×òî æå åñòü ó ìåíÿ? Äûðû â äðàíûõ êàðìàíàõ, Òðè ìîðùèíû íà ëáó, Äà èñò¸ðòûé ïÿòàê... Íî íå æàëêî íè äíÿ- Ìíå ñóäüáîþ ïðèäàííûõ, Õîòü ïîðîé ÿ æèâó Ïîïîäàÿ â ïðîñàê. Âñ¸ ÷òî åñòü ó ìåíÿ: Ñîâåñòü, ÷åñòü è óìåíüå. ß îòäàì íå ñêóïÿñü- Ïðîñòî òàê çà ïóñòÿê. Çà ïîñòåëü ó îãíÿ, Äîáðîòó áåç ñòåñíåíüÿ. È çà òî, ÷òî ïðîñòÿñü, Íå çàáûòü ìíå íè êàê... Âñ¸ ÷

Avant qu’il ne ressente

Avant qu’il ne ressente Blake Pierce Un myst?re Mackenzie White #6 Voici le volume 6 de la s?rie myst?re Mackenzie White par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de UNE FOIS PARTIE (bestseller n?1 ayant re?u plus de 900 critiques ? cinq ?toiles) . Dans AVANT QU’IL NE RESSENTE (Un myst?re Mackenzie White – Volume 6), l’agent sp?cial du FBI Mackenzie White est stup?faite par l’affaire qui lui est assign?e et qui concerne des victimes pr?sentant un profil qu’elle n’avait jamais rencontr? auparavant : toutes les victimes sont aveugles. Cela signifie-t-il que l’assassin est lui-m?me aveugle ?Se retrouvant plong?e dans l’univers des personnes malvoyantes, Mackenzie a du mal ? comprendre. Elle se retrouve hors de son ?l?ment, ? sillonner l’?tat de foyers collectifs aux maisons priv?es, interrogeant des aides-soignants, des documentalistes, des experts et des psychologues. Et malgr? l’aide des esprits les plus brillants du pays, il semblerait que Mackenzie soit incapable d’arr?ter cette folie meurtri?re. Aurait-elle finalement rencontr? quelqu’un ? sa hauteur ?Un thriller psychologique sombre avec un suspense qui vous tiendra en haleine, AVANT QU’IL NE RESSENTE est le volume 6 d’une fascinante nouvelle s?rie, et d’un nouveau personnage, qui vous fera tourner les pages jusqu’? des heures tardives de la nuit. ?galement disponible du m?me auteur Blake Pierce : UNE FOIS PARTIE (Un myst?re Riley Paige – Volume 1) - bestseller n?1 avec plus de 900 critiques ? cinq ?toiles - et un t?l?chargement gratuit ! AVANT QU’IL NE RESSENTE (UN MYST?RE MACKENZIE WHITE – VOLUME 6) B L A K E P I E R C E Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie ? succ?s myst?re RILEY PAIGE, qui comprend dix volumes (pour l’instant). Black Pierce est ?galement l’auteur de la s?rie myst?re MACKENZIE WHITE, comprenant six volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re AVERY BLACK, comprenant cinq volumes ; et de la nouvelle s?rie myst?re KERI LOCKE, comprenant quatre volumes (pour l’instant). Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) afin d’en apprendre davantage et rester en contact. Copyright © 2017 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. 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L’HEURE (Tome 4) QUI VA A LA CHASSE (Tome 5) A VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP FERIR (Tome 9) S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) POLAR AVERY BLACK RAISON DE TUER (TOME 1) RAISON DE COURIR (TOME2) RAISON DE SE CACHER (TOME 3) RAISON DE CRAINDRE (TOME 4) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (TOME 1) DE MAUVAIS AUGURE (TOME 2) L’OMBLRE DU MAL (TOME 3) TABLE DES MATI?RES PROLOGUE (#uccb8e9bc-54ac-5d62-9c34-a03e4e91d2a5) CHAPITRE UN (#u040f011c-4d06-53ae-80a8-c3a221a28899) CHAPITRE DEUX (#u1f450069-bc7f-579f-a7ed-429c5baedf79) CHAPITRE TROIS (#u2aff6853-e3a4-5cff-adc0-02ad89725ebb) CHAPITRE QUATRE (#u1595cfc1-b5f9-57fd-85a9-7080a38ff052) CHAPITRE CINQ (#u12e49e20-19a3-5428-b900-e6fa0e86ee8e) CHAPITRE SIX (#u13d52c65-eebc-5507-944f-26edaf8e42c7) CHAPITRE SEPT (#u253200e6-4f88-5b36-9a68-33c2375a5af3) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) PROLOGUE Il avait lu ce bouquin au moins une demi-douzaine de fois mais ce n’?tait pas grave. C’?tait un bon bouquin et il ?tait m?me arriv? au point de donner ? chaque personnage du livre sa propre voix. ?a aidait aussi beaucoup qu’il s’agisse l? d’un de ses ouvrages favoris – Quelque chose de diabolique est sur le point d’arriver par Ray Bradbury. Pour beaucoup, ce serait un choix ?trange de livre ? lire aux pensionnaires d’une r?sidence pour aveugles, mais tous ceux ? qui il l’avait lu avaient eu l’air de l’appr?cier. Il arrivait ? la fin de l’histoire et sa pensionnaire avait ?t? subjugu?e par le r?cit. Ellis, une femme de cinquante-sept ans, lui avait expliqu? qu’elle ?tait n?e aveugle et qu’elle vivait dans cette r?sidence depuis onze ans, apr?s que son fils ait d?cid? qu’il ne voulait plus s’occuper d’elle et l’avait plac?e dans la r?sidence Wakeman pour aveugles. Ellis avait eu l’air de l’appr?cier directement. Elle lui avait racont? plus tard qu’elle n’avait parl? de lui qu’? tr?s peu d’autres pensionnaires car elle avait envie de le garder pour elle toute seule. Et c’?tait tr?s bien comme ?a. En fait, c’?tait m?me plut?t parfait en ce qui le concernait. Mieux encore, il y a environ trois semaines, elle avait insist? pour qu’ils sortent de la r?sidence ; elle avait envie d’entendre son r?cit en plein air, avec le visage au vent. Et bien qu’il n’y ait pas vraiment de brise aujourd’hui – il faisait en fait vraiment tr?s chaud – c’?tait tr?s bien comme ?a. Ils ?taient assis dans une petite roseraie ? environ cinq cents m?tres de la r?sidence. C’?tait un endroit, lui avait-elle dit, o? elle aimait se rendre. Elle y aimait l’odeur des roses et le bourdonnement des abeilles. Et maintenant, elle y ?coutait sa voix lui lire l’histoire ?crite par Ray Bradbury. Il ?tait content qu’elle l’appr?cie autant. Il l’aimait beaucoup aussi. Ellis ne l’interrompait pas avec des dizaines de questions comme d’autres pensionnaires pouvaient le faire. Elle restait simplement assise l?, le regard perdu au loin, et se concentrait sur chacun des mots qu’il pronon?ait. Au moment o? il arriva ? la fin d’un chapitre, il jeta un coup d’?il ? sa montre. Il ?tait d?j? rest? dix minutes de plus que d’habitude. Il n’avait pas pr?vu de rendre visite ? d’autres pensionnaires aujourd’hui mais il avait des projets pour ce soir. Il pla?a son marque-page ? l’endroit o? il s’?tait arr?t? et d?posa le livre. Maintenant qu’il n’avait plus l’histoire pour le distraire, il r?alisa combien la chaleur du sud ?tait oppressante dans son dos. « C’est tout pour aujourd’hui ? » demanda Ellis. Il sourit ? sa question. Il ?tait toujours aussi ?tonn? de constater que les autres sens aient autant compens? l’absence de la vue. Elle l’avait entendu bouger sur le petit banc au centre du jardin, puis le bruit l?ger du livre qu’il avait repos? sur ses genoux. « Oui, j’en ai bien peur, » dit-il. « J’ai d?j? d?pass? de dix minutes le temps de ma visite. » « Il reste encore beaucoup ? » demanda-t-elle. « Environ quarante pages. Alors on le terminera la semaine prochaine. C’est d’accord ? » « Oui, tout ? fait, » dit-elle. Puis elle fron?a l?g?rement les sourcils et ajouta : « Est-ce que ?a vous d?range si je vous demande… et bien, vous savez… c’est b?te, mais… » « Non, il n’y a pas de probl?me, Ellis. » Il se pencha plus pr?s d’elle et la laissa toucher son visage. Elle promena ses mains le long du contour de sa t?te. Il comprenait ce besoin (et Ellis n’?tait pas la seule femme aveugle qui lui ait demand? la m?me chose) mais ?a lui paraissait toujours aussi bizarre. Un l?ger sourire se dessina sur les l?vres d’Ellis au moment o? elle parcourait son visage des doigts, puis elle retira ses mains. « Merci, » dit-elle. « Et merci pour la lecture. Je me demandais si vous aviez d?j? des id?es pour le prochain bouquin ? » « ?a d?pend de quoi vous avez envie. » « Un classique, peut-?tre ? » « C’est Ray Bradbury, » dit-il. « C’est le plus classique que je puisse faire. Mais je pense que je dois avoir Sa Majest? des mouches quelque part. » « C’est le livre racontant l’histoire de ces gar?ons ?chou?s sur une ?le, n’est-ce pas ? » « De mani?re r?sum?e, oui. » « ?a me para?t une bonne id?e. Mais celui-ci… ce Quelque chose de diabolique est sur le point d’arriver est vraiment excellent. Un tr?s bon choix ! » « Oui, c’est un de mes livres pr?f?r?s. » Il ?tait plut?t content qu’elle ne puisse pas voir le sourire perfide qui se dessina sur ses l?vres. Quelque chose de diabolique est sur le point d’arriver, de fait, pensa-t-il. Il prit son livre en main, us? par des ann?es d’utilisation, ouvert pour la premi?re fois il y a environ trente ans. Il attendit qu’elle se l?ve avec lui, comme un amoureux impatient. Elle avait son b?ton de marche avec elle mais elle l’utilisait rarement. La marche retour vers la r?sidence Wakeman pour aveugles ?tait courte. Il aimait regarder la concentration qui envahissait son visage quand elle se mettait ? marcher. Il se demanda quel effet cela pouvait-il faire de compter sur tous ses autres sens pour pouvoir se d?placer. ?a devait ?tre tr?s fatigant de se d?placer dans un univers sans ?tre capable de le voir. Tout en scrutant son visage, il esp?rait surtout qu’Ellis ait appr?ci? le r?cit qu’elle avait entendu jusqu’? maintenant. Il serra le livre contre lui, presque d??u qu’Ellis n’ait jamais l’occasion de savoir comment l’histoire se terminait. * Ellis se prit ? penser aux jeunes gar?ons de Quelque chose de diabolique est sur le point d’arriver. C’?tait le mois d’octobre dans le livre. Elle aurait aim? ?tre aussi au mois d’octobre. Mais non… c’?tait la fin du mois de juillet dans le sud de la Virginie et elle avait l’impression qu’il ne pouvait pas faire plus chaud que ?a. Elle envisageait de faire une ballade avant le cr?puscule, mais il faisait toujours un insupportable trente-deux degr?s dehors comme le lui avait appris Siri, l’application sur son iPhone. H?las, elle avait appris ? bien conna?tre Siri. Cette application ?tait un bon moyen de faire passer le temps. Elle lui parlait d’une voix pr?tentieuse de robot et maintenait Ellis inform?e sur des sujets divers, les pr?visions m?t?o ou les r?sultats sportifs. Il y avait quelques personnes ? la r?sidence qui s’y connaissaient en technologie et qui veillaient ? ce que tous ses gadgets informatiques soient mis ? jour. Elle avait un MacBook rempli d’iTunes et une biblioth?que musicale assez cons?quente. Elle avait ?galement le dernier iPhone et m?me une excellente application qui lui permettait de communiquer en Braille. Siri venait juste de lui dire qu’il faisait trente degr?s ? l’ext?rieur. ?a avait l’air impossible vu qu’il ?tait presque dix-neuf trente du soir. Enfin, pensa-t-elle. Un peu de transpiration n’a jamais fait de mal ? personne. Elle envisagea d’abandonner l’id?e de sa ballade. C’?tait une promenade qu’elle faisait au moins cinq fois par semaine. Mais elle en avait d?j? fait une aujourd’hui avec l’homme qui lui faisait la lecture. Elle n’avait pas vraiment besoin de faire de l’exercice mais… et bien, elle avait sa routine et ses petites habitudes qui lui donnaient l’impression d’?tre normale, qui lui donnaient l’impression d’?tre saine d’esprit. De plus, il y avait quelque chose dans l’air ? la fin de la journ?e, au moment du cr?puscule. Elle ?tait capable de litt?ralement sentir le moment o? le soleil se couchait et d’entendre une sorte de bourdonnement ?lectrique dans l’air au moment o? le silence envahissait le monde autour d’elle, amenant l’obscurit? et la nuit. Alors elle d?cida finalement d’aller faire sa promenade. Deux personnes de la r?sidence lui dirent au revoir, des voix famili?res – l’une remplie d’ennui, l’autre avec un enthousiasme r?fr?n?. Elle savoura la sensation de l’air frais sur son visage