×òî æå åñòü ó ìåíÿ? Äûðû â äðàíûõ êàðìàíàõ, Òðè ìîðùèíû íà ëáó, Äà èñò¸ðòûé ïÿòàê... Íî íå æàëêî íè äíÿ- Ìíå ñóäüáîþ ïðèäàííûõ, Õîòü ïîðîé ÿ æèâó Ïîïîäàÿ â ïðîñàê. Âñ¸ ÷òî åñòü ó ìåíÿ: Ñîâåñòü, ÷åñòü è óìåíüå. ß îòäàì íå ñêóïÿñü- Ïðîñòî òàê çà ïóñòÿê. Çà ïîñòåëü ó îãíÿ, Äîáðîòó áåç ñòåñíåíüÿ. È çà òî, ÷òî ïðîñòÿñü, Íå çàáûòü ìíå íè êàê... Âñ¸ ÷

Si elle courait

Si elle courait Blake Pierce Un myst?re Kate Wise #3 Un chef-d’?uvre de thriller et de myst?re. Blake Pierce est parvenu ? cr?er des caract?res avec un c?t? psychologique tellement bien d?crit, que nous avons l’impression de pouvoir entrer dans leur esprit, suivre leurs peurs et nous r?jouir de leurs succ?s. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra en haleine jusqu’? la derni?re page. Critiques de livres et de films, Roberto Mattos (re Une fois partie) SI ELLE COURAIT (Un myst?re Kate Wise) est le volume 3 d’une nouvelle s?rie thriller psychologique par Blake Pierce, l’auteur ? succ?s de Une fois partie (volume 1) (t?l?chargement gratuit), un bestseller n?1 ayant re?u plus de 1 000 critiques ? cinq ?toiles. Kate Wise, agent du FBI de 55 ans, est appel?e ? reprendre du service quand un deuxi?me mari est retrouv? assassin? dans une banlieue chic, tu? par balle en rentrant chez lui. Une simple co?ncidence ?Il y a une affaire qui avait hant? Kate tout au long de sa carri?re, une affaire qu’elle n’avait pas r?ussi ? ?lucider. Aujourd’hui, 10 ans plus tard, un deuxi?me mari est assassin? de la m?me mani?re – dans la m?me petite ville chic de banlieue. Quel est le lien ?Et est-ce que Kate pourra se racheter et ?lucider cette affaire avant qu’elle ne soit class?e ?Un thriller riche en action avec un suspense qui vous tiendra en haleine, SI ELLE COURAIT est le volume 3 d’une fascinante nouvelle s?rie qui vous fera tourner les pages jusqu’? des heures tardives de la nuit. Le volume 4 dans la s?rie MYST?RE KATE WISE sera bient?t disponible. Si elle courait (un myst?re kate wise—volume 3) b l a k e p i e r c e Blake Pierce Blake Pierce est l’auteur de la s?rie ? succ?s myst?re RILEY PAIGE, qui comprend quinze volumes (pour l’instant). Black Pierce est ?galement l’auteur de la s?rie myst?re MACKENZIE WHITE, comprenant neuf volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re AVERY BLACK, comprenant six volumes ; de la s?rie myst?re KERI LOCKE, comprenant cinq volumes ; de la s?rie myst?re MAKING OF RILEY PAIGE, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re KATE WISE, comprenant quatre volumes (pour l’instant) ; de la s?rie myst?re suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant trois volumes (pour l’instant) ; et de la s?rie thriller suspense psychologique JESSE HUNT, comprenant trois volumes (pour l’instant). Lecteur avide et admirateur de longue date des genres myst?re et thriller, Blake aimerait conna?tre votre avis. N’h?sitez pas ? consulter son site www.blakepierceauthor.com (http://www.blakepierceauthor.com) afin d’en apprendre davantage et rester en contact. Copyright © 2018 par Blake Pierce. Tous droits r?serv?s. Sous r?serve de la loi am?ricaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme ou par quelque proc?d? que ce soit, ni enregistr?e dans une base de donn?es ou un syst?me de r?cup?ration, sans l'accord pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre ?lectronique ne peut ?tre ni revendu, ni donn? ? d'autres personnes. Si vous d?sirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie suppl?mentaire pour chaque b?n?ficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas achet?, ou qu'il n'a pas ?t? achet? pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les ?v?nements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilis?s de mani?re fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant exist? est purement fortuite. Image de couverture Copyright Tom Tom, utilis? sous licence de Shutterstock.com. LIVRES PAR BLAKE PIERCE S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT LA FEMME PARFAITE (Volume 1) LE QUARTIER PARFAIT (Volume 2) LA MAISON PARFAITE (Volume 3) S?RIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE LA MAISON D’? C?T? (Volume 1) LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2) VOIE SANS ISSUE (Volume 3) S?RIE MYST?RE KATE WISE SI ELLE SAVAIT (Volume 1) SI ELLE VOYAIT (Volume 2) SI ELLE COURAIT (Volume 3) SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4) LES ORIGINES DE RILEY PAIGE SOUS SURVEILLANCE (Tome 1) ATTENDRE (Tome 2) PIEGE MORTEL (Tome 3) LES ENQU?TES DE RILEY PAIGE SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1) R?ACTION EN CHA?NE (Tome 2) LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3) LES PENDULES ? L’HEURE (Tome 4) QUI VA ? LA CHASSE (Tome 5) ? VOTRE SANT? (Tome 6) DE SAC ET DE CORDE (Tome 7) UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8) SANS COUP F?RIR (Tome 9) ? TOUT JAMAIS (Tome 10) LE GRAIN DE SABLE (Tome 11) LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12) PI?G?E (Tome 13) LE R?VEIL (Tome 14) BANNI (Tome 15) S?RIE MYST?RE MACKENZIE WHITE AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1) AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2) AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3) AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4) AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5) AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6) AVANT QU’IL NE P?CHE (Volume 7) AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8) AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9) AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10) LES ENQU?TES D’AVERY BLACK RAISON DE TUER (Tome 1) RAISON DE COURIR (Tome2) RAISON DE SE CACHER (Tome 3) RAISON DE CRAINDRE (Tome 4) RAISON DE SAUVER (Tome 5) RAISON DE REDOUTER (Tome 6) LES ENQUETES DE KERI LOCKE UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1) DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2) L’OMBRE DU MAL (Tome 3) JEUX MACABRES (Tome 4) LUEUR D’ESPOIR (Tome 5) TABLE DES MATI?RES CHAPITRE UN (#uf4bb70d0-734e-5230-87c5-3d8eb1dcc7b7) CHAPITRE DEUX (#u3f4abc3f-5c66-5453-b790-79959c2d04f3) CHAPITRE TROIS (#u63e74ef9-52f5-5dd8-b817-0d29ab1905d4) CHAPITRE QUATRE (#u8d4e47d8-174b-5e31-9026-271d6f9b5d61) CHAPITRE CINQ (#u3ce597b8-7767-5ed6-aafa-095656a033e8) CHAPITRE SIX (#u88936604-8187-5caf-a2f1-6b517ad64a1c) CHAPITRE SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE ONZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DOUZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE TREIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUATORZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE QUINZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE SEIZE (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE DIX-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT ET UN (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-DEUX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-TROIS (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-QUATRE (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-CINQ (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SIX (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-SEPT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-HUIT (#litres_trial_promo) CHAPITRE VINGT-NEUF (#litres_trial_promo) CHAPITRE UN Elle avait les nerfs ? vif et l’estomac l?g?rement retourn?. Les gants de boxe lui semblaient ?trangers ? son corps et le casque l’?touffait un peu. Mais aucun de ces ?l?ments n’?taient vraiment nouveaux pour Kate Wise – ?a faisait maintenant deux mois qu’elle s’entra?nait, mais c’?tait la toute premi?re fois qu’elle affrontait un v?ritable partenaire. Bien qu’elle sache que ce n’?tait que pour le fun et que ?a faisait partie du programme d’entra?nement, ?a la rendait n?anmoins nerveuse. Elle allait assener de vrais coups ? quelqu’un et ce n’?tait pas quelque chose qu’elle prenait ? la l?g?re. Elle regarda son partenaire qui se trouvait de l’autre c?t? du ring, une jeune femme qu’elle essayait de ne pas consid?rer comme son adversaire. Elle ?tait ?galement membre de la petite salle de gym qui organisait le programme d’entra?nement ? la boxe. Elle s’appelait Margo Dunn et elle suivait ce cours pour la m?me raison que Kate ; c’?tait un entra?nement id?al pour tonifier l’ensemble du corps et qui finalement n’impliquait pas trop d’endurance ni d’exercices de musculation. Margo sourit ? Kate au moment o? son entra?neur lui glissa un prot?ge-dents en bouche. Kate lui fit un petit signe de la t?te en guise de r?ponse, pendant que son propre entra?neur faisait de m?me. Quand elle sentit la protection bien en place, elle eut l’impression d’?tre une nouvelle personne. Elle ?tait maintenant en mode boxe. Oui bien s?r, elle ?tait encore nerveuse et elle ?tait un peu mal ? l’aise avec la situation, mais c’?tait le moment d’y aller. C’?tait le moment de s’entra?ner. Il n’y avait que sept personnes qui assistaient ? leur confrontation – les entra?neurs et deux autres membres du gymnase, curieux de voir le match. Elle entendit le gong retentir sur le c?t? du ring, signalant le d?but du premier round. Kate s’avan?a vers le milieu du ring, o? elle retrouva Margo. Elles choqu?rent gants contre gants en signe de salut, avant de faire deux pas en arri?re. Et le combat commen?a. Kate se d?pla?a en arc-de-cercle, le temps que ses jambes trouvent leur rythme. On lui avait appris qu’elle devait se d?placer comme si elle dansait. Elle fit un pas en avant et donna son premier coup. Margo le bloqua facilement mais c’?tait plus de l’?chauffement qu’autre chose. Kate frappa ? nouveau, un petit coup direct du gauche. Margo le bloqua ? nouveau et riposta avec un direct de la gauche qui atteignit Kate sur le c?t? de la t?te. Le coup avait ?t? port? en douceur – car apr?s tout, ce n’?tait qu’un match d’entra?nement – et atteignit le c?t? rembourr? de son casque. Mais ce fut n?anmoins suffisant pour la faire l?g?rement tituber. Tu as cinquante-six ans, pensa-t-elle. Il ne faut pas que tu l’oublies. C’est le moment que choisit Margo pour attaquer avec un crochet du droit. Kate l’esquiva et le fait d’?viter aussi facilement le coup lui donna plus confiance en elle. Et quand elle parvint ais?ment ? bloquer l’attaque suivante de Margo, elle eut d’autant plus envie de se surpasser. Tu sais parfaitement pourquoi tu fais ?a, pensa-t-elle. ?a fait neuf semaines que tu t’entra?nes, tu as d?j? perdu huit kilos et tu n’as jamais eu un corps aussi ferme de ta vie. Tu as l’impression d’avoir vingt ans de moins et pour ?tre tout ? fait honn?te… c’est la premi?re fois que tu te sens aussi forte. Et c’?tait vrai. Et bien qu’elle soit encore loin de ma?triser l’art de la boxe, elle savait qu’elle en avait maintenant assimil? les bases. C’est dans cet ?tat d’esprit qu’elle fit un pas en avant et feinta un coup du gauche avant de lui d?cocher un crochet du droit. Quand le coup atteignit le menton de Margo, Kate suivit avec une attaque du gauche… puis une autre. Les deux coups atteignirent leur cible et Margo tituba l?g?rement. Elle eut l’air l?g?rement surprise en reculant vers les cordes. Mais ?a ne l’emp?cha pas de lui sourire. Tout comme Kate, elle savait qu’il ne s’agissait que d’un entra?nement et qu’elle venait juste d’apprendre une le?on : de rester en permanence vigilante et de ne pas se laisser avoir par les feintes de l’adversaire. Margo riposta avec deux coups, dont l’un atteignit Kate dans les c?tes. Elle fut un instant ? court de souffle et le temps qu’elle reprenne ses esprits, elle eut juste le temps de voir arriver un crochet de la droite. Elle