Íåäàâíî ÿ ïðîñíóëñÿ óòðîì òèõèì, À â ãîëîâå – íàñòîé÷èâàÿ ìûñëü: Îòíûíå äîëæåí ÿ ïèñàòü ñòèõè. È òàê íàïîëíèòü ñìûñëîì ñâîþ æèçíü! ß ïåðâûì äåëîì ê çåðêàëó ïîø¸ë, ×òîá óáåäèòüñÿ â âåðíîñòè ðåøåíüÿ. Âçãëÿä çàòóìàíåí.  ïðîôèëü – ïðÿì îðåë! Òèïè÷íûé âèä ïîýòà, áåç ñîìíåíüÿ. Òàê òùàòåëüíî òî÷èë êàðàíäàøè, Çàäóì÷èâî ñèäåë â êðàñèâîé ïîçå. Êîãäà äóøà

Le Serment des Fr?res

Le Serment des Fr?res Morgan Rice L'anneau Du Sorcier #14 L'ANNEAU DU SORCIER a tous les ingr?dients d'un succ?s imm?diat : des intrigues, des contre-intrigues, du myst?re, de vaillants chevaliers et des relations qui s’?panouissent entre les c?urs bris?s, les tromperies et les trahisons. Ce roman vous occupera pendant des heures et satisfera toutes les tranches d'?ge. ? ajouter de fa?on permanente ? la biblioth?que de tout bon lecteur de fantasy. Books and Movie Reviews, Roberto MattosDans UN SERMENT FRATERNEL, Thorgrin et ses fr?res quittent le monde des morts, plus d?termin?s que jamais ? retrouver Guwayne. Ils font voile sur une mer hostile, qui les conduit dans des lieux d?passant l’imagination. Alors qu’ils touchent au but, ils se heurtent ? des obstacles qui testeront leurs limites, les enseignements qu’ils ont re?us, et qui les forcera ? faire front comme des fr?res. Darius d?fie l’Empire et rassemble une immense arm?e en lib?rant les villages d’esclaves, l’un apr?s l’autre. Face ? des cit?s fortifi?es et ? des arm?es bien plus fournis que la sienne, il fait appel ? son instinct, son courage, sa d?termination ? vivre, ? faire gagner la libert?, m?me aux d?pens de sa propre vie. Gwendolyn n’a pas d’autre choix que de conduire son peuple dans le Grand D?sert, plus loin qu’aucun homme, ? la recherche du l?gendaire Second Anneau – le dernier espoir de son peuple en fuite, et le dernier espoir de Darius. En chemin, elle rencontrera des monstres, des territoires hostiles, et une r?volte de son propre peuple pourrait bien la forcer ? s’arr?ter. Erec et Alistair font voile vers l’Empire pour sauver leurs amis, non sans faire halte dans des ?les cach?es pour tenter de lever une arm?e – m?me si cela signifie passer des accords avec des mercenaires douteux. Godfrey se retrouve dans la cit? de Volusia et en grand danger. Emprisonn?, il doit ?tre ex?cut?. M?me sa ruse ne peut trouver d’?chappatoire. Volusia passe un march? avec le plus sombre des sorciers et poursuit son ascension en d?truisant tout ceux qui se dressent sur son passage. Plus puissante que jamais, elle marche vers la Capitale Imp?riale, pr?te ? affronter une arm?e encore plus grande que la sienne. Thorgrin trouvera-t-il Guwayne ? Gwendolyn et son peuple survivront-ils ? Godfrey parviendra-t-il ? s’?chapper ? Erec et Alistair atteindront-ils l’Empire ? Volusia deviendra-t-elle la nouvelle Imp?ratrice ? Darius m?nera-t-il son peuple ? la victoire ?Entre univers sophistiqu? et personnages bien construits, UN SERMENT FRATERNEL est un conte ?pique qui parle d’amis et d’amants, de rivaux et de pr?tendants, de chevaliers et de dragons, d’intrigues et de machinations politiques, de jeunes gens qui deviennent adultes, de c?urs bris?s, de tromperie, d’ambition et de trahison. C’est un conte sur l’honneur et le courage, sur le destin et la sorcellerie. C’est un roman de fantasy qui nous entra?ne dans un monde que nous n’oublierons jamais et qui plaira ? toutes les tranches d’?ge et ? tous les lecteurs. Epop?e de fantasy pleine d’entrain, ? l’intrigue prenante et saupoudr?e d’un soup?on de myst?re… Une s?rie pour des lecteurs ? la recherche d’aventures. Les protagonistes et l’action tissent une vigoureuse ?pop?e qui se focalise principalement sur l’?volution de Thor. Enfant r?veur, il devient peu ? peu un jeune adulte dou? pour la survie… Et ce n’est que le d?but de ce qui promet d’?tre une s?rie ?pique pour jeunes adultes. – Midwest Book Review (D. Donovan, Critiques d’eBooks) Morgan Rice Le Serment des Fr?res (Tome 14 De L’anneau Du Sorcier) ? propos de Morgan Rice Morgan Rice est l'auteur de best-sellers n°1 de USA Today et l’auteur de la s?rie d’?pop?es fantastiques L’ANNEAU DU SORCIER, comprenant dix-sept tomes; de la s?rie ? succ?s SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE, comprenant douze tomes; de la s?rie ? succ?s LA TRILOGIE DES RESCAP?S, thriller post-apocalyptique comprenant deux tomes (jusqu'? maintenant); et de la s?rie de fantaisie ?pique ROIS ET SORCIERS, comprenant six tomes. Les livres de Morgan sont disponibles en format audio et papier et ont ?t? traduits dans plus de 25 langues. La nouvelle s?rie d’?pop?es fantastiques de Morgan, DE COURONNES ET DE GLOIRE, sortira en avril 2016. Elle commencera par le tome n°1 : ESCLAVE, GUERRIERE, REINE. Morgan adore recevoir de vos nouvelles, donc, n'h?sitez pas ? visiter www.morganricebooks.com (http://www.morganricebooks.com/) pour vous inscrire sur la liste de distribution, recevoir un livre gratuit, recevoir des cadeaux gratuits, t?l?charger l'appli gratuite, lire les derni?res nouvelles exclusives, vous connecter ? Facebook et ? Twitter, et rester en contact ! Quelques acclamations pour l’?uvre de Morgan Rice « L'ANNEAU DU SORCIER a tous les ingr?dients d'un succ?s imm?diat : des intrigues, des contre-intrigues, du myst?re, de vaillants chevaliers et des relations qui s’?panouissent entre les c?urs bris?s, les tromperies et les trahisons. Ce roman vous occupera pendant des heures et satisfera toutes les tranches d'?ge. ? ajouter de fa?on permanente ? la biblioth?que de tout bon lecteur de fantasy. » –Books and Movie Reviews, Roberto Mattos « [Une] ?pop?e de fantasy passionnante. » –Kirkus Reviews « Les pr?mices de quelque chose de remarquable … » –San Francisco Book Review « Bourr? d'action… L'?criture de Rice est consistante et le monde intrigant. » –Publishers Weekly « Une ?pop?e inspir?e… Et ce n'est que le d?but de ce qui promet d'?tre une s?rie ?pique pour jeunes adultes. » –Midwest Book Review Livres de Morgan Rice DE COURONNES ET DE GLOIRE ESCLAVE, GUERRIERE, REINE (Tome n°1) ROIS ET SORCIERS LE R?VEIL DES DRAGONS (Tome n°1) LE R?VEIL DU VAILLANT (Tome n°2) LE POIDS DE L'HONNEUR (Tome n°3) UNE FORGE DE BRAVOURE (Tome n°4) UN ROYAUME D'OMBRES (Tome n°5) LA NUIT DES BRAVES (Tome n°6) L'ANNEAU DU SORCIER LA QU?TE DES H?ROS (Tome 1) LA MARCHE DES ROIS (Tome 2) LE DESTIN DES DRAGONS (Tome 3) UN CRI D'HONNEUR (Tome 4) UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome 5) UN PRIX DE COURAGE (Tome 6) UN RITE D'?P?ES (Tome 7) UNE CONCESSION D'ARMES (Tome 8) UN CIEL DE SORTIL?GES (Tome 9) UNE MER DE BOUCLIERS (Tome 10) UN R?GNE D'ACIER (Tome 11) UNE TERRE DE FEU (Tome 12) UNE LOI DE REINES (Tome 13) UN SERMENT FRATERNEL (Tome 14) UN R?VE DE MORTELS (Tome 15) UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome 16) LE DON DE BATAILLE (Tome 17) TRILOGIE DES RESCAP?S AR?NE UN: SLAVERSUNNERS (Tome n°1) AR?NE DEUX (Tome n°2) SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE TRANSFORM?E (Tome n°1) AIM?E (Tome n°2) TRAHIE (Tome n°3) PR?DESTIN?E (Tome n°4) D?SIR?E (Tome n°5) FIANC?E (Tome n°6) VOU?E (Tome n°7) TROUV?E (Tome n°8) REN?E (Tome n°9) ARDEMMENT D?SIR?E (Tome n°10) SOUMISE AU DESTIN (Tome n°11) OBSESSION (Tome n°12) ?coutez L’ANNEAU DU SORCIER en format audio ! Copyright © 2014 par Morgan Rice Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi des ?tats-Unis sur le droit d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l'autorisation pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv?, sous licence, ? votre seule jouissance personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d'autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec une tierce personne, veuillez en acheter un exemplaire suppl?mentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l'avoir achet? ou s'il n'a pas ?t? achet? pour votre seule utilisation personnelle, vous ?tes pri? de le renvoyer et d’acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le difficile travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les ?v?nements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilis?s dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou mortes, n'est que pure co?ncidence. Image de couverture : Copyright RazzoomGame, utilis?e en vertu d'une licence accord?e par Shutterstock.com. CHAPITRE UN Darius baissa les yeux sur la dague ensanglant?e qu’il tenait dans sa main, puis sur le commandant de l’Empire mort ? ses pieds, et se demanda ce qu’il venait juste de faire. Le monde ralentit autour de lui alors qu’il levait les yeux, pour voir les visages choqu?s de l’arm?e de l’Empire ?tal?e devant lui, des centaines d’hommes ? l’horizon, de vrais hommes, des guerriers avec de v?ritables armures et un v?ritable armement, un grand nombre d’entre eux mont?s sur des zertas. Des hommes qui n’avaient jamais connu la d?faite. Derri?re Darius, il le savait, se tenaient sa petite centaine de villageois, d?risoire, des hommes et des femmes d?pourvus d’acier, d’armure, laiss?s seuls pour affronter cette arm?e professionnelle. Ils l’avaient implor? de se rendre, d’accepter la mutilation ; ils ne voulaient pas d’une guerre qu’ils ne pouvaient gagner. Ils ne voulaient pas mourir. Et Darius avait voulu s’y obliger. Mais au plus profond de son ?me, il ne le pouvait pas. Ses mains avaient agi d’elles-m?mes, son esprit s’?tait soulev?, et il n’aurait pas pu le contr?ler s’il avait essay?. C’?tait une partie de lui plus profonde, celle qui avait ?t? opprim?e toute sa vie, celle qui ?tait assoiff?e de libert? comme un homme mourant est assoiff? d’eau. Darius balaya du regard cette mer de visages ; il ne s’?tait jamais senti aussi seul, et pourtant jamais aussi libre, et son univers tourbillonna. Il se sentait hors de son corps, le regard baiss? sur lui-m?me. Tout cela paraissait irr?el. Il savait qu’il s’agissait d’un de ces moments d?cisifs dans la vie. Il savait que c’?tait un moment qui changerait tout. Pourtant Darius n’?prouvait aucun regret. Il regarda le commandant de l’Empire, cet homme qui aurait pris la vie de Loti, qui aurait pris toutes leurs vies, qui les aurait mutil?s, et il ?prouva un sentiment de justice. Il se sentit aussi enhardi. Apr?s tout, un officier de l’Empire ?tait tomb?. Et cela impliquait que n’importe quel soldat de l’Empire pouvait tomber. Ils ?taient peut-?tre par?s des meilleures armures, du meilleur armement, mais ils saignaient comme n’importe quel homme. Ils n’?taient pas invincibles. Darius sentit un acc?s de puissance en lui, et il passa ? l’action avant qu’aucun des autres n’ait pu r?agir. ? quelques m?tres se trouvait l’entourage r?duit compos? des officiers de l’Empire qui avaient accompagn? leur commandant, et ils se tenaient l?, sous le choc, ne s’?tant ? l’?vidence jamais attendu ? autre chose qu’une reddition, n’ayant jamais imagin? que leur commandant serait attaqu?. Darius utilisa leur surprise ? son avantage. Il se pr?cipita vers l’avant, tira une dague de sa taille, trancha la gorge d’un d’entre eux, puis pivota et dans le m?me mouvement en trancha une autre. Tous deux le d?visag?rent, les yeux grands ouverts, comme s’ils n’arrivaient pas ? croire que cela pouvait leur arriver, tandis que du sang ruisselait de leurs gorges et qu’ils tombaient ? genoux, puis ils s’effondr?rent, morts. Darius se tint pr?t ; son geste audacieux l’avait rendu vuln?rable aux attaques, et un des officiers s’?lan?a en avant et frappa de son ?p?e d’acier, en visant la t?te. Darius souhaita ? ce moment-l? avoir une armure, un bouclier, une ?p?e pour le parer – n’importe quoi. Mais il n’avait rien. Il s’?tait expos? ? des attaques, et maintenant, il savait qu’il allait en payer le prix. Au moins mourrait-il en homme libre. Un fracas soudain r?sonna dans l’air, et Darius jeta un coup d’?il pour voir Raj debout ? c?t? de lui, bloquant le coup avec sa propre ?p?e. Darius jeta un regard et r?alisa que Raj avait pris l’?p?e du soldat mort, s’?tait pr?cipit? et avait par? le coup pour lui au dernier moment. Un autre bruit m?tallique transper?a les airs, et Darius regarda de l’autre c?t? pour voir Desmond bloquer un autre coup qui lui ?tait destin?. Raj et Desmond se pr?cipit?rent en avant, tailladant les assaillants, qui ne s’?taient pas attendus ? une quelconque d?fense. Ils maniaient leurs ?p?es comme des hommes poss?d?s, dans le fracas de leurs armes rencontrant celles de leurs adversaires, les repoussant, puis chacun ass?na un coup mortel avant que les soldats de l’Empire n’n’aient pu vraiment se d?fendre. Les deux soldats tomb?rent raide mort. Darius ressentit un ?lan de reconnaissance envers ses fr?res, heureux de les avoir l?, combattant ? son c?t?. Il n’affrontait plus cette arm?e seul. Darius se baissa, se saisit de l’?p?e et du bouclier sur le corps du commandant d?c?d?, puis rejoignit Desmond et Raj alors qu’ils se pr?cipitaient en avant et attaquaient les six officiers restants de sa suite. Darius balan?a l’?p?e, et se d?lecta de son poids ; cela faisait tant plaisir de manier une v?ritable ?p?e, un v?ritable bouclier. Il se sentait invincible. Darius fit une fente vers l’avant et bloqua un puissant coup d’?p?e avec son bouclier, et en m?me temps il glissa un coup dans la jointure de l’armure du soldat de l’Empire, le poignardant ? l’omoplate ; le soldat grogna et tomba ? genoux. Il se tourna et balan?a son bouclier, bloquant ainsi un coup lat?ral, puis pivota et utilisa le bouclier comme une arme, en frappant un autre soldat au visage et en l’assommant. Il se retourna avec son ?p?e et entailla un autre assaillant en travers du ventre, le tuant juste avant que le soldat, mains lev?es au-dessus de la t?te, ne puisse porter un coup sur la nuque de Darius. Raj et Desmond charg?rent vers l’avant, eux aussi, ? ses c?t?s, rendant coup pour coup avec les autres soldats, le fracas des armes clair dans ses oreilles. Darius repensa ? tous leurs entrainements avec des ?p?es en bois, et il pouvait maintenant voir, au combat, les grands guerriers qu’ils ?taient. Tandis qu’il frappait lui-m?me, il prit conscience de combien tous leurs entrainements l’avaient aff?t?. Il se demanda s’il aurait pu gagner sans ?a. Et il ?tait d?termin? ? gagner par lui-m?me, de ses propres mains, et de ne jamais, jamais employer la magie qui rodait quelque part en lui et qu’il ne comprenait pas compl?tement – ou voulait comprendre. Tout comme Darius, Desmond et Raj assomm?rent le restant de la suite, tandis qu’ils se tenaient l? seuls au milieu du champ de bataille, puis les centaines d’autres soldats de l’Empire, au loin, se ralli?rent enfin. Se reprenant, ils pouss?rent un grand cri de guerre et charg?rent vers eux. Darius les regarda, debout l?, ? bout de souffle, l’?p?e ensanglant?e dans sa main, et il r?alisa qu’il n’y avait nulle part o? s’enfuir. Alors que les parfaits escadrons de soldats se mettaient en action, il prit conscience que c’?tait la mort qui s’avan?ait vers lui. Il maintint sa position, tout comme Desmond et Raj, essuya la sueur de son front et leur fit face. Il ne se d?monterait pas, pour personne. Un autre cri de guerre s’?leva, cette fois-ci de derri?re, Darius jeta un regard en arri?re et fut heureusement surpris de voir tous les villageois charger, se rallier. Il rep?ra plusieurs de ses fr?res d’armes se pr?cipiter en avant, r?cup?rer des ?p?es et des boucliers des soldats de l’Empire tomb?s au combat, se h?tant de rejoindre leurs rangs. Les villageois, Darius fut fier de le voir, couvraient le champ de bataille comme une vague, fouillant et s’?quipant d’acier et d’armes ; rapidement, des dizaines d’entre eux furent ?quip?s de v?ritables armes. Ceux qui n’avaient pas d’acier maniaient des armes de fortune taill?es dans le bois, des dizaines de plus jeunes, des amis de Darius, avaient des lances courtes qu’ils avaient aff?t?es en pointe, et de petits arcs en bois avec des fl?ches ? leurs c?t?s, esp?rant ? l’?vidence un affrontement tel que celui-l?. Ils charg?rent tous ensemble, comme une seule et m?me personne, chacun se battant pour leurs vies tandis qu’ils se joignaient ? Darius pour affronter l’arm?e de l’Empire. Au loin, une ?norme banni?re s’agita, une trompette sonna, et l’arm?e de l’Empire se mobilisa. Le cliquetis des armures emplit l’air tandis que des centaines de soldats de l’Empire s’avan?aient ? l’unisson, bien disciplin?s, un mur d’hommes, ?paule contre ?paule, tenant parfaitement leurs rangs alors qu’ils marchaient vers la foule de villageois. Darius mena ses hommes pour la charge, tous intr?pides ? ses c?t?s, et alors qu’ils se rapprochaient des rangs de l’Empire, Darius cria : « LANCES ! » Les siens firent voler leurs courtes lances, qui s’?lev?rent au-dessus de la t?te de Darius, dans les airs, et trouv?rent leurs cibles de l’autre c?t? de l’espace d?couvert. Bien des lances de bois, pas assez aiguis?es, frapp?rent des armures et rebondirent sans faire de d?g?ts. Mais plus