×òî æå åñòü ó ìåíÿ? Äûðû â äðàíûõ êàðìàíàõ, Òðè ìîðùèíû íà ëáó, Äà èñò¸ðòûé ïÿòàê... Íî íå æàëêî íè äíÿ- Ìíå ñóäüáîþ ïðèäàííûõ, Õîòü ïîðîé ÿ æèâó Ïîïîäàÿ â ïðîñàê. Âñ¸ ÷òî åñòü ó ìåíÿ: Ñîâåñòü, ÷åñòü è óìåíüå. ß îòäàì íå ñêóïÿñü- Ïðîñòî òàê çà ïóñòÿê. Çà ïîñòåëü ó îãíÿ, Äîáðîòó áåç ñòåñíåíüÿ. È çà òî, ÷òî ïðîñòÿñü, Íå çàáûòü ìíå íè êàê... Âñ¸ ÷

Raison de Craindre

Raison de Craindre Blake Pierce Un Polar Avery Black #4 Un sc?nario dynamique qui vous saisit d?s le premier chapitre et ne vous laisse plus partir. – Midwest Book Review, Diane Donovan (? propos de Sans Laisser de Traces) Par l’auteur de polars n°1 Blake Pierce, un nouveau chef-d’?uvre de suspense psychologique : RAISON DE CRAINDRE (Un polar Avery Black – Tome 4) Quand un corps fait surface, flottant sur la rivi?re Charles gel?e, la police de Boston en appelle ? son inspectrice de la criminelle la plus brillante et controvers?e – Avery Black – pour classer l’affaire. Il ne faut pas beaucoup de temps ? Avery, cependant, pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas d’un meurtre isol? : c’est l’?uvre d’un tueur en s?rie. D’autres corps commencent ? appara?tre, tous partageant une chose en commun : tous pi?g?s dans la glace. Tout cela est-il une co?ncidence – ou la signature d’un tueur particuli?rement fou ?Tandis que les m?dias affluent et qu’Avery souffre de pression de la part de ses chefs, elle lutte pour percer cette affaire inexplicable, trop ?trange m?me pour son esprit chevronn?. En m?me temps, elle essaye de maintenir sa d?pression ? distance, alors que sa vie personnelle atteint de nouveau son niveau le plus bas. Et elle fait tout cela tout en tentant de p?n?trer dans l’esprit d’un tueur psychotique et ?lusif. Ce qu’elle va d?couvrir va m?me la stup?faire, et lui faire r?aliser que rien n’est ce qu’il para?t – et que la pire des t?n?bres peut parfois ?tre le plus proche de nous. Thriller psychologique avec un suspens palpitant, RAISON DE CRAINDRE est le tome 4 d’une nouvelle s?rie captivante – avec un nouveau personnage ador? – qui vous laissera ? tourner les pages jusque tard dans la nuit. Le tome 5 de la s?rie Avery Black sera bient?t disponible. Un chef-d’?uvre de thriller et de roman policier. Pierce a fait un travail formidable en d?veloppant des personnages avec un c?t? psychologique, si bien d?crits que nous nous sentons dans leurs esprits, suivons leurs peurs et applaudissons leur succ?s. L’intrigue est tr?s intelligente et vous gardera occup?s le long du livre. Plein de rebondissements, ce livre vous gardera ?veill?s jusqu’? avoir tourn? la derni?re page. – Books and movie Review, Roberto Mattos (? propos de SANS LAISSER DE TRACES) R A I S O N DE C R A I N D R E (UN POLAR AVERY BLACK – TOME 4) B L A K E P I E R C E Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie bestseller les ENQU?TES DE RILEY PAGE, qui inclut les thrillers ? suspens SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1), R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2), LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3), et LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4). Blake Pierce est aussi l’auteur des s?ries d’enqu?tes de MACKENZIE WHITE et d’AVERY BLACK. Lecteur avide et fan depuis toujours de polars et de thrillers, Blake adore recevoir de vos nouvelles. N’h?sitez pas ? visiter son site internet www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) pour en savoir plus et rester en contact ! Copyright © 2017 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi des ?tats-Unis sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l’autorisation pr?alable de l’auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre seule jouissance personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d’autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec une tierce personne, veuillez en acheter un exemplaire suppl?mentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir achet?, ou s’il n’a pas ?t? achet? pour votre seule utilisation personnelle, vous ?tes pri?s de le renvoyer et d’acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le travail difficile de l’auteur. Il s’agit d’une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les ?v?nements et les incidents sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilis?s dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou mortes, n’est que pure co?ncidence. Image de couverture : Copyright ozgurdonmaz, utilis? en vertu d’une licence accord?e par Shutterstock.com. PAR BLAKE PIERCE LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) REACTION EN CHAINE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA A LA CHASSE (Tome 5) A VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) POLAR AVERY BLACK RAISON DE TUER (TOME 1) RAISON DE COURIR (TOME2) RAISON DE SE CACHER (TOME 3) RAISON DE CRAINDRE (TOME 4) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (TOME 1) DE MAUVAIS AUGURE (TOME 2) L’OMBLRE DU MAL (TOME 3) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#udcd241e1-590c-59ad-ac4e-43262c161199) CHAPITRE UN (#u26b6d1e2-621b-57c2-919c-943e06e0a7c5) CHAPITRE DEUX (#u14ac2ef9-dbbd-5a50-8576-7067e07247ae) CHAPITRE TROIS (#u876c089f-0351-5773-bcef-d645d4773cb3) CHAPITRE QUATRE (#ue9df0181-c1a3-59a0-abd5-c3c937f6e0c7) CHAPITRE CINQ (#ua0d58c99-4091-5b5d-8622-97472910aa49) CHAPITRE SIX (#u328243c0-a5a7-5811-921d-ff92b2abdfd3) CHAPITRE SEPT (#u72167da4-d1bc-5d0e-81a1-bdf3e918e60c) CHAPITRE HUIT (#u0ca2a7f1-8313-5f1a-bcb3-b04a29b4e5bd) CHAPITRE NEUF (#uab8d6acf-4402-5dc3-8a1f-0280f57ba9fc) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-ET-UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE TRENTE-QUATRE (#litres_trial_promo) PROLOGUE ? l'?ge de trente-neuf ans, Denice Napier ne pouvait se souvenir d'un hiver aussi froid que celui-ci. Alors que le froid ne l'avait jamais vraiment d?rang?e, c'?tait la morsure am?re du vent qui la g?nait. Elle sentit une rafale balayer les rives de la rivi?re Charles pendant qu'elle ?tait assise sur une chaise en toile, regardant ses enfants patiner, et elle retint son souffle. C'?tait la mi-janvier, et la temp?rature avait ? peine d?pass? les deux chiffres pendant la semaine et demie pass?e. Ses enfants, plus intelligents que ce qu'elle voulait admettre, savaient que des temp?ratures aussi extr?mes signifiaient que la plupart des tron?ons de la rivi?re Charles seraient compl?tement gel?s. C'est pourquoi elle ?tait all?e dans le garage et avait ressorti les patins ? glace pour la premi?re fois cet hiver. Elle les avait lac?s, avait aiguis? les lames et emball? trois thermos de cacao chaud, un pour elle et un pour chacun de ses enfants. Elle les regardait maintenant, patinant d'une rive ? l'autre avec cette vivacit? t?m?raire mais belle dont seuls les enfants sont capables. La partie sur laquelle ils ?taient venus, une section droite mais ?troite juste ? travers une bande de for?t ? deux kilom?tres de leur maison, ?tait compl?tement gel?e. Il y avait environ six m?tres d'une rive ? l'autre, et ensuite une ?tendue plus large d'environ neuf m?tres ou plus qui se jetait plus loin dans la rivi?re glaciale. Denice ?tait maladroitement all?e sur la glace et avait pos? de petits c?nes d'orange – ceux que ses enfants utilisaient parfois pour les exercices de football – pour leur montrer leurs limites. Elle les observait maintenant – Sam, neuf ans, et Stacy, douze – qui riaient ensemble et s'amusaient vraiment en compagnie l'un de l'autre. Ce n'?tait pas quelque chose qui arrivait tr?s souvent, de sorte que Denice ?tait pr?te ? supporter le froid glacial. Il y avait aussi quelques autres enfants. Denice en connaissait quelques-uns mais pas assez bien pour entamer une conversation avec leurs parents, qui ?taient ?galement assis sur la rive. La plupart des autres enfants sur la glace ?taient plus ?g?s, probablement en quatri?me ou troisi?me, d'apr?s ce que Denice pouvait voir. Il y avait trois gar?ons qui jouaient au hockey de mani?re tr?s d?sorganis?e, et une autre petite fille qui travaillait sa vrille. Denice v?rifia sa montre. Elle avait donn? ? ses enfants dix minutes de plus avant de rentrer ? la maison. Peut-?tre s'assi?raient-ils devant la chemin?e pour regarder quelque chose sur Netflix. Peut-?tre m?me un de ces films de super-h?ros que Sam commen?ait ? aimer. Ses pens?es furent interrompues par un cri per?ant. Elle jeta un regard et vit que Stacy ?tait tomb?e. Elle criait, le visage tourn? vers la glace. Chacune des intuitions maternelles travers?rent Denice ? cet instant-l?. Jambe cass?e, cheville tordue, commotion c?r?brale… Elle avait pass? en revue ? peu pr?s tous les sc?narios possibles au moment o? elle s'?lan?a sur la glace. Elle d?rapa et glissa tout en se dirigeant vers Stacy. Sam avait ?galement patin? jusqu'? elle et scrutait la glace, lui aussi. Seulement, Sam ne criait pas. Il avait l'air t?tanis?, en fait. « Stacy ? », demanda Denice, ? peine capable de s'entendre par-dessus les cris de Stacy. « Stacy, ch?rie, qu'est-ce qu'il y a ? » « Maman ? », dit Sam. « Qu'est-ce…qu'est-ce que c'est ? » Confuse, Denice atteignit finalement Stacy et tomba ? genoux ? c?t? d'elle. Elle semblait ?tre indemne. Elle cessa de crier une fois sa m?re l? avec elle, mais elle tremblait ? pr?sent. Elle pointait aussi un doigt vers la glace et essayait d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose. « Stacy, qu'est-ce qui ne va pas ? » Ensuite, Denice vit la forme sous la glace. C'?tait une femme. Son visage ?tait d'une p?le nuance de bleu et ses yeux ?taient grand ouverts. Elle regardait fixement ? travers la glace dans un ?tat de terreur p?trifi?e. Des cheveux blonds ondulaient par-ci par-l? depuis son cr?ne, fig?s dans une position d?sordonn?e. Le visage qui la regardait, les yeux ?carquill?s et la peau p?le, reviendrait dans ses cauchemars pendant les mois ? venir. Mais pour l'instant, tout ce que Denice pouvait faire ?tait crier. CHAPITRE UN Avery ne pouvait se souvenir de la derni?re fois qu'elle avait fait du shopping avec autant de d?sinvolture. Elle ne savait pas combien d'argent elle avait d?pens? car elle avait cess? d'y pr?ter attention apr?s le deuxi?me arr?t. En fait, elle avait ? peine regard? les tickets de caisse. Rose ?tait avec elle et cela, en soi, ?tait inestimable. Elle penserait peut-?tre diff?remment ? ce sujet quand la facture arriverait, mais pour l'instant cela en valait la peine. Avec pour preuve de son extravagance de petits sacs ? la mode pos?s ? ses pieds, Avery regarda de l'autre c?t? de la table vers Rose. Elles ?taient assises dans un endroit branch? du Leather District de Boston, un endroit que Rose avait choisi appel? “Caffe Nero”. Le caf? ?tait scandaleusement cher mais c'?tait le meilleur qu'Avery ait d?gust? depuis bien longtemps. Rose ?tait sur son t?l?phone et envoyait un message ? quelqu'un. D'habitude cela irritait Avery, mais elle apprenait ? laisser aller les choses. Si elle et Rose devaient un jour avoir de bonnes relations, il fallait pour cela des concessions mutuelles. Elle devait se rappeler ? elle-m?me que vingt-deux ans les s?paraient, et que Rose devenait une femme dans un monde tr?s diff?rent de celui dans lequel elle avait grandi. Quand Rose eut termin? avec son message, elle posa le t?l?phone sur la table et adressa ? Avery un regard d?sol?. « Pardon », dit-elle. « Ce n’est rien », r?pondit Avery. « Je peux demander qui c'est ? » Rose parut y r?fl?chir un instant. Avery savait que Rose travaillait ?galement sur la dimension de r?ciprocit? de leur relation. Elle n'avait toujours pas d?cid? de la quantit? d'informations sur sa vie personnelle qu'elle voulait confier ? sa m?re. « Marcus », dit Rose doucement. « Oh. Je ne savais pas qu'il ?tait encore d'actualit?. » « Il ne l'est pas. Pas vraiment. Enfin…je ne sais pas. Peut-?tre qu'il l'est. » Avery sourit en entendant cela. Elle se rappelait comment c'?tait quand les hommes ?taient d?routants et intrigants tout ? la fois. « Eh