Íåäàâíî ÿ ïðîñíóëñÿ óòðîì òèõèì, À â ãîëîâå – íàñòîé÷èâàÿ ìûñëü: Îòíûíå äîëæåí ÿ ïèñàòü ñòèõè. È òàê íàïîëíèòü ñìûñëîì ñâîþ æèçíü! ß ïåðâûì äåëîì ê çåðêàëó ïîø¸ë, ×òîá óáåäèòüñÿ â âåðíîñòè ðåøåíüÿ. Âçãëÿä çàòóìàíåí.  ïðîôèëü – ïðÿì îðåë! Òèïè÷íûé âèä ïîýòà, áåç ñîìíåíüÿ. Òàê òùàòåëüíî òî÷èë êàðàíäàøè, Çàäóì÷èâî ñèäåë â êðàñèâîé ïîçå. Êîãäà äóøà

Un Cri D’ Honneur

un-cri-d-honneur
Òèï:Êíèãà
Öåíà:299.00 ðóá.
Ïðîñìîòðû: 291
Äðóãèå èçäàíèÿ
Ñêà÷àòü îçíàêîìèòåëüíûé ôðàãìåíò
ÊÓÏÈÒÜ È ÑÊÀ×ÀÒÜ ÇÀ: 299.00 ðóá. ×ÒÎ ÊÀ×ÀÒÜ è ÊÀÊ ×ÈÒÀÒÜ
Un Cri D’ Honneur Morgan Rice L'anneau Du Sorcier #4 Dans UN CRI D’HONNEUR (tome n°4 de l’Anneau du Sorcier), Thor est revenu des Cent Jours et est devenu un guerrier endurci. Il doit ? pr?sent d?couvrir ce que signifie de se battre pour d?fendre sa terre natale, pour une question de vie ou de mort. Les McCloud ont envahi les terres MacGil comme jamais auparavant dans l’histoire de l’Anneau et Thor se dirige droit vers une embuscade. Il va devoir repousser l’assaut pour sauver la Cour du Roi. Godfrey a ?t? empoisonn? par son fr?re avec un poison rare mais tr?s puissant. Son destin est entre les mains de Gwendolyn qui va s’efforcer de faire ce qu’elle peut pour sauver son fr?re de la mort. Gareth sombre de plus en plus dans un ?tat de malaise et de parano?a. Il engage des tribus de sauvages comme forces de combat personnelles en promettant de leur donner le Hall de l'Argent, ?vin?ant par l? m?me les membres de l'Argent et entra?nant une r?volte ? la Cour du Roi qui menace de d?g?n?rer en guerre civile. Il projette ?galement d’offrir Gwendolyn ? un fier Nevarun, sans qu’elle consente ? ce mariage. Les liens amicaux de Thor se renforcent tout au long de leur voyage dans de nouveaux endroits, de rencontres avec des monstres inattendus et de combats dans des batailles inimaginables. Thor retourne dans sa ville natale et, au cours d’une confrontation ?pique avec son p?re, il d?couvre un grand secret sur son pass?, qui il est, qui est sa m?re et quelle est sa destin?e. Gr?ce ? l’entra?nement le plus pouss? qu'il ait jamais re?u de la part d’Argon, il commence ? exploiter des pouvoirs qu’il ignorait avoir et devient chaque jour de plus en plus puissant. Sa relation avec Gwen devenant de plus en plus s?rieuse, il revient ? la Cour du Roi avec l’espoir de lui proposer de l’?pouser, mais il est peut-?tre d?j? trop tard. Gr?ce ? un informateur, Andronicus m?ne l’arm?e de l’Empire, forte d’un million d’hommes, dans le but d’essayer de cr?er une br?che dans le Canyon et d’?craser l’Anneau. Et alors que les choses ne semblent pas pouvoir ?tre pires ? la Cour du Roi, l’histoire se termine sur un retournement de situation inattendu. Godfrey survivra-t-il ? Gareth sera-t-il d?tr?n? ? La Cour du Roi va-t-elle se scinder en deux ? L’Empire va-t-il les envahir ? Gwendolyn et Thor seront-ils r?unis ? Et Thor finira-t-il par d?couvrir le secret de sa destin?e ? Avec sa cr?ation de mondes et sa caract?risation sophistiqu?es, UN CRI D’HONNEUR est un conte ?pique avec amis et amants, rivaux et pr?tendants, chevaliers et dragons, intrigues et machinations politiques, avec passage ? l'?ge adulte, c?urs bris?s, tromperies, ambition et trahisons. C'est un conte avec de l'honneur et du courage, du destin et de la sorcellerie. C'est une histoire d'heroic fantasy qui nous emm?ne dans un monde que nous n'oublierons jamais et qui satisfera toutes les tranches d'?ge et tous les sexes. Il fait 85000 mots. Morgan Rice Un Cri D’honneur (Tome N 4 De L’anneau Du Sorcier) A propos de Morgan Rice Morgan Rice est l'auteur ? succ?s n°1 et l'auteur ? succ?s chez USA Aujourd'hui de la s?rie d'?pop?es fantastiques L'ANNEAU DU SORCIER, qui contient dix-sept tomes, de la s?rie ? succ?s n°1 SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE, qui contient onze tomes (pour l'instant), de la s?rie ? succ?s n°1 LA TRILOGIE DES RESCAP?S, thriller post-apocalyptique qui contient deux tomes (pour l'instant) et de la nouvelle s?rie d'?pop?es fantastiques ROIS ET SORCIERS. Les livres de Morgan sont disponibles en ?dition audio et papier, et des traductions sont disponibles en plus de 25 langues. TRANSFORMATION (Livre #1 M?moires d'un Vampire), ARENE UN: LA CHASSE AUX ESCLAVES (Livre #1 de la Trilogie des Rescap?s), LE REVEIL DES DRAGONS (le tome 1 de Rois et Sorciers) et LA QU?TE DES H?ROS (le tome 1 de l'Anneau Du Sorcier) sont tous disponibles en t?l?chargement gratuit! Morgan adore recevoir de vos nouvelles, donc, n'h?sitez pas ? visiter www.morganricebooks.com pour vous inscrire sur la liste de distribution, recevoir un livre gratuit, recevoir des cadeaux gratuits, t?l?charger l'appli gratuite, lire les derni?res nouvelles exclusives, vous connecter ? Facebook et ? Twitter, et rester en contact ! S?lection d'Acclamations pour Morgan Rice “L'ANNEAU DU SORCIER a tous les ingr?dients d'un succ?s imm?diat: des intrigues, des contre-intrigues, du myst?re, de vaillants chevaliers et des relations en plein ?panouissement qui d?bordent de c?urs bris?s, de tromperies et de trahisons. Ce roman vous distraira pendant des heures et satisfera toutes les tranches d'?ge. A ajouter ? la biblioth?que permanente de tous les lecteurs d'heroic fantasy.”     — Books and Movie Reviews, Roberto Mattos “Rice nous attire fort habilement dans son histoire d?s le commencement gr?ce ? une description de grande qualit? qui transcende la simple repr?sentation du d?cor … Un ouvrage bellement ?crit et qui se lit tr?s vite.”     – Black Lagoon Reviews (? propos de Transform?e) “Une histoire id?ale pour les jeunes lecteurs. Morgan Rice a bien r?ussi ? apporter un d?veloppement int?ressant ? son histoire … D?paysant et unique, ce livre a les ?l?ments classiques que l'on trouve dans de nombreuses histoires paranormales pour Jeune Adulte. La s?rie se concentre sur une seule fille … une fille extraordinaire !.. Facile ? lire, file ? cent ? l'heure … Recommand? pour tous ceux qui aiment lire des romans d'amour paranormaux soft. Class? PG (accord parental souhaitable).”     – The Romance Reviews (? propos de Transform?e) “Ce livre a retenu mon attention d?s le d?but et ne l'a pas laiss?e retomber … Cette histoire est une aventure surprenante qui file ? cent ? l'heure et d?borde d'action d?s les premi?res pages. On ne s'y ennuie pas un seul moment .”     – Paranormal Romance Guild {? propos de Transform?e) “Bourr? d'action, d'amour, d'aventure et de suspense. Emparez-vous de ce livre et retombez amoureuse.”     – vampirebooksite.com (? propos de Transform?e) “Excellente intrigue. C'est le type de livre que vous aurez du mal ? arr?ter de lire le soir. La fin est un moment de suspense si spectaculaire qu'il vous donnera imm?diatement envie d'acheter le tome suivant, rien que pour voir ce qui s'y passe.”     – The Dallas Examiner (? propos d'Aim?e) “Un livre suffisamment bon pour faire de l'ombre ? TWILIGHT et ? JOURNAL D'UN VAMPIRE et qui vous donnera envie de lire jusqu'? la toute derni?re page! Si vous aimez l'aventure, l'amour et les vampires, ce livre est celui qu'il vous faut !”     – Vampirebooksite.com (? propos de Transform?e) “Morgan Rice prouve une fois de plus qu'elle est une conteuse extr?mement talentueuse … ce livre devrait plaire ? une gamme ?tendue de publics, dont les fans les plus jeunes du genre vampire / fantasy. Il se termine par un moment de suspense inattendu qui vous laisse en ?tat de choc.”     – The Romance Reviews (? propos d'Aim?e) Livres par Morgan Rice ROIS ET SORCIERS LE REVEIL DES DRAGONS (Tome 1) LE REVEIL DES BRAVES (Tome 2) L'ANNEAU DU SORCIER LA QU?TE DES HEROS (Tome n 1) LA MARCHE DES ROIS (Tome n 2) LE DESTIN DES DRAGONS (Tome n 3) UN CRI D'HONNEUR (Tome n 4) UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome n 5) UNE VALEUREUSE CHARGE (Tome n 6) UN RITE D'EPEES (Tome n 7) UNE CONCESSION D'ARMES (Tome n 8) UN CIEL DE CHARMES (Tome n 9) UNE MER DE BOUCLIERS (Tome n 10) LE REGNE DE L'ACIER (Tome n 11) UNE TERRE DE FEU (Tome n 12) LE REGNE DES REINES (Tome n 13) LE SERMENT DES FRERES (Tome n 14) UN REVE DE MORTELS (Tome n 15) UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome n 16) LE DON DE LA BATAILLE (Tome n 17) LA TRILOGIE DES RESCAPES ARENE UN: SLAVERSUNNERS (Tome n 1) ARENE DEUX (Tome n 2) SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE TRANSFORMEE (Tome n 1) AIMEE (Tome n 2) TRAHIE (Tome n 3) PREDESTINEE (Tome n 4) DESIREE (Tome n 5) FIANCEE (Tome n 6) VOUEE (Tome n 7) TROUVEE (Tome n 8) RENEE (Tome n 9) ARDEMMENT DESIREE (Tome n 10) SOUMISE AU DESTIN (Tome n 11) ?coutez la s?rie de L'ANNEAU DU SORCIER en format livre audio ! Copyright © 2013 par Morgan Rice Tous droits r?serv?s. Sauf d?rogations autoris?es par la Loi ?tats-unienne sur le droit d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut ?tre reproduite, distribu?e ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stock?e dans une base de donn?es ou syst?me de r?cup?ration, sans l'autorisation pr?alable de l'auteur. Ce livre ?lectronique est r?serv? sous licence ? votre seule jouissance personnelle. Ce livre ?lectronique ne saurait ?tre revendu ou offert ? d'autres gens. Si vous voulez partager ce livre avec une autre personne, veuillez en acheter un exemplaire suppl?mentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l'avoir achet?, ou s'il n'a pas ?t? achet? pour votre seule utilisation personnelle, alors, veuillez le renvoyer et acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le difficile travail de cet auteur. Il s'agit d'une ?uvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les ?v?nements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilis?s dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes r?elles, vivantes ou mortes, n'est que pure co?ncidence. Image de couverture: Copyright RazoomGame, utilis?e en vertu d'une licence accord?e par Shutterstock.com. “Ne t’effraye point de la grandeur Quelques-uns naissent grands; d’autres parviennent ? la grandeur, et il en est que la grandeur vient chercher elle-m?me.” – William Shakespeare Le Jour des Rois CHAPITRE PREMIER Luanda traversa le champ de bataille au pas de charge. Elle ?vita de peu un cheval au galop en se frayant un chemin vers la petite habitation o? se trouvait le Roi McCloud. Elle serra le froid pieu de fer dans sa main en tremblant et traversa le terrain poussi?reux de cette cit? qu'elle avait connue, cette cit? o? habitait son peuple. Tous ces derniers mois, elle avait ?t? forc?e d'assister ? leur massacre et elle en avait assez. Quelque chose s'?tait rompu en elle. Elle n'avait plus peur de se dresser contre toute l'arm?e McCloud; elle ferait tout ce qu'elle pourrait pour l'arr?ter. Luanda savait que ce qu'elle allait faire ?tait fou, qu'elle mettait sa vie en jeu et que McCloud allait probablement la tuer, mais elle s'effor?a de ne plus y penser en courant. Il ?tait temps de faire ce qui ?tait bien, quel qu'en soit le co?t. En scrutant le champ de bataille noir de monde, elle rep?ra McCloud parmi les soldats. Il ?tait au loin et portait cette pauvre fille qui hurlait dans une habitation abandonn?e, une petite maison d'argile. Il claqua la porte derri?re eux en soulevant un nuage de poussi?re. “Luanda !” cria quelqu'un. Elle se retourna et vit Bronson qui, ? peut-?tre trente m?tres derri?re, la poursuivait. Sa progression fut interrompue par le flux incessant de chevaux et de soldats, qui l'obligea ? s'arr?ter plusieurs fois. Elle n'avait qu'une chance: maintenant. Si Bronson la rattrapait, il l'emp?cherait d'aller au bout de ce qu'elle voulait faire. Luanda courut deux fois plus vite en serrant le pieu et essaya de ne pas penser ? la folie de cette tentative, aux rares chances qu'elle avait de r?ussir. Si des arm?es enti?res n'avaient pas r?ussi ? renverser McCloud, si ses propres g?n?raux et son propre fils tremblaient devant lui, quelles chances pouvait-elle bien avoir de r?ussir ? le tuer seule ? De plus, Luanda n'avait jamais tu? d'homme, et encore moins d'homme de la stature de McCloud. Allait-elle ?tre paralys?e par la peur au moment fatidique? Pouvait-elle vraiment le surprendre? ?tait-il invincible, comme Bronson l'en avait avertie ? Luanda se sentait responsable des effusions de sang commises par cette arm?e, de la mise ? sac de son propre pays. En y repensant, elle regrettait d'avoir accept? d'?pouser un McCloud, malgr? son amour pour Bronson. Elle avait appris que les McCloud ?taient un peuple barbare, au-del? de toute possibilit? de correction. A pr?sent, elle comprenait que les MacGil avaient eu de la chance que les Highlands les s?parent et qu'ils soient rest?s de leur c?t? de l'Anneau. Elle avait ?t? na?ve, avait ?t? idiote de supposer que les McCloud ?taient moins mauvais qu'on lui avait appris ? le penser. Elle avait cru pouvoir les changer, que, malgr? le risque, d'une fa?on ou d'une autre, cela valait la peine d'?tre princesse McCloud et un jour reine. Cependant, maintenant, elle savait qu'elle s'?tait tromp?e. Elle renoncerait ? tout, ? son titre, ses richesses, sa notori?t?, tout, pour ne jamais avoir rencontr? les McCloud, pour se retrouver en s?curit? avec sa famille, de son c?t? de l'Anneau. A pr?sent, elle ?tait furieuse que son p?re ait arrang? ce mariage; elle avait ?t? jeune et na?ve, mais il aurait d? savoir que ?a ne marcherait pas. La politique comptait-elle assez pour lui pour qu'il y sacrifie sa propre fille? Elle lui en voulait aussi d'?tre mort et de l'avoir laiss?e se d?brouiller seule avec tout ?a. Ces derniers mois, Luanda avait appris ? se d?brouiller seule, ? la dure et, maintenant, elle avait sa chance de changer les choses. Quand elle atteint la petite maison d'argile avec la porte sombre en ch?ne que McCloud avait claqu?e, elle tremblait. Elle se tourna et regarda des deux c?t?s, s'attendant ? ce que les hommes de McCloud se jettent sur elle mais, ? son grand soulagement, ils ?taient tous trop occup?s ? semer le chaos pour la remarquer. Elle leva le bras, le pieu dans l'autre main, saisit le bouton de porte et le tourna aussi discr?tement que possible en priant pour que cela n'attire pas l'attention de McCloud. Elle entra. Il faisait sombre ? l'int?rieur et ses yeux s'habitu?rent lentement ? l'obscurit?, qui tranchait avec la lumi?re crue de la cit? blanche; il faisait aussi plus frais ? l'int?rieur et, quand elle franchit le seuil de la petite maison, la premi?re chose qu'elle entendit furent les g?missements et les cris de la fille. Alors que ses yeux s'habituaient ? l'obscurit?, elle regarda dans la petite maison et vit McCloud, d?shabill? de la taille aux pieds, par terre, avec la fille d?shabill?e qui se d?battait sous lui. La fille pleurait et criait, les yeux serr?s, puis McCloud leva le bras et lui ferma la bouche de sa main charnue. Luanda avait peine ? croire que c'?tait vrai, qu'elle allait vraiment faire ?a jusqu'au bout. Elle fit prudemment un pas en avant, les mains tremblantes, les genoux tremblants, et pria pour avoir la force d'aller jusqu'au bout. Elle serra le pieu en fer comme si c'?tait sa planche de salut. S'il vous pla?t, mon Dieu, faites que je tue cet homme. Elle entendit McCloud grogner et g?mir comme un animal sauvage satisfait. Il ?tait implacable. La fille semblait crier plus fort ? chacun de ses mouvements. Luanda fit un autre pas, puis un autre, et se retrouva ? un m?tre ou deux. Elle regarda McCloud, observa son corps, essaya de d?cider quel ?tait le meilleur endroit o? frapper. Heureusement, il avait retir? sa cotte de mailles et ne portait qu'une chemise en tissu fin, maintenant tremp?e de sueur. Elle le sentait de l? o? elle ?tait et elle eut un haut-le-c?ur. En retirant son armure, il avait commis une imprudence et, d?cida Luanda, ce serait sa derni?re erreur. Elle l?verait le pieu bien haut, des deux mains, et le plongerait dans son dos expos?. Quand les g?missements de McCloud atteignirent leur apog?e, Luanda leva le pieu bien haut. Elle r?fl?chit ? la fa?on dont sa vie changerait apr?s ce moment. Dans quelques secondes, rien ne serait plus pareil. Le royaume des McCloud serait d?barrass? de son tyran; son peuple ne serait plus soumis ? la destruction. Son nouveau mari monterait sur le tr?ne, prendrait sa place et, finalement, tout irait bien. Luanda resta sur place, paralys?e par la peur. Elle tremblait. Si elle n'agissait pas maintenant, elle ne le ferait jamais. Elle retint son souffle, fit un dernier pas en avant, tint le pieu des deux