d’une trouva des failles dans l’armure et toucha son but, et une poign?e de soldats de l’Empire poussa des cris, s’effondrant au loin. « FL?CHES ! » s’?cria Darius, toujours en train de charger, ?p?e lev?e, comblant l’?cart entre eux. Plusieurs villageois s’arr?t?rent, vis?rent, et d?coch?rent une vol?e de fl?ches en bois aiguis?es, des dizaines d’entre elles d?crivirent un arc dans les airs, ? travers l’espace d?gag?, ? la surprise de l’Empire, qui ne s’?tait ? l’?vidence pas attendu ? un combat – encore moins ? ce que les villageois aient des armes. Plusieurs rebondirent, inoffensives, sur les armures, mais assez touch?rent leur cible, frappant des soldats ? la gorge ou ? leurs articulations, en ?liminant quelques-uns de plus. « PIERRES ! » hurla Darius. Plusieurs dizaines de villageois s’avanc?rent et, utilisant leurs frondes, lanc?rent leurs projectiles. Un barrage de petites pierres s’abattit ? travers le ciel, et le bruit des cailloux heurtant les armures emplit les airs. Quelques soldats, frapp?s au visage par les pierres, s’effondr?rent, pendant que plusieurs autres s’arr?taient, levaient leurs boucliers ou leurs mains pour arr?ter l’attaque. Cela ralentit l’Empire et ajouta un ?l?ment d’incertitude parmi leurs rangs – mais cela ne les arr?ta pas. Ils continuaient ? marcher, ne brisant jamais leurs rangs, m?me avec les fl?ches, lances et pierres qui les assaillaient. Ils lev?rent simplement leurs boucliers, trop arrogants pour esquiver, marchant avec leurs brillantes hallebardes d’acier droites dans les airs, leurs longues ?p?es d’acier se balan?ant ? leur ceinture, cliquetant dans la lumi?re matinale. Darius les regardait progresser, et il savait qu’il s’agissait d’une arm?e professionnelle qui s’avan?ait vers lui. Il savait que c’?tait une vague mortelle. Un grondement soudain s’?leva, Darius leva les yeux et vit trois grands zertas se d?tacher de la ligne de front et charger vers eux, un officier chevauchant chacun d’eux et brandissant de longues hallebardes. Les zertas charg?rent, l’air furieux, soulevant des vagues de poussi?re. Darius se tint pr?t tandis qu’un d’eux se ruait sur lui ; le soldat ricana en soulevant sa hallebarde et la lan?a soudain droit sur lui. Darius fut pris par surprise par sa vitesse, et au dernier moment il plongea, se mettant de justesse hors de sa trajectoire. Mais le villageois derri?re eux, un gar?on qu’il connaissait depuis l’enfance, ne fut pas aussi chanceux. Il poussa un cri de douleur quand la hallebarde transper?a son torse, du sang jaillissant de sa bouche tandis qu’il tombait sur le dos, yeux fix?s vers le ciel. Darius, enrag?, se tourna et fit face au zerta. Il attendit et attendit, sachant que s’il ne choisissait pas exactement le moment, il serait pi?tin? ? mort. ? la derni?re seconde Darius roula hors du passage et donna un coup d’?p?e, tranchant les pattes du zerta en dessous de lui. Le zerta poussa un cri per?ant et s’effondra t?te la premi?re au sol, son cavalier fut d?sar?onn? et atterrit dans le groupe de villageois. Un villageois se d?tacha de la foule et se pr?cipita en avant, soulevant un gros rocher au-dessus de sa t?te. Darius se retourna et fut surpris de voir qu’il s’agissait de Loti – elle le tint haut, puis l’abattit sur le heaume du soldat et le tua. Darius entendit un bruit de galop et pivota pour trouver, se ruant vers lui, un autre zerta, le soldat qui le chevauchait levait une lance et le visait. Il n’avait pas le temps de r?agir. Un grognement d?chira les airs, et Darius fut surpris de voir Dray appara?tre soudain, bondissant vers l’avant, haut dans les airs, et mordre le pied du soldat juste quand ce dernier projetait la lance. Le soldat fit une embard?e et sa lance partit droit par terre, dans la poussi?re. Il vacilla et tomba sur le c?t? de son zerta, et quand il toucha le sol plusieurs villageois se jet?rent sur lui. Darius regarda vers Dray, qui vint ? son c?t? en courant, ?ternellement reconnaissant envers lui. Darius entendit un autre cri de guerre et se tourna pour trouver encore un autre officier de l’Empire s’?lan?ant vers lui, ?levant son ?p?e et l’abattant sur lui. Darius se retourna et para le coup, ?cartant l’autre ?p?e avant qu’elle ne puisse atteindre son torse. Darius pivota ensuite et balaya d’un coup de pied ceux du soldat. Il tomba au sol, et Darius le frappa ? la m?choire avant qu’il ne puisse se relever, l’assommant pour de bon. Darius vit Loti se pr?cipiter au-devant de lui, se jetant t?te baiss?e au c?ur du combat comme elle se baissait et se saisissait d’une ?p?e ? la taille d’un soldat mort. Dray se jeta devant elle pour la prot?ger ; cela inqui?ta Darius de la voir au beau milieu de l’affrontement, et il voulut la mettre en s?curit?. Loc, son fr?re, le devan?a. Il se pr?cipita en avant et attrapa Loti par-derri?re, lui faisant l?cher la lance. « Nous devons partir d’ici ! » dit-il. « Ce n’est pas un endroit pour toi ! » « C’est le seul endroit pour moi ! » insista-t-elle. Loc, cependant, m?me avec sa seule main valide, ?tait ?tonnement fort, et il r?ussit ? la trainer, protestant et frappant, loin du centre des combats. Darius ?tait plus reconnaissant envers lui qu’il ne pouvait l’exprimer. Darius entendit un fracas d’acier ? c?t? de lui et se tourna pour voir un de ses fr?res d’armes, Kaz, en prise avec un soldat de l’Empire. Si Kaz avait autrefois ?t? une brute et une ?pine dans le pied de Darius, ? pr?sent, ce dernier devait l’admettre, il ?tait content d’avoir Kaz ? ses c?t?s. Il vit Kaz avancer et reculer face au soldat, un guerrier impressionnant, jusqu’? ce que finalement le soldat, avec un geste inattendu, batte Kaz et fasse tomber l’?p?e de sa main. Kaz se tenait l?, sans d?fense, la peur sur son visage pour la premi?re fois que Darius puisse s’en souvenir. Le soldat de l’Empire, les yeux inject?s de sang, s’avan?a pour l’achever. Soudain, un bruit m?tallique se fit entendre, le soldat se figea soudain et tomba, t?te la premi?re, par terre. Mort. Ils lev?rent tous deux les yeux, et Darius fut surpris de voir Luzi se tenir l?, mesurant la moiti? de la taille de Kaz, tenant une fronde dans la main, vide juste apr?s avoir tir?. Luzi adressa un sourire narquois ? Kaz. « Tu regrettes de m’avoir harcel? maintenant ? » lui dit-il. Kaz le regarda fixement, sans voix. Darius ?tait impressionn? que Luzi, apr?s la mani?re dont il avait ?t? tourment? par Kaz durant toutes leurs journ?es d’entrainement, se soit avanc? et lui ait sauv? la vie. Cela inspira Darius ? se battre encore plus. Darius, voyant le zerta abandonn? pi?tinant sauvagement ? travers ses rangs, se pr?cipita en avant, courut ? c?t? de lui, et le monta. Le zerta rua violement, mais Darius tint bon, s’accrochant fermement, d?termin?. Enfin, il prit le contr?le, r?ussit ? le faire tourner et ? le diriger vers les rangs de l’Empire. Son zerta galopait si vite qu’il pouvait ? peine le contr?ler, l’emportant au-devant de tous ses hommes, menant la charge ? lui seul, vers le c?ur des rangs de l’Empire. Le c?ur de Darius tambourinait dans sa poitrine alors qu’il se rapprochait du mur de soldats. Il paraissait imp?n?trable depuis son point de vue. Et pourtant, il n’y avait pas de demi-tour possible. Darius for?a son courage ? le porter jusqu’au bout. Il chargea droit vers eux et ce faisant, il balan?a sauvagement son ?p?e. Depuis sa position plus haute, Darius frappa d’un c?t? et de l’autre, ?liminant un grand nombre de soldats de l’Empire surpris, qui ne s’?taient pas attendu ? ?tre charg?s par un zerta. Il p?n?tra dans leurs rangs ? une vitesse aveuglante, s?parant la mar?e de soldats, emport? par son ?lan – quand soudain, il ressentit une douleur horrible ? son c?t?. Il lui sembla que ses c?tes ?taient d?chir?es en deux. Darius, perdant son ?quilibre, s’envola dans les airs. Il toucha le sol durement, sentant une douleur cuisante ? son c?t?, et il r?alisa qu’il avait ?tait frapp? par la boule m?tallique d’un fl?au. Il resta ?tendu l? sur le sol, dans la nu?e de soldats de l’Empire, loin des siens. Alors qu’il ?tait allong? l?, sa t?te bourdonnante, son monde flou, il jeta un regard au loin et remarqua que les siens ?taient en train de se faire encercler. Ils se battaient vaillamment, mais ils ?taient simplement en sous nombre, d?pass?s. Ses hommes se faisaient massacrer, leurs cris emplissaient l’air. La t?te de Darius, trop lourde, retomba au sol et comme il ?tait ?tendu l?, il leva les yeux et vit tous les hommes de l’Empire se rapprocher de lui. Il ?tait couch? l?, ?puis?, et savait que sa vie serait bient?t termin?e. Au moins, pensa-t-il, il mourrait avec honneur. Au moins, enfin, ?tait-il libre. CHAPITRE DEUX Gwendolyn se tenait sur la cr?te de la colline, regardant au del? l’aube se levant sur le ciel d?sertique, et son c?ur battait impatiemment alors qu’elle se pr?parait ? frapper. Observant de loin la confrontation entre l’Empire et les villageois, elle avait march? jusque l? avec ses hommes, contournant le champ de bataille par le chemin le plus long, et les avait positionn?s derri?re les lignes de l’Empire. Ce dernier, tant concentr? sur les villageois, sur la bataille en contrebas, ne les avait jamais vus venir. Et maintenant, alors que des villageois commen?aient ? mourir, il ?tait temps de les faire payer. Depuis que Gwen avait d?cid? de faire faire demi-tour ? ses hommes, d’aider les villageois, elle avait ?prouv? un sentiment de destin?e ?crasant. Qu’elle gagne ou qu’elle perde, elle savait que c’?tait la bonne chose ? faire. Elle avait observ? de d?roulement de la confrontation depuis le flanc de la montagne, avait vu les arm?es de l’Empire s’approcher avec leurs zertas et leurs soldats professionnels, et cela avait r?veill? des sentiments r?cents, lui rappelant l’invasion de l’Anneau par Andronicus puis par Romulus. Elle avait regard? Darius s’avancer de lui-m?me, pour leur faire face, et son c?ur s’?tait emball? quand elle l’avait vu tuer ce commandant. C’?tait quelque chose que Thor aurait fait. Qu’elle-m?me aurait fait. Gwen se tenait l? ? pr?sent, Krohn grondant doucement ? c?t? d’elle, Kendrick, Steffen, Brandt, Atme, des dizaines de membres de l’Argent et des centaines de ses hommes derri?re elle, tous v?tus l’armure d’acier qu’ils avaient depuis qu’ils avaient quitt? l’Anneau, tous portant leur armement d’acier, tous attendant patiemment son commandement. Les siens ?taient une arm?e professionnelle, et ils n’avaient pas eu un combat depuis qu’ils avaient ?t? exil?s de leur terre natale. Le temps ?tait venu. « MAINTENANT ! » cria Gwen. Un grand cri de guerre s’?leva tandis que tous ses hommes, men?s par Kendrick, s’?lan?aient le long de la colline, leurs voix portant comme mille lions dans la lumi?re matinale. Gwen contempla ses hommes alors qu’ils atteignaient les lignes de l’Empire et que les soldats, occup?s ? affronter les villageois, se retourn?rent lentement, d?concert?s, ne comprenant ? l’?vidence pas qui pourrait les attaquer ou pourquoi. ? n’en pas douter, ces soldats de l’Empire n’avaient jamais ?t? pris par surprise auparavant, et certainement pas par une arm?e professionnelle. Kendrick ne leur laissa pas le temps de se reprendre, d’analyser ce qui ?tait en train de se produire. Il bondit vers l’avant, frappant le premier homme qu’il rencontra, et Brandt, Atme, Steffen et les dizaines d’Argent ? leurs c?t?s le rejoignirent tous, criant alors qu’ils plongeaient leurs armes dans les soldats. Tous ses hommes portaient une grande ranc?ur, tous avaient br?l? d’envie de se battre, avides d’une vengeance contre l’Empire et ankylos?s apr?s ?tre rest?s inactifs durant trop de jours dans cette grotte. Ils ?taient impatients, Gwen le savait, de d?verser leur col?re sur l’Empire depuis le moment o? ils avaient abandonn? l’Anneau – et dans cette bataille, ils trouveraient le parfait exutoire. Dans les yeux de chacun br?lait une flamme, un feu qui contenait les ?mes de tous les ?tres chers qu’ils avaient perdus dans l’Anneau et sur les Isles Bor?ales. C’?tait un besoin de vengeance qu’ils avaient transport? ? travers la mer. De bien des mani?res, r?alisa Gwen, la cause des villageois, m?me ? l’autre bout du monde, ?tait la leur aussi. Des hommes poussaient des cris tandis qu’ils se battaient au corps ? corps, Kendrick et les autres mettant ? profit leur ?lan pour se frayer un passage dans l’?paisseur de la m?l?e, ?liminant des rangs de soldat de l’Empire avant m?me qu’ils ne puissent se rallier. Gwen ?tait si fi?re en observant Kendrick bloquer deux coups avec son bouclier, pivoter et frapper un soldat au visage avec, puis en taillader un autre au torse. Elle regarda Brandt balayer les jambes d’un soldat, puis le poignarder, dans le dos, ? travers le c?ur, enfon?ant son ?p?e des deux mains. Elle vit Steffen manier son ?p?e courte et couper la jambe d’un soldat, puis s’avancer, donner un coup de pied dans l’aine d’un autre soldat et lui ass?ner un coup de t?te, l’assommant. Atme balan?a son fl?au et ?limina deux soldats d’un coup. « Darius ! » cria une voix. Gwen jeta un ?il pour voir Sandara debout ? c?t? d’elle, le doigt point? sur le champ de bataille. « Mon fr?re ! » s’?cria-t-elle. Gwen rep?ra Darius au sol, sur le dos, et encercl? par l’Empire, qui se rapprochait. Son c?ur bondit d’inqui?tude, mais elle vit, ? sa plus grande satisfaction, Kendrick se pr?cipiter en avant et brandir son bouclier, sauvant Darius d’un coup de hache juste avant qu’il le ne l’atteigne au visage. Sandara poussa un cri, et Gwen put voir son soulagement, put voir combien elle aimait son fr?re. Gwendolyn tendit le bras et prit un arc des mains d’un des soldats montant la garde ? c?t? d’elle. Elle encocha une fl?che, banda l’arc et visa. « ARCHERS ! » cria-t-elle. Tout autour d’elle des dizaines de ses archers vis?rent, bandant leurs arcs, attendant son ordre. « FEU ! » Gwen d?cocha sa fl?che haut dans le ciel, par-dessus ses hommes, et comme elle le faisait, ses dizaines d’archers firent feu, eux aussi. La vol?e atterrit dans la cohue des soldats de l’Empire restant, et des cris s’?lev?rent tandis qu’une dizaine de soldats tombait ? genoux. « FEU ! » cria-t-elle ? nouveau. Il y eut une autre vol?e ; puis une autre. Kendrick et ses hommes se pr?cipit?rent, tuant tous les hommes qui ?taient tomb?s ? genoux ? cause des fl?ches. Les soldats de l’Empire furent oblig?s d’abandonner leur assaut sur les villageois, et ? la place de faire pivoter leur arm?e pour affronter les hommes de Kendrick. Cela donna une opportunit? aux villageois. Ils pouss?rent un grand cri en s’?lan?ant vers l’avant, frappant les soldats de l’Empire dans le dos, qui se faisaient ? pr?sent massacrer des deux c?t?s. Les soldats de l’Empire, press?s entre deux forces hostiles, leur nombre diminuant rapidement, commenc?rent finalement ? se rendre compte qu’ils ?taient battus. Leurs rangs qui se comptaient par centaine se r?duisirent rapidement ? des dizaines ; ceux qui restaient se d?tourn?rent et tent?rent de fuir ? pied, leurs zertas ayant ?t? soit tu?s soit captur?s. Ils n’all?rent pas bien loin avant d’?tre pourchass?s et tu?s. Une grande clameur triomphante s’?leva ? la fois parmi les villageois et les hommes de Gwen. Ils se rassembl?rent tous, poussant des hourras, s’?treignant les uns les autres comme des fr?res. Gwendolyn se h?ta le long de la pente et les rejoignit, Krohn sur ses talons, faisant irruption dans la cohue, des hommes tout autour d’elle ; l’odeur forte de sueur et de peur flottait dans l’air, du sang frais coulait sur le sol d?sertique. Ici, en ce jour, malgr? tout ce qui ?tait arriv? dans l’Anneau, Gwen ressentit un moment de triomphe. Il s’agissait d’une victoire glorieuse ici dans le d?sert, les villageois et les exil?s de l’Anneau r?unis, unis dans le d?fi de l’ennemi. Les villageois avaient perdu beaucoup d’hommes de qualit?, et Gwen avait perdu quelques-uns des siens. Mais Darius, au moins, Gwen fut soulag?e de le constater, ?tait en vie, chancelant sur ses pieds. Gwen savait que l’Empire avait des millions d’hommes suppl?mentaires. Elle savait qu’un jour de jugement viendrait. Mais ce n’?tait pas aujourd’hui. En ce jour elle n’avait pas pris la d?cision la plus sage – mais elle avait choisi la plus courageuse. La bonne. Elle avait le sentiment qu’il s’agissait d’une d?cision que son p?re aurait prise. Elle avait choisi le chemin le plus dur. Le chemin de ce qui ?tait juste. La voie de la justice. La voie de la bravoure. Et quoi qu’il puisse arriver, aujourd’hui elle avait v?cu. Elle avait vraiment v?cu. CHAPITRE TROIS Volusia se tenait sur le balcon de pierre, regard baiss? sur la cour pav?e qui s’?tendait sous elle, et au loin en contrebas elle vit le corps du Prince ?tal?, ?tendu l?, immobile, ses membres ?cart?s dans une position grotesque. Il paraissait ?tre si loin depuis l?