bien, vous sortez ensemble ? » « Je suppose que l'on pourrait dire ?a », dit Rose. Elle n'?tait gu?re loquace, mais Avery pouvait voir les nuances rouges monter sur les joues de sa fille. « Est-ce qu'il te traite bien ? », demanda Avery. « La plupart du temps. Nous voulons juste des choses diff?rentes. Ce n'est pas un gars tr?s ax? sur les objectifs. Sans but, en quelque sorte. » « Eh bien, tu sais que cela ne me d?range pas d'?couter pour des choses comme ?a », dit Avery. « Je suis toujours pr?te ? ?couter. Ou ? discuter. Ou t'aider ? d?molir les gars qui te font du mal. Avec mon travail…tu es ? peu pr?s la seule amie que j'ai. » Elle grima?a int?rieurement car cela paraissait niais, mais il ?tait maintenant trop tard pour retirer ces mots. « Je le sais, maman », dit Rose. Ensuite, avec un sourire, elle ajouta : « Et je ne peux pas te dire ? quel point ?a a l'air triste ». Elles partag?rent un ?clat de rire ? ce sujet mais en secret, Avery ?tait impressionn?e de voir combien Rose ?tait semblable ? elle ? cet instant. ? la seconde o? toute conversation devenait trop ?motionnelle ou personnelle, Rose avait tendance ? y mettre un terme avec du silence ou de l'humour. En d'autres termes, la pomme n'?tait pas tomb?e bien loin de l'arbre. Au milieu de leur rire, une adorable petite serveuse s'approcha, la m?me qui avait pris leurs commandes et leur avait servi leur caf?. « Je vous ressers ? », demanda-t-elle. « Pas pour moi », dit Avery. « Pareil pour moi », dit Rose. Ensuite, elle se leva alors que la serveuse prenait cong?. « En fait il faut que j'y aille », dit-elle. « J'ai ce rendez-vous avec le professeur r?f?rent dans une heure. » C'?tait encore une autre chose ? propos de laquelle Avery avait peur de faire toute une affaire. Elle ?tait ravie que Rose ait finalement d?cid? d'aller ? l'universit?. ? dix-neuf ans, elle avait fait les d?marches et avait pris des rendez-vous avec des conseillers dans un coll?ge communautaire bas? ? Boston. En ce qui concernait Avery, cela signifiait qu'elle ?tait pr?te ? commencer ? faire quelque chose de sa vie, mais qu'elle n'?tait pas tout ? fait pr?te ? abandonner les choses famili?res – ce qui pouvait inclure une relation tendue mais r?parable avec sa m?re. « Appelle-moi plus tard pour savoir comment ?a s'est pass? », dit Avery. « Je le ferai. Merci encore, maman. C'?tait ?tonnamment amusant. Il faudra qu'on le refasse un de ces jours. » Avery acquies?a en regardant sa fille partir. Elle avala la derni?re gorg?e de son caf? et se leva, rassemblant les quatre sacs pr?s de sa chaise. Apr?s les avoir regroup?s sur son ?paule, elle quitta le caf? et se dirigea vers sa voiture. Quand son t?l?phone sonna, ce fut toute une ?preuve pour r?pondre tout en portant les sacs. Elle se sentait stupide avec eux, en fait. Elle n'avait jamais ?t? une de ces femmes qui aimait faire du shopping. Mais cela avait ?t? un excellent exercice de r?conciliation avec Rose, et c'?tait ce qui importait. Apr?s avoir chang? tous les sacs d'?paule, elle put enfin atteindre le t?l?phone portable dans la poche int?rieure de son manteau. « Avery Black », dit-elle. « Black », dit la voix toujours bourrue et rapide du responsable de la Criminelle au A1 Dylan Connelly. « O? es-tu actuellement ? » « Le Leather District », dit-elle. « Qu’y a-t-il ? » « J'ai besoin de toi ? la rivi?re Charles, juste ? l'ext?rieur de la ville, pr?s de Watertown, aussi vite que possible. » Elle entendit le ton de sa voix, l'urgence, et son c?ur palpita. « Qu'est-ce qu'il y a ? », dit-elle, presque effray?e de demander. Il y eut une longue pause, suivie d'un lourd soupir. « Nous avons trouv? un corps sous la glace », dit-il. « Et il va falloir que tu vois celui-ci pour y croire. » CHAPITRE DEUX Avery arriva sur les lieux exactement vingt-sept minutes plus tard. Watertown, dans le Massachusetts, ? environ trente-deux kilom?tres en dehors des limites de la ville de Boston, n'?tait qu'une des nombreuses villes qui partageaient la rivi?re Charles avec Boston. Le Barrage de Watertown se tenait en amont du Pont Watertown. La zone autour du barrage ?tait principalement rurale, tout comme la sc?ne du crime sur laquelle elle se trouvait actuellement. Elle estima que le barrage ?tait encore ? vingt-quatre kilom?tres, tandis que la ville de Watertown ?tait encore ? six kilom?tres de route. Quand elle descendit jusqu'? la rivi?re, Avery se baissa pour passer sous un long ruban. La sc?ne du crime ?tait assez grande, la bande jaune d?limitait un ?norme rectangle depuis deux arbres le long de la rive jusqu'? deux barres d'acier que la police avait plant? dans la solide glace de la rivi?re. Connelly ?tait debout sur la rive et parlait avec deux autres agents. Sur la glace, une ?quipe de trois personnes ?tait pench?e sur la glace et l'observait. Elle d?passa Connelly et lui fit geste. Il regarda sa montre, lui adressa un regard impressionn? et agita la main. « La Scientifique peut te mettre au courant », dit-il. Cela lui convenait. Alors qu'elle appr?ciait de plus en plus Connelly ? chaque affaire, c'?tait encore mieux par petites quantit?s. Avery s'avan?a sur la glace, en se demandant si ses quelques fois sur une patinoire pendant ses ann?es de pr?adolescence pourraient bien lui servir. Apparemment, toutefois, ses aptitudes avaient depuis longtemps disparues. Elle marchait lentement, faisant attention ? ne pas glisser. Elle d?testait se sentir vuln?rable et pas compl?tement ma?tre de la situation, mais cette satan?e glace ?tait tellement glissante. « C'est bon », dit un des membres de la Scientifique, en remarquant qu'elle venait vers eux. « Hatch est tomb? sur les fesses ? trois reprises en venant par ici. » « Ferme-la », dit un autre membre de l'?quipe, vraisemblablement Hatch. Avery parvint finalement ? l'endroit o? ceux de la Scientifique ?taient rassembl?s. Ils ?taient pench?s en avant, et regardaient une portion de la glace proprement sectionn?e. En dessous, elle vit le corps d'une femme nue. Elle paraissait avoir une vingtaine d'ann?es. Hormis la peau p?le et partiellement gel?e, elle avait l'air plut?t ravissante. Superbe, en fait. La Scientifique avait r?ussi ? accrocher le corps sous les bras avec des perches en plastique. Chacune pr?sentait une extr?mit? en forme de U, recouverte de ce qui ressemblait ? une sorte de coton. ? droite de la glace coup?e, une simple couverture isolante attendait le corps. « Et elle a ?t? retrouv?e comme ?a ? » demanda Avery. « Ouais », dit l'homme dont elle supposa qu'il s'appelait Hatch. « Par des enfants, rien de moins. La m?re a appel? la police locale. Une heure et quinze minutes plus tard, nous voil?. » « Vous ?tes Avery Black, n'est-ce pas ? », demanda le troisi?me. « En effet. » « Il faut que vous v?rifiez les choses avant que nous l'emportions? » « Oui, si ?a ne vous d?range pas. » Tous trois recul?rent un peu. Hatch et celui qui l'avait interpel? pour ?tre tomb? sur les fesses s'accroch?rent aux perches en plastique. Avery se pencha plus pr?s ; les orteils de ses chaussures ?taient ? moins de quinze centim?tres de la glace bris?e et de l'eau libre. La glace sectionn?e lui permit de voir la femme depuis le front jusqu'? ses genoux. Elle ressemblait presque ? une figure de cire. Avery savait que les temp?ratures extr?mes pouvaient avoir quelque chose ? voir avec cela, mais il y avait autre chose dans son absence d'imperfections. Elle ?tait incroyablement – peut-?tre juste un peu plus de quarante-cinq kilos. Son visage rougi prenait une teinte bleue, mais ? part cela, il n'y avait pas d'atteintes – ni ?raflures, ni coupures, ni bleus ni m?me des boutons. Avery remarqua ?galement que, outre ses cheveux blonds mouill?s et partiellement gel?s, il n'y avait pas un seul poil sur son corps. Ses jambes ?taient parfaitement ras?es, tout comme sa r?gion pubienne. Elle ressemblait ? une poup?e ? taille r?elle. Avec un dernier regard sur le corps, Avery recula. « C'est bon », dit-elle ? l'?quipe de la Scientifique. Ils s'avanc?rent et compt?rent jusqu'? trois, extrayant lentement le corps de l'eau. Quand ils la sortirent, ils l'inclin?rent de telle sorte qu'elle atterrit surtout sur la couverture isolante. Avery nota qu'il y avait aussi une civi?re sous la couverture. Avec le corps compl?tement hors de l'eau, elle remarqua deux autres choses qui la frapp?rent, car ?tranges. Tout d'abord, la femme ne portait pas un seul bijou. Elle s'agenouilla et vit que ses oreilles ?taient perc?es, mais il n'y avait pas de boucles d'oreilles. Elle tourna ensuite son attention sur la seconde bizarrerie : les ongles des mains et des pieds de la femme ?taient soigneusement coup?s – au point de para?tre avoir ?t? manucur?s r?cemment. C'?tait ?trange, mais ce fut ce qui tira le plus les sonnettes d'alarme dans son esprit. Avec la chair glaciale qui devenait bleue sous ces ongles, il y avait quelque chose d'irr?el. C'est presque comme si elle avait ?t? lustr?e, pensa-t-elle. « C'est bon ici ? », lui demanda Hatch. Elle acquies?a. Pendant que tous trois recouvraient le corps et progressaient avec difficult? et pr?caution vers la rive avec le brancard, Avery resta pr?s de la portion de glace coup?e. Elle regarda dans l'eau, en r?fl?chissant. Elle plongea la main dans sa poche, ? la recherche d'un petit d?tritus, mais tout ce qu'elle put trouver ?tait un ?lastique qui s'?tait cass? net plus t?t dans la journ?e. « Black ? », demanda Connelly depuis la rive. « Qu'est-ce que tu fais ? » Elle regarda en arri?re et le vit debout pr?s de la glace, mais r?solu ? ne pas marcher dessus. « Je travaille », dit-elle. « Pourquoi tu ne patines pas jusqu'ici pour aider? » Il leva les yeux au ciel dans sa direction, et elle se retourna vers la glace. Elle laissa tomber l'?lastique cass? dans l'eau et le regarda monter et descendre pendant un moment. Ensuite, il prit lentement le courant atone de l'eau sous la glace. Il fut repouss? en-dessous sur sa gauche, plus loin vers Watertown. Donc elle a ?t? jet?e depuis un autre endroit, pensa Avery, en regardant la rivi?re en direction de Boston. Sur la rive, Connelly et l'agent avec lequel il parlait remontaient derri?re l'?quipe de la scientifique. Avery resta sur la glace, maintenant debout et droite. Elle commen?ait ? avoir tr?s froid tout en regardant son souffle s'?vaporer dans l'air. Mais quelque chose dans la temp?rature glaciale semblait la recentrer. Cela lui permettait de r?fl?chir, d'utiliser les l?gers craquements de la glace comme une sorte de m?tronome pendant qu'elle rassemblait ses id?es. Nue et sans une imperfection ou une ecchymose sur elle. Donc l'agression est exclue. Pas de bijoux, donc cela aurait pu ?tre un vol. Mais dans la plupart des cas un corps, apr?s avoir ?t? vol?, montrerait des signes de lutte…et cette femme ?tait impeccable. Et que dire de ces ongles et de l'absence totale de poils ailleurs que sur sa t?te? Elle marcha lentement vers la rive, regardant le long de la rivi?re gel?e jusque vers l'endroit o? elle dessinait un m?andre et poursuivait dans la direction de Boston. Il ?tait ?trange de penser combien la rivi?re Charles gel?e ?tait belle depuis l'Universit? de Boston alors que moins de vingt minutes auparavant, un corps en avait ?t? retir?. Elle releva le col de son manteau autour de son cou en retournant vers la rive. Elle arriva juste ? temps pour voir les portes arri?re de la fourgonnette de la Scientifique se refermer. Connelly s'approcha, mais il regardait derri?re elle en direction de l'eau glac?e. « Tu l'as bien vue ? », demanda Avery. « Ouais. Elle avait l'air d'un putain de jouet ou quelque chose comme ?a. Toute p?le et froide et… » « Et parfaite », dit Avery. « Tu as remarqu? qu'il n'y avait pas de poils sur elle ? Pas de contusions ni de bosses non plus. » « Ou de bijoux », ajouta Connelly. Avec un gros soupir, il l'interrogea : « Puis-je te demander quelles sont tes premi?res impressions ? » Elle ?tait bien plus dispos?e ? ?tre sans filtres avec Connelly maintenant. Elle