mains haut au-dessus de sa t?te et, soudain, elle tomba ? genoux en abattant le pieu en fer de toutes ses forces, en se pr?parant ? en transpercer le dos de l'homme. Cependant, une chose qu'elle n'avait pas pr?vue se produisit ? toute vitesse, trop vite pour qu'elle puisse r?agir: ? la derni?re seconde, McCloud se d?gagea. Pour un homme de sa corpulence, il ?tait bien plus rapide qu'elle l'aurait imagin?. Il roula de c?t? en laissant expos?e la fille d'en dessous. Il ?tait trop tard pour que Luanda s'arr?te. A la grande horreur de Luanda, le pieu en fer poursuivit sa course jusqu'en bas, jusqu'? la poitrine de la fille. La fille se redressa en hurlant et Luanda sentit avec horreur le pieu lui percer la chair, p?n?trer plusieurs centim?tres jusqu'? son c?ur. Le sang gicla de sa bouche et elle regarda Luanda, terrifi?e, trahie. Finalement, elle retomba, morte. Luanda s'agenouilla sur place, paralys?e, traumatis?e, comprenant tout juste ce qui venait de se passer. Avant d'avoir pu comprendre tout ce qui s'?tait pass?, avant qu'elle ait pu comprendre que McCloud ?tait sain et sauf, elle ressentit une douleur cuisante au c?t? du visage et sentit qu'elle tombait par terre. Alors qu'elle traversait l'air, elle fut vaguement consciente que McCloud venait de la frapper d'un terrible coup de poing qui l'avait envoy?e promener et que McCloud avait en fait anticip? tous ses mouvements d?s qu'elle ?tait entr?e dans la pi?ce. Il avait fait semblant de ne pas ?tre au courant. Il avait attendu le bon moment, attendu l'occasion id?ale pour non seulement esquiver son coup mais aussi la pousser, par la ruse, ? tuer cette pauvre fille par la m?me occasion pour l'en rendre coupable. Avant que son monde ne s'assombrisse, Luanda entraper?ut le visage de McCloud. Il la regardait en souriant, la bouche ouverte, la respiration laborieuse, comme une b?te sauvage. La derni?re chose qu'elle entendit avant que sa botte g?ante ne vienne la frapper au visage ?tait sa voix gutturale qui ressemblait ? celle d'un animal : “Tu m'as bien aid?”, dit-il. “J'en avais fini avec elle, de toute fa?on.” CHAPITRE DEUX Gwendolyn courait dans les rues secondaires sinueuses de la partie la plus sordide de la Cour du Roi, les joues baign?es de larmes. Elle s'enfuyait du ch?teau en essayant de s'?loigner de Gareth autant que possible. Depuis leur confrontation, depuis qu'elle avait vu que Firth avait ?t? pendu, depuis qu'elle avait entendu les menaces de Gareth, elle avait le c?ur qui battait la chamade. Elle essayait d?sesp?r?ment de d?gager la v?rit? qui subsistait dans ses mensonges mais, dans l'esprit malade de Gareth, v?rit? et mensonges ?taient tout entrem?l?s et il ?tait extr?mement difficile de savoir ce qui ?tait vrai. Avait-il essay? de lui faire peur? Ou est-ce que tout ce qu'il avait dit ?tait vrai ? Gwendolyn avait vu le corps pendu de Firth de ses propres yeux et cela lui indiquait que, cette fois-ci, tout cela ?tait peut-?tre vrai. Peut-?tre Godfrey avait-il vraiment ?t? empoisonn?; peut-?tre avait-elle vraiment ?t? mari?e de force aux sauvages Nevaruns et peut-?tre Thor allait-il d?s maintenant se pr?cipiter dans une embuscade. Elle frissonna en y pensant. Alors qu'elle courait, elle se sentait impuissante. Il fallait qu'elle r?tablisse un semblant d'ordre. Elle ne pouvait pas courir retrouver Thor l? o? il ?tait, mais elle pouvait courir retrouver Godfrey et voir s'il avait ?t? empoisonn? et s'il ?tait encore en vie. Gwendolyn s'enfon?a rapidement dans la partie louche de la ville, surprise de se retrouver, pour la deuxi?me fois en deux jours, dans cette partie d?go?tante de la Cour du Roi o? elle avait jur? de ne jamais revenir. Si Godfrey avait vraiment ?t? empoisonn?, elle savait que ?a se serait produit ? la taverne. O? d'autre? Elle lui en voulait d'y ?tre revenu, d'avoir baiss? la garde, d'avoir ?t? aussi imprudent, mais, surtout, elle s'inqui?tait pour lui. Ces derniers jours, elle s'?tait rendu compte que, finalement, elle tenait beaucoup ? son fr?re et que l'id?e de le perdre, lui aussi, surtout apr?s avoir perdu son p?re, lui laissait un trou dans le c?ur. Elle se sentait aussi responsable de ce qui lui arrivait, d'une fa?on ou d'une autre. Gwen avait vraiment peur en courant dans ces rues, et pas ? cause des ivrognes et des vauriens qui l'entouraient; elle avait bien plus peur de son fr?re, Gareth. Il avait eu l'air diabolique lors de leur derni?re rencontre, et elle n'arrivait pas ? oublier son visage, ses yeux si noirs, si inhumains. Il avait l'air poss?d?. Le voir assis sur le tr?ne de leur p?re rendait la sc?ne encore plus surr?aliste. Elle craignait sa vengeance. Peut-?tre complotait-il vraiment pour la marier de force, chose qu'elle ne permettrait jamais, ou peut-?tre ne voulait-il que la prendre au d?pourvu et pr?voyait-il vraiment de l'assassiner. Gwen regarda autour d'elle et, alors qu'elle courait, tous les visages lui semblaient hostiles, inconnus. Chaque homme semblait ?tre une menace potentielle, envoy? par Gareth pour l'achever. Elle devenait parano?aque. Gwen tourna ? un coin et heurta l'?paule d'un vieil homme ivre, ce qui lui fit perdre l'?quilibre, bondir et crier involontairement. Elle ?tait sur les nerfs. Il lui fallut un moment pour comprendre que ce n'?tait qu'un passant n?gligent, pas un des hommes de main de Gareth; elle se retourna et le vit tr?bucher sans m?me se retourner pour s'excuser. L'ignominie de cette partie de la ville d?passait ce qu'elle pouvait supporter. Si ce n'?tait pour Godfrey, elle ne s'en approcherait jamais, et elle lui en voulait de l'obliger ? se rabaisser ? ?a. Pourquoi ne pouvait-il pas simplement ?viter d'aller ? la taverne ? Gwen tourna ? un autre coin et vit la taverne pr?f?r?e de Godfrey, un pseudo-?tablissement qui se dressait l?, de guingois, la porte ouverte, d?versant ses ivrognes sur le pav? comme toujours. Elle ne perdit pas de temps et se pr?cipita par sa porte ouverte. Il fallut un moment ? ses yeux pour s'habituer ? l'obscurit? du bar, qui empestait la bi?re ?vent?e et la sueur. Quand elle entra, le silence se fit. La vingtaine d'hommes qui ?taient agglutin?s ? l'int?rieur se retourna et la regarda avec surprise. Elle ?tait membre de la famille royale, v?tue de ses plus beaux atours, et elle se pr?cipitait dans cette salle qui n'avait probablement pas ?t? nettoy?e depuis des ann?es. Elle se dirigea vers un grand homme ventru qu'elle reconnut comme ?tant Akorth, un des compagnons de boisson de Godfrey. “O? est mon fr?re ?” demanda-t-elle d'un ton autoritaire. Alors que Akorth ?tait d'habitude de bonne humeur et pr?t ? se fendre d'une blague sordide dont il ?tait lui-m?me trop satisfait, il la surprit en se contentant de secouer la t?te. “?a va mal, Milady”, dit-il sombrement. “Que voulez-vous dire ?” insista-t-elle, le c?ur battant la chamade. “Il a bu de la mauvaise bi?re”, dit un grand homme maigre qu'elle reconnut comme ?tant Fulton, l'autre compagnon de Godfrey. “Il s'est couch? tard hier soir. Ne s'est pas relev?.” “Est-il en vie ?” demanda-t-elle, fr?n?tique, en saisissant Akorth par le poignet. “Tout juste”, r?pondit-il en baissant les yeux. “Il a eu un passage difficile. Il a arr?t? de parler il y a une heure.” “O? est-il ?” insista-t-elle. “A l'arri?re, miss”, dit le barman, qui se pencha par-dessus le bar en essuyant une chope, l'air sombre lui aussi. “Et vous feriez bien de penser ? l'emmener. Je ne veux pas qu'un cadavre s'attarde dans mon ?tablissement.” Boulevers?e, Gwen se surprit elle-m?me quand elle sortit un petit poignard, se pencha en avant et en pr?senta la pointe ? la gorge du barman. La gorge serr?e, choqu?, il la regarda et un silence de mort s'installa dans le bar. “D'abord”, dit-elle, “cet endroit n'est pas un ?tablissement mais un ersatz d'abreuvoir que je ferai raser par la garde royale si tu me reparles sur ce ton. Tu peux commencer par me dire Milady.” Gwen se sentait exasp?r?e et surprise par la force qui la submergeait; elle ne savait pas du tout d'o? lui venait cette force. Le barman eut la gorge serr?e. “Milady”, r?p?ta-t-il. Gwen ne retira pas le poignard. “Ensuite, mon fr?re ne mourra pas, et certainement pas ici. Son cadavre ferait bien plus d'honneur ? ton ?tablissement que tous les vivants qui l'ont fr?quent?. Et s'il meurt vraiment, tu peux ?tre s?r que ce sera ta faute.” “Mais je n'ai rien fait de mal, Milady !” supplia-t-il. “C'?tait la m?me bi?re que celle que j'ai servie ? tous les autres clients !” “Quelqu'un a d? l'empoisonner”, ajouta Akorth. “?’aurait pu ?tre n'importe qui”, dit Fulton. Gwen baissa lentement son poignard. “Je veux le voir. Maintenant !” ordonna-t-elle. Le barman baissa la t?te, humblement cette fois-ci, se retourna et sortit par une porte lat?rale qui se trouvait derri?re le bar. Gwen le suivit de pr?s. Akorth et Fulton se joignirent ? elle. Gwen entra dans la petite arri?re-salle de la taverne et entendit le sursaut de surprise que lui procura la vue de son fr?re, Godfrey, allong? par terre sur le dos. Il ?tait plus p?le qu'elle ne l'avait jamais vu. Il avait l'air proche de la mort. Tout ?tait vrai. Gwen se pr?cipita ? son c?t?, lui prit la main et sentit ? quel point elle ?tait froide et moite. Il ne r?agit pas, la t?te par terre, pas ras?, les cheveux gras coll?s au front. Cependant, elle lui t?ta le pouls et, bien qu'il soit faible, Godfrey ?tait encore de ce monde; elle vit aussi sa poitrine se lever ? chaque inspiration. Il ?tait en vie. Elle sentit une rage soudaine monter en elle. “Comment avez-vous pu le laisser comme ?a ?” cria-t-elle en se retournant vers le barman. “Mon fr?re, membre de la famille royale, abandonn? seul ? mourir par terre comme un chien ?” Le barman, la gorge serr?e, la regarda nerveusement. “Et qu'aurais-je pu faire, Milady ?” demanda-t-il, peu s?r de lui. “C'est pas un h?pital, ici. Tout le monde a dit qu'il ?tait quasiment mort et – ” “Il n'est pas mort !” hurla-t-elle. “Et vous deux”, dit-elle en se tournant vers Akorth et Fulton, “quelle sorte d'amis ?tes-vous? Est-ce qu'il vous aurait laiss?s comme ?a ?” Akorth et Fulton ?chang?rent un regard douce?tre. “Pardonnez-moi”, dit Akorth. “Le docteur est venu hier soir, l'a regard?, dit qu'il ?tait moribond et que ce n'?tait plus qu'une question de temps. Je pensais qu'on ne pouvait rien y faire.” “Nous sommes rest?s avec lui la plus grande partie de la nuit, Milady”, ajouta Fulton, “? ses c?t?s. Nous n'avons fait qu'une petite pause parce qu'il fallait qu'on boive pour oublier, puis vous ?tes arriv?e et – ” Gwen leva le bras et, enrag?e, leur fit tomber les deux chopes des mains et les envoya promener par terre. Le liquide s'?coula partout. Ils la regard?rent, choqu?s. “Vous deux, vous en attrapez un bout chacun”, ordonna-t-elle froidement en se relevant et en sentant une nouvelle force monter en elle. “Vous allez l'emmener d'ici. Vous allez me suivre dans toute la Cour du Roi jusqu'? ce que nous rejoignions le M?decin du Roi. Nous allons donner ? mon fr?re une vraie chance de gu?rison au lieu de le laisser mourir selon la proclamation d'un imb?cile de docteur. “Et toi !” ajouta-t-elle en se tournant vers le barman. “Si mon fr?re survit, qu'il revient ici et que tu acceptes de lui servir ? boire, je veillerai personnellement ? ce que tu sois jet? au cachot et que tu n'en ressortes jamais.” Le barman bougea nerveusement et baissa la t?te. “Maintenant, action !” hurla-t-elle. Akorth et Fulton sursaut?rent et pass?rent brusquement ? l'action. Gwen quitta pr?cipitamment la pi?ce, suivie par les deux hommes qui portaient son fr?re. Ils sortirent tous trois du bar et ? la lumi?re du jour. Dans les quartiers pauvres et bond?s de la Cour du Roi, ils se mirent pr?cipitamment en route, en qu?te du m?decin, et Gwen pria pour qu'il ne soit pas trop tard. CHAPITRE TROIS Thor galopait sur le terrain poussi?reux des confins ext?rieurs de la Cour du Roi. Reece, O’Connor, Elden, les jumeaux et Krohn l'accompagnaient. Kendrick, Kolk, Brom et des dizaines de membres de la L?gion et de l'Argent chevauchaient avec eux, formant une grande arm?e qui partait ? la rencontre des McCloud. Ils chevauchaient ensemble, pr?ts ? lib?rer la cit?, et le son assourdissant des sabots grondait comme le tonnerre. Ils avaient chevauch? toute la journ?e et, d?j?, le deuxi?me soleil ?tait depuis longtemps dans le ciel. Thor avait peine ? croire qu'il chevauchait vers sa premi?re vraie mission militaire avec ces grands guerriers. Il sentait qu'ils l'avaient accept? comme des leurs. En effet, toute la L?gion avait ?t? convoqu?e en tant que r?servistes, et ses fr?res d'armes chevauchaient tous autour de lui. Les membres de la L?gion ?taient beaucoup moins nombreux que les milliers de membres de l'arm?e du roi et Thor, pour la premi?re fois de sa vie, sentait qu'il faisait partie de quelque chose de plus grand que lui-m?me. Thor se sentait ?galement motiv?. Il se sentait utile. Ses compagnons et citoyens ?taient assi?g?s par les McCloud et c'?tait ? cette arm?e de les lib?rer, d'?pargner un destin horrible ? son peuple. L'importance de ce qu' ils faisaient pesait sur ses ?paules comme un ?tre vivant et le faisait se sentir en vie. Thor se sentait en s?curit? en pr?sence de tous ces hommes, mais il se sentait ?galement pr?occup?: c'?tait une arm?e de vrais hommes, mais cela signifiait aussi qu'ils allaient affronter une arm?e de vrais hommes, de v?ritables guerriers endurcis. C'?tait ? la vie et ? la mort cette fois-ci et, ici, il y avait bien plus en jeu que dans toutes les situations qu'il avait jamais connues. Alors qu'ils chevauchaient, il baissa instinctivement le bras et se sentit rassur? par la pr?sence de sa bonne vieille fronde et de sa nouvelle ?p?e. Il se demanda si, ? la fin de la journ?e, elle serait tach?e de sang. Ou s'il serait lui-m?me bless?. Quand leur arm?e tourna un coin et rep?ra pour la premi?re fois la cit? assi?g?e ? l'horizon, elle fit soudain entendre un grand cri, encore plus fort que les sabots des chevaux. De la fum?e noire s'en ?levait en grands nuages et l'arm?e MacGil ?peronna ses chevaux pour y arriver plus vite. Thor ?peronna lui aussi son cheval en essayant de ne pas se laisser distancer par les autres alors qu'ils tiraient tous l'?p?e, dressaient leurs armes et se dirigeaient vers la cit? avec l'intention d'en d?coudre. L'arm?e, massive, fut divis?e en groupes plus petits et dans le groupe de Thor chevauchaient dix soldats, des membres de la l?gion, ses amis et quelques autres qu'il ne connaissait pas. A leur t?te chevauchait un des commandants en chef de l'arm?e du roi, un soldat que les autres appelaient Forg, un grand homme mince, tout en longueur et ? la peau gr?l?e, aux cheveux gris coup?s courts et aux yeux sombres et creux. L'arm?e se divisait en plus petits groupes et bifurquait dans toutes les directions. “Ce groupe, suivez-moi !” commanda-t-il en se servant de son b?ton pour faire signe ? Thor et aux autres de bifurquer et de suivre ses ordres. Le groupe de Thor suivit les ordres et forma les rangs derri?re Forg en bifurquant plus loin du corps principal de l'arm?e. Thor regarda derri?re lui et remarqua que son groupe s'?tait plus s?par? de l'arm?e que la plupart des autres, que l'arm?e devenait plus lointaine et, au moment o? Thor se demandait o? on les emmenait, Forg cria : “Nous prendrons position sur le flanc McCloud !” Thor et les autres ?chang?rent un regard nerveux et excit?, puis ils charg?rent tous, bifurquant jusqu'? perdre le corps principal de l'arm?e de vue. Bient?t, ils furent dans un nouveau terrain et la cit? disparut compl?tement. Thor ?tait sur ses gardes mais il n'y avait de signe de l'arm?e McCloud nulle part. Finalement, Forg arr?ta son cheval devant une petite colline, dans un bosquet. Les autres s’arr?t?rent derri?re lui. Thor et les autres regard?rent Forg en se demandant pourquoi il s'?tait arr?t?. “Garder ce donjon, telle est notre mission”, expliqua Forg. “Vous ?tes encore de jeunes guerriers, donc, nous voulons vous ?pargner le feu de l'action. Vous tiendrez cette position pendant que le corps principal de notre arm?e passera la cit? au peigne fin et affrontera l'arm?e McCloud. Il est peu probable que des soldats McCloud viennent par ici et vous y serez ? peu pr?s en s?curit?. Prenez vos positions autour de cet endroit et restez ici jusqu'? ce que nous vous disions de bouger. Maintenant, action !” Forg ?peronna son cheval et monta la colline; Thor et les autres