au moment o? elle sortit sur la pelouse principale. « O? vas-tu, Ellis ? » C’?tait une autre voix famili?re – celle du directeur de la r?sidence Wakeman, un homme jovial du nom de Randall Jones. « Ma promenade habituelle, » r?pondit-elle. « Mais il fait si chaud ! Ne tra?ne pas de trop. Je n’ai vraiment pas envie que tu nous fasses une syncope ! » « Ou rater mon ridicule couvre-feu, » dit-elle. « Oui, c’est ?a, » dit Randall, avec un petit air moqueur. Elle sortit pour sa ballade, laissant derri?re elle la r?sidence. Elle sentit un espace ouvert devant elle, la pelouse qui l’attendait. Au-del? se trouvait le trottoir et, cinq cent m?tres plus loin, la roseraie. Ellis d?testait l’id?e d’avoir pr?s de soixante ans et d’avoir un couvre-feu. Elle en comprenait la raison mais ?a lui donnait l’impression d’?tre un enfant. Mais d’un autre c?t?, ? part le fait d’?tre aveugle, elle ?tait plut?t bien ? la r?sidence Wakeman. Elle avait m?me cet homme gentil qui venait lui faire la lecture une fois par semaine – et parfois deux fois. Elle savait qu’il faisait aussi la lecture ? d’autres personnes. Mais c’?tait des pensionnaires d’autres r?sidences. Ici ? Wakeman, elle ?tait la seule ? qui il faisait la lecture. Elle avait du coup l’impression d’?tre sp?ciale. Elle avait l’impression qu’il avait une pr?f?rence pour elle. Il s’?tait plaint du fait que la plupart des pensionnaires pr?f?raient des romans ? l’eau de rose ou des best-sellers inint?ressants. Mais avec Ellis, il pouvait lire des ouvrages qu’il appr?ciait vraiment. Deux semaines plus t?t, ils avaient termin? Cujo de Stephen King. Et maintenant, c’?tait ce livre de Bradbury et – Elle s’arr?ta de marcher, en penchant l?g?rement la t?te sur le c?t?. Elle avait eu l’impression d’entendre un bruit tout pr?s d’elle. Mais apr?s s’?tre arr?t?e, elle n’entendit plus rien. C’?tait probablement juste un animal traversant les bois sur ma droite, pensa-t-elle. Apr?s tout, c’?tait la Virginie du Sud… et il y avait beaucoup de for?ts et d’animaux qui y vivaient. Elle tapota de sa canne devant elle, trouvant une sorte de bien-?tre dans le bruit familier du clic clic au moment o? elle touchait le trottoir. Bien qu’elle n’ait jamais vu le trottoir ou la route qui le longeait, on les lui avait plusieurs fois d?crits. Elle avait m?me fini par s’en cr?er une image mentale avec les descriptions des fleurs et des arbres que certains des aides-soignants de la r?sidence lui en avaient faites. Cinq minutes plus tard, elle sentit l’odeur des roses ? quelques m?tres devant elle. Elle entendit le bourdonnement des abeilles voletant autour des fleurs. Elle avait parfois l’impression qu’elle pouvait m?me sentir les abeilles, couvertes de pollen et du miel qu’elles produisaient quelque part tout pr?s. Elle connaissait si bien le chemin qui menait ? la roseraie qu’elle aurait pu s’y rendre sans l’aide de sa canne. Elle en avait fait le tour au moins un millier de fois durant ces onze derni?res ann?es ? la r?sidence. Elle y venait pour r?fl?chir sur sa vie, sur le fait qu’elle ?tait devenue si compliqu?e que son mari l’avait quitt?e quinze ans plus t?t et son fils avait fait de m?me il y a onze ans. Son salaud d’ex-mari ne lui manquait pas du tout mais ce qui lui manquait, c’?tait de sentir les mains d’un homme sur son corps. Pour ?tre tout ? fait honn?te, c’?tait une des raisons pour laquelle elle appr?ciait autant toucher le visage de l’homme qui lui faisait la lecture. Il avait un menton volontaire, des pommettes saillantes et un accent du Sud qu’elle adorait ?couter. M?me s’il lui avait lu l’annuaire t?l?phonique, elle aurait appr?ci?. Elle pensait ? lui au moment o? elle sentit qu’elle entrait dans l’espace familier du jardin. Le b?ton ?tait r?sistant sous ses pas mais tout ce qui l’entourait ?tait doux et accueillant. Elle fit une pause durant un instant et r?alisa que, comme c’?tait g?n?ralement le cas dans l’apr?s-midi, elle y ?tait toute seule. Il n’y avait personne d’autre. Elle s’arr?ta ? nouveau. Elle avait entendu un bruit derri?re elle. Ressenti, aussi, pensa-t-elle. « Qui va l? ? » demanda-t-elle. Elle ne re?ut aucune r?ponse. Elle ?tait sortie aussi tard car elle savait que le jardin serait d?sert. Tr?s peu de personnes sortaient le soir apr?s dix-huit heures dans la minuscule petite ville de Stateton, o? se trouvait la r?sidence Wakeman. Quand elle ?tait sortie un quart d’heure plus t?t, elle avait tendu l’oreille pour savoir si quelqu’un se trouvait dans la pelouse ? l’avant et elle n’avait rien entendu. Elle n’avait ?galement entendu personne sur le trottoir en descendant vers le jardin. Il ?tait possible que quelqu’un soit sorti avec l’intention de se glisser furtivement derri?re elle et l’effrayer mais c’?tait assez risqu?. Un tel comportement avait des cons?quences, des lois rigoureusement appliqu?es par une force de police qui ne rigolait pas quand il s’agissait d’adolescents cherchant ? faire une mauvaise blague ? une personne handicap?e. Mais elle entendit ? nouveau quelque chose. Elle avait entendu un bruit et elle ?tait d’autant plus certaine que quelqu’un se trouvait ? proximit?. Elle pouvait sentir son odeur. Ce n’?tait pas du tout une odeur d?sagr?able. En fait, c’?tait plut?t une odeur famili?re. Un sentiment de peur l’envahit et elle ouvrit la bouche pour crier. Mais avant qu’elle ne puisse ?mettre un seul son, elle sentit soudain une pression immense autour de sa gorge. Elle sentit autre chose aussi, irradiant de la personne. C’?tait de la haine. Elle ?touffait, incapable de hurler, de parler, de respirer, et elle sentit qu’elle tombait ? genoux. La pression autour de son cou s’intensifia et la haine ?manant de son attaquant la p?n?trait de toute part alors que son corps ?tait envahi par la douleur. Et pour la premi?re fois de sa vie, Ellis fut soulag?e d’?tre aveugle. Alors qu’elle sentait la vie la quitter, elle ?tait soulag?e de ne pas devoir regarder dans les yeux le visage du mal. Au lieu de ?a, elle avait devant elle cette obscurit? si famili?re pour l’accueillir dans ce qui l’attendait apr?s cette vie. CHAPITRE UN Mackenzie White, toujours sur les routes, ?tait vraiment contente de rester confin?e dans son petit box. Elle avait ?t? encore plus ravie quand, il y a trois semaines, McGrath l’avait appel?e pour lui dire qu’il y avait un bureau de libre suite ? une s?rie de licenciements au sein du gouvernement et qu’elle pouvait s’y installer si elle le souhaitait. Elle avait attendu quelques jours et vu que personne d’autre ne l’avait pris, elle s’y ?tait install?e. La pi?ce ?tait d?cor?e de mani?re tr?s minimaliste et elle ne contenait que son bureau, une lampe sur pied, une petite ?tag?re et deux chaises. Un grand calendrier effa?able ?tait pendu au mur. Elle le fixait des yeux en faisant une pause apr?s avoir r?pondu ? des emails et pass? des coups de t?l?phone afin de d?couvrir de nouvelles pistes concernant une affaire en particulier. C’?tait une affaire ancienne… une affaire li?e ? une simple carte de visite qu’elle avait accroch?e au calendrier ? l’aide d’un aimant : Antiquit?s Barker C’?tait le nom d’une entreprise qui n’avait apparemment jamais exist?. Les quelques pistes qu’ils avaient trouv?es n’avaient men? ? rien. La seule fois o? il y eut une l?g?re avanc?e, ce fut quand l’agent Harrison avait d?couvert l’existence d’un endroit ? New York qui pouvait avoir un lien potentiel avec la soci?t?. Mais il s’est tr?s vite av?r? qu’il ne s’agissait de rien de plus que d’un homme qui avait vendu de vieilles antiquit?s bas de gamme dans son garage ? la fin des ann?es 80. Elle avait n?anmoins le sentiment qu’elle ?tait vraiment tr?s pr?s de d?couvrir une piste qui la m?nerait aux r?ponses qu’elle cherchait depuis longtemps – des r?ponses concernant la mort de son p?re et le meurtre qui y ?tait apparemment li? et qui avait eu lieu ? peine six mois plus t?t. Elle essayait de s’accrocher ? ce sentiment, ? cette sensation que la r?ponse ?tait l? ? port?e de main, encore invisible et pourtant juste devant ses yeux. C’?tait ce qu’elle devait faire des jours comme aujourd’hui, o? trois pistes potentielles s’?taient av?r?es infructueuses apr?s quelques appels t?l?phoniques et quelques emails. La carte de visite ?tait devenue une sorte d’?nigme pour elle. Elle la fixait des yeux tous les jours, en essayant d’imaginer une approche diff?rente ? laquelle elle n’aurait pas encore pens?. Cette carte de visite la captivait tellement qu’elle sursauta au moment o? quelqu’un frappa ? la porte de son bureau. Elle regarda en direction de la porte et y vit Ellington. Il passa sa t?te ? l’int?rieur et jeta un coup d’?il autour de lui. « Et bien, tu d?tonnes toujours autant dans un bureau. » « Je sais, » dit Mackenzie. « J’ai vraiment l’impression d’?tre un imposteur. Viens, entre. » « Je n’ai pas beaucoup de temps devant moi, » dit-il. « Je me demandais seulement si tu voulais qu’on aille d?jeuner ensemble. » « Oui, bien s?r, » dit-elle. « On peut se retrouver en bas dans une demi-heure et… » Son t?l?phone sonna, l’interrompant au milieu de sa phrase. Elle jeta un coup d’?il ? l’affichage et vit que l’appel venait de l’extension de McGrath. « Attends une minute, » dit-elle. « C’est McGrath. » Ellington hocha la t?te et prit un air s?rieux. « Agent White, » dit-elle. « White, c’est McGrath. Je veux que vous veniez aussi vite que possible dans mon bureau. C’est concernant une nouvelle mission. Trouvez-moi Ellington et amenez-le avec vous. » Elle ouvrit la bouche pour r?pondre Oui monsieur, mais McGrath avait raccroch? avant m?me qu’elle n’ait eu le temps d’?mettre un son. « On dirait que le d?jeuner devra attendre, » dit-elle. « McGrath veut nous voir. » Ils ?chang?rent un regard g?n? en pensant ? la m?me chose. Ils s’?taient souvent demand? combien de temps ils parviendraient ? maintenir leur relation secr?te et cach?e de leurs coll?gues, et sp?cialement de McGrath. « Tu penses qu’il est au courant ? » demanda Ellington. Mackenzie haussa les ?paules. « Je ne sais pas. Mais il a dit qu’il voulait nous voir concernant une mission. Alors s’il est au courant, ce n’est apparemment pas la raison de son appel. » « Alors allons-y et on aura notre r?ponse, » dit Ellington. Mackenzie ?teignit son ordinateur et rejoignit Ellington. Ils travers?rent l’?difice en direction du bureau de McGrath. Elle essayait de se persuader que ce n’?tait pas grave si McGrath ?tait au courant ? leur sujet. Ce n’?tait pas une raison de suspension ou de r?primande, mais il ne les laisserait probablement plus jamais travailler ensemble s’il d?couvrait la v?rit?. Bien qu’elle fasse de son mieux pour ne pas se pr?occuper, elle ?tait tout de m?me inqui?te. Elle fit de son mieux pour ?viter d’y penser alors qu’ils s’approchaient du bureau de McGrath, tout en essayant de rester le plus ?loign? possible d’Ellington. *** McGrath les regarda d’un air m?fiant au moment o? ils s’assirent sur les chaises qui se trouvaient de l’autre c?t? de son bureau. C’?tait un endroit que Mackenzie commen?ait ? bien conna?tre, ?tre assise sur cette chaise pour ?tre soit sermonn?e soit f?licit?e par McGrath. Elle se demanda ? quoi s’attendre aujourd’hui avant qu’il ne leur assigne leur nouvelle mission. « Bon, on va commencer par laver un peu de linge sale, » dit McGrath. « Il est clair qu’il y a quelque chose entre vous. Je ne sais