l'avait ?t? depuis que lui et O'Malley lui avaient offert une promotion au grade de sergent deux mois auparavant. En contrepartie, ils semblaient plus pr?ts ? accepter d?s le d?part ses th?ories plut?t que de s'interroger sur tout ce qui sortait de sa bouche. « Ses ongles ?taient parfaitement coup?s », dit-elle. « C'est comme si elle venait tout juste de sortir d'un salon avant d'?tre jet?e dans la rivi?re. Ensuite, il y a le manque de poils partout. Un seul de ces ?l?ments est d?j? assez ?trange, mais ensemble ?a crie le geste intentionnel pour moi. » « Tu penses que quelqu'un l'a nettoy?e avant de la tuer ? » « On dirait ?a. C'est presque comme au d?p?t mortuaire o? l’on fait para?tre les morts aussi pr?sentable que possible pour l'ouverture du cercueil. Celui qui a fait ?a l'a nettoy?e. L'a ras?e et lui a fait les ongles. » « Une id?e de la raison ? » Avery haussa les ?paules. « Je ne peux que sp?culer pour le moment. Mais je peux te dire une chose que tu ne vas probablement pas beaucoup aimer. » « Ah bon sang », dit-il en sachant ce qui allait venir. « Ce mec a pris son temps…m?me pas dans le meurtre, mais dans ce ? quoi le corps ressemblerait quand il serait trouv?. Il avait la volont?. La patience. Sur la base de cas similaires, je peux presque te garantir qu'elle ne sera pas la seule. » Avec un autre de ses soupirs caract?ristiques, Connelly sortit son t?l?phone de sa poche. « Je vais convoquer une r?union au A1 », dit-il. « Je leur ferai savoir que nous avons un potentiel de tueur en s?rie. » CHAPITRE TROIS Avery supposait que, si elle devait accepter le poste de sergent, il faudrait qu'elle surmonte sa haine de la salle de conf?rence du A1. Elle n'avait rien contre la pi?ce en soi. Mais elle savait qu'une r?union tenue en son sein si peu de temps apr?s la d?couverte d'un corps signifiait qu'il y aurait des discussions et des d?bats, dont la plupart auraient pour but de d?monter ses th?ories. Peut-?tre qu'en tant que sergent cela prendra-t-il fin, pensa-t-elle en entrant dans la pi?ce. Connelly ?tait ? la t?te de la table et remuait des papiers. Elle pensait qu'O'Malley serait bient?t l?. Il avait sembl? beaucoup plus pr?sent lors de toutes les r?unions auxquelles elle avait pris part depuis qu'ils lui avaient propos? le poste de sergent. Connelly leva les yeux vers elle ? travers la foule croissante compos?e d'autres agents. « Les choses avancent rapidement sur celle-ci », dit-il. « Le corps extrait de la rivi?re a ?t? identifi? il y a exactement cinq minutes. Patty Dearborne, vingt-deux ans. Une ?tudiante de l'Universit? de Boston et originaire d'ici. ? l'heure actuelle, c'est tout ce que nous savons. Les parents devront ?tre inform?s une fois la r?union termin?e. » Il fit glisser un dossier qui ne contenait que deux feuilles de papier. L’une pr?sentait une photographie tir?e du profil Facebook de Patty Dearborne. La seconde en montrait trois autres, toutes prises sur le fleuve Charles plus t?t dans la journ?e. Le visage de Patty Dearborne ?tait pr?sent sur chacune d'elles, ses paupi?res violac?es ferm?es. Dans une association de pens?es morbide, Avery essaya de voir le visage de la jeune femme de la m?me mani?re qu'un tueur pourrait le faire. Patty ?tait magnifique, m?me dans la mort. Elle poss?dait un corps qu'Avery elle-m?me aurait consid?r? comme trop maigre, mais les hommes ?cumant les bars auraient saliv? dessus. Elle fit appel ? cette mentalit?, essayant de d?terminer pourquoi un tueur choisirait une telle victime s'il n'y avait pas d'implications sexuelles. Peut-?tre recherche-t-il de belles choses. La question, bien s?r, ?tait de savoir s'il ?tait apr?s ces belles choses pour flirter avec elles ou pour les d?truire. Appr?cie-t-il la beaut? ou veut-il l'an?antir ? Elle ignorait combien de temps elle avait r?fl?chi ? ce sujet. Tout ce qu'elle savait, c'?tait qu'elle sursauta un peu lorsque Connelly ramena l'ordre dans la r?union. Il y avait en tout neuf personnes dans la salle de conf?rence. Elle vit que Ramirez ?tait entr? discr?tement. Il ?tait assis pr?s de Connelly, et feuilletait le m?me type de dossier que Connelly lui avait donn? quelques instants avant. Il l'a senti apparemment le regarder, leva les yeux et lui sourit. Elle lui retourna son sourire quand Connelly commen?a. Elle baissa tout de suite le regard, ne voulant pas ?tre trop manifeste. Alors que presque tout le monde dans le commissariat savaient qu'elle et Ramirez ?taient un couple maintenant, ils pr?f?raient encore essayer de ne pas le d?voiler. « Tout le monde a d? ?tre inform? ? pr?sent », dit Connelly. « Pour ceux d'entre vous qui ne l'ont pas ?t?, la femme a ?t? identifi?e comme Patty Dearborne, une troisi?me ann?e de l'Universit? de Boston. Elle a ?t? trouv?e dans la rivi?re Charles juste ? l'ext?rieur de Watertown, mais elle est originaire de Boston. Comme l'a fait remarquer l'inspectrice Black dans le briefing que vous avez tous re?u, le courant de la rivi?re sugg?re que le corps a ?t? jet? ailleurs. La Scientifique suppose que son corps est rest? dans l'eau pendant vingt-quatre heures. Ces deux ?l?ments s'ajoutent au fait que l'endroit probable d'o? elle a ?t? jet?e se trouve quelque part ? Boston. » « Monsieur », s'exprima l'agent Finley. « Pardonnez-moi de demander, mais pourquoi ne pensons-nous m?me pas au suicide ? Le briefing affirme qu'il n'y avait pas de bleus et aucun signe de lutte. » « Je l'ai exclu presque imm?diatement quand j'ai vu que la victime ?tait nue », dit Avery. « Bien que le suicide soit habituellement pris en consid?ration, il est tr?s peu probable que Patty Dearborne se soit d?v?tue avant de sauter dans la rivi?re Charles. » Elle d?testa presque descendre en flammes les id?es de Finley. Elle le voyait devenir un excellent agent de semaine en semaine. Il avait m?ri au cours de la derni?re ann?e, se m?tamorphosant du personnage de gar?on de fraternit? que la plupart des gens connaissait en un agent travaillant dur. « Mais pas de contusions », dit un autre agent. « Cela semble ?tre une preuve ?vidente. » « Ou une preuve que ce n'?tait pas un suicide », soutint Avery. « Si elle avait saut? de n'importe quelle hauteur sup?rieure ? deux m?tres cinquante ou trois m?tres, il y aurait eu des ecchymoses visibles sur son corps en raison de l'impact. » « La Scientifique est d'accord avec ?a », dit Connelly. « Ils vont bient?t envoyer un rapport plus complet, mais ils sont pratiquement s?rs de ?a. » Il regarda ensuite Avery et fit un geste vers la table en balayant de la main. « Qu'avez-vous d'autre, inspectrice Black ? » Elle prit un moment pour discuter des choses qu'elle avait signal?es ? Connelly – des d?tails qui ?taient dans le briefing. Elle mentionna les ongles coup?s et vernis, le manque de poils et l'absence de bijoux. « Une autre chose ? souligner », ajouta-t-elle, « c’est qu'un tueur qui se donne tant de mal pour rendre ses victimes pr?sentables sugg?re soit une admiration biais?e pour la victime, soit une sorte de regret. » « Regret ? », demanda Ramirez. « Oui. Il l'a par?e et l'a rendue aussi belle que possible peut-?tre parce qu'il ne voulait pas la tuer. » « Jusqu'? raser...ses parties inf?rieures ? », demanda Finley. « Oui. » « Et dites-leur pourquoi vous pensez que nous avons affaire ? un tueur en s?rie ici, Black », dit Connelly. « Parce que m?me s'il s'agissait d'une erreur, le fait que le tueur ait fait ses ongles et l'ait ras? d?note de la patience. Et quand vous ajoutez cela au fait que cette femme ?tait assez jolie et exempte de d?fauts, cela me fait penser qu'il est attir? par la beaut?. » « Il a une dr?le de mani?re de le montrer », dit quelqu'un d'autre. « Ce qui me ram?ne ? l'id?e que peut-?tre il ne voulait pas la tuer. » « Donc tu penses que c'?tait comme un rendez-vous qui aurait mal tourn? ? », demanda Finley. « Nous ne pouvons pas encore ?tre s?rs », dit-elle. « Mais ma premi?re r?action est de dire non. S'il a ?t? aussi circonspect et prudent quant ? son aspect avant de jeter le corps, je pense qu'il a probablement pris autant de soin ? la s?lectionner. » « En la s?lectionnant pour quoi, Black ? », demanda Connelly. « Je pense que c'est ce dont nous devons d?couvrir. Esp?rons que la Scientifique aura quelques r?ponses pour nous mettre sur la bonne voie. « « Alors que faisons-nous en attendant ? », demanda Finley. « On s'active », dit Avery. « On creuse autant que possible dans la vie de Patty Dearborne, en esp?rant trouver un indice qui nous aidera ? trouver ce gars avant qu'il ne recommence. » Lorsque la r?union fut termin?e, Avery traversa la salle de conf?rence pour avoir un mot avec Ramirez. Quelqu'un devait informer les parents de Patty Dearborne et elle avait le sentiment qu'il fallait qu'elle le fasse. Parler aux parents frapp?s par le deuil, tout en ?tant incroyablement difficile et ?motionnellement ?puisant, ?tait g?n?ralement l'un des meilleurs moyens pour trouver une piste d'entr?e de jeu. Elle voulait Ramirez avec elle, voulait continuer ? travailler sur l'?quilibre entre leur vie personnelle et professionnelle. C'?tait encore d?licat, mais ils s'y habituaient. Avant qu'elle n’arrive ? lui, cependant, O'Malley entra dans la pi?ce. Il parlait au t?l?phone, manifestement press?. Qu'elle que soit la chose ? laquelle il avait ? faire, cela avait d? ?tre urgent pour qu'il ait manqu? la r?union sur l'affaire Patty Dearborne. Il se tint pr?s de la porte, attendit que tous sauf Avery, Ramirez et Connelly soient partis, puis ferma la porte. Il mit fin ? son appel avec un rapide et presque impoli « Ouais, plus tard », puis prit une profonde inspiration. « D?sol? d'avoir manqu? la r?union », dit-il. « Quelque chose d'important a ?t? soulev? ? » « Non », dit Connelly. « Nous avons l'identit? de la femme et maintenant il faut l'annoncer ? sa famille. Nous partons du principe que celui qui a fait ?a va le faire ? nouveau. » « Black, pouvez-vous m'envoyer un rapport rapide expliquant les d?tails ? », demanda O'Malley. « Oui, monsieur », dit-elle. Il ne lui demandait jamais de petites choses telles que ?a. Elle se demandait si c'?tait un autre de ses tests pas si subtils. Elle avait remarqu? qu'il avait ?t? plus indulgent avec elle au cours des semaines pass?es, plus dispos? ? lui confier plus de responsabilit?s sans ing?rence. Elle ?tait s?re que tout cela devait avait ? voir avec le fait qu'ils lui aient demand? de prendre le grade de sergent. « Tant que vous ?tes tous les deux ici », dit O'Malley en regardant Avery et Ramirez, « j'aimerais vous dire un mot. Quelques mots, en fait…et je n'ai pas beaucoup de temps, donc je serai rapide. Tout d'abord…je suis totalement d'accord que vous vous voyiez en dehors du travail. J'ai longuement r?fl?chi ? vous s?parer au A1 mais merde…vous travaillez bien ensemble. Donc, tant que vous deux pouvez tol?rer les blagues en interne et les rumeurs, vous resterez ?quipiers. ?a vous va ? » « Oui, monsieur », dit Ramirez. Avery hocha de la t?te en accord. « Une deuxi?me chose…Black. Pour l'affaire du poste de sergent…je vais bient?t avoir besoin d'une d?cision. Du genre, dans les quarante-huit heures. J'ai essay? d'?tre patient, de vous permettre de r?soudre vos probl?mes. Mais cela fait plus de deux mois maintenant. Je pense que c'est suffisant. » « C'est assez », dit-elle. « Je vous en informerai demain. » Ramirez lui adressa un air surpris. ? dire vrai, sa r?ponse l'avait surprise elle aussi. Au plus profond d'elle-m?me, cependant, elle pensait qu'elle savait ce qu'elle voulait. « Maintenant, sur cette affaire de la fille-dans-la-rivi?re », dit O'Malley. « Elle est officiellement ? vous, Black. Prenez Ramirez avec vous, mais restez professionnels. » Avery fut un peu embarrass?e de se sentir rougir. Ah mon Dieu, pensa-t-elle. D'abord une vir?e shopping et maintenant je rougis pour un gar?on. Bon sang mais que m'est-il arriv? ? Pour garder les choses en mouvement et ne pas ?tre d?sar?onn?e, Avery ramena les choses directement ? l'affaire. « Je voudrais ?tre celle qui informe la famille. » « Nous pouvons d?l?guer ?a ? quelqu'un d'autre », sugg?ra Connelly. « Je sais. Mais aussi terrible que cela puisse para?tre, les parents recevant des nouvelles si terribles sont g?n?ralement la meilleure source d'informations. Tout est brut et franc. » « Mon dieu, c'est assez froid », dit Connelly. « Mais efficace », dit O'Malley. « Bien, Black. Il est seize heures cinquante. Avec de la chance, vous les attraperez ? la sortie du travail. Je vais m'assurer que quelqu'un vous envoie l'adresse dans les dix prochaines minutes. Maintenant, mettez-vous y. Ce sera tout. » Avery et Ramirez prirent cong?. Dehors dans le hall, ceux qui avaient des horaires de bureau commen?aient ? terminer leur journ?e. Mais pour Avery, la journ?e ?tait loin d'?tre termin?e. En fait, avec la t?che d'annoncer la nouvelle de la mort d'une jeune femme ? ses parents qui l'attendait, Avery pensait que cela allait s'av?rer ?tre une longue nuit. CHAPITRE QUATRE Les Dearbornes vivaient dans une petite maison au charme d?suet ? Somerville. Avery relut les informations qui lui avaient ?t? envoy?es par sms et par mail pendant que Ramirez conduisait. Patty Dearborne avait ?t? une excellente ?l?ve durant sa derni?re ann?e ? l'Universit? de Boston, avec l'intention de devenir conseill?re pour une clinique du comportement. Sa m?re, Wendy, ?tait une infirmi?re en traumatologie qui alternait entre deux h?pitaux diff?rents dans la r?gion. Le p?re de Patty, Richard, ?tait directeur du d?veloppement commercial d'une grande entreprise de t?l?communications. Ils formaient une famille ais?e sans un seul accroc dans leur dossier. Et Avery ?tait sur le point de leur dire que leur fille ?tait morte. Non seulement morte, mais aussi qu'elle avait ?t? jet?e dans une rivi?re glaciale compl?tement nue. « Alors », dit Ramirez pendant qu'ils serpentaient ? travers les petites rues rustiques des quartiers de Somerville. « Est-ce que tu vas accepter le poste de sergent ? » « Je ne le sais pas encore », dit-elle. « Une petite id?e ? » Elle y r?fl?chit pendant un moment puis secoua la t?te. « Je ne veux pas en parler maintenant. Cela parait si peu compar? ? ce que nous nous appr?tons ? faire. » « H?, tu t'es port?e volontaire pour ?a », souligna-t-il. « Je sais », dit-elle, toujours incertaine de la raison pour laquelle elle avait fait ?a. Oui, l'id?e d'obtenir une bonne piste ?tait sinc?re, mais elle avait l'impression qu'il y avait autre chose. Patty Dearborne avait seulement trois ans de plus que Rose. Il ?tait bien trop facile de voir le visage de Rose sur ce corps gel?. Pour une raison ?trange, cela donnait le sentiment ? Avery qu'elle devait apprendre la nouvelle ? la famille. Peut-?tre ?tait-ce l'instinct maternel, mais, ?trangement, elle pensait qu'elle le devait aux parents. « Alors laisse-moi te demander ceci », dit-il. « Qu'est-ce qui te rend tellement s?re que ce n'est pas juste un ?v?nement unique ? Peut-?tre qu'un ex-petit ami a-t-il perdu le contr?le de ses nerfs. Peut-?tre que ce n'?tait qu'une fois. » Elle sourit bri?vement parce qu'elle savait qu'il ne se disputait pas avec elle. Pas vraiment. Elle avait remarqu? qu'il aimait avoir un aper?u de la fa?on dont son esprit fonctionnait. Sa r?futation de ses th?ories ?tait simplement un moyen de la pr?parer. « Parce que sur la base de ce que nous savons sur le corps, ce type est minutieux et m?ticuleux. Un ex-petit ami enrag? n'aurait pas ?t? si attentif ? ne pas laisser de bleus. Les ongles de ses mains et de ses pieds sont l'argument d?cisif pour moi. Quelqu'un a pris son temps pour ?a. J'esp?re que les parents seront en mesure de nous ?clairer pour mieux comprendre quel genre de femme ?tait Patty. Si nous en savons plus sur elle, nous saurons exactement l'?tendue du travail de pr?paration effectu? par celui qui a jet? le corps. » « En parlant de ?a », dit Ramirez, en montrant du doigt devant eux. « Nous y voil?. Tu es pr?te pour ?a ? » Elle prit une profonde inspiration tremblante. Elle aimait son travail mais c'?tait la seule partie qu'elle redoutait absolument. « Ouais, allons-y », dit-elle. Avant que Ramirez n'ait eu le temps de dire un autre mot, Avery ouvrit la porte et sortit. Elle se pr?para mentalement. *** Avery savait que pas deux personnes ne r?agissaient au chagrin de la m?me mani?re. C'est pourquoi elle ne fut pas du tout ?tonn?e quand, quinze minutes plus tard, Wendy Dearborne ?tait presque en ?tat de choc alors que Richard Dearborne n'?tait qu'une ?pave, bruyant et dans tous ses ?tats. ? un moment donn?, elle craignit de le voir devenir violent quand il frappa un vase sur la table de la cuisine et l'envoya au sol. Le poids de la nouvelle pesait lourdement dans la pi?ce. Avery et Ramirez ?taient rest?s silencieux, ne parlant que lorsqu'on leur posait une question. Dans le silence, Avery vit deux photographies de Patty dans le salon ; l’une ?tait sur le manteau de la chemin?e, l'autre ?tait une toile accroch?e sur le mur oppos? du salon. L'impression qu'avait eue Avery ?tait bonne. Cette fille ?tait absolument magnifique. ? pr?sent, Wendy et Richard ?taient tous deux assis sur le canap? dans le salon. Wendy avait un peu repris le contr?le d'elle-m?me, laissant parfois ?chapper un sanglot d?chirant, appuy?e sur l'?paule de Richard. Avec des larmes coulant sur son visage, Richard regarda Avery. « Pouvons-nous la voir ? Quand pouvons-nous la voir ? » « ? l'heure actuelle, la Scientifique essaie toujours de d?terminer ce qui a pu lui arriver. Comme vous pouvez l'imaginer, l'eau froide et les temp?ratures glaciales rendent plus difficile la recherche d'indices ou de preuves. En attendant, il y a quelques questions que je voudrais vous poser qui pourraient nous aider ? trouver des r?ponses. » Tous deux arboraient sur leur visage une expression de confusion et d'horreur absolue, mais il ?tait ?vident que Wendy ne serait d'aucune utilit?. Elle ?tait mur?e dans le silence, et parcourait occasionnellement le salon des yeux pour s'assurer qu'elle savait o? elle se trouvait. « Bien s?r, quelles que soient les questions que vous ayez », dit Richard. Avery pensait que l'homme ?tait solide en son for int?rieur – et essayait peut-?tre de trouver des r?ponses par lui-m?me. « Je sais que cela va sembler ?tre une question ?trange », dit Avery. « Mais Patty ?tait-elle le genre de fille qui prend beaucoup de soin ? se pomponner et ? se manucurer ? Des choses comme ?a ? » Richard laissa ?chapper un g?missement et secoua la t?te. Il pleurait encore mais ?tait au moins capable d'articuler quelques mots entre ses sanglots. « Pas du tout. En fait, c'?tait une sorte de gar?on manqu?. N'importe quel jour donn?, je parie que vous auriez trouv? de la salet? sous ses ongles plut?t que du vernis dessus. Elle se maquillait de temps en temps, mais seulement lors d'occasions sp?ciales. Elle accordait parfois beaucoup d'attention ? ses cheveux, mais elle n'est pas – elle n'?tait pas, une fille f?minine, vous voyez ? » Se corriger au fur et ? mesure parut accabler Richard Dearborne. Avery dissimula sa propre petite grimace tandis que son c?ur se brisait pour lui. Cela suffit pour la faire d?cider de ne pas poser la question suivante qu'elle avait pr?vue - une question sur la fr?quence ? laquelle Patty se rasait les jambes. Avery pensait qu'il ?tait probable que, si elle ?tait un gar?on manqu? s'occupant peu de ses ongles, elle n'?tait probablement pas obs?d?e par le fait de se raser les jambes. Il n'?tait pas n?cessaire de poser la question ? un homme qui venait tout juste de perdre sa fille. « Connaissez-vous des ennemis ? Patty ? Quelqu'un avec qui elle a eu des probl?mes ? » La question prit un moment ? ?tre assimil?e. Quand ce fut enfin fait, la lueur de col?re qu'elle avait vu plus t?t chez lui revint dans les yeux revint de Richard Dearborne. Il se leva du canap? mais fut maintenu sur place par la main de sa femme sur son poignet. « Cet enfoir? », cracha Richard. « Oui. Oh oui, je peux penser ? quelqu'un et je vous parie n'importe quoi…oh mon Dieu… » « Monsieur Dearborne ? », demanda Ramirez. Il s'?tait lev? lentement, anticipant peut-?tre une sorte d'acc?s de col?re de la part de Richard. « Allen Haggerty. C'?tait un petit ami de lyc?e qui n'a pas voulu l?cher prise lorsque les choses ont fini par se terminer apr?s deux ans ? l'universit?. » « A-t-il caus? des probl?mes ? », demanda Ramirez. « Ouais. Tant et si bien que Patty a d? obtenir une ordonnance de protection contre lui. Il l'attendait en dehors de ses salles cours. ?a s'est tellement aggrav? que Patty a v?cu ici l'ann?e derni?re parce qu'elle ne se sentait pas en s?curit? dans le dortoir. » « Est-ce qu'il est d?j? devenu violent ? », demanda Avery. « S'il l'a ?t?, Patty n'a jamais rien dit. Je sais qu'il a essay? de la toucher – des c?lins, des baisers, des choses comme ?a. Mais elle n'a jamais rien dit ? propos de coups. » « Le mot… » La voix de Wendy Dearborne ?tait si l?g?re qu'elle ?tait comme du vent. Elle ne regardait toujours pas Avery ou Ramirez. Ses yeux ?taient baiss?s, sa bouche partiellement ouverte. « Quel mot ? », demanda Avery. « Un mot que Patty ne nous a jamais montr?, mais nous l'avons trouv? dans ses poches en faisant la lessive pendant qu'elle vivait ici », dit Richard. « Ce sale type a laiss? un mot accroch? ? la porte de son dortoir. Elle ne l'a jamais dit, mais nous pensons que ?a a ?t? le facteur d?cisif dans son r?am?nagement ici. Je ne m'en souviens pas mot pour mot, mais il parlait de la fa?on dont il a pens? se tuer parce qu'il ne pouvait pas l'avoir, mais comment parfois cela le mettait en col?re. Quelque chose de sombre sur le fait que s'il ne pouvait pas l'avoir, personne ne le pourrait. » « Avez-vous encore le mot ? », demanda Avery. « Non. Lorsque nous avons confront? Patty ? ce sujet, elle l'a jet?. » « Combien de temps est-elle rest?e ici ? », demanda Avery. « Jusqu'? l'?t? dernier », r?pondit Richard. « Elle a dit qu'elle ?tait fatigu?e de vivre dans la peur. Nous avons pris la d?cision que si quelque chose se produisait de nouveau avec Allen, nous impliquerions directement la police. Et maintenant…maintenant ?a… » Un lourd silence recouvrit la pi?ce, jusqu'? ce que finalement il l?ve les yeux vers eux. Avery pouvait sentir le chagrin et la col?re du p?re dans ce regard. « Je sais que c'est lui », dit-il. CHAPITRE CINQ Pendant qu'Avery et Ramirez surveillaient le p?t? de maisons entourant l'adresse d'Allen Haggerty, elle re?ut le dossier de ce dernier par mail. Elle fut surprise de trouver peu de choses ? l'int?rieur. Il avait eu trois amendes pour exc?s de vitesse depuis l'?ge de dix-sept ans et avait ?t? bri?vement arr?t? lors d'une manifestation essentiellement non-violente ? New York quatre ans auparavant, mais rien de grave. Peut-?tre ?tait-il devenu un peu dingue quand Patty avait essay? de le quitter, pensa-t-elle. Elle savait que cela arrivait de temps en temps. C'?tait, en fait, l'une des excuses les plus connues de la part des maris violents qui battaient leurs femmes. Cela se r?duisait ? de la jalousie, un manque de contr?le et un sentiment de vuln?rabilit?. Personne n'?tait ? la maison, alors en moins d'une heure et demie apr?s avoir appris aux Dearborn que leur fille ?tait d?c?d?e, il y avait une alerte ? toutes les patrouilles pour lui. Tout en quadrillant le quartier, Ramirez montra une fois encore ? Avery combien il ?tait au diapason avec elle. « Tout cela te fait penser ? Rose, n'est-ce pas ? », demanda-t-il. « En effet », admit-elle. « Comment tu as compris ? » Il sourit. « Parce que je connais tr?s bien ton visage. Je sais quand tu es ?nerv?e, je sais quand tu es embarrass?e, mal ? l'aise, et heureuse. J'ai ?galement remarqu? comment tu t'es rapidement d?tourn?e des images de Patty dans la maison Dearborne. Patty n'?tait pas beaucoup plus ?g?e que Rose. J'ai compris. Est-ce la raison pour laquelle tu as insist? pour apprendre la nouvelle ? ses parents ? » « Oui. Bien jou?. » « ?a arrive de