en firent autant et le suivirent. Le petit groupe traversa les plaines poussi?reuses en soulevant un nuage. Aussi loin que Thor puisse voir, il n'y avait personne. Il se sentait d??u d'?tre exclu de l'action en cours; pourquoi les prot?geait-on tous ? ce point ? Plus ils chevauchaient, plus Thor sentait que quelque chose n'allait pas. Il n'arrivait pas ? dire ce que c'?tait, mais son sixi?me sens lui disait que quelque chose n'allait pas. Quand ils s'approch?rent du sommet de la colline, o? se dressait un petit donjon ancien, une grande tour efflanqu?e qui avait l'air abandonn?e, quelque chose en Thor lui dit de regarder derri?re lui. Quand il le fit, il vit Forg. Thor eut la surprise de voir que Forg s'?tait peu ? peu laiss? distancer par le groupe, s'?tait ?loign? de plus en plus, et, quand Thor regarda, Forg se retourna, ?peronna son cheval et, sans avertissement, repartit au galop. Thor ne comprenait pas ce qui se passait. Pourquoi Forg les avait-il abandonn?s aussi brusquement? A c?t? de lui, Krohn g?mit. Juste au moment o? Thor commen?ait ? analyser ce qui se passait, ils atteignirent le sommet de la colline et le vieux donjon en s'attendant ? ne voir qu'un terrain vague devant eux. Cependant, le petit groupe de membres de la l?gion arr?ta brusquement ses chevaux. Ils rest?rent tous l?, p?trifi?s par ce qu'ils voyaient. L?, devant eux, en attente, se trouvait toute l'arm?e McCloud. On les avait men?s droit dans un pi?ge. CHAPITRE QUATRE Gwendolyn avan?ait ? toute h?te dans les rues sinueuses de la Cour du Roi en se frayant un chemin dans la foule des roturiers. Akorth et Fulton portaient Godfrey derri?re elle. Elle ?tait r?solue ? trouver le m?decin d?s que possible. Il ?tait inconcevable que Godfrey meure apr?s tout ce qu'ils avaient v?cu ensemble, et certainement pas comme ?a. Elle voyait presque le sourire d'autosatisfaction qu'aurait Gareth quand il recevrait la nouvelle de la mort de Godfrey, et elle avait l'intention de faire en sorte que ?a n'arrive pas. Elle aurait seulement voulu le trouver plus t?t. Quand Gwen tourna ? un coin et entra dans la place publique, la foule s'?paissit consid?rablement. Elle leva les yeux et vit Firth qui pendait encore ? une poutre, le n?ud coulant serr? autour du cou, pendu l? pour servir de spectacle ? la foule. Elle se d?tourna instinctivement. C'?tait une chose affreuse ? contempler, un rappel de la sc?l?ratesse de son fr?re. Elle sentait qu'elle ne pourrait jamais ?chapper ? son influence, o? qu'elle se tourne. Il ?tait ?trange de se dire que, rien que la veille, elle avait parl? ? Firth et que, maintenant, il pendait ici. Elle ne pouvait s'emp?cher de se dire que la mort se rapprochait d'elle et viendrait la chercher elle aussi. M?me si Gwen voulait se d?tourner, choisir un autre itin?raire, elle savait que la place publique ?tait l'itin?raire le plus direct et qu'il ?tait hors de question de l'?viter parce qu'elle avait peur; elle se for?a ? passer devant la poutre, droit devant le pendu qui se trouvait sur sa route. Quand elle le fit, elle eut la surprise de voir le bourreau du roi, v?tu de sa robe noire, lui bloquer le passage. D'abord, elle pensa qu'il allait la tuer, elle aussi, puis il s'inclina. “Milady”, dit-il humblement en baissant la t?te par d?f?rence. “Nous n'avons pas encore re?u d'ordres sur ce qu'il fallait faire du corps. On ne m'a pas dit s'il fallait lui accorder un enterrement normal ou s'il fallait le jeter dans une fosse commune pour les pauvres.” Gwen s'arr?ta, contrari?e que cette responsabilit? lui tombe sur les ?paules; Akorth et Fulton s'arr?t?rent juste ? c?t? d'elle. Elle leva les yeux, cligna des yeux au soleil en regardant le corps qui pendait ? quelques m?tres d'elle. Elle allait repartir en ne tenant aucunement compte de l'homme quand une id?e lui vint. Elle voulait faire justice pour son p?re. “Jetez-le dans une fosse commune”, dit-elle. “Sans inscription. Ne lui accordez aucun rite sp?cial d'inhumation. Je veux que son nom disparaisse des annales historiques.” L'homme inclina la t?te pour dire qu'il avait compris et elle eut une petite sensation de l?gitimation. Apr?s tout, c'?tait cet homme qui avait en fait tu? son p?re. M?me si elle d?testait les d?monstrations de violence, elle n'allait pas pleurer pour Firth. Elle sentait maintenant que l'esprit de son p?re l'accompagnait, plus fort que jamais, et que cela lui apportait une sensation de paix. “Autre chose”, ajouta-t-elle en arr?tant le bourreau. “Descendez le corps maintenant.” “Maintenant, Milady ?” demanda le bourreau. “Mais le roi a ordonn? qu'il pende ind?finiment.” Gwen secoua la t?te. “Maintenant”, r?p?ta-t-elle. “Ce sont ses nouveaux ordres”, mentit-elle. Le bourreau s'inclina et se d?p?cha d'aller descendre le cadavre. Gwen eut une autre petite sensation de l?gitimation. Elle ?tait s?re que Gareth v?rifiait toute la journ?e que le cadavre de Firth ?tait encore pendu l?. Son retrait le vexerait, lui rappellerait que les choses ne se passeraient pas toujours comme il le pr?voyait. Gwen allait partir quand elle entendit un cri per?ant facilement identifiable; elle s'arr?ta, se retourna et, au-dessus, perch? sur la poutre, elle vit la fauconne Estopheles. Elle leva la main devant les yeux pour se prot?ger du soleil en essayant de s'assurer que ses yeux ne lui jouaient pas de tours. Estopheles poussa un autre cri per?ant, ouvrit ses ailes, puis les referma. Gwen sentait que cet oiseau portait l'esprit de son p?re. Son ?me, si inqui?te, venait de se rapprocher un peu de la paix. Gwen eut soudain une id?e; elle siffla et tendit un bras. Estopheles descendit de son perchoir et atterrit sur le poignet de Gwen. L'oiseau ?tait lourd et ses serres s'enfon?aient dans la peau de Gwen. “Va trouver Thor”, murmura-t-elle ? l'oiseau. “Trouve-le sur le champ de bataille. Prot?ge-le. ALLEZ !” cria-t-elle en levant le bras. Elle regarda Estopheles battre des ailes et s'?lever de plus en plus haut dans le ciel. Elle pria pour que ?a marche. Cet oiseau avait quelque chose de myst?rieux, surtout de par son lien avec Thor, et Gwen savait que tout ?tait possible. Gwen reprit sa route et parcourut en toute h?te les rues sinueuses pour se rendre chez le m?decin. Ils pass?rent une des nombreuses portes cintr?es qui sortait de la cit? et elle avan?a aussi vite qu'elle pouvait en priant pour que Godfrey survive assez longtemps pour qu'ils puissent lui trouver de l'aide. Le deuxi?me soleil avait baiss? dans le ciel au moment o? ils mont?rent sur une petite colline ? la p?riph?rie de la Cour du Roi et aper?urent la maison du m?decin. C'?tait une maison simple, en une seule pi?ce. Ses murs blancs ?taient en argile. Il y avait une petite fen?tre de chaque c?t? et une petite porte cintr?e en ch?ne devant. Des plantes de toutes couleurs et vari?t?s pendaient du toit et encadraient la maison, qui ?tait aussi entour?e d'un grand jardin de plantes aromatiques, de fleurs de toutes les couleurs et de toutes les tailles, ce qui donnait l'impression que l'on avait laiss? tomber la maison au milieu d'une serre. Gwen courut ? la porte et claqua le heurtoir ? plusieurs reprises. La porte s'ouvrit et le visage surpris du m?decin lui apparut. Illepra. Elle avait ?t? m?decin de la famille royale toute sa vie et Gwen la connaissait depuis son enfance. Pourtant, Illepra arrivait encore ? avoir l'air jeune. En fait, elle avait l'air d'?tre ? peine plus ?g?e que Gwen. Sa peau radieuse, qui brillait carr?ment en encadrant ses doux yeux verts, lui donnait l'air d'avoir ? peine d?pass? 18 ans. Gwen savait qu'elle ?tait bien plus ?g?e que ?a, savait que son apparence ?tait trompeuse, et elle savait aussi qu'Illepra ?tait une des personnes les plus intelligentes et les plus talentueuses qu'elle ait jamais rencontr?es. Le regard d'Illepra se d?pla?a vers Godfrey et elle comprit ce qui se passait en un ?clair. Au lieu de se r?pandre en mondanit?s, elle ?carquilla les yeux, pr?occup?e, se rendant compte qu'il y avait urgence. Elle passa ? c?t? de Gwen et se pr?cipita vers Godfrey en lui posant une main sur le front. Elle fron?a les sourcils. “Rentrez-le”, ordonna-t-elle rapidement aux deux hommes, “et d?p?chez-vous.” Illepra repartit ? l'int?rieur, ouvrit plus grand la porte et ils la suivirent pr?cipitamment dans la maison. Gwen les suivit ? l'int?rieur en se penchant pour passer par l'entr?e basse puis ferma la porte derri?re eux. Il faisait sombre ? l'int?rieur et il lui fallut un moment pour que ses yeux s'y habituent. Quand ils le firent, elle vit que la maison correspondait exactement ? ses souvenirs de jeune fille: elle ?tait petite, ?clair?e, propre et d?bordait de plantes, de plantes aromatiques et de potions de toutes sortes. “Posez-le l?”, ordonna Illepra aux hommes, aussi s?rieuse que Gwen l'avait jamais entendue. “Sur ce lit, dans le coin. Enlevez-lui sa chemise et ses chaussures, puis laissez-nous.” Akorth et Fulton firent comme on leur disait. Alors qu'ils sortaient pr?cipitamment, Gwen saisit Akorth par le bras. “Montez la garde devant la porte”, ordonna-t-elle. “Celui qui en voulait ? Godfrey pourrait retenter sa chance avec lui. Ou avec moi.” Akorth hocha la t?te. Il sortit avec Fulton en fermant la porte derri?re eux. “Depuis combien de temps est-il comme ?a ?” demanda Illepra avec urgence, sans regarder Gwen. Elle s'agenouilla ? c?t? de Godfrey et commen?a ? lui t?ter le pouls, l'estomac, la gorge. “Depuis hier soir”, r?pondit Gwen. “Hier soir !” r?p?ta Illepra en secouant la t?te, inqui?te. Elle l'examina longtemps en silence et son expression s'assombrit. “Ce n'est pas bon”, dit-elle finalement. Elle lui pla?a encore une paume sur le front et, cette fois-ci, ferma les yeux en respirant tr?s longtemps. Un lourd silence remplit la pi?ce et Gwen commen?a ? perdre toute sensation de temps. “Poison”, murmura finalement Illepra, les yeux encore ferm?s, comme si elle lisait sa maladie par osmose. Les comp?tences d'Illepra avaient toujours ?merveill? Gwen. Illepra ne s'?tait jamais tromp?e une seule fois dans sa vie et elle avait sauv? plus de vies que l'arm?e n'en avait pris. Gwen se demanda si c'?tait une comp?tence qu'elle avait acquise ou si elle en avait h?rit?; la m?re d'Illepra avait ?t? m?decin et la m?re de sa m?re avant elle. Pourtant, en m?me temps, Illepra avait pass? chaque minute de sa vie ? ?tudier les potions et l'art de la gu?rison. “C'est un poison tr?s puissant”, ajouta Illepra, plus confiante, “un poison que je rencontre rarement. Tr?s cher. Celui qui essayait de le tuer savait ce qu'il faisait. C'est incroyable qu'il ne soit pas mort. Il doit ?tre plus fort que nous le croyons.” “Il tient ?a de mon p?re”, dit Gwen. “Il ?tait fort comme un taureau. Comme tous les rois MacGil.” Illepra traversa la pi?ce et m?langea plusieurs plantes aromatiques sur un bloc en bois. Elle les hacha, les r?duisit en poudre et y ajouta du liquide en m?me temps. Le produit fini ?tait un baume vert et ?pais. Elle s'en remplit la paume, se pr?cipita au c?t? de Godfrey et lui appliqua le baume ? la gorge, sous les bras, sur le front. Quand elle eut termin?, elle traversa encore la pi?ce, prit un verre et y versa plusieurs liquides, un rouge, un marron et un violet. Quand ils se m?lang?rent, la potion siffla et bouillonna. Elle la remua avec une longue cuill?re en bois, puis se pr?cipita ? nouveau vers Godfrey et lui appliqua la potion aux l?vres. Godfrey ne bougea pas. Illepra lui passa la main derri?re la t?te, la lui souleva et le for?a ? avaler le liquide. La plus grande partie se r?pandit sur le c?t? de ses joues, mais une partie lui descendit dans la gorge. Illepra tamponna le liquide qui restait sur sa bouche et sa m?choire, puis se pencha finalement en arri?re et soupira. “Vivra-t-il ?” demanda Gwen, fr?n?tique. “Peut-?tre”, dit-elle sombrement. “Je lui ai donn? tout ce que j'ai, mais ?a ne sera pas assez. Sa vie est entre les mains du destin.” “Que puis-je faire ?” demanda Gwen. Elle se tourna et fixa Gwen du regard. “Prier pour lui. ?a va vraiment ?tre une longue nuit.” CHAPITRE CINQ Kendrick n'avait jamais appr?ci? ce qu'?tait la libert?, la vraie libert?, avant ce jour. Le temps qu'il avait pass? enferm? au cachot avait chang? la fa?on dont il envisageait la vie. Maintenant, il en appr?ciait toutes les petites choses, le soleil sur sa peau, le vent dans ses cheveux, rien qu'?tre dehors. Charger sur un cheval, sentir la terre filer sous lui, se retrouver en armure, r?cup?rer ses armes et chevaucher avec ses fr?res d'armes lui donnait l'impression de sortir de la bouche d'un canon, lui donnait une sensation d'intr?pidit? qu'il n'avait jamais ressentie auparavant. Kendrick galopait, pench? dans le vent, Atme, son ami proche, ? ses c?t?s, extr?mement reconnaissant de pouvoir se battre avec ses fr?res, de ne pas rater cette bataille. Il voulait surtout lib?rer sa ville natale des McCloud et les faire payer pour leur invasion. Il chevauchait pour faire couler le sang, m?me si, alors qu'il chevauchait, il savait que la vraie cible de sa col?re n'?tait pas les McCloud mais son fr?re Gareth. Il ne lui pardonnerait jamais de l'avoir fait emprisonner, de l'avoir accus? du meurtre de son p?re, de l'avoir fait arr?ter devant ses hommes et d'avoir essay? de le faire ex?cuter. Kendrick voulait se venger de Gareth mais, comme il ne pouvait pas le faire, du moins pas aujourd'hui, il allait se d?fouler sur les McCloud. Cependant, quand Kendrick reviendrait ? la Cour du Roi, il r?glerait ses comptes. Il ferait tout ce qu'il pourrait pour d?tr?ner son fr?re et mettre sa s?ur Gwendolyn au pouvoir. Ils s'approch?rent de la cit? mise ? sac. D'?normes nuages noirs gonfl?s roul?rent vers eux et remplirent les narines de Kendrick de fum?e acre. ?a lui faisait de la peine de voir une cit? MacGil dans cet ?tat. Si son p?re avait encore ?t? en vie, cela ne serait jamais arriv?; si Gareth ne lui avait pas succ?d?, cela ne serait jamais arriv? non plus. C'?tait une honte, une tache sur l'honneur des MacGil et de l'Argent. Kendrick pria pour qu'ils n'arrivent pas trop tard pour sauver ces gens, pour que les McCloud ne soient pas l? depuis trop longtemps et pour que pas trop de gens n'aient ?t? bless?s ou tu?s. Il for?a son cheval ? courir plus vite, d?passa les autres alors qu'ils chargeaient tous, comme un essaim d'abeilles, vers les portes ouvertes de la cit?. Ils entr?rent en coup de vent. Kendrick tira son ?p?e, se pr?parant ? rencontrer une arm?e McCloud d?s leur entr?e dans la cit?. Il poussa un grand cri comme tous les hommes autour de lui, se pr?parant ? l'impact. Cependant, quand il passa les portes et entra dans la place poussi?reuse de la cit?, il fut d?concert? par ce qu'il vit: rien. Tout autour de lui, il y avait les signes caract?ristiques d'une invasion: la destruction, les feux, les maisons pill?es, les piles de cadavres, les femmes qui rampaient. Il y avait des animaux tu?s, du sang sur les murs. ?’avait ?t? un massacre. Les McCloud avaient d?truit ces gens innocents. Y penser rendit Kendrick malade. C'?taient des l?ches. Cependant, ce qui d?contenan?a Kendrick alors qu'il chevauchait, c'?tait que les McCloud ?taient invisibles. Il ne comprenait pas. C'?tait comme si toute l'arm?e ?tait partie d?lib?r?ment, comme s'ils avaient su qu'ils arrivaient. Les feux ?taient encore allum?s et il ?tait clair qu'ils avaient ?t? allum?s dans un but pr?cis. Kendrick commen?ait ? comprendre que tout ?a ?tait un leurre. Que les McCloud avaient voulu attirer l'arm?e MacGil en ce lieu. Mais pourquoi ? Kendrick se retourna soudain, regarda autour de lui en essayant d?sesp?r?ment de voir s'il lui manquait des hommes, si un contingent avait ?t? attir? ailleurs, dans un autre lieu. Il se sentit envahi par une nouvelle impression, l'impression que tout ?a avait ?t? organis? pour s?parer un groupe de ses hommes, pour leur tendre une embuscade. Il regarda partout en se demandant qui manquait ? l'appel. Soudain, il comprit. Une personne manquait ? l'appel. Son ?cuyer. Thor. CHAPITRE SIX Thor ?tait ? cheval, en haut de la colline, le groupe de membres de la L?gion et Krohn ? c?t? de lui, et il regardait la sc?ne saisissante qui se d?roulait devant lui: jusqu'? perte de vue, il y avait des troupes McCloud ? cheval, une vaste, immense arm?e qui les attendait. On leur avait tendu un pi?ge. Forg avait d? les emmener ici expr?s, avait d? les trahir, mais pourquoi ? Thor d?glutit en contemplant ce qui semblait ?tre leur mort certaine. Un grand cri de guerre s'?leva quand l'arm?e McCloud les chargea soudain. Ils n'?taient qu'? quelques centaines de m?tres et se rapprochaient vite. Thor regarda par dessus son ?paule, mais il n'y avait pas de renforts pour autant qu'il puisse voir. Ils ?taient compl?tement seuls. Thor savait que leur seul choix ?tait d'opposer une derni?re r?sistance ici, sur cette petite colline, ? c?t? de ce donjon abandonn?. Ils n'avaient aucune chance, ne pouvaient pas du tout remporter cette bataille. Cependant, s'il fallait qu'il tombe, il tomberait avec courage et leur ferait face comme un homme. La L?gion lui avait au moins appris ?a. On ne s'enfuit pas. Thor se pr?para ? affronter sa propre mort. Thor tourna, regarda ses amis et vit qu'ils ?taient eux aussi blancs de peur; il vit la mort dans leurs yeux. Cependant, ? leur grand m?rite, ils rest?rent courageux. Aucun d'entre eux ne sursauta, alors que leurs chevaux caracolaient, ni ne fit de mouvement pour se retourner et s'enfuir. La L?gion ?tait un tout, maintenant. Ils ?taient plus que des amis: les Cent avaient fait d'eux une ?quipe de fr?res. Aucun d'entre eux n'abandonnerait un compagnon. Ils avaient tous fait un serment et leur honneur ?tait en jeu. Et pour la L?gion, l'honneur ?tait plus sacr? que le sang. “Messieurs, je pense vraiment que nous allons devoir nous battre”, annon?a lentement Reece en tendant le bras et en tirant son ?p?e. Thor baissa le bras et tira sa fronde. Il voulait en abattre autant que possible avant qu'ils les atteignent. O’Connor tira sa lance courte, Elden dressa son javelot, Conval leva un marteau ? lancer et Conven un pieu ? lancer. Les autres gar?ons de la L?gion qui les accompagnaient, ceux que Thor ne connaissait pas, tir?rent leur ?p?e et lev?rent leur bouclier. Thor sentit la peur remplir l'air, et il la sentit aussi pendant que le bruit de tonnerre des sabots des chevaux allait croissant et que le son des cris des McCloud montait au ciel comme un coup de tonnerre sur le point de les frapper. Thor savait qu'il leur fallait une strat?gie, mais il ne savait pas laquelle. A c?t? de Thor, Krohn grogna. Thor tira inspiration de l'intr?pidit? de Krohn: il ne g?missait jamais, ne songeait jamais ? fuir. En fait, les poils se dress?rent sur son dos et il marcha lentement en avant comme pour rencontrer l'arm?e tout seul. Thor savait que, chez Krohn, il avait trouv? un vrai compagnon de bataille. “Penses-tu que les autres vont venir nous soutenir ?” demanda O’Connor. “Pas ? temps”, r?pondit Elden. “Forg nous a trahis.” “Mais pourquoi ?” demanda Reece. “Je ne sais pas”, r?pondit Thor en avan?ant sur son cheval, “mais j'ai bien peur que ce soit ? cause de moi. Je pense que quelqu'un veut que je meure.” Thor sentit les autres se tourner vers lui et le regarder. “Pourquoi ?” demanda Reece. Thor haussa les ?paules. Il ne savait pas mais il avait l'id?e que c'?tait en rapport avec toutes les machinations de la Cour du Roi, avec l'assassinat de MacGil. C'?tait tr?s probablement Gareth. Peut-?tre consid?rait-il Thor comme une menace. Thor se sentait tr?s mal ? l'aise d'avoir mis en danger ses fr?res d'armes, mais il ne pouvait rien y faire maintenant. Tout ce qu'il pouvait faire, c'?tait essayer de les d?fendre. Thor en avait assez. Il cria, ?peronna son cheval et s'?lan?a au galop en chargeant devant les autres. Il n'attendrait pas ici que cette arm?e lui tombe dessus et le tue. Il prendrait les premiers coups. Peut-?tre m?me d?tournerait-il quelques-uns de ces coups de ses fr?res d'armes et leur laisserait-il ainsi une chance de s'enfuir s'ils le d?cidaient. S'il allait mourir, il le ferait sans peur, avec honneur. Tremblant ? l'int?rieur de lui-m?me mais refusant de le montrer, Thor galopa de plus en plus loin des autres et d?vala la colline vers l'arm?e qui avan?ait. A c?t? de lui, Krohn fon?ait sans attendre. Thor entendit un cri. Derri?re lui, ses compagnons de la L?gion fon?aient pour le rattraper. Ils ?taient ? peine ? vingt m?tres et le rattrapaient en poussant un cri de guerre. Thor resta ? l'avant, mais c'?tait quand m?me r?confortant de sentir leur soutien derri?re lui. Devant Thor, un contingent de guerriers de peut-?tre cinquante hommes se d?tacha de l'arm?e McCloud et chargea ? la rencontre de Thor. Ils ?taient ? cent m?tres et se rapprochaient rapidement. Thor prit sa fronde, y mit un caillou, visa et tira. Il visa le guerrier de t?te, un grand homme avec un plastron d'argent, et son tir ?tait parfait. Il frappa l'homme au bas de la gorge, entre les plaques de l'armure, et l'homme tomba de son cheval et atterrit par terre devant les autres. Quand il tomba, son cheval tomba avec lui. Les chevaux de derri?re s'empil?rent les uns sur les autres par dizaines et envoy?rent les soldats par terre, face contre terre. Avant qu'ils aient pu r?agir, Thor pla?a un autre caillou, tendit le bras en arri?re et tira. Une fois de plus, il visa juste et frappa un des guerriers de t?te aux tempes, ? l'endroit expos? par son armure faciale lev?e, et le fit tomber de cheval sur le c?t?. Il heurta plusieurs autres guerriers et les renversa comme des dominos. Alors que Thor galopait, un javelot lui passa pr?s de la t?te, puis une lance, puis un marteau ? lancer et un pieu ? lancer, et il sut que ses fr?res de la L?gion le soutenaient. Ils vis?rent bien, eux aussi, et leurs armes abattirent les soldats McCloud avec une pr?cision fatale. Plusieurs d'entre eux tomb?rent de cheval et en heurt?rent d'autres qui tomb?rent avec eux. Thor fut ravi de voir qu'ils avaient d?j? r?ussi ? abattre des dizaines de soldats McCloud, certains avec des coups directs, mais aussi en faisant tomber la plupart d'entre eux par l’interm?diaire de leurs chevaux. Le contingent avanc? de cinquante hommes ?tait maintenant ? terre, vautr? dans de grands tas de poussi?re. Cependant, l'arm?e McCloud ?tait forte et, maintenant, c'?tait ? eux d'attaquer. Quand Thor approcha ? trente m?tres d'eux, plusieurs lanc?rent des armes sur lui. Un marteau ? lancer se dirigea droit vers son visage et Thor l'?vita au dernier moment; le fer lui passa pr?s de l'oreille en sifflant et la rata de peu. Une lance s'envola vers lui tout aussi vite et il se pencha rapidement de l'autre c?t?. Le bout de la lance effleura le dehors de son armure mais le rata tout juste, heureusement. Un pieu ? lancer se dirigea droit vers son visage: Thor leva son bouclier et le bloqua. Le pieu de ficha dans son bouclier et Thor baissa le bras, le retira et le relan?a ? son attaquant. Thor visa juste. Le pieu s'enfon?a dans la poitrine de l'homme et per?a sa cotte de mailles; avec un cri, l'homme s'effondra sur son cheval, mort. Thor continua ? charger. Il chargea au beau milieu de l'arm?e, dans une mer de soldats, pr?t ? mourir. Il poussa un grand cri de guerre et leva son ?p?e; derri?re lui, ses fr?res d'armes en firent autant. L'impact se produisit dans un grand choc d'armes. Un ?norme guerrier mature chargea Thor, leva une hache ? deux mains et l'abattit en direction de sa t?te. Thor se baissa rapidement. La lame lui passa pr?s de la t?te et il taillada l'estomac du soldat alors qu'il passait ? c?t? de lui; l'homme hurla et s'effondra sur son cheval. Quand il tomba, il laissa ?chapper sa hache de guerre, qui s'envola en tournoyant et frappa un cheval McCloud, qui hurla et caracola en jetant son cavalier sur plusieurs autres cavaliers. Thor continua ? charger au beau milieu des centaines de guerriers McCloud en se frayant un chemin sanglant en leur sein. L'un apr?s l'autre, ils l'attaqu?rent ? l'?p?e, ? la hache, ? la masse, et il les bloqua avec son bouclier ou les ?vita puis les attaqua ? son tour, en se baissant rapidement, en slalomant et en galopant entre eux. Il ?tait trop rapide, trop agile pour eux, et ils ne s'y ?taient pas attendus. Comme ils formaient une immense arm?e, ils ne pouvaient pas man?uvrer assez vite pour l'arr?ter. Il s'?levait un grand vacarme m?tallique tout autour de lui. On lui ass?nait des coups de partout. Il les bloquait l'un apr?s l'autre avec son bouclier et son ?p?e. Cependant, il ne pouvait pas tous les arr?ter. Un coup d'?p?e lui fr?la l'?paule et il cria de douleur en saignant. Heureusement, la blessure ?tait superficielle et ne l'emp?cha pas de se battre. Il continua ? se d?fendre. Entour? de guerriers McCloud, Thor se battait des deux mains et, bient?t, les coups commenc?rent ? se faire plus rares quand les autres membres de la L?gion se joignirent ? la lutte. Le vacarme s'accrut quand les hommes de McCloud se battirent contre les gar?ons de la L?gion. Les ?p?es frappaient les boucliers, les lances frappaient les chevaux, on jetait les javelots contre les armures et les hommes se battaient de toutes les fa?ons possibles. Des cris s'?levaient des deux camps. L'avantage de la L?gion, c'est qu'ils ?taient une petite force de combat agile, dix soldats au milieu d'une arm?e immense et lente. Il y avait un goulet d'?tranglement et les guerriers McCloud ne pouvaient pas tous les atteindre en m?me temps; Thor se retrouvait parfois en train de combattre deux ou trois hommes ? la fois, mais jamais plus, et derri?re lui, ses fr?res emp?chaient qu'il soient attaqu? par derri?re. Quand un guerrier prit Thor par surprise et abattit son fl?au d'armes en direction de sa t?te, Krohn grogna et bondit. Krohn sauta haut en l'air et lui mordit le poignet; il le lui arracha, le sang gicla partout et le soldat fut forc? de changer de direction juste avant que le fl?au d'armes ne frappe le cr?ne de Thor. Tout se passait ? la vitesse de l'?clair. Thor se battait, tailladait et parait de tous c?t?s, utilisait toutes ses comp?tences pour se d?fendre, attaquer, prot?ger ses fr?res et se prot?ger lui-m?me. Il puisait instinctivement dans ses innombrables jours d'entra?nement, o? on l'avait attaqu? de tous c?t?s, dans toutes sortes de situations. D'une certaine fa?on, ?a lui semblait naturel. Ils l'avaient bien entra?n? et il se sentait capable de faire face. Sa peur ?tait toujours pr?sente mais il se sentait capable de la contr?ler. Alors que Thor combattait sans arr?t, que ses bras s'alourdissaient, que ses ?paules se fatiguaient, les paroles de Kolk r?sonnaient dans ses oreilles : Votre ennemi ne se battra jamais selon vos r?gles. Il se battra selon les siennes. La guerre pour vous, c'est la guerre pour quelqu'un d'autre. Thor vit un petit guerrier bien b?ti lever une cha?ne h?riss?e de pointes des deux mains et l'envoyer vers l'arri?re de la t?te de Reece. Reece ne la voyait pas venir; dans un moment, il serait mort. Thor sauta de son cheval, bondit directement sur le guerrier et le plaqua juste avant qu'il ne laisse partir la cha?ne. Ils tomb?rent tous deux de cheval et atterrirent violemment par terre dans un nuage de poussi?re. Thor roula ? plusieurs reprises, le souffle coup?, pendant que des chevaux pi?tinaient tout autour de lui. Il lutta contre le guerrier ? terre et, quand l'homme leva les pouces pour crever les yeux ? Thor, Thor entendit soudain un cri per?ant et vit Estopheles s'abattre et griffer l'homme aux yeux juste avant qu'il ne puisse blesser Thor. L'homme cria en se mettant la main aux yeux et Thor l'envoya promener d'un violent coup de coude. Avant que Thor ait eu la chance de se r?jouir de sa victoire, il sentit un violent coup de pied dans le ventre qui le fit tomber sur le dos. Il leva les yeux et vit un guerrier lever un marteau de combat ? deux mains et l'abattre vers sa poitrine. Thor roula; le marteau passa tout pr?s de lui en sifflant et s'enfon?a dans la terre jusqu'au manche. Thor comprit que le marteau l'aurait ?cras? et tu?. Krohn bondit sur l'homme, sauta en avant et enfon?a ses crocs dans le coude de l'homme; le soldat tendit le bras et frappa Krohn plusieurs fois. Cependant, Krohn grognait et refusait de l?cher prise, jusqu'? finalement arracher le bras de l'homme. Le soldat hurla et tomba par terre. Un soldat s'avan?a et essaya de taillader Krohn avec son ?p?e mais Thor roula avec son bouclier et bloqua le coup. Le fracas lui fit trembler tout le corps mais il sauva la vie ? Krohn. Cependant, pendant que Thor ?tait agenouill? l?, il ?tait expos? et un autre guerrier le chargea avec son cheval, le pi?tina et le renversa face contre terre pendant qu'il avait l'impression que les sabots du cheval lui ?crasaient tous les os du corps. Plusieurs soldats McCloud quitt?rent leur monture et encercl?rent Thor en se rapprochant de lui. Thor se rendit compte qu'il ?tait dans une situation difficile; ? pr?sent, il aurait tout donn? pour se retrouver ? cheval comme avant. Alors qu'il ?tait allong? par terre, la t?te bourdonnant de douleur, du coin de l’?il, il vit les autres membres de la L?gion se battre et perdre du terrain. Un des gar?ons de la L?gion, qu'il ne reconnut pas, poussa un cri aigu. Thor vit une ?p?e lui percer la poitrine et il s'effondra, mort. Un autre membre de la L?gion que Thor ne connaissait pas vint ? son aide, tua son attaquant d'un coup de sa lance mais, en m?me temps, un McCloud l'attaqua par derri?re et lui lan?a un poignard dans le cou. Le gar?on cria et tomba de son cheval, mort. Thor se retourna, leva les yeux et vit une demi-douzaine de soldats se pr?cipiter sur lui. L'un d'eux leva une ?p?e et l'abattit vers son visage. Thor leva le bras et la bloqua avec son bouclier. Le vacarme lui r?sonna dans les oreilles. Cependant, un autre leva le pied et fit tomber le bouclier de Thor de sa main. Un troisi?me attaquant posa le pied sur le poignet de Thor et le bloqua au sol. Un quatri?me attaquant s'avan?a et leva une lance en se pr?parant ? percer la poitrine de Thor avec. Thor entendit un grand grognement et Krohn sauta sur le soldat, le repoussa et le plaqua au sol. Cependant, un soldat s'avan?a avec un gourdin et frappa Krohn si violemment que Krohn tomba en glapissant et atterrit sur le dos, inconscient. Un autre soldat s'avan?a, se tient au-dessus de Thor et leva un trident. Il le regarda d'un air renfrogn? et, cette fois-ci, il n'y avait personne pour l'arr?ter. Le soldat se pr?para ? abattre son arme sur le visage de Thor et, alors que Thor ?tait allong? l?, plaqu? au sol, impuissant, il ne put s'emp?cher de se dire que, finalement, son heure ?tait venue. CHAPITRE SEPT Gwen ?tait agenouill?e ? c?t? de Godfrey dans la maison oppressante, Illepra ? c?t? d'elle, et elle n'en pouvait plus. Elle ?coutait les g?missements de son fr?re depuis des heures, regardait le visage d'Illepra s'assombrir de plus en plus, et il semblait certain que Godfrey allait mourir. Elle se sentait totalement impuissante ? rester assise ici. Elle sentait qu'il fallait qu'elle fasse quelque chose. Peu importe quoi. Elle ?tait ravag?e par la culpabilit? et l'inqui?tude pour Godfrey, mais encore plus pour Thor. Elle ne pouvait se d?faire de l'image de Thor en train de charger dans une bataille, pi?g? par Gareth, sur le point de mourir. Elle sentait qu'il fallait qu'elle aide aussi Thor, d'une fa?on ou d'une autre. Elle devenait folle ? rester assise ici. Gwen se leva soudain et traversa la maison ? toute h?te. “O? vas-tu ?” demanda Illepra, la voix ?raill?e ? force de psalmodier des pri?res. Gwen se tourna vers elle. “Je reviens”, dit-elle. “Il y a une chose qu'il faut que j'essaye.” Elle ouvrit la porte, sortit pr?cipitamment dans le coucher de soleil et ce qu'elle vit la fit cligner des yeux: le ciel ?tait stri? de nuances de rouge et de violet et le deuxi?me soleil flottait comme une balle verte ? l'horizon. A leur grand m?rite, Akorth et Fulton ?taient encore l? en train de monter la garde. Ils se lev?rent d'un bond et la regard?rent avec pr?occupation. “Va-t-il survivre ?” demanda Akorth. “Je ne sais pas”, dit Gwen. “Restez ici. Montez la garde.” “Et o? allez-vous ?” demanda Fulton. Une id?e lui ?tait venue quand elle avait regard? le ciel rouge sang et senti le myst?re qui flottait dans l'air. Il y avait un homme susceptible de pouvoir l'aider. Argon. S'il y avait une personne en laquelle Gwen avait confiance, une personne qui aimait Thor et qui ?tait rest?e fid?le ? son p?re, une personne qui avait le pouvoir de l'aider d'une fa?on ou d'une autre, c'?tait lui. “Il faut que je retrouve quelqu'un de sp?cial”, dit-elle. Elle se retourna et s'en alla pr?cipitamment. Traversant les plaines ? la course, elle se dirigea vers la maison d'Argon. Elle ne s'y n'?tait pas rendue depuis des ann?es, pas depuis son enfance, mais elle se