pas si c’est de l’amour ou juste un truc de passage… et franchement je m’en fous. Mais c’est votre seul et unique avertissement. Si ?a vous emp?che de faire votre boulot correctement, vous ne serez plus jamais partenaires. Et ce serait vraiment dommage car vous travaillez vraiment bien ensemble. C’est compris ? » Mackenzie ne voyait pas ? quoi ?a pouvait servir de nier les faits. « Oui, monsieur. » Ellington fit ?cho ? sa r?ponse et elle eut un petit sourire en coin quand elle vit qu’il avait l’air g?n?. Il ?tait clair qu’il n’?tait pas du genre ? ?tre habitu? ? recevoir des r?primandes de sa hi?rarchie. « OK, maintenant que ?a, c’est fait, venons-en ? l’affaire, » dit McGrath. « On a re?u un appel du sh?rif d’une petite ville du Sud du nom de Stateton. Il y a une r?sidence pour aveugles – et c’est ? peu pr?s tout ce qu’il y a, d’apr?s ce que j’ai pu comprendre. La nuit derni?re, une femme aveugle a ?t? assassin?e tr?s pr?s de la r?sidence. Et bien que ce soit d?j? assez tragique en soi, c’est le deuxi?me meurtre d’une personne aveugle dans l’?tat de Virginie en dix jours. Dans les deux cas, il y avait un traumatisme au niveau du cou, indiquant par l? une mort par strangulation, ainsi qu’une irritation autour des yeux. » « Est-ce que la premi?re victime ?tait ?galement pensionnaire d’une r?sidence pour aveugles ? » demanda Mackenzie. « Oui, mais d’une r?sidence beaucoup plus petite, d’apr?s ce que j’ai pu comprendre. Au d?but, ils ont suppos? que l’assassin ?tait un membre de la famille, mais ?a a pris moins d’une semaine pour innocenter tout le monde. Avec une deuxi?me victime et le fait qu’il s’agisse de cibles bien sp?cifiques, il est plus que probable qu’il ne s’agisse pas d’une co?ncidence. Alors j’esp?re que vous comprendrez l’urgence de la situation. Franchement, j’ai l’impression qu’il s’agit l? d’une histoire glauque de petite ville. Il n’y a pas beaucoup d’habitants, alors vous devriez rapidement pouvoir identifier un suspect. Je vous assigne cette mission car j’attends de vous que vous l’ayez ?lucid?e en maximum quarante-huit heures. » « Est-ce que l’agent Harrison va travailler avec nous sur cette affaire ? » demanda Mackenzie. N’ayant pas eu l’occasion de lui parler depuis la mort de sa m?re, elle se sentait un peu coupable. Bien qu’il n’ait jamais vraiment ?t? son partenaire, elle avait pour lui beaucoup de respect. « L’agent Harrison a ?t? assign? ? d’autres t?ches, » dit McGrath. « Pour cette affaire, il vous aidera en tant que ressource… recherche, informations et ce genre de choses. ?tes-vous mal ? l’aise de travailler avec l’agent Ellington ? » « Non, pas du tout, monsieur, » dit-elle, en regrettant d’avoir dit quoi que ce soit. « OK, tr?s bien alors. Je demanderai aux ressources humaines de vous r?server une chambre ? Stateton. Je ne suis pas idiot… alors je n’ai demand? qu’une seule chambre. Si votre histoire finit par ne mener ? rien, au moins elle permettra au bureau de faire des ?conomies. »” Mackenzie se demanda si c’?tait une forme d’humour. C’?tait difficile ? dire car McGrath n’avait jamais l’air de sourire. Au moment o? ils se lev?rent pour s’attaquer ? leur mission, Mackenzie r?alisa combien la r?ponse de McGrath avait ?t? vague concernant Harrison. Il a ?t? assign? ? d’autres t?ches, pensa Mackenzie. Qu’est-ce que ?a signifie ? Mais ce n’?tait pas ? elle ? s’en pr?occuper. Au lieu de ?a, on venait de lui assigner une affaire et McGrath voulait qu’elle soit rapidement ?lucid?e. Elle pouvait d?j? sentir l’excitation du challenge monter en elle, la poussant ? se mettre tout de suite au travail. CHAPITRE DEUX Mackenzie fut parcourue d’un frisson alors qu’ils roulaient sur la route 47, s’enfon?ant au c?ur de la campagne de Virginie. Quelques champs de ma?s parsemaient le paysage, brisant la monotonie des prairies et des for?ts. L’?tendue de ces champs n’avait rien ? voir avec ce qu’elle avait connu au Nebraska mais leur vue la faisait se sentir un peu mal ? l’aise. Heureusement, plus ils se rapprochaient de la ville de Stateton, moins il y avait de champs de ma?s. Ils furent remplac?s par des ?tendues de terrain fra?chement nivel?es, qui avaient ?t? ras?es par des entreprises foresti?res locales. En faisant des recherches sur la r?gion durant les quatre heures et demie de trajet, elle avait constat? qu’il y avait un nombre assez important de revendeurs de bois dans une ville voisine. Quant ? Stateton, il y avait surtout la r?sidence Wakeman pour aveugles, quelques magasins d’antiquit?s et c’?tait ? peu pr?s tout. « Il y a quoi que ce soit dans les dossiers sur l’affaire dont je ne sois pas encore au courant ? C’est difficile de lire le flux constant d’emails en ?tant derri?re le volant. » « Non, rien vraiment, » dit-elle. « On dirait qu’il va falloir qu’on passe par la proc?dure habituelle. Visites de la famille, de la r?sidence pour aveugles, des trucs dans le genre. » « Visiter les familles… ?a devrait ?tre facile dans un petit bled comme celui-l? o? tout le monde se marie entre eux, hein ? » Elle fut d’abord choqu?e par son commentaire puis elle laissa couler. Elle avait appris au bout de quelques semaines de « relation » avec Ellington qu’il avait un sens de l’humour assez sp?cial parfois et qu’il pouvait ?tre un peu sec. « As-tu d?j? pass? du temps dans un endroit dans le genre ? » lui demanda Mackenzie. « En colonie de vacances, » dit Ellington. « Une partie de mon adolescence que je pr?f?re oublier. Et toi ? C’?tait aussi terrible que ?a au Nebraska ? » « Pas exactement pareil mais ?a pouvait parfois ?tre tr?s d?sert. Il y a des moments o? je me dis que je pr?f?re le calme et la tranquillit? de ce genre d’endroit au trafic et ? la foule de Washington. » « Oui, je peux imaginer. » Mackenzie aimait vraiment le fait qu’elle apprenne ? conna?tre Ellington en-dehors de toute formalit? li?e ? une relation plus traditionnelle. Au lieu d’apprendre ? se conna?tre lors de d?ners au restaurant ou de longues ballades dans le parc, ils apprenaient ? se conna?tre durant de longs trajets en voiture et le temps qu’ils passaient dans les bureaux du FBI ou dans des salles de conf?rence. Et elle en appr?ciait chaque instant. Elle se demandait parfois si elle ne se lasserait jamais d’apprendre ? le conna?tre. Pour l’instant, elle ne pensait pas que ?a pouvait ?tre possible. Devant eux, une petite pancarte sur le c?t? de la route annon?ait qu’ils entraient ? Stateton, en Virginie. Ils roulaient sur une route ? deux voies ? travers bois. La vue de quelques maisons brisa un peu la monotonie de la for?t pendant environ un kilom?tre avant que n’apparaissent les premiers signes de la ville. Ils pass?rent devant une gargote graisseuse, un coiffeur, deux magasins d’antiquit?s, un commerce de fournitures agricoles, deux petits magasins et un bureau de poste avant de voir ? environ trois kilom?tres de l? un ?difice carr? en briques sur le c?t? de la route. Une pancarte de style tr?s militaire indiquait qu’il s’agissait du commissariat de police du comt? de Staunton et de l’?tablissement p?nitentiaire. « Tu avais d?j? vu ?a ? » demanda Ellington. « Un commissariat de police et la prison du comt? dans le m?me ?difice ? » « Oui, j’ai d?j? vu ?a au Nebraska, » dit-elle. « Je pense que c’est assez courant dans des endroits comme celui-ci. La prison la plus proche de Stateton se trouve ? Petersburg et je pense que c’est ? environ cent-vingt kilom?tres de route d’ici. » « Et bien, cet endroit est vraiment minuscule. On devrait pouvoir ?lucider cette affaire assez rapidement. » Mackenzie hocha la t?te alors qu’Ellington s’engageait dans l’all?e menant au parking du grand ?difice en briques qui avait l’air d’avoir ?t? construit au milieu de nulle part. Ce qu’elle pensait mais ne voulait pas dire, c’?tait plut?t : J’esp?re que tu ne viens pas juste de nous porter la poisse. *** Mackenzie sentit l’odeur du caf? et de produit nettoyant au moment o? ils entr?rent dans le vestibule de l’?difice. L’int?rieur du b?timent ?tait assez joli bien que l’?difice soit ancien. Son ?ge ?tait visible par les crevasses au plafond et le besoin ?vident d’une nouvelle moquette dans le vestibule d’entr?e. Un ?norme bureau ?tait appuy? contre le mur au fond et bien qu’il ait l’air aussi ancien que le reste de l’?difice, il avait l’air bien entretenu. Une femme ?g?e ?tait assise derri?re le bureau et ?tait occup?e ? fouiller dans un gros classeur. Quand elle entendit Mackenzie et Ellington entrer, elle les accueillit avec un large sourire tr?s agr?able mais qui trahissait aussi son ?ge. Mackenzie estima qu’elle devait avoir environ soixante-dix ans. « Vous ?tes les agents du FBI ? » demanda la dame ?g?e. « Oui, madame, » dit Mackenzie. « Je suis l’agent White et voici mon partenaire, l’agent Ellington. Est-ce que le sh?rif est l? ? » « Oui, il est l?, » dit-elle. « Et d’ailleurs, il m’a demand? de vous envoyer directement dans son bureau. Il a beaucoup d’appels ? passer avec cet horrible meurtre. Il vous suffit de longer le couloir sur votre gauche. La porte de son bureau est la derni?re sur la droite. » Ils suivirent ses indications et alors qu’ils marchaient le long couloir qui menait vers l’arri?re de l’?difice, Mackenzie fut surprise par le silence qu’il y r?gnait. En plein milieu d’une enqu?te sur un meurtre, elle s’?tait attendue ? ce que le commissariat d?borde d’activit? m?me s’ils se trouvaient dans un petit trou perdu au fin fond de la Virginie. Alors qu’ils se dirigeaient vers le fond du couloir, Mackenzie remarqua quelques panneaux qui avaient ?t? accroch?s aux murs. Sur l’un d’entre eux, elle y lut : La carte magn?tique est obligatoire pour acc?der ? la prison. Et sur un autre : Toutes les visites ? la prison doivent ?tre approuv?es par les officiers du comt? ! L’approbation doit ?tre montr?e au moment de la visite ! Elle se mit ? penser au nombre de r?gles et de dispositions qui avaient d? ?tre mises en place afin qu’une prison et un commissariat puissent occuper le m?me espace. Elle trouvait ?a fascinant. Mais avant qu’elle ne puisse y r?fl?chir davantage, ils atteignirent le fond du couloir. En lettres dor?es, peintes sur la partie sup?rieure vitr?e de la porte, il ?tait ?crit Sh?rif Clarke. La porte ?tait ? moiti? ouverte, alors Mackenzie la poussa lentement et entendit la voix d’un homme costaud. Quand elle regarda ? l’int?rieur, elle vit un homme robuste assis derri?re un bureau, qui parlait d’une voix forte au t?l?phone. Un autre homme ?tait assis sur une chaise dans un coin et tapait furieusement un message sur son t?l?phone portable. L’homme assis derri?re le bureau – et qui devait probablement ?tre le sh?rif Clarke – s’interrompit au moment o? elle ouvrit la porte. « Attends un instant, Randall, » dit-il. Puis il couvrit le combin? du t?l?phone et regarda tour ? tour Mackenzie et Ellington. « Vous ?tes du FBI ? » demanda-t-il. « Oui, » dit Ellington. « Dieu merci, » soupira-t-il. « Donnez-moi juste un instant. » Il retira sa main du combin? et continua sa conversation t?l?phonique. « ?coute Randall, la cavalerie vient juste d’arriver. Je peux te rappeler dans un quart d’heure ? Oui ? OK, alors, ? tout ? l’heure. » L’homme costaud raccrocha le t?l?phone et se dirigea vers eux. Il leur offrit une main charnue, en la tendant d’abord ? Ellington. « Enchant? de vous rencontrer, » dit-il. « Je suis le sh?rif Robert