essaya de l’esquiver mais il ?tait d?j? trop tard. Le coup l’atteignit sur le c?t? rembourr? de son casque et la fit tituber en arri?re. Elle fut l?g?rement ?tourdie, sa vue se brouilla et ses genoux flanch?rent un peu. Elle envisagea de se laisser tomber au sol, juste pour reprendre son souffle. Oui… je suis trop vieille pour ?a. Mais en m?me temps, elle se dit : Tu connais d’autres femmes de plus de cinquante ans qui pourraient recevoir un tel coup et ?tre toujours debout ? Kate riposta avec deux crochets et un coup port? en direction de Margo. Deux de ses attaques atteignirent leur cible et Margo tituba ? nouveau dans les cordes. Mais elle se ressaisit tout de suite et s’?lan?a vers Kate en lui d?cochant un uppercut, qui ?tait plus destin? ? forcer Kate ? lever les bras pour bloquer le coup et ainsi, laisser le champ libre ? Margo pour l’attaquer l? o? son corps serait ? d?couvert. Mais Kate remarqua la l?g?re h?sitation dans son approche et comprit quelle ?tait son intention. Au lieu de bloquer l’uppercut, elle fit un pas sur le c?t?, puis lui d?cocha un crochet de la droite qui atteignit Margo sur le c?t? du cr?ne. Margo alla directement au tapis. Elle tomba sur le ventre et roula rapidement sur elle-m?me. Elle retourna vers le coin de son ring et sortit le prot?ge-dents de sa bouche. Elle sourit ? Kate et secoua la t?te d’un air incr?dule. « Je suis d?sol?e, » dit Kate, en s’approchant de Margo. ? « Ne le sois pas, » dit Margo. « Je ne comprends pas comment tu arrives ? ?tre aussi rapide. C’est moi qui devrais m’excuser. Parce qu’avec ton ?ge, j’avais pens? que tu serais… plus lente. » L’entra?neur de Kate – un type grisonnant d’une soixantaine d’ann?es avec une longue barbe blanche – grimpa entre les cordes, en rigolant. « J’ai fait la m?me erreur, » dit-il. « J’ai eu un ?il au beurre noir pendant une semaine ? cause de ?a. Je me suis ramass? exactement le m?me coup qui vient juste de te mettre au tapis. » « Ne sois pas aussi d?sol?e, » dit Kate. « Le coup que j’ai re?u ? la t?te m’a vraiment bien sonn?e. ?a a failli me mettre au tapis. » « ?a aurait d? ?tre le cas d’ailleurs, » dit l’entra?neur. « Franchement, c’?tait un peu violent pour un simple match d’entra?nement. » Il regarda ensuite en direction de Margo. « C’est toi qui vois. Tu veux continuer le match ? » Margo hocha la t?te et se mit debout. Son entra?neur lui remit le prot?ge-dents en bouche. Les deux femmes retourn?rent ? leur coin de ring et attendirent le signal. Mais Kate n’eut pas le temps d’attendre le gong. Elle entendit la sonnerie de son t?l?phone. Et c’?tait la sonnerie qu’elle avait sp?cifiquement attribu?e aux appels venant du FBI. Elle sortit le prot?ge-dents de sa bouche et tendit ses poignets gant?s vers son entra?neur. « D?sol?e, » dit-elle. « Il faut que je r?ponde. » Son entra?neur ?tait au courant de son travail ? temps partiel en tant qu’agent. Il trouvait que c’?tait plut?t impressionnant (c’?tait ses mots ? lui, pas ? elle) qu’elle refuse de prendre totalement sa retraite d’un boulot comme celui-l?. Alors quand il lui d?noua les gants, il le fit aussi vite que possible. Kate passa ? travers les cordes et se pr?cipita vers son sac de sport, qui se trouvait contre le mur. Elle ne le laissait jamais au vestiaire, pour le cas o? elle recevrait ce genre d’appel. Elle attrapa son t?l?phone et fut ? la fois excit?e et anxieuse quand elle vit qu’il s’agissait du directeur adjoint Duran. « Agent Wise, » dit-elle, en d?crochant. « Wise, c’est Duran. Vous avez une minute ? » « Oui, » dit-elle, en regardant le ring d’un air un peu d??u. L’entra?neur de Margo ?tait occup? ? la briefer sur la mani?re d’?viter les feintes. « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » « J’ai besoin de vous sur une enqu?te, avec effet imm?diat. Je veux que vous et DeMarco preniez l’avion d?s ce soir. » « Je ne sais pas, » dit-elle. Et c’?tait la v?rit?. C’?tait tr?s soudain comme demande et au cours de ces derni?res semaines, elle avait plusieurs fois abord? ce th?me avec M?lissa, sa fille, et le fait de ne plus vouloir ?tre aussi facilement disponible pour des missions de derni?re minute. Elle avait pass? beaucoup de temps avec M?lissa et Michelle, sa petite-fille, au cours de ce dernier mois, et leur entente ?tait finalement au beau fixe – une certaine routine s’?tait m?me install?e entre elles. Elles ?taient enfin parvenues ? ressembler ? une v?ritable famille. « J’appr?cie que vous ayez pens? ? moi, » dit Kate. « Mais je ne suis pas s?re de pouvoir accepter. C’est vraiment tr?s derni?re minute. Et prendre un avion… ?a veut dire que ce n’est pas tout pr?s. Je ne suis pas s?re d’?tre pr?te pour un long voyage. O? a lieu l’enqu?te ? » « ? New York. Kate… Je suis presque s?r que ?a a un lien avec l’affaire Nobilini. » En entendant ce nom, elle fut parcourue d’un frisson. Ses oreilles se mirent ? bourdonner et ce n’?tait pas li? au coup qu’elle avait re?u de Margo. Elle revit mentalement des images datant de pr?s de huit ans et qui semblaient venir la narguer. « Kate ? » « Je suis l?, » dit-elle. Elle regarda ? nouveau en direction du ring. Elle vit Margo occup?e ? s’?tirer et ? sauter sur place, pr?te pour le round suivant. C’?tait dommage, mais il n’y aurait pas d’autre round. Car d?s que Kate avait entendu prononcer le nom de Nobilini, elle avait su qu’elle accepterait l’affaire. Elle n’avait pas le choix. L’affaire Nobilini lui avait fil? entre les doigts il y a huit ans – l’un des seuls v?ritables ?checs qu’elle ait eu au cours de sa carri?re. C’?tait l’occasion pour elle de l’?lucider – de cl?turer la seule affaire qui l’avait v?ritablement d?pass?e. « ? quelle heure est le vol ? » demanda-t-elle ? Duran. ? « Dulles ? JFK, il d?colle dans quatre heures. » Une vague de tristesse l’envahit en pensant ? M?lissa et ? Michelle. M?lissa ne comprendrait pas mais Kate ne pouvait pas laisser passer cette opportunit?. « J’y serai, » dit-elle. CHAPITRE DEUX Kate r?ussit ? faire sa valise et ? sortir de Richmond en moins d’une heure et demie. Quand elle retrouva sa co?quipi?re, Kristen DeMarco, devant l’un des nombreux Starbucks de l’a?roport international de Dulles, il ne leur restait plus que dix minutes avant le d?collage. La plupart des passagers avaient d?j? embarqu?. Quand elle la vit, DeMarco se dirigea ? vive allure en direction de Kate, avec un caf? en main. Elle lui sourit et secoua la t?te. « Si tu d?m?nageais ? Washington, tu ne serais pas toujours oblig?e de te d?p?cher et tu arriverais plus souvent ? l’heure. » « Ce n’est m?me pas envisageable, » dit Kate, quand elle la rejoignit. « D?j? que ce boulot ? temps partiel me tient plus souvent ?loign?e de ma famille que je le voudrais. Si j’?tais oblig?e de d?m?nager ? Washington, je refuserais. » « Comment vont M?lissa et Michelle ? » demanda DeMarco. « Elles vont bien. J’ai parl? ? M?lissa pendant le trajet vers l’a?roport. Elle m’a dit qu’elle comprenait et qu’elle me souhaitait bonne chance. Et pour une fois, j’ai m?me eu l’impression qu’elle le pensait vraiment. » « Tant mieux. Je te l’avais dit qu’elle finirait par comprendre. J’imagine que ?a doit ?tre cool d’avoir une m?re aussi dure ? cuire que toi. » « Je suis loin d’?tre une dure ? cuire, » dit Kate, au moment o? elles arriv?rent ? la porte d’embarquement. Mais elle repensa ? son match de boxe contre Margo et elle se dit que c’?tait peut-?tre un surnom qui ne lui allait pas si mal que ?a… en tout cas, en partie. « La derni?re chose qu’on m’a dite ? ton sujet, » dit Kate, « c’est que tu enqu?tais sur un triple meurtre dans le Maine. » « Oui, effectivement. On a cl?tur? l’enqu?te il y a une semaine – on ?tait six agents ? travailler dessus. Quand Duran m’a appel?e concernant cette nouvelle affaire, il m’a dit qu’il pensait faire appel ? toi et il m’a demand? si j’?tais d’accord. J’ai bien entendu saut? sur l’occasion. Je lui ai dit que j’aimerais travailler avec toi aussi souvent que possible ? l’avenir. » « Merci, » dit Kate. Mais elle n’en dit pas plus. ?a lui allait droit au c?ur mais elle ne voulait pas avoir l’air trop sentimentale. Elles embarqu?rent dans l’avion et prirent place l’une ? c?t? de l’autre. Quand elles furent install?es, DeMarco sortit un ?pais dossier de son sac. « C’est le dossier complet concernant l’affaire Nobilini, » dit-elle. « Vu que tu as travaill? dessus, j’imagine que tu en connais tous les d?tails, non ? » « Probablement, » dit Kate. « C’est un vol assez court, » dit DeMarco. « Je pr?f?rerais que tu me racontes ce que tu sais, plut?t que de le lire dans un dossier. » Kate aurait eu la m?me r?action. Mais elle avait aussi tr?s envie de parler des d?tails de cette affaire avec DeMarco. Elle n’?tait jamais vraiment parvenue ? oublier cette enqu?te au fil des ans, m?me si elle avait fait de son mieux pour ne pas se focaliser sur le seul v?ritable ?chec de sa carri?re. Alors que l’avion se dirigeait vers la piste de d?collage, Kate commen?a ? r?sumer les d?tails de cette affaire. Elle dut s’interrompre lors des communications du personnel de bord mais au fur et ? mesure qu’elle parlait, elle eut l’impression que cette affaire ?tait de nouveau d’actualit?. C’?tait peut-?tre parce que ?a faisait longtemps qu’elle ne s’y ?tait plus int?ress?e, ou peut-?tre que c’?tait le fait d’avoir en partie pris sa retraite, mais l’enqu?te lui semblait ? nouveau ouverte. Elle expliqua ? DeMarco les d?tails de cette enqu?te dans un quartier de banlieue chic, pr?s de New York. Il n’y avait eu qu’un seul mort, mais un membre du Congr?s avait demand? une enqu?te du FBI, en raison de ses liens ?troits avec la victime. Aucune empreinte, aucun indice. La victime, Frank Nobilini, avait ?t? retrouv?e dans une ruelle dans le quartier de Midtown. Apparemment, il se rendait au travail. Le meurtre avait eu lieu entre son parking et son bureau. Une seule balle tir?e dans la nuque. Dans le genre ex?cution. « Mais quelqu’un l’a visiblement forc? ? se rendre dans cette ruelle ? » demanda DeMarco. « ?a reste encore une ?nigme. Nous pensons que Nobilini a ?t? un peu malmen?, qu’on l’a forc? ? se mettre ? genoux avant de lui tirer une balle dans la nuque. Il y avait du sang et des bouts de cervelle sur le mur du b?timent ? c?t? de lui. Il tenait encore les cl?s de sa BMW en main. » DeMarco hocha la t?te et laissa Kate continuer son r?cit. « La victime ?tait originaire d’une petite ville chic de banlieue, du nom de Ashton, » dit Kate. « C’est le genre de ville qui attire les visiteurs pour ses magasins d’antiquit?s hors de prix, ses restaurants excessivement chers et ses maisons impeccables. » « Et c’est ce que je ne comprends pas, » dit DeMarco. « Dans ce genre d’endroit, les gens ont tendance ? jaser, non ? Il serait normal que quelqu’un sache quelque chose ou ait une id?e de qui aurait pu faire ?a. Mais il n’y a rien dans le dossier. » Elle pronon?a cette derni?re phrase en tapotant le dossier des doigts. « ?a m’a toujours d?contenanc?e, » dit Kate. « Ashton est un endroit hupp?. Mais c’est ?galement une communaut? soud?e. Tout le monde se conna?t et se montre aimable avec ses voisins. Il y a beaucoup d’entraide entre eux, ils participent tous aux f?tes d’?cole, ce genre de choses. C’est vraiment l’image de la banlieue parfaite. » « Aucun mobile pour un tueur, alors ? » demanda DeMarco. « Aucun dont j’ai pu avoir connaissance. Il y a environ trois mille habitants ? Ashton. Et bien que l’endroit attire pas mal de monde de New York et de la r?gion, son taux de criminalit? est vraiment bas. C’est la raison pour laquelle l’affaire Nobilini a fait beaucoup parler d’elle il y a huit ans, m?me si le meurtre n’a pas eu lieu ? Ashton. » « Et il n’y a jamais eu d’autres meurtres dans le genre ? » « Non, pas jusqu’? maintenant. Je pense que l’assassin a d? remarquer la pr?sence du FBI et que ?a l’a effray?. Dans une ville de cette taille, il est tr?s facile de remarquer des agents du FBI. » Kate s’interrompit et prit le dossier des mains de DeMarco. « Qu’est-ce que Duran t’a racont? ? » « Pas grand-chose. Il a dit que c’?tait urgent et il m’a demand? de lire le dossier. » « Est-ce que tu as vu le genre d’arme qui a ?t? utilis?e pour le meurtre ? » demanda Kate. « Oui. Un Ruger Hunter Mark IV. ?a m’a sembl? bizarre, presque professionnel. Ce n’est pas une arme banale pour un simple meurtre sans mobile apparent. » « Je trouve aussi. La balle et la douille que nous avons retrouv?es nous ont facilement permis d’identifier l’arme. Mais malgr? le fait que ce soit une arme particuli?re et assez rare, le fait qu’elle ait ?t? utilis?e nous donne une autre indication : que l’assassin est quelqu’un qui ne doit pas ?tre habitu? ? tuer des gens. »? « Pourquoi ? » « Si c’?tait quelqu’un qui savait ce qu’il faisait, il saurait que le Ruger Hunter Mark IV laisserait une douille. Ce qui en fait un tr?s mauvais choix d’arme pour un meurtre. » « J’imagine que le meurtre qui nous int?resse aujourd’hui a ?t? commis avec le m?me genre d’arme ? » demanda DeMarco. « Selon Duran, il s’agit exactement de la m?me arme. » « Alors l’assassin a d?cid? de frapper ? nouveau huit ans plus tard. C’est bizarre. » « Eh bien, c’est quelque chose que nous allons devoir v?rifier, » dit Kate. « Tout ce que Duran m’a dit, c’?tait que le meurtre avait ?t? mis en sc?ne. Et que l’arme utilis?e pour l’assassinat ?tait du m?me genre que celle qui avait tu? Frank Nobilini. » « Oui, et que ?a s’est pass? dans le quartier de Midtown. Je me demande si cette derni?re victime a aussi un lien avec Ashton. » Kate se contenta de hausser les ?paules. L’avion tressaillit sous l’effet de turbulences. ?a lui avait fait du bien de r?sumer les d?tails de cette affaire. ?a lui avait permis de rafra?chir ses souvenirs et d’avoir l’impression que l’enqu?te ?tait ? nouveau ouverte. Peut-?tre qu’apr?s huit ans, elle verrait les choses d’un autre ?il. *** ?a faisait longtemps que Kate n’?tait plus venue ? New York. La derni?re fois, c’?tait pour une escapade d’un weekend avec Michael, son mari, peu avant qu’il ne meure. Les embouteillages et le trafic ?taient toujours aussi impressionnants. En comparaison, Washington semblait ?tre une ville de province. Le fait qu’il soit presque vingt et une heures un vendredi soir n’aidait pas non plus. Elles arriv?rent ? la sc?ne de crime ? 20h42. Kate gara leur voiture de location aussi pr?s que possible du ruban d?limitant la sc?ne. Le crime avait eu lieu dans une petite ruelle situ?e sur la 43e rue, ? quelques p?t?s de maisons de Grand Central. Deux voiture de police ?taient gar?es face ? face devant la ruelle, sans vraiment en bloquer l’acc?s, mais pour clairement indiquer que les lieux n’?taient pas ouverts aux badauds. Quand Kate et DeMarco arriv?rent ? la ruelle, un policier de taille imposante les arr?ta. Mais quand Kate lui montra son badge, il haussa les ?paules et souleva le ruban pour les laisser passer. Elle vit qu’il regardait DeMarco au moment o? elle se baissa pour passer en-dessous du ruban. Elle se demanda si DeMarco, qui ne cachait pas son homosexualit?, ?tait d?rang?e par le fait qu’un homme la regarde ou si elle trouvait ?a plut?t flatteur. « Le FBI, » dit le policier, en soupirant. « On m’a dit que vous alliez venir. Je trouve que c’est un peu exag?r?, car c’est une affaire qui n’a pas trop l’air compliqu?e. » « On vient juste v?rifier l’un ou l’autre d?tail, » dit Kate, en s’enfon?ant dans la ruelle sombre en compagnie de DeMarco. Les voitures de police ? l’entr?e de la ruelle avaient ?t? gar?es de mani?re ? ?clairer un peu la ruelle de leurs phares. Les ombres ?tir?es de Kate et de DeMarco ajoutaient une touche sinistre ? la sc?ne. Au fond de la ruelle – qui se terminait en cul-de-sac sur un mur en briques – deux policiers et un d?tective en civil formaient un demi-cercle. Contre le mur devant eux, Kate discerna une forme sombre. Il s’agissait s?rement de la victime. Elles s’approch?rent des trois hommes et elles se pr?sent?rent, tout en leur montrant leur badge. « Enchant? de vous rencontrer, » dit l’un des policiers. « Mais pour ?tre tout ? fait franc, je ne comprends pas pourquoi le FBI a autant insist? pour nous envoyer quelqu’un. » « On en a d?j? parl?, » dit le d?tective en civil. Il devait avoir la quarantaine et il avait une allure un peu grunge. De longs cheveux fonc?s, il ?tait mal ras?, et il portait des lunettes qui faisaient penser ? celles de Buddy Holly. « C’est toujours pareil, » dit le d?tective. Il regarda Kate, leva les yeux au ciel, et dit : « Lorsqu’un crime date de plus d’une semaine, la police de New York ne veut plus s’en occuper. Ils n’arrivent pas ? comprendre comment on peut s’int?resser ? un crime qui remonte ? plus de huit ans. C’est moi qui ai appel? le FBI. Je me rappelle qu’ils ?taient tr?s impliqu?s sur l’affaire Nobilini ? l’?poque, en raison de liens avec quelqu’un du Congr?s, c’est bien ?a ? » « C’est bien ?a, » dit Kate. « Et c’est moi qui dirigeais l’enqu?te ? l’?poque. » « Enchant? de faire votre connaissance. Je suis le d?tective Luke Pritchard. J’ai toujours ?t? int?ress? par les affaires non r?solues. Et celle-ci a attir? mon attention en raison de l’arme qui a ?t? utilis?e et le fait que le meurtre ressemble ? une ex?cution. Si vous regardez de plus pr?s, vous verrez des ?raflures sur le front de la victime. Apparemment, l’assassin l’a forc?e ? s’appuyer contre le mur en briques. » Il posa la main sur le c?t? de l’?difice qui se trouvait ? leur droite, o? des ?claboussures de sang avaient s?ch?. « On peut s’approcher ? » demanda Kate. Les deux policiers hauss?rent les ?paules, avant de s’?carter. « Bien s?r, » dit l’un d’entre eux. « Avec un d?tective et le FBI sur l’affaire, nous vous laissons faire. » « Amusez-vous bien, » dit l’autre policier. Sur ces mots, ils tourn?rent les talons et se retourn?rent vers l’entr?e de la ruelle. Kate et DeMarco s’approch?rent du corps. Pritchard resta l?g?rement en arri?re pour leur laisser un peu d’espace. « Eh bien, » dit DeMarco, « on peut d?j? en conclure que la cause de la mort est assez claire. » La victime avait en effet un seul impact de balle dans la nuque. La plaie ?tait bien visible, avec un contour net et ensanglant? – exactement comme dans le cas de Frank Nobilini. Il s’agissait d’un homme qui devait avoir la quarantaine. Il portait des v?tements de sport haut de gamme, un fin sweatshirt ? capuche et un pantalon de jogging. Les lacets de ses chaussures de sport ?taient parfaitement nou?s et des ?couteurs Apple ?taient pos?s juste ? c?t? de lui, comme si ?a avait ?t? fait d?lib?r?ment. « On conna?t d?j? son identit? ? » demanda Kate. « Oui, » dit Pritchard. « Jack Tucker. La carte d’identit? qu’on a retrouv?e dans son portefeuille indique qu’il vit ? Ashton. Un lien de plus avec l’affaire Nobilini. » « Vous connaissez Ashton, d?tective ? » demanda Kate. « Pas vraiment. J’y suis pass? ? l’occasion mais ce n’est pas vraiment le genre d’endroit qui me pla?t. Trop parfait, trop propre, dans le genre surann?. » Elle voyait tr?s bien ce qu’il voulait dire. Elle ne put s’emp?cher de se demander ce que ?a lui ferait de retourner ? Ashton. « Quand est-ce que le corps a ?t? d?couvert ? » demanda DeMarco. « Vers seize heures trente. Je suis arriv? sur les lieux ? dix-sept heures quinze et j’ai tout de suite vu le lien avec l’affaire Nobilini. J’ai d? insister pour qu’ils ne bougent pas le corps avant votre arriv?e. Je me suis dit que vous auriez besoin de voir la sc?ne. » « Vous n’avez pas d? vous faire que des amis, » dit Kate. « Oh, j’ai l’habitude. Beaucoup de policiers me surnomment Vieux Dossier Pritchard. » « En tout cas, vous avez bien fait, » dit Kate. « M?me s’il s’av?re qu’il n’y a aucun lien entre les deux affaires, la personne responsable de ce meurtre est toujours en libert? – et il vaudrait mieux qu’on l’?pingle, au cas o? il aurait l’intention de continuer. » « Pour l’instant, je n’ai aucune piste, » dit Pritchard. « J’ai pris quelques notes, au cas o? vous voudriez y jeter un ?il. » « ?a pourrait nous ?tre utile. J’imagine que la police scientifique a d?j? pris des photos ? » « Oui, et elles sont probablement d?j? disponibles en format num?rique. » Sur ces mots, Kate se releva, en gardant les yeux fix?s sur le corps de Jack Tucker. Sa t?te ?tait l?g?rement tourn?e vers la droite, comme s’il regardait les ?couteurs qui avaient ?t? plac?s ? c?t? de lui. « La famille a d?j? ?t? pr?venue ? » demanda DeMarco. « Non. Et j’ai bien peur de devoir m’en charger, vu que j’ai demand? ? la police d’attendre votre arriv?e pour bouger le corps et continuer l’enqu?te. » « On va s’en charger, » dit Kate. « Moins il y a de personnes impliqu?es dans l’affaire, mieux c’est. » « Si c’est ce que vous voulez. » Kate finit par d?tourner les yeux du corps de Jack Tucker et regarda en direction de l’entr?e de la ruelle, o? les deux policiers avaient rejoint l’officier qui les avait laiss? entrer. Elle avait d?j? d? annoncer ce genre de mauvaises nouvelles tellement de fois, qu’elle savait que ce n’?tait jamais facile. En fait, c’?tait m?me de plus en plus dur. Mais elle avait ?galement appris que bizarrement, c’?tait bien souvent aux prises avec les affres de la douleur que les personnes proches d’une victime semblaient se souvenir des moindres d?tails. Kate esp?rait que ce serait le cas dans cette affaire. Peut-?tre que la veuve de Jack pourrait l’aider ? ?lucider une affaire qui la hantait depuis pr?s d’une dizaine d’ann?es. CHAPITRE TROIS Ashton ne se trouvait qu’? une vingtaine de minutes de New York. Il ?tait 21h20 quand elles quitt?rent la sc?ne de crime et le trafic du vendredi soir ?tait toujours aussi dense. Quand elles se retrouv?rent enfin sur l’autoroute, Kate remarqua que DeMarco ?tait particuli?rement silencieuse et ce n’?tait pas dans ses habitudes. Elle ?tait assise sur le si?ge passager et regardait d?filer la ville autour d’elle d’un air contrari?. « Tout va bien ? » demanda Kate. Sans prendre la peine de regarder Kate, DeMarco n’h?sita pas une seconde avant de r?pondre. Il ?tait clair que quelque chose la d?rangeait et ce, depuis le moment o? elles avaient quitt? la sc?ne de crime. « Je sais que ?a fait plus longtemps que moi que tu fais ce boulot et que tu es rod?e, mais je n’ai eu ? annoncer la mort d’un proche qu’en une seule occasion. Et ?a ne m’a pas plu du tout. Je me suis sentie vraiment mal. Et j’aurais pr?f?r? que tu me demandes mon avis avant de proposer qu’on s’en charge. » « Je suis d?sol?e. Je n’y ai m?me pas pens?. Mais ?a fait aussi partie de notre boulot. Au risque de para?tre insensible, il vaut mieux que tu t’y habitues tout de suite. De plus… si on dirige l’enqu?te, il n’y a aucune raison que ce soit ce pauvre d?tective qui s’en charge. » « Il n’emp?che que je pr?f?rerais que tu m’en parles avant. » Sa voix trahissait clairement de la col?re, quelque chose qu’elle n’avait jamais vu chez DeMarco avant – en tout cas, pas envers elle. « OK, » se contenta-t-elle de r?pondre. Elles rest?rent silencieuses le reste du trajet jusqu’? Ashton. Kate avait ?t? assez souvent confront?e ? la situation de devoir annoncer la mort d’un proche pour savoir que toute tension entre co-?quipiers ne ferait qu’empirer les choses. Mais elle savait ?galement que DeMarco n’?tait pas du genre ? recevoir des le?ons quand elle ?tait en col?re. Alors peut-?tre que ce serait une le?on qu’elle apprendrait sur le vif. Elles arriv?rent ? la maison des Tucker ? 