temps en temps », dit-il. Ce ne fut pas avant dix heures huit que le t?l?phone d'Avery sonna. Connelly ?tait ? l'autre bout de la ligne, l'air ? la fois fatigu? et excit?. « Nous avons localis? Allen Haggerty sortant d'un bar dans le Leather District », dit-il. « Nous avons deux de nos gars qui le tiennent pour vous. Quand pourrez-vous ?tre l? ? » Le Leather District, pensa-t-elle. C'est l? que Rose et moi ?tions plus t?t aujourd'hui, ? penser combien nos vies ?taient agr?ables et ? r?parer timidement notre relation. Et maintenant, il y a un tueur potentiel au m?me endroit. ?a parait…bizarre. Comme revenir ? son point de d?part, d'une ?trange mani?re. « Black ? » « Dix minutes », r?pondit-elle. « Quel bar ?" Elle nota les informations et ainsi, Ramirez les conduisit exactement dans la m?me zone de la ville o? elle avait, moins de douze heures auparavant, profit? d'un moment avec sa fille. Savoir que c'?tait une chose que Wendy Dearborne ne pourrait plus jamais refaire pesait lourd sur son c?ur. Cela la mettait ?galement un peu en col?re. Franchement, elle ?tait impatiente de cuisiner ce salaud. *** Les deux officiers qui avaient localis? Allen Haggerty semblaient heureux de leur remettre. L'un des agents ?tait un gars qu'Avery avait assez bien appris ? conna?tre - un homme plus ?g? qui prendrait probablement sa retraite dans quelques ann?es. Il s'appelait Andy Liu et semblait toujours avoir un sourire sur le visage. Mais pas pour le moment. Pour le moment, il semblait irrit?. Tous les quatre se retrouv?rent ? l'ext?rieur de la voiture de patrouille d'Andy Liu. Sur le si?ge arri?re, Allen Haggerty leur jeta un regard, d?sorient? et manifestement ?nerv?. Quelques personnes qui passaient par l? pour faire la tourn?e des bars un vendredi soir essay?rent de voir ce qu'il se passait sans ?tre trop indiscr?tes. « Il vous a pos? des probl?mes ? », demanda Ramirez. « Pas vraiment », dit l'?quipier d'Andy. « Il est juste un peu ivre. Nous ?tions presque pr?ts ? l'emmener au commissariat et ? lui fournir une belle salle d'interrogatoire, mais O'Malley a dit qu'il voulait que vous lui parliez avant que nous prenions ce genre de d?cision." » « Est-ce qu'il sait pourquoi nous voulons lui parler ? », demanda Avery. « Nous lui avons dit pour la mort de Patty Dearborne », dit Andy. « C'est l? qu'il a vraiment perdu ses esprit. J'ai essay? de garder les choses polies dans le bar, mais ? la fin, j'ai d? le menotter. » « C'est bon », dit Avery. Elle regarda ? l'arri?re de la voiture de patrouille et fron?a les sourcils. « ?a vous g?ne si on emprunte votre voiture une seconde ? » « Allez-y », dit Andy. Avery a pris le c?t? conducteur pendant que Ramirez se glissait sur le si?ge passager. Ils se tourn?rent sur le c?t? pour regarder facilement Allen ? l'arri?re. « Alors, comment ?a s'est pass? ? », demanda Allen. « Comment est-elle morte ? » « Ce n'est pas encore clair », dit Avery, qui ne voyait aucune raison d'?tre vague avec lui. Elle avait appris depuis longtemps que l'honn?tet? ?tait toujours la meilleure approche si vous vouliez avoir une bonne lecture d'un suspect potentiel. « Son corps a ?t? d?couvert dans une rivi?re gel?e, sous la glace. Nous n'avons pas suffisamment d'informations pour savoir si c'est ce qui l'a tu?e ou si elle a ?t? tu?e avant d'?tre jet?e dans la rivi?re. » C'?tait peut-?tre un peu dur, pensa Avery en observant un l?ger bouleversement gagner le visage d'Allen. Pourtant, voir cette expression sinc?re sur son visage ?tait tout ce dont elle avait besoin pour avoir le sentiment qu'Allen Haggerty n'avait rien ? voir avec la mort de Patty. « Quand l'avez-vous vue pour la derni?re fois ? », demanda Avery. Il ?tait clair qu'il devait lutter pour penser. Avery ?tait presque s?re que, d'ici la fin de la nuit, Allen verserait plus que quelques larmes sur son amour perdu ? pr?sent d?c?d?. « Il y a un peu plus d'un an, je crois », r?pondit-il. « Et c'?tait une pure co?ncidence. Je suis tomb? sur elle alors qu'elle sortait d'une ?picerie. Nous nous sommes regard?s pendant quelque chose comme deux secondes, puis elle s'est pr?cipit?e. Et je ne le lui reproche pas. J'ai ?t? un imb?cile envers elle. Je suis devenu assez obs?d?. » « Et il n'y a eu aucun contact depuis lors ? », demanda Avery. « Aucun. J'ai fait face aux faits. Elle en avait termin? avec moi. Et ?tre obs?d? par quelqu'un n'est vraiment pas une fa?on de se les concilier, vous savez ? » « Connaissez-vous quelqu'un dans sa vie qui pourrait ?tre capable de lui faire une telle chose ? », demanda Ramirez. Encore une fois, l’effort fut visible dans les yeux d'Allen tandis qu'il essayait de reconstituer le puzzle. Pendant qu'il y r?fl?chissait, le t?l?phone d'Avery sonna. Elle regarda l'?cran et vit que c'?tait O'Malley. « Ouais ? », demanda-t-elle en r?pondant rapidement. « O? ?tes-vous ? », demanda-t-il. « Nous parlons avec l'ex-petit ami. » « Est-il possible qu'il soit celui que nous recherchons ? » « Tr?s peu probable », r?pondit-elle, en continuant ? regarder la douleur envahir le visage d'Allen, sur le si?ge arri?re. « Bien. J'ai besoin de vous au poste en quatri?me vitesse. » « Est-ce que tout va bien ? », demanda-t-elle. « Cela d?pend de la mani?re dont vous voyez les choses », r?pondit O'Malley. « Nous venons tout juste de recevoir une lettre de la part du tueur. » CHAPITRE SIX Avant m?me qu'Avery et Ramirez aient pu entrer dans le commissariat, Avery put dire que la situation ?tait devenue incontr?lable. Elle dut soigneusement man?uvrer la voiture ? travers le parking du A1 pour ne pas percuter de journalistes ou les fourgonnettes des cha?nes t?l?vis?es. L'endroit ?tait devenu un v?ritable cirque et ils n'?taient m?me pas encore rentr?s. « ?a a l'air mauvais », dit Ramirez. « En effet », dit-elle. « Bordel, comment la presse a-t-elle d?couvert pour cette lettre si elle est directement arriv?e au commissariat ? » Ramirez ne put que hausser les ?paules tandis qu'ils sortaient de la voiture et se pr?cipitaient ? l'int?rieur. Quelques journalistes se mirent en travers du chemin, et l'un d'entre eux fit pratiquement un ?cart devant Avery. Elle a failli le heurter mais l'?vita juste ? temps. Elle l'entendit la traiter de salope dans sa barbe, mais c'?tait le moindre de ses pr?occupations. Ils se fray?rent un passage jusqu'? la porte, avec des journalistes vocif?rant pour obtenir leurs commentaires et les flashs qui se d?clenchaient. Avery sentit son sang bouillir et aurait donn? n'importe quoi en cet instant pour assener un coup de poing directement dans le nez d'un de ces journalistes curieux. Quand ils arriv?rent enfin dans le commissariat, avec les portes ferm?es et solidement verrouill?es derri?re eux, elle vit qu'? l'int?rieur ce n'?tait gu?re mieux. Elle avait vu le A1 en ?tat d'urgence et de confusion auparavant, mais ceci ?tait quelque chose de nouveau. Peut-?tre qu'il y a une fuite au A1, pensa Avery pendant qu'elle marchait rapidement vers le bureau de Connelly. Cependant, avant qu'elle ne l'atteigne, elle le vit sortir en trombe dans le couloir. O'Malley et Finley marchaient derri?re lui. « Salle de conf?rence », aboya Connelly. Avery hocha la t?te, se dirigeant ? quelques pas plus loin dans le couloir. Elle remarqua que personne d'autre ne circulait autour de la porte de la salle de conf?rence, ce qui signifiait que cette r?union serait en petit comit?. Et ce genre de r?unions n'?tait g?n?ralement pas agr?able. Elle et Ramirez suivirent Connelly dans la pi?ce. Au moment o? O'Malley et Finley furent ?galement ? l'int?rieur, Connelly ferma la porte et la verrouilla. Il jeta une feuille de papier sur la table de la salle de conf?rence. Elle ?tait recouverte d'une feuille de plastique transparente, ce qui la fit glisser presque parfaitement dans la direction d'Avery. Elle le ramassa soigneusement et le regarda. « Il suffit de le lire », dit Connelly. Il ?tait frustr? et avait l'air un peu p?le. Ses cheveux ?taient en d?sordre et il avait un regard sauvage dans ses yeux. Avery fit comme indiqu?. Sans retirer l'unique feuille de papier, elle lut la lettre. ? chaque mot qu'elle lisait, la pi?ce semblait devenir plus froide. La glace est belle, mais elle tue. Pensez ? l'?tincelle magnifique d'une mince couche de givre sur votre pare-brise une matin?e de fin d'automne. Cette m?me jolie glace tue la vie des plantes. Elle est efficace dans sa beaut?. Et la fleur revient... revient toujours. Renaissance. Le froid est ?rotique, mais il mutile. Pensez ? avoir extr?mement froid en sortant d'une temp?te hivernale et ensuite vous enrouler nue avec un amant sous les draps. ?tes-vous encore glac?e ? Vous sentez-vous transie d'?tre d?pass?e ? Il y en aura plus. Plus de corps froids, flottant vers l'au-del?. Je vous d?fie d'essayer de m'arr?ter. Vous succomberez au froid avant de me trouver. Et pendant que vous ?tes en train de geler, vous demandant ce qu'il s'est pass? tout comme les fleurs charg?es de givre, je serai depuis longtemps parti. « Quand est-ce que c'est arriv? ? », demanda Avery en reposant la lettre sur le bureau pour que Ramirez la lise. « Il y a un certain temps aujourd'hui », dit Connelly. « L'enveloppe elle-m?me n'a pas ?t? ouverte jusqu'? il y a environ une heure. » « Bon sang comment la presse savait-elle d?j? ? », demanda Ramirez. « Parce que chaque cha?ne d'information locale a ?galement re?u une copie. » « Merde alors », dit Ramirez. « Savons-nous quand les m?dias ont obtenu leurs copies ? », demanda Avery. « Elles ont ?t? envoy?es par email il y a un peu plus d'une heure. Nous supposons qu'il en a ?t? ainsi pour qu'elles arrivent ? temps l?-bas pour faire les nouvelles de onze heures. » « D'o? le mail a-t-il ?t? envoy? ? », demanda Avery. « Oh, c'est la partie tordue…enfin, un des ?l?ments tordus », dit O'Malley. « L'adresse mail est enregistr?e au nom d'une femme nomm?e Mildred Spencer. C'est une veuve de soixante-douze ans qui n'a cette adresse que pour rester en contact avec ses petits-fils. Quelqu'un est en train de lui parler maintenant, mais tout indique que le compte a ?t? pirat?. » « Peut-on tracer le piratage ? », demanda Avery. « Personne au A1 n'en a les capacit?s. Nous avons appel? la Police d'?tat pour tenter de le r?soudre. » Ramirez termina avec la lettre et la refit glisser au centre de la table. Avery la tira de nouveau vers elle et la parcourut encore. Elle ne la relit pas, mais l'?tudia : le papier, l'?criture, la position ?trange des phrases sur le papier. « Quelques id?es pr?liminaires, Black ? », demanda Connelly. « Quelques-unes. D'abord, o? est l'enveloppe dans laquelle c'est arriv? ? » « Dans mon bureau. Finley, courez la chercher, vous voulez bien ? » Finley fit comme on le lui avait demand? pendant qu'Avery continuait ? ?tudier de pr?s la lettre. L'?criture manuscrite ?tait ?pur?e mais aussi enfantine, en quelque sorte. On aurait dit que quelqu'un avait fait de gros efforts pour la perfectionner. Il y avait aussi quelques mots clefs qui lui sautaient aux yeux, car assez curieux. « Quoi d'autre ? », demanda Connelly. « Eh bien, quelques ?l?ments dans l'imm?diat. Le fait qu'il nous ai envoy? une lettre indique clairement qu'il veut que nous sachions que c'est lui – sans conna?tre son identit?. Donc, m?me si ce n'est peut-?tre pas un jeu pour lui en soi, c'est quelque chose pour lequel il veut ?tre reconnu. Il aime aussi ?tre traqu?. Il veut que nous le pourchassions. » « Y a-t-il des indices l?