Clarke. Et l?, » dit-il, en montrant d’un signe de t?te l’homme qui ?tait assis dans un coin, « c’est l’officier Keith Lambert. Mon adjoint est sur le terrain pour l’instant et s’efforce de trouver une quelconque piste dans ce bordel. » Quand il eut termin? de serrer la main d’Ellington, il faillit oublier Mackenzie et ne lui tendit la main qu’apr?s coup. En la serrant, elle se pr?senta, esp?rant qu’il comprendrait ainsi qu’elle ?tait tout aussi capable de mener une enqu?te que les hommes pr?sents dans cette pi?ce. Elle eut soudain l’impression de revivre une de ces situations auxquelles elle n’avait ?t? que trop habitu?e au Nebraska. « Sh?rif Clarke, je suis l’agent White et voici l’agent Ellington. Allez-vous ?tre notre personne de contact ici ? Stateton ? » « Mon chou, je vais faire office d’un peu pr?s tout durant votre visite, » dit-il. « Les forces de police pour tout le comt? s’?l?vent exactement ? douze personnes. Treize si vous comptez Frances qui est assise ? la r?ception. Avec la folie meurtri?re ? laquelle on fait face, on est un peu court. » « Et bien, voyons ce que nous pouvons faire pour vous aider, » dit Mackenzie. « J’aimerais que ce soit aussi facile, » dit-il. « M?me si nous r?solvions cette affaire aujourd’hui m?me, je vais avoir la moiti? du conseil des autorit?s de surveillance sur le dos. » « Et pourquoi ?a ? » demanda Ellington. « Et bien, les journaux viennent d’apprendre qui est la victime. Ellis Ridgeway. La m?re d’un connard de cr?tin de politicien. Certains pensent qu’il pourrait finir au s?nat dans les cinq prochaines ann?es. » « Et de qui s’agit-il ? » demanda Mackenzie. « De Langston Ridgeway. Vingt-huit ans et il se prend pour le nouveau JFK. » « Vraiment ? » dit Mackenzie, un peu surprise que cette information ne leur ait pas ?t? transmise dans le dossier. « Et oui. Je ne comprends m?me pas comment les journaux locaux ont pu obtenir cette information. La majorit? du temps, ils ne sont m?me pas capables d’?crire sans faute, mais ?a, ils ne l’ont pas rat?. » « J’ai vu des panneaux pour la r?sidence Wakeman pour aveugles alors que nous ?tions en route, » dit Mackenzie. « Ce n’est qu’? dix kilom?tres d’ici, c’est bien ?a ? » « Exactement, » dit Clarke. « Je parlais ? l’instant avec Randall Jones, le g?rant de la r?sidence. C’?tait avec lui que j’?tais au t?l?phone quand vous ?tes arriv?s. Il est l?-bas pour l’instant et dispos? ? r?pondre ? toutes vos questions. Et le plus t?t sera le mieux. Des journalistes et quelques personnalit?s importantes n’arr?tent pas de l’appeler et de l’interroger au sujet de l’affaire. » « Allons-y, alors, » dit Mackenzie. « Vous nous accompagnez ? » « Impossible, mon chou. Je suis compl?tement submerg? ici. Mais n’h?sitez pas ? revenir me voir quand vous aurez termin? avec Randall. J’essaierai de vous aider autant que possible mais franchement… je pr?f?rerais que vous puissiez d?patouiller tout ?a vous-m?mes. » « OK, » dit Mackenzie. Elle n’?tait pas s?re de savoir comment prendre Clarke. Il ?tait vraiment direct et franc, ce qui ?tait plut?t positif. Il avait l’air aussi d’aimer utiliser des gros mots. Et elle ne le prenait pas mal quand il l’appelait mon chou. ?a faisait plut?t partie de ce charme typique du Sud. Et puis aussi, il ?tait vraiment soumis ? une ?norme pression. « Nous reviendrons d?s que nous en aurons termin? ? la r?sidence, » dit Mackenzie. « Mais n’h?sitez pas ? nous appeler si vous avez du neuf entre temps. » « Bien entendu, » dit Clarke. Dans son coin, toujours occup? ? envoyer des messages, l’officier Lambert grogna en signe d’assentiment. Apr?s moins de trois minutes dans le bureau du sh?rif Clarke, Mackenzie et Ellington retravers?rent le couloir qui donnait sur le vestibule. La femme ?g?e, s?rement la Frances que Clarke avait mentionn?e, leur fit un petit geste rapide de la main quand ils sortirent. « Et bien, c’?tait… int?ressant, » dit Ellington. « Le type est d?bord?, » dit-elle. « Il faut comprendre. » « Tu l’aimes bien juste parce qu’il t’appelle mon chou, » dit Ellington. « Et alors ? » dit-elle, en souriant. « Et bien, si tu veux, je peux commencer ? t’appeler mon chou. » « Non, s’il te pla?t, » dit-elle, en remontant en voiture. Ellington roula durant un kilom?tre sur la route 47, puis tourna ? gauche sur une route secondaire. Ils virent tout de suite un panneau qui indiquait la r?sidence Wakeman. Alors qu’ils s’approchaient de la propri?t?, Mackenzie se demanda pourquoi un lieu aussi isol? avait ?t? choisi pour une r?sidence pour aveugles. Il y avait s?rement une raison psychologique derri?re tout ?a. Peut-?tre que le fait d’?tre situ?s au milieu de nulle part aidait les pensionnaires ? se d?tendre, loin des bruits constants de la ville. Mais ce dont elle ?tait certaine, c’?tait qu’elle se sentait de plus en plus coup?e du reste du monde au fur et ? mesure que la for?t s’?paississait autour d’eux. Et pour la premi?re fois depuis tr?s longtemps, elle en arriva presque ? d?sirer revoir le paysage familier des champs de ma?s de sa jeunesse. CHAPITRE TROIS La r?sidence Wakeman pour aveugles ne ressemblait pas du tout ? ce que Mackenzie s’attendait. Compar? au b?timent du commissariat et de la prison du comt? de Staunton, la r?sidence Wakeman ?tait une merveille de design et d’architecture moderne – comme Mackenzie put s’en rendre compte avant m?me d’entrer dans l’?difice. La fa?ade de l’?difice ?tait faite de larges baies vitr?es qui constituaient l’essentiel des murs. Alors qu’elle se trouvait encore dans l’all?e qui menait vers l’entr?e, Mackenzie pouvait d?j? voir l’int?rieur. Elle vit un grand vestibule qui ressemblait ? celui qu’on trouve g?n?ralement ? l’entr?e des centres thermaux. L’aspect ?tait agr?able et accueillant. Cette sensation ne fit que s’intensifier une fois qu’ils furent entr?s dans le b?timent. Tout avait l’air neuf et ?tincelant. Lors des recherches qu’elle avait faites durant le trajet pour Stateton, elle avait d?couvert que la r?sidence Wakeman pour aveugles avait ?t? construite en 2007. Son installation avait ?t? accueillie chaleureusement par la communaut? du comt? de Staunton car il avait permis de cr?er de nouveaux emplois. Mais aujourd’hui, bien qu’il soit toujours l’un des ?difices les plus importants du comt?, l’excitation du d?but avait d?clin? et la r?sidence semblait avoir ?t? engloutie par le milieu rural qui l’environnait. Une jeune femme ?tait assise derri?re un guichet arrondi le long du mur du fond. Elle leur sourit mais il ?tait clair qu’elle avait un air inquiet. Mackenzie et Ellington s’approch?rent d’elle, se pr?sent?rent et furent rapidement invit?s ? s’asseoir dans la salle d’attente, le temps que Randall Jones vienne les chercher. Il s’av?ra tr?s vite que Randall Jones ?tait vraiment press? de les rencontrer. Mackenzie ?tait assise depuis seulement quelques secondes quand une double porte menant ? l’arri?re du b?timent s’ouvrit de l’autre c?t? de la salle d’attente. Un homme de grande taille portant une chemise et un pantalon kaki en sortit. Il essaya de leur sourire au moment o? il se pr?senta mais, tout comme la r?ceptionniste, il ne parvint pas ? cacher le fait qu’il ?tait tr?s fatigu? et inquiet. « Je suis content que vous soyez venus aussi vite, » dit Jones. « Le plus t?t nous pourrons r?soudre cette affaire sera le mieux. Les rumeurs vont bon train dans le coin avec cette histoire. » « Nous aimerions ?galement la r?soudre aussi vite que possible, » dit Mackenzie. « Connaissez-vous l’endroit exact o? le corps a ?t? retrouv? ? » « Oui. C’est une roseraie ? environ cinq cents m?tres d’ici. C’?tait normalement l’endroit o? la r?sidence Wakeman aurait d? ?tre construit mais d’obscures r?glementations du comt? sont venues mettre des b?tons dans les roues du projet. » « Pouvez-vous nous y emmener ? » demanda Mackenzie. « Bien s?r, tout ce dont vous avez besoin. Venez avec moi. » Jones les guida ? travers les doubles portes qu’il venait de traverser. De l’autre c?t?, il y avait une petite niche qui menait directement ? l’int?rieur de la r?sidence. Les premi?res portes ? c?t? desquelles ils pass?rent menaient ? des bureaux et ? des espaces de rangement, s?par?s des chambres des pensionnaires par un espace ouvert o? un homme et une femme ?taient assis derri?re un guichet, un peu comme dans les h?pitaux. Au moment o? ils pass?rent ? c?t? des chambres, Mackenzie jeta un coup d’?il ? l’int?rieur de l’une d’entre elles dont la porte ?tait ouverte. Les chambres ?taient assez spacieuses et ?quip?es de jolis meubles. Elle vit ?galement des ordinateurs portables et des smartpads dans quelques-unes d’entre elles. Bien que la r?sidence soit situ?e au milieu de nulle part, on dirait que l’argent ne manque pas pour entretenir l’endroit, pensa-t-elle. « Combien de pensionnaires vivent dans la r?sidence ? » demanda Mackenzie. « Vingt-six, » dit-il. « Et ils viennent d’un peu partout. Nous avons un homme ?g? qui est venu sp?cialement de Californie car nous offrons un service exceptionnel et une tr?s bonne qualit? de vie. » « Excusez-moi si ma question peut vous para?tre stupide, » dit Mackenzie, « mais quel genre d’activit?s font-ils ? » « Et bien, nous proposons toute une s?rie de cours qui couvrent un large ?ventail de centres d’int?r?t. Bien s?r, la plupart doivent ?tre adapt?s pour r?pondre ? leurs besoins. Nous avons des cours de cuisine, des programmes d’exercice, un club de jeu de soci?t?, des clubs divers, des cours de jardinage, de bricolage, des choses dans le genre. Nous organisons ?galement des sorties quelques fois par an, afin de leur permettre de faire de la randonn?e ou de la nage. Nous avons m?me deux courageux qui sortent en cano? ? chaque fois que nous faisons ces excursions. » En entendant tout ?a, Mackenzie fut assez surprise. Elle n’avait jamais imagin? que des personnes compl?tement aveugles puissent avoir des hobbies comme la natation ou le cano?. Au moment o? ils atteignirent le bout du couloir, Jones les guida vers un ascenseur. Quand ils furent ? l’int?rieur et qu’ils descendirent ? l’?tage inf?rieur, Jones s’appuya contre le mur, visiblement ?puis?. « Monsieur Jones, » dit Mackenzie, « Savez-vous comment les journaux locaux ont pu ?tre aussi rapidement au courant du meurtre ? » « Je n’en ai aucune id?e, » dit-il. « C’est une des raisons pour laquelle je suis aussi fatigu?. J’ai interrog? tout mon personnel ? fond. Mais je n’ai rien d?couvert. Il y a certainement une fuite mais je n’ai aucune id?e d’o? elle vient. » Mackenzie hocha la t?te. Ce n’est pas vraiment un souci en soi, pensa-t-elle. Une fuite dans une petite ville comme celle-l? est presqu’une certitude. Mais il ne faut pas que ?a vienne freiner l’enqu?te par contre. L’ascenseur s’arr?ta et les portes s’ouvrirent sur une sorte de petit rez-de-chauss?e. Quelques chaises ?taient dispers?es ici et l? mais Jones les mena directement vers une porte qui se trouvait droit devant eux. Ils sortirent ? l’air libre et Mackenzie r?alisa qu’ils se trouvaient ? l’arri?re de l’?difice, face au parking des employ?s. Randall les emmena jusqu’? sa voiture et quand ils y entr?rent, il mit tout de suite l’air conditionn? en route. Il faisait chaud comme dans un four ? l’int?rieur du v?hicule mais la climatisation fit directement effet. « Comment madame Ridgeway est-elle parvenue jusqu’? la roseraie ? » demanda Ellington. « Et