21h42. Kate ne fut pas du tout surprise de voir que la lumi?re du porche ?tait allum?e, ainsi que toutes les autres lampes de la maison. Vu les v?tements que portait Jack Tucker, il ?tait s?rement parti faire son jogging ce matin. Mais le fait que son corps ait ?t? retrouv? en ville soulevait de nombreuses questions. Et elles allaient devoir les poser ? une ?pouse probablement tr?s inqui?te. Une ?pouse inqui?te qui est sur le point d’apprendre qu’elle est veuve, pensa Kate. Mon dieu, j’esp?re qu’ils n’ont pas d’enfants. Kate se gara devant la maison et sortit de voiture. DeMarco fit de m?me, mais plus lentement, comme pour bien faire comprendre ? Kate qu’elle n’?tait pas du tout contente de se trouver l?. Elles remont?rent l’all?e dall?e vers les marches, mais avant m?me qu’elles ne les atteignent, Kate vit la porte d’entr?e s’ouvrir. Quand elle les vit, la femme qui avait ouvert la porte s’immobilisa. Elle avait l’air de chercher ses mots. Pour finir, tout ce qu’elle fut capable de murmurer fut : « Qui ?tes-vous ? » Kate tendit lentement la main vers la poche de sa veste pour en sortir son badge. Mais avant m?me qu’elle n’ait eu le temps de le montrer ou de se pr?senter, la femme comprit la raison de leur visite. Une profonde tristesse envahit ses yeux et son visage se mit ? trembler. Au moment o? Kate et DeMarco arriv?rent finalement aux marches, la femme de Jack Tucker tomba ? genoux et se mit ? pleurer. *** Il s’av?ra que les Tucker avaient des enfants. Trois enfants, pour ?tre exact. Sept ans, dix ans et treize ans. Ils ?taient tous encore ?veill?s et se trouvaient dans le salon. Kate fit de son mieux pour faire rentrer la femme – qui ?tait parvenue ? se pr?senter sous le nom de Missy, ? travers ses sanglots – et l’asseoir sur une chaise. L’enfant de treize ans se pr?cipita aux c?t?s de sa m?re pendant que DeMarco faisait de son mieux pour essayer de garder les autres enfants ? distance, le temps que leur m?re parvienne ? surmonter la nouvelle catastrophique qu’elle venait d’apprendre. Kate se dit que finalement, elle avait un peu br?l? les ?tapes avec DeMarco. Les premi?res vingt minutes qu’elle passa dans la maison des Tucker ce soir-l? furent d?chirantes. Elle se rappelait un seul autre moment dans sa carri?re qui ait ?t? aussi douloureux. Elle regarda en direction de DeMarco qui essayait de contenir les enfants et elle vit de la col?re en elle. Et Kate se rendit compte qu’il ?tait bien possible que DeMarco lui en veuille pendant tr?s longtemps. ? un moment, Missy Tucker se rendit compte qu’elle allait avoir besoin que quelqu’un s’occupe de ses enfants si elle voulait essayer d’aider Kate et DeMarco. ? travers ses sanglots, elle appela son beau-fr?re et lui annon?a la terrible nouvelle. Ils vivaient ?galement ? Ashton et sa femme se mit tout de suite en route pour venir s’occuper des enfants. Afin de laisser un peu d’espace ? Missy et ? ses enfants pour faire face ? la nouvelle, Kate re?ut la permission de Missy pour faire le tour de la maison ? la recherche de toute piste qui pourrait expliquer ce qui venait de se passer. Elles commenc?rent par la chambre ? coucher principale et se mirent ? fouiller dans les effets personnels des Tucker, en entendant les g?missements d’une famille en deuil ? l’?tage d’en bas. « C’est vraiment nul, comme situation, » dit DeMarco. « C’est vrai et je suis d?sol?e, DeMarco. Vraiment. J’avais pens? que ce serait plus facile comme ?a. » « Mais c’est vraiment de ?a qu’il s’agit ? » demanda DeMarco. « Je sais que je ne te connais pas encore tr?s bien, mais une des choses que je sais ? ton sujet, c’est que tu as tendance ? vouloir te mettre le plus possible la pression. C’est d’ailleurs bien pour ?a que tu as du mal ? trouver une solution ? quelque chose d’aussi simple que trouver un ?quilibre entre ta vie professionnelle et ta vie priv?e. » « Pardon ? » demanda Kate, en sentant une vague de col?re l’envahir. DeMarco haussa les ?paules. « D?sol?e, mais c’est la v?rit?. La police aurait tr?s bien pu se charger d’annoncer la nouvelle et on aurait pu faire des recherches ailleurs. » « En l’absence de t?moins, sa femme est la meilleure piste qu’on ait, » dit Kate. « Mais elle doit d’abord surmonter la nouvelle de la mort de son mari. C’est nul pour tout le monde. Mais tu dois passer outre ton propre mal ?tre. Dans l’ensemble, qui est le plus ? plaindre ? l’instant pr?sent ? Toi, ou la veuve ? l’?tage d’en bas ? » Kate ne se rendit compte de son ?nervement qu’au moment o? ces derniers mots sortirent de sa bouche. DeMarco la fixa un instant des yeux avant de secouer la t?te et de quitter la pi?ce. Quand Kate sortit de la chambre, elle vit que DeMarco ?tait occup?e ? examiner un bureau et une petite biblioth?que un peu plus loin dans le couloir. Kate la laissa faire et d?cida plut?t d’aller voir ? l’ext?rieur. Elle fit le tour de la maison en ne s’attendant pas vraiment ? y trouver quelque chose, mais en sachant qu’il fallait qu’elle le fasse. Quand elle entra ? nouveau dans la maison, elle vit que le fr?re de Jack Tucker et sa femme ?taient arriv?s. Le fr?re et Missy se serraient dans les bras en tremblant, tandis que la femme ?tait agenouill?e pr?s des enfants et les embrassait. Kate vit que la fille de treize ans – qui ressemblait beaucoup ? son p?re – avait un regard totalement vide. Elle comprenait d’autant mieux pourquoi DeMarco ?tait aussi f?ch?e sur elle. « Agent Wise ? » Kate se retourna alors qu’elle ?tait sur le point de monter ? l’?tage et elle vit Missy traverser le couloir dans sa direction. « Oui ? » « S’il faut qu’on discute, il vaut mieux le faire maintenant. Je ne sais pas combien de temps je vais encore ?tre capable de me retenir avant de craquer. » Elle laissa ?chapper un sanglot en disant ces mots. ?a faisait ? peine une heure qu’elle avait appris la mort de son mari et Kate l’admira pour son courage. Missy n’ajouta rien de plus mais elle monta les escaliers en jetant un rapide coup d’?il vers le salon o? se trouvaient ses enfants et sa famille. DeMarco ?tait occup?e dans la salle de bains et elle les rejoignit quand elle les vit arriver. Elles all?rent toutes les trois dans la chambre ? coucher principale – celle que Kate et DeMarco avaient d?j? visit?e. Missy s’assit au bord du lit. On aurait dit qu’elle venait de se r?veiller apr?s un cauchemar, en se rendant compte que le cauchemar ?tait devenu r?alit?. « Vous m’avez demand? tout ? l’heure pourquoi Jack ?tait ? New York, » dit-elle. « Il travaillait en tant que comptable pour une grosse soci?t? – Adler et Johnson. Il travaillait sur une grosse restructuration, le d?mant?lement d’une centrale nucl?aire en Caroline du Sud. Ces derniers jours, il ?tait tout simplement rest? en ville. » « Est-ce qu’il ?tait cens? rentrer ce soir ou est-ce que vous pensiez qu’il allait rester ? l’h?tel ? » demanda DeMarco. « Je lui ai parl? vers sept heures ce matin, avant qu’il ne sorte pour son jogging. Il m’a dit qu’il pr?voyait non seulement de rentrer aujourd’hui, mais qu’il rentrerait probablement t?t – vers seize heures. » « J’imagine que vous avez essay? de l’appeler ou de lui envoyer des messages quand vous vous ?tes rendu compte qu’il commen?ait ? se faire tard ? » demanda Kate. « Oui, vers dix-neuf heures. Quand il travaille, parfois il ne voit pas le temps passer. » « Madame Tucker, le FBI a ?t? appel? pour enqu?ter sur le meurtre de votre mari parce que certains ?l?ments sont similaires ? une autre affaire qui remonte ? huit ans. La victime ?tait ?galement un homme vivant ici ? Ashton, et il a ?galement ?t? assassin? ? New York, » dit Kate. « Il n’y a aucune preuve tangible pour affirmer qu’il existe un lien entre les deux, mais les circonstances des deux meurtres sont assez similaires pour avoir attir? l’attention du FBI. Est-ce que vous savez si votre mari avait des ennemis ou des personnes qui pourraient lui en vouloir pour une raison ou une autre ? » Kate remarqua que Missy faisait tout son possible pour retenir ses larmes. Elle essayait de terminer cette conservation sans ?clater en sanglots. « Je ne vois vraiment pas qui aurait pu lui en vouloir. Je ne le dis pas uniquement parce que je l’aime, mais c’?tait vraiment une bonne personne. Except? l’une ou l’autre discussion au boulot, je ne crois pas qu’il se soit jamais disput? de sa vie. » « Et qu’en est-il de ses amis proches ? » demanda Kate. « Est-ce qu’il avait des amis qui pourraient conna?tre un autre aspect de sa personnalit? ? » « Eh bien, il faisait parfois un peu l’imb?cile avec ce groupe d’amis au club nautique, mais je ne pense pas qu’ils aient quoi que ce soit ? dire de n?gatif ? son sujet. » « Avec lesquels de ces amis pourrions-nous parler ? » demanda DeMarco. « Ils formaient une petite bande, lui et trois autres types. Ils se retrouvaient au club nautique ou au bar ? cigares, et il regardait le sport ? la t?l?. Surtout du football. » « Est-ce que vous savez si l’un d’entre eux avait des soucis avec quelqu’un ? » demanda DeMarco. « Y compris des ex-femmes jalouses ou des membres ?loign?s de la famille ? » « Je ne sais pas. Je ne les connais pas tr?s bien et… » Elle fut interrompue par le bruit d’un sanglot incontr?l? venant de l’?tage d’en bas. Missy regarda en direction de la porte de la chambre en fron?ant les sourcils. « C’est Dylan, notre deuxi?me enfant. Lui et son p?re ?taient… » Sa l?vre se mit ? trembler. Elle faisait de son mieux pour ne pas s’effondrer. « C’est bon, madame Tucker, » dit DeMarco. « Retournez aupr?s de vos enfants. Nous avons assez d’informations pour l’instant. » Missy se leva pr?cipitamment et se dirigea vers la porte en pleurant. DeMarco la suivit lentement, en jetant un regard furieux en direction de Kate. Kate resta un peu plus longtemps dans la chambre, en essayant de contr?ler ses propres ?motions. Cette partie du boulot ne devenait d?finitivement pas plus facile avec le temps. Et le fait qu’elles aient obtenu si peu d’informations rendait la situation encore plus difficile. Elle finit par sortir dans le couloir, en comprenant un peu mieux pourquoi DeMarco ?tait en col?re sur elle. Quelque part, elle s’en voulait aussi. Kate redescendit au rez-de-chauss?e et sortit de la maison. Elle vit DeMarco sur le point d’entrer dans leur voiture en essuyant des larmes de ses yeux. Kate referma doucement la porte derri?re elle, avec la sensation que la douleur et la tristesse de la famille Tucker la poussaient en avant, plus profond?ment dans cette enqu?te o? elle n’avait encore aucune piste. CHAPITRE QUATRE Le lendemain matin, la nouvelle de la mort de Jack Tucker avait commenc? ? se propager autour d’Ashton. Ce fut la raison principale pour laquelle il fut si facile pour Kate et DeMarco d’entrer en contact avec les amis de Jack – les noms que Missy leur avait donn? le jour avant. Non seulement ses amis ?taient d?j? au courant, mais ils avaient d?j? commenc? ? s’organiser afin d’aider Missy et ses enfants ? traverser cette p?riode difficile. Apr?s quelques rapides coups de fil, Kate et DeMarco s’?taient arrang?es pour rencontrer trois des amis de Jack au club nautique. On ?tait samedi et le parking commen?ait ? se remplir, bien qu’il ne soit que neuf heures du matin. Le club ?tait situ? le long du Long Island Sound et offrait les plus belles vues sur les tr?s jolis yachts qui croisaient sur l’eau. Le club en lui-m?me ?tait un ?difice ? un ?tage au style colonial, avec une touche moderne, particuli?rement en ce qui concernait l’ext?rieur et les jardins. Kate fut re?ue par un homme qui les attendait