-haut, si minuscule, si impuissant, et Volusia s’?merveilla du fait que, ? peine quelques instants auparavant, il ait ?t? un des dirigeants les plus puissants de l’Empire. Cela la toucha au c?ur de voir combien la vie ?tait fragile, qu’elle illusion pouvait ?tre le pouvoir – et plus que tout comment elle, dot?e d’un pouvoir infini, d?sormais une v?ritable d?esse, d?tenait un pouvoir de vie ou de mort sur tous. ? pr?sent, personne, pas m?me un grand prince, ne pouvait l’arr?ter. Alors qu’elle se tenait l?, le regard port? au loin, s’?lev?rent ? travers la cit? les cris de ses milliers d’occupants, les citoyens de Maltolis ?mus, g?missant, leur bruit emplissant la cour et s’?levant comme une nu?e. Ils geignaient, criaient et se frappaient la t?te contre les murs de pierre ; ils se jetaient au sol, tels des enfants f?ch?s, et s’arrachaient les cheveux. ? les voir, songea Volusia, on aurait pu penser que Maltolis avait ?t? un dirigeant bienveillant. « NOTRE PRINCE ! »cria l’un d’eux, un cri qui fut r?p?t? par plusieurs autres tandis qu’ils se pr?cipitaient tous en avant, bondissant sur le corps du Prince fou, sanglotant et se convulsant tout en le serrant dans leurs bras. « NOTRE CHER P?RE ! » Des cloches sonn?rent soudain ? travers la cit?, une longue succession de carillonnement, se r?percutant les uns les autres. Volusia entendit un tumulte, elle leva les yeux et observa pendant que des centaines d’hommes de Maltolis se h?taient ? travers les portes de la cit?, dans la cour, en rangs deux par deux, la herse se levant pour les laisser tous rentrer. Ils se dirigeaient vers le ch?teau de Maltolis. Volusia savait qu’elle avait mis en branle un ?v?nement qui alt?rerait pour toujours cette cit?. Soudain, un bruit insistant se fit entendre ? l’?paisse porte de ch?ne de la chambre, la faisant sursauter. C’?tait un claquement incessant, le bruit de dizaines de soldats, d’armures cliquetantes, balan?ant un b?lier contre l’?paisse porte de ch?ne de la chambre du Prince. Volusia, bien ?videmment, l’avait faite barrer, et la porte, ?paisse de trente centim?tres, faite pour supporter un si?ge, se tordait n?anmoins sur ses gonds, alors que les cris des hommes s’?levaient de l’autre c?t?. ? chaque coup elle se d?formait un peu plus. Boom boom boom. La chambre de pierre tremblait, et l’ancien lustre de m?tal, suspendu haut ? une poutre, se balan?a violemment avant de s’?craser au sol. Volusia se tint l? et contempla la sc?ne calmement, s’attendant ? tout cela. Elle savait, bien s?r, qu’ils viendraient apr?s elle. Ils voulaient se venger – et ils ne la laisseraient jamais s’?chapper. « Ouvrez la porte ! » cria un des g?n?raux de Maltolis. Elle reconnut sa voix – le chef des forces de Maltolis, un homme sans humour qu’elle avait bri?vement rencontr?, avec une voix grave et rauque – un homme inepte mais un soldat professionnel, et avec deux cent mille hommes ? sa disposition. Et pourtant Volusia se tint l? et fit calmement face ? la porte, imperturbable, la scrutant patiemment, attendant qu’ils les abattent. Elle aurait bien s?r pu les ouvrir pour eux, mais elle ne leur accorderait pas cette satisfaction. Finalement un grand fracas se fit entendre, et les portes de bois c?d?rent, sortirent de leurs gonds, et des dizaines de soldats, leurs armures cliquetantes, se pr?cipit?rent dans la pi?ce. Le commandant de Maltolis, rev?tu de son armure d’apparat, et portant le sceptre d’or qui l’autorisait ? diriger son l’arm?e, ouvrait la voie. Ils ralentirent jusqu’? une marche rapide en la voyant l? debout, seule, ne tentant pas de fuir. Le commandant, un air profond?ment renfrogn? sur le visage, marcha droit vers elle et s’arr?ta abruptement ? un m?tre d’elle. Il lui lan?a un regard furieux avec haine, et derri?re lui, tous ses hommes s’arr?t?rent, bien disciplin?s, et attendant ses ordres. Volusia se tenait l?, calmement, le d?visageant en retour avec un sourire, et elle r?alisa que son attitude avait d? les d?stabiliser, car il paraissait troubl?. « Qu’as-tu fait, femme ? » demanda-t-il, serrant son ?p?e. « Tu as p?n?tr? dans cette cit? en tant qu’invit? et tu as tu? notre souverain. Celui qui avait ?t? choisi. Celui qui ne pouvait ?tre tu?. » Volusia sourit, et r?pondit calmement : « Vous avez plut?t tort, G?n?ral », dit-elle. « Je suis celle qui ne peut ?tre tu?e. Comme je viens de le prouver ici aujourd’hui. » Il secoua la t?te, furieux. « Comment as-tu pu ?tre si stupide ? » dit-il. « Tu devais s?rement savoir que nous allions te tuer, toi et tes hommes, qu’il n’y a nulle part o? fuir, aucun moyen de s’?chapper de cet endroit. Ici, le peu que vous ?tes est encercl? par des centaines de milliers des n?tres. S?rement, tu devais savoir que ton geste commis ici aujourd’hui te condamnerait ? la peine de mort – pire, ? ton emprisonnement et ta torture. Nous ne traitons pas nos ennemis gentiment, au cas o? tu ne l’aurais pas remarqu?. » « Je l’ai remarqu?, en effet, G?n?ral, et je l’admire », r?pondit-elle. « Et pourtant vous ne l?verez pas une main sur moi. Aucun de vos hommes ne le fera. » Il secoua la t?te, ?nerv?. « Tu es encore plus insens?e que ce que j’avais pens? », dit-il. « Je porte le sceptre d’or. Toutes nos arm?es feront ce que j’ordonne. Exactement ce que je dis. » « Le feront-ils ? » demanda-t-elle lentement, un sourire sur son visage. Lentement, Volusia se tourna et regarda par la fen?tre ouverte, en contrebas vers le corps du Prince, maintenant hiss? sur les ?paules de fous et port? ? travers la cit? comme un martyr. Dos ? lui, elle s’?claircit la gorge et poursuivit. « Je ne doute pas, G?n?ral », dit-elle, « que vos forces soient bien entra?n?es. Ou qu’ils suivront celui qui brandit le sceptre. Leur renomm?e les pr?c?de. Je sais, aussi, qu’ils sont bien plus nombreux que les miens. Et qu’il n’y a aucun moyen de s’?chapper d’ici. Mais, voyez-vous, je ne veux pas m’enfuir. Je n’en ai pas besoin. » Il le d?visagea, perplexe ; Volusia pivota et regarda par la fen?tre, passant la cour au peigne fin. Au loin, elle rep?ra Koolian, son sorcier, debout dans la foule, ignorant tous les autres, le regard fix? uniquement sur elle, avec ses yeux d'un vert ?clatant et son visage couvert de verrues. Il portait sa cape noire, reconnaissable entre tous dans la cohue, ses bras calmement crois?s, son visage p?le lev? vers elle, en partie cach? derri?re le capuchon, attendant son ordre. Il se tenait l?, le seul ? ?tre immobile, patient et disciplin? dans cette cit? chaotique. Volusia lui fit un signe de la t?te ? peine perceptible, et elle le vit hocher imm?diatement de la t?te. Lentement, Volusia se retourna, un sourire sur le visage, et fit face au g?n?ral. « Vous pouvez me passer le sceptre maintenant », dit-elle, « ou je peux vous tuer tous et le prendre moi-m?me. » Il la d?visagea en retour, abasourdi, puis secoua la t?te et, pour la premi?re fois, sourit. « Je connais les gens fantasques », dit-il. « J’en ai servi un pendant des ann?es. Mais toi…tu es dans ta propre cat?gorie. Tr?s bien. Si tu souhaites mourir comme cela, ainsi soit-il. » Il s’avan?a et tira son ?p?e. « Je vais prendre du plaisir ? te tuer », ajouta-t-il. « J’ai voulu le faire d?s l’instant ou j’ai vu ton visage. Toute cette arrogance – c’en est assez pour d?go?ter un homme. » Il s’approcha d’elle, et alors qu’il le faisait, Volusia se retourna vit soudain Koolian debout dans la pi?ce ? c?t? d’elle. Le commandant se tourna et le fixa des yeux, ?tonn? par son apparition soudaine, comme par magie. Il se tint l?, d?concert?, ne s’?tant ? l’?vidence pas attendu ? cela, et ne sachant visiblement pas ce que faire de lui. Koolian repoussa son capuchon noir et lui sourit d’un air sarcastique, avec son visage grotesque, trop p?le, ses yeux blancs r?vuls?s, et il leva lentement les paumes. Alors qu’il faisait cela, le commandant et tous ses hommes tomb?rent ? genoux. Ils hurl?rent et port?rent leurs mains ? leurs oreilles. « Faites cesser ?a ! » cria-t-il. Lentement, du sang coula de leurs oreilles, et un ? un, ils s’effondr?rent sur le sol de pierre, immobiles. Morts. Volusia fit lentement un pas en avant, calmement, se baissa, et attrapa le sceptre d’or des mains du commandant mort. Elle le souleva et l’examina dans la lumi?re, admirant son poids, la mani?re dont il ?tincelait. C’?tait un objet sinistre. Elle esquissa un grand sourire. Il ?tait m?me plus lourd que ce qu’elle avait imagin?. Volusia se tenait juste au-del? des douves, ? l’ext?rieur des murs de la cit? de Maltolis, son sorcier, Koolian, son assassin, Aksan, le commandant de ses forces Volusiennes, Soku, derri?re elle, et elle contemplait la vaste arm?e Maltolisienne assembl?e devant elle. Aussi loin qu’elle pouvait voir, la plaine d?sertique ?tait remplie d’hommes de Maltolis, deux cents milles, une arm?e plus grande que ce sur quoi elle avait jamais pos? les yeux. M?me pour elle, c’?tait impressionnant. Ils se tenaient patiemment l?, sans chef, tous regardants vers elle, Volusia, qui ?tait debout sur un dais sur?lev?, leur faisant face. La tension ?tait palpable dans l’air, et Volusia pouvait sentir qu’ils attendaient tous, r?fl?chissant, en train de d?cider soit de la tuer, soit de la servir. Volusia les contemplait avec fiert?, sentant sa destin?e devant elle, et lentement elle ?leva le sceptre d’or au-dessus de sa t?te. Elle se tourna lentement, dans toutes les directions, pour qu’ils puissent tous la voir, voir le sceptre, ?tincelant dans le soleil. « MON PEUPLE ! » tonna-t-elle. « Je suis la D?esse Volusia. Votre prince est mort. Je suis celle qui porte le sceptre d?sormais ; je suis celle que vous suivrez. Suivez-moi, et vous gagnerez de la gloire, des richesses et tous vos d?sirs chers. Restez l?, et vous d?p?rirez et mourrez dans cet endroit, sous les ombres de ces murs, sous l’ombre du corps d’un chef qui ne vous a jamais aim?. Vous l’avez servi dans la folie, vous me servirez dans la gloire, dans la conqu?te, et enfin aurez le chef que vous m?ritez. » Volusia leva le sceptre plus haut, les balayant du regard, rencontrant leurs regards disciplin?s, sentant son destin. Elle sentit qu’elle ?tait invincible, que rien ne pouvait se mettre en travers de son chemin, pas m?me ces centaines de milliers d’hommes. Elle savait que, comme tout le monde, ils se prosterneraient devant elle. Elle le vit se produire dans l’?il de son esprit, apr?s tout, elle ?tait une d?esse. Elle vivait dans un royaume au-dessus des hommes. Quel choix pouvaient-ils avoir ? Aussi s?r qu’elle l’avait pr?vu, s’?leva le lent cliquetis d’une armure, et un ? un, tous les hommes devant elle mirent un genou ? terre, un apr?s l’autre, un grand fracas d’armures se propagea ? travers le d?sert, tandis qu’ils se mettaient tous ? genoux pour elle. « VOLUSIA ! » scand?rent-ils doucement, encore et encore. « VOLUSIA ! » « VOLUSIA ! » CHAPITRE QUATRE Godfrey sentait la sueur couler le long de sa nuque tandis qu’il se recroquevillait dans le groupe d’esclaves, essayant de ne pas rester au milieu et de ne pas ?tre vu pendant qu’ils serpentaient ? travers les rues de Volusia. Un autre claquement siffla dans les airs, et Godfrey poussa un cri de douleur alors que l’extr?mit? d’un fouet frappait son derri?re. L’esclave ? c?t? de lui cria bien plus fort, car le fouet lui ?tait essentiellement destin?. Il la toucha durement ? travers le dos, elle cria et tr?bucha vers l’avant. Godfrey se baissa et la rattrapa avant qu’elle ne s’effondre, agissant sous le coup de l’impulsion, sachant qu’il risquait sa vie en faisant cela. Elle reprit son ?quilibre et se tourna vers lui, de la panique et de la peur sur le visage, puis quand elle le vit ses yeux s’?carquill?rent de surprise. ? l’?vidence, elle ne s’?tait pas pr?par?e ? le voir, un humain, ? la peau claire, marchant librement ? c?t? d’elle, sans cha?nes. Godfrey secoua la t?te rapidement et leva un doigt vers sa bouche, priant pour qu’elle demeure silencieuse. Par chance, elle le fit. Il y eut un autre claquement de fouet, Godfrey jeta un coup d’?il et vit les contrema?tres remonter le convoi, fouettant les esclaves sans raison, voulant manifestement seulement rappeler leur pr?sence. En jetant un regard en arri?re, il remarqua, juste derri?re lui, les visages paniqu?s d’Akorth et Fulton, lan?ant des regards furtifs, et ? c?t? d’eux, les visages d?termin?s de Merek et Ario. Godfrey admira le fait que ces deux gar?ons fassent montre de plus de composition et de courage qu’Akorth et Fulton, deux hommes adultes, quoiqu’ivres. Ils march?rent et march?rent, et Godfrey sentit qu’ils se rapprochaient de leur destination, o? que cela puisse ?tre. ?videmment, il ne pouvait pas les laisser arriver l? : il devrait bouger rapidement. Il avait atteint son but, avait r?ussi ? p?n?trer dans Volusia – mais maintenant il devait se lib?rer de ce groupe,  avant qu’ils ne soient tous d?couverts. Godfrey regarda autour de lui, et remarqua quelque chose qui l’encouragea : les contrema?tres se rassemblaient surtout en t?te de ce convoi d’esclaves. C’?tait logique, ?videmment. ?tant donn? que tous les esclaves ?taient encha?n?s ensemble, il n’y avait ? l’?vidence aucun endroit o? ils pourraient fuir, et les contrema?tres ne ressentaient indubitablement pas le besoin de garder l’arri?re. Hormis le contrema?tre solitaire qui montait et descendait le long des lignes en les fouettant, il n’y avait personne pour les emp?cher de s’esquiver par l’arri?re du convoi. Ils pouvaient s’?chapper, dispara?tre en silence dans les rues de Volusia. Godfrey savait qu’ils devraient agir rapidement ; et pourtant son c?ur palpitait ? chaque fois qu’il envisageait de prendre cette d?cision audacieuse. Son esprit lui disait de partir, et pourtant son corps n’arr?tait pas d’h?siter, ne trouvant jamais vraiment le courage. Godfrey ne pouvait toujours pas croire qu’ils ?taient l?, qu’ils avaient vraiment r?ussi ? p?n?trer dans ces murs. C’?tait comme un r?ve – mais un r?ve qui ne cessait d’empirer. Le bourdonnement caus? par le vin ?tait en train de s’estomper, et plus il le faisait, plus il prenait conscience combien tout cela ?tait une mauvaise id?e. « Nous devons nous sortir d’ici », Merek se pencha en avant et murmura avec empressement. « Nous devons bouger. » Godfrey secoua la t?te et d?glutit, de la sueur lui piquait les yeux. Une partie de lui savait qu’il avait raison ; mais une autre continuait ? attendre pour l’exact bon moment. « Non », r?pondit-il. « Pas encore. » Godfrey parcourut les alentours du regard et vit toute sorte d’esclaves, encha?n?s et train?s partout dans les rues de Volusia, pas seulement ceux ? la peau sombre. Il semblait que l’Empire avait r?ussi ? r?duire en esclavage toutes sortes de races venant des quatre coins de l’Empire – tous ceux qui n’?taient pas de la race de l’Empire, tous ceux qui ne partageaient pas leur peau jaune et luisante, leur grande taille, leurs ?paules larges, et les petites cornes derri?re les oreilles. « Qu’attendons-nous ? » demanda Ario. « Si nous courons dans les rues d?couvertes », dit Godfrey, « nous pourrions attirer trop d’attention. Nous pourrions nous faire prendre, aussi. Nous devons attendre. » « Attendre quoi ? » le pressa Merek, la voix pleine de frustration. Godfrey secoua la t?te, d?concert?. Il avait le sentiment que tous ses plans s’effondraient. « Je ne sais pas », dit-il. Ils pass?rent encore un autre tournant, et ce faisant, la cit? de Volusia tout enti?re s’ouvrit devant eux. Godfrey admira la vue, admiratif. C’?tait la cit? la plus incroyable qu’il ait jamais vue. Godfrey, fils de roi, avait ?t? dans de grandes villes, des villes grandioses, riches, et fortifi?es. Il avait visit? quelques-unes des plus belles cit?s au monde. Peu d’entre elles pouvaient rivaliser la majest? de Savaria, Silesia, ou, plus que tout, la Cour du Roi. Il n’?tait pas ais?ment impressionn?. Mais il n’avait jamais rien vu de tel. C’?tait une combinaison de beaut?, d’ordre, de pouvoir, et de richesse. Surtout de richesse. La premi?re chose qui frappa Godfrey ?tait toutes les idoles. Partout, dispos?es ? travers la cit?, se trouvaient des statues, des idoles ? des dieux que Godfrey ne reconnaissait pas. Un paraissait ?tre un dieu de la mer, un autre du ciel, un autre des collines… Partout s’amassaient des grappes de gens, s’inclinant devant elles. Au loin, surplombant la cit?, se tenait une ?norme statue dor?e, s’?levant ? trente m?tres, de Volusia. Des hordes de gens s’inclinaient bien bas devant elle. L’autre chose qui surprit Godfrey ?tait les rues, pav?es d’or, ?tincelantes, immacul?es, tout ?tait soigneusement propre et net. Tous les b?timents ?taient construits en pierres parfaitement taill?es, aucune n’?tait pas ? sa place. Les rues de la ville s’?tiraient infiniment, la cit? paraissait s’?taler jusqu’? l’horizon. Ce qui le sid?ra encore plus ?tait les canaux et les voies navigables, s’entrela?ant ? travers les rues, parfois en arcs, parfois en