bien, du fait que nous soyons au milieu de nulle part, nous accordons une certaine libert? ? nos pensionnaires. Nous avons un couvre-feu ? vingt et une heures en ?t? – qui est r?duit ? dix-huit heures en automne et en hiver quand il fait noir plus t?t. La roseraie ? laquelle nous allons est un endroit auquel se rendent parfois certains pensionnaires pour prendre l’air. Comme vous le verrez, c’est une courte promenade sans aucun risque. » Randall fit une marche arri?re pour sortir du parking et s’engagea sur la route. Il prit la direction oppos?e ? celle qui menait au commissariat de police, sur un tron?on de route de Mackenzie et Ellington ne connaissaient pas encore. La route s’enfon?ait encore plus profond?ment dans les bois. ? peine trente secondes plus tard, Mackenzie aper?ut le portail en fer forg? qui donnait acc?s ? la roseraie. Randall se gara sur un petit parking o? se trouvaient seulement trois autres voitures, dont l’une ?tait une voiture de police sans personne ? l’int?rieur. « Le sh?rif Clarke et ses hommes ?taient ici la nuit derni?re et ce matin, » dit Randall. « Quand il a su que vous alliez arriver, il a fait ?vacuer ses hommes afin de vous laisser le champ libre. » « Une d?cision que nous appr?cions vraiment, » dit Mackenzie, en sortant du v?hicule sous une chaleur ?touffante. « Nous savons avec certitude que c’est le dernier endroit o? Ellis Ridgeway s’est rendue, » dit Randall. « Elle est pass?e devant deux autres pensionnaires au moment o? elle est sortie, et je l’ai ?galement vue partir de la r?sidence. Les cam?ras de s?curit? confirment doublement ce fait. Elle se rendait visiblement dans cette direction – et tout le monde ? la r?sidence savait qu’elle aimait venir se balader jusqu’ici le soir. Elle le faisait au moins quatre ? cinq fois par semaine. » « Et il n’y avait personne avec elle ? » demanda Mackenzie. « Personne de la r?sidence. Franchement, la plupart des gens n’ont pas vraiment envie d’aller se balader en plein ?t?. Je suis s?r que vous avez remarqu? qu’on subit pour l’instant une forte vague de chaleur. » Alors qu’ils s’approchaient du c?t? Est du jardin, Mackenzie fut envahie par les odeurs enivrantes de fleurs. Elle reconnut des roses, des hortensias et de la lavande. Elle pouvait facilement imaginer qu’il s’agisse l? d’un endroit bien agr?able pour une personne aveugle – une fa?on de profiter pleinement de tous les autres sens. Lorsqu’ils atteignirent un tournant du sentier qui menait plus profond?ment vers le c?t? de la roseraie, Jones se retourna et pointa un doigt derri?re eux. « Si vous regardez ? travers ces arbres de l’autre c?t? de la route, vous pouvez voir l’arri?re de la r?sidence Wakeman, » dit-il tristement. « Elle ?tait vraiment tr?s pr?s de nous quand elle est morte. » Puis il sortit du sentier et passa ? c?t? de deux grands pots de fleurs contenant des roses rouges. Mackenzie et Ellington le suivirent. Ils arriv?rent ? un portail arri?re qui ?tait partiellement dissimul? par toutes les fleurs, les arbres et la v?g?tation. Il y avait un espace vide d’environ quatre m?tres, envahi de mauvaises herbes. En traversant cet espace, Mackenzie put facilement imaginer qu’il s’agisse l? d’un endroit parfait pour un meurtre. Randall Jones l’avait dit lui-m?me – personne ne venait jusqu’ici quand il faisait aussi chaud. L’assassin le savait probablement et avait utilis? cette information ? son avantage. « C’est ici que je l’ai trouv?e, » dit Jones, en montrant du doigt l’espace vide entre les gros pots de fleurs et le portail noir en fer forg?. « Elle ?tait couch?e sur le ventre et pli?e l?g?rement en deux. » « C’est vous qui l’avez trouv?e ? » demanda Ellington. « Oui. Vers vingt et une heures quarante-cinq hier soir. Quand elle n’est pas rentr?e ? l’heure du couvre-feu, j’ai commenc? ? m’inqui?ter. Apr?s une demi-heure, je me suis dit qu’il valait mieux que je vienne voir si elle n’?tait pas tomb?e quelque part ou si elle ne s’?tait pas perdue. » « Elle avait toujours tous ses habits ? » demanda Mackenzie. « Oui, je pense que oui, » dit Randall, visiblement surpris par la question. « Mais sur le moment, ce n’est pas non plus la premi?re chose que j’ai pens? ? v?rifier. » « Et il n’y a absolument personne d’autre qui appara?t sur les enregistrements des cam?ras de surveillance de la r?sidence ? » demanda Ellington. « Personne ne la suivait ? » « Personne. Vous pourrez visionner les enregistrements vous-m?mes quand nous rentrerons. » Alors qu’ils rebroussaient chemin ? travers la roseraie, Ellington posa une question qui turlupinait Mackenzie depuis d?j? quelques minutes. « La r?sidence a vraiment l’air tr?s calme aujourd’hui. C’est toujours comme ?a ? » « J’imagine qu’on peut dire que c’est une p?riode de deuil. Notre communaut? est tr?s soud?e ? Wakeman et Ellis ?tait vraiment tr?s appr?ci?e. Tr?s peu de nos pensionnaires sont sortis de leur chambre aujourd’hui. De plus, nous les avons ?galement inform?s que des agents de Washington allaient venir enqu?ter sur le meurtre d’Ellis. Depuis lors, plus personne n’est sorti de sa chambre. J’imagine qu’ils ont peur… qu’ils sont paniqu?s. » ?a, plus le fait que personne ne l’ait suivie quand elle est sortie de la r?sidence, ?limine la possibilit? que l’assassin soit un pensionnaire, pensa Mackenzie. Le maigre dossier qu’ils avaient re?u sur la premi?re victime indiquait que le meurtre avait eu lieu entre vingt-trois heures et minuit… et ? une bonne distance de Stateton. « Serait-il possible que nous parlions avec certains de vos pensionnaires ? » demanda Mackenzie. « Je n’ai aucun probl?me avec ?a, » dit Jones. « Mais bien entendu, s’ils sont mal ? l’aise ? l’id?e que vous les interrogiez, je devrai vous demander d’arr?ter. » « Bien s?r. Je pense que je pourrais… » Elle fut interrompue par la sonnerie de son t?l?phone. Elle y jeta un ?il et vit qu’il s’agissait d’un num?ro inconnu. « Un instant, » dit-elle, en d?crochant. Elle tourna le dos ? Jones et r?pondit : « Agent White. » « Agent White, c’est le sh?rif Clarke. ?coutez, je sais que vous venez juste de partir mais ce serait vraiment bien si vous pouviez revenir au commissariat aussi vite que possible. » « Bien s?r. Tout va bien ? » « ?a pourrait aller mieux, » dit-il. « Je viens d’avoir la visite de cet inutile de Langston Ridgeway, il veut parler avec vous concernant l’enqu?te sur le meurtre de sa m?re et il commence ? causer un peu un esclandre. » M?me au fin fond des bois, pas moyen d’?chapper ? la politique, pensa Mackenzie. Exasp?r?e, elle fit de son mieux pour r?pondre sur un ton professionnel. « On sera l? dans une dizaine de minutes, » dit-elle et elle raccrocha. « Monsieur Jones, il faut que nous retournions chez le sh?rif, » dit-elle. « Pourriez-vous pr?parer ces enregistrements des cam?ras de s?curit? pour quand nous reviendrons ? » « Bien s?r, » dit Randall, en les accompagnant vers sa voiture. « Et entre temps, » ajouta Mackenzie, « pourriez-vous ?galement pr?parer une liste de toutes les personnes au sujet desquelles vous pourriez avoir le moindre soup?on ? Tant du c?t? des employ?s que des pensionnaires. Des gens qui conna?traient par exemple la port?e des cam?ras de s?curit? dans le jardin. » Jones hocha de la t?te d’un air sombre. Mackenzie put voir sur son visage que c’?tait une id?e qu’il avait lui-m?me prise en compte mais ? laquelle il n’avait pas vraiment voulu croire. Cette expression ne le quitta pas lorsqu’il d?marra la voiture pour les ramener ? la r?sidence Wakeman. Sur le trajet, Mackenzie put ? nouveau remarquer le silence et la tranquillit? qui r?gnaient dans la petite ville – un peu comme le calme avant la temp?te. CHAPITRE QUATRE La premi?re image qui vint en t?te ? Mackenzie au moment o? elle vit Langston Ridgeway fut qu’il ressemblait beaucoup ? une mante religieuse. Il ?tait grand et maigre, et il bougeait les bras comme de bizarres petites pinces quand il parlait. Le fait qu’il ait les yeux rouges de col?re et hurle sur tous ceux qui essayaient de lui parler n’arrangeait pas les choses. Le sh?rif Clarke les avait fait rentrer dans la petite salle de conf?rence qui se trouvait au bout du couloir – une pi?ce qui n’?tait pas beaucoup plus grande que son bureau. Langston Ridgeway se tenait l?, grand comme une perche devant les portes ferm?es, et faisait passer sa col?re sur Mackenzie et Ellington. « Ma m?re est morte, » g?mit-il, « et j’aurais plut?t tendance ? bl?mer l’incomp?tence du personnel de cette fichue r?sidence. Et puisque ce semblant de sh?rif refuse de me laisser parler en personne avec Randall Jones, j’aimerais vraiment beaucoup savoir ce que vous comptez faire ? ce sujet. » Mackenzie attendit un instant avant de r?pondre. Elle essayait d’?valuer l’intensit? de son chagrin. Avec la mani?re dont il se comportait, il ?tait difficile de savoir si sa col?re ?tait provoqu?e par la perte d’un ?tre cher ou s’il ?tait juste une personne ex?crable habitu?e ? hurler des ordres aux autres. Pour l’instant, elle n’?tait pas certaine de le savoir. « Pour ?tre tout ? fait honn?te, » dit Mackenzie, « je suis assez d’accord avec le sh?rif. Pour l’instant, vous ?tes en col?re et vous souffrez. Et on dirait que vous cherchez ? trouver un responsable. Je suis vraiment d?sol?e pour votre perte. Mais le pire que vous puissiez faire maintenant serait d’attaquer la direction de la r?sidence. » « Trouver un responsable ? » dit Ridgeway, visiblement habitu? ? ce que ses interlocuteurs se contentent de hocher la t?te et ?tre d’accord avec lui. « Si cet endroit est responsable de ce qui est arriv? ? ma m?re, alors je… » « Nous avons rendu visite ? la r?sidence et nous avons d?j? parl? avec monsieur Jones, » dit Mackenzie, en l’interrompant. « Je peux vous assurer que ce qui est arriv? ? votre m?re est li? ? des sources ext?rieures. Et si jamais il s’av?rait que ce soit en interne, alors monsieur Jones n’en a certainement aucune connaissance. ?a, je peux vous l’assurer. » Mackenzie fut incapable de dire si l’expression de surprise qui se peignit sur le visage de Ridgeway ?tait due au fait qu’elle ne soit pas d’accord avec lui ou au fait qu’elle l’ait interrompu. « Et vous avez ?t? capable de d?duire tout ?a apr?s une seule conversation ? » demanda-t-il, visiblement sceptique. « Oui, » dit-elle. « Mais bien entendu, cette enqu?te n’en est qu’aux balbutiements, alors je ne peux encore ?tre certaine de rien. Mais ce dont je suis s?re, c’est qu’il est tr?s difficile pour moi de mener une enqu?te quand un appel me force ? quitter une sc?ne de crime, juste pour venir ?couter des personnes hurler et se plaindre. » Elle pouvait litt?ralement sentir la col?re gronder en lui. « Je viens juste de perdre ma m?re, » dit-il dans un murmure. « Je veux des r?ponses. Je veux que justice soit faite. » « Tant mieux, » dit Ellington. « C’est ce que nous voulons aussi. » « Mais afin d’y arriver, » dit Mackenzie, « il faut que vous nous laissiez travailler. Je comprends que vous jouissiez d’une certaine influence dans le coin, mais honn?tement, je m’en fiche. Nous avons un boulot ? faire et nous ne pouvons pas nous permettre que votre col?re, votre douleur ou votre arrogance viennent nous rendre la t?che plus difficile. » Durant tout leur ?change, le sh?rif Clarke ?tait rest? assis ? la petite table de la salle de conf?rence. Il faisait de son mieux pour contenir un sourire. Ridgeway resta silencieux durant un moment. Il regarda tour ? tour les agents et le sh?rif Clarke. Il hocha la t?te et lorsqu’une larme coula le long de sa joue, il eut l’air sinc?rement triste. Mais la col?re ?tait toujours bien pr?sente dans ses yeux, ? peine dissimul?e. « Je suis s?r que vous avez l’habitude de donner des ordres aux suspects et aux flics de petites villes, » dit Langston Ridgeway. « Mais que ce soit bien clair entre nous… Si vous baissez les bras sur ce coup-l?, ou si vous me manquez encore une seule fois de respect, je passerai un coup de fil ? Washington. Je parlerai avec votre sup?rieur et c’en sera fini de vous. » Ce qui est le plus triste dans tout ?a, c’est qu’il pense vraiment avoir les ressources pour parvenir ? ce genre de choses, pensa Mackenzie. Et peut-?tre qu’il les a. Mais j’adorerais vraiment ?tre une petite souris et entendre ce que McGrath aura ? dire au moment o? un type tel que Langston Ridgeway se mettra ? lui hurler dessus. Plut?t que d’envenimer la conversation, Mackenzie choisit de rester silencieuse. Elle regarda derri?re elle et vit qu’Ellington serrait et desserrait les poings… un petit truc auquel il avait recours quand il ?tait sur le point d’entrer dans une col?re irrationnelle. Mackenzie finit par dire, « Si vous nous laissez faire notre boulot librement, il n’y a aucune raison pour qu’on en arrive l?. » Il ?tait clair que Ridgeway cherchait ? ajouter quelque chose. Mais tout ce qu’il put articuler fut un pffff ?touff?. L?