-dedans ? », demanda O'Malley. « Je l'ai regard? au moins une dizaine de fois et je n'arrive ? rien. » « Eh bien, les termes sont assez bizarres ? certains endroits. La mention d'un pare-brise dans une lettre o? la seule autre chose concr?te ? laquelle il fait r?f?rence est des fleurs et des couvertures de lit semble ?trange. Je pense que cela vaut la peine de noter qu'il a utilis? les mots ?rotique et amant. Associez ?a avec le fait que la victime que nous avons trouv?e aujourd'hui ?tait assez belle, et il doit y avoir quelque chose. La mention de l'au-del? et de la renaissance est ?galement troublante. Mais nous pourrions emprunter un million de pistes diff?rentes avec ?a avant d'en savoir plus. » « Quelque chose d'autre ? », demanda Ramirez avec son sourire habituel pas tellement dissimul?. Il aimait la voir ?tre sur sa lanc?e. Elle essaya de le repousser au fond de son esprit tout en poursuivant. « La fa?on dont il fait terminer ses lignes…c'est presque comme des strophes de po?sie fragment?es. La plupart des autres lettres que j'ai vues sur d'anciens cas o? le tueur avait contact? la police ou les m?dias ?tait habituellement constitu?es de blocs de texte. » « En quoi est-ce un indice ? », demanda Connelly. « Ce n'en est peut-?tre pas un », dit Avery. « Je ne fais qu'improviser l?. » Quelqu'un frappa ? la porte. Connelly ouvrit et Finley rentra. Il referma la porte derri?re lui et remit le verrou. Il posa ensuite soigneusement l'enveloppe sur la table. Elle n'avait rien de remarquable. L'adresse du poste avait ?t? ?crite avec la m?me ?criture appliqu?e que celle de la lettre. Il n'y avait pas d'adresse de retour et un timbre perp?tuel sur l'angle gauche. Le cachet de la poste ?tait situ? haut sur l'enveloppe et surtout sur la gauche, ses bords touchant le timbre. « ?a vient du code postal 02199 », dit O'Malley. « Mais ?a ne veut rien dire. Le tueur aurait pu parcourir des kilom?tres en dehors de sa zone pour l'envoyer par la poste. » « C'est vrai », dit Avery. « Et ce gars semble trop intelligent et d?termin? pour nous diriger directement vers lui via un code postal. Il y aurait pens?. Le code postal est une impasse, je peux vous le garantir. » « Alors qu'est-ce que ?a nous laisse pour continuer ? », demanda Finley. « Eh bien », dit Avery, « ce mec semble ?tre pr?occup? par le froid, par la glace en particulier. Et pas seulement parce que c'est l? que nous avons trouv? le corps. C'est partout dans la lettre. Il semble ?tre fix? sur ?a. Donc je me demande...pouvons-nous faire une recherche pour tout ce qui a trait ? la glace ou au froid ? Les patinoires, les chambre froides, les laboratoires, tout. » « Tu es s?re que le lieu n'est pas d?terminant ? », demanda Connelly. « S'il veut se faire conna?tre, peut-?tre le code postal ?tait-il comme une carte de visite. » « Non, je n'en suis pas certaine. Pas du tout. Mais si nous pouvons trouver une entreprise ou une autre structure qui travaille dans la glace ou simplement dans le froid ? l'int?rieur de la zone de ce code postal, alors je commencerais peut-?tre par l?. » « D'accord », dit Finley. « Alors faut-il v?rifier les vid?os de s?curit? autour des bureaux de poste ou des bo?tes de d?p?t ? » « Bon Dieu non », dit Connelly. « ?a prendra une ?ternit? et il n'y a aucun moyen de savoir quand cette lettre en particulier a ?t? envoy?e. » « Nous avons besoin d'une liste de ces entreprises et structures », dit Avery. « Ce sera le meilleur point pour commencer. Quelqu'un peut-il penser spontan?ment ? une entreprise ? » Apr?s plusieurs instants de silence, Connelly l?cha un soupir. « Je ne sais pas comme ?a », dit-il. « Mais je peux t'obtenir une liste dans la demi-heure. Finley, vous pouvez lancer la demande ? » « Je suis dessus », dit Finley. Quand il ressortit de la pi?ce, Avery leva un sourcil en direction de Connelly. « Finley est un gar?on de courses maintenant ? » « Pas du tout. Tu n'es pas la seule en lice pour une promotion. J'essaie de l'impliquer davantage dans tous les aspects des cas de grande envergure. Et comme tu le sais, il pense que tu fais des miracles alors je lui donne une chance sur celui-l?. » « Et pourquoi est-ce que nous nous enfermons dans la salle de conf?rence ? », demanda-t-elle. « Parce que la presse est dessus. Je ne veux pas prendre de risques avec des pi?ces ou des lignes t?l?phoniques sur ?coute. » « ?a a l'air parano?aque », dit Ramirez. « ?a a l'air intelligent », dit Connelly avec un peu de virulence. Voulant emp?cher une dispute entre les deux, Avery rapprocha la lettre d'elle. « ?a vous g?ne si j'examine un peu plus cette lettre pendant que nous attendons les r?sultats ? » « Je vous en prie. J'aimerais bien que quelqu'un au A1 d?m?le tout ?a avant que les m?dias ne l'exposent ? la t?l?vision et qu'un petit geek dans un sous-sol ne le r?solve. » « Nous devons mettre la Scientifique dessus. Une analyse de l'?criture devrait ?tre effectu?e. L'enveloppe doit ?tre examin?e ? la recherche de toute preuve : empreintes digitales, poussi?re, n'importe quoi. » « Ils ont ?t? inform?s et la lettre va imm?diatement aller chez eux d?s que vous aurez termin?. » « "Il va falloir faire ?a vite », dit-elle. « Je sais que vous ne faisiez que plaisanter ? propos d'un gamin dans son sous-sol qui pourrait r?soudre ?a, mais c'est une pr?occupation l?gitime. Et lorsque ?a atteindra les r?seaux sociaux, il sera impossible de dire quels yeux et quels esprits pourraient analyser tout ?a. » Alors qu'elle commen?ait ? regarder la lettre de plus pr?s, Finley revint dans la pi?ce. « C'?tait rapide », dit O'Malley. « Eh bien, il se trouve que l'une des femmes au Central a un p?re qui travaille pr?s du Prudential Center. Et c'est dans la zone du code postal 02199, soit dit en passant. Peut-?tre est-ce juste un hasard, mais on ne sait jamais. Quoi qu'il en soit, son mari travaille dans un laboratoire de technologie de ce c?t?-l?. Elle dit qu'ils font de ces exp?riences dingues avec la m?canique quantique et des choses comme ?a. Une sorte de branche de l'?cole technique ? l'Universit? de Boston. » « La m?canique quantique ? », demanda O'Malley. « Cela ne correspond pas ? notre gars, n'est-ce pas ? » « ?a d?pend des exp?riences », dit Avery, instantan?ment int?ress?e. « Je ne connais pas grand-chose sur ce champ, mais je sais qu'il existe des sp?cialit?s en m?canique quantique qui s'occupent des temp?ratures extr?mes. Quelque chose ? voir avec la recherche de la durabilit? et des points d'origine centraux de diff?rents types de mati?re. » « Comment diable sais-tu tout cela ? », demanda Connelly. Elle haussa les ?paules. « J'ai beaucoup regard? Discovery Channel ? l'universit?. Une partie est rest?e, j'imagine. » « Eh bien, ?a vaut le coup d'essayer », dit Connelly. « Allons chercher des informations au laboratoire, puis sortons parler aux gros bonnets. » « Je peux m'occuper de ?a », dit Avery. « Entre-temps », dit Connelly en regardant sa montre, « les information du soir commencent dans environ trois minutes. Allumons ?a et voyons ? quel point les m?dias vont foutre la merde dans cette affaire. » Il sortit en trombe de la salle de conf?rence avec O'Malley sur ses talons. Finley jeta un regard d?sol? ? Avery et sortit apr?s eux. Ramirez regarda la lettre par-dessus l'?paule d'Avery en secouant la t?te. « Tu penses que ce type est d?rang? ou qu'il veut simplement que nous pensions qu'il est fou ? », lui demanda-t-il. « Je n'en suis pas encore s?re », dit-elle en relisant la lettre ?nigmatique. « Mais je sais que ce laboratoire est l'endroit id?al pour commencer. » CHAPITRE SEPT Esben Technologies ?tait dissimul?e parmi d'autres b?timents ? l'apparence normale, ? environ deux kilom?tres et demi du Prudential Center. Le p?t? de maisons ?tait essentiellement constitu? d'une rang?e de b?timents gris monotones. Esben Technologies occupait le b?timent central et ressemblait exactement ? ceux qui l'environnaient - cela s’apparentait ? peine ? un laboratoire. Quand Avery rentra avec Ramirez, elle remarqua que le hall d'entr?e n'?tait constitu? de gu?re plus qu'un magnifique plancher en bois, mis en ?vidence par le soleil matinal qui se d?versait depuis une lucarne. Un ?norme bureau se trouvait le long du mur oppos?. D'un c?t?, une femme tapait sur un ordinateur. De l'autre, une autre ?crivait quelque chose sur un formulaire. Quand Avery et Ramirez entr?rent, cette femme leva les yeux et leur adressa un sourire superficiel. « Je suis l'inspectrice Avery Black et voici l'inspecteur Ramirez », dit Avery en s'approchant de la femme. « Nous aimerions ?changer un mot avec la personne responsable ici. » « Eh bien, le responsable de toute l'?quipe vit au Colorado, mais l'homme qui en quelque sorte m?ne le navire ici dans ce b?timent devrait ?tre dans son bureau. » « Il fera tr?s bien l’affaire », dit Avery. « Un moment », dit la r?ceptionniste, qui se mit debout et passa une grande porte en ch?ne de l'autre c?t? de la pi?ce. Quand elle fut partie, Ramirez s'approcha d'Avery, gardant la voix basse vis ? vis de l'autre femme rest?e au bureau derri?re son ordinateur portable. « Est-ce que tu savais que cet endroit ?tait ici avant hier ? », demanda-t-il. « Pas la moindre id?e. Mais je suppose que faire profil bas a du sens ; les centres technologiques qui sont li?s aux universit?s mais ne sont pas r?ellement sur le campus essaient g?n?ralement de faire profil bas. » « Encore Discovery Channel ? », demanda-t-il « Non. Bonne vieille recherche. » Un peu moins d'une minute passa avant que la femme ne revienne. Quand elle r?apparut, il y avait un homme avec elle. Il ?tait v?tu d'une chemise ? col boutonn? et d'un treillis. Une longue veste blanche qui ressemblait ? celles que les m?decins portaient souvent recouvrait partiellement le tout. Il arborait une expression d'inqui?tude et de pr?occupation qui semblait ?tre amplifi?e par les lunettes qu'il portait. « Bonjour," dit-il en avan?ant vers Avery et Ramirez. Il tendit la main pour serrer la leur et dit : «Je suis Hal Bryson. Que puis-je faire pour vous aider ? » « Vous ?tes le responsable ici ? », demanda Avery. « Plus ou moins. Nous ne sommes en fait que quatre ? travailler ici. Nous alternons mais oui, je supervise les exp?riences et la gestion des donn?es. » « Et quel genre de travail est men? ici ? », demanda Avery. « Beaucoup », dit Bryson. « Au risque de para?tre exigeant, si vous pouviez ?ventuellement me faire savoir pourquoi vous ?tes venus ici, je pourrais probablement ?tre un peu plus pr?cis. » Avery garda la voix basse, car elle ne voulait pas que les femmes au bureau l'entendent. Et comme il ?tait clair que Bryson n'avait aucune intention de les inviter au-del? de la porte du hall d'entr?e, elle supposa qu'ils devraient simplement avoir cette conversation ici et maintenant. « Nous traitons un cas o? un suspect semble s'int?resser ? la glace et aux temp?ratures froides », dit-elle. « Il a envoy? une lettre railleuse au commissariat hier. Nous tentons notre chance pour voir s'il y a peut-?tre des recherches en cours ici qui pourraient ?tre li?es. C'est un cas tr?s ?trange, alors nous commen?ons par le seul indice que nous ayons vraiment – le froid. » « Je vois », dit Bryson. « Eh bien, quelques exp?riences ont effectivement lieu ici qui impliquent des temp?ratures extr?mement froides. Je pourrais vous amener dans le laboratoire pour vous le montrer, mais je devrais insister pour que vous soyez compl?tement d?sinfect?s et que vous enfiliez les habits appropri?s. » « Je l'appr?cie », dit Avery. « Et peut-?tre que nous accepterons plus tard. Avec un peu de chance, nous n'aurons pas ? le faire. Pourriez-vous nous donner la version abr?g?e de certains de ces tests ? » « Bien s?r », dit Bryson. Il semblait tr?s heureux de pouvoir aider, en prenant l'attitude d'un professeur d?monstratif quand il commen?a ? expliquer les choses. « La majeure partie des tests et du travail que nous effectuons ici et qui incluent des temp?ratures glaciales implique d'aller au-del? de ce qui est connu sous le nom de limite de r?troaction quantique. Cette limite est une temp?rature juste ? peine sup?rieure au z?ro absolu – environ dix mille fois plus froid que les temp?ratures que vous rencontrez dans le vide de l'espace. » « Et quel est le but d'un tel travail ? », demanda Avery. « Aider ? la recherche et au d?veloppement de capteurs hypersensibles pour des travaux plus avanc?s. C'est aussi une excellente possibilit? de comprendre la structure de certains ?l?ments et leur r?ponse ? des temp?ratures aussi