devant la porte. Il portait une chemise et une paire de kaki –probablement une tenue consid?r?e comme d?contract?e pour quelqu’un qui appartenait ? un club nautique comme celui-l?. « Vous ?tes l’agent Wise ? » demanda l’homme. « Oui, c’est moi. Et voici ma partenaire, l’agent DeMarco. » DeMarco se contenta de hocher la t?te. Elle ?tait encore visiblement f?ch?e pour ce qui ?tait arriv? le jour avant. Quand elles s’?taient quitt?es ? l’h?tel hier soir, DeMarco n’avait pas dit un seul mot. Et elle s’?tait content?e d’un simple « bonjour » quand elles prirent leur petit-d?jeuner ce matin. « Je suis James Cortez, » dit l’homme. « Nous nous sommes parl? ce matin par t?l?phone. Les autres sont dans la v?randa et vous attendent avec du caf?. » Il les guida ? travers le club, dont les hauts plafonds et l’atmosph?re chaleureuse ?taient absolument charmants. Kate se demanda combien devait co?ter la cotisation ? l’ann?e. Certainement, hors budget pour elle. Elle en fut d’autant plus certaine quand ils arriv?rent ? la v?randa qui surplombait le Long Island Sound. L’endroit ?tait magnifique et donnait directement sur l’eau, avec les hautes silhouettes de la ville au loin. Deux hommes ?taient assis ? une petite table en bois sur laquelle ?tait pos? un plateau de p?tisseries et de bagels, ainsi qu’une carafe de caf?. Les deux hommes lev?rent les yeux vers les agents et se mirent debout pour les saluer. L’un d’entre eux avait l’air assez jeune, probablement pas plus de la trentaine, tandis que James Cortez et l’autre homme devaient s?rement avoir dans les quarante-cinq ans. « Duncan Ertz, » dit l’homme le plus jeune, en tendant la main. Kate et DeMarco leur serr?rent la main en se pr?sentant. L’homme le plus ?g? ?tait Paul Wickers, un ancien courtier en bourse r?cemment retrait? et qui semblait plus que dispos? ? en parler vu que ce fut la deuxi?me chose qui sortit de sa bouche. Kate et DeMarco prirent place autour de la table. Kate prit une tasse vide et la remplit de caf?, en y ajoutant du sucre et du lait qui se trouvaient ? c?t? du plateau de p?tisseries. « ?a fait vraiment mal de penser ? Missy et aux enfants ce matin, » dit Duncan, en mordant dans un pain aux raisins. Kate repensa ? hier soir et ressentit le besoin de savoir comment Missy allait. Elle regarda DeMarco et elle se demanda si elle ressentait la m?me chose. Avec un peu de recul, Kate commen?ait ? se demander si la r?action de DeMarco n’?tait pas due ? quelque chose qu’elle avait v?cu dans son pass? – quelque chose qu’elle n’?tait pas encore parvenue ? surmonter. « Eh bien, » dit Kate, « Missy nous a dit que vous ?tiez les personnes les plus proches de Jack, en-dehors de sa famille. Nous aimerions avoir une id?e du genre de personne qu’il ?tait en-dehors de chez lui ou du travail. » « Eh bien, justement, » dit James Cortez, « Jack ?tait toujours le m?me, o? qu’il soit. C’?tait un gars net, un type vraiment sympa qui cherchait toujours ? aider les autres. Le seul d?faut que je pourrais lui trouver, c’est qu’il ?tait un peu trop impliqu? dans son boulot. » « Il ?tait toujours pr?t ? raconter des blagues, » dit Duncan. « La plupart du temps, elles n’?taient m?me pas dr?les mais il adorait en raconter. » « C’est vrai, » dit Paul. « Il ne vous a jamais confi? de secret ? » demanda DeMarco. « Une infid?lit? ou le fait d’y penser ? » « Certainement pas, » dit Paul. « Jack Tucker ?tait fou amoureux de sa femme. Je peux m?me affirmer qu’il adorait sa vie en g?n?ral. Sa femme, ses enfants, son travail, ses amis, … » « C’est pour ?a que ?a n’a vraiment aucun sens, » dit James. « Sans vouloir ?tre inconvenant, vu de l’ext?rieur, Jack ?tait vraiment un type banal. Presque ennuyant. » « Est-ce que vous savez s’il avait un lien avec Frank Nobilini, victime d’un meurtre commis il y a huit ans ? » demanda Kate. « Il vivait ?galement ? Ashton et il a ?t? assassin? ? New York. » « Frank Nobilini ? » dit Duncan Ertz, en secouant la t?te. « Mais si, » dit James. « Il travaillait pour une importante agence de pub qui fait tous ces projets haut de gamme. Sa femme s’appelait Jennifer… ta femme la conna?t certainement. Une femme vraiment agr?able. Tr?s impliqu?e dans les projets d’embellissement de la communaut? et active au sein de l’association de parents d’?l?ves, ce genre de choses. » Ertz haussa les ?paules. Il ?tait visiblement le dernier arriv? dans le groupe et il n’avait pas l’air au courant. « Vous pensez que le meurtre de Jack ? quelque chose ? voir avec celui de Nobilini ? » demanda Paul. « Il est trop t?t pour le savoir, » dit Kate. « Mais vu la mani?re dont ?a s’est pass?, nous devons envisager toutes les possibilit?s. » « Est-ce que vous connaissez le nom de certains des coll?gues de Jack ? » demanda DeMarco. « Il y avait seulement deux personnes au-dessus de lui, » dit Paul. « L’un d’entre eux s’appelle Luca et il vit en Suisse. Il ne vient que trois ou quatre fois par an. L’autre type s’appelle Daiju Hiroto. Je pense qu’il est responsable des bureaux new-yorkais d’Adler et Johnson. » « D’apr?s Jack, » dit Duncan, « Daiju est le genre de type qui vit pratiquement ? son boulot. » « Est-ce que ?a arrivait souvent que Jack doive travailler le weekend ? » demanda Kate. « De temps en temps, » dit James. « Mais c’est arriv? beaucoup plus souvent ces derniers temps. Ils sont en plein renflouement d’une entreprise de d?mant?lement nucl?aire. La derni?re fois que j’ai parl? ? Jack, il m’a dit que s’ils parvenaient ? tout terminer ? temps, ils pourraient leur faire gagner beaucoup d’argent. » « Je suis certain que vous trouverez toute l’?quipe au bureau, » dit Paul. « Il est possible qu’ils aient des informations ? vous fournir. DeMarco fit glisser l’une de ses cartes de visite vers James Cortez, avant de prendre une p?tisserie ? la cerise sur le plateau qui se trouvait devant eux. « N’h?sitez pas ? nous appeler si vous pensez ? quoi que ce soit au cours des prochains jours. » « Et ce serait bien que vous gardiez pour vous l’histoire de ce meurtre qui date d’il y a huit ans, » dit Kate. « La derni?re chose dont on a besoin, c’est que l’hyst?rie s’empare des habitants d’Ashton. » Paul acquies?a de la t?te. Il avait l’impression que ?a lui ?tait directement adress?. « Merci, messieurs, » dit Kate. Elle avala une derni?re gorg?e de son caf? et elles prirent cong?, laissant les amis de Jack terminer tranquillement leur petit-d?jeuner. Kate regarda en direction d’un voilier qui voguait au loin. « Je vais demander l’adresse du bureau de Jack Tucker chez Adler et Johnson, » dit DeMarco, en sortant son t?l?phone. Le ton de sa voix ?tait toujours aussi froid et distant. Il va falloir qu’on perce l’abc?s avant que ?a ne d?g?n?re, pensa Kate. C’est une dure ? cuire mais s’il faut que je la remette ? sa place, je n’h?siterai pas ? le faire. *** Les bureaux d’Adler et Johnson se trouvaient dans l’un des gratte-ciels les plus ?l?gants de Manhattan. Ils ?taient situ?s au rez-de-chauss?e et au premier ?tage d’un ?difice qui abritait ?galement un cabinet d’avocats, un concepteur d’applications mobiles et une petite agence litt?raire. Il s’av?ra que Paul Wickers avait vu juste. La majorit? des coll?gues de Jack Tucker se trouvaient au bureau. Une odeur de caf? flottait dans l’air et bien que l’atmosph?re soit particuli?rement fr?n?tique, il y avait ?galement une sorte de tristesse bien palpable. Daiju Hiroto vint tout de suite ? leur rencontre et les accompagna jusqu’? son vaste bureau. Il avait l’air partag? entre deux sentiments – celui de terminer ? temps l’?norme projet dont ils s’occupaient et la tristesse li?e ? la mort d’un coll?gue et ami. « J’ai appris la nouvelle ce matin, » dit Hiroto, une fois qu’il fut assis derri?re son grand bureau. « Je suis arriv? au bureau ? six heures ce matin et l’une de nos employ?es – Katie Mayer – est venue m’apprendre la nouvelle. Nous ?tions quinze ? travailler et je leur ai donn? l’option de prendre leur weekend. Six personnes ont d?cid? de rentrer chez eux et d’aller pr?senter leurs respects ? la famille. » « Si vous ne deviez pas encadrer l’?quipe qui est rest?e, est-ce que vous auriez fait de m?me ? » demanda Kate. « Non. C’est une r?ponse un peu ?go?ste mais il faut qu’on termine ce projet. Il ne nous reste que deux semaines pour tout terminer et nous sommes un peu en retard. Et le travail de plus de cinquante personnes est en jeu si on n’y parvient pas. » « Dans votre ?quipe, qui connaissait le mieux Jack ? » demanda Kate. « Probablement moi. Nous avons collabor? de mani?re ?troite sur plusieurs grands projets au cours des dix derni?res ann?es. On a voyag? un peu partout dans le monde et particip? ? des soir?es et ? des r?unions dont le reste de l’?quipe n’avait m?me pas connaissance. » « Mais c’est quelqu’un d’autre qui a appris la nouvelle de sa mort en premier ? » demanda DeMarco. « Oui, Katie. Elle vit ? Ashton et elle est amie avec la femme de Jack. » Kate eut envie de dire que c’?tait un peu choquant qu’Hiroto n’ait pas d?cid? de donner cong? ? tout le monde afin que lui-m?me et les autres membres de l’?quipe puissent dig?rer cette terrible nouvelle. Mais elle savait que certaines personnes ?taient compl?tement obs?d?es par leur travail et que ce n’?tait pas ? elle ? porter ce genre de jugement. « Au cours de tout ce temps que vous avez pass? avec Jack, avez-vous eu l’impression qu’il gardait des secrets ? » demanda DeMarco. « Pas que je sache. Et si c’?tait le cas, je n’?tais apparemment pas la personne ? laquelle il en aurait parl?. Mais entre nous, j’ai vraiment du mal ? croire que Jack ait pu avoir une vie cach?e. C’?tait un type droit et correct, vous savez ? Un type vraiment bien. » « Alors vous ne voyez aucune raison valable pour que quelqu’un ait eu envie de le tuer ? » demanda Kate. « Absolument pas du tout. C’est compl?tement dingue. » Il s’interrompit et regarda le reste de l’?quipe ? travers les vitres de son bureau. « Et ?a s’est pass? ici ? En ville ? » demanda-t-il. « Oui. Est-ce que vous l’avez appel? quand vous avez remarqu? qu’il n’?tait pas au bureau ? » « Oui, bien s?r. Plusieurs fois, m?me. Mais vers midi, comme je n’avais toujours pas de nouvelles, j’ai laiss? tomber. Jack ?tait un type vraiment intelligent. S’il avait besoin de quelques heures pour lui – ce qui lui arrivait de temps en temps – je le laissais faire. » « Monsieur Hiroto, est-ce que ?a vous d?range si on parle ? quelques-uns de ses coll?gues ? » demanda Kate, en d?signant la vitre d’un geste de la t?te. « Bien s?r que non. Allez-y. » « Et est-ce que vous pourriez nous fournir le nom de ceux qui ont d?cid? de prendre leur journ?e ? » demanda DeMarco. ? « Bien entendu. » Kate et DeMarco se rendirent dans l’espace de travail o? tr?naient de grandes tables et o? flottait une odeur agr?able de caf?. Mais avant m?me qu’elles n’aient parl? ? une seule personne, Kate sut qu’elles n’allaient probablement pas apprendre quoi que ce soit de nouveau. En g?n?ral, quand une personne ?tait d?crite comme quelqu’un de banal et sans histoire, cela s’av?rait ?tre le cas. En moins de quinze minutes, elles eurent parl? avec les huit employ?s qui se trouvaient actuellement au bureau. Kate avait vu juste. Tout le monde d?crivit Jack comme quelqu’un de gentil, d’aimable et sans histoire. Et pour la deuxi?me fois aujourd’hui, quelqu’un le qualifia m?me de personne un peu ennuyeuse – mais dans le bon sens du terme. Kate repensa ? quelque chose qu’elle avait d?j? entendu au cours de sa vie. Le fait qu’il fallait se m?fier d’une femme ou d’une ?pouse un peu ennuyante – que l’ennui pouvait provoquer des r?actions inattendues. Mais elle ne se rappelait plus tr?s