-dessus, il leur tourna le dos et quitta la pi?ce. On aurait vraiment dit un petit gar?on au milieu d’une crise de col?re. Quelques instants plus tard, le sh?rif Clarke se pencha en avant et soupira. « Maintenant, vous voyez le genre de choses auxquelles je suis confront?. Ce type pense que le monde tourne autour de son nombril. Et il peut parler tant qu’il veut du fait d’avoir perdu sa m?re. Tout ce qui le tracasse, c’est que les m?dias des grandes villes apprennent qu’il l’a abandonn?e dans une r?sidence… m?me si c’est une jolie r?sidence. Il se pr?occupe beaucoup plus de son image que de toute autre chose. » « Oui, il m’a fait la m?me impression, » dit Ellington. « Pensez-vous qu’il risque de continuer ? nous mettre des b?tons dans les roues ? » demanda Mackenzie. « Je n’en sais rien. Il est impr?visible. Il fera tout ce qu’il pense ?tre n?cessaire afin d’am?liorer ses chances d’attirer l’attention du public, d’obtenir plus de votes et lui permettre d’atteindre la position qu’il recherche. » « OK, alors, » dit Mackenzie, « sh?rif, si vous avez une minute, pourrait-on s’asseoir et passer en revue les ?l?ments dont nous disposons ? » « ?a ne prendra pas tr?s longtemps, » dit-il. « Car il n’y en a pas beaucoup. » « C’est toujours mieux que rien, » dit Ellington. Clarke hocha la t?te et se leva. « Alors, venez dans mon bureau, » dit-il. Alors qu’ils redescendaient le petit couloir, Mackenzie et Ellington sursaut?rent l?g?rement quand Clarke cria, « H?, Frances ! Pourrais-tu nous pr?parer une cafeti?re, mon chou ? » Mackenzie et Ellington ?chang?rent un regard perplexe. Elle commen?ait ? vraiment appr?cier le sh?rif Clarke et la mani?re dont il g?rait les choses. Et bien qu’il soit un peu direct, elle l’aimait plut?t bien – mis ? part les gros mots et son c?t? sexiste. Au moment o? la nuit commen?ait ? tomber, Mackenzie et Ellington se rassembl?rent autour du bureau de Clarke afin de passer en revue les informations dont ils disposaient concernant l’affaire. CHAPITRE CINQ Un peu avant que Frances ne vienne leur apporter le caf?, l’officier Lambert entra dans le bureau. Maintenant qu’il n’?tait plus occup? ? ?crire des messages sur son t?l?phone, Mackenzie put voir qu’il s’agissait d’un jeune homme qui devait avoir une trentaine d’ann?es. Elle trouvait bizarre qu’un officier fasse office de bras droit ? Clarke plut?t qu’un adjoint, mais elle ne s’arr?ta pas trop longtemps sur cette id?e. Petite ville, pensa-t-elle. Ils s’assirent tous les quatre autour du bureau de Clarke et pass?rent en revue le mat?riel de l’enqu?te. Clarke eut l’air plus que ravi de laisser Mackenzie prendre les commandes. Elle ?tait contente de voir qu’il semblait avoir rapidement chang? d’avis… et qu’il l’acceptait comme son ?gal. « Alors, commen?ons par le crime le plus r?cent, » dit-elle. « Ellis Ridgeway. Cinquante-sept ans. Comme j’ai d?j? pu le constater, elle avait un fils tr?s arrogant et imbu de lui-m?me. ? part le fait qu’elle soit aveugle, que pouvez-vous nous dire de plus ? son sujet ? » « C’est ? peu pr?s tout ce qu’on sait, » dit Clarke. « C’?tait une femme charmante. D’apr?s ce que j’ai pu comprendre, tout le monde ? la r?sidence l’adorait. Ce qui me fait le plus peur dans tout ?a, c’est que l’assassin devait conna?tre ses habitudes, non ? Il devait savoir qu’elle ?tait sortie de la r?sidence pour pouvoir la cibler de cette mani?re. » « C’est ?galement une conclusion ? laquelle j’avais pens?, » dit Mackenzie. « Mais si ces assassinats ont un lien entre eux – et on dirait vraiment qu’il y en a un – cela impliquerait beaucoup de d?placements de la part d’une personne du coin. L’autre meurtre a eu lieu ? quoi… ? deux heures et demie de route ? » « Presque trois, » dit Clarke. « Exactement, » dit Mackenzie. « Vous savez, durant un moment, j’ai m?me consid?r? que l’assassin puisse ?tre un autre pensionnaire mais nous avons re?u confirmation par Randall Jones que personne ne l’avait suivie hier. Il y a apparemment un enregistrement vid?o qui le confirme et que nous n’avons pas encore pu visionner, suite ? l’interf?rence de Langston Ridgeway. Et quant ? des pensionnaires ou des employ?s quittant la r?sidence quand madame Ridgeway ?tait absente, il n’y a aucune preuve montrant que qui que ce soit soit sorti durant ce laps de temps – aucun pensionnaire, aucun employ?, personne. » « Puis, pour revenir ? la premi?re victime, » dit Ellington, « nous allons aussi aller parler aux membres de sa famille. Que pouvez-vous nous dire ? son sujet, sh?rif ? » « Et bien, c’?tait une autre r?sidence pour aveugles, » dit-il. « Et tout ce que j’en sais se trouve certainement dans le dossier que vous avez re?u. Comme je vous le disais, il se trouve ? presque trois heures de route d’ici, presqu’en Virginie de l’Ouest. Un endroit un peu d?labr?, d’apr?s ce que j’ai pu comprendre. Pas vraiment une r?sidence, mais plut?t une sorte d’?cole, je crois. » Il fit glisser une feuille de papier ? Mackenzie. Il s’agissait du bref rapport de police concernant la premi?re sc?ne de crime. C’?tait dans une ville du nom de Treston, ? environ quarante kilom?tres de Bluefield, en Virginie de l’Ouest. Kenneth Able, de trente-huit ans, avait ?t? ?trangl?. Il pr?sentait de l?g?res abrasions autour des yeux. Il avait ?t? retrouv? cach? dans l’armoire de la pi?ce o? il restait la plupart du temps ? l’int?rieur de la r?sidence. Les faits avaient ?t? consign?s de mani?re robotique, sans aucun d?tail. Bien qu’il y ait des notes indiquant que l’enqu?te ?tait en cours, Mackenzie doutait que ce soit vraiment pris au s?rieux. Mais ? mon avis, maintenant, c’est le cas, pensa-t-elle. Le deuxi?me meurtre ?tait trop explicite pour ?tre ignor?. Les victimes pr?sentaient beaucoup trop de similitudes, tout comme les signes d’agression pr?sents sur les corps. « J’ai demand? ? Randall Jones de dresser une liste des employ?s ou autres personnes li?es ? la r?sidence sur lesquels il pourrait ?ventuellement avoir le moindre doute, » dit Mackenzie. « Je pense que ce que nous avons de mieux ? faire maintenant, c’est de parler avec cet endroit ? Treston et de voir s’il y a un quelconque lien. » « L’inconv?nient, c’est que Treston n’est pas la porte ? c?t?, » dit Ellington. « M?me si ?a finissait par ?tre du g?teau, il va falloir prendre en compte les d?placements. On dirait qu’il va ?tre difficile d’?lucider cette affaire aussi vite que ne le voudrait notre cher monsieur Ridgeway. » « Quand est-ce que les m?decins l?gistes auront termin? d’examiner madame Ridgeway ? » demanda Mackenzie. « Je devrais recevoir leurs r?sultats d’ici quelques heures, » dit Clarke. « Un premier examen n’a cependant rien d?voil? de sp?cial. Aucune empreinte, pas de cheveux ou autres qui auraient pu ?tre laiss?s par l’assassin. » Mackenzie hocha la t?te et regarda ? nouveau les dossiers de l’enqu?te. Alors qu’elle ?tait occup?e ? les repasser en revue, son t?l?phone se mit ? sonner. Elle le sortit et d?crocha : « Agent White. » « C’est Randall Jones. J’ai pr?par? une liste de noms pour vous, comme vous me l’aviez demand?. Mais elle est courte et je suis ? peu pr?s s?r qu’il s’av?rera tr?s vite qu’ils n’ont rien ? voir avec cette affaire. » « Qui sont-ils ? » « Il y a un type de l’?quipe de maintenance qui n’est pas tr?s fiable. Il a travaill? toute la journ?e hier et il est parti juste avant dix-sept heures. J’ai demand? un peu ? tout le monde et personne ne l’a vu revenir. Il y a un autre type qui travaille pour un organisme de services sociaux. Il vient parfois pour jouer ? des jeux de soci?t? avec les pensionnaires et pour papoter avec eux. Il fait aussi parfois quelques travaux de b?n?volat, comme un peu de nettoyage ou bouger des meubles. » « Pourriez-vous m’envoyer leurs noms et leurs coordonn?es ? » « Bien s?r, » dit Jones, visiblement contrari? d’avoir ? seulement consid?rer un seul de ces hommes comme suspect potentiel. Mackenzie raccrocha et regarda les trois hommes qui se trouvaient dans la pi?ce. « C’?tait Jones et il m’a parl? de deux candidats potentiels. Un travailleur de maintenance et quelqu’un qui vient faire du volontariat et passer du temps avec les pensionnaires. Sh?rif, il va m’envoyer un message avec leurs noms. Pourriez-vous v?rifier leurs ant?c?dents et… » Son t?l?phone bipa au moment o? elle re?ut le message en question. Elle montra les noms au sh?rif Clarke et il haussa les ?paules, l’air abattu. « Le premier nom de la liste, Mike Crews, est le gars de la maintenance, » dit-il. « Je peux vous assurer qu’il n’?tait pas occup? ? assassiner qui que ce soir hier soir apr?s le boulot car j’ai pris une bi?re avec lui au Rock’s Bar. C’?tait juste apr?s qu’il se soit rendu chez Mildred Cann pour r?parer gratuitement son air conditionn?. Je peux vous dire tout de suite que Mike Crews n’est pas notre homme. » « Et concernant l’autre nom ? » demanda Ellington. « Robbie Huston, » dit-il. « Je ne l’ai jamais vu qu’en coup de vent. Je suis presque certain qu’il est envoy? par une sorte d’organisme de services sociaux de Lynchburg. Mais d’apr?s ce que j’en sais, il est consid?r? comme un saint ? la r?sidence. Il fait la lecture aux pensionnaires et est vraiment tr?s gentil. Comme je vous le disais, il vient de Lynchburg. C’est ? peu pr?s ? une heure et demie de route d’ici – sur la route qui vous m?nera ? Treston, d’ailleurs. » Mackenzie baissa les yeux vers le message de Jones et sauvegarda le num?ro qu’il lui avait envoy? pour Robbie Huston. C’?tait une maigre piste, mais c’?tait toujours ?a. Elle jeta un coup d’?il ? sa montre et vit qu’il ?tait presque dix-huit heures. « Quand est-ce que votre adjoint et les autres policiers sont-ils suppos?s rentrer ? » demanda-t-elle. « Bient?t. Mais personne ne m’a encore appel? avec du neuf. Je vous tiendrai au courant si vous voulez y aller et prendre un peu vos rep?res. » « OK, » dit