extr?mes. » « Et vous ?tes en mesure d'atteindre ces temp?ratures dans ce b?timent ? », demanda Ramirez. « Non, pas dans nos laboratoires. Nous travaillons comme une sorte de programme pour l'Institut national des Normes et de la Technologie ? Boulder. Nous pouvons cependant nous en rapprocher assez pr?s ici. » « Et vous dites que vous n'?tes que quatre », dit Avery. « Est-ce que ?a a toujours ?t? ainsi ? » « Eh bien, nous ?tions cinq jusqu'? il y a environ un an. Un de mes coll?gues a d? d?missionner. Il commen?ait ? avoir des maux de t?te et d'autres probl?mes de sant?. Il n'?tait vraiment pas bien. » « Est-ce qu'il a d?missionn? de sa propre initiative ? », demanda Avery. « En effet. » « Et pourrions-nous avoir son nom, s'il vous pla?t ? » Un peu inquiet maintenant, Bryson dit : « Il s'appelait James Nguyen. Mais s'il vous pla?t pardonnez-moi de le dire…je doute s?rieusement qu'il soit l'homme que vous recherchez. Il ?tait toujours tr?s gentil, poli…un homme tranquille. Une sorte de g?nie aussi. » « J'appr?cie votre franchise », dit Avery, « mais nous devons suivre toutes les pistes qui s’offrent ? nous. Savez-vous comment nous pouvons le contacter ? » « Oui, je peux vous obtenir cette information. » « Quand avez-vous parl? avec monsieur Nguyen pour la derni?re fois ?" « C'est au moins… oh, je ne sais pas…il y a huit mois, je dirais. Juste un appel pour voir comment il allait. » « Et comment allait-il ? » « Tr?s bien, pour autant que je le sache. Il travaille comme ?diteur et chercheur pour une revue scientifique. » « Merci pour votre temps, monsieur Bryson. Si vous pouviez obtenir les coordonn?es de monsieur Nguyen, ce serait utile. » « Bien s?r », dit-il, l'air assez triste. « Un moment. » Bryson s'approcha de la r?ceptionniste derri?re l'ordinateur portable et lui parlait doucement. Elle hocha la t?te et commen?a ? taper quelque chose de nouveau. Pendant qu'ils attendaient, Ramirez s'avan?a de nouveau pr?s d'Avery. C'?tait un sentiment ?trange ; rester professionnel quand il se tenait si proche ?tait difficile. « La m?canique quantique ? », dit-il. « Le vide de l'espace ? Je pense que cette affaire pourrait ?tre au-dessus de mes comp?tences. » Elle lui sourit, et trouva difficile de ne pas l'embrasser malicieusement. Elle a fit de son mieux pour rester concentr?e tandis que Bryson revenait vers eux avec une feuille imprim?e ? la main. « C'est au-del? de mes capacit?s aussi », murmura-t-elle ? Ramirez en lui lan?ant rapidement un autre sourire. « Mais ?a ne me d?range s?rement pas de nager vers la surface » *** Parfois, Avery ?tait plut?t ?merveill? de voir ? quel point les choses semblaient se d?rouler fluidement et sans accroc. Bryson leur avait donn? le num?ro de t?l?phone, l'adresse mail et l'adresse postale de James Nguyen. Avery avait t?l?phon? ? Nguyen et non seulement il avait r?pondu, mais il les avait invit?s chez lui. Il semblait plut?t ravi de le faire, en fait. Donc, quand elle et Ramirez se dirig?rent vers sa porte d'entr?e quarante minutes plus tard, Avery ne put s'emp?cher d'avoir l'impression qu'ils perdaient leur temps. Nguyen vivait dans une magnifique maison ? deux ?tages ? Beacon Hill. Apparemment, sa carri?re dans les sciences avait port? ses fruits. Parfois, Avery se retrouvait en admiration face ? des personnes ayant un esprit math?matique et scientifique. Elle adorait lire des textes r?dig?s par eux ou simplement les ?couter parler (l'une des raisons pour lesquelles elle avait autrefois ?t? si attir?e par des choses comme Discovery Channel et les revues de la Scientific American dans lesquelles elle jetait parfois un coup d'?il dans la biblioth?que de l'universit?). Sur le perron, Ramirez frappa ? la porte. Il ne fallut pas une seconde ? Nguyen pour venir ouvrir. Il semblait ?tre dans la fin de la cinquantaine environ. Il ?tait v?tu d'un t-shirt des Celtics et d'un short de gym. Il avait l'air d?contract?, calme et presque heureux. Comme ils s'?taient d?j? pr?sent?s au t?l?phone, Nguyen les invita ? rentrer. Ils p?n?tr?rent dans un vestibule ?labor? qui conduisait ? un grand salon. Il semblait que Nguyen s'?tait pr?par? pour eux ; il avait dispos? des bagels et des tasses de caf? sur ce qui ressemblait ? une table basse extr?mement ch?re. « S'il vous pla?t, asseyez-vous », dit Nguyen. Avery et Ramirez s'assirent sur le canap? face ? la table basse tandis que Nguyen s'asseyait en face dans un fauteuil. « Servez-vous », dit Nguyen en d?signant d'un geste le caf? et les bagels. « Maintenant, que puis-je faire pour vous ? » « Eh bien, comme je l'ai dit au t?l?phone », dit Avery, « nous avons discut? avec Hal Bryson et il nous a dit que vous aviez d? d?missionner de votre travail chez Esben Technologies. Pourriez-vous nous en parler un peu ? » « Oui. Malheureusement, je mettais trop de temps et d'?nergie dans mon travail. J'ai commenc? ? avoir la vision d?doubl?e et des c?phal?es. Je travaillais jusqu'? quatre-vingt-six heures par semaine pour une p?riode d'environ sept ou huit mois ? la fois. Je suis juste devenu obs?d? par mon travail. » « Par quel aspect du travail exactement ? », demanda Avery. « En regardant en arri?re, je ne peux vraiment pas vous le dire », dit-il. « C'?tait juste de savoir que nous ?tions si proches de cr?er des temp?ratures dans le laboratoire qui pourraient imiter celles que quelqu'un pourrait ressentir dans l'espace. Pour trouver des mani?res de manipuler des ?l?ments avec des temp?ratures…il y a quelque chose de presque divin dans cela. ?a peut devenir addictif. Je ne l'ai tout simplement pas compris jusqu'? ce qu'il soit trop tard. » Son obsession par son travail correspond certainement ? la description de celui sur lequel nous travaillons, pensa Avery. Pourtant, seulement en ayant parl? ? Nguyen pendant un total de deux minutes, elle ?tait plut?t certaine que Bryson avait raison. Il ?tait impossible que Nguyen soit derri?re ?a. « Sur quoi exactement travaillez-vous quand vous avez d?missionn? ? », demanda Avery. « C'est assez compliqu? », dit-il. « Et depuis, je suis pass? ? autre chose. Mais essentiellement, je travaillais ? ?liminer l'exc?s de chaleur caus? lorsque les atomes perdent leur ?lan durant le processus de refroidissement. Je jouais avec des unit?s quantiques de vibrations et de photons. Maintenant, si je comprends bien, ?a a ?t? perfectionn? par les n?tres ? Boulder. Mais ? l'?poque, je travaillais comme un fou ! » « En dehors du travail que vous effectuez pour le journal et les trucs avec l'universit?, est-ce que vous travaillez encore sur ?a ? », demanda-t-elle. « Je t?tonne ici et l? », dit-il dit. « Mais ce ne sont que des choses ici chez moi. J'ai mon propre laboratoire priv? dans un espace de location ? quelques p?t?s de maisons. Mais ce n'est rien de s?rieux. Aimeriez-vous le voir ? » Avery pouvait dire qu'ils n'?taient pas leurr?s ou ne faisaient pas face ? un faux enthousiasme. Nguyen ?tait clairement tr?s passionn? par le travail qu'il faisait. Et plus il parlait de ce qu'il faisait avant, plus ils se plongeaient dans un monde de m?canique quantique – quelque chose qui ?tait ? des ann?es lumi?res d'un tueur fou jetant un corps dans une rivi?re gel?e. Avery et Ramirez ?chang?rent un regard, auquel Avery mit fin d’un signe de la t?te. « Eh bien, monsieur Nguyen », dit-elle, « nous appr?cions le temps que vous nous avez accord?. Cependant, laissez-moi vous quitter avec une seule question : pendant le temps que vous avez pass? ? travailler dans le laboratoire, n'avez-vous jamais crois? quelqu'un – coll?gues, ?tudiants, n'importe qui – qui vous a frapp? comme ?tant excentrique ou un peu ? c?t? de la plaque ? » Nguyen prit quelques instants pour r?fl?chir, mais ensuite secoua la t?te. « Aucun auquel je puisse penser. Encore une fois, nous, les scientifiques, sommes tous un peu excentriques en fin de compte. Mais si quelqu'un me vient ? l'esprit, je vous le ferais savoir. » « Merci. » « Et si vous changez d'avis et que vous souhaitez voir mon laboratoire, faites le moi simplement savoir. » Passionn? par son travail et seul, pensa Avery. Bon sang…c'?tait moi jusqu'? il y a quelques mois de ?a. Elle pouvait s'identifier. Et pour cette raison, elle accepta volontiers la carte de visite de Nguyen quand il lui offrit ? la porte. Il referma la porte tandis qu'Avery et Ramirez descendaient les escaliers du perron et revenaient ? leur voiture. « Tu as compris un seul mot que ce gars a prononc? ? », demanda Ramirez. « Tr?s peu », r?pondit-elle. Mais en v?rit?, il avait dit une chose qui lui restait encore ? l'esprit. Cela ne lui faisait pas penser que Nguyen valait la peine d'une enqu?te plus approfondie, mais lui ouvrait une perspective nouvelle pour mieux comprendre comment consid?rer leur tueur. Trouver des moyens de manipuler des ?l?ments avec les temp?ratures, avait dit Nguyen. Il y a quelque chose de presque divin dans ?a. Peut-?tre notre tueur r?alise-t-il une sorte de fantasme divin, pensa-t-elle. Et s'il pense qu'il est divin, il pourrait ?tre plus dangereux qu'on ne le pense. CHAPITRE HUIT Le hamster ressemblait ? un morceau de glace plein de poils quand il le sortit du cong?lateur. On aurait aussi dit un bloc de glace. Il ne put s'emp?cher de glousser au tintement qu'il a fit quand il le posa sur la plaque ? biscuits. Il avait les pattes lev?es en l'air - un contraste saisissant par rapport ? la mani?re dont elles s'?taient agit?es de panique quand il l'avait plac? dans le cong?lateur. C'?tait il y a trois jours. Depuis, la police avait d?couvert le corps de la fille dans la rivi?re. Il avait ?t? surpris de voir ? jusqu'o? le corps ?tait parvenu. Jusqu'? Watertown. Et le nom de la fille ?tait Patty Dearborne. ?a sonnait pr?tentieux. Mais bon sang, cette fille ?tait belle. Il pensa nonchalamment ? Patty Dearborne, la fille qu'il avait prise en p?riph?rie du campus de l'Universit? de Boston tout en faisant courir son doigt le long du ventre glac? du hamster. Il avait ?t? tellement nerveux, mais cela avait ?t? assez facile. Bien s?r, il n'avait pas eu l'intention de tuer la fille. Les choses ?taient juste devenues incontr?lables. Mais ensuite...ensuite tout s'?tait en quelque sorte d?bloqu? pour lui. La beaut? pouvait ?tre prise, mais en aucune fa?on de mani?re mortelle. M?me lorsque Patty Dearborne ?tait morte, elle ?tait rest?e toujours belle. Une fois qu'il l'avait d?shabill?e, il avait d?couvert que la fille ?tait quasiment sans aucun d?faut. Il y avait un grain de beaut? au bas de son dos et une petite cicatrice sur la partie sup?rieure de sa cheville. Mais autrement, elle ?tait immacul?e. Il avait jet? Patty dans la rivi?re et quand elle avait touch? l'eau glac?e, elle ?tait morte. Il avait regard? les informations avec une grande impatience, se demandant s'ils pourraient la ramener…se demandant si la glace qui l'avait retenue pendant ces deux jours la pr?serverait d'une mani?re ou d'une autre. Bien s?r, cela n'avait pas ?t? le cas. J'ai ?t? n?gligent, pensa-t-il en regardant le hamster. Il faudra un peu de temps, mais je r?soudrai ?a. Il esp?rait que le hamster pourrait y prendre part. Avec les yeux toujours pos?s sur son petit corps gel?, il r?cup?ra les deux chaufferettes sur le comptoir de la cuisine. C'?tait le genre de coussin chauffant utilis? dans le sport pour d?tendre les muscles et favoriser la relaxation pour les parties du corps tendues. Il pla?a l'un des coussins sous le corps et l'autre sur les pattes raides et le ventre glac?. Il ?tait certain que cela n?cessiterait un peu d'attente. Il avait beaucoup de temps…il n'?tait pas vraiment press?. Il essayait de tromper la mort et savait que la mort n'irait nulle part. Avec cette pens?e en t?te, il emplit son appartement d'un gloussement digne de celui d'une sorci?re. En accordant un dernier regard au hamster, il entra dans sa chambre. Elle ?tait assez ordonn?e, tout comme la salle de bain attenante. Il entra dans cette derni?re et se lava les mains avec l'efficacit? d'un chirurgien. Il regarda ensuite dans le miroir et fixa son visage - un visage qu'il consid?rait parfois comme celui d'un monstre. Il y avait des d?g?ts irr?parables sur le c?t? gauche de son visage. Ils commen?aient juste sous son ?il et descendaient jusqu'? sa l?vre inf?rieure. M?me si la plupart de la peau et des tissus avaient ?t? sauv?s dans sa jeunesse, il y avait des cicatrices et des d?colorations permanentes de ce c?t?