cercle, transportant les courants d’azur de l’oc?an et faisant office de conduit, le p?trole qui faisait vivre la cit?. Ces voies navigables ?taient bond?es de vaisseaux orn?s d’or, tra?ant leur chemin doucement tout le long, s’entrecroisant ? travers les rues. La cit? ?tait emplie de lumi?re, se refl?tant du port, domin?e par le son toujours pr?sent des vagues, car la ville, en forme de fer ? cheval, suivait le rivage du port, et des vagues se brisaient contre ses digues dor?es. Entre la lumi?re ?tincelante de l’oc?an, les rayons des deux soleils au-dessus, et l’or toujours pr?sent, Volusia aveuglait r?solument les yeux. Encadrant tout cela, ? l’entr?e du port, s’?levaient deux imposants piliers, touchant presque le ciel, des bastions de pouvoir. La cit? ?tait construite pour intimider, r?alisa Godfrey, pour exsuder la richesse, et elle le faisait tr?s bien. C’?tait une ville qui respirait le progr?s et la civilisation, et si Godfrey n’avait pas su pour la cruaut? de ses habitants, ?’aurait ?t? une ville o? il aurait lui-m?me aim? vivre. C’?tait si diff?rent de ce que l’Anneau pouvait offrir. Les cit?s de l’Anneau ?taient construites pour fortifier, prot?ger, d?fendre. Ces villes de l’Empire, de l’autre c?t?, ?taient ouvertes, sans crainte, et construites pour projeter de la richesse. C’?tait logique, r?alisa Godfrey : apr?s tout, les cit?s de l’Empire ne craignaient d’?tre attaqu?es par personne. Godfrey entendit une clameur droit devant, et alors qu’ils tournaient le long d’une all?e et passaient un coin, soudain, une grande cour s’ouvrit devant eux, avec le port derri?re elle. C’?tait une large place pav?e de pierre, un carrefour majeur de la cit?, des dizaines de rues en partaient, dans des dizaines de directions. Tout cela ?tait visible par coups d’?il ? travers une arche de pierre ? environ vingt m?tres devant. Godfrey sut qu’une fois que leur entourage l’aurait pass?e, ils seraient tous ? d?couvert, expos?s, avec tous les autres. Ils ne pourraient plus s’esquiver. Encore plus d?concertant, Godfrey vit des esclaves affluer depuis toutes les directions, tous conduits sur la place par les contrema?tres, des esclaves des quatre coins de l’Empire, de toute sorte de race, tous encha?n?s, train?s vers une plate-forme devant l’oc?an. Des esclaves se tenaient en haut, pendant que de riches citoyens de l’Empire les ?tudiaient et faisaient des offres. Cela ressemblait ? une vente aux ench?res. Une clameur s’?leva, et Godfrey observa un noble de l’Empire examiner la m?choire d’un esclave, ? la peau blanche et de longs cheveux raides et bruns. Le noble opina avec satisfaction, et un contrema?tre s’avan?a puis encha?na l’esclave, comme s’il concluait une transaction. Le contrema?tre attrapa l’esclave par le col de sa chemise et le jeta, t?te la premi?re, de la plate-forme au sol. L’homme s’envola, heurta durement le sol, et la foule poussa une acclamation de satisfaction, tandis que plusieurs soldats s’avan?aient, se saisirent de lui et l’entra?n?rent. Une autre suite d’esclave ?mergea d’un autre coin de la cit?, et Godfrey regarda un esclave ?tre pouss? en avant, le plus trapu, plus grand que les autres de trente centim?tres, fort et en bonne sant?. Un soldat de l’Empire leva sa hache et l’esclave se pr?para au coup ? venir. Mais le contrema?tre trancha ses cha?nes, le son du m?tal heurtant la pierre r?sonna dans la cour. L’esclave fixa du regard le contrema?tre, confus. « Je suis libre ? » demanda-t-il. Mais plusieurs soldats se pr?cipit?rent en avant, se saisirent des bras de l’esclave, et le train?rent jusqu’? la base d’une statue en or au bord du port, une autre statue de Volusia, son doigt point? vers la mer, des vagues se brisant ? ses pieds. La foule se rassembla et se rapprocha alors que les hommes maintenaient l’homme au sol, la t?te appuy?e par terre, visage au sol, sur le pied de la statue. « NON ! » cria l’homme. Le soldat de l’Empire fit un pas en avant et leva sa hache, et cette fois-ci d?capita l’homme. La foule poussa des cris de joie, ils tomb?rent tous ? genoux et s’inclin?rent vers le sol, v?n?rant la statue tandis que le sang coulait sur ses pieds. « Un sacrifice ? notre grande d?esse ! » s’?cria un soldat. « Nous te consacrons le premier et le meilleur de nos fruits ! » La foule poussa encore des acclamations. « Je ne sais pas pour vous », se fit entendre la voix de Merek dans l’oreille de Godfrey, pressant, « mais je ne vais pas me faire sacrifier ? une quelconque idole. Pas aujourd’hui. » Un autre claquement de fouet s’?leva, et Godfrey pouvait voir la porte d’entr?e se rapprocher. Son c?ur palpitait tandis qu’il r?fl?chissait ? ces mots, et il savait que Merek avait raison. Il savait qu’il devait faire quelque chose – et rapidement. Godfrey se tourna ? cause d’un mouvement soudain. Du coin des yeux, il vit cinq hommes, portant des capes et des capuchons rouge vif, marchant rapidement le long d’une rue dans l’autre sens. Il remarqua qu’ils avaient une peau blanche, des mains et des visages p?les, vit qu’ils ?taient plus petits que les brutes imposantes de la race de l’Empire, et imm?diatement il sut qui ils ?taient : des Finiens. Un des grands talents de Godfrey ?tait sa capacit? ? graver des contes dans sa m?moire m?me en ?tant so?l ; il avait ?cout? attentivement durant ces derni?res lunes pendant que le peuple de Sandara avait racont?, bien des fois, des histoires sur Volusia autour du feu. Il avait ?cout? leurs descriptions de la cit?, de son histoire, de toutes les races r?duites en esclavage, et de la seule race libre : les Finiens. La seule exception ? la r?gle. Ils avaient ?t? autoris?s ? vivre libre, g?n?ration apr?s g?n?ration, car ils ?taient trop riches pour ?tre tu?s, avaient trop de connections, ?taient trop capables de se rendre indispensables, et de n?gocier dans l’?change de pouvoir. Ils ?taient facilement reconnaissables, lui avait-on dit, par leur peau trop p?le, par leurs capes rouge vif et leurs cheveux rougeoyants. Godfrey eut une id?e. C’?tait maintenant ou jamais. « BOUGEZ ! » cria-t-il ? ses amis. Godfrey se tourna et entra en action, sortant en courant hors de l’arri?re du convoi, sous les regards perplexes des esclaves encha?n?s. Les autres, fut-il soulag? de voir, suivirent sur ses talons. Godfrey courait, essouffl?, alourdi par les lourds sacs d’or pendus ? sa taille, comme l’?taient les autres, tintant pendant qu’ils avan?aient. Devant lui il rep?ra les cinq Finiens tournant vers une all?e ?troite ; il courut droit vers eux, et pria seulement pour qu’ils puissent passer le coin dans ?tre d?tect?s par des yeux de l’Empire. Godfrey, le c?ur battant dans ses oreilles, passa le coin et vit les Finiens devant lui ; sans r?fl?chir, il bondit dans les airs et se jeta sur le groupe par-derri?re. Il r?ussit ? en plaquer trois au sol, se fit mal aux c?tes en heurtant la pierre et roula avec eux. Il leva les yeux et vit Merek, suivant son exemple, en tacler un autre, Akorth bondir et en clouer un au sol, et vit Fulton sauter sur le dernier, le plus petit de la bande. Fulton, Godfrey fut emb?t? de le constater, le manqua, et ? la place il s’effondra au sol en grognant. Godfrey en assomma un sol et en maintint un autre, mais il paniqua en voyant le plus petit d’entre eux encore en train de courir, libre, et sur le point de passer le coin. Il jeta un regard du coin de l’?il et vit Ario s’avancer calmement, se baisser et ramasser une pierre, l’examiner, puis la lancer. Ce fut un jet parfait, qui frappa le Finien ? la tempe alors qu’il tournait au coin, et l’envoya ? terre. Ario courut jusqu’? lui, le d?pouilla de sa cape et commen?a ? l’enfiler, ayant compris les intentions de Godfrey. Godfrey, encore en train de lutter avec l’autre Finien, leva finalement le bras et lui donna un coup de coude au visage, ce qui l’assomma. Akorth agrippa enfin son Finien par sa chemise et cogna sa t?te contre le sol de pierre deux fois, ce qui le sonna lui aussi. Merek ?touffa le sien assez longtemps pour qu’il perde conscience, et Godfrey jeta un coup d’?il pour le voir se mettre sur le dernier Finien et placer une dague contre sa gorge. Godfrey ?tait sur le point de lui crier d’arr?ter, mais une voix s’?leva dans les airs et le devan?a : « Non ! » ordonna une voix s?v?re. Godfrey leva les yeux pour voir Ario debout au-dessus de Merek, sourcils fronc?s. « Ne le tue pas ! », lui commanda Ario. Merek le regarda d’un air maussade. « Les hommes morts ne parlent pas », dit-il. « Je le laisse partir, nous mourrons tous. » « Je m’en fiche », dit Ario, « il ne nous a rien fait. Il ne sera pas tu?. » Merek, d?fiant, se releva lentement et fit face ? Ario. Il se planta devant lui. « Tu fais la moiti? de ma taille, mon gar?on », s’?nerva Merek, bouillonnant, « et je tiens la dague. Ne me tente pas. » « Je mesure peut-?tre la moiti? de ta taille », r?pondit calmement Ario, « mais je suis deux fois plus rapide. Viens apr?s moi et je t’arracherais cette dague et te trancherais la gorge avant que tu n’aies fini ton geste. » Godfrey fut abasourdi par cet ?change, surtout par le calme d’Ario. C’?tait surr?el. Il ne cligna pas des yeux ni ne bougea un muscle, et il parla comme s’il avait la conversation la plus paisible au monde. Cela rendait ses mots encore plus convaincants. Merek d? le penser, lui aussi, car il ne fit pas un geste. Godfrey savait qu’il devait faire cesser cela, rapidement. « L’ennemi n’est pas ici », dit-il, se pr?cipitant vers eux et abaissant le poignet de Merek. « Il est l?-bas, au-dehors. Si nous nous battons entre nous, nous n’avons aucune chance. » Par chance, Merek le laissa baisser son poignet, et il rengaina sa dague. « D?p?chons maintenant », ajouta Godfrey. « Vous tous. D?shabillez-les et mettez leurs v?tements. Nous sommes Finiens ? pr?sent. » Ils d?pouill?rent tous les Finiens et enfil?rent leurs capes rouge vif et leurs capuchons. « C’est ridicule », dit Akorth. Godfrey l’examina et vit que son ventre ?tait trop gros, et qu’il ?tait trop grand ; la cape ?tait trop courte, exposant ses chevilles. Merek ricana. « Tu aurais d? prendre une pinte de moins », dit-il. « Je ne vais pas porter ?a ! » dit Akorth. « Ce n’est pas un d?fil? de mode », dit Godfrey. « Pr?f?reriez-vous ?tre d?couverts ? » Akorth c?da ? contrec?ur. Godfrey se tint l? et les regarda tous les cinq, debout, portant les capes rouges, dans cette cit? hostile, encercl?s par leurs ennemis. Il savait que leurs chances ?taient minces, au mieux. « Et maintenant ? » demanda Akorth. Godfrey se tourna et jeta un regard au bout de l’all?e, menant ? la cit?. Il savait que le temps ?tait venu. « Allons voir ce que nous r?serve Volusia. » CHAPITRE CINQ Thor se tenait ? la proue d’un petit vaisseau ? voile, Reece, Selese, Elden, Indra, Matus et O’Connor assis derri?re lui, sans qu’aucun d’eux ne rame, le vent myst?rieux et le courant rendant tout effort futile. Il les porterait, r?alisa Thor, o? il les porterait, et peu importait combien ils pouvaient ramer ou aller ? voile, cela ne ferait pas la diff?rence. Thor jeta un regard par-dessus son ?paule, vit les grandes falaises noires marquant l’entr?e du Pays des Morts dispara?tre au loin, et se sentit soulag?. Il ?tait temps de regarder vers l’avant, de trouver Guwayne, d’entamer un nouveau chapitre de sa vie. Thor jeta un regard en arri?re et vit Selese assise dans le bateau, ? c?t? de Reece, tenant sa main, et, devait-il l’admettre, la vue ?tait d?concertante. Thor ?tait ravi de la voir ? nouveau dans le monde des vivants, et ravi de voir son ami si heureux. Pourtant, il devait le reconna?tre, cela lui faisait ?prouver un sentiment angoissant. Selese ?tait l?, autrefois morte, maintenant ramen?e ? la vie. Il avait l’impression que d’une mani?re ou d’une autre ils avaient chang? le cours naturel des choses. En l’examinant, il remarqua qu’elle avait un aspect translucide et ?th?r?, et m?me si elle ?tait r?ellement l?, en chair et en os, il ne pouvait s’emp?cher de la voir comme morte. Il ne pouvait s’emp?cher de se demander, malgr? lui, si elle ?tait vraiment de retour, pour de bon, combien son temps durerait avant qu’elle ne reparte. Mais Reece, d’un autre c?t?, ne voyait ? l’?vidence pas les choses de la m?me mani?re. Il ?tait totalement ?namour?, l’ami de Thor ?tait joyeux pour la premi?re fois depuis bien longtemps. Thor pouvait le comprendre: apr?s tout, qui ne voudrait pas d’une chance de r?parer ses torts, de s’amender pour ses erreurs pass?es, de voir une personne dont on ?tait s?r que l’on ne la reverrait jamais ? Reece serrait sa main, les yeux fix?s sur les siens, et elle caressait son visage tandis qu’il l’embrassait. Les autres, remarqua Thor, paraissaient perdus, comme s’ils avaient ?t? dans les profondeurs de l’enfer, dans un endroit qu’ils ne pouvaient pas ais?ment chasser de leur esprit. Ces id?es noires persistaient lourdement, et Thor les sentait, lui aussi, balayant les flashbacks de son esprit. Il y avait une aura de m?lancolie, alors qu’ils ?taient tous endeuill?s par la perte de Conven. Thor, en particulier, tournait et retournait dans sa t?te pour savoir s’il y avait eu quoi que ce soit qu’il aurait pu faire pour le stopper. Thor balaya la mer du regard, examinant l’horizon gris, l’oc?an sans fin, et il se demanda comment Conven avait pu prendre la d?cision qu’il avait prise. Il comprenait son profond chagrin pour son fr?re, cependant Thor n’aurait jamais pris la m?me d?cision. Thor prit conscience qu’il ressentait de la douleur pour la perte de Conven, dont la pr?sence avait toujours ?t? palpable, qui avait toujours paru ?tre ? ses c?t?s, depuis leur premier jour ? la L?gion. Thor se rappela quand il ?tait venu le voir ? la prison, de son discours sur le fait d’avoir une seconde chance dans la vie, de toutes ses tentatives pour lui remonter le moral, pour l’aider ? s’en sortir, pour le ramener. Toutefois, r?alisa Thor, quoi qu’il ait pu faire, il n’avait jamais vraiment pu ramener Conven. La meilleure part de ce dernier avait toujours ?t? avec son fr?re. Thor se rem?mora l’expression sur le visage de Conven quand il ?tait rest? en arri?re et que les autres ?taient partis. Ce n’?tait pas un air de regret ; c’?tait un air de pure joie. Thor avait senti qu’il ?tait heureux. Et il savait qu’il ne devait pas entretenir trop de regrets. Conven avait pris sa propre d?cision, et c’?tait plus que ce que la plupart des gens obtenaient dans ce monde. Et apr?s tout, Thor savait qu’ils se verraient ? nouveau. En fait, peut-?tre que Conven serait celui qui attendrait pour l’accueillir quand il mourrait. La mort, Thor le savait, les guettait tous. Peut-?tre pas aujourd’hui, ou demain. Mais un jour. Thor essaya de secouer ces sombres pens?es ; il regarda au del? et s’obligea ? se concentrer sur l’oc?an, parcourant les eaux du regard dans toutes les directions, ? la recherche d’un signe quelconque de Guwayne. Il savait qu’il ?tait probablement futile de le chercher l?, en haute mer, et pourtant Thor se sentait mobilis?, empli d’un optimisme renouvel?. Il savait d?sormais, au moins, que Guwayne ?tait en vie, et c’?tait tout ce dont il avait besoin d’entendre. Rien ne s’arr?terait pour le retrouver. « O? penses-tu que ce courant nous emporte ? » demanda O’Connor, tendant le bras par-dessus bord et effleurant l’eau du bout des doigts. Thor tendit le bras et toucha l’eau chaude, lui aussi ; elle passait si vite, comme si l’oc?an ne pouvait les emmener o? qu’il les entra?ne assez vite. « Tant que c’est loin d’ici, je m’en fiche », dit Elden, jetant un regard par-dessus son ?paule, effray? par les falaises. Thor entendit un cri per?ant, en hauteur, leva les yeux et fut ravi de voir sa vieille amie, Estopheles, d?crire des cercles au-dessus. Elle plongea en larges cercles autour d’eux, puis remonta dans les airs. Thor avait l’impression qu’elle les guidait, les encourageant ? la suivre. « Estopheles, mon amie », murmura Thor vers les cieux. « Soit nos yeux. M?ne-nous ? Guwayne. » Estopheles poussa ? nouveau un cri, comme si elle r?pondait, et d?ploya ses ailes. Elle tourna et s’envola vers l’horizon, dans la m?me direction que celle dans laquelle le courant l’emportait, et Thor sentit qu’ils ?taient en train de se rapprocher. En se tournant Thor entendit un l?ger bruit m?tallique ? son c?t?, il baissa les yeux et vit l’?p?e de la Mort pendue ? sa taille ; c’?tait choquant de la voir l?. Cela rendait son passage au Pays des Morts plus r?el que jamais. Thor tendit la main, sentit sa garde d’ivoire, entrecrois?e de cr?nes et d’os, et raffermit sa prise sur elle, ressentant son ?nergie. Sa lame ?tait incrust?e de petits diamants noirs, et tandis qu’il l’?levait pour l’examiner, il les vit ?tinceler dans la lumi?re. En la tenant, elle lui parut faite pour sa main. Il n’avait pas ressenti les choses de cette mani?re pour une arme depuis qu’il avait eu l’?p?e de Destin?e. Cette arme signifiait plus pour lui qu’il ne pouvait le dire ; apr?s tout, il avait r?ussi ? ?chapper ? ce monde, tout comme cette arme, et il avait le sentiment qu’ils ?taient tous deux les survivants d’une guerre abominable. Ils l’avaient travers?e ensemble. Entrer dans le Monde des Morts et en revenir avait ?t? comme marcher ? travers de gigantesques toiles d’araign?e et les repousser. C’en ?tait termin?, Thor le savait, et pourtant d’une certaine fa?on il avait toujours le sentiment que cela lui collait ? la peau. Au moins il avait cette arme pour en donner la preuve. Thor r?fl?chit ? sa sortie, au prix qu’il avait pay?, aux d?mons qu’il avait d?cha?n?s inconsciemment sur le monde. Il avait un creux ? l’estomac, sentait qu’il avait rel?ch? une force noire sur le monde, une qui ne serait pas facilement ma?tris?e. Il avait le sentiment qu’il avait fait sortir quelque chose, comme un boomerang, qui un jour, d’une mani?re ou d’une autre, retournerait ? lui. Peut-?tre m?me plus t?t qu’il ne l’imaginait. Thor serra la garde, pr?par?. Quoi que ce soit, il l’affronterait intr?pidement au combat, tuerait tout ce qui viendrait ? lui. Mais ce qu’il craignait v?ritablement ?tait les choses qu’il ne pouvait pas voir, les ravages invisibles que les d?mons pourraient commettre. Ce qu’il craignait le plus ?tait les esprits inconnus, ceux qui se battaient furtivement. Thor entendit des bruits de pas, sentit leur petit bateau tanguer, et se tourna pour voir Matus marcher jusqu’? c?t? de lui. Matus se tint l? tristement, portant le regard vers l’horizon avec lui. C’?tait un jour sombre et morose, et alors qu’ils regardaient au loin, il ?tait malais? de dire si c’?tait le matin ou l’apr?s-midi, le ciel tout entier ?tait uniforme, comme si cette partie du monde tout enti?re ?tait en deuil. Thor pensa ? comment Matus ?tait rapidement devenu un ami proche. En particulier maintenant, avec Reece obs?d? par Selese, Thor avait le sentiment de perdre partiellement un ami, et d’en gagner un autre. Thor se rappela comment Matus l’avait sauv? plus d’une fois l?