Mackenzie. Elle rassembla les dossiers de l’enqu?te et se leva. « Merci pour votre aide cet apr?s-midi, » dit Mackenzie. « Pas de probl?mes. Mais j’aimerais pouvoir en faire plus. Si vous voulez, je peux demander ? la police d’?tat de venir donner un coup de main. Ils ?taient ici ce matin mais ils se sont tr?s vite dispers?s. Je pense que quelques-uns d’entre eux vont quand m?me rester en ville pendant un jour ou deux. » « Si ?a s’av?re n?cessaire, je vous le dirai, » dit Mackenzie. « Bonne nuit, messieurs. » Sur ces mots, elle sortit avec Ellington. Le vestibule d’entr?e ?tait maintenant d?sert, Frances ayant apparemment termin? sa journ?e. Sur le parking, Ellington h?sita un instant au moment o? il sortit les cl?s de sa poche. « On va ? l’h?tel ou on va jusqu’? Lynchburg ? » demanda-t-il. Elle y r?fl?chit durant un instant et, bien qu’elle soit tent?e de continuer l’enqu?te m?me s’il commen?ait ? ?tre tard, elle estima qu’essayer de joindre Robbie Huston par t?l?phone serait tout aussi productif qu’un voyage jusqu’? Lynchburg. De plus, elle commen?ait ? ?tre convaincue que le sh?rif Clarke savait ce qu’il faisait – et s’il n’avait pas vraiment ?mis de r?serves ? l’encontre de Huston, alors elle allait se fier ? son avis pour l’instant. C’?tait un des avantages d’enqu?ter dans une petite ville – o? tout le monde se connaissait presque de mani?re intime, les opinions et l’instinct de la police locale ?taient souvent tr?s fiables. Mais ?a vaut quand m?me la peine de lui passer un coup de fil d?s qu’on sera ? l’h?tel, pensa-t-elle. « H?tel, » dit-elle. « Si je n’obtiens pas les infos dont j’ai besoin apr?s lui avoir pass? un coup de fil ce soir, on s’arr?tera ? Lynchburg demain. » « Sur la route pour Treston ? ?a va faire beaucoup de d?placements. » Elle hocha la t?te. ?a allait faire beaucoup de va-et-vient, de fait. Peut-?tre qu’il vaudrait mieux qu’ils se s?parent demain. Mais ils pourraient parler strat?gie une fois qu’ils seraient install?s ? l’h?tel avec les dossiers de l’enqu?te devant eux et sous la brise rafra?chissante de la clim. Pourtant jamais vraiment tent?e par le luxe, l’id?e de la clim sous cette chaleur oppressante ?tait irr?sistible. Ils mont?rent dans la voiture qui avait surchauff? au soleil, Ellington baissa les vitres et ils se dirig?rent vers l’Ouest, vers le centre de Stateton. *** Le seul motel de Stateton ?tait un petit b?timent carr? ?tonnamment bien entretenu, du nom de Staunton County Inn. Il ne comptait que douze chambres, dont neuf ?taient libres au moment o? Mackenzie entra dans le vestibule et demanda une chambre pour la nuit. Maintenant que McGrath ?tait au courant de leur relation, ils ne devaient plus se pr?occuper de louer deux chambres juste pour sauver les apparences. Ils r?serv?rent une seule chambre avec un lit et, apr?s une journ?e stressante de route sous le soleil, ils en firent bon usage d?s que la porte se referma derri?re eux. Apr?s coup, alors que Mackenzie se douchait, elle ne put s’emp?cher d’appr?cier la sensation agr?able de se sentir d?sir?e. Mais c’?tait plus que cela ; le fait qu’ils aient commenc? ? enlever leurs v?tements d?s le moment o? ils s’?taient retrouv?s seuls avec acc?s ? un lit, lui donnait l’impression d’avoir dix ans de moins. C’?tait une sensation agr?able mais qu’elle s’effor?ait tout de m?me de contr?ler. Oui, bien s?r, elle aimait beaucoup ?tre avec Ellington, et ce qu’il y avait entre eux ?tait l’une des choses les plus excitantes et les plus prometteuses qui lui soit arriv?e ces derni?res ann?es, mais elle savait ?galement qu’elle devait ?tre prudente et ?viter que ?a interf?re avec son travail. Elle avait l’impression qu’il en ?tait ?galement conscient. Il risquait les m?mes choses qu’elle : sa r?putation, les moqueries et le chagrin. Bien que derni?rement, elle ne soit plus vraiment certaine qu’il se pr?occupe autant d’avoir du chagrin. Maintenant qu’elle commen?ait ? mieux le conna?tre, elle ?tait certaine qu’Ellington n’?tait pas le genre de type ? coucher ailleurs ou ? mal se comporter avec les femmes, mais elle savait ?galement qu’il venait de sortir d’un mariage qui avait ?chou? et qu’il ?tait tr?s prudent concernant leur relation – si c’?tait comme ?a qu’ils d?cidaient de l’appeler. Elle avait l’impression qu’Ellington ne serait pas compl?tement d?vast? si leur relation prenait fin. Quant ? elle… et bien, elle n’?tait pas vraiment certaine de savoir comment elle le prendrait. Au moment o? elle sortit de la douche pour se s?cher, elle vit Ellington qui se tenait l?, dans la salle de bains. Apparemment, il avait projet? de venir la rejoindre dans la douche mais il venait juste de rater l’occasion. Il la regardait de la mani?re un peu sournoise qu’il avait de le faire mais il y avait ?galement quelque chose de plus concret dans son regard – une expression qu’elle commen?ait ? consid?rer comme son « air de travail. » « Oui ? » lui demanda-t-elle, sur un ton enjou?. « Demain… Ce n’est pas vraiment ce que je veux faire, mais peut-?tre qu’il faudrait qu’on se s?pare. L’un d’entre nous va jusqu’? Treston pendant que l’autre reste ici et travaille avec la police locale et le m?decin l?giste. » Elle sourit, en constatant combien ils pouvaient parfois ?tre synchronis?s. « Je pensais exactement la m?me chose. » « Tu as une pr?f?rence ? » demanda-t-il. « Pas vraiment. J’irai ? Lynchburg et ? Treston. ?a ne me d?range pas de conduire. » Elle pensa qu’il allait r?clamer et voudrait plut?t prendre la journ?e sur les routes. Elle savait qu’il n’aimait pas particuli?rement conduire mais il n’aimait pas non plus l’id?e de la savoir toute seule sur les routes. « OK, » dit-il. « Si on pouvait en fin de journ?e avoir obtenu de nouvelles informations de la r?sidence ? Treston et du neuf de la part du l?giste ici, peut-?tre qu’on pourrait ?lucider rapidement cette affaire, comme tout le monde a l’air de le vouloir. » « Super, » dit-elle. Elle l’embrassa au moment o? elle passa ? c?t? de lui. Une pens?e lui traversa l’esprit au moment o? elle retournait dans la chambre. Une pens?e qu’elle ne pouvait pas ignorer et qui lui fit presque mal au c?ur. Et s’il ne ressentait pas pour moi les m?mes choses que je ressens pour lui ? Il avait ?t? l?g?rement plus distant depuis une semaine et bien qu’il ait fait de son mieux pour le lui dissimuler, elle l’avait de temps en temps ressenti. Peut-?tre qu’il r?alise combien cela pourrait affecter notre boulot. C’?tait une bonne raison – une raison ? laquelle elle pensait elle-m?me bien souvent. De toute fa?on, ce n’?tait pas le moment de se pr?occuper de ?a. Avec un rapport de m?decin l?giste sur le point d’?tre connu, cette affaire pouvait tr?s rapidement s’acc?l?rer. Et elle savait que si son esprit ?tait d?concentr? par Ellington et par ce qu’ils repr?sentaient l’un pour l’autre, elle pourrait compl?tement passer ? c?t? de l’enqu?te. CHAPITRE SIX Quand ils se quitt?rent le lendemain matin, Mackenzie fut surprise de constater qu’Ellington avait l’air particuli?rement maussade. Il l’embrassa un peu plus longtemps que d’habitude dans la chambre d’h?tel et il eut l’air plut?t d?prim? quand elle le d?posa au commissariat de Stateton. Elle lui fit signe ? travers le pare-brise au moment o? il entrait dans le b?timent et reprit la route avec un trajet de deux heures quarante devant elle. Comme elle passait ? travers bois, elle n’eut pas tout de suite de signal sur son t?l?phone. Elle ne put appeler le deuxi?me suspect potentiel de Jones, Robbie Huston, qu’une fois qu’elle fut ? quinze kilom?tres de la ville de Stateton. Quand elle parvint finalement ? passer l’appel, il d?crocha ? la deuxi?me sonnerie. « All? ? » « Est-ce que vous ?tes Robbie Huston ? » demanda-t-elle. « Oui, c’est moi. Qui le demande ? » « C’est l’agent Mackenzie White du FBI. Je me demandais si je pourrais venir vous rendre visite ce matin. » « Euh… Est-ce que je peux vous demander ? quel sujet ? » Sa surprise avait l’air vraiment r?elle. Elle pouvait le sentir ? travers le t?l?phone. « C’est concernant une pensionnaire de la r?sidence Wakeman pour aveugles. Je pense que vous la connaissez. Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus par t?l?phone. Si vous pouviez me consacrer cinq ? dix minutes de votre temps, je vous serais vraiment reconnaissante. Je serai ? Lynchburg dans environ une heure. » « Bien s?r, » dit-il. « Je travaille de chez moi, alors vous pouvez passer par mon appartement si vous le souhaitez. » Elle raccrocha apr?s qu’il lui ait donn? son adresse. Elle l’introduisit dans son GPS et fut soulag?e de voir que le d?tour ne rallongerait son trajet que de vingt minutes. Sur la route vers Lynchburg, ses pens?es s’?cart?rent de l’enqu?te en cours et furent totalement absorb?es par les centaines de questions sans r?ponses concernant la mort de son p?re et le meurtre plus r?cent qui avait rouvert l’enqu?te. Pour une raison qu’elle ne comprenait pas, ceux qui avaient tu? son p?re avaient tu? une autre personne d’une mani?re tr?s similaire. Et ils avaient ? nouveau laiss? une carte de visite ?nigmatique derri?re eux. Mais pourquoi ? Elle avait pass? des semaines ? essayer de comprendre ce que ?a pouvait bien signifier. Peut-?tre que l’assassin ?tait tout simplement tr?s s?r de lui. Ou peut-?tre que les cartes de visite ?taient suppos?es mener les enqu?teurs dans une autre direction… comme un genre de jeu tordu du chat et de la souris. Elle savait que Kirk Peterson ?tait toujours sur l’affaire – un modeste et d?vou? d?tective priv? du Nebraska, qu’elle ne connaissait pas assez bien pour pouvoir lui faire totalement confiance. Mais le fait que quelqu’un soit activement sur les traces de cette affaire ?tait rassurant. ?a lui donnait la sensation que, bien que le puzzle lui soit plus ?nigmatique que jamais, quelqu’un en avait sorti une pi?ce qu’il conservait pr?cieusement, pr?t ? la replacer au dernier moment. Elle ne s’?tait jamais sentie aussi abattue par quoi que ce soit d’autre. Ce n’?tait plus une question de savoir si elle pourrait mettre l’assassin de son p?re en prison, mais plut?t de mettre fin ? un myst?re qui durait depuis des d?cennies. Alors que toutes ses pens?es ?taient concentr?es sur cette id?e, son t?l?phone se mit ? sonner. Elle vit le num?ro du sh?rif s’afficher et elle r?pondit, en esp?rant recevoir quelque piste suppl?mentaire concernant l’affaire en cours. « Bonjour, agent White, » dit le sh?rif Clarke au bout de la ligne. « Vous savez qu’on n’a pas un tr?s bon signal ici ? Stateton et j’ai l’agent Ellington qui voulait vous parler le plus rapidement possible. Il ne parvenait pas ? vous appeler depuis son portable. » Elle entendit un bruit dans le t?l?phone au moment o? le sh?rif passa la ligne ? Ellington. « Alors, » dit-il. « D?j? perdue sans moi ? » « Loin de l?, » dit-elle. « Je serai avec Robbie Huston dans un peu plus d’une heure. » « Ah, ?a avance. Je viens d’ailleurs de recevoir le rapport du m?decin l?giste. Il vient d’arriver ? l’instant. Je te tiens au courant si j’y trouve quoi que ce soit. Et Randall Jones ne va pas tarder ? arriver. Je vais voir avec lui s’il me laisserait parler avec quelques-uns des autres pensionnaires de la r?sidence. » « OK. Pendant ce temps-l?, je serai occup?e ? traverser des champs de vaches et des prairies d?sertes. » « Ah, la vie glamour, » dit-il. « Appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit. » Et