l’impression qu’il consumait le ciel entier de sa chaleur. Royce se tenait aussi immobile que possible, pensant ? toutes les personnes pr?sentes dans ce b?cher, voulant les honorer en regardant les derniers instants de leur corps. Le feu br?lait et consumait, se levant et tombant avec le vent et le combustible en dessous, de sorte qu’il ressemblait presque ? une sorte de symphonie n?e du feu aux yeux de Royce. Quelque chose d’autre traversa le feu, sombre contre les flammes, les traversant aussi facilement que s’il ne les sentait pas. Royce distingua la forme d’un grand balbuzard p?cheur, le genre ? plonger dans les lacs avoisinants, mais ce n’?tait pas un oiseau ordinaire. Ses plumes semblaient teint?es par le rouge du feu quand elles n’?taient pas d’un noir profond, et il y avait quelque chose de beaucoup trop intelligent dans le regard qu’il jeta ? Royce quand il le survola, rougeoyant de braises dans le noir. Par instinct, Royce tendit un bras comme il avait vu faire les fauconniers, et l’oiseau s’installa lourdement sur son avant-bras, remontant jusqu’? son ?paule et se lissant ses plumes. Il se mit ? parler et ce fut la voix de Lori qui se fit entendre. — Cet oiseau est un don, bien que les seuls dieux sachent pourquoi je le fais. Je verrai ce qu’elle voit et te dirai ce que je peux. Qu’elle soit tes yeux, et qu’elle puisse aider dans ce qui va arriver. — Quoi ? demanda Royce. Que voulez-vous dire ? Il n’y eut pas de r?ponse, si ce n’est le cri strident de l’appel du faucon alors qu’elle prenait son envol. Pendant un instant, Royce eut une image du feu en dessous de lui, le cercle de flammes qu’il formait semblant ch?tif vu de si haut… Il revint ? lui dans un sursaut et tendit son bras pour l’oiseau. Elle atterrit nonchalamment comme si de rien n’?tait, mais il se retrouva ? la regarder fixement. Il y avait un scintillement de flamme dans son ?il qui montrait clairement qu’il s’agissait de tout sauf d’un faucon ordinaire. — Ember, dit Royce. Je t’appellerai Ember. *** Royce resta aux c?t?s d’Ember toute la nuit, ignorant la douleur dans ses jambes et son corps qui se battait contre lui dans son d?sir de bouger. Ils veill?rent sur le feu pendant qu’il se consumait, avec le faucon qui voltigeait de temps en temps au-dessus des flammes, s’envolant dans les courant chauds qu’elles cr?aient. Il ne bougea pas ; il avait l’impression qu’il le devait aux morts. Enfin, le soleil se leva ? l’horizon, d?voilant aux yeux de Royce les hommes et les femmes ? la lisi?re des arbres pr?s du village. Il se tourna vers eux et il se sentit tr?bucher, ses jambes refusant de lui ob?ir apr?s ?tre rest?es si longtemps immobiles. Si c’?tait les gens du duc, alors il ?tait aussi mort que Lori l’avait pr?dit. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=51921938&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.