bien le contexte. Elles repass?rent par le bureau d’Hiroto pour r?cup?rer la liste des employ?s qui avaient d?cid? de prendre leur journ?e, avant de sortir sous un splendide soleil dans les rues de New York. Kate pensa ? la pauvre Missy Tucker, qui devait essayer de s’adapter ? une nouvelle vie qui ne devait absolument pas lui sembler splendide du tout. *** Elles pass?rent le reste de leur matin?e ? rendre visite aux coll?gues qui avaient d?cid? de rentrer chez eux. Elles durent faire face ? de nombreuses larmes, mais aussi ? de la col?re devant le fait qu’un homme aussi innocent et gentil que Jack Tucker ait pu ?tre assassin?. C’?tait exactement ce que les autres coll?gues avaient dit au bureau, mais exprim? plus librement. Elles parl?rent ? la derni?re personne – un homme du nom de Jerry Craft – un peu apr?s l’heure du d?jeuner. Elles arriv?rent chez lui juste au moment o? Jerry entrait dans sa voiture. Kate se gara dans l’all?e derri?re lui et il lui jeta un regard agac?. Elle sortit de voiture au moment o? Jerry s’approcha de la leur. Il avait les yeux rouges et un air m?lancolique. « D?sol?e de vous importuner, » dit Kate, en lui montrant son badge. DeMarco arriva ? ses c?t?s et fit de m?me. « Nous sommes les agents Wise et DeMarco du FBI. Nous esp?rions pouvoir vous parler un moment de Jack Tucker. » L’air agac? disparut imm?diatement du visage de Jerry. Il hocha la t?te et s’appuya contre le coffre de sa voiture. « Je ne sais pas ce que je pourrais vous apprendre de plus que vous n’ayez d?j? entendu de la part des autres. J’imagine que vous avez parl? ? monsieur Hiroto et aux employ?s du bureau ? » « Oui, » dit Kate. « Nous voulons maintenant parler ? ceux qui ont pris leur journ?e – car cela signifie peut-?tre qu’ils ?taient plus proches de Jack. » « Je ne sais pas si c’est forc?ment le cas, » dit Jerry. « Nous n’?tions que quelques-uns ? nous voir en-dehors du travail. Et Jack n’en faisait g?n?ralement pas partie. Il est possible que certains employ?s aient accept? l’offre d’Hiroto juste pour avoir un jour de cong?. » « Pensez-vous que Jack avait une raison en particulier pour ne pas passer du temps avec ses coll?gues en-dehors des heures de travail ? » demanda DeMarco. « Non, aucune raison en soi. Je ne pense pas. Mais Jack ?tait plut?t du genre casanier, vous savez ? Il pr?f?rait rester chez lui avec sa femme et ses enfants durant son temps libre. Il faisait des heures de fou au travail – alors ?a n’avait pas de sens de tra?ner dans un bar avec ces m?mes personnes avec lesquelles il venait de quitter le bureau. Il adorait sa famille, vous savez ? Il faisait toujours des choses hors du commun pour les anniversaires. Il parlait beaucoup de ses enfants aussi. » « Alors vous pensez qu’il avait une vie parfaite ? » demanda Kate. « Apparemment, oui. Mais en m?me temps, est-ce que ?a existe vraiment, une vie parfaite ? Je veux dire par l?, m?me Jack semblait avoir des tensions avec sa m?re, d’apr?s ce que je sais. » « Dans quel sens ? » « Rien de grave en soi, mais une fois au boulot, je l’ai entendu parler ? sa femme au t?l?phone. Il ?tait sorti dans la cage d’escalier pour pouvoir parler plus tranquillement. J’?tais assis ? l’un des postes de travail qui se trouvait juste ? c?t? de la porte qui menait ? la cage d’escalier. Je m’en rappelle car c’est la seule fois que je l’ai entendu parler ? sa femme sur un ton o? ne transparaissait aucune joie. » « Et c’?tait une conversation au sujet de sa m?re ? » demanda Kate. « J’en suis presque certain. Je l’ai un peu taquin? quand il est rentr? dans le bureau, mais il n’?tait pas d’humeur taquine. » « Est-ce que vous savez quoi que ce soit concernant ses parents ? » demanda Kate. « Non. Comme je vous le disais, Jack ?tait un type bien, mais je n’irais pas jusqu’? dire que c’?tait un ami. » « O? est-ce que vous vous rendiez ? l’instant ? » demanda DeMarco. « J’allais acheter des fleurs pour sa famille et les d?poser chez eux. J’ai rencontr? sa femme et ses enfants ? plusieurs reprises lors de f?tes de No?l ou de barbecues organis?s par l’entreprise, ce genre de choses. Une belle petite famille. C’est vraiment choquant, ce qui est arriv?. ?a me rend un peu malade, vous savez ? » « Eh bien, nous n’allons pas vous retarder plus longtemps, » dit Kate. « Merci, monsieur Craft. » Quand elles furent rentr?es dans la voiture, Kate fit une marche arri?re pour sortir de l’all?e de Jerry et dit : « Tu peux demander les coordonn?es de la m?re de Jack ? » « Tout de suite, » dit DeMarco, sur un ton froid. Kate dut ? nouveau se retenir pour ne rien dire. Si DeMarco allait continuer ? lui faire sentir son agacement pour ce qui s’?tait pass? hier, c’?tait son choix. Kate n’allait en aucun cas laisser ?a affecter l’enqu?te. Mais en m?me temps, il lui fallut retenir un petit sourire ironique. Elle avait pass? tellement de temps ? se demander si sa nouvelle position ne l’emp?chait pas de voir sa famille et maintenant, elle ?tait l?, ? travailler avec une femme qui lui rappelait parfois tellement M?lissa que ?a en ?tait presque effrayant. Elle pensa ? M?lissa et ? Michelle, pendant que DeMarco passait de d?partement en d?partement au sein du FBI, ? la recherche d’informations sur la m?re de Jack Tucker. Elle repensa ? la mani?re dont M?lissa s’?tait comport?e et avait r?agi la premi?re fois o? elle, Kate, s’?tait retrouv?e aussi obs?d?e par l’affaire Nobilini. ?a remontait ? huit ans. M?lissa avait vingt et un ans, elle se rebellait contre tout ce que sa m?re pouvait lui demander. Il y eut un moment o? M?lissa avait m?me teint ses cheveux en mauve. ?a lui allait plut?t bien, mais Kate n’?tait jamais parvenue ? le lui avouer ? haute voix. C’?tait une p?riode d’essais dans leurs vies, m?me quand Michael, son mari, ?tait toujours vivant et l? pour l’aider ? faire face au r?le de parent, alors que M?lissa grandissait. « ?a, c’est int?ressant, » dit DeMarco, arrachant Kate ? ses souvenirs. Elle posa son t?l?phone et regarda devant elle, avec une petite ?tincelle d’excitation dans les yeux. « Qu’est-ce qui est int?ressant ? » demanda Kate. « La m?re de Jack s’appelle Olivia Tucker. Soixante-six ans, elle vit dans le Queens. Un casier judiciaire vierge, ? l’exception d’un tout petit d?tail. » « Quel d?tail ? » « La police a ?t? appel?e contre elle il y a deux ans. Et l’appel venait de Missy Tucker, le soir m?me o? Olivia Tucker essayait de rentrer de force dans leur maison. » ? Elles ?chang?rent un regard et Kate sentit dispara?tre un peu de la tension qu’il y avait entre elles. Apr?s tout, il n’y avait rien de tel qu’une piste prometteuse pour rapprocher les co-?quipiers les plus distants. En ayant enfin l’impression d’avoir une piste ? suivre, Kate fit demi-tour et se dirigea vers le Queens. CHAPITRE CINQ Olivia Tucker vivait dans un appartement assez ordinaire ? Jackson Heights. Quand Kate et DeMarco arriv?rent, elle recevait la visite d’un pasteur du coin. C’est ce dernier qui leur ouvrit la porte. C’?tait un homme noir de grande taille et il avait un air triste sur le visage. Il regarda les agents d’un air sceptique, avant de soupirer doucement. « Est-ce que je peux vous aider ? » « Nous voudrions parler ? madame Tucker, » dit DeMarco. « Qui ?tes-vous ? » « Je suis Leland Toombs, le pasteur de son ?glise. Et vous, qui ?tes-vous ? » Elles sortirent leur badge et se pr?sent?rent. Toombs fit un l?ger pas en arri?re et les regarda d’un air d?sapprobateur. « Vous savez qu’elle est compl?tement boulevers?e, n’est-ce pas ? » « Bien s?r, » dit Kate. « Nous essayons de retrouver l’assassin de son fils et nous esp?rions qu’elle aurait peut-?tre des informations utiles ? nous donner. » « Qui est-ce ? » dit une voix tremblante venant de l’int?rieur de l’appartement. Kate vit une femme sortir d’une autre pi?ce et se diriger vers la porte. « C’est le FBI, » lui r?pondit Leland. « Mais Olivia, je vous sugg?re de prendre un moment pour r?fl?chir et voir si vous ?tes pr?te ? leur parler. » Olivia Tucker arriva jusqu’? la porte. Elle avait vraiment mauvaise mine. Ses yeux ?taient inject?s de sang et on aurait dit qu’elle avait m?me du mal ? marcher. Elle regarda Kate et DeMarco, avant de poser une main rassurante sur l’?paule de Toombs. « Je crois qu’il faut que je le fasse, » dit-elle. « Pasteur Toombs, pourriez-vous nous laisser un moment ? » « Ce serait peut-?tre mieux que je sois pr?sent quand vous leur parlez. » Elle secoua la t?te. « Non. Je vous remercie mais il faut que je le fasse toute seule. » Toombs fron?a les sourcils, avant de regarder Kate et DeMarco. « S’il vous pla?t, allez-y doucement. Elle ne va vraiment pas bien. » Puis il regarda une derni?re fois Olivia, avant de s’?loigner en faisant un geste de la main. « Olivia, n’h?sitez pas ? m’appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit. » Olivia le regarda s’?loigner avant de refermer lentement la porte derri?re elle. « Allez-y, entrez, venez dans le salon. » Elle parlait d’une voix basse et rauque, et elle marchait comme si ses jambes ?taient sur le point de d?faillir. « Saviez-vous, » dit-elle au moment o? elles entr?rent dans le salon, « que la police m’a appel?e pour m’annoncer la nouvelle plus de six heures apr?s que le corps ait ?t? d?couvert ? » « Pourquoi aussi longtemps apr?s ? » demanda Kate. « J’imagine qu’ils ont pens? que Missy allait m’appeler pour me l’annoncer. Bien entendu, ils lui ont d’abord dit ? elle. Mais c’est plus tard, quand Missy a refus? de m’appeler, que la police a fini par me pr?venir. » « ?tes-vous s?re qu’elle a refus? ? » demanda DeMarco. « Vu la gravit? de la situation, ne pensez-vous pas qu’elle ait pu tout simplement oublier ? » Olivia haussa les ?paules, mais pas pour dire qu’elle ne savait pas mais plut?t dans le sens de je m’en fous. « Vous voulez dire que vous pensez que Missy aurait pu faire ?a de mani?re intentionnelle ? » demanda Kate. « Franchement, je n’en sais rien. Cette femme est vraiment vindicative. Je m’attends ? tout venant de sa part. Elle a probablement oubli? pour ne pas avoir ? me parler ou, pire encore, me voir. » « Pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous avez autant d’aversion envers elle ? » demanda DeMarco. « Oh, je ne l’ai jamais vraiment appr?ci?e. Au d?but, elle ?tait encore charmante, quand elle essayait de gagner mes bonnes gr?ces. Mais d?s que Jack l’a demand?e en mariage, elle a compl?tement chang?. Elle a commenc? ? vouloir tout contr?ler. Elle est devenue manipulatrice. Elle n’a jamais aim? la vie qu’elle avait. Il est possible qu’au fond, elle ait aim? Jack d’une certaine mani?re – je n’en doute pas. Mais elle ne l’a jamais appr?ci? ? sa juste valeur. » « Est-ce que vous pourriez nous en dire plus ? » demanda Kate. « Elle n’?tait jamais satisfaite – elle en voulait toujours plus. Et elle ne le cachait pas. Tout ce qu’elle avait – des enfants, un mari riche, une belle maison – ce n’?tait jamais assez. Rien de ce que Jack pouvait faire n’?tait suffisant pour elle. » Kate remarqua l’expression de haine sur le visage d’Olivia pendant qu’elle parlait. Elle ?tait convaincue de chacun des mots qu’elle pronon?ait. Mais bien que Kate n’ait pass? que peu de temps avec Missy Tucker, elle avait vraiment du mal ? y croire. « Est-ce que vous savez si Jack pensait la m?me chose d’elle ? » « Mon dieu, non. Il ?tait compl?tement aveugl? par elle et par son petit num?ro. » « Alors d’apr?s vous, il est impossible qu’il ait pu avoir une liaison avec quelqu’un d’autre ? » L’expression surprise d’Olivia fut toute la r?ponse dont Kate avait besoin. Mais Olivia prit ?galement bien soin de choisir ses mots. « Au vu de ce que j’ai endur? ces derni?res