sur ces mots, il raccrocha. C’?tait la mani?re qu’ils avaient de se lancer tout le temps des piques. Elle se sentit stupide de s’?tre tracass?e de ce qu’il pouvait bien ressentir concernant ce qu’il y avait entre eux. Maintenant que l’appel l’avait d?concentr?e des questions qu’elle se posait sur la mort de son p?re, elle fut capable de se focaliser sur l’affaire en cours. Le thermom?tre digital ? l’int?rieur de la voiture lui indiquait qu’il faisait d?j? trente et un degr?s dehors… et il n’?tait m?me pas encore neuf heures du matin. Les arbres qui bordaient la route secondaire o? elle se trouvait ?taient incroyablement ?pais et recouvraient la route tel un auvent. Et bien qu’il y ait quelque chose de joliment myst?rieux ? leur sujet, dans la faible lueur du matin, elle avait h?te de retrouver les plus vastes ?tendues des autoroutes principales qui la m?neraient vers Lynchburg et Treston. *** Robbie Huston vivait dans un petit complexe d’appartements ? la mode pr?s du centre de Lynchburg, peupl? de librairies universitaires et de caf?t?rias qui ne prosp?raient probablement que par la pr?sence de l’importante universit? catholique priv?e pr?sente dans la ville. Quand elle frappa ? sa porte ? neuf heures cinquante-deux, il r?pondit presque tout de suite. Il avait l’air d’avoir la vingtaine – sec, les cheveux non peign?s et un teint qui permettait de penser qu’il n’avait probablement jamais fait que du travail de bureau. Il ?tait mignon dans son style et il ?tait visiblement excit? et nerveux d’avoir un agent du FBI qui vienne frapper ? sa porte. Il l’invita ? entrer et elle vit que l’int?rieur de l’appartement ?tait aussi joli et moderne que l’ext?rieur. Une vaste pi?ce comprenait le salon, la cuisine et le bureau, s?par?s par de petites cloisons orn?es et l’espace ?tait baign? par la lumi?re naturelle qui provenait de deux grandes fen?tres ouvertes sur l’ext?rieur. « Heu… vous voulez un caf? ou autre chose ? » demanda-t-il. « J’en ai encore dans la cafeti?re de ce matin. » « Du caf?, ce serait parfait, » dit-elle. Elle le suivit dans la cuisine o? il versa une tasse qu’il lui tendit. « Du lait ? Du sucre ? » « Non merci, » dit-elle. Elle prit une gorg?e, le trouva assez bon, puis alla droit au but. « Monsieur Huston, vous faites du b?n?volat ? la r?sidence Wakeman pour aveugles, n’est-ce pas ? » « Oui. » « Vous y venez souvent ? » « ?a d?pend un peu de la charge de travail que j’ai, en fait. Parfois je n’y vais qu’une ? deux fois par mois. Mais il y a aussi eu des mois o? j’ai pu m’y rendre une fois par semaine. » « Et derni?rement ? » demanda Mackenzie. « Et bien, cette semaine, j’y ?tais lundi. La semaine derni?re, j’y suis all? mercredi et la semaine avant ?a, le lundi et le vendredi, je pense. Je peux vous montrer mon emploi du temps si vous voulez. » « Peut-?tre plus tard, » dit-elle. « En parlant avec Randall Jones, j’ai appris que vous veniez pour jouer ? des jeux de soci?t? et aider parfois ? bouger des meubles ou nettoyer. C’est bien ?a ? » « Oui, c’est bien ?a. Parfois, il arrive aussi que je leur fasse la lecture. » « Leur ? Avec quels pensionnaires en particulier avez-vous fait la lecture ou jou? ? des jeux de soci?t? ces deux derni?res semaines ? » « Quelques-uns. Il y a un homme ?g? du nom de Percy, avec qui je joue ? Apples to Apples. Mais il faut au moins qu’un aide-soignant joue avec nous… pour lui murmurer ce que disent les cartes. Et la semaine derni?re, j’ai discut? un peu avec Ellis Ridgeway. On a parl? de musique et je lui ai ?galement fait un peu la lecture. » « Vous rappelez-vous quels sont les jours o? vous avez pass? ces moments avec Ellis ? » « Lors de mes deux derni?res visites. Lundi, je l’ai laiss?e ?couter Brian Eno. On a parl? de musique classique et je lui ai lu un article en ligne sur la mani?re dont la musique classique peut ?tre utilis?e pour stimuler le cerveau. » Mackenzie hocha la t?te, sachant qu’il ?tait temps d’abattre sa plus grosse carte. « Et bien, je suis d?sol?e de vous l’apprendre, mais Ellis a ?t? retrouv?e assassin?e mardi soir. Nous essayons de savoir ce qui s’est pass? et, comme vous pouvez le comprendre, nous devons interroger toutes les personnes qui ont pass? r?cemment du temps avec elle. Et sp?cialement les b?n?voles qui ne sont pas toujours pr?sents ? la r?sidence. » « Oh mon dieu, » dit Robbie, en devenant de plus en plus p?le. « Avant madame Ridgeway, il y a eu un autre meurtre dans une r?sidence ? Treston, en Virginie. Y ?tes-vous d?j? all? ? » Robbie hocha la t?te. « Oui, mais seulement deux fois. La premi?re fois, c’?tait pour une sorte de service communautaire que nous faisons via Liberty, mon alma mater. Je les ai aid?s ? r?nover leur cuisine et j’ai fait un peu de jardinage. J’y suis retourn? un ou deux mois plus tard pour aider l? o? ils pourraient en avoir besoin. J’ai plut?t pass? du temps avec eux. » « Et c’?tait il y a combien de temps ? » Il r?fl?chit un instant ? la question, encore secou? par la nouvelle des deux meurtres. « Il y a quatre ans, je crois. Ou peut-?tre plut?t quatre ans et demi. » « Vous rappelez-vous y avoir rencontr? un homme du nom de Kenneth Able ? Il a ?galement ?t? r?cemment assassin?. » Il eut ? nouveau l’air perdu dans ses pens?es. Son regard avait un air ?teint. « Le nom ne me dit rien. Mais ?a ne veut pas dire que je n’ai jamais parl? avec lui lors de mes visites. » Mackenzie hocha la t?te, de plus en plus certaine que Robbie Huston ?tait loin d’?tre un meurtrier. Elle n’en ?tait pas s?re mais il lui avait sembl? avoir vu des larmes briller dans ses yeux alors qu’elle avalait une gorg?e du caf? qu’il lui avait donn?. Mais on n’est jamais trop prudente, pensa-t-elle. « Monsieur Huston, nous savons avec certitude que madame Ridgeway a ?t? assassin?e ? cinq cent m?tres de la r?sidence Wakeman entre dix-neuf heures cinq et vingt et une heures quarante mardi soir. Avez-vous un alibi pour cette p?riode de temps ? » Elle vit ? nouveau qu’il r?fl?chissait ? la question, puis il se mit ? hocher lentement de la t?te. « J’?tais ici, ? l’appartement. J’?tais en conference call avec trois autres types. Nous lan?ons une petite organisation pour aider les sans-abris du centre et d’autres villes voisines. » « Vous pouvez le prouver ? » « Je peux vous montrer o? je me suis connect?. Je pense aussi qu’un des autres types garde des notes assez compl?tes sur les appels. Il y aura toute une s?rie d’?changes de messages avec l’heure pr?cise indiqu?e, des modifications de notes et ce genre de choses. » Il se dirigeait d?j? vers son ordinateur portable qui se trouvait sur un bureau devant l’une des grandes fen?tres. « Je peux vous montrer si vous voulez. » Elle ?tait maintenant certaine que Robbie Huston ?tait innocent mais elle voulait tout de m?me aller jusqu’au bout. Puis, vu la mani?re dont la nouvelle l’avait affect?, elle avait ?galement envie que Robbie ait l’impression d’avoir contribu? ? l’enqu?te. Alors elle regarda par-dessus son ?paule pendant qu’il se rendait sur le site d’acc?s aux conf?rences, qu’il se connectait et affichait son historique non seulement pour les derniers jours mais ?galement pour les derni?res semaines. Elle vit qu’il avait dit la v?rit? : il avait particip? ? une conference call et ? une s?ance de planification de dix-huit heures quarante-cinq ? vingt-deux heures quatre le mardi soir. L’ensemble du processus ne lui prit que cinq minutes. Il lui montra les notes et les modifications, ainsi que l’heure ? laquelle il s’?tait connect? et d?connect? de l’appel. « Je vous remercie pour votre aide, monsieur Huston, » dit-elle. Il hocha la t?te en la raccompagnant jusqu’? la porte. « Deux personnes aveugles… » dit-il, en essayant de comprendre. « Pourquoi quelqu’un ferait-il un truc comme ?a ? » « J’essaie moi-m?me de r?pondre ? cette question, » dit-elle. « N’h?sitez pas ? m’appeler si vous vous rappelez de quoi que ce soit qui pourrait nous aider, » ajouta-t-elle, en lui tendant une de ses cartes de visite. Il la prit, lui fit lentement un signe d’au revoir, puis referma la porte derri?re elle. Mackenzie eut l’impression qu’elle venait d’annoncer la nouvelle des meurtres ? des membres de la famille plut?t qu’? un jeune homme au grand c?ur qui semblait avoir de l’affection pour les deux victimes. ?a lui donnait presqu’envie… sentir de vrais regrets pour des ?trangers. Derni?rement, elle avait consid?r? les morts comme rien de plus que des cadavres – des monticules anonymes, pr?ts ? offrir des indices potentiels. Ce n’?tait pas la meilleure mani?re de vivre une vie, elle le savait. Elle ne devait pas laisser son boulot effacer tout sentiment de compassion, ou d’humanit?. CHAPITRE SEPT Mackenzie se gara devant la r?sidence Treston pour aveugles ? onze heures quarante-six, plus t?t que son GPS ne le lui avait pr?dit. Cependant, quand Mackenzie se gara devant l’?difice, elle v?rifia ? nouveau l’adresse que Clarke lui avait donn?e. La r?sidence avait l’air toute petite, pas plus grande qu’un magasin. Elle ?tait situ?e dans le quartier Ouest de la ville de Treston qui, bien qu’elle soit beaucoup plus grande que Stateton, n’?tait pas non plus ?norme. Bien que la ville soit bien au-dessus du petit trou perdu de Stateton, elle n’avait que deux feux rouges. La seule chose qui la rendait un peu plus urbaine, c’?tait la pr?sence d’un McDonald’s dans la rue principale. Confiante d’avoir la bonne adresse – ce qui fut d’ailleurs confirm? par la pancarte qui pendait devant la propri?t? d?labr?e – Mackenzie sortit de voiture et s’avan?a sur le trottoir fissur?. La porte d’entr?e ?tait s?par?e du trottoir par trois marches en b?ton qui n’avaient probablement pas ?t? nettoy?es depuis des ann?es. Elle s’avan?a ? l’int?rieur et entra dans un espace qui faisait office de vestibule et de salle d’attente. Une femme ?tait assise derri?re un guichet et parlait au t?l?phone. Le mur derri?re elle ?tait peint dans une teinte vive de blanc. Un tableau effa?able sur sa gauche contenait un petit nombre de notes. Pour le reste, le mur ?tait vide et sans ornements. Mackenzie s’avan?a vers le guichet et y resta un instant, faisant de son mieux pour faire comprendre ? la femme qu’elle avait besoin d’aide. La femme derri?re le guichet en eut l’air terriblement ennuy?e et finit par raccrocher ? contrec?ur. Elle leva les yeux vers Mackenzie et demanda : « Puis-je vous aider ? » « Je voudrais parler avec le directeur de la r?sidence, » dit-elle. « Et vous ?tes ? » « Agent Mackenzie White du FBI. » Pendant un instant, la femme resta sans bouger, comme si elle ne croyait pas Mackenzie. Ce fut cette fois-ci le tour de Mackenzie de lui d?cocher un regard ennuy?. Elle sortit son badge et vit finalement la femme se mettre en action. Elle d?crocha le t?l?phone, appuya sur une extension et parla bri?vement avec quelqu’un. Elle ?vita tout contact visuel avec Mackenzie durant tout ce temps. Quand la femme eut termin?, elle leva de nouveau les yeux vers Mackenzie. Elle ?tait visiblement g?n?e mais Mackenzie fit de son mieux pour ne pas avoir l’air de s’en r?jouir. « Madame Talbot va vous recevoir tout de suite, » dit la femme. « Vous pouvez passer ? l’arri?re. Son bureau est le premier que vous rencontrerez. » Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=43692407&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.