souvenait qu'il habitait en altitude, sur les plaines rocheuses et d?sol?es. Elle courut sans cesse, reprenant tout juste son souffle alors que le terrain devenait plus d?sol?, plus venteux, et que l'herbe c?dait la place aux galets puis aux cailloux. Le vent hurlait et, ? mesure qu'elle avan?ait, le paysage devenait ?trange; elle avait l'impression de marcher ? la surface d'une ?toile. Elle finit par atteindre la maison d'Argon, essouffl?e. Elle frappa ? grands coups sur la porte. Il n'y avait nulle part de bouton de porte qu'elle puisse utiliser, mais elle savait que c'?tait bien l? qu'il habitait. “Argon !” hurla-t-elle. “C'est moi! La fille de MacGil! Laissez-moi entrer! Je vous l'ordonne !” Elle frappa sans cesse, mais seul le hurlement du vent lui r?pondit. Finalement, elle ?clata en sanglots, ?puis?e, se sentant plus impuissante que jamais. Elle se sentait vid?e, comme si elle n'avait plus aucun recours. Alors que le soleil se couchait, son rouge sang c?dant la place au cr?puscule, Gwen se retourna et commen?a ? redescendre la colline. Elle s'essuya les larmes du visage en avan?ant, en se demandant d?sesp?r?ment o? aller ensuite. “S'il vous pla?t, p?re”, dit-elle ? voix haute en fermant les yeux. “Donnez-moi un signe. Montrez-moi o? aller. Montrez-moi quoi faire. S'il vous pla?t, ne laissez pas votre fils mourir aujourd'hui. Et, s'il vous pla?t, ne laissez pas mourir Thor. Si vous m'aimez, r?pondez-moi.” Gwen marchait en silence en ?coutant le vent quand, soudain, un ?clair de g?nie la frappa. Le lac. Les Lac des Tristesses. Bien s?r. Le lac ?tait l'endroit o? les gens allaient prier pour ceux qui ?taient gravement malades. C'?tait un petit lac immacul? au milieu du Bois Rouge, entour? d'arbres gigantesques qui montaient jusqu'au ciel. On consid?rait que c'?tait un lieu saint. Merci, p?re, pour votre r?ponse, pensa Gwen. Maintenant, elle sentait qu'il ?tait avec elle, plus que jamais. Elle se mit ? courir vers le Bois Rouge, vers le lac qui entendrait sa tristesse. * Gwen ?tait agenouill?e sur la rive du Lac des Tristesses, les genoux reposant sur les douces aiguilles de pin rouges qui entouraient l'eau comme un anneau. Elle regarda l'eau calme, l'eau la plus calme qu'elle ait jamais vue et qui refl?tait la lune qui se levait. C'?tait une pleine lune brillante, plus pleine qu'elle ne l'avait jamais vue. Pendant que le deuxi?me soleil ?tait encore en train de se coucher, la lune se levait et le coucher de soleil et le clair de lune ?clairaient tous les deux l'Anneau. Le soleil et la lune se refl?taient ensemble dans le lac, l'un face ? l'autre, et elle sentait le caract?re sacr? de ce moment de la journ?e. C'?tait la charni?re entre la fin d'un jour et le commencement d'un autre et, ? cette heure sacr?e et ? cet endroit sacr?, tout ?tait possible. Agenouill?e l?, Gwen pleurait et priait de toutes ses forces. Les ?v?nements des quelques derniers jours l'avaient submerg?e et elle laissa tout ?chapper. Elle pria pour son fr?re mais encore plus pour Thor. Elle ne pouvait accepter l'id?e de les perdre tous les deux cette nuit, de n'avoir plus que Gareth. Elle ne pouvait accepter l'id?e qu'on l'envoie ?pouser un barbare. Elle sentait que sa vie s'effondrait autour d'elle et il lui fallait des r?ponses. Plus encore, il lui fallait de l'espoir. Dans son royaume, il y avait beaucoup de gens qui priaient le Dieu des Lacs, ou le Dieu des For?ts, ou le Dieu des Montagnes, ou le Dieu du Vent, mais Gwen n'avait jamais cru en aucun d'eux. Comme Thor, elle faisait partie des rares personnes de son royaume qui s'opposait ? la croyance commune et suivait le chemin radical de la croyance en un seul Dieu, un seul ?tre qui contr?lait tout l'univers. C'est ce Dieu qu'elle pria. S'il vous pla?t, mon Dieu, pria-t-elle. Rendez-moi Thor. Faites qu'il survivre ? la guerre. Faites qu'il ?chappe ? son embuscade. S'il vous pla?t, faites que Godfrey survivre et, s'il vous pla?t, prot?gez-moi. Emp?chez qu'on m'emm?ne loin d'ici pour me marier ? ce sauvage. Je ferai ce que vous voudrez. Donnez-moi seulement un signe. Montrez-moi ce que vous voulez que je fasse. Gwen resta agenouill?e l? longtemps, n'entendant rien que le hurlement du vent qui se ruait dans les pins immens?ment grands du Bois Rouge; elle ?coutait le doux craquement des branches qui remuaient au-dessus de sa t?te en laissant tomber leurs aiguilles dans l'eau. “Fais attention ? ce pour quoi tu pries”, dit une voix. Elle tressaillit, se retourna et, ? son grand ?tonnement, vit que quelqu'un se tenait l?, pr?s d'elle. Elle aurait eu peur si elle n'avait pas imm?diatement reconnu la voix, une voix ancienne, plus ancienne que les arbres, plus ancienne que la terre elle-m?me, et elle eut chaud au c?ur quand elle se rendit compte de qui c'?tait. Elle se retourna et le vit qui se tenait au-dessus d'elle, v?tu de son blanc manteau ? capuche. Ses yeux translucides la transper?aient comme s'ils contemplaient son ?me m?me. Il tenait son b?ton, qui luisait dans le coucher de soleil et le clair de lune. Argon. Elle se leva et se tourna vers lui. “Je vous cherchais”, dit-elle. “Je suis all? chez vous. M'avez-vous entendue frapper ?” “J'entends tout”, r?pondit-il de fa?on ?nigmatique. Elle se tut en se posant des questions. Il ?tait impassible. “Dites-moi ce que je dois faire”, dit-elle. “Je ferai n'importe quoi. S'il vous pla?t, ne permettez pas que Thor meure. Vous ne pouvez pas permettre qu'il meure !” Gwen s'avan?a et lui saisit le poignet en le suppliant. Cependant, quand elle le toucha, une chaleur intense lui envahit les mains par l'interm?diaire de son poignet et la br?la. Elle se recula, submerg?e par cette ?nergie. Argon soupira, se d?tourna d'elle et fit plusieurs pas vers le lac. Il resta l? et regarda l'eau, les yeux refl?t?s dans la lumi?re. Elle s'avan?a jusqu'? lui et resta silencieuse un temps ind?termin? en attendant qu'il soit pr?t ? parler. “Il n'est pas impossible de changer le destin”, dit-il. “Cependant, celui qui demande ? le faire doit payer un prix ?lev?. Tu veux sauver une vie. C'est une noble tentative. Cependant, tu ne peux pas sauver deux vies. Il faudra que tu choisisses.” Il se tourna vers elle. “Pr?f?rerais-tu que Thor survive ? cette nuit, ou ton fr?re? L'un d'eux doit mourir. C'est ?crit.” Gwen fut horrifi?e par la question. “Vous appelez ?a un choix ?” demanda-t-elle. “Si j'en sauve un, je condamne l'autre.” “Non”, r?pondit-il. “Tous les deux doivent mourir. Je suis d?sol? mais tel est leur destin.” Gwen avait l'impression qu'on venait de lui plonger un poignard dans l'estomac. Les deux doivent mourir? C'?tait trop affreux ? imaginer. Le destin pouvait-il vraiment ?tre aussi cruel ? “Je ne peux pas en choisir un et condamner l'autre”, dit-elle finalement d'une voix faible. “Mon amour pour Thor est plus fort, bien s?r. Cependant, Godfrey est de ma famille. Je ne peux pas accepter l'id?e que l'un meure pour sauver l'autre. Et je ne pense pas qu'ils voudraient ?a, ni l'un ni l'autre.” “Dans ce cas, ils mourront tous les deux”, r?pondit Argon. Gwen se sentit envahie par la panique. “Attendez !” appela-t-elle alors qu'il commen?ait ? se d?tourner. Il se retourna et la regarda. “Et moi ?” demanda-t-elle. “Si je devais mourir ? leur place? Est-il possible qu'ils vivent tous les deux et que je meure ?” Argon la regarda fixement tr?s longtemps, comme s'il contemplait son essence m?me. “Ton c?ur est pur”, dit-il. “Tu es l'enfant MacGil qui a le c?ur le plus pur. Ton p?re a sagement choisi. Oui, assur?ment …” La voix d'Argon devint inaudible et il continua ? la regarder dans les yeux. Gwen se sentit mal ? l'aise mais n'osa pas d?tourner le regard. “Gr?ce ? ton choix, gr?ce ? ton sacrifice de cette nuit”, dit Argon, “le destin t'a entendu. Thor sera sauv? cette nuit et ton fr?re aussi. Tu vivras, toi aussi. Cependant, il faut qu'un petit morceau de ta vie te soit retir?. Souviens-toi, il y a toujours un prix. Tu mourras partiellement en compensation pour leurs deux vies.” “Qu'est-ce que ?a veut dire ?” demanda-t-elle, terrifi?e. “Tout a un prix”, r?pondit-il. “Tu as le choix. Pr?f?rerais-tu ne pas payer le prix ?” Gwen se pr?para au choc. “Je ferai tout pour Thor”, dit-elle. “Et pour ma famille.” Argon regarda ? travers elle comme si elle n'?tait pas l?. “Thor a une immense destin?e”, dit Argon. “Cependant, la destin?e peut changer. Notre destin est dans nos ?toiles. Cependant, il est aussi contr?l? par Dieu. Dieu peut changer le destin. Thor devait mourir cette nuit. Il ne vivra que gr?ce ? toi. Tu paieras ce prix. Et le co?t en sera ?lev?.” Gwen voulait en savoir plus et elle tendit la main vers Argon mais, quand elle le fit, soudain, une lumi?re ?clatante produisit un ?clair devant elle et Argon disparut. Gwen se retourna, le chercha de tous les c?t?s, mais ne le trouva nulle part. Finalement, elle se retourna et regarda le lac, qui ?tait si calme, comme si rien ne s'?tait pass? cette nuit. Elle vit son reflet, et elle avait l'air si distante. Elle ?tait pleine de gratitude et, finalement, d'une sensation de paix. Cependant, elle ne pouvait pas non plus s'emp?cher de se sentir terrifi?e pour son propre avenir. Elle essaya de ne plus y penser mais, malgr? tous ses efforts, elle ne put s'emp?cher de se demander: quel prix paierait-elle pour la vie de Thor ? CHAPITRE HUIT Thor ?tait allong? au sol, au milieu du champ de bataille, plaqu? par des soldats McCloud, impuissant. Il entendait le fracas de la bataille, les cris des chevaux, des hommes qui mouraient tout autour de lui. Le soleil couchant et la lune qui se levait, une pleine lune, plus pleine que toutes celles qu'il avait jamais vues, furent soudain bloqu?s par un ?norme soldat qui s'avan?a, leva son trident et s'appr?ta ? l'abattre. Thor sut que son heure ?tait venue. Thor ferma les yeux et se pr?para ? mourir. Il ne ressentait pas de peur, seulement du remords. Il voulait vivre plus longtemps; il voulait d?couvrir qui il ?tait, ce qu'?tait sa destin?e et, surtout, il voulait passer plus de temps avec Gwen. Thor sentit que ce n'?tait pas juste de mourir comme ?a. Pas ici. Pas comme ?a. Pas aujourd'hui. Son heure n'?tait pas encore venue. Il le sentait. Il n'?tait pas encore pr?t. Thor sentit soudain quelque chose s'?lever en lui: c'?tait une violence, une force diff?rente de tout ce qu'il avait jamais connu. Il eut des fourmillements dans tout le corps et une sensation de chaleur. Il sentit une nouvelle sensation le traverser brusquement. De la plante des pieds, elle lui remonta dans les jambes, jusqu'au torse et aux bras, jusqu'? ce que le bout des doigts le br?le carr?ment en d?gageant une ?nergie qu'il pouvait tout juste comprendre. Thor fut lui-m?me choqu? quand il poussa un rugissement f?roce, comme un dragon qui s'?levait des profondeurs de la terre. Thor sentit la force de dix hommes le traverser quand il brisa l'?treinte des soldats et se leva d'un bond. Avant que le soldat ait pu abattre son trident, Thor s'avan?a, le saisit par son casque et lui donna un coup de t?te qui lui fendit le nez en deux; ensuite, il lui donna un tel coup de pied qu'il recula comme un boulet de canon en renversant dix hommes. Thor hurla avec une rage nouvelle. Il saisit un soldat, le leva haut au-dessus de sa t?te et le lan?a dans la foule en renversant une dizaine de soldats comme des quilles. Ensuite, Thor tendit le bras, saisit un fl?au d'armes avec une cha?ne de trois m?tres des mains d'un soldat et le balan?a au-dessus de sa t?te, ? plusieurs reprises, jusqu'? ce qu'il abatte par dizaines tous les soldats dans un rayon de trois m?tres et que des cris s’?l?vent tout autour de lui. Thor sentit que son pouvoir continuait ? d?ferler et il le laissa prendre le contr?le. Quand plusieurs autres hommes le charg?rent, il leva le bras, tendit une paume et eut la surprise d'y sentir un picotement puis de regarder un frais brouillard en ?maner. Ses attaquants s'arr?t?rent soudain, envelopp?s dans une pellicule de glace. Ils rest?rent sur place, gel?s, tels des blocs de glace. Thor tourna les paumes dans toutes les directions et, partout, les hommes gel?rent; on aurait dit que des blocs de glace venaient de tomber partout sur le champ de bataille. Thor se tourna vers ses fr?res d'armes et vit que plusieurs soldats ?taient sur le point de donner des coups mortels ? Reece, O’Connor, Elden et les jumeaux. Il leva une paume dans chaque direction et gela les attaquants, sauvant ainsi ses fr?res d'une mort imm?diate. Ils se retourn?rent et le regard?rent, les yeux d?bordants de soulagement et de gratitude. L'arm?e McCloud commen?a ? remarquer ce qui se passait et essaya d'?viter de s'approcher de Thor. Ils commenc?rent ? cr?er un p?rim?tre de s?curit? autour de lui, car tous les guerriers avaient peur de s'approcher trop pr?s quand ils voyaient des dizaines de leurs camarades geler sur place sur le champ de bataille. Cependant, on entendit alors un rugissement et un homme s'avan?a. Il faisait cinq fois la taille des autres, devait mesurer plus de quatre m?tres et portait une ?p?e plus grande que toutes celles que Thor avait jamais vu. Thor leva une paume pour le geler mais cela ne fonctionna pas contre cet homme. Il se contenta d'?carter l'?nergie comme si c'?tait un insecte contrariant et continua ? charger Thor. Thor commen?a ? se rendre compte que son pouvoir ?tait imparfait; il ?tait surpris et ne comprenait pas pourquoi il n'?tait pas assez fort pour arr?ter cet homme. Le g?ant atteint Thor en trois longs pas, ? une vitesse qui ?tonna Thor, puis le gifla et l'envoya promener. Thor frappa violemment le sol et, avant qu'il puisse se retourner, le g?ant ?tait sur lui et le soulevait des deux mains par dessus sa t?te. Il le lan?a et l'arm?e McCloud poussa un cri de triomphe quand Thor vola six bons m?tres en l'air avant d'atterrir et de faire de rudes cabrioles, jusqu'? ce qu'il finisse par s'arr?ter. Thor avait l'impression qu'on venait de lui briser toutes les c?tes. Thor leva les yeux, vit le g?ant se pr?cipiter sur lui et, cette fois-ci, il ne restait rien qu'il puisse faire. Son pouvoir, quel qu'il soit, ?tait ?puis?. Il ferma les yeux. S'il vous pla?t, mon Dieu, aidez-moi. Alors que le g?ant lui fon?ait dessus, Thor commen?a ? entendre un bourdonnement assourdi dans son esprit; il grandit sans cesse et, bient?t, devint un bourdonnement ext?rieur ? son esprit et contenu dans l'univers. Il eut une ?trange sensation qu'il n'avait jamais eue auparavant; il commen?a ? se sentir en phase avec le mat?riau m?me de l'air, le balancement des arbres, le mouvement des brins d'herbe. Il sentit un grand bourdonnement dans tous ces ?l?ments et, quand il leva la main, il eut l'impression de r?colter ce bourdonnement dans tous les coins de l'univers et de le soumettre ? sa volont?. Thor ouvrit les yeux, entendit un ?norme bourdonnement au-dessus de lui et, surpris, vit un immense essaim d'abeilles appara?tre dans le ciel. Elles arriv?rent de tous les coins et, quand il leva les mains, il sentit qu'il les dirigeait. Il ne savait pas comment il le faisait mais savait qu'il le faisait. Thor bougea les mains dans la direction du g?ant et, quand il le fit, on aurait dit qu'un essaim d'abeilles obscurcissait le ciel, plongeait et recouvrait compl?tement le g?ant. Le g?ant leva les mains et agita les bras, puis hurla. Elles l'envelopp?rent et le piqu?rent mille fois jusqu'? ce qu'il tombe ? genoux puis visage contre terre, mort. Le sol trembla sous l'impact de son corps. Ensuite, Thor dirigea sa main vers l'arm?e McCloud, qui, ? cheval, regardait fixement la sc?ne, choqu?e. Ils commenc?rent ? se retourner pour s'enfuir mais n'eurent pas le temps de r?agir. Thor dirigea la paume dans leur direction et l'essaim d'abeilles quitta le g?ant et commen?a ? attaquer les soldats. L'arm?e McCloud poussa un cri de peur et, comme un seul homme, les soldats se retourn?rent et s'enfuirent, piqu?s un nombre incalculable de fois par l'essaim. Bient?t, le champ de bataille se vida et ils disparurent aussi vite que possible. Certains d'entre eux ne purent pas s'enfuir ? temps et beaucoup de soldats tomb?rent, remplissant le champ de bataille de cadavres. Pendant que les survivants continuaient de galoper, l'essaim les poursuivit tout au travers du champ, au loin. Le grand son du bourdonnement se m?lait au tonnerre des sabots des chevaux et aux cris de peur des hommes. Thor ?tait stup?fait: en quelques minutes, le champ de bataille ?tait devenu vide et silencieux. Tout ce qui restait, c'?taient les g?missements des McCloud bless?s, amass?s en tas. Thor regarda autour de lui et vit ses amis, ?puis?s et essouffl?s; ils semblaient ?tre couverts de quantit?s de bleus et de blessures l?g?res, mais en bon ?tat. Mis ? part, bien s?r, les trois membres de la l?gion qu'il ne connaissait pas et qui gisaient l?, morts. On entendit un grand grondement ? l'horizon. Thor se tourna dans l'autre direction et vit l'arm?e du Roi charger par dessus la colline et foncer vers eux, men?e par Kendrick. Ils galop?rent vers eux et, en quelques moments, vinrent s'arr?ter devant Thor et ses amis, survivants solitaires de ce champ sanglant. Thor resta sur place, choqu?, le regard fixe. Kendrick, Kolk, Brom et les autres descendirent de cheval et march?rent lentement vers Thor. Ils ?taient accompagn?s par des dizaines de l'Argent, tous les grands guerriers de l'Arm?e du Roi. Ils virent que Thor et les autres ?taient seuls, victorieux, sur le champ de bataille sanglant cribl? des cadavres de centaines de McCloud. Thor vit leurs expressions d'?merveillement, de respect, de stupeur m?l?e d'admiration. Il les voyait dans leurs yeux. C'?tait ce qu'il avait voulu toute sa vie. Il ?tait un h?ros. CHAPITRE NEUF Erec galopait sur son cheval, fon?ant sur la Voie du Sud, chargeant plus vite que jamais, faisant de son mieux pour ?viter les trous de la route dans l'obscurit? de la nuit. Il n'avait pas arr?t? de chevaucher depuis qu'il avait appris que Alistair avait ?t? enlev?e, vendue comme esclave et emmen?e ? Baluster. Il ne pouvait arr?ter de se r?primander. Il avait ?t? idiot et na?f de faire confiance ? cet aubergiste, de supposer qu'il tiendrait sa promesse, respecterait sa part du march? et lui confierait Alistair apr?s qu'il aurait gagn? le tournoi. La parole d'Erec ?tait son honneur, et il supposait que celles des autres ?tait sacr?e, elle aussi. C'?tait une erreur stupide et Alistair en avait pay? le prix. Erec avait le c?ur bris? en pensant ? elle et il ?peronna son cheval plus fort. Une dame aussi belle et raffin?e, qui avait d'abord subi l'indignation de travailler pour cet aubergiste, puis, ensuite, avait ?t? vendue comme esclave, et qui plus est comme esclave sexuelle. L'id?e le rendait furieux et il ne pouvait s'emp?cher de se dire qu'il ?tait d'une fa?on ou d'une autre responsable de cette situation: s'il n'?tait jamais apparu dans sa vie, n'avait jamais propos? de l'emmener, peut-?tre l'aubergiste n'aurait-il jamais envisag? une telle chose. Erec chargea toute la nuit, les oreilles constamment remplies du son des sabots de son cheval, ainsi que de sa respiration. Le cheval ?tait compl?tement ?puis? et Erec craignait qu'il s'effondre. Erec ?tait all? directement chez l'aubergiste apr?s le tournoi, ne s'?tait pas arr?t? pour se reposer, et il ?tait tellement ?puis? qu'il avait l'impression qu'il pourrait simplement s'effondrer et tomber de son cheval. Cependant, il se for?a ? garder les yeux ouverts et ? rester ?veill? pendant qu'il chevauchait sous les derniers vestiges de la pleine lune, plein sud vers Baluster. Erec avait entendu parler de Baluster tout au long de sa vie, bien que ce soit un endroit o? il ne s'?tait jamais rendu; selon les rumeurs, cette ville avait la r?putation d'?tre un lieu de jeux d'argent, d'opium, de sexe, de tous les vices imaginables dans le royaume. C'?tait l'endroit o? les insatisfaits, venus des quatre coins de l'Anneau, s'agglutinaient pour exploiter chaque sorte d'activit? sordide connue par les hommes. Cet endroit ?tait le contraire de ce qu'Erec ?tait. Il ne jouait jamais d'argent et buvait rarement, car il pr?f?rait passer son temps libre ? s'entra?ner, ? perfectionner ses comp?tences. Il ne comprenait pas le type de personne qui s'adonnait ? l'oisivet? et aux bacchanales, comme le faisaient ceux qui fr?quentaient Baluster. Aller dans cette ville pr?sageait mal pour lui. Rien de bon ne pourrait en venir. La seule pens?e qu'Alistair se trouve dans un tel endroit lui fendait le c?ur. Il savait qu'il fallait qu'il la sauve vite et l'emm?ne loin d'ici avant que des dommages ne surviennent. Quand la lune se coucha dans le ciel, que la route s'?largit et devint mieux fr?quent?e, Erec eut un premier aper?u de la cit?: le nombre infini de torches qui en ?clairaient les murs donnait ? la cit? l'apparence d'un feu de joie nocturne. Erec ne fut pas surpris: on disait que ses habitants ?taient debout ? toute heure de la nuit. Erec chevaucha plus vite et la cit? se rapprocha. Finalement, il passa par dessus un petit pont en bois, avec des torches des deux c?t?s et une sentinelle qui somnolait ? sa base et se leva d'un bond quand Erec passa en coup de vent. “H? !” lui cria le garde. Cependant, Erec ne ralentit m?me pas. Si l'homme avait assez de courage pour le poursuivre (chose dont Erec doutait beaucoup), alors, Erec s'assurerait que ce soit la derni?re chose qu'il fasse. Erec chargea par la grande entr?e ouverte de cette cit? qui ?tait dispos?e en carr?, entour?e d'anciens murs de pierre bas. Quand il entra, il fon?a dans les rues ?troites, tr?s lumineuses, toutes bord?es de torches. Les b?timents ?taient adjacents, ce qui donnait ? la cit? une impression d'?troitesse, d'oppression. Les rues ?taient absolument bond?es. Presque tous les gens avaient l'air ivres, tr?buchaient ?? et l?, criaient fort, se bousculaient les uns les autres. C'?tait comme une immense f?te et un ?tablissement sur deux ?tait une taverne ou une maison de jeux. Erec savait que c'?tait le bon endroit. Il sentait qu'Alistair ?tait ici, quelque part. Il d?glutit avec anxi?t?, esp?rant qu'il n'?tait pas trop tard. Il chevaucha jusqu'? ce qui semblait ?tre une taverne particuli?rement grande du centre-ville. Des quantit?s de gens fourmillaient ? l'ext?rieur et Erec se dit que ce serait un bon endroit pour commencer sa recherche. Erec descendit de cheval et se pr?cipita ? l'int?rieur. Il se fraya un chemin dans la foule bruyante et ivre ? coups de coude et arriva ? l'aubergiste, qui se tenait ? l'arri?re, au milieu de la pi?ce, notait le nom des gens, encaissait leur argent et leur montrait o? se trouvaient les chambres. C'?tait un gars d'apparence mielleuse qui affichait un sourire hypocrite, suait et se frottait les mains en comptant les pi?ces de ses clients. Il leva les yeux vers Erec, un sourire artificiel au visage. “Une chambre, monsieur ?” demanda-t-il. “Ou est-ce des femmes que vous voulez ?” Erec secoua la t?te et se rapprocha de l'homme pour ?tre entendu en d?pit du vacarme. “Je recherche un marchand”, dit Erec. “Un marchand d'esclaves. Il est arriv? de Savaria il y a seulement un jour un deux. Il a apport? de pr?cieuses marchandises. Des marchandises humaines.” L'homme se pourl?cha les babines. “Les informations que vous recherchez sont pr?cieuses”, dit l'homme. “Je peux les fournir aussi facilement qu'une chambre.” L'homme tendit la main, frotta les doigts les uns contre les autres et ouvrit la main. Il leva les yeux vers Erec et sourit, la l?vre sup?rieure en sueur. Erec ?tait d?go?t? par cet homme, mais il voulait des informations et ne voulait pas perdre de temps. Par cons?quent, il plongea la main dans sa bourse et d?posa une grande pi?ce d'or dans la main de l'homme. L'homme ?carquilla les yeux en l'examinant. “L'or du Roi”, observa-t-il, impressionn?. Il regarda Erec de la t?te aux pieds avec un air de respect et d'?merveillement. “Donc, vous venez directement de la Cour du Roi ?” demanda-t-il. “Assez”, dit Erec. “C'est moi qui pose les questions. Je t'ai pay?. Maintenant, dis-moi: o? est le marchand ?” L'homme se l?cha les l?vres plusieurs fois puis se pencha vers Erec. “L'homme que vous recherchez s'appelle Erbot. Il passe une fois par semaine avec une nouvelle cargaison de prostitu?es. Il les vend aux ench?res au plus offrant. Vous le trouverez probablement dans son repaire. Suivez cette rue jusqu'au bout et vous y trouverez son ?tablissement. Cependant, si la fille que vous cherchez a une valeur quelconque, elle sera probablement d?j? partie. Ses prostitu?es ne durent pas longtemps.” Erec se retourna pour s'en aller mais sentit une main chaude et moite lui saisir le poignet. Il se retourna, surpris de voir l'aubergiste l'attraper. “Si c'est des prostitu?es que vous cherchez, pourquoi ne pas essayer une des miennes? Elles sont aussi bonnes que les siennes et co?tent deux fois moins.” Erec regarda l'homme avec m?pris, d?go?t?. S'il avait eu plus de temps, il l'aurait probablement tu?, rien que pour d?barrasser le monde d'un tel homme, mais il le jaugea et d?cida qu'il n'en valait pas la peine. Erec se d?barrassa de sa main puis se rapprocha de lui. “Touche-moi une fois de plus”, avertit-il, “et tu le regretteras. Maintenant, recule de deux pas avant que je trouve un jolie cible pour cette rapi?re que j'ai en main.” L'aubergiste baissa les yeux, ?carquilla les yeux, terrifi?, et recula de plusieurs pas. Erec se retourna et quitta brusquement la salle en poussant et en bousculant les clients hors de son chemin. Il passa brusquement les doubles portes et se retrouva ? l'ext?rieur. Jamais un ?tre humain ne l'avait autant d?go?t?. Erec remonta sur son cheval, qui caracolait et s'?brouait ? cause de quelques passants ivres qui le regardaient, sans doute, se dit Erec, pour essayer de le voler. Il se demanda s'ils auraient effectivement essay? de le faire s'il n'?tait pas revenu, et il pensa qu'il faudrait qu'il attache mieux son cheval au prochain endroit o? il irait. Le vice de cette ville l'?tonnait. Pourtant, son cheval, Warkfin, ?tait un cheval de guerre endurci et, si quelqu'un essayait de le voler, il pi?tinerait le voleur ? mort. Erec ?peronna Warkfin et ils fonc?rent dans la rue ?troite. Erec faisait de son mieux pour ?viter la foule. Il ?tait tard dans la nuit, et pourtant, les rues avaient l'air de plus en plus bond?es, pleines de gens de toutes races qui se m?langeaient les uns aux autres. Plusieurs clients ivres lui cri?rent dessus quand il passa trop vite ? c?t? d'eux, mais il n'en avait que faire. Il sentait qu'Alistair ?tait proche et ne reculerait devant rien pour la r?cup?rer. La rue aboutit ? un mur de pierre et le dernier b?timent ? droite ?tait une taverne pench?e, avec des murs d'argile blancs et un toit de chaume, qui semblait avoir connu de plus beaux jours. Vu l'apparence des gens qui entraient et sortaient, Erec sentit que c'?tait le bon endroit. Erec descendit de cheval, attacha solidement son cheval ? un poteau et entra brusquement. Quand il le fit, il s'arr?ta sur place, surpris. L'endroit ?tait faiblement ?clair?. C'?tait une grande pi?ce avec quelques torches vacillantes aux murs. Dans un coin, ? l'autre bout, un feu mourait dans la chemin?e. Partout, il y avait des tapis sur lesquels des dizaines de femmes ?taient allong?es, l?g?rement v?tues, attach?es par des cordes ?paisses les unes aux autres et aux murs. Elles avaient toutes l'air d'?tre drogu?es: Erec sentit l'opium dans l'air et vit qu'on faisait passer une pipe. Quelques hommes bien habill?s traversaient la salle en donnant ?? et l? un coup de pied aux femmes, comme s'ils testaient la marchandise pour d?cider laquelle ils voulaient acheter. A l'autre bout de la pi?ce, un homme seul ?tait assis sur une petite chaise de velours rouge. Il portait une robe de soie. Il y avait des femmes encha?n?es ? sa gauche et ? sa droite. Debout derri?re lui se trouvaient d'immenses hommes muscl?s, le visage tout balafr?, plus grands et plus larges que Erec lui-m?me. On aurait dit qu'ils avaient tr?s envie de tuer quelqu'un. Erec observa la sc?ne et comprit exactement ce qui se passait: c'?tait une maison de passe, ces femmes ?taient ? louer et l'homme qui ?tait assis dans le coin ?tait le baron, l'homme qui avait enlev? Alistair et qui avait probablement aussi enlev? toutes ces femmes. Erec se rendit compte qu'Alistair pouvait se trouver dans cette pi?ce ? l'instant m?me. Il passa brusquement ? l'action, se rua fr?n?tiquement dans les rang?es de femmes et regarda le visage de chacune d'entre elles. Il y avait plusieurs dizaines de femmes dans cette pi?ce. Certaines ?taient inconscientes et la pi?ce ?tait tellement sombre qu'il ?tait difficile de les identifier rapidement. Il regarda visage apr?s visage, passa de rang?e en rang?e quand, soudain, une grande main le frappa ? la poitrine. “T'as pay? ?” demanda une voix bourrue. Erec leva les yeux et vit un homme immense qui se tenait au-dessus de lui en le regardant d'un air renfrogn?. “Tu veux regarder les femmes, tu paies”, tonitrua l'homme de sa voix grave. “C'est la r?gle.” Erec regarda l'homme avec m?pris. Il sentit la haine na?tre en lui et, en moins d'un clin d’?il, il leva le bras et le frappa du revers de la paume, droit ? l'?sophage. L'homme eut le souffle coup?, les yeux ?carquill?s, puis tomba ? genoux en se saisissant la gorge. Erec leva le bras et lui envoya un coup de coude aux tempes. L'homme tomba ? plat sur le visage. Erec parcourut rapidement les rang?es, chercha d?sesp?r?ment Alistair mais elle n'?tait visible nulle part. Elle n'?tait pas ici. Le c?ur d'Erec battait la chamade. Il se pr?cipita ? l'autre bout de la pi?ce, vers l'homme plus ?g? qui ?tait assis dans le coin et surveillait tout. “As-tu trouv? quelque chose ? ton go?t ?” demanda l'homme. “Une chose sur laquelle tu veux faire une offre ?” “Je recherche une femme”, commen?a Erec d'un ton glacial en essayant de rester calme, “et je ne le dirai qu'une fois. Elle est grande, a les cheveux longs et blonds et les yeux verts-bleus. Elle s'appelle Alistair. Elle a ?t? enlev?e ? Savaria il y a seulement un jour ou deux. On m'a dit qu'on l'avait emmen?e ici. Est-ce vrai ?” L'homme secoua lentement la t?te en souriant. “J'ai bien peur que le bien que tu recherches ait d?j? ?t? vendu”, dit l'homme. “Un beau sp?cimen, cela dit. Tu as vraiment bon go?t. Choisis-en une autre et je te ferai une ristourne.” Erec lui lan?a un regard noir, sentant monter en lui une rage qui d?passait tout ce qu'il avait jamais ressenti. “Qui l'a emmen?e ?” grogna Erec. L'homme sourit. “Eh bien, tu as l'air obs?d? par cette esclave-l?.” “Ce n'est pas une esclave”, grogna Erec. “C'est mon ?pouse.” L'homme le regarda, ?tonn?, puis, soudain, il pencha la t?te en arri?re et ?clata de rire. “Ton ?pouse ! Elle est bien bonne, celle-l?. Plus maintenant, mon ami. Maintenant, elle est le jouet de quelqu'un d'autre.” A ce moment, le visage de l'aubergiste s'assombrit. Il regarda Erec d'un air mauvais et renfrogn?, fit un geste ? ses hommes de main et ajouta: “Maintenant, d?barrassez-moi de cette ordure.” Les deux hommes muscl?s s'avanc?rent et, avec une vitesse qui surprit Erec, se jet?rent sur lui tous les deux en m?me temps, tendant les bras pour l'attraper par la poitrine. Cependant, ils ne savaient pas qui ils attaquaient. Erec ?tait plus rapide qu'eux deux. Il fit un pas de c?t? pour les ?viter, saisit le poignet de l'un d'entre eux et le plia en arri?re jusqu'? ce que l'homme tombe ? plat sur le dos. En m?me temps, il donna aussi ? l'autre un coup de coude dans la gorge. Erec s'avan?a et ?crasa la trach?e de l'homme ? terre, ce qui lui fit perdre conscience, puis se pencha en avant et donna un coup de t?te ? l'autre, qui se tenait la gorge, et l’assomma, lui aussi. Les deux hommes ?taient allong?s par terre, inconscients, et Erec les enjamba pour se diriger vers l'aubergiste, qui tremblait maintenant dans sa chaise, les yeux ?carquill?s de peur. Erec tendit la main, saisit l'homme par les cheveux, lui tira violemment la t?te en arri?re et mit un poignard contre la gorge de l'homme. “Dis-moi o? elle est et je te laisserai peut-?tre en vie”, grogna Erec. L'homme bafouilla. “Je vais te le dire mais tu perds ton temps,” r?pondit-il. “Je l'ai vendue ? un seigneur. Il a sa propre troupe de chevaliers et habite dans son propre ch?teau. C'est un homme tr?s puissant. Personne ne s'est jamais introduit de force dans son ch?teau. Et en plus de ?a, il a une arm?e enti?re en r?serve. C'est un homme tr?s riche. Il a une arm?e de mercenaires qui fait tout ce qu'il ordonne n'importe quand. Il garde toutes les filles qu'il ach?te. Jamais tu ne pourras la lib?rer. Par cons?quent, repars d'o? tu viens. Elle a disparu.” Erec rapprocha la lame de la gorge de l'homme jusqu'? ce que le sang commence ? couler. L'homme poussa un cri. “O? est ce seigneur ?” grogna Erec en perdant