-bas, et il ressentait d?j? envers lui de la loyaut?, comme s’il avait toujours ?t? un de ses fr?res. « Cette chaloupe », dit doucement Matus, « n’a pas ?t? faite pour la haute mer. Un bon orage, et nous serons tous tu?s. C’est juste un hors-bord du navire de Gwendolyn, qui n’a pas ?t? con?u pour travers les mers. Nous devons trouver un bateau plus grand. » « Et une terre », intervint O’Connor, venant ? c?t? de Thor, « et des provisions. » « Et une carte », ajouta Elden. « O? se trouve notre destination, de toute fa?on ? » demanda Indra. « O? allons-nous ? As-tu une quelconque id?e d’o? ton fils pourrait ?tre ? » Thor scruta l’horizon, comme il l’avait fait des milliers de fois, et r?fl?chit ? toutes leurs questions. Il savait qu’ils avaient tous raison, et avait pens? aux m?mes choses. Une mer vaste s’?tendait devant eux, et ils ?taient sur cette petite embarcation, sans provisions. Ils ?taient en vie, et il ?tait reconnaissant pour cela, mais leur situation ?tait pr?caire. Thor secoua lentement la t?te. Alors qu’il se tenait l?, plong? dans ses pens?es, il commen?a ? remarquer quelque chose ? l’horizon. Tandis qu’ils naviguaient plus pr?s, cela apparut plus clairement, et il fut certain que c’?tait quelque chose et non pas seulement ses yeux lui jouant des tours. Son c?ur s’emballa sous le coup de l’excitation. Le soleil per?a les nuages, un rayon de lumi?re descendit sur l’horizon et illumina une petite ?le. C’?tait une petite ?tendue de terre, au milieu d’un vaste oc?an, avec rien d’autre autour d’elle. Thor cligna des yeux, se demandant si elle ?tait r?elle. « Qu’est-ce que c’est ? » Matus posa la question qui ?tait dans tous leurs esprits, car ils la voyaient tous, et ?taient tous debout, le regard fix? dessus. Comme ils se rapprochaient, Thor vit une brume entourant l’?le, ?tincelant dans la lumi?re, et il sentit une ?nergie magique rattach?e ? ce lieu. Il leva les yeux et vit qu’il s’agissait d’un endroit d?sol?. Des falaises s’?levaient droit dans les airs, sur des vingtaines de m?tres, c’?tait une ?le ?troite, escarp?e, impitoyable, des vagues se brisaient contre les rocs qui l’encerclaient, elle ?mergeait dans l’oc?an comme une ancienne b?te. Thor sentait, de chaque fibre de son ?tre, que c’?tait l? o? ils ?taient cens?s aller. « C’est une ascension raide », dit O’Connor. « Si jamais nous y arrivons. » « Et nous ne savons pas ce qu’il y a au sommet », ajouta Elden. « ?a pourrait ?tre hostile. Nous n’avons plus armes, hormis ton ?p?e. Nous ne pouvons nous permettre un combat ici. » Mais Thor ?tudia l’endroit, et il s’interrogea, sentant quelque chose de fort ici. Il leva les yeux haut et regarda Estopheles d?crire des cercles au-dessus, et il fut encore plus certain que c’?tait l’endroit. « Nous devons retourner chaque pierre dans notre recherche de Guwayne », dit Thor. « Aucun endroit n’est trop isol?. Cette ?le sera notre premier arr?t », dit-il. Il resserra sa prise sur son ?p?e : « Hostile ou pas. » CHAPITRE SIX Alistair se retrouva debout dans un ?trange paysage, qu’elle ne reconnut pas. C’?tait un d?sert, en quelque sorte, et alors qu’elle en regardait le sol ce dernier vira du noir au rouge, s’ass?chant et craquant sous ses pieds. Elle releva les yeux, et au loin remarqua Gwendolyn, debout devant une arm?e disparate, de seulement quelques dizaines d’hommes, des membres de l’Argent qu’Alistair avait connu autrefois. Leurs visages ?taient ensanglant?s, leurs armures f?l?es. Dans les bras de Gwendolyn se trouvait un petit b?b?, et Alistair sentit qu’il s’agissait de son neveu, Guwayne. « Gwendolyn ! » s’?cria Alistair, soulag?e de la voir. « Ma s?ur ! » Mais pendant qu’Alistair observait s’?leva soudain un son terrible, celui d’un million d’ailes battantes, qui se faisait plus fort, suivi par un grand piaillement. L’horizon devint noir et un ciel empli de corbeaux apparut, volant dans sa direction. Alistair regarda avec horreur les corbeaux arriver en un grand vol, un mur noir, descendre en piqu? et s’emparer de Guwayne dans les bras de Gwendolyn. Poussant des cris per?ants, ils l’emport?rent vers les cieux. « NON ! » hurla Gwendolyn, tendant les bras vers le ciel tandis qu’ils lui arrachaient les cheveux. Alistair regarda, impuissante, elle ne pouvait rien faire d’autre que de les observer emportant l’enfant en pleurs. Le sol du d?sert se craquela et s’ass?cha encore, et il commen?a ? se fendre, jusqu’? ce qu’un par un, tous les hommes de Gwen y chutent. Seule demeura Gwendolyn, l? debout, le regard fix? sur elle, les yeux hant?s par un air qu’Alistair souhaita ne jamais avoir vu. Alistair cligna des yeux et se retrouva debout sur un grand navire au milieu d’un oc?an, des vagues se d?chiraient tout autour d’elle. Elle parcourut les alentours du regard et vit qu’elle ?tait la seule sur le bateau, se tourna vers l’avant et vit un autre navire devant elle. Erec se tenait ? sa proue, face ? elle, et fut rejoint par des centaines de soldats des ?les M?ridionales. Elle f?t angoiss?e de le voir sur un autre navire, et s’?loignant d’elle. « Erec ! » s’?cria-t-elle. Il la d?visagea en retour, tendant le bras vers elle. « Alistair ! » lui cria-t-il. « Reviens vers moi ! » Alistair vit avec horreur les deux embarcations d?river et s’?loigner l’une de l’autre, celle d’Erec ?tait emport?e loin d’elle par les courants. Son navire commen?a ? tourner lentement dans l’eau, puis tournoya de plus en plus vite. Erec tendait les bras vers elle, Alistair ?tait impuissante et ne pouvait rien faire d’autre que de regarder son bateau ?tre aspir? par un tourbillon, de plus en plus profond?ment, jusqu’? ce qu’il disparaisse de sa vue. « EREC ! » cria Alistair. Une autre plainte s’?leva pour rencontrer la sienne, et Alistair baissa les yeux pour voir qu’elle tenait un b?b? – l’enfant d’Erec. C’?tait un gar?on, et ses pleurs s’?levaient vers les cieux, noyant le bruit du vent, de la pluie et les hurlements des hommes. Alistair se r?veilla en hurlant. Elle s’assit et regarda autour d’elle, se demandant o? elle ?tait, ce qu’il s’?tait pass?. ? court de souffle, reprenant lentement ses esprits, il lui fallut quelques instants pour se rendre compte qu’il ne s’agissait que d’un r?ve. Elle se mit debout, baissa les yeux sur le plancher craquant du pont, et r?alisa qu’elle ?tait encore sur le navire. Tout lui revint ? l’esprit : leur d?part des ?les M?ridionales, leur qu?te pour lib?rer Gwendolyn. « Ma dame ? » dit une voix douce. Alistair jeta un coup d’?il et vit Erec debout ? c?t? d’elle, la d?visageant en retour, inquiet. Elle ?tait soulag?e de le voir. « Un autre cauchemar ? » demanda-t-il. Elle acquies?a, d?tournant le regard, embarrass?e. « Les r?ves sont plus marquants en mer », dit une autre voix. Alistair se tourna pour voir le fr?re d’Erec, Strom, debout non loin. Elle se tourna un peu plus et vit des centaines d’Insulaires du Sud, tous ? bord du navire, et tout lui revint ? l’esprit. Elle se rem?mora leur d?part, laissant derri?re une Dauphine endeuill?e, ? qui ils avaient confi? la charge des ?les M?ridionales avec sa m?re. Depuis qu’ils avaient re?u ce message, tous avaient senti qu’ils n’avaient d’autre choix que d’appareiller vers l’Empire, pour partir ? la recherche de Gwendolyn et tous les autres de l’Anneau, se trouvant dans le devoir de les sauver. Ils savaient que ce serait une mission impossible, mais aucun d’eux ne s’en souciait. C’?tait leur devoir. Alistair se frotta les yeux et tenta de chasser les cauchemars de son esprit. Elle ne savait pas combien de jours ?taient d?j? pass?s sur cette mer sans fin, et alors qu’elle regardait au loin, examinant l’horizon, elle ne put voir grand-chose. Tout ?tait obscurci par le brouillard. « Le brouillard nous a suivis depuis les ?les M?ridionales », dit Erec, voyant son regard. « Esp?rons que ce ne soit pas un pr?sage », ajouta Strom. Alistair frotta doucement son ventre, rassur?e d’aller bien, et que son b?b? aussi. Son r?ve avait paru trop r?el. Elle le fit rapidement et avec discr?tion, ne voulant pas qu’Erec sache. Elle ne lui avait pas encore dit. Une part d’elle le voulait – mais un autre voulait attendre pour le moment parfait, quand cela para?trait bien. Elle prit la main d’Erec, soulag?e de la voir en vie. « Je suis contente que tu ailles bien », dit-elle. Il lui sourit, tandis qu’il l’attirait vers elle et l’embrassa. « Et pourquoi ne serait-ce pas le cas ? » demanda-t-il. « Tes r?ves sont seulement des fantaisies nocturnes. Pour chaque cauchemar, il y a aussi un homme en s?curit?. Je suis autant en s?ret? ici, avec toi, mon fr?re loyal et mes hommes, que ce que je peux l’esp?rer. » « Jusqu’? ce que nous atteignions l’Empire, au moins », ajouta Strom avec un sourire. « Alors nous serons autant en s?ret? que possible avec une petite flotte contre dix mille navires. » Strom sourit tout en parlant, il semblait savourer le combat ? venir. Erec secoua les ?paules, s?rieux. « Avec les Dieux soutenant notre cause », dit-il, « nous ne pouvons pas perdre. Quelles que soient les chances. » Alistair recula et fron?a les sourcils, essayant de saisir le sens de tout cela. « Je t’ai vu toi et ton navire ?tre aspir? au fond de l’oc?an. Je t’ai vu dessus », dit-elle. Elle voulait ajouter la partie concernant leur enfant, mais elle se retint. « Les r?ves ne sont pas toujours ce qu’ils semblent ?tre », dit-il. Pourtant au fond de ses yeux elle vit une lueur d’inqui?tude. Il savait qu’elle voyait des choses, et il respectait ses visions. Alistair prit une profonde inspiration, baissa les yeux vers la mer, et sut qu’il avait raison. Ils ?taient tous l?, en vie apr?s tout. Pourtant cela avait paru si vrai. Alors qu’elle se tenait l?, Alistair fut tent?e de porter ? nouveau la main sur son ventre, de le sentir, pour se rassurer elle-m?me et l’enfant qu’elle savait grandir en elle. Mais avec Erec et Strom l? debout, elle ne voulait pas se trahir. Un cor bas et doux per?a les airs, sonnant par intermittence toutes les quelques minutes, signalant aux autres navires de la flotte leur position dans le brouillard. « Ce cor pourrait r?v?ler notre pr?sence dans le brouillard », dit Strom ? Erec. « ? qui ? » demanda Erec. « Nous ignorons ce qui r?de derri?re la brume », dit Strom. Erec secoua la t?te. « Peut-?tre », r?pondit-il. « Mais le plus grand danger pour le moment n’est pas l’ennemi, mais nous-m?mes. Nous entrons en collision avec les n?tres, et nous pouvons couler toute notre flotte. Nous devons sonner les cors jusqu’? ce que le brouillard se l?ve. Notre flotte tout enti?re peut communiquer de cette mani?re – et toute aussi important, ne pas d?river trop loin les uns des autres. » Dans le brouillard, le cor d’un autre des navires d’Erec r?sonna, confirmant sa position. Alistair regarda au loin dans le brouillard, et s’interrogea. Elle savait qu’il leur restait beaucoup de distance ? parcourir, qu’ils ?taient ? l’oppos? de l’Empire, et elle se demanda comment ils pourraient atteindre Gwendolyn et son fr?re ? temps. Elle se demanda combien de temps cela avait pris aux faucons pour leur message, et s’ils ?taient m?mes encore en vie. Elle se demanda ce qu’il ?tait advenu de son cher Anneau. Quelle horrible mani?re pour eux de mourir, pensa-t-elle, sur un rivage ?tranger, loin de leur terre natale. « L’Empire est de l’autre c?t? de la terre, mon seigneur », dit Alistair ? Erec. « Ce sera un long p?riple. Pourquoi restes-tu ici sur le pont ? Pourquoi ne pas descendre ? la cale, et dormir ? Tu n’as pas ferm? l’?il depuis des jours », dit-elle, observant les cernes sous ses yeux. Il secoua la t?te. « Un commandant ne dort jamais », dit-il. « Et du reste, nous sommes presque arriv?s ? destination. » « ? notre destination ? » demanda-t-elle, d?rout?e. Erec hocha de la t?te et regarda au loin dans le brouillard. Elle suivit son regard mais ne vit rien. « L’?le du Rocher », dit-il. « Notre premier arr?t. » « Mais pourquoi ? » demanda-t-elle. « Pourquoi s’arr?ter avant d’avoir atteint l’Empire ? » « Nous avons besoin d’une flotte plus grande », intervint Strom, r?pondant pour lui. « Nous ne pouvons affronter l’Empire avec une petite dizaine de navires. » « Et vous trouverez cette flotte ? l’?le du Rocher ? » demanda Alistair. Erec acquies?a. « C’est possible », dit Erec. « Les Hommes du Rocher ont des navires, et des hommes. Plus que ce que dont nous disposons. Ils m?prisent l’Empire. Et ils ont servi mon p?re par le pass?. » « Mais pourquoi t’aideraient-ils maintenant ? » demanda-t-elle, perplexe. « Qui sont ces hommes ? » « Des mercenaires », intervint Strom. « Des hommes rudes forg?s par une ?le dure sur des mers agit?es. Ils se battent pour le plus offrant. » « Des pirates », dit Alistair avec d?sapprobation, prenant conscience de la chose. « Pas exactement », r?pondit Strom. « Les pirates se battent pour le butin. Les Hommes du Rocher vivent pour tuer. » Alistair ?tudia Erec, et put voir ? son visage que c’?tait la v?rit?. « Est-ce noble de se battre pour une juste cause avec des pirates ? » demanda-t-elle. « Des mercenaires ? » « Il est noble de gagner une guerre », r?pondit Erec, « et de se battre pour une juste cause telle que la n?tre. Les moyens de mener une telle guerre ne sont pas toujours aussi dignes que ce que nous pourrions aimer. » « Mourir n’est pas noble », ajouta Strom. « Et le jugement quant ? la noblesse est rendu par les vainqueurs, pas les perdants. » « Tout le monde n’est pas aussi noble que toi, ma dame », dit-il. « Ou que moi. Le monde ne fonctionne pas ainsi. Les guerres ne sont pas gagn?es de cette mani?re. » « Et peux-tu faire confiance ? de tels hommes ? » lui demanda-t-elle enfin. Erec soupira et se retourna vers l’horizon, mains sur les hanches, le regard fixe comme s’il se demandait la m?me chose. « Notre p?re leur faisait confiance », dit-il finalement. « Et son p?re avant lui. Ils ne leur ont jamais failli. » Erec examina l’horizon, et pendant qu’il le faisait, soudain le brouillard se leva et le soleil le transper?a. La vue changea consid?rablement, ils gagn?rent soudain en visibilit?, et au loin, le c?ur d’Alistair bondit quand elle vit une terre. L?, ? l’horizon, se tenait une ?le dress?e, faite de solides falaises, s’?levant droit vers le ciel. Il ne semblait y avoir aucun endroit pour accoster, aucune plage, aucune entr?e. Jusqu’? ce qu’Alistair l?ve les yeux et voie une arche, une porte taill?e dans la montagne elle-m?me, l’oc?an faisait des ?claboussures directement contre elle. C’?tait une entr?e grande et imposante, gard?e par une herse de fer, un mur de roc massif avec une porte taill?e en son milieu. C’?tait diff?rent de tout ce qu’elle avait vu. Erec fixait l’horizon, l’examinait, la lumi?re du soleil frappait la porte comme si elle illuminait l’entr?e d’un autre monde. « La confiance, ma dame », r?pondit-il finalement, « na?t du besoin, pas de la volont?. Et c’est quelque chose de tr?s pr?caire. » CHAPITRE SEPT Darius se tenait sur le champ de bataille, tenant une ?p?e faite d’acier, et regarda tout autour de lui, absorbant le paysage. Ce dernier avait un aspect surr?aliste. M?me en le voyant de ses propres yeux, il ne pouvait croire ce qu’il venait d’arriver. Ils avaient d?fait l’Empire. Lui, seul, avec une petite centaine de villageois, sans vraies armes – et avec l’aide des quelques centaines d’hommes de Gwendolyn – avait vaincu cette arm?e professionnelle compos?e de centaines de soldats de l’Empire. Ils avaient rev?tu leur meilleure armure, avaient brandi les meilleures armes, avaient eu des zertas ? leur disposition. Et lui, Darius, ? peine arm?, avait men? la bataille qui les avait tous battus, la premi?re victoire contre l’Empire de toute l’histoire. L?, en ce lieu, o? il s’?tait attendu ? mourir en d?fendant l’honneur de Loti, il se tenait ? pr?sent victorieux. Un conqu?rant. Pendant qu’il examinait le champ, il vit m?l?s aux corps de l’Empire ceux d’un grand nombre de ses propres villageois, des dizaines de morts, et sa joie fut temp?r?e par le chagrin. Il tendit ses muscles et sentit lui-m?me des blessures fraiches, ses entailles d’?p?e ? ses biceps et ses cuisses, et sentit encore le picotement des coups de fouet dans son dos. Il pensa aux repr?sailles ? venir et sut que leur victoire avait eu un prix. Mais encore une fois, songea-t-il, toute libert? en avait un. Darius sentit un mouvement et se tourna pour voir approcher ses amis, Raj et Desmond, bless?s mais, fut-il soulag? de le constater, vivants. Il pouvait d?celer dans leurs yeux qu’ils le regardaient diff?remment – que tous les siens le regardaient d?sormais diff?remment. Ils le d?visageaient avec respect – plus que du respect, de l’admiration. Comme une l?gende vivante. Ils avaient tous vu ce qu’il avait fait, tenant t?te ? l’Empire seul. Et il les avait tous vaincus. Ils ne le consid?raient plus comme un gar?on. Ils le consid?raient comme un chef. Un guerrier. C’?tait un regard qu’il ne s’?tait jamais attendu ? voir dans les yeux de ces gar?ons plus ?g?s, dans les yeux des villageois. Il avait toujours ?t? celui qui ?tait ignor?, celui duquel personne n’attendait rien. Des dizaines de ses fr?res d’armes vinrent ? c?t? de lui, rejoignant Raj et Desmond, des gar?ons qu’il avait entra?n?s et avec lesquels il avait crois? le fer jour apr?s jour, peut-?tre cinquante d’entre eux, nettoyant leurs blessures, se remettant sur pieds, et se rassemblant autour de lui. Ils regard?rent tous vers lui, l? debout, tenant son ?p?e d’acier, couvert de blessures, avec admiration. Et avec espoir. Raj fit un pas en avant et l’?treignit, puis un ? la fois, ses fr?res d’armes l’?treignirent aussi. « C’?tait t?m?raire », dit Raj avec un sourire. « Je ne pensais pas que tu avais ?a en toi. » « Je pensais vraiment que tu allais te rendre », dit Desmond. « J’ai du mal ? croire que nous nous tenions tous l? debout », dit Luzi. Ils parcoururent tous les alentours du regard, ?tudiant le paysage, comme s’ils avaient tous atterri sur une nouvelle plan?te. Darius contempla tous les corps, toutes les belles armures et armes ?tincelant dans le soleil ; il entendit des oiseaux croasser, et leva les yeux pour voir les vautours d?crivant d?j? des cercles dans le ciel. « Rassemblez leurs armes », s’entendit ordonner Darius, prenant la direction. C’?tait une voix grave, plus grave que celle qu’il avait toujours utilis?e, et elle portait un air d’autorit? qu’il ne s’?tait jamais connu. « Et enterrez nos morts. » Ses hommes ?cout?rent, et tous se d?ploy?rent, allant de soldat en soldat, les d?pouillant, chacun d’eux choisit les meilleurs armes : certains prirent des ?p?es, d’autres des masses d’arme, fl?aux, dagues, haches et marteaux de guerre. Darius leva l’?p?e qu’il avait en main, celle qu’il avait prise au commandant, et il l’admira dans la lumi?re du soleil. Il s’?merveilla devant son poids, sa garde et sa lame ?labor?es. Du vrai acier. Quelque chose qu’il pensait ne jamais avoir la chance de poss?der dans sa vie. Darius avait l’intention d’en faire bon usage, de l’employer pour tuer autant d’hommes de l’Empire que possible. « Darius ! » s’?leva une voix qu’il ne connaissait que trop bien. Il se tourna et vit Loti jaillir de la foule, larmes aux yeux, se pr?cipitant vers lui en d?passant tous les hommes. Elle s’?lan?a en avant et l’enla?a, le serra dans ses bras, pendant que de chaudes larmes coulaient le long de sa nuque. Il l’?treignit en retour, tandis qu’elle s’accrochait ? lui. « Je ne l’oublierais jamais », dit-elle, entre ses larmes, se penchant pr?s de lui et murmurant ? son oreille. « Je n’oublierais jamais ce que tu as fait aujourd’hui. » Elle l’embrassa, et il l’embrassa en retour, pendant qu’elle pleurait et riait en m?me temps. Il ?tait tant soulag? de la voir en vie, elle aussi, de la tenir, de savoir que ce cauchemar, au moins pour le moment, ?tait derri?re eux. Se savoir que l’Empire ne pouvait pas la toucher. Alors qu’il la tenait dans ses bras, il sut qu’il le referait mille et une fois pour elle. « Fr?re », dit une voix. Darius se retourna et fut ravi de voir sa s?ur, Sandara, s’avancer, rejointe par Gwendolyn et l’homme que Sandara aimait, Kendrick. Darius remarqua le sang qui coulait le long du bras de ce dernier, les ?br?chures toutes fraiches sur son armure et son ?p?e, et il ressentit un ?lan de gratitude. Il savait que s’il n’y avait pas eu Gwendolyn, Kendrick et les leurs, lui et son peuple seraient s?rement morts sur le champ de bataille en ce jour. Loti recula tandis que Sandara faisait un pas en avant et l’?treignait, et il fit de m?me. « Je vous suis grandement redevable », dit Darius, les d?visageant tous. « Moi et tout mon peuple. Vous ?tes revenus pour nous quand vous n’en aviez pas l’obligation. Vous ?tes de vrais guerriers. » Kendrick s’avan?a et posa une main sur l’?paule de Darius. « C’est toi qui es un v?ritable guerrier, mon ami. Tu as fait montre d’un grand courage sur le champ de bataille aujourd’hui. Dieu a r?compens? ta valeur avec cette victoire. » Gwendolyn s’approcha, et Darius baissa la t?te. « La justice a triomph? aujourd’hui sur le mal et la brutalit? », dit-elle. « Je prends un plaisir personnel, pour bien des raisons, ? voir ta victoire et ? avoir eu ta permission d’y prendre part. Je sais que mon ?poux, Thorgrin, l’aurait fait, lui aussi. » « Merci, ma dame », dit-il, touch?. « J’ai entendu bien de grandes choses ? propos de Thorgrin, et j’esp?re le rencontrer un jour. » Gwendolyn hocha de la t?te. « Et quels sont tes plans pour ton peuple maintenant ? » demanda-t-elle. Darius r?fl?chit, et prit conscience qu’il n’avait aucune id?e ; il n’avait pas pens? aussi loin dans le temps. Il n’avait m?me pas imagin? qu’il survivrait. Avant que Darius ait pu r?pondre il y eut un soudain tumulte, et un visage qu’il ne connaissait que trop bien jaillit de la foule : Zirk s’approchait, un des entraineurs de Darius, ensanglant? par la bataille, ne portant aucune chemise sur ses muscles saillants. Il ?tait suivi par une demi-douzaine d’anciens du village et un grand nombre de villageois, et il ne semblait pas satisfait. Il lan?a un regard furieux ? Darius, avec condescendance. « Et es-tu fier de toi ? » demanda-t-il avec m?pris. « Regarde ce que tu as fait. Regarde combien des n?tres sont morts ici aujourd’hui. Ils sont tous morts pour rien, tous des hommes bons, tous morts ? cause de toi. Tout ?a ? cause de ta fiert?, de ton orgueil, de ton amour pour cette fille. » Darius rougit, sa col?re s’embrasa. Zirk avait toujours eu une dent contre lui, depuis le jour o? il l’avait rencontr?. Pour une raison ou une autre, il avait toujours sembl? se sentir menac? par Darius. « Ils ne sont pas morts ? cause de moi », r?pondit Darius. « Ils avaient une chance de vivre gr?ce ? moi. De vraiment vivre. Ils sont morts par les mains de l’Empire, pas par les miennes. » Zirk secoua la t?te. « Faux », r?torqua-t-il. « Si tu t’?tais rendu, comme nous te l’avions dit de faire, nous n’aurions pas perdu un orteil. ? la place, quelques-uns d’entre nous ont perdu la vie. Leur sang est sur tes mains. » « Vous ne savez rien ! » s’?cria Loti, qui le d?fendait. « Vous ?tiez tous trop effray?s pour faire ce que Darius a fait pour vous ! » « Penses-tu que cela va se terminer l? ? » poursuivit Zirk. « L’Empire a des millions d’hommes derri?re. Vous en avez tu? quelques-uns. Et alors ? Quand ils le d?couvriront, ils reviendront avec cinq fois plus d’hommes. Et la prochaine fois, chacun d’entre nous sera massacr? – et tortur? d’abord. Vous avez sign? notre arr?t de mort, ? tous. » « Vous avez tort ! » s’?cria Raj. « Il vous a donn? une chance pour vivre. Une chance pour l’honneur. Une victoire que vous ne m?ritez pas. » Zirk se tourna vers Raj en fron?ant les sourcils. « C’?taient les actes d’un jeune gar?on insens? et imprudent », r?pondit-il. « Un groupe de gar?ons qui aurait d? ?couter leurs a?n?s. Je n’aurais jamais d? vous entra?ner, aucun d’entre vous ! » « Faux ! » hurla Loc, s’avan?ant ? c?t? de Loti. « C’?tait les actes intr?pides d’un homme. Un homme qui amen? des gar?ons ? devenir des hommes. Un homme que vous pr?tendez ?tre, mais que vous n’?tes pas. L’?ge ne fait pas l’homme. Le courage si. » Zirk rougit, le regardant d’un air renfrogn?, et raffermit sa prise sur la garde de son ?p?e. « Ainsi parlent les infirmes », r?pliqua Zirk, s’avan?ant vers lui, mena?ant. Bobku ?mergea de la foule et tendit une main, arr?tant Zirk. « Ne vois-tu pas ce que l’Empire nous fait ? » dit Bobku. « Ils cr?ent des divisions parmi nous. Mais nous sommes un peuple. Unis pour une cause. Ils sont l’ennemi, pas nous. Maintenant plus que jamais nous voyons que nous devons nous unir. » Zirk posa ses mains sur ses hanches et lan?a un regard furieux ? Darius. « Tu n’es qu’un gar?on imprudent avec des paroles fantaisistes », dit-il. « Tu ne pourras jamais vaincre l’Empire. Jamais. Et nous ne sommes pas unis. Je d?sapprouve tes actes d’aujourd’hui – nous le pensons tous », dit-il, d?signant d’un geste la moiti? des anciens et un grand groupe de villageois. « S’allier ? toi signifie s’allier ? la mort. Et nous avons l’intention de survivre. » « Et comment comptez-vous faire cela ? » l’interrogea en retour Desmond, en col?re, debout ? c?t? de Darius. Zirk rougit et demeura silencieux, et il fut clair pour Darius qu’il n’avait pas de plan, tout comme les autres, et qu’il s’exprimait par peur, frustration et impuissance. Bobku fit finalement un pas en avant, entre eux, apaisant la tension. Tous les yeux se tourn?rent vers lui. « Vous avez tous les deux raison et vous avez tous les deux tort », dit-il. « Ce qui importe maintenant est le futur. Darius, quel est ton plan ? » Darius sentit tous les yeux se tourner vers lui dans l’?pais silence. Il r?fl?chit, et lentement un plan se forma dans son esprit. Il savait qu’il n’y avait qu’une voie ? prendre. Trop de choses ?taient arriv?es pour qu’il en soit autrement. « Nous porterons cette guerre aux portes de l’Empire », s’?cria-t-il, revigor?. « Avant qu’ils ne puissent se regrouper, nous leur ferons payer. Nous rallierons les autres villages d’esclaves, nous formerons une arm?e, et nous leur apprendrons ce que signifie souffrir. Nous mourrons peut-?tre, mais nous mourrons en hommes libres, en nous battant pour notre cause. » Une grande acclamation s’?leva de derri?re Darius, pouss?e par la majorit? des villageois, et il put voir la plupart d’entre se rallier ? lui. Un petit groupe d’entre eux, mass?s derri?re Zirk, regarda en arri?re, incertain. Zirk, rendu clairement furieux et en inf?riorit? num?rique, rougit, desserra sa prise sur la garde de son ?p?e, pivota et partit comme un ouragan, disparaissant dans la foule. Un petit groupe de villageois partit pr?cipitamment avec lui. Bobku s’avan?a et fit solennellement face ? Darius, le visage marqu? par le souci, l’?ge, avec des rides qui en avaient vu trop. Il d?visagea Darius, les yeux emplis de sagesse. Et de peur. « Notre peuple se tourne vers toi pour le mener ? pr?sent », dit-il doucement. « C’est quelque chose d’extr?mement sacr?. Ne perds pas leur confiance. Tu es jeune pour mener une arm?e. Mais la t?che t’a ?chu. Tu as commenc? cette guerre. Maintenant, tu dois la terminer. » Gwendolyn s’avan?a tandis que les villageois commen?aient ? se dissiper, Kendrick et Sandara ? c?t? d’elle, Steffen, Brandt, Atme, Aberthol, Stara et des dizaines de ses hommes derri?re elle. Elle consid?ra sur Darius avec respect, et elle put voir la reconnaissance dans ses yeux pour avoir d?cid? de venir ? son aide aujourd’hui sur le champ de bataille. Apr?s leur victoire, elle se sentait justifi?e ; elle savait qu’elle avait pris la bonne d?cision, bien que cela ait ?t? dur. Elle avait perdu des dizaines de ses hommes en ce jour, et elle pleurait leur perte. Mais elle savait aussi que, si elle n’avait pas fait demi-tour, Darius et tous les autres se tenant l? seraient certainement morts. Voit Darius debout l?, affrontant si bravement l’Empire, lui avait fait penser ? Thorgrin, et son c?ur se serra quand elle pensa ? lui. Elle se sentait d?termin?e ? r?compenser le courage de Darius, quel qu’en soit le prix. « Nous nous tenons ici pr?ts ? soutenir votre cause », dit Gwendolyn. Elle attira l’attention de Darius, Bobku, et tous les autres, tandis que tous les villageois restants se tourn?rent vers elle. « Vous nous avez recueillis quand nous en avions besoin – et nous sommes l?, pr?ts ? vous soutenir quand vous en avez besoin. Nous ajoutons nos armes aux v?tres, notre cause ? la v?tre. Apr?s tout, c’en est une seule. Nous voulons retourner dans notre terre natale libres – vous voulez lib?rer votre terre librement. Nous partageons tous le m?me oppresseur. » Darius la d?visagea en retour, ? l’?vidence touch?, et Bobku s’avan?a au milieu du groupe et se tint l?, lui faisant face dans l’?pais silence, tandis que tous regardaient. « Nous voyons aujourd’hui quelle grande d?cision nous avons prise quand nous vous avons accueillis », dit-il fi?rement. « Vous nous avez r?compens?s bien au del? de nos r?ves, et nous avons ?t? grandement r?compens?s. Votre r?putation, vous de l’Anneau, en tant que v?ritables guerriers honorables, est vraie. Et nous sommes pour toujours vos d?biteurs. » Il prit une grande inspiration. « Nous avons besoin de votre aide », poursuivit-il. « Mais plus d’hommes sur le champ de bataille n’est pas ce qui nous est le plus n?cessaire. Plus de vos hommes ne sera pas assez – pas avec la guerre qui s’annonce. Si vous souhaitez r?ellement aider notre cause, ce dont nous avons vraiment besoin est que vous nous trouviez des renforts. Si nous voulons avoir une chance, nous aurons besoin que des dizaines de milliers d’hommes viennent ? notre aide. » Gwen le d?visagea, yeux ?carquill?s. « Et o? sommes-nous cens?s trouver ces dizaines de milliers de chevaliers ? » Bobku la regarda en retour d’un air grave. « S’il existe quelque part une cit? d’hommes libres au sein de l’Empire, une cit? encline de nous venir en aide – et c’est un grand si – alors elle se trouverait ? l’int?rieur du second Anneau. » Gwen le regarda, perplexe. « Que demandez-vous de nous ? » demanda-t-elle. Bobku la scruta du regard, solennel. « Su vous voulez v?ritablement nous aider », dit-il, « je vous demande d’entreprendre une mission impossible. De vous demande de faire quelque chose encore plus difficile et dangereux que de nous rejoindre sur le champ de bataille. Je vous demande de suivre votre plan originel, de vous lancer dans la qu?te que vous deviez commencer aujourd’hui. Je vous demande de traverser la Grande D?solation ; de chercher le Second Anneau, et si vous y arrivez en vie, si seulement il existe, de convaincre leurs arm?es de se rallier ? notre cause. C’est la seule chance que nous aurions de gagner cette guerre. » Il la d?visagea, sombre, le silence ?tait si dense que Gwen pouvait entendre le vent bruisser dans le d?sert. « Personne n’a jamais travers? la Grande D?solation », poursuivit-il. « Personne n’a jamais confirm? que le Second Anneau existe. C’est une t?che impossible. Une marche suicidaire. Je d?teste vous demander cela. Pourtant c’est ce dont nous avons le plus besoin. » Gwendolyn ?tudia Bobku, remarqua le s?rieux sur son visage, et elle soupesa longuement ses mots. « Nous ferons tout ce qui est n?cessaire », dit-elle, « n’importe quoi qui serve votre cause. Si des alli?s se trouvent de l’autre c?t? de la Grande D?solation, alors ainsi soit-il. Nous nous mettrons en route imm?diatement. Et nous reviendrons avec une arm?e ? notre disposition. » Bobku, les larmes aux yeux, fit un pas en avant et ?treignit Gwendolyn. « Vous ?tes une v?ritable reine », dit-il. « Votre peuple a de la chance