heures, comment osez-vous poser une question aussi stupide ? Vous essayez vraiment d’?tre insensible et grossi?re ? » « Je vous ai pos? cette question uniquement dans le but d’explorer des pistes possibles ? suivre. Parce que franchement, pour l’instant, nous n’avons ni t?moin, ni suspect. » « Des suspects ? Mais je vous ai d?j? dit qui l’avait tu?. C’est sa femme. » Kate et DeMarco ?chang?rent un regard mal ? l’aise. Que l’affirmation d’Olivia Tucker soit vraie ou pas, cette affaire risquait tr?s vite de devenir d?licate. Kate attendit un moment avant de continuer ? parler. Et quand elle le fit, elle choisit soigneusement chacun de ses mots. « ?tes-vous certaine de vouloir faire une telle affirmation ? » demanda Kate. « Si vous ?tes s?rieuse ? son sujet, je vais devoir suivre cette piste et commencer ? consid?rer Missy Tucker comme une potentielle suspecte. » « Faites votre travail comme bon vous semble, » dit Olivia. « Mais je connais cette femme. Elle voulait autre chose. Elle voulait sortir de cette situation, mais sans risquer de tout perdre. Alors le moyen le plus facile, c’?tait d’assassiner son mari. » Au fil de sa carri?re, Kate ne se rappelait pas avoir rencontr? quelqu’un qui ?tait aussi aveugl? par la haine – que ce soit la belle-famille ou des fr?res ?loign?s, elle avait tout vu. Mais Olivia Tucker poussait les choses ? un tout autre niveau. « Je voudrais ajouter, » dit DeMarco, « que nous avons pass? une bonne partie de notre temps ? v?rifier ce qu’il y avait ? savoir sur Jack et Missy. Bien que nous n’ayons certainement pas tous les d?tails, les informations que nous avons re?ues jusqu’? pr?sent ne refl?tent aucune dissension particuli?re dans le couple. » « C’est vrai, » dit Kate. « Et ils n’avaient aucun probl?me financier et Missy n’a aucun casier judiciaire, rien dans le genre. Vous, en revanche, vous avez d?j? eu affaire ? la police. Est-ce que vous pourriez nous parler du soir o? Missy a d? appeler la police parce que vous essayez de rentrer chez eux par la force ? » « Jack passait par une p?riode difficile au boulot. Il avait des crises de panique. J’ai appel? pour avoir de ses nouvelles et pour parler ? mes petits-enfants, mais Missy ne voulait pas que je leur parle. Elle m’a dit que Jack ?tait trop gentil pour me dire la v?rit?, mais que j’?tais en partie responsable de ses crises de panique. Elle m’a raccroch? au nez, alors j’ai d?cid? d’aller chez eux. On s’est disput? devant la porte et elle m’a repouss?e, en refusant de me laisser entrer. Apr?s ?a… eh bien, j’ai perdu mon sang-froid et elle a appel? la police. » « Si ?a s’av?re n?cessaire, on v?rifiera, » dit Kate. « Mais franchement, nous n’avons rien trouv? pour l’instant qui puisse indiquer que Missy souhaite la mort de son mari. Il n’y a aucun mobile apparent. » « Eh bien, si vous ?tes aussi s?res de vous, pourquoi ?tes-vous venues me parler ? » « Franchement ? » dit DeMarco. « C’est parce que votre nom a ?t? mentionn?. L’un des coll?gues de Jack l’a entendu avoir une conversation anim?e avec sa femme ? votre sujet. Nous avons consult? votre dossier pour en savoir plus et nous avons d?couvert l’histoire de cet appel ? la police. » Olivia eut le genre de sourire las qui se voit souvent sur le visage des m?chants dans les films. « Eh bien alors, on dirait que vous vous ?tes d?j? fait votre propre id?e ? mon sujet. » « Ce n’est pas du tout le cas. Nous voulons juste… » « Si ?a ne vous d?range pas, je vais vous demander poliment de partir. J’aimerais pleurer en paix la mort de mon fils. » Kate savait que leur temps avec Olivia Tucker ?tait termin?. Si elle insistait, elle ne ferait que se refermer encore plus sur elle. Elle n’avait de toute fa?on fourni aucune information utile – ? moins que les all?gations port?es sur sa belle-fille ne soient vraies. Et Kate en doutait vraiment. « Merci, » dit Kate. « Et nous sommes sinc?rement d?sol?es pour votre perte. » Olivia hocha la t?te, se mit debout et sortit de la pi?ce. « Je suis s?re que vous vous rappelez o? se trouve la sortie, » dit-elle, avant de dispara?tre dans la maison. Kate et DeMarco sortirent de la maison. Elles n’avaient aucune piste solide mais elles ?taient s?rieusement ?branl?es par la mani?re dont Olivia Tucker consid?rait Missy. « Tu penses qu’il y a du vrai dans tout ?a ? » demanda DeMarco. Elle semblait sortir de son cafard, comme motiv?e par l’enqu?te. « Je crois qu’en ce moment pr?cis, alors qu’elle cherche des r?ponses ? ce qui s’est pass?, elle pense que c’est en partie vrai. Elle a accumul? toute une s?rie de craintes au fil des ans et aujourd’hui, elle les amplifie pour avoir quelqu’un ? bl?mer et sur qui passer sa rage. » DeMarco hocha la t?te, en entrant dans la voiture. « Quelle que soit la raison, c’?tait vraiment tr?s d?sagr?able. » « Et je crois qu’il vaudrait mieux garder un ?il sur Missy, pour s’assurer qu’elle est en s?curit?. Peut-?tre m?me qu’on devrait informer la police locale sur Olivia et le fait qu’elle est tr?s instable. » « Et apr?s, on fait quoi ? » « Apr?s, on fait le point. Peut-?tre avec un ou deux verres de vin ? l’h?tel. » C’?tait une tr?s bonne id?e mais Kate ne pouvait s’emp?cher de continuer ? penser ? Missy Tucker et combien sa vie devait aujourd’hui lui sembler vide. Kate se rappelait trop bien ce que ?a faisait de perdre l’homme qu’on aime, l’homme qui vous conna?t tel un livre ouvert. C’?tait une douleur indescriptible, qui vous laissait sans ?nergie. Le fait de revivre ce sentiment, alors qu’elle se dirigeait vers l’h?tel, la motiva plus que jamais. Elle repensa aux d?tails de la premi?re enqu?te, le moment o? l’affaire Nobilini avait commenc?. Elle repensa ? un nom en particulier – un nom qu’elle connaissait bien mais qui s’?tait perdu au fond de sa m?moire. C’?tait un nom dont elle s’?tait rappel? ce matin, quand elles avaient retrouv? les amis de Jack Tucker au club nautique. Cass Nobilini. Tu sais que tu pourrais y trouver des r?ponses, pensa Kate. C’?tait peut-?tre le cas. Et elle irait les chercher, si cela s’av?rait n?cessaire. Mais elle esp?rait vraiment ne pas devoir le faire. Elle esp?rait pouvoir passer le reste de sa vie sans jamais devoir revoir ? nouveau Cass Nobilini. Mais elle savait ?galement qu’il y avait peu de chances que ce soit le cas – qu’il ?tait en fait tr?s probable qu’elle la revoie plus t?t qu’elle ne le voudrait. CHAPITRE SIX Elles s’install?rent au bar de l’h?tel juste au moment o? il commen?ait ? se remplir pour l’heure du d?ner. Bien que l’id?e d’un verre de vin ?tait plut?t attirante, Kate se rendit compte qu’elle ?tait plus excit?e par l’id?e de l’hamburger qu’elle venait de commander. En g?n?ral, quand elle travaillait sur une enqu?te, elle oubliait souvent de d?jeuner et elle ne mangeait pas avant la fin de la journ?e. Au moment o? elle prit la premi?re bouch?e de son hamburger, elle vit DeMarco sourire. C’?tait son premier vrai sourire de la journ?e. « Quoi ? » demanda Kate, la bouche pleine. « Rien, » dit DeMarco, en attaquant sa salade au poulet grill?. « C’est rassurant de voir une femme avec ta silhouette et ton ?ge manger comme ?a. » En avalant une bouch?e, Kate hocha la t?te et dit, « J’ai la chance d’avoir un super m?tabolism. » « Oh, la garce. » « C’est utile, pour pouvoir manger comme ?a. » Il y eut un bref silence entre elles, avant qu’elles n’?clatent toutes les deux de rire. ?a faisait du bien ? Kate de pouvoir se d?tendre en sa compagnie, apr?s la journ?e tendue qu’elles venaient de vivre. DeMarco avait l’air de penser la m?me chose et elle le confirma par ce qu’elle dit ensuite, une fois qu’elle eut aval? une gorg?e de vin. « D?sol?e d’avoir ?t? aussi am?re toute la journ?e. Le fait de devoir annoncer la nouvelle ? la famille… c’?tait dur. Enfin, je sais que c’est dur, mais c’est sp?cialement dur pour moi. Il y a quelque chose dans mon pass? qui m’a ?branl?e. Je pensais l’avoir surmont? mais ce n’est apparemment pas le cas. » « Qu’est-ce qui s’est pass? ? » DeMarco resta un moment silencieuse, en se demandant peut-?tre si elle avait envie de se replonger dans le pass? ou non. Elle prit une autre gorg?e de son vin, avant de se d?cider ? parler. Elle soupira et raconta son histoire. « J’ai su que j’?tais homosexuelle quand j’avais quatorze ans. J’ai eu ma premi?re petite amie ? l’?ge de seize ans. ? dix-sept ans, ma petite amie Rose et moi-m?me – elle avait dix-neuf ans – nous avons d?cid? de l’avouer ? notre entourage. Nous avions toutes les deux cach? notre relation, et particuli?rement ? nos parents. Et nous avons d?cid? de leur annoncer la nouvelle. J’?tais cens?e la retrouver chez elle pour l’annoncer ? ses parents, qui pensaient que Rose et moi, nous ?tions juste de tr?s bonnes amies. J’?tais tout le temps chez elle et vice-versa, tu vois ? Alors je suis l?, assise dans le divan chez ses parents, quand je re?ois un coup de fil. C’?tait la police qui m’annon?ait que Rose avait eu un accident de voiture et qu’elle ?tait morte sur le coup. Ils m’avaient appel?e moi, plut?t que ses parents, parce qu’ils avaient retrouv? son t?l?phone et qu’ils avaient remarqu? que quatre-vingt-dix pourcents des appels avaient ?t? pass?s ? mon num?ro. « Je me suis imm?diatement effondr?e. Ses parents sont assis devant moi et se demandent ce qui se passe – pourquoi j’ai soudain ?clat? en sanglots. Et j’ai d? leur annoncer la nouvelle. J’ai d? leur dire ce que la police venait de m’apprendre. » Elle fit une pause, chipota un peu dans sa salade, avant d’ajouter. « C’est d?finitivement le pire moment de ma vie. » Kate eut du mal ? regarder DeMarco dans les yeux. Elle racontait cette histoire sans en livrer tout le c?t? ?motionnel mais plut?t sur un ton d’automatisme, comme si elle r?citait une s?rie d’?v?nements. Mais cette histoire ?tait plus que suffisante pour comprendre l’attitude de DeMarco hier soir quand Kate s’?tait propos?e pour aller annoncer la mauvaise nouvelle ? Missy Tucker. « Si j’avais su, je n’aurais jamais propos? d’annoncer la nouvelle ? la famille, » dit Kate. « Je sais. Et je le savais ? ce moment-l? aussi. Mais mes ?motions m’ont aveugl?e. Franchement, j’avais juste besoin d’un peu de temps pour dig?rer. D?sol?e que tu aies eu ? supporter le poids de tout ?a. » « N’en parlons plus, » dit Kate. « Est-ce que tu as souvent fait ?a au cours de ta carri?re ? Annoncer ce genre de nouvelle ? » « Oh oui. Et ce n’est jamais facile. ?a devient plus facile avec le temps de t’en d?tacher, mais l’acte en lui-m?me reste toujours aussi difficile. » Le silence s’installa ? nouveau entre elles. Le serveur vint remplir leurs verres de vin et Kate continua ? manger son hamburger. « Alors, comment va ton homme ? » demanda DeMarco. « Allen, c’est bien ?a ? » « Il va bien. On en est au stade o? il commence ? se tracasser que je continue ? travailler au FBI. Il pr?f?rerait que je prenne un travail de bureau ou que je reste ? la retraite. » « Alors, ?a devient s?rieux, hein ? » « Apparemment, oui. Et d’un c?t?, j’en suis ravie. Mais d’un autre c?t?, j’ai l’impression que c’est un peu une perte de temps. On a tous les deux pr?s de la soixantaine. Commencer une nouvelle relation ? cet ?ge-l?, ?a fait… bizarre, j’imagine. » En sentant que DeMarco allait continuer sur le sujet si elle lui en donnait l’occasion, Kate changea rapidement de conversation. « Et toi ? Est-ce qu’il y a des nouveaut?s dans ta vie amoureuse depuis la derni?re fois o? on en a parl? ? » DeMarco secoua la t?te et sourit. « Non, mais c’est par choix. Je profite des histoires d’un soir tant que je peux encore le faire. » « Et ?a te rend heureuse ? » DeMarco eut l’air sinc?rement surprise par la question. « Oui, en