patience. “Son ch?teau est ? l'ouest de la ville. Prends la porte Ouest de la cit? et va jusqu'au bout de la route. Tu verras son ch?teau. Cependant, c'est une perte de temps. Il a pay? cher pour elle, plus que ce qu'elle valait.” Erec en avait assez. Sans attendre, il trancha la gorge ? ce prox?n?te et le tua. Le sang coula partout quand l'homme s'effondra sur son si?ge, mort. Erec baissa les yeux vers le cadavre, vers les hommes de main inconscients, et se sentit d?go?t? par l'endroit tout entier. Il n'arrivait pas ? croire qu'il puisse exister. Erec parcourut la pi?ce et commen?a ? couper les cordes ?paisses qui reliaient toutes les femmes, les lib?rant une ? la fois. Plusieurs se lev?rent d'un bond et coururent vers la porte. Bient?t, toute la pi?ce fut lib?r?e et elles se ru?rent toutes vers la porte. Certaines ?taient trop drogu?es pour bouger et d'autres les aid?rent. “Qui que tu sois”, dit une femme ? Erec en s'arr?tant ? la porte, “sois b?ni. Et o? que tu ailles, puisse Dieu te venir en aide.” Erec appr?cia la gratitude et la b?n?diction. Avec un sentiment de d?sespoir, il se dit que, l? o? il allait, il en aurait besoin. CHAPITRE DIX L'aube se leva et la lumi?re entra par les petites fen?tres de la maison d'Illepra, ?claira les yeux ferm?s de Gwendolyn et la r?veilla lentement. Le premier soleil, orange doux, la caressa et la r?veilla dans le proche silence de l'aube. Elle cligna des yeux plusieurs fois, d'abord d?sorient?e, en se demandant o? elle ?tait, puis se souvint. Godfrey. Gwen s'?tait endormie dans la maison, par terre, sur un lit de paille pr?s du chevet de son fr?re. Illepra dormait juste ? c?t? de Godfrey et cela avait ?t? une longue nuit pour tous les trois. Godfrey avait g?mi tout au long de la nuit, s'?tait retourn? dans tous les sens et Illepra l'avait soign? sans arr?t. Gwen avait ?t? l? pour aider de toutes les fa?ons qu'elle avait pu. Elle avait emmen? des chiffons humides, les avait essor?s et plac?s sur le front de Godfrey. Elle avait tendu ? Illepra les plantes aromatiques et les baumes qu'elle n'avait cess? de demander. La nuit avait eu l'air sans fin; ? de nombreuses reprises, Godfrey avait cri? et elle avait ?t? s?re qu'il mourait. Plus d'une fois, il avait appel? leur p?re et ?a avait fait frissonner Gwen. Elle sentait la pr?sence de son p?re, qui planait fortement au-dessus d'eux. Elle ne savait pas si son p?re voulait que son fils vive ou meure, car leur relation avait toujours ?t? pleine de tension. Gwen avait aussi dormi dans la maison parce qu'elle ne savait pas o? aller autrement. Elle ne se serait pas sentie en s?curit? si elle ?tait revenue au ch?teau, sous le m?me toit que son fr?re; elle se sentait en s?curit? ici, prise en charge par Illepra, avec Akorth et Fulton qui montaient la garde de l'autre c?t? de la porte. Elle sentait que personne ne savait o? elle ?tait et elle voulait que ?a continue. De plus, ces quelques derniers jours, elle s'?tait rapproch?e de Godfrey, avait d?couvert le fr?re qu'elle n'avait jamais connu et souffrait ? l'id?e de le voir mourir. Gwen se leva avec difficult?, se pr?cipita au c?t? de Godfrey, son c?ur battant la chamade, en se demandant s'il ?tait encore en vie. Une partie d'elle-m?me sentait que, s'il se r?veillait ce matin, il survivrait, et que s'il ne se r?veillait pas, ce serait termin?. Illepra se r?veilla et se pr?cipita vers Godfrey, elle aussi. Elle avait d? s'endormir ? un moment de la nuit; Gwen ne pouvait gu?re lui en vouloir. Elles rest?rent toutes les deux agenouill?es ? c?t? de Godfrey pendant que la petite maison se remplissait de lumi?re. Gwen pla?a une main sur son poignet et le secoua. Illepra leva le bras et lui pla?a une main sur le front. Elle ferma les yeux, respira et, soudain, Godfrey ouvrit grand les yeux. Illepra retira sa main, surprise. Gwen ?tait surprise, elle aussi. Elle ne s'attendait pas ? voir Godfrey ouvrir les yeux. Il se tourna et la fixa du regard. “Godfrey ?” demanda-t-elle. Il plissa les yeux, les ferma puis les rouvrit; puis, ? la grande surprise de sa s?ur, il se dressa lui-m?me sur un coude et les regarda. “Quelle heure est-il ?” demanda-t-il. “O? suis-je ?” Sa voix avait l'air alerte, saine et Gwen ne s'?tait jamais sentie aussi soulag?e. Elle fit un immense sourire en m?me temps qu'Illepra. Gwen bondit en avant et le prit dans ses bras, le serra fort contre elle puis se retira. “Tu es en vie !” s'exclama-t-elle. “Bien s?r”, dit-il. “Pourquoi ne le serais-je pas? Qui est cette dame ?” demanda-t-il en se tournant vers Illepra. “La dame qui t'a sauv? la vie”, r?pondit Gwen. “Sauv? la vie ?” Illepra baissa les yeux vers le sol. “Je n'ai fait qu'aider un petit peu”, dit-elle humblement. “Que m'est-il arriv? ?” demanda-t-il ? Gwen, fr?n?tique. “Tout ce dont je me souviens, c'est que je buvais ? la taverne, puis …” “Vous avez ?t? empoisonn?”, dit Illepra. “Par un poison tr?s rare et tr?s fort. Cela faisait des ann?es que je ne l'avais pas vu. Vous avez de la chance d'?tre en vie. En fait, vous ?tes le seul que j'aie jamais vu survivre ? ce poison. Quelqu'un a d? veiller sur vous.” En entendant ses paroles, Gwen sut qu'elle avait raison et pensa imm?diatement ? son p?re. Le soleil rentrait en stries par les fen?tres et elle sentait que son p?re ?tait avec eux. Il avait voulu que Godfrey vive. “?a t'apprendra”, dit Gwen avec un sourire. “Tu avais promis de renoncer ? la bi?re. Or, regarde ce qui t'est arriv?.” Il se tourna vers elle et lui sourit; elle vit la vie revenir dans ses joues et se sentit inond?e de soulagement. Godfrey ?tait de retour. “Tu m'as sauv? la vie”, lui dit-il s?rieusement. Il se tourna vers Illepra. “Vous m'avez toutes les deux sauv? la vie”, ajouta-t-il. “Je ne sais pas comment je pourrai jamais vous remercier.” Quand il regarda Illepra, Gwen remarqua quelque chose. Dans son regard, il y avait plus que de la gratitude. Elle se tourna, regarda Illepra, remarqua qu'elle rougissait en regardant par terre et se rendit compte qu'ils s'appr?ciaient l'un l'autre. Illepra se d?tourna rapidement et traversa la pi?ce, leur tournant le dos, s'occupant de la pr?paration d'une potion. Godfrey se retourna vers Gwen. “Gareth ?” demanda-t-il, soudain grave. Gwen lui r?pondit d'un hochement de t?te en comprenant ce qu'il demandait. “Tu as de la chance de ne pas ?tre mort”, dit-elle. “Firth l'est, lui.” “Firth ?” r?pondit Godfrey en haussant la voix, surpris. “Mort? Mais comment ?” “Il l'a fait pendre”, dit-elle. “Tu ?tais suppos? ?tre le prochain sur la liste.” “Et toi ?” demanda Godfrey. Gwen haussa les ?paules. “Il pr?voit de me donner en mariage. Il m'a vendue aux Nevaruns. Apparemment, ils vont venir me chercher.” Godfrey se redressa, indign?. “Jamais je ne le permettrai !” s'exclama-t-il. “Moi non plus”, r?pondit-elle. “Je trouverai un moyen.” “Mais sans Firth, nous n'avons aucune preuve”, dit-il. “Nous n'avons aucun moyen de le renverser. Gareth sera libre.” “Nous trouverons un moyen”, r?pondit-elle. “Nous trouverons – ” Soudain, la porte s'ouvrit, la maison se remplit de lumi?re et Akorth et Fulton rentr?rent. “Milady – ” commen?a Akorth, puis se tourna quand il vit Godfrey. “Fils de pute !” cria Akorth ? Godfrey, ravi. “Je le savais! Tu as bern? ? peu pr?s tout le monde dans ta vie: je savais que tu bernerais aussi la mort !” “Je savais bien qu'une chope de bi?re ne pourrait jamais te tuer !” ajouta Fulton. Akorth et Fulton accoururent, Godfrey se leva du lit d'un bond et ils se serr?rent tous les uns contre les autres. Ensuite, Akorth se tourna vers Gwen, s?rieux. “Milady, je suis d?sol? de vous d?ranger mais nous avons rep?r? un contingent de soldats ? l'horizon. Ils se pr?cipitent vers nous ? l'instant m?me.” Gwen le regarda avec inqui?tude puis courut dehors, suivie par tous les autres. Elle baissa la t?te puis plissa les yeux dans la forte lumi?re du soleil. Le groupe se tint dehors. Gwen regarda l'horizon et vit un petit groupe de l'Argent se diriger vers la maison. Une demi-douzaine hommes chargeait ? toute vitesse et il n'y avait pas le moindre doute qu'ils se dirigeaient vers eux. Godfrey baissa le bras pour tirer son ?p?e mais Gwen lui posa une main rassurante sur le poignet. “Ce ne sont pas les hommes de Gareth, mais ceux de Kendrick. Je suis s?re qu'ils viennent en paix.” Les soldats les rejoignirent et, sans s'arr?ter, descendirent de cheval et s'agenouill?rent devant Gwendolyn. “Milady”, dit le soldat de t?te. “Nous vous apportons de grandes nouvelles. Nous avons repouss? les McCloud! Votre fr?re Kendrick est en s?curit? et il m'a demand? de vous envoyer un message: Thor va bien.” Quand elle entendit les nouvelles, Gwen ?clata en sanglots, submerg?e de gratitude et de soulagement. Elle s'avan?a et serra Godfrey contre elle. Godfrey la serra lui aussi. Elle avait l'impression qu'on venait de lui rendre la vie. “Ils reviendront tous aujourd'hui”, poursuivit le messager, “et il y aura une grande c?l?bration ? la Cour du Roi !” “De grandes nouvelles, en v?rit? !” s'exclama Gwen. “Milady”, dit une autre voix grave, et Gwen vit un seigneur, guerrier renomm?, Srog, qui portait le rouge distinctif de l'ouest. C'?tait un homme qu'elle connaissait depuis sa jeunesse. Il avait ?t? proche de son p?re. Il ?tait agenouill? devant elle et elle eut honte. “S'il vous pla?t, monsieur”, dit-elle, “ne vous agenouillez pas devant moi.” C'?tait un homme c?l?bre, un puissant seigneur qui avait des milliers de soldats sous ses ordres et qui gouvernait sa propre cit?, Silesia, la forteresse de l'Ouest, une cit? hors du commun, b?tie ? l'int?rieur d'une falaise au bord du Canyon. Cette cit? ?tait presque imp?n?trable et Srog ?tait un des rares hommes en lesquels son p?re avait eu confiance. “Je suis venu ici avec ces hommes parce que j'entends dire que de grands changements se pr?parent ? la Cour du Roi”, dit-il d'un air entendu. “Le tr?ne est instable. Il faut nommer un nouveau souverain, un vrai souverain avec de l'autorit?, ? la place du roi actuel. J'ai entendu dire que votre p?re d?sirait que vous soyez reine. Votre p?re ?tait comme un fr?re pour moi et sa parole est la mienne. Si tel est son souhait, alors, c'est aussi le mien. Je suis venu vous dire que, si vous montez sur le tr?ne, alors, mes hommes vous feront all?geance. Je vous conseillerais d'agir vite. Les ?v?nements d'aujourd'hui ont prouv? que la Cour du Roi a besoin d'un nouveau souverain.” Gwen resta sur place, d?sempar?e, sans savoir comment r?agir. Elle se sentait profond?ment ?mue, et fi?re, mais elle se sentait aussi accabl?e, d?pass?e. “Je vous remercie, monsieur”, dit-elle. “Je suis reconnaissante pour vos paroles et pour votre offre. Je vais s?rieusement y r?fl?chir. Pour l'instant, je souhaite seulement accueillir mon fr?re et Thor.” Srog baissa la t?te et un cor sonna ? l'horizon. Gwen leva les yeux et aper?ut d?j? un nuage de poussi?re: une grande arm?e arrivait. Elle leva une main pour bloquer le soleil et eut chaud au c?ur. M?me d'ici, elle sentait qui c'?tait. C'?tait l'Argent, les hommes du Roi. Et Thor chevauchait ? leur t?te. CHAPITRE ONZE Thor chevauchait avec l'arm?e. Des milliers de soldats rentraient ensemble ? la Cour du Roi et il se sentait victorieux. Il avait encore peine ? comprendre ce qui s'?tait pass?. Il ?tait fier de ce qu'il avait fait, fier de ne pas avoir c?d? ? la peur, d'?tre rest? affronter ces guerriers quand la bataille avait l'air d'?tre perdue. Et il ?tait choqu? d'avoir surv?cu d'une fa?on ou d'une autre. Toute la bataille avait eu l'air surr?aliste et il ?tait extr?mement heureux d'avoir pu invoquer ses pouvoirs. Cela dit, il ?tait aussi confus, puisque ses pouvoirs ne fonctionnaient pas toujours. Il ne les comprenait pas et, pire encore, il ne savait pas d'o? ils venaient ou comment les invoquer. Cela lui apprenait plus que jamais qu'il fallait qu'il apprenne aussi ? se fier ? ses comp?tences humaines, ? ?tre le meilleur combattant, le meilleur guerrier qu'il puisse ?tre. Il commen?ait ? comprendre que, pour ?tre le meilleur guerrier qu'il puisse ?tre, il avait besoin des deux versants de lui-m?me, du combattant et du sorcier, si c'?tait bien ce qu'il ?tait. Ils chevauch?rent toute la nuit pour revenir ? la Cour du Roi et Thor ?tait maintenant plus qu'?puis?, mais aussi euphorique. Le premier soleil se levait ? l'horizon, la grande ?tendue du ciel s'ouvrait devant lui en nuances de jaune et de rose et il avait l'impression de voir le monde pour la premi?re fois. Il ne s'?tait jamais senti aussi en vie. Il ?tait entour? de ses amis, Reece, O’Connor, Elden et les jumeaux, de Kendrick, Kolk, et Brom et de centaines de membres de la L?gion, de l'Argent et de l'arm?e du Roi. Cependant, au lieu d'?tre ? la p?riph?rie de tout cela, maintenant, il chevauchait au centre et ils l'accueillaient tous comme un des leurs. En effet, ils le regardaient tous diff?remment depuis la bataille. Maintenant, il ne voyait plus seulement de l'admiration dans les yeux de ses compagnons de la L?gion, mais aussi dans les yeux des vrais guerriers endurcis. Il avait affront? toute l'arm?e McCloud tout seul et invers? le cours de la guerre. Thor ?tait simplement heureux de n'avoir laiss? tomber aucun de ses fr?res de la L?gion. Il ?tait heureux que ses amis en aient r?chapp? sans v?ritables blessures, et il ressentait du regret pour ceux qui ?taient morts dans la bataille. Il ne les connaissait pas mais il aurait voulu pouvoir les sauver, eux aussi. Cela avait ?t? une bataille sanglante et f?roce et, ? l'instant m?me, alors que Thor chevauchait, quand il clignait des yeux, il voyait dans sa t?te des images du combat, des diff?rentes armes et guerriers qui s'?taient attaqu?s ? lui. Les McCloud ?taient f?roces et il avait eu de la chance. Qui savait s'il en aurait autant s'ils se rencontraient ? nouveau. Qui savait s'il serait ? nouveau capable d'invoquer ces pouvoirs. Il ne savait pas s'ils reviendraient un jour. Il avait besoin de r?ponses et il avait besoin de trouver sa m?re. Il avait besoin de savoir qui il ?tait vraiment. Il avait besoin de trouver Argon. Krohn g?mit derri?re lui. Thor se pencha en arri?re et lui caressa la t?te pendant que Krohn lui l?chait la main. Thor ?tait soulag? que Krohn aille bien. Thor l'avait emport? du champ de bataille et l'avait attach? derri?re lui, ? l'arri?re de son cheval; Krohn avait l'air capable de marcher mais Thor voulait qu'il se repose et r?cup?re pour le long voyage de retour. C'?tait un coup violent qu'avait re?u Krohn et il semblait ? Thor qu'il avait peut-?tre une c?te cass?e. Thor ne pouvait pas vraiment exprimer sa gratitude ? Krohn qui, pour lui, ?tait plus un fr?re qu'un animal et lui avait sauv? la vie plus d'une fois. Quand ils pass?rent par dessus une colline et que la vue du royaume s'?tendit devant eux, ils aper?urent la cit? tentaculaire et glorieuse de la Cour du Roi, avec des dizaines de tours et de fl?ches, avec ses anciens murs de pierre et son pont-levis massif, avec ses portes cintr?es, ses centaines de soldats qui montaient la garde sur les parapets et sur la route, entour?e de terres agricoles vallonn?es et, bien s?r, avec le Ch?teau du Roi au centre. Thor pensa imm?diatement ? Gwen. Elle l'avait soutenu au cours de cette bataille; elle lui avait donn? lui une raison et un but de vie. En se souvenant qu'on lui avait tendu un pi?ge l?