de vous avoir. » Gwen se tourna vers les siens, et elle les vit la contempler solennellement, sans peur. Elle savait qu’ils la suivraient n’importe o?. « Pr?parez-vous ? marcher », dit-elle. « Nous traverserons la Grande D?solation. Nous trouverons le Second Anneau. Ou nous mourrons en essayant. » Sandara se tenait l?, se sentant d?chir?e tandis qu’elle regardait Kendrick et les siens se pr?parer ? entreprendre leur p?riple vers la Grande D?solation. De l’autre c?t? se trouvaient Darius et son peuple, les gens avec qui elle avait ?t? ?lev?e, les seules personnes qu’elle ait jamais connues, se pr?parant ? faire demi-tour, ? rassembler leurs villages pour combattre l’Empire. Elle se sentait coup?e en deux, et ne savait pas de quel c?t? aller. Elle ne pouvait supporter de voir Kendrick dispara?tre pour toujours, et pourtant elle ne pouvait non plus supporter d’abandonner les siens. Kendrick, qui finissait de pr?parer son armure et rengainait son ?p?e, leva les yeux et rencontra les siens. Il semblait savoir ce qu’elle pensait – il le savait toujours. Elle pouvait aussi voir de la douleur dans son regard, de la circonspection envers elle, elle ne l’en bl?mait pas – tout ce temps dans l’Empire elle avait gard? ses distances avec lui, avait v?cu au village pendant qu’il vivait dans les grottes. Elle avait ?t? attentive pour honorer ses a?n?s, ne pas contracter d’alliance avec une autre race. Et pourtant, r?alisa-t-elle, elle n’avait pas honor? l’amour. Qu’est-ce qui ?tait le plus important ? De respecter les lois de sa famille ou son c?ur ? Elle s’?tait angoiss?e ? propos de cela pendant des jours. Kendrick se fraya un chemin jusqu’? elle. « J’imagine que tu vas rester en arri?re avec ton peuple ? » demanda-t-il, de la m?fiance dans la voix. Elle le d?visagea, ?cartel?e, effray?e, et ne sut pas ce que dire. Elle ne connaissait pas la r?ponse elle-m?me. Elle se sentait fig?e dans l’espace et le temps, sentait ses pieds enracin?s dans le sol du d?sert. Soudain, Darius s’approcha ? c?t? d’elle. « Ma s?ur », dit-il. Elle se tourna et hocha de la t?te vers lui, reconnaissante pour la distraction, tandis qu’il passait un bras autour de ses ?paules et regardait Kendrick. « Kendrick », dit-il. Kendrick opina du chef avec respect. « Tu sais l’amour que je te porte », continua Darius. « ?go?stement, je veux que tu restes. » Il prit une profonde inspiration. « Et pourtant, je t’implore de partir avec Kendrick. » Sandara le d?visagea, surprise. « Mais pourquoi ? » demanda-t-elle. « Je vois l’amour que tu lui portes, et le sien. Un amour tel que celui-ci n’appara?t pas deux fois. Tu dois suivre ton c?ur, malgr? ce que notre peuple pense, malgr? nos lois. C’est ce qui compte le plus. » Sandara regarda son jeune fr?re, touch?e ; elle ?tait impressionn?e par sa sagesse. « Tu as vraiment grandi depuis que je t’ai quitt? », dit-elle. « Je t’interdis d’abandonner ton peuple, et je t’interdis d’aller avec lui » dit une voix s?v?re. Sandara se retourna pour voir Zirk, qui avait surpris la conversation et s’avan?ait, rejoint par plusieurs des anciens. « Ta place est ici avec nous. Si tu pars avec cet homme, tu ne seras plus la bienvenue ici. » « Et en quoi cela vous concerne ? » demanda Darius avec col?re, la d?fendant. « Attention, Darius », dit Zirk. « Tu m?nes peut-?tre cette arm?e pour le moment, mais tu ne nous diriges pas. Ne pr?tends pas parler pour notre peuple. » « Je parle pour ma s?ur », dit Zirk, « et je parlerais pour qui je veux. » Sandara remarqua que Darius serrait son poing sur la garde de son ?p?e tout en fixant Zirk du regard ; elle tendit rapidement le bras et pla?a une main rassurante sur son poignet. « La d?cision est mienne », dit-elle ? Zirk. « Et je l’ai d?j? prise », dit-elle, ressentant un ?lan d’indignation et d?cidant soudainement. Elle ne laisserait pas ces gens se prononcer pour elle. Elle avait permis aux anciens de lui dicter sa vie depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvenait, et maintenant, le temps ?tait venu. « Kendrick est mon bien-aim? », dit-elle en se tournant vers Kendrick, qui la regarda avec ?tonnement. Alors qu’elle pronon?ait ces mots, elle sut qu’ils ?taient vrais, et ressentit un tel ?lan d’amour pour lui, une vague de culpabilit? pour ne pas l’avoir embrass? plus t?t devant les autres. « Son peuple est mon peuple. Il est ? moi et je suis ? lui. Et rien, personne, pas vous, personne, ne peut nous s?parer. » Elle se tourna vers Darius. « Au revoir, mon fr?re », dit-elle. « Je vais me joindre ? Kendrick. » Darius esquissa un grand sourire, pendant que Zirk lan?ait des regards furieux. « Ne pose plus jamais les yeux sur nos visages », cracha-t-il, puis il tourna les talons et l’?loigna, les anciens le suivirent. Sandara retourna ? Kendrick et fit ce qu’elle avait voulu faire depuis que tous deux ?taient arriv?s ici. Elle l’embrassa ouvertement, sans crainte, devant tout le monde, pouvant finalement exprimer son amour pour lui. ? sa grande joie, il l’embrassa en retour, et la prit dans ses bras. « Sois prudent, mon fr?re », dit Sandara. « Et toi aussi, ma s?ur. Nous nous reverrons. » « Dans ce monde ou le suivant », dit-elle. Sur ce, Sandara se retourna, prit le bras de Kendrick, et ensemble, ils rejoignirent son peuple, se dirigeant vers la Grande D?solation, vers une mort certaine, mais elle ?tait pr?te ? aller n’importe o? dans le monde, tant qu’elle ?tait au c?t? de Kendrick. CHAPITRE HUIT Godfrey, Akorth, Fulton, Merek et Ario, v?tus des capes des Finiens, marchaient le long des rues ?tincelantes de Volusia, tous sur leurs gardes, serr?s les uns contre les autres, et tr?s tendus. Le bourdonnement de Godfrey avait disparu depuis longtemps, et il naviguait dans les rues inconnues, les sacs d’or pendus ? la taille ; il se maudissait pour s’?tre port? volontaire pour cette mission et se creusait la t?te pour d?terminer quoi faire apr?s. Il donnerait n’importe quoi pour un verre l? maintenant. Quelle terrible id?e il avait eu de venir ici. Mais pourquoi donc avait-il eu un tel ?lan chevaleresque stupide ? Qu’?tait la chevalerie de toute mani?re ? se demanda-t-il. Un instant de passion, d’abn?gation, de folie. Cela lui ass?chait juste la gorge, son c?ur palpitait, ses mains tremblaient. Il d?testait ce sentiment, en d?testait chaque seconde. Il aurait voulu ne pas avoir parl?. La chevalerie n’?tait pas pour lui. Ou l’?tait-elle ? Il n’?tait plus s?r de rien. Tout ce qu’il savait dans l’imm?diat ?tait qu’il voulait survivre, vivre, boire, ?tre n’importe o? sauf l?. Que ne donnerait-il pas pour une bi?re l? maintenant. Il ?changerait l’acte le plus h?ro?que au monde contre une pinte de bi?re. « Et qui exactement allons-nous payer ? » demanda Merek, venant ? c?t? de lui tandis qu’ils marchaient ensemble ? travers les rues. Godfrey se creusa la cervelle. « Nous avons besoin de quelqu’un dans leur arm?e », dit-il finalement. « Un commandant. Pas trop ?lev?. Quelqu’un de juste assez bien plac?. Quelqu’un qui s’int?resse plus ? l’or qu’? tuer. » « Et o? allons-nous trouver une telle personne ? » demanda Ario. « Nous ne pouvons pas vraiment p?n?trer dans leurs baraquements. » « D’apr?s mon exp?rience, il n’y a qu’un endroit fiable pour trouver des personnes ? la moralit? imparfaite », dit Akorth. « Les tavernes. » « Maintenant tu parles », dit Fulton. « Maintenant, enfin, quelqu’un dit quelque chose de cens?. » « Cela sonne comme une terrible id?e », r?torqua Ario. « On dirait que tu veux seulement un verre. » « Eh bien, j’en veux un », dit Akorth. « Quelle honte y a-t-il ? ?a ? » « Qu’est-ce que tu penses ? » r?pliqua Ario. « Que tu vas simplement entrer dans une taverne, trouver un commandant, et le soudoyer ? Que c’est si facile ? » « Eh bien, le jeune a enfin raison pour quelque chose », intervint Merek. « C’est une mauvaise id?e. Ils vont jeter un ?il ? notre or, nous tuer, et le prendre pour eux-m?mes. » « C’est pourquoi nous n’am?nerons pas notre or », dit Godfrey, prenant une d?cision. « Hein ? » demanda Merek, se tournant vers lui. « Qu’allons-nous en faire alors ? » « Le cacher », dit Godfrey. « Cacher tout cet or ? » demanda Ario. « Es-tu fou ? Nous en avons apport? bien trop comme ?a. Il y en assez pour acheter la moiti? de la cit?. » « C’est pr?cis?ment pourquoi nous allons le cacher », dit Godfrey, qui commen?ait ? appr?cier l’id?e. « Nous trouvons la bonne personne, pour le bon prix, ? qui nous pouvons faire confiance, et nous l’y m?nerons. » Merek haussa les ?paules. « C’est insens?. Cela va de mal en pis. Nous t’avons suivi, Dieu sait pourquoi. Tu nous m?nes ? notre tombe. » « Vous m’avez suivi parce que vous croyez en l’honneur, au courage », dit Godfrey. « Vous m’avez suivi parce que, d?s le moment o? vous l’avez fait, nous sommes devenus des fr?res. Fr?res dans la bravoure. Et des fr?res ne s’abandonnant pas les uns les autres ? » Les autres firent silence tandis qu’ils marchaient, et Godfrey fut surpris de lui-m?me. Il ne comprenait pas totalement ce trait en lui qui faisait surface de temps ? autre. ?tait-ce son p?re qui parlait ? Ou lui ? Ils pass?rent un coin, et la cit? se d?ploya. Godfrey fut une fois encore submerg? par sa beaut?. Tout brillait, les rues bord?es d’or, qui s’entrela?aient avec les canaux d’eau de mer, de la lumi?re partout, refl?tant l’or, l’aveuglaient. Les rues ?taient tr?s anim?es ici aussi, et Godfrey embrassa la vue de la foule dense, ahuri. On lui rentra plusieurs fois dans l’?paule, et il fit attention ? garder la t?te baiss?e pour que les soldats de l’Empire ne le rep?rent pas. Des soldats, dans toute sorte d’armures, marchaient dans un va et viens dans toutes les directions, ponctu?s par des nobles de l’Empire et des citoyens, des hommes immenses avec une peau jaune et de petites cornes identifiables, plusieurs avec des stands, vendant des marchandises tout le long des rues de Volusia. Godfrey rep?ra aussi des femmes de l’Empire, pour la premi?re fois, aussi grandes que les hommes et aussi larges d’?paules, paraissant presque aussi corpulente que les hommes de l’Anneau. Leurs cornes ?taient plus longues, plus pointues, et elles luisaient d’un bleu mer. Elles semblaient plus sauvages que les hommes. Godfrey n’aurait pas voulu se retrouver dans un combat face ? n’importe laquelle d’entre elles. « Peut-?tre coucher avec quelques femmes pendant que nous sommes l? », dit Akorth en rotant. « Je pense qu’elles seraient tout aussi contentes de te trancher la gorge », dit Fulton. Akorth haussa les ?paules. « Peut-?tre feraient-elles les deux », dit-il. « Au moins je mourrais en homme heureux. » Alors que la foule devenait plus dense, jouant des coudes pour se frayer un passage ? travers plus de rues de la ville, Godfrey, en sueur, tremblant de peur, s’effor?a d’?tre dort, d’?tre brave, de penser ? tous ceux-l? bas au village, ? sa s?ur, qui avait besoin de son aide. Il consid?ra contre combien ils ?taient. S’il pouvait r?ussir cette mission, peut-?tre pourrait-il faire une diff?rence, peut-?tre pourrait-il vraiment les aider. Ce n’?tait pas la mani?re audacieuse et glorieuse de faire de ses fr?res guerriers ; mais c’?tait sa mani?re, et la seule qu’il connaisse. Alors qu’ils franchissaient un coin, Godfrey regarda au del? et vit exactement ce qu’il cherchait : l?, au loin, un groupe d’hommes se d?versa d’un ?difice en pierre, se battant les uns contre les autres ; une cohue se forma autour d’eux, poussant des acclamations. Ils donnaient des coups de poing et titubaient d’une fa?on que Godfrey reconnut imm?diatement : ivres. Les personnes enivr?es, songea-t-il, ressemblaient ? la m?me chose partout dans le monde. C’?tait une fraternit? d’idiots. Il rep?ra une petite banni?re noire flottant au-dessus de l’?tablissement, et il sut au premier coup d’?il ce que c’?tait. « L? » dit Godfrey, comme s’il contemplait la Mecque. « C’est ce que nous voulons. » « La taverne la plus propre que j’ai jamais vue », dit Akorth. Godfrey remarqua la fa?ade ?l?gante, et il fut enclin ? ?tre d’accord avec lui. Merek haussa les ?paules. « Toutes les tavernes sont les m?mes, une fois ? l’int?rieur. Ils seront aussi ivres et stupides ici qu’ils le seraient n’importe o? ailleurs. » « Mon genre de personnes », dit Fulton, se l?chant les l?vres comme s’il d?gustait la bi?re. « Et comment sommes-nous cens?s arriver l?-bas ? » demanda Ario. Godfrey baissa les yeux et vit ? quoi il faisait r?f?rence : la rue se terminait par un canal. Il n’y avait aucun moyen de marcher jusque l? bas. Godfrey vit une petite embarcation dor?e s’arr?ter ? leurs pieds, avec deux hommes de l’Empire ? l’int?rieur, et il les observa en sauter, attacher le bateau ? un poteau ? l’aide d’une corde, et le laisser l? alors qu’ils marchaient vers la cit?, sans jamais regarder en arri?re. Godfrey s’avisa de l’armure de l’un d’eux, supposa qu’ils ?taient des officiers, et n’avaient nul besoin de s’inqui?ter pour leur embarcation. Ils savaient, ? l’?vidence, que personne ne serait assez insens? pour oser leur voler leur bateau. Godfrey et Merek ?chang?rent un regard entendu au m?me moment. Les grands esprits, r?alisa Godfrey, pensaient pareillement ; ou au moins les grands esprits qui avaient tous deux eu leur dose de donjons et de ruelles. Merek s’avan?a, sortit sa dague, et trancha la corde ?paisse ; un ? la fois, ils s’entass?rent tous dans la petite embarcation dor?e, qui tangua violemment en m?me temps. Godfrey se pencha en arri?re et avec ses pieds les poussa loin du quai. Ils gliss?rent sur le canal en se balan?ant ; Merek se saisit de la longue rame et il barra, ramant. « C’est de la folie », dit Ario, jetant des regards ? la recherche des officiers. « Ils pourraient revenir. Godfrey regarda droit devant et hocha de la t?te. « Alors nous ferions mieux de ramer plus vite », dit-il. CHAPITRE NEUF Volusia se tenait au milieu du d?sert sans fin, dont le sol vert ?tait craquel? et dess?ch?, dur comme de la pierre sous son pied, et elle fixa son regard droit devant, affrontant la suite venant de Dansk. Elle se tenait l? fi?rement, avec une dizaine de ses conseillers les plus proches derri?re elle, et faisait face ? deux dizaines de leur hommes, typiques de l’Empire, grands, larges d’?paule, avec une peau jaune luisante, les yeux rouges ?tincelants et deux petites cornes. La seule diff?rence notable de ces gens de Dansk ?tait que, avec le temps, leurs cornes grandissaient vers l’ext?rieur sur le c?t?, ou lieu de droit vers le haut. Volusia regarda au del? par-dessus leurs ?paules, et vit ? l’horizon la cit? du d?sert, Dansk, grande, supr?mement imposante, s’?levant d’une trentaine de m?tres vers le ciel, ses murs verts de la m?me teinte que le d?sert, faits de pierre ou de briques – elle ne pouvait dire lequel. La ville ?tait en forme de cercle parfait, avec des parapets au sommet des murailles, et entre eux, des soldats positionn?s tous les trois m?tres, faisant face ? tous les postes, montant la garde, un ?il sur chaque recoin du d?sert. Elle semblait imp?n?trable. Dansk se trouvait directement au sud de Maltolis, ? mi-chemin entre la cit? du Prince fou et la capitale m?ridionale, et c’?tait un bastion, un carrefour crucial. Volusia en avait entendu parler bien des fois par sa m?re, mais ne l’avait jamais visit?e elle-m?me. Elle avait toujours dit que personne ne pouvait prendre l’Empire sans conqu?rir Dansk. Volusia posa ? nouveau les yeux sur leur chef, debout devant elle avec son envoy?, suffisant, lui souriant d’un air narquois, avec arrogance. Il semblait diff?rent des autres, ?tait clairement leur chef, avec un air confiant, plus de cicatrices sur son visage, et deux longues tresses qui allaient de sa t?te ? sa taille. Ils ?taient rest?s ainsi debout en silence, chacun attendant que l’autre parle, sans aucun autre bruit que le hurlement du vent dans le d?sert. Finalement, il d?t ?tre fatigu? d’attende, et parla : « Ainsi vous souhaitez entrer dans notre cit? ? » lui demanda-t-il. « Vous et vos hommes ? » Volusia le d?visagea en retour, fi?re, s?re d’elle, et impassible. « Je ne veux pas y entrer », dit-elle. « Je veux la prendre. Je suis venue vous offrir les termes de reddition. » Il la fixa du regard, ?bahi, pendant plusieurs secondes, comme s’il essayait de comprendre ses mots, puis finalement ses yeux s’?carquill?rent de surprise. Il se pencha en arri?re, ?clata d’un rire tonitruant, et Volusia rougit. « Nous ? » dit-il. « Nous rendre ?! » Il criait de rire, comme s’il avait entendu la plaisanterie la plus dr?le du monde. Volusia le d?visagea calmement, et elle remarqua que tous les soldats avec lui ne riaient pas – ils ne souriaient m?me pas. Ils l’observaient s?rieusement. « Tu n’es qu’une jeune fille », dit-il enfin, l’air amus?. « Vous ne connaissez rien ? l’histoire de Dansk, notre d?sert, notre peuple. Si cela avait ?t? le cas, vous sauriez que nous ne nous sommes