-l? du visage. Sa bouche semblait toujours fig?e dans un rictus perp?tuel, elle aussi. ? l'?ge de trente-neuf ans, il avait cess? de se pr?occuper de son apparence ?pouvantable. C'?tait la main ? laquelle il avait eu affaire. Une m?re pourrie avait abouti ? une ?pave d?figur?e. Mais ?a allait…il ?uvrait pour arranger ?a. Il regarda le reflet mutil? dans le miroir et sourit. Cela pourrait prendre des ann?es pour le r?soudre, mais ?a allait. « Les hamsters ne co?tent que cinq dollars pi?ce », dit-il dans la salle de bain vide. « Et ces jolies ?tudiantes de l'universit? ne sont qu'? dix centimes la douzaine. » Il a effectu? quelques lectures, principalement sur les forums d'infirmi?res praticiennes et d'?tudiants en m?decine. Il pensait que si l'exp?rience avec le hamster devait fonctionner, il fallait que les coussins chauffants soient allum?s pendant environ quarante minutes. Ce serait une d?cong?lation lente, qui ne perturberait ou ne choquerait pas trop le c?ur gel?. Il passa ces quarante minutes ? regarder les nouvelles. Il saisit quelques rapides interventions sur Patty Dearborne. Il apprit que Patty allait ? l'Universit? de Boston et aspirait ? devenir conseill?re. Elle avait eu un petit ami et avait actuellement des parents aimants qui la pleuraient. Il vit les parents ? la t?l?vision, se serrant l'un l'autre et pleurant tout en parlant aux m?dias. Il ?teignit la t?l?vision et alla dans la cuisine. L'odeur du hamster en cour de d?cong?lation commen?ait ? remplir la pi?ce…une odeur ? laquelle il ne s'attendait pas. Il courut vers le petit corps et ?carta les coussins chauffants en les jetant. La fourrure ?tait roussie et le ventre pr?c?demment gel? l?g?rement carbonis?. Il balaya le minuscule corps de fourrure. Quand ce dernier tomba sur le sol de la cuisine avec de petites volutes de fum?e qui se d?gageaient de sa peau, il cria. Il temp?ta dans l'appartement pendant un moment, furieux. Comme c'?tait habituellement le cas, sa col?re et sa rage absolue ?taient m? par des souvenirs d'un br?leur de four…flamboyant dans ses souvenirs d'enfance avec l'odeur de la chair br?l?e. Ses cris se r?duisirent en une moue et des sanglots en cinq minutes. Ensuite, comme si rien d'inhabituel n'?tait arriv?, il alla dans la cuisine et ramassa le hamster. Il le jeta aux ordures comme s'il s'agissait simplement d'un d?chet et se lava les mains dans l'?vier de la cuisine. Il ?tait en train de fredonner quand il eut termin?. Quand il prit ses cl?s au crochet ? c?t? de la porte, il fit courir sa main libre le long de la cicatrice sur le c?t? gauche de son visage, par habitude. Il ferma la porte, la verrouilla, et descendit dans la rue. L?, au milieu d'un matin d'hiver absolument magnifique, il entra dans sa camionnette rouge et prit la route. Presque avec d?sinvolture, il se regarda dans le r?troviseur. Ce rictus permanent ?tait toujours l?, mais il ne le laissa pas le d?courager. Il avait du travail ? faire. *** Sophie Lentz en avait termin? avec ces affaires de fraternit?. D'ailleurs, elle en avait aussi fini avec cette fichue universit?. Vaniteuse ou non, elle savait ce dont elle avait l'air. Il y avait des filles plus jolies qu'elle, bien s?r. Mais elle avait eu ce c?t? latin pour elle, les yeux fonc?s et les cheveux noirs corbeau. Elle pourrait aussi prendre ou non l'accent quand elle en avait besoin. Elle ?tait n?e en Am?rique, avait ?t? ?lev?e en Arizona, mais selon sa m?re, le c?t? latin ne l'avait jamais quitt?e. Le c?t? latin n'avait jamais quitt? ses parents non plus...pas m?me quand ils s'?taient install?s ? New York la semaine apr?s que Sophie ait ?t? accept?e ? Emerson. C'?tait plus manifeste dans son apparence plut?t que dans son attitude et sa personnalit?, cependant. Et alors, ?a avait fonctionn? pour elle dans l'Arizona. Honn?tement, ?a avait aussi march? pour elle ? l'universit?. Mais seulement pour sa premi?re ann?e. Elle avait alors exp?riment?, mais pas autant que sa m?re le pensait probablement. Et apparemment, le mot ?tait pass? : il ne fallait pas beaucoup d'encouragements ? Sophie Lentz pour la mettre dans son lit et quand elle a atterrissait dans votre lit, il fallait attacher sa ceinture car elle ?tait un feu d'artifice. Elle imaginait qu'il y avait pire comme mauvaise r?putation. Mais ce soir, ?a lui avait explos? au visage. Un gars – elle pensait que son nom ?tait Kevin – avait commenc? ? l'embrasser et elle l'avait laiss? faire. Mais quand ils avaient ?t? seuls et qu'il avait refus? d'accepter son refus comme r?ponse... La main droite de Sophie ?tait encore douloureuse. Il y avait encore un peu de sang sur les jointures de ses doigts. Elle l'essuya sur son jean moulant, en se rappelant du bruit du nez de ce connard s'?crasant contre son poing. Elle ?tait furieuse mais, au fond d'elle-m?me, se demandait si elle l'avait en quelque sorte m?rit?. Elle ne croyait pas au karma, mais peut-?tre le r?le de diablesse qu'elle avait jou? au cours du dernier semestre la rattrapait-il. Peut-?tre r?coltait-elle ce qu'elle avait sem?. Elle marchait dans les rues qui traversaient l'Universit? d'Emerson, en direction de son appartement. Sa camarade de chambre, mod?le de vertu, serait sans doute en train d'?tudier pour une ?valuation quelconque le lendemain, donc au moins elle ne serait pas seule. Elle ?tait ? trois p?t?s de maisons de son appartement quand elle a commen?a ? ?prouver une ?trange sensation. Elle regarda derri?re elle, certaine d'?tre suivie, mais il n'y avait personne. Elle pouvait voir les formes des gens dans un petit caf? ? quelques m?tres derri?re elle, mais c'?tait tout. Elle avait une pens?e fugace et agac?e ? propos ce type d'idiots qui buvaient du caf? ? onze heures et demi du soir avant de se remettre ? marcher, fulminant toujours contre Kevin ou peu importait le nom du gars. Droit devant ? un feu rouge, quelqu'un diffusait un hip-hop terrible dans un vacarme assourdissant. Le pare-chocs arri?re de la voiture faisait un bruit de ferraille et les basses ?taient calamiteuses. Tu es vraiment une garce ce soir, n'est-ce pas championne?, se dit-elle en son for int?rieur. Elle regarda sa main droite l?g?rement enfl?e et sourit. "Oui. Oui je le suis." Le temps qu'elle a atteigne l'intersection o? la voiture tonitruante s'?tait trouv?e, le feu avait chang? et la voiture avait d?marr?. Elle tourna ? droite ? l'intersection et l'immeuble de son appartement apparut. Encore une fois, toutefois, elle ?prouva cette sensation insidieuse. Elle se retourna pour regarder derri?re elle et encore une fois, il n'y avait rien. Un peu plus loin dans la rue, un couple marchait main dans la main. Il y avait plusieurs voitures gar?es au bord de la voie et une camionnette rouge se dirigeait vers le feu rouge qu'elle venait de d?passer. Peut-?tre ?tait-elle simplement parano?aque parce qu'un loser avait dans le fond essay? de la violer. ?a plus l'adr?naline qui coulait en elle, c'?tait une combinaison malsaine. Elle avait juste besoin de rentrer chez elle, se laver et se coucher. Ce comportement de f?tarde imb?cile devait cesser. Elle s'approchait de son appartement, esp?rant vraiment que sa colocataire ne soit pas ? la maison. Elle poserait des tonnes questions pour savoir pourquoi elle rentrait si t?t. Elle le faisait parce qu'elle ?tait curieuse et n'avait pas sa propre vie... pas parce qu'elle s'en souciait vraiment. Elle monta les marches du b?timent. Quand elle ouvrit la porte et entra, elle regarda de nouveau dans la rue, ?prouvant encore une fois cette sensation d'?tre observ?e. Les rues ?taient cependant vides ; la seule chose qu'elle vit ?tait un couple qui s’embrassait furieusement sur le c?t? d'un immeuble ? trois portes de l?. Elle vit ?galement cette m?me camionnette rouge. Elle ?tait stationn?e au feu, tournant juste au ralenti. Sophie se demanda s'il y avait un mec excit? qui le conduisait, en regardant la s?ance d'embrassades contre l'immeuble. Avec raideur, Sophie rentra. La porte se referma, laissant la nuit derri?re elle. Mais cette sensation troublante demeura. *** Elle se r?veilla quand sa colocataire partit le lendemain matin. Cette garce bruyante ?tait probablement en chemin pour aller chercher plus de mangues ou de papayes pour ses pr?tentieux smoothies aux fruits. Sophie ?tait pratiquement s?re que sa colocataire n'avait pas cours aujourd'hui. Elle regarda l'heure et vit qu'il ?tait dix heures trente. Merde, pensa-t-elle. Elle avait cours dans une heure et il ?tait impossible qu'elle arrive ? temps. Elle devait se doucher, pr?parer en vitesse un petit-d?jeuner, puis aller au campus. Elle grogna et se demandant comment elle avait pu se laisser aller ? devenir cette sorte de fille. Est-ce qu'elle allait ?tre l'allumeuse maintenant ? Est-ce qu'elle allait laisser son drame personnel entraver son ?ducation et l'emp?cher d'am?liorer sa vie? ?tait-elle— Un coup ? la porte d'entr?e la tira de ses r?flexions internes. Elle grommela et sortit du lit. Elle portait seulement une culotte et un t-shirt en coton fin, mais ?a ne faisait rien. C'?tait presque certainement sa colocataire. Cette idiote avait probablement laiss? son porte-monnaie. Ou ses cl?s. Ou quelque chose… Un autre coup, l?ger mais insistant. Oui…ce serait sa colocataire. Elle seule toquait de cette mani?re ennuyeuse. « Minute papillon », cria Sophie. Elle atteignit la porte et l'ouvrit en d?verrouillant la serrure. Elle se retrouva en train de regarder un ?tranger. Il y avait quelque chose qui clochait avec son visage – ce fut la premi?re chose qu'elle remarqua. Et la derni?re. L'?tranger fit irruption dans l'appartement en refermant rapidement la porte. Avant que Sophie ne puisse pousser un cri, il y avait une main sur sa gorge et un chiffon sur sa bouche. Elle inspira une forte dose de produit chimique – un parfum si fort qu'il lui fit pleurer les yeux tandis qu'elle se battait contre la poigne de l'?tranger. Sa lutte diminua vite. Le temps qu'une quelconque peur r?elle ait eu une chance de s'installer, le monde s'?tait transform? en une nuance de noir tournoyante qui entraina Sophie dans quelque chose de plus sombre et plus d?finitif que le sommeil. CHAPITRE NEUF Les nuits qui n'?taient pas pleines de travail ou d'agitation fr?n?tique n'?taient pas une chose ? laquelle Avery ?tait habitu?e. Donc quand elle se retrouvait au milieu d'une d'elles, elle ne savait jamais trop comment r?agir. Pour le moment, elle ?tait assise sur son canap?, tenait son t?l?phone et envoyant des messages ? Rose. Elle savait que si elle voulait vraiment garder Rose dans sa vie ? partir de maintenant, elle allait devoir mettre un point d'honneur ? faire d'elle une priorit?. Oui, elle avait les notes pour l'affaire Patty Dearborne devant elle, mais elles ne la rongeaient pas. Elle disposait ?galement d'une photocopie de la lettre envoy?e par le tueur et m?me si elle continuait ? la narguer, elle faisait de son mieux pour placer Rose au-dessus de tout cela pour le moment. Dans ses ?changes de messages avec Rose, elle d?couvrait que sa fille avait attendu ce genre d'attention m?me si elle n’en avait pas conscience. Elle ?tait en train de bavarder comme une pr?adolescente, parlait de gar?ons et de films. Elles faisaient ?galement des projets pour leur prochaine sortie. Avery avait bien pris soin de faire savoir ? Rose ce qu'il se passait avec sa charge de travail, ainsi si quelque chose se pr?sentait qui nuirait ? ces projets, ce ne serait pas ? l'improviste. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=43692519&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.