quelque sorte. Pour l’instant, je n’ai pas envie des responsabilit?s et des obligations qui vont avec une relation. » Kate se mit ? rire. Elle n’avait jamais v?cu des histoires d’un soir. Elle avait rencontr? Michael quand elle ?tait ? l’universit? et ils s’?taient mari?s un an et demi plus tard. C’?tait le genre de relation o? elle avait compris d?s leur premier baiser qu’ils finiraient par vivre leur vie ensemble. « Concernant l’enqu?te, quelle est la prochaine ?tape ? » demanda DeMarco. « Je pensais r?examiner de pr?s la premi?re enqu?te, l’affaire Nobilini, plut?t que de l’utiliser uniquement en tant que r?f?rence. Je me demandais s’il y avait de nouvelles informations au sein de la famille. Mais… eh bien, tout comme l’histoire de ta petite amie d?c?d?e alors que tu ?tais assise chez ses parents, ce n’est pas un sujet tr?s agr?able pour moi ? revivre. » « Alors, si j’ai bien compris, on a d’autres visites et conversations d?sagr?ables pour demain ? » « Peut-?tre. Je n’en suis pas encore s?re. » « Est-ce qu’il y a quoi que ce soit que je devrais savoir avant demain ? » « Probablement. Mais crois-moi… il vaut mieux garder ?a pour demain matin. Si on en parle maintenant, ?a va prendre du temps et ?a va m’emp?cher de dormir. » « Ah, ce genre d’histoires, alors. » « Exactement. » Elles finirent leur verre de vin et pay?rent la note. En montant vers leurs chambres, Kate repensa ? l’histoire que DeMarco venait juste de lui raconter – cet ?pisode tragique de son pass?. Elle se rendit compte qu’elle ne savait vraiment pas grand-chose concernant sa co-?quipi?re. Si elles avaient travaill? ensemble de mani?re plus r?guli?re, en se voyant presque tous les jours plut?t qu’une ou deux fois tous les trois mois, ce serait s?rement diff?rent. Mais ?a ne l’emp?cha pas de se demander si elle mettait assez du sien pour vraiment apprendre ? conna?tre DeMarco. Elles se quitt?rent devant la porte de leur chambre – celle de DeMarco se trouvait juste en face de la sienne. Kate ressentit le besoin de dire quelque chose. N’importe quoi, pour qu’elle sache combien elle avait appr?ci? le fait que DeMarco se soit confi?e ? elle. « Je m’excuse ? nouveau pour hier soir. Je me rends compte que je ne te connais pas assez bien pour prendre ce genre de d?cision pour nous deux. » « Ce n’est pas grave, je t’assure, » dit DeMarco. « J’aurais d? t’en parler hier soir. » « Il faudrait qu’on apprenne vraiment ? mieux se conna?tre. Puisqu’on se confie nos vies, c’est m?me n?cessaire. Peut-?tre une fois en-dehors du boulot, si ?a te dit. » « Oui, ce serait sympa. » DeMarco s’interrompit pendant qu’elle ouvrait la porte de sa chambre. « Tu as dit que tu voulais r?fl?chir un peu… au sujet de la premi?re enqu?te. L’affaire Nobilini. N’h?site pas ? faire appel ? moi si tu veux qu’on le fasse ensemble. » « Je n’h?siterai pas, » dit Kate. Sur ces mots, elles entr?rent dans leur chambre. Kate enleva ses chaussures et se dirigea directement vers son ordinateur. En l’allumant, elle appela le directeur Duran. Comme elle s’y attendait, il ne r?pondit pas mais l’appel fut redirig? vers sa directrice assistante, une femme du nom de Nancy Saunders. Kate demanda que des copies num?riques du dossier Nobilini soient envoy?es ? son adresse email d?s que possible. Elle savait que DeMarco avait amen? une partie du dossier mais c’?tait juste un bref r?sum?. Kate ressentait le besoin de se replonger au c?ur de l’affaire, jusque dans ses moindres d?tails. Saunders lui promit qu’elle recevrait tous les dossiers demain matin ? neuf heures. Cass Nobilini, pensa Kate. Elle avait directement pens? ? elle apr?s que Duran lui eut mentionn? une possible connexion avec l’affaire Nobilini. Elle avait de nouveau repens? ? elle quand elle avait entendu les g?missements de douleur de Missy Tucker apr?s qu’elle eut appris la mort de son mari, mais aussi au moment o? elle avait parl? aux amis de Jack Tucker. Cass Nobilini, la m?re de Frank Nobilini. La femme qui avait trouv? insultant et inappropri? que les m?dias se soient focalis?s sur le meurtre de son fils, uniquement parce qu’il avait travaill? dans le pass? avec certains membres du Congr?s en tant que conseiller financer. Kate eut l’impression d’avoir ?t? un peu na?ve de penser que cette affaire n’allait pas d’une mani?re ou d’une autre la ramener vers Cass Nobilini. Cette pens?e l’obs?da le reste de la soir?e et ce fut avec l’image de Cass Nobilini qu’elle finit par se coucher et sombrer dans le sommeil. *** Elle pouvait encore voir mentalement l’image de la sc?ne de crime. Le temps rendait le souvenir un peu flou mais quand elle en r?vait, l’image devenait beaucoup plus nette. Dans son r?ve, c’?tait aussi pr?cis qu’un ?cran de t?l?. Et elle revit la sc?ne ce soir-l?, en s’endormant un peu apr?s vingt et une heures et en g?missant l?g?rement dans son sommeil. La sc?ne : Frank Nobilini, assassin? dans une ruelle, avec les cl?s de sa BMW en main. L’enqu?te avait fini par l’amener jusque chez lui, une maison de quatre chambres ? Ashton. Elle avait commenc? par inspecter le garage, o? une l?g?re odeur de gazon flottait dans l’air, ? la suite de la tonte r?cente de la pelouse. Elle avait eu l’impression de se retrouver dans un endroit hant?, comme si l’esprit de Frank Nobilini ?tait l? quelque part, ? l’attendre. Peut-?tre ? l’endroit o? sa BMW ?tait suppos?e se trouver mais qui, ? ce moment-l?, ?tait gar?e dans un parking ? quelques p?t?s de maisons de l’endroit o? son corps avait ?t? retrouv?. Il faisait froid dans le garage et elle avait l’impression de se trouver dans une sorte de tombe. C’?tait l’une de ces sc?nes dont elle se souvenait toujours de mani?re tr?s nette pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas vraiment. Elle n’avait trouv? aucun indice dans la maison, aucun signe qui indiquerait que quelqu’un aurait pu vouloir l’assassiner. ?a aurait pu ?tre pour lui voler sa grosse voiture, mais il en avait toujours les cl?s en main. La maison ?tait impeccablement rang?e. Un peu trop, m?me. Aucun papier, pas une seule note dans l’agenda ou dans le courrier. Rien. Dans son r?ve, Kate se tenait debout, dans la ruelle. Elle touchait le mur ? c?t? d’elle, tach? de sang gluant, de la m?me mani?re qu’un enfant ramasserait une goutte de sirop sur la table de la cuisine. Elle se retourna et regarda derri?re elle pour voir la ruelle, mais au lieu de ?a, elle vit l’int?rieur du garage de Nobilini. Comme si elle y avait ?t? invit?e, elle s’avan?a vers les escaliers en bois qui menaient ? la porte ouvrant sur la cuisine. Elle se d?pla?ait de mani?re fluide, comme si elle ?tait projet?e en avant plut?t que port?e par ses jambes, comme c’?tait souvent le cas dans les r?ves. Elle finit par arriver dans la salle de bains et elle regarda la grande douche baignoire install?e contre le mur. Elle ?tait remplie de sang. Quelque chose bougeait sous la surface et cr?ait de petites bulles qui venaient ?clater ? la surface, en projetant de fines gouttes de sang sur le mur en carrelage. Elle recula, passa la porte de la salle de bains et se retrouva dans le couloir. Il y vit Frank Nobilini s’avancer vers elle. Derri?re lui, se trouvait sa femme, Jennifer, qui se contentait de regarder. Elle fit m?me un petit signe amical de la main ? Kate, pendant que son mari s’avan?ait en titubant dans le couloir. Frank marchait comme un zombie, lentement et avec une d?marche exag?r?e. « Ce n’est pas grave, » dit une voix derri?re elle. Elle se retourna et vit Cass Nobilini, la m?re de Frank, assise sur le sol. Elle avait l’air fatigu?e, d?moralis?e… comme si elle n’attendait plus que le couperet de la guillotine. « Cass… ? » « Tu n’allais jamais trouver l’assassin. C’?tait trop difficile. Mais le temps… a la capacit? de changer les choses, n’est-ce pas ? » Kate se retourna vers Frank, qui continuait ? avancer. Au moment o? il passa pr?s de la porte de la salle de bains, Kate vit que la baignoire remplie de sang avait d?bord? et qu’il y en avait maintenant sur le sol, jusque dans le couloir. Quand Frank marcha dedans, un l?ger bruit mouill? se fit entendre. Frank Nobilini lui sourit et leva une main l?g?rement d?compos?e vers elle. Kate recula lentement, en levant les mains vers son visage, et laissa ?chapper un cri. Elle se r?veilla, avec le cri r?sonnant encore dans sa gorge. Cette fichue maison. Elle n’avait jamais compris pourquoi cette maison l’avait autant marqu?e. Peut-?tre que c’?tait d? aux g?missements de douleur de Jennifer Nobilini, combin?s ? une maison aux allures parfaites… ?a lui avait paru tellement surr?aliste. Comme sorti d’un mauvais film d’horreur. Kate s’assit lentement au bord du lit. Elle inspira profond?ment et regarda le r?veil. Il ?tait 1h22 du matin. La seule lumi?re dans la chambre venait des chiffres du r?veil et de la faible lueur des lumi?res de s?curit? ? l’ext?rieur, qui passait ? travers les stores. Elle avait d?j? r?v? de Cass Nobilini et de cette affaire dans le pass?, mais ce r?ve-ci avait ?t? particuli?rement prenant. Son coeur battait encore la chamade au moment o? elle se mit debout pour aller chercher une bouteille d’eau dans le petit frigo. Elle en but quelques gorg?es en revenant vers la table de nuit, o? elle avait pos? son ordinateur. Elle alluma la lumi?re de la table de chevet et ouvrit ses emails. Elle avait re?u un nouveau message, venant de l’assistante directrice Saunders. Elle avait demand? ? un de leurs agents de rechercher les dossiers Nobilini et elle les lui avait envoy?s un peu avant minuit. Elle savait qu’il lui serait impossible de retourner dormir, alors elle les ouvrit un apr?s l’autre, un peu mal ? l’aise de se rendre compte combien ces vieux dossiers lui semblaient familiers. Elle commen?a par les consulter superficiellement, de la m?me mani?re qu’une personne qui visiterait un endroit familier jetterait un rapide coup d’?il avant de vraiment commencer ? inspecter les lieux. Quand elle arriva ? la derni?re des vingt-six pages, elle revint au d?but. Mais avant d’examiner les dossiers de plus pr?s, elle se leva pour pr?parer une cafeti?re de caf?. Pendant que le caf? passait, elle refit le lit, pla?a l’ordinateur sur la petite table qui se trouvait contre le mur et installa un petit poste de travail. Cinq minutes plus tard, elle ?tait occup?e ? lire attentivement chacun des dossiers, en buvant une tasse de caf? tr?s noir de mauvaise qualit?. Le r?cit concernant Frank Nobilini lui ?tait plus que familier, c’?tait un peu comme revoir un vieil ami qui n’appelait que pour donner de mauvaises nouvelles. Les dossiers d?taillaient chaque conversation qu’elle avait eue avec les voisins et les amis ? Ashton. En les lisant, elle fut troubl?e de se rendre compte combien elles ?taient semblables aux conversations qu’elle avait r?cemment eues concernant Jack Tucker. La seule chose qui ?tait un tout petit peu sorti de l’ordinaire, c’?tait le t?moignage d’Alice Delgado, une nounou de vingt-deux ans qui travaillait pour une famille ? Ashton et qui s’occupait de deux enfants, de huit et onze ans. Alice avait confess? avoir fait des avances ? Frank Nobilini quand ils s’?taient rencontr?es une fois dans un parc de la ville. Frank avait r?pondu de mani?re flatt?e mais en refusant poliment ses avances. ?a en ?tait rest? l?, mais quand Alice avait appris la mort de Frank, elle s’?tait sentie incroyablement coupable – tellement coupable qu’elle avait contact? Jennifer Nobilini pour tout lui avouer. Jennifer, une femme aimante et apparemment parfaite, lui avait tout de suite pardonn?. Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=43692391&lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.