jamais rendus. Pas une fois. Pas durant dix mille ans. ? personne. Pas m?me les arm?es d’Atlow le grand. Pas une fois Dansk n’a ?t? conquise. » Son sourire se transforma en un froncement de sourcils. « Et maintenant vous arrivez », dit-il, « une fille stupide, qui sort de nulle part, avec une dizaine de soldats, et qui nous demande de nous rendre ? Pourquoi ne devrais-je pas te tuer maintenant, ou t’emmener dans nos ge?les ? Je pense que c’est vous qui devriez n?gocier les termes de votre reddition. Si je vous repousse, ce d?sert vous tuera. Mais une fois encore, si je vous laisse entrer, je pourrais vous tuer. » Volusia le fixa du regard calmement, sans jamais broncher. « Je ne vous offrirais pas mes conditions deux fois », dit-elle placidement. « Rendez vous maintenant et j’?pargnerais toutes vos vies. » Il la fixa des yeux, sid?r?, comme s’il prenait enfin conscience qu’elle ?tait s?rieuse. « Tu te fais des id?es, jeune fille. Tu as souffert sous les soleils du d?sert pendant trop longtemps. » Elle braquait son regard sur lui, ses yeux s’obscurcirent. « Je ne suis pas une jeune fille », r?pondit-elle. « Je suis la grande Volusia de la grande cit? de Volusia. Je suis la D?esse Volusia. Et vous, et tous les ?tres sur terre, ?tes mes subordonn?s. » Il l’examina, son expression changea, la contemplant comme si elle ?tait folle. « Tu n’es pas Volusia », dit-il. « Volusia est plus vieille. Je l’ai rencontr?e moi-m?me. C’?tait une exp?rience tr?s d?sagr?able. Et pourtant je vois la ressemblance. Tu es…sa fille. Oui, je peux le voir ? pr?sent. Pourquoi ta m?re n’est-elle pas venue ici pour nous parler ? Pourquoi t’envoie-t-elle, sa fille ? » « Je suis Volusia », r?pondit-elle. « Ma m?re est morte. Je m’en suis assur?e. » Il la fouilla du regard, et son expression devint s?rieuse. Pour la premi?re fois, il semblait incertain. « Tu as peut-?tre ?t? capable de tuer ta m?re », dit-il. « Mais tu es sotte de nous menacer. Nous ne sommes pas une femme sans d?fense et tes hommes de Volusia sont loin d’ici. Tu as ?t? imprudente de t’aventurer si loin de ton bastion. Penses-tu que tu peux prendre notre cit? avec une dizaine de soldats ? » demanda-t-il, rel?chant et serrant la garde de son ?p?e comme s’il pensait ? la tuer. Elle sourit lentement. « Je ne peux pas la conqu?rir avec une dizaine », dit-elle. « Mais je peux la conqu?rir avec deux cents milles. » Volusia leva un poing en l’air, serrant avec force le Sceptre d’Or, le levant encore plus haut, sans jamais le quitter des yeux, et ce faisant, elle contempla le visage de l’?missaire de Dansk regardant derri?re elle, et se transformer sous le coup de la panique et du choc. Elle n’avait pas besoin de se retourner pour savoir ce qu’il voyait : ses deux cent mille soldats Maltolisiens avaient contourn? la colline ? son signal et s’?tiraient ? travers l’horizon tout entier. Maintenant le chef de Dansk connaissait la menace qui pesait sur sa cit?. Sa suite tout enti?re se h?rissa, paraissant terrifi?e et impatiente de retourner rapidement ? la s?curit? de leur ville. « L’arm?e Maltolisienne », dit leur chef, la voix craintive pour la premi?re fois. « Que font-ils l?, avec vous ? » Volusia sourit en retour. « Je suis une d?esse », dit-elle. « Pourquoi ne me serviraient-ils pas ? » Il la d?visageait maintenant avec un air d’effroi et de surprise. « Et pourtant, tu n’oserais pas attaquer Dansk », dit-il, la voix tremblante. « Nous sommes sous la protection directe de la capitale. L’arm?e de l’Empire se compte en millions. Si tu prenais notre cit?, ils seraient oblig?s de riposter. Vous seriez tous massacr?s en temps voulu. Vous ne pourriez pas gagner. Es-tu si t?m?raire ? Ou aussi stupide ? » Elle continua ? sourire, prenant plaisir ? son inconfort. « Peut-?tre un peu des deux », dit-elle. « Ou peut-?tre que cela me d?mange de tester ma toute nouvelle arm?e et d’aiguiser leurs comp?tences sur vous. C’est une grande malchance que vous vous trouviez sur le passage, entre mes hommes et la capitale. Et rien, rien ne se mettra en travers de mon chemin. » Il la regarda d’un air furieux, son visage tourna au sourire sarcastique. Mais cependant, pour la premi?re fois, elle pouvait voir une r?elle panique dans ses yeux. « Nous sommes venus pour discuter des conditions, et nous ne les acceptons pas. Nous nous pr?parerons pour la guerre, si c’est ce que vous voulez. Souviens-toi juste : tu t’es attir? ?a par toi-m?me. » Il ?peronna soudain son zerta avec un cri, et il pivota, avec les autres, et s’?loigna en galopant, leur convoi souleva un nuage de poussi?re. Volusia descendit de sa monture nonchalamment, tendit la main et attrapa une courte lance dor?e tandis que son commandant, Soku, tendait la main et la lui donnait. Elle tendit une main dans le vent, sentit la brise, plissa un ?il, et visa. Puis elle se pencha en arri?re et la lan?a. Volusia contempla la lance voler dans un grand arc ? travers les airs, sur cinquante bons m?tres, puis elle entendit enfin un grand cri, et le bruit sourd satisfaisant de la lance frappant la chair. Elle l’observa avec d?lice se loger dans le dos du chef. Il poussa un cri, tomba de son zerta, et atterrit sur le sol du d?sert, d?gringolant. Sa suite s’arr?ta et regarda par terre, horrifi?e. Ils rest?rent l? sur leurs zertas, comme s’ils d?battaient pour savoir si oui ou non ils devaient d’arr?ter et le r?cup?rer. Ils jet?rent un ?il en arri?re et virent tous les hommes de Volusia ? l’horizon, ? pr?sent en marche, et ? l’?vidence chang?rent d’opinion. Ils tourn?rent bride et s’?loign?rent au galop, en direction des portes de la cit?, abandonnant leur chef au sol. Volusia chevaucha avec sa suite jusqu’? atteindre le chef mourant, et mis pied ? terre ? c?t? de lui. Au loin elle entendit le fer claquer, et remarqua son entourage entrant dans Dansk, une immense herse de fer fut abaiss?e derri?re eux, et les ?normes doubles portes de fer de la ville furent scell?es apr?s eux, cr?ant une forteresse de fer. Volusia baissa les yeux sur le chef mourant, qui se tourna sur le dos et leva les yeux vers elle avec angoisse et surprise. « Tu ne peux pas blesser un homme qui vient discuter des conditions », dit-il, outr?. « Cela va ? l’encontre de toutes les lois de l’Empire ! Jamais une telle chose n’a ?t? commise auparavant ! » « Je n’avais pas l’intention de te blesser », dit-elle, s’agenouillant ? c?t? de lui, elle tendit la main et toucha la hampe de la lance. Elle poussa cette derni?re profond?ment dans son c?ur, ne l?chant pas prise jusqu’? ce qu’il cesse de se tortiller et exhale son dernier souffle. Elle esquissa un grand sourire. « J’avais l’intention de te tuer. » CHAPITRE DIX Thor se tenait ? la proue du petit vaisseau, ses fr?res debout derri?re lui, le c?ur battant d’impatience tandis que le courant les amenait droit vers une petite ?le devant eux. Thor leva les yeux, examina les falaises avec ?tonnement, il n’avait jamais rien vu de tel. Les parois ?taient parfaitement lisses, d’un granit blanc et massif, ?tincelant sous les deux soleils, et elles s’?levaient verticalement, sur des vingtaines de m?tres de hauteur. L’?le elle-m?me ?tait en forme de cercle, sa base ?tait encercl?e de rochers, et il ?tait difficile de penser au milieu du bruit incessant des vagues qui se brisaient. Elle paraissait imprenable, impossible ? escalader pour une arm?e. Thor mit une main sur ses yeux et les plissa dans le soleil. Les falaises semblaient s’arr?ter ? un certain point, s’achever en un plateau ? des vingtaines de m?tres de hauteur. Qui que ce soit qui vivait l?, au sommet, pourrait vivre en s?curit? pour toujours, r?alisa Thor. En supposant que quelqu’un vivait l?-haut. Tout au sommet, planant sur l’?le comme un halo, flottait un anneau de nuages, d’un rose et violet doux, la prot?geant des rayons crus du soleil, comme si cet endroit ?tait couronn? par Dieu lui-m?me. Une douce brise soufflait l?, l’air ?tait plaisant et l?ger. Thor pouvait sentir m?me de l? qu’il y avait quelque chose de sp?cial dans cet endroit. Il semblait magique. Il n’avait pas ressenti cela depuis qu’il avait atteint la terre du ch?teau de sa m?re. Tous les autres levaient aussi les yeux, une expression d’?tonnement sur leurs visages. « Qui vit l? ? ton avis ? » O’Connor posa tout haut la question qui ?tait dans tous leurs esprits. « Qui—ou quoi ? » demanda Reece. « Peut-?tre personne », dit Indra. « Peut-?tre devrions-nous poursuivre notre route », dit O’Connor. « Et laisser passer l’invitation ? » demanda Matus. « Je vois sept cordes, et nous sommes sept. » Thor scruta les falaises et en regardant de plus pr?s, il vit sept cordes dor?es se balan?ant depuis le sommet jusqu’au rivage, brillantes dans le soleil. Il s’interrogea. « Peut-?tre quelqu’un nous attend-il ? » dit Elden. « Ou nous tente », dit Indra. « Mais qui ? » demanda Reece. Thor leva les yeux vers le sommet, les m?mes id?es lui traversant l’esprit. Il se demanda qui pouvait savoir qu’ils arrivaient. ?taient-ils observ?s d’une mani?re ou d’une autre ? Ils se tenaient tous dans le bateau, en silence, dansant sur l’eau, pendant que le courant les emmenait encore plus pr?s. « La vraie question », interrogea Thor tout haut, brisant finalement le silence, « est de savoir s’ils sont amicaux – ou s’il s’agit d’un pi?ge. » « Est-ce que cela change quelque chose ? » demanda Matus, venant ? c?t? de lui. Thor secoua la t?te. « Non », dit-il, raffermissant sa prise sur la garde de son ?p?e. « Nous l’explorerons dans les deux cas. S’ils sont amicaux, nous les embrasserons ; si ce sont des ennemis, nous les tuerons ? » Le courant reprit, et de grandes vagues d?ferlantes emport?rent leur bateau jusqu’? l’?troit rivage de sable noir qui entourait le lieu. Leur embarcation s’?choua doucement, se logeant dedans, et en m?me temps, tous en bondirent imm?diatement. Thor agrippa la garde de son ?p?e, sur le qui-vive, et regarda dans toutes les directions. Il n’y avait aucun mouvement sur la plage, rien hormis les vagues qui se brisaient. Thor marcha jusqu’? la base des falaises, posa une main dessus, sentit combien elles ?taient lisses, sentit la chaleur et l’?nergie qui en irradiaient. Il examina les cordes qui grimpaient droit contre la paroi, rengaina son ?p?e et en saisit une. Il la tira. Elle ne c?da pas. Un ? un les autres le rejoignirent, chacun attrapant une corde et tirant dessus. « Vont-elles tenir ? » se demanda ? haute voix O’Connor, les yeux lev?s droit vers le sommet. Ils regard?rent tous vers le haut, se posant ? l’?vidence la m?me question. « Il n’y a qu’un moyen de le savoir », dit Thor. Thor se saisit d’une des cordes des deux mains, bondit, et commen?a son ascension. Tout autour de lui les autres firent de m?me, tous escaladant la paroi comme des chamois. Thor grimpa et grimpa, se muscles douloureux, br?lant sous le soleil. De la sueur coulait le long de sa nuque, lui piquait les yeux, et tous ses membres tremblaient. Et pourtant en m?me temps il y avait quelque chose de magique dans ces cordes, une ?nergie qui le soutenait lui – et les autres – et le faisait escalader plus vite qu’il ne l’avait jamais fait, comme si les cordes le tiraient vers le haut. Bien plus t?t qu’il ne l’avait imagin? possible, Thor atteignit le sommet ; il tendit le bras et fut surpris de se retrouver ? attraper de l’herbe et de la terre. Il se hissa, roulant sur le c?t?, sur une herbe douce, ?puis?, essouffl?, les membres douloureux. Tout autour de lui, il vit les autres arriver eux aussi. Ils y ?taient arriv?s. Quelque chose les avait voulus l?-haut. Thor ne savait pas si c’?tait une raison pour ?tre rassur? ou pour s’inqui?ter. Thor se mit sur un genou et tira son ?p?e, imm?diatement sur le qui-vive, ne sachant pas ? quoi s’attendre l?. Tout autour de lui ses fr?res firent de m?me, tous se mirent sur pieds et instinctivement en formation semi-circulaire, gardant chacun l’arri?re des autres. Pourtant alors que Thor se tenait l?, regardant au loin, il fur stup?fait par ce qu’il vit. Il s’?tait attendu ? voir un ennemi lui faisant face, s’?tait attendu ? voir un lieu rocailleux, aride et d?sol?. En lieu et place, il ne vit personne pour les accueillir. Et ? la place des rocs, il vit l’endroit le plus beau sur lequel il ait jamais pos? les yeux : l?, s’?tendant devant lui, se trouvaient des collines ondulantes, luxuriantes de fleurs, de feuillages, de fruits, ?tincelantes dans le soleil matinal. La temp?rature l?-haut ?tait parfaite, caress?e par de douces brises oc?aniques. Il y avait des vergers, des vignes fournies, des endroits d’une telle abondance et d’une telle beaut? que cela chassa imm?diatement ses tensions. Il rengaina son ?p?e, tandis que les autres se d?tendaient, eux aussi, tous contemplant ce lieu de perfection. Pour la premi?re fois depuis qu’ils avaient appareill? depuis le Pays des Morts, Thor sentit qu’il pouvait r?ellement se d?lasser et baisser sa garde. C’?tait un endroit qu’il n’?tait pas press? de quitter. Thor ?tait d?concert?. Comment un lieu aussi magnifique et temp?r? pouvait-il exister au milieu d’un oc?an sans fin et impitoyable ? Thor regarda autour de lui et vit une douce brume planant sur tout, leva les yeux et vit, haut dans le ciel, l’anneau de nuages violets recouvrant l’endroit, le prot?geant, mais aussi permettant au soleil se passer ? travers ici et l? – et il sut de chaque fibre de son ?tre que cet endroit ?tait magique. C’?tait un lieu d’une telle beaut? que cela ?clipsait m?me l’abondance de l’Anneau. Thor fut surpris en entendant ce qui semblait ?tre un cri distant ; d’abord il pensa qu’il s’agissait juste de son esprit qui lui jouait des tours. Mais il frissonna en l’entendant ? nouveau. Il mit la main devant ses yeux et les leva, examinant les cieux. Il aurait jur? que cela semblait ?tre le cri d’un dragon – et pourtant il savait que c’?tait impossible. Les derniers dragons, il le savait, s’?taient ?teints avec Ralibar et Mycoples. Il en avait ?t? lui-m?me t?moin, le moment fatidique de leurs morts pesant encore sur lui comme un couteau en plein c?ur. Pas un jour ne passait sans qu’il ne pense ? sa bonne amie Mycoples, sans qu’il ne souhaite qu’elle soit de retour ? ses c?t?s. Prenait-il ses d?sirs pour des r?alit?s, en entendant ce cri ? L’?cho d’un r?ve oubli? ? Le cri s’?leva soudain ? nouveau, d?chirant les cieux, transper?ant la trame m?me de l’air, et le c?ur de Thor bondit, tandis qu’il ?tait paralys? par l’excitation et l’?tonnement. Cela pouvait-il ?tre possible ? Alors qu’il portait la main devant ses yeux et regardait vers les deux soleils, bien au-dessus des falaises, il pensa avoir d?cel? les faibles contours d’un petit dragon, d?crivant des cercles dans les airs. Il se figea, se demandant si ses yeux lui jouaient des tours. « N’est-ce pas un dragon ? » demanda soudain Reece ? haute voix. « C’est impossible », dit O’Connor. « Il ne reste plus un dragon en vie. » Mais Thor n’en ?tait pas si certain alors qu’il voyait le contour de la forme dispara?tre dans les nuages. Thor baissa les yeux et scruta les environs. Il s’interrogea. « Qu’est-ce que cet endroit ? » demanda Thor tout haut. « Un lieu de r?ves, un lieu de lumi?re », dit une voix. Thor, surpris as la voix ?trang?re, fit volte-face, tout comme les autres, et fut stup?fait de voir, debout devant eux, un vieil homme, habill? d’une cape jaune, portant un long b?ton translucide, incrust? de diamants, avec une amulette noire ? son bout. Il ?tincelait si brillamment que Thor pouvait ? peine voir. L’homme arborait un sourire d?tendu, marcha vers eux avec un air accommodant et repoussa son capuchon, r?v?lant de longs cheveux dor?s et ondul?s, et un visage qui semblait intemporel. Thor ne pouvait dire s’il avait dix-huit ans ou cent. Une lumi?re ?manait de son visage, et Thor fut d?concert? par son intensit?. Il n’avait rien vu de tel depuis qu’il avait pos? les yeux sur Argon. « Tu as raison », dit-il, alors qu’il plongeait son regard dans celui de Thor et marchait droit vers lui.il se tint ? seulement quelques m?tres de lui, et ses yeux verts translucides paraissaient br?ler droit ? travers lui. « De penser ? mon fr?re. » « Votre fr?re ? » demanda Thor, confus. L’homme hocha de la t?te. « Argon. » Thor resta bouch?-b?e face ? l’homme, surpris. « Argon ?! », dit Thor. « Votre fr?re ? » ajouta-t-il, ? peine capable de prononcer les mots. L’homme opina, l’examinant, et Thor eut l’impression qu’il voyait ? travers sa propre ?me. « Ragon est mon nom », dit-il. « Je suis le jumeau d’Argon. Bien qu’?videmment, nous ne nous ressemblions pas beaucoup. Je crois que je suis le plus beau », ajouta-t-il avec un sourire. Thor le fixa du regard, sans voix. Il ne savait pas o? commencer ; il n’avait aucune id?e qu’Argon avait un fr?re. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=43695047&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.