-bas, qu'on lui avait tendu une embuscade, soudain, Thor craignit aussi pour le destin de Gwendolyn. Il esp?ra qu'elle allait bien, que les forces, quelles qu'elles soient, qui avaient organis? sa trahison l'avaient laiss?e indemne. Thor entendit des acclamations lointaines, vit quelque chose briller dans la lumi?re et, alors qu'il plissait les yeux au sommet de la colline, il se rendit compte qu'une grande foule se formait ? l'horizon, devant la Cour du Roi, et bordait la route en agitant des drapeaux. Les gens arrivaient en grand nombre pour les accueillir. Quelqu'un sonna du cor et Thor se rendit compte qu'on ?tait en train de les accueillir chez eux. Pour la premi?re fois de sa vie, il n'eut pas l'impression d'?tre un marginal. “Ces cors r?sonnent pour toi”, dit Reece, qui chevauchait ? c?t? de lui et lui tapota le dos en le regardant avec un nouveau respect. “Tu es le champion de cette bataille. Tu es le h?ros du peuple, maintenant.” “Imagine qu'un seul d'entre nous, un simple membre de la L?gion, a mis toute l'Arm?e McCloud en d?route”, ajouta O’Connor avec fiert?. “Tu fais grand honneur ? toute la L?gion”, dit Elden. “Maintenant, ils devront tous nous prendre beaucoup plus au s?rieux.” “Sans oublier que tu nous as tous sauv? la vie”, ajouta Conval. Thor haussa les ?paules, plein de fiert?, mais refusant aussi que tout ?a lui monte ? la t?te. Il savait qu'il ?tait humain, fragile, vuln?rable comme n'importe lequel d'entre eux, et que la bataille aurait pu se finir par une victoire des McCloud. “J'ai seulement fait ce qu'on m'a appris ? faire”, r?pondit Thor. “Ce qu'on nous a tous appris ? faire. Je ne vaux pas plus que n'importe qui d'autre. J'ai seulement eu de la chance aujourd'hui.” “Je dirais que c'?tait plus que de la chance”, r?pondit Reece. Ils continu?rent tous ? petit trot sur la route principale qui menait ? la Cour du Roi et, alors qu'ils le faisaient, la route commen?a ? se remplir de gens qui venaient en masse de la campagne en les acclamant et en agitant les banni?res bleu royal et jaunes des MacGil. Thor se rendit compte que cet accueil ?tait en train de se transformer en v?ritable parade. Toute la cour ?tait sortie pour leur faire la f?te et il voyait le soulagement et la joie sur leurs visages. Il comprenait pourquoi: si l'arm?e McCloud s'?tait encore rapproch?e, ils auraient pu d?truire tout ?a. Thor chevaucha avec les autres dans la foule, passa le pont-levis en bois, les sabots de leurs chevaux r?sonnant sur le bois. Ils pass?rent la porte cintr?e en pierre, par le passage souterrain, o? le ciel s'assombrit, puis ressortirent de l'autre c?t?, dans la Cour du Roi, o? les masses les acclam?rent. Ils agitaient des drapeaux et lan?aient des friandises, et un orchestre de musiciens se mit ? jouer ? coups de cymbales et de tambours pendant que les gens se mettaient ? danser dans les rues. Comme la foule devenait trop dense pour continuer d'avancer ? cheval, Thor descendit avec les autres, tendit le bras et aida Krohn ? descendre de cheval. Il le regarda avec attention boiter puis marcher; il avait l'air capable de marcher, ? pr?sent, et Thor se sentit soulag?. Krohn se retourna et lui l?cha la main plusieurs fois. Leur groupe traversa la Place du Roi et Thor fut serr? et pris dans les bras de gens qu'il ne connaissait pas de tous les c?t?s. “Tu nous as sauv?s !” cria un homme plus ?g?. “Tu as lib?r? notre royaume !” Thor voulait r?pondre mais ne le pouvait pas car sa voix ?tait ?touff?e par le vacarme de centaines de gens qui les acclamaient et criaient tout autour d'eux et de la musique qui jouait de plus en plus fort. Bient?t, on fit rouler des tonneaux de bi?re sur le terrain et les gens se mirent soudain ? boire, chanter et rire. Cependant, Thor n'avait qu'une id?e en t?te: Gwendolyn. Il fallait qu'il la voie. Il examina tous les visages, cherchant d?sesp?r?ment ? l'apercevoir, s?r qu'elle serait ici, mais il n'arrivait pas ? la trouver, d'o? sa d?ception. Puis il sentit qu'on lui tapotait l'?paule. “Je crois que la femme que tu cherches est par l?”, dit Reece en le retournant et en montrant du doigt l'autre direction. Thor se retourna et ses yeux s'illumin?rent. Gwendolyn marchait rapidement vers lui avec un immense sourire de soulagement. On aurait dit qu'elle n'avait pas ferm? l’?il de la nuit. Elle avait l'air plus belle que jamais. Elle se pr?cipita vers lui et se jeta dans ses bras. Elle bondit et le serra contre elle et il en fit autant, la serra fort et le fit virevolter dans la foule. Accroch?e ? lui, elle ne l?chait pas et il sentait ses larmes couler dans son cou. Il sentait son amour et le lui renvoyait. “Gr?ce ? Dieu, tu es en vie”, dit-elle, ravie. “Je n'ai pens? qu'? toi”, lui r?pondit Thor en la serrant fort. Alors qu'il la tenait dans ses bras, tout avait encore l'air de bien aller dans le monde. Lentement, il la l?cha. Elle le regarda fixement, ils se pench?rent et s'embrass?rent. Le baiser dura longtemps, pendant que les masses tourbillonnaient tout autour eux. “Gwendolyn !” appela Reece, ravi. Elle se retourna et le prit dans ses bras, puis Godfrey s'avan?a et prit Thor dans ses bras, puis son fr?re Reece. C'?tait une grande r?union de famille et, d'une fa?on ou d'une autre, Thor avait la sensation d'en faire partie, comme s'ils ?taient d?j? tous sa famille. Ils ?taient tous unis par leur amour pour MacGil et par leur haine pour Gareth. Krohn s'avan?a et sauta contre Gwendolyn. Elle se pencha avec un rire et le serra alors qu'il lui l?chait le visage. “Tu grandis ? chaque jour qui passe !” s'exclama-t-elle. “Comment pourrais-je te remercier pour avoir prot?g? Thor ?” Krohn bondissait sans cesse contre elle, jusqu'? ce que, finalement, elle rie et soit oblig?e de le calmer en lui tapotant le dos. “Partons d'ici”, dit Gwen ? Thor, pouss?e de tous les c?t?s par les masses abondantes. Elle tendit le bras et lui prit la main. Thor tendit le bras, lui prit la main et allait la suivre quand, soudain, plusieurs guerriers de l'Argent arriv?rent derri?re Thor, le soulev?rent haut au-dessus de leur t?te puis le plac?rent sur leurs ?paules. Quand Thor s'?leva en l'air, un grand cri vint de la foule. “THORGRIN !” acclama la foule. On fit tourner Thor dans tous les sens et quelqu'un lui pla?a une chope de bi?re dans la main. Il se pencha en arri?re et but, et la foule l'acclama follement. Thor fut rudement ramen? ? terre et il tr?bucha en riant, alors que la foule le serrait contre elle. “Nous allons maintenant tout droit au festin du vainqueur”, dit un guerrier, un membre de l'Argent que Thor ne connaissait pas et qui lui donna une claque sur le dos d'une main solide. “C'est un festin r?serv? aux guerriers. Aux hommes. Tu viens avec nous. Tu auras ta place r?serv?e. Et toi et toi”, dit-il en se tournant vers Reece, O’Connor et les amis de Thor. “Vous ?tes des hommes, maintenant, et vous venez avec nous.” La foule les acclama quand ils furent tous saisis par des membres de l'Argent et entra?n?s au loin. Thor se d?gagea ? la derni?re seconde et se tourna vers Gwen. Il se sentait coupable et ne voulait pas la laisser. “Va avec eux”, dit-elle avec abn?gation. “Il est important que tu le fasses. Fais la f?te avec tes fr?res. C?l?bre la victoire avec eux. C'est une tradition de l'Argent. Tu ne peux pas la rater. Plus tard, ce soir, retrouve-moi ? la porte de derri?re de la Salle des Armes. A ce moment-l?, nous serons ensemble.” Thor se pencha et l'embrassa une derni?re fois en la retenant aussi longtemps que possible, jusqu'? ce qu'il soit entra?n? par ses compagnons de guerre. “Je t'aime”, lui dit-elle. “Je t'aime moi aussi”, r?pondit-il, le pensant plus qu'elle ne le saurait jamais. Tout ce ? quoi il pouvait penser alors qu'on l'entra?nait et qu'il regardait ces beaux yeux qui d?bordaient d'amour pour lui, c'?tait qu'il voulait plus que tout au monde la demander en mariage, qu'elle devienne sienne pour toujours. Ce n'?tait pas le bon moment mais, bient?t, il se dit qu'il le ferait. Peut-?tre m?me ce soir. CHAPITRE DOUZE Gareth se tenait dans sa chambre. Par la fen?tre, il regardait la lumi?re de l'aube se lever sur la Cour du Roi, les masses se rassembler en dessous, et il se sentait ?c?ur?. A l'horizon se trouvait sa pire crainte, l'image m?me de ce qu'il redoutait le plus: l'arm?e du roi qui revenait victorieuse et triomphante de sa confrontation avec les McCloud. Kendrick et Thor chevauchaient ? sa t?te, libres, en vie et en h?ros. Ses espions l'avaient d?j? inform? de tout ce qui s'?tait pass?, lui avaient dit que Thor avait surv?cu ? l'embuscade, qu'il ?tait en vie et se portait bien. Maintenant, ces hommes ?taient tous enhardis et retournaient ? la Cour du Roi plus forts qu'avant. Tous ses plans avaient compl?tement fonctionn? de travers et lui laissaient un creux ? l'estomac. Il sentait que le royaume se refermait sur lui. Gareth entendit un craquement dans sa chambre. Il se retourna et ferma rapidement les yeux devant ce qui le confrontait, frapp? de terreur. “Ouvre les yeux, mon fils !” dit la voix tonitruante. Tremblant, Gareth ouvrit les yeux et fut atterr? de voir le cadavre en d?composition de son p?re qui se tenait l?, une couronne rouill?e sur la t?te, un sceptre rouill? ? la main. Il le fixait comme pour le r?primander, comme il l'avait fait dans la vie. “Le sang appelle le sang”, proclama son p?re. “Je te hais !” cria Gareth. “Je TE HAIS !” r?p?ta-t-il, puis sortit le poignard de sa ceinture et fon?a sur son p?re. Quand il l'atteint, il le taillada mais ne rencontra que de l'air et tr?bucha dans la pi?ce. Gareth se retourna mais l'apparition avait disparu. Il ?tait seul dans la chambre. Il avait ?t? seul tout ce temps-l?. Perdait-il la t?te ? Gareth courut ? l'autre bout de la chambre, fouilla dans son armoire ? v?tements et en sortit sa pipe ? opium en tremblant des mains; il l'alluma rapidement et inhala profond?ment ? plusieurs reprises. Il sentit la drogue lui inonder le syst?me nerveux, se sentit momentan?ment perdu sous l'effet de la drogue. Il fumait de plus en plus d'opium, ces derniers jours. Cela semblait ?tre la seule chose qui l'aide ? chasser l'image de son p?re. Habiter au ch?teau tourmentait Gareth et il commen?ait ? se demander si le fant?me de son p?re ?tait pi?g? dans ces murs et s'il fallait qu'il d?m?nage sa cour quelque part ailleurs. Il ferait raser ce b?timent, de toute fa?on, ce lieu qui conservait tous les souvenirs d'une enfance qu'il avait d?test?e. Gareth se retourna vers la fen?tre, couvert d'une sueur froide, et s'essuya le front du revers de la main. Il regarda dehors. L'arm?e approchait et Thor ?tait visible m?me d'ici alors que ces imb?ciles de masses se ruaient vers lui comme vers un h?ros. Cela rendait Gareth livide, le faisait br?ler de jalousie. Tous les plans qu'il avait mis en action avaient ?chou?: Kendrick ?tait libre, Thor ?tait en vie et m?me Godfrey avait d'une fa?on ou d'une autre r?ussi ? ?chapper ? une dose de poison qui aurait suffi ? tuer un cheval. Cependant, ses autres plans avaient fonctionn?: au moins, Firth ?tait mort et il ne restait aucun t?moin pour prouver qu'il avait tu? son p?re. Gareth inspira profond?ment, soulag?, et comprit que la situation n'?tait pas aussi grave qu'elle en avait l'air. Apr?s tout, le convoi de Nevaruns venait encore emporter Gwendolyn, l'entra?ner vers quelque horrible coin de l'Anneau et la marier de force. Il sourit en y pensant et commen?a ? se sentir mieux. Oui, au moins, il serait bient?t d?barrass? d'elle. Gareth avait le temps. Il trouverait d'autres moyens de s'occuper de Kendrick, de Thor et de Godfrey. Il avait des quantit?s d'id?es pour se d?barrasser d'eux, et il avait tout le temps et tout le pouvoir du monde pour faire en sorte que ?a arrive. Oui, ils avaient gagn? cette bataille mais ils ne gagneraient pas la guerre. Gareth entendit un autre g?missement, se retourna et ne vit rien dans sa chambre. Il fallait qu'il sorte d'ici. Il n'en pouvait plus. Il se retourna et sortit furieusement de la pi?ce. La porte s'ouvrit avant qu'il l'atteigne, car ses serviteurs faisaient attention ? anticiper tous ses mouvements. Gareth se mit rapidement le manteau et la couronne de son p?re, puis prit son sceptre et parcourut le hall. Il tourna dans les couloirs jusqu'? atteindre sa salle ? manger personnelle, une pi?ce en pierre d?cor?e avec un haut plafond cintr? et des vitraux, ?clair?e par la lumi?re de d?but de matin?e. Deux serviteurs se tenaient ? la porte ouverte et attendaient. Un autre se tenait et attendait derri?re le bout de la table. C'?tait une longue table de banquet de quinze m?tres de long avec des dizaines de chaises align?es de chaque c?t?; le serviteur tira la chaise pour Gareth quand il approcha, un ancienne chaise en ch?ne sur laquelle son p?re s'?tait assis une quantit? innombrable de fois. Gareth s'assit et se rendit compte ? quel point il d?testait cette pi?ce. Il se souvenait qu'il avait ?t? forc? d'y ?tre quand il ?tait enfant, que toute sa famille ?tait ? table et qu'il subissait les reproches de son p?re et de sa m?re. Maintenant, la pi?ce d?gageait une profonde solitude. Il n'y avait que lui, ni ses fr?res ni ses s?urs, ni ses parents ni ses amis. Pas m?me ses conseillers. Au cours des jours pr?c?dents, il avait r?ussi ? s'ali?ner tout le monde et, maintenant, il d?nait seul. De toute fa?on, il pr?f?rait que ce soit comme ?a. Trop de fois, il avait vu le fant?me de son p?re dans cette pi?ce et cela l'avait embarrass? de pousser un cri devant les autres. Gareth baissa le bras, go?ta sa soupe matinale puis, soudain, claqua sa cuill?re d'argent sur l'assiette. “La soupe n'est pas assez chaude !” hurla-t-il. Elle ?tait chaude, mais pas br?lante comme il l'aimait, et Gareth refusait d'accepter une erreur de plus dans son entourage. Un serviteur accourut. “Je suis d?sol?, mon seigneur”, dit le serviteur en baissant la t?te et en se pr?cipitant pour l'emporter. Cependant, Gareth prit l'assiette et lan?a le liquide chaud au visage du serviteur. Le serviteur se couvrit les yeux et cria, ?bouillant? par le liquide. Ensuite, Gareth prit l'assiette, la souleva haut au-dessus de sa t?te et la brisa sur la t?te du serviteur. Le serviteur cria en saisissant son cuir chevelu sanglant. “Emmenez-le !” cria Gareth aux autres serviteurs. Ils se regard?rent les uns les autres avec prudence puis ob?irent ? contrec?ur. “Emmenez-le au cachot !” dit Gareth. Quand Gareth se rassit en tremblant, la pi?ce ne contenait plus qu'un serviteur, qui marcha humblement vers Gareth. “Mon seigneur”, dit-il, nerveux. Gareth le regarda, bouillonnant de rage. Quand il regarda, Gareth vit son p?re qui, assis tout droit ? la table ? quelques chaises de distance, le regardait et lui adressait un sourire mauvais. Gareth essaya de d?tourner le regard. “Le Seigneur que vous avez convoqu? est venu vous voir”, dit le serviteur. “Le Seigneur Kultin, de la province d'Essen. Il attend dehors.” Gareth cligna des yeux plusieurs fois, puis il commen?a ? comprendre ce que son serviteur disait. Le Seigneur Kultin. Oui, maintenant, il se souvenait. “Faites-le entrer tout de suite”, ordonna Gareth. Le serviteur s'inclina et sortit de la pi?ce en courant. Quand il ouvrit la porte, un guerrier ?norme et f?roce, aux longs cheveux noirs, aux yeux noirs froids et ? la longue barbe noire entra fi?rement. Il portait une armure compl?te et un manteau, ainsi que deux longues ?p?es, une de chaque c?t? de sa ceinture, et il gardait les mains sur les deux, comme s'il ?tait pr?t ? de d?fendre, ou ? attaquer, ? n'importe quel moment. Il avait l'air d'?tre lui-m?me enrag?, mais Gareth savait qu'il ne l'?tait pas. Le Seigneur Kultin avait toujours eu cette apparence depuis l'?poque de son p?re. Kultin avan?a fi?rement jusqu'? Gareth, se tint au-dessus de lui et Gareth lui montra un si?ge vacant. “Asseyez-vous”, dit Gareth. “Je resterai debout”, r?pondit s?chement Kultin. Kultin regardait Gareth d'un air renfrogn?. Gareth entendait la force dans sa voix et savait que ce Seigneur n'?tait pas comme les autres. Il ?tait f?roce, assoiff? de sang, pr?t ? tuer n'importe qui et ? d?truire n'importe quoi ? la moindre remarque. C'?tait exactement le type d'homme dont Gareth voulait s'entourer. Gareth sourit, content pour la premi?re fois de la journ?e. “Vous savez pourquoi je vous ai convoqu? ?” demanda Gareth. “?a se devine”, r?pondit Kultin, laconique. “J'ai d?cid? de vous ?lever”, dit Gareth. “Vous serez ?lev?s m?me au-dessus des Hommes du Roi, m?me au-dessus de l'Argent. D?sormais, vous serez ma garde personnelle. L’?lite du Roi. Vous et vos cinq cent guerriers, vous aurez droit ? la meilleure viande, aux meilleurs logements et ? la v?n?rable Salle de l'Argent. Ce qu'il a de meilleur.” Êîíåö îçíàêîìèòåëüíîãî ôðàãìåíòà. Òåêñò ïðåäîñòàâëåí ÎÎÎ «ËèòÐåñ». Ïðî÷èòàéòå ýòó êíèãó öåëèêîì, êóïèâ ïîëíóþ ëåãàëüíóþ âåðñèþ (https://www.litres.ru/morgan-rice/un-cri-d-honneur/?lfrom=688855901) íà ËèòÐåñ. Áåçîïàñíî îïëàòèòü êíèãó ìîæíî áàíêîâñêîé êàðòîé Visa, MasterCard, Maestro, ñî ñ÷åòà ìîáèëüíîãî òåëåôîíà, ñ ïëàòåæíîãî òåðìèíàëà, â ñàëîíå ÌÒÑ èëè Ñâÿçíîé, ÷åðåç PayPal, WebMoney, ßíäåêñ.Äåíüãè, QIWI Êîøåëåê, áîíóñíûìè êàðòàìè èëè äðóãèì óäîáíûì Âàì ñïîñîáîì.
Íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë Ëó÷øåå ìåñòî äëÿ ðàçìåùåíèÿ ñâîèõ ïðîèçâåäåíèé ìîëîäûìè àâòîðàìè, ïîýòàìè; äëÿ ðåàëèçàöèè ñâîèõ òâîð÷åñêèõ èäåé è äëÿ òîãî, ÷òîáû âàøè ïðîèçâåäåíèÿ ñòàëè ïîïóëÿðíûìè è ÷èòàåìûìè. Åñëè âû, íåèçâåñòíûé ñîâðåìåííûé ïîýò èëè çàèíòåðåñîâàííûé ÷èòàòåëü - Âàñ æä¸ò íàø ëèòåðàòóðíûé æóðíàë.